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Les Sens de la Danse

Danse et transe : explorer l’inconscient avec France Schott Billmann (épisode 2)

Danse et transe : explorer l’inconscient avec France Schott Billmann (épisode 2)

28min |16/02/2025
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Danse et transe : explorer l’inconscient avec France Schott Billmann (épisode 2)

Danse et transe : explorer l’inconscient avec France Schott Billmann (épisode 2)

28min |16/02/2025
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Description

Et si la danse permettait d’accéder à une part cachée de nous-mêmes ? Avec France Schott-Billmann, nous explorons comment le rythme, la pulsation et la répétition du geste peuvent modifier notre état de conscience et réveiller des forces enfouies.


💡 Comment la danse active-t-elle nos archétypes intérieurs ?


💡 En quoi le mouvement peut-il être un outil de transformation ?


💡 Pourquoi la transe danse-t-elle avec notre inconscient ?



Un échange fascinant sur la puissance du corps, du rythme et du mouvement pour mieux se comprendre et se reconnecter à soi et aux autres.


🎧 Bonne écoute !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Myriam Sellam

    Les Sens de la Danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Essence de la danse. Nous retrouvons aujourd'hui France Schott-Bilmann pour la suite de notre conversation sur la danse, la trance et leur pouvoir thérapeutique. Dans le premier épisode, nous avons exploré ensemble Comment le rythme et la pulsation peuvent nous amener à un état de conscience modifié, nous reliant à des archétypes profondément ancrés en nous ? France nous a expliqué comment, à travers le mouvement, nous réveillons en nous des figures archétypales, qu'il s'agisse du guerrier ou de la séductrice, et comment cela nous permet d'accéder à une partie inconnue de nous-mêmes, parfois enfouie. Mais alors, qui est cet autre en nous que la danse révèle ? Comment l'art du geste, en jouant avec ces images symboliques, peuvent-ils nous reconnecter à notre être profond et aux forces de vie ? Et surtout, en quoi la danse, en nous reliant au groupe, à la nature et même au cosmos, pourrait-elle être une forme d'auto-guérison ? C'est ce que nous allons approfondir aujourd'hui avec France Schott-Bilmann dans cette deuxième partie. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles au rythme de la parole. Et si vous aimez l'essence de la danse, pensez à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste qui m'aide énormément à faire découvrir le podcast à encore plus de passionnés de danse. Merci à vous et très belle écoute !

  • Il y a une question que je me posais. Vous prenez appui sur des danses de possession, mais dans ces moments-là, donc normalement, ce sont les dieux qui les possèdent. Dans votre méthode, qui est-ce qui est là ?

  • France Schott-Billmann

    Si on le savait ! C'est quelque chose qui peut être codifié comme des archétypes, en fait. Voilà, mais on ne sait pas exactement. En tout cas, quand on présente des figures gestuées, archétypales, comme des figures de féminité classiques, un peu dans la séduction, dans la vibration des épaules, des hanches, etc. Ça réveille effectivement quelque chose de très archétypal chez les gens, aussi bien les hommes que les femmes d'ailleurs. Ou des gestes guerriers, pareil, réveillent aussi ces images très archaïques, après avec la répétition du geste. Ça prend de plus en plus forme, essence, visiblement.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas quand même une partie de nous qui se révèle et qui est enfouie ?

  • France Schott-Billmann

    Bien sûr, je suis psychanalyste, moi, les divinités, je n'y crois pas. Donc, effectivement, ce sont des figures complètement archétypes.

  • Speaker #1

    Vous parlez dans votre livre que c'est même votre l'être profond.

  • France Schott-Billmann

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, c'est finalement soit...

  • France Schott-Billmann

    C'est le conscient.

  • Speaker #1

    C'est ça, donc ça veut dire que c'est notre nature la plus profonde ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, mais aussi la plus inconnue, puisque l'inconscient, par définition, on ne le connaît pas, mais il peut se manifester quand il rencontre à l'extérieur des figures qui vont résonner avec ce que nous sommes profondément, mais à quoi nous n'avons pas accès. On n'a accès que par des moyens détournés comme ça.

  • Speaker #1

    Effectivement, un moyen détourné où on utilise notamment beaucoup le jeu.

  • France Schott-Billmann

    Le jeu et l'art. Le jeu parce que... Ça fait tomber les défenses, donc du coup, on ose y aller. Personne n'oserait faire des gestes guerriers, par exemple, comme ça. Ou même si on dit à un patient, par exemple, « Vas-y, sors ton agressivité, exprime-toi ! » Évidemment, ça va l'inhiber complètement. Tandis que si on lui montre un geste guerrier, on lui dit « Tu peux faire ça, etc. » Je crois que la dernière fois, on avait pris l'exemple du haka.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • France Schott-Billmann

    Alors là, vraiment, ça réveille quelque chose en lui et qui le galvanise. Et il ose y aller, un peu timidement au début, et justement avec la répétition du geste, qui modifie l'état de conscience, il va chaque fois un peu plus loin, un peu plus loin, un petit peu plus loin.

  • Speaker #1

    Mais finalement, est-ce que vous pensez qu'on découvre vraiment qui on est ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ce que Freud espérait quand il disait « deviens ce que tu es » . Enfin, en reprenant Nietzsche d'ailleurs, qui disait la même chose. « Deviens ce que tu es » . Je pense qu'on change de toute façon au cours de la vie. Vous n'êtes pas forcément ce que vous étiez il y a 10 ans ou 20 ans. Heureusement. Oui, peut-être heureusement. Bon, peut-être qu'on améliore des choses et puis on en perd sans doute d'autres. Je ne sais pas, en tout cas, on évolue. Mais notre désir profond, je crois qu'il est fixé depuis qu'on est très très jeune. Et alors le désir, c'est pareil, il est inconscient, mais c'est ce qui nous fait faire des choses parfois bizarres dans la vie. Là, je suis assez spinosiste. Je pense que quand on est dans la voie de notre désir, la voie V-O-I-E de notre désir, ça nous rend heureux. Et c'est une façon de se connaître, de connaître le désir en sachant que voilà. Moi, je ne savais pas du tout que je ferais de la danse, mais je sens que c'est finalement la voie juste pour moi. C'est là où j'ai l'impression d'être à ma place, et ça me rend heureuse quand je vois les gens qui prennent la banane.

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce qu'on a besoin justement de ces mythes, de cette imagination avec les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Parce que l'imagination c'est une facette essentielle de l'être humain. Ça permet d'associer toutes sortes de choses. C'est ça le sens. Ça prend sens pour nous. Et à quoi on le voit dans la danse, puisqu'on parle très peu, c'est si le geste devient habité.

  • Myriam Sellam

    Et comment on voit ça ?

  • France Schott-Billmann

    La présence. La fameuse présence. Ce n'est pas difficile à voir. Ça se voit comme ça, comme si le geste devient habité par quelque chose. Ce n'est pas comme un gant vide, c'est un gant avec une main dedans. Voilà, on pourrait dire ça. Il y a du vivant, la présence de cet autre en soi.

  • Speaker #1

    De la même manière, on rejoint un peu avec le rite, justement, en Afrique, où finalement, au lieu que ce soit le gant, finalement, c'est quand ils ont ces masques et ces costumes et qu'ils font, par exemple, la toupie, ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Ils deviennent un autre.

  • Speaker #1

    Il devient un autre.

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, la transe, c'est devenir un autre.

  • Speaker #1

    Et en même temps, vous me dites qu'on devient soi.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais je suis psychanalyste, donc l'inconscient, c'est bien l'autre en soi.

  • Myriam Sellam

    On est d'accord.

  • France Schott-Billmann

    Donc, c'est devenir cet autre qui est soi profondément, mais qu'on ne connaît pas en temps normal.

  • Speaker #1

    D'autant plus qu'on peut dire que nous, dans notre société occidentale, ce n'est pas quelque chose qu'on a l'habitude d'utiliser. Les archétypes, les dieux, c'est quelque chose... qui nous est quand même assez inconnue.

  • France Schott-Billmann

    C'est vraiment de l'autre. C'est vraiment de l'autre, c'est de l'altérité. Mais c'est ça qui est intéressant dans cette... Je repense à ce que disaient les stagiaires hier, quand on a fait... Parce qu'on a joué les mythes du solstice.

  • Speaker #1

    Oui, vous avez fait un stage hier.

  • France Schott-Billmann

    Les vieux Janus, les animaux de l'hiver, l'ours blanc. Il fallait voir les gens faire les ours. C'est-à-dire, ils ont trouvé leur oursitude, je ne sais pas. se sont reliés à cette image de l'ours. Dans les mythes, c'est l'ancêtre de l'homme, parce qu'il a su se mettre debout, mais en même temps, c'est un homme encore sauvage. Donc, retrouver ça, et ça se fait facilement, parce que c'est pas loin, en fait. C'est pas si loin. C'est pas si loin, mais il faut passer par de l'altérité. Il faut passer par cette chose qui vient du dehors et qui résonne avec quelque chose qui est du dedans. Parce que si on est simplement à s'exprimer soi, avec ses émotions, ça fait pas grand-chose. au niveau thérapeutique en fait, même en danse.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe après quand on se reconnaît justement à travers la transe et qu'on est dans cet état ?

  • France Schott-Billmann

    On s'étonne de se sentir bien en ours ou bien en guerrier ou bien en princesse. On se sent plus grand que ce qu'on pensait en fait. Mais pas plus grand au niveau de son moi, au contraire. Ça rend plutôt plus humble. Mais de découvrir qu'il y a quelque chose de plus grand, comment dire, ça c'est difficile à expliquer. Je crois que c'est ça la transe. On est tout à coup dans un monde plus grand. Soi-même on est plus grand, mais en même temps parce qu'on est relié à des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a des possibilités aussi plus grandes. Le champ des possibles s'agrandit.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, un monde plus grand.

  • Speaker #1

    Et donc, peut-être avec des solutions plus grandes, en état de trance, comme vous disiez, on a six fois plus de communication entre les synapses, c'est que quand même, il y a des messages aussi.

  • France Schott-Billmann

    Je pense que vous avez l'expérience, vous aussi, vous en parlez quand même. On est dans un état de conscience élargi. En tant qu'animateur, par exemple, dans un groupe, moi j'ai l'impression d'être relié à chaque personne. Et c'est ce qu'ils disent, ce qu'ils ressentent aussi.

  • Speaker #1

    Donc, un, finalement, le groupe, la communauté.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe fait un.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe, c'est un grand chœur qui bat, puisqu'on est tous au même rythme, et en train de faire un geste à l'unisson. Et chaque danseur, finalement, est relié à ce grand corps, un peu comme le bébé à sa mère. C'est-à-dire, chacun est pulsé, bercé, balancé par ce grand corps commun, et en même temps, il en fait partie.

  • Speaker #1

    Et c'est ce qui fait qu'on se sent si bien, finalement. Parce que peut-être qu'on est reconnu, on est vu ?

  • France Schott-Billmann

    On est vu, on est ressenti surtout. Ce grand corps commun, c'est une commune vibration, c'est ça que ça veut dire. C'est le sentiment d'appartenance à un groupe. On fait partie de ce groupe et en même temps on en reçoit les bénéfices.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ces bénéfices justement ?

  • France Schott-Billmann

    Je faisais la comparaison avec le bébé et avec sa mère, c'est le bien-être à tout point de vue. La chaleur, le confort, la douceur, la bienveillance, l'amour. Bienveillance, je n'aime pas trop parce que c'est un peu à la mode. Les termes comme ça, le vivre ensemble, la bienveillance.

  • Speaker #1

    Même si on en a besoin.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais si on pouvait le dire autrement, l'amour. Je préfère dire l'amour que la méveillance.

  • Speaker #1

    De toute manière, et comme vous dites, c'est vraiment la danse finalement du cœur.

  • France Schott-Billmann

    Exactement, c'est la danse du cœur à tout point de vue, puisque déjà la pulsation, c'est le cœur. Et le cœur, c'est symbole de la vie et de l'amour et du courage. Parce qu'on devient courageux.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • France Schott-Billmann

    Parce qu'on sent une force en soi.

  • Speaker #1

    Oui, on sent porter en fait.

  • France Schott-Billmann

    Moi, je sais qu'il y a eu une époque où j'avais peur d'entrer dans mon parking la nuit, mais jamais après un cours de danse.

  • Speaker #1

    Ça vous donnait cette force ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est la pulsation. On sent que... Il ferait beau voir qu'il y a un agresseur.

  • Speaker #1

    Les feuilles restent pendant longtemps ?

  • France Schott-Billmann

    Oui. Une fois qu'on a recontacté ces zones-là, on peut les remobiliser en fait. Sinon, on ne pourrait pas appeler ça de la danse-thérapie. C'était juste au moment où on fait le guerrier pendant la danse et puis après... Quand on vient chez soi, on est mort de trou et de marcher dans la rue, ça ne servirait pas à grand-chose. Non, c'est des effets qui durent.

  • Speaker #1

    Et qui durent, donc, comment ça se passe ? Ça veut dire que du coup, on a contacté quelque chose et c'est comme une ressource ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Mais donc, logiquement, vous n'avez plus peur du tout d'aller dans le parking, si vous l'avez contacté ?

  • France Schott-Billmann

    Non, je n'ai pas une peur anormale. Je suis vigilante, mais ce n'est pas de la peur. Il y a eu une époque où vraiment j'avais peur. parce que j'avais une amie qui avait été agressée, du coup on se fait tout un cinéma aussi. C'est Michel Léris qui raconte ça dans son bouquin, La possession chez les Éthiopiens de Gondar. Il a une de ses informatrices qui lui explique tout simplement qu'elle fait appel à l'esprit, par exemple, un truc qui m'avait impressionné, l'esprit du déménagement, parce que quand elle a besoin de déménager, que c'est une femme seule, elle est... possédée par cet esprit qui décuple ses forces et elle déplace ses meubles etc enfin c'est tout à fait étonnant on devient un autre donc on peut convoquer finalement la force qu'on a besoin voilà donc si par exemple on arrive à un moment difficile ça peut arriver de

  • Speaker #1

    je sais pas moi une séparation quelque chose ou une maladie on peut très bien convoquer cette force qui va nous aider on symbolise quelque chose qui va qui va avoir une efficacité sur nous Est-ce que, par exemple, dans vos stages, on peut se dire, voilà, moi j'arrive avec cette problématique-là, j'ai besoin de contacter cette force-là ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, en général, c'est autour de la dépression ou du manque d'énergie. Et en sortant, ils disent qu'ils sont prêts à conquérir le monde.

