- Speaker #0
Let's Talk, un podcast par les étudiants, pour les étudiants. Très tôt à l'école, on nous pousse à choisir notre voie, en nous persuadant que ce choix sera gravé dans le marbre. Mais soyons honnêtes, nous nous sommes tous déjà demandé si nous étions vraiment à notre place. Changer d'orientation peut sembler effrayant, pourtant c'est le premier pas vers un parcours plus aligné avec qui on est vraiment. On estime que 20% des étudiants en première année se réorientent, et c'est notamment le cas de Manon et Thibaut, qui sont nos invités pour le podcast. Est-ce que vous pouvez vous présenter,
- Speaker #1
s'il vous plaît ?
- Speaker #2
Je commence à me présenter ? D'accord. Donc moi, oui, je m'appelle Thibaut, comme ça peut le dire. Du coup, je suis en première année de bachelor comme vous, du coup. Je fais partie de l'atelier. Après, pour ce qui est de mon parcours assez atypique... j'avais pu passer mon premier semestre du coup de l'année dernière à Paris donc j'ai pu goûter à l'indépendance un peu donc rien à voir en littérature anglaise ça m'a pas plu du coup, je savais pas trop quoi faire et du coup c'est aussi pour ça que j'avais fait ça et j'ai pu me réorienter pour le deuxième semestre du coup en LEA, à Orléans cette fois-ci je suis revenu au pays, si on peut le dire parce que du coup tu viens d'Orléans ouais exactement et la vie parisienne, enfin la vie Ça a été un ensemble de choses, c'était les études là-bas et ça a été aussi la vie parisienne, c'est particulier, j'ai pas trop aimé. Et du coup je suis revenu pour le deuxième semestre à Orléans et le A et ça m'a pas plu non plus. Je me suis réorienté deux fois en un an. Et toi Manon ?
- Speaker #1
Alors moi c'est Manon, j'ai 19 ans. Après mon bac STMG, j'ai décidé de me mettre en GUEA à Poitiers. où j'ai effectué mon premier semestre. Et ensuite, je me suis très vite rendue compte que dès les premiers mois, ça ne me convenait pas du tout. Malgré qu'il y ait un énorme lien entre la STMG et la GEA, il y avait quand même beaucoup de matières qui ne me plaisaient pas, que je n'avais pas... Enfin, je les avais au lycée, mais de manière moins conséquente. Et donc, du coup, je me suis remise sur Parcoursup et après, je suis aussi rentrée à la maison. Mais en vrai, je garde quand même un bon souvenir parce que j'ai pu goûter à la... indépendance comme toi. Et c'était vraiment cool d'avoir mon petit appart, de partir de chez mes parents. Puis j'étais en plein centre-ville, donc c'était vraiment cool.
- Speaker #0
Du coup, comment... Quels ont été vos premiers doutes l'année dernière ? Quels sont vos premiers... vos premiers moments où vous vous êtes dit « Ah, là c'est bizarre, peut-être que je suis vraiment pas au bon endroit. »
- Speaker #1
Pour ma part, en STMG, je faisais beaucoup de communication et je sais que c'était ce que je voulais faire, le commerce et tout ça. Et en fait, quand je suis arrivée en GEA, je me suis rendue compte qu'en fait, tout ce qui touchait la communication, c'était à partir de la deuxième année. Et que la première année, on avait énormément de matières comme la comptabilité, la finance et tout ça. Et en fait, c'était vraiment 80% de mon emploi du temps, on va dire. Et en fait, de passer mes journées dans les chiffres alors que ce n'était pas vraiment mon dada, ça m'a vraiment remise en question. Parce qu'en fait, je n'étais pas nulle en chiffres ni nulle en compta. C'est juste que je me rendais compte qu'en fait j'aimais pas ce que je faisais et qu'au final je perdais toute motivation et tout attrait en fait pour l'école alors que j'ai toujours été hyper studieuse. Donc c'est là que je me suis dit, oula, y'a un petit problème.
- Speaker #2
Et toi Thibaut ? Bah pour ma part c'est que du coup j'étais en général ici à Orléans et je faisais partie de ces jeunes, comme on peut dire, qui étaient perdus parce que je savais pas quoi faire. Et mon choix s'est dirigé du coup vers la langue anglaise parce que j'étais bon en anglais, c'est quelque chose que j'étais bien. qui mieux que j'aimais bien. Et du coup, ça a été mon choix par défaut. Parce que je me suis dit, quitte à faire quelque chose, autant le faire dans quelque chose où je suis bon. Donc c'était par défaut. Ça s'est avéré, du coup, ça ne m'a pas plu du tout. Et ce qui m'a fait dire ça, c'est que, comme j'ai pu le dire, c'était par défaut, je ne savais pas quoi faire. Et en fait, je me suis rendu compte de ce que je voulais faire au fur et à mesure dans ma vie personnelle, si on peut dire. Donc ouais c'était vraiment Ce qui a fait que j'ai eu des doutes C'est vraiment que j'ai fait le choix par défaut Et que j'étais Complètement perdu si on peut le dire
- Speaker #0
Et à ce moment là vous vous êtes senti un peu coupable ?
