- Speaker #0
Bon, on y va sur le projet ? Tout à l'heure,
- Speaker #1
tu as lancé des champignons.
- Speaker #0
Accrochez-vous. Tu as parlé des champignons. C'est quoi ton nouveau métier,
- Speaker #1
Cécile ? Mon nouveau métier, c'est mycicultrice.
- Speaker #0
C'est beau. Ça fait un peu conte de fées.
- Speaker #1
Oui, tu trouves ?
- Speaker #0
Miscicultrice parce que c'est la misciculture c'est une terre comme les mycoses alors là je sais pas pourquoi mais tout d'un coup mon rêve s'est écroulé moi
- Speaker #1
je voyais un truc avec des elfes et tout puis là non mais la misciculture c'est plus joli c'est pas exactement pareil c'est pas les mêmes pas les mêmes champignons
- Speaker #0
Donc, ça c'est ton métier. Alors moi, ça me fait...
- Speaker #1
Plein de métiers en vrai.
- Speaker #0
Donc il y a plein de métiers dans ton métier. Mais comment un jour, tu passes de institutrice à missicultrice ?
- Speaker #1
En fait, on ne sait toujours pas très bien pourquoi. Non, mais c'est comme de partir de la Martinique, tu vois, on ne sait pas quoi expliquer.
- Speaker #0
Je me demande d'abord.
- Speaker #1
En fait, on a des cycles dans notre vie. de 6-7 ans où on change carrément de vie mais là on est bien donc on aimerait bien que ça dure un peu plus longtemps mais je pense que c'est parti pour même s'il y aura des évolutions au sein du métier au sein des projets mais quand même tu kiffes les champignons en fait au tout départ je t'avoue qu'un stide ça ne me suffisait pas j'étais contente de ça mais je me disais clairement que je n'allais pas faire ça toute ma vie que c'était une expérience comme les autres et qu'il fallait que je passe à autre chose Et moi je voulais faire du jardin, je voulais cultiver des trucs. Et le problème c'est le climat ici. Je te dis c'est la montagne limousine, il fait très froid. Alors il y a des maraîchers, on n'est pas...
- Speaker #0
Parce que là tu avais maraîchage en tête.
- Speaker #1
J'avais surtout pépinière, je voulais faire une pépinière d'arbres. Et je m'étais dit, tiens on est dans la montagne, je pourrais faire une pépinière d'arbres climat montagne. Puis au final j'ai vu que ça existait quand même pas mal. Paul aussi voulait se lancer dans l'aventure avec moi. On s'est dit bah tiens ici on ramasse pas mal de champignons. Bah tiens on sent que ça pourrait être un truc qui se développe à l'avenir. C'est peut-être une bonne idée. Et puis il y a un truc que j'ai pas dit c'est qu'en Martinique on avait rencontré un gars qui faisait ça.
- Speaker #0
Ah !
- Speaker #1
Alors tu vois on avait visité ça, on l'avait gardé dans notre tête, on avait trouvé ça génial. Mais on s'était pas dit qu'on en ferait un truc. Mais là, ça a réactivé. On s'est dit, c'est vrai, il faisait ça aussi, c'était intéressant. On s'est dit, allez.
- Speaker #0
Qui a eu l'idée en premier ?
- Speaker #1
Je pense que c'est peut-être Paul, je ne sais pas. Il m'a dit, il y a les champignons. Moi, j'ai dit, oui, mais j'ai ma pépinière. Quand j'ai lancé, j'ai fait tout le dossier administratif après agricole. Et dans mon dossier, j'avais fait, j'avais rédigé, c'était la misiculture et la pépinière en même temps. J'avais prévu de faire les deux projets en même temps. Au final, bon, voilà, on n'en fait qu'un. Voilà. Après, peut-être qu'on fera l'autre. Non, je ne pense pas. Je pense que c'est impossible. Tu ne peux pas tout faire.
- Speaker #0
Mais ces cultures, à l'époque, tu n'y connais rien.
- Speaker #1
Rien du tout. Absolument rien. On a lu un bouquin d'un Américain qui s'appelle Paul Stamets, qui est aux Etats-Unis vraiment la référence, qui a lancé le truc dans les années, je dirais, 70, et qui est vraiment le ponte du truc, qui a fait un bouquin ultra technique sur la culture de champignons. Donc, on s'est tapé ça un peu en lecture. Un peu compliqué, c'est en anglais, tu vois, un gros, gros bouquin. Et ensuite, sur Internet, j'ai trouvé deux, trois comptes, mais surtout canadiens, je t'avoue, qui faisaient ça et qui m'ont un peu inspirée. Je me suis dit, mais c'est magnifique, je veux faire ça, c'est trop beau. Et on s'est lancé direct, en fait. Parce qu'au départ, on s'était dit, je vais conserver mon activité à mi-temps. Et puis comme ça, on va se lancer un petit peu. Et puis après... Plus on arrivait vers la rentrée, plus je me suis dit c'est mort, on n'arrivera jamais à tout faire. J'ai appelé l'éducation nationale, j'ai dit non, en fait je me mets en dispo.
- Speaker #0
Je fais des champignons.
- Speaker #1
Voilà, je fais des champignons.
- Speaker #0
Ils sont tués les barges celles-là. Quand on se dit tiens, on va faire ce projet, Missiculture, la finalité pour toi c'était quoi ? C'était donc de vendre tes champignons ?
- Speaker #1
Oui, en plus le projet est complètement différent de maintenant. Parce que dans mon... tu sais on doit faire une étude de projet, tu vois, marketing,
- Speaker #0
avec des scoops et tout,
- Speaker #1
tu dois faire un truc assez gros. Une étude de marché.
- Speaker #0
Non mais même j'allais dire un bilan financier.
- Speaker #1
Et donc du coup dedans, moi j'avais le but c'était de vendre beaucoup à des restaurateurs, peut-être d'en envoyer en gros, tu vois, genre un gis machin.
- Speaker #0
Là, tu devais être en multinationale, toi.
- Speaker #1
Mais voilà, j'avais réfléchi à ça. Parce qu'au début, je me suis dit, les marchés, ça me saoule. Je n'ai pas du tout envie de faire ça.
