- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous. Aujourd'hui, je vous propose que l'on fasse un rêve ensemble. Le rêve que tous les enfants du territoire puissent déguster à la cantine des repas préparés avec des légumes frais, bio, issus de la production de la ferme maraîchère de leur commune. Ce rêve, la commune de Montsartout l'a réalisé. Près de 100% des légumes utilisés dans les repas de la crèche et de ses trois écoles proviennent aujourd'hui de la régie municipale. D'ailleurs, je vous invite à réécouter le troisième épisode de la première saison des boussoles pour découvrir et comprendre ce modèle, initié en 2012, qui a été un véritable précurseur et qui inspire encore beaucoup. Depuis, bonne nouvelle. Les fermes maraîchères connaissent un développement croissant et différentes municipalités se sont engagées dans cette voie en région sud, et nous en parlerons dans l'épisode. Nous verrons qu'installer une régie municipale bio ne peut naître que d'une volonté politique. Et c'est un projet qui donne beaucoup de sens localement. qui fédèrent et dont les impacts positifs sont nombreux et mesurables sur le plan environnemental, de la santé, mais aussi sur un plan psychosocial. Il développe le pouvoir d'agir localement et la souveraineté alimentaire d'un territoire. Parce que ce rêve me tient particulièrement à cœur et qu'il représente un puissant levier de changement, j'ai décidé de vous emmener au Val, dans le Var, sur le site de la ferme Saint-Georges, pour rencontrer Julien Vert, le créateur de Potager & Compagnie, une entreprise de l'économie sociale et solidaire qui œuvre à l'implantation de fermes maraîchères municipales sur le territoire, pour permettre la matérialisation de ce rêve. Julien va nous parler de son parcours et de son changement d'activité professionnelle, avec la création de Potager & Compagnie en 2020, et surtout nous décrire les différentes activités de cette entreprise engagée, sa vision et ses méthodes de travail, qui permettent d'accompagner efficacement le déploiement de ces fermes sur le territoire. J'espère que cet épisode vous plaira, et qu'il permettra de faire circuler l'idée que ce rêve peut devenir partout, une réalité. Bonne écoute !
- Speaker #1
Bonjour Julien.
- Speaker #2
Bonjour.
- Speaker #1
Je suis ravie d'être ici avec toi à la ferme Saint-Georges, au Val, pour parler de ton parcours, ton engagement pour l'écologie et découvrir ton activité au sein de Potager et compagnie. Est-ce que pour démarrer, tu pourrais te présenter en quelques mots, nous dire qui tu es ?
- Speaker #2
Je m'appelle Julien Vert, j'ai 43 ans. Aujourd'hui, je suis marié chez Bio, formateur en agroécologie et consultant. Je crée, j'accompagne des projets de potagers d'entreprise et de fermes maraîchères municipales. Donc j'ai créé il y a quatre ans une entreprise d'économie sociale et solidaire pour faire tout ça, qui s'appelle Potager & Compagnie, et qui est installée ici à la ferme Saint-Georges, au Val. Donc c'est un projet qui est issu d'une reconversion. Moi j'ai travaillé au départ dans la haute fonction publique au ministère de l'Agriculture, au ministère de l'Écologie, en service des concentrés de l'État. J'ai été rentré dans la fonction publique après une formation en environnement, en pensant que j'allais contribuer à ce qu'on fasse quelque chose. vis-à-vis du désastre écologique en cours. Et puis, j'ai tiré les conclusions et j'ai démissionné il y a quelques années.
- Speaker #1
Donc, tu démissionnes en quelle année ?
- Speaker #2
Alors, c'était un peu complexe. En fonction publique, c'est aussi difficile d'y rentrer que d'en sortir. Donc, j'ai eu une période où j'ai travaillé à temps partiel. Je suis passé à temps partiel pour pouvoir commencer à bosser sur le projet potager et compagnie. Et puis après, j'ai eu une rupture conventionnelle qui a mis un peu de temps à se mettre en place. Et donc j'ai quitté définitivement la fonction publique il y a trois ans.
- Speaker #1
Il y a trois ans. Donc en fait, ça se fait quand même assez vite la naissance de Potager et compagnie.
- Speaker #2
Oui, ça se fait vite, oui.
- Speaker #1
Est-ce que c'est le fruit d'une maturation ? C'était une vision que tu avais, un rêve au fond de toi ? Comment ça s'est finalement déployé ?
- Speaker #2
Non, je ne dirais pas que j'avais... Non, non, non. À partir du moment où on se met en mouvement, ça déclenche des opportunités. Et puis le projet, il se fait en avançant. Ça serait présomptueux de dire qu'il y avait, il y a quatre ans, la vision de ce qu'allaient être potager et compagnie. C'est le fruit d'une rencontre d'abord. On est deux cofondateurs, Laurence Berlemont et moi-même. Laurence, elle a une entreprise qui s'appelle le cabinet d'agronomie provençale, qui est installée en Provence, qui existe depuis 25 ans, qui travaille surtout sur la vigne, le vin et puis les autres cultures pérennes. En 2014, ils cherchaient des nouveaux locaux et donc ils se sont installés ici, à la ferme Saint-Georges. Ça se vendait. C'est une ferme qui avait perdu un peu sa vocation productive. C'est utilisé comme résidence secondaire. Donc quand ils s'installent en 2014, ils retapent l'ancien corps de ferme, ça devient des bureaux et puis autour il y a ces terres là, on se trouve là au bord de la rivière Ribérotte. Ce sont des très bonnes terres maraîchères mais pour des gens qui font du vin, c'est pas forcément très intéressant donc il se passe pas grand chose tout de suite. Et moi je rencontre Laurence en 2018 avec déjà cette envie de faire autre chose, de trouver une autre forme d'engagement en faveur de la transition écologique. plus concret que ce que je pouvais faire dans l'administration. Voilà, et ça part de là.
- Speaker #1
Tu avais une envie quand même de mettre les mains dans la terre, d'avoir un projet aussi proche que ça du sol ?
