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L'imPRtinente par Mary Grammont

Adrien Lelièvre, journaliste aux Echos

Adrien Lelièvre, journaliste aux Echos

36min |19/02/2025
Play
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L'imPRtinente par Mary Grammont

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Description

Avec cet épisode, découvrez les secrets de la rédaction des Echos ! On a parlé notamment :

  • du choix des sujets

  • des pré-requis qu'une entreprise doit avoir pour passer dans Les Echos

  • comment on fait pour attirer l'attention d'Adrien

  • est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon RP ?

Et plein d'autres sujets !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans l'Impertinente, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel épisode qui va d'ailleurs être le dernier avant le grand break estival. Alors aujourd'hui, je ne suis pas dans les locaux de tournage grenoblois, mais j'ai délocalisé le studio à Paris, et pas n'importe où à Paris, puisque je me trouve en plein cœur de la rédaction du journal Les Echos, en compagnie du journaliste Adrien Lelievre. Bonjour Adrien. Bonjour. Un grand merci d'avoir accepté mon invitation. et de m'accueillir ici. C'est vraiment un privilège pour moi de me retrouver à tes côtés.

  • Speaker #1

    Merci d'être venu.

  • Speaker #0

    Écoute, on avait parlé tous les deux par LinkedIn d'un sujet, notamment sur le fait que les RP étaient régulièrement ghostés par les journalistes. Donc, tu avais réagi un petit peu en privé. C'est très bien. On va peut-être pouvoir en parler pendant l'entretien tout à l'heure. Mais en attendant, j'aimerais que tu nous racontes ton parcours et que tu nous dises comment tu as atterri aux échos.

  • Speaker #1

    Alors je suis ravi de vous accueillir ici. Je m'appelle Adrien, j'ai 35 ans et je travaille aux Echos depuis 2015. Et pendant mes études, j'ai d'abord étudié l'histoire et les sciences politiques, puis je me suis spécialisé dans le journalisme. Au départ, je n'avais pas vraiment de religion, je ne savais pas si je voulais faire plutôt du journalisme politique ou sportif. Et puis c'est un peu le hasard qui fait que je me suis retrouvé aux Echos, puisque j'ai fait un stage de fin d'études ici. Le stage s'est bien passé. Il créait des postes dans la fouée, donc je suis resté au sein de la rédaction. Et en interne, j'ai un peu bougé parce que quand je suis arrivé, j'étais plutôt au service international. Je suivais d'abord la communauté de la Turquie, de l'Iran, du Moyen-Orient, etc. Puis ensuite, j'ai rejoint le service web où là, j'étais plutôt généraliste. Je pouvais écrire aussi bien sur la politique que sur l'international, le sport. Donc c'était très, très, très varié. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à développer un intérêt pour les sujets liés à la mobilité, notamment la mobilité urbaine. A l'époque, ça bougeait beaucoup à Paris parce qu'il y avait les startups de scooters, de trottinettes, de vélos, les VTC, etc. qui arrivaient. Et en interne, c'était des sujets qui étaient assez peu couverts. Il y avait historiquement des journalistes en charge des transports aux échos qui suivaient plutôt l'automobile, l'aéronautique, etc. Mais il n'y avait pas beaucoup de spécialistes des startups de mobilité. Donc en fait, je me suis intéressé au sujet. J'ai un peu fait une OPA sur ces nouveaux sujets. J'ai développé du coup des compétences dans le secteur. Et ensuite, on m'a proposé de rejoindre... plus directement le service startup des échos où je continue à suivre les startups dans la mobilité mais où mon périmètre s'est élargi donc aujourd'hui je suis aussi des boîtes dans la deep tech dans la logistique dans la cybersécurité les startups industrielles parfois les green tech donc le champ est très très vaste parfois un peu trop mais oui c'est très vaste.

  • Speaker #0

    Mais bon quand même une appétence particulière pour la mobilité.

  • Speaker #1

    Ouais c'est un peu mes sujets de prédilection c'est un peu ce que je fais le plus souvent je pense.

  • Speaker #0

    Et puis là où tu vas t'éclater quand tu vas créer des sujets ?

  • Speaker #1

    Ouais, où je m'éclate et où en fait je suis un peu en pilote automatique, c'est-à-dire que je connais bien les sujets, j'ai un bon carnet d'adresses, c'est facile entre guillemets d'écrire sur ces sujets-là, alors que sur d'autres c'est plus compliqué parce que j'ai moins de connaissances. Donc c'est des sujets que je peux écrire presque les yeux fermés. Super,

  • Speaker #0

    on va apprendre votre manière à davantage te connaître et à comprendre comment fonctionne la rédaction des échos. Je t'invite du coup à retourner la première pancarte, à rentrer dans le jeu des questions-réponses de l'impertinente.

  • Speaker #1

    Ça se passe comment une journée aux échos en tant que journaliste start-up ? Alors il n'y a pas vraiment de journée type et c'est ça qui est assez intéressant. On va dire que chaque jour j'écris un article, mais à part ça, les journées sont toujours très différentes les unes des autres. Parfois j'écris tôt le matin, parfois j'écris le midi, parfois j'écris le soir. C'est vraiment très très aléatoire et en fait ça dépend vraiment de deux gros paramètres. Est-ce que je suis à Paris ou non ? Parce que moi j'habite à Lille. Donc quand je suis à Lille, je fais plutôt des visios. Par contre, quand je suis à Paris, en général, mon agenda est bien rempli. Et donc je fais des cafés, des déj, je vais à des confs de presse, je vais à des conférences comme Hello Tomorrow, comme VivaTech, comme le salon Autonomie, etc. Et donc en fonction des rendez-vous ou pas que j'ai dans la journée, je choisis le moment où j'écris. Mais ce n'est pas vraiment gravé dans le marbre. La seule contrainte, c'est qu'en général, je dois rendre un papier par jour. mais après je fais un peu ce que je veux pour le rendre, je n'ai pas trop de contraintes de ce point de vue-là. Et je trouve ça bien d'avoir des journées chacune différentes les unes des autres, c'est ce qui rend le métier riche je trouve. Et puis parfois je commence très tôt, parfois je commence très tard, je fais vraiment les choses à ma sauce.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir un article par jour à écrire, moi personnellement je trouve que le rythme est plutôt tranquille, quand on connaît aussi d'autres journalistes qui doivent écrire 3-4 papiers à la journée. C'est dû à quoi ? C'est dû au fait que pour chaque secteur, il y a quand même un journaliste qui est bien défini et du coup, vous pouvez partager les sujets ?

  • Speaker #1

    C'est surtout lié au fait que le journal sort chaque jour et il y a trois articles dans la page au startup et on est trois journalistes. Donc en général, c'est un article. Après, parfois, effectivement, s'il y a des breaking news, on va faire en plus des papiers spécifiquement pour le web. Mais en fait, je suis dans une rubrique où, mine de rien, il n'y a pas beaucoup de breaking news. Il y a beaucoup de sujets sous embargo, ce qui est très confortable d'un point de vue journalistique, parce qu'en général, je sais longtemps à l'avance ce sur quoi je vais écrire. Ça me laisse le temps de réfléchir, de poser les bonnes questions aux bonnes personnes. Je suis rarement dans le rush, alors qu'avant, quand j'étais justement au service web, Là, c'était beaucoup plus la course. Et s'il y avait une grosse actu qui tombait, je devais être capable de réagir très vite. Mais en même temps, cette expérience au web, elle est intéressante parce qu'aujourd'hui, s'il y a une grosse actu dans les startups, je suis vraiment capable d'écrire très, très, très vite. Ça, je pense que la réactivité, c'est une qualité que j'ai acquise et qui ne se perdra jamais, en fait.

  • Speaker #0

    Et tu nous parlais d'embargo. Je crois qu'on va peut-être en parler tout à l'heure. des meilleurs délais, les plus confortables pour les journalistes. C'est toujours une grande question pour les RP. Est-ce qu'un embragon nous donne une semaine avant où c'est beaucoup trop court ? Ou est-ce qu'il faut prendre beaucoup plus de temps ? Tu vas nous dire un petit peu ton point de vue par rapport à ça tout à l'heure. D'accord. Mais écoute déjà, est-ce qu'il y a des conférences de rédaction ? Comment ça marche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des conférences de rédaction aux échos, mais moi, je n'y participe pas. C'est plutôt les chefs de service ou les rédacteurs en chef qui y participent. Et au sein même de mon service, il n'y a pas beaucoup de conférences de rédaction. en tout cas il n'y a rien de figé et en fait comme on est que trois et qu'on s'entend très très très bien et qu'on a chacun un périmètre assez bien défini en fait on est hyper libre et en fait c'est plutôt moi qui vais proposer des sujets à ma chef et en général ça se fait soit par Teams soit via un appel téléphonique où je propose un sujet à ma chef ou à l'inverse parfois elle va me dire tiens j'ai repéré ça, est-ce que ça te dirait de rire là dessus mais de manière générale j'ai beaucoup d'autonomie sur le choix de de mes sujets, ça je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Oui c'est un privilège.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis ouais, j'ai une chef qui me fait vraiment confiance, et puis elle attend de nous qu'on soit force de proposition aussi. Et en fait on s'éclate plus quand on est journaliste, je trouve en tout cas, quand c'est nous qui proposons les sujets, parce que c'est des sujets qui nous excitent un peu plus que quand on se fait « imposer » à certains sujets, même si parfois ça arrive et ça fait partie du jeu aussi. Mais quand on propose des sujets, à priori c'est des sujets qui nous font un peu plus vibrer.

  • Speaker #0

    Et du coup, combien de temps tu mets en moyenne à écrire un article ?

  • Speaker #1

    Là encore, c'est très aléatoire. Il y a des papiers que tu peux écrire très vite si tu as toutes les infos tout de suite. Parfois, il y a des papiers que tu écris sur 3 ou 4 jours parce qu'en fait, tu n'as pas toutes les personnes nécessaires pour écrire l'article. Encore une fois, c'est très aléatoire. Ça dépend vraiment de la complexité du sujet, de l'ambition que tu vas y mettre, de la longueur aussi du papier. Si c'est un papier de 2000 signes, ça s'écrit plus vite qu'un papier de 15 000 signes.

  • Speaker #0

    Et les papiers plus courts, est-ce qu'ils sont davantage élus que les papiers plus longs ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, il n'y a pas vraiment de règle. Et au contraire, en fait, on s'est aperçu en regardant un peu les chiffres d'audience que certains papiers longs avaient cartonné aussi ces derniers temps. Après, ce qui détermine ou pas le succès, c'est parfois un bon titre. Ça fait quand même toute la différence. Parfois, c'est d'ailleurs très frustrant de faire de très, très bons papiers. Enfin, en tout cas, tu as l'impression d'avoir fait un bon papier. Et en fait, ils sont très pollus parce qu'ils ne sont peut-être pas assez bien titrés, ou alors c'est un sujet un peu trop niche, ou alors la photo n'était peut-être pas assez sexy. C'est marrant,

  • Speaker #0

    on a les mêmes problématiques parfois. L'ARP, on croit que notre communiqué est canon, et puis finalement, c'est compliqué à...

  • Speaker #1

    Bah oui, oui. Mais après, il ne faut pas s'arrêter non plus à l'audience. Mais il y a des papiers très, très bons qui marchent très, très bien. Je n'ai plus toutes les stats en tête, mais par exemple, moi, j'ai fait deux enquêtes pour le journal depuis le mois de septembre, et c'est des papiers qui ont... Tu es hyper hyper lu en fait. Donc quand tu as bien bossé, tu as consacré beaucoup d'énergie à un sujet et qu'en plus il est lu, c'est chouette, c'est toujours mieux. On est là pour être lu après tout.

  • Speaker #0

    Politique de partage sur les réseaux sociaux, comment vous faites ? Via LinkedIn ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est surtout LinkedIn. En fait, quand je suis arrivé aux Echos, on me misait beaucoup sur Facebook et Twitter. Et de moins en moins, là maintenant, on nous a vraiment demandé de cibler plutôt LinkedIn. Et puis en fait, c'est assez... positif parce que nos lecteurs en fait sont des usagers quand même assez fréquents de ce réseau, c'est un réseau pro-business, un réseau où on partage pas mal d'infos donc ça se prête...

  • Speaker #0

    Tu partages un article c'est ton compte Adrien Rélième.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Et puis en plus c'est un réseau plutôt apaisé pour pas dire parfois un peu convenu mais... Un peu couré. Oui alors peut-être mais au moins c'est un réseau... assez sain et c'est moins la foire d'empoigne que sur d'autres réseaux comme Wix. C'est ça. Et puis par ailleurs, c'est aussi un bon moyen parfois d'être contacté par des gens. Tu écris sur un sujet, des gens te disent « Ah bah tiens, vous avez écrit sur telle boîte, moi il se trouve que j'ai lancé une boîte dans le même secteur. » Ou parfois on nous donne des infos « Ah bah tiens, cette boîte vous a pas dit que telle ou telle personne était partie en raison d'un désaccord stratégique. » Donc c'est un bon moyen d'interagir aussi avec les lecteurs.

  • Speaker #0

    Ok, justement, je pense que ça peut nous faire une très bonne transition avec la deuxième question que j'ai préparée.

  • Speaker #1

    Comment choisis-tu les sujets que tu traites et avec quel délai d'anticipation ? Et quels sont les prérequis qu'une entreprise doit avoir pour qu'elle t'intéresse ?

  • Speaker #0

    Pour tout te dire, j'ai un petit peu pris la température le coup auprès de quelques confrères et consœurs attachés de presse. Et du coup, c'est un petit melting pot des questions que tout le monde se pose. Et puis voilà, je me fais un peu l'intermédiaire des RP envers toi. C'est vrai qu'on se demande toujours est-ce qu'il y a des prérequis pour... avoir la chance de paraître dans les échos quand on est une entreprise ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire oui et non. En fait, moi je travaille pour le service start-up et il y a quand même une prime à la taille, c'est à dire que on est censé parler de toutes les start-up mais c'est normal qu'on parle davantage de certaines start-up que d'autres. Typiquement des start-up comme Miracle, Doctolib, Back Market, c'est des acteurs installés, des acteurs connus aussi du grand public. Et c'est normal qu'on leur donne un peu plus la parole que des plus petites startups. Toutes les startups de manière générale du Next 40, c'est-à-dire l'indice qui réunit les 40 plus grosses startups en France, on a tendance à leur donner un peu plus la parole en raison de leur ancienneté, du nombre de salariés qu'elles ont, des financements qu'elles ont pu obtenir, de leur notoriété, etc. Et je parlais par exemple de notoriété, une boîte comme Doctolib, aujourd'hui c'est une startup que tous les Français au presse connaissent, donc c'est normal qu'on la suive de façon particulièrement... active. Mais après en fait c'est pas non plus un critère exclusif c'est à dire que moi ce qui m'importe le plus c'est que le sujet soit intéressant, nouveau, faire un 15e papier sur une boîte que tout le monde connaît, c'est pas très excitant pour le journaliste mais aussi pour le lecteur donc en fait il faut qu'il y ait de la nouveauté et puis la taille ça compte mais pas toujours parce qu'en fait suivre des petites boîtes c'est aussi hyper intéressant parce que Doctolib a d'abord été une petite boîte avant de devenir une grosse boîte. Et aussi essayer de détecter quelles sont les petites startups qui ont des vraies innovations, qui sont en train de bousculer des marchés. C'est aussi intéressant que suivre parfois des très très grosses boîtes. Donc il n'y a pas de critères, si ce n'est celui qu'il faut que ce soit un peu excitant et qu'il y ait une histoire à raconter. Encore une fois, raconter pour la 15e fois quelque chose que tout le monde sait, on essaye d'éviter. Et puis après, j'ai envie de dire qu'il y a un peu une part d'arbitraire. Désolé pour vous les attachés de presse. En fait, le traitement est aussi le reflet de la personnalité du journaliste. Moi, par exemple, j'ai remplacé quelqu'un qui suivait beaucoup la FinTech parce qu'elle aimait bien ces sujets-là. Moi, je ne traite pas du tout ces sujets-là parce que ça ne m'excite pas trop de suivre la FinTech. Et par ailleurs, j'ai une collègue qui suit ça très bien. Et à l'inverse, c'est plutôt Charlie qui adore la FinTech. Donc, en fait, je suis très content qu'elle fasse ces sujets. Elle les fait très, très bien. Mais en fait, si demain, je quitte le service, peut-être que mon ou ma remplaçante... aura de l'impétence pour des sujets que je ne suis pas du tout au long cours. Donc ça fait partie un peu des allers-à-l'air en fonction des goûts du journaliste, si j'ose dire.

  • Speaker #0

    Il y a de la subjectivité dans le choix quand même, malgré tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et puis après, parfois, il y a aussi un feeling humain. Parfois, tu as noué une relation de confiance avec certaines personnes. Donc en fait, tu vas peut-être écrire plus que sur des boîtes que tu ne connais pas. Et puis après, il y a des facteurs complètement peut-être géographiques aussi. On est basé à Paris et je pense que... On donne plus la parole à des gens qu'on a l'occasion de croiser. Et c'est clair qu'il y a un peu des angles morts parfois dans notre traitement. Je suis sûr qu'il y a plein de projets incroyables à Grenoble que je ne connais pas, ou à Bordeaux ou à Toulouse, mais c'est parce que je n'y suis pas très régulièrement. Donc en fait, on les couvre peut-être un petit peu moins pour cette raison.

  • Speaker #0

    Comment tu réagis si jamais on te propose de faire un déjeuner ou un petit déjeuner avec un client qui peut avoir une actualité ou même pas une actualité, mais peut-être une histoire qui peut être intéressante à raconter ? J'imagine que tu es très sollicité. On parlait dans nos messages LinkedIn du fait que je crois entre 9h et 13h tu avais déjà reçu trois temps mail.

  • Speaker #1

    C'est un peu la difficulté parfois, il faut savoir parfois dire non mais après parfois les déjeuners un peu informels c'est chouette aussi parce que parfois c'est une bonne façon de prendre une date aussi pour l'avenir. Tu rencontres quelqu'un, il va te dire des choses intéressantes, parfois tu ne vas pas tout de suite écrire sur sa boîte parce que ce n'est pas le bon moment mais six mois plus tard ou un an plus tard en fait ça te ça te permettra parfois de te dire, ah bah tiens, cette patronne que j'avais rencontrée il y a six mois était très intéressante, je pourrais peut-être l'interviewer sur ce sujet, parce qu'elle le maîtrisait bien. Donc c'est aussi à nous parfois de se dire, est-ce que ça vaut le coup ou pas de consacrer un peu de notre temps, en sachant effectivement qu'on est quand même très sollicités, et moi c'est une de mes difficultés au quotidien, c'est-à-dire que je suis obligé de dire non souvent, mais il faut aussi dire oui pour rencontrer des nouvelles personnes, pour avoir des idées neuves, des regards différents, des infos différentes. C'est un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment privilégié pour te contacter, toi, Adrien Leliev, quand on veut te proposer, ou effectivement un petit déjeuner presse, ou un sujet ? Est-ce que tu as des moments où tu te dis, là, je vais être plus calme, donc peut-être plus réceptif ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais le matin, de préférence, entre 9h et midi, on va dire.

  • Speaker #0

    Oui, donc le créneau est quand même là.

  • Speaker #1

    Oui, le créneau est plutôt large. Je préfère faire des cafés, par exemple, plutôt que des déj. Parce que c'est plutôt personnel. Et puis après, en fait, ça dépend du moment. Si l'actu est brûlante, en fait, le mieux, c'est de me contacter très, très vite. Mais quand c'est possible, oui, je dirais entre 9h et midi.

  • Speaker #0

    OK, on note, on garde en tête. Tu vas avoir ton téléphone qui va sonner entre 9h et 12h.

  • Speaker #1

    C'est déjà le cas. Oui,

  • Speaker #0

    peut-être davantage. Je t'en prie, je te propose de passer à la troisième question.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir un super pouvoir pour améliorer ton quotidien de journaliste, ce serait quoi ? J'aimerais bien qu'on me réponde immédiatement quand je sollicite quelqu'un, parce que les gens ont une vie, ils sont occupés, etc. Et parfois, on te dit, ok, pas de souci. on peut échanger mais ce sera que demain ou après-demain. Quand c'est dans la journée ça va, il n'y a pas de souci, on s'adapte. Les gens ont des obligations personnelles qu'il faut respecter. Mais si on pouvait me répondre tout de suite, à chaque fois, j'avoue que ce serait pratique parce qu'on est toujours un peu pressé voire pressant quand on est journaliste.

  • Speaker #0

    J'imagine, d'accord, donc vraiment un pouvoir sur le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, un pouvoir sur le temps, ça serait assez utile.

  • Speaker #0

    Ok, tu vois, je ne suis pas étonnée de ta réponse. Bon bah super, tu peux enchaîner avec la quatrième question.

