- Speaker #0
Mesdames, vous êtes légitimes, vous avez votre place, vous êtes compétentes. Investissez-vous dans cette vie politique ?
- Speaker #1
Il faut du courage pour faire de la politique, que l'on soit homme ou femme,
- Speaker #0
mais je crois qu'on ne pardonne à rien nos femmes.
- Speaker #1
On vient vous chercher parce que vous êtes une des pièces du puzzle qui va faire gagner. Un message qui, moi, m'a été transmis alors que j'étais jeune et que je n'avais pas forcément confiance en moi, on m'a dit, Sophie, il faut y croire.
- Speaker #0
Toujours y croire. Quand vous doutez de vous, pensez-vous. Bonjour, je suis Laurie Théron et je vous accueille sur mon podcast Les Mariannes. Dans cette émission que j'ai conçue pour vous aider à prendre toute votre place dans la vie publique de notre société, je reçois des femmes politiques et des activistes qui inventent le monde de demain. Pour soutenir ce podcast, notez le 5 étoiles. Vous pouvez aussi laisser un don sur la plateforme Tipeee. Enfin, je suis évidemment présente sur les réseaux sociaux. Vous me retrouvez sous le compte L. Marianne FR. Bonne écoute. Mon invitée du jour a l'engagement chevillé au corps. Entrée en politique à l'âge de 19 ans seulement, Charline Péculier navigue dans ce milieu depuis une dizaine d'années. Elle devient tour à tour militante, collaboratrice d'élus et élue locale, et elle nous parle de ses différentes expériences et de toutes les campagnes qu'elle a pu mener dans cet épisode. Mais la vie de Charline ne se résume pas à la politique. Elle est aussi fondatrice et directrice générale de l'association Un abri qui sauve des vies, qui propose des solutions d'hébergement d'urgence pour les personnes victimes de violences grâce à un réseau de solidarité partout en France. Je vous laisse en présence de mon invitée, Charline Péculier, et je vous souhaite une très bonne écoute. Charline, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci beaucoup d'être avec moi sur les Mariannes. aujourd'hui,
- Speaker #1
avec plaisir.
- Speaker #0
On va commencer cet enregistrement par la formule Portrait Chinois qui caractérise vraiment mon podcast. La série que tu pourrais binge-watcher jusqu'à très tard dans la nuit.
- Speaker #1
Je dirais How I Met Your Mother, qui est une série que je regarde tous les deux ans. J'ai décidé de la regarder tous les deux ans. Elle est particulièrement rafraîchissante et elle a des petits concepts sur la vie, des petites théories sur la vie qui me plaisent bien. Ok.
- Speaker #0
Tu prends la parole très souvent dans le cadre de tes fonctions. Est-ce que tu as un petit gris-gris avant de réaliser un discours, de prendre la parole ?
- Speaker #1
C'est une bonne question. Je n'en ai pas vraiment. Ce que je me fais, c'est simplement de me renoter des petites boules et poignes avant de prendre la parole, pour pouvoir avoir une structure dans ma tête. Je n'ai pas quelque chose de très superstitieux. Pas du tout superstitieux. Je n'ai rien du tout de tout ça.
- Speaker #0
Si tu avais une heure de plus chaque jour, qu'est-ce que tu ferais ?
- Speaker #1
Alors, si j'avais une heure de plus chaque jour, je pense que ce serait pour faire du sport. Je n'en fais pas assez dans la journée, dans ma semaine. Peut-être une mauvaise excuse, mais faire du sport.
- Speaker #0
Faire du sport, on le note sur la to-do list. Oui. Alors Charline, tu as plusieurs casquettes, ce qui me semble très intéressant justement pour cet épisode. Je vais d'abord te laisser te présenter en quelques mots. Voir quelle fonction est-ce que tu places en premier ?
- Speaker #1
Alors, j'ai 27 ans, je suis originaire de Sesson en Seine-et-Marne où je suis aujourd'hui élue adjointe aux maires chargées du développement durable et la communication. Je suis aussi fondatrice et directrice générale de l'association Un abri qui sauve des vies dont je pourrais parler sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Et puis je suis passée par l'Assemblée nationale, notamment par la collaboration d'élus.
- Speaker #0
Peut-être un mot ? Pour présenter ton association, quel est le concept de Un Abriss of Des Vies ?