- Speaker #0
Tu ne vois pas les gens.
- Speaker #1
Voilà, moi, je suis bien tranquille ici. Il fait froid. Et tu vois, deux ans après, c'est complètement différent. En gros, on vend essentiellement en direct. J'adore les marchés. Je trouve ça génial. Je vis. Des moments exceptionnels.
- Speaker #0
Tu vas être bien au marché, toi.
- Speaker #1
Ah, mais j'adore.
- Speaker #0
Tu en fais combien, des marchés ?
- Speaker #1
J'en fais... L'année dernière, j'en faisais beaucoup. Je faisais quatre marchés, voire plus. Quatre marchés par semaine ? Oui, c'était énorme. Ah oui. Et là, maintenant, j'ai réduit. J'en fais deux, vraiment gros marchés par semaine. Et épisodiquement, je fais un petit marché de temps en temps. Ou l'été,
- Speaker #0
peut-être, des trucs un peu...
- Speaker #1
Oui, mais bon, le champi, l'été, ce n'est pas la meilleure saison. Mais oui, je reste sur deux marchés.
- Speaker #0
Lesquels ?
- Speaker #1
Je fais Feltin le vendredi matin. Donc ça, c'est mon fief, tu vois. Je connais du monde et tout. J'adore. Et Moutier qui est à côté, là. Et là, j'ai mis un peu plus de temps. Mais maintenant, c'est super. C'est là où j'habite et tout. C'est top. OK. Très bien. Le samedi matin.
- Speaker #0
D'accord. Le samedi matin. Vendredi, samedi matin. Donc, la finalité, oui, c'était... Enfin, tu avais...
- Speaker #1
C'était...
- Speaker #0
Finalement, tu as rectifié. Pourquoi ça a été rectifié ? Parce que tu t'es rendu compte que ce n'était pas possible ? Euh...
- Speaker #1
En fait, je ne sais pas pourquoi, j'ai commencé les marchés, j'ai tout de suite bien accroché et j'ai rencontré des gens super. Franchement, j'ai fait des rencontres incroyables. J'adore, j'adore ça.
- Speaker #0
Tu l'as fait toute seule les marchés ?
- Speaker #1
Oui, je l'ai fait toute seule. Paul, lui, il ne se voyait pas dans la phase commerciale. Il est un peu plus sauvage que moi peut-être. Puis en fait, ça s'est fait comme ça au début et puis on n'a même pas... Remis ça en question parce qu'en fait, il y a beaucoup de gens qui me disent Ah ouais, mais il est tranquille pendant que tu fais les marchés. Mais en fait, lui, il bosse. C'est qui le patron sur le papier ? C'est moi. C'est moi sur le papier.
- Speaker #0
Tu es la chef d'exploitation ?
- Speaker #1
C'est moi la chef, oui. Et très marrant parce que, tu sais, pour être chef d'exploitation et faire travailler dans l'agriculture, il faut que tu aies un diplôme agricole. Enfin, moi, j'ai demandé des aides et tout, donc t'es obligée. Donc, j'ai passé mon bac il y a deux ans. Et là, Paul, maintenant, va s'installer aussi, mon mari. Et donc, il a passé aussi son bac et il a fait son stage chez moi, là, cette année. J'adore ! Donc, c'était mon stagiaire, voilà.
- Speaker #0
J'espère que tu l'as mal fait. Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Non, mais sur le papier, c'est marrant, quoi.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est marrant. Il a fait son rapport de stage en disant que... Qu'il était stagiaire ici. C'est très marrant.
- Speaker #0
Et je repense à une chose, là. Pour les marchés, tu l'as fait... parce que tu avais de la production rapidement et qu'il fallait vendre, enfin il fallait gagner de l'argent. Oui.
- Speaker #1
Et puis les restos, je me disais ça va venir après, une fois que j'aurai ma production un peu plus stable et je pourrais leur proposer...
- Speaker #0
C'était la solution la plus rapide, la plus facile.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Et ensuite les restaurateurs, je me suis rendu compte que ce n'était pas si facile, surtout dans notre coin où c'est assez... Où il n'y a pas de restos. Oui, c'est ça, c'est assez loin et puis c'est très saisonnier. et avec des requêtes un peu compliquées genre c'était très peu de champignons assez loin de chez moi et très très négocié donc aucun intérêt donc c'était pas très intéressant alors là cette année je fournis mais quand je vais au marché j'en profite pour livrer quelques restos qui sont dans le coin et c'est parfait oui oui oui mais pas développé peut-être que je le développerai après par la suite c'est pas interdit mais bon pour l'instant c'était facile comme ça après tu pouvais demander à tes stagiaires d'aller faire j'avais bu ça
- Speaker #0
T'es tâche ingrate.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça. Ça fait un peu de kilomètre.
- Speaker #0
À vélo, en plus. Wouch !
- Speaker #1
Ça grimpe, hein ? OK.
- Speaker #0
Très bien. Bon, alors, donc, paf, Missiculture, on va revenir. La finalité, tu viens d'en parler. Donc, de vendre, au départ, c'était avec une certaine vision de la chose qui a été rectifiée. Aujourd'hui, t'en es très contente. Maintenant, tu vas essayer quand même de synthétiser ça parce qu'on n'a pas quatre heures de podcast. J'aimerais bien, mais... Quelles sont les étapes de ta production de champignons ? Comment ça se passe ?
- Speaker #1
Pour faire un champignon.
- Speaker #0
Pour faire un champignon, comment on fait ? Alors moi, j'ai eu la chance, j'ai visité. Je vous ai fait des belles photos de champignons. Après, on ira voir sur le compte Instagram. Tu as des vidéos comme ça ? En fait,
- Speaker #1
j'ai fait, mais je referai. Je referai parce qu'au début du compte, j'en ai fait pas mal. Et puis, c'est un peu passé dans l'oubli du compte en fait. Ça peut être cool de faire vos étapes.
- Speaker #0
Mais j'ai pris des jolies photos. Quand on voit le résultat comme ça, il y a plein d'étapes avant. C'est magique. J'ai trouvé que c'était assez technique. On ne s'imagine pas. Donc, on t'écoute.
