- Speaker #0
Bonjour et bienvenue, je suis Sandrine Planck et vous écoutez les nouvelles filles de la campagne. Deux fois par mois, je vais à la rencontre de femmes qui, comme moi, ont changé de vie pour tenter l'aventure en ruralité. Ce qu'elles ont en commun ? Elles ont redoublé d'audace. Pourquoi ? Eh bien en allant vivre à la campagne, et comme si ça n'était pas déjà un sacré défi, elles ont changé de métier, développé une nouvelle activité, un projet, une passion, voire adopté un nouveau mode de vie. Grâce à nos échanges, je vous révèle tout de leur arrivée en ruralité, de leur projet de départ, leur intention, de leur nouvelle vie qui les a transformés, de leur joie et par moments de leur crainte. Je vous offre des témoignages motivants, rafraîchissants, qui vous feront, je l'espère, sourire, plaisir et peut-être vous donneront envie de sauter le pas ou simplement d'y réfléchir. Maintenant, je vous emmène dans ma campagne. Bonjour Claudine.
- Speaker #1
Bonjour Sandrine.
- Speaker #0
Ça va ?
- Speaker #1
Ça va bien.
- Speaker #0
Ça va mieux ?
- Speaker #1
Comme un lundi matin avec le soleil, ouais ça va mieux.
- Speaker #0
Parce que tout à l'heure elle m'a dit qu'elle était hyper stressée.
- Speaker #1
Oui, comme avant un entretien d'embauche.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, effectivement, c'était un peu comme un entretien d'embauche. C'est un peu comme un entretien d'embauche. Comme toutes les nouvelles filles de la campagne, je pense que tu vas commencer par te présenter, nous dire qui tu es. de qui est composée ta famille éventuellement, tu habites où, depuis combien de temps et où est-on ce matin ?
- Speaker #1
D'accord, alors je m'appelle Claudine, j'ai 53 ans, j'ai deux grandes filles de 28 ans et 21 ans, je vis avec mon mari depuis bientôt maintenant 30 ans, ça passe ! J'habite à Saint-Pardou-la-Rivière, dans un petit hameau. qui fait partie de Saint-Pardou-la-Rivière, qui est la Nougerette. Et là, on est dans mon arrière-boutique.
- Speaker #0
Et cette boutique, qu'est-ce que tu y fais dans cette boutique ? Qu'est-ce que tu vends dans cette boutique ?
- Speaker #1
Alors, dans ma petite boutique, au démarrage, c'était plus parti pour être une épicerie fine. Et au fil du temps, je m'aperçois que je travaille plus avec des producteurs locaux. Des producteurs pas locaux aussi, mais que des gens que je choisis. Et ce n'est pas forcément de l'épicerie fine. Mais ici, comme j'aime dire, on peut manger, boire, se laver, faire le ménage. L'épicerie, elle est vraiment dans le bourg, juste en face de la poste, à côté de la mairie. Donc vraiment dans le cœur du village, pas très loin de la place du marché. Super bien située.
- Speaker #0
Ok. Pourquoi m'avoir dit oui ? Pourquoi avoir eu envie ? de participer au podcast des Nouvelles Filles de la Campagne.
- Speaker #1
Alors déjà, je t'ai dit oui parce que, je ne vais pas te mentir, j'ai été très flattée que tu rentres en contact avec moi, déjà, en premier. Quand on a un projet comme ça, toute seule qu'on porte, on est quand même flattée de l'intérêt qu'on a pour nous, même si j'étais vachement surprise. Après, ça m'a permis de découvrir le podcast parce que je ne connaissais pas du tout les podcasts. Donc, tu es ma première fois.
- Speaker #0
Ça, c'est beau. C'est beau.
- Speaker #1
Et en plus, je suis super contente parce que je suis très attachée au boulot des femmes, à ce qu'elles font. Même dans la boutique, je travaille avec beaucoup de femmes. Et c'est bien que tu les mettes en lumière, toutes ces femmes, parce qu'il y en a un paquet qui sont quand même vachement couillues. Et quand j'ai écouté tous ces podcasts, comme je t'ai dit la première fois, je me trouve pas super légitime par rapport à tout ce qu'elles font.
- Speaker #0
Elles me disent toutes ça. Toutes. Elles me disent toutes ça. Oui, dis-moi.
- Speaker #1
Et donc je suis très très fière de faire partie des nouvelles filles de la campagne. Merci.
- Speaker #0
J'ai une autre question, tiens. Est-ce qu'il y en a une ? Si tu devais en garder une, ça serait laquelle ?
- Speaker #1
La chef d'orchestre, je ne sais plus son prénom, j'ai adoré.
- Speaker #0
Pourquoi ?
- Speaker #1
Parce que partir, revenir, s'investir comme ça sur son territoire, la culture c'est quelque chose qui n'est pas forcément facile pour les gens qui sont à la campagne, d'accéder à quelqu'un qui a vraiment des... Très très belles compétences musicales et qui se donnent. C'est même dommage qu'elles soient un peu loin pour moi. Mais voilà, ça m'a plu. Puis voilà, parce que moi, j'aime beaucoup la musique.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Mais après, il y en a plein d'autres. Elles sont toutes... Je n'ai pas tous les prénoms en tête, mais j'ai beaucoup aimé Lisa qui fait le miel. La dernière, je ne l'ai pas encore écoutée.
- Speaker #0
C'est Sabrina. Sabrina, qui est en Romain, pas loin d'ici.
- Speaker #1
Mais je crois que je l'ai croisée à la boutique, Sabrina. D'accord. J'ai vu que tu as pris tête sur... Sur les réseaux, je crois que je l'ai déjà vu à la boutique. J'ai beaucoup aimé l'avant-dernier qui vient de Belgique ou de Suisse.
- Speaker #0
Gaëlle.
- Speaker #1
Gaëlle.
- Speaker #0
Qui vient de Suisse.
- Speaker #1
Voilà, j'ai bien aimé.
- Speaker #0
C'est une sacrée nana.
- Speaker #1
Je les ai toutes aimées.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ça t'apporte le plus ? C'est ça ma question. Qu'est-ce que t'apporte le plus le podcast quand tu l'écoutes ? Peu importe la fille, mais qu'est-ce que t'en retires ?
- Speaker #1
Beaucoup de bienveillance, beaucoup de gentillesse, de la positivité. Et leur point commun, c'est le partage, en fait. Vraiment, c'est... Et puis ça fait du bien. C'est des belles choses, c'est des belles histoires. Et c'est surtout des gens vrais et proches. Tu vois, tu peux aller les toucher.
- Speaker #0
Ah oui, tu veux toucher les gens.
- Speaker #1
Je veux toucher les gens.
- Speaker #0
Très bien. Moi, je veux partir, je crois.
- Speaker #1
Non, mais je trouve génial qu'on puisse aller les rencontrer sur les marchés. Et tu vois, quand je suis rentrée en contact avec Lisa, quand on s'est parlé au téléphone, le fait de l'avoir entendue, j'ai l'impression de la connaître. Oui,
- Speaker #0
ça, c'est la magie du podcast.
- Speaker #1
C'est génial, c'est passé
- Speaker #0
Donc là tu viens de me dire pourquoi tu m'as dit oui Qu'est-ce qui t'a donné envie aussi de participer au podcast Tu viens de te présenter Moi j'ai besoin Enfin nous avons besoin Avant de rentrer dans ton projet Et ton installation sur le territoire J'aimerais bien que tu nous racontes Brièvement Ou tu nous racontes comme tu en as envie D'où tu viens De quel territoire tu viens Et ton parcours un peu professionnel sur ces dernières années. Alors pas depuis 1982, s'il te plaît. Mais voilà, d'où tu viens ? Qu'est-ce que tu as fait comme métier avant d'arriver en ruralité et d'avoir cette épicerie ?
- Speaker #1
Alors moi je viens, j'ai grandi à Montargis qui est une petite ville de province dans le Loiret et après la plus grande partie de ma vie je l'ai faite en Seine-et-Marne. J'ai rencontré mon mari et donc on habitait en Seine-et-Marne. Notre particularité quand même c'est qu'on n'a jamais habité des grandes villes en fait. Moi j'ai toujours habité des petits villages autour de villes assez plus ou moins grandes mais on a toujours été des gens de la campagne quoi en fait. Mon travail, je suis une assistante depuis toujours, donc administrative, commerciale, une assistante de TPE. Voilà, qui se noie dans la paperasse. Et je n'en pouvais plus de tous ces papiers pour tout te dire. D'où ce changement de vie.
- Speaker #0
Pendant toute ta carrière, à chaque fois des postes comme ça, d'assistante, tu rebondissais d'un poste à un autre ?
- Speaker #1
Toujours. J'ai toujours été une assistante. Toujours, toujours, toujours. Mais c'est ma vie en fait, tu sais. Quand tu es maman, tu es l'assistante de tes enfants, tu es l'assistante de ton mari, tu es l'assistante de tes parents.
- Speaker #0
Et là, tu voulais peut-être changer justement cette posture, ne plus être l'assistante, mais être la bosse.
- Speaker #1
Oui, ça fait longtemps que j'avais ce projet-là dans ma petite tête. Et il y a un moment, c'est le moment. Il ne faut pas rater ce moment.
