- Speaker #0
Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous écoutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais à la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changé de vie pour tenter l'aventure en ruralité. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublé d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre à la campagne, et comme si ça n'était pas déjà un sacré défi, Elles ont changé de métier, développé une nouvelle activité, un projet, une passion, voire adopté un nouveau mode de vie. Grâce à nos échanges, je vous révèle tout de leur arrivée en ruralité, de leur projet de départ, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformés, de leur joie et par moments, de leur crainte. Je vous offre des témoignages motivants, rafraîchissants, qui vous feront, je l'espère, sourire, plaisir. Et peut-être vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y réfléchir. Maintenant, je vous emmène dans ma campagne. Bonjour Constance.
- Speaker #1
Salut Sandrine.
- Speaker #0
Merci de m'accueillir chez toi.
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
On a toujours dit ça, merci de m'accueillir chez toi.
- Speaker #1
De m'ouvrir les portes de ta maison.
- Speaker #0
Parce qu'effectivement, aujourd'hui, on avait envie, à la base, initialement, on voulait le faire à l'extérieur avec les petits oiseaux et les poules. Et en fait, aujourd'hui, il fait un... temps de gueux et on est à l'intérieur. Donc on est dans ta cabane. On appelle ça une cabane ?
- Speaker #1
Une maison en bois. Cabane, oui. Il y en a qui me disent cabane.
- Speaker #0
Oui, parce que tout à l'heure, tu m'as dit c'est la deuxième cabane, au fond.
- Speaker #1
Oui, parce que tu m'as dit, c'est... Pourquoi t'habites dans cette cabane ? Donc j'ai repris les termes. Non,
- Speaker #0
mais tu m'as dit... Ah oui ? Oui, j'habite... Ah, t'as dit ça ?
- Speaker #1
Maison en bois, d'ailleurs, sur Insta, beaucoup de... personne ne m'envoie à chaque fois. Tu sais, c'était la mode à un moment donné de danser dans la forêt, etc., les danses de la forêt et tout.
- Speaker #0
Donc,
- Speaker #1
on m'a identifiée à la nana dans sa cabane. Comment elle s'appelle,
- Speaker #0
celle-là ? Josiane Pichet. Voilà. Mes enfants sont fans de Josiane Pichet. Tu fais la danse de la forêt, toi ?
- Speaker #1
Je ne fais pas la danse de la forêt, mais vu que j'habite dans la forêt, que je tue mes poules dans la forêt, que j'élève mes poules dans la forêt, eh bien, on m'a identifiée à cette personne.
- Speaker #0
Eh bien, voilà. Donc là, Constance s'est présentée. Elle danse dans la forêt.
- Speaker #1
Josiane Bisse.
- Speaker #0
Elle... Tu dépoules dans la forêt, donc je pense qu'on peut arrêter le podcast là. Je crois que j'ai bien venu. Merci, elle a ruiné ma carrière. C'est ça. J'ai une première question. Avant vraiment que tu te présentes, que tu délivres ta vie, ton œuvre.
- Speaker #1
Ma vie,
- Speaker #0
mon œuvre. Ta vie, ton œuvre. Pourquoi tu m'as dit oui ? Pourquoi avoir accepté de participer au podcast des Nouvelles Filles de la Campagne ? Alors,
- Speaker #1
j'ai déjà fait d'autres podcasts, mais celui-ci m'intéressait beaucoup. Déjà parce que c'est toi qui le portais. Et puis que je te... que je te connais, que je te vois dans cette incubation que l'on a en commun avec nos deux projets. C'est ce que tu revendiques, ce que tu partages, la fille que tu es, le fait de montrer qu'en ruralité, on peut être féminine, on peut être coquette et on peut surtout trouver d'autres nanas qui sont un peu comme nous.
- Speaker #0
Je tiens à préciser que je n'ai pas payé Constance pour vendre le podcast de moi, mais peut-être qu'elle me demandera quelque chose à la fin. Est-ce qu'il y a un truc en particulier qui t'a donné envie d'y participer ?
- Speaker #1
Parlez peut-être d'un sujet que je n'évoque jamais, parce que moi, souvent, on m'interroge sur le bien manger, sur l'entrepreneuriat, sur comment nous plaquer quand on est jeune, etc. Et le sujet de la féminité, j'en parle très peu, parce que je ne me retrouve pas tout le temps dans ces mouvements de féministes un peu extrêmes. Alors oui, défendre la femme, je trouve que c'est un vrai sujet. plus avec les suffragettes, ce qu'il y avait avant, pour moi, il fallait vraiment défendre le droit de la femme. Aujourd'hui, quand on voit tout ce qui est fait, d'un point de vue entrepreneuriat, en tout cas, nous, on a plein de supports, de soutiens, des concours, des choses comme ça, mais je trouve qu'on parle rarement du côté féminine, tu vois, en ruralité encore moins, mais d'assumer d'être une nana féminine, hétéro, classique, ou mère au foyer plus tard, pour celles qui le veulent. Sans entrer dans des clichés que tu peux avoir de femme à la campagne qui s'en fiche un peu de comment elle s'habille, etc. Et donc, vu qu'on discutait de ça ensemble, je trouvais que c'était un vrai axe à prendre ensemble. Et je n'en ai jamais parlé sur mes réseaux, etc. Donc ça change, on va dire.
- Speaker #0
Ok. Je ne peux pas dire plus ou pas mieux que ce que tu es en train de dire. Effectivement, il y a cette espèce de poids ou d'injonction. que l'on peut avoir effectivement peut-être à un moment donné en arrivant en ruralité sur le fait que peut-être tu dois abandonner ta féminité ou du moins adopter une certaine tenue vestimentaire à la campagne. Bon, on va évoquer en tout cas cette... Ça fait partie du podcast, c'est pas le sujet global du podcast, mais c'est une partie qu'on va... explorer ensemble et je pense en plus qu'il y a beaucoup de filles, de femmes, de nanas qui ont envie d'en parler mais qui n'osent pas.
- Speaker #1
C'est ça. Et moi avant de te connaître je n'en parlais à personne, c'est ça qui est intéressant. En fait on se rend compte quand on en parle qu'on est plusieurs à le penser mais qui aujourd'hui revendique ça ? Qui en parle de manière très concrète ? Tu vois nous quand on en parlait la première fois c'était clairement de dire on n'est pas une énième nana qui s'épile pas, qui a des poils sous les bras, qui s'habille à la pisciclerie etc. Oui, j'en ai parfois, mais tu vois ce cliché dans lequel tu dois rentrer. Et c'est vrai que parfois, moi, je peux me sentir mal à l'aise d'être bien fringuée dans une soirée où c'est à la cool, tu vois. L'été, il y a plein de guinguettes ici, c'est à la cool. Et voilà, en fait, tu te rends compte qu'il y a d'autres injonctions, mais dans l'autre sens.
- Speaker #0
Dans l'autre sens, alors que logiquement, on était censé balayer tous les clichés, les idées reçues liées à la ruralité, en tout cas que la société aime donner. On démarre bien. Avant d'entamer toute cette conversation, tous ces sujets, est-ce que tu peux te présenter ? Oui. Alors brièvement, te présenter, qui tu es, tu nous dis ce que tu veux. Nous donner un peu de ton parcours avant ce changement de vie, avant ce changement de territoire, avant ce changement de métier, assez succinctement, puisque après je pense qu'on rentrera un peu plus dans le détail quand je le creuserai. Mais voilà, qui es-tu ? D'où viens-tu ? Que fais-tu ? Et que faisais-tu ? On t'écoute.
- Speaker #1
Alors donc... Je m'appelle Constance, j'ai 28 ans à Noël, donc dans quelques semaines. Et globalement, mon parcours classique scolaire, bac S, BTS diététique, donc je suis partie dans le monde de la nutrition. J'ai fait pas mal de stages dans les hôpitaux et restaurations collectives, donc les cantines. Et je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de maladies liées à la nutrition et que je voulais être en amont de tout ça. Je suis partie dans l'agroalimentaire pour essayer de créer des produits un peu plus sains, de meilleure qualité. Et je suis donc partie dans la R&D, la recherche et le développement.
- Speaker #0
Avec ton diplôme ?
- Speaker #1
Non, du coup j'ai enchaîné licence pro.
- Speaker #0
Ah, tu as fait un autre parcours entre deux.
- Speaker #1
C'est ça, licence pro, donc dans une petite PME artisanale de pâte à tartiner vers Saint-Etienne, où là j'étais un peu le bras droit du patron d'un point de vue développement de produits, marketing et même pas mal de ventes. On faisait beaucoup de salons du chocolat. Et après j'ai continué avec une école d'ingénieurs et là j'ai travaillé dans le groupe Bonduelle, dans les équipes innovation à Lyon, avec une dimension européenne, donc on devait développer des produits à l'échelle européenne, notamment France, Italie, Allemagne. Et j'ai bossé aussi pour Bonduelle Montréal au Canada et Los Angeles. Donc j'ai découvert tout ce monde agro-industriel et en tant que petite fille de paysan, toujours avoir été à la campagne, chez ma grand-mère, tu vois, m'occuper des vaches et des veaux. Et d'un côté, le côté bonne vivante, aimer les choses qui ont du goût,
- Speaker #0
aimer cuisiner.
- Speaker #1
Épicurienne, très épicurienne. Je ne m'y retrouvais pas dans mon métier au quotidien, où c'était plus de l'assemblage d'ingrédients, on va dire surgelés, pour faire un produit snacking prêt à l'emploi. Et c'est surtout que j'ai découvert tout ce modèle-là. Je me suis fait plaquer par mon mec à l'époque, donc à la fin de mes études. Et là, je me suis dit quoi faire de ma vie, le champ des possibles, mais où travailler, etc. Et je ne savais, j'étais perdue et rupture amoureuse fait que voilà, un peu compliqué. Donc là, j'ai fait.
- Speaker #0
Et avant tout ça, quand même, tu es native de où ?
- Speaker #1
Ah, d'Alsace.
- Speaker #0
Parce que là, tu es déjà partie dans tes études, tu es déjà partie dans ta carrière, mais tu es une petite fille qui naît où ?
- Speaker #1
Une petite fille qui naît dans les Vosges, ensuite à mes 4 ans on part à Strasbourg, et j'y reste jusqu'à mes 18 ans, et sinon toute ma famille est de Franche-Comté, donc de l'Est, complètement de l'Est.
- Speaker #0
Ok, juste une petite précision pour savoir un peu où l'histoire démarre. Donc là on en est à Rupture.