- Speaker #1
Pour faire un champignon, c'est assez compliqué tout en étant assez simple. En fait, il faut faire un substrat duquel le champignon va se nourrir.
- Speaker #0
Un substrat, c'est un terreau.
- Speaker #1
Une sorte de terreau. Alors là, notre terreau qui va servir à faire pousser le champignon, il est composé de sur de chêne, de copeaux de bois. En fait, on récupère ça dans une scierie. Ils font des traverses de chemin de fer en chêne. Et donc, on récupère. En fait, on travaille sur du déchet. C'est ça qui nous a intéressés aussi.
- Speaker #0
Le démarrage d'un champignon, c'est du déchet.
- Speaker #1
C'est marrant. Et c'est ça qui nous avait amusés aussi. C'est-à-dire qu'on travaille sur du déchet. On récupère du déchet agricole pour faire après encore une production. Et qui peut être ensuite après aussi utilisé dans l'agriculture. D'accord. Donc tu utilises ce déchet de cirie, la sur, que tu vas mélanger avec du copeau de bois. Donc par exemple, imagine, tu fais faire des travaux chez toi et puis tu as un jardinier qui te fait des copeaux, qui est lag et tout ça. Donc on pouvait récupérer ça aussi. Maintenant, on le fait nous parce que c'est plus simple. Et donc là, on va broyer du feuillu. Donc ça va être du saule, du châtaignier, du hêtre, des petits arbres comme ça. Et ensuite, on va aussi utiliser du son de blé. Donc ça, on le récupère chez un paysan boulanger, sur Jansiou, sur le plateau de Milvache, chez lequel on récupère ce son. Et on va mélanger ces trois éléments à l'éthiolo.
- Speaker #0
C'est indispensable. Tout ce que tu viens de dire, c'est indispensable. Si on manquait, ça ne marche pas.
- Speaker #1
Oui, après, il peut varier. C'est-à-dire que chacun a sa recette de substrat. C'est-à-dire que le son, il peut être remplacé par une autre céréale. Le copeau, ça peut être aussi... Il y a des gens qui travaillent avec du pelé de bois.
- Speaker #0
Tu vois, qui utilisent du pelé de bois. Ouais.
- Speaker #1
Il y a tout un tas de techniques.
- Speaker #0
Donc tu peux faire des substrats avec des matières différentes ? Oui.
- Speaker #1
On a choisi ça, on a expérimenté pas mal d'autres trucs. Au départ, on travaillait avec de la drèche de brasserie. Tu sais, les restes de... Comment ça s'appelle ? D'orge, tout ça. D'accord. Et donc on a récupéré ça, mais c'était assez compliqué au niveau organisation. Parce que la drèche, elle se...
- Speaker #0
Ça s'appelle de la drèche ?
- Speaker #1
Oui, la drèche. Avec ça, maintenant, il y a des gens qui font des gâteaux aussi avec.
- Speaker #0
Tu vois, ça, je ne connais pas.
- Speaker #1
C'était super, super pour faire le substrat de champignons. Sauf qu'il fallait le récupérer très vite, sinon ça moisissait très rapidement. Donc, il fallait le transformer très rapidement. Et du coup, ça nous posait des problèmes d'organisation.
- Speaker #0
Donc, après, ça te prouve que tu as une bonne recette de substrat.
- Speaker #1
On a essayé d'autres céréales aussi. Mais bon, voilà, maintenant, on est arrivé à quelque chose qui nous va bien. On mélange ces éléments avec de l'eau. Et il faut que, après, ton substrat ait un taux d'humidité particulier. Donc ça, bon, il faut... Maintenant, on arrive à la main, tu vois, à savoir à peu près combien il faut. Et ensuite, ce substrat, tu vas le mettre dans des grands sacs. Et ces sacs-là, tu vas les...
- Speaker #0
C'est des sacs plastiques, je précise, parce que j'ai vu... Poly...
- Speaker #1
En PP, comment ça s'appelle ?
- Speaker #0
Polypropylène. Oui,
- Speaker #1
ça doit être ça. Qui sont déjà recyclés. Et après, on les met au recyclable.
- Speaker #0
Et toi, tu les...
- Speaker #1
Voilà, donc une fois que tu as rempli ton sac, tu vas le pasteuriser. On a fabriqué une machine. avec un petit élément qui va produire de la vapeur d'eau, qui va chauffer le bidon. Et ça va permettre de chauffer le sac à peu près 80 degrés. Et on va laisser chauffer pendant toute une nuit, on va dire.
- Speaker #0
Alors j'ai appris un truc, c'est que pasteuriser, c'est en dessous de stériliser.
- Speaker #1
Voilà, stériliser, c'est vraiment à partir de 100 degrés.
- Speaker #0
Voilà, là c'est un peu en dessous.
- Speaker #1
Voilà, c'est un peu en dessous. Et ça suffit pour l'instant, mais il faut le faire assez longtemps, sinon tu as des petites moisissures, tu as d'autres champignons qui vont rester dans ton substrat et qui après vont gêner le...
- Speaker #0
C'est comme une phase de nettoyage. C'est ça,
- Speaker #1
exactement.
- Speaker #0
Ok, très bien. Donc là, c'est nettoyé. Bim.
- Speaker #1
C'est nettoyé. Une fois que c'est nettoyé, on va aller en labo. Je t'ai montré, il y a un filtre. Oui, il faut que ce soit dans des conditions d'hygiène assez compliquées. Pas compliquées.
- Speaker #0
Oui, dégueulasses, en fait.
- Speaker #1
Non, il faut que ce soit dans des bonnes conditions d'hygiène, quasi stériles. Et donc là, c'est la partie cruciale. Parce que tu vas ouvrir.
- Speaker #0
Tu as un équipement.