  • Speaker #1

    Vous faites ce genre de stage pour quel type de personnes ? Est-ce que ce sont des gens, justement, qui ont des symptômes particuliers ? Vous disiez que vous faisiez ça aussi pour les personnes atteintes de maladies de Parkinson ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, toutes sortes de pathologies. Alors il y a des groupes qui regroupent une même pathologie, moi je ne suis pas tellement pour ça. Sauf quand ils ont vraiment un handicap physique, comme les gens qui ont la maladie de Parkinson. Mais moi j'ai déjà eu des groupes où il y avait des psychotiques, toutes sortes de maladies psychosomatiques, d'ailleurs ça, ça ne se voit même pas à l'extérieur. Ils sont comme vous et moi, normopates je dis. Mais c'est très bien quand il y a toutes les pathologies mélangées, parce que chacun va y trouver ce dont il a besoin en fait. Puisque comme on passe tout un éventail de symboles différents, et que le rythme c'est un grand régulateur, c'est-à-dire que ça stimule ceux qui sont apathiques, et ça canalise ceux qui sont trop exubérants.

  • Speaker #1

    Donc quel que soit finalement le mal... Finalement, la pulsation va réguler dans le bon sens, à vous entendre.

  • France Schott-Billmann

    Enfin, la pulsation va réguler. Il faut quand même qu'elle soit présentée d'une certaine façon et guidée. Et avec une connaissance quand même un peu de l'âme humaine et du corps humain. Pas faire faire n'importe quoi aux gens.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est ce qui va faire justement qu'on rentre dans la thérapie. Et donc, finalement, il faut de toute manière un chaman, en tout cas un guide.

  • France Schott-Billmann

    Il faut un guide. Il faut un guide. L'art-thérapie, c'est ça. Parce que l'art... L'art tout seul, c'est pas sûr que ça soigne. On voit quand même le nombre d'artistes qui sont morts fous, ou suicidés, ou enfin moins. C'est une danse très rythmée. De toute façon, elles sont au service de la célébration de la vie. Ce n'est pas le genre de thérapie où on va prendre conscience de ses failles, de ses manques. Ça appuie sur les forces de vie, ça s'appuie sur les forces de vie. Et il y a toujours quelque chose qui a resté vivant chez quelqu'un. Même infime, mais il y a une petite réaction.

  • Speaker #1

    Quelle a été un petit peu la plus grande... victoire que vous ayez eue sur des personnes malades ?

  • France Schott-Billmann

    On a eu un des premiers patients atteints du sida. Il est mort que l'année dernière. Et il était vraiment persuadé, lui, que c'était ça qui le maintenait en vie. Alors peut-être que c'est ça. Je ne sais pas si c'était... Ça nous a valu un problème avec l'émission de Julien Courbet. Ah ! Celui qui cherche toujours un peu les arnaques partout. Parce que ce garçon a tenu à témoigner. Donc il a témoigné que la danse le maintenait en vie. Et alors on a été vraiment attaqué par les médecins sur le plateau. Moi, je n'ai jamais prétendu qu'on maintenait les gens en vie. Mais je sais que quand ils sont convaincus de quelque chose aussi, et qu'effectivement je vois que le rythme, ça réveille les forces de vie, je pense que pour le Covid aussi, j'avais fait une petite séance dans ma maison de campagne, et beaucoup de gens m'ont dit qu'ils l'ont regardé. et que pendant le Covid, ça les a aidés. Alors peut-être qu'effectivement, ça renforce un peu les défenses immunitaires, puisque ça réveille la vie. Après, moi je ne prétends pas, évidemment, on ne prétend rien du tout en fait, sur le plan médical. Il y a des résultats, bien sûr, mais je pense qu'il y avait autre chose qui était une foi de la part de ce garçon-là. En tout cas, il a tenu très très longtemps, parce qu'il était malade bien avant la trithérapie.

  • Speaker #1

    Mais donc effectivement, cette source de vie, c'est ce qui va faire qu'on va guérir. C'est une auto-guérison, c'est ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est une auto-guérison, mais qui fait appel à des forces, à des ressources qu'on ne connaît pas en soi. Donc est-ce qu'on peut dire auto, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Donc en fait, à vous entendre, il y a encore du mystère.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et depuis le temps que je réfléchis au rythme et à ses effets quasiment miraculeux parfois, je suis loin d'avoir fait le tour. Le rythme, il a été divinisé par beaucoup de cultures. Dionysos, le dieu du rythme, Shiva, le dieu du rythme, qui a créé le monde par les vibrations. Donc il y a des choses qui s'expliquent par la psychologie. Sans doute aussi dans les neurosciences, on découvre que finalement, ce n'est pas exactement la synchronisation au rythme de tous les organes, de toutes les structures. C'est ça, ça fait de l'effet, effectivement, parce que ça harmonise un petit peu le tout. J'imagine que l'énergie circule mieux, le sang circule mieux.

  • Speaker #1

    Et puis chaque organe a sa fréquence donc après...

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais ça s'accorde.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est que si ça s'accorde, ça a du temps.

  • France Schott-Billmann

    Ça s'accorde, donc il y a sans doute une explication physique aussi, mais tout ça c'est encore mystérieux effectivement.

  • Speaker #1

    Quand on se relie donc à soi, on se reconnaît,

  • Myriam Sellam

    on reconnaît l'autre,

  • Speaker #1

    cet autre dont on parlait,

  • Myriam Sellam

    on arrive à se relier au groupe puisqu'on fait...

  • France Schott-Billmann

    Et on sent qu'on s'inscrit dans quelque chose de plus grand. Parce que ce rythme, cette oscillation qui est le rythme du vivant, donc cette cadence qui existe à tous les niveaux dans notre corps, parce que nous, à notre échelle humaine, les deux oscillations qu'on sent vraiment, c'est le battement du cœur et le souffle respiratoire. Mais tous nos organes battent et on ne les sent pas. Même le battement du cœur et le souffle respiratoire, c'est discret. Grâce à leur automatisme, finalement, ça marche tout seul et puis on n'y pense pas du coup. Mais en réalité, on s'inscrit aussi dans des rythmes. Hier, on m'en a parlé des solstices, donc ce grand rythme annuel, la montée vers la lumière quand le soleil croît, et puis la descente vers l'obscurité quand ça décroît. C'est un grand rythme à deux temps aussi. L'année marche sur deux pieds, comme nous dans la marche, comme le cœur qui diastole et s'y stole, et comme le grand battement qui est dans l'univers.

  • Speaker #1

    On se relie, on va dire, au tout ?

  • France Schott-Billmann

    Au vivant déjà.

  • Speaker #1

    Au vivant.

  • France Schott-Billmann

    Au vivant et puis effectivement au-delà, à un rythme cosmique.

  • Speaker #1

    Pourquoi au vivant ? Aux animaux, qu'est-ce qu'il nous fait, notamment par les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Et peut-être une mémoire, une mémoire. C'est Baptiste Morisot qui parle de ça. Il fait tout un truc sur l'éponge. C'est vraiment notre ancêtre commun à tous les animaux, parce que l'éponge c'est un animal. Souvent les gens croient que c'est un végétal, mais c'est un animal. Et finalement, son caractère de vivant faisait que simplement il... Il absorbe et il rejette. Il absorbe de la nourriture et il rejette. Et on a tous ça. Tous les vivants ont ça. Chez le végétal, ça se passe un peu différemment. C'est plus élégant d'ailleurs que la digestion. C'est vrai. Voilà. On a tous ce fonctionnement de quelque chose d'oscillatoire. Et je vous disais, quand on passe par des figures animales, est-ce que c'est purement symbolique ou est-ce qu'il n'y a pas une mémoire ? Quand je leur fais faire la grenouille, c'est tout simple. On fait un grand plié avec les grenouilles, et puis on saute. on retombe de l'autre côté, etc. J'ai l'impression qu'ils se rappellent quelque chose, que leur corps se rappelle quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc on se reliait d'abord à la nature, puis vous disiez au cosmos, et donc peut-être au grand tout, est-ce qu'on peut parler quand même d'une expérience spirituelle ? Oui,

  • France Schott-Billmann

    parce que c'est quelque chose qui nous dépasse. On sent bien qu'on est... Une petite chose dans un grand tout, j'ai du mal à totaliser à ce point, mais en tout cas un ensemble où il y a du multiple, de la différence, donc ce n'est pas un tout homogène, mais on fait partie d'un immense truc qui nous dépasse, qui nous a précédés, et qui va nous survivre. Pour moi c'est aussi la vie, parce que la vie c'est ce que je leur dis parfois, ce fameux battement du cœur, pour chacun de nous... J'espère ne pas leur donner une mauvaise nouvelle, mais ça va s'arrêter un jour. Mais ça va continuer avec les générations suivantes. Et puis c'est partout aussi autour de nous. Et ça va continuer. Ça nous précède et ça nous survivra. Et ça ne m'étonne pas que ça ait été divinisé, puisque c'est tellement immense. Ça ne m'étonne pas que plusieurs cultures aient divinisé le rythme.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui était connu depuis et que les anciennes cultures avaient déjà compris. Mais que nous on a... complètement finalement coupé le lien.

  • France Schott-Billmann

    Complètement c'est difficile de dire complètement je crois que c'est pas possible mais effectivement on a réprimé nos danses populaires d'une manière étouffante.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pensez que du coup c'est ce qui expliquerait un peu ce mal-être qu'on a en ce moment ?

  • France Schott-Billmann

    Le fait que c'est quand même un instrument de lien extraordinaire parce que effectivement de vibrer au même rythme que quelqu'un... C'est la base du lien social. Et une des raisons de notre mal-être, c'est effectivement d'être tellement coupé et de l'autre, et de la nature, et du cosmos, et du divin, et des ancêtres. Les ancêtres, c'est tellement important dans toutes les sociétés traditionnelles. Et nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Nos ancêtres, rien du tout. Les enfants savent même plus ce que c'est que le 11 novembre. des ancêtres assez proches quand même, qui sont morts pour nous, pour que nous puissions être libres et vivants. Rien n'est fait dans notre culture pour qu'on ait la pensée des ancêtres.

  • Speaker #1

    Donc les ancêtres, se reconnaître, ne pas être coupé aussi de son corps. Oui,

  • France Schott-Billmann

    c'est ça, aussi de son corps, de sa mémoire, et de quelque chose qui nous transcenderait, qu'on l'appelle Dieu, qu'on l'appelle... Pour Lacan, le langage c'est Dieu. Justement parce que ça nous précède, enfin le langage c'est-à-dire la culture, le symbolique, c'était avant nous, ça nous survivra. Et on est pris là-dedans de toute façon.

  • Speaker #1

    Du coup, la danse, finalement puisqu'elle est ancestrale, c'est peut-être le meilleur médicament qu'on puisse avoir ?

  • France Schott-Billmann

    Moi je le pense en tout cas. Je suis partie prenante. En tout cas, oui, effectivement, c'est une croyance. Ça correspond en plus à la définition de l'OMS. Parce que ça touche tous les registres qui constituent l'être humain. Le corps, le lien social, le psychique, émotionnel, le mental. Tout ça est organisé par le rythme.

  • Speaker #1

    Moi, je ne vois pas d'autres formes d'art qui soient aussi complètes.

  • France Schott-Billmann

    On l'a dit en même temps. Oui, parce que ça prend tous les registres. Bon, après, il y a du corps sans doute aussi dans la peinture, il y a sûrement du corps dans la musique. Vous savez, je me fâche toujours quand les gens disent qu'il n'y a pas de corps dans la psychanalyse, parce que le corps, au niveau de ses représentations, il est très présent. La preuve, c'est qu'on peut guérir des gens d'une maladie physique sans... Sans jamais le toucher, simplement en le faisant parler sur un divan.

  • Speaker #1

    Ça prend du temps par contre.

  • France Schott-Billmann

    Ça prend plus de temps que les thérapies chamaniques, effectivement. On est d'accord. Oui, pour la raison dont on parlait tout à l'heure, c'est qu'on doit produire nous-mêmes nos symboles, alors que le chaman nous les donne, les symboles.

  • Speaker #1

    On n'a pas du tout parlé de la question du cercle. C'est aussi quelque chose qui est extrêmement important. J'ai eu l'impression que c'est une symbolique. que vous retrouvez beaucoup et que vous utilisez beaucoup. Pour quelles raisons ?

  • France Schott-Billmann

    Je le vois moins comme cercle que comme boucle rythmique. Quand on fait un geste répétitif, ça fait un aller-retour forcément, puisque ça se répète. Donc c'est une boucle, c'est un cercle si on veut. C'est la dynamique de la pulsion aussi, au niveau psychique. On va vers l'objet, on revient, et comme c'est jamais ça, on recommence, etc. Donc c'est une dynamique fondamentale.

  • Speaker #1

    On le retrouve dans une autre danse que vous évoquez assez souvent, qui est celle du derwichturner.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et dans les danses traditionnelles qui se font en cercle. Mais le cercle, il est dans l'espace, mais c'est surtout celui qui est dans le temps que je voudrais privilégier parce qu'on ne l'a pas assez valorisé en Occident, du fait qu'on a étouffé un peu la pulsation. On est plus dans quelque chose de linéaire, la danse contemporaine, c'est plus quelque chose de linéaire. Encore que maintenant, il y a pas mal de chorégraphes qui mettent de la répétition. Mais quand même, on a... Enfin, dans l'évolution de nos danses, pendant longtemps, on n'a pas voulu voir ça.

  • Speaker #1

    Et voilà,

  • Myriam Sellam

    cet épisode touche à sa fin. Avec France Schott-Bilman, nous avons exploré comment la danse et la trance peuvent réveiller en nous des forces profondes, nous reconnecter à notre être intérieur et même nous ouvrir à une forme d'autoguerrison. Cette plongée dans les archétypes et les rythmes ancestraux nous rappelle combien le mouvement est une force de vie et de transformation. Mais notre échange ne s'arrête pas là, car dans le prochain épisode, nous allons nous intéresser à une autre forme de trans contemporaine portée par un phénomène bien particulier, la musique électronique. Comment les beats ? puissants et les vibrations des festivals comme le Burning Man réveillent-ils en nous des états modifiés de conscience ? Pourquoi cette pulsation électronique à la fois mécanique et hypnotique semble-t-elle toucher quelque chose d'universel ? On en parle la semaine prochaine avec France Schott-Bilman dans le 3ème épisode. En attendant, si celui-ci vous a inspiré, pensez à vous abonner au podcast et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est le moyen de soutenir l'essence de la danse et de le faire découvrir à encore plus de passionnés. Prenez soin de vous et je vous dis à très vite pour la suite.