- Speaker #1
Rupture, perdue, donc Tour de France des terroirs. Très logique tu vas me dire, mais bon je prends ma voiture toute seule et je me dis je vais aller voir des artisans, des producteurs, des restaurateurs. pour les rencontrer, sortir de mon quotidien et surtout pour apprendre. Parce que j'étais partie du postulat que j'avais fait effectivement un bac plus 6, mais est-ce que je savais vraiment me nourrir concrètement comme ma grand-mère le faisait, à élever ses poules, à faire son potager ? Donc je vais rencontrer toutes ces personnes-là dans le but d'apprendre, à comprendre comment sont élevées ou cultivées, comment ça se passe et me reconnecter à mon assiette. Parce qu'en gros, à l'époque, ils ne faisaient pas de grandes études, mais si demain les supermarchés étaient vides, ils savaient se nourrir les gens. Ils avaient tous un peu une basse-cour et un potager. Et nous, on fait plein d'études, on sait gérer des projets à l'international, mais on est tellement dépendants d'un système. Et le besoin primaire, c'est se nourrir. C'est notre besoin primaire sur la pyramide de Maslow, pour ceux qui connaissent. Et aujourd'hui, en fait, on l'a déléguée à des multinationales. Donc, je souhaite apprendre tout ça et je vais rencontrer des gens. Donc, j'ouvre une chaîne YouTube.
- Speaker #0
Et ça, avant tout ça, parce que j'ai une question, ça va peut-être être la réponse. Du coup, on va faire dans l'autre sens, mais ce n'est pas grave, on s'en fiche. Parce qu'il y a certaines auditrices... ou auditeurs, en tout cas, entre autres, là, c'était des auditrices du podcast qui m'ont écrit qu'elles auraient aimé avoir le déclic plus tôt de changement de vie, de territoire, de métier. Toi, le déclic, c'est ce que tu vas nous annoncer, là, c'est ça ?
- Speaker #1
Pour aller à la campagne,
- Speaker #0
tu peux avoir le déclic. Oui, c'est ce tour de France de...
- Speaker #1
Non, parce que j'ai encore vécu, après ça, trois ans en ville, à Bordeaux, au centre de Bordeaux.
- Speaker #0
D'accord, donc le déclic, il n'arrive pas à ce moment-là.
- Speaker #1
Pour aller à la campagne, non. Par contre, le déclic de « je ne veux pas être salariée » , Et je veux créer quelque chose seul. Il arrive à ce moment-là où quand tu bosses dans des grosses entreprises comme ça, tu es quand même un pion parmi tant d'autres et tu as un périmètre à respecter. Il ne faut pas que tu dépasses de ça. Et souvent, quand tu as plein d'initiatives en tête, ce n'est pas le genre de structure où tu t'épanouis énormément. Donc, j'ai ce déclic-là par contre.
- Speaker #0
D'accord. Et d'où ton départ ? Tour de France de territoire ?
- Speaker #1
Mon départ, à l'époque, je refuse. Donc, ils me proposent quand même un CDD. Je refuse parce que ça fait trois ans que je suis chez Bonduelle, avec mon école d'ingénieur. En gros, j'étais alternante en apprentissage. Donc, ça fait trois ans que je suis dans les équipes et j'ai vu un peu tout ce que je souhaitais voir. Et je refuse ce premier CDD. Je pars en Tour de France des terroirs, mais... Toute seule ? Toute seule, oui. Ma mère m'a toujours dit, je t'ai vue partir en voiture, à dormir, parce que je dormais chez les gens. Chez les artisans. Donc,
- Speaker #0
tu es en fait un mélange de Julie Andrieux et d'Antoine
- Speaker #1
Maximi. Qui giraient dans leur chambre.
- Speaker #0
Oui, j'écorche peut-être ce nom, pardon. Donc, tu es un mélange. Ou tu es peut-être la fille de Julie. La fille cachée de Julie Andrieux et d'Antoine. C'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça un peu mon truc. Mon truc, c'est de me dire, je n'ai pas assez d'argent pour m'éclater, voyager. Et donc... Je vais dire aux gens que je transmets ce qu'ils font à travers des vidéos YouTube, etc. Je mets en avant leurs produits. Je leur donne un coup de main en échange de l'hospitalité, nourrir et dormir chez eux, être nourrie et logée.
- Speaker #0
J'ai envie de te demander, là, tu as une anecdote ? Il y a bien un moment,
- Speaker #1
il y a bien un truc ? Ouais, énorme.
- Speaker #0
Allez,
- Speaker #1
vas-y.
- Speaker #0
Tu as le droit.
- Speaker #1
J'ai le droit, oui, j'ai le droit. Je les connais en plus. J'ai démarré en Alsace puisque c'était plus simple, c'était chez mes parents. Je pouvais dormir chez mes parents et faire le tour de l'Alsace pour démarrer mes premiers épisodes. Mais après, il a fallu que je prenne ma voiture et je suis partie en Lorraine. En Lorraine, le premier soir, j'arrive chez un artisan charcutier traiteur. Et ce monsieur a un filleul qui s'appelle Thomas. Et donc Thomas s'occupe de moi le soir en disant « tu vas dormir » . Non mais parce qu'en gros, c'était le lendemain. Mais son parrain, Thomas, a dit « Tu t'occupes de Constance, tu la fais dormir chez la grand-mère. » C'est toi. Chez la grand-mère, voilà, c'est ça. Et là, personne ne m'explique qu'en fait, la grand-mère, c'est la collectionneuse qui a le plus de clowns en France.
- Speaker #0
Les clowns qui font peur, là ?
- Speaker #1
Partout. Il y en a plus de 1000 clowns dans sa baraque et sa maison, peintes en rouge, en vert, etc. Tu es qui ? Et quand j'arrive dans cette maison, tout est noir, il n'y a pas de lumière. En plus, j'arrive vers 21h, enfin vers 20h l'hiver et tout. Il n'y a pas de lumière. Et là, quand Thomas m'allume les lumières, je vois des clowns partout. Et là, je me suis dit, putain, Constance, mais qu'est-ce que tu fous ici ? Et donc, bon, je repars quand même en Tour de France un peu décalé parce que je suis restée un peu plus longtemps que prévu chez cet artisan. Mais les choses font que c'est le Covid, le deuxième confinement. Et donc, je ne peux plus aller de région en région. Donc, au bout de trois régions et dix artisans, je retourne chez mes parents parce qu'on ne peut plus bouger.
- Speaker #0
Le projet que tu mènes aujourd'hui. Oui. Ce que tu es en train de nous expliquer juste un instant, c'est le démarrage, c'est l'ébauche, c'est la première idée ?
- Speaker #1
Sans le savoir, oui.
- Speaker #0
Sans le savoir,
- Speaker #1
évidemment. Parce qu'à ce moment-là, moi c'est plus dans ma tête, ok, je me suis faite plaquer, je suis perdue dans ma vie, j'ai 20, 24 ans à l'époque, pas envie d'accepter un CDI dans une grosse boîte, je ne sais pas où aller et j'ai envie de profiter un peu et de me nourrir de certaines choses. Mais à ce moment-là, jamais. j'imagine que je vais devenir influenceuse.
- Speaker #0
Très bien. Covid, si on reprend un peu l'historique quand même, le projet tu le mets en stand-by, puisque de toute façon tu ne peux plus bouger.
- Speaker #1
Macron un soir nous dit, on ne peut plus bouger, vous êtes confinés, donc ce soir-là je suis chez un agriculteur en Champagne-Ardennes pour filmer le lentillon de Champagne, parce que mon but c'était de découvrir les terroirs et les spécialités régionales, mais pas connues, c'est-à-dire que le Champagne en Champagne-Ardennes, tout le monde le connaît. Sauf que je voulais découvrir des choses qu'on ne connaît pas, les mettre en avant. Et il y avait un peu cet objectif d'éviter des savoir-faire perdus, des cultures perdues. De montrer qu'en fait, on est en train de tout perdre parce que les gens ne connaissent pas, parce qu'on consomme d'une telle manière, où c'est des produits standardisés, des monocultures, des choses comme ça. Je ne sais pas, j'ai toujours eu ce besoin de transmettre. Et j'ai l'impression qu'on perd plein de savoir-faire. Aujourd'hui.
- Speaker #0
Tout à l'heure, tu as parlé de ta grand-mère. Oui. Donc tu as vu ça chez tes grands-parents. Mais toi, petite fille, est-ce que ta maman, donc Julie Andrieux...
- Speaker #1
Elle sera contente.
- Speaker #0
Elle sera contente. Est-ce que tu as été biberonnée à ça en étant enfant ? Est-ce que chez toi, c'était quelque chose d'important pour ton papa, ta maman ? Ou finalement, ça a sauté une génération et toi, tu as repris le paquet ? Je ne sais pas, d'où ça vient ? Hormis de chez ta grand-mère.
- Speaker #1
Donc, du côté de mon père, c'est... agriculteur, fils de... Mon paysan, vraiment, campagne dans un village de 60 habitants. Du côté de ma mère, c'est plutôt une petite bourgeoisie, on va dire, de ville, à Montbéliard, etc. Et les deux sont extrêmement épicuriens, bons vivants. Du côté de ma mère, c'est plus, on va dire, l'art de la table, les bonnes choses, se faire plaisir. Et du côté de mon père, c'est vraiment l'ancrage au territoire, à la terre.
- Speaker #0
Donc les deux, ça fait un savant mélange.
- Speaker #1
Les deux, tu manges bien dès ton plus jeune âge, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, dans un bel environnement ou avec des belles choses.
- Speaker #1
Avec des belles choses à table. En tout cas, les deux ne sont pas agriculteurs et ils sont partis dans le tertiaire, comme toutes ces générations où on est plus allé dans les bureaux, etc. Mais par contre, il y a cette notion de bien manger, d'aller au marché. Le poulet du dimanche, c'est des choses que j'ai vécues toute mon enfance.
- Speaker #0
D'accord. Si on parle de ce fameux déclic, d'abord le déclic de la campagne. Pourquoi ? venir t'installer, parce que là on va attaquer la partie territoire et d'Ordogne, pourquoi à un moment donné tu te dis, toi, parce que t'es quand même encore jeune, et enfin ça veut pas dire que jeune ne rime pas avec ruralité, mais pourquoi à un moment donné tu décides de venir vivre ici. Donc ici on est où d'ailleurs ? Est-ce que tu peux juste un peu dire, si tu le veux bien, dire où tu vis en Dordogne, à quoi ça ressemble, et alors le déclic, pourquoi t'es venue ici ?
