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#4 INSPIRATION - Alain Bustin, le sage du trail cover
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Les pieds dans le trail - Le podcast d'un défi

#4 INSPIRATION - Alain Bustin, le sage du trail

#4 INSPIRATION - Alain Bustin, le sage du trail

26min |25/09/2024
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Les pieds dans le trail - Le podcast d'un défi

#4 INSPIRATION - Alain Bustin, le sage du trail

#4 INSPIRATION - Alain Bustin, le sage du trail

26min |25/09/2024
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Description

🚀 ON NE S'ARRETE PLUS DE VOUS INSPIRER ! (enfin, on essaie)


Pour cette quatrième capsule, on part à la rencontre d'un sage du trail. A 74 ans, il en bouffé des kilomètres et du dénivelé ! 🗻


Quand je débarque chez Alain Bustin, la première chose qu'il me montre, c'est sa vitrine REMPLIE de médailles, de trophées et autres souvenirs de courses. Alain, c'est clairement un passionné. Il court depuis plus de 40 ans avec toujours la même envie ! En plus d'avoir fait toutes les grandes courses : Sierre-Zinal (sa préférée), l'UTMB, le Marathon du Mont Blanc, le MIUT, la TransVulcania, etc. Il a aussi été dans l'organisation de l'Ultra Trail du Mont Blanc et du Marathon du Mont Blanc. Il était également reporter pour Esprit Trail Magazine. Il a vécu 6 ans à Chamonix mais est de retour en Belgique, un terrain de jeu qu'il affectionne particulièrement (ça, et l'Orval 🍻).

Mais Alain a bien d'autres atouts et passions : il écrit des romans avec pour toile de fond, la course à pied et le trail. Albert ou la quête d’un marathonien – Courir un autre regard – ou encore La course de lumière.


Bref, Alain Bustin est passionné, passionnant et pourra, j'espère, vous inspirer vous aussi !


N'hésitez pas à partager vos avis, vos réfléxions.

& à suivre Les pieds dans le trail sur Instagram: https://www.instagram.com/lespiedsdansletrail/


Bonne écoute 🎧


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pieds dans le trail. T'en siens où vous mettez les pieds ?

  • Speaker #1

    Les pieds,

  • Speaker #0

    vous le savez, c'est un job. Et c'est souvent dans la gueule.

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde ! Et oui, les pieds dans le trail est déjà de retour. Malheureusement, on ne rechausse pas encore tout de suite les baskets. L'entraînement est toujours en pause en ce qui me concerne. La rééducation prend un peu plus de temps que prévu. Mais on garde la pêche et on en profite pour vous donner envie à vous de vous dépasser, de vous lancer des défis sportifs, vous motiver à faire du sport ou simplement vous inspirer. C'est ce qui va se passer ici, j'en suis certain, dans cette quatrième capsule inspiration. Aujourd'hui, c'est la sagesse qui va nous inspirer. Je suis avec Alain Bustin. Bonjour Alain.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenté de glaner des informations sur vous sur le net. Je n'ai pas trouvé grand chose honnêtement. Vous êtes né... en 1950 à Liège. Vous avez pas mal écrit sur la course à pied et le trail, mais sous forme de roman. On peut citer Albert ou la quête d'un marathonien, courir un autre regard ou encore la course de lumière. Vous êtes évidemment trailer chevronné et ultra trailer, mais est-ce que vous, vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une... En quelques mots, le mot le plus simple, c'est passion en fait. Ça, c'est vraiment le mot le plus simple. Donc, j'ai commencé à courir il y a, à mon avis, 35-40 ans, en gros, à l'époque où la course de montagne n'existait pas. Et donc, mon premier objectif, c'était de faire un marathon. Voilà. Et puis de là, on va sûrement, avec les questions, enchaîner sur d'autres choses. Mais oui, tout a commencé avec 5 kilomètres. J'avais un diplôme d'initiateur de tennis, le club... payer des cours aux jeunes et ils n'avaient pas de physique. Donc, un jour ou l'autre, on s'est dit on va les accompagner, d'abord sur un vélo. À l'époque, on m'a déjà fait la remarque que papy, sur le vélo, c'est facile. Donc, je suis descendu et on a commencé à courir avec eux. J'ai attrapé le virus. Voilà, et puis 5 kilomètres, 10 kilomètres, la Mozane, les 13, les 20, les 30 et puis un jour, un premier marathon et puis à partir de là, ça a enchaîné. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est vraiment ça qui vous définit, la passion ? Parce que la question, c'était de vous présenter. C'est souvent par là que vous commencez, quand vous devez vous présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est un mot important dans la vie. C'est le mot passion. Il faut arriver à la raisonner parfois, ce qui est parfois un peu plus compliqué. Mais oui, la course à pied a une place très importante dans ma vie. J'ai fait d'autres sports avant. Je crois qu'on n'aura pas le temps d'en parler. Mais oui, la course à pied, c'est un sport que j'aime parce que c'est un sport très simple, même si maintenant on l'a un peu compliqué avec la débauche de matériel. Mais au départ, voilà, une bonne paire de chaussures, un short, un t-shirt. À l'époque, c'était t-shirt en coton et short de gymnastique. Et puis voilà, on y allait.

  • Speaker #1

    Quel a été votre premier contact avec la course à pied, peut-être ? Parce qu'on a peut-être commencé par là, avant de parler de trail. Votre premier contact avec la course à pied ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Le premier contact, en fait, sans rentrer dans les détails, j'ai eu une jeunesse un peu compliquée. Et dans une boîte de chaussures, il y avait une photo de mon père qui avait couru, je ne sais pas si c'était les 20 kilomètres de Paris ou le marathon de Paris, aucune idée. Et c'est un homme que je n'avais pas connu. Donc, je pense que quelque part, ça s'est mis dans mon inconscient. Et donc, voilà, peut-être aussi ça rejoint un de mes romans, c'est la course de lumière. Donc, c'est cette relation entre un père et un fils sur fond du trattrail du Mont-Blanc. Et voilà, donc c'est peut-être ça qui m'a, dans l'inconscient, qui m'a amené à la course, oui.

  • Speaker #1

    Vous êtes déjà inscrit dans vos gènes, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, puisque, très bonne question de nouveau, oui, j'avais 10 ans et mon père m'avait obligé de faire un peu de crosse. Et donc, j'avais très peu de contact avec lui. Et je me souviens qu'un jour, aux crosses d'Anu...... point de côté, enfin voilà, j'étais pas du tout prédisposé pour faire ça et il était là au bord de la piste à m'encourager, à me dire allez tu t'accroches et tu continues, voilà après j'ai arrêté avec l'adolescence mais oui oui tout ça vient probablement pas probablement, sûrement de là

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui à 74 ans comment est-ce que vous pratiquez et envisagez le trail et la course à pied ?

  • Speaker #0

    Alors J'ai eu la chance aussi d'avoir une formation d'entraîneur. J'ai suivi la formation à la Fédération française sur la course de montagne. La chose la plus importante que je peux dire par rapport à ça, c'est d'accueillir l'âge. On doit accueillir l'âge. Il est hors de question, évidemment, à 74 ans, ou même déjà en étant vétéran 1, de penser qu'on peut faire les temps que l'on faisait à 20 ans, dès l'instant où on est bien entraîné. Par rapport à sa capacité, on peut augmenter de 20%, mais si on est déjà bien entraîné, il est évident qu'il faut accueillir l'âge et revoir ses objectifs et mettre ça en harmonie avec le phénomène du vieillissement.

  • Speaker #1

    Même à votre âge, la course à pied, on peut continuer à le faire. Il n'y a pas de contre-indication par rapport à l'âge. Pour vous, la course à pied, c'est en tout temps, à tout moment.

  • Speaker #0

    Je pense que le fait d'avoir bien géré la discipline, je n'ai pas de grosses blessures, malgré les kilomètres et le dénivelé avalé pendant toutes ces années. Donc oui, maintenant il faut y aller, il faut écouter son corps. Moi je suis tout le temps, comme dans les romans, je suis tout le temps en discussion avec mon corps et c'est un compromis entre lui et moi pour savoir ce que je peux faire. Donc je ne suis plus de programme d'entraînement. Je reste, enfin, j'ai fait deux courses l'année passée. Oui, je reste très compétitif chez les papys, mais ça n'a plus aucune importance pour moi. Le maître mot, un autre maître mot, c'est plaisir. Voilà, trouver du plaisir. Donc, il faut bien s'écouter et toujours chercher le plaisir.

  • Speaker #1

    Et donc, pour résumer avec, on a bien compris ces deux mots qui sont importants pour vous, passion et plaisir. Mais si vous deviez résumer votre vision du trail avec... votre bagage, tout ce que vous avez vécu depuis le temps que vous courez, la vision du trail ?

  • Speaker #0

    Déjà le mot, même si j'ai travaillé comme reporter pour Esprit Trail Magazine, c'est un mot que je n'apprécie pas trop. À l'époque, on parlait, chez nous il y avait le challenge des lals, c'était des courses nature, et en fait, la montagne, pour moi on parle de course de montagne, le trail, c'est un mot que l'on a utilisé, mais... Pour moi, je parle de course de montagne. Donc, évidemment, il y a des trails qui ne sont pas vraiment des courses de montagne. Et il y a des courses de montagne qu'on ne peut pas qualifier de point de vue de trail. Je ne sais pas si ça répond à votre question. Mais oui, voilà. Encore une fois, moi, j'ai dit que c'est le plaisir. On me demande toujours, bon, j'ai fait des courses très, très longues. On me demande toujours, c'est quoi la plus belle ? C'est quelle distance ? Non, prendre son short et aller faire 5 kilomètres, c'est aussi important que... que de terminer une course aussi importante que l'Ultra Trail des Monts Blancs.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, la course de montagne, le trail, peu importe comment on l'appelle, toute distance confondue est en plein essor. On le voit bien, la densité sur les courses augmente en flèche, la médiatisation aussi. Et puis les coureurs et les coureuses se professionnalisent. Est-ce que vous avez vu une évolution de la discipline au cours des années et finalement, comment ça s'est concrétisé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est principalement la médiatisation et principalement la médiatisation du mot trail. Quand on voit maintenant, il y a des championnats de course de montagne, c'est un peu moins médiatisé que par exemple l'Ultra Trail du Mont-Blanc ou des choses comme ça. Personnellement, en dehors du matériel, je ne vois pas grande différence. Non, le matériel amenait beaucoup. À l'époque, on courait en montagne, on n'avait rien par rapport. à ce qui est utilisé maintenant. Mais non, je ne vois pas... C'est un geste simple, courir.

  • Speaker #1

    Comment vous expliquez alors qu'il y a de plus en plus de gens et que justement, il y a cette professionnalisation des athlètes ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, je dis toujours, dans les romans, je le dis aussi, c'est le voyage intérieur. En fait, c'est un excellent moyen, courir, de faire cette introspection, d'aller en soi. et d'essayer de trouver des réponses à nos questions conscientes ou inconscientes. Mais c'est vrai qu'on suit un peu les... Je me souviens, il y a très longtemps, quand j'allais courir des marathons aux États-Unis, aux États-Unis, c'était banal de voir des gens qui prenaient l'avion pour aller faire le marathon de New York ou de San Francisco et qui rentraient chez eux, ils faisaient juste le marathon et ils rentraient chez eux. Je pense que ce phénomène de mode s'est amplifié un peu de la même manière qu'il s'est amplifié aux États-Unis. Donc maintenant on est vraiment dans une forme, je ne dis pas de démesure, mais c'est vrai que quand on voit, on prend l'exemple de l'UTMB, et qu'on voit le principe des running stones, des points qu'il faut acquérir pour courir cette course, et que l'on voit le nombre de demandes pour le nombre de dossards, dans toutes les courses, il y a une demande, mais énorme pour le moment, va-t-elle durer ? Ça c'est un autre débat. Pour le moment, je crois que toutes les grandes courses, puisque je suis dans le bénévolat, j'étais dans le bénévolat du marathon du Mont-Blanc et de l'UTMB, je continue sur le marathon, mais il y a très peu de place pour le nombre de demandes, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Comment est-ce qu'on fait pour durer dans la course à pied ? On sait quand même qu'à certains égards, c'est une discipline exigeante que vous réussissez à pratiquer depuis de nombreuses années. Comment on fait pour durer ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut être à l'écoute de soi-même. accueillir les blessures, prendre... Du repos, en tout cas après les gros événements, principalement les marathons. Pour moi, les marathons, c'était... Je prenais systématiquement 15 jours de repos complets après un marathon. En montagne, c'est un peu différent, mais je pense le repos, l'utilisation du bon matériel. Voilà, je pense que tout le monde ne peut pas courir avec les chaussures de Kilian, par exemple. C'est juste un exemple. Donc il faut être bien à l'écoute de soi-même et ne pas se laisser embarquer par... Par la médiatisation et l'utilisation en outrance de matériel. Moi, je connais des gens qui n'ont pas terminé des courses comme l'Ultra Trail du Mont-Blanc à vouloir utiliser des chaussures qui n'étaient pas faites pour eux. Donc, je pense que c'est important d'être à l'écoute de soi, de prendre du repos, de ne jamais forcer, de ne pas suivre bêtement des plans d'entraînement qui ne sont pas faits pour soi. Voilà, il y a beaucoup de choses à dire sur ça, oui.

  • Speaker #1

    Selon vous, quelles sont les clés pour se préparer concrètement ? Pas forcément pour performer, mais pour réussir à prendre du plaisir, le plaisir qui est important pour vous dans les courses, et parfois sur des plus longues distances.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que soit il faut lire beaucoup, il y a des bouquins très intéressants à lire pour comprendre la notion du corps, qu'est-ce que c'est l'entraînement. Donc d'avoir les trois quarts de son entraînement, ça doit être de l'endurance, vraiment de l'endurance. Moi, je suis un adepte, j'ai toujours été un adepte du cardio-fréquence-mètre. Ça, c'est quand on n'a pas de point de repère, c'est vraiment le moyen idéal de pouvoir s'évaluer. Donc, trois quarts en endurance et 25% en qualité et avoir sa propre qualité. Bon, voilà, maintenant, je suis un adepte actuellement. Depuis que j'ai arrêté le marathon et que je cours en montagne, je fais de l'entraînement, enfin, je faisais de l'entraînement qui était non formel, c'est-à-dire pas de plan d'entraînement au feeling. Et maintenant, avec les nouveaux outils qui existent, on a toute capacité de pouvoir écouter son corps et d'adapter son entraînement. Avec les nouveaux cardio-fréquences mètres, c'est vraiment impressionnant, oui.