Description

Et si la danse permettait d’accéder à une part cachée de nous-mêmes ? Avec France Schott-Billmann, nous explorons comment le rythme, la pulsation et la répétition du geste peuvent modifier notre état de conscience et réveiller des forces enfouies.


💡 Comment la danse active-t-elle nos archétypes intérieurs ?


💡 En quoi le mouvement peut-il être un outil de transformation ?


💡 Pourquoi la transe danse-t-elle avec notre inconscient ?



Un échange fascinant sur la puissance du corps, du rythme et du mouvement pour mieux se comprendre et se reconnecter à soi et aux autres.


🎧 Bonne écoute !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Myriam Sellam

    Les Sens de la Danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Essence de la danse. Nous retrouvons aujourd'hui France Schott-Bilmann pour la suite de notre conversation sur la danse, la trance et leur pouvoir thérapeutique. Dans le premier épisode, nous avons exploré ensemble Comment le rythme et la pulsation peuvent nous amener à un état de conscience modifié, nous reliant à des archétypes profondément ancrés en nous ? France nous a expliqué comment, à travers le mouvement, nous réveillons en nous des figures archétypales, qu'il s'agisse du guerrier ou de la séductrice, et comment cela nous permet d'accéder à une partie inconnue de nous-mêmes, parfois enfouie. Mais alors, qui est cet autre en nous que la danse révèle ? Comment l'art du geste, en jouant avec ces images symboliques, peuvent-ils nous reconnecter à notre être profond et aux forces de vie ? Et surtout, en quoi la danse, en nous reliant au groupe, à la nature et même au cosmos, pourrait-elle être une forme d'auto-guérison ? C'est ce que nous allons approfondir aujourd'hui avec France Schott-Bilmann dans cette deuxième partie. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles au rythme de la parole. Et si vous aimez l'essence de la danse, pensez à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste qui m'aide énormément à faire découvrir le podcast à encore plus de passionnés de danse. Merci à vous et très belle écoute !

  • Il y a une question que je me posais. Vous prenez appui sur des danses de possession, mais dans ces moments-là, donc normalement, ce sont les dieux qui les possèdent. Dans votre méthode, qui est-ce qui est là ?

  • France Schott-Billmann

    Si on le savait ! C'est quelque chose qui peut être codifié comme des archétypes, en fait. Voilà, mais on ne sait pas exactement. En tout cas, quand on présente des figures gestuées, archétypales, comme des figures de féminité classiques, un peu dans la séduction, dans la vibration des épaules, des hanches, etc. Ça réveille effectivement quelque chose de très archétypal chez les gens, aussi bien les hommes que les femmes d'ailleurs. Ou des gestes guerriers, pareil, réveillent aussi ces images très archaïques, après avec la répétition du geste. Ça prend de plus en plus forme, essence, visiblement.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas quand même une partie de nous qui se révèle et qui est enfouie ?

  • France Schott-Billmann

    Bien sûr, je suis psychanalyste, moi, les divinités, je n'y crois pas. Donc, effectivement, ce sont des figures complètement archétypes.

  • Speaker #1

    Vous parlez dans votre livre que c'est même votre l'être profond.

  • France Schott-Billmann

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, c'est finalement soit...

  • France Schott-Billmann

    C'est le conscient.

  • Speaker #1

    C'est ça, donc ça veut dire que c'est notre nature la plus profonde ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, mais aussi la plus inconnue, puisque l'inconscient, par définition, on ne le connaît pas, mais il peut se manifester quand il rencontre à l'extérieur des figures qui vont résonner avec ce que nous sommes profondément, mais à quoi nous n'avons pas accès. On n'a accès que par des moyens détournés comme ça.

  • Speaker #1

    Effectivement, un moyen détourné où on utilise notamment beaucoup le jeu.

  • France Schott-Billmann

    Le jeu et l'art. Le jeu parce que... Ça fait tomber les défenses, donc du coup, on ose y aller. Personne n'oserait faire des gestes guerriers, par exemple, comme ça. Ou même si on dit à un patient, par exemple, « Vas-y, sors ton agressivité, exprime-toi ! » Évidemment, ça va l'inhiber complètement. Tandis que si on lui montre un geste guerrier, on lui dit « Tu peux faire ça, etc. » Je crois que la dernière fois, on avait pris l'exemple du haka.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • France Schott-Billmann

    Alors là, vraiment, ça réveille quelque chose en lui et qui le galvanise. Et il ose y aller, un peu timidement au début, et justement avec la répétition du geste, qui modifie l'état de conscience, il va chaque fois un peu plus loin, un peu plus loin, un petit peu plus loin.

  • Speaker #1

    Mais finalement, est-ce que vous pensez qu'on découvre vraiment qui on est ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ce que Freud espérait quand il disait « deviens ce que tu es » . Enfin, en reprenant Nietzsche d'ailleurs, qui disait la même chose. « Deviens ce que tu es » . Je pense qu'on change de toute façon au cours de la vie. Vous n'êtes pas forcément ce que vous étiez il y a 10 ans ou 20 ans. Heureusement. Oui, peut-être heureusement. Bon, peut-être qu'on améliore des choses et puis on en perd sans doute d'autres. Je ne sais pas, en tout cas, on évolue. Mais notre désir profond, je crois qu'il est fixé depuis qu'on est très très jeune. Et alors le désir, c'est pareil, il est inconscient, mais c'est ce qui nous fait faire des choses parfois bizarres dans la vie. Là, je suis assez spinosiste. Je pense que quand on est dans la voie de notre désir, la voie V-O-I-E de notre désir, ça nous rend heureux. Et c'est une façon de se connaître, de connaître le désir en sachant que voilà. Moi, je ne savais pas du tout que je ferais de la danse, mais je sens que c'est finalement la voie juste pour moi. C'est là où j'ai l'impression d'être à ma place, et ça me rend heureuse quand je vois les gens qui prennent la banane.

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce qu'on a besoin justement de ces mythes, de cette imagination avec les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Parce que l'imagination c'est une facette essentielle de l'être humain. Ça permet d'associer toutes sortes de choses. C'est ça le sens. Ça prend sens pour nous. Et à quoi on le voit dans la danse, puisqu'on parle très peu, c'est si le geste devient habité.

  • Myriam Sellam

    Et comment on voit ça ?

  • France Schott-Billmann

    La présence. La fameuse présence. Ce n'est pas difficile à voir. Ça se voit comme ça, comme si le geste devient habité par quelque chose. Ce n'est pas comme un gant vide, c'est un gant avec une main dedans. Voilà, on pourrait dire ça. Il y a du vivant, la présence de cet autre en soi.

  • Speaker #1

    De la même manière, on rejoint un peu avec le rite, justement, en Afrique, où finalement, au lieu que ce soit le gant, finalement, c'est quand ils ont ces masques et ces costumes et qu'ils font, par exemple, la toupie, ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Ils deviennent un autre.

  • Speaker #1

    Il devient un autre.

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, la transe, c'est devenir un autre.

  • Speaker #1

    Et en même temps, vous me dites qu'on devient soi.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais je suis psychanalyste, donc l'inconscient, c'est bien l'autre en soi.

  • Myriam Sellam

    On est d'accord.

  • France Schott-Billmann

    Donc, c'est devenir cet autre qui est soi profondément, mais qu'on ne connaît pas en temps normal.

  • Speaker #1

    D'autant plus qu'on peut dire que nous, dans notre société occidentale, ce n'est pas quelque chose qu'on a l'habitude d'utiliser. Les archétypes, les dieux, c'est quelque chose... qui nous est quand même assez inconnue.

  • France Schott-Billmann

    C'est vraiment de l'autre. C'est vraiment de l'autre, c'est de l'altérité. Mais c'est ça qui est intéressant dans cette... Je repense à ce que disaient les stagiaires hier, quand on a fait... Parce qu'on a joué les mythes du solstice.

  • Speaker #1

    Oui, vous avez fait un stage hier.

  • France Schott-Billmann

    Les vieux Janus, les animaux de l'hiver, l'ours blanc. Il fallait voir les gens faire les ours. C'est-à-dire, ils ont trouvé leur oursitude, je ne sais pas. se sont reliés à cette image de l'ours. Dans les mythes, c'est l'ancêtre de l'homme, parce qu'il a su se mettre debout, mais en même temps, c'est un homme encore sauvage. Donc, retrouver ça, et ça se fait facilement, parce que c'est pas loin, en fait. C'est pas si loin. C'est pas si loin, mais il faut passer par de l'altérité. Il faut passer par cette chose qui vient du dehors et qui résonne avec quelque chose qui est du dedans. Parce que si on est simplement à s'exprimer soi, avec ses émotions, ça fait pas grand-chose. au niveau thérapeutique en fait, même en danse.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe après quand on se reconnaît justement à travers la transe et qu'on est dans cet état ?

  • France Schott-Billmann

    On s'étonne de se sentir bien en ours ou bien en guerrier ou bien en princesse. On se sent plus grand que ce qu'on pensait en fait. Mais pas plus grand au niveau de son moi, au contraire. Ça rend plutôt plus humble. Mais de découvrir qu'il y a quelque chose de plus grand, comment dire, ça c'est difficile à expliquer. Je crois que c'est ça la transe. On est tout à coup dans un monde plus grand. Soi-même on est plus grand, mais en même temps parce qu'on est relié à des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a des possibilités aussi plus grandes. Le champ des possibles s'agrandit.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, un monde plus grand.

  • Speaker #1

    Et donc, peut-être avec des solutions plus grandes, en état de trance, comme vous disiez, on a six fois plus de communication entre les synapses, c'est que quand même, il y a des messages aussi.

  • France Schott-Billmann

    Je pense que vous avez l'expérience, vous aussi, vous en parlez quand même. On est dans un état de conscience élargi. En tant qu'animateur, par exemple, dans un groupe, moi j'ai l'impression d'être relié à chaque personne. Et c'est ce qu'ils disent, ce qu'ils ressentent aussi.

  • Speaker #1

    Donc, un, finalement, le groupe, la communauté.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe fait un.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe, c'est un grand chœur qui bat, puisqu'on est tous au même rythme, et en train de faire un geste à l'unisson. Et chaque danseur, finalement, est relié à ce grand corps, un peu comme le bébé à sa mère. C'est-à-dire, chacun est pulsé, bercé, balancé par ce grand corps commun, et en même temps, il en fait partie.

  • Speaker #1

    Et c'est ce qui fait qu'on se sent si bien, finalement. Parce que peut-être qu'on est reconnu, on est vu ?

  • France Schott-Billmann

    On est vu, on est ressenti surtout. Ce grand corps commun, c'est une commune vibration, c'est ça que ça veut dire. C'est le sentiment d'appartenance à un groupe. On fait partie de ce groupe et en même temps on en reçoit les bénéfices.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ces bénéfices justement ?

  • France Schott-Billmann

    Je faisais la comparaison avec le bébé et avec sa mère, c'est le bien-être à tout point de vue. La chaleur, le confort, la douceur, la bienveillance, l'amour. Bienveillance, je n'aime pas trop parce que c'est un peu à la mode. Les termes comme ça, le vivre ensemble, la bienveillance.

  • Speaker #1

    Même si on en a besoin.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais si on pouvait le dire autrement, l'amour. Je préfère dire l'amour que la méveillance.

  • Speaker #1

    De toute manière, et comme vous dites, c'est vraiment la danse finalement du cœur.

  • France Schott-Billmann

    Exactement, c'est la danse du cœur à tout point de vue, puisque déjà la pulsation, c'est le cœur. Et le cœur, c'est symbole de la vie et de l'amour et du courage. Parce qu'on devient courageux.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • France Schott-Billmann

    Parce qu'on sent une force en soi.

  • Speaker #1

    Oui, on sent porter en fait.

  • France Schott-Billmann

    Moi, je sais qu'il y a eu une époque où j'avais peur d'entrer dans mon parking la nuit, mais jamais après un cours de danse.

  • Speaker #1

    Ça vous donnait cette force ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est la pulsation. On sent que... Il ferait beau voir qu'il y a un agresseur.

  • Speaker #1

    Les feuilles restent pendant longtemps ?

  • France Schott-Billmann

    Oui. Une fois qu'on a recontacté ces zones-là, on peut les remobiliser en fait. Sinon, on ne pourrait pas appeler ça de la danse-thérapie. C'était juste au moment où on fait le guerrier pendant la danse et puis après... Quand on vient chez soi, on est mort de trou et de marcher dans la rue, ça ne servirait pas à grand-chose. Non, c'est des effets qui durent.

  • Speaker #1

    Et qui durent, donc, comment ça se passe ? Ça veut dire que du coup, on a contacté quelque chose et c'est comme une ressource ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Mais donc, logiquement, vous n'avez plus peur du tout d'aller dans le parking, si vous l'avez contacté ?

  • France Schott-Billmann

    Non, je n'ai pas une peur anormale. Je suis vigilante, mais ce n'est pas de la peur. Il y a eu une époque où vraiment j'avais peur. parce que j'avais une amie qui avait été agressée, du coup on se fait tout un cinéma aussi. C'est Michel Léris qui raconte ça dans son bouquin, La possession chez les Éthiopiens de Gondar. Il a une de ses informatrices qui lui explique tout simplement qu'elle fait appel à l'esprit, par exemple, un truc qui m'avait impressionné, l'esprit du déménagement, parce que quand elle a besoin de déménager, que c'est une femme seule, elle est... possédée par cet esprit qui décuple ses forces et elle déplace ses meubles etc enfin c'est tout à fait étonnant on devient un autre donc on peut convoquer finalement la force qu'on a besoin voilà donc si par exemple on arrive à un moment difficile ça peut arriver de

  • Speaker #1

    je sais pas moi une séparation quelque chose ou une maladie on peut très bien convoquer cette force qui va nous aider on symbolise quelque chose qui va qui va avoir une efficacité sur nous Est-ce que, par exemple, dans vos stages, on peut se dire, voilà, moi j'arrive avec cette problématique-là, j'ai besoin de contacter cette force-là ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, en général, c'est autour de la dépression ou du manque d'énergie. Et en sortant, ils disent qu'ils sont prêts à conquérir le monde.