- Speaker #1
Donc ici on est dans le Périgord Noir, en gros à l'ouest de Sarla. Je loue une maison en bois dans la forêt où j'ai des poules, un petit potager. Et voilà, une maison très, très, très agréable à vivre. Très cosy. Très cosy. Et pourquoi la campagne ? Donc avant ça, je vis à Bordeaux, avant d'arriver dans Dordogne. Et à Bordeaux, on vit dans un petit studio, très petit. Mais en gros, c'est une maison de plein pied que nos propriétaires ont divisé en trois. Donc nous, on a une partie. Et on a un petit jardin et dans ce jardin je mets déjà deux poules dans l'objectif d'avoir des oeufs frais le matin et de mettre un pied à l'étrier pour consommer un peu plus local et surtout être autonome sur ma nourriture. Je me suis dit que les poules c'était vraiment la première étape.
- Speaker #0
Le démarrage,
- Speaker #1
oui. Sauf que de fil en aiguille, j'ai créé mon entreprise à Bordeaux et j'ai beaucoup d'allées et venues au centre-ville de Bordeaux. Les bouchons font que je n'en peux plus de la ville. Bordeaux c'est quand même particulier pour s'ancrer quand on n'est pas à Bordelais. Donc j'ai pas spécialement d'attache, j'aime la ville, j'aime le fait qu'on soit à une heure de la plage et que le week-end on aille à Arcachon, mais la ville fait que je m'y sens plus bien. Et j'ai besoin d'air frais et d'espace surtout. Et donc en gros à côté de Bordeaux c'est soit on part dans les Landes, mais c'est très plat, c'est assez retraité. C'est assez compliqué de créer sa boîte.
- Speaker #0
Tu es assez retraitée.
- Speaker #1
Il y a beaucoup de maisons secondaires et beaucoup de retraités. Et moi, je ne connaissais pas du tout la Dordogne. Au début, avec le travail de mon ex, on faisait des allers-retours parce que lui avait des entretiens dans des restaurants. On est plus allé du côté de Souillac, là-bas, tout au bout. Et là-bas, je me suis dit c'est mort, c'est gris. Souillac, c'est... Je ne m'y projetais pas du tout. Je ne sais pas si tu y es passée une fois, mais désolée à ceux qui habitent sur ce louillac. Et petit à petit, il y avait des entretiens à Sarla, autour de Sarla. Et là, j'ai adoré l'endroit. D'accord. J'ai adoré l'endroit.
- Speaker #0
Tu venais chez la région avant ? Du tout.
- Speaker #1
Mais c'était un... Comment on appelle ça ? C'était un pari, vraiment. Puisqu'en fait, cette maison, je ne l'ai même pas visitée. J'ai vu une annonce sur Le Bon Coin, j'ai répondu tout de suite. Thomas, lui, il était en extra ici. Donc, il avait déjà... Il était déjà dans le coin pour tester quelques boulots. Et je lui ai dit, ce barrec, il faut que tu ailles la visiter. Si tu aimes, on signe direct le bail parce qu'on n'en aura pas deux des maisons comme ça.
- Speaker #0
Sans connaître la région, sans avoir expérimenté, exploré. Et sans savoir aussi, parce que ça c'est un sujet aussi, parce que tu t'es posé la question à un moment donné, cette activité que tu es en train d'entreprendre, que tu es en train de développer à Bordeaux. Tu te poses la question, comment tu vas la mettre en place ici, en Dordogne ? Ou pas du tout ? Pas du tout,
- Speaker #1
parce que mon activité, c'est très digital, donc réseaux sociaux. Je me dis à ce moment-là que mes clients que j'ai à Bordeaux, je ferai l'aller-retour quand il faut le faire. Les événements sur lesquels il faudrait que j'aille, j'irai. Et par contre, ma seule... Comme tu l'as compris, j'ai signé le bail de la maison et j'ai découvert la maison quand on a emménagé vraiment. C'était un pari sur l'avenir. Par contre, je voulais absolument qu'il y ait des commodités autour de moi et pas devoir faire une demi-heure de route pour aller dans mon supermarché ou chez un kiné où j'avais quand même cette notion-là. Et de me dire, s'il y a une équipe de basket pas loin autour, une dynamique pour les jeunes. Donc,
- Speaker #0
tu t'es quand même posé certaines questions.
- Speaker #1
Ces questions-là, oui.
- Speaker #0
Tu n'as pas visité d'autres régions, d'autres territoires ?
- Speaker #1
Non, non. Je pars du principe que quand tu as des choses qui t'arrivent dans la vie, oui, il faut réfléchir, mais quand c'est l'opportunité, que tu t'y sens... que tu as l'impression que tu vas bien t'y sentir, il faut prendre le risque. C'est comme toi et moi, on est entrepreneuses, il y a des moments où on est obligés de prendre des risques, raisonner certes, mais tu y vas banco, tu ne réfléchis pas forcément de A à Z.
- Speaker #0
Moi, ce qui m'intéresse aussi de savoir, c'est qu'est-ce que finalement tu cherchais, qu'est-ce que tu recherchais en venant t'installer en campagne, en ruralité, sur un territoire comme celui-là ? C'était quoi tes envies, tes intentions ?
- Speaker #1
Je voulais habiter dans une maison beaucoup plus grande. J'étais dans un tout petit studio et j'en avais marre de payer un loyer hyper cher pour être dans un tout petit truc. Alors qu'ici, on a 115 mètres carrés et je paye un loyer moins cher que quand j'étais à Bordeaux. Et je voulais surtout un espace extérieur pour pouvoir y mettre plus de poules et être autonome en viande et en oeufs. Et en fait, incarner ce que je prône sur les réseaux sociaux, bien manger, il faut... à forcément se reconnecter un petit peu à son assiette. Et je ne pouvais pas prôner.
- Speaker #0
Il y aurait une espèce de dissonance entre ce que tu promets et ce que tu vis. C'était ça ?
- Speaker #1
C'est exactement ça.
- Speaker #0
Il y a d'autres choses ? Est-ce que toi aussi, tu vas me dire le silence, le calme, la verdure ? Non,
- Speaker #1
pas le silence, pas le calme, parce que ce n'est pas ce que je recherche aujourd'hui, vu que je suis jeune et que je préfère le côté plutôt dynamique. Par contre, peut-être, mais je m'en suis rendu compte en habitant ici, le fait que les gens se connaissent, que tu vas sur le marché le dimanche matin, tu vois tous tes potes, etc. Alors qu'en ville, en fait, on ne se dit plus bonjour, tu vas dans le métro. Tout est inconnu, en fait. Tu as tellement de monde que tu n'arrives pas à créer un petit écosystème autour de toi. Tu as tes amis, etc. Mais quand tu le vis vraiment et que tu es en campagne et qu'en fait, telle personne connaît telle personne, te recommande, te présente, tu bois un verre, tu as une espèce de dynamique incroyable.
- Speaker #0
Et de facilité.
- Speaker #1
Et de facilité. Tu reviens du vrai, en fait, je trouve.
- Speaker #0
Après, une maison un peu plus grande, avec un peu de terrain, t'aurais pu en trouver un aussi. Alors, je sais qu'autour de Bordeaux, c'est très, très cher.
- Speaker #1
Plus éloigné de Bordeaux.
- Speaker #0
Mais un peu plus éloigné de Bordeaux, non ? Oui,
- Speaker #1
mais tout ce qui est éloigné de Bordeaux, quand on faisait une demi-heure de route, j'aimais pas. Moi, j'aimais pas et je trouve que... Oui, c'est la tempête.
- Speaker #0
La tempête dehors.
- Speaker #1
Quitte à changer de vie... Autant aller dans un endroit où c'est plutôt dynamique et où tu t'y plais. Et je ne trouvais pas ça très joli. Autour de Saint-Emilion, c'est très bien d'un point de vue touristique, mais alors c'est plat, c'est que des vignes et voilà. Je trouvais ça peu dynamique.
- Speaker #0
Par contre, tu viens de dire un truc qui m'interpelle, tu as dit aller dans un environnement qui soit dynamique, etc. Qu'est-ce que tu en savais que ça allait être dynamique ?
- Speaker #1
Je n'en savais rien du tout. C'est là où c'était un pari.
- Speaker #0
Et on peut aussi se dire en général avec les idées reçues à la campagne, il ne se passe rien.
- Speaker #1
Clairement, surtout que pour moi, la campagne, c'était la campagne quand j'étais chez ma grand-mère avec un village de 60 habitants où il n'y a que des vieux paysans qui se font la gueule les uns avec les autres. Et j'avais connu, du coup, par exemple, ma cousine qui, elle, son objectif, c'était d'aller en ville justement pour éviter tout ça. Donc pour moi, la campagne, c'était un peu ça. Et je ne pensais pas que la campagne, ça pouvait être ce que je vis là aujourd'hui.
- Speaker #0
Donc, tu avais des idées reçues ?
- Speaker #1
Totalement.
- Speaker #0
Mais tu n'avais pas peur de t'y installer ?
- Speaker #1
Non, parce que là où je suis, je me suis dit, OK, à 10 minutes, tu as quand même toute une zone commerciale, on va dire. Tu as tout ce qu'il faut pour vivre correctement, être soigné correctement, avoir ton équipe de basket, avoir des activités extrascolaires, etc. Ce n'était pas au fin fond non plus de la creuse, tu vois.
- Speaker #0
Cliché sur la creuse, merci Constance. Surtout que, comment elle s'appelle ? Mince.
- Speaker #1
J'ai écouté un épisode...
- Speaker #0
Cécile, avec ses champignons, qui est à 10 minutes des Moutiers, parc des mille vaches, dans la creuse. Elle dit, attention, tout le monde dit dans la creuse, mais il y a quand même une dynamique. Bref, merci Constance pour ton petit cliché à la creuse. Tu n'as... Tu n'auras jamais d'amis dans la Creuse. C'est ça. Qu'est-ce qui te plaît le plus aujourd'hui, ici ? Qu'est-ce qui te remplit ? Qu'est-ce qui te rend heureuse ? Qu'est-ce qui te satisfait, on dit ? Qu'est-ce qui te satisfait ? Qu'est-ce qui te satisfasse ?
- Speaker #1
Clairement, enfin, tout.
- Speaker #0
Pourquoi tu n'as pas dit moi d'abord ?