- Speaker #0
Tu disais que tu vivais quand même en campagne, des campagnes proches des villes, en Seine-et-Marne. Elles ressemblaient à quoi ces campagnes ? Est-ce que c'est quand même finalement un peu similaire à ce que tu as trouvé ici ? c'est C'est pas la même campagne ?
- Speaker #1
Alors c'est pas du tout la même campagne. En Seine-et-Marne, on habite un tout petit village, on était 650 habitants à peu près. Mais quand tu habites un village proche de grandes villes, ce sont des villages dortoirs. Donc sans aucun commerce, où les gens partent le matin très tôt, vont travailler loin, rentrent le soir tard. Donc on n'est pas du tout du tout dans la même vie de village. et c'est vrai qu'après quand tu vit dans un village et que tu y travailles aussi, ça n'a quand même plus du tout la même dimension. T'as plus l'impression de faire partie de la vie du village, en fait.
- Speaker #0
Tes enfants, tes filles, tes filles, elles ne vous ont pas suivies si elles étaient déjà grandes. Elles sont restées là-bas. Est-ce que ça c'est un... Je pose la question maintenant, elle n'a peut-être pas sa place maintenant, mais c'est pas grave, elle me vient. Est-ce que... Pour toi, ça peut être un regret de ne pas avoir opéré ces changements de vie au global, que ce soit de métier ou de territoire, avant, pour emmener tes enfants avec toi, voire même leur faire découvrir ce type de vie.
- Speaker #1
Alors oui et non, tu vois c'est bizarre. Oui parce que nous c'est un projet qu'on a depuis très longtemps avec mon mari de repartir en province en fait mais la vraie province tu vois pas la vie de village autour de grandes villes. Pour moi la province il faut être loin loin de Paris, loin de Bordeaux, loin de Lyon c'est tout ce qui est à plus de 100 km. Et on a eu plusieurs occasions ça n'a pas pu se faire donc c'est que c'était pas le moment. Mais je ne te cache pas, oui, c'est le seul bémol dans mon projet, c'est que je n'ai pas mes filles avec moi. Et ça, ça me manque terriblement. Mais la grande ne devrait tarder.
- Speaker #0
Oui, ça veut dire à s'installer ici ?
- Speaker #1
Oui, oui. Et puis la petite, elle est en plein dans ses études. Enfin, la petite qui me regarde en regardant en bas. Mais elle, elle est en plein dans ses études, donc elle aspire à voyager. Et pour me rassurer, elle m'a dit, t'inquiète maman, quand vous serez vieux, je serai là.
- Speaker #0
D'accord. Tu te vends du rêve, quoi.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Ça marche. Sur ta vie d'avant, est-ce que tu as envie de nous dire autre chose ? Tu as dit que c'était un projet, enfin, vous aviez envie de vous rapprocher de la vraie campagne. Depuis combien de temps ?
- Speaker #1
Ah, mais moi, depuis que j'ai 20 ans, en fait. Donc, tu vois, ça fait longtemps maintenant.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui peut empêcher une famille, une femme de partir, finalement ? Alors... T'as envie d'avoir envie, pourquoi on n'y va pas ? Aujourd'hui,
- Speaker #1
le projet tel que je le mène, si j'avais des enfants en bas âge, vu que je suis à 300% dans mon projet, ça serait très très compliqué. Je sais pas être... Je suis pas tellement dans la demi-mesure quand je fais quelque chose. Donc là, ça serait vraiment compliqué d'avoir des enfants à gérer au quotidien, etc. Donc j'ai été 300% maman, avec mon boulot à côté. Mais là, je suis vraiment clos. Toi ?
- Speaker #0
Moi. D'accord.
- Speaker #1
C'est à mon tour.
- Speaker #0
Oui. Vraiment, là, c'est ton moment, ta vie, ton projet. Oui. Et 300% tout pour toi. Oui. Donc, finalement, ça, c'est bien... Pas de regrets là-dessus ? Non.
- Speaker #1
Hormis les enfants,
- Speaker #0
mais...
- Speaker #1
Bon timing. Franchement, très, très bon timing. Et en fait, moi, le déclic, ça a été en 2018 à peu près. On a notre fille Eva qui est partie un an à Stuttgart faire sa seconde. notre grande qui, elle aussi, est partie pendant un moment de la maison. Et on s'est retrouvées dans notre maison comme deux cons et que mon mari, je n'ai pas d'autres mots, mais vraiment, ça fait vraiment bizarre, tu sais, quand tu as une maison qui est remplie de vie, de cris, joyeux et pas joyeux des fois.
- Speaker #0
Oui, je le dispute, je vois vie,
- Speaker #1
quoi. Et tu te retrouves à deux, donc tu kiffes, mais tu te dis, là, comme ça, tout le temps, ça ne va pas être possible, quoi. Tu vois, tu... tu te retrouves dans une certaine routine.
- Speaker #0
Et retrouver du temps pour toi. Est-ce que tu n'aurais pas pu finalement, en retrouvant du temps pour toi, te consacrer à 300% pour toi là-bas ?
- Speaker #1
Moi, je n'avais plus envie là-bas en fait. Je n'avais plus envie, trop proche de la ville, des gens vivant à la campagne, mais pas kiffant en fait, la campagne. Je ne sais pas comment... Tu sais, c'est des gens qui aiment la campagne, mais qui ne veulent aucun désavantage de la campagne.
- Speaker #0
D'accord. Comme quoi ? Un exemple ?
- Speaker #1
Devoir prendre sa voiture pour aller faire ses courses, être dérangée par le bruit des tondeuses.
- Speaker #0
Des coques.
- Speaker #1
Des coques. Tu vois, ce genre de choses. Moi, j'aime vraiment...
- Speaker #0
La vraie ruralité.
- Speaker #1
La vraie ruralité, ouais.
- Speaker #0
Et excuse-moi, du coup, je t'ai coupée. Donc, tu as parlé du déclic. Donc, les filles qui partent, vous vous retrouvez comme des cons, c'est ça ?
- Speaker #1
Alors, ce n'est pas vraiment le bon mot comme des cons. Tu l'as dit. Oui, je sais. Mais je me suis dit, c'est le moment, c'est ton moment, Claude. Tu as toujours été la maman de, la femme de, la fille de, la soeur de, l'assistante de.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et moi, ça faisait vraiment longtemps que j'avais envie de créer ma petite entreprise. Pour être tout à fait honnête avec toi, au démarrage...
- Speaker #0
Honnête.
- Speaker #1
Je vais être honnête. C'était plus dans ma spécialité. Tu vois, me mettre à mon compte dans tout ce qui pouvait être assistante.
- Speaker #0
Oui, tu l'aurais pu le faire à distance. Pour les plus délicates,
- Speaker #1
le faire à distance, tranquille.
- Speaker #0
En digital, maintenant, c'est facile.
- Speaker #1
Même chez moi, tu vois, de mon canapé. Moi, j'ai télétravaillé pendant des années. D'accord. Bien avant le Covid.
- Speaker #0
C'est vrai ? Oui,
- Speaker #1
j'ai trop kiffé.
- Speaker #0
Tu voulais être honnête, donc me dire que ce n'était pas forcément ça le projet de départ. Enfin, le projet. Enfin, ce n'était pas forcément là où je suis, là maintenant, le projet. Tu aurais pu être assistante de... Oui. tout le monde...
- Speaker #1
à distance en venant vivre ici et alors qu'est ce qui s'est passé j'avais plus envie d'être assise derrière un bureau en fait ça commençait vraiment à me cet enfermement alors je dis pas qu'après là je suis pas enfermé 1 mais c'est pas la même chose de devoir aussi composé toujours avec ce monde professionnel où je me retrouvais vraiment plus en fait. Moi j'ai un grand principe de vie, c'est soyons responsables sans se prendre au sérieux. Et aujourd'hui les gens se prennent trop au sérieux, mais ils ne sont pas forcément responsables dans ce qu'ils font dans leur boulot. Et ça ne me collait plus en fait, ça ne me collait plus. Donc il a fallu faire pif paf,
- Speaker #0
pouf,
- Speaker #1
pouf. Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que j'aime ? Qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Quelles sont mes aspirations ? Et qu'est-ce que j'aime dans la vie ? J'aime manger, j'aime boire, j'aime les gens, j'aime discuter, j'aime écouter. Il me restait quoi ? Le commerce. Ça a paru comme une évidence. Je me suis dit, je n'ai pas 36 000 solutions pour faire ce que j'ai envie de faire, tout ce que j'aime.
- Speaker #0
Parce que là, tu as deux déclics en fait. Ton histoire est hyper intéressante. par ta maturité, pour pas dire ton grand âge, ta maturité et expliquer le process avec les enfants quand ils partent, etc. Donc ça c'est hyper intéressant, ça peut donner le déclic à d'autres femmes de notre âge. Et tu as ce déclic, en même temps, est-ce que tu as le déclic de partir pour aller vers une vraie campagne, et le déclic de changer de boulot ? Tout ça se fait en même temps ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
t'es en même temps donc ça crée la ménopause en même temps ou pas ?