- Speaker #2
A quel moment ?
- Speaker #0
Quand vous vous êtes rendu compte Qu'en fait vous étiez pas au bon endroit Et que vous avez perdu Enfin vous étiez en train de perdre un peu une année
- Speaker #2
Coupable je sais pas Je ne sais pas si on peut dire coupable, mais on sent quand même un peu de culpabilité. Au début, j'ai senti un peu de honte. De honte de se rendre compte que tu faisais ça un peu pour rien. et que tu vas devoir tout recommencer à zéro. Donc c'est un peu de honte et de la culpabilité. Je ne saurais pas... Comment tu as pu sentir ça, toi ?
- Speaker #1
En vrai, moi, je ne dirais pas de la culpabilité. Oula, de la culpabilité, pardon. En fait, vu que j'ai toujours été très franche et très sûre dans mes actions, le fait de me dire que j'avais fait le mauvais choix, je me suis dit, en soi, en fait, c'est... Au départ, j'ai ressenti un peu de la honte comme toi parce que j'ai toujours été très sûre de ce que je fais et tout ça. Et en fait, c'est surtout la vie extérieure de mes proches qui m'ont fait me rendre compte que ce n'était pas de la culpabilité ni quoi que ce soit qu'il fallait avoir. C'était juste normal et ça arrivait à tout le monde parce que le fait de devoir faire un choix derrière une plateforme aussitôt, alors qu'il y a des gens encore actuellement à 25 ans, ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire de leur vie. Nous, on est là à 17 ans, on n'est même pas forcément encore tous majeurs. On arrive sur Parcoursup, on ne connaît absolument pas la plateforme, on doit faire un choix en ligne. Pour ceux qui ont la chance, ils ont pu aller visiter les établissements, mais tout le monde n'a pas pu faire 500 bornes avec ses parents pour aller voir une fac ou une école. Et donc de faire justement un choix comme ça un peu par dépit, parce que justement, moi c'est un peu ce que j'ai fait, vu que j'ai fait STMG, au départ mon professeur principal m'avait dit « fais une classe prépa » . Je savais très bien que ce n'était pas le choix du tout à faire parce que la classe prépa, enfin moi j'ai des amis qui sont en classe prépa, c'est l'enfer parce que c'est très dur. Donc j'ai un peu fait un choix par section du style GEA parce que c'est vraiment la continuité de STMG ou TC, technique de communication il me semble.
- Speaker #0
Commercialisation je crois.
- Speaker #1
Ouais, technique de commercialisation. Donc j'hésitais vraiment entre les deux et en fait justement quand on m'a... parlé un peu, quand j'ai été visitée, on m'a parlé de la différence entre technique de commercialisation et GEA. En technique de co, on nous avait dit que c'était vraiment la filière où tout le monde allait pour faire du Canva toute la journée. C'est clairement ce qui ressort de technique de commercialisation. Et GEA, justement, il y avait cet aspect chiffre et un peu généraliste. Et du coup, c'est pour ça que j'ai fait ce choix, en fait. Sauf que moi, je voulais absolument faire quelque chose dans la communication et je me suis dit c'est pas grave, au pire, j'ai la première année. Pour me mettre en forme, voir un peu ce qu'il y a et tout ça. Et au final, au bout de trois mois, je me suis dit, mais où est-ce que je suis, quoi ?
- Speaker #0
Et est-ce que vos parents vous ont soutenu un peu dans cette décision ?