- Speaker #1
C'est de l'hébergement citoyen, des particuliers qui accueillent des personnes victimes de violences conjugales ou intrafamiliales. L'association encadre Tout se passe bien.
- Speaker #0
Alors on va parler de politique, tu t'en doutes, c'est un peu l'ADN des Mariannes. Tu te diriges vers la politique très jeune, tu deviens directrice de campagne sur l'élection législative de 2017. Alors si mes calculs sont bons, à l'époque tu as 20 ans à peu près ?
- Speaker #1
19, juste avant.
- Speaker #0
Ok. Tu prends ensuite des fonctions chez les jeunes avec Macron. Qu'est-ce qui fait qu'une jeune femme de 20 ans, 19 ans, se tourne vers la politique ? D'où ça te vient cette envie ?
- Speaker #1
J'ai très peu de culture politique. Finalement, ce n'est pas une envie viscérale que j'ai depuis toute petite. Au contraire, ça m'intéressait pendant les élections présidentielles où j'en parlais avec ma famille, mais ça restait assez soft. Et en fait, c'est avant de voter en 2017 pour ma première élection présidentielle. J'avais déjà voté au régional quand j'avais eu un peu plus de 18 ans et je n'avais pas su bien me placer sur l'échec et politique. J'avais voté... Je... J'avais voté au premier tour à gauche et puis au deuxième tour à droite, alors qu'il y avait la gauche qui était au deuxième tour. Donc ça n'avait pas trop de sens, en tout cas pour mon entourage. Et je me suis posé des questions, je me suis dit c'est pas normal, il faut bien se placer à un moment donné. Et donc j'avais pris la décision d'aller voir tous les candidats qui passaient, j'habitais à Montpellier à ce moment-là, tous les candidats qui passaient à Montpellier, tous les candidats à la présidentielle de 2017. Et finalement, j'ai une amie un jour qui me dit, en étant en octobre 2016, il y a Emmanuel Macron qui vient faire un meeting à Montpellier. Est-ce que ça te dit de venir avec moi ? Alors je lui dis, Emmanuel Macron, je ne connais pas du tout, mais bon, allons-y. Et donc je découvre complètement par hasard et finalement, de fil en aiguille, je rentre dans le parti politique. On me dit, une connaissance d'une connaissance me dit, viens voir ce que ça donne en marche. on peut donner ses idées et c'est ça qui m'a intéressée dans ce parti politique. On m'écoutait même à 18-19 ans, on écoutait mes idées. Et finalement, évidemment, j'ai aussi au niveau idéologique, je me suis retrouvée dans ce qui était porté. Mais voilà comment je suis rentrée là-dedans, un peu par hasard finalement.
- Speaker #0
Tu faisais quand même des études de communication publique. Il y avait quand même un atelier pour la chose publique.
- Speaker #1
À la base, j'ai fait de la communication plutôt pour être dans la musique, donc pas grand-chose à voir. Donc j'étais en Master 1, communication de façon large, après communication publique, culturelle et associative. Donc finalement, c'était plutôt le côté culturel qui m'intéressait. Et après, Master 2, communication politique, parce que là, j'étais les deux pieds dedans.
- Speaker #0
Et alors, comment ça se passe finalement, cette entrée en tant que militante qui va se transformer peu à peu en... Une expérience politique aussi, puisque tu vas prendre des fonctions de directrice de campagne sur une campagne des législatives. Tu vas entrer aussi au Conseil national, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Comment ça se passe ? Pour le coup, très bien au départ. Avec toute ma naïveté, j'ai travaillé en fait. J'ai tout donné parce que ça m'intéressait. J'ai rencontré des gens et on ne m'a pas mis de bâton dans les roues à ce moment-là. Au contraire, j'avais des portes ouvertes et c'était très intéressant, très bienveillant, très accueillant. Donc, je m'y suis retrouvée. Et même pas l'impression d'ailleurs d'être une femme, dans le sens où j'avais pas cette idée d'être mise de côté ou d'être traitée différemment parce que j'étais une femme. J'avais pas du tout cette conscience-là d'ailleurs à l'époque. J'ai pas été élevée d'une façon féminine ou masculine, j'avais pas ce sentiment-là en tout cas. Donc je suis rentrée vraiment avec toute ma naïveté et très heureuse et ça s'est bien passé. Et après, j'ai pris conscience que... Oh, fait de... J'étais une femme et que les femmes n'étaient pas forcément traitées de la même manière.