- Speaker #1
non pas du tout en plus mon corps il a encore l'impression qu'il a 25 ans pour tout te dire donc il me fatigue parce que là ça fait beaucoup de choses en même temps ouais mais je suis pas dans la demi-mesure tu sais et puis pendant le Covid en fait ben
- Speaker #0
ça a mûri et mon projet s'est affiné mais c'est reaffiné après donc premier projet je vais être assistante non finalement je veux plus Deuxième, il me semble, donc c'est cette petite vidéo que tu m'as partagée, vu qu'on a commencé à converser sur les réseaux. Petite vidéo, il me semble bien, je vais le dire, il n'est plus rectifié, je me trompe. Tu voulais avoir un commerce ambulant. Oui. C'est ça ? Oui. Donc un commerce ambulant, c'est une petite camionnette, c'est ta fête là, qui parcourt les villages pour aller à la rencontre des gens et leur permettre d'acheter des produits. C'est ça ? Oui. On t'écoute. Vas-y, dis-nous tout.
- Speaker #1
Mon premier projet, je me voyais partir sur les routes avec ma petite camionnette, mes produits, ma musique, toujours la musique. Et puis m'installer dans les villages en proposant en même temps de l'assistance administrative quand même, parce que je sais que ce n'est pas évident pour les gens de faire des démarches, etc.
- Speaker #0
Tu faisais la poste en même temps.
- Speaker #1
Oui, je faisais un peu France Service, tu sais. Et puis les rencontres ont fait que j'ai adapté mon projet. aux personnes qui m'ont donné envie de me poser, en fait. Donc, encore, pirouette, cacahuète, adaptation.
- Speaker #0
Et est-ce qu'aussi, je mets les deux pieds dans le plat, quand après tu as une connaissance du territoire ici et au vu des distances, est-ce que tu ne t'es pas dit aussi, ça va être chaud en termes de mobilité, de trajet et de budget gasoil, essence ou je ne sais quoi, parce que c'est un gros...
- Speaker #1
On dirait que là, c'est pareil. La rencontre que j'ai faite, je vous en reparlera après, mais sur Saint-Pardou-la-Rivière, je pense qu'elle est arrivée aussi au bon moment. Parce que, comme tu dis, les frais de gasoil, tout a augmenté quand j'ai commencé à m'installer. Donc ça, ça a été le bien dans mon projet.
- Speaker #0
Finalement, tu as pris le virage de ce nouveau projet. Tu as eu cette opportunité. Ce qui t'a fait ? Oui,
- Speaker #1
mon projet. Adaptabilité.
- Speaker #0
Très bien, madame. Donc là, on est passé sur les déclics. On a tout dit, je pense, sur les déclics. Déclics pour venir ici. Est-ce que tu aurais quand même plus... Tiens, j'ai une question. En fait, je pose plein de questions qui ne sont pas écrites. Est-ce que, même si tu n'avais pas eu de projet professionnel abouti, est-ce que tu aurais quand même déménagé ? Est-ce que toi et ton mari, vous seriez quand même venu vivre dans cet environnement ? Ah oui. En projet pro.
- Speaker #1
Oui, complètement.
- Speaker #0
C'était plus fort alors ? Oui. Le changement de territoire était plus fort que le changement de métier ? Oui.
- Speaker #1
Vraiment un besoin de se retrouver, comme je te disais, dans la vraie campagne. Et puis proche, proche de la forêt. Je crois que je suis une femme de la forêt.
- Speaker #0
Maintenant que tu le dis, maintenant que je te regarde, c'est vrai.
- Speaker #1
Non, ça me fait vraiment du bien. Les arbres, ce bruit, c'est calme. C'est bruyant et c'est calme, en fait, la forêt, tu vois. Parce qu'il y a toujours du bruit dans la forêt. Mais c'est jamais les mêmes bruits. Et puis les gens, ils sont tellement différents.
- Speaker #0
Alors qu'est-ce qu'il y a de différent, justement, sur les gens ?
- Speaker #1
Ils sont loin de gros problèmes que peuvent générer toutes ces grandes agglomérations. Les gens n'ont jamais le temps, ils courent tout le temps. Tu ne sais pas après quoi, mais ils courent tout le temps. La pollution, le bruit permanent, et ce n'est pas des jolis bruits, les voitures, les klaxons. Moi, je... Non. Inimaginable. Moi, tu me mets au milieu de Paris, non. D'ailleurs, la dernière fois que j'y suis allée, c'était pour mon projet. Je ne suis pas prête d'y retourner.
- Speaker #0
Je t'écoute et j'ai perdu mon truc. Du fait que le changement de territoire était plus fort que le déclic, tu m'as dit les gens. Les gens sont vraiment très différents. On était partis là-dessus. Moi, je me demande aussi pourquoi vous avez choisi Saint-Pardou-la-Rivière. Alors,
- Speaker #1
quand on a réfléchi à ce projet avec mon mari, ce n'est pas compliqué, on a pris une carte de la France.
- Speaker #0
Attention, ce projet. De changement de territoire ou ce projet professionnel ? Ou les deux mixés ?
- Speaker #1
Les deux mixés. On a pris une carte de la France. On a dit trop froid, trop machin, trop de monde, trop cher, trop près de la mer. Donc, il nous restait vraiment une zone...
- Speaker #0
Restait Saint-Pardou.
- Speaker #1
Il restait une zone pas très grande, en fait. On avait choisi la Dordogne, le Lot, la Corrèze, la Haute-Vienne, la Vienne et la Charente.
- Speaker #0
Pour la forêt ?
- Speaker #1
Alors la Charente, pas trop. Parce que la Charente, c'était surtout parce qu'on avait des amis, on a des amis qui ont déménagé en Charente. On s'est dit, tiens, pourquoi pas ?
- Speaker #0
Et après, ils ne sont plus amis, donc... Si,
- Speaker #1
toujours. Mais la Charente, je suis désolée pour les Charentais, mais ça n'a pas été le coup de cœur pour moi. Et avec mon mari, on est arrivés du côté de Nontron. Et ça a été... Alors ça va choquer les gens qui connaissent Nontron. trop. Mais moi, ça a été un coup de cœur. Pour moi, c'est une ville endormie. Elle n'attend que le réveil.
- Speaker #0
Comme la belle au bois dormant.
- Speaker #1
Comme la belle au bois dormant. C'est vachement joli avec cette ville sur plusieurs niveaux.
- Speaker #0
Je ne suis jamais allée.
- Speaker #1
Ces petites rues. Après, voilà, oui, je sais, tous les commerces sont fermés, tout a été excentré, etc. Mais ça ne demande qu'à revivre. Et donc, avec mon mari, on a fait le Périgord Vert en long, en large et en travers. Et donc, on s'est dit, ça sera ici. Et c'est là où j'ai attaqué avec ma petite vidéo, ma prospection des communautés de communes.
- Speaker #0
Tu l'as encore cette vidéo ?
- Speaker #1
Ah ouais,
- Speaker #0
toujours. C'est très rigolo qu'on la partage. Et puis,
- Speaker #1
ça a été quand même des sacrées crises de rire.
- Speaker #0
Pour faire la vidéo ?
- Speaker #1
Ah ouais, c'était avec ma fille, ma grande fille et sa meilleure amie. On a bien rigolé quoi.
- Speaker #0
Mais je vais reprendre l'expression que tu as dit tout à l'heure, c'était assez couillu aussi cette petite vidéo.
- Speaker #1
Ouais, c'est vrai, maintenant avec le recul, je me dis quand même, ouais, j'ai quand même osé. Mais je me suis mise à la place des personnes qui reçoivent tous les projets
- Speaker #0
Avant de dire ça, avant d'aller plus loin, est-ce que tu peux dire ce que c'est que cette vidéo ? Et pourquoi tu l'as faite ?
- Speaker #1
Alors en fait j'ai fait une vidéo de présentation de ma petite personne De là où je vis, de qui je suis et de mon projet en fait Et j'en parle dans mon jardin, dans la campagne d'où je viens Et c'est un format qui m'a paru assez évident quand j'ai commencé à réfléchir à comment j'allais aborder...
- Speaker #0
Parce que l'objectif avec cette vidéo, c'était ?
- Speaker #1
D'interpeller les communautés de communes, les maires, pour leur présenter mon projet, en fait. J'ai fait mon...
- Speaker #0
Et là, on était sur le commerce ambulant ?
- Speaker #1
On était sur le commerce ambulant, ouais.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et je suis assez contente parce que ça a bien fonctionné. Mais j'avais vraiment un peu peur au démarrage d'être pas prise au sérieux. Et je me suis rendue compte que ça a été tout le contraire en fait. Je te raconterai après quand même le coup de fil que j'avais eu de quelqu'un qui était mort de rire.
- Speaker #0
On était sur Saint-Pardou-la-Rivière. Mais Saint-Pardou, si je ne me trompe pas, c'est aussi parce que le projet professionnel s'est déclenché rapidement. Oui, complètement. Avec une rencontre. Tu veux nous en parler maintenant ?
- Speaker #1
Ah mais je veux bien.
- Speaker #0
Allez, vas-y, on t'écoute là-dessus.
- Speaker #1
Alors, donc ma petite vidéo, je l'ai envoyée à cinq communautés de communes, je crois, à peu près, de mémoire. Et la première communauté de communes qui m'a contactée, ça a été la communauté de communes du Périgord-Nontronais, Thierry Pasquet, qui m'a contactée immédiatement, dix minutes après.