  • Speaker #1

    Vous faites ce genre de stage pour quel type de personnes ? Est-ce que ce sont des gens, justement, qui ont des symptômes particuliers ? Vous disiez que vous faisiez ça aussi pour les personnes atteintes de maladies de Parkinson ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, toutes sortes de pathologies. Alors il y a des groupes qui regroupent une même pathologie, moi je ne suis pas tellement pour ça. Sauf quand ils ont vraiment un handicap physique, comme les gens qui ont la maladie de Parkinson. Mais moi j'ai déjà eu des groupes où il y avait des psychotiques, toutes sortes de maladies psychosomatiques, d'ailleurs ça, ça ne se voit même pas à l'extérieur. Ils sont comme vous et moi, normopates je dis. Mais c'est très bien quand il y a toutes les pathologies mélangées, parce que chacun va y trouver ce dont il a besoin en fait. Puisque comme on passe tout un éventail de symboles différents, et que le rythme c'est un grand régulateur, c'est-à-dire que ça stimule ceux qui sont apathiques, et ça canalise ceux qui sont trop exubérants.

  • Speaker #1

    Donc quel que soit finalement le mal... Finalement, la pulsation va réguler dans le bon sens, à vous entendre.

  • France Schott-Billmann

    Enfin, la pulsation va réguler. Il faut quand même qu'elle soit présentée d'une certaine façon et guidée. Et avec une connaissance quand même un peu de l'âme humaine et du corps humain. Pas faire faire n'importe quoi aux gens.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est ce qui va faire justement qu'on rentre dans la thérapie. Et donc, finalement, il faut de toute manière un chaman, en tout cas un guide.

  • France Schott-Billmann

    Il faut un guide. Il faut un guide. L'art-thérapie, c'est ça. Parce que l'art... L'art tout seul, c'est pas sûr que ça soigne. On voit quand même le nombre d'artistes qui sont morts fous, ou suicidés, ou enfin moins. C'est une danse très rythmée. De toute façon, elles sont au service de la célébration de la vie. Ce n'est pas le genre de thérapie où on va prendre conscience de ses failles, de ses manques. Ça appuie sur les forces de vie, ça s'appuie sur les forces de vie. Et il y a toujours quelque chose qui a resté vivant chez quelqu'un. Même infime, mais il y a une petite réaction.

  • Speaker #1

    Quelle a été un petit peu la plus grande... victoire que vous ayez eue sur des personnes malades ?

  • France Schott-Billmann

    On a eu un des premiers patients atteints du sida. Il est mort que l'année dernière. Et il était vraiment persuadé, lui, que c'était ça qui le maintenait en vie. Alors peut-être que c'est ça. Je ne sais pas si c'était... Ça nous a valu un problème avec l'émission de Julien Courbet. Ah ! Celui qui cherche toujours un peu les arnaques partout. Parce que ce garçon a tenu à témoigner. Donc il a témoigné que la danse le maintenait en vie. Et alors on a été vraiment attaqué par les médecins sur le plateau. Moi, je n'ai jamais prétendu qu'on maintenait les gens en vie. Mais je sais que quand ils sont convaincus de quelque chose aussi, et qu'effectivement je vois que le rythme, ça réveille les forces de vie, je pense que pour le Covid aussi, j'avais fait une petite séance dans ma maison de campagne, et beaucoup de gens m'ont dit qu'ils l'ont regardé. et que pendant le Covid, ça les a aidés. Alors peut-être qu'effectivement, ça renforce un peu les défenses immunitaires, puisque ça réveille la vie. Après, moi je ne prétends pas, évidemment, on ne prétend rien du tout en fait, sur le plan médical. Il y a des résultats, bien sûr, mais je pense qu'il y avait autre chose qui était une foi de la part de ce garçon-là. En tout cas, il a tenu très très longtemps, parce qu'il était malade bien avant la trithérapie.

  • Speaker #1

    Mais donc effectivement, cette source de vie, c'est ce qui va faire qu'on va guérir. C'est une auto-guérison, c'est ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est une auto-guérison, mais qui fait appel à des forces, à des ressources qu'on ne connaît pas en soi. Donc est-ce qu'on peut dire auto, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Donc en fait, à vous entendre, il y a encore du mystère.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et depuis le temps que je réfléchis au rythme et à ses effets quasiment miraculeux parfois, je suis loin d'avoir fait le tour. Le rythme, il a été divinisé par beaucoup de cultures. Dionysos, le dieu du rythme, Shiva, le dieu du rythme, qui a créé le monde par les vibrations. Donc il y a des choses qui s'expliquent par la psychologie. Sans doute aussi dans les neurosciences, on découvre que finalement, ce n'est pas exactement la synchronisation au rythme de tous les organes, de toutes les structures. C'est ça, ça fait de l'effet, effectivement, parce que ça harmonise un petit peu le tout. J'imagine que l'énergie circule mieux, le sang circule mieux.

  • Speaker #1

    Et puis chaque organe a sa fréquence donc après...

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais ça s'accorde.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est que si ça s'accorde, ça a du temps.

  • France Schott-Billmann

    Ça s'accorde, donc il y a sans doute une explication physique aussi, mais tout ça c'est encore mystérieux effectivement.

  • Speaker #1

    Quand on se relie donc à soi, on se reconnaît,

  • Myriam Sellam

    on reconnaît l'autre,

  • Speaker #1

    cet autre dont on parlait,

  • Myriam Sellam

    on arrive à se relier au groupe puisqu'on fait...

  • France Schott-Billmann

    Et on sent qu'on s'inscrit dans quelque chose de plus grand. Parce que ce rythme, cette oscillation qui est le rythme du vivant, donc cette cadence qui existe à tous les niveaux dans notre corps, parce que nous, à notre échelle humaine, les deux oscillations qu'on sent vraiment, c'est le battement du cœur et le souffle respiratoire. Mais tous nos organes battent et on ne les sent pas. Même le battement du cœur et le souffle respiratoire, c'est discret. Grâce à leur automatisme, finalement, ça marche tout seul et puis on n'y pense pas du coup. Mais en réalité, on s'inscrit aussi dans des rythmes. Hier, on m'en a parlé des solstices, donc ce grand rythme annuel, la montée vers la lumière quand le soleil croît, et puis la descente vers l'obscurité quand ça décroît. C'est un grand rythme à deux temps aussi. L'année marche sur deux pieds, comme nous dans la marche, comme le cœur qui diastole et s'y stole, et comme le grand battement qui est dans l'univers.

  • Speaker #1

    On se relie, on va dire, au tout ?

  • France Schott-Billmann

    Au vivant déjà.

  • Speaker #1

    Au vivant.

  • France Schott-Billmann

    Au vivant et puis effectivement au-delà, à un rythme cosmique.

  • Speaker #1

    Pourquoi au vivant ? Aux animaux, qu'est-ce qu'il nous fait, notamment par les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Et peut-être une mémoire, une mémoire. C'est Baptiste Morisot qui parle de ça. Il fait tout un truc sur l'éponge. C'est vraiment notre ancêtre commun à tous les animaux, parce que l'éponge c'est un animal. Souvent les gens croient que c'est un végétal, mais c'est un animal. Et finalement, son caractère de vivant faisait que simplement il... Il absorbe et il rejette. Il absorbe de la nourriture et il rejette. Et on a tous ça. Tous les vivants ont ça. Chez le végétal, ça se passe un peu différemment. C'est plus élégant d'ailleurs que la digestion. C'est vrai. Voilà. On a tous ce fonctionnement de quelque chose d'oscillatoire. Et je vous disais, quand on passe par des figures animales, est-ce que c'est purement symbolique ou est-ce qu'il n'y a pas une mémoire ? Quand je leur fais faire la grenouille, c'est tout simple. On fait un grand plié avec les grenouilles, et puis on saute. on retombe de l'autre côté, etc. J'ai l'impression qu'ils se rappellent quelque chose, que leur corps se rappelle quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc on se reliait d'abord à la nature, puis vous disiez au cosmos, et donc peut-être au grand tout, est-ce qu'on peut parler quand même d'une expérience spirituelle ? Oui,

  • France Schott-Billmann

    parce que c'est quelque chose qui nous dépasse. On sent bien qu'on est... Une petite chose dans un grand tout, j'ai du mal à totaliser à ce point, mais en tout cas un ensemble où il y a du multiple, de la différence, donc ce n'est pas un tout homogène, mais on fait partie d'un immense truc qui nous dépasse, qui nous a précédés, et qui va nous survivre. Pour moi c'est aussi la vie, parce que la vie c'est ce que je leur dis parfois, ce fameux battement du cœur, pour chacun de nous... J'espère ne pas leur donner une mauvaise nouvelle, mais ça va s'arrêter un jour. Mais ça va continuer avec les générations suivantes. Et puis c'est partout aussi autour de nous. Et ça va continuer. Ça nous précède et ça nous survivra. Et ça ne m'étonne pas que ça ait été divinisé, puisque c'est tellement immense. Ça ne m'étonne pas que plusieurs cultures aient divinisé le rythme.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui était connu depuis et que les anciennes cultures avaient déjà compris. Mais que nous on a... complètement finalement coupé le lien.

  • France Schott-Billmann

    Complètement c'est difficile de dire complètement je crois que c'est pas possible mais effectivement on a réprimé nos danses populaires d'une manière étouffante.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pensez que du coup c'est ce qui expliquerait un peu ce mal-être qu'on a en ce moment ?

  • France Schott-Billmann

    Le fait que c'est quand même un instrument de lien extraordinaire parce que effectivement de vibrer au même rythme que quelqu'un... C'est la base du lien social. Et une des raisons de notre mal-être, c'est effectivement d'être tellement coupé et de l'autre, et de la nature, et du cosmos, et du divin, et des ancêtres. Les ancêtres, c'est tellement important dans toutes les sociétés traditionnelles. Et nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Nos ancêtres, rien du tout. Les enfants savent même plus ce que c'est que le 11 novembre. des ancêtres assez proches quand même, qui sont morts pour nous, pour que nous puissions être libres et vivants. Rien n'est fait dans notre culture pour qu'on ait la pensée des ancêtres.

  • Speaker #1

    Donc les ancêtres, se reconnaître, ne pas être coupé aussi de son corps. Oui,

  • France Schott-Billmann

    c'est ça, aussi de son corps, de sa mémoire, et de quelque chose qui nous transcenderait, qu'on l'appelle Dieu, qu'on l'appelle... Pour Lacan, le langage c'est Dieu. Justement parce que ça nous précède, enfin le langage c'est-à-dire la culture, le symbolique, c'était avant nous, ça nous survivra. Et on est pris là-dedans de toute façon.

  • Speaker #1

    Du coup, la danse, finalement puisqu'elle est ancestrale, c'est peut-être le meilleur médicament qu'on puisse avoir ?

  • France Schott-Billmann

    Moi je le pense en tout cas. Je suis partie prenante. En tout cas, oui, effectivement, c'est une croyance. Ça correspond en plus à la définition de l'OMS. Parce que ça touche tous les registres qui constituent l'être humain. Le corps, le lien social, le psychique, émotionnel, le mental. Tout ça est organisé par le rythme.

  • Speaker #1

    Moi, je ne vois pas d'autres formes d'art qui soient aussi complètes.

  • France Schott-Billmann

    On l'a dit en même temps. Oui, parce que ça prend tous les registres. Bon, après, il y a du corps sans doute aussi dans la peinture, il y a sûrement du corps dans la musique. Vous savez, je me fâche toujours quand les gens disent qu'il n'y a pas de corps dans la psychanalyse, parce que le corps, au niveau de ses représentations, il est très présent. La preuve, c'est qu'on peut guérir des gens d'une maladie physique sans... Sans jamais le toucher, simplement en le faisant parler sur un divan.

  • Speaker #1

    Ça prend du temps par contre.

  • France Schott-Billmann

    Ça prend plus de temps que les thérapies chamaniques, effectivement. On est d'accord. Oui, pour la raison dont on parlait tout à l'heure, c'est qu'on doit produire nous-mêmes nos symboles, alors que le chaman nous les donne, les symboles.

  • Speaker #1

    On n'a pas du tout parlé de la question du cercle. C'est aussi quelque chose qui est extrêmement important. J'ai eu l'impression que c'est une symbolique. que vous retrouvez beaucoup et que vous utilisez beaucoup. Pour quelles raisons ?

  • France Schott-Billmann

    Je le vois moins comme cercle que comme boucle rythmique. Quand on fait un geste répétitif, ça fait un aller-retour forcément, puisque ça se répète. Donc c'est une boucle, c'est un cercle si on veut. C'est la dynamique de la pulsion aussi, au niveau psychique. On va vers l'objet, on revient, et comme c'est jamais ça, on recommence, etc. Donc c'est une dynamique fondamentale.

  • Speaker #1

    On le retrouve dans une autre danse que vous évoquez assez souvent, qui est celle du derwichturner.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et dans les danses traditionnelles qui se font en cercle. Mais le cercle, il est dans l'espace, mais c'est surtout celui qui est dans le temps que je voudrais privilégier parce qu'on ne l'a pas assez valorisé en Occident, du fait qu'on a étouffé un peu la pulsation. On est plus dans quelque chose de linéaire, la danse contemporaine, c'est plus quelque chose de linéaire. Encore que maintenant, il y a pas mal de chorégraphes qui mettent de la répétition. Mais quand même, on a... Enfin, dans l'évolution de nos danses, pendant longtemps, on n'a pas voulu voir ça.

  • Speaker #1

    Et voilà,

  • Myriam Sellam

    cet épisode touche à sa fin. Avec France Schott-Bilman, nous avons exploré comment la danse et la trance peuvent réveiller en nous des forces profondes, nous reconnecter à notre être intérieur et même nous ouvrir à une forme d'autoguerrison. Cette plongée dans les archétypes et les rythmes ancestraux nous rappelle combien le mouvement est une force de vie et de transformation. Mais notre échange ne s'arrête pas là, car dans le prochain épisode, nous allons nous intéresser à une autre forme de trans contemporaine portée par un phénomène bien particulier, la musique électronique. Comment les beats ? puissants et les vibrations des festivals comme le Burning Man réveillent-ils en nous des états modifiés de conscience ? Pourquoi cette pulsation électronique à la fois mécanique et hypnotique semble-t-elle toucher quelque chose d'universel ? On en parle la semaine prochaine avec France Schott-Bilman dans le 3ème épisode. En attendant, si celui-ci vous a inspiré, pensez à vous abonner au podcast et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est le moyen de soutenir l'essence de la danse et de le faire découvrir à encore plus de passionnés. Prenez soin de vous et je vous dis à très vite pour la suite.