  • Speaker #1

    Les RP, boulets ou alliés ? Et on fait comment en tant que RP pour attirer ton attention sur un sujet ? Les RP sont des alliés, on travaille avec les RP à longueur de journée, donc je n'irai certainement pas sur ce terrain glissant en disant que ce sont des boulets. En fait, sans les RP, il y a plein d'infos auxquelles on n'aurait pas accès tout simplement. Donc non, plutôt des alliés. Et voilà. Et moi, j'ai l'impression d'avoir plein de RP qui sont un peu plus que des alliés, des gens avec qui j'ai vraiment des liens de confiance, qui savent quand c'est le bon moment ou pas pour me contacter, qui savent très très bien quels sont les sujets qui me font un peu vibrer. Il n'y a aucun journaliste qui te dira que les RP ne sont pas utiles. Ça peut parfois être oppressant, ça c'est pas faux, mais la relation est importante.

  • Speaker #0

    Oppressant, alors tu peux détailler ?

  • Speaker #1

    Quand on est sur sollicité, ce n'est pas toujours simple. Mais à côté de ça, un bon RP, c'est celui qui sait aussi parfois...

  • Speaker #0

    Insister quand il le faut.

  • Speaker #1

    C'est ça, insister, mais sans non plus être trop pénible, si j'ose dire, même si les RP ont leurs propres contraintes de travail. Vous défendez des clients à qui vous devez rendre des comptes.

  • Speaker #0

    Nous aussi, on aimerait avoir une baguette magique pour un journaliste.

  • Speaker #1

    Non, les RP sont utiles pour notre travail.

  • Speaker #0

    Et quelle est la meilleure fréquence pour toi d'un point de vue de relance quand on t'envoie un communiqué, une actualité, bon, tu n'as pas forcément le temps de la regarder immédiatement, une semaine plus tard, alors si jamais ce n'est pas urgent, encore une fois,

  • Speaker #1

    tu sens… J'irai 3-4 jours, tout dépend après de l'urgence ou pas, mais quand tu reçois un message à 9h et qu'à 10h on te dit « est-ce que vous avez vu mon mail ? » , là je pense qu'il faut éviter. Oui, oui, il faut qu'il fonce. Ah oui, oui. Ok. Oui, et puis après, tout dépend aussi parfois de la temporalité de l'actu. Si c'est une actu un peu froide, il n'y a pas d'enjeu de relancer immédiatement. Si c'est une actu qui est plus chaude, je comprends que...

  • Speaker #0

    Oui, on est obligé d'aller un petit peu plus vite.

  • Speaker #1

    Moi, je réponds plus aux personnes déjà que je connais, parce qu'en fait, il y a plein de RP que je ne connais pas, qui m'appellent et des fois, je vois des numéros qui s'affichent sur mon téléphone, je ne sais pas de qui il s'agit. Là, j'avoue, je ne réponds pas toujours. Et à l'inverse, il y a des RP que je connais depuis 7-8 ans, qui j'ai une confiance absolue et à qui je réponds hyper vite tout le temps.

  • Speaker #0

    On devrait faire un petit jeu. Combien tu as de messages vocaux non écoutés dans ton téléphone ?

  • Speaker #1

    On ne fait pas souvent des messages vocaux. C'est vrai ? Oui. Franchement, plutôt des messages écrits.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu écoutes sans faire des messages vocaux ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'arrive pas très souvent, mais j'ai vu une autre personne, je ne sais pas. hyper fan des mots et par contre si on m'écrit je le lirai oui.

  • Speaker #0

    Et plutôt par voie de mail en première intention et peut-être derrière LinkedIn si jamais on veut relancer de manière diplomate avec parcimonie ?

  • Speaker #1

    Plutôt par mail, après une fois quand tu commences à avoir des relations plus suivies avec certaines personnes sur WhatsApp c'est aussi très bien je suis plutôt réactif sur WhatsApp. D'accord. Plus sur WhatsApp que par mail, mais si je dis ça après je vais recevoir 50 000. Oui, c'est tout.

  • Speaker #0

    On n'a pas ton numéro de portable.

  • Speaker #1

    Ah franchement, facilement oui. Je pense que mon numéro est facilement accessible. D'accord.

  • Speaker #0

    Bon, très bien. On fera attention de ne pas abuser. Je t'en prie, tu peux aller sur la cinquième question.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon attaché de presse ? Oui, je pense que sans aucun problème. On connaît très bien le métier de journaliste, donc quand on passe de l'autre côté, si j'ose dire, on sait très bien quelles sont les contraintes du métier, quels peuvent être les délais ou pas à respecter. Donc je ne pense pas que ce soit très compliqué de passer de l'autre côté du miroir. Et à l'inverse, je pense que les attachés de presse ont des qualités qui les prédisposent aussi assez bien à devenir un journaliste. des qualités rédactionnelles, être curieux, savoir vendre un sujet.

  • Speaker #0

    Donc les frontières sont plutôt minces finalement.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est des métiers qui ont... Complémentaires. Qui ont des... Qui retirent quelques qualités communes. Ce n'est pas tout à fait le même métier. Il y a plein de choses que vous faites que je ne sais pas faire et sans doute inversement. Mais je pense qu'on peut effectivement passer facilement d'un côté ou l'autre la frontière. Même si en fait, c'est souvent des allées sans retour. En tout cas pour les journalistes qui après deviennent... attachés de presse aux communicants, il n'y en a quand même pas beaucoup après qui redeviennent journalistes.

  • Speaker #0

    Oui et moi j'ai quand même l'impression qu'il y a deux écoles, il y a effectivement ceux qui passent sans problème et puis il y a vraiment des journalistes puristes où le métier de la communication on n'y touche pas, c'est un autre métier et on n'y va pas. C'est un peu la lecture que j'en ai mais toi tu sembles dire que la reconversion peut être... Alors je pense que...

  • Speaker #1

    C'est un métier qu'on peut facilement envisager quand on quitte la carrière de journaliste, dans le sens où c'est un univers qu'on connaît quand même assez bien, on a des contacts, etc. Après, à titre personnel, j'avoue, ce n'est pas du tout ce vers quoi je voudrais tendre un jour. Mais je pense que les qualités des journalistes leur permettent de faire un tas d'autres métiers. Et au-delà du métier de communicant, je pense que les journalistes peuvent être très heureux en faisant tout autre chose que du journalisme. Certains journalistes sont parfois convaincus qu'ils ne savent faire que ça et qu'ils sont bons à rien d'autre. Moi je suis convaincu qu'on est quand même assez polyvalent, on a un gros carnet d'adresses, on sait de manière très claire assez bien écrire ou communiquer à l'oral pour ceux qui font plutôt de la radio ou de la télé. Donc ces qualités-là peuvent être utiles dans plein d'autres métiers.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, ok, très bien. On peut enchaîner.

  • Speaker #1

    Tu as sans doute vu passer l'annonce de Xavier Niel pour Le Monde. Quel est ton point de vue quant à l'indépendance journalistique et l'éventuelle pression des actionnaires annonceurs sur un groupe de presse ?

  • Speaker #0

    Il y a eu un article, d'ailleurs, dans les échos.

  • Speaker #1

    Oui, l'indépendance journalistique, c'est fondamental. Moi, je trouve que c'est un vrai problème en France que des milliardaires possèdent la presse de manière générale, y compris nos médias, qui appartiennent à la même fée de France, dans une démocratie saine. il faudrait que les médias échappent totalement à la sphère des puissants. Heureusement qu'il y a des milliardaires, parce qu'il y a beaucoup de titres de presse qui auraient sans doute mis la crise sous la porte depuis longtemps s'il n'y avait pas des Niel, des Arnaud, etc. Mais d'un autre côté, ça pose question. Quand tu dis que tu es journaliste, souvent on te dit que ton média appartient à telle ou telle personne. Et de manière générale, il faut enlever ce soupçon permanent. Et ce soupçon, il n'existe que si tu appartiens à un riche homme d'effet. Une rédaction comme Mediapart, on peut la critiquer ou pas sur la qualité de ses contenus, mais en tout cas, le fait qu'elle soit purement indépendante, qu'elle ne dépende que de ses lecteurs et pas du tout des annonceurs ou de grandes fortunes, moi je trouve ça hyper hyper simple. Dans un monde idéal, je voudrais qu'on imite ce modèle-là, ça ne dépend pas. que de moi évidemment, mais c'est important que les rédacs aient plus d'indépendance.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des codes rouges parfois sur des sujets qu'on ne pouvait pas traiter ou des limites ?

  • Speaker #1

    Moi je n'ai jamais été trop concerné par la question, mais quand tu suis l'actualité d'LVMH qui est le plus grand groupe du monde dans le luxe, avec tes journées sous écho, tu es un peu mal à l'aise en fait par définition. Et même s'il n'y a pas… Même s'il n'y a pas d'ingérence, il y a ce soupçon qui vient d'étrangers, enfin ce soupçon qui vient plutôt des lecteurs qui disent que ce n'est pas sain comme situation. Et je pense que... À juste titre. Oui, à juste titre. Je pense qu'on a vocation aussi à sortir des infos, y compris sur ces gens-là. Et en fait, ce n'est pas idéal d'être possédé par des grandes fortunes.

  • Speaker #0

    Donc du coup, que penses-tu du fait que Xavier Niel ait justement cédé à un fonds indépendant, ses parts ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois très bien. Et je trouve que ça va plutôt dans le bon sens. On a besoin de garantir. Et en fait, je trouve que... On a pas mal parlé par exemple de quelqu'un comme Bolloré qui possède des médias. En fait, je pense qu'il abîme ses propres marques en faisant preuve parfois d'ingérence dans les rédactions. Parce que les gens disent « regardez, c'est la radio de Bolloré ou c'est le média de Bolloré. Il a son mot à dire dans la vie d'un rédac. Ce n'est pas idéal. » Je trouve que ça décrit des bises plus qu'autre chose, sa marque et ses groupes de presse qu'autre chose. Pour moi, ce n'est pas souhaitable.

  • Speaker #0

    Très bien, bien clair. Merci. Je t'en prie, déjà l'avant-dernière question.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait le plus vibrer dans ton métier de journaliste ? Moi, ce que j'aime le plus, c'est que j'apprends des choses nouvelles chaque jour. Il n'y a quand même pas beaucoup de métiers où chaque matin, tu apprends des choses nouvelles. Et tu rencontres aussi des gens vraiment intéressants dans tous les milieux. Moi, je rencontre des chefs d'entreprise, des investisseurs, des banquiers ou des banquières, bien sûr. des avocats, des ministres, c'est des gens de manière générale assez intéressants donc je prends du plaisir à discuter avec ces gens-là. Et puis ce que j'aime bien aussi c'est que, c'est peut-être propre à mon secteur, mais je rencontre des chefs d'entreprise. Alors on peut parfois se moquer des entrepreneurs, etc., de leurs habitudes, etc., mais il y a un truc que j'aime bien chez eux, c'est que ce sont des gens optimistes. Par définition, quand tu crées ta boîte, c'est que tu crois en l'avenir et tu te dépenses un peu pour la développer. Et on est dans un pays parfois un peu déprimant où on voit toujours le verre à moitié vide, on n'est jamais content, etc. Un peu négatif. Tu parlais des États-Unis tout à l'heure où tu as un peu voyagé. Justement, aux États-Unis, il y a une espèce d'énergie et d'optimisme qui...

  • Speaker #0

    Une culture qui te porte vers le haut.

  • Speaker #1

    Et en fait, en France...

  • Speaker #0

    Rien n'est impossible.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on peut parfois se moquer des travers des entrepreneurs, etc. Mais au moins, c'est des gens qui se disent « Moi, j'y crois, j'ai des idées, je les développe. » Et ça, je trouve ça plutôt chouette. Souvent, je sors d'interviews avec des chefs d'entreprise et c'est plutôt revigrant de se dire « Ah bah ce mec-là, il n'est pas résigné » ou « Cette patronne-là, elle a une énergie d'enfer pour faire bouger son secteur. » Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as la trouille des fois de rencontrer des personnalités ? Non, jamais. Jamais ? Tu y vas sereinement ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Comment tu te prépares d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Déjà, je ne les prépare pas tant que ça, mes échanges. J'aime bien quand c'est plutôt spontané. Et je ne suis pas facilement... intimidé, j'ai le contact plutôt facile. Et en fait on désacralise vite des personnes un peu importantes quand on a l'habitude de les côtoyer. Je me souviens quand je suis arrivé aux Echos, la première fois que j'ai dû rencontrer un ministre, j'étais hyper stressé, j'étais là oh là là c'est un moment important. Et puis en fait une fois que tu as l'échange avec la personne, tu te dis bon en fait c'est un ministre, c'est quelqu'un d'éminemment respectable, mais c'est qu'un ministre si j'ose dire, c'est avant tout une personne. Elle quitte un échange et il n'y a pas de raison d'avoir peur. De flipper ? Ouais. Le seul truc qui me fait plus flipper, c'est quand je dois faire des interviews en anglais ou en espagnol, où là, en fait, la barrière de la langue rend la chose plus complexe parce que tu as un peu moins de nuances dans ton vocabulaire. Ça, ça me fait un peu plus stresser. Mais c'est purement linguistique, ce n'est pas tant à la personnalité en tant que telle.

  • Speaker #0

    Et tu enregistres du coup ce type d'échange pour éviter d'avoir derrière des erreurs ou des inexactitudes ?

  • Speaker #1

    J'avoue, en anglais, j'aime bien pouvoir enregistrer aussi. En fait, pour prendre des notes, quand tu parles une autre langue, je trouve ça plus simple d'avoir un enregistrement un peu au backup parce que prendre des notes en anglais et parler en anglais en même temps, je trouve ça plus compliqué que de le faire en français, par exemple.

  • Speaker #0

    Il y a une question dont on n'a pas parlé, c'est comment est-ce qu'on fait ? pour se faire vraiment identifier par toi ? On parlait d'embargo tout à l'heure. Est-ce que c'est une technique qui marche bien justement pour sortir du lot quand on est attaché de presse et du coup avec toutes les propositions que tu dois recevoir ? Un embargo, comment on le construit avec toi ? Est-ce qu'on te l'envoie 15 jours avant, 3 semaines avant ? Comment tu aimes travailler avec ça ? Ou une exclue ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors moi, je ne suis pas un inconditionnel des excuses, c'est-à-dire que ça ne me dérange pas du tout que des attachés de presse mettent un embargo sur une info, mais parlent à plusieurs médias. Ça, ça ne me dérange vraiment pas. C'est le jeu ? Oui, c'est le jeu. Et puis, si l'info est intéressante, je ne vois pas pourquoi elle ne devrait sortir que dans les échos. Donc ça, ça ne me dérange pas trop que mes copains de Madines ou de l'AFP ou de Bloomberg ou peu importe aient l'info aussi en même temps. Après, c'est vrai que quand les infos sont sous embargo, ça offre quand même beaucoup du coup. de confort en fait parce que ça permet de se dire voilà c'est dans 10 ou 15 jours j'ai le temps de préparer les choses correctement je suis pas dans le rush en fait le rush est quand même un peu l'ennemi du journaliste je trouve parce que plus tu as de temps plus tu fais quand même les choses mieux quand tu as une info qui va sortir le lendemain t'es un peu dos au mur et c'est un peu plus compliqué à gérer les embargos, c'est plutôt précieux. Et après, il ne faut pas non plus mettre des embargos de trois mois et demi. Mais une semaine, dix jours, c'est pas mal. Ça donne un peu de visibilité et ça donne un peu de souplesse pour les journalistes. Et moi, je suis dans une rubrique très particulière où quasiment toutes les infos sont sous embargo. Qu'il s'agisse de levées de fonds, de rachats, de nominations, de gros contrats, etc. Souvent, c'est des choses qu'on sait à l'avance assez longtemps avant. Donc ça offre du confort.

  • Speaker #0

    Effectivement, je vois beaucoup de startups qui passent dans les échos où l'angle, l'entrée, c'est la levée de fonds. Et après, c'est toujours un point important, un temps fort d'une entreprise d'avoir une levée de fonds. Alors, est-ce qu'il y a un montant minimum chez vous ?

  • Speaker #1

    Franchement, il n'y a pas de montant, même si, encore une fois, quand Pascal lève 100 millions dans l'ordinateur quantique, on va forcément y accorder sans doute un peu plus d'attention. Mais... Mais la levée de fonds, ça fait partie des sujets dont on parle parce que ça fait partie de la vie des startups. Mais on n'en fait pas non plus totalement une obsession. Et en fait, on essaye, dans les mesures du possible, ce n'est pas toujours le cas, mais on essaye un peu d'en sortir et on veut essayer de parler des startups de façon parfois un peu différente, sous des angles un peu originaux aussi. Parce que déjà, faire que des papiers sur les levées de fonds, ce n'est pas hyper excitant parce que ce sont des papiers qui se ressemblent un peu. Et déjà... On essaye aussi, quand on parle des levées de fonds, de parler parfois de plusieurs boîtes dans un même secteur. Par exemple, une boîte lève des fonds, mais elle évolue dans un secteur où il y a aussi telle ou telle autre boîte. Et on essaye de faire des papiers un peu plus transversaux, si j'ose dire, sur toutes les startups qui ont levé des fonds dans la recharge de voitures électriques ou dans la cybersécurité. Ça donne un peu plus de valeur aussi, je trouve, pour le lecteur, parce qu'au-delà de la levée de fonds, c'est bien d'avoir... de visio un peu plus d'ensemble.

  • Speaker #0

    Sur le marché, oui.

  • Speaker #1

    Et puis les papiers un peu plus transversaux et qui s'éloignent aussi un peu des levées de fonds, ça marche bien aussi. Moi j'ai fait un papier dont j'étais hyper content sur les Marocains par exemple dans la French Tech. Et en fait le papier a hyper bien marché, j'ai eu plein de super retours et j'ai trouvé ça beaucoup plus sympa à écrire qu'un cinquantième papier sur telle boîte lève 15 millions pour digitaliser le logiciel d'entreprise. Je cite un exemple fictif mais... C'est bien aussi d'avoir des histoires un peu différentes à raconter parce que la vie des startups, en fait, elle peut s'écrire de plein de façons. Récemment, j'ai fait un papier sur les femmes entrepreneuses qui ont des enfants, par exemple, comment elles gèrent la vie privée, la vie pro. J'ai trouvé ça hyper cool à faire. Et donc, quand on peut, on essaie de faire ça aussi.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces femmes-là que tu as interrogées, c'était des gens de ton réseau ou c'est justement des entrepreneurs que tu as découvertes via des communiqués, des RP ?

  • Speaker #1

    C'était un peu les deux. L'accroche actue, c'était la patronne de Gaïa qui revenait de congé maternité. Enfin, qui revient de congé maternité. Et elle, il se trouve que je la connais depuis deux ans parce que j'ai suivi sa startup. Et en fait, je lui ai dit, est-ce que tu connais d'autres entrepreneuses qui, comme toi, ont dû gérer maternité et gestion de l'entreprise ? Et elle m'a dit, tiens, j'appartiens à un club d'entrepreneuses qui s'appelle Le Galion. C'est un suite dont on parle souvent et elle m'a mis en contact avec 4-5 personnes de son réseau. Et personne que j'ai découverte. pour le coup je les connaissais pas avant en fait et c'était vraiment sympa à écrire et puis et puis c'est parfois chouette d'avoir des retours j'ai eu pas mal de retours d'entrepreneuses pas plus tard que ce matin qui me disaient franchement c'est super d'avoir écrit ce papier parce que c'est un sujet qui est pas beaucoup abordé alors que c'est un énorme challenge pour les femmes pour les mères et enfin pour les salariés et les ES de manière générale qui ont des responsabilités des enfants en fait je dirais les deux c'est pas simple donc Quand tu as des retours cool sur tes papiers, c'est chouette. Ça arrive pas trop par les critiques, mais quand on a des messages sympas, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine. Bon, écoute, merci. Je te propose d'aller sur la dernière question de clôture.

  • Speaker #1

    Tu te vois où dans cinq ans ?

  • Speaker #0

    La prospective, il faut que tu te projettes là.

  • Speaker #1

    Cinq ans. Dans cinq ans, je me vois toujours aux échos, je pense. Mais par contre, je me vois très loin de ma rubrique actuelle. J'adore ce que je fais. Mon boulot est vraiment intéressant, j'ai une chef qui est extraordinaire. Mon autre collègue Camille est top aussi, donc j'adore bosser avec ces deux filles. Mais je pense que c'est hyper simple pour les journalistes de changer de poste régulièrement. Et je pense que changer tous les 4-5 ans, c'est très très sain. Et ça permet de découvrir des nouveaux sujets, d'étouffer son carrière d'adresse en rencontrant des gens dans d'autres secteurs. Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Alors idéalement, ça serait vers quoi ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je n'ai pas vraiment de religion. Moi, je suis assez curieux, donc je me verrais bien, je ne sais pas, dans l'énergie, ou suivre la politique, ou être correspondant à l'étranger. Je n'ai pas vraiment d'avis tranché, mais j'espère vraiment, si on refait cette émission dans 5 ans, que je ne serai plus à mon poste actuel, parce qu'encore une fois, je pense qu'il faut que ça tourne dans une rédac. Et en fait, on s'éclate vraiment pendant 4-5 ans à un poste, mais le risque, c'est de tomber un peu dans une espèce de routine au bout de quelques années. Et je n'ai pas envie de tomber là-dedans. Quand j'aurai quasiment 60 ans, que je serai tout proche de la retraite, peut-être que je dirai « oui, je fais très bien dans ma petite rubrique et je ne veux pas bouger » .