- Speaker #0
Oui, dix minutes après la publication.
- Speaker #1
Je lui ai envoyé, dix minutes après, il m'a appelée. Et c'est comme ce matin, tu vois.
- Speaker #0
t'as pas l'air très stressée excuse-moi mais c'est dedans
- Speaker #1
Thierry m'a contactée on a échangé par téléphone il avait peu de temps après un événement à la maison de l'Aquitaine sur Paris qui s'appelle Oser le Périgord autrement il m'a dit j'y serai, venez on se rencontre en plus à l'époque toi t'étais pas très loin t'avais pas encore déménagé t'as osé le Périgord le métro tout ça donc je suis allée à Oser le Périgord autrement J'invite d'ailleurs les porteurs de projets à se rapprocher de ces maisons comme ça. Là, c'est la maison de l'Aquitaine sur Paris. Et c'est hyper intéressant parce qu'on rencontre des porteurs de projets. Donc, ça permet d'échanger sur plein, plein de choses, de se donner des tuyaux. Il y a aussi des élus. Donc, ça aussi, c'est vachement important parce que s'ils viennent, ils ne viennent pas juste faire du tourisme sur Paris. Ils viennent vraiment pour aller à la rencontre de... porteurs de projets, donc ils sont vraiment intéressés. Et donc là, ça a été...
- Speaker #0
En fait, ils viennent chercher des profils et des projets pour repeupler notre belle ruralité. Nontron devrait y aller.
- Speaker #1
Mais Nontron y va, puisque c'est là où j'ai rencontré Thierry.
- Speaker #0
D'accord, il faut juste qu'il y ait plus de projets et de profils comme toi. Donc alors, vas-y, je te laisse continuer. Donc tu vas là-bas.
- Speaker #1
Donc je rencontre Thierry Pasquet. J'ai rencontré aussi Valérie, alors que je dis, c'est pas de bêtise, commun de Périgord Développement, qui elle aussi, non c'est Initiative Périgord, je ne sais plus lequel des deux, mais tu sais, ils sont liés, il y en a un c'est pour les projets, l'autre c'est plus pour le financement. Donc je ne sais plus de quel côté elle était, elle. Et elle m'a contactée, je m'en souviendrai toujours. Elle venait de lire, de regarder ma vidéo, et je décroche mon téléphone et j'entends quelqu'un qui était mort. de rire. Mais quand je te dis mort de rire, elle rigolait encore de ma vidéo. Et en fait, c'est juste parce qu'elle avait été très, très surprise de ma manière de l'aborder,
- Speaker #0
que c'était la première fois qu'elle reçoit ce type de contenu. Cette démarche.
- Speaker #1
Donc j'étais contente parce que c'était un peu le but, tu vois, d'interpeller les gens.
- Speaker #0
De faire autre chose, de différent.
- Speaker #1
Un peu différent. Et puis je trouve que c'est bien le format vidéo, ça permet déjà, on voit ta tête, qui tu es.
- Speaker #0
Ça dépend pour qui. Des fois ça peut servir, des fois ça peut desservir. Mais pour ça, il y a le podcast.
- Speaker #1
On t'entend,
- Speaker #0
on ne te voit pas, des fois c'est mieux. Oui,
- Speaker #1
ça peut être pas mal aussi.
- Speaker #0
Tout le matin de bonheur.
- Speaker #1
Et donc je les ai rencontrés sur Paris. Et puis Thierry m'a parlé de la commune de Saint-Pardou-la-Rivière. Il m'a mis en relation avec Madame la Mère. J'aime bien dire Madame la Mère.
- Speaker #0
On dit Madame la Mère ou Madame le Maire ?
- Speaker #1
Alors ici, elle s'en fiche un petit peu. Mais moi, j'aime bien dire Madame la Mère. D'accord.
- Speaker #0
La maman de Saint-Pardou, la mère ?
- Speaker #1
C'est la chef du village.
- Speaker #0
Ouais, comme dans Astérix. Voilà,
- Speaker #1
moi j'aime bien l'appeler comme ça, la chef du village.
- Speaker #0
Ok. Et donc c'est comme ça que ça s'est fait ? Donc ça s'est fait hyper rapidement ?
- Speaker #1
Hyper rapidement. Vraiment. C'est pour ça que quand je te dis, quand c'est le moment, c'est le moment.
- Speaker #0
Donc là, c'était le moment.
- Speaker #1
C'était le moment parce qu'on avait mis notre maison en vente au mois d'août. Au mois d'octobre, je vais à...
- Speaker #0
Oser.
- Speaker #1
Périgord. Au mois d'octobre, on signe le compromis de vente de notre maison. Au mois de novembre, je rencontre Sylvie. Et en février, on arrive.
- Speaker #0
C'est incroyable quand même. C'est un petit peu pouf. Ok.
- Speaker #1
Mais c'est bien ! Ça évite de trop se poser de questions.
- Speaker #0
J'allais te dire en même temps, ça évite de trop réfléchir.
- Speaker #1
Et pour moi, c'est bien quand ça va vite. Parce que c'était bien mûri avant. Tu vois, c'est pas le truc qu'on a choisi comme ça sur un coup de tête. Moi, dans ma tête, il y avait plein de choses qui étaient déjà préparées, que j'avais réfléchies. Même si après, t'as beau y réfléchir, il y a plein de choses qui changent.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Mais après, quand les choses s'enchaînent, ça te permet d'avoir moins peur. Et de moins me poser de questions.
- Speaker #0
C'est marrant parce que justement, j'allais te dire, est-ce que tout d'un coup, tu n'as pas eu peur à un moment donné ? Tu vois, pour les femmes qui nous écoutent et qui pourraient avoir des intentions comme les tiennes, quand ça s'est mis en place assez rapidement, est-ce que tout d'un coup, tu n'as pas eu peur ? Tu t'es dit, non mais finalement, qu'est-ce que je fais ? Non,
- Speaker #1
parce que j'étais hyper contente de ce projet en fait. Et puis quand tu es dans l'action, la peur, c'est un moteur. C'est pas un frein.
- Speaker #0
C'est souvent ce que j'explique à mes filles, quand elles me disent « ouais j'ai peur » . Non, c'est pas la peur, ça va être de l'appréhension. La peur, c'est voilà, tu peux avoir peur en voiture parce que tu as eu un accident, ça c'est de la peur. Mais là c'est de l'appréhension, c'est un bon stress, c'est moteur.
- Speaker #1
Ouais c'est driver. Enfin il faut passer une étape quand même, non ? Tu penses pas qu'il y a pas un petit truc quand même à...
- Speaker #0
J'étais prête en fait. Ok. J'étais prête et puis je me suis toujours dit au pire des cas. au pire des cas, je joue pas ma vie tu vois ce que je veux dire ? c'est pas une opération à coeur ouvert la vie de personne en dépend ça marche c'est top ça marche pas,
- Speaker #1
je refais un CV et je retourne travailler ce changement qui est important chez toi puisque vous avez fait changement professionnel, changement d'environnement est-ce que tu penses qu'il est plus simple à faire à 25 ans ou à justement cette cinquantaine épanouissante ?
- Speaker #0
Je ne sais pas s'il y a un bon âge, je dirais, chacun le vit, tu vois, chacun a son moment. Et en fait, je pense qu'il faut sentir son moment. À 25 ans, c'est complètement différent parce que tu as moins d'expérience. Tu vois ce que je veux dire ? Moi, à 53 ans, je suis arrivée, j'avais la cinquantaine. Déjà, je n'avais plus d'enfants en bas âge. Donc tu vois, toute cette logistique, quand on a déménagé à Saint-Aul, quand on avait nos enfants en Seine-et-Marne, ma première question c'était, est-ce qu'il y a une école, est-ce qu'il y a une périscolaire, est-ce qu'il y a des médecins, est-ce qu'il y a ci, est-ce qu'il y a ça ? Là aujourd'hui, qu'il y ait une école ou pas d'école, c'est un peu le cadet de mon souci. Quoique, non, parce que quand il y a une école dans un village, c'est un village qui vit. Donc si quand même, mais pas pour les mêmes raisons.
- Speaker #1
Oui, mais il y a quand même... il y a beaucoup moins de contraintes il y a beaucoup moins de contraintes tu voyages léger en fait tu voyages léger donc finalement ce que tu as envie de dire c'est quand même aux femmes de 50 ans d'opérer ce genre de changement c'est super cool parce qu'il y a moins de il y a moins de bagages,
- Speaker #0
moins de contraintes moins d'obligations mes filles si elles m'entendent, les bagages,
- Speaker #1
elles vont être contentes les bagages super je me suis amie à d'autres très bien Est-ce que tu as autre chose à dire là-dessus, sur ce qu'on vient d'évoquer, sur le déclic du projet, sur l'installation, enfin en tout cas sur les gens qui t'ont porté ?
- Speaker #0
Alors sur l'installation, seule, ça aurait été très très compliqué parce que nous on est arrivés, on n'avait pas acheté de maison. Et comment dire que dans le Périgord, le locatif c'est hyper compliqué. Surtout que nous on est quand même venu avec nos deux toutous, on n'est pas venu non plus tout léger.
- Speaker #1
Tu vois que tu avais des bagages.