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Description

Et si la danse permettait d’accéder à une part cachée de nous-mêmes ? Avec France Schott-Billmann, nous explorons comment le rythme, la pulsation et la répétition du geste peuvent modifier notre état de conscience et réveiller des forces enfouies.


💡 Comment la danse active-t-elle nos archétypes intérieurs ?


💡 En quoi le mouvement peut-il être un outil de transformation ?


💡 Pourquoi la transe danse-t-elle avec notre inconscient ?



Un échange fascinant sur la puissance du corps, du rythme et du mouvement pour mieux se comprendre et se reconnecter à soi et aux autres.


🎧 Bonne écoute !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Myriam Sellam

    Les Sens de la Danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Essence de la danse. Nous retrouvons aujourd'hui France Schott-Bilmann pour la suite de notre conversation sur la danse, la trance et leur pouvoir thérapeutique. Dans le premier épisode, nous avons exploré ensemble Comment le rythme et la pulsation peuvent nous amener à un état de conscience modifié, nous reliant à des archétypes profondément ancrés en nous ? France nous a expliqué comment, à travers le mouvement, nous réveillons en nous des figures archétypales, qu'il s'agisse du guerrier ou de la séductrice, et comment cela nous permet d'accéder à une partie inconnue de nous-mêmes, parfois enfouie. Mais alors, qui est cet autre en nous que la danse révèle ? Comment l'art du geste, en jouant avec ces images symboliques, peuvent-ils nous reconnecter à notre être profond et aux forces de vie ? Et surtout, en quoi la danse, en nous reliant au groupe, à la nature et même au cosmos, pourrait-elle être une forme d'auto-guérison ? C'est ce que nous allons approfondir aujourd'hui avec France Schott-Bilmann dans cette deuxième partie. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles au rythme de la parole. Et si vous aimez l'essence de la danse, pensez à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste qui m'aide énormément à faire découvrir le podcast à encore plus de passionnés de danse. Merci à vous et très belle écoute !

  • Il y a une question que je me posais. Vous prenez appui sur des danses de possession, mais dans ces moments-là, donc normalement, ce sont les dieux qui les possèdent. Dans votre méthode, qui est-ce qui est là ?

  • France Schott-Billmann

    Si on le savait ! C'est quelque chose qui peut être codifié comme des archétypes, en fait. Voilà, mais on ne sait pas exactement. En tout cas, quand on présente des figures gestuées, archétypales, comme des figures de féminité classiques, un peu dans la séduction, dans la vibration des épaules, des hanches, etc. Ça réveille effectivement quelque chose de très archétypal chez les gens, aussi bien les hommes que les femmes d'ailleurs. Ou des gestes guerriers, pareil, réveillent aussi ces images très archaïques, après avec la répétition du geste. Ça prend de plus en plus forme, essence, visiblement.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas quand même une partie de nous qui se révèle et qui est enfouie ?

  • France Schott-Billmann

    Bien sûr, je suis psychanalyste, moi, les divinités, je n'y crois pas. Donc, effectivement, ce sont des figures complètement archétypes.

  • Speaker #1

    Vous parlez dans votre livre que c'est même votre l'être profond.

  • France Schott-Billmann

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, c'est finalement soit...

  • France Schott-Billmann

    C'est le conscient.

  • Speaker #1

    C'est ça, donc ça veut dire que c'est notre nature la plus profonde ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, mais aussi la plus inconnue, puisque l'inconscient, par définition, on ne le connaît pas, mais il peut se manifester quand il rencontre à l'extérieur des figures qui vont résonner avec ce que nous sommes profondément, mais à quoi nous n'avons pas accès. On n'a accès que par des moyens détournés comme ça.

  • Speaker #1

    Effectivement, un moyen détourné où on utilise notamment beaucoup le jeu.

  • France Schott-Billmann

    Le jeu et l'art. Le jeu parce que... Ça fait tomber les défenses, donc du coup, on ose y aller. Personne n'oserait faire des gestes guerriers, par exemple, comme ça. Ou même si on dit à un patient, par exemple, « Vas-y, sors ton agressivité, exprime-toi ! » Évidemment, ça va l'inhiber complètement. Tandis que si on lui montre un geste guerrier, on lui dit « Tu peux faire ça, etc. » Je crois que la dernière fois, on avait pris l'exemple du haka.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • France Schott-Billmann

    Alors là, vraiment, ça réveille quelque chose en lui et qui le galvanise. Et il ose y aller, un peu timidement au début, et justement avec la répétition du geste, qui modifie l'état de conscience, il va chaque fois un peu plus loin, un peu plus loin, un petit peu plus loin.

  • Speaker #1

    Mais finalement, est-ce que vous pensez qu'on découvre vraiment qui on est ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ce que Freud espérait quand il disait « deviens ce que tu es » . Enfin, en reprenant Nietzsche d'ailleurs, qui disait la même chose. « Deviens ce que tu es » . Je pense qu'on change de toute façon au cours de la vie. Vous n'êtes pas forcément ce que vous étiez il y a 10 ans ou 20 ans. Heureusement. Oui, peut-être heureusement. Bon, peut-être qu'on améliore des choses et puis on en perd sans doute d'autres. Je ne sais pas, en tout cas, on évolue. Mais notre désir profond, je crois qu'il est fixé depuis qu'on est très très jeune. Et alors le désir, c'est pareil, il est inconscient, mais c'est ce qui nous fait faire des choses parfois bizarres dans la vie. Là, je suis assez spinosiste. Je pense que quand on est dans la voie de notre désir, la voie V-O-I-E de notre désir, ça nous rend heureux. Et c'est une façon de se connaître, de connaître le désir en sachant que voilà. Moi, je ne savais pas du tout que je ferais de la danse, mais je sens que c'est finalement la voie juste pour moi. C'est là où j'ai l'impression d'être à ma place, et ça me rend heureuse quand je vois les gens qui prennent la banane.

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce qu'on a besoin justement de ces mythes, de cette imagination avec les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Parce que l'imagination c'est une facette essentielle de l'être humain. Ça permet d'associer toutes sortes de choses. C'est ça le sens. Ça prend sens pour nous. Et à quoi on le voit dans la danse, puisqu'on parle très peu, c'est si le geste devient habité.

  • Myriam Sellam

    Et comment on voit ça ?

  • France Schott-Billmann

    La présence. La fameuse présence. Ce n'est pas difficile à voir. Ça se voit comme ça, comme si le geste devient habité par quelque chose. Ce n'est pas comme un gant vide, c'est un gant avec une main dedans. Voilà, on pourrait dire ça. Il y a du vivant, la présence de cet autre en soi.

  • Speaker #1

    De la même manière, on rejoint un peu avec le rite, justement, en Afrique, où finalement, au lieu que ce soit le gant, finalement, c'est quand ils ont ces masques et ces costumes et qu'ils font, par exemple, la toupie, ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Ils deviennent un autre.

  • Speaker #1

    Il devient un autre.

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, la transe, c'est devenir un autre.

  • Speaker #1

    Et en même temps, vous me dites qu'on devient soi.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais je suis psychanalyste, donc l'inconscient, c'est bien l'autre en soi.

  • Myriam Sellam

    On est d'accord.

  • France Schott-Billmann

    Donc, c'est devenir cet autre qui est soi profondément, mais qu'on ne connaît pas en temps normal.

  • Speaker #1

    D'autant plus qu'on peut dire que nous, dans notre société occidentale, ce n'est pas quelque chose qu'on a l'habitude d'utiliser. Les archétypes, les dieux, c'est quelque chose... qui nous est quand même assez inconnue.

  • France Schott-Billmann

    C'est vraiment de l'autre. C'est vraiment de l'autre, c'est de l'altérité. Mais c'est ça qui est intéressant dans cette... Je repense à ce que disaient les stagiaires hier, quand on a fait... Parce qu'on a joué les mythes du solstice.

  • Speaker #1

    Oui, vous avez fait un stage hier.

  • France Schott-Billmann

    Les vieux Janus, les animaux de l'hiver, l'ours blanc. Il fallait voir les gens faire les ours. C'est-à-dire, ils ont trouvé leur oursitude, je ne sais pas. se sont reliés à cette image de l'ours. Dans les mythes, c'est l'ancêtre de l'homme, parce qu'il a su se mettre debout, mais en même temps, c'est un homme encore sauvage. Donc, retrouver ça, et ça se fait facilement, parce que c'est pas loin, en fait. C'est pas si loin. C'est pas si loin, mais il faut passer par de l'altérité. Il faut passer par cette chose qui vient du dehors et qui résonne avec quelque chose qui est du dedans. Parce que si on est simplement à s'exprimer soi, avec ses émotions, ça fait pas grand-chose. au niveau thérapeutique en fait, même en danse.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe après quand on se reconnaît justement à travers la transe et qu'on est dans cet état ?

  • France Schott-Billmann

    On s'étonne de se sentir bien en ours ou bien en guerrier ou bien en princesse. On se sent plus grand que ce qu'on pensait en fait. Mais pas plus grand au niveau de son moi, au contraire. Ça rend plutôt plus humble. Mais de découvrir qu'il y a quelque chose de plus grand, comment dire, ça c'est difficile à expliquer. Je crois que c'est ça la transe. On est tout à coup dans un monde plus grand. Soi-même on est plus grand, mais en même temps parce qu'on est relié à des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a des possibilités aussi plus grandes. Le champ des possibles s'agrandit.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, un monde plus grand.

  • Speaker #1

    Et donc, peut-être avec des solutions plus grandes, en état de trance, comme vous disiez, on a six fois plus de communication entre les synapses, c'est que quand même, il y a des messages aussi.

  • France Schott-Billmann

    Je pense que vous avez l'expérience, vous aussi, vous en parlez quand même. On est dans un état de conscience élargi. En tant qu'animateur, par exemple, dans un groupe, moi j'ai l'impression d'être relié à chaque personne. Et c'est ce qu'ils disent, ce qu'ils ressentent aussi.

  • Speaker #1

    Donc, un, finalement, le groupe, la communauté.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe fait un.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe, c'est un grand chœur qui bat, puisqu'on est tous au même rythme, et en train de faire un geste à l'unisson. Et chaque danseur, finalement, est relié à ce grand corps, un peu comme le bébé à sa mère. C'est-à-dire, chacun est pulsé, bercé, balancé par ce grand corps commun, et en même temps, il en fait partie.

  • Speaker #1

    Et c'est ce qui fait qu'on se sent si bien, finalement. Parce que peut-être qu'on est reconnu, on est vu ?

  • France Schott-Billmann

    On est vu, on est ressenti surtout. Ce grand corps commun, c'est une commune vibration, c'est ça que ça veut dire. C'est le sentiment d'appartenance à un groupe. On fait partie de ce groupe et en même temps on en reçoit les bénéfices.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ces bénéfices justement ?

  • France Schott-Billmann

    Je faisais la comparaison avec le bébé et avec sa mère, c'est le bien-être à tout point de vue. La chaleur, le confort, la douceur, la bienveillance, l'amour. Bienveillance, je n'aime pas trop parce que c'est un peu à la mode. Les termes comme ça, le vivre ensemble, la bienveillance.

  • Speaker #1

    Même si on en a besoin.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais si on pouvait le dire autrement, l'amour. Je préfère dire l'amour que la méveillance.

  • Speaker #1

    De toute manière, et comme vous dites, c'est vraiment la danse finalement du cœur.

  • France Schott-Billmann

    Exactement, c'est la danse du cœur à tout point de vue, puisque déjà la pulsation, c'est le cœur. Et le cœur, c'est symbole de la vie et de l'amour et du courage. Parce qu'on devient courageux.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • France Schott-Billmann

    Parce qu'on sent une force en soi.

  • Speaker #1

    Oui, on sent porter en fait.

  • France Schott-Billmann

    Moi, je sais qu'il y a eu une époque où j'avais peur d'entrer dans mon parking la nuit, mais jamais après un cours de danse.

  • Speaker #1

    Ça vous donnait cette force ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est la pulsation. On sent que... Il ferait beau voir qu'il y a un agresseur.

  • Speaker #1

    Les feuilles restent pendant longtemps ?

  • France Schott-Billmann

    Oui. Une fois qu'on a recontacté ces zones-là, on peut les remobiliser en fait. Sinon, on ne pourrait pas appeler ça de la danse-thérapie. C'était juste au moment où on fait le guerrier pendant la danse et puis après... Quand on vient chez soi, on est mort de trou et de marcher dans la rue, ça ne servirait pas à grand-chose. Non, c'est des effets qui durent.

  • Speaker #1

    Et qui durent, donc, comment ça se passe ? Ça veut dire que du coup, on a contacté quelque chose et c'est comme une ressource ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Mais donc, logiquement, vous n'avez plus peur du tout d'aller dans le parking, si vous l'avez contacté ?

  • France Schott-Billmann

    Non, je n'ai pas une peur anormale. Je suis vigilante, mais ce n'est pas de la peur. Il y a eu une époque où vraiment j'avais peur. parce que j'avais une amie qui avait été agressée, du coup on se fait tout un cinéma aussi. C'est Michel Léris qui raconte ça dans son bouquin, La possession chez les Éthiopiens de Gondar. Il a une de ses informatrices qui lui explique tout simplement qu'elle fait appel à l'esprit, par exemple, un truc qui m'avait impressionné, l'esprit du déménagement, parce que quand elle a besoin de déménager, que c'est une femme seule, elle est... possédée par cet esprit qui décuple ses forces et elle déplace ses meubles etc enfin c'est tout à fait étonnant on devient un autre donc on peut convoquer finalement la force qu'on a besoin voilà donc si par exemple on arrive à un moment difficile ça peut arriver de

  • Speaker #1

    je sais pas moi une séparation quelque chose ou une maladie on peut très bien convoquer cette force qui va nous aider on symbolise quelque chose qui va qui va avoir une efficacité sur nous Est-ce que, par exemple, dans vos stages, on peut se dire, voilà, moi j'arrive avec cette problématique-là, j'ai besoin de contacter cette force-là ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, en général, c'est autour de la dépression ou du manque d'énergie. Et en sortant, ils disent qu'ils sont prêts à conquérir le monde.