- Speaker #1
Au départ, on mettait des blouses. En gros, il faut arriver propre. C'est-à-dire que si tu as eu ta journée, tu fais des travaux, tu vas dans le jardin, il faut presque aller prendre une douche et te changer au moins. C'est important. Parce qu'en fait, on a plein partout sur nous de choses. Donc on fait ça quand même avec un masque, des gants. On a un petit équipement, ce n'est pas grand-chose.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et donc tu prends tes sacs de substrats, dans lesquels tu vas mettre du mycélium. Du mycélium sur grains. En fait, préalablement, on a fait des petits sacs de grains. Donc nous, on travaille sur du grain de blé, mais ça peut être tout un tas de céréales, dans lequel on a mis un peu de... Je te fais un très raccourci. On a en gros du mycélium liquide, et qui va se développer... En fait, le grain de blé, à la base, il est brun, et le mycélium va le blanchir. Ça va faire vraiment tout un tissu autour, blanc. Et c'est ce mycélium sur grain que tu vas distribuer dans ton substrat. Et une fois que tu as fait ça, tu sels, tu fermes, tu rends ton sac étanche.
- Speaker #0
Tu sels ?
- Speaker #1
Ah oui, tu sels !
- Speaker #0
Tu ne fais pas du sel. Non,
- Speaker #1
tu perds dramatiquement ton sac.
- Speaker #0
Tu mets du sel et tu t'en vas. Scellé. Voilà, scellé.
- Speaker #1
Ton sac est hors possible contamination. Ensuite, ce sac, avec son mycélium, tu vas le mettre dans une salle qu'on appelle la salle de colonisation. Et là, selon les espèces de champignons, les variétés, tu vas le laisser tranquillement faire sa petite vie. Pour les pleurotes, c'est entre deux semaines, trois semaines. Et les shiitakes, ça va être plutôt trois mois. Les champignons médicinaux, ça va être aussi plusieurs mois.
- Speaker #0
Tu peux dire un peu toutes les variétés de champignons que tu produis ?
- Speaker #1
Alors, on en produit pas mal. Donc, il y a toute une variété de pleurotes. Pleurote blanc, pleurote bleu, pleurote jaune, pleurote rose. Il y en a encore d'autres. Ensuite, on fait des foliotes, des petits champignons tirons. On fait des shiitakes du coup. On a aussi tout un tas de champignons médicinaux. Donc on a du reishi, des tramettes. Maintenant, on va avoir du cordyceps. Voilà, c'est des petits doigts orange.
- Speaker #0
Ah oui, c'est Stranger Things. Voilà,
- Speaker #1
exactement. Un peu spéciaux, mais... Et qui nous ont donné du mal un petit peu à cultiver, mais ça y est. Ça y est, on l'a. On a réussi.
- Speaker #0
Donc là, on revient dans la... colonisation.
- Speaker #1
Donc là, les sacs sont prêts. Ils vont attendre tranquillement dans une salle qui n'est pas chauffée. Le champignon, en se développant, va produire sa propre chaleur.
- Speaker #0
C'est là où ça sent le hamster. Si, ça sent le hamster.
- Speaker #1
Ça sent le grain de blé. Et donc là, dans cette pièce, ça va attendre tranquillement, un peu au chaud. Tu vois, en fait, il faisait chaud dans cette pièce. Donc le champignon, il produit de la chaleur quand il se développe. Et donc on ne le chauffe pas, c'est naturellement que la pièce est plus chaude. Et une fois que le sac va être prêt, on va estimer que le mycélium a bien colonisé son substrat. On va prendre les sacs et on va les ouvrir. Et on va les mettre dans une autre pièce, une salle de fructification, qui va être plus fraîche, avec de l'humidité, de l'air. On va faire une entaille dans le sac pour que le champignon ait accès à l'humidité, à l'air, et qu'il se développe.
- Speaker #0
Et c'est là qu'il fait pouf !
- Speaker #1
Voilà, exactement. Alors là, il faut être un peu patient, il va falloir attendre... Ça dépend des températures, mais entre une semaine et 15, 3 semaines.
- Speaker #0
Avant que tu aies un tout petit...
- Speaker #1
Et d'un coup, en fait, après, une fois qu'il a commencé à sortir, là, c'est super rapide. Ah ouais ? En quelques jours, il va être bon à ramasser.
- Speaker #0
D'accord, en quelques jours. Donc c'est très long avant. Oui. Et après, quand il sort sa petite tête, là, bim !
- Speaker #1
Ouais, hyper rapide. Le shiitake, c'est un peu plus long. Les gros champignons, là, t'as pas vu, mais en hiver, j'ai des pleurotes royales. Ça fait des pieds énormes. Là, il met un peu plus de temps à pousser que trois jours. Mais les pleurotes, c'est super rapide.
- Speaker #0
En tout cas, c'est très joli.
- Speaker #1
Et moi, en fait, ça m'émerveille à chaque fois. À chaque fois,
- Speaker #0
je me dis que c'est incroyable.
- Speaker #1
Au début, j'étais...
- Speaker #0
C'est un peu des œuvres d'art. Oui,
- Speaker #1
vraiment. Et tu sais qu'au marché, au départ, les gens ne savaient pas ce que c'était. Ils me demandaient si c'était des gâteaux ou si c'était des sculptures.
- Speaker #0
Est-ce que tu amènes...
- Speaker #1
En fait, moi, je ne les mets pas en vrac. Je les coupe. Je les coupe, je les mets en petites barquettes. Oui. Et c'est assez joli, tu vois. Je fais vraiment un gros effort de présentation. Comme ça, les gens, ils n'ont rien à faire dessus. C'est-à-dire que tu prends ta barquette, tu coupes tes champignons, tu les mets à la poêle, c'est tout. Tu n'as pas besoin de les nettoyer, tu vois, comme les champignons de forêt où tu dois ratouiller la terre, enlever des petites bêtes et des trucs comme ça.
- Speaker #0
Mais tu dis, ça n'est pas ce que c'était.
- Speaker #1
Ah oui, parce que les pleurotes, si tu veux, c'est assez impressionnant. Ça fait des grandes corolles. Et ils pensaient que c'était quasiment de la porcelaine, si tu veux.
- Speaker #0
Ah oui,
- Speaker #1
oui, oui. C'est comme...
- Speaker #0
Quand il y a les petites toiles blancs, on dirait des coraux.
- Speaker #1
Oui, oui, voilà. Et ça, il y a des gens qui pensent que c'est des gâteaux, tu vois aussi.
- Speaker #0
Colonisation. Après, on est passé où, là ?
- Speaker #1
La fructification, là où le pignon va pousser.