- Speaker #0
Moi j'avais des bagages.
- Speaker #1
Tu dis sur le Périgord, est-ce que tu penses que c'est la ruralité au global où il n'y a pas forcément beaucoup de location parce qu'on est plutôt habitué à acheter etc.
- Speaker #0
Oui je pense que ça doit être sur la ruralité en général. Oui,
- Speaker #1
enfin la vraie ruralité.
- Speaker #0
La vraie ruralité où tu vois un village comme Saint-Pardou-la-Rivière, il y a très peu d'offres locatives, il y a quand même pas mal de maisons secondaires et les gens achètent plus facilement quand même. que de la location. Donc, heureusement...
- Speaker #1
Où les gens ne mettent pas beaucoup de leur maison en location. Certains qui ont des propriétés qu'ils ne veulent pas. Donc ça, c'était un souci en arrivant ? Oui,
- Speaker #0
heureusement, le très bon relationnel que j'ai eu avec Sylvie Gouraud au démarrage, ça vraiment nous a permis, elle nous a accompagnés, elle nous a permis de trouver une location en attendant qu'on trouve...
- Speaker #1
L'urgence, elle était dans l'ouverture de la boutique ?
- Speaker #0
Oui. Je voulais pas rater la saison en fait, donc on est arrivé au mois de février et j'ai ouvert le 11 juin 2022.
- Speaker #1
D'accord, super rapide.
- Speaker #0
Donc super rapide, il a fallu dépenser beaucoup d'énergie à ce moment-là.
- Speaker #1
Entre temps, t'as un changement finalement grâce à ces rencontres, t'as un switch de projet qu'il te convient bien, mais alors tu dois tout réimaginer.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Comment t'as fait ? Concrètement, comment tu as fait en disant, je vais avoir une épicerie, je veux des produits locaux, je veux vendre des bonnes choses, etc. Là, tu fais comment ? Concrètement, comment tu fais ? C'est qui, par exemple, la première personne que tu as rencontrée pour vendre des produits dans ta boutique ? Je veux un peu savoir ça. Tu as deux minutes.
- Speaker #0
Alors, deux minutes. Hop, hop, hop. Alors déjà, la boutique, quand je l'ai visitée, je me suis dit top. Franchement, j'ai aimé les poutres, les pierres, je me suis dit ça, ça me plaît bien. C'était une belle boutique traversante, donc j'arrivais bien à me projeter dedans. Et ça, c'est vachement important, pour moi, quand je rentre dans un lieu, de me sentir à ma place, comme j'aime dire. Et puis après, je me suis amusée à faire comme les carnets de Julie, un peu, tu vois. Je disais en déconnant, qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? Moi, je vais faire Julie. Parce que j'adore son émission. Écoute, c'est quand même le kiff, elle ne fait que manger.
- Speaker #1
Et elle n'est même pas grosse. En plus,
- Speaker #0
ça énerve.
- Speaker #1
Moi, je ne l'aime pas.
- Speaker #0
Jalousie. Donc ma première démarche, ça a été d'aller à la rencontre des producteurs. Parce que je tenais vraiment…
- Speaker #1
Sans connaître le territoire, puisque là tu es à peine arrivée, comment tu fais ?
- Speaker #0
Alors, je fais déjà avec Sylvie, pareil, qui me donne quand même quelques contacts.
- Speaker #1
Tu l'as adoptée Sylvie ?
- Speaker #0
Oui, je l'ai adoptée.
- Speaker #1
Sylvie par-ci, Sylvie par-là.
- Speaker #0
Mais non, mais c'est aussi pour dire que c'est important d'être accompagnée par quelqu'un du cru. Quand t'arrives. Moi, je reste persuadée que ça te facilite la vie, ils connaissent le territoire. En plus, c'est la mère de la commune, ancienne commerçante. Donc, tu vois, il y a plein de choses où elle a pu m'épauler, me guider et me rassurer.
- Speaker #1
Et ça a dû certainement aussi t'aider à aller plus vite. Oui.
- Speaker #0
Plus vite, oui. Après, j'ai pris, comme tout un chacun, Internet.
- Speaker #1
et sur internet il y a internet à Saint-Pardoulière et on a la fibre il y a internet à la campagne et on a la fibre,
- Speaker #0
truc de dingue tu as plein de comment dire de catalogue,
- Speaker #1
de référencement plateforme qui centralise tous les producteurs t'as trouvé ça ?
- Speaker #0
après j'en ai rencontré aussi qui m'ont énormément facilité la vie Et là, je vais citer Manu de la Brasserie de la Nauvée, qui est un ancien directeur d'une grosse association sur le bio. C'est moche à dire ce mot.
- Speaker #1
Tu as dit bio, moi je voyais un bio de boucher qui découpe. J'ai une association sur le bio.
- Speaker #0
Donc Manu Emmanuel, qui est l'ancien président d'une grosse association bio, pour le bio.
- Speaker #1
biologique,
- Speaker #0
biologique. Et maintenant, qui a ouvert sa brasserie depuis 2019, si je ne me trompe. Il est sur Bergerac. Et il a un carnet d'adresses juste phénoménal. Il m'a donné plein, plein de contacts. Et j'ai aussi rencontré, mais j'ai mangé son nom, je ne m'en souviens plus. Je suis allée au Quai Cyrano à Bergerac. Et j'ai rencontré une jeune femme qui fait la promotion des vins. du Bergeracois, donc je suis allée jusque là-bas, c'est un lieu magnifique, chargé d'histoire, très très beau. Et pareil, il m'a donné pas mal de contacts. Et en fait, tu vois, c'est comme ça, les choses s'enchaînent et tu rencontres quelqu'un qui te donne le contact qui te manque et tout s'est fait comme ça, mais en fait hyper vite. Et c'est vraiment ce que je cherchais dans mon projet parce que j'aurais pu faire... Complètement différemment, aujourd'hui tu as des grandes plateformes qui nous sollicitent énormément, nous les petits commerçants. Comme Encore Store, FAIR, ce sont des grandes plateformes Amazon pour moi, donc je boycotte.
- Speaker #1
Et pour distribuer des produits ?
- Speaker #0
Oui, mais forcément ils commissionnent les producteurs, t'imagines bien. Ou alors ils vendent les produits beaucoup plus chers. Donc j'ai vraiment pris un plaisir fou.
- Speaker #1
à rencontrer, à voir leur production. Donc c'est comme ça que tu fonctionnes. Aujourd'hui, tu déniches des pépites de producteurs,
- Speaker #0
d'artisans,
- Speaker #1
etc.
- Speaker #0
Je suis super contente.
- Speaker #1
Maintenant, ils viennent à toi. Puis après le podcast, ça va être incroyable. In the world. Je comprends. Il y a donc cette rencontre humaine et après... Tu goûtes tous les produits ? Tout.
- Speaker #0
Donc j'ai pris 10 kilos en deux ans.
- Speaker #1
C'est bien. Il y a avant et après.
- Speaker #0
Il y a la clôt au début et la clôt après. Mais je goûte tout, ouais. C'est important pour moi de donner mon avis. Puis c'est toujours dans le partage, en fait. Et puis je pense que quand tu vends quelque chose qui se mange, c'est important de l'avoir goûté, quoi.
- Speaker #1
Alors, si on reprend le fil de cette trame de conversation qu'on n'a absolument pas suivie, mais c'est pas grave, on a déjà pas mal parlé de choses. Alors, j'ai une question hyper importante. Alors, quels ont été ou qu'elle a été ? t'es le plus grand ou les plus grands défis que t'aurais pu rencontrer lors de ce changement de vie ? Je parle de la globalité de ton changement de vie.
- Speaker #0
Le plus grand défi rencontré, c'est avec moi-même en fait. Avoir confiance en moi, en mon projet et je ne dirais pas aller jusqu'au bout parce que je suis quelqu'un qui va toujours au bout. Toujours. Je n'aime pas les demi teintes. Les demi-teintes, soit c'est un échec, mais ce n'est pas un demi-échec. Tu vois ce que je veux dire ? Une réussite, mais pas une demi-réussite. Et comme j'ai toujours été, comme je te disais tout à l'heure, un peu une numéro deux, tu sais, celle qui est là et qui assiste. Le plus difficile pour moi, ça a été de m'assister moi-même. Je ne sais pas, ce n'est pas évident à expliquer en fait, mais c'est faire tout ce que je faisais pour les autres, le faire aussi bien pour moi.
- Speaker #1
Donc le plus grand défi, c'était par rapport à toi au départ ? Oui,
- Speaker #0
moi avec moi.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a eu une bonne ou une mauvaise surprise en arrivant en ruralité ? Est-ce que par exemple, parce que ça fait des années que tu voulais vivre dans la vraie campagne, tu arrives ici, tu réalises ce rêve, ce projet. Est-ce qu'à un moment donné, quand même, tu te rends compte de certaines choses que tu n'avais pas forcément imaginées ? En bon ou en mauvais ? Ou un exemple pour les deux ?