  • Speaker #1

    Vous faites ce genre de stage pour quel type de personnes ? Est-ce que ce sont des gens, justement, qui ont des symptômes particuliers ? Vous disiez que vous faisiez ça aussi pour les personnes atteintes de maladies de Parkinson ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, toutes sortes de pathologies. Alors il y a des groupes qui regroupent une même pathologie, moi je ne suis pas tellement pour ça. Sauf quand ils ont vraiment un handicap physique, comme les gens qui ont la maladie de Parkinson. Mais moi j'ai déjà eu des groupes où il y avait des psychotiques, toutes sortes de maladies psychosomatiques, d'ailleurs ça, ça ne se voit même pas à l'extérieur. Ils sont comme vous et moi, normopates je dis. Mais c'est très bien quand il y a toutes les pathologies mélangées, parce que chacun va y trouver ce dont il a besoin en fait. Puisque comme on passe tout un éventail de symboles différents, et que le rythme c'est un grand régulateur, c'est-à-dire que ça stimule ceux qui sont apathiques, et ça canalise ceux qui sont trop exubérants.

  • Speaker #1

    Donc quel que soit finalement le mal... Finalement, la pulsation va réguler dans le bon sens, à vous entendre.

  • France Schott-Billmann

    Enfin, la pulsation va réguler. Il faut quand même qu'elle soit présentée d'une certaine façon et guidée. Et avec une connaissance quand même un peu de l'âme humaine et du corps humain. Pas faire faire n'importe quoi aux gens.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est ce qui va faire justement qu'on rentre dans la thérapie. Et donc, finalement, il faut de toute manière un chaman, en tout cas un guide.

  • France Schott-Billmann

    Il faut un guide. Il faut un guide. L'art-thérapie, c'est ça. Parce que l'art... L'art tout seul, c'est pas sûr que ça soigne. On voit quand même le nombre d'artistes qui sont morts fous, ou suicidés, ou enfin moins. C'est une danse très rythmée. De toute façon, elles sont au service de la célébration de la vie. Ce n'est pas le genre de thérapie où on va prendre conscience de ses failles, de ses manques. Ça appuie sur les forces de vie, ça s'appuie sur les forces de vie. Et il y a toujours quelque chose qui a resté vivant chez quelqu'un. Même infime, mais il y a une petite réaction.

  • Speaker #1

    Quelle a été un petit peu la plus grande... victoire que vous ayez eue sur des personnes malades ?

  • France Schott-Billmann

    On a eu un des premiers patients atteints du sida. Il est mort que l'année dernière. Et il était vraiment persuadé, lui, que c'était ça qui le maintenait en vie. Alors peut-être que c'est ça. Je ne sais pas si c'était... Ça nous a valu un problème avec l'émission de Julien Courbet. Ah ! Celui qui cherche toujours un peu les arnaques partout. Parce que ce garçon a tenu à témoigner. Donc il a témoigné que la danse le maintenait en vie. Et alors on a été vraiment attaqué par les médecins sur le plateau. Moi, je n'ai jamais prétendu qu'on maintenait les gens en vie. Mais je sais que quand ils sont convaincus de quelque chose aussi, et qu'effectivement je vois que le rythme, ça réveille les forces de vie, je pense que pour le Covid aussi, j'avais fait une petite séance dans ma maison de campagne, et beaucoup de gens m'ont dit qu'ils l'ont regardé. et que pendant le Covid, ça les a aidés. Alors peut-être qu'effectivement, ça renforce un peu les défenses immunitaires, puisque ça réveille la vie. Après, moi je ne prétends pas, évidemment, on ne prétend rien du tout en fait, sur le plan médical. Il y a des résultats, bien sûr, mais je pense qu'il y avait autre chose qui était une foi de la part de ce garçon-là. En tout cas, il a tenu très très longtemps, parce qu'il était malade bien avant la trithérapie.

  • Speaker #1

    Mais donc effectivement, cette source de vie, c'est ce qui va faire qu'on va guérir. C'est une auto-guérison, c'est ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est une auto-guérison, mais qui fait appel à des forces, à des ressources qu'on ne connaît pas en soi. Donc est-ce qu'on peut dire auto, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Donc en fait, à vous entendre, il y a encore du mystère.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et depuis le temps que je réfléchis au rythme et à ses effets quasiment miraculeux parfois, je suis loin d'avoir fait le tour. Le rythme, il a été divinisé par beaucoup de cultures. Dionysos, le dieu du rythme, Shiva, le dieu du rythme, qui a créé le monde par les vibrations. Donc il y a des choses qui s'expliquent par la psychologie. Sans doute aussi dans les neurosciences, on découvre que finalement, ce n'est pas exactement la synchronisation au rythme de tous les organes, de toutes les structures. C'est ça, ça fait de l'effet, effectivement, parce que ça harmonise un petit peu le tout. J'imagine que l'énergie circule mieux, le sang circule mieux.

  • Speaker #1

    Et puis chaque organe a sa fréquence donc après...

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais ça s'accorde.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est que si ça s'accorde, ça a du temps.

  • France Schott-Billmann

    Ça s'accorde, donc il y a sans doute une explication physique aussi, mais tout ça c'est encore mystérieux effectivement.

  • Speaker #1

    Quand on se relie donc à soi, on se reconnaît,

  • Myriam Sellam

    on reconnaît l'autre,

  • Speaker #1

    cet autre dont on parlait,

  • Myriam Sellam

    on arrive à se relier au groupe puisqu'on fait...

  • France Schott-Billmann

    Et on sent qu'on s'inscrit dans quelque chose de plus grand. Parce que ce rythme, cette oscillation qui est le rythme du vivant, donc cette cadence qui existe à tous les niveaux dans notre corps, parce que nous, à notre échelle humaine, les deux oscillations qu'on sent vraiment, c'est le battement du cœur et le souffle respiratoire. Mais tous nos organes battent et on ne les sent pas. Même le battement du cœur et le souffle respiratoire, c'est discret. Grâce à leur automatisme, finalement, ça marche tout seul et puis on n'y pense pas du coup. Mais en réalité, on s'inscrit aussi dans des rythmes. Hier, on m'en a parlé des solstices, donc ce grand rythme annuel, la montée vers la lumière quand le soleil croît, et puis la descente vers l'obscurité quand ça décroît. C'est un grand rythme à deux temps aussi. L'année marche sur deux pieds, comme nous dans la marche, comme le cœur qui diastole et s'y stole, et comme le grand battement qui est dans l'univers.

  • Speaker #1

    On se relie, on va dire, au tout ?

  • France Schott-Billmann

    Au vivant déjà.

  • Speaker #1

    Au vivant.

  • France Schott-Billmann

    Au vivant et puis effectivement au-delà, à un rythme cosmique.

  • Speaker #1

    Pourquoi au vivant ? Aux animaux, qu'est-ce qu'il nous fait, notamment par les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Et peut-être une mémoire, une mémoire. C'est Baptiste Morisot qui parle de ça. Il fait tout un truc sur l'éponge. C'est vraiment notre ancêtre commun à tous les animaux, parce que l'éponge c'est un animal. Souvent les gens croient que c'est un végétal, mais c'est un animal. Et finalement, son caractère de vivant faisait que simplement il... Il absorbe et il rejette. Il absorbe de la nourriture et il rejette. Et on a tous ça. Tous les vivants ont ça. Chez le végétal, ça se passe un peu différemment. C'est plus élégant d'ailleurs que la digestion. C'est vrai. Voilà. On a tous ce fonctionnement de quelque chose d'oscillatoire. Et je vous disais, quand on passe par des figures animales, est-ce que c'est purement symbolique ou est-ce qu'il n'y a pas une mémoire ? Quand je leur fais faire la grenouille, c'est tout simple. On fait un grand plié avec les grenouilles, et puis on saute. on retombe de l'autre côté, etc. J'ai l'impression qu'ils se rappellent quelque chose, que leur corps se rappelle quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc on se reliait d'abord à la nature, puis vous disiez au cosmos, et donc peut-être au grand tout, est-ce qu'on peut parler quand même d'une expérience spirituelle ? Oui,

  • France Schott-Billmann

    parce que c'est quelque chose qui nous dépasse. On sent bien qu'on est... Une petite chose dans un grand tout, j'ai du mal à totaliser à ce point, mais en tout cas un ensemble où il y a du multiple, de la différence, donc ce n'est pas un tout homogène, mais on fait partie d'un immense truc qui nous dépasse, qui nous a précédés, et qui va nous survivre. Pour moi c'est aussi la vie, parce que la vie c'est ce que je leur dis parfois, ce fameux battement du cœur, pour chacun de nous... J'espère ne pas leur donner une mauvaise nouvelle, mais ça va s'arrêter un jour. Mais ça va continuer avec les générations suivantes. Et puis c'est partout aussi autour de nous. Et ça va continuer. Ça nous précède et ça nous survivra. Et ça ne m'étonne pas que ça ait été divinisé, puisque c'est tellement immense. Ça ne m'étonne pas que plusieurs cultures aient divinisé le rythme.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui était connu depuis et que les anciennes cultures avaient déjà compris. Mais que nous on a... complètement finalement coupé le lien.

  • France Schott-Billmann

    Complètement c'est difficile de dire complètement je crois que c'est pas possible mais effectivement on a réprimé nos danses populaires d'une manière étouffante.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pensez que du coup c'est ce qui expliquerait un peu ce mal-être qu'on a en ce moment ?

  • France Schott-Billmann

    Le fait que c'est quand même un instrument de lien extraordinaire parce que effectivement de vibrer au même rythme que quelqu'un... C'est la base du lien social. Et une des raisons de notre mal-être, c'est effectivement d'être tellement coupé et de l'autre, et de la nature, et du cosmos, et du divin, et des ancêtres. Les ancêtres, c'est tellement important dans toutes les sociétés traditionnelles. Et nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Nos ancêtres, rien du tout. Les enfants savent même plus ce que c'est que le 11 novembre. des ancêtres assez proches quand même, qui sont morts pour nous, pour que nous puissions être libres et vivants. Rien n'est fait dans notre culture pour qu'on ait la pensée des ancêtres.

  • Speaker #1

    Donc les ancêtres, se reconnaître, ne pas être coupé aussi de son corps. Oui,

  • France Schott-Billmann

    c'est ça, aussi de son corps, de sa mémoire, et de quelque chose qui nous transcenderait, qu'on l'appelle Dieu, qu'on l'appelle... Pour Lacan, le langage c'est Dieu. Justement parce que ça nous précède, enfin le langage c'est-à-dire la culture, le symbolique, c'était avant nous, ça nous survivra. Et on est pris là-dedans de toute façon.

  • Speaker #1

    Du coup, la danse, finalement puisqu'elle est ancestrale, c'est peut-être le meilleur médicament qu'on puisse avoir ?

  • France Schott-Billmann

    Moi je le pense en tout cas. Je suis partie prenante. En tout cas, oui, effectivement, c'est une croyance. Ça correspond en plus à la définition de l'OMS. Parce que ça touche tous les registres qui constituent l'être humain. Le corps, le lien social, le psychique, émotionnel, le mental. Tout ça est organisé par le rythme.

  • Speaker #1

    Moi, je ne vois pas d'autres formes d'art qui soient aussi complètes.

  • France Schott-Billmann

    On l'a dit en même temps. Oui, parce que ça prend tous les registres. Bon, après, il y a du corps sans doute aussi dans la peinture, il y a sûrement du corps dans la musique. Vous savez, je me fâche toujours quand les gens disent qu'il n'y a pas de corps dans la psychanalyse, parce que le corps, au niveau de ses représentations, il est très présent. La preuve, c'est qu'on peut guérir des gens d'une maladie physique sans... Sans jamais le toucher, simplement en le faisant parler sur un divan.

  • Speaker #1

    Ça prend du temps par contre.

  • France Schott-Billmann

    Ça prend plus de temps que les thérapies chamaniques, effectivement. On est d'accord. Oui, pour la raison dont on parlait tout à l'heure, c'est qu'on doit produire nous-mêmes nos symboles, alors que le chaman nous les donne, les symboles.

  • Speaker #1

    On n'a pas du tout parlé de la question du cercle. C'est aussi quelque chose qui est extrêmement important. J'ai eu l'impression que c'est une symbolique. que vous retrouvez beaucoup et que vous utilisez beaucoup. Pour quelles raisons ?

  • France Schott-Billmann

    Je le vois moins comme cercle que comme boucle rythmique. Quand on fait un geste répétitif, ça fait un aller-retour forcément, puisque ça se répète. Donc c'est une boucle, c'est un cercle si on veut. C'est la dynamique de la pulsion aussi, au niveau psychique. On va vers l'objet, on revient, et comme c'est jamais ça, on recommence, etc. Donc c'est une dynamique fondamentale.

  • Speaker #1

    On le retrouve dans une autre danse que vous évoquez assez souvent, qui est celle du derwichturner.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et dans les danses traditionnelles qui se font en cercle. Mais le cercle, il est dans l'espace, mais c'est surtout celui qui est dans le temps que je voudrais privilégier parce qu'on ne l'a pas assez valorisé en Occident, du fait qu'on a étouffé un peu la pulsation. On est plus dans quelque chose de linéaire, la danse contemporaine, c'est plus quelque chose de linéaire. Encore que maintenant, il y a pas mal de chorégraphes qui mettent de la répétition. Mais quand même, on a... Enfin, dans l'évolution de nos danses, pendant longtemps, on n'a pas voulu voir ça.

  • Speaker #1

    Et voilà,

  • Myriam Sellam

    cet épisode touche à sa fin. Avec France Schott-Bilman, nous avons exploré comment la danse et la trance peuvent réveiller en nous des forces profondes, nous reconnecter à notre être intérieur et même nous ouvrir à une forme d'autoguerrison. Cette plongée dans les archétypes et les rythmes ancestraux nous rappelle combien le mouvement est une force de vie et de transformation. Mais notre échange ne s'arrête pas là, car dans le prochain épisode, nous allons nous intéresser à une autre forme de trans contemporaine portée par un phénomène bien particulier, la musique électronique. Comment les beats ? puissants et les vibrations des festivals comme le Burning Man réveillent-ils en nous des états modifiés de conscience ? Pourquoi cette pulsation électronique à la fois mécanique et hypnotique semble-t-elle toucher quelque chose d'universel ? On en parle la semaine prochaine avec France Schott-Bilman dans le 3ème épisode. En attendant, si celui-ci vous a inspiré, pensez à vous abonner au podcast et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est le moyen de soutenir l'essence de la danse et de le faire découvrir à encore plus de passionnés. Prenez soin de vous et je vous dis à très vite pour la suite.

Description

Et si la danse permettait d’accéder à une part cachée de nous-mêmes ? Avec France Schott-Billmann, nous explorons comment le rythme, la pulsation et la répétition du geste peuvent modifier notre état de conscience et réveiller des forces enfouies.


💡 Comment la danse active-t-elle nos archétypes intérieurs ?