- Speaker #0
À quel niveau est-ce que tu as pu déchanter ?
- Speaker #1
Alors déjà, une petite anecdote, c'est qu'avant de devenir référente des Jeunes avec Macron dans l'Hérault, il y avait un référent depuis le début des Jeunes avec Macron. Moi, je suis arrivée un petit peu après. C'était super, mais qui gérait deux départements. Et qui avait assez peu de temps, finalement, pour l'Hérault. Et c'est moi, assez naturellement. qui me suis beaucoup engagée, qui a un peu pris la main, mais sans vouloir le mettre de côté. En contraire, c'était une collaboration et ça se passait très bien. Et au moment où lui a dit, c'était après l'élection présidentielle, j'ai fait le taf, je vais faire autre chose, je vais consacrer à mes études, donc il faut passer la main. On a préféré choisir un homme beaucoup plus vieux, enfin de proposer un homme beaucoup plus vieux que moi, qui ne s'était pas particulièrement engagé dans les Jeunes avec Macron, mais plutôt dans En Marche. était là et qui était compétent, il n'y avait pas de souci là-dessus. Mais moi, je m'étais toujours donnée sans rien attendant de retour, mais c'était assez naturel que je devienne la référente. Et donc, il a refusé parce qu'il avait d'autres priorités. Et on m'a proposé un second choix.
- Speaker #0
Que tu auras senti comme une injustice.
- Speaker #1
Ah oui, sur le coup, je n'ai pas compris pourquoi ce choix avait été fait.
- Speaker #0
Alors quelques années plus tard, on arrive à l'année 2020 qui est une année assez importante pour toi. C'est l'année du Covid certes, mais c'est aussi l'année où tu lances le projet qui va devenir ton association, Un abri qui sauve des vies. C'est aussi l'année où tu rejoins la vie publique et où tu deviens élue dans ta ville à Saison. Donc c'est un peu une année charnière pour toi j'ai l'impression de 2020. Oui,
- Speaker #1
2020 a été une année sur tous les plans, même le plan personnel d'ailleurs. Je suis revenue en région parisienne à ce moment-là. Il y a eu ce confinement et en même temps, je revenais dans mon ancienne ville où j'avais habité pendant 15 ans. Comme j'aimais bien faire des campagnes politiques, c'était le moment de l'élection municipale, je vais voir le maire que je connaissais un petit peu par ailleurs puisqu'on était anciens voisins. Et je lui dis, voilà, moi, si vous voulez mettre en fin de liste Histoire 2, ça me ferait plaisir de faire la campagne. Je le fais vraiment sans attendre grand-chose. Et ça c'est un peu ce qui caractérise la partie vie politique, c'est que j'ai pas été en demande nécessairement et que les choses sont quand même arrivées assez naturellement à moi, donc ça c'est plutôt chouette parce que j'aime pas... En politique, généralement ça veut dire essayer de défier les autres et c'est pas trop mon truc, si j'ai pas quelque chose, pas grave, il n'y a pas que ça dans la vie. Mais en tout cas j'y vais un petit peu au culot et puis il me dit bah ouais ton parcours est intéressant, t'as travaillé à l'Assemblée Nationale. Une jeune femme, c'est vrai qu'on n'en a pas beaucoup. Avec plaisir, je suis rentrée sur la liste. Donc, je commence comme ça. La petite campagne, je crois, de décembre 2019 à mars 2020, jusqu'au confinement.
- Speaker #0
À ce moment-là, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
- Speaker #1
Là, je travaille chez Avas Paris. Je suis au pôle influence d'Avas Paris, en alternance, à côté de mon master. Donc,
- Speaker #0
une vie professionnelle bien remplie. Une vie étudiante aussi, sur sa faim.
- Speaker #1
C'est ça. Et en fait, il me propose un jour, il me dit... Il me convoque dans son bureau et me dit j'aimerais bien que tu deviennes adjointe au maire en charge du développement durable J'avais proposé des idées sur ce sujet-là. Il m'a fait cette proposition-là et d'être conseillère communautaire. Et puis j'ai fini deuxième de liste finalement après lui, ce qui était une surprise totale. J'ai foncé, je n'ai pas cherché à comprendre.