- Speaker #2
Oui, clairement. Moi, j'avais travaillé au ministère de l'Agriculture, donc c'était intéressant de passer de la théorie à la pratique. Voilà. Le secteur agricole, c'est vraiment au cœur des enjeux de transition, à la fois parce que c'est un secteur, une activité qui a un gros impact négatif sur l'environnement et le climat, mais c'est aussi une des rares activités qui peut avoir une contribution très positive. On va en parler ici, mais ici, on stocke du carbone, on favorise la biodiversité tout en produisant de l'alimentation bio. Donc voilà, c'était logique de se lancer dans ce domaine-là. avec ce que j'avais fait avant et puis avec cette opportunité de pouvoir faire de la Ferme Saint-Georges un lieu vraiment de démonstration de ce qu'on peut faire en termes de transition agroécologique.
- Speaker #1
Rétrospectivement, est-ce que tu peux nous dire comment s'est développée ta sensibilité pour le vivant, ta conscience écologique pour se transformer finalement en nécessité d'agir ? Est-ce que c'est ton éducation ? Est-ce que c'est un événement, des lectures ? Est-ce que tu peux nous parler un peu de ça ?
- Speaker #2
Ouais, je pense que c'est assez progressif. Moi j'ai toujours beaucoup aimé être dehors, j'ai toujours fait de la randonnée, de la montagne, j'ai toujours une sensibilité pour la nature. Pendant mes études, je me suis spécialisé sur les questions d'environnement. Je dis souvent, moi j'ai fait mes études supérieures au début des années 2000, on lisait le troisième rapport d'évaluation du GIEC, on en est au sixième. On précisait les chiffres après la virgule, mais le gros de l'image sur les enjeux et les problèmes qui sont devant nous était déjà là. Idem sur la biodiversité, c'était l'époque du Millennium Ecosystem Assessment, qui a déjà dit beaucoup de choses depuis l'effondrement du vivant ne fait que s'accélérer. Donc voilà, les éléments du constat scientifique sur l'impasse dans laquelle on se trouve étaient là. Je me suis formé sur ces sujets-là et à l'époque, ça m'a paru naturel de rentrer dans la fonction publique. pour travailler sur ces enjeux-là, notamment dans les ministères. Je bosse au ministère de l'écologie, au ministère de l'agriculture. Et en travaillant sur les sujets, plus on creuse, plus on se rend compte de l'ampleur des sujets, de la nécessité de transformation profonde.
- Speaker #1
D'agir efficacement, plus efficacement que ce que tu le faisais. Ok. Tu es le cofondateur de Potager & Compagnie. Est-ce que tu peux nous décrire la structure actuelle de Potager & Compagnie, sa forme juridique, le nombre de salariés ?
- Speaker #2
Potager & Compagnie, c'est une entreprise d'économie sociale et solidaire. On est labellisé ESUS, entreprise solidaire d'utilité sociale. Ça veut dire qu'on a intégré un certain nombre de principes de l'économie sociale et solidaire, la transparence, le fonctionnement démocratique, l'application des parties prenantes, la lucrativité limitée. Tout ça est inscrit dans nos statuts, nous permet d'obtenir ce label. Important pour moi que la forme juridique, le fonctionnement de l'entreprise soit cohérent avec le projet de transition. Et par ailleurs, c'est une entreprise qui a trois activités. On mène de fond ces trois activités, production maraîchère bio, formation et bureau d'études. Avec des synergies entre ces trois activités. Et pour faire ça, on est deux cofondateurs et on a depuis le début de Potager Compagnie deux salariés. Actuellement Rachel qui est ingénieur agronome, qui garde un pied au champ. Moi je tiens beaucoup à ce que tout le monde garde un pied au champ au sein de Potager & Company, moi y compris. Elle seconde Marion, notre chef de culture au champ, et puis elle est chef de projet pour développer des potagers d'entreprise et des fermes municipales. Marion est notre chef de culture, donc elle fait vraiment tourner la ferme au quotidien, puis elle accompagne sur le plan technique les maraîchers d'entreprise chez nos clients. Voilà, donc ça c'est l'équipe permanente et après on accueille très régulièrement des personnes en stage ou en formation, notamment des compagnons en maraîchage dans le cadre d'un programme de compagnonnage qui est porté par Ferme d'Avenir. Et puis des stagiaires ou des apprentis, notamment des profils ingénieurs agro.
- Speaker #1
Ok, si on peut juste revenir un peu au cœur du coup de la structure de Protège et Compagnie, est-ce que tu pourrais nous parler de la raison d'être du coup, du point de départ en fait ?
- Speaker #2
Clairement. Je dirais qu'il y en a deux. Il y avait vraiment l'idée de faire ici à la ferme Saint-Georges, créer un peu un lieu de référence sur la transition agroécologique en contexte méditerranéen. Donc de travailler sur le maraîchage sur sol vivant, le stockage de carbone, l'agroforesterie, les économies d'eau. On a essayé de faire une ferme qui soit à la fois un lieu de production, un lieu d'expérimentation, un support pour nos formations, un démonstrateur aussi pour donner envie à d'autres de prendre le même chemin. Ça, c'est le premier axe. Le deuxième axe, derrière les potagers d'entreprise ou les fermes maraîchères municipales, il y a l'idée d'essayer d'inventer un autre modèle économique pour le maraîchage. On aime rappeler la réalité statistique brute du métier de maraîcher bio en France. C'est des gens qui travaillent 50 à 70 heures par semaine. 50 semaines par an parce qu'ils ont beaucoup de mal à prendre des congés et qu'ils gagnent en moyenne 800 euros par mois. On souhaite trouver d'autres manières de faire, sortir de ça. Notre contribution, c'est de proposer un modèle de maraîcher salarié. Dans les potagers d'entreprise ou les fermes municipales, les maraîchers sont salariés de l'entreprise ou de la commune. Ils ont un revenu qui est décent, qui est stable, ils ont des congés. C'était important pour nous d'essayer de proposer une autre façon de faire.
- Speaker #1
Et ça, ça se déploie ? Vous avez plusieurs exemples, j'imagine plusieurs exemples évidemment, mais un recul aussi sur ces installations et sur leur pérennité ?