  • Speaker #1

    Donc, votre vision de l'entraînement, à vous, vous dites que vous ne savez plus dans de plan, mais peut-être qu'à un moment, vous l'avez fait. Comment vous voyez l'entraînement ?

  • Speaker #0

    C'est une harmonie. C'est quelque chose qu'on doit mettre en harmonie avec sa vie privée. sa vie professionnelle et donc bien adapter cela par rapport à ces deux paramètres. Déjà faire un effort de ce qu'on appelle un effort de qualité donc de la vitesse ou du seuil. Si cette journée là vous avez une journée de boulot de dingue ou à la maison le gosse a pleuré toute la nuit ou quoi, c'est pas le jour pour faire ce genre de séance. Donc voilà moi je dis c'est être à l'écoute de soi, être comme tout dans la vie je pense, c'est être à l'écoute de soi.

  • Speaker #1

    On retient On rajoute un mot-clé. Passion, plaisir et écoute. Ça vous va ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Liberté aussi. Liberté. Donc, avoir la liberté de dire non à une séance trop dure sur un plan d'entraînement en disant voilà, j'ai vu trop de jeunes athlètes. Ils avaient un plan à suivre. Et ce jour-là, ils étaient HS pour quelque raison que ce soit. Ils voulaient absolument faire leur séance. Non, il faut la faire dans des bonnes conditions. Donc, avoir la liberté de... De ne pas suivre les modes, de ne pas suivre les plans d'entraînement et oui, la liberté.

  • Speaker #1

    D'accord. Et selon vous, l'hygiène de vie, c'est important aussi dans ce sport ?

  • Speaker #0

    Alors oui, c'est important dans la mesure où, c'est la même chose, il ne faut pas tomber dans le piège de l'excès. Donc par rapport à ça, on parle toujours du poids de forme. Donc évidemment, il faut essayer d'être le plus près possible de son poids de forme. Et à l'inverse, on voit des gens qui sont en dessous du poids de forme. Donc ça, c'est sûr qu'ils vont avoir des problèmes à l'entraînement et que ça n'ira pas du tout. Donc, on revient sur le maître mot plaisir. Il faut se faire plaisir. Il ne faut pas avoir peur de boire un Orval, de manger un gâteau, de manger un steak frite. Voilà, il faut vivre. Il faut vivre. Il ne faut pas tomber dans l'excès, ni dans un sens et ni dans l'autre. Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous, vous auriez pu ou est-ce que vous auriez voulu devenir... Professionnel en course à pied ?

  • Speaker #0

    Non. Pourquoi ? De nouveau, liberté et plaisir. Je pense que j'ai la chance de connaître des... Oui, je me suis occupé aussi pas mal dans diverses fonctions d'athlète de très haut niveau. C'est une autre planète. C'est quelque chose d'autre. C'est un sport qui n'est pas médiatisé comme la Formule 1 ou comme le foot ou comme le cyclisme, des sports comme ça. Mais le haut niveau en course à pied, c'est vraiment quelque chose de très haut niveau. J'étais en reportage sur la Diagonale des Fous pour Esprit Trial Magazine et j'ai eu la chance de suivre toute la course en hélicoptère. Donc le principe, on suivait les dix premiers, il y avait trois hélicos, on nous déposait, on regardait, on remontait dans un hélico, on partait au point suivant. Et ça m'a, c'est là pourtant j'avais déjà 30-40 ans de carrière derrière, d'amateur, ça m'a vraiment impressionné de voir comment la bagarre qu'il y a... à leur niveau dans les dix premiers, avec une exception qui est Antoine Guillon pour les passionnés, qui lui s'en fout, il a son tableau de marche. Il passe centième au dixième kilomètre et il a fait 10 ou 12 fois podium dans les 10 premiers sur la diagonale. Mais la grande majorité, il y a une rivalité sportive, il y a une entente, mais il y a une rivalité qui fait que c'est une autre course. C'est une autre course. D'ailleurs, eux ont du mal aussi à parfois comprendre les coureurs moyens comme moi, en disant qu'ils mettent 20 heures sur l'UTMB et quand on leur dit qu'on met 40 heures, Pour eux, ce n'est pas du tout la même planète, ce n'est pas du tout le même effort. C'est un autre monde. C'est vraiment impressionnant à voir. On en parlait avant l'interview, la victoire de Kylian Jornet sur Cierzynal cette année. Moi, je suis vraiment admiratif. Oui, c'est vraiment impressionnant.

  • Speaker #1

    Donc, c'est peut-être cet esprit trop bagarreur qui aurait pu vous déranger ?

  • Speaker #0

    Non, c'est... Non, c'est difficile de répondre à la question. Je pense que ça n'a jamais été... D'abord, on a ses limites. D'abord, pour prétendre arriver dans l'élite, au départ, il faut une capacité, capacité que je n'avais pas. Donc, toute cette capacité, elle se construit en fait dans l'enfance. Et après, il faut évidemment... Mais non, c'est pas... Je n'y ai jamais pensé, même si j'ai fait des podiums. dans les catégories, mais bon, ça n'a jamais été... Non.

  • Speaker #1

    Je l'ai dit, vous écrivez aussi beaucoup, sur la course à pied principalement. Pourquoi ce besoin d'écrire à ce sujet-là ?

  • Speaker #0

    Ah... C'est pas un besoin d'écrire à ce sujet-là, c'est-à-dire que mon travail d'écriture, c'est sur la résilience. Et donc, j'ai utilisé... Je dis toujours dans... Je déteste le mot conférence, mais dans les conférences que j'ai pu donner, je pense que les gens comme moi, on va prendre mon exemple, ça sera plus simple, mais tous les gens qui font l'UTMB ou qui font des courses dures, comme toutes les courses auxquelles j'ai pu participer, en fait ce sont tous des gens qui ont une histoire, une histoire personnelle. On ne fait pas ce genre de conneries par hasard. On ne court pas un UTMB par hasard. Il y a toujours un voyage intérieur et on est toujours en quête de quelque chose, ce quelque chose qui est au fond de nous. Et je pense que la course, justement, est un moyen excellent d'apprendre à se connaître et à s'accueillir. Oui, c'est...

  • Speaker #1

    Donc, dans vos romans, la course à pied, c'est un cadre plutôt que l'histoire à proprement parler. Le sujet, c'est la résilience.

  • Speaker #0

    Voilà, donc le personnage principal, on le retrouve, ce n'est pas une suite, il est dans les trois romans. et il sera dans le quatrième. Oui, je paraphrase Saint-Exupéry dans Le Petit Prince, en fait, je vais le dire comme je l'écris dans le roman, pourquoi tu cours pour oublier pourquoi je cours ? Je pense qu'on a tous un jardin secret, une histoire, et que la course à pied, d'ailleurs c'est reconnu que c'est un antidépresseur tout à fait naturel, et moi ça m'a permis... Oui, voilà, avec 40 ans de pratique, ça m'a permis d'apprendre, à m'accueillir, à me connaître, et voilà.

  • Speaker #1

    Et c'est votre vie et votre passion qui vous inspirent aussi ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et je sais que la question, vous n'allez peut-être pas l'apprécier, mais vous avez fait pas mal de grandes courses, on l'a compris au fur et à mesure. L'UTMB, Transvue de Gagnas, le Mute, Marathon du Mont-Blanc, Cierzynal, j'en passe. C'est quand même la quelle, j'ai quand même envie de vous la poser, c'est quand même la quelle votre préférée ?

  • Speaker #0

    C'est le genre de question, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure dans l'interview. En fait, ce qui est important, c'est de mettre son short et ses chaussures et d'aller courir. Je veux dire, d'ailleurs, on a un pays qui est magnifique, la province de Namur est magnifique. J'ai du mal à répondre. C'est vrai qu'il y a des courses qui m'ont... Si je devais faire un choix, évidemment, je prendrais Sierzinale. Alors, pourquoi est-ce que je prendrais Sierzinale ? Parce que l'histoire de la course de montagne... C'est bâti sur Cierzinal et sur ce qu'on appelait à l'époque le Croce du Mont Blanc. Toute l'histoire de la course de montagne part de ces deux courses-là. Donc moi j'ai commencé par Cierzinal et c'est une école de montagne mais fabuleuse. Donc si je devais faire un choix, ça serait Cierzinal qui pour l'anecdote, à l'époque a été championnat du monde des courses longue distance. Donc voilà, avec ses 31 kilomètres. Donc aujourd'hui on en est loin de ce...

  • Speaker #1

    Et la Belgique finalement, vous dites que c'est un très beau terrain de jeu, mais comment elle se positionne sur cet univers, on va continuer à l'appeler trail, parce qu'on sait que ce n'est pas forcément facile d'aller chercher des niveaux en Belgique. Comment est-ce que vous voyez, vous avez vécu à Chamonix, qui est un autre terrain de jeu, un autre niveau, comment est-ce que vous voyez la Belgique sur le plan du trail ?

  • Speaker #0

    J'adore, et j'ai d'ailleurs conseillé à des amis français, dont un est venu courir et l'a gagné, la Bouillonante. qui maintenant s'est organisée par Patrick et Nicole. Et pour l'anecdote, il y a très très longtemps, la première bouillonnante, Patrick et Nicole m'avaient dit Ah, ben regarde un peu Nicole, Alain vient courir, note un peu sur la feuille. Donc ils espéraient dépasser les 100 coureurs, et maintenant en 5 minutes tout est bouclé. La bouillonnante est eue. Il y en a d'autres. Les courses en Belgique sont magnifiques, et ce sont des courses notamment pour les coureurs français. Michel Lannes est venu et il a gagné ici. C'est difficile. pour eux parce que c'est un dénivelé, c'est un toboggan c'est un peu comme les Templiers donc on n'enchaîne pas 1000 mètres de dénivelé d'un coup, ce sont tout le temps des répétitions de côte de descente de côte de descente, donc c'est magnifique, on a vraiment des régions magnifiques

  • Speaker #1

    Le but du podcast ici c'est d'inciter les gens à faire du sport et pourquoi pas la course à pied et du trail, vous donneriez quoi comme conseil à celles et ceux qui veulent se donner des objectifs ?

  • Speaker #0

    de ne pas brûler les étapes, comme malheureusement je le vois faire. Ça c'est le problème des réseaux sociaux, de la médiatisation à outrance, on va trop loin par rapport à ça maintenant. Donc je pense que je cours pour ma forme, j'ai adoré le principe. Voilà, simplement mettre une bonne paire de baskets, faire un examen médical pour être certain, peut-être même voir un podologue, et puis se lancer et dire voilà, je vais partir 20 minutes et courir 5 minutes sur les 20 minutes, commencer. Très modestement et très simplement. Et ça va se mettre en place. Ma carrière, enfin carrière d'amateur, elle a été faite comme ça. Ne pas brûler les étapes. Maintenant, ceux qui ont un passé sportif, c'est un peu différent. Ils peuvent évidemment commencer de manière beaucoup plus... de plus haut. Mais non, ne pas brûler les étapes. On ne se lance pas dans un ultra. D'ailleurs, les réseaux sociaux, on ne voit que le beau côté des choses. On ne parle pas de tous ceux qui ne sont plus là, et j'en connais, qui ont été dégoûtés et qui n'ont plus couru. Parce qu'ils se sont lancés trop vite dans des objectifs qui sont trop grands. Il faut savoir qu'un ultra, il n'y a rien à faire. Qu'on s'appelle Kylian Jornet ou Alain Bustin, il y a des moments où on est bien et des moments où on est mal. Donc, au moment où on est mal, si on n'accueille pas la chose, là, ça peut aller à l'abandon, ça peut... Ça peut être compliqué, donc surtout ne pas brûler les étapes.

  • Speaker #1

    Un exemple, en plus, cette année à l'UTMB, tous les abandons des élites, on voit qu'il y a quand même une pression qui se met en place, notamment via les réseaux sociaux, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Oui, sur l'UTMB, évidemment, c'est devenu, c'est la référence, c'est vraiment le graal du cycle de l'ultra-trail. Et comme je le disais, quand on voit comment la bagarre se passe devant, C'est assez compliqué et en plus maintenant il y a beaucoup de jeunes coureurs qui arrivent, qui sont en forme parce que les techniques d'entraînement ont également évolué. Donc il y a le facteur d'endurance, il y a beaucoup de paramètres qui interviennent maintenant sur une préparation et moi ça m'a fait plaisir de voir cette victoire. J'ai d'ailleurs oublié son nom, honte à moi, mais voilà, moi je trouve ça fabuleux. C'est un mec qui a une vie, c'est pas un professionnel donc il a une vie Professionnel, il a fait un temps exceptionnel. Il fait moins de 20 heures, donc c'est exceptionnel. Et ça, ça fait plaisir. Parce que ce n'est pas vraiment l'ultra trail. Oui, ils sont professionnels, mais ça n'a rien de comparable avec d'autres sports. Mais c'est vrai que c'est très bien de voir des... Moi, je suis content de cette victoire.

  • Speaker #1

    Et à 74 ans, est-ce qu'on se donne encore des objectifs sportifs ?

  • Speaker #0

    L'année passée, il y avait deux courses que je voulais faire suite à des soucis de santé. Voilà, bon maintenant je ne vais pas dire que je ne prendrai plus de dossards, il ne faut jamais dire jamais dans la vie. Mais oui, mon objectif c'est de pouvoir courir le plus longtemps possible, même si je dois réduire le nombre de sorties, les distances et de pouvoir aller en montagne, d'être en montagne. C'est vraiment une passion, pas nécessairement courir mais être en montagne.

  • Speaker #1

    Quand on met le doigt dans l'engrenage, c'est à vie.

  • Speaker #0

    Oui, la montagne, pour ma part, c'est quelque chose qui est très, très, très important.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci Alain Bustin d'avoir pris de votre temps pour les pieds dans le trail. Je trouvais ça très inspirant. Personnellement, ça m'a donné envie de mettre mes baskets et d'aller prendre du plaisir sur les sentiers ou ailleurs. Je vais encore prendre un petit peu mon mal en patience, mais ça va revenir. Par contre, vous, chez vous, si vous le pouvez, n'hésitez pas. Et puis, j'espère que cet épisode... vous a plu. Si c'est le cas, dites-le moi, ça fait toujours plaisir. Partagez aussi, les pieds dans le trail a besoin de vous. Merci encore Alain, merci à vous pour votre écoute et à très vite. Ciao !