- Speaker #0
Quand il te l'a proposé, est-ce que tu as eu des hésitations ?
- Speaker #1
Pas du tout, parce que c'était un moyen de m'engager pour ma ville, que je la connais très bien. que c'était une super opportunité et que j'avais des idées, j'avais travaillé sur ce sujet-là en particulier. Donc je n'ai pas trop tendance à me poser des questions, je suis un peu tête fonceuse.
- Speaker #0
Et alors l'association dans tout ça, comment est-ce que ça arrive la même année ?
- Speaker #1
Quasi au même moment en fait, parce que je suis devenue élue en mars 2020 et en avril l'association a été lancée. Donc c'était un projet étudiant qui ne devait pas se réaliser réellement, c'était juste un projet, une semaine de cours. Pour du feu. fictif où on devait présenter un dossier, une initiative citoyenne pendant le confinement qui s'appuyait sur le numérique. Et on était quatre étudiants dans notre petit groupe, il y avait deux filles, deux garçons et puis on décide de partir sur cette cause des violences conjugales parce qu'on en parlait beaucoup, il y avait une hausse de signalement. On n'avait pas forcément d'histoire personnelle liée à ça, en tout cas pas à ma connaissance, mais ça nous touchait particulièrement et on s'est retrouvés là-dessus. On s'est dit, on va faire comme pour les logements qui sont prêtés par des particuliers pour les soignants, pour se rapprocher de l'hôpital. On va utiliser le fait que pendant le confinement, les gens laissent leur appart pour pouvoir se retrouver en famille. On va les mettre en relation avec des personnes victimes qui vont pouvoir se mettre en sécurité pendant une petite période.
- Speaker #0
Comment finalement ce projet s'est inscrit dans la durée ?
- Speaker #1
Il nous a un peu emporté ce projet parce que quand on le présente à notre groupe, on a un peu... Et à notre responsable de master, elle nous dit, mais ça, en 36 heures, vous arrivez à le lancer. C'est assez rapide. Et ce qu'elle voulait dire à la base, j'ai compris bien d'après, c'est pas il faut le lancer. C'était plutôt de dire votre calendrier, votre calendrier est un peu long. Ça, en 36 heures, ça se monte. Mais ce n'était pas une invitation à le monter. Mais je l'ai pris comme une invitation. Et donc, je l'ai dit aux autres pour rigoler au départ. Allons-y, faisons-le. On s'est lancé. On n'a pas trop réfléchi. C'est bien d'entourer quand même. Ça a été naturel.
- Speaker #0
Votre offre a rencontré aussi un vrai besoin.
- Speaker #1
Un vrai besoin, oui. On a fait 3-4 hébergements, c'était assez léger pendant ce confinement. Mais après, on est passé sur ça commence aujourd'hui, sur France 2. Pareil, une opportunité par hasard. Et on s'est dit, chouette, on va présenter ce qu'on a fait, c'est cool. Puis en fait, on s'est pris énormément de demandes et d'hébergements et de propositions d'abri. Et là, on s'est dit, déjà, on a eu la culpabilité parce qu'on n'a pas pu aider toutes ces personnes. On a eu 50 personnes à aider d'un coup, on était 4, c'était pas faisable. Donc on a mis en pause et on s'est structuré. On a continué en fait par obligation, mais évidemment c'est heureux et je suis très contente de faire ça aujourd'hui à 100%, mais voilà, ça nous a emporté.
- Speaker #0
Alors parmi tes autres expériences politiques, on peut citer aussi des candidatures à d'autres élections comme les départementales, également les législatives. Tu as été la plus jeune candidate pour la majorité présidentielle en 2022. tu avais 24 ans comment ça s'est passé également ?
- Speaker #1
j'ai remplacé un homme c'est pour changer non en fait ça s'est passé où il y avait un candidat et il a dû arrêter sur la circonscription il a dû arrêter l'aventure pour des raisons c'est le parti qui a décidé de le mettre de côté En tout cas, ils se sont retrouvés sans candidat. Donc, moi, j'étais adjointe aux maires sur la circonscription. Lui ne l'était pas, d'ailleurs. Il n'était pas élu de la circonscription. Il était sur une autre circonscription. Et on me contacte en me disant... Enfin, c'est vraiment compliqué, mais...
- Speaker #0
Concrètement, ça se passe très rapidement.
