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Les Sens de la Danse

Pulsations d’espoir : danse, guérison et paix avec France Schott-Billmann (3ème épisode)

Pulsations d’espoir : danse, guérison et paix avec France Schott-Billmann (3ème épisode)

29min |23/02/2025
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Pulsations d’espoir : danse, guérison et paix avec France Schott-Billmann (3ème épisode)

Pulsations d’espoir : danse, guérison et paix avec France Schott-Billmann (3ème épisode)

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Description

Bienvenue dans cet épisode final de notre série avec France Schott-Billmann !


Ici, la danse, ce n'est pas juste bouger – c'est un langage qui parle à notre cœur, qui nous relie à nos ancêtres et même à l'univers.


Aujourd'hui, nous vallons parler de cette magie des rythmes, que ce soit l'électro ou les battements plus primitifs, qui, bien au-delà d'une simple vibration, nous aide à guérir et à nous reconnecter.


Nous allons aussi découvrir des histoires de séances de danse thérapie en Afrique, en Haïti, en Israël... Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective.


Alors, installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse, surtout quand on a besoin de se retrouver et de se soutenir les uns les autres. On est tous un peu danseurs, et c'est ce qui nous unit.


C'est parti pour un moment et plein d'émotions !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Sens de la danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce troisième et dernier épisode avec France Schott- Billmann. Aujourd'hui, nous allons poursuivre notre immersion au cœur de la danse et de la pulsation en explorant l'univers de la musique électro.

  • Speaker #1

    On retrouve le battement du cœur. C'est fondamental, il le revendique même. C'est une pulsation électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. Le fait qu'ils vont se coller à ces grands haut-parleurs, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique.

  • Speaker #0

    Vous allez aussi entendre des histoires de séances de danse-thérapie au Congo, à Haïti ou en Israël. Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective et peut semer des graines de paix.

  • Speaker #1

    J'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'université de Jérusalem, où il y a un département de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu. Et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout.

  • Speaker #0

    Alors installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse. N'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles pour soutenir cette aventure et permettre à d'autres de plonger dans cet univers. Je vous souhaite une très belle écoute. Vous parlez d'une musique qu'on peut appeler une musique primitive qui peut nous guérir, qui est celle de la musique électro.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Pourquoi elle peut avoir ces vertus, justement, de s'inscrire dans la danse-thérapie ?

  • Speaker #1

    Alors, est-ce qu'elle s'y inscrit complètement ? Peut-être pas. Mais ce qu'elle a de profondément thérapeutique, à mon avis, c'est qu'elle nous relie. Elle nous relie, justement, au battement du cœur, et donc, comme on disait tout à l'heure, à tout ce qui a précédé, donc aux ancêtres, à la mémoire, et puis ça nous relie au cosmos. D'autant plus que là, c'est quand même une musique désincarnée. Ce n'est pas la même chose de frapper la pulsation sur un djembé, c'est une peau d'animal, on est quand même dans quelque chose de très vivant. Et puis cette pulsation électronique, qui est très symbolique du battement du cœur, mais il y a plus ce côté charnel. Et donc là, du coup, ça devient plus mystique.

  • Speaker #0

    Ah, vous trouvez que ça devient plus mystique ?

  • Speaker #1

    Oui, je le vois comme ça, parce que c'est plus désincarné, et que ça relie plus, à mon avis, au rythme cosmique, même si bien sûr on retrouve le battement du cœur, puisque c'est fondamental, il le revendique même. Il le revendique, les hip-hoppeurs aussi, ils revendiquent que c'est une session électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. C'est ce qu'on disait la dernière fois, je crois, le fait qu'ils vont se coller. à ces grands haut-parleurs, dans les baffes, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors, c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique. Moi, ce qui m'a impressionné, c'est tout ce que j'avais lu sur les festivals Burning Man et tout ça, qui sont très mystiques.

  • Speaker #0

    En quoi est-ce qu'on mystique ? Expliquez-nous. Vous y êtes allée d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Non, mais j'ai pas mal interviewé. joué de ravers qui sont allés. Déjà le dispositif qui est très comme un mandala, le plan général en rond.

  • Speaker #0

    Et où il y a le centre, au centre il y a la scène.

  • Speaker #1

    Vous êtes allés ? Non, je rêve d'y aller. Moi aussi j'aimerais bien.

  • Speaker #0

    Venez France on y va ensemble.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon j'ai appris qu'il y en a des plus proches aussi, il y en a au Portugal paraît-il. Et le centre, c'est un homme qui brûle. C'est un peu comme le bonhomme carnaval qui meurt et qui va renaître. Donc si ce n'est pas mystique, ça...

  • Speaker #0

    Il y a une purification.

  • Speaker #1

    Purification, renaissance. Purification qui préside à une renaissance. Et puis l'art, les sculptures, les objets artistiques qui sont là, on est dans un registre quand même très spirituel.

  • Speaker #0

    Où il y a un enchantement, où il y a effectivement des sculptures... assez extravagante, où on est finalement dans un autre monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça, exactement. Et puis les visios qui accompagnent les danses techno.

  • Speaker #0

    Oui, il y a souvent effectivement de la vidéo ou ce genre de choses.

  • Speaker #1

    C'est les projections sur les murs qui sont très mystiques. Ils sont un peu comme des mandalas, comme des figures fantastiques.

  • Speaker #0

    Et on se retrouve dans un endroit vraiment dans la nature, plus profond.

  • Speaker #1

    Oui, et dans le désert.

  • Speaker #0

    Et dans le désert. Donc ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas mystique le désert quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup avec un ciel souvent étoilé.

  • Speaker #1

    Oui, sûrement.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Oui. Il paraît qu'il y a des vents de sable aussi parfois qui sont très désagréables. Ah oui, ça j'imagine. Non, et puis beaucoup d'amour. Beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Entre les festivaliers. Oui.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est ce qu'on vous a dit ?

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie quand même, comme public, je crois. Nos violons. Oui, c'est ce qu'on m'a dit, oui.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose, vous croyez, dont on a besoin de retrouver et de resacraliser finalement la danse ?

  • Speaker #1

    De resacraliser non seulement la danse, mais tout ce qu'elle évoque, justement, de cette mémoire ancestrale, où on était relié aux autres, relié au cosmos, relié au passé, relié aux ancêtres, relié à la Terre.

  • Speaker #0

    Parce qu'on est d'accord que la danse, celle qu'on a la plupart du temps, elle n'est plus du tout sacralisée, elle est plus sacrée, c'est fini ça.

  • Speaker #1

    Ça fait un moment. Elle servait à plein d'autres choses. Elle servait à quoi ? Et pourquoi pas ? À la séduction. Vous savez que dans la techno, c'est pas ça qui est cherché en premier, pas du tout. Il y a même des soirées où c'est mal vu, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'ailleurs en danse thérapie, c'est un peu pareil. D'ailleurs finalement on se demandait hier avec un stagiaire qui était là, qui était le seul, au milieu de 24 filles, il me disait « mais pourquoi il y a si peu d'hommes ? » Et pour moi c'est un mystère, parce que de façon primitive en plus c'est pas du tout de la danse efféminée. C'est un mystère parce que c'est pas comme ça du tout en Afrique. Chaque fois que je suis intervenu en Afrique il y avait plein d'hommes. En Grèce aussi il peut y avoir plein d'hommes. Dans certains endroits aussi en France, en province, il peut y avoir des hommes. Et là, dans les grandes villes, Donc je pense que c'est parce qu'il n'y a pas de séduction en fait. On n'est pas dans ce truc-là. Donc ça doit les décourager. Si ça n'intéresse pas les filles, qu'on vienne. Je ne sais pas, c'est grave. Il y a sans doute beaucoup de causes.

  • Speaker #0

    Votre danse rythme thérapie, vous l'avez faite en Afrique ? Oui. Vous l'avez proposée ? Qu'est-ce que ça a donné ?

  • Speaker #1

    Ça s'est très très bien passé. Et en Haïti aussi. En Haïti, j'ai travaillé dans un orphelinat. Et à Goma, en Afrique, dans un coin où c'est très conflictuel.

  • Speaker #0

    Au Congo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est la partie du Congo qui est tout près du Rwanda. C'est en plein Nord-Kibou, Goma. C'est un foyer culturel et artistique qui est très peu cher. C'est bien sûr organisé par les Belges, parce qu'ils n'ont pas fait que des horreurs. Il y a quand même eu des associations qui ont fait un bon travail. Et donc ce foyer culturel est financé par la Belgique. Et j'avais été invitée parce que la Belgique invite chaque année quelques animateurs de ce centre à se former en différentes modes pédagogiques. Et il y a beaucoup d'élèves dans ce foyer. Ça coûte un dollar par an, donc c'est très peu cher. Et ils ont vraiment des gens de plusieurs tribus qui sont en conflit. Et des enfants affamés, avec des gros ventres. Toutes les filles ont été violées. Beaucoup de garçons étaient enfants de soldats. Donc ça ne se dit pas thérapie, ça se dit artistique, mais pour moi c'est vraiment de la thérapie. Et ils ont adoré l'expression primitive. Je suis toujours étonné parce que je me dis, eux ils ont leur danse, qu'est-ce que je vais leur apporter moi ? Et finalement le fait qu'on amène ces images symboliques, on fait beaucoup de jeux relationnels, des jeux d'alternance entre deux tribus, on appelle ça deux tribus, deux groupes. Ils ont beaucoup aimé ça. C'est une danse qui réconcilie nous avec nous-mêmes, mais qui peut aussi réconcilier des gens. Je l'ai fait aussi en Israël autrefois. Et oui. Alors j'ai arrêté assez rapidement parce que, avec l'évolution des choses, les Palestiniens ne pouvaient plus passer les checkpoints. C'était tellement compliqué que j'ai arrêté parce que du coup ça n'avait plus de sens. Mais j'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'Université de Jérusalem, où il y a un département. de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu, et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout. Mais après, j'ai bien vu que ça n'évoluait pas dans le bon sens. Ça ne peut pas résoudre les problèmes au niveau politique quand même. Mais je suis persuadée que ça semait des petites graines de paix.

  • Speaker #0

    C'est quand même énorme ce que vous me dites, parce que... le fait ne serait-ce que d'avoir des échanges, même si ça a maintenu un lien déjà, même s'il n'y en a eu qu'un seul mail d'échangé, d'avoir fait cette démarche, ça veut dire qu'il y a eu une reconnaissance.

  • Speaker #1

    C'était très émouvant de faire ça là-bas. parce que c'est des cultures tellement proches finalement. Je me rappelle, on avait commencé par une berceuse, qui, c'était une chance, existe aussi bien chez les juifs que chez les arabes. Je me rappelle encore... Nami, nami, nami... Ti-na-na-na-na-na-na... Alors on a commencé à balancer là-dessus, puis après on a un peu parlé. Et puis, il y en a qui ont dit, bah oui, nous, les Israéliens ne peuvent pas aller au Liban, par exemple. Enfin, à l'époque, ils ne pouvaient déjà pas, encore moins maintenant qu'il y a la guerre. Et les Palestiniens, ils ne peuvent aller nulle part, de toute façon. Donc, il y avait un manque des deux côtés. Prendre conscience de ça, balancer tous ensemble sur cette berceuse. Et après, j'ai expliqué que l'expression primitive était aussi née dans un contexte de conflit entre les Noirs et les Blancs aux États-Unis. Et ça avait vraiment super bien marché.

  • Speaker #0

    Comment ça a évolué ? Il y a eu des émotions ?

  • Speaker #1

    Des grandes émotions. On faisait des exercices, après on parlait, puis on faisait des exercices.

  • Speaker #0

    Ah donc il y avait quand même de la parole là, pour le coup ?

  • Speaker #1

    Ah oui, il y a de la parole. Oui, c'était vraiment une expérience. On avait eu l'autorisation de directeur de l'université, il y avait un photographe officiel. J'ai encore une petite vidéo, enfin bon, on ne voit pas grand-chose, ça a été très mal filmé, mais oui, j'ai un témoignage de ça. Et Goma aussi, j'ai un témoignage de ça. Et puis où est-ce que je l'ai fait aussi ? En Haïti, ça c'était assez extraordinaire, parce que là c'était les enfants dans les orphelinats.

  • Speaker #0

    Et juste avant d'arriver à Haïti, est-ce qu'il peut y avoir un bienfait notamment sur les femmes qui ont subi des violences sexuelles ? Comment ça se passe du coup ?

  • Speaker #1

    Alors, il se trouve que je vais revoir un de ces jeunes, le 29, parce qu'il passe ici, il est devenu danseur. Je ne sais pas pourquoi il est en France, et pas en Belgique, mais en tout cas, apparemment il arrive à faire son... Sa vie en France, il a des projets artistiques qui ont été sélectionnés. Et il m'a dit qu'il aimerait bien que une de ses copines, qui a, paraît-il, un visage jusqu'en 2026, parce que c'est toujours le problème, c'est de les faire venir, elle aimerait bien faire une formation de danse-thérapie. Et elle, certainement, que c'est une fille qui a été violée, parce qu'il n'y avait que ça, pratiquement. Et comme il m'a dit qu'elle a déjà travaillé avec moi à Goma, moi je ne vois pas qui c'est parce que c'était il y a quelques années. Mais voilà, je vais les revoir et je suis très contente.

  • Speaker #0

    Mais comment est-ce que justement la danse-thérapie aide les femmes qui ont subi des violences sexuelles ?

  • Speaker #1

    Dans l'affirmation de vie, le retour à une dignité du corps, voilà, ce genre de choses, j'imagine. Et puis ça revitalise, donc... Ça chasse la dépression. C'est tellement magique le rythme que ça convient à tout le monde, à toutes les pathologies.

  • Speaker #0

    Et à Haïti, racontez-nous.

  • Speaker #1

    Alors à Haïti, j'avais été invitée pour faire une conférence sur le carnaval par l'Institut français. Et puis, moi je suis d'origine protestante, j'avais donc pris contact avec la Fédération protestante. Parce que ça m'intéressait de travailler dans un orphelinat, en expression primitive, puisque j'étais là-bas. L'expression primitive, ça vient d'Haïti, je vous ai dit. Un chorégraphe haïtien, Ernst Duplan, qui s'inspirait quand même forcément des dieux vaudous, bien qu'il était lui laïque, il a été le premier à nous parler d'archétype en fait. Donc comment ça s'est passé ? Oui, j'ai rencontré une des directrices d'un orphelinat, une jeune femme charmante, et elle m'a proposé de venir un jour faire une... séance dans un orphelinat. Je m'en souviendrai toujours parce que le pasteur s'appelle Merci Dieu, son nom de famille Merci Dieu. Oui en Haïti ils ont beaucoup de noms comme ça. En fait il a adoré, mais quand je suis arrivé, les enfants étaient assis, il m'a expliqué, il a dit bon ils ont un cours de calcul et un cours de français, tout le reste du temps on ne sait pas quoi en faire de tous ces mômes, ils sont assis. Interdiction de parler, interdiction de... de se lever pour jouer ou autre.