Description

🚀 ON NE S'ARRETE PLUS DE VOUS INSPIRER ! (enfin, on essaie)


Pour cette quatrième capsule, on part à la rencontre d'un sage du trail. A 74 ans, il en bouffé des kilomètres et du dénivelé ! 🗻


Quand je débarque chez Alain Bustin, la première chose qu'il me montre, c'est sa vitrine REMPLIE de médailles, de trophées et autres souvenirs de courses. Alain, c'est clairement un passionné. Il court depuis plus de 40 ans avec toujours la même envie ! En plus d'avoir fait toutes les grandes courses : Sierre-Zinal (sa préférée), l'UTMB, le Marathon du Mont Blanc, le MIUT, la TransVulcania, etc. Il a aussi été dans l'organisation de l'Ultra Trail du Mont Blanc et du Marathon du Mont Blanc. Il était également reporter pour Esprit Trail Magazine. Il a vécu 6 ans à Chamonix mais est de retour en Belgique, un terrain de jeu qu'il affectionne particulièrement (ça, et l'Orval 🍻).

Mais Alain a bien d'autres atouts et passions : il écrit des romans avec pour toile de fond, la course à pied et le trail. Albert ou la quête d’un marathonien – Courir un autre regard – ou encore La course de lumière.


Bref, Alain Bustin est passionné, passionnant et pourra, j'espère, vous inspirer vous aussi !


N'hésitez pas à partager vos avis, vos réfléxions.

& à suivre Les pieds dans le trail sur Instagram: https://www.instagram.com/lespiedsdansletrail/


Bonne écoute 🎧


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pieds dans le trail. T'en siens où vous mettez les pieds ?

  • Speaker #1

    Les pieds,

  • Speaker #0

    vous le savez, c'est un job. Et c'est souvent dans la gueule.

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde ! Et oui, les pieds dans le trail est déjà de retour. Malheureusement, on ne rechausse pas encore tout de suite les baskets. L'entraînement est toujours en pause en ce qui me concerne. La rééducation prend un peu plus de temps que prévu. Mais on garde la pêche et on en profite pour vous donner envie à vous de vous dépasser, de vous lancer des défis sportifs, vous motiver à faire du sport ou simplement vous inspirer. C'est ce qui va se passer ici, j'en suis certain, dans cette quatrième capsule inspiration. Aujourd'hui, c'est la sagesse qui va nous inspirer. Je suis avec Alain Bustin. Bonjour Alain.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenté de glaner des informations sur vous sur le net. Je n'ai pas trouvé grand chose honnêtement. Vous êtes né... en 1950 à Liège. Vous avez pas mal écrit sur la course à pied et le trail, mais sous forme de roman. On peut citer Albert ou la quête d'un marathonien, courir un autre regard ou encore la course de lumière. Vous êtes évidemment trailer chevronné et ultra trailer, mais est-ce que vous, vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une... En quelques mots, le mot le plus simple, c'est passion en fait. Ça, c'est vraiment le mot le plus simple. Donc, j'ai commencé à courir il y a, à mon avis, 35-40 ans, en gros, à l'époque où la course de montagne n'existait pas. Et donc, mon premier objectif, c'était de faire un marathon. Voilà. Et puis de là, on va sûrement, avec les questions, enchaîner sur d'autres choses. Mais oui, tout a commencé avec 5 kilomètres. J'avais un diplôme d'initiateur de tennis, le club... payer des cours aux jeunes et ils n'avaient pas de physique. Donc, un jour ou l'autre, on s'est dit on va les accompagner, d'abord sur un vélo. À l'époque, on m'a déjà fait la remarque que papy, sur le vélo, c'est facile. Donc, je suis descendu et on a commencé à courir avec eux. J'ai attrapé le virus. Voilà, et puis 5 kilomètres, 10 kilomètres, la Mozane, les 13, les 20, les 30 et puis un jour, un premier marathon et puis à partir de là, ça a enchaîné. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est vraiment ça qui vous définit, la passion ? Parce que la question, c'était de vous présenter. C'est souvent par là que vous commencez, quand vous devez vous présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est un mot important dans la vie. C'est le mot passion. Il faut arriver à la raisonner parfois, ce qui est parfois un peu plus compliqué. Mais oui, la course à pied a une place très importante dans ma vie. J'ai fait d'autres sports avant. Je crois qu'on n'aura pas le temps d'en parler. Mais oui, la course à pied, c'est un sport que j'aime parce que c'est un sport très simple, même si maintenant on l'a un peu compliqué avec la débauche de matériel. Mais au départ, voilà, une bonne paire de chaussures, un short, un t-shirt. À l'époque, c'était t-shirt en coton et short de gymnastique. Et puis voilà, on y allait.

  • Speaker #1

    Quel a été votre premier contact avec la course à pied, peut-être ? Parce qu'on a peut-être commencé par là, avant de parler de trail. Votre premier contact avec la course à pied ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Le premier contact, en fait, sans rentrer dans les détails, j'ai eu une jeunesse un peu compliquée. Et dans une boîte de chaussures, il y avait une photo de mon père qui avait couru, je ne sais pas si c'était les 20 kilomètres de Paris ou le marathon de Paris, aucune idée. Et c'est un homme que je n'avais pas connu. Donc, je pense que quelque part, ça s'est mis dans mon inconscient. Et donc, voilà, peut-être aussi ça rejoint un de mes romans, c'est la course de lumière. Donc, c'est cette relation entre un père et un fils sur fond du trattrail du Mont-Blanc. Et voilà, donc c'est peut-être ça qui m'a, dans l'inconscient, qui m'a amené à la course, oui.

  • Speaker #1

    Vous êtes déjà inscrit dans vos gènes, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, puisque, très bonne question de nouveau, oui, j'avais 10 ans et mon père m'avait obligé de faire un peu de crosse. Et donc, j'avais très peu de contact avec lui. Et je me souviens qu'un jour, aux crosses d'Anu...... point de côté, enfin voilà, j'étais pas du tout prédisposé pour faire ça et il était là au bord de la piste à m'encourager, à me dire allez tu t'accroches et tu continues, voilà après j'ai arrêté avec l'adolescence mais oui oui tout ça vient probablement pas probablement, sûrement de là

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui à 74 ans comment est-ce que vous pratiquez et envisagez le trail et la course à pied ?

  • Speaker #0

    Alors J'ai eu la chance aussi d'avoir une formation d'entraîneur. J'ai suivi la formation à la Fédération française sur la course de montagne. La chose la plus importante que je peux dire par rapport à ça, c'est d'accueillir l'âge. On doit accueillir l'âge. Il est hors de question, évidemment, à 74 ans, ou même déjà en étant vétéran 1, de penser qu'on peut faire les temps que l'on faisait à 20 ans, dès l'instant où on est bien entraîné. Par rapport à sa capacité, on peut augmenter de 20%, mais si on est déjà bien entraîné, il est évident qu'il faut accueillir l'âge et revoir ses objectifs et mettre ça en harmonie avec le phénomène du vieillissement.

  • Speaker #1

    Même à votre âge, la course à pied, on peut continuer à le faire. Il n'y a pas de contre-indication par rapport à l'âge. Pour vous, la course à pied, c'est en tout temps, à tout moment.

  • Speaker #0

    Je pense que le fait d'avoir bien géré la discipline, je n'ai pas de grosses blessures, malgré les kilomètres et le dénivelé avalé pendant toutes ces années. Donc oui, maintenant il faut y aller, il faut écouter son corps. Moi je suis tout le temps, comme dans les romans, je suis tout le temps en discussion avec mon corps et c'est un compromis entre lui et moi pour savoir ce que je peux faire. Donc je ne suis plus de programme d'entraînement. Je reste, enfin, j'ai fait deux courses l'année passée. Oui, je reste très compétitif chez les papys, mais ça n'a plus aucune importance pour moi. Le maître mot, un autre maître mot, c'est plaisir. Voilà, trouver du plaisir. Donc, il faut bien s'écouter et toujours chercher le plaisir.

  • Speaker #1

    Et donc, pour résumer avec, on a bien compris ces deux mots qui sont importants pour vous, passion et plaisir. Mais si vous deviez résumer votre vision du trail avec... votre bagage, tout ce que vous avez vécu depuis le temps que vous courez, la vision du trail ?

  • Speaker #0

    Déjà le mot, même si j'ai travaillé comme reporter pour Esprit Trail Magazine, c'est un mot que je n'apprécie pas trop. À l'époque, on parlait, chez nous il y avait le challenge des lals, c'était des courses nature, et en fait, la montagne, pour moi on parle de course de montagne, le trail, c'est un mot que l'on a utilisé, mais... Pour moi, je parle de course de montagne. Donc, évidemment, il y a des trails qui ne sont pas vraiment des courses de montagne. Et il y a des courses de montagne qu'on ne peut pas qualifier de point de vue de trail. Je ne sais pas si ça répond à votre question. Mais oui, voilà. Encore une fois, moi, j'ai dit que c'est le plaisir. On me demande toujours, bon, j'ai fait des courses très, très longues. On me demande toujours, c'est quoi la plus belle ? C'est quelle distance ? Non, prendre son short et aller faire 5 kilomètres, c'est aussi important que... que de terminer une course aussi importante que l'Ultra Trail des Monts Blancs.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, la course de montagne, le trail, peu importe comment on l'appelle, toute distance confondue est en plein essor. On le voit bien, la densité sur les courses augmente en flèche, la médiatisation aussi. Et puis les coureurs et les coureuses se professionnalisent. Est-ce que vous avez vu une évolution de la discipline au cours des années et finalement, comment ça s'est concrétisé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est principalement la médiatisation et principalement la médiatisation du mot trail. Quand on voit maintenant, il y a des championnats de course de montagne, c'est un peu moins médiatisé que par exemple l'Ultra Trail du Mont-Blanc ou des choses comme ça. Personnellement, en dehors du matériel, je ne vois pas grande différence. Non, le matériel amenait beaucoup. À l'époque, on courait en montagne, on n'avait rien par rapport. à ce qui est utilisé maintenant. Mais non, je ne vois pas... C'est un geste simple, courir.

  • Speaker #1

    Comment vous expliquez alors qu'il y a de plus en plus de gens et que justement, il y a cette professionnalisation des athlètes ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, je dis toujours, dans les romans, je le dis aussi, c'est le voyage intérieur. En fait, c'est un excellent moyen, courir, de faire cette introspection, d'aller en soi. et d'essayer de trouver des réponses à nos questions conscientes ou inconscientes. Mais c'est vrai qu'on suit un peu les... Je me souviens, il y a très longtemps, quand j'allais courir des marathons aux États-Unis, aux États-Unis, c'était banal de voir des gens qui prenaient l'avion pour aller faire le marathon de New York ou de San Francisco et qui rentraient chez eux, ils faisaient juste le marathon et ils rentraient chez eux. Je pense que ce phénomène de mode s'est amplifié un peu de la même manière qu'il s'est amplifié aux États-Unis. Donc maintenant on est vraiment dans une forme, je ne dis pas de démesure, mais c'est vrai que quand on voit, on prend l'exemple de l'UTMB, et qu'on voit le principe des running stones, des points qu'il faut acquérir pour courir cette course, et que l'on voit le nombre de demandes pour le nombre de dossards, dans toutes les courses, il y a une demande, mais énorme pour le moment, va-t-elle durer ? Ça c'est un autre débat. Pour le moment, je crois que toutes les grandes courses, puisque je suis dans le bénévolat, j'étais dans le bénévolat du marathon du Mont-Blanc et de l'UTMB, je continue sur le marathon, mais il y a très peu de place pour le nombre de demandes, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Comment est-ce qu'on fait pour durer dans la course à pied ? On sait quand même qu'à certains égards, c'est une discipline exigeante que vous réussissez à pratiquer depuis de nombreuses années. Comment on fait pour durer ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut être à l'écoute de soi-même. accueillir les blessures, prendre... Du repos, en tout cas après les gros événements, principalement les marathons. Pour moi, les marathons, c'était... Je prenais systématiquement 15 jours de repos complets après un marathon. En montagne, c'est un peu différent, mais je pense le repos, l'utilisation du bon matériel. Voilà, je pense que tout le monde ne peut pas courir avec les chaussures de Kilian, par exemple. C'est juste un exemple. Donc il faut être bien à l'écoute de soi-même et ne pas se laisser embarquer par... Par la médiatisation et l'utilisation en outrance de matériel. Moi, je connais des gens qui n'ont pas terminé des courses comme l'Ultra Trail du Mont-Blanc à vouloir utiliser des chaussures qui n'étaient pas faites pour eux. Donc, je pense que c'est important d'être à l'écoute de soi, de prendre du repos, de ne jamais forcer, de ne pas suivre bêtement des plans d'entraînement qui ne sont pas faits pour soi. Voilà, il y a beaucoup de choses à dire sur ça, oui.

  • Speaker #1

    Selon vous, quelles sont les clés pour se préparer concrètement ? Pas forcément pour performer, mais pour réussir à prendre du plaisir, le plaisir qui est important pour vous dans les courses, et parfois sur des plus longues distances.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que soit il faut lire beaucoup, il y a des bouquins très intéressants à lire pour comprendre la notion du corps, qu'est-ce que c'est l'entraînement. Donc d'avoir les trois quarts de son entraînement, ça doit être de l'endurance, vraiment de l'endurance. Moi, je suis un adepte, j'ai toujours été un adepte du cardio-fréquence-mètre. Ça, c'est quand on n'a pas de point de repère, c'est vraiment le moyen idéal de pouvoir s'évaluer. Donc, trois quarts en endurance et 25% en qualité et avoir sa propre qualité. Bon, voilà, maintenant, je suis un adepte actuellement. Depuis que j'ai arrêté le marathon et que je cours en montagne, je fais de l'entraînement, enfin, je faisais de l'entraînement qui était non formel, c'est-à-dire pas de plan d'entraînement au feeling. Et maintenant, avec les nouveaux outils qui existent, on a toute capacité de pouvoir écouter son corps et d'adapter son entraînement. Avec les nouveaux cardio-fréquences mètres, c'est vraiment impressionnant, oui.