- Speaker #1
Ça se passe hyper rapidement, dans la même journée, en fait. Ouais. Le midi, la veille de la fin du dépôt des listes. Et on me dit... Il nous faut une femme, parce que pour les quotas... Pour... pour ne pas payer l'amende, c'est sympa comme raison. Il nous faut une femme. Bon, tu es adjointe au maire de Sesson, ça avait du sens, évidemment. Moi, ce n'était pas une place que je voulais, que je n'avais pas demandé à être candidate sur cette circonscription, ça ne m'intéressait pas. Je ne voulais pas particulièrement devenir députée non plus. Ce n'était pas mon projet du moment, et je ne sais pas si ça le sera un jour, mais en tout cas... On me dit, c'est toi ou rien, donc tu as une heure pour décider, entre 20h et 21h, c'était le soir. Je venais de prendre un poste dans une mairie, dans un cabinet de mairie, et je risquais de me faire virer très clairement. J'avais pris le poste en début de semaine.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu choisis ?
- Speaker #1
Un peu tête fonceuse, je me dis, ok, c'est une opportunité, si ça m'arrive, c'est qu'il faut que je le fasse, donc je le fais. Je sais que je ne veux pas gagner, c'était face à Olivier Faure aussi, il y avait un contexte national particulier. Mais c'est pas grave, il faut y aller. Et bon, je me fais virer le lendemain.
- Speaker #0
À l'époque, tu étais collaboratrice d'élus ? Oui,
- Speaker #1
j'étais en cabinet d'une mairie et je me fais virer. Ça a été un peu difficile après avoir dormi 2-3 heures dans la nuit pour faire au dernier moment, il fallait faire tract, affiche, bulletin de vote, il fallait tout donner le lendemain, il fallait trouver une suppléante, trouver un mandataire financier, donc on fait tout ça dans la nuit. Et le lendemain, il faut tout déposer en préfecture.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu retiens de cette expérience ? Est-ce qu'avec du recul, tu te dis j'aurais peut-être pas dû accepter ou alors est-ce que tu es contente d'avoir vécu l'expérience parce que tu en as retiré des choses aussi ?
- Speaker #1
Bizarrement, j'ai préféré cette campagne à celle des départementales. Les départementales étaient un truc beaucoup plus réfléchi. Je voulais vraiment pouvoir participer notamment sur la partie enfant qui a une compétence du département. On n'a pas été élus, on a fait un score plutôt honorable, mais on n'a pas été élus. Mais c'était une campagne difficile où je me suis beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup donnée. On s'est beaucoup donné aussi avec mon compagnon. Et donc, ça a été vraiment difficile puisqu'on ne vivait que pour ça. J'ai tendance à ne pas faire les choses à moitié, donc ça devient un peu difficile. Et cette campagne qui a été éclair, où en fait, je n'ai pas eu le temps de réfléchir, finalement, elle a été plus agréable parce que j'ai fait ce que j'ai pu, on a fait ce qu'on a pu et on savait très bien que... Même si on finit par y croire un petit peu quand même. quand on se donne beaucoup, et que tous les gens autour disent Ah, tu vas gagner, tu vas gagner mais dans le fond, on le sait très bien que non. Mais on est allé au second tour et on a maintenu le score d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle, ce qui n'était pas très évident et ce qui n'était pas le cas dans les autres circonceptions.
- Speaker #0
Alors, ce que tu viens de dire sur le fait que finalement, cette campagne a un peu vraiment changé ta vie aussi, sur le moment, ça a tout dévoré, ça m'amène à te poser la question de la conciliation de ta vie, à la fois... politique, mais aussi professionnelle et personnelle. Parce que c'est un trio un peu explosif, tout ça. Tu occupes des postes de responsabilité dans des collectivités ou en politique, donc des postes qui demandent un investissement en termes de temps. Une vie personnelle que j'imagine remplie, comme toute jeune femme, et une vie politique qui demande aussi et qui exige une disponibilité. Comment est-ce que ça se passe, cette organisation ?