  • Speaker #0

    Aucune expression n'est si autorisée.

  • Speaker #1

    La journée, rien faire. C'était deux, trois ans après le tremblement de terre. Ça devait être en 2015, 2016. Alors que le tremblement de terre, c'était en 2012. Donc des enfants, en plus, qui avaient vu mourir leurs parents, c'était atroce. Et puis, moi je commence souvent par une chanson, parce qu'on va taper dans les mains, la pulsation, on va balancer, etc. Et eux, ils ne connaissaient que des quantiques. Alors on a commencé, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. On a tapé dans les mains, on a commencé à mettre ça dans les pieds, on avançait, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. Et puis petit à petit, au lieu de mettre ses paroles, on a fait genre « yao yao yao e, yao yao yao a » . Et puis après, on a commencé à faire des animaux, tout doucement. On avançait du coup en tigre, on reculait avec les pattes de velours. Ils étaient ravis les gosses. Après, on a même fait une danse du serpent dans la cour. Et le serpent, c'est un dieu important chez eux, le dieu d'Ambala, le dieu serpent. Et puis le pasteur nous regardait, il nous regardait, il ne participait pas, mais il nous regardait. Et à la fin, il m'a dit, mais c'était absolument génial, si seulement ça pouvait exister tous les jours, parce que les enfants, du coup, ils sont calmes. Et comme c'est moi qui donne les mouvements, qui guide, j'ai eu tout pas, c'était vraiment très... Alors je lui ai dit, écoutez, je suis là encore trois jours, si vous avez des gens qui veulent faire la formation, on peut faire une petite formation vite fait. Il m'a dit, ah bah oui, ce serait très très bien. Alors il a téléphoné à la direction de la Fédération Protestante, qui a mis à notre disposition un institut qui se dit, ils ont apport au prince. Alors, j'ai été voir la salle qu'on nous mettait à notre disposition, c'était pas plus grand qu'ici. Et dans les bibliothèques, il n'y avait que des bibles, des grandes réflexions de théologie, etc. C'était impressionnant. Et puis, je vois arriver mes stagiaires de formation. L'aîné devait avoir 15 ans. Moi, en occidentale ethnocentriste, finalement, on est toujours ethnocentriste sans le vouloir. J'avais cru qu'il y avait des animateurs, mais non, pas du tout. Il n'y avait rien du tout. Donc ils ont pris les plus responsables. Pas forcément les plus âgés, j'en avais un qui avait 8 ans. Et en fait, plusieurs petits cars sont arrivés parce qu'il y a plusieurs orphelinats. Donc on était quand même assez nombreux. dans ce petit espace, mais ils ont tout pigé. Franchement, on a fait des exercices que je fais avec mes stagiaires de formation ici au bout de deux mois. Sur un week-end, on a fait des tas de trucs. Et alors la jeune femme m'a écrit pendant plusieurs années en me disant qu'il continuait tous les matins à refaire des exercices comme ça dans l'orphelinat et que les enfants vraiment adoraient ça.

  • Speaker #0

    Génial.

  • Speaker #1

    Oui, il faudra que j'y retourne. Il faudrait que j'y retourne. J'ai un grand ami là-bas, Alain Neckerboum, spécialiste du vaudou. Ancien jésuite, devenu spécialiste du vaudou, il faut le faire. Et quel courage de rester en Haïti. Oui, c'est dur là. Et il m'invite depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Vous êtes retourné voir des fois des cérémonies de danse de possession ?

  • Speaker #1

    J'en ai vu beaucoup en Haïti. Je sais,

  • Speaker #0

    mais avant votre... Ça, c'était pendant votre thèse, mais après ?

  • Speaker #1

    Non, c'était après ma thèse. Ah d'accord. Je suis allée deux fois avec Ernst Duplan en Haïti. Ma thèse était déjà faite.

  • Speaker #0

    En tout cas, on voit, quelle que soit la culture, quel que soit l'endroit, vous me parliez d'Israël, vous me parliez d'Haïti, en fait, tout le monde est touché par cette...

  • Speaker #1

    C'est universel la pulsation. C'est la musique vraiment du battement du cœur et du souffle respiratoire. Donc c'est primitif. Je pense qu'on a vraiment le droit de dire le mot là, parce que c'est les rythmes premiers. Et ils sont universels, parce que tout le monde a un cœur qui bat et des poumons qui respirent. Donc c'est un langage que tout le monde comprend en fait.

  • Speaker #0

    C'est la langue universelle en fait.

  • Speaker #1

    C'est la langue universelle.

  • Speaker #0

    Celle du cœur. Et c'est peut-être pour ça que du coup, ça pourrait être un moyen, de ce que vous disiez aussi dans votre livre, de s'élever ensemble ?

  • Speaker #1

    Ah ben oui, j'espère, puisque c'est spirituel aussi. On n'impose rien aux gens. Certains viennent peut-être pour faire de la gymnastique.

  • Speaker #0

    Je doute.

  • Speaker #1

    On a déjà eu, ben si, on a déjà eu des... Moi j'ai déjà eu des dames qui me disaient, il paraît que ça fait maigrir. Mais j'ose espérer qu'après, elle découvre autre chose. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Chacun, effectivement, il trouve ce qu'il veut. Et en quoi est-ce que, justement, ça peut nous aider dans les problèmes actuels ? Parce qu'on sent quand même qu'il y a une telle problématique quand on voit cette peur de l'autre. Et puis, j'ai envie même de dire, les grandes questions de qui sommes-nous, où je vais, qui suis-je ? Comment est-ce que ça peut nous aider ? Est-ce que vous pensez que ça peut nous aider ?

  • Speaker #1

    Alors, à résoudre les grandes questions, oui, mais de façon très implicite, parce que c'est le message qui est contenu dans ces danses, puisque ça relie à l'origine de la vie, d'où je viens, où je vais. On sait qu'un jour ça va s'arrêter pour nous, mais que la pulsation, elle, elle est éternelle. Donc ça va continuer. Et qui suis-je ? Je suis un petit maillon d'une chaîne immense, c'est pour ça que je vous disais, ça rend humble aussi. En plus, il n'y a pas de vedette dans cette danse. Dans la mesure où on est très souvent à l'unisson, et quand on fait des improvisations, il faudrait que vous fassiez un jour un stage, c'est toujours par petits groupes, de 4-5, et donc c'est quelque chose de collectif. Il n'y a jamais quelqu'un qui improvise tout seul au centre d'un cercle. Moi je proscris ça complètement parce que je trouve que c'est pas thérapeutique en plus. Pour plein de raisons. D'abord parce que ça rend assez narcissiques, à ceux qui font leur vedette. Et puis parce que ça suscite aussi du jugement de la part du cercle autour. Même si les profs en général disent « vas-y, y'al pas de jugement » , mais bon, ça n'existe pas, donc j'aime pas ça. Tandis que quand c'est un petit groupe, vraiment on s'aperçoit que les gens, quand ils peuvent coopérer, ils font des merveilles. Donc il n'y a pas de vedettes, ça aussi ça rend humble. On ne favorise pas du tout ceux qui savent mieux faire. Non, ce n'est pas l'esprit.

  • Speaker #0

    On se demande comment ça se fait, et en même temps, dans certains pays, c'est ce qu'ils font, c'est de prescrire des moments de danse, de prescrire des moments de musée. C'est ça qu'il faudrait qu'on fasse, non ?

  • Speaker #1

    Ça serait bien, oui, que ce soit des prescriptions. Moi, je ne demanderais que ça, que les médecins prescrivent ça.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va y arriver à un moment donné.

  • Speaker #1

    Je l'espère. Moi, je ne suis pas quelqu'un qui fait des démarches, je ne suis pas douée pour ça. Mais c'est sûr que ça mériterait d'être étiqueté d'utilité publique, par exemple.

  • Speaker #0

    Et remboursé par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Et remboursé par la Sécurité sociale, et enseigné dans les écoles. Alors là, quand même, j'ai plusieurs professeurs dans les formations qui arrivent à enseigner ça à leurs élèves. Il y a des chefs d'établissement qui encouragent ça. Ça reste infime.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça commence à infuser.

  • Speaker #1

    Par rapport aux besoins. Ben oui, je l'espère. C'est quoi ? J'espère à la fois par la Commission européenne, par la base, par les professeurs ou les instituts qui font ça avec leurs élèves.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez une espérance, un projet qui vous tient à cœur maintenant que vous avez mis en place cette méthode, que vous avez touché quand même beaucoup de gens ? que vous avez écrit des bouquins. Est-ce qu'il y a une prochaine étape ? Qu'est-ce que vous espérez maintenant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est vraiment par étape, mais ce que j'espère, c'est une reconnaissance de cette technique. Moi, j'ai toujours été suivie par le public. J'ai toujours eu du monde dans mes groupes, alors qu'on ne fait pas de pub. C'est peut-être hypocrite de dire ça, parce que bien sûr, les bouquins, c'est une pub. Il y a tellement de choses sur le marché que les gens se disent, quand même, s'il y a des bouquins derrière et qu'elle enseignait à la fac. C'est quand même un peu une garantie. Donc c'est un peu de la pub quand même. Mais on ne fait pas de pub commerciale. Et pourtant il y a toujours eu beaucoup de monde. Mais c'est plus les autorités qui sont difficiles à convaincre. J'ai eu des problèmes avec une grande chorégraphe très connue en France qui m'avait invitée. Et ses danseurs n'ont rien compris, ils n'ont pas apprécié du tout. Alors elle avait invité en même temps tout un groupe d'infirmiers psychiatriques. Vous pouvez deviner ce qui s'est passé. Donc les danseurs devant, « Mais c'est quoi ce truc tribal ? » Et derrière, les infirmiers psychiatriques qui s'éclataient comme des bêtes. Et voilà. De toute façon, c'est les élites, enfin les élites entre guillemets, qui ont réprimé les danses populaires.

  • Speaker #0

    Donc on en est encore là ?

  • Speaker #1

    Je trouve qu'on en est encore là, même dans le monde de la danse. Alors le hip-hop a fait beaucoup quand même pour revaloriser. Ces rythmes archaïques, primitifs, cette pédagogie mimétique, parce qu'il y a eu toute la question de la vague, vous savez, les hip-hoppers, quand ils font la vague, là, avec le bras, moi je sais pas la faire, mais... La danse contemporaine, sa pédagogie, c'est plutôt de sentir la vague en soi, et eux, non, ils sont devant le miroir, et ils travaillent, voilà, phalange par phalange, et ils insistent pour maintenir cette pédagogie-là, qui était vomi. au niveau du ministère de la danse.

  • Speaker #0

    Mais on veut aussi, de la même manière, que le monde de l'électro ait aussi un peu...

  • Speaker #1

    Bien sûr, réprimé. Réprimé ? Bien sûr. Et la drogue, c'est un bon prétexte pour réprimer.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce qu'on fait alors ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on fait ? On continue déjà. Et puis, je vois que quand même, ça fait comme des ronds dans l'eau. J'ai certains de mes élèves quand même qui se... Voilà, ça se diffuse quand même.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi rester optimiste, vous croyez ?

  • Speaker #1

    Ah ben, je l'espère ! Il n'y a pas beaucoup de choses qui m'indoptimisent actuellement, parce que franchement, quand on voit l'état du monde, mais la danse, ça va du côté de la vie.

  • Speaker #0

    Et vous disiez du coup qu'en état de crise, on a encore plus besoin finalement ?

  • Speaker #1

    On n'en a jamais eu autant besoin que dans les périodes de crise. Et là on est dans une période de crise, mais profonde. On n'a jamais tendancé que pendant les guerres, ou juste après la guerre de 39-45, dans les caves de Saint-Germain, tout ça, les gens étaient tellement, ils avaient tellement frôlé de près la mort, qu'il y a une exubérance de vie.

  • Speaker #0

    Et là on en a besoin.

  • Speaker #1

    Là on en a besoin. Vraiment.

  • Speaker #0

    Sinon, on va au festival Burning Man l'année prochaine.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si j'y aimerais tout. Parce que c'est quand même très américain. Oui, c'est vrai. Et moi, j'ai un peu de mal avec eux.

  • Speaker #0

    En tout cas, il existe aussi des festivals.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il existe quand même des bulles où c'est autorisé, où la danse est sacralisée.

  • Speaker #1

    Sacralisée ?

  • Speaker #0

    Sacrée.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr. Ah oui. Oui, et puis même dans un cours comme ça tout public, il y a des gens pour qui c'est sacré, des gens pour qui ça l'est moins. Le grand génie de la danse, c'est que c'est pour tout le monde. Chacun avec ses motivations, chacun avec ses pathologies, et ça fait du bien à tout le monde.

  • Speaker #0

    En plus, comme tout le monde est danseur, il n'y a pas de frustration.

  • Speaker #1

    Tout le monde est danseur en fait. Et il n'y a pas besoin d'apprendre. Quand j'étais à Cuba, et que j'aurais... Il dit qu'il y avait en France des cours de salsa, mais ils se roulaient par terre de rire. C'est quoi, mais des cours ? C'est quelque chose qu'on regarde, qu'on regarde et après qu'on fait.

  • Speaker #0

    Un mimétisme, oui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est pas parfait, mais...

  • Speaker #0

    Et puis, on voit quand même, vous avez, vous, votre méthode, mais il y a aussi d'autres méthodes quand même qu'on voit aussi éclore. Je veux dire, la danse des centritmes... Les danses extatiques, etc. Donc quand même, on sent qu'il y a...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose autour de la pulsation qui s'est vraiment réveillée au début du XXe siècle, quand sont arrivées les danses afro-américaines.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, justement, là il y a aussi un autre mouvement qu'on sent, qui est l'afrobite.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est quelque chose qui finalement s'inscrit pour le coup dans la danse du mouvement, de la pulsation.

  • Speaker #1

    Oui, la danse du cœur.

  • Speaker #0

    Donc on y est toujours.

  • Speaker #1

    Ça nous est revenu par le détour de l'autre. On avait ça dans notre mémoire aussi, ça c'est sûr. Même si ça a été progressivement étouffé, la pulsation a fadé. Pour avoir cette appétence au rythme, ça veut bien dire que c'est inscrit quelque part.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode. J'espère que cette immersion dans l'univers de la danse thérapie... La thérapie vous a inspiré et vous a offert un nouvel éclairage sur le pouvoir du mouvement. Un grand merci à France Schott-Bilmann pour son partage et ses récits incroyables. La semaine prochaine, nous irons explorer sur le terrain comment l'une de ses élèves utilise la méthode de danse-thérapie. Nous partirons ensemble pour un reportage exclusif avec Svetlana Panova auprès de personnes atteintes de la maladie de Parkinson à l'hôpital Salpêtrière. et vous verrez, les résultats sont fascinants. Alors je vous dis à la semaine prochaine. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode et de laisser un avis 5 étoiles. Prenez soin de vous et à dimanche prochain. J'ai hâte de vous retrouver.

Description

Bienvenue dans cet épisode final de notre série avec France Schott-Billmann !