  • Speaker #0

    Mais là, tu vas encore découvrir, il y a encore beaucoup d'énergie à déployer.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, écoute, super. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Je dois avouer que j'ai une commande spéciale pour toi de la part de ma fille qui a 7 ans. Ok. Tu disais que tu aimais, on en parlait en off, bien traiter des sujets de parentalité. Et puis, on en a parlé de toute manière avec ton récent article sur les mères entrepreneurs. Moi, ma fille me demandait, mais maman, est-ce que... Adrien, c'est Adrien de Miraculous qui est le chat noir dans Miraculous. Alors, il faut lui répondre. Tu peux regarder la caméra et lui dire si oui ou non, c'est toi.

  • Speaker #1

    Désolé, ce n'est pas moi.

  • Speaker #0

    Désolé, Lou. On le trouvera, je te le promets.

Description

Avec cet épisode, découvrez les secrets de la rédaction des Echos ! On a parlé notamment :

  • du choix des sujets

  • des pré-requis qu'une entreprise doit avoir pour passer dans Les Echos

  • comment on fait pour attirer l'attention d'Adrien

  • est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon RP ?

Et plein d'autres sujets !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans l'Impertinente, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel épisode qui va d'ailleurs être le dernier avant le grand break estival. Alors aujourd'hui, je ne suis pas dans les locaux de tournage grenoblois, mais j'ai délocalisé le studio à Paris, et pas n'importe où à Paris, puisque je me trouve en plein cœur de la rédaction du journal Les Echos, en compagnie du journaliste Adrien Lelievre. Bonjour Adrien. Bonjour. Un grand merci d'avoir accepté mon invitation. et de m'accueillir ici. C'est vraiment un privilège pour moi de me retrouver à tes côtés.

  • Speaker #1

    Merci d'être venu.

  • Speaker #0

    Écoute, on avait parlé tous les deux par LinkedIn d'un sujet, notamment sur le fait que les RP étaient régulièrement ghostés par les journalistes. Donc, tu avais réagi un petit peu en privé. C'est très bien. On va peut-être pouvoir en parler pendant l'entretien tout à l'heure. Mais en attendant, j'aimerais que tu nous racontes ton parcours et que tu nous dises comment tu as atterri aux échos.

  • Speaker #1

    Alors je suis ravi de vous accueillir ici. Je m'appelle Adrien, j'ai 35 ans et je travaille aux Echos depuis 2015. Et pendant mes études, j'ai d'abord étudié l'histoire et les sciences politiques, puis je me suis spécialisé dans le journalisme. Au départ, je n'avais pas vraiment de religion, je ne savais pas si je voulais faire plutôt du journalisme politique ou sportif. Et puis c'est un peu le hasard qui fait que je me suis retrouvé aux Echos, puisque j'ai fait un stage de fin d'études ici. Le stage s'est bien passé. Il créait des postes dans la fouée, donc je suis resté au sein de la rédaction. Et en interne, j'ai un peu bougé parce que quand je suis arrivé, j'étais plutôt au service international. Je suivais d'abord la communauté de la Turquie, de l'Iran, du Moyen-Orient, etc. Puis ensuite, j'ai rejoint le service web où là, j'étais plutôt généraliste. Je pouvais écrire aussi bien sur la politique que sur l'international, le sport. Donc c'était très, très, très varié. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à développer un intérêt pour les sujets liés à la mobilité, notamment la mobilité urbaine. A l'époque, ça bougeait beaucoup à Paris parce qu'il y avait les startups de scooters, de trottinettes, de vélos, les VTC, etc. qui arrivaient. Et en interne, c'était des sujets qui étaient assez peu couverts. Il y avait historiquement des journalistes en charge des transports aux échos qui suivaient plutôt l'automobile, l'aéronautique, etc. Mais il n'y avait pas beaucoup de spécialistes des startups de mobilité. Donc en fait, je me suis intéressé au sujet. J'ai un peu fait une OPA sur ces nouveaux sujets. J'ai développé du coup des compétences dans le secteur. Et ensuite, on m'a proposé de rejoindre... plus directement le service startup des échos où je continue à suivre les startups dans la mobilité mais où mon périmètre s'est élargi donc aujourd'hui je suis aussi des boîtes dans la deep tech dans la logistique dans la cybersécurité les startups industrielles parfois les green tech donc le champ est très très vaste parfois un peu trop mais oui c'est très vaste.

  • Speaker #0

    Mais bon quand même une appétence particulière pour la mobilité.

  • Speaker #1

    Ouais c'est un peu mes sujets de prédilection c'est un peu ce que je fais le plus souvent je pense.

  • Speaker #0

    Et puis là où tu vas t'éclater quand tu vas créer des sujets ?

  • Speaker #1

    Ouais, où je m'éclate et où en fait je suis un peu en pilote automatique, c'est-à-dire que je connais bien les sujets, j'ai un bon carnet d'adresses, c'est facile entre guillemets d'écrire sur ces sujets-là, alors que sur d'autres c'est plus compliqué parce que j'ai moins de connaissances. Donc c'est des sujets que je peux écrire presque les yeux fermés. Super,

  • Speaker #0

    on va apprendre votre manière à davantage te connaître et à comprendre comment fonctionne la rédaction des échos. Je t'invite du coup à retourner la première pancarte, à rentrer dans le jeu des questions-réponses de l'impertinente.

  • Speaker #1

    Ça se passe comment une journée aux échos en tant que journaliste start-up ? Alors il n'y a pas vraiment de journée type et c'est ça qui est assez intéressant. On va dire que chaque jour j'écris un article, mais à part ça, les journées sont toujours très différentes les unes des autres. Parfois j'écris tôt le matin, parfois j'écris le midi, parfois j'écris le soir. C'est vraiment très très aléatoire et en fait ça dépend vraiment de deux gros paramètres. Est-ce que je suis à Paris ou non ? Parce que moi j'habite à Lille. Donc quand je suis à Lille, je fais plutôt des visios. Par contre, quand je suis à Paris, en général, mon agenda est bien rempli. Et donc je fais des cafés, des déj, je vais à des confs de presse, je vais à des conférences comme Hello Tomorrow, comme VivaTech, comme le salon Autonomie, etc. Et donc en fonction des rendez-vous ou pas que j'ai dans la journée, je choisis le moment où j'écris. Mais ce n'est pas vraiment gravé dans le marbre. La seule contrainte, c'est qu'en général, je dois rendre un papier par jour. mais après je fais un peu ce que je veux pour le rendre, je n'ai pas trop de contraintes de ce point de vue-là. Et je trouve ça bien d'avoir des journées chacune différentes les unes des autres, c'est ce qui rend le métier riche je trouve. Et puis parfois je commence très tôt, parfois je commence très tard, je fais vraiment les choses à ma sauce.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir un article par jour à écrire, moi personnellement je trouve que le rythme est plutôt tranquille, quand on connaît aussi d'autres journalistes qui doivent écrire 3-4 papiers à la journée. C'est dû à quoi ? C'est dû au fait que pour chaque secteur, il y a quand même un journaliste qui est bien défini et du coup, vous pouvez partager les sujets ?

  • Speaker #1

    C'est surtout lié au fait que le journal sort chaque jour et il y a trois articles dans la page au startup et on est trois journalistes. Donc en général, c'est un article. Après, parfois, effectivement, s'il y a des breaking news, on va faire en plus des papiers spécifiquement pour le web. Mais en fait, je suis dans une rubrique où, mine de rien, il n'y a pas beaucoup de breaking news. Il y a beaucoup de sujets sous embargo, ce qui est très confortable d'un point de vue journalistique, parce qu'en général, je sais longtemps à l'avance ce sur quoi je vais écrire. Ça me laisse le temps de réfléchir, de poser les bonnes questions aux bonnes personnes. Je suis rarement dans le rush, alors qu'avant, quand j'étais justement au service web, Là, c'était beaucoup plus la course. Et s'il y avait une grosse actu qui tombait, je devais être capable de réagir très vite. Mais en même temps, cette expérience au web, elle est intéressante parce qu'aujourd'hui, s'il y a une grosse actu dans les startups, je suis vraiment capable d'écrire très, très, très vite. Ça, je pense que la réactivité, c'est une qualité que j'ai acquise et qui ne se perdra jamais, en fait.

  • Speaker #0

    Et tu nous parlais d'embargo. Je crois qu'on va peut-être en parler tout à l'heure. des meilleurs délais, les plus confortables pour les journalistes. C'est toujours une grande question pour les RP. Est-ce qu'un embragon nous donne une semaine avant où c'est beaucoup trop court ? Ou est-ce qu'il faut prendre beaucoup plus de temps ? Tu vas nous dire un petit peu ton point de vue par rapport à ça tout à l'heure. D'accord. Mais écoute déjà, est-ce qu'il y a des conférences de rédaction ? Comment ça marche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des conférences de rédaction aux échos, mais moi, je n'y participe pas. C'est plutôt les chefs de service ou les rédacteurs en chef qui y participent. Et au sein même de mon service, il n'y a pas beaucoup de conférences de rédaction. en tout cas il n'y a rien de figé et en fait comme on est que trois et qu'on s'entend très très très bien et qu'on a chacun un périmètre assez bien défini en fait on est hyper libre et en fait c'est plutôt moi qui vais proposer des sujets à ma chef et en général ça se fait soit par Teams soit via un appel téléphonique où je propose un sujet à ma chef ou à l'inverse parfois elle va me dire tiens j'ai repéré ça, est-ce que ça te dirait de rire là dessus mais de manière générale j'ai beaucoup d'autonomie sur le choix de de mes sujets, ça je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Oui c'est un privilège.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis ouais, j'ai une chef qui me fait vraiment confiance, et puis elle attend de nous qu'on soit force de proposition aussi. Et en fait on s'éclate plus quand on est journaliste, je trouve en tout cas, quand c'est nous qui proposons les sujets, parce que c'est des sujets qui nous excitent un peu plus que quand on se fait « imposer » à certains sujets, même si parfois ça arrive et ça fait partie du jeu aussi. Mais quand on propose des sujets, à priori c'est des sujets qui nous font un peu plus vibrer.

  • Speaker #0

    Et du coup, combien de temps tu mets en moyenne à écrire un article ?

  • Speaker #1

    Là encore, c'est très aléatoire. Il y a des papiers que tu peux écrire très vite si tu as toutes les infos tout de suite. Parfois, il y a des papiers que tu écris sur 3 ou 4 jours parce qu'en fait, tu n'as pas toutes les personnes nécessaires pour écrire l'article. Encore une fois, c'est très aléatoire. Ça dépend vraiment de la complexité du sujet, de l'ambition que tu vas y mettre, de la longueur aussi du papier. Si c'est un papier de 2000 signes, ça s'écrit plus vite qu'un papier de 15 000 signes.

  • Speaker #0

    Et les papiers plus courts, est-ce qu'ils sont davantage élus que les papiers plus longs ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, il n'y a pas vraiment de règle. Et au contraire, en fait, on s'est aperçu en regardant un peu les chiffres d'audience que certains papiers longs avaient cartonné aussi ces derniers temps. Après, ce qui détermine ou pas le succès, c'est parfois un bon titre. Ça fait quand même toute la différence. Parfois, c'est d'ailleurs très frustrant de faire de très, très bons papiers. Enfin, en tout cas, tu as l'impression d'avoir fait un bon papier. Et en fait, ils sont très pollus parce qu'ils ne sont peut-être pas assez bien titrés, ou alors c'est un sujet un peu trop niche, ou alors la photo n'était peut-être pas assez sexy. C'est marrant,

  • Speaker #0

    on a les mêmes problématiques parfois. L'ARP, on croit que notre communiqué est canon, et puis finalement, c'est compliqué à...

  • Speaker #1

    Bah oui, oui. Mais après, il ne faut pas s'arrêter non plus à l'audience. Mais il y a des papiers très, très bons qui marchent très, très bien. Je n'ai plus toutes les stats en tête, mais par exemple, moi, j'ai fait deux enquêtes pour le journal depuis le mois de septembre, et c'est des papiers qui ont... Tu es hyper hyper lu en fait. Donc quand tu as bien bossé, tu as consacré beaucoup d'énergie à un sujet et qu'en plus il est lu, c'est chouette, c'est toujours mieux. On est là pour être lu après tout.

  • Speaker #0

    Politique de partage sur les réseaux sociaux, comment vous faites ? Via LinkedIn ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est surtout LinkedIn. En fait, quand je suis arrivé aux Echos, on me misait beaucoup sur Facebook et Twitter. Et de moins en moins, là maintenant, on nous a vraiment demandé de cibler plutôt LinkedIn. Et puis en fait, c'est assez... positif parce que nos lecteurs en fait sont des usagers quand même assez fréquents de ce réseau, c'est un réseau pro-business, un réseau où on partage pas mal d'infos donc ça se prête...

  • Speaker #0

    Tu partages un article c'est ton compte Adrien Rélième.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Et puis en plus c'est un réseau plutôt apaisé pour pas dire parfois un peu convenu mais... Un peu couré. Oui alors peut-être mais au moins c'est un réseau... assez sain et c'est moins la foire d'empoigne que sur d'autres réseaux comme Wix. C'est ça. Et puis par ailleurs, c'est aussi un bon moyen parfois d'être contacté par des gens. Tu écris sur un sujet, des gens te disent « Ah bah tiens, vous avez écrit sur telle boîte, moi il se trouve que j'ai lancé une boîte dans le même secteur. » Ou parfois on nous donne des infos « Ah bah tiens, cette boîte vous a pas dit que telle ou telle personne était partie en raison d'un désaccord stratégique. » Donc c'est un bon moyen d'interagir aussi avec les lecteurs.

  • Speaker #0

    Ok, justement, je pense que ça peut nous faire une très bonne transition avec la deuxième question que j'ai préparée.

  • Speaker #1

    Comment choisis-tu les sujets que tu traites et avec quel délai d'anticipation ? Et quels sont les prérequis qu'une entreprise doit avoir pour qu'elle t'intéresse ?

  • Speaker #0

    Pour tout te dire, j'ai un petit peu pris la température le coup auprès de quelques confrères et consœurs attachés de presse. Et du coup, c'est un petit melting pot des questions que tout le monde se pose. Et puis voilà, je me fais un peu l'intermédiaire des RP envers toi. C'est vrai qu'on se demande toujours est-ce qu'il y a des prérequis pour... avoir la chance de paraître dans les échos quand on est une entreprise ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire oui et non. En fait, moi je travaille pour le service start-up et il y a quand même une prime à la taille, c'est à dire que on est censé parler de toutes les start-up mais c'est normal qu'on parle davantage de certaines start-up que d'autres. Typiquement des start-up comme Miracle, Doctolib, Back Market, c'est des acteurs installés, des acteurs connus aussi du grand public. Et c'est normal qu'on leur donne un peu plus la parole que des plus petites startups. Toutes les startups de manière générale du Next 40, c'est-à-dire l'indice qui réunit les 40 plus grosses startups en France, on a tendance à leur donner un peu plus la parole en raison de leur ancienneté, du nombre de salariés qu'elles ont, des financements qu'elles ont pu obtenir, de leur notoriété, etc. Et je parlais par exemple de notoriété, une boîte comme Doctolib, aujourd'hui c'est une startup que tous les Français au presse connaissent, donc c'est normal qu'on la suive de façon particulièrement... active. Mais après en fait c'est pas non plus un critère exclusif c'est à dire que moi ce qui m'importe le plus c'est que le sujet soit intéressant, nouveau, faire un 15e papier sur une boîte que tout le monde connaît, c'est pas très excitant pour le journaliste mais aussi pour le lecteur donc en fait il faut qu'il y ait de la nouveauté et puis la taille ça compte mais pas toujours parce qu'en fait suivre des petites boîtes c'est aussi hyper intéressant parce que Doctolib a d'abord été une petite boîte avant de devenir une grosse boîte. Et aussi essayer de détecter quelles sont les petites startups qui ont des vraies innovations, qui sont en train de bousculer des marchés. C'est aussi intéressant que suivre parfois des très très grosses boîtes. Donc il n'y a pas de critères, si ce n'est celui qu'il faut que ce soit un peu excitant et qu'il y ait une histoire à raconter. Encore une fois, raconter pour la 15e fois quelque chose que tout le monde sait, on essaye d'éviter. Et puis après, j'ai envie de dire qu'il y a un peu une part d'arbitraire. Désolé pour vous les attachés de presse. En fait, le traitement est aussi le reflet de la personnalité du journaliste. Moi, par exemple, j'ai remplacé quelqu'un qui suivait beaucoup la FinTech parce qu'elle aimait bien ces sujets-là. Moi, je ne traite pas du tout ces sujets-là parce que ça ne m'excite pas trop de suivre la FinTech. Et par ailleurs, j'ai une collègue qui suit ça très bien. Et à l'inverse, c'est plutôt Charlie qui adore la FinTech. Donc, en fait, je suis très content qu'elle fasse ces sujets. Elle les fait très, très bien. Mais en fait, si demain, je quitte le service, peut-être que mon ou ma remplaçante... aura de l'impétence pour des sujets que je ne suis pas du tout au long cours. Donc ça fait partie un peu des allers-à-l'air en fonction des goûts du journaliste, si j'ose dire.

  • Speaker #0

    Il y a de la subjectivité dans le choix quand même, malgré tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et puis après, parfois, il y a aussi un feeling humain. Parfois, tu as noué une relation de confiance avec certaines personnes. Donc en fait, tu vas peut-être écrire plus que sur des boîtes que tu ne connais pas. Et puis après, il y a des facteurs complètement peut-être géographiques aussi. On est basé à Paris et je pense que... On donne plus la parole à des gens qu'on a l'occasion de croiser. Et c'est clair qu'il y a un peu des angles morts parfois dans notre traitement. Je suis sûr qu'il y a plein de projets incroyables à Grenoble que je ne connais pas, ou à Bordeaux ou à Toulouse, mais c'est parce que je n'y suis pas très régulièrement. Donc en fait, on les couvre peut-être un petit peu moins pour cette raison.

  • Speaker #0

    Comment tu réagis si jamais on te propose de faire un déjeuner ou un petit déjeuner avec un client qui peut avoir une actualité ou même pas une actualité, mais peut-être une histoire qui peut être intéressante à raconter ? J'imagine que tu es très sollicité. On parlait dans nos messages LinkedIn du fait que je crois entre 9h et 13h tu avais déjà reçu trois temps mail.

  • Speaker #1

    C'est un peu la difficulté parfois, il faut savoir parfois dire non mais après parfois les déjeuners un peu informels c'est chouette aussi parce que parfois c'est une bonne façon de prendre une date aussi pour l'avenir. Tu rencontres quelqu'un, il va te dire des choses intéressantes, parfois tu ne vas pas tout de suite écrire sur sa boîte parce que ce n'est pas le bon moment mais six mois plus tard ou un an plus tard en fait ça te ça te permettra parfois de te dire, ah bah tiens, cette patronne que j'avais rencontrée il y a six mois était très intéressante, je pourrais peut-être l'interviewer sur ce sujet, parce qu'elle le maîtrisait bien. Donc c'est aussi à nous parfois de se dire, est-ce que ça vaut le coup ou pas de consacrer un peu de notre temps, en sachant effectivement qu'on est quand même très sollicités, et moi c'est une de mes difficultés au quotidien, c'est-à-dire que je suis obligé de dire non souvent, mais il faut aussi dire oui pour rencontrer des nouvelles personnes, pour avoir des idées neuves, des regards différents, des infos différentes. C'est un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment privilégié pour te contacter, toi, Adrien Leliev, quand on veut te proposer, ou effectivement un petit déjeuner presse, ou un sujet ? Est-ce que tu as des moments où tu te dis, là, je vais être plus calme, donc peut-être plus réceptif ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais le matin, de préférence, entre 9h et midi, on va dire.

  • Speaker #0

    Oui, donc le créneau est quand même là.

  • Speaker #1

    Oui, le créneau est plutôt large. Je préfère faire des cafés, par exemple, plutôt que des déj. Parce que c'est plutôt personnel. Et puis après, en fait, ça dépend du moment. Si l'actu est brûlante, en fait, le mieux, c'est de me contacter très, très vite. Mais quand c'est possible, oui, je dirais entre 9h et midi.

  • Speaker #0

    OK, on note, on garde en tête. Tu vas avoir ton téléphone qui va sonner entre 9h et 12h.