- Speaker #1
Je ne t'avais pas rencontrée avant de déménager. Ah,
- Speaker #0
c'est ça. Merde.
- Speaker #1
Bon, quand je suis arrivée ici, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Simplement, je voulais une nouvelle vie. Et en fait, aujourd'hui, avec le recul, ça fait un an que je suis dans le Périgord. D'un point de vue professionnel, je n'ai jamais autant travaillé qu'avant. Donc avant, à Bordeaux, le cliché aussi fait que tu te dis à Bordeaux, il y a du monde, donc de potentiels clients, de potentielles relations, etc. Qualité de vie fait que tu vis dans une grande maison, tu as un jardin, tu peux aller te baigner dans la Dordogne l'été, tu as le marché le dimanche où tu vois tous tes potes, tu bois ton café, la qualité de vie est incroyable. Les amis, tu te fais très vite des amis puisqu'en fait tu rencontres une personne qui va te faire rentrer dans un cercle d'amis. En tout cas à mon âge, je parle quand on a 25, 27, 30 ans, il suffit que tu fasses un sport ou une activité extra professionnelle, tu rentres vite dans des cercles très rapidement et voilà, tu as vite une petite bande de potes avec qui tu bois des coups ou tu te fais des bons goletons. Le seul hic, moi je trouve, c'est la route à chaque fois et on est obligé de faire une demi-heure de route pour aller à un événement ou à un truc.
- Speaker #0
C'est bien, t'as répondu à ma prochaine question qui était effectivement par contre à l'inverse. Est-ce qu'il y a des difficultés en vivant ici en campagne sur ce territoire ? Donc oui, peut-être les trajets, le temps des trajets.
- Speaker #1
Les trajets, pour moi c'est la plus grosse difficulté, les trajets. Et après les commodités, le fait que ton train est tout le temps en retard. Parce que nous la ligne Sarla à Bordeaux, il y a toujours des problèmes. Donc quand j'ai des contrats à Paris. Je ne sais jamais trop de où partir pour assurer mon voyage, être sûre que je sois à Paris à bon moment. À part les transports et le fait qu'on fasse beaucoup de voitures, je n'ai aucun autre inconvénient pour moi à la campagne. Je ne comprends même pas.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des choses de tes anciennes vies, de ton ancienne vie de citadine qui te manquent, par exemple ?
- Speaker #1
Oui, peut-être le fait d'avoir un énorme food court, où il y a plein de concepts food à découvrir. Parce que quand j'habitais à Lyon ou à Bordeaux, c'est la mode en ce moment. Simplement, ça ne me manque pas. dans le sens où quand je vais aller à Bordeaux, à Paris ou à Lyon, je vais en profiter mais aujourd'hui je préfère mille fois avoir une qualité de vie Et t'en profites davantage tu trouves pas ? Et j'en profite davantage,
- Speaker #0
exactement Tu l'apprécies davantage ? C'est ça,
- Speaker #1
tu vois le shopping, je te taguais cette semaine parce que j'étais à Limoges pour un tournage d'émission pour la télé le fait d'être à Limoges et d'avoir des magasins j'en ai profité pour faire du shopping et du coup tu salives t'es comme un enfant dans un parc d'attractions Parfois, tu sors de ton boulot, au pied de ton boulot, tu as la rue commerçante et tu passes devant les boutiques tous les jours.
- Speaker #0
Donc, tu savoures encore plus les choses de la vie.
- Speaker #1
Les choses simples, c'est exactement ça.
- Speaker #0
Les choses simples ou les choses de la vie ? Les choses de la ville.
- Speaker #1
Oui, mais même les choses simples. Rien que faire un pique-nique le long de la Dordogne en été, moi, je trouve ça incroyable. Et de me dire que je suis à 10 minutes de la Dordogne, alors qu'à 10 minutes de là où j'habitais à Bordeaux, C'est le périphérique, donc on ne va pas faire un pique-nique sur le périph, tu vois. Ah bon ? Et en fait, tu salives vraiment les choses simples.
- Speaker #0
Est-ce que toi aussi, moi ça m'arrive encore souvent quand je vous rejoins pour Emergence Périgord ou pour d'autres, pour des enregistrements, et tu es là, tu es sur la route et tu te dis, ah c'est chez moi en fait maintenant.
- Speaker #1
Oui, une fois je suis allée faire un IRM à Vitrac, donc au sud de Sarla, je suis passée par la route de tous les châteaux hyper touristiques, une dizaine de châteaux. Je me suis dit, mais attends la conste, tu vas faire une radio. et tu passes sur la route la plus touristique de Dordogne, magnifique, avec tous ces châteaux. Alors qu'à Bordeaux, effectivement, tu te tapes le périph' et tu râles parce que tout le monde freine.
- Speaker #0
C'est bizarre. Moi, ça me paraît encore bizarre, des fois. Des fois, j'ai l'impression que je me dis, vas-y, pince-toi.
- Speaker #1
T'as besoin d'être en vacances.
- Speaker #0
Est-ce que tu veux partager une anecdote, un moment marquant de ton installation dans cette nouvelle vie ? Est-ce qu'il y a un truc qui a été rigolo ou pas du tout ? En prenant cette maison, en découvrant le premier restaurant, en faisant un premier job ici, un contrat, une vidéo, un truc rigolo ou pas rigolo ? Est-ce que tu veux partager quelque chose ?
- Speaker #1
Une première anecdote qui me vient là c'est quand on a emménagé ici, la voisine au bout d'une semaine elle nous a dit tiens faut qu'on se fasse une bonne bouffe, un petit apéro, qu'on se connaisse et tout. Alors qu'à Bordeaux on avait mis un an et demi à essayer de rencontrer nos voisins et on les a toujours pas rencontrés avant de déménager. Juste pour expliquer à quel point ici les choses vont très vite, les relations se font très rapidement, les gens sont simples, vrais, sincères tu vois. Et l'autre anecdote, c'était un peu cliché, mais c'était drôle de se dire une influenceuse food finie dans une maison dans la forêt. Et donc, quand je suis arrivée ici, j'ai eu beaucoup de magazines ou de gens qui sont venus pour dire « Ah tiens, on a une influenceuse dans le Périgord » , tu vois, et faire pas mal d'articles. C'était assez drôle d'avoir un peu tous ces médias qui s'intéressaient à ce déménagement et à pourquoi j'arrivais ici, tu vois.
- Speaker #0
Tu as dû leur répondre à ces questions aussi, non ? C'est ça. Pourquoi ? Pourquoi ? Donc pas de regrets ?
- Speaker #1
Pas de regrets. Et je recommande même aux jeunes et aux gens de le faire. Je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas fait plus tôt. Après, dans la vie, chaque chose arrive au bon moment. Mais jamais je ne ferai marche arrière. Jamais.
- Speaker #0
Ma question, c'était à quoi tu ne renoncerais plus d'ici ?
- Speaker #1
À la qualité de vie. Jamais je ne peux me retrouver dans un studio avec la route en bas et à devoir bronzer la fenêtre ouverte et les jambes. Ça, j'avais ça à Bordeaux, à Lyon. Même pas de balcon, j'avais mon tabouret de bar le long de la fenêtre et j'essayais de manger pour récupérer un peu un rien de soleil au-dessus de la route. Jamais je pourrais le vivre.
- Speaker #0
Mais tu vois, des fois je me dis, il y a quand même entre nos anciennes vies, Bordeaux, Lyon, Lille, il y a quand même un entre-deux, tu vois, et on n'a pas choisi l'entre-deux. Moi, je pense qu'on a quand même choisi.
- Speaker #1
Tu penses qu'on n'est pas dans l'entre-deux ? Pour moi, on est dans l'entre-deux.
- Speaker #0
Là, ici, pour moi, on n'est pas dans l'entre-deux.
- Speaker #1
Parce que là, pour moi, je ne suis pas dans la campagne profonde où il y a juste 10 personnes dans le village et où je dois faire une heure de route pour aller au supermarché, tu vois.
- Speaker #0
Ça, c'est la creuse.
- Speaker #1
Je ne sais pas si c'est la creuse, mais pour moi, quand on dit...
- Speaker #0
Tu penses qu'il y a encore une étape plus en mode autarcie ?
- Speaker #1
J'imagine, oui.
- Speaker #0
Oui, il y a des configurations d'habitation plus en autarcie. C'est parce que là, tu n'es pas très loin de Sarla.
- Speaker #1
On a le Buc, Saint-Cyprien, j'ai besoin d'un dentiste, d'un kiné, d'un optiste.
- Speaker #0
Oui, mais on est quand même au milieu d'un bois. Je pense qu'à un moment donné, on se rend peut-être plus compte. Pour moi, il y a aussi cette notion de campagne urbanisée, de campagne en périphérie de Lyon, de Lille, etc. Il y a quand même un step.
- Speaker #1
C'est vrai qu'on est au bout du Périgord.
- Speaker #0
On est au bout du Roulon.
- Speaker #1
On n'a plus de lumière, la tempête. Je pense que tu vas dormir ici ce soir.
- Speaker #0
Est-ce que tu as des chandelles ?
- Speaker #1
Oui, là, en face de toi.
- Speaker #0
On va les allumer.
- Speaker #1
Quand tu es en campagne, tu prévois tout. Tu prévois d'avoir les bougies au cas où un jour tu n'as plus d'électricité.
- Speaker #0
C'est clair. Est-ce que la nature joue un rôle dans ta vie aujourd'hui ? Ou ce n'est pas forcément le cas ? Est-ce que tu y trouves un intérêt supplémentaire dans ta vie ? Ce n'est pas la bonne question.
- Speaker #1
Si je suis dans la forêt, c'est quand même que j'apprécie la nature.
- Speaker #0
Est-ce que tu fais des câlins aux arbres ?
- Speaker #1
Il m'est arrivé, il m'est arrivé quand j'étais jeune. Il m'est arrivé, mais je ne le fais pas forcément. Mais je trouve ça très agréable d'habiter dans la forêt, d'avoir un chemin au bout de ton jardin. Et après une grosse journée à être sur le téléphone, l'ordi, de pouvoir te promener en forêt, d'avoir le calme. De même pas prendre ton téléphone directement. Et je pense quand même que la nature a un réel impact sur nous et qu'on est des êtres humains, on n'est pas censé être dans des bars en... béton, des HLM avec du béton tout autour. Du minéral. La preuve en est, tu as vu tous les burn-out qu'on a aujourd'hui et compagnie, tout le monde veut revenir aux sources, aux terres. C'est bien que c'est en nous et c'est inné. Oui,
- Speaker #0
c'est vrai. Exact. Très bien. Dernière question sur la partie territoire et après on va passer à autre chose. Mais beaucoup parlent de simplicité de vie. Moi, ça m'a toujours interpellée au départ. Simplicité de vie, je me suis dit, mais qu'est-ce que c'est que ça ? Il y en a qui disent qu'on fait des soupes d'ortie, d'autres des canneaux aux arbres, etc. Tous ces trucs-là, au départ, je me disais, c'est quoi ça ? Simplicité de vie, ça veut dire quoi, toi ?