Ici, la danse, ce n'est pas juste bouger – c'est un langage qui parle à notre cœur, qui nous relie à nos ancêtres et même à l'univers.


Aujourd'hui, nous vallons parler de cette magie des rythmes, que ce soit l'électro ou les battements plus primitifs, qui, bien au-delà d'une simple vibration, nous aide à guérir et à nous reconnecter.


Nous allons aussi découvrir des histoires de séances de danse thérapie en Afrique, en Haïti, en Israël... Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective.


Alors, installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse, surtout quand on a besoin de se retrouver et de se soutenir les uns les autres. On est tous un peu danseurs, et c'est ce qui nous unit.


C'est parti pour un moment et plein d'émotions !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Sens de la danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce troisième et dernier épisode avec France Schott- Billmann. Aujourd'hui, nous allons poursuivre notre immersion au cœur de la danse et de la pulsation en explorant l'univers de la musique électro.

  • Speaker #1

    On retrouve le battement du cœur. C'est fondamental, il le revendique même. C'est une pulsation électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. Le fait qu'ils vont se coller à ces grands haut-parleurs, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique.

  • Speaker #0

    Vous allez aussi entendre des histoires de séances de danse-thérapie au Congo, à Haïti ou en Israël. Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective et peut semer des graines de paix.

  • Speaker #1

    J'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'université de Jérusalem, où il y a un département de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu. Et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout.

  • Speaker #0

    Alors installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse. N'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles pour soutenir cette aventure et permettre à d'autres de plonger dans cet univers. Je vous souhaite une très belle écoute. Vous parlez d'une musique qu'on peut appeler une musique primitive qui peut nous guérir, qui est celle de la musique électro.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Pourquoi elle peut avoir ces vertus, justement, de s'inscrire dans la danse-thérapie ?

  • Speaker #1

    Alors, est-ce qu'elle s'y inscrit complètement ? Peut-être pas. Mais ce qu'elle a de profondément thérapeutique, à mon avis, c'est qu'elle nous relie. Elle nous relie, justement, au battement du cœur, et donc, comme on disait tout à l'heure, à tout ce qui a précédé, donc aux ancêtres, à la mémoire, et puis ça nous relie au cosmos. D'autant plus que là, c'est quand même une musique désincarnée. Ce n'est pas la même chose de frapper la pulsation sur un djembé, c'est une peau d'animal, on est quand même dans quelque chose de très vivant. Et puis cette pulsation électronique, qui est très symbolique du battement du cœur, mais il y a plus ce côté charnel. Et donc là, du coup, ça devient plus mystique.

  • Speaker #0

    Ah, vous trouvez que ça devient plus mystique ?

  • Speaker #1

    Oui, je le vois comme ça, parce que c'est plus désincarné, et que ça relie plus, à mon avis, au rythme cosmique, même si bien sûr on retrouve le battement du cœur, puisque c'est fondamental, il le revendique même. Il le revendique, les hip-hoppeurs aussi, ils revendiquent que c'est une session électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. C'est ce qu'on disait la dernière fois, je crois, le fait qu'ils vont se coller. à ces grands haut-parleurs, dans les baffes, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors, c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique. Moi, ce qui m'a impressionné, c'est tout ce que j'avais lu sur les festivals Burning Man et tout ça, qui sont très mystiques.

  • Speaker #0

    En quoi est-ce qu'on mystique ? Expliquez-nous. Vous y êtes allée d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Non, mais j'ai pas mal interviewé. joué de ravers qui sont allés. Déjà le dispositif qui est très comme un mandala, le plan général en rond.

  • Speaker #0

    Et où il y a le centre, au centre il y a la scène.

  • Speaker #1

    Vous êtes allés ? Non, je rêve d'y aller. Moi aussi j'aimerais bien.

  • Speaker #0

    Venez France on y va ensemble.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon j'ai appris qu'il y en a des plus proches aussi, il y en a au Portugal paraît-il. Et le centre, c'est un homme qui brûle. C'est un peu comme le bonhomme carnaval qui meurt et qui va renaître. Donc si ce n'est pas mystique, ça...

  • Speaker #0

    Il y a une purification.

  • Speaker #1

    Purification, renaissance. Purification qui préside à une renaissance. Et puis l'art, les sculptures, les objets artistiques qui sont là, on est dans un registre quand même très spirituel.

  • Speaker #0

    Où il y a un enchantement, où il y a effectivement des sculptures... assez extravagante, où on est finalement dans un autre monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça, exactement. Et puis les visios qui accompagnent les danses techno.

  • Speaker #0

    Oui, il y a souvent effectivement de la vidéo ou ce genre de choses.

  • Speaker #1

    C'est les projections sur les murs qui sont très mystiques. Ils sont un peu comme des mandalas, comme des figures fantastiques.

  • Speaker #0

    Et on se retrouve dans un endroit vraiment dans la nature, plus profond.

  • Speaker #1

    Oui, et dans le désert.

  • Speaker #0

    Et dans le désert. Donc ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas mystique le désert quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup avec un ciel souvent étoilé.

  • Speaker #1

    Oui, sûrement.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Oui. Il paraît qu'il y a des vents de sable aussi parfois qui sont très désagréables. Ah oui, ça j'imagine. Non, et puis beaucoup d'amour. Beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Entre les festivaliers. Oui.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est ce qu'on vous a dit ?

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie quand même, comme public, je crois. Nos violons. Oui, c'est ce qu'on m'a dit, oui.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose, vous croyez, dont on a besoin de retrouver et de resacraliser finalement la danse ?

  • Speaker #1

    De resacraliser non seulement la danse, mais tout ce qu'elle évoque, justement, de cette mémoire ancestrale, où on était relié aux autres, relié au cosmos, relié au passé, relié aux ancêtres, relié à la Terre.

  • Speaker #0

    Parce qu'on est d'accord que la danse, celle qu'on a la plupart du temps, elle n'est plus du tout sacralisée, elle est plus sacrée, c'est fini ça.

  • Speaker #1

    Ça fait un moment. Elle servait à plein d'autres choses. Elle servait à quoi ? Et pourquoi pas ? À la séduction. Vous savez que dans la techno, c'est pas ça qui est cherché en premier, pas du tout. Il y a même des soirées où c'est mal vu, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'ailleurs en danse thérapie, c'est un peu pareil. D'ailleurs finalement on se demandait hier avec un stagiaire qui était là, qui était le seul, au milieu de 24 filles, il me disait « mais pourquoi il y a si peu d'hommes ? » Et pour moi c'est un mystère, parce que de façon primitive en plus c'est pas du tout de la danse efféminée. C'est un mystère parce que c'est pas comme ça du tout en Afrique. Chaque fois que je suis intervenu en Afrique il y avait plein d'hommes. En Grèce aussi il peut y avoir plein d'hommes. Dans certains endroits aussi en France, en province, il peut y avoir des hommes. Et là, dans les grandes villes, Donc je pense que c'est parce qu'il n'y a pas de séduction en fait. On n'est pas dans ce truc-là. Donc ça doit les décourager. Si ça n'intéresse pas les filles, qu'on vienne. Je ne sais pas, c'est grave. Il y a sans doute beaucoup de causes.

  • Speaker #0

    Votre danse rythme thérapie, vous l'avez faite en Afrique ? Oui. Vous l'avez proposée ? Qu'est-ce que ça a donné ?

  • Speaker #1

    Ça s'est très très bien passé. Et en Haïti aussi. En Haïti, j'ai travaillé dans un orphelinat. Et à Goma, en Afrique, dans un coin où c'est très conflictuel.

  • Speaker #0

    Au Congo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est la partie du Congo qui est tout près du Rwanda. C'est en plein Nord-Kibou, Goma. C'est un foyer culturel et artistique qui est très peu cher. C'est bien sûr organisé par les Belges, parce qu'ils n'ont pas fait que des horreurs. Il y a quand même eu des associations qui ont fait un bon travail. Et donc ce foyer culturel est financé par la Belgique. Et j'avais été invitée parce que la Belgique invite chaque année quelques animateurs de ce centre à se former en différentes modes pédagogiques. Et il y a beaucoup d'élèves dans ce foyer. Ça coûte un dollar par an, donc c'est très peu cher. Et ils ont vraiment des gens de plusieurs tribus qui sont en conflit. Et des enfants affamés, avec des gros ventres. Toutes les filles ont été violées. Beaucoup de garçons étaient enfants de soldats. Donc ça ne se dit pas thérapie, ça se dit artistique, mais pour moi c'est vraiment de la thérapie. Et ils ont adoré l'expression primitive. Je suis toujours étonné parce que je me dis, eux ils ont leur danse, qu'est-ce que je vais leur apporter moi ? Et finalement le fait qu'on amène ces images symboliques, on fait beaucoup de jeux relationnels, des jeux d'alternance entre deux tribus, on appelle ça deux tribus, deux groupes. Ils ont beaucoup aimé ça. C'est une danse qui réconcilie nous avec nous-mêmes, mais qui peut aussi réconcilier des gens. Je l'ai fait aussi en Israël autrefois. Et oui. Alors j'ai arrêté assez rapidement parce que, avec l'évolution des choses, les Palestiniens ne pouvaient plus passer les checkpoints. C'était tellement compliqué que j'ai arrêté parce que du coup ça n'avait plus de sens. Mais j'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'Université de Jérusalem, où il y a un département. de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu, et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout. Mais après, j'ai bien vu que ça n'évoluait pas dans le bon sens. Ça ne peut pas résoudre les problèmes au niveau politique quand même. Mais je suis persuadée que ça semait des petites graines de paix.

  • Speaker #0

    C'est quand même énorme ce que vous me dites, parce que... le fait ne serait-ce que d'avoir des échanges, même si ça a maintenu un lien déjà, même s'il n'y en a eu qu'un seul mail d'échangé, d'avoir fait cette démarche, ça veut dire qu'il y a eu une reconnaissance.

  • Speaker #1

    C'était très émouvant de faire ça là-bas. parce que c'est des cultures tellement proches finalement. Je me rappelle, on avait commencé par une berceuse, qui, c'était une chance, existe aussi bien chez les juifs que chez les arabes. Je me rappelle encore... Nami, nami, nami... Ti-na-na-na-na-na-na... Alors on a commencé à balancer là-dessus, puis après on a un peu parlé. Et puis, il y en a qui ont dit, bah oui, nous, les Israéliens ne peuvent pas aller au Liban, par exemple. Enfin, à l'époque, ils ne pouvaient déjà pas, encore moins maintenant qu'il y a la guerre. Et les Palestiniens, ils ne peuvent aller nulle part, de toute façon. Donc, il y avait un manque des deux côtés. Prendre conscience de ça, balancer tous ensemble sur cette berceuse. Et après, j'ai expliqué que l'expression primitive était aussi née dans un contexte de conflit entre les Noirs et les Blancs aux États-Unis. Et ça avait vraiment super bien marché.

  • Speaker #0

    Comment ça a évolué ? Il y a eu des émotions ?

  • Speaker #1

    Des grandes émotions. On faisait des exercices, après on parlait, puis on faisait des exercices.

  • Speaker #0

    Ah donc il y avait quand même de la parole là, pour le coup ?

  • Speaker #1

    Ah oui, il y a de la parole. Oui, c'était vraiment une expérience. On avait eu l'autorisation de directeur de l'université, il y avait un photographe officiel. J'ai encore une petite vidéo, enfin bon, on ne voit pas grand-chose, ça a été très mal filmé, mais oui, j'ai un témoignage de ça. Et Goma aussi, j'ai un témoignage de ça. Et puis où est-ce que je l'ai fait aussi ? En Haïti, ça c'était assez extraordinaire, parce que là c'était les enfants dans les orphelinats.

  • Speaker #0

    Et juste avant d'arriver à Haïti, est-ce qu'il peut y avoir un bienfait notamment sur les femmes qui ont subi des violences sexuelles ? Comment ça se passe du coup ?

  • Speaker #1

    Alors, il se trouve que je vais revoir un de ces jeunes, le 29, parce qu'il passe ici, il est devenu danseur. Je ne sais pas pourquoi il est en France, et pas en Belgique, mais en tout cas, apparemment il arrive à faire son... Sa vie en France, il a des projets artistiques qui ont été sélectionnés. Et il m'a dit qu'il aimerait bien que une de ses copines, qui a, paraît-il, un visage jusqu'en 2026, parce que c'est toujours le problème, c'est de les faire venir, elle aimerait bien faire une formation de danse-thérapie. Et elle, certainement, que c'est une fille qui a été violée, parce qu'il n'y avait que ça, pratiquement. Et comme il m'a dit qu'elle a déjà travaillé avec moi à Goma, moi je ne vois pas qui c'est parce que c'était il y a quelques années. Mais voilà, je vais les revoir et je suis très contente.

  • Speaker #0

    Mais comment est-ce que justement la danse-thérapie aide les femmes qui ont subi des violences sexuelles ?

  • Speaker #1

    Dans l'affirmation de vie, le retour à une dignité du corps, voilà, ce genre de choses, j'imagine. Et puis ça revitalise, donc... Ça chasse la dépression. C'est tellement magique le rythme que ça convient à tout le monde, à toutes les pathologies.

  • Speaker #0

    Et à Haïti, racontez-nous.

  • Speaker #1

    Alors à Haïti, j'avais été invitée pour faire une conférence sur le carnaval par l'Institut français. Et puis, moi je suis d'origine protestante, j'avais donc pris contact avec la Fédération protestante. Parce que ça m'intéressait de travailler dans un orphelinat, en expression primitive, puisque j'étais là-bas. L'expression primitive, ça vient d'Haïti, je vous ai dit. Un chorégraphe haïtien, Ernst Duplan, qui s'inspirait quand même forcément des dieux vaudous, bien qu'il était lui laïque, il a été le premier à nous parler d'archétype en fait. Donc comment ça s'est passé ? Oui, j'ai rencontré une des directrices d'un orphelinat, une jeune femme charmante, et elle m'a proposé de venir un jour faire une... séance dans un orphelinat. Je m'en souviendrai toujours parce que le pasteur s'appelle Merci Dieu, son nom de famille Merci Dieu. Oui en Haïti ils ont beaucoup de noms comme ça. En fait il a adoré, mais quand je suis arrivé, les enfants étaient assis, il m'a expliqué, il a dit bon ils ont un cours de calcul et un cours de français, tout le reste du temps on ne sait pas quoi en faire de tous ces mômes, ils sont assis. Interdiction de parler, interdiction de... de se lever pour jouer ou autre.

  • Speaker #0

    Aucune expression n'est si autorisée.