- Speaker #2
Oui, depuis trois ans, on a créé une dizaine de lieux nourriciers, des potagers entreprises ou des fermes municipales, avec à chaque fois un voire deux maraîchers qui sont employés par nos clients. On les aide à recruter d'ailleurs ces profils-là, parce que ce n'est pas forcément leur. leur domaine d'expertise. Et on a des retours vraiment intéressants. Du côté des maraîchers, il y a vraiment cette idée de se soustraire à cette pression économique un peu constante que peuvent avoir beaucoup d'agriculteurs. Pour le coup, d'avoir aussi la liberté de tenter des alternatives, des méthodes plus écologiques, parce qu'on n'a pas l'accord de coût. Je trouve que l'intérêt de ces fermes municipales ou de ces potagers d'entreprise, c'est que ça peut être de vrais laboratoires de transition agroécologique. Et puis du côté de nos clients, c'est l'idée de s'impliquer vraiment, que le potager ne soit pas juste un gadget, mais que ce soit vraiment au cœur de l'entreprise, que ce soit un lieu sympa. On organise aussi bien sûr l'implication des salariés ou la visite des enfants pour les fermes municipales. Donc ils se l'approprient vraiment, ça devient vraiment une composante importante du projet.
- Speaker #1
Alors on est ici en train de réaliser l'interview au sein de la ferme. Est-ce que tu pourrais nous dresser un portrait de ce lieu, la surface, les types de cultures, la biodiversité qui est là ?
- Speaker #2
Oui, parfait. Donc ici, on a créé un verger maraîcher sur à peu près un hectare. Un verger maraîcher, ça veut dire que c'est un système agroforestier dans lequel, dès le départ, on a eu la volonté d'associer des arbres fruitiers en double rang et des planches permanentes de maraîchage. L'intérêt, c'est évidemment de diversifier les productions. C'est tous les impacts positifs de l'arbre. en termes d'infiltration de l'eau, d'impact positif sur la biodiversité, de stockage de carbone. Et c'est aussi l'idée que les arbres, au fur et à mesure qu'ils vont grandir, vont créer des conditions de fraîcheur, d'ombre portée, qui vont permettre à nos légumes de mieux pousser, surtout en contexte méditerranéen et encore plus dans une perspective de changement climatique en cours. On est vraiment sur ce système de verger-marracher. On a aussi un petit élevage de poules pondeuses, parce qu'il y a des synergies évidentes entre les cultures et l'élevage. Les poules peuvent venir pâturer dans les planches de maraîchage après récolte. Elles mangent évidemment tous les légumes trop abîmés pour être commercialisés. On récupère du fumier qu'on peut utiliser sur nos cultures. Et puis les œufs sont un super produit complémentaire dans nos paniers. Donc ça, ça fonctionne bien. On a une quarantaine de poules pondeuses en poulailler mobile, ce qui permet de les déplacer sur la ferme en fonction des besoins. Et puis ça leur permet d'avoir toujours de l'herbe. On est sur un système très peu mécanisé, ici il n'y a pas de tracteur, on travaille très peu nos sols. Au contraire, on les enrichit régulièrement, on les couvre en permanence. On a multiplié par trois le taux de matière organique de nos sols en trois ans. C'est une centaine de tonnes de carbone stockée à l'hectare. Ça aussi, ça a un impact positif. Ce sont des sols qui retiennent mieux l'eau, retiennent mieux les nutriments, sont beaucoup plus résilients. Beaucoup de travail à la main pour le coup. Ça aussi, cet aspect-là, c'est des systèmes qui sont plus riches en main-d'œuvre et qui permettraient de créer plein d'emplois intéressants partout en France si on les généralisait. Et beaucoup ici d'aménagements en faveur de la biodiversité. On a creusé une mare, on laisse volontairement des zones sauvages non fauchées, on a des bandes fleuries, on a des nichoirs, des gîtaches chauves-souris, des tas de pierres, des tas de branches. Tout ça dans le but de favoriser au maximum ce qu'on appelle la biodiversité fonctionnelle, c'est-à-dire les ennemis de nos ennemis sont nos amis. Tous les prédateurs naturels des ravageurs des cultures sont intéressants et on essaye de les favoriser au maximum.
- Speaker #1
Depuis votre réinstallation ici, est-ce que tu notes une augmentation de cette biodiversité ?
- Speaker #2
J'aimerais beaucoup, parce qu'on avait fait un inventaire fun floor avant de toucher à quoi que ce soit ici. On a une espèce d'état zéro de la biodiversité. Ça nous a guidés aussi dans le choix des aménagements. et quatre ans après ça serait hyper intéressant de refaire ça pour pouvoir mesurer parce que nous on détecte des choses depuis mon point de vue empirique on voit voilà beaucoup d'oiseaux on voit beaucoup d'insectes notamment les auxiliaires auquel on est très très attentif sont sont bien présents Dans la ferme aussi, il y a beaucoup de zones fleuries. Tout ça est intéressant, mais j'aimerais bien...
- Speaker #1
Reflechir ?
- Speaker #2
J'aimerais bien mesurer et avoir un peu des données pour être capable aussi de porter la bonne parole, entre guillemets, mais d'expliquer en quoi ce type d'aménagement, ce type de pratiques sont intéressantes et fonctionnent.
- Speaker #1
Avec des indicateurs. On est en mois d'avril, c'est le printemps. Tour Verdi, est-ce que tu peux nous décrire un peu la nature autour de nous, et précisément les cultures qui sont du mesclun, je pense, derrière nous, ce qui est là,
- Speaker #2
un petit peu d'instantané. Beaucoup de verdure, parce que la sortie de printemps, c'est surtout les verdures. Donc on va avoir effectivement mesclun, salade, on a sur les premiers paniers...... la rhubarbe, de l'aillé, des cébettes. On a beaucoup de plantations en cours. Ça plante fort en ce moment.
- Speaker #0
La nature travaille.
- Speaker #2
Tous les légumes d'été en ce moment. Les arbres ont débourré aussi. Donc voilà, autour de nous, on voit les arbres qui sont bien repartis.
- Speaker #1
Vos paniers, ça fonctionne toute l'année ?