- Speaker #1
Honnêtement, au départ, quand j'ai su que je voulais me réorienter, je n'en ai pas tout de suite parlé à mes parents. Je me suis un peu cachée derrière le rideau. J'en ai parlé tout d'abord à ma sœur, parce qu'en fait, elle a fait beaucoup d'études et elle sait un peu comment ça se passe. Et elle s'était déjà réorientée, puisqu'elle avait fait une classe prépa au tout départ. Et au final, en fait, quand j'en ai parlé, j'ai dit, mais papa, il va avoir honte de moi et tout ça, parce que je vais le décevoir. Je n'ai jamais échoué à l'école et tout ça. Elle m'a dit, mais de toute façon, ton père, c'est ton père. Il ne va pas te juger, il va te soutenir. Je ne vois pas pourquoi il te mettrait à la porte de la maison. Parce que moi, je me suis dit, je vais arrêter mes études, je vais finir à la porte de la maison. Et en fait, quand j'en ai parlé à mon père, honnêtement, il l'a super bien pris. parce que justement il voyait que j'avais fait des recherches, c'était pas une décision prise à la va-vite, il avait vu que je savais ce que je voulais faire et en fait le signe qu'il m'a fait c'est que le jour où j'ai dit que je voulais me réorienter, il avait la brochure de l'ISC dans la boîte aux lettres, il m'a dit tiens j'ai commencé à me renseigner parce qu'en fait pour avoir la brochure de l'ISC il faut la commander et du coup il m'a dit non mais je savais, ça se voyait, tu rentrais tous les week-ends à la maison alors que de base tu revenais jamais, il m'a dit je suis pas bête quoi. Donc voilà, au final, il l'a très bien pris. Il m'a dit que si jamais je réussissais mon concours d'entrée ici, il me financerait mon année. Et c'est ce qui s'est passé. Il a passé mon concours, je l'ai adoré. Et au final, je suis revenue à la maison. Pas sur le paillasson. Et tout se passe super bien.
- Speaker #2
D'accord. Moi, c'était un peu le même principe aussi, si on peut dire. J'ai eu du mal à lire au début à mes parents. J'ai eu gardé pour ça au début, pour moi. Puis au fur et à mesure, c'est aussi un peu le même processus, mes parents se sont rendu compte que j'allais pas bien. Ça s'est vu sur le mental comme sur le physique. Quand on prend 20 kilos en 6 mois, c'est pas recommandé. Donc ça s'est vu tant mentalement que physiquement. Donc au début, je l'ai pas dit, c'est eux qui m'ont ramené ça sur le sujet. Ils m'ont demandé si ça me plaisait, si la vie me plaisait, si l'école me plaisait. Et c'est à ce moment-là où j'ai craqué, comme on pourrait dire, où j'ai dit tout ce que j'avais sur le cœur. J'ai dit que du coup non, je ne me plaisais pas du tout, que la vie étudiante, la vie en général ne me plaisait pas du tout, que ça m'arrangerait de rentrer. Alors si j'ai eu du mal au début, c'est aussi sur le fait que l'école était payante. Le logement était payant et Paris c'est pas donné donc je me sentais mal de l'avoir fait payer tout ça pour rien un peu. Après avec du recul tu te rends compte que vaut mieux le dire dès le début plutôt que de gâcher toute une licence trois ans dans quelque chose qui me plaît pas autant le dire dès le début et par rapport à ça du coup j'ai eu de la chance sur le fait que mes parents ont été très compréhensibles Ils ont été très compréhensibles par rapport à ça, parce que ça a été un peu le cas de ma mère, pas par rapport à ses études, mais par rapport au milieu professionnel. Elle a fait un gros virement. Et ça, j'ai eu de la chance quand même. Mes parents ont beaucoup été compréhensibles et ils n'ont pas eu du tout de problème à ce que je revienne à la maison.
- Speaker #0
Et comment tu expliques que tu as pris 20 kilos en vivant là-bas ?
- Speaker #2
Personnellement, c'est parce que l'indépendance. Tu es tout seul. Avant, je mangeais tous les plats que mes meurtres me faisaient. Je me retrouve tout seul à faire mes plats. Je t'avouerais que je n'étais pas un grand cuisinier. C'était des pâtes tous les jours. C'est aussi un grand problème en tant qu'étudiant. Il faut faire de la prévention.
- Speaker #0
Par rapport à la précarité ? Ou par rapport à comment s'alimenter ?
- Speaker #2
Les deux, oui. Par rapport aux deux. Moi, c'était plus par rapport à comment m'alimenter, personnellement. Et du coup, vu que je ne me sentais pas bien, et que je ne me sentais pas bien, je mangeais, tout simplement.
- Speaker #0
Compenser un peu.
- Speaker #2
Pourtant, je ne suis pas un gros mangeur. Donc, c'est par rapport à ça que ça a pu se voir, notamment.
- Speaker #0
Et toi, Manon, est-ce que tu as eu des signaux un peu corporels et physiques ?