- Speaker #0
Je n'ai pas vraiment de mauvaises choses sur la ruralité, parce que comme je te disais, nous, on a toujours habité dans les petits villages. Alors pour moi, Saint-Pardou, c'est juste la classe, parce qu'on a... Un boucher charcutier, une boulangerie, une pharmacie, des médecins, une grande surface. Donc tout ce que j'ai jamais eu vraiment moi quand je vivais dans mes petits villages, on était obligé de prendre la voiture pour chercher juste du pain. Après la bonne surprise, ce qui me plaît ici c'est qu'on est plein de padisci. Et c'est ce mélange, ce brassage, ce que j'aime vraiment dans la boutique. quand j'ai par exemple une petite mamie bien du cru qui va rencontrer un grand gaillard avec ses dreads, qui rentre dans la boutique et qui se regarde un peu comme ça, et puis qui finissent par papoter, et puis à échanger. Non, je trouve que c'est plutôt positif. On est plein de gens pas d'ici, en fait. Des gens qui arrivent avec des nouveaux projets. Mais un nouveau projet, c'est pas... Comment dire ? C'est pas pour effacer tout ce qui est existant déjà dans le village, c'est du plus. C'est moi ce que j'ai vraiment remarqué sur Saint-Pardou-la-Rivière, c'est qu'il y a beaucoup de jeunes, qu'on les voit peu. Maintenant j'arrive à les voir parce que dans ma petite boutique, maintenant je fais aussi Relais Colis, et donc ils sont très consommateurs sur internet, etc. Donc je les vois, je discute avec eux, et je leur dis « mais pourquoi on ne vous voit pas dans les manifestations ? » « Pourquoi on ne vous voit pas forcément dans nos commerces ? » Et en discutant avec eux, la réponse est claire. Il n'y a pas la réponse à ce qu'ils attendent, à leurs envies.
- Speaker #1
Par rapport à leur âge ?
- Speaker #0
Par rapport à leur âge.
- Speaker #1
Tu parles des jeunes de 20 ans ?
- Speaker #0
Pas forcément les jeunes de 20 ans. Je dirais pour moi les jeunes de 20 à 45.
- Speaker #1
20 à 45 ans ici sur le territoire, tu ne les vois pas dans les petits événements ? On les voit beaucoup.
- Speaker #0
Mais après, je les comprends.
- Speaker #1
Est-ce que ce n'est pas parce que c'est aussi d'étranges âges avec encore des enfants ? Peut-être moins disponibles ?
- Speaker #0
Moins disponibles, mais je pense aussi qu'il va falloir adapter certaines choses à leurs problématiques.
- Speaker #1
Comme quoi ?
- Speaker #0
Ne serait-ce que dans les animations, c'est ce que je n'arrête pas de dire aux assos, quand on est retraité, il y a plein de choses à faire. Et il n'y a pas que des retraités sur le territoire.
- Speaker #1
Et surtout si on veut faire venir des jeunes.
- Speaker #0
Voilà, donc il faut vraiment réussir à composer avec tout. tous ces visages qui composent le village en fait. Tu ne peux pas mettre les uns et les autres de côté. C'est génial de faire plein de choses pour les papys, les mamies. Moi, je trouve ça top. Moi, j'ai ma maman qui est arrivée, donc je ne vais pas cracher dans la soupe, comme on dit. Mais je trouve que ça manque. On a quand même une chance aussi sur Saint-Pardou-la-Rivière, on a une médiathèque qui fait aussi plein de choses pour les jeunes, pour les enfants. Mais petit, il y a. Mais après, je trouve que pour la tranche à partir des ados, ça devient compliqué.
- Speaker #1
Après, c'est une tranche aussi d'âge qui aime l'euphorie de la ville, etc. Est-ce que vraiment la ruralité peut apporter une réponse à cette tranche d'âge-là ?
- Speaker #0
Oui, moi je pense. Parce que tu vois, quand je vois des animations où ils sont là, alors franchement, ils ne peuvent pas venir à toutes les animations. Parce que je comprends aussi, ils ont besoin de soif, de découvertes, de monde, de grande, de bar, etc.
- Speaker #1
De modernité.
- Speaker #0
De modernité, je le conçois complètement. Mais quand ils sont aux manifestations, tu vois, il n'y a pas longtemps, il y a eu la fête de la bière. Ils étaient contents, ils étaient là. Donc en fait, je pense vraiment qu'il faut créer quelques événements. pour leur donner envie de rester.
- Speaker #1
Comment ton nouveau mode de vie a pu influencer ton quotidien ? Donc quand je dis ton nouveau mode de vie, c'est là où tu habites aujourd'hui. Et ton nouveau métier ?
- Speaker #0
Ça l'a modifié à 300% en fait, parce que je suis responsable de tout. Non pas qu'avant je ne l'étais pas dans ce que je faisais, mais là, tout dépend de moi en fait. C'est-à-dire que tu vois, il n'y a pas longtemps, j'avais très très mal au dos. Tu n'as pas le choix, il faut y aller, il faut quand même que tu sois là, que tu aies le sourire. Ça me demande... J'ai des journées à rallonge parce qu'en plus je suis hyper exigeante. Donc ça aussi, il va falloir que je me détende un petit peu avec moi-même. Ça me fera un peu de vacances. Et je m'attendais... Alors je savais que ça allait me prendre énormément énormément de temps. Mais en fait, c'est encore plus que ce que je pouvais imaginer. Je vis, je dors en pensant à ma boutique, je vis boutique, ça me prend 99% de ma tête en fait. Après, je kiffe. Je me doute par contre que ça va être compliqué pour mon mari, pour mes filles. Ils sont très patients. Ils savent que pour moi, c'est hyper important. Je me laisse encore... une année très très très très très comme ça parce que je veux finir de mettre en place tout ce que je veux faire dans mon projet dont la petite pièce là où nous sommes parce que voilà j'ai pas encore fini de concrétiser mon projet jusqu'au bout et puis après je sais que j'aurai encore d'autres idées donc en fait ça sera jamais fini tout me prend énormément de temps parce que je suis pas quelqu'un qui a confiance en elle puis en fait t'apprends,
- Speaker #1
t'apprends plein de métiers aussi c'est ça ? Oui Oui.
- Speaker #0
J'apprends plein, plein de choses.
- Speaker #1
Tu apprends plein de nouveaux métiers sur un autre territoire.
- Speaker #0
Oui. Et puis, quand je suis à la boutique, en fait, je n'ai pas le temps de faire grand, grand chose, tu vois, dans…
- Speaker #1
Quand tu es avec tes clients, tu vois.
- Speaker #0
Quand je suis avec mes clients, en fait, parce que, bon, la particularité de la boutique, c'est que tu sais quand tu arrives, tu ne sais jamais quand tu repars. Donc, je prends toujours ce temps pour échanger avec les gens. C'est pour ça aussi qu'ils viennent, tu vois, pour avoir ce moment un peu privilégié d'échange. Moi, ce qui me fait sourire maintenant, c'est quand j'ai une petite cliente qui passe me voir, qui me dit « Tu t'inquiètes pas, je pars 15 jours. » Parce qu'elle le savent, je vais m'inquiéter. Enfin, m'inquiéter, c'est un bien grand mot.
- Speaker #1
Non, non, mais il y a beaucoup de liens. Est-ce que ça, c'est pas propre à la vie à la campagne, toi ? Et est-ce que la campagne ne favorise pas quand même ?
- Speaker #0
La campagne favorise, mais je pense que je suis comme ça. J'ai toujours été comme ça. Tu vois ce que je veux dire ? À créer du lien, même dans mes anciens boulots. On est tous dans le même bateau. On a tous besoin des uns, des autres.
- Speaker #1
Et ça y est, j'ai encore perdu le début. C'était quoi la question ? Je sais. Si le nouveau... En fait, je te demandais comment ton projet avait influencé ton quotidien. Donc là, tu es en train de nous dire qu'aujourd'hui, ce projet, prend énormément de place dans ta vie. Oui. C'est pas grave, c'est aussi un passage.
- Speaker #0
C'est normal, ça fait deux ans, tu vois. J'ai eu deux ans le 11 juin. J'aime bien dire ça. Ok.
- Speaker #1
Mais malgré tout, tu ne reviendras pas en arrière ?
- Speaker #0
Jamais. T'as vu ? Jamais. Ouais. J'ai fait les yeux, ils ne me voyaient pas. Non, non, non, jamais. Je suis trop contente. Je me lève... Pour la première fois de ma vie, il n'y a pas un matin où je n'ai pas eu envie.
- Speaker #1
Ah ouais ? Tu vois ?
- Speaker #0
Pas un matin, pas un jour. Et ça n'a pas de prix. Ça n'a pas de prix d'avoir... d'être contente de ce que tu fais, d'être heureuse de te lever, d'avoir toujours des idées. Des fois, je me freine, parce que je m'auto-fatigue.
- Speaker #1
Ouais, t'es fatigante.
- Speaker #0
Ouais, je te jure, je suis fatigante. À peine finie, tu repars sur autre chose. Et non, il faut se canaliser au bout d'un moment. Sinon, tu t'auto-épuises. Maintenant, mon corps parle. Il se coince.
- Speaker #1
Ton entourage est OK avec ça ? Pas que tu te coince, mais que tout cet investissement physique et mental dans tes projets ?
- Speaker #0
Je ne pense pas. Je suis même sûre que ce soit mon mari et mes filles. Ils sont super contents parce que le masculin l'emporte. Je dis « ils » . Ils sont super contents pour moi. Et surtout, je pense à un truc, c'est ma fille Eva, la deuxième, qui m'a fait une lettre pour la fête des mamans.