- Speaker #1
Je pense que j'ai eu la chance de le faire assez jeune et donc finalement j'ai construit ma vie professionnelle et personnelle autour de mes engagements, que ce soit politique ou associatif. J'ai besoin de faire 10 000 choses à la fois, c'est aussi ma façon de fonctionner. J'ai besoin d'avoir des nouveaux projets, de tout le temps me renouveler un peu, apprendre des choses et d'être très opérationnelle. Donc finalement ça correspond à la fois à mon caractère et à la façon dont j'ai construit ma vie après mes études. Pour moi, c'est aujourd'hui pas une difficulté, mais je pense que le moment où je déciderais d'avoir des enfants, il va falloir composer complètement autrement cette vie. Donc aujourd'hui, elle me va bien et je suis très contente de faire plein de choses en même temps. Ça me va très bien. Mais par exemple, ma vie professionnelle, je l'ai toujours fait en fonction de mon mandat aussi. C'est-à-dire que mon mandat était tellement important pour moi en tant qu'adjointe aux mères que j'ai quitté des fois des boulots qui n'étaient pas compatibles avec... avec ça. C'était pas possible pour moi.
- Speaker #0
Oui, donc tu as orienté ta carrière professionnelle de sorte à te laisser du temps pour réaliser tes engagements politiques.
- Speaker #1
Voilà, politiques ou même mes projets à côté, si j'ai besoin de ma liberté, en fait, dans ma vie professionnelle.
- Speaker #0
Est-ce que ça, ça a été difficile à trouver ou à faire comprendre à des employeurs, parfois ?
- Speaker #1
Alors, pas nécessairement, parce que Il y avait le côté un peu entrepreneur qui pouvait plaire aux employeurs. Ça ne se révélait pas forcément très payant à la fin parce que j'ai justement trop besoin de liberté. Et même si j'étais très engagée dans mes boulots et je pense que j'ai eu des bons retours professionnellement, à un moment donné, ça commençait de mon côté en tout cas. Mais oui, ce n'est pas forcément simple.
- Speaker #0
Peut-être un mot sur la fonction de collaboratrice d'élu. Qu'est-ce que tu as aimé et qu'est-ce que tu n'as pas aimé dans cette expérience ?
- Speaker #1
Alors ce que j'ai adoré c'est le fait de toucher à tout, tous les sujets alors ça c'est quelque chose que j'aime beaucoup, découvrir des choses. Le côté aussi très exalt de monde politique, il y a toujours des choses qui arrivent, des urgences, on travaille beaucoup dans l'urgence et ça j'ai besoin de travailler dans l'urgence donc j'ai beaucoup apprécié ça. Ce que j'aime moins c'est que j'ai un peu besoin de mener ma barque et donc forcément quand on travaille pour un élu ou une élue. Il faut suivre les choix, décisions que je ne comprends pas forcément parfois d'un élu. Il y a quand même du caractère. Ça, ça peut être un peu frustrant pour moi parce que j'ai besoin de comprendre qu'il y ait du sens dans ce que je fais. Et parfois, ça ne l'était pas du tout.
- Speaker #0
Bon, alors ça tombe bien puisqu'aujourd'hui, tu es à 100% dans ta vie pro dans ton association. Oui. Est-ce que tu peux nous parler de ce moment où justement tu bascules de cette vie associative projet étudiant à... Waouh, je me salarie grâce à mon ASSO et on embarque dans une aventure collective avec des employés.
- Speaker #1
C'est assez récent puisque ça date de la première employée de l'ASSO, la première salariée au ROR est arrivée en octobre 2023. Donc c'est très récent et c'est grâce à des soutiens de financeurs privés, notamment comme la Massif et Covea, qui nous ont fait confiance. On avait un petit peu de budget au départ. On a fait une petite campagne de financement participatif, mais ça restait très léger. Donc on ne pouvait pas salarier quelqu'un. Et en fait, on s'est rendu compte qu'il fallait un peu se lancer dans le salariat. Sinon, on n'allait pas pouvoir demander plus d'argent.
- Speaker #0
Donc il faut se structurer.
- Speaker #1
Oui, mais en même temps, il faut avoir un petit peu d'argent, mais pas trop. C'est un équilibre un petit peu bizarre. On ne peut pas avoir beaucoup d'argent d'un coup pour salarier. On donne de l'argent une fois qu'on a une première salariée. On a réussi cet équilibre. Et donc moi, je me suis salariée en janvier. Je ne voulais pas être la première salariée.
- Speaker #0
Janvier 2024.