💡 En quoi le mouvement peut-il être un outil de transformation ?


💡 Pourquoi la transe danse-t-elle avec notre inconscient ?



Un échange fascinant sur la puissance du corps, du rythme et du mouvement pour mieux se comprendre et se reconnecter à soi et aux autres.


🎧 Bonne écoute !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Myriam Sellam

    Les Sens de la Danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce nouvel épisode d'Essence de la danse. Nous retrouvons aujourd'hui France Schott-Bilmann pour la suite de notre conversation sur la danse, la trance et leur pouvoir thérapeutique. Dans le premier épisode, nous avons exploré ensemble Comment le rythme et la pulsation peuvent nous amener à un état de conscience modifié, nous reliant à des archétypes profondément ancrés en nous ? France nous a expliqué comment, à travers le mouvement, nous réveillons en nous des figures archétypales, qu'il s'agisse du guerrier ou de la séductrice, et comment cela nous permet d'accéder à une partie inconnue de nous-mêmes, parfois enfouie. Mais alors, qui est cet autre en nous que la danse révèle ? Comment l'art du geste, en jouant avec ces images symboliques, peuvent-ils nous reconnecter à notre être profond et aux forces de vie ? Et surtout, en quoi la danse, en nous reliant au groupe, à la nature et même au cosmos, pourrait-elle être une forme d'auto-guérison ? C'est ce que nous allons approfondir aujourd'hui avec France Schott-Bilmann dans cette deuxième partie. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles au rythme de la parole. Et si vous aimez l'essence de la danse, pensez à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est un petit geste qui m'aide énormément à faire découvrir le podcast à encore plus de passionnés de danse. Merci à vous et très belle écoute !

  • Il y a une question que je me posais. Vous prenez appui sur des danses de possession, mais dans ces moments-là, donc normalement, ce sont les dieux qui les possèdent. Dans votre méthode, qui est-ce qui est là ?

  • France Schott-Billmann

    Si on le savait ! C'est quelque chose qui peut être codifié comme des archétypes, en fait. Voilà, mais on ne sait pas exactement. En tout cas, quand on présente des figures gestuées, archétypales, comme des figures de féminité classiques, un peu dans la séduction, dans la vibration des épaules, des hanches, etc. Ça réveille effectivement quelque chose de très archétypal chez les gens, aussi bien les hommes que les femmes d'ailleurs. Ou des gestes guerriers, pareil, réveillent aussi ces images très archaïques, après avec la répétition du geste. Ça prend de plus en plus forme, essence, visiblement.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas quand même une partie de nous qui se révèle et qui est enfouie ?

  • France Schott-Billmann

    Bien sûr, je suis psychanalyste, moi, les divinités, je n'y crois pas. Donc, effectivement, ce sont des figures complètement archétypes.

  • Speaker #1

    Vous parlez dans votre livre que c'est même votre l'être profond.

  • France Schott-Billmann

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, c'est finalement soit...

  • France Schott-Billmann

    C'est le conscient.

  • Speaker #1

    C'est ça, donc ça veut dire que c'est notre nature la plus profonde ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, mais aussi la plus inconnue, puisque l'inconscient, par définition, on ne le connaît pas, mais il peut se manifester quand il rencontre à l'extérieur des figures qui vont résonner avec ce que nous sommes profondément, mais à quoi nous n'avons pas accès. On n'a accès que par des moyens détournés comme ça.

  • Speaker #1

    Effectivement, un moyen détourné où on utilise notamment beaucoup le jeu.

  • France Schott-Billmann

    Le jeu et l'art. Le jeu parce que... Ça fait tomber les défenses, donc du coup, on ose y aller. Personne n'oserait faire des gestes guerriers, par exemple, comme ça. Ou même si on dit à un patient, par exemple, « Vas-y, sors ton agressivité, exprime-toi ! » Évidemment, ça va l'inhiber complètement. Tandis que si on lui montre un geste guerrier, on lui dit « Tu peux faire ça, etc. » Je crois que la dernière fois, on avait pris l'exemple du haka.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • France Schott-Billmann

    Alors là, vraiment, ça réveille quelque chose en lui et qui le galvanise. Et il ose y aller, un peu timidement au début, et justement avec la répétition du geste, qui modifie l'état de conscience, il va chaque fois un peu plus loin, un peu plus loin, un petit peu plus loin.

  • Speaker #1

    Mais finalement, est-ce que vous pensez qu'on découvre vraiment qui on est ?

  • France Schott-Billmann

    C'est ce que Freud espérait quand il disait « deviens ce que tu es » . Enfin, en reprenant Nietzsche d'ailleurs, qui disait la même chose. « Deviens ce que tu es » . Je pense qu'on change de toute façon au cours de la vie. Vous n'êtes pas forcément ce que vous étiez il y a 10 ans ou 20 ans. Heureusement. Oui, peut-être heureusement. Bon, peut-être qu'on améliore des choses et puis on en perd sans doute d'autres. Je ne sais pas, en tout cas, on évolue. Mais notre désir profond, je crois qu'il est fixé depuis qu'on est très très jeune. Et alors le désir, c'est pareil, il est inconscient, mais c'est ce qui nous fait faire des choses parfois bizarres dans la vie. Là, je suis assez spinosiste. Je pense que quand on est dans la voie de notre désir, la voie V-O-I-E de notre désir, ça nous rend heureux. Et c'est une façon de se connaître, de connaître le désir en sachant que voilà. Moi, je ne savais pas du tout que je ferais de la danse, mais je sens que c'est finalement la voie juste pour moi. C'est là où j'ai l'impression d'être à ma place, et ça me rend heureuse quand je vois les gens qui prennent la banane.

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce qu'on a besoin justement de ces mythes, de cette imagination avec les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Parce que l'imagination c'est une facette essentielle de l'être humain. Ça permet d'associer toutes sortes de choses. C'est ça le sens. Ça prend sens pour nous. Et à quoi on le voit dans la danse, puisqu'on parle très peu, c'est si le geste devient habité.

  • Myriam Sellam

    Et comment on voit ça ?

  • France Schott-Billmann

    La présence. La fameuse présence. Ce n'est pas difficile à voir. Ça se voit comme ça, comme si le geste devient habité par quelque chose. Ce n'est pas comme un gant vide, c'est un gant avec une main dedans. Voilà, on pourrait dire ça. Il y a du vivant, la présence de cet autre en soi.

  • Speaker #1

    De la même manière, on rejoint un peu avec le rite, justement, en Afrique, où finalement, au lieu que ce soit le gant, finalement, c'est quand ils ont ces masques et ces costumes et qu'ils font, par exemple, la toupie, ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Ils deviennent un autre.

  • Speaker #1

    Il devient un autre.

  • France Schott-Billmann

    C'est ça, la transe, c'est devenir un autre.

  • Speaker #1

    Et en même temps, vous me dites qu'on devient soi.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais je suis psychanalyste, donc l'inconscient, c'est bien l'autre en soi.

  • Myriam Sellam

    On est d'accord.

  • France Schott-Billmann

    Donc, c'est devenir cet autre qui est soi profondément, mais qu'on ne connaît pas en temps normal.

  • Speaker #1

    D'autant plus qu'on peut dire que nous, dans notre société occidentale, ce n'est pas quelque chose qu'on a l'habitude d'utiliser. Les archétypes, les dieux, c'est quelque chose... qui nous est quand même assez inconnue.

  • France Schott-Billmann

    C'est vraiment de l'autre. C'est vraiment de l'autre, c'est de l'altérité. Mais c'est ça qui est intéressant dans cette... Je repense à ce que disaient les stagiaires hier, quand on a fait... Parce qu'on a joué les mythes du solstice.

  • Speaker #1

    Oui, vous avez fait un stage hier.

  • France Schott-Billmann

    Les vieux Janus, les animaux de l'hiver, l'ours blanc. Il fallait voir les gens faire les ours. C'est-à-dire, ils ont trouvé leur oursitude, je ne sais pas. se sont reliés à cette image de l'ours. Dans les mythes, c'est l'ancêtre de l'homme, parce qu'il a su se mettre debout, mais en même temps, c'est un homme encore sauvage. Donc, retrouver ça, et ça se fait facilement, parce que c'est pas loin, en fait. C'est pas si loin. C'est pas si loin, mais il faut passer par de l'altérité. Il faut passer par cette chose qui vient du dehors et qui résonne avec quelque chose qui est du dedans. Parce que si on est simplement à s'exprimer soi, avec ses émotions, ça fait pas grand-chose. au niveau thérapeutique en fait, même en danse.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe après quand on se reconnaît justement à travers la transe et qu'on est dans cet état ?

  • France Schott-Billmann

    On s'étonne de se sentir bien en ours ou bien en guerrier ou bien en princesse. On se sent plus grand que ce qu'on pensait en fait. Mais pas plus grand au niveau de son moi, au contraire. Ça rend plutôt plus humble. Mais de découvrir qu'il y a quelque chose de plus grand, comment dire, ça c'est difficile à expliquer. Je crois que c'est ça la transe. On est tout à coup dans un monde plus grand. Soi-même on est plus grand, mais en même temps parce qu'on est relié à des choses.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a des possibilités aussi plus grandes. Le champ des possibles s'agrandit.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, un monde plus grand.

  • Speaker #1

    Et donc, peut-être avec des solutions plus grandes, en état de trance, comme vous disiez, on a six fois plus de communication entre les synapses, c'est que quand même, il y a des messages aussi.

  • France Schott-Billmann

    Je pense que vous avez l'expérience, vous aussi, vous en parlez quand même. On est dans un état de conscience élargi. En tant qu'animateur, par exemple, dans un groupe, moi j'ai l'impression d'être relié à chaque personne. Et c'est ce qu'ils disent, ce qu'ils ressentent aussi.

  • Speaker #1

    Donc, un, finalement, le groupe, la communauté.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe fait un.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • France Schott-Billmann

    Le groupe, c'est un grand chœur qui bat, puisqu'on est tous au même rythme, et en train de faire un geste à l'unisson. Et chaque danseur, finalement, est relié à ce grand corps, un peu comme le bébé à sa mère. C'est-à-dire, chacun est pulsé, bercé, balancé par ce grand corps commun, et en même temps, il en fait partie.

  • Speaker #1

    Et c'est ce qui fait qu'on se sent si bien, finalement. Parce que peut-être qu'on est reconnu, on est vu ?

  • France Schott-Billmann

    On est vu, on est ressenti surtout. Ce grand corps commun, c'est une commune vibration, c'est ça que ça veut dire. C'est le sentiment d'appartenance à un groupe. On fait partie de ce groupe et en même temps on en reçoit les bénéfices.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ces bénéfices justement ?

  • France Schott-Billmann

    Je faisais la comparaison avec le bébé et avec sa mère, c'est le bien-être à tout point de vue. La chaleur, le confort, la douceur, la bienveillance, l'amour. Bienveillance, je n'aime pas trop parce que c'est un peu à la mode. Les termes comme ça, le vivre ensemble, la bienveillance.

  • Speaker #1

    Même si on en a besoin.

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais si on pouvait le dire autrement, l'amour. Je préfère dire l'amour que la méveillance.

  • Speaker #1

    De toute manière, et comme vous dites, c'est vraiment la danse finalement du cœur.

  • France Schott-Billmann

    Exactement, c'est la danse du cœur à tout point de vue, puisque déjà la pulsation, c'est le cœur. Et le cœur, c'est symbole de la vie et de l'amour et du courage. Parce qu'on devient courageux.

  • Speaker #1

    Ah oui ?

  • France Schott-Billmann

    Parce qu'on sent une force en soi.

  • Speaker #1

    Oui, on sent porter en fait.

  • France Schott-Billmann

    Moi, je sais qu'il y a eu une époque où j'avais peur d'entrer dans mon parking la nuit, mais jamais après un cours de danse.

  • Speaker #1

    Ça vous donnait cette force ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est la pulsation. On sent que... Il ferait beau voir qu'il y a un agresseur.

  • Speaker #1

    Les feuilles restent pendant longtemps ?

  • France Schott-Billmann

    Oui. Une fois qu'on a recontacté ces zones-là, on peut les remobiliser en fait. Sinon, on ne pourrait pas appeler ça de la danse-thérapie. C'était juste au moment où on fait le guerrier pendant la danse et puis après... Quand on vient chez soi, on est mort de trou et de marcher dans la rue, ça ne servirait pas à grand-chose. Non, c'est des effets qui durent.

  • Speaker #1

    Et qui durent, donc, comment ça se passe ? Ça veut dire que du coup, on a contacté quelque chose et c'est comme une ressource ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Mais donc, logiquement, vous n'avez plus peur du tout d'aller dans le parking, si vous l'avez contacté ?

  • France Schott-Billmann

    Non, je n'ai pas une peur anormale. Je suis vigilante, mais ce n'est pas de la peur. Il y a eu une époque où vraiment j'avais peur. parce que j'avais une amie qui avait été agressée, du coup on se fait tout un cinéma aussi. C'est Michel Léris qui raconte ça dans son bouquin, La possession chez les Éthiopiens de Gondar. Il a une de ses informatrices qui lui explique tout simplement qu'elle fait appel à l'esprit, par exemple, un truc qui m'avait impressionné, l'esprit du déménagement, parce que quand elle a besoin de déménager, que c'est une femme seule, elle est... possédée par cet esprit qui décuple ses forces et elle déplace ses meubles etc enfin c'est tout à fait étonnant on devient un autre donc on peut convoquer finalement la force qu'on a besoin voilà donc si par exemple on arrive à un moment difficile ça peut arriver de

  • Speaker #1

    je sais pas moi une séparation quelque chose ou une maladie on peut très bien convoquer cette force qui va nous aider on symbolise quelque chose qui va qui va avoir une efficacité sur nous Est-ce que, par exemple, dans vos stages, on peut se dire, voilà, moi j'arrive avec cette problématique-là, j'ai besoin de contacter cette force-là ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, en général, c'est autour de la dépression ou du manque d'énergie. Et en sortant, ils disent qu'ils sont prêts à conquérir le monde.

  • Speaker #1

    Vous faites ce genre de stage pour quel type de personnes ? Est-ce que ce sont des gens, justement, qui ont des symptômes particuliers ? Vous disiez que vous faisiez ça aussi pour les personnes atteintes de maladies de Parkinson ?