- Speaker #1
Dis pas tout tout de suite, on le dira tout à l'heure.
- Speaker #0
D'accord. Mais oui, je pense que tout le monde est content et fier.
- Speaker #1
Là, je mettrai les violons. Est-ce que tu veux parler de la notion de l'argent ou pas ?
- Speaker #0
Bon, moi, ça me dérange pas.
- Speaker #1
Je voulais parler un peu d'argent parce qu'on m'a déjà parlé, des auditrices ou des éditeurs me parlaient d'argent parce qu'il y a toutes ces filles, ces femmes qui entreprennent ces super projets. Mais il y a aussi, et derrière, comment ça se passe par rapport à l'argent. Alors plusieurs choses. Comment ? Alors, je ne te demande pas de me dérouler ton business plan, ce n'est pas ça du tout. Aujourd'hui, est-ce que ton activité te permet de vivre ta vie pleinement heureuse, de t'assumer financièrement ou ce n'est pas encore le cas ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Alors non, ce n'est pas encore le cas. J'arrive à me verser un rikiki salaire, mais pas encore, je n'ai même pas encore atteint le SMIC, tu vois. L'avantage qu'on a avec mon mari, on a vendu notre maison en Seine-et-Marne. On avait encore beaucoup d'années à payer, donc on n'est pas parti avec The Super Pactole. Des fois, les gens s'imaginent qu'on est arrivé ici avec 400 000 euros en poche, tranquillou, bilou. Donc, on est parti avec un petit peu d'avance et heureusement, on ne va pas se voiler la face. Ça aurait été différent. Mon mari aurait fallu qu'il se mette tout de suite à retrouver du travail. Là, ça lui a permis aussi de recréer son activité à côté. Et ouais, l'argent ne fait pas le bonheur, mais ça, c'est les riches qui te le disent. On en a quand même besoin d'argent, ne serait-ce que pour pouvoir vivre son quotidien et payer ses factures. Donc, c'est vachement important. Moi, l'avantage que j'ai eu, même si au début, j'étais très, très en colère. Je devais avoir un financement par la banque et ils m'ont donné leur réponse le 30 juin. J'ai ouvert le 11 juin, donc tu vois, t'imagines, voilà. Donc ça, c'est pratique. Ça va que j'avais un petit peu de sous d'avance pour pouvoir ouvrir ma boutique. Après, tu as des aides qui peuvent être faites aussi avec Périgord Développement, pas mal d'autres associations. Heureusement, je dirais aujourd'hui... Je n'ai pas fait appel à eux, même si ça a été pendant un moment envisagé. J'ai fait ce choix avec mon mari d'imputer une somme d'argent pour la boutique, ce qui me permet aujourd'hui d'avoir aucun crédit sur la boutique. Tu vois ce que je veux dire ? Ça change vraiment mon compte bien. Hormis mon loyer, les charges fixes de la boutique, je n'ai pas en plus.
- Speaker #1
Ce qui veut dire que si demain, et je ne te l'espère pas, tu es obligé de changer de projet. Il n'y a pas de lourdes conséquences derrière.
- Speaker #0
Non, et c'est vrai que moralement, ça change tout.
- Speaker #1
C'est moins lourd dans tes épaules.
- Speaker #0
Tout ce qui est dans la boutique m'appartient, le mobilier, tu vois, tout est...
- Speaker #1
Oui, je comprends.
- Speaker #0
Demain, il y a un coup dur, je ferme, je paye mon loyer, ma dernière facture d'EDF et je rentre chez moi.
- Speaker #1
Très bien. C'est une bonne perception du système et ça peut aussi... en inspirer certaines, le désir de fonctionner de cette manière.
- Speaker #0
Des fois, voilà, après, certains ont privilégié en premier le choix d'acheter leur maison. Tu vois, nous, on est restés deux ans en location, quand même, mine de rien. C'est vraiment un choix, alors, certains diront stratégique. Moi, je ne dirais pas stratégique. Chacun fait comme à l'instinct, en fait.
- Speaker #1
La nature, aujourd'hui, dans ta vie, elle joue quel rôle ? Notre environnement, alors, même s'il y avait de la forêt avant dans ton ancienne vie, ici, je pense qu'il y en a encore... plus ou telles différentes ? Qu'est-ce qui te plaît dans l'environnement du Périgord, la nature qui t'entoure ?
- Speaker #0
En fait, j'adore quand je vais d'un point A à un point B, moi j'adore me perdre. C'est trop joli. Et moi c'est mon mot, c'est joli. Vraiment...
- Speaker #1
T'es flippante quand tu dis ça.
- Speaker #0
C'est tellement beau ! C'est... Moi, il y a des endroits... J'y passe juste parce que je kiffe l'endroit.
- Speaker #1
Même en faisant un détour.
- Speaker #0
Même en faisant un détour. La nature m'émeut énormément. C'est-à-dire que moi, j'arrive à pleurer devant juste un panorama. C'est beau, c'est apaisant, c'est un médicament.
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'elle a de différent, la nature ici, par rapport à d'autres endroits que tu connais en France ?
- Speaker #0
Déjà, elle est vachement loin de la civilisation. On n'est pas... polluée visuellement par des grands poteaux,
- Speaker #1
des 4 par 3, même des 4 par 3,
- Speaker #0
ouais tout ce qui va être les grands panneaux publicitaires c'est reposant mais je pense que les gens qui habitent ici depuis longtemps ne s'en rendent même pas compte ou ils s'en rendent plus compte, ils s'en rendent plus compte et je leur dis souvent mais allez faire un tour sur l'autoroute c'est déconnant c'est pour leur dire allez dans une grande ville et revenez vous allez voir c'est bien Tu vas d'un point A à un point B, la seule chose qui peut te retarder, ça va être un tracteur, des vélos, une biche,
- Speaker #1
un sanglier.
- Speaker #0
Franchement, les embouteillages, il n'y en a pas quoi ! Il n'y en a pas. C'est un bonheur. Et là, aujourd'hui, dans le rythme que j'ai, la seule chose qui me manque, c'est de ne plus faire mes balades du matin.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une chose à laquelle tu ne renoncerais plus depuis que tu es ici ?
- Speaker #0
Mon lieu de vie.
- Speaker #1
Donc, l'habitation que tu viens d'acheter, là ? Oui. D'accord.
- Speaker #0
Pas forcément l'habitation que je viens d'acheter, parce que ce n'est pas la maison de nos rêves.
- Speaker #1
L'environnement.
- Speaker #0
Mais l'environnement.
- Speaker #1
pourquoi ?
- Speaker #0
Pour tout ce qu'on a pu dire tout à l'heure, en fait, pour tous ces paysages waouh, pour cette nature qui nous fait du bien, qui nous apaise, pour les gens aussi. Parce qu'il y a vraiment, vraiment plein, plein de jolies rencontres.
- Speaker #1
Et est-ce qu'il y a une chose quand même qui te manque de ta vie d'avant, hormis tes enfants ? J'avais les yeux.
- Speaker #0
C'est la seule chose qui me plaît, en fait.
- Speaker #1
Voilà. Non, mais hormis tes filles qui ne sont pas tout à côté pour le moment. Est-ce qu'il y a...
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Rien ? Rien. Rien ?
- Speaker #0
Rien.
- Speaker #1
Jamais ?
- Speaker #0
Non, parce que nos amis viennent. Au lieu de passer une soirée, c'est trois jours, une semaine, voilà. Non. Ok,
- Speaker #1
très bien. On va arriver sur les questions hautement philosophiques. Avec le recul, qu'est-ce que tu penses de votre... Enfin, ta, votre décision de changement de vie ?
- Speaker #0
Ah, ce que j'en pense ! Je suis super fière de nous, voilà, je suis très très heureuse pour nous et je pense que c'est qu'un début, tu vois ce que je veux dire ? C'est pas parce qu'on arrive là avec la cinquantaine que... Enfin voilà, je me dis pas, allez j'ai dix ans à faire ça et puis après c'est la retraite quoi. Non, moi j'ai plein d'envie, j'ai toujours plein d'envie, je dirais encore plus maintenant qu'on est ici que avant. Tu sais, il y a plein de choses qui s'ouvrent à toi.
- Speaker #1
Le champ des possibles.
- Speaker #0
Oui, le champ des possibles.
- Speaker #1
Là, c'est une petite partie plutôt sur toi. Est-ce qu'il y a un film, un livre que tu adores ?
- Speaker #0
Alors,
- Speaker #1
le livre... Que tu voudrais partager aux nouvelles filles de la campagne.
- Speaker #0
Un livre que j'adore, c'est mon ami Rachel qui me l'avait offert. Ce n'est pas ma boucle. Et quand elle me l'a offert, elle m'a dit, tu le lis comme tu veux, comme une histoire vraie, comme un parcours ou comme un roman. Et c'est « Message des hommes vrais au monde des mutants » . Et je l'ai noté parce que là,
- Speaker #1
ma petite tête… D'accord, alors qui a écrit ce livre ?
- Speaker #0
Et c'est… hop, hop, hop ! Pardon pour le bruit des feuilles.