- Speaker #1
Janvier 2024, oui. Je ne voulais pas être la première salariée parce que j'avais envie de quelqu'un qui apporte quelque chose aussi, un regard extérieur et neuf. En fait, on a eu beaucoup de financement d'un coup, enfin beaucoup, en tout cas assez pour que je me salarie et salarier aussi une autre personne. Donc voilà, je suis arrivée en janvier, officiellement. J'ai quitté mon boulot.
- Speaker #0
Alors tu as appris un peu sur l'OTA, la gestion associative ?
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
Est-ce que tu as trouvé difficile justement de nouer des partenariats ? Comment est-ce que tu es allé chercher des financements ? Comment est-ce que tu as obtenu la confiance d'acteurs privés ?
- Speaker #1
Alors assez souvent, il faut malheureusement faire les choses bénévolement au départ pour pouvoir prouver que son modèle est utile, stable, a de l'impact. Et donc nous, on est passé par cette phase-là pour éprouver notre projet. Donc il faut déjà une expertise associative, un peu importe sur quel sujet, un peu innovante. C'est pas forcément avec le numérique, mais avoir un apport supplémentaire par rapport à l'existant. Répondre forcément à un besoin aussi. Et déjà quand on a ça, ça permet, et qu'on a prouvé que ça fonctionnait, ça permet d'aller voir des financeurs. Alors ça se cherche... C'est un travail de fourmi, ça veut dire chercher des financeurs. Je conseille d'éviter de remplir des appels à projets sans rencontrer avant les potentiels financeurs, parce que ça c'est souvent une perte de temps. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas obtenir un financement par un appel à projet, mais souvent il y a quand même besoin de créer une confiance entre les gens.
- Speaker #0
Un lien personnel.
- Speaker #1
C'est ça, et en fait ça dépend beaucoup de la personne qui porte le projet aussi, des personnes qui portent le projet. Ce qui revient beaucoup dans les retours de financeurs, c'est de dire que... Verna Brixo-Devy est assez professionnelle sur la façon de fonctionner, malgré tout a une équipe jeune, dynamique et que ça fait plaisir à voir. Il y a le côté, évidemment on va regarder très clairement que fait l'assaut, comment elle met les choses en place, mais aussi quelle est l'équipe derrière.
- Speaker #0
Alors tout à l'heure tu évoquais le fait que la vie politique pouvait être assez sexiste, si ce n'est aussi peut-être un peu violente. Est-ce que tu as retrouvé ça dans la vie associative ?
- Speaker #1
Alors la vie associative, on ne s'y attend pas. Je ne sais pas si c'est forcément plus violent, mais en tout cas, le ressenti l'est parce qu'on se retrouve confronté à des choses qu'on ne comprend pas dans la vie associative. La vie politique, quand on y rentre, on sait à peu près que potentiellement, même si on est un peu naïf comme moi, on peut se retrouver avec des personnes qui ont les dents longues et qui ont envie d'avancer très vite et d'écraser les autres pour ça. La vie associative, c'est un peu plus difficile là-dessus. Bon, globalement, on a quand même des super partenaires et ça se passe bien, mais évidemment, sur le chemin, on rencontre d'autres personnes qui reproduisent le même schéma que dans la vie politique et une notion de concurrence dont on ne s'attend pas dans la vie associative, notamment sur les financements.
- Speaker #0
Oui, parce qu'effectivement, par définition, la vie politique est très concurrentielle. Et ça, quand on monte dans ce milieu-là, on le sait, on s'y attend. On s'attend un peu moins à ça que quand on imagine la vie à saut de l'extérieur. Non,
- Speaker #1
on ne s'y attend pas. En fait, il faut essayer de composer au maximum, de comprendre pourquoi il y a de la concurrence et d'essayer de s'adapter. Parce que souvent, on arrive quand même, contrairement à la vie politique, où il y a une notion assez personnelle des choses, où quand on est élu, on est élu. notamment parlementaire, c'est son image à soi qui est en jeu. Quand on est dans une vie associative, c'est la vie de l'assaut. Généralement, c'est moins personnel. Et donc, on peut trouver des compromis et comprendre pourquoi il y a une logique. Généralement, il y a une logique. Pourquoi la personne agit de cette manière-là ? Pourquoi elle essaie potentiellement de protéger son assaut ? Et donc, quand on a compris, on peut trouver généralement des compromis.