- Speaker #0
Voilà, là où tu ouvres et pouf ! Et ensuite ?
- Speaker #1
Et ensuite, je récolte.
- Speaker #0
Et ensuite, tu récoltes. Voilà.
- Speaker #1
Et donc là, c'est un peu comme...
- Speaker #0
C'est fastidieux, non ? C'est du travail de précision. Non,
- Speaker #1
ça me prend beaucoup de temps. J'essaie de faire ça propre. Moi, je trouve que c'est... C'est agréable pour eux et moi, j'aime bien vendre un produit nickel, tu vois, qui n'est pas juste en vrac, un peu cassé, comme tu peux trouver aussi au supermarché, un peu abîmé. C'est dommage. Après, je pourrais faire en vrac aussi.
- Speaker #0
Et est-ce qu'aujourd'hui, tu sais conseiller les gens ? Parce que tu vois, moi, je ne me connais pas en champignons. Quel champignon pour quel plat ?
- Speaker #1
Ouais. Tu sais ça ? Et j'ai des retours, en fait, parce que moi, je ne cuisine pas forcément tous les plats qui me sont rapportés. Mais avec ce que les gens me font comme retour de cuisine qu'ils ont expérimenté, je peux conseiller certaines choses. D'accord. Non, c'est chouette. Et après, tu as des teams. Tu as des gens qui sont fanas de la pleurote, du pleurote on dit normalement. Et tu as des gens qui sont complètement accros au shiitake. C'est très marrant.
- Speaker #0
Les goûts sont très différents.
- Speaker #1
C'est très différent. Et même entre les pleurotes, c'est-à-dire que tu as des pleurotes blanches, des pleurotes bleues, roses, ça n'a rien à voir les unes entre elles. La texture est différente, le goût est différent, l'odeur, enfin voilà.
- Speaker #0
J'ai une question à la con. Vous en mangez tous les jours ?
- Speaker #1
Non, on n'en mange pas du tout.
- Speaker #0
On n'aime pas le champignon.
- Speaker #1
Si, on adore ça. Là maintenant, en fait au départ, on avait quand même une production un peu tendue, c'est-à-dire qu'on est passé par beaucoup de ratés. Ouais. On a beaucoup expérimenté, on a eu des périodes où on n'avait quasiment pas de champi parce que tout avait raté. Et là maintenant on est quand même sur une production vachement plus régulière. Et donc là on peut se permettre de prélever un petit peu de champignon pour vous, un peu de champignon pour nous.
- Speaker #0
Laissez-moi des champis ! Je vous les rachète plus cher !
- Speaker #1
Maintenant on arrive à en manger régulièrement et puis de toute façon pour la santé c'est excellent. Donc plus t'en manges mieux c'est.
- Speaker #0
C'est vrai ? C'est quoi les vertus d'un champignon ?
- Speaker #1
En fait, c'est très antioxydant, anti-inflammatoire, ça booste le système immunitaire, ça t'apporte des vitamines, des minéraux, ça apporte énormément de choses, un peu de protéines aussi. Et donc c'est un truc hyper intéressant. Et nous, c'est ça qu'on va vraiment viser maintenant. On est en train de se développer vraiment dans la mycothérapie. Mycothérapie ? Oui, mycothérapie. Tu vois, c'est utiliser le champignon pour ses vertus médicinales.
- Speaker #0
Ah oui, donc c'est ça maintenant. Oui, effectivement,
- Speaker #1
tu as envie d'élargir. presque se spécialiser là-dedans, parce qu'on trouve ça hyper passionnant. Je continuerai un peu la vente de frais, mais j'ai envie de m'axer sur la mycothérapie, parce que je pense que c'est un créneau qui n'est encore pas développé et qui gagne à être connu. Et toi, comme les gens qui font des extraits de bourgeons, des choses comme ça, c'est pareil, le champignon a des vertus médicinales hyper fortes, qu'ici en France en plus, en Occident, on ne connaît pas trop. Les États-Unis sont vachement plus en avance que nous, le Canada aussi, les pays asiatiques évidemment. Et nous, on a un peu peur de ça.
- Speaker #0
Tu ne fais pas de transformation ? Oui,
- Speaker #1
je fais beaucoup de transformation. En fait, on vend en frais et on vend transformé. Je fais de la nourriture sur les marchés. Je fais des petites pizzas. Sur le marché ? Ah non, je l'ai fait avant. Ah oui ?
- Speaker #0
Parce que des fois,
- Speaker #1
il y en a qui viennent avec des pizzas. Non, non, non. J'y arriverai pas. C'est pas possible. Mais on vend des petites pizzas, des petites tartelettes, des petits pâtés de pommes de terre aux champignons. Tu transformes ici ? Oui, on transforme ici. Et ça nous prend beaucoup, beaucoup de temps. Mais c'est intéressant, ça permet de gagner des gens qui sont un peu inquiets sur le champi. Et c'est une entrée en fait, pour des gens pour découvrir. C'est intéressant de passer par ce biais-là.
- Speaker #0
Des conserves, tu ne fais pas ?
- Speaker #1
Des conserves, je ne fais pas parce qu'il faut des...
- Speaker #0
Des normes et des choses plus compliquées ?
- Speaker #1
Comment ça s'appelle ? Des... C'est pas des stérilisateurs.
- Speaker #0
Non, mais il faut un... Je vois ce que tu veux dire.
- Speaker #1
Des autoclaves. Oui, c'est ça. Autoclaves. Et ça, ça coûte assez cher.
- Speaker #0
Ou alors, vous trouvez un endroit qui est partagé.
- Speaker #1
Oui, voilà, exactement. Et ça, ce sera peut-être à l'avenir. C'est en projet pour certains producteurs. Donc, je pense que ça pourra se faire. Mais pour l'instant, on ne fait pas comme ça. On fait des champignons séchés. Ah oui. Ça, c'est pas mal. C'est déshydraté. C'est déshydraté. Et du coup, ça, ça se garde super longtemps. Et les gens, après, tu mets dans un peu d'eau.