- Speaker #1
Pour moi, c'est le côté épicurien, c'est-à-dire vraiment déguster la vie. C'est-à-dire que ce qui me rend heureuse aujourd'hui, c'est mon rituel le dimanche matin de boire un café après avoir fait mon marché, être sur une terrasse au soleil et voir tous mes potes passer, discuter. C'est ça, la simplicité. de vie. Ne pas se prendre la tête sur des histoires. Ne pas chercher à te créer une personnalité ou une image. Assumer qui tu es.
- Speaker #0
C'est plus authenticité.
- Speaker #1
Oui, pour moi, c'est ça. Authenticité.
- Speaker #0
Donc, simplicité, c'est authenticité.
- Speaker #1
Pour moi, oui.
- Speaker #0
Pour toi, oui. Et elle est plus facile en campagne ?
- Speaker #1
En fait, je pense qu'elle est plus facile à partir du moment où tu arrives dans un territoire où tu connais personne. Quand tu as vécu 15 ans, par exemple à Strasbourg, même si j'étais dans la campagne alsacienne, je ne pense pas que ça aurait été simple, puisqu'en fait, tu connais déjà du monde, les gens t'identifient à une personne, à quelqu'un, à ton passé, etc. Et quand tu arrives en campagne ou en ville et que tu connais personne, je pense qu'en campagne, c'est plus simple d'arriver et d'assumer qui tu es qu'en ville. Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi ? Mais il y a quelque chose en campagne qui fait que tu t'en fous du regard des autres. Tu t'arrives et t'as...
- Speaker #0
Il y a deux choses que ça m'évoque. Je t'en ai parlé tout à l'heure, d'ailleurs. Moi, il y a un truc, ça me le fait souvent, c'est-à-dire que j'ai l'impression qu'arriver à changer ta vie, territoire, patati, patata, et en campagne, une feuille blanche sur laquelle tu peux te redessiner. Oui. Il y a un peu de ça.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et aussi, par rapport au code vestimentaire, même si aujourd'hui, j'ai mis le... pull de ski.
- Speaker #1
Il faut leur dire, c'est rouge, bleu, rose.
- Speaker #0
Mais ils l'ont déjà vu. J'avais pas mal de trop-piles. En fait, moi, j'ai l'impression, c'est drôle, que depuis que je suis ici, en campagne, je me permets plein de couleurs. Je m'habille. Je m'habille comme je l'aime. Mais j'explore plus de choses que je ne le faisais en ville, c'est un peu ça aussi ?
- Speaker #1
C'est exactement ça.
- Speaker #0
C'est comme si on remettait le curseur à zéro ?
- Speaker #1
Je sais pas, il y a quelque chose qui fait que tu t'en fiches de ce que peuvent penser les autres. C'est pas toujours évident parce qu'après on arrive à la discussion qu'on avait tout à l'heure. Bon, t'as d'autres clichés, mais je sais pas, moi je me suis dit tout de suite tu côtes des personnes. Tu peux être toi. Et les gens jugent un peu moins quand même à la campagne qu'en ville, je pense. En ville, tu veux rentrer dans une espèce de moule. de la société, tu vois. C'est un tout, c'est pas que vestimentaire. Chacun son CDI, tout le monde a fait un prêt bancaire pour habiter dans un appart, dans le plus beau quartier de Bordeaux, Paris, Lille ou je ne sais où. Et tu rentres dans des moules, dans des cases à la campagne, t'as plein de gens qui veulent déconstruire des choses et donc tu crées ton propre chemin.
- Speaker #0
C'est beau ça. On va le garder. C'était à 39 minutes 17, on le garde.
- Speaker #1
C'est ma plus belle citation.
- Speaker #0
La plus belle citation, ça sera la verbatim de ton podcast. Est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur la partie, plutôt, voilà, vivre à la campagne, territoire, avant qu'on attaque aussi ce fameux, à un moment donné, le fameux sujet de la féminité, mais...
- Speaker #1
Non, juste en conclusion, je pense qu'il ne faut pas avoir peur de vouloir habiter en campagne, surtout quand on est jeune, parce que quand on est jeune, on peut se dire, « Oh là là, il n'y a pas de boîte de nuit. » Bon, moi, je ne suis pas très boîte de nuit, mais... Il n'y a pas de bar, il y a peu de jeunes, il y a beaucoup de retraités, beaucoup de touristes. En Dordogne, il y a pas mal de maisons secondaires aussi. Mais en fait, non, ne pas avoir peur de ça. Moi, je suis venue en campagne en couple et aujourd'hui, je suis seule dans ma maison. Mais je ne sais pas si seule, j'aurais le courage de le faire. Et si, quand j'étais à Bordeaux, j'écoutais ce podcast d'une nana seule qui est actuellement à la campagne, peut-être que ça m'aurait inspirée. Je me serais dit, vas-y, banco. Et il ne faut pas hésiter. Parce qu'en fait, tu rencontres beaucoup plus de monde. Ça va beaucoup plus vite ici, à la campagne.
- Speaker #0
Tu peux pécho à la campagne ?
- Speaker #1
Tu peux pécho, même.
- Speaker #0
Wow, OK. Bon. Non, mais c'est chouette comme message. Parce qu'il y avait Élise aussi. Élise de Tutonomie, que j'ai interviewée en Bretagne. Et elle, elle est arrivée seule. Et elle est jeune. Et elle est en ruralité. Et c'est possible. C'est ça. On attaque le fameux sujet qui nous turlupine depuis un moment. La féminité. Oui. Alors, la féminité en ruralité me questionne beaucoup, te questionne, m'a même un peu remuée. Alors, je vais essayer de mettre un peu quand même de contexte. Je pense que quand on arrive aussi dans des environnements comme ça un peu nouveaux, malgré tout, même si ce n'est pas les villes, on a quand même envie un peu de se tester ou de se confondre dans le paysage. En ce qui me concerne, je dis bien en ce qui me concerne, autour de moi, des mouvements très... féministe ou engagée, militant, alternatif, alternatif c'est le bon mot, et toi tu te demandes un peu, quand tu viens de la ville, comment tu vas t'inscrire là-dedans. Tu veux peut-être essayer de t'y confondre, mais tu sens que ça ne passe pas. Donc à un moment donné, tu assumes à nouveau ta féminité. Et toi ?
- Speaker #1
Qui est différente que d'autres femmes.
- Speaker #0
Qui est différente ? Oui, parce que tu as malgré tout, alors on parlait des idées reçues que la société aime donner à la ruralité, mais d'un autre côté, moi ces derniers temps, et je l'assume, j'ai pu aussi avoir l'impression, enfin oui, je ressens peut-être ces injonctions, tu viens à la campagne, donc tu abandonnes un peu tous les codes de la féminité. Tu laisses aller, je ne dis pas que tu mets le jogging, mais malgré tout, tu t'abandonnes un peu. Peut-être aussi, si tu aimes la mode, est-ce que c'est mal d'aimer la mode ? Est-ce que c'est mal d'aimer la mode à la campagne ? Est-ce qu'on a le droit d'aller s'acheter des vêtements ailleurs que dans une recyclerie ? Oui, j'assume, je le dis, et j'aime bien aussi aller en recyclerie, mais est-ce qu'on a le droit de dire dans une conversation, dans un café associatif, oui, je kiffe aller... pendant deux jours sur Bordeaux et faire une virée shopping. Et ça, c'est un truc qui m'embête un petit peu, parce que ça peut, par moment, j'ai bien dit, ça peut, par moment, être mal perçu. Et c'est un sujet qu'on a évoqué ensemble, et j'aimerais bien qu'on en discute ensemble. Comment toi, tu vois les choses ? Comment tu le ressens ?
- Speaker #1
Je pense que c'est un vrai sujet, c'est pour ça qu'on en a parlé longuement ensemble, parce que ça fait partie de ces clichés, effectivement. Si tu n'achètes pas tes habits à la recyclerie, On peut avoir un certain jugement. Peut-être qu'on ne va pas te le dire, mais on peut avoir un certain jugement. Et en même temps, c'est paradoxal parce que je me dis, et toi aussi, tu me l'avais dit une fois, tu n'as jamais mis autant de couleurs. Moi, je n'ai jamais autant assumé mes tenues vestimentaires qu'ici. La première fois où on s'est vus, on était, pour expliquer, dans un tiers-lieu un peu alternatif, où tout le monde bricolait, tout le monde était un peu solitaire.
- Speaker #0
Vous faisiez de la transformation de pommes.
- Speaker #1
Transformation de pommes. Toilettes sèches au fin fond de la forêt. En gros, c'est juste pour illustrer. Moi, j'aime beaucoup ce genre d'endroit, mais c'est juste pour illustrer. Je suis arrivée là-dedans avec des mocassins vernis noir, une chemise blanche, un pantalon de costume noir. Et à l'époque,
- Speaker #0
moi, j'avais ma combi violette. Et toi,
- Speaker #1
tu avais ta combi violette en velours. J'adore. Et là, à l'époque, je pense que je n'aurais pas su. Je me serais dit, je fais tâche là-dedans. C'est vraiment la phrase, je fais tâche aujourd'hui. j'assume clairement qui je suis et peu importe si on m'a jugé et qu'effectivement à côté ils étaient tous en chaussures de rando parce qu'ils faisaient tous leur pas à mes compagnies mais en fait t'assumes beaucoup plus à la campagne j'ai l'impression tu te redécouvres ça
- Speaker #0
ok nous mais t'as pas l'impression quand même que...
- Speaker #1
il y a un jugement par rapport à ça si je suis d'accord mais après je me dis les gens qui disent ça est-ce que c'est pas aussi de la jalousie ? tu vois moi je m'en fous les gens qui sont ... baba cool etc. s'ils se plaisent comme ça, qu'ils se trouvent beaux, ok, je vais pas arriver en disant toi t'es baba cool en sarouel, ça te va pas, c'est moche.