- Speaker #1
Un petit peu. Contrairement à toi, moi, j'ai arrêté de manger. Peut-être que toi, tu mangeais tes émotions, mais moi, pas du tout. En fait, pourtant, je faisais des courses, j'avais ce qu'il fallait dans mon frigo et tout ça. Mais en fait, j'ai l'impression d'avoir mon corps et mon esprit au-dessus. C'est-à-dire que je vivais, mais je n'étais pas là. C'est-à-dire que je ne mangeais plus, je dormais tout le temps, je ne sortais plus, je ne faisais plus rien. C'est un peu ça aussi qui m'a envoyé des gros signes. C'est que j'ai toujours été très studieuse, comme je le disais auparavant. Et en fait, j'en venais à sécher tous mes CM. En fait, je n'allais plus du tout en cours. Je n'allais que au TD, parce que c'est là où on faisait l'appel. Donc, je n'allais plus en cours. Mes amis m'envoyaient des messages pour me dire, tu n'es pas venue au cours et tout ça. Et j'étais en mode, non, non. Et en fait, l'appel de phare que m'a fait ma prof de comptabilité, c'est parce que j'avais commencé un peu à en parler très vaguement avec elle, parce que c'était notre référente. J'y avais dit que je pensais me réorienter parce que j'avais pas de très bonne note et que je savais que ça me plaisait pas d'être là. Et en fait, on a eu un partiel de psycho où j'ai eu, je crois, une très bonne note, je sais plus exactement, mais une des meilleures notes de la promo. Et en fait, devant toute la classe, elle a dit à tout le monde, oui, vous voyez, Manon, elle a pour projet de se réorienter, donc elle va nous quitter. Mais elle a quand même une très bonne note en psycho, comme le quoi. Je sais plus comment elle avait fini sa phrase, mais ça m'avait vraiment marquée. Parce que du coup, à la planche, tu es venue me poser des questions par rapport à ça, en me disant « Ah oui, tu es sûre que tu veux partir et tout ? Tu ne veux pas continuer ? » Je suis en mode « Bah non, je ne suis pas bien ici, donc je ne vais pas rester ici, sachant que j'ai une porte de sortie, Parcoursup, ça vient de réouvrir, je cherche des solutions, je ne vais pas rester là. » Et en fait, il y a beaucoup de gens qui m'ont dit « En soi, tu as bien raison de faire ça, parce que si tu restes ici et que ça ne te plaît pas, tu vas juste gâcher ta vie. Tu vas juste perdre trois ans de ta vie et après ta licence, tu vas faire quoi ? » parce que si ça se trouve tu vas même pas la valider c'est ça,
- Speaker #0
c'est exactement ça le problème et vous avez réussi à prendre le côté positif de cette expérience ?
- Speaker #2
oui bien sûr parce que comme j'ai pu le dire au début c'était un peu une honte personnellement mais au fur et à mesure, des mois, des semaines tu te rends compte quand même que tu peux en tirer que du positif il faut voir le positif, de toute façon je me suis dit C'est vraiment cette épreuve, à partir de cette épreuve-là, de ce moment-là, où je me suis dit, il vaut mieux être optimiste que pessimiste, voir le bon côté des choses. Donc même si c'était quelque chose, pas de mal, mais quelque chose quand même, j'en ai retiré du bon, je me suis dit que j'ai pu devenir plus mature, j'ai pu goûter à l'indépendance, voir ce que c'était de vivre tout seul. Après j'ai aussi pu découvrir du coup mes études, j'ai pu personnellement, j'ai pu enrichir mon anglais quand même un peu. Donc j'ai retiré quelque chose quand même de cette expérience. Et puis oui, comme j'ai pu le dire, c'est vraiment à partir de là où j'essaie d'être plus optimiste et de voir le bon côté des choses dans la vie.
- Speaker #1
Pour ma part aussi, j'en garde de très bons souvenirs même, parce que quand je suis arrivée, je me souviens que tout était différent, les visages, les rues, mais j'ai quand même fait des rencontres exceptionnelles qui m'ont vraiment soutenue. Encore aujourd'hui, je suis en contact avec eux, et ils savent très bien que je me suis orientée, que c'était vraiment la meilleure expérience de ma vie, parce qu'honnêtement, j'ai aussi goûté à l'indépendance comme toi, donc vivre toute seule, avoir mon petit endroit, ma petite maison. J'ai vraiment... enrichi tout ce que j'avais appris en STMG parce que j'ai quand même fait tous les TD et tout ça. Donc j'ai quand même suivi et gardé un certain cadre. Et après, en fait, ce qui m'a surtout grandi, c'est le fait de me rendre compte qu'il ne faut pas avoir peur d'être différent et que c'est super important de faire les choix qu'on doit faire parce qu'en fait, la vie est faite que de choix et que des fois, se remettre en question et faire. enfin remplacer un choix par un autre, on se rend compte que ça nous apporte énormément, plutôt que de rester par principe. Parce que ce fond dans le moule, on l'a fait de la primaire jusqu'au lycée, mais je ne vois pas pourquoi on devrait le faire aussi en études sub, sachant que justement, c'est des gens différents qui cherchent. Donc il ne faut pas rester dans un moule si on a la possibilité de changer pour être ce qu'on est.
- Speaker #0
Et la vie seule chez vous ? C'est loin de votre famille, vous l'avez vécu comment ?
