Speaker #0Bienvenue dans les icônes du jour, le podcast qui répare l'histoire une femme à la fois. Aujourd'hui, on retrace le parcours d'une femme qui a ouvert la voie en courant devant. Voici Alice Mia, la pionnière oubliée du sport féminin, celle qui a créé ses propres Jeux Olympiques quand le comité lui a fermé la porte au nez. Alice Mia naît à Nantes en 1884, polyglotte, sportive, discrète, mais déterminée. À une époque où les femmes n'ont ni le droit de vote, ni de véritable droit sportif, elles osent faire du sport. Elles pratiquent l'aviron, la natation et l'athlétisme. Elle vit à Londres, se marie, devient veuve très jeune puis rentre en France avec une idée en tête. Les femmes doivent pouvoir faire du sport librement. En 1915, elle rejoint la Fédération des sociétés féminines sportives de France puis en prend rapidement la tête. Ce n'est pas juste une passion, ça devient sa cause. Dans les années 1910-1920, les femmes n'ont accès qu'à très peu d'épreuves aux Jeux olympiques, et aucune d'athlétisme. Alice écrit alors au comité pour leur demander d'ouvrir les épreuves aux femmes. Leur réponse est catégorique, non. Alors elle crée ses propres jeux. Elle organise d'abord, avec le soutien du Prince de Monaco, trois éditions aux Jeux féminins internationaux à Monte Carlo. Puis, en 1922, à Paris, elle lance les Jeux mondiaux féminins, organisés par sa Fédération sportive féminine internationale. Les femmes y courent, sautent, lancent et brillent. Plus de 20 000 spectateurs assistent à la première édition au stade Pershing. Et les médias n'en reviennent pas. Les femmes savent non seulement courir, mais aussi remplir des stades. Le succès est tel que le comité international olympique commence à vaciller. En 1928, les JO d'Amsterdam intègrent enfin les premières épreuves féminines d'athlétisme. Mais la victoire reste partielle. Les femmes n'ont droit qu'à cinq épreuves. Le 800 mètres provoque même un taulé car certaines coureuses arrivent essoufflées. On dit que c'est dangereux pour leur santé. Il sera supprimé jusqu'en 1960. Pendant ce temps, Alice Mia continue d'organiser ses jeux mondiaux féminins, jusqu'en 1934, qui deviennent l'alternative féminine au JO. Elle lutte contre vents et marées avec une détermination froide. Pas de grands discours, mais des actions concrètes. À partir des années 1930, le Comité international olympique et les fédérations internationales reprennent peu à peu la main, sans jamais créditer Alice Mia. Elle se retire progressivement, sans médaille ni reconnaissance. Elle meurt à Paris en 1957, oubliée du grand public. Et pourtant, sans elle, l'histoire du sport féminin aurait été bien plus lente. Ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'on commence à redécouvrir son rôle essentiel. Aujourd'hui, des stades, des lycées et des courses portent son nom. En 2021, le comité d'organisation des Jeux de Paris a enfin reconnu officiellement son importance dans l'histoire olympique. Son mot d'ordre reste gravé. Ne demandez pas la place, prenez-la. Les femmes ont droit de transpirer et d'être victorieuses, disait Alice Mia. Elle a prouvé que le sport n'est pas une affaire de sexe, mais de volonté. Elle a bousculé les règles, les gradins, les mentalités. athlète sans piste, mais avec une vision. Merci d'avoir écouté les Icons du jour. Alice Mia nous montre qu'à force de courage, de stratégie et de persévérance, on peut faire plier même les plus puissants comités.