  • Speaker #1

    La journée, rien faire. C'était deux, trois ans après le tremblement de terre. Ça devait être en 2015, 2016. Alors que le tremblement de terre, c'était en 2012. Donc des enfants, en plus, qui avaient vu mourir leurs parents, c'était atroce. Et puis, moi je commence souvent par une chanson, parce qu'on va taper dans les mains, la pulsation, on va balancer, etc. Et eux, ils ne connaissaient que des quantiques. Alors on a commencé, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. On a tapé dans les mains, on a commencé à mettre ça dans les pieds, on avançait, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. Et puis petit à petit, au lieu de mettre ses paroles, on a fait genre « yao yao yao e, yao yao yao a » . Et puis après, on a commencé à faire des animaux, tout doucement. On avançait du coup en tigre, on reculait avec les pattes de velours. Ils étaient ravis les gosses. Après, on a même fait une danse du serpent dans la cour. Et le serpent, c'est un dieu important chez eux, le dieu d'Ambala, le dieu serpent. Et puis le pasteur nous regardait, il nous regardait, il ne participait pas, mais il nous regardait. Et à la fin, il m'a dit, mais c'était absolument génial, si seulement ça pouvait exister tous les jours, parce que les enfants, du coup, ils sont calmes. Et comme c'est moi qui donne les mouvements, qui guide, j'ai eu tout pas, c'était vraiment très... Alors je lui ai dit, écoutez, je suis là encore trois jours, si vous avez des gens qui veulent faire la formation, on peut faire une petite formation vite fait. Il m'a dit, ah bah oui, ce serait très très bien. Alors il a téléphoné à la direction de la Fédération Protestante, qui a mis à notre disposition un institut qui se dit, ils ont apport au prince. Alors, j'ai été voir la salle qu'on nous mettait à notre disposition, c'était pas plus grand qu'ici. Et dans les bibliothèques, il n'y avait que des bibles, des grandes réflexions de théologie, etc. C'était impressionnant. Et puis, je vois arriver mes stagiaires de formation. L'aîné devait avoir 15 ans. Moi, en occidentale ethnocentriste, finalement, on est toujours ethnocentriste sans le vouloir. J'avais cru qu'il y avait des animateurs, mais non, pas du tout. Il n'y avait rien du tout. Donc ils ont pris les plus responsables. Pas forcément les plus âgés, j'en avais un qui avait 8 ans. Et en fait, plusieurs petits cars sont arrivés parce qu'il y a plusieurs orphelinats. Donc on était quand même assez nombreux. dans ce petit espace, mais ils ont tout pigé. Franchement, on a fait des exercices que je fais avec mes stagiaires de formation ici au bout de deux mois. Sur un week-end, on a fait des tas de trucs. Et alors la jeune femme m'a écrit pendant plusieurs années en me disant qu'il continuait tous les matins à refaire des exercices comme ça dans l'orphelinat et que les enfants vraiment adoraient ça.

  • Speaker #0

    Génial.

  • Speaker #1

    Oui, il faudra que j'y retourne. Il faudrait que j'y retourne. J'ai un grand ami là-bas, Alain Neckerboum, spécialiste du vaudou. Ancien jésuite, devenu spécialiste du vaudou, il faut le faire. Et quel courage de rester en Haïti. Oui, c'est dur là. Et il m'invite depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Vous êtes retourné voir des fois des cérémonies de danse de possession ?

  • Speaker #1

    J'en ai vu beaucoup en Haïti. Je sais,

  • Speaker #0

    mais avant votre... Ça, c'était pendant votre thèse, mais après ?

  • Speaker #1

    Non, c'était après ma thèse. Ah d'accord. Je suis allée deux fois avec Ernst Duplan en Haïti. Ma thèse était déjà faite.

  • Speaker #0

    En tout cas, on voit, quelle que soit la culture, quel que soit l'endroit, vous me parliez d'Israël, vous me parliez d'Haïti, en fait, tout le monde est touché par cette...

  • Speaker #1

    C'est universel la pulsation. C'est la musique vraiment du battement du cœur et du souffle respiratoire. Donc c'est primitif. Je pense qu'on a vraiment le droit de dire le mot là, parce que c'est les rythmes premiers. Et ils sont universels, parce que tout le monde a un cœur qui bat et des poumons qui respirent. Donc c'est un langage que tout le monde comprend en fait.

  • Speaker #0

    C'est la langue universelle en fait.

  • Speaker #1

    C'est la langue universelle.

  • Speaker #0

    Celle du cœur. Et c'est peut-être pour ça que du coup, ça pourrait être un moyen, de ce que vous disiez aussi dans votre livre, de s'élever ensemble ?

  • Speaker #1

    Ah ben oui, j'espère, puisque c'est spirituel aussi. On n'impose rien aux gens. Certains viennent peut-être pour faire de la gymnastique.

  • Speaker #0

    Je doute.

  • Speaker #1

    On a déjà eu, ben si, on a déjà eu des... Moi j'ai déjà eu des dames qui me disaient, il paraît que ça fait maigrir. Mais j'ose espérer qu'après, elle découvre autre chose. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Chacun, effectivement, il trouve ce qu'il veut. Et en quoi est-ce que, justement, ça peut nous aider dans les problèmes actuels ? Parce qu'on sent quand même qu'il y a une telle problématique quand on voit cette peur de l'autre. Et puis, j'ai envie même de dire, les grandes questions de qui sommes-nous, où je vais, qui suis-je ? Comment est-ce que ça peut nous aider ? Est-ce que vous pensez que ça peut nous aider ?

  • Speaker #1

    Alors, à résoudre les grandes questions, oui, mais de façon très implicite, parce que c'est le message qui est contenu dans ces danses, puisque ça relie à l'origine de la vie, d'où je viens, où je vais. On sait qu'un jour ça va s'arrêter pour nous, mais que la pulsation, elle, elle est éternelle. Donc ça va continuer. Et qui suis-je ? Je suis un petit maillon d'une chaîne immense, c'est pour ça que je vous disais, ça rend humble aussi. En plus, il n'y a pas de vedette dans cette danse. Dans la mesure où on est très souvent à l'unisson, et quand on fait des improvisations, il faudrait que vous fassiez un jour un stage, c'est toujours par petits groupes, de 4-5, et donc c'est quelque chose de collectif. Il n'y a jamais quelqu'un qui improvise tout seul au centre d'un cercle. Moi je proscris ça complètement parce que je trouve que c'est pas thérapeutique en plus. Pour plein de raisons. D'abord parce que ça rend assez narcissiques, à ceux qui font leur vedette. Et puis parce que ça suscite aussi du jugement de la part du cercle autour. Même si les profs en général disent « vas-y, y'al pas de jugement » , mais bon, ça n'existe pas, donc j'aime pas ça. Tandis que quand c'est un petit groupe, vraiment on s'aperçoit que les gens, quand ils peuvent coopérer, ils font des merveilles. Donc il n'y a pas de vedettes, ça aussi ça rend humble. On ne favorise pas du tout ceux qui savent mieux faire. Non, ce n'est pas l'esprit.

  • Speaker #0

    On se demande comment ça se fait, et en même temps, dans certains pays, c'est ce qu'ils font, c'est de prescrire des moments de danse, de prescrire des moments de musée. C'est ça qu'il faudrait qu'on fasse, non ?

  • Speaker #1

    Ça serait bien, oui, que ce soit des prescriptions. Moi, je ne demanderais que ça, que les médecins prescrivent ça.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va y arriver à un moment donné.

  • Speaker #1

    Je l'espère. Moi, je ne suis pas quelqu'un qui fait des démarches, je ne suis pas douée pour ça. Mais c'est sûr que ça mériterait d'être étiqueté d'utilité publique, par exemple.

  • Speaker #0

    Et remboursé par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Et remboursé par la Sécurité sociale, et enseigné dans les écoles. Alors là, quand même, j'ai plusieurs professeurs dans les formations qui arrivent à enseigner ça à leurs élèves. Il y a des chefs d'établissement qui encouragent ça. Ça reste infime.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça commence à infuser.

  • Speaker #1

    Par rapport aux besoins. Ben oui, je l'espère. C'est quoi ? J'espère à la fois par la Commission européenne, par la base, par les professeurs ou les instituts qui font ça avec leurs élèves.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez une espérance, un projet qui vous tient à cœur maintenant que vous avez mis en place cette méthode, que vous avez touché quand même beaucoup de gens ? que vous avez écrit des bouquins. Est-ce qu'il y a une prochaine étape ? Qu'est-ce que vous espérez maintenant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est vraiment par étape, mais ce que j'espère, c'est une reconnaissance de cette technique. Moi, j'ai toujours été suivie par le public. J'ai toujours eu du monde dans mes groupes, alors qu'on ne fait pas de pub. C'est peut-être hypocrite de dire ça, parce que bien sûr, les bouquins, c'est une pub. Il y a tellement de choses sur le marché que les gens se disent, quand même, s'il y a des bouquins derrière et qu'elle enseignait à la fac. C'est quand même un peu une garantie. Donc c'est un peu de la pub quand même. Mais on ne fait pas de pub commerciale. Et pourtant il y a toujours eu beaucoup de monde. Mais c'est plus les autorités qui sont difficiles à convaincre. J'ai eu des problèmes avec une grande chorégraphe très connue en France qui m'avait invitée. Et ses danseurs n'ont rien compris, ils n'ont pas apprécié du tout. Alors elle avait invité en même temps tout un groupe d'infirmiers psychiatriques. Vous pouvez deviner ce qui s'est passé. Donc les danseurs devant, « Mais c'est quoi ce truc tribal ? » Et derrière, les infirmiers psychiatriques qui s'éclataient comme des bêtes. Et voilà. De toute façon, c'est les élites, enfin les élites entre guillemets, qui ont réprimé les danses populaires.

  • Speaker #0

    Donc on en est encore là ?

  • Speaker #1

    Je trouve qu'on en est encore là, même dans le monde de la danse. Alors le hip-hop a fait beaucoup quand même pour revaloriser. Ces rythmes archaïques, primitifs, cette pédagogie mimétique, parce qu'il y a eu toute la question de la vague, vous savez, les hip-hoppers, quand ils font la vague, là, avec le bras, moi je sais pas la faire, mais... La danse contemporaine, sa pédagogie, c'est plutôt de sentir la vague en soi, et eux, non, ils sont devant le miroir, et ils travaillent, voilà, phalange par phalange, et ils insistent pour maintenir cette pédagogie-là, qui était vomi. au niveau du ministère de la danse.

  • Speaker #0

    Mais on veut aussi, de la même manière, que le monde de l'électro ait aussi un peu...

  • Speaker #1

    Bien sûr, réprimé. Réprimé ? Bien sûr. Et la drogue, c'est un bon prétexte pour réprimer.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce qu'on fait alors ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on fait ? On continue déjà. Et puis, je vois que quand même, ça fait comme des ronds dans l'eau. J'ai certains de mes élèves quand même qui se... Voilà, ça se diffuse quand même.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi rester optimiste, vous croyez ?

  • Speaker #1

    Ah ben, je l'espère ! Il n'y a pas beaucoup de choses qui m'indoptimisent actuellement, parce que franchement, quand on voit l'état du monde, mais la danse, ça va du côté de la vie.

  • Speaker #0

    Et vous disiez du coup qu'en état de crise, on a encore plus besoin finalement ?

  • Speaker #1

    On n'en a jamais eu autant besoin que dans les périodes de crise. Et là on est dans une période de crise, mais profonde. On n'a jamais tendancé que pendant les guerres, ou juste après la guerre de 39-45, dans les caves de Saint-Germain, tout ça, les gens étaient tellement, ils avaient tellement frôlé de près la mort, qu'il y a une exubérance de vie.

  • Speaker #0

    Et là on en a besoin.

  • Speaker #1

    Là on en a besoin. Vraiment.

  • Speaker #0

    Sinon, on va au festival Burning Man l'année prochaine.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si j'y aimerais tout. Parce que c'est quand même très américain. Oui, c'est vrai. Et moi, j'ai un peu de mal avec eux.

  • Speaker #0

    En tout cas, il existe aussi des festivals.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il existe quand même des bulles où c'est autorisé, où la danse est sacralisée.

  • Speaker #1

    Sacralisée ?

  • Speaker #0

    Sacrée.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr. Ah oui. Oui, et puis même dans un cours comme ça tout public, il y a des gens pour qui c'est sacré, des gens pour qui ça l'est moins. Le grand génie de la danse, c'est que c'est pour tout le monde. Chacun avec ses motivations, chacun avec ses pathologies, et ça fait du bien à tout le monde.

  • Speaker #0

    En plus, comme tout le monde est danseur, il n'y a pas de frustration.

  • Speaker #1

    Tout le monde est danseur en fait. Et il n'y a pas besoin d'apprendre. Quand j'étais à Cuba, et que j'aurais... Il dit qu'il y avait en France des cours de salsa, mais ils se roulaient par terre de rire. C'est quoi, mais des cours ? C'est quelque chose qu'on regarde, qu'on regarde et après qu'on fait.

  • Speaker #0

    Un mimétisme, oui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est pas parfait, mais...

  • Speaker #0

    Et puis, on voit quand même, vous avez, vous, votre méthode, mais il y a aussi d'autres méthodes quand même qu'on voit aussi éclore. Je veux dire, la danse des centritmes... Les danses extatiques, etc. Donc quand même, on sent qu'il y a...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose autour de la pulsation qui s'est vraiment réveillée au début du XXe siècle, quand sont arrivées les danses afro-américaines.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, justement, là il y a aussi un autre mouvement qu'on sent, qui est l'afrobite.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est quelque chose qui finalement s'inscrit pour le coup dans la danse du mouvement, de la pulsation.

  • Speaker #1

    Oui, la danse du cœur.

  • Speaker #0

    Donc on y est toujours.

  • Speaker #1

    Ça nous est revenu par le détour de l'autre. On avait ça dans notre mémoire aussi, ça c'est sûr. Même si ça a été progressivement étouffé, la pulsation a fadé. Pour avoir cette appétence au rythme, ça veut bien dire que c'est inscrit quelque part.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode. J'espère que cette immersion dans l'univers de la danse thérapie... La thérapie vous a inspiré et vous a offert un nouvel éclairage sur le pouvoir du mouvement. Un grand merci à France Schott-Bilmann pour son partage et ses récits incroyables. La semaine prochaine, nous irons explorer sur le terrain comment l'une de ses élèves utilise la méthode de danse-thérapie. Nous partirons ensemble pour un reportage exclusif avec Svetlana Panova auprès de personnes atteintes de la maladie de Parkinson à l'hôpital Salpêtrière. et vous verrez, les résultats sont fascinants. Alors je vous dis à la semaine prochaine. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode et de laisser un avis 5 étoiles. Prenez soin de vous et à dimanche prochain. J'ai hâte de vous retrouver.

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Description

Bienvenue dans cet épisode final de notre série avec France Schott-Billmann !


Ici, la danse, ce n'est pas juste bouger – c'est un langage qui parle à notre cœur, qui nous relie à nos ancêtres et même à l'univers.


Aujourd'hui, nous vallons parler de cette magie des rythmes, que ce soit l'électro ou les battements plus primitifs, qui, bien au-delà d'une simple vibration, nous aide à guérir et à nous reconnecter.


Nous allons aussi découvrir des histoires de séances de danse thérapie en Afrique, en Haïti, en Israël... Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective.