- Speaker #2
Moi, sur le moment, c'était le rêve. Tout ce que j'attendais, c'était partir. Après, vraiment sur le moment même, c'était le rêve. Parce que c'est vraiment tout ce que j'attendais. Partir un peu de la famille, vivre sa vie de ce côté, pouvoir faire ce qu'on voulait en fait. Le week-end, faire ce que je voulais. Parce que personnellement, moi, par exemple, le week-end, quand je suis chez mes parents, je dois aider mon père à travailler, à l'extérieur ou même à l'intérieur des travaux. Donc là... J'ai le choix sur ma vie, je fais ce que je veux. Donc c'était quand même, j'attendais que ça. Mais du coup après moi personnellement, le fait d'habiter à Paris et de ne pas du tout aimer la vie là-bas, j'avais aussi envie de rentrer vers ma famille, vers quelque chose que je connaissais, quelque chose dont j'avais toujours eu l'habitude. Et je pense surtout que ça dépend d'une personne à une autre, ça dépend des profils. Encore aujourd'hui, je ne sais pas encore si, par exemple, ma troisième année, je sais que je resterai chez mes parents. Je n'aurai pas besoin de prendre un appart à moi tout seul. Je pars du principe que quand on part de chez soi, même s'il y a l'envie ou quoi que ce soit comme moi au début, on part de chez soi quand on est totalement prêt.
- Speaker #0
Il n'y a pas de règles.
- Speaker #2
Exactement. Après, je sais que ça peut être différent. Moi-même, dans mon entourage, je connais des gens qui ont été malheureusement virés de chez eux. Ça dépend du cercle familial, ça dépend de la situation. Mais dans ma situation personnellement, je pense qu'il faut partir quand on se sent totalement prêt. Donc tout dépend d'un chacun.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui ne t'a pas plu dans la vie parisienne ?
- Speaker #2
C'est sacrément différent dans le sens où tu passes d'une... Orléans, c'est quand même une grande ville. mais c'est rien comparé à Paris Paris c'est énorme je sais pas comment de faux en l'air je sais pas comment dire de bêtises mais la vie là-bas est totalement différente les transports au commun je prenais le métro tous les matins t'es compacté je sais pas, je saurais pas te dire c'est un peu anxiogène franchement faut se dire les parisiens sont sacrément aigris c'est pas des bêtes non non ils sont sacrément aigris très bien partout, même la scolarité à l'école, quand je leur ai demandé de me réorienter, si je pouvais avoir le document, j'avais l'impression de les faire chier. Donc, je ne saurais pas poser les mots exacts sur ça, juste pour résumer que c'est très particulier, que par rapport à moi, j'habite Saint-Denis-en-Val, ma petite campagne, on va dire, même si ce n'est pas trop la campagne, mais un peu quand même, c'était un gros changement.
- Speaker #0
Ce n'était pas plus du coup.
- Speaker #2
Sur le moment, je pensais que oui, mais je me rends compte que non. Et du coup, je pense aujourd'hui que je n'habiterai jamais à Paris. Après, on ne sait jamais de quoi est réservée la vie. Mais pour l'instant, je me dis que les villes moyennes comme Orléans, ça me doit.
- Speaker #0
Et toi, ta vie a poitier du coup, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça. Pour ma part, honnêtement, quand je suis partie de chez mes parents, j'étais aussi toute euphorique. J'étais trop contente d'avoir mon premier appartement. J'avais l'impression d'être une adulte, mais une vraie adulte. Et l'aspect décorer son appartement, acter sa petite vaisselle et tout ça, c'est trop cool. Mais en fait, à partir du moment où je savais que je voulais partir, j'avais le choix entre soit trouver quelque chose sur Poitiers, donc une autre école, ou sinon rentrer directement chez mes parents. Et en fait, je ne trouvais pas grand-chose sur Poitiers, puisque ce n'est pas non plus gigantesque. Il n'y a pas beaucoup d'options à Poitiers. C'est soit la fac, donc fac de droit, soit GEA. Et après, en fait, c'était souvent La Rochelle. Enfin, c'était aux alentours, quoi. Donc du coup, je me suis dit, en soi, si je rentrais à la maison, j'aurais plus de possibilités entre Orléans et soit Paris, soit ce qu'il y a autour. Et en fait, quand je suis rentrée chez moi, en fait, quand je rentrais chez moi tous les week-ends, Je me rendais compte de la différence entre la taille de ma maison et mon appartement. J'avais l'impression que ma maison était gigantesque, alors qu'en soi, j'y avais toujours vécu. Et je ne m'en rendais pas compte parce que j'ai quand même une très grande chambre. J'ai une salle de bain dans ma chambre. Et donc, je me suis rendue compte du confort de vie que j'avais. Alors qu'en soi, mon appartement, il était vraiment top. Il était en plein centre. J'avais un 25 mètres carrés pour moi toute seule. Hyper lumineux, dans une cour très calme. Et en fait, quand je suis rentrée, j'ai retrouvé mon confort de vie. Et en soi, ça m'a fait quand même un petit choc parce que je m'étais bien habituée à vivre toute seule. Et le fait de revivre en famille, de reprendre des repas en famille, de respecter les règles, de descendre le linge et tout ça. Alors que quand t'es adulte, tu vis chez toi, tu fais ta machine quand tu veux. Si tu manges à 22h, tu manges à 22h. Et en fait, au final, je me suis bien réhabituée. Mais actuellement, je me repose encore la question de si je ne repartirais pas de mes chéches et mes parents. Si je peux, en vrai je pense que je le ferai parce que j'étais trop... Je suis un loup solitaire donc j'adore vivre seule. Et je pense que si j'étais amenée à le faire, je le referais. Même si c'est sur Orléans et que mes parents habitent à côté, ça m'empêche pas d'aller partager un repas avec eux.