- Speaker #0
Et pfff,
- Speaker #1
ça regonfle. Alors ça donne pas exactement le même rendu que le champignon frais, mais en termes de goût, c'est sympa parce que dans une sauce, dans une soupe, ça exhauste un peu les saveurs. D'accord. Et c'est intéressant pour parfumer une sauce, un plat, c'est bien.
- Speaker #0
Ça marche.
- Speaker #1
Et du coup, on fait nos trucs de mycothérapie aussi. Ça c'est très compliqué.
- Speaker #0
Ouais, ça c'est récent.
- Speaker #1
Ça c'est récent, c'est de la double extraction. Donc si tu veux, on va mettre, on fait comme un peu un hydro là, on met dans l'alcool pour récupérer certaines molécules du champignon et on fait une décoction à l'eau. Et là, on est en train de se professionnaliser un peu. Et donc on a investi, on a acheté une machine à ultrasons, un rotovap, des machines qui permettent de concentrer davantage les propriétés du champignon pour faire un produit vraiment top.
- Speaker #0
Vous êtes un peu des sorciers.
- Speaker #1
Oui, là, j'adore. En plus, ça fait un peu alambic, tu vois.
- Speaker #0
C'est vrai ? Tu aimes bien ça ? Ça me fait penser à plein de choses en t'écoutant. Quelle perception ton entourage, que ce soit famille, ami, de cette transformation de métier, et surtout ce métier qui est quand même un peu atypique ? Oui, oui. C'était quoi leur première action ?
- Speaker #1
Je crois qu'ils ont été habitués par nos divers changements de vie. Du coup, oui, c'était... Ils n'étaient même pas trop surpris,
- Speaker #0
je crois. Oui, changement de vie, changement de territoire. Mais là...
- Speaker #1
Non, en fait, ils nous ont fait assez confiance. Ouais. Et non, ça ne les a pas amusés, mais ils nous ont fait confiance.
- Speaker #0
Déjà, je pense que tout le monde était peut-être content, vous, de vous voir revenir. Un peu à l'inverse des fois des autres nouvelles filles de la campagne où elles partent. Là, vous reveniez, donc c'était une chouette nouvelle. Et donc, sur ce choix de métier... pas trop de...
- Speaker #1
Non, non, ils ont laissé... On verra. Non, pas du tout de jugement.
- Speaker #0
De peur, de crainte.
- Speaker #1
Non, ça y est, on est grands. On a déjà fait nos preuves dans plusieurs changements et plusieurs projets. J'ai trouvé que c'était bien.
- Speaker #0
Bien accueilli.
- Speaker #1
Ça nous a donné de la confiance. C'était bien, oui.
- Speaker #0
Comment ce nouveau mode de vie et de métier, un nouveau mode de vie, un nouveau métier, comment ça a impacté ou influencé votre vie au quotidien ?
- Speaker #1
Là, cette activité, elle est chez nous. Donc, ça a vraiment beaucoup impacté notre vie personnelle. Parce qu'en fait, on ne fait plus que ça maintenant.
- Speaker #0
Mais c'est chouette, ou pas ?
- Speaker #1
Mais c'est chouette, on est super contents. Même au niveau du rythme de la famille, ça permet d'avoir quand même un rythme... Enfin, c'est toi qui décide.
- Speaker #0
Plus de souplesse ?
- Speaker #1
Oui, plus de souplesse. Avec les enfants, tout ça ? C'est-à-dire que les filles rentrent de l'école, moi je m'arrête au moment où elles rentrent de l'école. Je prends le goûter avec Juliette, on attend que Lou rentre du collège, qu'il rentre un peu plus tard. Voilà, on partage. Ensuite, on s'y remet, nous, parfois. Enfin non, pas parfois, tout le temps. On s'y remet après, une fois qu'elles sont revenues, elles font un peu leurs petites activités. Voilà, chacun fait un peu son truc. Mais ça permet une souplesse.
- Speaker #0
Une souplesse. Qu'est-ce que tu préfères le moins ?
- Speaker #1
Qu'est-ce que je préfère le moins ?
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a une tâche que tu n'aimes pas ?
- Speaker #1
Parfois, je t'avoue, cueillir mes champignons, quand j'en ai vraiment beaucoup, j'en ai ras-le-bol. Ça me prend vraiment beaucoup de temps. C'est quand tu as des grosses sessions comme ça de cueillette.
- Speaker #0
C'est vrai que ça dure combien de temps ? Je ne me rends pas compte.
- Speaker #1
C'est tous les jours un petit peu. Et parfois, quand tu te laisses dépasser ou que tu as une grosse récolte d'un coup, ça te prend bien 3-4 heures de ta journée. C'est peut-être ça, je sais pas. Non mais en fait non parce que j'ai ma petite radio avec moi, je fais ma petite vie.
- Speaker #0
Tu écoutes des podcasts ?
- Speaker #1
Ouais j'écoute des trucs. En fait je suis au calme là-haut, c'est une pièce, là où je le fais c'est toujours frais. J'ai quand même la nature, parfois j'ai mes ânes ou mes chefs qui viennent me rendre visite donc ça va. Non j'ai pas de... en fait c'est faux, j'ai pas vraiment de trucs qui m'embêtent.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Mais tu vois c'est comme tout, c'est quand ta tâche elle devient un peu longue, t'as envie d'écourter.
- Speaker #0
Ouais. rébarbative. Dans la phase de préparation du projet, est-ce qu'il y a eu une grosse phase de préparation avant de récolter tes champignons ? Est-ce qu'il y a eu toute une phase importante, lourde, longue de préparation ?
- Speaker #1
On a commencé à préparer le lieu. C'était il y a deux ans. J'étais encore en activité. On a commencé à faire les travaux du lieu, je travaillais encore, et on a pu cravacher après quand j'étais en vacances d'été. Et on a vraiment commencé après en septembre, je crois. Le lieu nous a pris du temps à organiser, parce qu'on voulait quelque chose d'agréable. Les champignons, c'est un truc, tu peux commencer ton activité de façon assez rapide, parce que tu n'as pas besoin d'une installation incroyable. Il y a des gens qui font ça dans des tentes de culture, dans des conteneurs, dans des choses...
- Speaker #0
Pas lourdes ou...