- Speaker #0
Politique-association, il y a quand même des synergies aussi qui peuvent se créer. Moi, je trouve qu'il y a une certaine complémentarité. Il faut détenir à la fois un mandat politique et à la fois diriger une association. Quel est ton avis là-dessus ? Toi, avec tes deux casquettes, comment est-ce que tu vis cela ? Est-ce que tu penses que l'un et l'autre, cette complémentarité te sert, te dessert ou comment est-ce que tu l'exploites ?
- Speaker #1
Moi, j'ai l'impression de faire de la politique comme de l'associatif, de la même manière. D'ailleurs, c'est assez marrant parce que les gens ne vous voient pas de la même manière en fonction de si vous vous présentez en tant que... professionnel dans l'associatif ou la vie politique et c'est assez curieux comme l'image qu'on renvoie. Le côté mandat local suscite assez de sympathie, il n'y a pas de souci là-dessus. C'était plutôt quand j'étais assistante parlementaire ou quand j'étais surtout candidate aux élections législatives et que je pouvais me présenter tractée dans la rue, bordée des personnes et quand je me présentais en tant que candidate, il y avait potentiellement un rejet. pas du parti politique, mais simplement d'être de la fonction. Et quand j'essayais justement d'aborder les choses d'un point de vue associatif, en disant mais je fais aussi, je fais des choses à côté, et là il y avait tout de suite un regard qui changeait. Donc c'est assez curieux. Mais je trouve ça complémentaire, c'est un engagement pour moi qui est assez similaire. En fait la politique m'apporte beaucoup dans le milieu asso, parce que ça m'apporte un réseau aussi, pouvoir aider le développement de l'association. Ça, c'est clair, c'est indéniable. Et puis, l'associatif m'aide à structurer un peu mieux la façon dont je fais les choses dans mon mandat. Donc, c'est tout à fait complémentaire.
- Speaker #0
Charline, on s'approche de la fin de cet épisode. Tu avais des conseils à donner à des femmes qui entrent en politique. Qu'est-ce que tu leur dirais ou qu'est-ce que tu aurais aimé savoir, toi, avant de pénétrer dans ce monde-là, que ce soit en tant que collaboratrice ou en tant qu'élue ou militante ?
- Speaker #1
Je suis assez contente de ne pas avoir su grand-chose avant d'y aller, pour le coup. En tant que femme, on se pose généralement un peu plus de questions qu'à se poser un homme, parce que la société l'a un peu définie comme ça. Si on commence à avoir toutes les problématiques que la vie politique comprend, on ne va pas y aller. Et donc, je pense qu'il ne faut pas trop réfléchir, qu'il faut essayer de choisir quelque chose qui nous plaît, un engagement qui nous plaît. C'est d'abord les convictions qui priment sur ça. Et puis après, petit à petit... Prendre les choses comme elles viennent, essayer de les surmonter quand il y a des difficultés, mais pas trop réfléchir en fait.
- Speaker #0
Charline, qui aimerais-tu entendre sur le podcast Les Mariannes ?
- Speaker #1
Je serais assez curieuse de connaître un peu mieux Salim Assa, qui est la nouvelle secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes. Je connais un petit peu son parcours, mais pas assez, ça me ferait plaisir de l'entendre.
- Speaker #0
Je vais te laisser la parole pour conclure cet épisode ensemble. Quels sont les projets d'Un abri qui sauve des vies ? Où est-ce qu'on peut te suivre ? Comment est-ce qu'on peut soutenir ton association ?
- Speaker #1
Un abri qui sauve des vies aide principalement des femmes victimes de violences conjugales partout en France métropolitaine. Et donc, c'est aussi une action un peu de sororité, puisqu'on est surtout sur des femmes qui accueillent d'autres femmes qui sont victimes de violences. et sur un temps assez court et surtout libre. Mon call to action serait d'aller voir le site internet unabriquissauvedesvies.fr pour aller regarder peut-être comment devenir abritante ou comment devenir bénévole de l'association, comment nous aider finalement.
- Speaker #0
Merci beaucoup d'avoir partagé ton histoire avec nous et bonne continuation. Merci pour votre épouse engagée. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner et à le noter 5 étoiles. On se retrouve très vite, mais en attendant, vous pouvez rejoindre la communauté sur Instagram, Twitter, Facebook, sous le nom ElleMarianneFR. Je vous dis à bientôt.