- Speaker #2
Pour revenir sur ça, c'est vrai que j'ai repensé par rapport à ce que tu as dit. Mais moi aussi, ça m'est revenu. Quand je revenais chez moi le week-end en étant à Paris, je n'avais pas du tout l'impression d'être chez moi. Sur le contraste, moi je n'étais pas à plein non plus à Paris, j'avais Paris à 20 mètres carrés, mais par rapport à ma maison, psychologiquement je me disais que je n'étais pas chez moi.
- Speaker #0
Quand tu étais à Orléans ?
- Speaker #2
Quand j'étais à Orléans,
- Speaker #0
oui. Pourtant, est-ce que tu vivais dans ta maison d'enfance ?
- Speaker #2
Oui, j'ai déménagé il y a 9 ans.
- Speaker #0
Mais oui, mais tu as quand même tes habitudes, tes repères. Oui,
- Speaker #2
mais oui, c'est là où psychologiquement je me suis dit qu'à partir du moment où quand je rentre, parce que je passais tout mon quotidien à Paris, et quand je rentre et que je ne me sens pas chez moi, psychologiquement je me suis dit il y a un problème donc ouais c'est vrai que sur le moment ça m'a fait penser à quand on a parlé c'est là où je me suis rendu compte qu'il y avait quand même un problème par rapport à ça et
- Speaker #0
est-ce que vous trouvez qu'il y a un problème d'accompagnement au lycée sur Ausha, nos voeux par cours sup ?
- Speaker #2
oui, je pense que... personnellement dans mon lycée, j'étais au lycée Saint-Charles à Orléans, je sais pas si les gens connaissent j'ai eu quand même un bon accompagnement, c'est un lycée privé donc je pense que j'étais beaucoup favorisé quand même, quand tu es dans du privé plutôt que le public je connais pas mais personnellement j'ai été beaucoup accompagné quand même mais ça reste ça reste très peu quand même parce que quand je regarde cette année par exemple ma soeur qui elle est dans le public l'accompagnement est quand même minime. Par rapport à Parcoursup, elle doit se démerder toute seule, les profs ne l'accompagnent pas du tout. Je pense que c'est un vrai problème aujourd'hui.
- Speaker #1
Pour ma part, contrairement à toi, j'étais dans le public, comme ça il y a les deux exemples. Moi j'étais à Charles Péguy, c'est un lycée qui est assez connu à Orléans. En vrai, j'avais quand même de la chance d'avoir un prof principal qui était assez investi et proche de ses élèves. Ce qui n'est pas le cas de tous les professeurs dans le public. Parce que je sais qu'il y a vraiment une différence entre le public et le privé. C'est un peu aussi pour ça qu'aujourd'hui, pour mes études, je suis dans le privé. Parce que j'ai fait les deux aussi, vu que je suis allée à la fac. Et on revient très vite dans le privé, même si on est issu du public avant. Je suis d'accord pour Parcoursup, dans le public, on n'est pas vraiment aidé. On doit tout faire par nous-mêmes. Après, moi, j'ai eu la chance d'avoir mon papa qui était assez présent à cette époque. qui justement m'a permis de pouvoir aller à des journées portes ouvertes, faire des salons. On a même été visiter quelques facs, on a été jusqu'à Angoulême, on a été visiter à Poitiers, on a fait beaucoup de déplacements par nous-mêmes pour justement voir. Et je me dis que même en ayant eu cet accompagnement, j'ai pu me tromper. Donc je ne sais pas ce qui pourrait être fait. Je pense qu'il y a des choses à faire parce qu'il y a toujours des solutions. Mais je pense que c'est certes aux parents d'accompagner leurs enfants, mais je pense qu'au niveau pédagogique, il devrait y avoir quand même beaucoup plus d'aides et de choses mises en place. Même s'ils doivent réinstaurer la vie de classe, par exemple, comme ce qu'on avait au collège. L'histoire d'aider les gens qui en ont besoin. Enfin, pas mettre une heure imposée à tout le monde, mais ceux qui en ont vraiment envie et besoin. Qu'ils puissent avoir ce créneau, justement, où il y a des gens qui les aident. Ou justement, aller faire des salons avec leurs élèves. Ou plein de choses, il y a plein de choses à faire. des professionnels qui peuvent se déplacer, qui peuvent partager leurs expériences. Parce qu'au lycée, on a quand même des amphithéâtres, il y a quand même plein de créneaux, plein de choses qu'on peut faire pour justement aider les gens. Parce que même s'il n'y a que 20% de l'amphi qui écoute, au moins il y aura 20% des gens qui auront envie de s'en sortir et de savoir ce qu'ils veulent faire, qui auront cette aide mise en place.