- Speaker #2
Non, on fait une pause. Pour l'enterrement, on fait une pause. On arrête les paniers. Vers fin janvier, début février, on les reprend là. Aujourd'hui, on est le 10 avril, c'est nos premiers paniers qui reprennent. Cette pause, elle nous permet de dégager du temps pour faire de la formation et du bureau d'études. Et elle correspond à la période qui est la plus difficile pour produire. Il faut comprendre que les légumes qu'on récolterait en février et mars, ils auraient dû pousser en décembre, janvier. aux périodes où on a les températures les plus froides, les jours les plus courts. C'est vraiment la période la plus compliquée pour tous les maraîchers, ce qu'on appelle la jointure. C'est assez difficile cette période-là. On arrive au bout des légumes d'hiver et on n'a pas encore les primeurs. Pour nous, c'est plus rationnel de s'interrompre à cette période-là, de se consacrer aussi à d'autres activités et de reprendre au printemps.
- Speaker #1
Travailler au développement, travailler...
- Speaker #2
Exactement.
- Speaker #1
Maintenant, en parlant de développement... et de l'évolution de vos activités. Vous avez différentes activités. J'ai lu études de faisabilité, création de potagers pour les municipalités, les entreprises, etc. Et pas que. Est-ce que tu peux nous décrire et nous expliquer comment se répartissent et s'organisent ces différentes activités ? Ce que vous développez peut-être plus aujourd'hui ?
- Speaker #2
Pour moi, ce qui est important, c'est que toutes ces activités ont un socle et c'est notre activité de maraîcher bio. En gros, on dit ce qu'on fait, on fait ce qu'on dit. On est consultant, on accompagne des projets, mais on ne vend pas des PowerPoints au kilo. On transfère de l'expérience. Finalement, un peu sur le ton de la boutade, mais j'ai l'impression de dire que nos clients, ils nous payent pour ne pas faire les erreurs qu'on a fait nous depuis quatre ans. Clairement, que ce soit dans notre activité de formation ou notre activité de conseil, elle est vraiment basée sur notre expérience quotidienne de maraîcher bio. La formation, c'est essentiellement une activité hivernale pour nous. Voilà, en gros, deux. D'octobre à mars, parce que le reste de l'année, on a beaucoup de mal à faire de la formation, à part sur l'accueil des compagnons, ça c'est en pleine saison. Mais toutes les formations courtes qu'on organise, c'est plutôt l'hiver. Pour un public professionnel, des agriculteurs, des candidats à l'installation des salariés agricoles, et on les forme aux techniques agroécologiques qu'on met en oeuvre sur notre ferme. Des formations toujours en présentiel et avec toujours de l'application au champ. On ne fait pas de formation à distance, le but c'est de mettre les mains dedans.
- Speaker #1
Vous êtes assez organisé et structuré, notamment au niveau des planches, qui sont, je crois, planches permanentes, mais standardisées quand même. Est-ce que tu peux nous décrire le choix que vous avez fait ?
- Speaker #2
Oui, ça, c'est un élément important. Il faut comprendre qu'ici, la ferme tourne avec des maraîchers et maraîchères salariés. Chez nos clients, comme on le disait tout à l'heure, c'est le cas aussi. On a à chaque fois des maraîchers qui sont salariés. Donc, ils ne font pas les 50 à 70 heures par semaine que font beaucoup de maraîchers bio. classiquement qui sont à leur compte et donc la question de l'optimisation et la limitation du temps de travail c'est un souci constant et donc il faut effectivement automatiser tout ce qui peut l'être il faut standardiser enfin tout ce qui fait gagner du temps est vraiment important à prendre il faut aussi être très très organisé parce que c'est des systèmes qui sont complexes ici il y a peut-être 40 ou 50 variété, espèces ou variétés différentes cultivées. Donc voilà, beaucoup de boulot là-dessus. Et donc ça passe effectivement par la standardisation des espaces de culture. Ici, à chaque fois qu'on cultive des légumes, c'est sur une bande, qu'on appelle une planche, qui fait 80 cm de large à 30 mètres de long. que ce soit sous serre ou en plein champ, partout autour de nous, ce sont des planches qui ont les mêmes dimensions. Ça veut dire que tout le matériel de la ferme est standardisé à 30 mètres. Les bâches, les tuyaux d'irrigation, les filets, voilà. Et donc ça a l'air de rien, mais ça fait gagner énormément de temps au quotidien. Parce que ça veut dire que je peux prendre la ligne d'irrigation qui est là, derrière moi, parce que la culture est terminée, la mettre sur la planche en face, parce que j'ai autre chose à irriguer, et j'ai pas besoin de me soucier de savoir si ça fait 20 mètres, 30 mètres, 15 mètres. Tout est standard, idem pour les bâches, enfin voilà.
- Speaker #1
C'est aussi une économie, j'imagine, de fonctionner comme ça ?
- Speaker #2
C'est surtout un gros gros point de temps au quotidien, ça c'est énorme. Le non-travail du sol, beaucoup d'occultation, ici les sols ne sont jamais anus, ce qui évite qu'ils s'enherbent et qui permet à la vie du sol de bien se développer, ça fait gagner du temps aussi. Automatiser l'irrigation, ça c'est indispensable, ici il y a des électrovannes partout avec des programmateurs, donc ça irrigue quand ça a besoin, sans qu'on ait à intervenir, à faire des tours pour ouvrir ou fermer des vannes. L'ouverture et la fermeture du poulailler, c'est un capteur de luminosité. Donc ça s'ouvre le matin, ça se ferme le soir tout seul. L'aliment est à volonté avec des mangeoires. L'abreuvement, il y a une réserve d'eau. Donc voilà, ça veut dire aussi qu'on peut partir le vendredi soir, revenir le lundi matin. Et la ferme, elle a tourné pendant deux jours sans nous.