  • Speaker #1

    Donc, votre vision de l'entraînement, à vous, vous dites que vous ne savez plus dans de plan, mais peut-être qu'à un moment, vous l'avez fait. Comment vous voyez l'entraînement ?

  • Speaker #0

    C'est une harmonie. C'est quelque chose qu'on doit mettre en harmonie avec sa vie privée. sa vie professionnelle et donc bien adapter cela par rapport à ces deux paramètres. Déjà faire un effort de ce qu'on appelle un effort de qualité donc de la vitesse ou du seuil. Si cette journée là vous avez une journée de boulot de dingue ou à la maison le gosse a pleuré toute la nuit ou quoi, c'est pas le jour pour faire ce genre de séance. Donc voilà moi je dis c'est être à l'écoute de soi, être comme tout dans la vie je pense, c'est être à l'écoute de soi.

  • Speaker #1

    On retient On rajoute un mot-clé. Passion, plaisir et écoute. Ça vous va ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Liberté aussi. Liberté. Donc, avoir la liberté de dire non à une séance trop dure sur un plan d'entraînement en disant voilà, j'ai vu trop de jeunes athlètes. Ils avaient un plan à suivre. Et ce jour-là, ils étaient HS pour quelque raison que ce soit. Ils voulaient absolument faire leur séance. Non, il faut la faire dans des bonnes conditions. Donc, avoir la liberté de... De ne pas suivre les modes, de ne pas suivre les plans d'entraînement et oui, la liberté.

  • Speaker #1

    D'accord. Et selon vous, l'hygiène de vie, c'est important aussi dans ce sport ?

  • Speaker #0

    Alors oui, c'est important dans la mesure où, c'est la même chose, il ne faut pas tomber dans le piège de l'excès. Donc par rapport à ça, on parle toujours du poids de forme. Donc évidemment, il faut essayer d'être le plus près possible de son poids de forme. Et à l'inverse, on voit des gens qui sont en dessous du poids de forme. Donc ça, c'est sûr qu'ils vont avoir des problèmes à l'entraînement et que ça n'ira pas du tout. Donc, on revient sur le maître mot plaisir. Il faut se faire plaisir. Il ne faut pas avoir peur de boire un Orval, de manger un gâteau, de manger un steak frite. Voilà, il faut vivre. Il faut vivre. Il ne faut pas tomber dans l'excès, ni dans un sens et ni dans l'autre. Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous, vous auriez pu ou est-ce que vous auriez voulu devenir... Professionnel en course à pied ?

  • Speaker #0

    Non. Pourquoi ? De nouveau, liberté et plaisir. Je pense que j'ai la chance de connaître des... Oui, je me suis occupé aussi pas mal dans diverses fonctions d'athlète de très haut niveau. C'est une autre planète. C'est quelque chose d'autre. C'est un sport qui n'est pas médiatisé comme la Formule 1 ou comme le foot ou comme le cyclisme, des sports comme ça. Mais le haut niveau en course à pied, c'est vraiment quelque chose de très haut niveau. J'étais en reportage sur la Diagonale des Fous pour Esprit Trial Magazine et j'ai eu la chance de suivre toute la course en hélicoptère. Donc le principe, on suivait les dix premiers, il y avait trois hélicos, on nous déposait, on regardait, on remontait dans un hélico, on partait au point suivant. Et ça m'a, c'est là pourtant j'avais déjà 30-40 ans de carrière derrière, d'amateur, ça m'a vraiment impressionné de voir comment la bagarre qu'il y a... à leur niveau dans les dix premiers, avec une exception qui est Antoine Guillon pour les passionnés, qui lui s'en fout, il a son tableau de marche. Il passe centième au dixième kilomètre et il a fait 10 ou 12 fois podium dans les 10 premiers sur la diagonale. Mais la grande majorité, il y a une rivalité sportive, il y a une entente, mais il y a une rivalité qui fait que c'est une autre course. C'est une autre course. D'ailleurs, eux ont du mal aussi à parfois comprendre les coureurs moyens comme moi, en disant qu'ils mettent 20 heures sur l'UTMB et quand on leur dit qu'on met 40 heures, Pour eux, ce n'est pas du tout la même planète, ce n'est pas du tout le même effort. C'est un autre monde. C'est vraiment impressionnant à voir. On en parlait avant l'interview, la victoire de Kylian Jornet sur Cierzynal cette année. Moi, je suis vraiment admiratif. Oui, c'est vraiment impressionnant.

  • Speaker #1

    Donc, c'est peut-être cet esprit trop bagarreur qui aurait pu vous déranger ?

  • Speaker #0

    Non, c'est... Non, c'est difficile de répondre à la question. Je pense que ça n'a jamais été... D'abord, on a ses limites. D'abord, pour prétendre arriver dans l'élite, au départ, il faut une capacité, capacité que je n'avais pas. Donc, toute cette capacité, elle se construit en fait dans l'enfance. Et après, il faut évidemment... Mais non, c'est pas... Je n'y ai jamais pensé, même si j'ai fait des podiums. dans les catégories, mais bon, ça n'a jamais été... Non.

  • Speaker #1

    Je l'ai dit, vous écrivez aussi beaucoup, sur la course à pied principalement. Pourquoi ce besoin d'écrire à ce sujet-là ?

  • Speaker #0

    Ah... C'est pas un besoin d'écrire à ce sujet-là, c'est-à-dire que mon travail d'écriture, c'est sur la résilience. Et donc, j'ai utilisé... Je dis toujours dans... Je déteste le mot conférence, mais dans les conférences que j'ai pu donner, je pense que les gens comme moi, on va prendre mon exemple, ça sera plus simple, mais tous les gens qui font l'UTMB ou qui font des courses dures, comme toutes les courses auxquelles j'ai pu participer, en fait ce sont tous des gens qui ont une histoire, une histoire personnelle. On ne fait pas ce genre de conneries par hasard. On ne court pas un UTMB par hasard. Il y a toujours un voyage intérieur et on est toujours en quête de quelque chose, ce quelque chose qui est au fond de nous. Et je pense que la course, justement, est un moyen excellent d'apprendre à se connaître et à s'accueillir. Oui, c'est...

  • Speaker #1

    Donc, dans vos romans, la course à pied, c'est un cadre plutôt que l'histoire à proprement parler. Le sujet, c'est la résilience.

  • Speaker #0

    Voilà, donc le personnage principal, on le retrouve, ce n'est pas une suite, il est dans les trois romans. et il sera dans le quatrième. Oui, je paraphrase Saint-Exupéry dans Le Petit Prince, en fait, je vais le dire comme je l'écris dans le roman, pourquoi tu cours pour oublier pourquoi je cours ? Je pense qu'on a tous un jardin secret, une histoire, et que la course à pied, d'ailleurs c'est reconnu que c'est un antidépresseur tout à fait naturel, et moi ça m'a permis... Oui, voilà, avec 40 ans de pratique, ça m'a permis d'apprendre, à m'accueillir, à me connaître, et voilà.

  • Speaker #1

    Et c'est votre vie et votre passion qui vous inspirent aussi ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et je sais que la question, vous n'allez peut-être pas l'apprécier, mais vous avez fait pas mal de grandes courses, on l'a compris au fur et à mesure. L'UTMB, Transvue de Gagnas, le Mute, Marathon du Mont-Blanc, Cierzynal, j'en passe. C'est quand même la quelle, j'ai quand même envie de vous la poser, c'est quand même la quelle votre préférée ?

  • Speaker #0

    C'est le genre de question, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure dans l'interview. En fait, ce qui est important, c'est de mettre son short et ses chaussures et d'aller courir. Je veux dire, d'ailleurs, on a un pays qui est magnifique, la province de Namur est magnifique. J'ai du mal à répondre. C'est vrai qu'il y a des courses qui m'ont... Si je devais faire un choix, évidemment, je prendrais Sierzinale. Alors, pourquoi est-ce que je prendrais Sierzinale ? Parce que l'histoire de la course de montagne... C'est bâti sur Cierzinal et sur ce qu'on appelait à l'époque le Croce du Mont Blanc. Toute l'histoire de la course de montagne part de ces deux courses-là. Donc moi j'ai commencé par Cierzinal et c'est une école de montagne mais fabuleuse. Donc si je devais faire un choix, ça serait Cierzinal qui pour l'anecdote, à l'époque a été championnat du monde des courses longue distance. Donc voilà, avec ses 31 kilomètres. Donc aujourd'hui on en est loin de ce...

  • Speaker #1

    Et la Belgique finalement, vous dites que c'est un très beau terrain de jeu, mais comment elle se positionne sur cet univers, on va continuer à l'appeler trail, parce qu'on sait que ce n'est pas forcément facile d'aller chercher des niveaux en Belgique. Comment est-ce que vous voyez, vous avez vécu à Chamonix, qui est un autre terrain de jeu, un autre niveau, comment est-ce que vous voyez la Belgique sur le plan du trail ?

  • Speaker #0

    J'adore, et j'ai d'ailleurs conseillé à des amis français, dont un est venu courir et l'a gagné, la Bouillonante. qui maintenant s'est organisée par Patrick et Nicole. Et pour l'anecdote, il y a très très longtemps, la première bouillonnante, Patrick et Nicole m'avaient dit Ah, ben regarde un peu Nicole, Alain vient courir, note un peu sur la feuille. Donc ils espéraient dépasser les 100 coureurs, et maintenant en 5 minutes tout est bouclé. La bouillonnante est eue. Il y en a d'autres. Les courses en Belgique sont magnifiques, et ce sont des courses notamment pour les coureurs français. Michel Lannes est venu et il a gagné ici. C'est difficile. pour eux parce que c'est un dénivelé, c'est un toboggan c'est un peu comme les Templiers donc on n'enchaîne pas 1000 mètres de dénivelé d'un coup, ce sont tout le temps des répétitions de côte de descente de côte de descente, donc c'est magnifique, on a vraiment des régions magnifiques

  • Speaker #1

    Le but du podcast ici c'est d'inciter les gens à faire du sport et pourquoi pas la course à pied et du trail, vous donneriez quoi comme conseil à celles et ceux qui veulent se donner des objectifs ?

  • Speaker #0

    de ne pas brûler les étapes, comme malheureusement je le vois faire. Ça c'est le problème des réseaux sociaux, de la médiatisation à outrance, on va trop loin par rapport à ça maintenant. Donc je pense que je cours pour ma forme, j'ai adoré le principe. Voilà, simplement mettre une bonne paire de baskets, faire un examen médical pour être certain, peut-être même voir un podologue, et puis se lancer et dire voilà, je vais partir 20 minutes et courir 5 minutes sur les 20 minutes, commencer. Très modestement et très simplement. Et ça va se mettre en place. Ma carrière, enfin carrière d'amateur, elle a été faite comme ça. Ne pas brûler les étapes. Maintenant, ceux qui ont un passé sportif, c'est un peu différent. Ils peuvent évidemment commencer de manière beaucoup plus... de plus haut. Mais non, ne pas brûler les étapes. On ne se lance pas dans un ultra. D'ailleurs, les réseaux sociaux, on ne voit que le beau côté des choses. On ne parle pas de tous ceux qui ne sont plus là, et j'en connais, qui ont été dégoûtés et qui n'ont plus couru. Parce qu'ils se sont lancés trop vite dans des objectifs qui sont trop grands. Il faut savoir qu'un ultra, il n'y a rien à faire. Qu'on s'appelle Kylian Jornet ou Alain Bustin, il y a des moments où on est bien et des moments où on est mal. Donc, au moment où on est mal, si on n'accueille pas la chose, là, ça peut aller à l'abandon, ça peut... Ça peut être compliqué, donc surtout ne pas brûler les étapes.

  • Speaker #1

    Un exemple, en plus, cette année à l'UTMB, tous les abandons des élites, on voit qu'il y a quand même une pression qui se met en place, notamment via les réseaux sociaux, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Oui, sur l'UTMB, évidemment, c'est devenu, c'est la référence, c'est vraiment le graal du cycle de l'ultra-trail. Et comme je le disais, quand on voit comment la bagarre se passe devant, C'est assez compliqué et en plus maintenant il y a beaucoup de jeunes coureurs qui arrivent, qui sont en forme parce que les techniques d'entraînement ont également évolué. Donc il y a le facteur d'endurance, il y a beaucoup de paramètres qui interviennent maintenant sur une préparation et moi ça m'a fait plaisir de voir cette victoire. J'ai d'ailleurs oublié son nom, honte à moi, mais voilà, moi je trouve ça fabuleux. C'est un mec qui a une vie, c'est pas un professionnel donc il a une vie Professionnel, il a fait un temps exceptionnel. Il fait moins de 20 heures, donc c'est exceptionnel. Et ça, ça fait plaisir. Parce que ce n'est pas vraiment l'ultra trail. Oui, ils sont professionnels, mais ça n'a rien de comparable avec d'autres sports. Mais c'est vrai que c'est très bien de voir des... Moi, je suis content de cette victoire.

  • Speaker #1

    Et à 74 ans, est-ce qu'on se donne encore des objectifs sportifs ?

  • Speaker #0

    L'année passée, il y avait deux courses que je voulais faire suite à des soucis de santé. Voilà, bon maintenant je ne vais pas dire que je ne prendrai plus de dossards, il ne faut jamais dire jamais dans la vie. Mais oui, mon objectif c'est de pouvoir courir le plus longtemps possible, même si je dois réduire le nombre de sorties, les distances et de pouvoir aller en montagne, d'être en montagne. C'est vraiment une passion, pas nécessairement courir mais être en montagne.

  • Speaker #1

    Quand on met le doigt dans l'engrenage, c'est à vie.

  • Speaker #0

    Oui, la montagne, pour ma part, c'est quelque chose qui est très, très, très important.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci Alain Bustin d'avoir pris de votre temps pour les pieds dans le trail. Je trouvais ça très inspirant. Personnellement, ça m'a donné envie de mettre mes baskets et d'aller prendre du plaisir sur les sentiers ou ailleurs. Je vais encore prendre un petit peu mon mal en patience, mais ça va revenir. Par contre, vous, chez vous, si vous le pouvez, n'hésitez pas. Et puis, j'espère que cet épisode... vous a plu. Si c'est le cas, dites-le moi, ça fait toujours plaisir. Partagez aussi, les pieds dans le trail a besoin de vous. Merci encore Alain, merci à vous pour votre écoute et à très vite. Ciao !