- Speaker #0
Et là, est-ce qu'à la rentrée, vous avez eu un peu des craintes et des doutes que ça se reproduise ? Ou pas du tout, vous étiez sûre de votre choix ?
- Speaker #2
En fait, personnellement, je me suis dit que c'était la dernière fois. Je m'étais fait la promesse, en sachant que j'ai changé deux fois d'orientation en une année, je m'étais fait la promesse qu'à la rentrée septembre, j'ai charbonné tout l'été pour vraiment me poser et trouver ce que je voulais vraiment faire. Et donc je me dis, si je suis venu ici, je suis venu ici en me disant que si je viens ici, je finis jusqu'au bout, je ne rechangerai pas. C'est ce que je me suis dit personnellement, c'est un objectif que je me suis mis. De se dire comme ça que oui c'est quelque chose que j'irai jusqu'au bout, que ce soit le bachelor ou le master. Et donc personnellement moi non, ça n'a pas été une crainte du coup parce que je me suis posé, c'est ce que je recommande de faire. Se poser soi-même, réfléchir soi-même à ce qu'on veut vraiment faire, à ce qu'on aime faire. Parce que c'est ça un travail, on va travailler jusqu'à nos 60-70 ans donc il vaut mieux faire quelque chose qu'on aime. Et c'est là où je me suis posé sur un ou deux mois et je me suis vraiment dit, ok Thibaut, qu'est-ce que tu veux faire dans la vie ? Qu'est-ce que tu aimes bien faire ? Et donc c'est pour ça que personnellement, du coup, je n'ai pas vraiment eu de crainte par rapport à ça parce que c'est quelque chose dont je sais que j'irai au bout.
- Speaker #1
Pour ma part, c'était un peu une évidence parce que j'en ai beaucoup parlé avec mon papa, donc il savait ce que je voulais faire, que je voulais absolument aller dans le commerce. Et en fait, quand je suis venue ici... On m'a parlé du parcours cavalier qui venait d'arriver. Et en fait, le cheval, c'est quelque chose qui me suit depuis très longtemps. Et quand j'étais à Poitiers, je n'avais plus du tout le temps de monter à cheval. Et je pense que c'est ça aussi qui m'a vraiment un peu brisé le cœur et qui m'a freinée dans mes projets. Et depuis que je suis arrivée ici, j'ai rejoint le parcours cavalier. Et ça me permet d'avoir un peu de temps aménagé entre études et passions. Donc je peux lier les deux. Ce qui fait que j'ai trouvé un équilibre. Et honnêtement, depuis que je suis ici, j'ai aucun doute. Je ne me suis jamais sentie comme je me suis sentie à la fac. Je me suis toujours sentie à ma place. Et c'est bête à dire, mais on pourrait penser que ce n'est pas grand-chose. Mais au final, se sentir à sa place et savoir où est-ce qu'on va, sans forcément... En fait, notre chemin est tout tracé. On sait où est-ce qu'on va et on n'a pas besoin de se casser la tête pour ça. C'est un vrai confort. Parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont dans les stations, qui se questionnent et tout ça. Et en fait, je me dis, vu que j'étais à leur passe et que maintenant j'ai trouvé mon chemin, en fait, le fait de suivre son instinct, ça permet vraiment de trouver son chemin. Et je me dis qu'en fait, j'ai bien fait de me réorienter et d'en parler.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que vous conseilleriez à un étudiant qui n'est pas épanoui dans ses études et qui hésite justement à se réorienter et qui doute ?