- Speaker #1
Partir sereinement et limiter le stress, le niveau de stress. Alors la régie agricole communale, on le disait en introduction, en off tout à l'heure, c'est dans l'air du temps. On en parle de plus en plus, on voit que les exemples fleurissent. Je vous invite d'ailleurs à ce sujet, à écouter l'épisode 3 du podcast qui présente l'exemple précurseur et inspirant de Monsoir Tout. Ces régies font sens pour beaucoup, pour beaucoup d'entre nous, elles génèrent de l'enthousiasme, mais le passage de l'idée à l'action semble souvent compliqué et insurmontable. Est-ce que tu peux nous dire comment on peut passer du rêve à la réalité ?
- Speaker #2
Moi je crois beaucoup à ces fermes communales, à la fois comme on disait tout à l'heure, comme des laboratoires de la transition agroécologique. par les pratiques agricoles innovantes qu'on peut y mettre en place, le travail qu'on va faire aussi sur le lien entre ce que les enfants viendront voir au champ et ce qu'ils auront dans l'assiette, et donc l'effet boule de neige que ça a sur l'évolution des pratiques alimentaires. L'expérience pionnière de Montsartout d'ailleurs l'a bien montré, comment la ferme municipale a entraîné des changements de pratiques alimentaires des habitants de Montsartout. C'est extrêmement positif. Je trouve que c'est aussi l'occasion de se réapproprier un peu des questions de démocratie alimentaire, de modèle agricole, et de les discuter localement. C'est une échelle aussi où on échappe un peu à tous les verrouillages qui font qu'il ne se passe pas grand-chose en termes de transition agroécologique. C'est une bonne échelle pour travailler. Par contre, il faut reconnaître que les communes n'ont pas ou peu de compétences en agriculture. Ça a longtemps été un sujet réservé à un dialogue un peu étroit entre la profession agricole. une partie même de la profession agricole et l'État. Et donc les collectivités s'occupaient peu de ce sujet-là, donc il y a peu d'expertise. Donc il y a vraiment besoin d'accompagnement, notamment pour les aider, déjà pour montrer que ça existe, que ça fonctionne et que ça marche. Avec Montsartout, on prépare des rencontres nationales des fermes municipales qui auront lieu le 20 et 21 juin prochains à Montsartout. Et dans ce cadre-là, on a déjà identifié une centaine de... fermes municipales en France qui sont en production sur le point de lettre. Donc c'est plus du tout négligeable comme mouvement, ça existe et ça fonctionne. Ça c'est le premier message qu'il faut réussir à faire passer, pour donner envie et éviter un peu l'autocensure. Et ensuite il faut, comme tout projet, une démarche un peu structurée, avec de l'étude de faisabilité, du dimensionnement, du chiffrage, parce qu'on a besoin de savoir combien ça va coûter. On a besoin aussi que la production soit bien adaptée aux besoins de la cantine. Donc ça, il y a un travail un peu fin à faire là-dessus. Et après, nos clients ont besoin d'un maître d'oeuvre qui va gérer pour leur compte tout ce qui est rechercher les bons fournisseurs, les bons prestataires, encadrer les chantiers, réceptionner le matériel, et puis les aider à recruter ou à former en interne. Nous, c'est ce qu'on a fait sur plusieurs projets, notamment là sur Plante-Cuc, par exemple. Un jardinier des espaces verts de la commune qui va devenir maraîcher, il vient ici régulièrement sur notre ferme se former. C'est lui qui va prendre en charge ensuite la ferme municipale. Voilà, donc toutes ces étapes-là, ça nécessite d'être accompagné. Mais ça se fait bien, la compétence, il y en a dans plein de structures, pas que potager et compagnie. Il y a plein de structures qui sont engagées pour la transition agroécologique, qui peuvent accompagner ce type de projet. Et au final, ça coûte moins cher qu'un rond-point.
- Speaker #1
Du coup, par rapport à ça, plan de cul, vous avez travaillé avec le collectif Les Pieds dans le plat, je crois. Est-ce que tu peux nous parler de cette collaboration particulière, de cette alliance stratégique qui produit un effet levier quand même intéressant pour un changement plus global ?
- Speaker #2
Exactement. Dès qu'on travaille sur un projet de ferme municipale, nous, on s'est très vite rendu compte qu'il fallait aussi travailler sur des évolutions au sein de la cantine. Pour le dire un peu trivialement, mais on comprend bien qu'entre ouvrir un sachet de légumes surgelés et les réchauffer, ou recevoir une cagette de carottes de la ferme municipale qu'il va falloir éplucher, couper, cuisiner, ce n'est pas le même métier, ce n'est pas les mêmes installations, ce n'est pas les mêmes capacités de stockage, ce n'est pas la même quantité de travail, donc le nombre de personnels en cuisine. Donc il y a des évolutions un peu importantes. doivent avoir lieu pour que le projet réussisse. Et nous, c'est un domaine sur lequel on n'a pas d'expertise. Par contre, c'est le cœur de métier du collectif du Pied-d'Ampleur, qui est un peu notre alter ego dans le domaine de la cuisine et de la restauration collective. Ils essayent d'impulser une transition écologique dans ce secteur d'activité-là. Ils ont de l'expertise sur comment est-ce qu'on végétalise davantage les assiettes, comment est-ce qu'on travaille davantage avec des produits bio et locaux, comment on s'organise pour ça, comment on forme les personnels. C'est hyper complémentaire. Nous, on a adhéré au collectif et on aime beaucoup faire des accompagnements conjoints où Potager et compagnie intervient sur le volet agricole, sur l'aval, et le collectif d'Apier dans le plat conseille et accompagne sur le volet cuisine, restauration collective, que ce soit en termes d'investissement à prévoir, d'évolution du nombre de personnes en cuisine, de formation des personnels,
- Speaker #1
de méthodes, de recettes, de portes et en or.
- Speaker #2
C'est synergique.
- Speaker #1
Portez aussi un autre regard sur le végétal, notamment les légumineuses, etc. Oui,
- Speaker #2
parfait.
- Speaker #1
Ok. Du coup, à l'instant T, sur la région, vous intervenez uniquement en région PACA ?
- Speaker #2
Oui, pour l'instant T.
- Speaker #1
C'est l'idée d'être proche du territoire. C'est ça. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu statistiquement le nombre de régies que vous avez aidées ou à implanter ?