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🚀 ON NE S'ARRETE PLUS DE VOUS INSPIRER ! (enfin, on essaie)


Pour cette quatrième capsule, on part à la rencontre d'un sage du trail. A 74 ans, il en bouffé des kilomètres et du dénivelé ! 🗻


Quand je débarque chez Alain Bustin, la première chose qu'il me montre, c'est sa vitrine REMPLIE de médailles, de trophées et autres souvenirs de courses. Alain, c'est clairement un passionné. Il court depuis plus de 40 ans avec toujours la même envie ! En plus d'avoir fait toutes les grandes courses : Sierre-Zinal (sa préférée), l'UTMB, le Marathon du Mont Blanc, le MIUT, la TransVulcania, etc. Il a aussi été dans l'organisation de l'Ultra Trail du Mont Blanc et du Marathon du Mont Blanc. Il était également reporter pour Esprit Trail Magazine. Il a vécu 6 ans à Chamonix mais est de retour en Belgique, un terrain de jeu qu'il affectionne particulièrement (ça, et l'Orval 🍻).

Mais Alain a bien d'autres atouts et passions : il écrit des romans avec pour toile de fond, la course à pied et le trail. Albert ou la quête d’un marathonien – Courir un autre regard – ou encore La course de lumière.


Bref, Alain Bustin est passionné, passionnant et pourra, j'espère, vous inspirer vous aussi !


N'hésitez pas à partager vos avis, vos réfléxions.

& à suivre Les pieds dans le trail sur Instagram: https://www.instagram.com/lespiedsdansletrail/


Bonne écoute 🎧


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pieds dans le trail. T'en siens où vous mettez les pieds ?

  • Speaker #1

    Les pieds,

  • Speaker #0

    vous le savez, c'est un job. Et c'est souvent dans la gueule.

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde ! Et oui, les pieds dans le trail est déjà de retour. Malheureusement, on ne rechausse pas encore tout de suite les baskets. L'entraînement est toujours en pause en ce qui me concerne. La rééducation prend un peu plus de temps que prévu. Mais on garde la pêche et on en profite pour vous donner envie à vous de vous dépasser, de vous lancer des défis sportifs, vous motiver à faire du sport ou simplement vous inspirer. C'est ce qui va se passer ici, j'en suis certain, dans cette quatrième capsule inspiration. Aujourd'hui, c'est la sagesse qui va nous inspirer. Je suis avec Alain Bustin. Bonjour Alain.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenté de glaner des informations sur vous sur le net. Je n'ai pas trouvé grand chose honnêtement. Vous êtes né... en 1950 à Liège. Vous avez pas mal écrit sur la course à pied et le trail, mais sous forme de roman. On peut citer Albert ou la quête d'un marathonien, courir un autre regard ou encore la course de lumière. Vous êtes évidemment trailer chevronné et ultra trailer, mais est-ce que vous, vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une... En quelques mots, le mot le plus simple, c'est passion en fait. Ça, c'est vraiment le mot le plus simple. Donc, j'ai commencé à courir il y a, à mon avis, 35-40 ans, en gros, à l'époque où la course de montagne n'existait pas. Et donc, mon premier objectif, c'était de faire un marathon. Voilà. Et puis de là, on va sûrement, avec les questions, enchaîner sur d'autres choses. Mais oui, tout a commencé avec 5 kilomètres. J'avais un diplôme d'initiateur de tennis, le club... payer des cours aux jeunes et ils n'avaient pas de physique. Donc, un jour ou l'autre, on s'est dit on va les accompagner, d'abord sur un vélo. À l'époque, on m'a déjà fait la remarque que papy, sur le vélo, c'est facile. Donc, je suis descendu et on a commencé à courir avec eux. J'ai attrapé le virus. Voilà, et puis 5 kilomètres, 10 kilomètres, la Mozane, les 13, les 20, les 30 et puis un jour, un premier marathon et puis à partir de là, ça a enchaîné. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est vraiment ça qui vous définit, la passion ? Parce que la question, c'était de vous présenter. C'est souvent par là que vous commencez, quand vous devez vous présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est un mot important dans la vie. C'est le mot passion. Il faut arriver à la raisonner parfois, ce qui est parfois un peu plus compliqué. Mais oui, la course à pied a une place très importante dans ma vie. J'ai fait d'autres sports avant. Je crois qu'on n'aura pas le temps d'en parler. Mais oui, la course à pied, c'est un sport que j'aime parce que c'est un sport très simple, même si maintenant on l'a un peu compliqué avec la débauche de matériel. Mais au départ, voilà, une bonne paire de chaussures, un short, un t-shirt. À l'époque, c'était t-shirt en coton et short de gymnastique. Et puis voilà, on y allait.

  • Speaker #1

    Quel a été votre premier contact avec la course à pied, peut-être ? Parce qu'on a peut-être commencé par là, avant de parler de trail. Votre premier contact avec la course à pied ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Le premier contact, en fait, sans rentrer dans les détails, j'ai eu une jeunesse un peu compliquée. Et dans une boîte de chaussures, il y avait une photo de mon père qui avait couru, je ne sais pas si c'était les 20 kilomètres de Paris ou le marathon de Paris, aucune idée. Et c'est un homme que je n'avais pas connu. Donc, je pense que quelque part, ça s'est mis dans mon inconscient. Et donc, voilà, peut-être aussi ça rejoint un de mes romans, c'est la course de lumière. Donc, c'est cette relation entre un père et un fils sur fond du trattrail du Mont-Blanc. Et voilà, donc c'est peut-être ça qui m'a, dans l'inconscient, qui m'a amené à la course, oui.

  • Speaker #1

    Vous êtes déjà inscrit dans vos gènes, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, puisque, très bonne question de nouveau, oui, j'avais 10 ans et mon père m'avait obligé de faire un peu de crosse. Et donc, j'avais très peu de contact avec lui. Et je me souviens qu'un jour, aux crosses d'Anu...... point de côté, enfin voilà, j'étais pas du tout prédisposé pour faire ça et il était là au bord de la piste à m'encourager, à me dire allez tu t'accroches et tu continues, voilà après j'ai arrêté avec l'adolescence mais oui oui tout ça vient probablement pas probablement, sûrement de là

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui à 74 ans comment est-ce que vous pratiquez et envisagez le trail et la course à pied ?

  • Speaker #0

    Alors J'ai eu la chance aussi d'avoir une formation d'entraîneur. J'ai suivi la formation à la Fédération française sur la course de montagne. La chose la plus importante que je peux dire par rapport à ça, c'est d'accueillir l'âge. On doit accueillir l'âge. Il est hors de question, évidemment, à 74 ans, ou même déjà en étant vétéran 1, de penser qu'on peut faire les temps que l'on faisait à 20 ans, dès l'instant où on est bien entraîné. Par rapport à sa capacité, on peut augmenter de 20%, mais si on est déjà bien entraîné, il est évident qu'il faut accueillir l'âge et revoir ses objectifs et mettre ça en harmonie avec le phénomène du vieillissement.

  • Speaker #1

    Même à votre âge, la course à pied, on peut continuer à le faire. Il n'y a pas de contre-indication par rapport à l'âge. Pour vous, la course à pied, c'est en tout temps, à tout moment.

  • Speaker #0

    Je pense que le fait d'avoir bien géré la discipline, je n'ai pas de grosses blessures, malgré les kilomètres et le dénivelé avalé pendant toutes ces années. Donc oui, maintenant il faut y aller, il faut écouter son corps. Moi je suis tout le temps, comme dans les romans, je suis tout le temps en discussion avec mon corps et c'est un compromis entre lui et moi pour savoir ce que je peux faire. Donc je ne suis plus de programme d'entraînement. Je reste, enfin, j'ai fait deux courses l'année passée. Oui, je reste très compétitif chez les papys, mais ça n'a plus aucune importance pour moi. Le maître mot, un autre maître mot, c'est plaisir. Voilà, trouver du plaisir. Donc, il faut bien s'écouter et toujours chercher le plaisir.

  • Speaker #1

    Et donc, pour résumer avec, on a bien compris ces deux mots qui sont importants pour vous, passion et plaisir. Mais si vous deviez résumer votre vision du trail avec... votre bagage, tout ce que vous avez vécu depuis le temps que vous courez, la vision du trail ?

  • Speaker #0

    Déjà le mot, même si j'ai travaillé comme reporter pour Esprit Trail Magazine, c'est un mot que je n'apprécie pas trop. À l'époque, on parlait, chez nous il y avait le challenge des lals, c'était des courses nature, et en fait, la montagne, pour moi on parle de course de montagne, le trail, c'est un mot que l'on a utilisé, mais... Pour moi, je parle de course de montagne. Donc, évidemment, il y a des trails qui ne sont pas vraiment des courses de montagne. Et il y a des courses de montagne qu'on ne peut pas qualifier de point de vue de trail. Je ne sais pas si ça répond à votre question. Mais oui, voilà. Encore une fois, moi, j'ai dit que c'est le plaisir. On me demande toujours, bon, j'ai fait des courses très, très longues. On me demande toujours, c'est quoi la plus belle ? C'est quelle distance ? Non, prendre son short et aller faire 5 kilomètres, c'est aussi important que... que de terminer une course aussi importante que l'Ultra Trail des Monts Blancs.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, la course de montagne, le trail, peu importe comment on l'appelle, toute distance confondue est en plein essor. On le voit bien, la densité sur les courses augmente en flèche, la médiatisation aussi. Et puis les coureurs et les coureuses se professionnalisent. Est-ce que vous avez vu une évolution de la discipline au cours des années et finalement, comment ça s'est concrétisé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est principalement la médiatisation et principalement la médiatisation du mot trail. Quand on voit maintenant, il y a des championnats de course de montagne, c'est un peu moins médiatisé que par exemple l'Ultra Trail du Mont-Blanc ou des choses comme ça. Personnellement, en dehors du matériel, je ne vois pas grande différence. Non, le matériel amenait beaucoup. À l'époque, on courait en montagne, on n'avait rien par rapport. à ce qui est utilisé maintenant. Mais non, je ne vois pas... C'est un geste simple, courir.

  • Speaker #1

    Comment vous expliquez alors qu'il y a de plus en plus de gens et que justement, il y a cette professionnalisation des athlètes ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, je dis toujours, dans les romans, je le dis aussi, c'est le voyage intérieur. En fait, c'est un excellent moyen, courir, de faire cette introspection, d'aller en soi. et d'essayer de trouver des réponses à nos questions conscientes ou inconscientes. Mais c'est vrai qu'on suit un peu les... Je me souviens, il y a très longtemps, quand j'allais courir des marathons aux États-Unis, aux États-Unis, c'était banal de voir des gens qui prenaient l'avion pour aller faire le marathon de New York ou de San Francisco et qui rentraient chez eux, ils faisaient juste le marathon et ils rentraient chez eux. Je pense que ce phénomène de mode s'est amplifié un peu de la même manière qu'il s'est amplifié aux États-Unis. Donc maintenant on est vraiment dans une forme, je ne dis pas de démesure, mais c'est vrai que quand on voit, on prend l'exemple de l'UTMB, et qu'on voit le principe des running stones, des points qu'il faut acquérir pour courir cette course, et que l'on voit le nombre de demandes pour le nombre de dossards, dans toutes les courses, il y a une demande, mais énorme pour le moment, va-t-elle durer ? Ça c'est un autre débat. Pour le moment, je crois que toutes les grandes courses, puisque je suis dans le bénévolat, j'étais dans le bénévolat du marathon du Mont-Blanc et de l'UTMB, je continue sur le marathon, mais il y a très peu de place pour le nombre de demandes, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Comment est-ce qu'on fait pour durer dans la course à pied ? On sait quand même qu'à certains égards, c'est une discipline exigeante que vous réussissez à pratiquer depuis de nombreuses années. Comment on fait pour durer ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut être à l'écoute de soi-même. accueillir les blessures, prendre... Du repos, en tout cas après les gros événements, principalement les marathons. Pour moi, les marathons, c'était... Je prenais systématiquement 15 jours de repos complets après un marathon. En montagne, c'est un peu différent, mais je pense le repos, l'utilisation du bon matériel. Voilà, je pense que tout le monde ne peut pas courir avec les chaussures de Kilian, par exemple. C'est juste un exemple. Donc il faut être bien à l'écoute de soi-même et ne pas se laisser embarquer par... Par la médiatisation et l'utilisation en outrance de matériel. Moi, je connais des gens qui n'ont pas terminé des courses comme l'Ultra Trail du Mont-Blanc à vouloir utiliser des chaussures qui n'étaient pas faites pour eux. Donc, je pense que c'est important d'être à l'écoute de soi, de prendre du repos, de ne jamais forcer, de ne pas suivre bêtement des plans d'entraînement qui ne sont pas faits pour soi. Voilà, il y a beaucoup de choses à dire sur ça, oui.

  • Speaker #1

    Selon vous, quelles sont les clés pour se préparer concrètement ? Pas forcément pour performer, mais pour réussir à prendre du plaisir, le plaisir qui est important pour vous dans les courses, et parfois sur des plus longues distances.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que soit il faut lire beaucoup, il y a des bouquins très intéressants à lire pour comprendre la notion du corps, qu'est-ce que c'est l'entraînement. Donc d'avoir les trois quarts de son entraînement, ça doit être de l'endurance, vraiment de l'endurance. Moi, je suis un adepte, j'ai toujours été un adepte du cardio-fréquence-mètre. Ça, c'est quand on n'a pas de point de repère, c'est vraiment le moyen idéal de pouvoir s'évaluer. Donc, trois quarts en endurance et 25% en qualité et avoir sa propre qualité. Bon, voilà, maintenant, je suis un adepte actuellement. Depuis que j'ai arrêté le marathon et que je cours en montagne, je fais de l'entraînement, enfin, je faisais de l'entraînement qui était non formel, c'est-à-dire pas de plan d'entraînement au feeling. Et maintenant, avec les nouveaux outils qui existent, on a toute capacité de pouvoir écouter son corps et d'adapter son entraînement. Avec les nouveaux cardio-fréquences mètres, c'est vraiment impressionnant, oui.