  • Speaker #1

    C'est déjà le cas. Oui,

  • Speaker #0

    peut-être davantage. Je t'en prie, je te propose de passer à la troisième question.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir un super pouvoir pour améliorer ton quotidien de journaliste, ce serait quoi ? J'aimerais bien qu'on me réponde immédiatement quand je sollicite quelqu'un, parce que les gens ont une vie, ils sont occupés, etc. Et parfois, on te dit, ok, pas de souci. on peut échanger mais ce sera que demain ou après-demain. Quand c'est dans la journée ça va, il n'y a pas de souci, on s'adapte. Les gens ont des obligations personnelles qu'il faut respecter. Mais si on pouvait me répondre tout de suite, à chaque fois, j'avoue que ce serait pratique parce qu'on est toujours un peu pressé voire pressant quand on est journaliste.

  • Speaker #0

    J'imagine, d'accord, donc vraiment un pouvoir sur le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, un pouvoir sur le temps, ça serait assez utile.

  • Speaker #0

    Ok, tu vois, je ne suis pas étonnée de ta réponse. Bon bah super, tu peux enchaîner avec la quatrième question.

  • Speaker #1

    Les RP, boulets ou alliés ? Et on fait comment en tant que RP pour attirer ton attention sur un sujet ? Les RP sont des alliés, on travaille avec les RP à longueur de journée, donc je n'irai certainement pas sur ce terrain glissant en disant que ce sont des boulets. En fait, sans les RP, il y a plein d'infos auxquelles on n'aurait pas accès tout simplement. Donc non, plutôt des alliés. Et voilà. Et moi, j'ai l'impression d'avoir plein de RP qui sont un peu plus que des alliés, des gens avec qui j'ai vraiment des liens de confiance, qui savent quand c'est le bon moment ou pas pour me contacter, qui savent très très bien quels sont les sujets qui me font un peu vibrer. Il n'y a aucun journaliste qui te dira que les RP ne sont pas utiles. Ça peut parfois être oppressant, ça c'est pas faux, mais la relation est importante.

  • Speaker #0

    Oppressant, alors tu peux détailler ?

  • Speaker #1

    Quand on est sur sollicité, ce n'est pas toujours simple. Mais à côté de ça, un bon RP, c'est celui qui sait aussi parfois...

  • Speaker #0

    Insister quand il le faut.

  • Speaker #1

    C'est ça, insister, mais sans non plus être trop pénible, si j'ose dire, même si les RP ont leurs propres contraintes de travail. Vous défendez des clients à qui vous devez rendre des comptes.

  • Speaker #0

    Nous aussi, on aimerait avoir une baguette magique pour un journaliste.

  • Speaker #1

    Non, les RP sont utiles pour notre travail.

  • Speaker #0

    Et quelle est la meilleure fréquence pour toi d'un point de vue de relance quand on t'envoie un communiqué, une actualité, bon, tu n'as pas forcément le temps de la regarder immédiatement, une semaine plus tard, alors si jamais ce n'est pas urgent, encore une fois,

  • Speaker #1

    tu sens… J'irai 3-4 jours, tout dépend après de l'urgence ou pas, mais quand tu reçois un message à 9h et qu'à 10h on te dit « est-ce que vous avez vu mon mail ? » , là je pense qu'il faut éviter. Oui, oui, il faut qu'il fonce. Ah oui, oui. Ok. Oui, et puis après, tout dépend aussi parfois de la temporalité de l'actu. Si c'est une actu un peu froide, il n'y a pas d'enjeu de relancer immédiatement. Si c'est une actu qui est plus chaude, je comprends que...

  • Speaker #0

    Oui, on est obligé d'aller un petit peu plus vite.

  • Speaker #1

    Moi, je réponds plus aux personnes déjà que je connais, parce qu'en fait, il y a plein de RP que je ne connais pas, qui m'appellent et des fois, je vois des numéros qui s'affichent sur mon téléphone, je ne sais pas de qui il s'agit. Là, j'avoue, je ne réponds pas toujours. Et à l'inverse, il y a des RP que je connais depuis 7-8 ans, qui j'ai une confiance absolue et à qui je réponds hyper vite tout le temps.

  • Speaker #0

    On devrait faire un petit jeu. Combien tu as de messages vocaux non écoutés dans ton téléphone ?

  • Speaker #1

    On ne fait pas souvent des messages vocaux. C'est vrai ? Oui. Franchement, plutôt des messages écrits.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu écoutes sans faire des messages vocaux ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'arrive pas très souvent, mais j'ai vu une autre personne, je ne sais pas. hyper fan des mots et par contre si on m'écrit je le lirai oui.

  • Speaker #0

    Et plutôt par voie de mail en première intention et peut-être derrière LinkedIn si jamais on veut relancer de manière diplomate avec parcimonie ?

  • Speaker #1

    Plutôt par mail, après une fois quand tu commences à avoir des relations plus suivies avec certaines personnes sur WhatsApp c'est aussi très bien je suis plutôt réactif sur WhatsApp. D'accord. Plus sur WhatsApp que par mail, mais si je dis ça après je vais recevoir 50 000. Oui, c'est tout.

  • Speaker #0

    On n'a pas ton numéro de portable.

  • Speaker #1

    Ah franchement, facilement oui. Je pense que mon numéro est facilement accessible. D'accord.

  • Speaker #0

    Bon, très bien. On fera attention de ne pas abuser. Je t'en prie, tu peux aller sur la cinquième question.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon attaché de presse ? Oui, je pense que sans aucun problème. On connaît très bien le métier de journaliste, donc quand on passe de l'autre côté, si j'ose dire, on sait très bien quelles sont les contraintes du métier, quels peuvent être les délais ou pas à respecter. Donc je ne pense pas que ce soit très compliqué de passer de l'autre côté du miroir. Et à l'inverse, je pense que les attachés de presse ont des qualités qui les prédisposent aussi assez bien à devenir un journaliste. des qualités rédactionnelles, être curieux, savoir vendre un sujet.

  • Speaker #0

    Donc les frontières sont plutôt minces finalement.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est des métiers qui ont... Complémentaires. Qui ont des... Qui retirent quelques qualités communes. Ce n'est pas tout à fait le même métier. Il y a plein de choses que vous faites que je ne sais pas faire et sans doute inversement. Mais je pense qu'on peut effectivement passer facilement d'un côté ou l'autre la frontière. Même si en fait, c'est souvent des allées sans retour. En tout cas pour les journalistes qui après deviennent... attachés de presse aux communicants, il n'y en a quand même pas beaucoup après qui redeviennent journalistes.

  • Speaker #0

    Oui et moi j'ai quand même l'impression qu'il y a deux écoles, il y a effectivement ceux qui passent sans problème et puis il y a vraiment des journalistes puristes où le métier de la communication on n'y touche pas, c'est un autre métier et on n'y va pas. C'est un peu la lecture que j'en ai mais toi tu sembles dire que la reconversion peut être... Alors je pense que...

  • Speaker #1

    C'est un métier qu'on peut facilement envisager quand on quitte la carrière de journaliste, dans le sens où c'est un univers qu'on connaît quand même assez bien, on a des contacts, etc. Après, à titre personnel, j'avoue, ce n'est pas du tout ce vers quoi je voudrais tendre un jour. Mais je pense que les qualités des journalistes leur permettent de faire un tas d'autres métiers. Et au-delà du métier de communicant, je pense que les journalistes peuvent être très heureux en faisant tout autre chose que du journalisme. Certains journalistes sont parfois convaincus qu'ils ne savent faire que ça et qu'ils sont bons à rien d'autre. Moi je suis convaincu qu'on est quand même assez polyvalent, on a un gros carnet d'adresses, on sait de manière très claire assez bien écrire ou communiquer à l'oral pour ceux qui font plutôt de la radio ou de la télé. Donc ces qualités-là peuvent être utiles dans plein d'autres métiers.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, ok, très bien. On peut enchaîner.

  • Speaker #1

    Tu as sans doute vu passer l'annonce de Xavier Niel pour Le Monde. Quel est ton point de vue quant à l'indépendance journalistique et l'éventuelle pression des actionnaires annonceurs sur un groupe de presse ?

  • Speaker #0

    Il y a eu un article, d'ailleurs, dans les échos.

  • Speaker #1

    Oui, l'indépendance journalistique, c'est fondamental. Moi, je trouve que c'est un vrai problème en France que des milliardaires possèdent la presse de manière générale, y compris nos médias, qui appartiennent à la même fée de France, dans une démocratie saine. il faudrait que les médias échappent totalement à la sphère des puissants. Heureusement qu'il y a des milliardaires, parce qu'il y a beaucoup de titres de presse qui auraient sans doute mis la crise sous la porte depuis longtemps s'il n'y avait pas des Niel, des Arnaud, etc. Mais d'un autre côté, ça pose question. Quand tu dis que tu es journaliste, souvent on te dit que ton média appartient à telle ou telle personne. Et de manière générale, il faut enlever ce soupçon permanent. Et ce soupçon, il n'existe que si tu appartiens à un riche homme d'effet. Une rédaction comme Mediapart, on peut la critiquer ou pas sur la qualité de ses contenus, mais en tout cas, le fait qu'elle soit purement indépendante, qu'elle ne dépende que de ses lecteurs et pas du tout des annonceurs ou de grandes fortunes, moi je trouve ça hyper hyper simple. Dans un monde idéal, je voudrais qu'on imite ce modèle-là, ça ne dépend pas. que de moi évidemment, mais c'est important que les rédacs aient plus d'indépendance.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des codes rouges parfois sur des sujets qu'on ne pouvait pas traiter ou des limites ?

  • Speaker #1

    Moi je n'ai jamais été trop concerné par la question, mais quand tu suis l'actualité d'LVMH qui est le plus grand groupe du monde dans le luxe, avec tes journées sous écho, tu es un peu mal à l'aise en fait par définition. Et même s'il n'y a pas… Même s'il n'y a pas d'ingérence, il y a ce soupçon qui vient d'étrangers, enfin ce soupçon qui vient plutôt des lecteurs qui disent que ce n'est pas sain comme situation. Et je pense que... À juste titre. Oui, à juste titre. Je pense qu'on a vocation aussi à sortir des infos, y compris sur ces gens-là. Et en fait, ce n'est pas idéal d'être possédé par des grandes fortunes.

  • Speaker #0

    Donc du coup, que penses-tu du fait que Xavier Niel ait justement cédé à un fonds indépendant, ses parts ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois très bien. Et je trouve que ça va plutôt dans le bon sens. On a besoin de garantir. Et en fait, je trouve que... On a pas mal parlé par exemple de quelqu'un comme Bolloré qui possède des médias. En fait, je pense qu'il abîme ses propres marques en faisant preuve parfois d'ingérence dans les rédactions. Parce que les gens disent « regardez, c'est la radio de Bolloré ou c'est le média de Bolloré. Il a son mot à dire dans la vie d'un rédac. Ce n'est pas idéal. » Je trouve que ça décrit des bises plus qu'autre chose, sa marque et ses groupes de presse qu'autre chose. Pour moi, ce n'est pas souhaitable.

  • Speaker #0

    Très bien, bien clair. Merci. Je t'en prie, déjà l'avant-dernière question.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait le plus vibrer dans ton métier de journaliste ? Moi, ce que j'aime le plus, c'est que j'apprends des choses nouvelles chaque jour. Il n'y a quand même pas beaucoup de métiers où chaque matin, tu apprends des choses nouvelles. Et tu rencontres aussi des gens vraiment intéressants dans tous les milieux. Moi, je rencontre des chefs d'entreprise, des investisseurs, des banquiers ou des banquières, bien sûr. des avocats, des ministres, c'est des gens de manière générale assez intéressants donc je prends du plaisir à discuter avec ces gens-là. Et puis ce que j'aime bien aussi c'est que, c'est peut-être propre à mon secteur, mais je rencontre des chefs d'entreprise. Alors on peut parfois se moquer des entrepreneurs, etc., de leurs habitudes, etc., mais il y a un truc que j'aime bien chez eux, c'est que ce sont des gens optimistes. Par définition, quand tu crées ta boîte, c'est que tu crois en l'avenir et tu te dépenses un peu pour la développer. Et on est dans un pays parfois un peu déprimant où on voit toujours le verre à moitié vide, on n'est jamais content, etc. Un peu négatif. Tu parlais des États-Unis tout à l'heure où tu as un peu voyagé. Justement, aux États-Unis, il y a une espèce d'énergie et d'optimisme qui...

  • Speaker #0

    Une culture qui te porte vers le haut.

  • Speaker #1

    Et en fait, en France...

  • Speaker #0

    Rien n'est impossible.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on peut parfois se moquer des travers des entrepreneurs, etc. Mais au moins, c'est des gens qui se disent « Moi, j'y crois, j'ai des idées, je les développe. » Et ça, je trouve ça plutôt chouette. Souvent, je sors d'interviews avec des chefs d'entreprise et c'est plutôt revigrant de se dire « Ah bah ce mec-là, il n'est pas résigné » ou « Cette patronne-là, elle a une énergie d'enfer pour faire bouger son secteur. » Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as la trouille des fois de rencontrer des personnalités ? Non, jamais. Jamais ? Tu y vas sereinement ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Comment tu te prépares d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Déjà, je ne les prépare pas tant que ça, mes échanges. J'aime bien quand c'est plutôt spontané. Et je ne suis pas facilement... intimidé, j'ai le contact plutôt facile. Et en fait on désacralise vite des personnes un peu importantes quand on a l'habitude de les côtoyer. Je me souviens quand je suis arrivé aux Echos, la première fois que j'ai dû rencontrer un ministre, j'étais hyper stressé, j'étais là oh là là c'est un moment important. Et puis en fait une fois que tu as l'échange avec la personne, tu te dis bon en fait c'est un ministre, c'est quelqu'un d'éminemment respectable, mais c'est qu'un ministre si j'ose dire, c'est avant tout une personne. Elle quitte un échange et il n'y a pas de raison d'avoir peur. De flipper ? Ouais. Le seul truc qui me fait plus flipper, c'est quand je dois faire des interviews en anglais ou en espagnol, où là, en fait, la barrière de la langue rend la chose plus complexe parce que tu as un peu moins de nuances dans ton vocabulaire. Ça, ça me fait un peu plus stresser. Mais c'est purement linguistique, ce n'est pas tant à la personnalité en tant que telle.

  • Speaker #0

    Et tu enregistres du coup ce type d'échange pour éviter d'avoir derrière des erreurs ou des inexactitudes ?

  • Speaker #1

    J'avoue, en anglais, j'aime bien pouvoir enregistrer aussi. En fait, pour prendre des notes, quand tu parles une autre langue, je trouve ça plus simple d'avoir un enregistrement un peu au backup parce que prendre des notes en anglais et parler en anglais en même temps, je trouve ça plus compliqué que de le faire en français, par exemple.

  • Speaker #0

    Il y a une question dont on n'a pas parlé, c'est comment est-ce qu'on fait ? pour se faire vraiment identifier par toi ? On parlait d'embargo tout à l'heure. Est-ce que c'est une technique qui marche bien justement pour sortir du lot quand on est attaché de presse et du coup avec toutes les propositions que tu dois recevoir ? Un embargo, comment on le construit avec toi ? Est-ce qu'on te l'envoie 15 jours avant, 3 semaines avant ? Comment tu aimes travailler avec ça ? Ou une exclue ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors moi, je ne suis pas un inconditionnel des excuses, c'est-à-dire que ça ne me dérange pas du tout que des attachés de presse mettent un embargo sur une info, mais parlent à plusieurs médias. Ça, ça ne me dérange vraiment pas. C'est le jeu ? Oui, c'est le jeu. Et puis, si l'info est intéressante, je ne vois pas pourquoi elle ne devrait sortir que dans les échos. Donc ça, ça ne me dérange pas trop que mes copains de Madines ou de l'AFP ou de Bloomberg ou peu importe aient l'info aussi en même temps. Après, c'est vrai que quand les infos sont sous embargo, ça offre quand même beaucoup du coup. de confort en fait parce que ça permet de se dire voilà c'est dans 10 ou 15 jours j'ai le temps de préparer les choses correctement je suis pas dans le rush en fait le rush est quand même un peu l'ennemi du journaliste je trouve parce que plus tu as de temps plus tu fais quand même les choses mieux quand tu as une info qui va sortir le lendemain t'es un peu dos au mur et c'est un peu plus compliqué à gérer les embargos, c'est plutôt précieux. Et après, il ne faut pas non plus mettre des embargos de trois mois et demi. Mais une semaine, dix jours, c'est pas mal. Ça donne un peu de visibilité et ça donne un peu de souplesse pour les journalistes. Et moi, je suis dans une rubrique très particulière où quasiment toutes les infos sont sous embargo. Qu'il s'agisse de levées de fonds, de rachats, de nominations, de gros contrats, etc. Souvent, c'est des choses qu'on sait à l'avance assez longtemps avant. Donc ça offre du confort.

  • Speaker #0

    Effectivement, je vois beaucoup de startups qui passent dans les échos où l'angle, l'entrée, c'est la levée de fonds. Et après, c'est toujours un point important, un temps fort d'une entreprise d'avoir une levée de fonds. Alors, est-ce qu'il y a un montant minimum chez vous ?

  • Speaker #1

    Franchement, il n'y a pas de montant, même si, encore une fois, quand Pascal lève 100 millions dans l'ordinateur quantique, on va forcément y accorder sans doute un peu plus d'attention. Mais... Mais la levée de fonds, ça fait partie des sujets dont on parle parce que ça fait partie de la vie des startups. Mais on n'en fait pas non plus totalement une obsession. Et en fait, on essaye, dans les mesures du possible, ce n'est pas toujours le cas, mais on essaye un peu d'en sortir et on veut essayer de parler des startups de façon parfois un peu différente, sous des angles un peu originaux aussi. Parce que déjà, faire que des papiers sur les levées de fonds, ce n'est pas hyper excitant parce que ce sont des papiers qui se ressemblent un peu. Et déjà... On essaye aussi, quand on parle des levées de fonds, de parler parfois de plusieurs boîtes dans un même secteur. Par exemple, une boîte lève des fonds, mais elle évolue dans un secteur où il y a aussi telle ou telle autre boîte. Et on essaye de faire des papiers un peu plus transversaux, si j'ose dire, sur toutes les startups qui ont levé des fonds dans la recharge de voitures électriques ou dans la cybersécurité. Ça donne un peu plus de valeur aussi, je trouve, pour le lecteur, parce qu'au-delà de la levée de fonds, c'est bien d'avoir... de visio un peu plus d'ensemble.

  • Speaker #0

    Sur le marché, oui.

  • Speaker #1

    Et puis les papiers un peu plus transversaux et qui s'éloignent aussi un peu des levées de fonds, ça marche bien aussi. Moi j'ai fait un papier dont j'étais hyper content sur les Marocains par exemple dans la French Tech. Et en fait le papier a hyper bien marché, j'ai eu plein de super retours et j'ai trouvé ça beaucoup plus sympa à écrire qu'un cinquantième papier sur telle boîte lève 15 millions pour digitaliser le logiciel d'entreprise. Je cite un exemple fictif mais... C'est bien aussi d'avoir des histoires un peu différentes à raconter parce que la vie des startups, en fait, elle peut s'écrire de plein de façons. Récemment, j'ai fait un papier sur les femmes entrepreneuses qui ont des enfants, par exemple, comment elles gèrent la vie privée, la vie pro. J'ai trouvé ça hyper cool à faire. Et donc, quand on peut, on essaie de faire ça aussi.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces femmes-là que tu as interrogées, c'était des gens de ton réseau ou c'est justement des entrepreneurs que tu as découvertes via des communiqués, des RP ?

  • Speaker #1

    C'était un peu les deux. L'accroche actue, c'était la patronne de Gaïa qui revenait de congé maternité. Enfin, qui revient de congé maternité. Et elle, il se trouve que je la connais depuis deux ans parce que j'ai suivi sa startup. Et en fait, je lui ai dit, est-ce que tu connais d'autres entrepreneuses qui, comme toi, ont dû gérer maternité et gestion de l'entreprise ? Et elle m'a dit, tiens, j'appartiens à un club d'entrepreneuses qui s'appelle Le Galion. C'est un suite dont on parle souvent et elle m'a mis en contact avec 4-5 personnes de son réseau. Et personne que j'ai découverte. pour le coup je les connaissais pas avant en fait et c'était vraiment sympa à écrire et puis et puis c'est parfois chouette d'avoir des retours j'ai eu pas mal de retours d'entrepreneuses pas plus tard que ce matin qui me disaient franchement c'est super d'avoir écrit ce papier parce que c'est un sujet qui est pas beaucoup abordé alors que c'est un énorme challenge pour les femmes pour les mères et enfin pour les salariés et les ES de manière générale qui ont des responsabilités des enfants en fait je dirais les deux c'est pas simple donc Quand tu as des retours cool sur tes papiers, c'est chouette. Ça arrive pas trop par les critiques, mais quand on a des messages sympas, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine. Bon, écoute, merci. Je te propose d'aller sur la dernière question de clôture.

  • Speaker #1

    Tu te vois où dans cinq ans ?

  • Speaker #0

    La prospective, il faut que tu te projettes là.