- Speaker #2
Oui. Nous, là, on en est à une dizaine de projets en trois ans, potagers d'entreprises ou fermes maraîchères municipales.
- Speaker #1
Est-ce qu'on peut dissocier le nombre de fermes municipales et potagers d'entreprise ?
- Speaker #2
Oui, c'est à peu près moitié-moitié. On a fait six fermes maraîchères municipales et quatre potagers d'entreprise en trois ans. Les potagers d'entreprise, c'est très variable. Ça peut être des potagers pour un restaurant, ça peut être pour une entreprise, pour faire des paniers bio pour les salariés. On a fait un potager dans une maison de retraite pour les résidents. Il y a eu un panel assez large de projets. Et sur les fermes municipales, nous, on a travaillé plutôt pour des communes de taille moyenne. Rarement sur des grandes villes, ça reviendra peut-être, mais plutôt des communes de taille moyenne où les circuits de décision aussi sont peut-être plus courts et plus rapides. Donc un peu partout en région PACA et on a pas mal de projets qui sont en cours, d'études de faisabilité.
- Speaker #1
Ok. La dernière, c'est Roque-Baron,
- Speaker #0
je crois ?
- Speaker #2
La dernière qui est entrée en production, c'est effectivement au Roque-Baron, dans le Var. Une très belle ferme municipale qui va nourrir. C'est 550 enfants chaque jour qui mangent dans les écoles de Roque-Baron. Et la commune sera quasiment à 100% d'autonomie en fruits et légumes bio. Les premières visites pédagogiques sur la ferme ont déjà eu lieu. Les légumes sont livrés à la cantine depuis le mois de septembre dernier. Et ça tourne très très bien, il y a deux maraîchers qui exploitent cette ferme communale.
- Speaker #1
Salariés du coup ?
- Speaker #2
Salariés de la commune, tout à fait.
- Speaker #1
Donc elle va avoir un an cette régie, en septembre prochain ? Oui, en septembre prochain. Ça a démarré quand la réflexion avec la mairie ? L'étude, ça a pris combien de temps si on prend le...
- Speaker #2
Alors généralement, on sort des projets entre 6 et 18 mois. D'accord. Ça va dépendre un peu de la situation de départ. Le départ... Tout premier client public, c'est la commune de Tourette dans le pays de Faïence. Il y a eu exactement un an, jour pour jour, entre la première visite du maire de Tourette ici sur la ferme. On a commencé aussi à donner à voir aux élus à quoi ça pourrait ressembler une ferme maraîchère et discuter du projet sur du foncier que la commune avait déjà maîtrisé. Et donc un an, jour pour jour après, on faisait les premières plantations sur la ferme communale de Tourette. A Roquebaron, on est à peu près sur le même calendrier. On a commencé par une étude de faisabilité. pour vraiment donner aux élus tous les éléments de décision en termes de chiffrage, notamment technico-économique, budget d'investissement, budget de fonctionnement. On a établi tout ça et à partir de là, on est rentré vraiment dans la phase opérationnelle. Mais en 14 mois, on est passé de l'idée à vraiment une ferme qui était aménagée, un maraîcher qui était recruté et une entrée en production. Donc ça peut aller très vite. C'est ça aussi qui est intéressant, c'est un projet qui... qui est concret sur lequel il se passe tout de suite des choses parce que les légumes sont dans l'assiette, les enfants viennent voir, le projet fait parler, il intéresse les habitants. Récemment, il y a eu un événement public pour le lancement de la ferme maraîchère municipale de Plantecuc à Marseille. Il y avait beaucoup d'habitants. J'étais vraiment agréablement surpris par la quantité de personnes qui se sont déplacées un samedi matin pour venir voir. Alors même qu'il n'y a pas encore de légumes, on était vraiment au lancement du projet, mais ça parle, je pense, à beaucoup d'entre nous.
- Speaker #1
Sur Roquebaron, au niveau de la cantine, le personnel était sensible à ça, a été formé pour ensuite, même si c'est annexe à Potager ?
- Speaker #2
Sur Roquebaron, on était intervenu aussi en partenariat avec AgriBioVar, l'association des agriculteurs bio du département, qui a aussi de l'expertise sur la restauration collective et qui avait fait un diagnostic au niveau de la cantine. pour dégager un peu les enjeux, les points sur lesquels il allait falloir évoluer en termes d'organisation. Les services techniques de la commune ont aménagé une légumerie. Donc ça a été réalisé entièrement en régie, un très bel aménagement qui permet de traiter davantage de légumes bruts. Le chef de la cantine était tout à fait volontaire et intéressé pour travailler de cette façon. Ok,
- Speaker #1
donc super, ça fonctionne bien. Alors tu le disais un petit peu, mais un plantain potager, c'est un vecteur de changement puissant pour le territoire, car il génère de nouvelles habitudes alimentaires. On en a parlé, légumes bio de saison de meilleure qualité, de consommation aussi, donc locale, moins de pollution générée, de rapports entre les personnes, notamment avec la reconnaissance du travail réalisé et une meilleure rémunération, tu en as parlé. Les impacts positifs sont donc multiples. Est-ce que tu pourrais nous décrire ? Un des changements ou une des boucles, un peu des cercles vertueux, boucle de rétroaction on pourrait dire, positif que tu visualises sur le territoire, en termes d'écosystème, de choses qui se mettent en mouvement suite à ces implantations ?