Alors, installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse, surtout quand on a besoin de se retrouver et de se soutenir les uns les autres. On est tous un peu danseurs, et c'est ce qui nous unit.


C'est parti pour un moment et plein d'émotions !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Sens de la danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce troisième et dernier épisode avec France Schott- Billmann. Aujourd'hui, nous allons poursuivre notre immersion au cœur de la danse et de la pulsation en explorant l'univers de la musique électro.

  • Speaker #1

    On retrouve le battement du cœur. C'est fondamental, il le revendique même. C'est une pulsation électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. Le fait qu'ils vont se coller à ces grands haut-parleurs, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique.

  • Speaker #0

    Vous allez aussi entendre des histoires de séances de danse-thérapie au Congo, à Haïti ou en Israël. Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective et peut semer des graines de paix.

  • Speaker #1

    J'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'université de Jérusalem, où il y a un département de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu. Et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout.

  • Speaker #0

    Alors installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse. N'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles pour soutenir cette aventure et permettre à d'autres de plonger dans cet univers. Je vous souhaite une très belle écoute. Vous parlez d'une musique qu'on peut appeler une musique primitive qui peut nous guérir, qui est celle de la musique électro.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Pourquoi elle peut avoir ces vertus, justement, de s'inscrire dans la danse-thérapie ?

  • Speaker #1

    Alors, est-ce qu'elle s'y inscrit complètement ? Peut-être pas. Mais ce qu'elle a de profondément thérapeutique, à mon avis, c'est qu'elle nous relie. Elle nous relie, justement, au battement du cœur, et donc, comme on disait tout à l'heure, à tout ce qui a précédé, donc aux ancêtres, à la mémoire, et puis ça nous relie au cosmos. D'autant plus que là, c'est quand même une musique désincarnée. Ce n'est pas la même chose de frapper la pulsation sur un djembé, c'est une peau d'animal, on est quand même dans quelque chose de très vivant. Et puis cette pulsation électronique, qui est très symbolique du battement du cœur, mais il y a plus ce côté charnel. Et donc là, du coup, ça devient plus mystique.

  • Speaker #0

    Ah, vous trouvez que ça devient plus mystique ?

  • Speaker #1

    Oui, je le vois comme ça, parce que c'est plus désincarné, et que ça relie plus, à mon avis, au rythme cosmique, même si bien sûr on retrouve le battement du cœur, puisque c'est fondamental, il le revendique même. Il le revendique, les hip-hoppeurs aussi, ils revendiquent que c'est une session électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. C'est ce qu'on disait la dernière fois, je crois, le fait qu'ils vont se coller. à ces grands haut-parleurs, dans les baffes, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors, c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique. Moi, ce qui m'a impressionné, c'est tout ce que j'avais lu sur les festivals Burning Man et tout ça, qui sont très mystiques.

  • Speaker #0

    En quoi est-ce qu'on mystique ? Expliquez-nous. Vous y êtes allée d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Non, mais j'ai pas mal interviewé. joué de ravers qui sont allés. Déjà le dispositif qui est très comme un mandala, le plan général en rond.

  • Speaker #0

    Et où il y a le centre, au centre il y a la scène.

  • Speaker #1

    Vous êtes allés ? Non, je rêve d'y aller. Moi aussi j'aimerais bien.

  • Speaker #0

    Venez France on y va ensemble.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon j'ai appris qu'il y en a des plus proches aussi, il y en a au Portugal paraît-il. Et le centre, c'est un homme qui brûle. C'est un peu comme le bonhomme carnaval qui meurt et qui va renaître. Donc si ce n'est pas mystique, ça...

  • Speaker #0

    Il y a une purification.

  • Speaker #1

    Purification, renaissance. Purification qui préside à une renaissance. Et puis l'art, les sculptures, les objets artistiques qui sont là, on est dans un registre quand même très spirituel.

  • Speaker #0

    Où il y a un enchantement, où il y a effectivement des sculptures... assez extravagante, où on est finalement dans un autre monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça, exactement. Et puis les visios qui accompagnent les danses techno.

  • Speaker #0

    Oui, il y a souvent effectivement de la vidéo ou ce genre de choses.

  • Speaker #1

    C'est les projections sur les murs qui sont très mystiques. Ils sont un peu comme des mandalas, comme des figures fantastiques.

  • Speaker #0

    Et on se retrouve dans un endroit vraiment dans la nature, plus profond.

  • Speaker #1

    Oui, et dans le désert.

  • Speaker #0

    Et dans le désert. Donc ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas mystique le désert quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup avec un ciel souvent étoilé.

  • Speaker #1

    Oui, sûrement.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Oui. Il paraît qu'il y a des vents de sable aussi parfois qui sont très désagréables. Ah oui, ça j'imagine. Non, et puis beaucoup d'amour. Beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Entre les festivaliers. Oui.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est ce qu'on vous a dit ?

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie quand même, comme public, je crois. Nos violons. Oui, c'est ce qu'on m'a dit, oui.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose, vous croyez, dont on a besoin de retrouver et de resacraliser finalement la danse ?

  • Speaker #1

    De resacraliser non seulement la danse, mais tout ce qu'elle évoque, justement, de cette mémoire ancestrale, où on était relié aux autres, relié au cosmos, relié au passé, relié aux ancêtres, relié à la Terre.

  • Speaker #0

    Parce qu'on est d'accord que la danse, celle qu'on a la plupart du temps, elle n'est plus du tout sacralisée, elle est plus sacrée, c'est fini ça.

  • Speaker #1

    Ça fait un moment. Elle servait à plein d'autres choses. Elle servait à quoi ? Et pourquoi pas ? À la séduction. Vous savez que dans la techno, c'est pas ça qui est cherché en premier, pas du tout. Il y a même des soirées où c'est mal vu, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'ailleurs en danse thérapie, c'est un peu pareil. D'ailleurs finalement on se demandait hier avec un stagiaire qui était là, qui était le seul, au milieu de 24 filles, il me disait « mais pourquoi il y a si peu d'hommes ? » Et pour moi c'est un mystère, parce que de façon primitive en plus c'est pas du tout de la danse efféminée. C'est un mystère parce que c'est pas comme ça du tout en Afrique. Chaque fois que je suis intervenu en Afrique il y avait plein d'hommes. En Grèce aussi il peut y avoir plein d'hommes. Dans certains endroits aussi en France, en province, il peut y avoir des hommes. Et là, dans les grandes villes, Donc je pense que c'est parce qu'il n'y a pas de séduction en fait. On n'est pas dans ce truc-là. Donc ça doit les décourager. Si ça n'intéresse pas les filles, qu'on vienne. Je ne sais pas, c'est grave. Il y a sans doute beaucoup de causes.

  • Speaker #0

    Votre danse rythme thérapie, vous l'avez faite en Afrique ? Oui. Vous l'avez proposée ? Qu'est-ce que ça a donné ?

  • Speaker #1

    Ça s'est très très bien passé. Et en Haïti aussi. En Haïti, j'ai travaillé dans un orphelinat. Et à Goma, en Afrique, dans un coin où c'est très conflictuel.

  • Speaker #0

    Au Congo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est la partie du Congo qui est tout près du Rwanda. C'est en plein Nord-Kibou, Goma. C'est un foyer culturel et artistique qui est très peu cher. C'est bien sûr organisé par les Belges, parce qu'ils n'ont pas fait que des horreurs. Il y a quand même eu des associations qui ont fait un bon travail. Et donc ce foyer culturel est financé par la Belgique. Et j'avais été invitée parce que la Belgique invite chaque année quelques animateurs de ce centre à se former en différentes modes pédagogiques. Et il y a beaucoup d'élèves dans ce foyer. Ça coûte un dollar par an, donc c'est très peu cher. Et ils ont vraiment des gens de plusieurs tribus qui sont en conflit. Et des enfants affamés, avec des gros ventres. Toutes les filles ont été violées. Beaucoup de garçons étaient enfants de soldats. Donc ça ne se dit pas thérapie, ça se dit artistique, mais pour moi c'est vraiment de la thérapie. Et ils ont adoré l'expression primitive. Je suis toujours étonné parce que je me dis, eux ils ont leur danse, qu'est-ce que je vais leur apporter moi ? Et finalement le fait qu'on amène ces images symboliques, on fait beaucoup de jeux relationnels, des jeux d'alternance entre deux tribus, on appelle ça deux tribus, deux groupes. Ils ont beaucoup aimé ça. C'est une danse qui réconcilie nous avec nous-mêmes, mais qui peut aussi réconcilier des gens. Je l'ai fait aussi en Israël autrefois. Et oui. Alors j'ai arrêté assez rapidement parce que, avec l'évolution des choses, les Palestiniens ne pouvaient plus passer les checkpoints. C'était tellement compliqué que j'ai arrêté parce que du coup ça n'avait plus de sens. Mais j'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'Université de Jérusalem, où il y a un département. de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu, et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout. Mais après, j'ai bien vu que ça n'évoluait pas dans le bon sens. Ça ne peut pas résoudre les problèmes au niveau politique quand même. Mais je suis persuadée que ça semait des petites graines de paix.

  • Speaker #0

    C'est quand même énorme ce que vous me dites, parce que... le fait ne serait-ce que d'avoir des échanges, même si ça a maintenu un lien déjà, même s'il n'y en a eu qu'un seul mail d'échangé, d'avoir fait cette démarche, ça veut dire qu'il y a eu une reconnaissance.

  • Speaker #1

    C'était très émouvant de faire ça là-bas. parce que c'est des cultures tellement proches finalement. Je me rappelle, on avait commencé par une berceuse, qui, c'était une chance, existe aussi bien chez les juifs que chez les arabes. Je me rappelle encore... Nami, nami, nami... Ti-na-na-na-na-na-na... Alors on a commencé à balancer là-dessus, puis après on a un peu parlé. Et puis, il y en a qui ont dit, bah oui, nous, les Israéliens ne peuvent pas aller au Liban, par exemple. Enfin, à l'époque, ils ne pouvaient déjà pas, encore moins maintenant qu'il y a la guerre. Et les Palestiniens, ils ne peuvent aller nulle part, de toute façon. Donc, il y avait un manque des deux côtés. Prendre conscience de ça, balancer tous ensemble sur cette berceuse. Et après, j'ai expliqué que l'expression primitive était aussi née dans un contexte de conflit entre les Noirs et les Blancs aux États-Unis. Et ça avait vraiment super bien marché.

  • Speaker #0

    Comment ça a évolué ? Il y a eu des émotions ?

  • Speaker #1

    Des grandes émotions. On faisait des exercices, après on parlait, puis on faisait des exercices.

  • Speaker #0

    Ah donc il y avait quand même de la parole là, pour le coup ?

  • Speaker #1

    Ah oui, il y a de la parole. Oui, c'était vraiment une expérience. On avait eu l'autorisation de directeur de l'université, il y avait un photographe officiel. J'ai encore une petite vidéo, enfin bon, on ne voit pas grand-chose, ça a été très mal filmé, mais oui, j'ai un témoignage de ça. Et Goma aussi, j'ai un témoignage de ça. Et puis où est-ce que je l'ai fait aussi ? En Haïti, ça c'était assez extraordinaire, parce que là c'était les enfants dans les orphelinats.

  • Speaker #0

    Et juste avant d'arriver à Haïti, est-ce qu'il peut y avoir un bienfait notamment sur les femmes qui ont subi des violences sexuelles ? Comment ça se passe du coup ?

  • Speaker #1

    Alors, il se trouve que je vais revoir un de ces jeunes, le 29, parce qu'il passe ici, il est devenu danseur. Je ne sais pas pourquoi il est en France, et pas en Belgique, mais en tout cas, apparemment il arrive à faire son... Sa vie en France, il a des projets artistiques qui ont été sélectionnés. Et il m'a dit qu'il aimerait bien que une de ses copines, qui a, paraît-il, un visage jusqu'en 2026, parce que c'est toujours le problème, c'est de les faire venir, elle aimerait bien faire une formation de danse-thérapie. Et elle, certainement, que c'est une fille qui a été violée, parce qu'il n'y avait que ça, pratiquement. Et comme il m'a dit qu'elle a déjà travaillé avec moi à Goma, moi je ne vois pas qui c'est parce que c'était il y a quelques années. Mais voilà, je vais les revoir et je suis très contente.

  • Speaker #0

    Mais comment est-ce que justement la danse-thérapie aide les femmes qui ont subi des violences sexuelles ?

  • Speaker #1

    Dans l'affirmation de vie, le retour à une dignité du corps, voilà, ce genre de choses, j'imagine. Et puis ça revitalise, donc... Ça chasse la dépression. C'est tellement magique le rythme que ça convient à tout le monde, à toutes les pathologies.

  • Speaker #0

    Et à Haïti, racontez-nous.

  • Speaker #1

    Alors à Haïti, j'avais été invitée pour faire une conférence sur le carnaval par l'Institut français. Et puis, moi je suis d'origine protestante, j'avais donc pris contact avec la Fédération protestante. Parce que ça m'intéressait de travailler dans un orphelinat, en expression primitive, puisque j'étais là-bas. L'expression primitive, ça vient d'Haïti, je vous ai dit. Un chorégraphe haïtien, Ernst Duplan, qui s'inspirait quand même forcément des dieux vaudous, bien qu'il était lui laïque, il a été le premier à nous parler d'archétype en fait. Donc comment ça s'est passé ? Oui, j'ai rencontré une des directrices d'un orphelinat, une jeune femme charmante, et elle m'a proposé de venir un jour faire une... séance dans un orphelinat. Je m'en souviendrai toujours parce que le pasteur s'appelle Merci Dieu, son nom de famille Merci Dieu. Oui en Haïti ils ont beaucoup de noms comme ça. En fait il a adoré, mais quand je suis arrivé, les enfants étaient assis, il m'a expliqué, il a dit bon ils ont un cours de calcul et un cours de français, tout le reste du temps on ne sait pas quoi en faire de tous ces mômes, ils sont assis. Interdiction de parler, interdiction de... de se lever pour jouer ou autre.

  • Speaker #0

    Aucune expression n'est si autorisée.