  • Speaker #1

    Cinq ans. Dans cinq ans, je me vois toujours aux échos, je pense. Mais par contre, je me vois très loin de ma rubrique actuelle. J'adore ce que je fais. Mon boulot est vraiment intéressant, j'ai une chef qui est extraordinaire. Mon autre collègue Camille est top aussi, donc j'adore bosser avec ces deux filles. Mais je pense que c'est hyper simple pour les journalistes de changer de poste régulièrement. Et je pense que changer tous les 4-5 ans, c'est très très sain. Et ça permet de découvrir des nouveaux sujets, d'étouffer son carrière d'adresse en rencontrant des gens dans d'autres secteurs. Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Alors idéalement, ça serait vers quoi ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je n'ai pas vraiment de religion. Moi, je suis assez curieux, donc je me verrais bien, je ne sais pas, dans l'énergie, ou suivre la politique, ou être correspondant à l'étranger. Je n'ai pas vraiment d'avis tranché, mais j'espère vraiment, si on refait cette émission dans 5 ans, que je ne serai plus à mon poste actuel, parce qu'encore une fois, je pense qu'il faut que ça tourne dans une rédac. Et en fait, on s'éclate vraiment pendant 4-5 ans à un poste, mais le risque, c'est de tomber un peu dans une espèce de routine au bout de quelques années. Et je n'ai pas envie de tomber là-dedans. Quand j'aurai quasiment 60 ans, que je serai tout proche de la retraite, peut-être que je dirai « oui, je fais très bien dans ma petite rubrique et je ne veux pas bouger » .

  • Speaker #0

    Mais là, tu vas encore découvrir, il y a encore beaucoup d'énergie à déployer.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, écoute, super. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Je dois avouer que j'ai une commande spéciale pour toi de la part de ma fille qui a 7 ans. Ok. Tu disais que tu aimais, on en parlait en off, bien traiter des sujets de parentalité. Et puis, on en a parlé de toute manière avec ton récent article sur les mères entrepreneurs. Moi, ma fille me demandait, mais maman, est-ce que... Adrien, c'est Adrien de Miraculous qui est le chat noir dans Miraculous. Alors, il faut lui répondre. Tu peux regarder la caméra et lui dire si oui ou non, c'est toi.

  • Speaker #1

    Désolé, ce n'est pas moi.

  • Speaker #0

    Désolé, Lou. On le trouvera, je te le promets.

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Description

Avec cet épisode, découvrez les secrets de la rédaction des Echos ! On a parlé notamment :

  • du choix des sujets

  • des pré-requis qu'une entreprise doit avoir pour passer dans Les Echos

  • comment on fait pour attirer l'attention d'Adrien

  • est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon RP ?

Et plein d'autres sujets !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans l'Impertinente, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel épisode qui va d'ailleurs être le dernier avant le grand break estival. Alors aujourd'hui, je ne suis pas dans les locaux de tournage grenoblois, mais j'ai délocalisé le studio à Paris, et pas n'importe où à Paris, puisque je me trouve en plein cœur de la rédaction du journal Les Echos, en compagnie du journaliste Adrien Lelievre. Bonjour Adrien. Bonjour. Un grand merci d'avoir accepté mon invitation. et de m'accueillir ici. C'est vraiment un privilège pour moi de me retrouver à tes côtés.

  • Speaker #1

    Merci d'être venu.

  • Speaker #0

    Écoute, on avait parlé tous les deux par LinkedIn d'un sujet, notamment sur le fait que les RP étaient régulièrement ghostés par les journalistes. Donc, tu avais réagi un petit peu en privé. C'est très bien. On va peut-être pouvoir en parler pendant l'entretien tout à l'heure. Mais en attendant, j'aimerais que tu nous racontes ton parcours et que tu nous dises comment tu as atterri aux échos.

  • Speaker #1

    Alors je suis ravi de vous accueillir ici. Je m'appelle Adrien, j'ai 35 ans et je travaille aux Echos depuis 2015. Et pendant mes études, j'ai d'abord étudié l'histoire et les sciences politiques, puis je me suis spécialisé dans le journalisme. Au départ, je n'avais pas vraiment de religion, je ne savais pas si je voulais faire plutôt du journalisme politique ou sportif. Et puis c'est un peu le hasard qui fait que je me suis retrouvé aux Echos, puisque j'ai fait un stage de fin d'études ici. Le stage s'est bien passé. Il créait des postes dans la fouée, donc je suis resté au sein de la rédaction. Et en interne, j'ai un peu bougé parce que quand je suis arrivé, j'étais plutôt au service international. Je suivais d'abord la communauté de la Turquie, de l'Iran, du Moyen-Orient, etc. Puis ensuite, j'ai rejoint le service web où là, j'étais plutôt généraliste. Je pouvais écrire aussi bien sur la politique que sur l'international, le sport. Donc c'était très, très, très varié. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à développer un intérêt pour les sujets liés à la mobilité, notamment la mobilité urbaine. A l'époque, ça bougeait beaucoup à Paris parce qu'il y avait les startups de scooters, de trottinettes, de vélos, les VTC, etc. qui arrivaient. Et en interne, c'était des sujets qui étaient assez peu couverts. Il y avait historiquement des journalistes en charge des transports aux échos qui suivaient plutôt l'automobile, l'aéronautique, etc. Mais il n'y avait pas beaucoup de spécialistes des startups de mobilité. Donc en fait, je me suis intéressé au sujet. J'ai un peu fait une OPA sur ces nouveaux sujets. J'ai développé du coup des compétences dans le secteur. Et ensuite, on m'a proposé de rejoindre... plus directement le service startup des échos où je continue à suivre les startups dans la mobilité mais où mon périmètre s'est élargi donc aujourd'hui je suis aussi des boîtes dans la deep tech dans la logistique dans la cybersécurité les startups industrielles parfois les green tech donc le champ est très très vaste parfois un peu trop mais oui c'est très vaste.

  • Speaker #0

    Mais bon quand même une appétence particulière pour la mobilité.

  • Speaker #1

    Ouais c'est un peu mes sujets de prédilection c'est un peu ce que je fais le plus souvent je pense.

  • Speaker #0

    Et puis là où tu vas t'éclater quand tu vas créer des sujets ?

  • Speaker #1

    Ouais, où je m'éclate et où en fait je suis un peu en pilote automatique, c'est-à-dire que je connais bien les sujets, j'ai un bon carnet d'adresses, c'est facile entre guillemets d'écrire sur ces sujets-là, alors que sur d'autres c'est plus compliqué parce que j'ai moins de connaissances. Donc c'est des sujets que je peux écrire presque les yeux fermés. Super,

  • Speaker #0

    on va apprendre votre manière à davantage te connaître et à comprendre comment fonctionne la rédaction des échos. Je t'invite du coup à retourner la première pancarte, à rentrer dans le jeu des questions-réponses de l'impertinente.

  • Speaker #1

    Ça se passe comment une journée aux échos en tant que journaliste start-up ? Alors il n'y a pas vraiment de journée type et c'est ça qui est assez intéressant. On va dire que chaque jour j'écris un article, mais à part ça, les journées sont toujours très différentes les unes des autres. Parfois j'écris tôt le matin, parfois j'écris le midi, parfois j'écris le soir. C'est vraiment très très aléatoire et en fait ça dépend vraiment de deux gros paramètres. Est-ce que je suis à Paris ou non ? Parce que moi j'habite à Lille. Donc quand je suis à Lille, je fais plutôt des visios. Par contre, quand je suis à Paris, en général, mon agenda est bien rempli. Et donc je fais des cafés, des déj, je vais à des confs de presse, je vais à des conférences comme Hello Tomorrow, comme VivaTech, comme le salon Autonomie, etc. Et donc en fonction des rendez-vous ou pas que j'ai dans la journée, je choisis le moment où j'écris. Mais ce n'est pas vraiment gravé dans le marbre. La seule contrainte, c'est qu'en général, je dois rendre un papier par jour. mais après je fais un peu ce que je veux pour le rendre, je n'ai pas trop de contraintes de ce point de vue-là. Et je trouve ça bien d'avoir des journées chacune différentes les unes des autres, c'est ce qui rend le métier riche je trouve. Et puis parfois je commence très tôt, parfois je commence très tard, je fais vraiment les choses à ma sauce.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir un article par jour à écrire, moi personnellement je trouve que le rythme est plutôt tranquille, quand on connaît aussi d'autres journalistes qui doivent écrire 3-4 papiers à la journée. C'est dû à quoi ? C'est dû au fait que pour chaque secteur, il y a quand même un journaliste qui est bien défini et du coup, vous pouvez partager les sujets ?

  • Speaker #1

    C'est surtout lié au fait que le journal sort chaque jour et il y a trois articles dans la page au startup et on est trois journalistes. Donc en général, c'est un article. Après, parfois, effectivement, s'il y a des breaking news, on va faire en plus des papiers spécifiquement pour le web. Mais en fait, je suis dans une rubrique où, mine de rien, il n'y a pas beaucoup de breaking news. Il y a beaucoup de sujets sous embargo, ce qui est très confortable d'un point de vue journalistique, parce qu'en général, je sais longtemps à l'avance ce sur quoi je vais écrire. Ça me laisse le temps de réfléchir, de poser les bonnes questions aux bonnes personnes. Je suis rarement dans le rush, alors qu'avant, quand j'étais justement au service web, Là, c'était beaucoup plus la course. Et s'il y avait une grosse actu qui tombait, je devais être capable de réagir très vite. Mais en même temps, cette expérience au web, elle est intéressante parce qu'aujourd'hui, s'il y a une grosse actu dans les startups, je suis vraiment capable d'écrire très, très, très vite. Ça, je pense que la réactivité, c'est une qualité que j'ai acquise et qui ne se perdra jamais, en fait.

  • Speaker #0

    Et tu nous parlais d'embargo. Je crois qu'on va peut-être en parler tout à l'heure. des meilleurs délais, les plus confortables pour les journalistes. C'est toujours une grande question pour les RP. Est-ce qu'un embragon nous donne une semaine avant où c'est beaucoup trop court ? Ou est-ce qu'il faut prendre beaucoup plus de temps ? Tu vas nous dire un petit peu ton point de vue par rapport à ça tout à l'heure. D'accord. Mais écoute déjà, est-ce qu'il y a des conférences de rédaction ? Comment ça marche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des conférences de rédaction aux échos, mais moi, je n'y participe pas. C'est plutôt les chefs de service ou les rédacteurs en chef qui y participent. Et au sein même de mon service, il n'y a pas beaucoup de conférences de rédaction. en tout cas il n'y a rien de figé et en fait comme on est que trois et qu'on s'entend très très très bien et qu'on a chacun un périmètre assez bien défini en fait on est hyper libre et en fait c'est plutôt moi qui vais proposer des sujets à ma chef et en général ça se fait soit par Teams soit via un appel téléphonique où je propose un sujet à ma chef ou à l'inverse parfois elle va me dire tiens j'ai repéré ça, est-ce que ça te dirait de rire là dessus mais de manière générale j'ai beaucoup d'autonomie sur le choix de de mes sujets, ça je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Oui c'est un privilège.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis ouais, j'ai une chef qui me fait vraiment confiance, et puis elle attend de nous qu'on soit force de proposition aussi. Et en fait on s'éclate plus quand on est journaliste, je trouve en tout cas, quand c'est nous qui proposons les sujets, parce que c'est des sujets qui nous excitent un peu plus que quand on se fait « imposer » à certains sujets, même si parfois ça arrive et ça fait partie du jeu aussi. Mais quand on propose des sujets, à priori c'est des sujets qui nous font un peu plus vibrer.

  • Speaker #0

    Et du coup, combien de temps tu mets en moyenne à écrire un article ?

  • Speaker #1

    Là encore, c'est très aléatoire. Il y a des papiers que tu peux écrire très vite si tu as toutes les infos tout de suite. Parfois, il y a des papiers que tu écris sur 3 ou 4 jours parce qu'en fait, tu n'as pas toutes les personnes nécessaires pour écrire l'article. Encore une fois, c'est très aléatoire. Ça dépend vraiment de la complexité du sujet, de l'ambition que tu vas y mettre, de la longueur aussi du papier. Si c'est un papier de 2000 signes, ça s'écrit plus vite qu'un papier de 15 000 signes.

  • Speaker #0

    Et les papiers plus courts, est-ce qu'ils sont davantage élus que les papiers plus longs ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, il n'y a pas vraiment de règle. Et au contraire, en fait, on s'est aperçu en regardant un peu les chiffres d'audience que certains papiers longs avaient cartonné aussi ces derniers temps. Après, ce qui détermine ou pas le succès, c'est parfois un bon titre. Ça fait quand même toute la différence. Parfois, c'est d'ailleurs très frustrant de faire de très, très bons papiers. Enfin, en tout cas, tu as l'impression d'avoir fait un bon papier. Et en fait, ils sont très pollus parce qu'ils ne sont peut-être pas assez bien titrés, ou alors c'est un sujet un peu trop niche, ou alors la photo n'était peut-être pas assez sexy. C'est marrant,

  • Speaker #0

    on a les mêmes problématiques parfois. L'ARP, on croit que notre communiqué est canon, et puis finalement, c'est compliqué à...

  • Speaker #1

    Bah oui, oui. Mais après, il ne faut pas s'arrêter non plus à l'audience. Mais il y a des papiers très, très bons qui marchent très, très bien. Je n'ai plus toutes les stats en tête, mais par exemple, moi, j'ai fait deux enquêtes pour le journal depuis le mois de septembre, et c'est des papiers qui ont... Tu es hyper hyper lu en fait. Donc quand tu as bien bossé, tu as consacré beaucoup d'énergie à un sujet et qu'en plus il est lu, c'est chouette, c'est toujours mieux. On est là pour être lu après tout.

  • Speaker #0

    Politique de partage sur les réseaux sociaux, comment vous faites ? Via LinkedIn ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est surtout LinkedIn. En fait, quand je suis arrivé aux Echos, on me misait beaucoup sur Facebook et Twitter. Et de moins en moins, là maintenant, on nous a vraiment demandé de cibler plutôt LinkedIn. Et puis en fait, c'est assez... positif parce que nos lecteurs en fait sont des usagers quand même assez fréquents de ce réseau, c'est un réseau pro-business, un réseau où on partage pas mal d'infos donc ça se prête...

  • Speaker #0

    Tu partages un article c'est ton compte Adrien Rélième.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Et puis en plus c'est un réseau plutôt apaisé pour pas dire parfois un peu convenu mais... Un peu couré. Oui alors peut-être mais au moins c'est un réseau... assez sain et c'est moins la foire d'empoigne que sur d'autres réseaux comme Wix. C'est ça. Et puis par ailleurs, c'est aussi un bon moyen parfois d'être contacté par des gens. Tu écris sur un sujet, des gens te disent « Ah bah tiens, vous avez écrit sur telle boîte, moi il se trouve que j'ai lancé une boîte dans le même secteur. » Ou parfois on nous donne des infos « Ah bah tiens, cette boîte vous a pas dit que telle ou telle personne était partie en raison d'un désaccord stratégique. » Donc c'est un bon moyen d'interagir aussi avec les lecteurs.

  • Speaker #0

    Ok, justement, je pense que ça peut nous faire une très bonne transition avec la deuxième question que j'ai préparée.

  • Speaker #1

    Comment choisis-tu les sujets que tu traites et avec quel délai d'anticipation ? Et quels sont les prérequis qu'une entreprise doit avoir pour qu'elle t'intéresse ?

  • Speaker #0

    Pour tout te dire, j'ai un petit peu pris la température le coup auprès de quelques confrères et consœurs attachés de presse. Et du coup, c'est un petit melting pot des questions que tout le monde se pose. Et puis voilà, je me fais un peu l'intermédiaire des RP envers toi. C'est vrai qu'on se demande toujours est-ce qu'il y a des prérequis pour... avoir la chance de paraître dans les échos quand on est une entreprise ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire oui et non. En fait, moi je travaille pour le service start-up et il y a quand même une prime à la taille, c'est à dire que on est censé parler de toutes les start-up mais c'est normal qu'on parle davantage de certaines start-up que d'autres. Typiquement des start-up comme Miracle, Doctolib, Back Market, c'est des acteurs installés, des acteurs connus aussi du grand public. Et c'est normal qu'on leur donne un peu plus la parole que des plus petites startups. Toutes les startups de manière générale du Next 40, c'est-à-dire l'indice qui réunit les 40 plus grosses startups en France, on a tendance à leur donner un peu plus la parole en raison de leur ancienneté, du nombre de salariés qu'elles ont, des financements qu'elles ont pu obtenir, de leur notoriété, etc. Et je parlais par exemple de notoriété, une boîte comme Doctolib, aujourd'hui c'est une startup que tous les Français au presse connaissent, donc c'est normal qu'on la suive de façon particulièrement... active. Mais après en fait c'est pas non plus un critère exclusif c'est à dire que moi ce qui m'importe le plus c'est que le sujet soit intéressant, nouveau, faire un 15e papier sur une boîte que tout le monde connaît, c'est pas très excitant pour le journaliste mais aussi pour le lecteur donc en fait il faut qu'il y ait de la nouveauté et puis la taille ça compte mais pas toujours parce qu'en fait suivre des petites boîtes c'est aussi hyper intéressant parce que Doctolib a d'abord été une petite boîte avant de devenir une grosse boîte. Et aussi essayer de détecter quelles sont les petites startups qui ont des vraies innovations, qui sont en train de bousculer des marchés. C'est aussi intéressant que suivre parfois des très très grosses boîtes. Donc il n'y a pas de critères, si ce n'est celui qu'il faut que ce soit un peu excitant et qu'il y ait une histoire à raconter. Encore une fois, raconter pour la 15e fois quelque chose que tout le monde sait, on essaye d'éviter. Et puis après, j'ai envie de dire qu'il y a un peu une part d'arbitraire. Désolé pour vous les attachés de presse. En fait, le traitement est aussi le reflet de la personnalité du journaliste. Moi, par exemple, j'ai remplacé quelqu'un qui suivait beaucoup la FinTech parce qu'elle aimait bien ces sujets-là. Moi, je ne traite pas du tout ces sujets-là parce que ça ne m'excite pas trop de suivre la FinTech. Et par ailleurs, j'ai une collègue qui suit ça très bien. Et à l'inverse, c'est plutôt Charlie qui adore la FinTech. Donc, en fait, je suis très content qu'elle fasse ces sujets. Elle les fait très, très bien. Mais en fait, si demain, je quitte le service, peut-être que mon ou ma remplaçante... aura de l'impétence pour des sujets que je ne suis pas du tout au long cours. Donc ça fait partie un peu des allers-à-l'air en fonction des goûts du journaliste, si j'ose dire.

  • Speaker #0

    Il y a de la subjectivité dans le choix quand même, malgré tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et puis après, parfois, il y a aussi un feeling humain. Parfois, tu as noué une relation de confiance avec certaines personnes. Donc en fait, tu vas peut-être écrire plus que sur des boîtes que tu ne connais pas. Et puis après, il y a des facteurs complètement peut-être géographiques aussi. On est basé à Paris et je pense que... On donne plus la parole à des gens qu'on a l'occasion de croiser. Et c'est clair qu'il y a un peu des angles morts parfois dans notre traitement. Je suis sûr qu'il y a plein de projets incroyables à Grenoble que je ne connais pas, ou à Bordeaux ou à Toulouse, mais c'est parce que je n'y suis pas très régulièrement. Donc en fait, on les couvre peut-être un petit peu moins pour cette raison.

  • Speaker #0

    Comment tu réagis si jamais on te propose de faire un déjeuner ou un petit déjeuner avec un client qui peut avoir une actualité ou même pas une actualité, mais peut-être une histoire qui peut être intéressante à raconter ? J'imagine que tu es très sollicité. On parlait dans nos messages LinkedIn du fait que je crois entre 9h et 13h tu avais déjà reçu trois temps mail.

  • Speaker #1

    C'est un peu la difficulté parfois, il faut savoir parfois dire non mais après parfois les déjeuners un peu informels c'est chouette aussi parce que parfois c'est une bonne façon de prendre une date aussi pour l'avenir. Tu rencontres quelqu'un, il va te dire des choses intéressantes, parfois tu ne vas pas tout de suite écrire sur sa boîte parce que ce n'est pas le bon moment mais six mois plus tard ou un an plus tard en fait ça te ça te permettra parfois de te dire, ah bah tiens, cette patronne que j'avais rencontrée il y a six mois était très intéressante, je pourrais peut-être l'interviewer sur ce sujet, parce qu'elle le maîtrisait bien. Donc c'est aussi à nous parfois de se dire, est-ce que ça vaut le coup ou pas de consacrer un peu de notre temps, en sachant effectivement qu'on est quand même très sollicités, et moi c'est une de mes difficultés au quotidien, c'est-à-dire que je suis obligé de dire non souvent, mais il faut aussi dire oui pour rencontrer des nouvelles personnes, pour avoir des idées neuves, des regards différents, des infos différentes. C'est un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment privilégié pour te contacter, toi, Adrien Leliev, quand on veut te proposer, ou effectivement un petit déjeuner presse, ou un sujet ? Est-ce que tu as des moments où tu te dis, là, je vais être plus calme, donc peut-être plus réceptif ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais le matin, de préférence, entre 9h et midi, on va dire.