- Speaker #0
En tout cas, je pense que de ta part ou de ma part, c'est pas l'idée d'avoir un jugement sur les choix, on pourrait dire les choix vestimentaires des uns et des autres. Moi par contre ce que j'ai envie derrière ça, derrière cette réflexion, cette discussion, c'est peut-être de dire aussi et d'interpeller les filles. les femmes,
- Speaker #1
qui auraient envie et d'assumer ce qu'elles ont envie.
- Speaker #0
Qu'elles assument. Il y a Bélène qui est passée dans le podcast au tout début et qui, pour elle, c'est important d'être féminine, etc. Elle avait déjà un petit peu soulevé le sujet, qu'ensuite j'ai mis sous le tapis, mais là j'ai envie de le réexplorer. Mais en tout cas, pour celles qui sont ici sur le territoire et qui n'osent pas, parce qu'effectivement, malgré tout, malgré nous, il y a quand même...
- Speaker #1
On est quand même peu, il faut le dire.
- Speaker #0
On est quand même peu. Alors on est peut-être peu à penser ça ou on est peu à le...
- Speaker #1
À l'exprimer en tout cas.
- Speaker #0
À l'assumer. Et pour celles aussi qui auraient envie de nous rejoindre, celles qui ont envie de nous rejoindre... En fait, de lever les freins à ça. Mon truc, c'est de se dire, mais venez, on peut vivre à la campagne, avoir aussi des fois des métiers autres que des filières agricoles, vivre pleinement et sa féminité, etc. Tu vois un peu le truc ? Et ça,
- Speaker #1
les nouvelles filles de la campagne, pour moi, c'est vraiment le nouveau regard. Quand je vois ma grand-mère à la campagne, effectivement, la féminité à la campagne, ça n'a jamais été très reconnu. La campagne n'est pas reconnue comme étant l'endroit. Là, peut-être qu'au micro, on va nous croire un peu superficiels. Tu vois ce que je veux dire ? En fait, dans la réalité, on est simple. Et moi, sortir en jogging, ça m'arrive plein de fois. Ce matin, je n'avais pas du tout envie de me plier. Tu étais mal à pied ce matin. Je n'étais pas belle. Tu vois, voilà, on se pique. Non, mais c'est pour dire qu'on n'est pas tout le temps... Bien saper, etc. Par contre, d'un autre côté, ce soir, par exemple, soirée Beaujolais Nouveau, etc. J'ai juste une envie, c'est de mettre une robe noire, sexy, etc. Tu vois, et assumer qui je suis, quoi. Et après...
- Speaker #0
Peu importe le lieu où tu vas aller.
- Speaker #1
Oui, la preuve en est que là où on s'est rencontrés la première fois, tu ne peux pas faire plus de proposer en termes d'habits et de lieux.
- Speaker #0
Les contrastes. Est-ce que tu veux dire autre chose là-dessus, sur la partie féminité, assumer ? Je peux être à la campagne et avoir un autre job que la filière agricole ou autre, ou artisan, j'en sais rien, et aimer. En fait, c'est difficile à dire, mais il y a cette idée de « je ne veux pas faire le procès de la ville » ni complètement l'éloge de la campagne.
- Speaker #1
C'est pas noir ou blanc, c'est gris.
- Speaker #0
Sauf qu'on nous montre des fois quand même que…
- Speaker #1
Le but de la société, c'est de mettre chacun dans des cases, effectivement. Mais moi, ce qui m'a manqué, et t'es la première nana, pourquoi j'ai accroché à toi ? Parce que t'as revendiqué ça, tu vois, le fait de dire « j'ai envie de bien m'habiller, tant pis si là on est dans un endroit hyper alternatif » . avec un programme qui est alternatif, social, solidaire, etc. Et je trouve que la plus belle force d'une personne, c'est de s'adapter. Moi, rentrer dans un programme ESS, social, solidaire, à réfléchir ton projet de manière à ce qu'il y ait un impact social, c'est important. Après, l'aspect économique est aussi important. Et pourquoi on ne pourrait pas être un peu des deux, tu vois ? Moi aussi, de temps en temps, je vais à la recyclerie et j'adore chiner des trucs et j'ai récupéré plein de belles pièces. Et on doit tout le temps te mettre dans des cases. C'est ça qui est pénible. Et je trouve que, par contre, personne ne parle de ce qu'on est en train de parler là aujourd'hui. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un à qui en parler, quelqu'un avec qui on peut se dire on va se faire une soirée entre nanas, réunion tu peux voir, mais en mode sex toys, réunion, tu vois.
- Speaker #0
Voilà,
- Speaker #1
ça s'est lancé. Assumer ça. Et c'est rare. Et moi, je ne connais personne avec qui j'ai pu avoir cette discussion-là à la campagne ici parce que c'est toutes des nanas du cru, tu vois.
- Speaker #0
Le fait de travailler seule Et à la campagne ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Est-ce que ça ne te rajoutait pas aussi une couche ? Je reste en jogging.
- Speaker #1
Oui, clairement, totalement. Parce que quand tu es en télétravail, tu n'as pas envie de t'habiller. Mais mon activité fait que j'ai pas mal de rendez-vous quand même à l'extérieur. Donc, tu as envie de temps en temps de te faire mignonne. Mais tu peux vite tomber effectivement dans le « je n'ai plus envie de m'habiller » . Mais que tu sois en ville ou à la campagne, je pense que c'est à peu près pareil. Quand tu bosses chez toi, que tu es seule. C'est le principe même du télétravail. T'as pas envie de t'habiller.
- Speaker #0
T'as ressenti des jugements, au fait ?
- Speaker #1
Quand je suis arrivée ici ?
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Moi, c'est plus un jugement vis-à-vis de mon métier. Parce que quand tu dis l'influenceuse, tout de suite, on te catégorise vraiment aussi dans une case. On se dit, elle, elle est superficielle et elle vend des codes promo pour des gélules minceurs. Donc, c'est plus ça où je passe mon temps à essayer de déconstruire ça en disant qu'on peut être créatrice de contenu et créer du contenu instructif, informatif. utile et que ton métier ait du sens. Et on me demande plus souvent comment une ingénieure peut finir influenceuse, tu vois.
- Speaker #0
Comme si là aussi, il y avait des catégories. C'est triste. On fait la transition sur ton métier. Puisque tu viens de l'annoncer. Alors, tu fais ce tour de France. Des terroirs, des savoir-faire, Covid, ensuite Turbondi, Bordeaux, Dordogne. Tu as déjà commencé cette activité, j'ai l'impression. Comment ça se met en place ? Tiens, on va faire les choses dans l'ordre. Dis-nous ce que tu fais comme métier, comment tu développes cette activité, à quoi il sert, à qui il sert ? Voilà, je te laisse dire.
- Speaker #1
J'ai créé mon entreprise qui s'appelle Au Nom du Goût. Sur les réseaux sociaux, vous pouvez me retrouver sous Au Nom du Goût, à travers Insta, YouTube, Facebook et TikTok. Et mon activité... Le principal, c'est de créer du contenu autour de la gastronomie pour expliquer ce que c'est que le bien manger, qu'on peut mieux consommer avec un petit budget, qu'on doit recuisiner, réapprendre à cuisiner, à acheter des produits bruts et à consommer différemment pour laisser un modèle alimentaire un peu plus durable à nos enfants. Donc concrètement, je cherche à vendre de la vidéo, je cherche à trouver des partenaires, des collaborations pour vendre des vidéos. Et j'ai une grosse partie aussi maintenant d'animatrice, donc animatrice sur des salons, chroniqueuse télé avec France 3 là depuis peu. Donc j'essaye de développer mes activités, mais avec un objectif, c'est promouvoir le bien manger et expliquer aux gens ce qu'ils mangent et ce qu'ils ont dans leurs assiettes.
- Speaker #0
Comment ça s'est mis en place tout ça ? Tu as commencé, j'imagine, peut-être d'une manière assez... entre guillemets, et c'est pas péjoratif, parce que j'ai l'artisanat, un peu comme moi, avec les podcasts. Et comment, à un moment donné, ça a switché, comment ça a pris de l'importance. Et aussi, mais ça, on y reviendra après, je voudrais aussi qu'on parle de la perception des réseaux sociaux et toute cette partie-là. En réalité, il y a ce métier-là, influenceuse, ou moi, podcasteuse, on m'a déjà dit aussi, j'étais influenceuse. Donc la perception de ces métiers-là en réalité, et après aussi, voilà, comment... Ce déclic, comment tout s'est organisé, comment ça a grossi aussi, comment c'est arrivé à toi ?
- Speaker #1
Donc en gros, Tour de France, Zéterware, je crée quand même cette chaîne YouTube pour partager cette expérience. Et je me dis quitte à faire tout ce Tour de France, à aller voir des gens, à planifier des rendez-vous, etc. Autant le partager. Donc c'est là où je démarre les réseaux sociaux.
- Speaker #0
Ça s'appelle déjà au nom de qui à l'époque ?
- Speaker #1
Non, c'est un autre nom. Ça a le nom de vivre pour de bon parce que l'objectif c'était de dire vivez votre vie, vivez vos rêves, ce que vous avez envie de faire. comme nous ce qu'on fait ici actuellement exactement je démarre avec une chaîne YouTube mais le but c'est juste de partager tout ça puis je continue quand même un peu les réseaux sociaux Instagram, partager des recettes quand je cuisine mais en gros il se passe de 2020 à 2022 quand même bien deux ans où je t'attende un peu sur les réseaux sociaux mais où je me dis déjà que c'est pas mon métier du tout c'est simplement du partage bénévole, spontané, artisanal c'est ça je retourne chez Bonduelle quand même pendant 6 mois pour remplacer un congé mat parce que dans ma tête je suis un peu perdue, je ne sais pas quoi faire de ma vie et je ne vais pas ouvrir un resto ou un food truck alors que tout va mal et que le Covid fait que tous les restaurants ferment donc tu vois j'essaie de brainstormer de me dire qu'est-ce que je peux faire comme projet je cherche comme projet entrepreneurial et en fait je me pose et je me dis tu sais quoi, je ne voulais pas lever à la banque des dizaines de milliers de sous d'argent pour acheter un fonds de commerce ou quoi que ce soit ... Et je suis partie de ce que je savais faire. Donc je me suis dit, je suis diététicienne, ok, ingénieure agro, j'ai découvert cette agro-industrie. J'ai perdu aussi 15 kilos en parallèle en apprenant à me manger, etc. Et en fait, j'ai valorisé tout ça à travers les réseaux sociaux, à travers mon site internet, avec un programme.