- Speaker #1
Moi, je dirais juste ce qu'il faut. pas avoir peur d'être différent. On va peut-être penser que je me répète, mais je trouve ça hyper important de faire les choses pour soi, en fait. Parce que, on est jeunes, on a toute la vie devant nous, on a plein de choses à accomplir, et ça serait bête de se mettre des barrières aussitôt, alors qu'on a justement la possibilité d'agir. Et je pense qu'il faut vraiment oser, en fait. Oser, être égoïste un petit peu, et faire les choses pour soi, et pas se dire, ah non, mais les gens vont me juger parce que j'ai un an de plus. Parce que le jugement, c'est la vraie barrière que tout le monde se met pour la réorientation. Et quand on change d'établissement et qu'on rencontre toutes les personnes qui sont dans l'école, qui sont par exemple du staff ou de l'administration, quand on leur dit qu'on a osé se réorienter parce qu'on s'est rendu compte que ça n'allait pas et qu'on voulait agir pour notre bien-être, et qu'on était motivés parce qu'on n'avait pas fait tout ça pour rien. Ils sont hyper contents, ils nous accueillent toujours à bras ouverts parce que justement il y a trop de gens qui se renferment dans des cases pour se fondre dans le moule et c'est pas ce qu'il faut faire parce que ça nous mènera à rien de faire comme les autres parce que ça nous différenciera pas et on pourra pas s'ouvrir de porte.
- Speaker #2
C'est vraiment ce que je pense aussi. Moi, par exemple, mes parents m'ont toujours dit les études, c'est pour toi, c'est pas pour nous. Donc, si on hésite, il faut, juste comme j'ai pu, je me répète encore, pareil, il faut se poser, réfléchir à ce qu'on va faire et si tu te rends compte que...
- Speaker #0
que tu fais une chose que tu n'aimes pas, vaut mieux comme tu as pu le dire, il ne faut pas avoir peur d'être différent. Et puis franchement, personnellement ici par exemple, que je sois un 2005 ou un 2006, les gens n'ont rien à faire. Je n'ai pas de jugement, pas de rien. Donc moi je dis comme toi en fait, c'est ça, oser vraiment, ne pas avoir peur de l'inconnu. La plupart des gens, par exemple mes parents, ont dit que la plupart des gens voient plus ça comme de la bravoure. Bravoure, ce n'est pas le bon choix, mais plus de la bravoure comme plutôt que de la lâcheté. D'avoir osé s'orienter malgré les jugements ou ce que tu veux. Donc pour conclure, je dirais que même s'il y a de l'hésitation, il faut se poser, il faut faire le bon choix par rapport à ce que tu penses personnellement.
- Speaker #1
Très beau mot de fin. Merci beaucoup pour vos témoignages. Est-ce que vous avez un petit mot de fin que vous voulez dire ?
- Speaker #0
Oui, moi je peux prendre l'exemple de, je vais me répéter encore une fois, mais je ne sais pas si vous avez vu la saison 2 de Bref. Ça a été une très belle série, si vous ne l'avez pas regardée, je vous recommande. Je vais donner l'exemple du mec dans la série. Le mec n'a fait que des travaux dérisoires toute sa vie. ne sachant pas ce qu'il voulait faire. Et il se rend compte à la fin que le temps passait plus vite et qu'il avait envie d'aller au boulot quand il faisait quelque chose qu'il aimait. Donc en l'occurrence, lui, c'était tout ce qui est manga et les animés. Et donc, en se rendant compte de ça, en allant bosser dans ça, il s'est rendu compte du coup que tout ce qui est le temps passait plus vite, qu'il avait vraiment envie de se lever le matin pour aller travailler, de contribuer. à faire quelque chose de sa vie tout simplement. Et donc ça revient un peu sur ce que j'ai dit tout à l'heure, à poser vous, réfléchissez intérieurement, pensez à vous d'abord, à ce que vous voulez faire dans le futur, parce que oui, comme j'ai pu le dire, on va travailler 40-50 ans, donc il faut bien les occuper toutes ces années, et autant les occuper avec quelque chose qu'on aime.
- Speaker #2
Ce que j'aimerais dire pour la fin, alors j'ai deux petites phrases qui m'ont vraiment marqué dernièrement. Donc comme j'ai pu le dire tout à l'heure, c'est suivre son instinct, c'est trouver son chemin. Mais aussi j'aimerais dire quelque chose par rapport à... On nous a souvent dit quand on était petit que c'était la soupe qui faisait grandir. Et au final, à la suite il y avait marqué ce n'est pas la soupe qui fait grandir mais l'amour. Et en fait j'aimerais dire que c'est l'amour de soi qui nous fait grandir. Et que c'est comme ça que vous allez pouvoir évoluer et être ce que vous êtes aujourd'hui, voir ce que vous voulez devenir. Et ce sera tout pour moi.
- Speaker #1
C'est parfait. Merci beaucoup. Merci de nous avoir écoutés. N'oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux. Tous les liens sont en description. Et n'oubliez pas, small talk, big impact.