  • Speaker #0

    Oui, donc le créneau est quand même là.

  • Speaker #1

    Oui, le créneau est plutôt large. Je préfère faire des cafés, par exemple, plutôt que des déj. Parce que c'est plutôt personnel. Et puis après, en fait, ça dépend du moment. Si l'actu est brûlante, en fait, le mieux, c'est de me contacter très, très vite. Mais quand c'est possible, oui, je dirais entre 9h et midi.

  • Speaker #0

    OK, on note, on garde en tête. Tu vas avoir ton téléphone qui va sonner entre 9h et 12h.

  • Speaker #1

    C'est déjà le cas. Oui,

  • Speaker #0

    peut-être davantage. Je t'en prie, je te propose de passer à la troisième question.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir un super pouvoir pour améliorer ton quotidien de journaliste, ce serait quoi ? J'aimerais bien qu'on me réponde immédiatement quand je sollicite quelqu'un, parce que les gens ont une vie, ils sont occupés, etc. Et parfois, on te dit, ok, pas de souci. on peut échanger mais ce sera que demain ou après-demain. Quand c'est dans la journée ça va, il n'y a pas de souci, on s'adapte. Les gens ont des obligations personnelles qu'il faut respecter. Mais si on pouvait me répondre tout de suite, à chaque fois, j'avoue que ce serait pratique parce qu'on est toujours un peu pressé voire pressant quand on est journaliste.

  • Speaker #0

    J'imagine, d'accord, donc vraiment un pouvoir sur le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, un pouvoir sur le temps, ça serait assez utile.

  • Speaker #0

    Ok, tu vois, je ne suis pas étonnée de ta réponse. Bon bah super, tu peux enchaîner avec la quatrième question.

  • Speaker #1

    Les RP, boulets ou alliés ? Et on fait comment en tant que RP pour attirer ton attention sur un sujet ? Les RP sont des alliés, on travaille avec les RP à longueur de journée, donc je n'irai certainement pas sur ce terrain glissant en disant que ce sont des boulets. En fait, sans les RP, il y a plein d'infos auxquelles on n'aurait pas accès tout simplement. Donc non, plutôt des alliés. Et voilà. Et moi, j'ai l'impression d'avoir plein de RP qui sont un peu plus que des alliés, des gens avec qui j'ai vraiment des liens de confiance, qui savent quand c'est le bon moment ou pas pour me contacter, qui savent très très bien quels sont les sujets qui me font un peu vibrer. Il n'y a aucun journaliste qui te dira que les RP ne sont pas utiles. Ça peut parfois être oppressant, ça c'est pas faux, mais la relation est importante.

  • Speaker #0

    Oppressant, alors tu peux détailler ?

  • Speaker #1

    Quand on est sur sollicité, ce n'est pas toujours simple. Mais à côté de ça, un bon RP, c'est celui qui sait aussi parfois...

  • Speaker #0

    Insister quand il le faut.

  • Speaker #1

    C'est ça, insister, mais sans non plus être trop pénible, si j'ose dire, même si les RP ont leurs propres contraintes de travail. Vous défendez des clients à qui vous devez rendre des comptes.

  • Speaker #0

    Nous aussi, on aimerait avoir une baguette magique pour un journaliste.

  • Speaker #1

    Non, les RP sont utiles pour notre travail.

  • Speaker #0

    Et quelle est la meilleure fréquence pour toi d'un point de vue de relance quand on t'envoie un communiqué, une actualité, bon, tu n'as pas forcément le temps de la regarder immédiatement, une semaine plus tard, alors si jamais ce n'est pas urgent, encore une fois,

  • Speaker #1

    tu sens… J'irai 3-4 jours, tout dépend après de l'urgence ou pas, mais quand tu reçois un message à 9h et qu'à 10h on te dit « est-ce que vous avez vu mon mail ? » , là je pense qu'il faut éviter. Oui, oui, il faut qu'il fonce. Ah oui, oui. Ok. Oui, et puis après, tout dépend aussi parfois de la temporalité de l'actu. Si c'est une actu un peu froide, il n'y a pas d'enjeu de relancer immédiatement. Si c'est une actu qui est plus chaude, je comprends que...

  • Speaker #0

    Oui, on est obligé d'aller un petit peu plus vite.

  • Speaker #1

    Moi, je réponds plus aux personnes déjà que je connais, parce qu'en fait, il y a plein de RP que je ne connais pas, qui m'appellent et des fois, je vois des numéros qui s'affichent sur mon téléphone, je ne sais pas de qui il s'agit. Là, j'avoue, je ne réponds pas toujours. Et à l'inverse, il y a des RP que je connais depuis 7-8 ans, qui j'ai une confiance absolue et à qui je réponds hyper vite tout le temps.

  • Speaker #0

    On devrait faire un petit jeu. Combien tu as de messages vocaux non écoutés dans ton téléphone ?

  • Speaker #1

    On ne fait pas souvent des messages vocaux. C'est vrai ? Oui. Franchement, plutôt des messages écrits.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu écoutes sans faire des messages vocaux ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'arrive pas très souvent, mais j'ai vu une autre personne, je ne sais pas. hyper fan des mots et par contre si on m'écrit je le lirai oui.

  • Speaker #0

    Et plutôt par voie de mail en première intention et peut-être derrière LinkedIn si jamais on veut relancer de manière diplomate avec parcimonie ?

  • Speaker #1

    Plutôt par mail, après une fois quand tu commences à avoir des relations plus suivies avec certaines personnes sur WhatsApp c'est aussi très bien je suis plutôt réactif sur WhatsApp. D'accord. Plus sur WhatsApp que par mail, mais si je dis ça après je vais recevoir 50 000. Oui, c'est tout.

  • Speaker #0

    On n'a pas ton numéro de portable.

  • Speaker #1

    Ah franchement, facilement oui. Je pense que mon numéro est facilement accessible. D'accord.

  • Speaker #0

    Bon, très bien. On fera attention de ne pas abuser. Je t'en prie, tu peux aller sur la cinquième question.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon attaché de presse ? Oui, je pense que sans aucun problème. On connaît très bien le métier de journaliste, donc quand on passe de l'autre côté, si j'ose dire, on sait très bien quelles sont les contraintes du métier, quels peuvent être les délais ou pas à respecter. Donc je ne pense pas que ce soit très compliqué de passer de l'autre côté du miroir. Et à l'inverse, je pense que les attachés de presse ont des qualités qui les prédisposent aussi assez bien à devenir un journaliste. des qualités rédactionnelles, être curieux, savoir vendre un sujet.

  • Speaker #0

    Donc les frontières sont plutôt minces finalement.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est des métiers qui ont... Complémentaires. Qui ont des... Qui retirent quelques qualités communes. Ce n'est pas tout à fait le même métier. Il y a plein de choses que vous faites que je ne sais pas faire et sans doute inversement. Mais je pense qu'on peut effectivement passer facilement d'un côté ou l'autre la frontière. Même si en fait, c'est souvent des allées sans retour. En tout cas pour les journalistes qui après deviennent... attachés de presse aux communicants, il n'y en a quand même pas beaucoup après qui redeviennent journalistes.

  • Speaker #0

    Oui et moi j'ai quand même l'impression qu'il y a deux écoles, il y a effectivement ceux qui passent sans problème et puis il y a vraiment des journalistes puristes où le métier de la communication on n'y touche pas, c'est un autre métier et on n'y va pas. C'est un peu la lecture que j'en ai mais toi tu sembles dire que la reconversion peut être... Alors je pense que...

  • Speaker #1

    C'est un métier qu'on peut facilement envisager quand on quitte la carrière de journaliste, dans le sens où c'est un univers qu'on connaît quand même assez bien, on a des contacts, etc. Après, à titre personnel, j'avoue, ce n'est pas du tout ce vers quoi je voudrais tendre un jour. Mais je pense que les qualités des journalistes leur permettent de faire un tas d'autres métiers. Et au-delà du métier de communicant, je pense que les journalistes peuvent être très heureux en faisant tout autre chose que du journalisme. Certains journalistes sont parfois convaincus qu'ils ne savent faire que ça et qu'ils sont bons à rien d'autre. Moi je suis convaincu qu'on est quand même assez polyvalent, on a un gros carnet d'adresses, on sait de manière très claire assez bien écrire ou communiquer à l'oral pour ceux qui font plutôt de la radio ou de la télé. Donc ces qualités-là peuvent être utiles dans plein d'autres métiers.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, ok, très bien. On peut enchaîner.

  • Speaker #1

    Tu as sans doute vu passer l'annonce de Xavier Niel pour Le Monde. Quel est ton point de vue quant à l'indépendance journalistique et l'éventuelle pression des actionnaires annonceurs sur un groupe de presse ?

  • Speaker #0

    Il y a eu un article, d'ailleurs, dans les échos.

  • Speaker #1

    Oui, l'indépendance journalistique, c'est fondamental. Moi, je trouve que c'est un vrai problème en France que des milliardaires possèdent la presse de manière générale, y compris nos médias, qui appartiennent à la même fée de France, dans une démocratie saine. il faudrait que les médias échappent totalement à la sphère des puissants. Heureusement qu'il y a des milliardaires, parce qu'il y a beaucoup de titres de presse qui auraient sans doute mis la crise sous la porte depuis longtemps s'il n'y avait pas des Niel, des Arnaud, etc. Mais d'un autre côté, ça pose question. Quand tu dis que tu es journaliste, souvent on te dit que ton média appartient à telle ou telle personne. Et de manière générale, il faut enlever ce soupçon permanent. Et ce soupçon, il n'existe que si tu appartiens à un riche homme d'effet. Une rédaction comme Mediapart, on peut la critiquer ou pas sur la qualité de ses contenus, mais en tout cas, le fait qu'elle soit purement indépendante, qu'elle ne dépende que de ses lecteurs et pas du tout des annonceurs ou de grandes fortunes, moi je trouve ça hyper hyper simple. Dans un monde idéal, je voudrais qu'on imite ce modèle-là, ça ne dépend pas. que de moi évidemment, mais c'est important que les rédacs aient plus d'indépendance.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des codes rouges parfois sur des sujets qu'on ne pouvait pas traiter ou des limites ?

  • Speaker #1

    Moi je n'ai jamais été trop concerné par la question, mais quand tu suis l'actualité d'LVMH qui est le plus grand groupe du monde dans le luxe, avec tes journées sous écho, tu es un peu mal à l'aise en fait par définition. Et même s'il n'y a pas… Même s'il n'y a pas d'ingérence, il y a ce soupçon qui vient d'étrangers, enfin ce soupçon qui vient plutôt des lecteurs qui disent que ce n'est pas sain comme situation. Et je pense que... À juste titre. Oui, à juste titre. Je pense qu'on a vocation aussi à sortir des infos, y compris sur ces gens-là. Et en fait, ce n'est pas idéal d'être possédé par des grandes fortunes.

  • Speaker #0

    Donc du coup, que penses-tu du fait que Xavier Niel ait justement cédé à un fonds indépendant, ses parts ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois très bien. Et je trouve que ça va plutôt dans le bon sens. On a besoin de garantir. Et en fait, je trouve que... On a pas mal parlé par exemple de quelqu'un comme Bolloré qui possède des médias. En fait, je pense qu'il abîme ses propres marques en faisant preuve parfois d'ingérence dans les rédactions. Parce que les gens disent « regardez, c'est la radio de Bolloré ou c'est le média de Bolloré. Il a son mot à dire dans la vie d'un rédac. Ce n'est pas idéal. » Je trouve que ça décrit des bises plus qu'autre chose, sa marque et ses groupes de presse qu'autre chose. Pour moi, ce n'est pas souhaitable.

  • Speaker #0

    Très bien, bien clair. Merci. Je t'en prie, déjà l'avant-dernière question.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait le plus vibrer dans ton métier de journaliste ? Moi, ce que j'aime le plus, c'est que j'apprends des choses nouvelles chaque jour. Il n'y a quand même pas beaucoup de métiers où chaque matin, tu apprends des choses nouvelles. Et tu rencontres aussi des gens vraiment intéressants dans tous les milieux. Moi, je rencontre des chefs d'entreprise, des investisseurs, des banquiers ou des banquières, bien sûr. des avocats, des ministres, c'est des gens de manière générale assez intéressants donc je prends du plaisir à discuter avec ces gens-là. Et puis ce que j'aime bien aussi c'est que, c'est peut-être propre à mon secteur, mais je rencontre des chefs d'entreprise. Alors on peut parfois se moquer des entrepreneurs, etc., de leurs habitudes, etc., mais il y a un truc que j'aime bien chez eux, c'est que ce sont des gens optimistes. Par définition, quand tu crées ta boîte, c'est que tu crois en l'avenir et tu te dépenses un peu pour la développer. Et on est dans un pays parfois un peu déprimant où on voit toujours le verre à moitié vide, on n'est jamais content, etc. Un peu négatif. Tu parlais des États-Unis tout à l'heure où tu as un peu voyagé. Justement, aux États-Unis, il y a une espèce d'énergie et d'optimisme qui...

  • Speaker #0

    Une culture qui te porte vers le haut.

  • Speaker #1

    Et en fait, en France...

  • Speaker #0

    Rien n'est impossible.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on peut parfois se moquer des travers des entrepreneurs, etc. Mais au moins, c'est des gens qui se disent « Moi, j'y crois, j'ai des idées, je les développe. » Et ça, je trouve ça plutôt chouette. Souvent, je sors d'interviews avec des chefs d'entreprise et c'est plutôt revigrant de se dire « Ah bah ce mec-là, il n'est pas résigné » ou « Cette patronne-là, elle a une énergie d'enfer pour faire bouger son secteur. » Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as la trouille des fois de rencontrer des personnalités ? Non, jamais. Jamais ? Tu y vas sereinement ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Comment tu te prépares d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Déjà, je ne les prépare pas tant que ça, mes échanges. J'aime bien quand c'est plutôt spontané. Et je ne suis pas facilement... intimidé, j'ai le contact plutôt facile. Et en fait on désacralise vite des personnes un peu importantes quand on a l'habitude de les côtoyer. Je me souviens quand je suis arrivé aux Echos, la première fois que j'ai dû rencontrer un ministre, j'étais hyper stressé, j'étais là oh là là c'est un moment important. Et puis en fait une fois que tu as l'échange avec la personne, tu te dis bon en fait c'est un ministre, c'est quelqu'un d'éminemment respectable, mais c'est qu'un ministre si j'ose dire, c'est avant tout une personne. Elle quitte un échange et il n'y a pas de raison d'avoir peur. De flipper ? Ouais. Le seul truc qui me fait plus flipper, c'est quand je dois faire des interviews en anglais ou en espagnol, où là, en fait, la barrière de la langue rend la chose plus complexe parce que tu as un peu moins de nuances dans ton vocabulaire. Ça, ça me fait un peu plus stresser. Mais c'est purement linguistique, ce n'est pas tant à la personnalité en tant que telle.

  • Speaker #0

    Et tu enregistres du coup ce type d'échange pour éviter d'avoir derrière des erreurs ou des inexactitudes ?

  • Speaker #1

    J'avoue, en anglais, j'aime bien pouvoir enregistrer aussi. En fait, pour prendre des notes, quand tu parles une autre langue, je trouve ça plus simple d'avoir un enregistrement un peu au backup parce que prendre des notes en anglais et parler en anglais en même temps, je trouve ça plus compliqué que de le faire en français, par exemple.

  • Speaker #0

    Il y a une question dont on n'a pas parlé, c'est comment est-ce qu'on fait ? pour se faire vraiment identifier par toi ? On parlait d'embargo tout à l'heure. Est-ce que c'est une technique qui marche bien justement pour sortir du lot quand on est attaché de presse et du coup avec toutes les propositions que tu dois recevoir ? Un embargo, comment on le construit avec toi ? Est-ce qu'on te l'envoie 15 jours avant, 3 semaines avant ? Comment tu aimes travailler avec ça ? Ou une exclue ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors moi, je ne suis pas un inconditionnel des excuses, c'est-à-dire que ça ne me dérange pas du tout que des attachés de presse mettent un embargo sur une info, mais parlent à plusieurs médias. Ça, ça ne me dérange vraiment pas. C'est le jeu ? Oui, c'est le jeu. Et puis, si l'info est intéressante, je ne vois pas pourquoi elle ne devrait sortir que dans les échos. Donc ça, ça ne me dérange pas trop que mes copains de Madines ou de l'AFP ou de Bloomberg ou peu importe aient l'info aussi en même temps. Après, c'est vrai que quand les infos sont sous embargo, ça offre quand même beaucoup du coup. de confort en fait parce que ça permet de se dire voilà c'est dans 10 ou 15 jours j'ai le temps de préparer les choses correctement je suis pas dans le rush en fait le rush est quand même un peu l'ennemi du journaliste je trouve parce que plus tu as de temps plus tu fais quand même les choses mieux quand tu as une info qui va sortir le lendemain t'es un peu dos au mur et c'est un peu plus compliqué à gérer les embargos, c'est plutôt précieux. Et après, il ne faut pas non plus mettre des embargos de trois mois et demi. Mais une semaine, dix jours, c'est pas mal. Ça donne un peu de visibilité et ça donne un peu de souplesse pour les journalistes. Et moi, je suis dans une rubrique très particulière où quasiment toutes les infos sont sous embargo. Qu'il s'agisse de levées de fonds, de rachats, de nominations, de gros contrats, etc. Souvent, c'est des choses qu'on sait à l'avance assez longtemps avant. Donc ça offre du confort.

  • Speaker #0

    Effectivement, je vois beaucoup de startups qui passent dans les échos où l'angle, l'entrée, c'est la levée de fonds. Et après, c'est toujours un point important, un temps fort d'une entreprise d'avoir une levée de fonds. Alors, est-ce qu'il y a un montant minimum chez vous ?

  • Speaker #1

    Franchement, il n'y a pas de montant, même si, encore une fois, quand Pascal lève 100 millions dans l'ordinateur quantique, on va forcément y accorder sans doute un peu plus d'attention. Mais... Mais la levée de fonds, ça fait partie des sujets dont on parle parce que ça fait partie de la vie des startups. Mais on n'en fait pas non plus totalement une obsession. Et en fait, on essaye, dans les mesures du possible, ce n'est pas toujours le cas, mais on essaye un peu d'en sortir et on veut essayer de parler des startups de façon parfois un peu différente, sous des angles un peu originaux aussi. Parce que déjà, faire que des papiers sur les levées de fonds, ce n'est pas hyper excitant parce que ce sont des papiers qui se ressemblent un peu. Et déjà... On essaye aussi, quand on parle des levées de fonds, de parler parfois de plusieurs boîtes dans un même secteur. Par exemple, une boîte lève des fonds, mais elle évolue dans un secteur où il y a aussi telle ou telle autre boîte. Et on essaye de faire des papiers un peu plus transversaux, si j'ose dire, sur toutes les startups qui ont levé des fonds dans la recharge de voitures électriques ou dans la cybersécurité. Ça donne un peu plus de valeur aussi, je trouve, pour le lecteur, parce qu'au-delà de la levée de fonds, c'est bien d'avoir... de visio un peu plus d'ensemble.

  • Speaker #0

    Sur le marché, oui.

  • Speaker #1

    Et puis les papiers un peu plus transversaux et qui s'éloignent aussi un peu des levées de fonds, ça marche bien aussi. Moi j'ai fait un papier dont j'étais hyper content sur les Marocains par exemple dans la French Tech. Et en fait le papier a hyper bien marché, j'ai eu plein de super retours et j'ai trouvé ça beaucoup plus sympa à écrire qu'un cinquantième papier sur telle boîte lève 15 millions pour digitaliser le logiciel d'entreprise. Je cite un exemple fictif mais... C'est bien aussi d'avoir des histoires un peu différentes à raconter parce que la vie des startups, en fait, elle peut s'écrire de plein de façons. Récemment, j'ai fait un papier sur les femmes entrepreneuses qui ont des enfants, par exemple, comment elles gèrent la vie privée, la vie pro. J'ai trouvé ça hyper cool à faire. Et donc, quand on peut, on essaie de faire ça aussi.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces femmes-là que tu as interrogées, c'était des gens de ton réseau ou c'est justement des entrepreneurs que tu as découvertes via des communiqués, des RP ?

  • Speaker #1

    C'était un peu les deux. L'accroche actue, c'était la patronne de Gaïa qui revenait de congé maternité. Enfin, qui revient de congé maternité. Et elle, il se trouve que je la connais depuis deux ans parce que j'ai suivi sa startup. Et en fait, je lui ai dit, est-ce que tu connais d'autres entrepreneuses qui, comme toi, ont dû gérer maternité et gestion de l'entreprise ? Et elle m'a dit, tiens, j'appartiens à un club d'entrepreneuses qui s'appelle Le Galion. C'est un suite dont on parle souvent et elle m'a mis en contact avec 4-5 personnes de son réseau. Et personne que j'ai découverte. pour le coup je les connaissais pas avant en fait et c'était vraiment sympa à écrire et puis et puis c'est parfois chouette d'avoir des retours j'ai eu pas mal de retours d'entrepreneuses pas plus tard que ce matin qui me disaient franchement c'est super d'avoir écrit ce papier parce que c'est un sujet qui est pas beaucoup abordé alors que c'est un énorme challenge pour les femmes pour les mères et enfin pour les salariés et les ES de manière générale qui ont des responsabilités des enfants en fait je dirais les deux c'est pas simple donc Quand tu as des retours cool sur tes papiers, c'est chouette. Ça arrive pas trop par les critiques, mais quand on a des messages sympas, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine. Bon, écoute, merci. Je te propose d'aller sur la dernière question de clôture.