- Speaker #0
Ton histoire.
- Speaker #1
Mon histoire agrémentée quand même d'études, de choses comme ça.
- Speaker #0
Et de contenus liés à cette thématique. Oui.
- Speaker #1
Mais donc, en fait, si tu veux, j'en fais un coaching à la base, un peu un coaching nutrition avec un programme que j'ai sur mon site Internet, etc. Je me dis, je vais être un peu coach et je vais faire des visios avec les gens que j'accompagne. Mais très vite, je me dis que c'est pas... Enfin, ça m'anime pas. Tu vois, faire des visios, dire aux gens, allez, vas-y, tu peux perdre du poids, tu peux perdre du poids. Alors que moi, c'est justement le côté régime et tout qui m'a fait prendre du poids. Et c'est plus du plaisir que j'essaie de transmettre aux gens et le fait de s'écouter, de manger vraiment quand t'as faim. Je m'y retrouvais pas et... Et au bout d'un moment, mon ex à l'époque me dit « Mais attends, mais pourquoi tu ne misses pas sur tes réseaux sociaux ? Tu crées du contenu, pourquoi tu ne misses pas là-dessus ? » Et de fil en aiguille, j'ai continué à faire des collaborations et m'est venu un premier client qui m'a dit « Bon bah, c'est quoi tes tarifs pour une vidéo ? » Et là vient le moment où tu te dis combien coûte le vidéo ? Donc là,
- Speaker #0
ce n'est pas toi qui as proposé, c'est en fait on t'a mis devant le fait à conclure. C'est ça,
- Speaker #1
parce qu'ils ont l'habitude de travailler avec des influenceurs, ils ont l'habitude d'avoir des budgets. C'est la région Nouvelle-Aquitaine qui a été mon premier client. Et là, va chiffrer une vidéo quand tu n'y connais rien au monde de l'influence.
- Speaker #0
Va chiffrer un podcast.
- Speaker #1
Va chiffrer un podcast, parce qu'en plus c'est hyper secret aussi ce monde-là. Tu en parlais tout à l'heure de tabou, de choses comme ça. Le monde de l'influence, à part les Nabila et compagnie qui gagnent des millions, mais qui ont des millions de vues, etc. petits influenceurs mais qui ne te donnent pas leurs tarifs. Très compliqué. En fait, de fil en aiguille, j'en ai quand même fait une activité. À force de se faire connaître, à force de rentrer dans beaucoup de réseaux. Et aujourd'hui, j'ai même embauché une apprentie parce que je ne m'en sors plus d'un point de vue montage, tournage. Et l'année dernière, j'avais aussi déjà un apprenti. Donc très vite, j'ai dû me staffer pour pouvoir être sur la compta, sur la partie commerciale, sur le fait de valider des collaborations, de vendre ce que je fais, etc.
- Speaker #0
Ok. Donc tout à l'heure, tu as dit si on doit qualifier ton métier, influenceuse ?
- Speaker #1
Plus entrepreneuse parce que j'ai créé une entreprise pour pouvoir le bien manger à travers différents canaux réseaux sociaux. Donc oui, influence, mais aussi radio, télé, sur les salons,
- Speaker #0
conférences,
- Speaker #1
etc.
- Speaker #0
Tu diversifies. On reprend la partie réseaux sociaux. Après la féminité en ruralité, les réseaux sociaux en ruralité.
- Speaker #1
C'est un bon cas pour tout déconstruire.
- Speaker #0
Là, tu étais ma candidate favorite. J'ai enfin trouvé ma sœur de campagne. Tu fais partie de notre team digital. Tu assumes. en ruralité, comment c'est perçu ?
- Speaker #1
Comment c'est perçu d'être influenceuse ?
- Speaker #0
En ruralité.
- Speaker #1
En ruralité, effectivement. C'est compliqué parce que les gens me présentent comme étant l'influenceuse food du coin. Et je n'aime pas ce terme-là. Du coin en Dordogne, c'est une influenceuse. Et en fait, ce terme-là va te faire penser à des choses négatives et donc les gens vont se dire, tiens, elle est superficielle. Son métier c'est du vent, tu vois, elle ne doit pas travailler, elle doit faire des stories toute la journée, aller bouffer dans des restos.
- Speaker #0
Elle met des Ausha en vernis noir en plus.
- Speaker #1
Des Ausha en vernis noir dans un monde alternatif, c'est super. Mais en gros, c'est vraiment, on se dit, et puis le métier d'influenceuse, tu ne t'imagines pas que c'est en fait un métier de malade et que tu es du lundi au dimanche sur ton téléphone à gérer des problèmes aussi, des devis, des trucs.
- Speaker #0
Ça c'est sûr que dans le monde... Les gens ne s'imaginent pas que c'est un petit truc. Mais encore plus en campagne.
- Speaker #1
Moi, je n'ai pas, à part le cliché du côté influenceuse, mais le fait que je sois sur les réseaux sociaux et que ça soit mon métier, je n'ai pas de remarques négatives par rapport à ça. J'ai plus des gens qui se disent « Waouh ! Comment elle, elle peut créer une boîte, embaucher un apprenti en étant influenceuse ? » Et c'est plus un côté inspiration. Plus un côté inspirant de se dire « Putain, à côté de chez moi, j'ai une influenceuse. » où il y a TF1 qui vient à la maison lui faire un reportage, où elle finit sur les marchés en Dordogne pour montrer qu'on peut bien manger. C'est plus le côté inspirant, positif que j'ai. De la part des gens. Parce que c'est un peu nouveau, quand même, ici.
- Speaker #0
Donc ça suscite aussi la curiosité. Est-ce que ça veut dire aussi que, comme tout à l'heure avec la partie féminité, il pourrait y avoir aussi d'autres nanas qui ont des jobs un peu... Voilà, on va dire team digital, qui viennent s'installer en ruralité. Est-ce qu'elles trouveront leur place ? Est-ce qu'elles seront heureuses, épanouies ?
- Speaker #1
Je pense que quand tu viens en campagne et que tu as une activité dans le digital, il faut quand même déjà avoir un sacré réseau de base pour te dire, pour en vivre clairement, pour avoir tes premiers clients. Parce que tu n'arrives pas ici avec le projet de t'installer dans le digital. Je pense que c'est très difficile.
- Speaker #0
Tu es déjà armée.
- Speaker #1
Oui, c'est difficile. Moi, mes clients, ils ne sont pas ici en Dordogne. Mes clients, c'est les régions. Donc, c'est en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, à Paris.
- Speaker #0
Tes clients, par contre ?
- Speaker #1
Mes internautes, oui.
- Speaker #0
Oui, tes internautes ici, ou les producteurs, etc. Enfin, ce n'est pas tes clients, ce n'est pas tes internautes.
- Speaker #1
C'est un peu mes clients aussi, puisqu'en fait, sans communauté, je ne peux pas vendre de la vidéo. Mais je veux dire par là que quand on est dans le digital, que ce soit podcast, Instagram ou, je ne sais pas, création de site internet, community manager, etc., avoir un réseau de base pour avoir déjà les premiers clients et plutôt bouger en ville pour décrocher des contrats, ça peut être intéressant. Après, Quand on fait du community management et de gérer des réseaux sociaux dans le coin, il y a de quoi faire et les gens sont quand même demandeurs. Donc ça dépend un peu de ton activité, je pense.
- Speaker #0
Est-ce que ça voudrait dire aussi que ces expertises-là, finalement, elles peuvent être recherchées aujourd'hui sur des territoires comme ça ? Oui,
- Speaker #1
et c'est pour ça que ça va plus vite. Et c'est pour ça que je disais tout à l'heure que je vis mieux de mon activité ici par rapport à la ville, comme par exemple Bordeaux. C'est parce qu'ici, tu deviens vite connue dans ta niche.
- Speaker #0
Après, c'est l'offre et la demande.
- Speaker #1
Et je ne sais pas, je finis par exemple dans une communauté de communes à les aider sur un plan alimentaire territorial, donc en fait à rassembler les producteurs des cantines, etc. Parce qu'on se dit, tiens, il y a une nana qui fait la promotion du bien manger et qui est vachement dynamique un peu sur son territoire. Et en fait, ça va beaucoup plus vite parce que tu deviens un peu connue dans ton... Toi, des podcasteuses à Bordeaux, il y en a plein. Moi, des influenceuses, pareil. Donc, c'est plus difficile de développer son activité parfois en ville.
- Speaker #0
Oui. Par contre... En venant ici, peut-être effectivement avoir déjà été armée ou avoir un minimum de réseau. Oui. Ou alors, il faut prendre un peu de temps pour le construire. Toi, ça ne t'embête pas de parler des réseaux sociaux en campagne ? Tu assumes ?
- Speaker #1
Oui, peut-être parce que je suis jeune aussi. Forcément, je suis avec des gens qui ont 30 ans. J'ai des potes qui sont jeunes, etc. Mais par contre, ce qui est intéressant, par exemple, je bossais avec la communauté de communes La Domicienne, vers Béziers. Et là... c'est le maire, enfin non c'est même pas le maire c'est le président de la Comcom qui a accepté de collaborer avec une influenceuse donc je trouve ça hyper intéressant de voir que même dans des structures publiques qui sont quand même très régies très conventionnelles très conventionnelles, le métier d'une influenceuse j'ai dû leur expliquer vraiment et vendre un peu mon projet et la manière dont je travaille, mais je trouve ça intéressant que des gens comme ça s'ouvrent à l'influence, aux réseaux sociaux et donc t'as un petit peu ça aussi dans les... dans les campagnes, et les maires du coin, je n'ai pas honte de dire qu'effectivement, je suis créatrice de contenu. Tant qu'en fait, tu leur prouves que c'est une vraie activité et que tu n'arrives pas encore une fois en campagne avec un projet un peu, pas alternatif, mais qui vivote. Par exemple, les maires en ont marre de ça, d'avoir des projets qui vivotent, qui ne soient pas carrés, etc. Bon, quand une ingénieure vient et qu'elle a un projet carré,
- Speaker #0
ou un projet ferme,
- Speaker #1
d'entreprenariat, ils sont plutôt ouverts quand même. En tout cas, Périgord Noir.