- Speaker #1
Nous on a voulu faire un lieu sympa, dans lequel j'avais envie de travailler, pas que ce soit une prison fermée, un truc joli. Tu vois le labo, il y a des fenêtres, on n'est pas obligé de faire des fenêtres, mais on avait envie de voir, de ne pas être enfermé complètement. Et donc ça, ça nous a pris un petit peu de temps quand même. On aurait pu s'installer plus rapidement, mais ça nous plaisait, ça faisait partie du truc. Mais après ça a été super rapide parce qu'on a commencé direct. En gros, ça nous a pris 3-4 mois pour s'installer, vraiment.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Puis après, on a continué les travaux au fur et à mesure. Et puis au début, la production, elle est toute petite.
- Speaker #0
L'installation en ruralité, et là, tu es en vraie ruralité. Pour moi, il y a campagne et campagne. Qu'est-ce que ça t'apporte à toi en tant que femme ?
- Speaker #1
Ce que ça m'apporte, c'est une vraie connexion avec quelque chose de concret. C'est ce que je n'avais pas dans mes métiers auparavant, où je travaillais en entreprise sur des projets très gros, mais qui étaient un peu loin de moi et dans des philosophies de vie un peu différentes. Maintenant, c'est complètement différent la vie que j'ai, avec des moyens différents. Je trouve que c'est plus simple. C'est plus financier. Oui. Et que là, tout est plus simple, plus connecté à quelque chose de concret. Et ça, j'aime.
- Speaker #0
Et tu parlais de moyens financiers. Tu as dit que c'est mieux. Finalement, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que d'avoir moins de moyens financiers, c'est plus...
- Speaker #1
Pour moi, c'est plus sain.
- Speaker #0
C'est plus sain. Quoi ? Vas-y, explique.
- Speaker #1
C'est-à-dire que quand tu as une certaine aisance financière, tu vas avoir des dépenses... Tu es obligée d'avoir des dépenses. Sinon, qu'est-ce que tu fais de ton argent ? Tu t'achètes des choses qui ne sont pas forcément utiles. Tu es dans une représentation sociale qui est... un peu superflue. Et moi maintenant j'ai plus tout ça et je suis bien contente de ne plus l'avoir. C'est complètement pour moi inutile. Après je comprends que ce soit important pour certaines personnes. Je ne critique pas, chacun fait sa vie. Mais moi ça ne me manque pas et c'est quelque chose à la limite que je recherchais. Je ne sais pas. Tu as toujours un petit regard des gens que tu côtoyais avant, qui se demandent un peu ce que tu fais. C'est un peu bizarre.
- Speaker #0
Ça, c'est intéressant. Pourquoi ? Parce que tu as eu le cas ? Tu as eu des remarques ? Oui,
- Speaker #1
je pense qu'on a eu des remarques. Mais même sans remarques, tu sens quand même. Dans le regard des gens ou dans ce qu'ils te posent. Alors après... Même dans ta famille ou même dans des anciens amis.
- Speaker #0
Alors, ils ont accepté ton changement de métier. Ils sont très contents, etc. Tu m'as dit. Mais malgré tout...
- Speaker #1
Alors ça c'est pas ma famille proche, famille un petit peu plus éloignée. Non ma famille proche ils ont pas eu d'a priori. Je pense que je suis toujours un peu originale. Mais ça ils ont l'habitude. Mais ouais dans certains amis mais qu'on a peut-être même plus d'ailleurs.
- Speaker #0
C'était quoi le problème ?
- Speaker #1
Je sais pas c'était bizarre quand même.
- Speaker #0
Mais t'appartiennes plus à cette catégorie ?
- Speaker #1
Oui que je renonce à des inconforts, que je renonce à... Même pour mes enfants. Parce que même si elles sont là, tu as quand même des choses à faire. C'est vrai qu'elles ne vont peut-être pas faire des activités.
- Speaker #0
Elles ne vont pas au golf ? Oui, voilà,
- Speaker #1
c'est ça. En plus, c'est débile parce que tu peux faire énormément de choses ici.
- Speaker #0
Tu peux faire du châle ici ?
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Ça t'a pesé,
- Speaker #1
ça ? Non, je m'en suis fichue complètement. Depuis,
- Speaker #0
tu as été assez en accord avec ça ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #1
Au contraire, c'était même un peu par... J'aime bien la provocation.
- Speaker #0
Je m'en doutais que tu allais me dire ça. Je ne sais pas pourquoi je le sentais. Je le savais. Je ne te connais pas depuis très longtemps.
- Speaker #1
Ça m'amuse à la limite, tu vois. Et je me dis, parfois, certains collègues, peut-être qu'ils tombent sur ma page, j'en sais rien, ils se disent, oh mais attends, mais qu'est-ce qu'elle fait ? Et à la limite, même s'ils sont un peu condescendants, je m'en fiche, tu vois. Moi, je suis contente, j'ai trouvé ce que je voulais.
- Speaker #0
Et l'argent, aujourd'hui, c'est quoi pour toi ?
- Speaker #1
On a eu de la chance parce qu'on a eu une carrière où on avait fait un peu d'économie. Ça a permis de nous installer quand même plus confortablement que des gens qui ont moins de côté, c'est sûr. Et aujourd'hui, on gagne certainement beaucoup moins qu'avant, mais je te dis, on a suffisamment pour avoir ce qu'on veut. Alors, on n'est pas dans l'excessif, on n'est pas dans la dépense incroyable, mais je suis moins dans la retenue. Tu vois, les filles, je leur disais, non, ce n'est pas possible. Là, Juliette voulait des fringues pour la rentrée, on y va, tu vois. Donc ça, c'est cool.
- Speaker #0
Ok, des dernières. Balayer les idées reçues sur la vie en ruralité. Qu'est-ce que tu dis pour tous ceux et celles qui ont encore plein de clichés ?
- Speaker #1
Ouais, En gros, la ruralité... D'ailleurs, j'ai entendu dans ton podcast quelqu'un qui parlait de la Creuse en disant que c'était mort pour elle par rapport à d'autres régions. Et je pense qu'en fait, il n'y a pas de morte région. Je pense que vraiment, il y a des dynamiques partout en France et qu'il n'y a pas un endroit mort par rapport à d'autres. Il y a tout le temps des trucs inespérés que tu ne soupçonnais pas qui existent. Et je pense qu'il y a une vitalité intéressante à la campagne.