  • Speaker #1

    Tu te vois où dans cinq ans ?

  • Speaker #0

    La prospective, il faut que tu te projettes là.

  • Speaker #1

    Cinq ans. Dans cinq ans, je me vois toujours aux échos, je pense. Mais par contre, je me vois très loin de ma rubrique actuelle. J'adore ce que je fais. Mon boulot est vraiment intéressant, j'ai une chef qui est extraordinaire. Mon autre collègue Camille est top aussi, donc j'adore bosser avec ces deux filles. Mais je pense que c'est hyper simple pour les journalistes de changer de poste régulièrement. Et je pense que changer tous les 4-5 ans, c'est très très sain. Et ça permet de découvrir des nouveaux sujets, d'étouffer son carrière d'adresse en rencontrant des gens dans d'autres secteurs. Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Alors idéalement, ça serait vers quoi ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je n'ai pas vraiment de religion. Moi, je suis assez curieux, donc je me verrais bien, je ne sais pas, dans l'énergie, ou suivre la politique, ou être correspondant à l'étranger. Je n'ai pas vraiment d'avis tranché, mais j'espère vraiment, si on refait cette émission dans 5 ans, que je ne serai plus à mon poste actuel, parce qu'encore une fois, je pense qu'il faut que ça tourne dans une rédac. Et en fait, on s'éclate vraiment pendant 4-5 ans à un poste, mais le risque, c'est de tomber un peu dans une espèce de routine au bout de quelques années. Et je n'ai pas envie de tomber là-dedans. Quand j'aurai quasiment 60 ans, que je serai tout proche de la retraite, peut-être que je dirai « oui, je fais très bien dans ma petite rubrique et je ne veux pas bouger » .

  • Speaker #0

    Mais là, tu vas encore découvrir, il y a encore beaucoup d'énergie à déployer.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, écoute, super. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Je dois avouer que j'ai une commande spéciale pour toi de la part de ma fille qui a 7 ans. Ok. Tu disais que tu aimais, on en parlait en off, bien traiter des sujets de parentalité. Et puis, on en a parlé de toute manière avec ton récent article sur les mères entrepreneurs. Moi, ma fille me demandait, mais maman, est-ce que... Adrien, c'est Adrien de Miraculous qui est le chat noir dans Miraculous. Alors, il faut lui répondre. Tu peux regarder la caméra et lui dire si oui ou non, c'est toi.

  • Speaker #1

    Désolé, ce n'est pas moi.

  • Speaker #0

    Désolé, Lou. On le trouvera, je te le promets.

Description

Avec cet épisode, découvrez les secrets de la rédaction des Echos ! On a parlé notamment :

  • du choix des sujets

  • des pré-requis qu'une entreprise doit avoir pour passer dans Les Echos

  • comment on fait pour attirer l'attention d'Adrien

  • est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon RP ?

Et plein d'autres sujets !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans l'Impertinente, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel épisode qui va d'ailleurs être le dernier avant le grand break estival. Alors aujourd'hui, je ne suis pas dans les locaux de tournage grenoblois, mais j'ai délocalisé le studio à Paris, et pas n'importe où à Paris, puisque je me trouve en plein cœur de la rédaction du journal Les Echos, en compagnie du journaliste Adrien Lelievre. Bonjour Adrien. Bonjour. Un grand merci d'avoir accepté mon invitation. et de m'accueillir ici. C'est vraiment un privilège pour moi de me retrouver à tes côtés.

  • Speaker #1

    Merci d'être venu.

  • Speaker #0

    Écoute, on avait parlé tous les deux par LinkedIn d'un sujet, notamment sur le fait que les RP étaient régulièrement ghostés par les journalistes. Donc, tu avais réagi un petit peu en privé. C'est très bien. On va peut-être pouvoir en parler pendant l'entretien tout à l'heure. Mais en attendant, j'aimerais que tu nous racontes ton parcours et que tu nous dises comment tu as atterri aux échos.

  • Speaker #1

    Alors je suis ravi de vous accueillir ici. Je m'appelle Adrien, j'ai 35 ans et je travaille aux Echos depuis 2015. Et pendant mes études, j'ai d'abord étudié l'histoire et les sciences politiques, puis je me suis spécialisé dans le journalisme. Au départ, je n'avais pas vraiment de religion, je ne savais pas si je voulais faire plutôt du journalisme politique ou sportif. Et puis c'est un peu le hasard qui fait que je me suis retrouvé aux Echos, puisque j'ai fait un stage de fin d'études ici. Le stage s'est bien passé. Il créait des postes dans la fouée, donc je suis resté au sein de la rédaction. Et en interne, j'ai un peu bougé parce que quand je suis arrivé, j'étais plutôt au service international. Je suivais d'abord la communauté de la Turquie, de l'Iran, du Moyen-Orient, etc. Puis ensuite, j'ai rejoint le service web où là, j'étais plutôt généraliste. Je pouvais écrire aussi bien sur la politique que sur l'international, le sport. Donc c'était très, très, très varié. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à développer un intérêt pour les sujets liés à la mobilité, notamment la mobilité urbaine. A l'époque, ça bougeait beaucoup à Paris parce qu'il y avait les startups de scooters, de trottinettes, de vélos, les VTC, etc. qui arrivaient. Et en interne, c'était des sujets qui étaient assez peu couverts. Il y avait historiquement des journalistes en charge des transports aux échos qui suivaient plutôt l'automobile, l'aéronautique, etc. Mais il n'y avait pas beaucoup de spécialistes des startups de mobilité. Donc en fait, je me suis intéressé au sujet. J'ai un peu fait une OPA sur ces nouveaux sujets. J'ai développé du coup des compétences dans le secteur. Et ensuite, on m'a proposé de rejoindre... plus directement le service startup des échos où je continue à suivre les startups dans la mobilité mais où mon périmètre s'est élargi donc aujourd'hui je suis aussi des boîtes dans la deep tech dans la logistique dans la cybersécurité les startups industrielles parfois les green tech donc le champ est très très vaste parfois un peu trop mais oui c'est très vaste.

  • Speaker #0

    Mais bon quand même une appétence particulière pour la mobilité.

  • Speaker #1

    Ouais c'est un peu mes sujets de prédilection c'est un peu ce que je fais le plus souvent je pense.

  • Speaker #0

    Et puis là où tu vas t'éclater quand tu vas créer des sujets ?

  • Speaker #1

    Ouais, où je m'éclate et où en fait je suis un peu en pilote automatique, c'est-à-dire que je connais bien les sujets, j'ai un bon carnet d'adresses, c'est facile entre guillemets d'écrire sur ces sujets-là, alors que sur d'autres c'est plus compliqué parce que j'ai moins de connaissances. Donc c'est des sujets que je peux écrire presque les yeux fermés. Super,

  • Speaker #0

    on va apprendre votre manière à davantage te connaître et à comprendre comment fonctionne la rédaction des échos. Je t'invite du coup à retourner la première pancarte, à rentrer dans le jeu des questions-réponses de l'impertinente.

  • Speaker #1

    Ça se passe comment une journée aux échos en tant que journaliste start-up ? Alors il n'y a pas vraiment de journée type et c'est ça qui est assez intéressant. On va dire que chaque jour j'écris un article, mais à part ça, les journées sont toujours très différentes les unes des autres. Parfois j'écris tôt le matin, parfois j'écris le midi, parfois j'écris le soir. C'est vraiment très très aléatoire et en fait ça dépend vraiment de deux gros paramètres. Est-ce que je suis à Paris ou non ? Parce que moi j'habite à Lille. Donc quand je suis à Lille, je fais plutôt des visios. Par contre, quand je suis à Paris, en général, mon agenda est bien rempli. Et donc je fais des cafés, des déj, je vais à des confs de presse, je vais à des conférences comme Hello Tomorrow, comme VivaTech, comme le salon Autonomie, etc. Et donc en fonction des rendez-vous ou pas que j'ai dans la journée, je choisis le moment où j'écris. Mais ce n'est pas vraiment gravé dans le marbre. La seule contrainte, c'est qu'en général, je dois rendre un papier par jour. mais après je fais un peu ce que je veux pour le rendre, je n'ai pas trop de contraintes de ce point de vue-là. Et je trouve ça bien d'avoir des journées chacune différentes les unes des autres, c'est ce qui rend le métier riche je trouve. Et puis parfois je commence très tôt, parfois je commence très tard, je fais vraiment les choses à ma sauce.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir un article par jour à écrire, moi personnellement je trouve que le rythme est plutôt tranquille, quand on connaît aussi d'autres journalistes qui doivent écrire 3-4 papiers à la journée. C'est dû à quoi ? C'est dû au fait que pour chaque secteur, il y a quand même un journaliste qui est bien défini et du coup, vous pouvez partager les sujets ?

  • Speaker #1

    C'est surtout lié au fait que le journal sort chaque jour et il y a trois articles dans la page au startup et on est trois journalistes. Donc en général, c'est un article. Après, parfois, effectivement, s'il y a des breaking news, on va faire en plus des papiers spécifiquement pour le web. Mais en fait, je suis dans une rubrique où, mine de rien, il n'y a pas beaucoup de breaking news. Il y a beaucoup de sujets sous embargo, ce qui est très confortable d'un point de vue journalistique, parce qu'en général, je sais longtemps à l'avance ce sur quoi je vais écrire. Ça me laisse le temps de réfléchir, de poser les bonnes questions aux bonnes personnes. Je suis rarement dans le rush, alors qu'avant, quand j'étais justement au service web, Là, c'était beaucoup plus la course. Et s'il y avait une grosse actu qui tombait, je devais être capable de réagir très vite. Mais en même temps, cette expérience au web, elle est intéressante parce qu'aujourd'hui, s'il y a une grosse actu dans les startups, je suis vraiment capable d'écrire très, très, très vite. Ça, je pense que la réactivité, c'est une qualité que j'ai acquise et qui ne se perdra jamais, en fait.

  • Speaker #0

    Et tu nous parlais d'embargo. Je crois qu'on va peut-être en parler tout à l'heure. des meilleurs délais, les plus confortables pour les journalistes. C'est toujours une grande question pour les RP. Est-ce qu'un embragon nous donne une semaine avant où c'est beaucoup trop court ? Ou est-ce qu'il faut prendre beaucoup plus de temps ? Tu vas nous dire un petit peu ton point de vue par rapport à ça tout à l'heure. D'accord. Mais écoute déjà, est-ce qu'il y a des conférences de rédaction ? Comment ça marche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des conférences de rédaction aux échos, mais moi, je n'y participe pas. C'est plutôt les chefs de service ou les rédacteurs en chef qui y participent. Et au sein même de mon service, il n'y a pas beaucoup de conférences de rédaction. en tout cas il n'y a rien de figé et en fait comme on est que trois et qu'on s'entend très très très bien et qu'on a chacun un périmètre assez bien défini en fait on est hyper libre et en fait c'est plutôt moi qui vais proposer des sujets à ma chef et en général ça se fait soit par Teams soit via un appel téléphonique où je propose un sujet à ma chef ou à l'inverse parfois elle va me dire tiens j'ai repéré ça, est-ce que ça te dirait de rire là dessus mais de manière générale j'ai beaucoup d'autonomie sur le choix de de mes sujets, ça je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Oui c'est un privilège.

  • Speaker #1

    Complètement. Et puis ouais, j'ai une chef qui me fait vraiment confiance, et puis elle attend de nous qu'on soit force de proposition aussi. Et en fait on s'éclate plus quand on est journaliste, je trouve en tout cas, quand c'est nous qui proposons les sujets, parce que c'est des sujets qui nous excitent un peu plus que quand on se fait « imposer » à certains sujets, même si parfois ça arrive et ça fait partie du jeu aussi. Mais quand on propose des sujets, à priori c'est des sujets qui nous font un peu plus vibrer.

  • Speaker #0

    Et du coup, combien de temps tu mets en moyenne à écrire un article ?

  • Speaker #1

    Là encore, c'est très aléatoire. Il y a des papiers que tu peux écrire très vite si tu as toutes les infos tout de suite. Parfois, il y a des papiers que tu écris sur 3 ou 4 jours parce qu'en fait, tu n'as pas toutes les personnes nécessaires pour écrire l'article. Encore une fois, c'est très aléatoire. Ça dépend vraiment de la complexité du sujet, de l'ambition que tu vas y mettre, de la longueur aussi du papier. Si c'est un papier de 2000 signes, ça s'écrit plus vite qu'un papier de 15 000 signes.

  • Speaker #0

    Et les papiers plus courts, est-ce qu'ils sont davantage élus que les papiers plus longs ?

  • Speaker #1

    Alors franchement, il n'y a pas vraiment de règle. Et au contraire, en fait, on s'est aperçu en regardant un peu les chiffres d'audience que certains papiers longs avaient cartonné aussi ces derniers temps. Après, ce qui détermine ou pas le succès, c'est parfois un bon titre. Ça fait quand même toute la différence. Parfois, c'est d'ailleurs très frustrant de faire de très, très bons papiers. Enfin, en tout cas, tu as l'impression d'avoir fait un bon papier. Et en fait, ils sont très pollus parce qu'ils ne sont peut-être pas assez bien titrés, ou alors c'est un sujet un peu trop niche, ou alors la photo n'était peut-être pas assez sexy. C'est marrant,

  • Speaker #0

    on a les mêmes problématiques parfois. L'ARP, on croit que notre communiqué est canon, et puis finalement, c'est compliqué à...

  • Speaker #1

    Bah oui, oui. Mais après, il ne faut pas s'arrêter non plus à l'audience. Mais il y a des papiers très, très bons qui marchent très, très bien. Je n'ai plus toutes les stats en tête, mais par exemple, moi, j'ai fait deux enquêtes pour le journal depuis le mois de septembre, et c'est des papiers qui ont... Tu es hyper hyper lu en fait. Donc quand tu as bien bossé, tu as consacré beaucoup d'énergie à un sujet et qu'en plus il est lu, c'est chouette, c'est toujours mieux. On est là pour être lu après tout.

  • Speaker #0

    Politique de partage sur les réseaux sociaux, comment vous faites ? Via LinkedIn ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est surtout LinkedIn. En fait, quand je suis arrivé aux Echos, on me misait beaucoup sur Facebook et Twitter. Et de moins en moins, là maintenant, on nous a vraiment demandé de cibler plutôt LinkedIn. Et puis en fait, c'est assez... positif parce que nos lecteurs en fait sont des usagers quand même assez fréquents de ce réseau, c'est un réseau pro-business, un réseau où on partage pas mal d'infos donc ça se prête...

  • Speaker #0

    Tu partages un article c'est ton compte Adrien Rélième.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est ça. Et puis en plus c'est un réseau plutôt apaisé pour pas dire parfois un peu convenu mais... Un peu couré. Oui alors peut-être mais au moins c'est un réseau... assez sain et c'est moins la foire d'empoigne que sur d'autres réseaux comme Wix. C'est ça. Et puis par ailleurs, c'est aussi un bon moyen parfois d'être contacté par des gens. Tu écris sur un sujet, des gens te disent « Ah bah tiens, vous avez écrit sur telle boîte, moi il se trouve que j'ai lancé une boîte dans le même secteur. » Ou parfois on nous donne des infos « Ah bah tiens, cette boîte vous a pas dit que telle ou telle personne était partie en raison d'un désaccord stratégique. » Donc c'est un bon moyen d'interagir aussi avec les lecteurs.

  • Speaker #0

    Ok, justement, je pense que ça peut nous faire une très bonne transition avec la deuxième question que j'ai préparée.

  • Speaker #1

    Comment choisis-tu les sujets que tu traites et avec quel délai d'anticipation ? Et quels sont les prérequis qu'une entreprise doit avoir pour qu'elle t'intéresse ?

  • Speaker #0

    Pour tout te dire, j'ai un petit peu pris la température le coup auprès de quelques confrères et consœurs attachés de presse. Et du coup, c'est un petit melting pot des questions que tout le monde se pose. Et puis voilà, je me fais un peu l'intermédiaire des RP envers toi. C'est vrai qu'on se demande toujours est-ce qu'il y a des prérequis pour... avoir la chance de paraître dans les échos quand on est une entreprise ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire oui et non. En fait, moi je travaille pour le service start-up et il y a quand même une prime à la taille, c'est à dire que on est censé parler de toutes les start-up mais c'est normal qu'on parle davantage de certaines start-up que d'autres. Typiquement des start-up comme Miracle, Doctolib, Back Market, c'est des acteurs installés, des acteurs connus aussi du grand public. Et c'est normal qu'on leur donne un peu plus la parole que des plus petites startups. Toutes les startups de manière générale du Next 40, c'est-à-dire l'indice qui réunit les 40 plus grosses startups en France, on a tendance à leur donner un peu plus la parole en raison de leur ancienneté, du nombre de salariés qu'elles ont, des financements qu'elles ont pu obtenir, de leur notoriété, etc. Et je parlais par exemple de notoriété, une boîte comme Doctolib, aujourd'hui c'est une startup que tous les Français au presse connaissent, donc c'est normal qu'on la suive de façon particulièrement... active. Mais après en fait c'est pas non plus un critère exclusif c'est à dire que moi ce qui m'importe le plus c'est que le sujet soit intéressant, nouveau, faire un 15e papier sur une boîte que tout le monde connaît, c'est pas très excitant pour le journaliste mais aussi pour le lecteur donc en fait il faut qu'il y ait de la nouveauté et puis la taille ça compte mais pas toujours parce qu'en fait suivre des petites boîtes c'est aussi hyper intéressant parce que Doctolib a d'abord été une petite boîte avant de devenir une grosse boîte. Et aussi essayer de détecter quelles sont les petites startups qui ont des vraies innovations, qui sont en train de bousculer des marchés. C'est aussi intéressant que suivre parfois des très très grosses boîtes. Donc il n'y a pas de critères, si ce n'est celui qu'il faut que ce soit un peu excitant et qu'il y ait une histoire à raconter. Encore une fois, raconter pour la 15e fois quelque chose que tout le monde sait, on essaye d'éviter. Et puis après, j'ai envie de dire qu'il y a un peu une part d'arbitraire. Désolé pour vous les attachés de presse. En fait, le traitement est aussi le reflet de la personnalité du journaliste. Moi, par exemple, j'ai remplacé quelqu'un qui suivait beaucoup la FinTech parce qu'elle aimait bien ces sujets-là. Moi, je ne traite pas du tout ces sujets-là parce que ça ne m'excite pas trop de suivre la FinTech. Et par ailleurs, j'ai une collègue qui suit ça très bien. Et à l'inverse, c'est plutôt Charlie qui adore la FinTech. Donc, en fait, je suis très content qu'elle fasse ces sujets. Elle les fait très, très bien. Mais en fait, si demain, je quitte le service, peut-être que mon ou ma remplaçante... aura de l'impétence pour des sujets que je ne suis pas du tout au long cours. Donc ça fait partie un peu des allers-à-l'air en fonction des goûts du journaliste, si j'ose dire.

  • Speaker #0

    Il y a de la subjectivité dans le choix quand même, malgré tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et puis après, parfois, il y a aussi un feeling humain. Parfois, tu as noué une relation de confiance avec certaines personnes. Donc en fait, tu vas peut-être écrire plus que sur des boîtes que tu ne connais pas. Et puis après, il y a des facteurs complètement peut-être géographiques aussi. On est basé à Paris et je pense que... On donne plus la parole à des gens qu'on a l'occasion de croiser. Et c'est clair qu'il y a un peu des angles morts parfois dans notre traitement. Je suis sûr qu'il y a plein de projets incroyables à Grenoble que je ne connais pas, ou à Bordeaux ou à Toulouse, mais c'est parce que je n'y suis pas très régulièrement. Donc en fait, on les couvre peut-être un petit peu moins pour cette raison.

  • Speaker #0

    Comment tu réagis si jamais on te propose de faire un déjeuner ou un petit déjeuner avec un client qui peut avoir une actualité ou même pas une actualité, mais peut-être une histoire qui peut être intéressante à raconter ? J'imagine que tu es très sollicité. On parlait dans nos messages LinkedIn du fait que je crois entre 9h et 13h tu avais déjà reçu trois temps mail.