  • Speaker #1

    Donc, votre vision de l'entraînement, à vous, vous dites que vous ne savez plus dans de plan, mais peut-être qu'à un moment, vous l'avez fait. Comment vous voyez l'entraînement ?

  • Speaker #0

    C'est une harmonie. C'est quelque chose qu'on doit mettre en harmonie avec sa vie privée. sa vie professionnelle et donc bien adapter cela par rapport à ces deux paramètres. Déjà faire un effort de ce qu'on appelle un effort de qualité donc de la vitesse ou du seuil. Si cette journée là vous avez une journée de boulot de dingue ou à la maison le gosse a pleuré toute la nuit ou quoi, c'est pas le jour pour faire ce genre de séance. Donc voilà moi je dis c'est être à l'écoute de soi, être comme tout dans la vie je pense, c'est être à l'écoute de soi.

  • Speaker #1

    On retient On rajoute un mot-clé. Passion, plaisir et écoute. Ça vous va ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Liberté aussi. Liberté. Donc, avoir la liberté de dire non à une séance trop dure sur un plan d'entraînement en disant voilà, j'ai vu trop de jeunes athlètes. Ils avaient un plan à suivre. Et ce jour-là, ils étaient HS pour quelque raison que ce soit. Ils voulaient absolument faire leur séance. Non, il faut la faire dans des bonnes conditions. Donc, avoir la liberté de... De ne pas suivre les modes, de ne pas suivre les plans d'entraînement et oui, la liberté.

  • Speaker #1

    D'accord. Et selon vous, l'hygiène de vie, c'est important aussi dans ce sport ?

  • Speaker #0

    Alors oui, c'est important dans la mesure où, c'est la même chose, il ne faut pas tomber dans le piège de l'excès. Donc par rapport à ça, on parle toujours du poids de forme. Donc évidemment, il faut essayer d'être le plus près possible de son poids de forme. Et à l'inverse, on voit des gens qui sont en dessous du poids de forme. Donc ça, c'est sûr qu'ils vont avoir des problèmes à l'entraînement et que ça n'ira pas du tout. Donc, on revient sur le maître mot plaisir. Il faut se faire plaisir. Il ne faut pas avoir peur de boire un Orval, de manger un gâteau, de manger un steak frite. Voilà, il faut vivre. Il faut vivre. Il ne faut pas tomber dans l'excès, ni dans un sens et ni dans l'autre. Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous, vous auriez pu ou est-ce que vous auriez voulu devenir... Professionnel en course à pied ?

  • Speaker #0

    Non. Pourquoi ? De nouveau, liberté et plaisir. Je pense que j'ai la chance de connaître des... Oui, je me suis occupé aussi pas mal dans diverses fonctions d'athlète de très haut niveau. C'est une autre planète. C'est quelque chose d'autre. C'est un sport qui n'est pas médiatisé comme la Formule 1 ou comme le foot ou comme le cyclisme, des sports comme ça. Mais le haut niveau en course à pied, c'est vraiment quelque chose de très haut niveau. J'étais en reportage sur la Diagonale des Fous pour Esprit Trial Magazine et j'ai eu la chance de suivre toute la course en hélicoptère. Donc le principe, on suivait les dix premiers, il y avait trois hélicos, on nous déposait, on regardait, on remontait dans un hélico, on partait au point suivant. Et ça m'a, c'est là pourtant j'avais déjà 30-40 ans de carrière derrière, d'amateur, ça m'a vraiment impressionné de voir comment la bagarre qu'il y a... à leur niveau dans les dix premiers, avec une exception qui est Antoine Guillon pour les passionnés, qui lui s'en fout, il a son tableau de marche. Il passe centième au dixième kilomètre et il a fait 10 ou 12 fois podium dans les 10 premiers sur la diagonale. Mais la grande majorité, il y a une rivalité sportive, il y a une entente, mais il y a une rivalité qui fait que c'est une autre course. C'est une autre course. D'ailleurs, eux ont du mal aussi à parfois comprendre les coureurs moyens comme moi, en disant qu'ils mettent 20 heures sur l'UTMB et quand on leur dit qu'on met 40 heures, Pour eux, ce n'est pas du tout la même planète, ce n'est pas du tout le même effort. C'est un autre monde. C'est vraiment impressionnant à voir. On en parlait avant l'interview, la victoire de Kylian Jornet sur Cierzynal cette année. Moi, je suis vraiment admiratif. Oui, c'est vraiment impressionnant.

  • Speaker #1

    Donc, c'est peut-être cet esprit trop bagarreur qui aurait pu vous déranger ?

  • Speaker #0

    Non, c'est... Non, c'est difficile de répondre à la question. Je pense que ça n'a jamais été... D'abord, on a ses limites. D'abord, pour prétendre arriver dans l'élite, au départ, il faut une capacité, capacité que je n'avais pas. Donc, toute cette capacité, elle se construit en fait dans l'enfance. Et après, il faut évidemment... Mais non, c'est pas... Je n'y ai jamais pensé, même si j'ai fait des podiums. dans les catégories, mais bon, ça n'a jamais été... Non.

  • Speaker #1

    Je l'ai dit, vous écrivez aussi beaucoup, sur la course à pied principalement. Pourquoi ce besoin d'écrire à ce sujet-là ?

  • Speaker #0

    Ah... C'est pas un besoin d'écrire à ce sujet-là, c'est-à-dire que mon travail d'écriture, c'est sur la résilience. Et donc, j'ai utilisé... Je dis toujours dans... Je déteste le mot conférence, mais dans les conférences que j'ai pu donner, je pense que les gens comme moi, on va prendre mon exemple, ça sera plus simple, mais tous les gens qui font l'UTMB ou qui font des courses dures, comme toutes les courses auxquelles j'ai pu participer, en fait ce sont tous des gens qui ont une histoire, une histoire personnelle. On ne fait pas ce genre de conneries par hasard. On ne court pas un UTMB par hasard. Il y a toujours un voyage intérieur et on est toujours en quête de quelque chose, ce quelque chose qui est au fond de nous. Et je pense que la course, justement, est un moyen excellent d'apprendre à se connaître et à s'accueillir. Oui, c'est...

  • Speaker #1

    Donc, dans vos romans, la course à pied, c'est un cadre plutôt que l'histoire à proprement parler. Le sujet, c'est la résilience.

  • Speaker #0

    Voilà, donc le personnage principal, on le retrouve, ce n'est pas une suite, il est dans les trois romans. et il sera dans le quatrième. Oui, je paraphrase Saint-Exupéry dans Le Petit Prince, en fait, je vais le dire comme je l'écris dans le roman, pourquoi tu cours pour oublier pourquoi je cours ? Je pense qu'on a tous un jardin secret, une histoire, et que la course à pied, d'ailleurs c'est reconnu que c'est un antidépresseur tout à fait naturel, et moi ça m'a permis... Oui, voilà, avec 40 ans de pratique, ça m'a permis d'apprendre, à m'accueillir, à me connaître, et voilà.

  • Speaker #1

    Et c'est votre vie et votre passion qui vous inspirent aussi ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et je sais que la question, vous n'allez peut-être pas l'apprécier, mais vous avez fait pas mal de grandes courses, on l'a compris au fur et à mesure. L'UTMB, Transvue de Gagnas, le Mute, Marathon du Mont-Blanc, Cierzynal, j'en passe. C'est quand même la quelle, j'ai quand même envie de vous la poser, c'est quand même la quelle votre préférée ?

  • Speaker #0

    C'est le genre de question, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure dans l'interview. En fait, ce qui est important, c'est de mettre son short et ses chaussures et d'aller courir. Je veux dire, d'ailleurs, on a un pays qui est magnifique, la province de Namur est magnifique. J'ai du mal à répondre. C'est vrai qu'il y a des courses qui m'ont... Si je devais faire un choix, évidemment, je prendrais Sierzinale. Alors, pourquoi est-ce que je prendrais Sierzinale ? Parce que l'histoire de la course de montagne... C'est bâti sur Cierzinal et sur ce qu'on appelait à l'époque le Croce du Mont Blanc. Toute l'histoire de la course de montagne part de ces deux courses-là. Donc moi j'ai commencé par Cierzinal et c'est une école de montagne mais fabuleuse. Donc si je devais faire un choix, ça serait Cierzinal qui pour l'anecdote, à l'époque a été championnat du monde des courses longue distance. Donc voilà, avec ses 31 kilomètres. Donc aujourd'hui on en est loin de ce...

  • Speaker #1

    Et la Belgique finalement, vous dites que c'est un très beau terrain de jeu, mais comment elle se positionne sur cet univers, on va continuer à l'appeler trail, parce qu'on sait que ce n'est pas forcément facile d'aller chercher des niveaux en Belgique. Comment est-ce que vous voyez, vous avez vécu à Chamonix, qui est un autre terrain de jeu, un autre niveau, comment est-ce que vous voyez la Belgique sur le plan du trail ?

  • Speaker #0

    J'adore, et j'ai d'ailleurs conseillé à des amis français, dont un est venu courir et l'a gagné, la Bouillonante. qui maintenant s'est organisée par Patrick et Nicole. Et pour l'anecdote, il y a très très longtemps, la première bouillonnante, Patrick et Nicole m'avaient dit Ah, ben regarde un peu Nicole, Alain vient courir, note un peu sur la feuille. Donc ils espéraient dépasser les 100 coureurs, et maintenant en 5 minutes tout est bouclé. La bouillonnante est eue. Il y en a d'autres. Les courses en Belgique sont magnifiques, et ce sont des courses notamment pour les coureurs français. Michel Lannes est venu et il a gagné ici. C'est difficile. pour eux parce que c'est un dénivelé, c'est un toboggan c'est un peu comme les Templiers donc on n'enchaîne pas 1000 mètres de dénivelé d'un coup, ce sont tout le temps des répétitions de côte de descente de côte de descente, donc c'est magnifique, on a vraiment des régions magnifiques

  • Speaker #1

    Le but du podcast ici c'est d'inciter les gens à faire du sport et pourquoi pas la course à pied et du trail, vous donneriez quoi comme conseil à celles et ceux qui veulent se donner des objectifs ?

  • Speaker #0

    de ne pas brûler les étapes, comme malheureusement je le vois faire. Ça c'est le problème des réseaux sociaux, de la médiatisation à outrance, on va trop loin par rapport à ça maintenant. Donc je pense que je cours pour ma forme, j'ai adoré le principe. Voilà, simplement mettre une bonne paire de baskets, faire un examen médical pour être certain, peut-être même voir un podologue, et puis se lancer et dire voilà, je vais partir 20 minutes et courir 5 minutes sur les 20 minutes, commencer. Très modestement et très simplement. Et ça va se mettre en place. Ma carrière, enfin carrière d'amateur, elle a été faite comme ça. Ne pas brûler les étapes. Maintenant, ceux qui ont un passé sportif, c'est un peu différent. Ils peuvent évidemment commencer de manière beaucoup plus... de plus haut. Mais non, ne pas brûler les étapes. On ne se lance pas dans un ultra. D'ailleurs, les réseaux sociaux, on ne voit que le beau côté des choses. On ne parle pas de tous ceux qui ne sont plus là, et j'en connais, qui ont été dégoûtés et qui n'ont plus couru. Parce qu'ils se sont lancés trop vite dans des objectifs qui sont trop grands. Il faut savoir qu'un ultra, il n'y a rien à faire. Qu'on s'appelle Kylian Jornet ou Alain Bustin, il y a des moments où on est bien et des moments où on est mal. Donc, au moment où on est mal, si on n'accueille pas la chose, là, ça peut aller à l'abandon, ça peut... Ça peut être compliqué, donc surtout ne pas brûler les étapes.

  • Speaker #1

    Un exemple, en plus, cette année à l'UTMB, tous les abandons des élites, on voit qu'il y a quand même une pression qui se met en place, notamment via les réseaux sociaux, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Oui, sur l'UTMB, évidemment, c'est devenu, c'est la référence, c'est vraiment le graal du cycle de l'ultra-trail. Et comme je le disais, quand on voit comment la bagarre se passe devant, C'est assez compliqué et en plus maintenant il y a beaucoup de jeunes coureurs qui arrivent, qui sont en forme parce que les techniques d'entraînement ont également évolué. Donc il y a le facteur d'endurance, il y a beaucoup de paramètres qui interviennent maintenant sur une préparation et moi ça m'a fait plaisir de voir cette victoire. J'ai d'ailleurs oublié son nom, honte à moi, mais voilà, moi je trouve ça fabuleux. C'est un mec qui a une vie, c'est pas un professionnel donc il a une vie Professionnel, il a fait un temps exceptionnel. Il fait moins de 20 heures, donc c'est exceptionnel. Et ça, ça fait plaisir. Parce que ce n'est pas vraiment l'ultra trail. Oui, ils sont professionnels, mais ça n'a rien de comparable avec d'autres sports. Mais c'est vrai que c'est très bien de voir des... Moi, je suis content de cette victoire.

  • Speaker #1

    Et à 74 ans, est-ce qu'on se donne encore des objectifs sportifs ?

  • Speaker #0

    L'année passée, il y avait deux courses que je voulais faire suite à des soucis de santé. Voilà, bon maintenant je ne vais pas dire que je ne prendrai plus de dossards, il ne faut jamais dire jamais dans la vie. Mais oui, mon objectif c'est de pouvoir courir le plus longtemps possible, même si je dois réduire le nombre de sorties, les distances et de pouvoir aller en montagne, d'être en montagne. C'est vraiment une passion, pas nécessairement courir mais être en montagne.

  • Speaker #1

    Quand on met le doigt dans l'engrenage, c'est à vie.

  • Speaker #0

    Oui, la montagne, pour ma part, c'est quelque chose qui est très, très, très important.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci Alain Bustin d'avoir pris de votre temps pour les pieds dans le trail. Je trouvais ça très inspirant. Personnellement, ça m'a donné envie de mettre mes baskets et d'aller prendre du plaisir sur les sentiers ou ailleurs. Je vais encore prendre un petit peu mon mal en patience, mais ça va revenir. Par contre, vous, chez vous, si vous le pouvez, n'hésitez pas. Et puis, j'espère que cet épisode... vous a plu. Si c'est le cas, dites-le moi, ça fait toujours plaisir. Partagez aussi, les pieds dans le trail a besoin de vous. Merci encore Alain, merci à vous pour votre écoute et à très vite. Ciao !