  • Speaker #1

    La journée, rien faire. C'était deux, trois ans après le tremblement de terre. Ça devait être en 2015, 2016. Alors que le tremblement de terre, c'était en 2012. Donc des enfants, en plus, qui avaient vu mourir leurs parents, c'était atroce. Et puis, moi je commence souvent par une chanson, parce qu'on va taper dans les mains, la pulsation, on va balancer, etc. Et eux, ils ne connaissaient que des quantiques. Alors on a commencé, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. On a tapé dans les mains, on a commencé à mettre ça dans les pieds, on avançait, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. Et puis petit à petit, au lieu de mettre ses paroles, on a fait genre « yao yao yao e, yao yao yao a » . Et puis après, on a commencé à faire des animaux, tout doucement. On avançait du coup en tigre, on reculait avec les pattes de velours. Ils étaient ravis les gosses. Après, on a même fait une danse du serpent dans la cour. Et le serpent, c'est un dieu important chez eux, le dieu d'Ambala, le dieu serpent. Et puis le pasteur nous regardait, il nous regardait, il ne participait pas, mais il nous regardait. Et à la fin, il m'a dit, mais c'était absolument génial, si seulement ça pouvait exister tous les jours, parce que les enfants, du coup, ils sont calmes. Et comme c'est moi qui donne les mouvements, qui guide, j'ai eu tout pas, c'était vraiment très... Alors je lui ai dit, écoutez, je suis là encore trois jours, si vous avez des gens qui veulent faire la formation, on peut faire une petite formation vite fait. Il m'a dit, ah bah oui, ce serait très très bien. Alors il a téléphoné à la direction de la Fédération Protestante, qui a mis à notre disposition un institut qui se dit, ils ont apport au prince. Alors, j'ai été voir la salle qu'on nous mettait à notre disposition, c'était pas plus grand qu'ici. Et dans les bibliothèques, il n'y avait que des bibles, des grandes réflexions de théologie, etc. C'était impressionnant. Et puis, je vois arriver mes stagiaires de formation. L'aîné devait avoir 15 ans. Moi, en occidentale ethnocentriste, finalement, on est toujours ethnocentriste sans le vouloir. J'avais cru qu'il y avait des animateurs, mais non, pas du tout. Il n'y avait rien du tout. Donc ils ont pris les plus responsables. Pas forcément les plus âgés, j'en avais un qui avait 8 ans. Et en fait, plusieurs petits cars sont arrivés parce qu'il y a plusieurs orphelinats. Donc on était quand même assez nombreux. dans ce petit espace, mais ils ont tout pigé. Franchement, on a fait des exercices que je fais avec mes stagiaires de formation ici au bout de deux mois. Sur un week-end, on a fait des tas de trucs. Et alors la jeune femme m'a écrit pendant plusieurs années en me disant qu'il continuait tous les matins à refaire des exercices comme ça dans l'orphelinat et que les enfants vraiment adoraient ça.

  • Speaker #0

    Génial.

  • Speaker #1

    Oui, il faudra que j'y retourne. Il faudrait que j'y retourne. J'ai un grand ami là-bas, Alain Neckerboum, spécialiste du vaudou. Ancien jésuite, devenu spécialiste du vaudou, il faut le faire. Et quel courage de rester en Haïti. Oui, c'est dur là. Et il m'invite depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Vous êtes retourné voir des fois des cérémonies de danse de possession ?

  • Speaker #1

    J'en ai vu beaucoup en Haïti. Je sais,

  • Speaker #0

    mais avant votre... Ça, c'était pendant votre thèse, mais après ?

  • Speaker #1

    Non, c'était après ma thèse. Ah d'accord. Je suis allée deux fois avec Ernst Duplan en Haïti. Ma thèse était déjà faite.

  • Speaker #0

    En tout cas, on voit, quelle que soit la culture, quel que soit l'endroit, vous me parliez d'Israël, vous me parliez d'Haïti, en fait, tout le monde est touché par cette...

  • Speaker #1

    C'est universel la pulsation. C'est la musique vraiment du battement du cœur et du souffle respiratoire. Donc c'est primitif. Je pense qu'on a vraiment le droit de dire le mot là, parce que c'est les rythmes premiers. Et ils sont universels, parce que tout le monde a un cœur qui bat et des poumons qui respirent. Donc c'est un langage que tout le monde comprend en fait.

  • Speaker #0

    C'est la langue universelle en fait.

  • Speaker #1

    C'est la langue universelle.

  • Speaker #0

    Celle du cœur. Et c'est peut-être pour ça que du coup, ça pourrait être un moyen, de ce que vous disiez aussi dans votre livre, de s'élever ensemble ?

  • Speaker #1

    Ah ben oui, j'espère, puisque c'est spirituel aussi. On n'impose rien aux gens. Certains viennent peut-être pour faire de la gymnastique.

  • Speaker #0

    Je doute.

  • Speaker #1

    On a déjà eu, ben si, on a déjà eu des... Moi j'ai déjà eu des dames qui me disaient, il paraît que ça fait maigrir. Mais j'ose espérer qu'après, elle découvre autre chose. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Chacun, effectivement, il trouve ce qu'il veut. Et en quoi est-ce que, justement, ça peut nous aider dans les problèmes actuels ? Parce qu'on sent quand même qu'il y a une telle problématique quand on voit cette peur de l'autre. Et puis, j'ai envie même de dire, les grandes questions de qui sommes-nous, où je vais, qui suis-je ? Comment est-ce que ça peut nous aider ? Est-ce que vous pensez que ça peut nous aider ?

  • Speaker #1

    Alors, à résoudre les grandes questions, oui, mais de façon très implicite, parce que c'est le message qui est contenu dans ces danses, puisque ça relie à l'origine de la vie, d'où je viens, où je vais. On sait qu'un jour ça va s'arrêter pour nous, mais que la pulsation, elle, elle est éternelle. Donc ça va continuer. Et qui suis-je ? Je suis un petit maillon d'une chaîne immense, c'est pour ça que je vous disais, ça rend humble aussi. En plus, il n'y a pas de vedette dans cette danse. Dans la mesure où on est très souvent à l'unisson, et quand on fait des improvisations, il faudrait que vous fassiez un jour un stage, c'est toujours par petits groupes, de 4-5, et donc c'est quelque chose de collectif. Il n'y a jamais quelqu'un qui improvise tout seul au centre d'un cercle. Moi je proscris ça complètement parce que je trouve que c'est pas thérapeutique en plus. Pour plein de raisons. D'abord parce que ça rend assez narcissiques, à ceux qui font leur vedette. Et puis parce que ça suscite aussi du jugement de la part du cercle autour. Même si les profs en général disent « vas-y, y'al pas de jugement » , mais bon, ça n'existe pas, donc j'aime pas ça. Tandis que quand c'est un petit groupe, vraiment on s'aperçoit que les gens, quand ils peuvent coopérer, ils font des merveilles. Donc il n'y a pas de vedettes, ça aussi ça rend humble. On ne favorise pas du tout ceux qui savent mieux faire. Non, ce n'est pas l'esprit.

  • Speaker #0

    On se demande comment ça se fait, et en même temps, dans certains pays, c'est ce qu'ils font, c'est de prescrire des moments de danse, de prescrire des moments de musée. C'est ça qu'il faudrait qu'on fasse, non ?

  • Speaker #1

    Ça serait bien, oui, que ce soit des prescriptions. Moi, je ne demanderais que ça, que les médecins prescrivent ça.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va y arriver à un moment donné.

  • Speaker #1

    Je l'espère. Moi, je ne suis pas quelqu'un qui fait des démarches, je ne suis pas douée pour ça. Mais c'est sûr que ça mériterait d'être étiqueté d'utilité publique, par exemple.

  • Speaker #0

    Et remboursé par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Et remboursé par la Sécurité sociale, et enseigné dans les écoles. Alors là, quand même, j'ai plusieurs professeurs dans les formations qui arrivent à enseigner ça à leurs élèves. Il y a des chefs d'établissement qui encouragent ça. Ça reste infime.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça commence à infuser.

  • Speaker #1

    Par rapport aux besoins. Ben oui, je l'espère. C'est quoi ? J'espère à la fois par la Commission européenne, par la base, par les professeurs ou les instituts qui font ça avec leurs élèves.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez une espérance, un projet qui vous tient à cœur maintenant que vous avez mis en place cette méthode, que vous avez touché quand même beaucoup de gens ? que vous avez écrit des bouquins. Est-ce qu'il y a une prochaine étape ? Qu'est-ce que vous espérez maintenant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est vraiment par étape, mais ce que j'espère, c'est une reconnaissance de cette technique. Moi, j'ai toujours été suivie par le public. J'ai toujours eu du monde dans mes groupes, alors qu'on ne fait pas de pub. C'est peut-être hypocrite de dire ça, parce que bien sûr, les bouquins, c'est une pub. Il y a tellement de choses sur le marché que les gens se disent, quand même, s'il y a des bouquins derrière et qu'elle enseignait à la fac. C'est quand même un peu une garantie. Donc c'est un peu de la pub quand même. Mais on ne fait pas de pub commerciale. Et pourtant il y a toujours eu beaucoup de monde. Mais c'est plus les autorités qui sont difficiles à convaincre. J'ai eu des problèmes avec une grande chorégraphe très connue en France qui m'avait invitée. Et ses danseurs n'ont rien compris, ils n'ont pas apprécié du tout. Alors elle avait invité en même temps tout un groupe d'infirmiers psychiatriques. Vous pouvez deviner ce qui s'est passé. Donc les danseurs devant, « Mais c'est quoi ce truc tribal ? » Et derrière, les infirmiers psychiatriques qui s'éclataient comme des bêtes. Et voilà. De toute façon, c'est les élites, enfin les élites entre guillemets, qui ont réprimé les danses populaires.

  • Speaker #0

    Donc on en est encore là ?

  • Speaker #1

    Je trouve qu'on en est encore là, même dans le monde de la danse. Alors le hip-hop a fait beaucoup quand même pour revaloriser. Ces rythmes archaïques, primitifs, cette pédagogie mimétique, parce qu'il y a eu toute la question de la vague, vous savez, les hip-hoppers, quand ils font la vague, là, avec le bras, moi je sais pas la faire, mais... La danse contemporaine, sa pédagogie, c'est plutôt de sentir la vague en soi, et eux, non, ils sont devant le miroir, et ils travaillent, voilà, phalange par phalange, et ils insistent pour maintenir cette pédagogie-là, qui était vomi. au niveau du ministère de la danse.

  • Speaker #0

    Mais on veut aussi, de la même manière, que le monde de l'électro ait aussi un peu...

  • Speaker #1

    Bien sûr, réprimé. Réprimé ? Bien sûr. Et la drogue, c'est un bon prétexte pour réprimer.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce qu'on fait alors ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on fait ? On continue déjà. Et puis, je vois que quand même, ça fait comme des ronds dans l'eau. J'ai certains de mes élèves quand même qui se... Voilà, ça se diffuse quand même.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi rester optimiste, vous croyez ?

  • Speaker #1

    Ah ben, je l'espère ! Il n'y a pas beaucoup de choses qui m'indoptimisent actuellement, parce que franchement, quand on voit l'état du monde, mais la danse, ça va du côté de la vie.

  • Speaker #0

    Et vous disiez du coup qu'en état de crise, on a encore plus besoin finalement ?

  • Speaker #1

    On n'en a jamais eu autant besoin que dans les périodes de crise. Et là on est dans une période de crise, mais profonde. On n'a jamais tendancé que pendant les guerres, ou juste après la guerre de 39-45, dans les caves de Saint-Germain, tout ça, les gens étaient tellement, ils avaient tellement frôlé de près la mort, qu'il y a une exubérance de vie.

  • Speaker #0

    Et là on en a besoin.

  • Speaker #1

    Là on en a besoin. Vraiment.

  • Speaker #0

    Sinon, on va au festival Burning Man l'année prochaine.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si j'y aimerais tout. Parce que c'est quand même très américain. Oui, c'est vrai. Et moi, j'ai un peu de mal avec eux.

  • Speaker #0

    En tout cas, il existe aussi des festivals.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il existe quand même des bulles où c'est autorisé, où la danse est sacralisée.

  • Speaker #1

    Sacralisée ?

  • Speaker #0

    Sacrée.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr. Ah oui. Oui, et puis même dans un cours comme ça tout public, il y a des gens pour qui c'est sacré, des gens pour qui ça l'est moins. Le grand génie de la danse, c'est que c'est pour tout le monde. Chacun avec ses motivations, chacun avec ses pathologies, et ça fait du bien à tout le monde.

  • Speaker #0

    En plus, comme tout le monde est danseur, il n'y a pas de frustration.

  • Speaker #1

    Tout le monde est danseur en fait. Et il n'y a pas besoin d'apprendre. Quand j'étais à Cuba, et que j'aurais... Il dit qu'il y avait en France des cours de salsa, mais ils se roulaient par terre de rire. C'est quoi, mais des cours ? C'est quelque chose qu'on regarde, qu'on regarde et après qu'on fait.

  • Speaker #0

    Un mimétisme, oui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est pas parfait, mais...

  • Speaker #0

    Et puis, on voit quand même, vous avez, vous, votre méthode, mais il y a aussi d'autres méthodes quand même qu'on voit aussi éclore. Je veux dire, la danse des centritmes... Les danses extatiques, etc. Donc quand même, on sent qu'il y a...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose autour de la pulsation qui s'est vraiment réveillée au début du XXe siècle, quand sont arrivées les danses afro-américaines.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, justement, là il y a aussi un autre mouvement qu'on sent, qui est l'afrobite.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est quelque chose qui finalement s'inscrit pour le coup dans la danse du mouvement, de la pulsation.

  • Speaker #1

    Oui, la danse du cœur.

  • Speaker #0

    Donc on y est toujours.

  • Speaker #1

    Ça nous est revenu par le détour de l'autre. On avait ça dans notre mémoire aussi, ça c'est sûr. Même si ça a été progressivement étouffé, la pulsation a fadé. Pour avoir cette appétence au rythme, ça veut bien dire que c'est inscrit quelque part.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode. J'espère que cette immersion dans l'univers de la danse thérapie... La thérapie vous a inspiré et vous a offert un nouvel éclairage sur le pouvoir du mouvement. Un grand merci à France Schott-Bilmann pour son partage et ses récits incroyables. La semaine prochaine, nous irons explorer sur le terrain comment l'une de ses élèves utilise la méthode de danse-thérapie. Nous partirons ensemble pour un reportage exclusif avec Svetlana Panova auprès de personnes atteintes de la maladie de Parkinson à l'hôpital Salpêtrière. et vous verrez, les résultats sont fascinants. Alors je vous dis à la semaine prochaine. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode et de laisser un avis 5 étoiles. Prenez soin de vous et à dimanche prochain. J'ai hâte de vous retrouver.

Description

Bienvenue dans cet épisode final de notre série avec France Schott-Billmann !


Ici, la danse, ce n'est pas juste bouger – c'est un langage qui parle à notre cœur, qui nous relie à nos ancêtres et même à l'univers.


Aujourd'hui, nous vallons parler de cette magie des rythmes, que ce soit l'électro ou les battements plus primitifs, qui, bien au-delà d'une simple vibration, nous aide à guérir et à nous reconnecter.


Nous allons aussi découvrir des histoires de séances de danse thérapie en Afrique, en Haïti, en Israël... Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective.


Alors, installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse, surtout quand on a besoin de se retrouver et de se soutenir les uns les autres. On est tous un peu danseurs, et c'est ce qui nous unit.


C'est parti pour un moment et plein d'émotions !


Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ses prochains ateliers sur son site :

www.atelierdugesterythme.com

et sur son livre : https://www.odilejacob.fr/catalogue/art-et-litterature/musique-danse/therapie-par-la-danse-rythmee_9782738151599.php


Le compte instagram du podcast : https://www.instagram.com/lessensdeladanse.podcast/

Le compte facebook du podcast : https://www.facebook.com/lessensdeladanse.podcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Sens de la danse, le podcast qui met de la conscience dans le mouvement. Bienvenue dans ce troisième et dernier épisode avec France Schott- Billmann. Aujourd'hui, nous allons poursuivre notre immersion au cœur de la danse et de la pulsation en explorant l'univers de la musique électro.

  • Speaker #1

    On retrouve le battement du cœur. C'est fondamental, il le revendique même. C'est une pulsation électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. Le fait qu'ils vont se coller à ces grands haut-parleurs, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique.

  • Speaker #0

    Vous allez aussi entendre des histoires de séances de danse-thérapie au Congo, à Haïti ou en Israël. Des moments forts qui montrent comment chaque battement est un écho de notre mémoire collective et peut semer des graines de paix.

  • Speaker #1

    J'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'université de Jérusalem, où il y a un département de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu. Et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout.

  • Speaker #0

    Alors installez-vous confortablement, détendez-vous et laissez-vous porter par ces témoignages et réflexions sur le pouvoir de la danse. N'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles pour soutenir cette aventure et permettre à d'autres de plonger dans cet univers. Je vous souhaite une très belle écoute. Vous parlez d'une musique qu'on peut appeler une musique primitive qui peut nous guérir, qui est celle de la musique électro.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #0

    Pourquoi elle peut avoir ces vertus, justement, de s'inscrire dans la danse-thérapie ?

  • Speaker #1

    Alors, est-ce qu'elle s'y inscrit complètement ? Peut-être pas. Mais ce qu'elle a de profondément thérapeutique, à mon avis, c'est qu'elle nous relie. Elle nous relie, justement, au battement du cœur, et donc, comme on disait tout à l'heure, à tout ce qui a précédé, donc aux ancêtres, à la mémoire, et puis ça nous relie au cosmos. D'autant plus que là, c'est quand même une musique désincarnée. Ce n'est pas la même chose de frapper la pulsation sur un djembé, c'est une peau d'animal, on est quand même dans quelque chose de très vivant. Et puis cette pulsation électronique, qui est très symbolique du battement du cœur, mais il y a plus ce côté charnel. Et donc là, du coup, ça devient plus mystique.

  • Speaker #0

    Ah, vous trouvez que ça devient plus mystique ?

  • Speaker #1

    Oui, je le vois comme ça, parce que c'est plus désincarné, et que ça relie plus, à mon avis, au rythme cosmique, même si bien sûr on retrouve le battement du cœur, puisque c'est fondamental, il le revendique même. Il le revendique, les hip-hoppeurs aussi, ils revendiquent que c'est une session électrique, le beat, c'est vraiment le battement du cœur. C'est ce qu'on disait la dernière fois, je crois, le fait qu'ils vont se coller. à ces grands haut-parleurs, dans les baffes, c'est devenir vraiment cette pulsation. Alors, c'est le battement du cœur, mais peut-être que sans qu'ils le sachent vraiment, c'est aussi le battement cosmique. Moi, ce qui m'a impressionné, c'est tout ce que j'avais lu sur les festivals Burning Man et tout ça, qui sont très mystiques.

  • Speaker #0

    En quoi est-ce qu'on mystique ? Expliquez-nous. Vous y êtes allée d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Non, mais j'ai pas mal interviewé. joué de ravers qui sont allés. Déjà le dispositif qui est très comme un mandala, le plan général en rond.

  • Speaker #0

    Et où il y a le centre, au centre il y a la scène.

  • Speaker #1

    Vous êtes allés ? Non, je rêve d'y aller. Moi aussi j'aimerais bien.

  • Speaker #0

    Venez France on y va ensemble.

  • Speaker #1

    D'accord. Bon j'ai appris qu'il y en a des plus proches aussi, il y en a au Portugal paraît-il. Et le centre, c'est un homme qui brûle. C'est un peu comme le bonhomme carnaval qui meurt et qui va renaître. Donc si ce n'est pas mystique, ça...

  • Speaker #0

    Il y a une purification.

  • Speaker #1

    Purification, renaissance. Purification qui préside à une renaissance. Et puis l'art, les sculptures, les objets artistiques qui sont là, on est dans un registre quand même très spirituel.

  • Speaker #0

    Où il y a un enchantement, où il y a effectivement des sculptures... assez extravagante, où on est finalement dans un autre monde.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça, exactement. Et puis les visios qui accompagnent les danses techno.

  • Speaker #0

    Oui, il y a souvent effectivement de la vidéo ou ce genre de choses.

  • Speaker #1

    C'est les projections sur les murs qui sont très mystiques. Ils sont un peu comme des mandalas, comme des figures fantastiques.

  • Speaker #0

    Et on se retrouve dans un endroit vraiment dans la nature, plus profond.

  • Speaker #1

    Oui, et dans le désert.

  • Speaker #0

    Et dans le désert. Donc ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas mystique le désert quand même.

  • Speaker #0

    Et du coup avec un ciel souvent étoilé.

  • Speaker #1

    Oui, sûrement.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Oui. Il paraît qu'il y a des vents de sable aussi parfois qui sont très désagréables. Ah oui, ça j'imagine. Non, et puis beaucoup d'amour. Beaucoup d'amour.

  • Speaker #0

    Entre les festivaliers. Oui.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est ce qu'on vous a dit ?

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    C'est un peu hippie quand même, comme public, je crois. Nos violons. Oui, c'est ce qu'on m'a dit, oui.

  • Speaker #0

    Et c'est quelque chose, vous croyez, dont on a besoin de retrouver et de resacraliser finalement la danse ?

  • Speaker #1

    De resacraliser non seulement la danse, mais tout ce qu'elle évoque, justement, de cette mémoire ancestrale, où on était relié aux autres, relié au cosmos, relié au passé, relié aux ancêtres, relié à la Terre.

  • Speaker #0

    Parce qu'on est d'accord que la danse, celle qu'on a la plupart du temps, elle n'est plus du tout sacralisée, elle est plus sacrée, c'est fini ça.

  • Speaker #1

    Ça fait un moment. Elle servait à plein d'autres choses. Elle servait à quoi ? Et pourquoi pas ? À la séduction. Vous savez que dans la techno, c'est pas ça qui est cherché en premier, pas du tout. Il y a même des soirées où c'est mal vu, c'est ce qu'on m'a expliqué. D'ailleurs en danse thérapie, c'est un peu pareil. D'ailleurs finalement on se demandait hier avec un stagiaire qui était là, qui était le seul, au milieu de 24 filles, il me disait « mais pourquoi il y a si peu d'hommes ? » Et pour moi c'est un mystère, parce que de façon primitive en plus c'est pas du tout de la danse efféminée. C'est un mystère parce que c'est pas comme ça du tout en Afrique. Chaque fois que je suis intervenu en Afrique il y avait plein d'hommes. En Grèce aussi il peut y avoir plein d'hommes. Dans certains endroits aussi en France, en province, il peut y avoir des hommes. Et là, dans les grandes villes, Donc je pense que c'est parce qu'il n'y a pas de séduction en fait. On n'est pas dans ce truc-là. Donc ça doit les décourager. Si ça n'intéresse pas les filles, qu'on vienne. Je ne sais pas, c'est grave. Il y a sans doute beaucoup de causes.

  • Speaker #0

    Votre danse rythme thérapie, vous l'avez faite en Afrique ? Oui. Vous l'avez proposée ? Qu'est-ce que ça a donné ?

  • Speaker #1

    Ça s'est très très bien passé. Et en Haïti aussi. En Haïti, j'ai travaillé dans un orphelinat. Et à Goma, en Afrique, dans un coin où c'est très conflictuel.

  • Speaker #0

    Au Congo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est la partie du Congo qui est tout près du Rwanda. C'est en plein Nord-Kibou, Goma. C'est un foyer culturel et artistique qui est très peu cher. C'est bien sûr organisé par les Belges, parce qu'ils n'ont pas fait que des horreurs. Il y a quand même eu des associations qui ont fait un bon travail. Et donc ce foyer culturel est financé par la Belgique. Et j'avais été invitée parce que la Belgique invite chaque année quelques animateurs de ce centre à se former en différentes modes pédagogiques. Et il y a beaucoup d'élèves dans ce foyer. Ça coûte un dollar par an, donc c'est très peu cher. Et ils ont vraiment des gens de plusieurs tribus qui sont en conflit. Et des enfants affamés, avec des gros ventres. Toutes les filles ont été violées. Beaucoup de garçons étaient enfants de soldats. Donc ça ne se dit pas thérapie, ça se dit artistique, mais pour moi c'est vraiment de la thérapie. Et ils ont adoré l'expression primitive. Je suis toujours étonné parce que je me dis, eux ils ont leur danse, qu'est-ce que je vais leur apporter moi ? Et finalement le fait qu'on amène ces images symboliques, on fait beaucoup de jeux relationnels, des jeux d'alternance entre deux tribus, on appelle ça deux tribus, deux groupes. Ils ont beaucoup aimé ça. C'est une danse qui réconcilie nous avec nous-mêmes, mais qui peut aussi réconcilier des gens. Je l'ai fait aussi en Israël autrefois. Et oui. Alors j'ai arrêté assez rapidement parce que, avec l'évolution des choses, les Palestiniens ne pouvaient plus passer les checkpoints. C'était tellement compliqué que j'ai arrêté parce que du coup ça n'avait plus de sens. Mais j'appelais ça les danses pour la paix. Et on a fait ça à l'Université de Jérusalem, où il y a un département. de recherche pour la paix. On avait mis les affiches en arabe et en hébreu, et on a eu vraiment des étudiants des deux communautés qui sont venus, qui au début se regardaient vraiment en chien de faïence.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Et après, ils ont échangé les mails et tout. Mais après, j'ai bien vu que ça n'évoluait pas dans le bon sens. Ça ne peut pas résoudre les problèmes au niveau politique quand même. Mais je suis persuadée que ça semait des petites graines de paix.

  • Speaker #0

    C'est quand même énorme ce que vous me dites, parce que... le fait ne serait-ce que d'avoir des échanges, même si ça a maintenu un lien déjà, même s'il n'y en a eu qu'un seul mail d'échangé, d'avoir fait cette démarche, ça veut dire qu'il y a eu une reconnaissance.

  • Speaker #1

    C'était très émouvant de faire ça là-bas. parce que c'est des cultures tellement proches finalement. Je me rappelle, on avait commencé par une berceuse, qui, c'était une chance, existe aussi bien chez les juifs que chez les arabes. Je me rappelle encore... Nami, nami, nami... Ti-na-na-na-na-na-na... Alors on a commencé à balancer là-dessus, puis après on a un peu parlé. Et puis, il y en a qui ont dit, bah oui, nous, les Israéliens ne peuvent pas aller au Liban, par exemple. Enfin, à l'époque, ils ne pouvaient déjà pas, encore moins maintenant qu'il y a la guerre. Et les Palestiniens, ils ne peuvent aller nulle part, de toute façon. Donc, il y avait un manque des deux côtés. Prendre conscience de ça, balancer tous ensemble sur cette berceuse. Et après, j'ai expliqué que l'expression primitive était aussi née dans un contexte de conflit entre les Noirs et les Blancs aux États-Unis. Et ça avait vraiment super bien marché.

  • Speaker #0

    Comment ça a évolué ? Il y a eu des émotions ?

  • Speaker #1

    Des grandes émotions. On faisait des exercices, après on parlait, puis on faisait des exercices.

  • Speaker #0

    Ah donc il y avait quand même de la parole là, pour le coup ?

  • Speaker #1

    Ah oui, il y a de la parole. Oui, c'était vraiment une expérience. On avait eu l'autorisation de directeur de l'université, il y avait un photographe officiel. J'ai encore une petite vidéo, enfin bon, on ne voit pas grand-chose, ça a été très mal filmé, mais oui, j'ai un témoignage de ça. Et Goma aussi, j'ai un témoignage de ça. Et puis où est-ce que je l'ai fait aussi ? En Haïti, ça c'était assez extraordinaire, parce que là c'était les enfants dans les orphelinats.

  • Speaker #0

    Et juste avant d'arriver à Haïti, est-ce qu'il peut y avoir un bienfait notamment sur les femmes qui ont subi des violences sexuelles ? Comment ça se passe du coup ?

  • Speaker #1

    Alors, il se trouve que je vais revoir un de ces jeunes, le 29, parce qu'il passe ici, il est devenu danseur. Je ne sais pas pourquoi il est en France, et pas en Belgique, mais en tout cas, apparemment il arrive à faire son... Sa vie en France, il a des projets artistiques qui ont été sélectionnés. Et il m'a dit qu'il aimerait bien que une de ses copines, qui a, paraît-il, un visage jusqu'en 2026, parce que c'est toujours le problème, c'est de les faire venir, elle aimerait bien faire une formation de danse-thérapie. Et elle, certainement, que c'est une fille qui a été violée, parce qu'il n'y avait que ça, pratiquement. Et comme il m'a dit qu'elle a déjà travaillé avec moi à Goma, moi je ne vois pas qui c'est parce que c'était il y a quelques années. Mais voilà, je vais les revoir et je suis très contente.

  • Speaker #0

    Mais comment est-ce que justement la danse-thérapie aide les femmes qui ont subi des violences sexuelles ?

  • Speaker #1

    Dans l'affirmation de vie, le retour à une dignité du corps, voilà, ce genre de choses, j'imagine. Et puis ça revitalise, donc... Ça chasse la dépression. C'est tellement magique le rythme que ça convient à tout le monde, à toutes les pathologies.

  • Speaker #0

    Et à Haïti, racontez-nous.

  • Speaker #1

    Alors à Haïti, j'avais été invitée pour faire une conférence sur le carnaval par l'Institut français. Et puis, moi je suis d'origine protestante, j'avais donc pris contact avec la Fédération protestante. Parce que ça m'intéressait de travailler dans un orphelinat, en expression primitive, puisque j'étais là-bas. L'expression primitive, ça vient d'Haïti, je vous ai dit. Un chorégraphe haïtien, Ernst Duplan, qui s'inspirait quand même forcément des dieux vaudous, bien qu'il était lui laïque, il a été le premier à nous parler d'archétype en fait. Donc comment ça s'est passé ? Oui, j'ai rencontré une des directrices d'un orphelinat, une jeune femme charmante, et elle m'a proposé de venir un jour faire une... séance dans un orphelinat. Je m'en souviendrai toujours parce que le pasteur s'appelle Merci Dieu, son nom de famille Merci Dieu. Oui en Haïti ils ont beaucoup de noms comme ça. En fait il a adoré, mais quand je suis arrivé, les enfants étaient assis, il m'a expliqué, il a dit bon ils ont un cours de calcul et un cours de français, tout le reste du temps on ne sait pas quoi en faire de tous ces mômes, ils sont assis. Interdiction de parler, interdiction de... de se lever pour jouer ou autre.

  • Speaker #0

    Aucune expression n'est si autorisée.