- Speaker #2
Oui, quelques exemples. À Roquebaron, non seulement il y a le projet de ferme maraîchère municipale, mais il y a aussi des jardins partagés, un projet de jardin partagé qui s'est mis en place dans la foulée. Comme je disais tout à l'heure, il y a des premières visites pédagogiques qui ont eu lieu et donc ça participe aussi de cette réappropriation des enjeux agricoles, alimentaires à l'échelle du territoire donc ça permet aux habitants d'être sensibilisés aux liens entre alimentation et santé à l'impact qu'ont nos choix alimentaires sur le territoire C'est aussi, je trouve, ces fermes municipales, ces jardins partagés des formidables outils de sensibilisation à l'environnement on comprend beaucoup de choses en regardant pousser, en remettant les mains dans la terre. Je trouve que c'est une des contributions très positives de ce type de projet. Si on prend un peu plus de recul, à Montsartout, où la ferme municipale existe depuis 10 ans, et où il y a eu des enquêtes, il y a eu vraiment une transformation des pratiques alimentaires des Moinsois. Les habitants de Montsartout, en moyenne par rapport à la population générale, consomment davantage de produits bio, cuisinent davantage, achètent davantage de produits bruts et locaux. Moi je me souviens d'une vidéo que j'avais vue en visitant la régie agricole à Montsartout dans laquelle témoignait une mère de famille qui expliquait que elle s'était un peu remise en question le jour où sa fille était rentrée et a dit à un moment c'est meilleur à la cantine qu'à la maison. Ce que les publicitaires avaient compris bien avant nous, de cibler les enfants pour pouvoir acheter les parents, c'est pas complètement nouveau mais c'est un levier puissant et donc on peut le mettre au service de la vente de gadgets produits à l'autre bout de la planète, on peut le mettre au service de la transition écologique.
- Speaker #1
Du coup, les enfants gouttent, sont convaincus et du coup, impulsent aussi dans les familles. C'est aussi, tu le disais, la maison de retraite, tu l'as cité, mais un lieu de socialisation, de rencontre, de contact autour du jardin.
- Speaker #2
Tout à fait. C'est une dimension qui est très importante vis-à-vis des enfants sur les fermes municipales. Il y a toujours un volet pédagogique très important. Et sur les potagers d'entreprise, on organise toujours l'implication des salariés dans le potager. On construit un lieu de production, le but c'est de nourrir la communauté de travail, mais c'est aussi un véritable outil de management qu'on met à disposition de nos clients. En termes de cohésion d'équipe, d'attractivité d'entreprise, de fidélisation des collaborateurs, c'est un outil vraiment puissant. C'est un lieu sympa pour venir faire sa pause déjeuner. On a eu l'occasion d'organiser des chantiers participatifs avec toute l'entreprise qui vient au potager mettre les mains dedans. plus efficace et ça a plus de sens que d'aller faire du karting ou du karaoké.
- Speaker #1
Tout à fait. Alors vous avez développé des partenariats aussi scientifiques avec notamment Montpellier Supagro, le lycée agricole de Provence-Verte plus localement. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ces partenariats et de ce qui se tisse ?
- Speaker #2
Oui. Comme on disait au tout début, le but c'est de faire de la ferme Saint-Georges un lieu de référence sur la transition. Nous on essaie d'y mener régulièrement des expérimentations, soit qu'on conduit nous-mêmes, notamment autour de la litière forestière fermentée, soit en proposant d'être un terrain pour accueillir des expérimentations, des travaux de recherche. On contribue effectivement à différents travaux. On a été par exemple le terrain d'une thèse en agronomie qui est en cours à Montpellier Supagro. On a été l'une des fermes enquêtées par un projet de recherche de l'INRAE sur la résilience des vergers maraîchers. Moi, je suis à titre personnel très impliqué dans le GRAB, le groupement de recherche en agriculture biologique qui est basé à Avignon. C'est important pour nous de nous nourrir des avancées de la recherche en agroécologie. Donc ça fait évoluer nos pratiques et aussi de nourrir en retour les chercheurs avec l'expérience de terrain. Donc voilà, je trouve que c'est un dialogue qui est vraiment riche. Et l'idée un peu militante derrière aussi, c'est de montrer que ça fonctionne et d'être capable de quantifier, de l'objectiver.
- Speaker #1
D'avoir des chiffres rationnels. Ça me fait penser un petit peu au Bec et loin. avec les partenariats d'études qu'ils avaient réalisés, notamment avec l'AMS ou l'INRA, justement. Donc, Bec et Loin, ça a inspiré beaucoup de monde. Est-ce que toi, tu as des exemples de fermes qui t'ont inspiré, qui t'ont aidé à designer ici, Potager et Compagnie ?
- Speaker #2
Ah oui, clairement, nous, on a passé toute l'année 2019, avant de créer Potager et Compagnie en fin d'année, à faire le tour comme ça d'initiatives inspirantes. On est allé au Bec et Loin. Voilà, c'est vraiment... un endroit superbe et puis un travail effectivement à la fois de conception, de mise en place et de partenariat avec la recherche qui est remarquable. Parce qu'aujourd'hui, on parle beaucoup de micro-fermes maraîchères, de maraîchage sur sol vivant, d'agroforesterie, mais on était vraiment pionniers. À l'époque, il n'y avait pas grand monde qui faisait ça et encore moins de chercheurs qui s'y intéressaient. Donc je pense qu'il faut saluer aussi la vision et la capacité à... à construire, c'est toujours plus facile d'emboîter le pas de gens comme ça que de construire avec ce nihilo. Donc voilà, nous on a visité des choses très variées, d'autres fermes maraîchères en Normandie, où il se passe beaucoup beaucoup de choses autour du maraîchère sur sol vivant, c'est hyper intéressant. On est allé se former en Belgique à la ferme de Destiné sur le design agroécologique, on a visité le monastère de Solan dans le Gard, où on a été, enfin moi j'ai été vraiment scotché parce que ce qu'ont réalisé les sœurs avec des terres qui étaient pourtant très très ingrates et sur lesquelles elles fonduent. du maraîchage qui est vraiment très intéressant. On a aussi beaucoup visité localement, parce que l'agroécologie, c'est aussi l'adaptation à un contexte pédoclimatique spécifique. On est allé visiter des maraîchers bio du coin, et tout ça, on s'est appuyé sur des programmes, notamment le programme SMART sur l'agroforesterie et les vergers maraîchers en contexte méditerranéen. Tout ça, ça a nourri la réflexion et ça a aidé à donner naissance. notre verger maraîchier ici.
- Speaker #1
On s'approche doucement de la conclusion, mais quels sont tes prochains projets pour Potager Nécom et compagnie, mais aussi à titre personnel sur le volet écologique ?