Description

🚀 ON NE S'ARRETE PLUS DE VOUS INSPIRER ! (enfin, on essaie)


Pour cette quatrième capsule, on part à la rencontre d'un sage du trail. A 74 ans, il en bouffé des kilomètres et du dénivelé ! 🗻


Quand je débarque chez Alain Bustin, la première chose qu'il me montre, c'est sa vitrine REMPLIE de médailles, de trophées et autres souvenirs de courses. Alain, c'est clairement un passionné. Il court depuis plus de 40 ans avec toujours la même envie ! En plus d'avoir fait toutes les grandes courses : Sierre-Zinal (sa préférée), l'UTMB, le Marathon du Mont Blanc, le MIUT, la TransVulcania, etc. Il a aussi été dans l'organisation de l'Ultra Trail du Mont Blanc et du Marathon du Mont Blanc. Il était également reporter pour Esprit Trail Magazine. Il a vécu 6 ans à Chamonix mais est de retour en Belgique, un terrain de jeu qu'il affectionne particulièrement (ça, et l'Orval 🍻).

Mais Alain a bien d'autres atouts et passions : il écrit des romans avec pour toile de fond, la course à pied et le trail. Albert ou la quête d’un marathonien – Courir un autre regard – ou encore La course de lumière.


Bref, Alain Bustin est passionné, passionnant et pourra, j'espère, vous inspirer vous aussi !


N'hésitez pas à partager vos avis, vos réfléxions.

& à suivre Les pieds dans le trail sur Instagram: https://www.instagram.com/lespiedsdansletrail/


Bonne écoute 🎧


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pieds dans le trail. T'en siens où vous mettez les pieds ?

  • Speaker #1

    Les pieds,

  • Speaker #0

    vous le savez, c'est un job. Et c'est souvent dans la gueule.

  • Speaker #1

    Bonjour tout le monde ! Et oui, les pieds dans le trail est déjà de retour. Malheureusement, on ne rechausse pas encore tout de suite les baskets. L'entraînement est toujours en pause en ce qui me concerne. La rééducation prend un peu plus de temps que prévu. Mais on garde la pêche et on en profite pour vous donner envie à vous de vous dépasser, de vous lancer des défis sportifs, vous motiver à faire du sport ou simplement vous inspirer. C'est ce qui va se passer ici, j'en suis certain, dans cette quatrième capsule inspiration. Aujourd'hui, c'est la sagesse qui va nous inspirer. Je suis avec Alain Bustin. Bonjour Alain.

  • Speaker #0

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenté de glaner des informations sur vous sur le net. Je n'ai pas trouvé grand chose honnêtement. Vous êtes né... en 1950 à Liège. Vous avez pas mal écrit sur la course à pied et le trail, mais sous forme de roman. On peut citer Albert ou la quête d'un marathonien, courir un autre regard ou encore la course de lumière. Vous êtes évidemment trailer chevronné et ultra trailer, mais est-ce que vous, vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une... En quelques mots, le mot le plus simple, c'est passion en fait. Ça, c'est vraiment le mot le plus simple. Donc, j'ai commencé à courir il y a, à mon avis, 35-40 ans, en gros, à l'époque où la course de montagne n'existait pas. Et donc, mon premier objectif, c'était de faire un marathon. Voilà. Et puis de là, on va sûrement, avec les questions, enchaîner sur d'autres choses. Mais oui, tout a commencé avec 5 kilomètres. J'avais un diplôme d'initiateur de tennis, le club... payer des cours aux jeunes et ils n'avaient pas de physique. Donc, un jour ou l'autre, on s'est dit on va les accompagner, d'abord sur un vélo. À l'époque, on m'a déjà fait la remarque que papy, sur le vélo, c'est facile. Donc, je suis descendu et on a commencé à courir avec eux. J'ai attrapé le virus. Voilà, et puis 5 kilomètres, 10 kilomètres, la Mozane, les 13, les 20, les 30 et puis un jour, un premier marathon et puis à partir de là, ça a enchaîné. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est vraiment ça qui vous définit, la passion ? Parce que la question, c'était de vous présenter. C'est souvent par là que vous commencez, quand vous devez vous présenter ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense que c'est un mot important dans la vie. C'est le mot passion. Il faut arriver à la raisonner parfois, ce qui est parfois un peu plus compliqué. Mais oui, la course à pied a une place très importante dans ma vie. J'ai fait d'autres sports avant. Je crois qu'on n'aura pas le temps d'en parler. Mais oui, la course à pied, c'est un sport que j'aime parce que c'est un sport très simple, même si maintenant on l'a un peu compliqué avec la débauche de matériel. Mais au départ, voilà, une bonne paire de chaussures, un short, un t-shirt. À l'époque, c'était t-shirt en coton et short de gymnastique. Et puis voilà, on y allait.

  • Speaker #1

    Quel a été votre premier contact avec la course à pied, peut-être ? Parce qu'on a peut-être commencé par là, avant de parler de trail. Votre premier contact avec la course à pied ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Le premier contact, en fait, sans rentrer dans les détails, j'ai eu une jeunesse un peu compliquée. Et dans une boîte de chaussures, il y avait une photo de mon père qui avait couru, je ne sais pas si c'était les 20 kilomètres de Paris ou le marathon de Paris, aucune idée. Et c'est un homme que je n'avais pas connu. Donc, je pense que quelque part, ça s'est mis dans mon inconscient. Et donc, voilà, peut-être aussi ça rejoint un de mes romans, c'est la course de lumière. Donc, c'est cette relation entre un père et un fils sur fond du trattrail du Mont-Blanc. Et voilà, donc c'est peut-être ça qui m'a, dans l'inconscient, qui m'a amené à la course, oui.

  • Speaker #1

    Vous êtes déjà inscrit dans vos gènes, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, puisque, très bonne question de nouveau, oui, j'avais 10 ans et mon père m'avait obligé de faire un peu de crosse. Et donc, j'avais très peu de contact avec lui. Et je me souviens qu'un jour, aux crosses d'Anu...... point de côté, enfin voilà, j'étais pas du tout prédisposé pour faire ça et il était là au bord de la piste à m'encourager, à me dire allez tu t'accroches et tu continues, voilà après j'ai arrêté avec l'adolescence mais oui oui tout ça vient probablement pas probablement, sûrement de là

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui à 74 ans comment est-ce que vous pratiquez et envisagez le trail et la course à pied ?

  • Speaker #0

    Alors J'ai eu la chance aussi d'avoir une formation d'entraîneur. J'ai suivi la formation à la Fédération française sur la course de montagne. La chose la plus importante que je peux dire par rapport à ça, c'est d'accueillir l'âge. On doit accueillir l'âge. Il est hors de question, évidemment, à 74 ans, ou même déjà en étant vétéran 1, de penser qu'on peut faire les temps que l'on faisait à 20 ans, dès l'instant où on est bien entraîné. Par rapport à sa capacité, on peut augmenter de 20%, mais si on est déjà bien entraîné, il est évident qu'il faut accueillir l'âge et revoir ses objectifs et mettre ça en harmonie avec le phénomène du vieillissement.

  • Speaker #1

    Même à votre âge, la course à pied, on peut continuer à le faire. Il n'y a pas de contre-indication par rapport à l'âge. Pour vous, la course à pied, c'est en tout temps, à tout moment.

  • Speaker #0

    Je pense que le fait d'avoir bien géré la discipline, je n'ai pas de grosses blessures, malgré les kilomètres et le dénivelé avalé pendant toutes ces années. Donc oui, maintenant il faut y aller, il faut écouter son corps. Moi je suis tout le temps, comme dans les romans, je suis tout le temps en discussion avec mon corps et c'est un compromis entre lui et moi pour savoir ce que je peux faire. Donc je ne suis plus de programme d'entraînement. Je reste, enfin, j'ai fait deux courses l'année passée. Oui, je reste très compétitif chez les papys, mais ça n'a plus aucune importance pour moi. Le maître mot, un autre maître mot, c'est plaisir. Voilà, trouver du plaisir. Donc, il faut bien s'écouter et toujours chercher le plaisir.

  • Speaker #1

    Et donc, pour résumer avec, on a bien compris ces deux mots qui sont importants pour vous, passion et plaisir. Mais si vous deviez résumer votre vision du trail avec... votre bagage, tout ce que vous avez vécu depuis le temps que vous courez, la vision du trail ?

  • Speaker #0

    Déjà le mot, même si j'ai travaillé comme reporter pour Esprit Trail Magazine, c'est un mot que je n'apprécie pas trop. À l'époque, on parlait, chez nous il y avait le challenge des lals, c'était des courses nature, et en fait, la montagne, pour moi on parle de course de montagne, le trail, c'est un mot que l'on a utilisé, mais... Pour moi, je parle de course de montagne. Donc, évidemment, il y a des trails qui ne sont pas vraiment des courses de montagne. Et il y a des courses de montagne qu'on ne peut pas qualifier de point de vue de trail. Je ne sais pas si ça répond à votre question. Mais oui, voilà. Encore une fois, moi, j'ai dit que c'est le plaisir. On me demande toujours, bon, j'ai fait des courses très, très longues. On me demande toujours, c'est quoi la plus belle ? C'est quelle distance ? Non, prendre son short et aller faire 5 kilomètres, c'est aussi important que... que de terminer une course aussi importante que l'Ultra Trail des Monts Blancs.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, la course de montagne, le trail, peu importe comment on l'appelle, toute distance confondue est en plein essor. On le voit bien, la densité sur les courses augmente en flèche, la médiatisation aussi. Et puis les coureurs et les coureuses se professionnalisent. Est-ce que vous avez vu une évolution de la discipline au cours des années et finalement, comment ça s'est concrétisé ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est principalement la médiatisation et principalement la médiatisation du mot trail. Quand on voit maintenant, il y a des championnats de course de montagne, c'est un peu moins médiatisé que par exemple l'Ultra Trail du Mont-Blanc ou des choses comme ça. Personnellement, en dehors du matériel, je ne vois pas grande différence. Non, le matériel amenait beaucoup. À l'époque, on courait en montagne, on n'avait rien par rapport. à ce qui est utilisé maintenant. Mais non, je ne vois pas... C'est un geste simple, courir.

  • Speaker #1

    Comment vous expliquez alors qu'il y a de plus en plus de gens et que justement, il y a cette professionnalisation des athlètes ?

  • Speaker #0

    Alors, moi, je dis toujours, dans les romans, je le dis aussi, c'est le voyage intérieur. En fait, c'est un excellent moyen, courir, de faire cette introspection, d'aller en soi. et d'essayer de trouver des réponses à nos questions conscientes ou inconscientes. Mais c'est vrai qu'on suit un peu les... Je me souviens, il y a très longtemps, quand j'allais courir des marathons aux États-Unis, aux États-Unis, c'était banal de voir des gens qui prenaient l'avion pour aller faire le marathon de New York ou de San Francisco et qui rentraient chez eux, ils faisaient juste le marathon et ils rentraient chez eux. Je pense que ce phénomène de mode s'est amplifié un peu de la même manière qu'il s'est amplifié aux États-Unis. Donc maintenant on est vraiment dans une forme, je ne dis pas de démesure, mais c'est vrai que quand on voit, on prend l'exemple de l'UTMB, et qu'on voit le principe des running stones, des points qu'il faut acquérir pour courir cette course, et que l'on voit le nombre de demandes pour le nombre de dossards, dans toutes les courses, il y a une demande, mais énorme pour le moment, va-t-elle durer ? Ça c'est un autre débat. Pour le moment, je crois que toutes les grandes courses, puisque je suis dans le bénévolat, j'étais dans le bénévolat du marathon du Mont-Blanc et de l'UTMB, je continue sur le marathon, mais il y a très peu de place pour le nombre de demandes, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Comment est-ce qu'on fait pour durer dans la course à pied ? On sait quand même qu'à certains égards, c'est une discipline exigeante que vous réussissez à pratiquer depuis de nombreuses années. Comment on fait pour durer ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il faut être à l'écoute de soi-même. accueillir les blessures, prendre... Du repos, en tout cas après les gros événements, principalement les marathons. Pour moi, les marathons, c'était... Je prenais systématiquement 15 jours de repos complets après un marathon. En montagne, c'est un peu différent, mais je pense le repos, l'utilisation du bon matériel. Voilà, je pense que tout le monde ne peut pas courir avec les chaussures de Kilian, par exemple. C'est juste un exemple. Donc il faut être bien à l'écoute de soi-même et ne pas se laisser embarquer par... Par la médiatisation et l'utilisation en outrance de matériel. Moi, je connais des gens qui n'ont pas terminé des courses comme l'Ultra Trail du Mont-Blanc à vouloir utiliser des chaussures qui n'étaient pas faites pour eux. Donc, je pense que c'est important d'être à l'écoute de soi, de prendre du repos, de ne jamais forcer, de ne pas suivre bêtement des plans d'entraînement qui ne sont pas faits pour soi. Voilà, il y a beaucoup de choses à dire sur ça, oui.

  • Speaker #1

    Selon vous, quelles sont les clés pour se préparer concrètement ? Pas forcément pour performer, mais pour réussir à prendre du plaisir, le plaisir qui est important pour vous dans les courses, et parfois sur des plus longues distances.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que soit il faut lire beaucoup, il y a des bouquins très intéressants à lire pour comprendre la notion du corps, qu'est-ce que c'est l'entraînement. Donc d'avoir les trois quarts de son entraînement, ça doit être de l'endurance, vraiment de l'endurance. Moi, je suis un adepte, j'ai toujours été un adepte du cardio-fréquence-mètre. Ça, c'est quand on n'a pas de point de repère, c'est vraiment le moyen idéal de pouvoir s'évaluer. Donc, trois quarts en endurance et 25% en qualité et avoir sa propre qualité. Bon, voilà, maintenant, je suis un adepte actuellement. Depuis que j'ai arrêté le marathon et que je cours en montagne, je fais de l'entraînement, enfin, je faisais de l'entraînement qui était non formel, c'est-à-dire pas de plan d'entraînement au feeling. Et maintenant, avec les nouveaux outils qui existent, on a toute capacité de pouvoir écouter son corps et d'adapter son entraînement. Avec les nouveaux cardio-fréquences mètres, c'est vraiment impressionnant, oui.