- Speaker #0
Au niveau de ton job, est-ce que tu voulais dire d'autres choses ? On a parlé un peu de ton métier Peut-être que la réalité peut t'empêcher
- Speaker #1
De faire certaines choses d'un point de vue job Non, parce que le fait que tu es au fin fond de la Moi si demain je suis à Paris J'ai quand même beaucoup plus d'opportunités professionnelles Qu'être là au fin fond de la Dordogne Parce que Mon métier fait que j'ai besoin d'être A côté de plateau télé ou de radio Tu vois ça peut aller quand même beaucoup plus vite Ça veut dire que donc pour réussir
- Speaker #0
ton projet professionnel en ruralité, tu dois te contraindre à être très mobile pour obtenir ce que tu souhaites. Ce n'est pas que ce n'est pas réalisable, c'est que tu vas peut-être devoir décupler tes engagements, tes forces, ton énergie pour y arriver par rapport à développer ce projet-là à la ville. En même temps, tout à l'heure, tu as dit, si j'avais fait ce projet-là à la ville, comme on est 12 000 à le faire... Oui,
- Speaker #1
après je parle de Paris, tu vois toutes les... pas les stars mais par exemple Charles Aznavour il disait une fois où tous les musiciens montent à Paris justement pour avoir une carrière. Oui,
- Speaker #0
et tout le monde monte à Paris pour avoir une carrière.
- Speaker #1
Voilà, on est d'accord. Simplement, oui, moi, je pourrais prendre beaucoup plus de fois le train pour monter à Paris. Simplement, je ne peux pas être à Paris tout le temps. Et donc, je me ferme quand même certaines opportunités en vivant ici à la campagne. Mais c'est un vrai choix.
- Speaker #0
Est-ce que ça te frustre ou finalement, c'est bon comme ça ?
- Speaker #1
Je vais y arriver d'une autre manière. C'est-à-dire que ça va être peut-être plus long. Il faut que je passe, du coup, par exemple, là, par France 3 régionale, donc rester sur des régions pour demain, effectivement, être la future, peut-être, Julie Andrieux, qui silonne les routes de France. et qui m'aident à voir la gastronomie. Mais c'est un choix de vie et je préfère prendre mon temps et être alignée avec mes valeurs, ce que je suis, et avoir une qualité de vie agréable.
- Speaker #0
Tu sais, toi, tu seras la prochaine Julie Andrieux, mais moi, je serai la prochaine Karine Lemarchand.
- Speaker #1
Exactement. On se retrouvera sur un plateau à parler d'agriculteur.
- Speaker #0
Karine, si tu m'écoutes, fais ta valise. J'aime bien cette petite partie, j'appelle ça les recommandations d'une NFC, donc Nouvelle Fille de la Campagne, pour ceux qui n'ont pas compris. Est-ce qu'il y a un livre, un film, un documentaire ? partager un truc que vraiment tu aimes bien que tu adores ou qui t'a fait le déclic je sais pas et que tu veux nous recommander alors un film
- Speaker #1
L'aile ou la cuisse oui un film que j'ai vu ce week-end où j'étais à Béziers justement l'histoire du ciné débat dans lequel je suis intervenue on parlait d'un nouveau système alimentaire donc c'est un film qui ressemble un petit peu à Demain Ça s'appelle une recette pour un monde meilleur et en gros ça t'apporte toutes les solutions et ça nous permet de se questionner sur notre alimentation, sur ce que nos enfants mangent à la cantine, sur le modèle alimentaire qu'on souhaite laisser à nos enfants.
- Speaker #0
C'est un film,
- Speaker #1
un documentaire ? C'est un documentaire,
- Speaker #0
oui. On peut le trouver facilement ?
- Speaker #1
Peut-être, je ne sais pas, il faut regarder sur internet.
- Speaker #0
Tu répètes le nom ?
- Speaker #1
C'était au cinéma il y a quelques années. Une recette pour un monde meilleur.
- Speaker #0
Ça marche. Avec le recul, maintenant, qu'est-ce que tu penses de ta décision de changer de vie, de territoire ?
- Speaker #1
En fait, ça fait un peu psy, le podcast. Je me suis dit, au bout de deux heures, est-ce qu'on arrive à la fin de cette introspection ? Oui, pour rien au monde, comme je le dis très souvent, jamais je ne ferai de retour en arrière. J'incite un maximum de monde autour de moi. d'aller à la campagne, de ne pas avoir peur de ce monde rural. Et surtout quand on est jeune, parce qu'il y a beaucoup de personnes à la retraite qui se disent « bon, c'est bon, j'ai fait ma vie en ville, maintenant je vais acheter ma maison à la campagne » . Et en fait, quand on est jeune, on peut vivre plein de choses sympas, belles à la campagne, rencontrer des gens qui sont comme nous, se faire des bons gueuletons et s'épanouir, surtout s'épanouir. Et créer une vie qui a du sens. Et je pense que quand on est jeune, c'est important. Plutôt qu'à 40 ans, faire un burn-out.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Je ne veux pas, dans ce podcast, je ne veux pas que des femmes qui ont fait des burn-out après 40 ans, mais je veux des jeunes femmes aussi qui font la promotion. Peut-être pas le bon terme.
- Speaker #1
Qui soient épanouies.
- Speaker #0
Des jeunes femmes qui ont décidé de vivre à la campagne et qui s'épanouissent, tout simplement. Est-ce que tu penses à une femme qui pourrait prendre la place, après toi, à ce micro ?
- Speaker #1
Donc très originale, je citerai ma mère puisqu'elle a tout quitté aussi en Alsace pour s'installer en Dordogne. Et c'est un autre schéma de vie dans le sens où à 57 ans, toute sa vie en ville, aller à la campagne, tu passes par d'autres mécanismes, je pense, grintes, obstacles, effectivement. Et elle est en train de se rendre compte que tout ce que je lui disais quand je lui disais « Tu vas vite rencontrer des gens, tu vas vite... » t'insérer, tu vas être connue pour ton métier dans ton secteur. Elle le vit aujourd'hui et je trouve ça intéressant de se rendre compte que ce que toi tu vis, une autre personne à qui tu as recommandé la chose le vit aussi et ça se passe bien.
- Speaker #0
Ton choix de vie à la campagne, définitif ?
- Speaker #1
Oui, même plus. Bientôt j'aurai des vaches, des cochons, tu viendras me voir, tu diras mince, dans quoi elle se met ? Dans la boue.
- Speaker #0
L'amour est dans le pré, je vous le dis.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
tu vas vite finir un de tes projets, tu verras. Exact. Les deux dernières, de quoi tu es la plus fière ou la plus heureuse depuis tous ces changements ?
- Speaker #1
Que mon entreprise se passe encore mieux qu'avant, d'avoir pu développer cette entreprise en étant dans un village de 200 habitants, en Dordogne, alors que les influenceurs qui réussissent sont parfois encore une fois en ville. Et ce qui me rendra le plus fière, c'est de... de terminer mes projets de ferme, de créer un lieu vraiment autour du bien manger. Et par contre, d'un point de vue qualité de vie, perso, changement de couple, changement d'amis, ça je suis extrêmement contente aussi. Et je répète, mais jamais je ne referai un retour en arrière. La qualité de vie que j'ai ici, je la souhaite à tout le monde.
- Speaker #0
Si ta maman, si Pauline était autour de cette table, ta famille proche était autour de cette table avec nous, à ton avis, qu'est-ce qu'ils te diraient par rapport à ce changement de vie, de territoire, etc. ?
- Speaker #1
Bravo, je pense qu'ils diraient bravo parce qu'arriver en campagne et être à son compte, C'est différent déjà que les gens qui arrivent en campagne et qui sont salariés. Il y a une certaine sécurité qui fait que, bon, tu as des changements de vie clairs ou pour faire tes courses, tu ne peux pas aller à pied acheter ta baguette, tu dois prendre ta voiture, c'est d'autres organisations. Mais quand tu as créé ta boîte, que tu es jeune, c'est extrêmement difficile déjà de pérenniser son activité. Alors que quand tu es en campagne et que tu es loin de tout et qu'il faut mettre 6 heures pour monter à Paris, c'est encore autre chose. Donc je dirais, je pense, bravo et félicitations pour eux. pour avoir opéré ce changement de vie et en plus en avoir fait un peu un succès.
- Speaker #0
Feu d'artifice. Comment on conclut ton podcast ?
- Speaker #1
C'est à moi que tu demandes ?
- Speaker #0
Oui. Non, je me parle à moi-même.
- Speaker #1
Assumez qui vous êtes. Ce n'est pas venez comme vous êtes, comme McDo, mais c'est assumez qui vous êtes. Assumez votre façon d'avoir envie de vivre. Et assumez qui vous êtes, même si vous avez des gens qui sont à l'opposé de vous d'un point de vue vestimentaire, valeur,
- Speaker #0
mode de vie,
- Speaker #1
conviction, conviction, toutes les convictions. Assumez qui vous êtes et vous ferez votre propre chemin et les gens vous seraient inspirés en fait. Quand on est pleinement aligné avec ce qu'on est, on est inspiré pour les autres.
- Speaker #0
On termine comme ça ? C'est bien, c'est beau. Maintenant, tu me dis au revoir.
- Speaker #1
Une punchline pour la fin.
- Speaker #0
Bon, alors, écoute, merci. Merci beaucoup. Merci, Constance. Avec plaisir. Je vais reprendre la voiture et partir sous la tempête. Peut-être que c'est le dernier podcast que je fais.
- Speaker #1
Ouais. Adieu, Sandrine. Je vous transmettrai ces cordes de tombe où il y a sa tombe.
- Speaker #0
Tu pourras récupérer mon pull.
- Speaker #1
Récupérer le pull de couleur. Je m'inscrirai toute seule à Peking Express.
- Speaker #0
Oh là là. Bon. Merci Constance, merci beaucoup.
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
A bientôt.
- Speaker #1
A bientôt.
- Speaker #0
Merci pour votre écoute. Merci d'être resté jusqu'au bout de notre échange. Et si vous voulez continuer à m'encourager et surtout à faire connaître le podcast, vous pouvez mettre 5 étoiles et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner à la chaîne de podcast. pour être notifié des nouveaux épisodes. Et si vous voulez faire partie de la communauté des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous à la newsletter. Soit vous m'écrivez sur lesnouvellesfillesdelacampagne.com, tout attaché en minuscules, ou vous me contactez sur les réseaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dévoile les coulisses des Nouvelles Filles de la Campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux épisodes, et plein d'autres surprises. Alors un grand merci et je vous dis à bientôt. Ciao !