- Speaker #0
Pourquoi aujourd'hui... tant de gens ont encore tant d'a priori.
- Speaker #1
Je pense que c'est par rapport à ce dont on parlait tout à l'heure. C'est une stature, c'est une représentation sociale. C'est un petit peu...
- Speaker #0
Que tu abandonnes quand tu viens vivre.
- Speaker #1
Pas forcément pour tous, en fait. Parce qu'il y en a qui arrivent à travailler, qui font du télétravail ou des choses comme ça, qui arrivent à faire un peu les deux. Pour des gens qui arriveraient moyen à abandonner certaines choses, que je peux comprendre. Une aisance financière, c'est quand même agréable aussi. Il ne faut pas non plus cracher dessus. Je pense qu'on peut concilier les deux à la campagne. On a tout à gagner, je pense.
- Speaker #0
Si tu avais une femme à me recommander ?
- Speaker #1
J'en ai trop !
- Speaker #0
J'en veux une ou deux.
- Speaker #1
Moi, je sais qu'au marché de Feltin, j'ai rencontré des nanas super et qui ont un petit peu ces parcours qui ont changé de vie. J'ai Delphine qui est une artiste qui fait de la peinture aussi, qui s'est installée en Creuse et qui fait des trucs super. J'ai Emmanuel aussi qui fait de la vannerie. Après, il y en a plein d'autres. Il y a plein de gens qui font des trucs super.
- Speaker #0
Il y a plus de femmes que d'hommes, tu trouves ? C'est parce qu'on les voit plus que les femmes.
- Speaker #1
Oui, je pense peut-être qu'elles ont peut-être plus d'aisance à communiquer. Mais nous, je ne te cache pas que notre projet, il est quand même de couple. Ce n'est pas que mon projet à moi. Oui, voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Les femmes tiennent la campagne. Le choix de vie à la campagne, à ton avis, c'est définitif ?
- Speaker #1
Ah oui. De toute façon, c'est un truc que j'avais en tête depuis super longtemps. C'était mon objectif de vie, en vrai.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
À partir du moment où j'ai eu... J'ai fait mes études, je me suis dit, bon, mon objectif, ce sera quand même de vivre à la campagne. C'était vraiment hyper tôt. Ça a guidé un peu toutes nos étapes. Décision.
- Speaker #0
Oui. C'est pour ça que tu es partie en Martinique ?
- Speaker #1
La Martinique, ce n'est quand même pas non plus la grosse ville. Oui,
- Speaker #0
je ne sais pas. C'est quand même la campagne.
- Speaker #1
Non, non, on était quand même... Oui.
- Speaker #0
La campagne de la Martinique. Oui, voilà. D'accord. Pour clôturer le podcast, deux choses. De quoi tu es la plus fière ? Je parle bien de toi, je ne parle pas de ce projet de famille. De quoi tu es la plus fière ou la plus heureuse aujourd'hui ?
- Speaker #1
Pour moi, j'ai atteint mon plan de carrière. J'ai amené mes enfants dans un environnement que j'aime, que je voulais et qu'ils aiment aussi. Je vis tous les jours dans un endroit incroyable que j'adore. Je pense que je ne suis pas prête de déménager. J'ai atteint, j'ai coché tout, donc là c'est bon, on peut rester. Et même si on ne fait plus les champignons, on aura d'autres projets ici, tu vois, c'est pas grave, on aura d'autres trucs ici, là, je trouve bien.
- Speaker #0
Et si ta famille, proche et moins proche, était avec nous autour de la table, à ton avis, qu'est-ce qu'ils te diraient ? Après ces deux années, alors six ans ici en ruralité et deux ans, deux ans et demi d'activité, qu'est-ce qu'ils te disent à ton avis ?
- Speaker #1
Ils sont contents du parcours. Ouais. Ils attendent le prochain post pour se marrer.
- Speaker #0
Post Instagram. Quand est-ce que tu postes ?
- Speaker #1
Mais c'est ça. Non, non, ils sont contents de notre parcours et puis ils nous voient contents. Tu vois, tout n'a pas été rose tout le temps. On a eu des moments un peu plus compliqués. Donc là, non, c'est nickel. On est super bien.
- Speaker #0
Donc tout le monde est hyper ravi du parcours. Tout le monde est heureux. Voilà,
- Speaker #1
on est super contents.
- Speaker #0
On termine le podcast par une phrase et c'est toi qui la donne cette phrase. Après, je te dirai au revoir. Et toi aussi,
- Speaker #1
vas-y, qu'est-ce que tu veux terminer ? Je peux dire à toutes les nouvelles filles de la campagne future ou hommes de la campagne future de se lancer parce qu'on gagne un environnement de vie qui est incroyable et un calme, je pense, pour chacun. Après, je ne dis pas que les parcours ne sont pas forcément faciles. le temps mais ça fait des combats à mener qui renforcent et je pense que on peut tous sortir grandis de la vie à la campagne tu vois ça épanouit et ça ça enrichit ça enrichit c'est le mot de la fin enrichi mais enrichi bien moins
- Speaker #0
de sous non mais c'est vrai donc on termine par le mot par ce mot là on va dire enrichi merci cécile hélène merci oui Hélène ou Cécile pour terminer ? Allez,
- Speaker #1
Cécile.
- Speaker #0
Merci, Cécile. Merci.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
À bientôt. À bientôt. Merci pour votre écoute. Merci d'être resté jusqu'au bout de notre échange. Et si vous voulez continuer à m'encourager et surtout à faire connaître le podcast, vous pouvez mettre 5 étoiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout... Vous n'oubliez pas de vous abonner à la chaîne de podcast pour être notifié des nouveaux épisodes. Et si vous voulez faire partie de la communauté des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous à la newsletter. Soit vous m'écrivez sur lesnouvellesfillesdelacampagne.com, tout attaché en minuscules, ou vous me contactez sur les réseaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dévoile les coulisses des Nouvelles Filles de la campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux épisodes et plein d'autres surprises. Alors un grand merci et je vous dis à bientôt. Ciao !