  • Speaker #1

    Donc, votre vision de l'entraînement, à vous, vous dites que vous ne savez plus dans de plan, mais peut-être qu'à un moment, vous l'avez fait. Comment vous voyez l'entraînement ?

  • Speaker #0

    C'est une harmonie. C'est quelque chose qu'on doit mettre en harmonie avec sa vie privée. sa vie professionnelle et donc bien adapter cela par rapport à ces deux paramètres. Déjà faire un effort de ce qu'on appelle un effort de qualité donc de la vitesse ou du seuil. Si cette journée là vous avez une journée de boulot de dingue ou à la maison le gosse a pleuré toute la nuit ou quoi, c'est pas le jour pour faire ce genre de séance. Donc voilà moi je dis c'est être à l'écoute de soi, être comme tout dans la vie je pense, c'est être à l'écoute de soi.

  • Speaker #1

    On retient On rajoute un mot-clé. Passion, plaisir et écoute. Ça vous va ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Liberté aussi. Liberté. Donc, avoir la liberté de dire non à une séance trop dure sur un plan d'entraînement en disant voilà, j'ai vu trop de jeunes athlètes. Ils avaient un plan à suivre. Et ce jour-là, ils étaient HS pour quelque raison que ce soit. Ils voulaient absolument faire leur séance. Non, il faut la faire dans des bonnes conditions. Donc, avoir la liberté de... De ne pas suivre les modes, de ne pas suivre les plans d'entraînement et oui, la liberté.

  • Speaker #1

    D'accord. Et selon vous, l'hygiène de vie, c'est important aussi dans ce sport ?

  • Speaker #0

    Alors oui, c'est important dans la mesure où, c'est la même chose, il ne faut pas tomber dans le piège de l'excès. Donc par rapport à ça, on parle toujours du poids de forme. Donc évidemment, il faut essayer d'être le plus près possible de son poids de forme. Et à l'inverse, on voit des gens qui sont en dessous du poids de forme. Donc ça, c'est sûr qu'ils vont avoir des problèmes à l'entraînement et que ça n'ira pas du tout. Donc, on revient sur le maître mot plaisir. Il faut se faire plaisir. Il ne faut pas avoir peur de boire un Orval, de manger un gâteau, de manger un steak frite. Voilà, il faut vivre. Il faut vivre. Il ne faut pas tomber dans l'excès, ni dans un sens et ni dans l'autre. Voilà.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous, vous auriez pu ou est-ce que vous auriez voulu devenir... Professionnel en course à pied ?

  • Speaker #0

    Non. Pourquoi ? De nouveau, liberté et plaisir. Je pense que j'ai la chance de connaître des... Oui, je me suis occupé aussi pas mal dans diverses fonctions d'athlète de très haut niveau. C'est une autre planète. C'est quelque chose d'autre. C'est un sport qui n'est pas médiatisé comme la Formule 1 ou comme le foot ou comme le cyclisme, des sports comme ça. Mais le haut niveau en course à pied, c'est vraiment quelque chose de très haut niveau. J'étais en reportage sur la Diagonale des Fous pour Esprit Trial Magazine et j'ai eu la chance de suivre toute la course en hélicoptère. Donc le principe, on suivait les dix premiers, il y avait trois hélicos, on nous déposait, on regardait, on remontait dans un hélico, on partait au point suivant. Et ça m'a, c'est là pourtant j'avais déjà 30-40 ans de carrière derrière, d'amateur, ça m'a vraiment impressionné de voir comment la bagarre qu'il y a... à leur niveau dans les dix premiers, avec une exception qui est Antoine Guillon pour les passionnés, qui lui s'en fout, il a son tableau de marche. Il passe centième au dixième kilomètre et il a fait 10 ou 12 fois podium dans les 10 premiers sur la diagonale. Mais la grande majorité, il y a une rivalité sportive, il y a une entente, mais il y a une rivalité qui fait que c'est une autre course. C'est une autre course. D'ailleurs, eux ont du mal aussi à parfois comprendre les coureurs moyens comme moi, en disant qu'ils mettent 20 heures sur l'UTMB et quand on leur dit qu'on met 40 heures, Pour eux, ce n'est pas du tout la même planète, ce n'est pas du tout le même effort. C'est un autre monde. C'est vraiment impressionnant à voir. On en parlait avant l'interview, la victoire de Kylian Jornet sur Cierzynal cette année. Moi, je suis vraiment admiratif. Oui, c'est vraiment impressionnant.

  • Speaker #1

    Donc, c'est peut-être cet esprit trop bagarreur qui aurait pu vous déranger ?

  • Speaker #0

    Non, c'est... Non, c'est difficile de répondre à la question. Je pense que ça n'a jamais été... D'abord, on a ses limites. D'abord, pour prétendre arriver dans l'élite, au départ, il faut une capacité, capacité que je n'avais pas. Donc, toute cette capacité, elle se construit en fait dans l'enfance. Et après, il faut évidemment... Mais non, c'est pas... Je n'y ai jamais pensé, même si j'ai fait des podiums. dans les catégories, mais bon, ça n'a jamais été... Non.

  • Speaker #1

    Je l'ai dit, vous écrivez aussi beaucoup, sur la course à pied principalement. Pourquoi ce besoin d'écrire à ce sujet-là ?

  • Speaker #0

    Ah... C'est pas un besoin d'écrire à ce sujet-là, c'est-à-dire que mon travail d'écriture, c'est sur la résilience. Et donc, j'ai utilisé... Je dis toujours dans... Je déteste le mot conférence, mais dans les conférences que j'ai pu donner, je pense que les gens comme moi, on va prendre mon exemple, ça sera plus simple, mais tous les gens qui font l'UTMB ou qui font des courses dures, comme toutes les courses auxquelles j'ai pu participer, en fait ce sont tous des gens qui ont une histoire, une histoire personnelle. On ne fait pas ce genre de conneries par hasard. On ne court pas un UTMB par hasard. Il y a toujours un voyage intérieur et on est toujours en quête de quelque chose, ce quelque chose qui est au fond de nous. Et je pense que la course, justement, est un moyen excellent d'apprendre à se connaître et à s'accueillir. Oui, c'est...

  • Speaker #1

    Donc, dans vos romans, la course à pied, c'est un cadre plutôt que l'histoire à proprement parler. Le sujet, c'est la résilience.

  • Speaker #0

    Voilà, donc le personnage principal, on le retrouve, ce n'est pas une suite, il est dans les trois romans. et il sera dans le quatrième. Oui, je paraphrase Saint-Exupéry dans Le Petit Prince, en fait, je vais le dire comme je l'écris dans le roman, pourquoi tu cours pour oublier pourquoi je cours ? Je pense qu'on a tous un jardin secret, une histoire, et que la course à pied, d'ailleurs c'est reconnu que c'est un antidépresseur tout à fait naturel, et moi ça m'a permis... Oui, voilà, avec 40 ans de pratique, ça m'a permis d'apprendre, à m'accueillir, à me connaître, et voilà.

  • Speaker #1

    Et c'est votre vie et votre passion qui vous inspirent aussi ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et je sais que la question, vous n'allez peut-être pas l'apprécier, mais vous avez fait pas mal de grandes courses, on l'a compris au fur et à mesure. L'UTMB, Transvue de Gagnas, le Mute, Marathon du Mont-Blanc, Cierzynal, j'en passe. C'est quand même la quelle, j'ai quand même envie de vous la poser, c'est quand même la quelle votre préférée ?

  • Speaker #0

    C'est le genre de question, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure dans l'interview. En fait, ce qui est important, c'est de mettre son short et ses chaussures et d'aller courir. Je veux dire, d'ailleurs, on a un pays qui est magnifique, la province de Namur est magnifique. J'ai du mal à répondre. C'est vrai qu'il y a des courses qui m'ont... Si je devais faire un choix, évidemment, je prendrais Sierzinale. Alors, pourquoi est-ce que je prendrais Sierzinale ? Parce que l'histoire de la course de montagne... C'est bâti sur Cierzinal et sur ce qu'on appelait à l'époque le Croce du Mont Blanc. Toute l'histoire de la course de montagne part de ces deux courses-là. Donc moi j'ai commencé par Cierzinal et c'est une école de montagne mais fabuleuse. Donc si je devais faire un choix, ça serait Cierzinal qui pour l'anecdote, à l'époque a été championnat du monde des courses longue distance. Donc voilà, avec ses 31 kilomètres. Donc aujourd'hui on en est loin de ce...

  • Speaker #1

    Et la Belgique finalement, vous dites que c'est un très beau terrain de jeu, mais comment elle se positionne sur cet univers, on va continuer à l'appeler trail, parce qu'on sait que ce n'est pas forcément facile d'aller chercher des niveaux en Belgique. Comment est-ce que vous voyez, vous avez vécu à Chamonix, qui est un autre terrain de jeu, un autre niveau, comment est-ce que vous voyez la Belgique sur le plan du trail ?

  • Speaker #0

    J'adore, et j'ai d'ailleurs conseillé à des amis français, dont un est venu courir et l'a gagné, la Bouillonante. qui maintenant s'est organisée par Patrick et Nicole. Et pour l'anecdote, il y a très très longtemps, la première bouillonnante, Patrick et Nicole m'avaient dit Ah, ben regarde un peu Nicole, Alain vient courir, note un peu sur la feuille. Donc ils espéraient dépasser les 100 coureurs, et maintenant en 5 minutes tout est bouclé. La bouillonnante est eue. Il y en a d'autres. Les courses en Belgique sont magnifiques, et ce sont des courses notamment pour les coureurs français. Michel Lannes est venu et il a gagné ici. C'est difficile. pour eux parce que c'est un dénivelé, c'est un toboggan c'est un peu comme les Templiers donc on n'enchaîne pas 1000 mètres de dénivelé d'un coup, ce sont tout le temps des répétitions de côte de descente de côte de descente, donc c'est magnifique, on a vraiment des régions magnifiques

  • Speaker #1

    Le but du podcast ici c'est d'inciter les gens à faire du sport et pourquoi pas la course à pied et du trail, vous donneriez quoi comme conseil à celles et ceux qui veulent se donner des objectifs ?

  • Speaker #0

    de ne pas brûler les étapes, comme malheureusement je le vois faire. Ça c'est le problème des réseaux sociaux, de la médiatisation à outrance, on va trop loin par rapport à ça maintenant. Donc je pense que je cours pour ma forme, j'ai adoré le principe. Voilà, simplement mettre une bonne paire de baskets, faire un examen médical pour être certain, peut-être même voir un podologue, et puis se lancer et dire voilà, je vais partir 20 minutes et courir 5 minutes sur les 20 minutes, commencer. Très modestement et très simplement. Et ça va se mettre en place. Ma carrière, enfin carrière d'amateur, elle a été faite comme ça. Ne pas brûler les étapes. Maintenant, ceux qui ont un passé sportif, c'est un peu différent. Ils peuvent évidemment commencer de manière beaucoup plus... de plus haut. Mais non, ne pas brûler les étapes. On ne se lance pas dans un ultra. D'ailleurs, les réseaux sociaux, on ne voit que le beau côté des choses. On ne parle pas de tous ceux qui ne sont plus là, et j'en connais, qui ont été dégoûtés et qui n'ont plus couru. Parce qu'ils se sont lancés trop vite dans des objectifs qui sont trop grands. Il faut savoir qu'un ultra, il n'y a rien à faire. Qu'on s'appelle Kylian Jornet ou Alain Bustin, il y a des moments où on est bien et des moments où on est mal. Donc, au moment où on est mal, si on n'accueille pas la chose, là, ça peut aller à l'abandon, ça peut... Ça peut être compliqué, donc surtout ne pas brûler les étapes.

  • Speaker #1

    Un exemple, en plus, cette année à l'UTMB, tous les abandons des élites, on voit qu'il y a quand même une pression qui se met en place, notamment via les réseaux sociaux, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Oui, sur l'UTMB, évidemment, c'est devenu, c'est la référence, c'est vraiment le graal du cycle de l'ultra-trail. Et comme je le disais, quand on voit comment la bagarre se passe devant, C'est assez compliqué et en plus maintenant il y a beaucoup de jeunes coureurs qui arrivent, qui sont en forme parce que les techniques d'entraînement ont également évolué. Donc il y a le facteur d'endurance, il y a beaucoup de paramètres qui interviennent maintenant sur une préparation et moi ça m'a fait plaisir de voir cette victoire. J'ai d'ailleurs oublié son nom, honte à moi, mais voilà, moi je trouve ça fabuleux. C'est un mec qui a une vie, c'est pas un professionnel donc il a une vie Professionnel, il a fait un temps exceptionnel. Il fait moins de 20 heures, donc c'est exceptionnel. Et ça, ça fait plaisir. Parce que ce n'est pas vraiment l'ultra trail. Oui, ils sont professionnels, mais ça n'a rien de comparable avec d'autres sports. Mais c'est vrai que c'est très bien de voir des... Moi, je suis content de cette victoire.

  • Speaker #1

    Et à 74 ans, est-ce qu'on se donne encore des objectifs sportifs ?

  • Speaker #0

    L'année passée, il y avait deux courses que je voulais faire suite à des soucis de santé. Voilà, bon maintenant je ne vais pas dire que je ne prendrai plus de dossards, il ne faut jamais dire jamais dans la vie. Mais oui, mon objectif c'est de pouvoir courir le plus longtemps possible, même si je dois réduire le nombre de sorties, les distances et de pouvoir aller en montagne, d'être en montagne. C'est vraiment une passion, pas nécessairement courir mais être en montagne.

  • Speaker #1

    Quand on met le doigt dans l'engrenage, c'est à vie.

  • Speaker #0

    Oui, la montagne, pour ma part, c'est quelque chose qui est très, très, très important.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci Alain Bustin d'avoir pris de votre temps pour les pieds dans le trail. Je trouvais ça très inspirant. Personnellement, ça m'a donné envie de mettre mes baskets et d'aller prendre du plaisir sur les sentiers ou ailleurs. Je vais encore prendre un petit peu mon mal en patience, mais ça va revenir. Par contre, vous, chez vous, si vous le pouvez, n'hésitez pas. Et puis, j'espère que cet épisode... vous a plu. Si c'est le cas, dites-le moi, ça fait toujours plaisir. Partagez aussi, les pieds dans le trail a besoin de vous. Merci encore Alain, merci à vous pour votre écoute et à très vite. Ciao !

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