- Speaker #2
Nous, les axes forts de développement, c'est effectivement les fermes municipales et les potagers d'entreprise. Potager d'entreprise, il y a eu une période un peu compliquée avec le Covid et post-Covid. Là, ça repart, donc on sent qu'il y a de plus en plus de boîtes que ça intéresse et on essaye de... de s'armer un peu mieux en marketing, en démarchage commercial, pour aller chercher davantage de clients. Les fermes municipales, il y a une grosse dynamique, comme on le disait tout à l'heure. On a vraiment envie que ça fasse boule de neige et que davantage de communes se lancent dans l'aventure. Ici, la ferme, c'est notre quatrième saison de maraîchage. Je pense qu'on commence à être bien en place. On continue à expérimenter des nouvelles choses. Cette année, on plante du raisin de table, on plante des kiwis, parce que c'est des cultures qui, notamment, Pour la restauration collective, il me semble intéressant. On va les tester chez nous pour pouvoir demain éventuellement les préconiser à nos clients et les conseiller s'ils veulent se lancer. Mais voilà, maintenant le système est bien en place. Et puis, à titre personnel, moi j'habite au Val. Le but c'est aussi, on a de très bonnes relations avec la mairie, on essaie de s'impliquer localement. On a organisé régulièrement ici des cinés-débats, on organise prochainement des portes ouvertes. Au mois de mai, le but c'est que ça rayonne aussi. On a offert à la commune un potager pour l'école communale. On a créé un petit potager. C'est l'école de mon fils, moi j'étais très content de faire ça. Le but c'est aussi de s'ancrer un peu dans un territoire, d'atterrir. Je pense que c'est un de nos tous besoins.
- Speaker #1
Ok. Juste, je réouvre une parenthèse, mais tu ne nous as pas cité les noms des six communes où se trouvent les régimes municipales, jusqu'à ce qu'on puisse visualiser les lieux sur le territoire ?
- Speaker #2
Oui, donc nous, on a travaillé avec la commune de Tourette, de Roquebaron, de Sainte-Maxime, avec la communauté de communes du Goffre de Saint-Tropez, la commune de Plante-Cuc, de Pourrières, voilà, pour les projets qui sont en cours.
- Speaker #1
Ok, super, comme ça, on pourra mieux visualiser. Du coup, une question comme ça, mais est-ce qu'en ce moment, tu es plutôt pessimiste, optimiste ? Et dans quel état d'esprit ? Sur le volet, évidemment, de la préservation du vivant et de l'écologie, etc. Tu portes quel regard ?
- Speaker #2
Non, moi, je ne suis pas spécialement optimiste. Puis là, on voit la dernière crise agricole a montré à la fois les difficultés qu'on a et puis l'incapacité. à dépasser, à sortir des modèles. Clairement, les agriculteurs n'ont pas besoin de plus de pesticides. Ils ont besoin qu'on répartisse mieux les aides agricoles, pour qu'elles arrêtent de bénéficier toujours aux mêmes. Ils ont besoin qu'on soutienne les initiatives agroécologiques. Et ce n'est pas du tout ça qu'on est en train de faire. On sent même qu'on commence à mettre la machine arrière sur les sujets environnementaux. Sur les sujets de transition, on n'est pas du tout à la hauteur des enjeux. Après, ça n'empêche pas de continuer à avancer parce que de toute façon, on aura besoin. On mange tous trois fois par jour. Je pense qu'on ne se trompe pas trop en produisant de manière la plus autonome, la plus résiliente, la plus écologique possible des fruits et légumes bio. Et puis, si la transition s'accélère, on sera là et on aura besoin d'initiatives de ce type là. Si ça continue comme ça, on aura besoin qu'il y ait quelques graines qui germent après l'incendie.
- Speaker #1
Donc du coup, sur le plan politique, tu sens qu'il y a plutôt une régression et que ce n'est pas du tout à la hauteur, c'est certain. Après, les mentalités changent quand même, si on part de Laval, doucement, mais tu sens quand même qu'il y a... Moi, j'ai l'impression que je remarque que ça, alors je suis peut-être un biais de jugement, mais du coup, quand même, toutes ces actions, ces jardins qui fleurissent, etc., ces régies, est-ce qu'en partant du socle, tu...
- Speaker #2
Je pense que c'est la seule stratégie qui me semble crédible, effectivement. C'est de partir d'initiatives locales, c'est de construire des partenariats, c'est d'éduquer beaucoup. Je pense que ça, c'est important. Et puis, espérer que ça fasse boule de neige.
- Speaker #1
Donc, dans ton regard un peu pessimiste à l'instant T, est-ce que tu as un coup de gueule particulier à partager ? Ou que tu pourrais partager par rapport à ce qui fonctionne ?
- Speaker #2
Je trouve que, en termes de politique agricole, c'est catastrophique ce qui se passe. On a une politique agricole en France qui est vraiment destinée à préserver les intérêts d'une petite frange d'agriculteurs très intensifs, qui noyautent les différentes structures de décision. On a très peu de pluralité et de démocratie dans la façon dont les décisions sont prises. C'est un poids énorme. des lobbies qui font qu'on a des politiques qui sont vraiment aux antipodes de ce qu'il faut faire.
- Speaker #1
Du coup, pour compenser, est-ce que tu aurais quand même un message ou une vision d'avenir inspirante ?
- Speaker #2
Il faut travailler localement. C'est là où je trouve que créer des tiers-lieux nourriciers, créer des potagers d'entreprise, créer des fermes municipales, ça permet de s'abstraire de ce contexte-là, de court-circuiter un peu ces lobbies. et de se réapproprier un peu les choix d'aménagement, de modèle agricole, d'alimentation locale. Ça me semble un des axes vraiment intéressants à développer.
- Speaker #1
Donc la trajectoire à prendre, sur laquelle tu agis, qui fait sens.
- Speaker #2
Puis c'est concret.
- Speaker #1
Et c'est concret, oui. Merci beaucoup Julien.
- Speaker #2
Merci à toi.
- Speaker #0
J'espère que cet épisode vous a plu.
- Speaker #1
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- Speaker #0
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- Speaker #1
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- Speaker #0
C'est grâce à vous que le podcast pourra gagner en visibilité. Un grand merci et à bientôt !