- Speaker #1
C'est pas grave, c'est la vraie vie.
- Speaker #0
Oui, c'est la vraie vie, on existe en vrai, nous. Il y a une feuille blanche.
- Speaker #1
Il faut juste qu'elle trouve la feuille. Hop,
- Speaker #0
Marlowe Morgan.
- Speaker #1
Répète le titre.
- Speaker #0
Message des hommes vrais au monde des mutants.
- Speaker #1
Et pourquoi tu veux partager ce livre ?
- Speaker #0
Parce que pour moi ça a été une jolie balade. Je l'ai avalée en fait. Je l'ai engloutie en deux jours. Tellement l'histoire m'a emmenée, tellement... Alors je vais pas dire que je me suis retrouvée mais ça a juste...
- Speaker #1
Ça parle de quoi ?
- Speaker #0
C'est... En deux mots ? En deux mots. Une docteure. américaine qui part en Australie à la rencontre de nomades et elle pense passer la journée et elle y reste des mois. Et c'est tout son voyage initiatique avec eux.
- Speaker #1
Trois petits points. Ouais. Ok, donc ça c'est ta recommandation. Alors, dis-moi, on est sur les dernières. Pour balayer les idées reçues sur la vie en ruralité, en campagne ou sur les femmes qui y vivent, qu'est-ce que tu as envie de nous dire ?
- Speaker #0
Moi je trouve que souvent la ruralité rime avec solitude alors que pas du tout. Je trouve qu'au contraire il y a vachement plus de liens en ruralité que dans les grandes villes. Enfin du vrai lien. Voilà, du lien de solidarité, il y a beaucoup de gentillesse. Quand tu es en galère, ta vie... Un copain qui connaît un copain d'un copain d'un copain qui arrive avec son tracteur ou son machin ou son truc pour te sauver la mise.
- Speaker #1
Voir la vie.
- Speaker #0
Voir la vie. Non, je trouve que la ruralité, elle a vachement changé. Elle s'adapte énormément, ne serait-ce que par... L'accès, tu vois, comme on le déconnait tout à l'heure, avec Internet, avec la fibre. Moi, je vois aujourd'hui beaucoup de gens qui sont en télétravail, qui ont des postes sur Paris, sur Lyon, sur Bordeaux, mais qui vivent à Saint-Pardou-la-Rivière ou les villages autour.
- Speaker #1
Dis-moi ce dont tu es la plus fière ou la plus heureuse depuis toute cette transformation de vie.
- Speaker #0
La plus fière ? Euh... C'est les mots gentils que peuvent me dire les gens à la boutique. Voilà, c'est vraiment où je me... Ça me rend fière parce que c'est vraiment un endroit comme ça que j'avais envie de créer. Pas un endroit... C'est pour ça que l'épicerie fine me gêne, tu vois. L'épicerie fine, socialement, ça enlève des gens. Et je ne voulais surtout pas ça. Et je pense que maintenant, les gens ont commencé à comprendre que c'était pas que ça, l'épicerie. Et ouais, tous ces mots gentils, les... les échanges que je peux avoir, les rigolades, les pleurs aussi parfois, parce que j'ai des personnes où on est vraiment dans de la confidence de vie, tu vois, et il y a des vies qui sont dures. Mais ça, ça me rend vachement fière. Je suis contente d'avoir réussi à créer ce lieu où les gens se sentent bien, où j'ai toutes les catégories socio-professionnelles. Je commence à avoir un peu plus d'hommes.
- Speaker #1
Donc c'est ça dont tu es la plus heureuse. Oui. Marche. Dis-moi, tu voulais en parler tout à l'heure, mais je me suis dit, il faut garder pour la fin. En tout cas, si ta famille était autour de la table, qu'est-ce que tu penses qu'elle te dirait ?
- Speaker #0
Alors, déjà, je vais juste faire une toute petite précision, parce que c'est vrai que je ne l'ai pas faite au début, mais dans mon projet... Que ce soit mes filles ou mon mari, chacun a fait quelque chose dans mon projet. Mon mari c'est énorme puisque c'est lui qui a fait tous les meubles, enseignes etc. Tout ce qu'on voit c'est lui. Jenny ma grande, c'est elle qui m'a fait les dessins de mes coquelicots, c'est elle qui m'a dessiné ma petite fée, c'est elle qui m'aide aussi quand il y a des jolies photos et des jolis films sur mes réseaux, c'est elle quand c'est moche chez moi. Et Eva, ma deuxième fille, qui va, elle, réaliser mon site Internet. Donc, j'avais vraiment aussi envie que tout le monde soit... Impliqué ? Impliqué dans ce projet.
- Speaker #1
OK. Yannick, qu'est-ce qu'elle te dirait aujourd'hui ?
- Speaker #0
Alors, mes filles sont hyper fières. Vraiment. Eva, pour la fête des mamans, elle m'a écrit une lettre. Tu vois, 21 ans. Mais ça reste quand même le plus beau cadeau qu'on puisse avoir. C'est toujours ce que je dis. Le cadeau, ce n'est pas la valeur du cadeau.
- Speaker #1
Un beau collier de nouilles.
- Speaker #0
C'est le cœur que tu mets dans ce que tu offres. Elle m'a vraiment fait une très jolie lettre en me disant qu'elle était très fière de moi, que c'était dur pour elle parce qu'on était loin maintenant, qu'elle était tellement heureuse pour nous. Et c'est là où tu te dis, j'ai réussi, c'est bien. Parce qu'elle aussi, je suis tellement contente. Tu vois, elle aspire à partir à l'étranger, etc. Mais je me dis, si elle aspire à tout ça, c'est parce qu'on lui a donné suffisamment de confiance. Donc ça, c'est vachement important. Janine, ma grande, elle est hyper fière aussi. Elle le manifeste différemment, mais j'ai hâte qu'elle arrive. Voilà.
- Speaker #1
Donc alors, il te dirait qu'on est fiers de toi, c'est ça ?
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Parfait. Qui pourrait être la prochaine à ce micro ? Est-ce que tu as une fille, une femme, une nana à me recommander ?
- Speaker #0
Oui, parce que je l'adore. C'était Valérie. C'est les cœurs de lait. Avec son mari, ça fait 4 ans qu'ils sont arrivés à Busserol. Ils élèvent des biquettes. Et comme j'aime à le dire, elle est aussi rigolote que ses biquettes. Ça lui va vachement bien. Tu sais l'association, tu as des gens comme ça, ils sont faits pour cet animal. Et elle le sait, je vais te jeter la vie.
- Speaker #1
Les biquettes sont rigolotes ? Ah oui,
- Speaker #0
c'est rigolo les biquettes. Et donc Valérie et son mari Jules, Valérie elle est pharmacienne de formation, donc docteur en pharmacie. Ils sont arrivés là, oui, il y a quatre ans, ils élèvent leur chèvre, elle fait des savons, elle bosse encore à côté, c'est une folle.
- Speaker #1
Comment ça s'appelle ?
- Speaker #0
Les cœurs de lait.
- Speaker #1
Les cœurs de lait.
- Speaker #0
Et elle fait ses savons en forme de cœur.
- Speaker #1
Ok, très bien.
- Speaker #0
Et c'est une très très belle personne.
- Speaker #1
Est-ce que tu as quelque chose à rajouter ?
- Speaker #0
Merci beaucoup Sandrine pour tout ce que tu fais. Non, vraiment, tu fais du bien. Moi, le matin, tu vois, j'ai deux réflexes quand je vais sur les réseaux. J'ai deux trucs vraiment qui me tiennent à cœur. Je regarde tes stories parce que voilà, j'aime bien. Et je suis une autre... page sur des beagles de laboratoire qui sont adoptés, etc. Et ça n'a rien à voir, mais c'est que des belles histoires parce que j'ai besoin de choses positives.
- Speaker #1
Je vais penser à ça maintenant. Quand je vais voir ta page, je vais dire, là, elle vient de me regarder, puis en même temps, elle va regarder les beagles. Super. Donc, le mot de la fin, c'est merci les beagles, merci les nouvelles filles de la campagne.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Eh bien, merci Claudine pour cette magnifique... fermeture de podcast non c'est bien c'est bien on ne l'avait jamais faite celle-là je te souhaite une bonne journée et je te dis merci beaucoup merci Sandrine merci pour votre écoute merci d'être resté jusqu'au bout de notre échange et si vous voulez continuer à m'encourager et surtout à faire connaître le podcast et bien vous pouvez mettre 5 étoiles et vous avez une nouvelle vidéo et un commentaire sympathique sur Apple Podcasts et Spotify. Surtout, vous n'oubliez pas de vous abonner à la chaîne de podcast pour être notifié des nouveaux épisodes. Et si vous voulez faire partie de la communauté des Nouvelles Filles de la Campagne, abonnez-vous à la newsletter. Soit vous m'écrivez sur lesnouvellesfillesdelacampagne.com tout attaché en minuscules ou vous me contactez sur les réseaux sociaux des Nouvelles Filles de la Campagne, Instagram et Facebook. Je vous dévoile les coulisses des Nouvelles Filles de la campagne, des tips, des astuces, des sujets, la sortie des nouveaux épisodes et plein d'autres surprises. Alors un grand merci et je vous dis à bientôt. Ciao !