  • France Schott-Billmann

    Oui, toutes sortes de pathologies. Alors il y a des groupes qui regroupent une même pathologie, moi je ne suis pas tellement pour ça. Sauf quand ils ont vraiment un handicap physique, comme les gens qui ont la maladie de Parkinson. Mais moi j'ai déjà eu des groupes où il y avait des psychotiques, toutes sortes de maladies psychosomatiques, d'ailleurs ça, ça ne se voit même pas à l'extérieur. Ils sont comme vous et moi, normopates je dis. Mais c'est très bien quand il y a toutes les pathologies mélangées, parce que chacun va y trouver ce dont il a besoin en fait. Puisque comme on passe tout un éventail de symboles différents, et que le rythme c'est un grand régulateur, c'est-à-dire que ça stimule ceux qui sont apathiques, et ça canalise ceux qui sont trop exubérants.

  • Speaker #1

    Donc quel que soit finalement le mal... Finalement, la pulsation va réguler dans le bon sens, à vous entendre.

  • France Schott-Billmann

    Enfin, la pulsation va réguler. Il faut quand même qu'elle soit présentée d'une certaine façon et guidée. Et avec une connaissance quand même un peu de l'âme humaine et du corps humain. Pas faire faire n'importe quoi aux gens.

  • Speaker #1

    Et donc, c'est ce qui va faire justement qu'on rentre dans la thérapie. Et donc, finalement, il faut de toute manière un chaman, en tout cas un guide.

  • France Schott-Billmann

    Il faut un guide. Il faut un guide. L'art-thérapie, c'est ça. Parce que l'art... L'art tout seul, c'est pas sûr que ça soigne. On voit quand même le nombre d'artistes qui sont morts fous, ou suicidés, ou enfin moins. C'est une danse très rythmée. De toute façon, elles sont au service de la célébration de la vie. Ce n'est pas le genre de thérapie où on va prendre conscience de ses failles, de ses manques. Ça appuie sur les forces de vie, ça s'appuie sur les forces de vie. Et il y a toujours quelque chose qui a resté vivant chez quelqu'un. Même infime, mais il y a une petite réaction.

  • Speaker #1

    Quelle a été un petit peu la plus grande... victoire que vous ayez eue sur des personnes malades ?

  • France Schott-Billmann

    On a eu un des premiers patients atteints du sida. Il est mort que l'année dernière. Et il était vraiment persuadé, lui, que c'était ça qui le maintenait en vie. Alors peut-être que c'est ça. Je ne sais pas si c'était... Ça nous a valu un problème avec l'émission de Julien Courbet. Ah ! Celui qui cherche toujours un peu les arnaques partout. Parce que ce garçon a tenu à témoigner. Donc il a témoigné que la danse le maintenait en vie. Et alors on a été vraiment attaqué par les médecins sur le plateau. Moi, je n'ai jamais prétendu qu'on maintenait les gens en vie. Mais je sais que quand ils sont convaincus de quelque chose aussi, et qu'effectivement je vois que le rythme, ça réveille les forces de vie, je pense que pour le Covid aussi, j'avais fait une petite séance dans ma maison de campagne, et beaucoup de gens m'ont dit qu'ils l'ont regardé. et que pendant le Covid, ça les a aidés. Alors peut-être qu'effectivement, ça renforce un peu les défenses immunitaires, puisque ça réveille la vie. Après, moi je ne prétends pas, évidemment, on ne prétend rien du tout en fait, sur le plan médical. Il y a des résultats, bien sûr, mais je pense qu'il y avait autre chose qui était une foi de la part de ce garçon-là. En tout cas, il a tenu très très longtemps, parce qu'il était malade bien avant la trithérapie.

  • Speaker #1

    Mais donc effectivement, cette source de vie, c'est ce qui va faire qu'on va guérir. C'est une auto-guérison, c'est ce que vous disiez.

  • France Schott-Billmann

    Oui, c'est une auto-guérison, mais qui fait appel à des forces, à des ressources qu'on ne connaît pas en soi. Donc est-ce qu'on peut dire auto, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Donc en fait, à vous entendre, il y a encore du mystère.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et depuis le temps que je réfléchis au rythme et à ses effets quasiment miraculeux parfois, je suis loin d'avoir fait le tour. Le rythme, il a été divinisé par beaucoup de cultures. Dionysos, le dieu du rythme, Shiva, le dieu du rythme, qui a créé le monde par les vibrations. Donc il y a des choses qui s'expliquent par la psychologie. Sans doute aussi dans les neurosciences, on découvre que finalement, ce n'est pas exactement la synchronisation au rythme de tous les organes, de toutes les structures. C'est ça, ça fait de l'effet, effectivement, parce que ça harmonise un petit peu le tout. J'imagine que l'énergie circule mieux, le sang circule mieux.

  • Speaker #1

    Et puis chaque organe a sa fréquence donc après...

  • France Schott-Billmann

    Oui, mais ça s'accorde.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est que si ça s'accorde, ça a du temps.

  • France Schott-Billmann

    Ça s'accorde, donc il y a sans doute une explication physique aussi, mais tout ça c'est encore mystérieux effectivement.

  • Speaker #1

    Quand on se relie donc à soi, on se reconnaît,

  • Myriam Sellam

    on reconnaît l'autre,

  • Speaker #1

    cet autre dont on parlait,

  • Myriam Sellam

    on arrive à se relier au groupe puisqu'on fait...

  • France Schott-Billmann

    Et on sent qu'on s'inscrit dans quelque chose de plus grand. Parce que ce rythme, cette oscillation qui est le rythme du vivant, donc cette cadence qui existe à tous les niveaux dans notre corps, parce que nous, à notre échelle humaine, les deux oscillations qu'on sent vraiment, c'est le battement du cœur et le souffle respiratoire. Mais tous nos organes battent et on ne les sent pas. Même le battement du cœur et le souffle respiratoire, c'est discret. Grâce à leur automatisme, finalement, ça marche tout seul et puis on n'y pense pas du coup. Mais en réalité, on s'inscrit aussi dans des rythmes. Hier, on m'en a parlé des solstices, donc ce grand rythme annuel, la montée vers la lumière quand le soleil croît, et puis la descente vers l'obscurité quand ça décroît. C'est un grand rythme à deux temps aussi. L'année marche sur deux pieds, comme nous dans la marche, comme le cœur qui diastole et s'y stole, et comme le grand battement qui est dans l'univers.

  • Speaker #1

    On se relie, on va dire, au tout ?

  • France Schott-Billmann

    Au vivant déjà.

  • Speaker #1

    Au vivant.

  • France Schott-Billmann

    Au vivant et puis effectivement au-delà, à un rythme cosmique.

  • Speaker #1

    Pourquoi au vivant ? Aux animaux, qu'est-ce qu'il nous fait, notamment par les archétypes ?

  • France Schott-Billmann

    Et peut-être une mémoire, une mémoire. C'est Baptiste Morisot qui parle de ça. Il fait tout un truc sur l'éponge. C'est vraiment notre ancêtre commun à tous les animaux, parce que l'éponge c'est un animal. Souvent les gens croient que c'est un végétal, mais c'est un animal. Et finalement, son caractère de vivant faisait que simplement il... Il absorbe et il rejette. Il absorbe de la nourriture et il rejette. Et on a tous ça. Tous les vivants ont ça. Chez le végétal, ça se passe un peu différemment. C'est plus élégant d'ailleurs que la digestion. C'est vrai. Voilà. On a tous ce fonctionnement de quelque chose d'oscillatoire. Et je vous disais, quand on passe par des figures animales, est-ce que c'est purement symbolique ou est-ce qu'il n'y a pas une mémoire ? Quand je leur fais faire la grenouille, c'est tout simple. On fait un grand plié avec les grenouilles, et puis on saute. on retombe de l'autre côté, etc. J'ai l'impression qu'ils se rappellent quelque chose, que leur corps se rappelle quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc on se reliait d'abord à la nature, puis vous disiez au cosmos, et donc peut-être au grand tout, est-ce qu'on peut parler quand même d'une expérience spirituelle ? Oui,

  • France Schott-Billmann

    parce que c'est quelque chose qui nous dépasse. On sent bien qu'on est... Une petite chose dans un grand tout, j'ai du mal à totaliser à ce point, mais en tout cas un ensemble où il y a du multiple, de la différence, donc ce n'est pas un tout homogène, mais on fait partie d'un immense truc qui nous dépasse, qui nous a précédés, et qui va nous survivre. Pour moi c'est aussi la vie, parce que la vie c'est ce que je leur dis parfois, ce fameux battement du cœur, pour chacun de nous... J'espère ne pas leur donner une mauvaise nouvelle, mais ça va s'arrêter un jour. Mais ça va continuer avec les générations suivantes. Et puis c'est partout aussi autour de nous. Et ça va continuer. Ça nous précède et ça nous survivra. Et ça ne m'étonne pas que ça ait été divinisé, puisque c'est tellement immense. Ça ne m'étonne pas que plusieurs cultures aient divinisé le rythme.

  • Speaker #1

    C'est quelque chose qui était connu depuis et que les anciennes cultures avaient déjà compris. Mais que nous on a... complètement finalement coupé le lien.

  • France Schott-Billmann

    Complètement c'est difficile de dire complètement je crois que c'est pas possible mais effectivement on a réprimé nos danses populaires d'une manière étouffante.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pensez que du coup c'est ce qui expliquerait un peu ce mal-être qu'on a en ce moment ?

  • France Schott-Billmann

    Le fait que c'est quand même un instrument de lien extraordinaire parce que effectivement de vibrer au même rythme que quelqu'un... C'est la base du lien social. Et une des raisons de notre mal-être, c'est effectivement d'être tellement coupé et de l'autre, et de la nature, et du cosmos, et du divin, et des ancêtres. Les ancêtres, c'est tellement important dans toutes les sociétés traditionnelles. Et nous, qu'est-ce qu'on en fait ? Nos ancêtres, rien du tout. Les enfants savent même plus ce que c'est que le 11 novembre. des ancêtres assez proches quand même, qui sont morts pour nous, pour que nous puissions être libres et vivants. Rien n'est fait dans notre culture pour qu'on ait la pensée des ancêtres.

  • Speaker #1

    Donc les ancêtres, se reconnaître, ne pas être coupé aussi de son corps. Oui,

  • France Schott-Billmann

    c'est ça, aussi de son corps, de sa mémoire, et de quelque chose qui nous transcenderait, qu'on l'appelle Dieu, qu'on l'appelle... Pour Lacan, le langage c'est Dieu. Justement parce que ça nous précède, enfin le langage c'est-à-dire la culture, le symbolique, c'était avant nous, ça nous survivra. Et on est pris là-dedans de toute façon.

  • Speaker #1

    Du coup, la danse, finalement puisqu'elle est ancestrale, c'est peut-être le meilleur médicament qu'on puisse avoir ?

  • France Schott-Billmann

    Moi je le pense en tout cas. Je suis partie prenante. En tout cas, oui, effectivement, c'est une croyance. Ça correspond en plus à la définition de l'OMS. Parce que ça touche tous les registres qui constituent l'être humain. Le corps, le lien social, le psychique, émotionnel, le mental. Tout ça est organisé par le rythme.

  • Speaker #1

    Moi, je ne vois pas d'autres formes d'art qui soient aussi complètes.

  • France Schott-Billmann

    On l'a dit en même temps. Oui, parce que ça prend tous les registres. Bon, après, il y a du corps sans doute aussi dans la peinture, il y a sûrement du corps dans la musique. Vous savez, je me fâche toujours quand les gens disent qu'il n'y a pas de corps dans la psychanalyse, parce que le corps, au niveau de ses représentations, il est très présent. La preuve, c'est qu'on peut guérir des gens d'une maladie physique sans... Sans jamais le toucher, simplement en le faisant parler sur un divan.

  • Speaker #1

    Ça prend du temps par contre.

  • France Schott-Billmann

    Ça prend plus de temps que les thérapies chamaniques, effectivement. On est d'accord. Oui, pour la raison dont on parlait tout à l'heure, c'est qu'on doit produire nous-mêmes nos symboles, alors que le chaman nous les donne, les symboles.

  • Speaker #1

    On n'a pas du tout parlé de la question du cercle. C'est aussi quelque chose qui est extrêmement important. J'ai eu l'impression que c'est une symbolique. que vous retrouvez beaucoup et que vous utilisez beaucoup. Pour quelles raisons ?

  • France Schott-Billmann

    Je le vois moins comme cercle que comme boucle rythmique. Quand on fait un geste répétitif, ça fait un aller-retour forcément, puisque ça se répète. Donc c'est une boucle, c'est un cercle si on veut. C'est la dynamique de la pulsion aussi, au niveau psychique. On va vers l'objet, on revient, et comme c'est jamais ça, on recommence, etc. Donc c'est une dynamique fondamentale.

  • Speaker #1

    On le retrouve dans une autre danse que vous évoquez assez souvent, qui est celle du derwichturner.

  • France Schott-Billmann

    Oui, et dans les danses traditionnelles qui se font en cercle. Mais le cercle, il est dans l'espace, mais c'est surtout celui qui est dans le temps que je voudrais privilégier parce qu'on ne l'a pas assez valorisé en Occident, du fait qu'on a étouffé un peu la pulsation. On est plus dans quelque chose de linéaire, la danse contemporaine, c'est plus quelque chose de linéaire. Encore que maintenant, il y a pas mal de chorégraphes qui mettent de la répétition. Mais quand même, on a... Enfin, dans l'évolution de nos danses, pendant longtemps, on n'a pas voulu voir ça.

  • Speaker #1

    Et voilà,

  • Myriam Sellam

    cet épisode touche à sa fin. Avec France Schott-Bilman, nous avons exploré comment la danse et la trance peuvent réveiller en nous des forces profondes, nous reconnecter à notre être intérieur et même nous ouvrir à une forme d'autoguerrison. Cette plongée dans les archétypes et les rythmes ancestraux nous rappelle combien le mouvement est une force de vie et de transformation. Mais notre échange ne s'arrête pas là, car dans le prochain épisode, nous allons nous intéresser à une autre forme de trans contemporaine portée par un phénomène bien particulier, la musique électronique. Comment les beats ? puissants et les vibrations des festivals comme le Burning Man réveillent-ils en nous des états modifiés de conscience ? Pourquoi cette pulsation électronique à la fois mécanique et hypnotique semble-t-elle toucher quelque chose d'universel ? On en parle la semaine prochaine avec France Schott-Bilman dans le 3ème épisode. En attendant, si celui-ci vous a inspiré, pensez à vous abonner au podcast et à laisser un avis 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est le moyen de soutenir l'essence de la danse et de le faire découvrir à encore plus de passionnés. Prenez soin de vous et je vous dis à très vite pour la suite.

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