  • Speaker #1

    La journée, rien faire. C'était deux, trois ans après le tremblement de terre. Ça devait être en 2015, 2016. Alors que le tremblement de terre, c'était en 2012. Donc des enfants, en plus, qui avaient vu mourir leurs parents, c'était atroce. Et puis, moi je commence souvent par une chanson, parce qu'on va taper dans les mains, la pulsation, on va balancer, etc. Et eux, ils ne connaissaient que des quantiques. Alors on a commencé, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. On a tapé dans les mains, on a commencé à mettre ça dans les pieds, on avançait, Jésus est mon rocher, sur lui je peux m'appuyer. Et puis petit à petit, au lieu de mettre ses paroles, on a fait genre « yao yao yao e, yao yao yao a » . Et puis après, on a commencé à faire des animaux, tout doucement. On avançait du coup en tigre, on reculait avec les pattes de velours. Ils étaient ravis les gosses. Après, on a même fait une danse du serpent dans la cour. Et le serpent, c'est un dieu important chez eux, le dieu d'Ambala, le dieu serpent. Et puis le pasteur nous regardait, il nous regardait, il ne participait pas, mais il nous regardait. Et à la fin, il m'a dit, mais c'était absolument génial, si seulement ça pouvait exister tous les jours, parce que les enfants, du coup, ils sont calmes. Et comme c'est moi qui donne les mouvements, qui guide, j'ai eu tout pas, c'était vraiment très... Alors je lui ai dit, écoutez, je suis là encore trois jours, si vous avez des gens qui veulent faire la formation, on peut faire une petite formation vite fait. Il m'a dit, ah bah oui, ce serait très très bien. Alors il a téléphoné à la direction de la Fédération Protestante, qui a mis à notre disposition un institut qui se dit, ils ont apport au prince. Alors, j'ai été voir la salle qu'on nous mettait à notre disposition, c'était pas plus grand qu'ici. Et dans les bibliothèques, il n'y avait que des bibles, des grandes réflexions de théologie, etc. C'était impressionnant. Et puis, je vois arriver mes stagiaires de formation. L'aîné devait avoir 15 ans. Moi, en occidentale ethnocentriste, finalement, on est toujours ethnocentriste sans le vouloir. J'avais cru qu'il y avait des animateurs, mais non, pas du tout. Il n'y avait rien du tout. Donc ils ont pris les plus responsables. Pas forcément les plus âgés, j'en avais un qui avait 8 ans. Et en fait, plusieurs petits cars sont arrivés parce qu'il y a plusieurs orphelinats. Donc on était quand même assez nombreux. dans ce petit espace, mais ils ont tout pigé. Franchement, on a fait des exercices que je fais avec mes stagiaires de formation ici au bout de deux mois. Sur un week-end, on a fait des tas de trucs. Et alors la jeune femme m'a écrit pendant plusieurs années en me disant qu'il continuait tous les matins à refaire des exercices comme ça dans l'orphelinat et que les enfants vraiment adoraient ça.

  • Speaker #0

    Génial.

  • Speaker #1

    Oui, il faudra que j'y retourne. Il faudrait que j'y retourne. J'ai un grand ami là-bas, Alain Neckerboum, spécialiste du vaudou. Ancien jésuite, devenu spécialiste du vaudou, il faut le faire. Et quel courage de rester en Haïti. Oui, c'est dur là. Et il m'invite depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Vous êtes retourné voir des fois des cérémonies de danse de possession ?

  • Speaker #1

    J'en ai vu beaucoup en Haïti. Je sais,

  • Speaker #0

    mais avant votre... Ça, c'était pendant votre thèse, mais après ?

  • Speaker #1

    Non, c'était après ma thèse. Ah d'accord. Je suis allée deux fois avec Ernst Duplan en Haïti. Ma thèse était déjà faite.

  • Speaker #0

    En tout cas, on voit, quelle que soit la culture, quel que soit l'endroit, vous me parliez d'Israël, vous me parliez d'Haïti, en fait, tout le monde est touché par cette...

  • Speaker #1

    C'est universel la pulsation. C'est la musique vraiment du battement du cœur et du souffle respiratoire. Donc c'est primitif. Je pense qu'on a vraiment le droit de dire le mot là, parce que c'est les rythmes premiers. Et ils sont universels, parce que tout le monde a un cœur qui bat et des poumons qui respirent. Donc c'est un langage que tout le monde comprend en fait.

  • Speaker #0

    C'est la langue universelle en fait.

  • Speaker #1

    C'est la langue universelle.

  • Speaker #0

    Celle du cœur. Et c'est peut-être pour ça que du coup, ça pourrait être un moyen, de ce que vous disiez aussi dans votre livre, de s'élever ensemble ?

  • Speaker #1

    Ah ben oui, j'espère, puisque c'est spirituel aussi. On n'impose rien aux gens. Certains viennent peut-être pour faire de la gymnastique.

  • Speaker #0

    Je doute.

  • Speaker #1

    On a déjà eu, ben si, on a déjà eu des... Moi j'ai déjà eu des dames qui me disaient, il paraît que ça fait maigrir. Mais j'ose espérer qu'après, elle découvre autre chose. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Chacun, effectivement, il trouve ce qu'il veut. Et en quoi est-ce que, justement, ça peut nous aider dans les problèmes actuels ? Parce qu'on sent quand même qu'il y a une telle problématique quand on voit cette peur de l'autre. Et puis, j'ai envie même de dire, les grandes questions de qui sommes-nous, où je vais, qui suis-je ? Comment est-ce que ça peut nous aider ? Est-ce que vous pensez que ça peut nous aider ?

  • Speaker #1

    Alors, à résoudre les grandes questions, oui, mais de façon très implicite, parce que c'est le message qui est contenu dans ces danses, puisque ça relie à l'origine de la vie, d'où je viens, où je vais. On sait qu'un jour ça va s'arrêter pour nous, mais que la pulsation, elle, elle est éternelle. Donc ça va continuer. Et qui suis-je ? Je suis un petit maillon d'une chaîne immense, c'est pour ça que je vous disais, ça rend humble aussi. En plus, il n'y a pas de vedette dans cette danse. Dans la mesure où on est très souvent à l'unisson, et quand on fait des improvisations, il faudrait que vous fassiez un jour un stage, c'est toujours par petits groupes, de 4-5, et donc c'est quelque chose de collectif. Il n'y a jamais quelqu'un qui improvise tout seul au centre d'un cercle. Moi je proscris ça complètement parce que je trouve que c'est pas thérapeutique en plus. Pour plein de raisons. D'abord parce que ça rend assez narcissiques, à ceux qui font leur vedette. Et puis parce que ça suscite aussi du jugement de la part du cercle autour. Même si les profs en général disent « vas-y, y'al pas de jugement » , mais bon, ça n'existe pas, donc j'aime pas ça. Tandis que quand c'est un petit groupe, vraiment on s'aperçoit que les gens, quand ils peuvent coopérer, ils font des merveilles. Donc il n'y a pas de vedettes, ça aussi ça rend humble. On ne favorise pas du tout ceux qui savent mieux faire. Non, ce n'est pas l'esprit.

  • Speaker #0

    On se demande comment ça se fait, et en même temps, dans certains pays, c'est ce qu'ils font, c'est de prescrire des moments de danse, de prescrire des moments de musée. C'est ça qu'il faudrait qu'on fasse, non ?

  • Speaker #1

    Ça serait bien, oui, que ce soit des prescriptions. Moi, je ne demanderais que ça, que les médecins prescrivent ça.

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va y arriver à un moment donné.

  • Speaker #1

    Je l'espère. Moi, je ne suis pas quelqu'un qui fait des démarches, je ne suis pas douée pour ça. Mais c'est sûr que ça mériterait d'être étiqueté d'utilité publique, par exemple.

  • Speaker #0

    Et remboursé par la Sécurité sociale.

  • Speaker #1

    Et remboursé par la Sécurité sociale, et enseigné dans les écoles. Alors là, quand même, j'ai plusieurs professeurs dans les formations qui arrivent à enseigner ça à leurs élèves. Il y a des chefs d'établissement qui encouragent ça. Ça reste infime.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça commence à infuser.

  • Speaker #1

    Par rapport aux besoins. Ben oui, je l'espère. C'est quoi ? J'espère à la fois par la Commission européenne, par la base, par les professeurs ou les instituts qui font ça avec leurs élèves.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez une espérance, un projet qui vous tient à cœur maintenant que vous avez mis en place cette méthode, que vous avez touché quand même beaucoup de gens ? que vous avez écrit des bouquins. Est-ce qu'il y a une prochaine étape ? Qu'est-ce que vous espérez maintenant ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est vraiment par étape, mais ce que j'espère, c'est une reconnaissance de cette technique. Moi, j'ai toujours été suivie par le public. J'ai toujours eu du monde dans mes groupes, alors qu'on ne fait pas de pub. C'est peut-être hypocrite de dire ça, parce que bien sûr, les bouquins, c'est une pub. Il y a tellement de choses sur le marché que les gens se disent, quand même, s'il y a des bouquins derrière et qu'elle enseignait à la fac. C'est quand même un peu une garantie. Donc c'est un peu de la pub quand même. Mais on ne fait pas de pub commerciale. Et pourtant il y a toujours eu beaucoup de monde. Mais c'est plus les autorités qui sont difficiles à convaincre. J'ai eu des problèmes avec une grande chorégraphe très connue en France qui m'avait invitée. Et ses danseurs n'ont rien compris, ils n'ont pas apprécié du tout. Alors elle avait invité en même temps tout un groupe d'infirmiers psychiatriques. Vous pouvez deviner ce qui s'est passé. Donc les danseurs devant, « Mais c'est quoi ce truc tribal ? » Et derrière, les infirmiers psychiatriques qui s'éclataient comme des bêtes. Et voilà. De toute façon, c'est les élites, enfin les élites entre guillemets, qui ont réprimé les danses populaires.

  • Speaker #0

    Donc on en est encore là ?

  • Speaker #1

    Je trouve qu'on en est encore là, même dans le monde de la danse. Alors le hip-hop a fait beaucoup quand même pour revaloriser. Ces rythmes archaïques, primitifs, cette pédagogie mimétique, parce qu'il y a eu toute la question de la vague, vous savez, les hip-hoppers, quand ils font la vague, là, avec le bras, moi je sais pas la faire, mais... La danse contemporaine, sa pédagogie, c'est plutôt de sentir la vague en soi, et eux, non, ils sont devant le miroir, et ils travaillent, voilà, phalange par phalange, et ils insistent pour maintenir cette pédagogie-là, qui était vomi. au niveau du ministère de la danse.

  • Speaker #0

    Mais on veut aussi, de la même manière, que le monde de l'électro ait aussi un peu...

  • Speaker #1

    Bien sûr, réprimé. Réprimé ? Bien sûr. Et la drogue, c'est un bon prétexte pour réprimer.

  • Speaker #0

    Donc qu'est-ce qu'on fait alors ?

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on fait ? On continue déjà. Et puis, je vois que quand même, ça fait comme des ronds dans l'eau. J'ai certains de mes élèves quand même qui se... Voilà, ça se diffuse quand même.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi rester optimiste, vous croyez ?

  • Speaker #1

    Ah ben, je l'espère ! Il n'y a pas beaucoup de choses qui m'indoptimisent actuellement, parce que franchement, quand on voit l'état du monde, mais la danse, ça va du côté de la vie.

  • Speaker #0

    Et vous disiez du coup qu'en état de crise, on a encore plus besoin finalement ?

  • Speaker #1

    On n'en a jamais eu autant besoin que dans les périodes de crise. Et là on est dans une période de crise, mais profonde. On n'a jamais tendancé que pendant les guerres, ou juste après la guerre de 39-45, dans les caves de Saint-Germain, tout ça, les gens étaient tellement, ils avaient tellement frôlé de près la mort, qu'il y a une exubérance de vie.

  • Speaker #0

    Et là on en a besoin.

  • Speaker #1

    Là on en a besoin. Vraiment.

  • Speaker #0

    Sinon, on va au festival Burning Man l'année prochaine.

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si j'y aimerais tout. Parce que c'est quand même très américain. Oui, c'est vrai. Et moi, j'ai un peu de mal avec eux.

  • Speaker #0

    En tout cas, il existe aussi des festivals.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il existe quand même des bulles où c'est autorisé, où la danse est sacralisée.

  • Speaker #1

    Sacralisée ?

  • Speaker #0

    Sacrée.

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr. Ah oui. Oui, et puis même dans un cours comme ça tout public, il y a des gens pour qui c'est sacré, des gens pour qui ça l'est moins. Le grand génie de la danse, c'est que c'est pour tout le monde. Chacun avec ses motivations, chacun avec ses pathologies, et ça fait du bien à tout le monde.

  • Speaker #0

    En plus, comme tout le monde est danseur, il n'y a pas de frustration.

  • Speaker #1

    Tout le monde est danseur en fait. Et il n'y a pas besoin d'apprendre. Quand j'étais à Cuba, et que j'aurais... Il dit qu'il y avait en France des cours de salsa, mais ils se roulaient par terre de rire. C'est quoi, mais des cours ? C'est quelque chose qu'on regarde, qu'on regarde et après qu'on fait.

  • Speaker #0

    Un mimétisme, oui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est pas parfait, mais...

  • Speaker #0

    Et puis, on voit quand même, vous avez, vous, votre méthode, mais il y a aussi d'autres méthodes quand même qu'on voit aussi éclore. Je veux dire, la danse des centritmes... Les danses extatiques, etc. Donc quand même, on sent qu'il y a...

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose autour de la pulsation qui s'est vraiment réveillée au début du XXe siècle, quand sont arrivées les danses afro-américaines.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, justement, là il y a aussi un autre mouvement qu'on sent, qui est l'afrobite.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça aussi, c'est quelque chose qui finalement s'inscrit pour le coup dans la danse du mouvement, de la pulsation.

  • Speaker #1

    Oui, la danse du cœur.

  • Speaker #0

    Donc on y est toujours.

  • Speaker #1

    Ça nous est revenu par le détour de l'autre. On avait ça dans notre mémoire aussi, ça c'est sûr. Même si ça a été progressivement étouffé, la pulsation a fadé. Pour avoir cette appétence au rythme, ça veut bien dire que c'est inscrit quelque part.

  • Speaker #0

    Nous voilà arrivés à la fin de cet épisode. J'espère que cette immersion dans l'univers de la danse thérapie... La thérapie vous a inspiré et vous a offert un nouvel éclairage sur le pouvoir du mouvement. Un grand merci à France Schott-Bilmann pour son partage et ses récits incroyables. La semaine prochaine, nous irons explorer sur le terrain comment l'une de ses élèves utilise la méthode de danse-thérapie. Nous partirons ensemble pour un reportage exclusif avec Svetlana Panova auprès de personnes atteintes de la maladie de Parkinson à l'hôpital Salpêtrière. et vous verrez, les résultats sont fascinants. Alors je vous dis à la semaine prochaine. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode et de laisser un avis 5 étoiles. Prenez soin de vous et à dimanche prochain. J'ai hâte de vous retrouver.

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