  • Speaker #1

    C'est un peu la difficulté parfois, il faut savoir parfois dire non mais après parfois les déjeuners un peu informels c'est chouette aussi parce que parfois c'est une bonne façon de prendre une date aussi pour l'avenir. Tu rencontres quelqu'un, il va te dire des choses intéressantes, parfois tu ne vas pas tout de suite écrire sur sa boîte parce que ce n'est pas le bon moment mais six mois plus tard ou un an plus tard en fait ça te ça te permettra parfois de te dire, ah bah tiens, cette patronne que j'avais rencontrée il y a six mois était très intéressante, je pourrais peut-être l'interviewer sur ce sujet, parce qu'elle le maîtrisait bien. Donc c'est aussi à nous parfois de se dire, est-ce que ça vaut le coup ou pas de consacrer un peu de notre temps, en sachant effectivement qu'on est quand même très sollicités, et moi c'est une de mes difficultés au quotidien, c'est-à-dire que je suis obligé de dire non souvent, mais il faut aussi dire oui pour rencontrer des nouvelles personnes, pour avoir des idées neuves, des regards différents, des infos différentes. C'est un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment privilégié pour te contacter, toi, Adrien Leliev, quand on veut te proposer, ou effectivement un petit déjeuner presse, ou un sujet ? Est-ce que tu as des moments où tu te dis, là, je vais être plus calme, donc peut-être plus réceptif ?

  • Speaker #1

    Oui, je dirais le matin, de préférence, entre 9h et midi, on va dire.

  • Speaker #0

    Oui, donc le créneau est quand même là.

  • Speaker #1

    Oui, le créneau est plutôt large. Je préfère faire des cafés, par exemple, plutôt que des déj. Parce que c'est plutôt personnel. Et puis après, en fait, ça dépend du moment. Si l'actu est brûlante, en fait, le mieux, c'est de me contacter très, très vite. Mais quand c'est possible, oui, je dirais entre 9h et midi.

  • Speaker #0

    OK, on note, on garde en tête. Tu vas avoir ton téléphone qui va sonner entre 9h et 12h.

  • Speaker #1

    C'est déjà le cas. Oui,

  • Speaker #0

    peut-être davantage. Je t'en prie, je te propose de passer à la troisième question.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir un super pouvoir pour améliorer ton quotidien de journaliste, ce serait quoi ? J'aimerais bien qu'on me réponde immédiatement quand je sollicite quelqu'un, parce que les gens ont une vie, ils sont occupés, etc. Et parfois, on te dit, ok, pas de souci. on peut échanger mais ce sera que demain ou après-demain. Quand c'est dans la journée ça va, il n'y a pas de souci, on s'adapte. Les gens ont des obligations personnelles qu'il faut respecter. Mais si on pouvait me répondre tout de suite, à chaque fois, j'avoue que ce serait pratique parce qu'on est toujours un peu pressé voire pressant quand on est journaliste.

  • Speaker #0

    J'imagine, d'accord, donc vraiment un pouvoir sur le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, un pouvoir sur le temps, ça serait assez utile.

  • Speaker #0

    Ok, tu vois, je ne suis pas étonnée de ta réponse. Bon bah super, tu peux enchaîner avec la quatrième question.

  • Speaker #1

    Les RP, boulets ou alliés ? Et on fait comment en tant que RP pour attirer ton attention sur un sujet ? Les RP sont des alliés, on travaille avec les RP à longueur de journée, donc je n'irai certainement pas sur ce terrain glissant en disant que ce sont des boulets. En fait, sans les RP, il y a plein d'infos auxquelles on n'aurait pas accès tout simplement. Donc non, plutôt des alliés. Et voilà. Et moi, j'ai l'impression d'avoir plein de RP qui sont un peu plus que des alliés, des gens avec qui j'ai vraiment des liens de confiance, qui savent quand c'est le bon moment ou pas pour me contacter, qui savent très très bien quels sont les sujets qui me font un peu vibrer. Il n'y a aucun journaliste qui te dira que les RP ne sont pas utiles. Ça peut parfois être oppressant, ça c'est pas faux, mais la relation est importante.

  • Speaker #0

    Oppressant, alors tu peux détailler ?

  • Speaker #1

    Quand on est sur sollicité, ce n'est pas toujours simple. Mais à côté de ça, un bon RP, c'est celui qui sait aussi parfois...

  • Speaker #0

    Insister quand il le faut.

  • Speaker #1

    C'est ça, insister, mais sans non plus être trop pénible, si j'ose dire, même si les RP ont leurs propres contraintes de travail. Vous défendez des clients à qui vous devez rendre des comptes.

  • Speaker #0

    Nous aussi, on aimerait avoir une baguette magique pour un journaliste.

  • Speaker #1

    Non, les RP sont utiles pour notre travail.

  • Speaker #0

    Et quelle est la meilleure fréquence pour toi d'un point de vue de relance quand on t'envoie un communiqué, une actualité, bon, tu n'as pas forcément le temps de la regarder immédiatement, une semaine plus tard, alors si jamais ce n'est pas urgent, encore une fois,

  • Speaker #1

    tu sens… J'irai 3-4 jours, tout dépend après de l'urgence ou pas, mais quand tu reçois un message à 9h et qu'à 10h on te dit « est-ce que vous avez vu mon mail ? » , là je pense qu'il faut éviter. Oui, oui, il faut qu'il fonce. Ah oui, oui. Ok. Oui, et puis après, tout dépend aussi parfois de la temporalité de l'actu. Si c'est une actu un peu froide, il n'y a pas d'enjeu de relancer immédiatement. Si c'est une actu qui est plus chaude, je comprends que...

  • Speaker #0

    Oui, on est obligé d'aller un petit peu plus vite.

  • Speaker #1

    Moi, je réponds plus aux personnes déjà que je connais, parce qu'en fait, il y a plein de RP que je ne connais pas, qui m'appellent et des fois, je vois des numéros qui s'affichent sur mon téléphone, je ne sais pas de qui il s'agit. Là, j'avoue, je ne réponds pas toujours. Et à l'inverse, il y a des RP que je connais depuis 7-8 ans, qui j'ai une confiance absolue et à qui je réponds hyper vite tout le temps.

  • Speaker #0

    On devrait faire un petit jeu. Combien tu as de messages vocaux non écoutés dans ton téléphone ?

  • Speaker #1

    On ne fait pas souvent des messages vocaux. C'est vrai ? Oui. Franchement, plutôt des messages écrits.

  • Speaker #0

    D'accord. Et tu écoutes sans faire des messages vocaux ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'arrive pas très souvent, mais j'ai vu une autre personne, je ne sais pas. hyper fan des mots et par contre si on m'écrit je le lirai oui.

  • Speaker #0

    Et plutôt par voie de mail en première intention et peut-être derrière LinkedIn si jamais on veut relancer de manière diplomate avec parcimonie ?

  • Speaker #1

    Plutôt par mail, après une fois quand tu commences à avoir des relations plus suivies avec certaines personnes sur WhatsApp c'est aussi très bien je suis plutôt réactif sur WhatsApp. D'accord. Plus sur WhatsApp que par mail, mais si je dis ça après je vais recevoir 50 000. Oui, c'est tout.

  • Speaker #0

    On n'a pas ton numéro de portable.

  • Speaker #1

    Ah franchement, facilement oui. Je pense que mon numéro est facilement accessible. D'accord.

  • Speaker #0

    Bon, très bien. On fera attention de ne pas abuser. Je t'en prie, tu peux aller sur la cinquième question.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'un journaliste peut devenir un bon attaché de presse ? Oui, je pense que sans aucun problème. On connaît très bien le métier de journaliste, donc quand on passe de l'autre côté, si j'ose dire, on sait très bien quelles sont les contraintes du métier, quels peuvent être les délais ou pas à respecter. Donc je ne pense pas que ce soit très compliqué de passer de l'autre côté du miroir. Et à l'inverse, je pense que les attachés de presse ont des qualités qui les prédisposent aussi assez bien à devenir un journaliste. des qualités rédactionnelles, être curieux, savoir vendre un sujet.

  • Speaker #0

    Donc les frontières sont plutôt minces finalement.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est des métiers qui ont... Complémentaires. Qui ont des... Qui retirent quelques qualités communes. Ce n'est pas tout à fait le même métier. Il y a plein de choses que vous faites que je ne sais pas faire et sans doute inversement. Mais je pense qu'on peut effectivement passer facilement d'un côté ou l'autre la frontière. Même si en fait, c'est souvent des allées sans retour. En tout cas pour les journalistes qui après deviennent... attachés de presse aux communicants, il n'y en a quand même pas beaucoup après qui redeviennent journalistes.

  • Speaker #0

    Oui et moi j'ai quand même l'impression qu'il y a deux écoles, il y a effectivement ceux qui passent sans problème et puis il y a vraiment des journalistes puristes où le métier de la communication on n'y touche pas, c'est un autre métier et on n'y va pas. C'est un peu la lecture que j'en ai mais toi tu sembles dire que la reconversion peut être... Alors je pense que...

  • Speaker #1

    C'est un métier qu'on peut facilement envisager quand on quitte la carrière de journaliste, dans le sens où c'est un univers qu'on connaît quand même assez bien, on a des contacts, etc. Après, à titre personnel, j'avoue, ce n'est pas du tout ce vers quoi je voudrais tendre un jour. Mais je pense que les qualités des journalistes leur permettent de faire un tas d'autres métiers. Et au-delà du métier de communicant, je pense que les journalistes peuvent être très heureux en faisant tout autre chose que du journalisme. Certains journalistes sont parfois convaincus qu'ils ne savent faire que ça et qu'ils sont bons à rien d'autre. Moi je suis convaincu qu'on est quand même assez polyvalent, on a un gros carnet d'adresses, on sait de manière très claire assez bien écrire ou communiquer à l'oral pour ceux qui font plutôt de la radio ou de la télé. Donc ces qualités-là peuvent être utiles dans plein d'autres métiers.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, ok, très bien. On peut enchaîner.

  • Speaker #1

    Tu as sans doute vu passer l'annonce de Xavier Niel pour Le Monde. Quel est ton point de vue quant à l'indépendance journalistique et l'éventuelle pression des actionnaires annonceurs sur un groupe de presse ?

  • Speaker #0

    Il y a eu un article, d'ailleurs, dans les échos.

  • Speaker #1

    Oui, l'indépendance journalistique, c'est fondamental. Moi, je trouve que c'est un vrai problème en France que des milliardaires possèdent la presse de manière générale, y compris nos médias, qui appartiennent à la même fée de France, dans une démocratie saine. il faudrait que les médias échappent totalement à la sphère des puissants. Heureusement qu'il y a des milliardaires, parce qu'il y a beaucoup de titres de presse qui auraient sans doute mis la crise sous la porte depuis longtemps s'il n'y avait pas des Niel, des Arnaud, etc. Mais d'un autre côté, ça pose question. Quand tu dis que tu es journaliste, souvent on te dit que ton média appartient à telle ou telle personne. Et de manière générale, il faut enlever ce soupçon permanent. Et ce soupçon, il n'existe que si tu appartiens à un riche homme d'effet. Une rédaction comme Mediapart, on peut la critiquer ou pas sur la qualité de ses contenus, mais en tout cas, le fait qu'elle soit purement indépendante, qu'elle ne dépende que de ses lecteurs et pas du tout des annonceurs ou de grandes fortunes, moi je trouve ça hyper hyper simple. Dans un monde idéal, je voudrais qu'on imite ce modèle-là, ça ne dépend pas. que de moi évidemment, mais c'est important que les rédacs aient plus d'indépendance.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des codes rouges parfois sur des sujets qu'on ne pouvait pas traiter ou des limites ?

  • Speaker #1

    Moi je n'ai jamais été trop concerné par la question, mais quand tu suis l'actualité d'LVMH qui est le plus grand groupe du monde dans le luxe, avec tes journées sous écho, tu es un peu mal à l'aise en fait par définition. Et même s'il n'y a pas… Même s'il n'y a pas d'ingérence, il y a ce soupçon qui vient d'étrangers, enfin ce soupçon qui vient plutôt des lecteurs qui disent que ce n'est pas sain comme situation. Et je pense que... À juste titre. Oui, à juste titre. Je pense qu'on a vocation aussi à sortir des infos, y compris sur ces gens-là. Et en fait, ce n'est pas idéal d'être possédé par des grandes fortunes.

  • Speaker #0

    Donc du coup, que penses-tu du fait que Xavier Niel ait justement cédé à un fonds indépendant, ses parts ?

  • Speaker #1

    Moi, je le vois très bien. Et je trouve que ça va plutôt dans le bon sens. On a besoin de garantir. Et en fait, je trouve que... On a pas mal parlé par exemple de quelqu'un comme Bolloré qui possède des médias. En fait, je pense qu'il abîme ses propres marques en faisant preuve parfois d'ingérence dans les rédactions. Parce que les gens disent « regardez, c'est la radio de Bolloré ou c'est le média de Bolloré. Il a son mot à dire dans la vie d'un rédac. Ce n'est pas idéal. » Je trouve que ça décrit des bises plus qu'autre chose, sa marque et ses groupes de presse qu'autre chose. Pour moi, ce n'est pas souhaitable.

  • Speaker #0

    Très bien, bien clair. Merci. Je t'en prie, déjà l'avant-dernière question.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te fait le plus vibrer dans ton métier de journaliste ? Moi, ce que j'aime le plus, c'est que j'apprends des choses nouvelles chaque jour. Il n'y a quand même pas beaucoup de métiers où chaque matin, tu apprends des choses nouvelles. Et tu rencontres aussi des gens vraiment intéressants dans tous les milieux. Moi, je rencontre des chefs d'entreprise, des investisseurs, des banquiers ou des banquières, bien sûr. des avocats, des ministres, c'est des gens de manière générale assez intéressants donc je prends du plaisir à discuter avec ces gens-là. Et puis ce que j'aime bien aussi c'est que, c'est peut-être propre à mon secteur, mais je rencontre des chefs d'entreprise. Alors on peut parfois se moquer des entrepreneurs, etc., de leurs habitudes, etc., mais il y a un truc que j'aime bien chez eux, c'est que ce sont des gens optimistes. Par définition, quand tu crées ta boîte, c'est que tu crois en l'avenir et tu te dépenses un peu pour la développer. Et on est dans un pays parfois un peu déprimant où on voit toujours le verre à moitié vide, on n'est jamais content, etc. Un peu négatif. Tu parlais des États-Unis tout à l'heure où tu as un peu voyagé. Justement, aux États-Unis, il y a une espèce d'énergie et d'optimisme qui...

  • Speaker #0

    Une culture qui te porte vers le haut.

  • Speaker #1

    Et en fait, en France...

  • Speaker #0

    Rien n'est impossible.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, on peut parfois se moquer des travers des entrepreneurs, etc. Mais au moins, c'est des gens qui se disent « Moi, j'y crois, j'ai des idées, je les développe. » Et ça, je trouve ça plutôt chouette. Souvent, je sors d'interviews avec des chefs d'entreprise et c'est plutôt revigrant de se dire « Ah bah ce mec-là, il n'est pas résigné » ou « Cette patronne-là, elle a une énergie d'enfer pour faire bouger son secteur. » Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as la trouille des fois de rencontrer des personnalités ? Non, jamais. Jamais ? Tu y vas sereinement ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Comment tu te prépares d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Déjà, je ne les prépare pas tant que ça, mes échanges. J'aime bien quand c'est plutôt spontané. Et je ne suis pas facilement... intimidé, j'ai le contact plutôt facile. Et en fait on désacralise vite des personnes un peu importantes quand on a l'habitude de les côtoyer. Je me souviens quand je suis arrivé aux Echos, la première fois que j'ai dû rencontrer un ministre, j'étais hyper stressé, j'étais là oh là là c'est un moment important. Et puis en fait une fois que tu as l'échange avec la personne, tu te dis bon en fait c'est un ministre, c'est quelqu'un d'éminemment respectable, mais c'est qu'un ministre si j'ose dire, c'est avant tout une personne. Elle quitte un échange et il n'y a pas de raison d'avoir peur. De flipper ? Ouais. Le seul truc qui me fait plus flipper, c'est quand je dois faire des interviews en anglais ou en espagnol, où là, en fait, la barrière de la langue rend la chose plus complexe parce que tu as un peu moins de nuances dans ton vocabulaire. Ça, ça me fait un peu plus stresser. Mais c'est purement linguistique, ce n'est pas tant à la personnalité en tant que telle.

  • Speaker #0

    Et tu enregistres du coup ce type d'échange pour éviter d'avoir derrière des erreurs ou des inexactitudes ?

  • Speaker #1

    J'avoue, en anglais, j'aime bien pouvoir enregistrer aussi. En fait, pour prendre des notes, quand tu parles une autre langue, je trouve ça plus simple d'avoir un enregistrement un peu au backup parce que prendre des notes en anglais et parler en anglais en même temps, je trouve ça plus compliqué que de le faire en français, par exemple.

  • Speaker #0

    Il y a une question dont on n'a pas parlé, c'est comment est-ce qu'on fait ? pour se faire vraiment identifier par toi ? On parlait d'embargo tout à l'heure. Est-ce que c'est une technique qui marche bien justement pour sortir du lot quand on est attaché de presse et du coup avec toutes les propositions que tu dois recevoir ? Un embargo, comment on le construit avec toi ? Est-ce qu'on te l'envoie 15 jours avant, 3 semaines avant ? Comment tu aimes travailler avec ça ? Ou une exclue ? Oui.

  • Speaker #1

    Alors moi, je ne suis pas un inconditionnel des excuses, c'est-à-dire que ça ne me dérange pas du tout que des attachés de presse mettent un embargo sur une info, mais parlent à plusieurs médias. Ça, ça ne me dérange vraiment pas. C'est le jeu ? Oui, c'est le jeu. Et puis, si l'info est intéressante, je ne vois pas pourquoi elle ne devrait sortir que dans les échos. Donc ça, ça ne me dérange pas trop que mes copains de Madines ou de l'AFP ou de Bloomberg ou peu importe aient l'info aussi en même temps. Après, c'est vrai que quand les infos sont sous embargo, ça offre quand même beaucoup du coup. de confort en fait parce que ça permet de se dire voilà c'est dans 10 ou 15 jours j'ai le temps de préparer les choses correctement je suis pas dans le rush en fait le rush est quand même un peu l'ennemi du journaliste je trouve parce que plus tu as de temps plus tu fais quand même les choses mieux quand tu as une info qui va sortir le lendemain t'es un peu dos au mur et c'est un peu plus compliqué à gérer les embargos, c'est plutôt précieux. Et après, il ne faut pas non plus mettre des embargos de trois mois et demi. Mais une semaine, dix jours, c'est pas mal. Ça donne un peu de visibilité et ça donne un peu de souplesse pour les journalistes. Et moi, je suis dans une rubrique très particulière où quasiment toutes les infos sont sous embargo. Qu'il s'agisse de levées de fonds, de rachats, de nominations, de gros contrats, etc. Souvent, c'est des choses qu'on sait à l'avance assez longtemps avant. Donc ça offre du confort.

  • Speaker #0

    Effectivement, je vois beaucoup de startups qui passent dans les échos où l'angle, l'entrée, c'est la levée de fonds. Et après, c'est toujours un point important, un temps fort d'une entreprise d'avoir une levée de fonds. Alors, est-ce qu'il y a un montant minimum chez vous ?

  • Speaker #1

    Franchement, il n'y a pas de montant, même si, encore une fois, quand Pascal lève 100 millions dans l'ordinateur quantique, on va forcément y accorder sans doute un peu plus d'attention. Mais... Mais la levée de fonds, ça fait partie des sujets dont on parle parce que ça fait partie de la vie des startups. Mais on n'en fait pas non plus totalement une obsession. Et en fait, on essaye, dans les mesures du possible, ce n'est pas toujours le cas, mais on essaye un peu d'en sortir et on veut essayer de parler des startups de façon parfois un peu différente, sous des angles un peu originaux aussi. Parce que déjà, faire que des papiers sur les levées de fonds, ce n'est pas hyper excitant parce que ce sont des papiers qui se ressemblent un peu. Et déjà... On essaye aussi, quand on parle des levées de fonds, de parler parfois de plusieurs boîtes dans un même secteur. Par exemple, une boîte lève des fonds, mais elle évolue dans un secteur où il y a aussi telle ou telle autre boîte. Et on essaye de faire des papiers un peu plus transversaux, si j'ose dire, sur toutes les startups qui ont levé des fonds dans la recharge de voitures électriques ou dans la cybersécurité. Ça donne un peu plus de valeur aussi, je trouve, pour le lecteur, parce qu'au-delà de la levée de fonds, c'est bien d'avoir... de visio un peu plus d'ensemble.

  • Speaker #0

    Sur le marché, oui.

  • Speaker #1

    Et puis les papiers un peu plus transversaux et qui s'éloignent aussi un peu des levées de fonds, ça marche bien aussi. Moi j'ai fait un papier dont j'étais hyper content sur les Marocains par exemple dans la French Tech. Et en fait le papier a hyper bien marché, j'ai eu plein de super retours et j'ai trouvé ça beaucoup plus sympa à écrire qu'un cinquantième papier sur telle boîte lève 15 millions pour digitaliser le logiciel d'entreprise. Je cite un exemple fictif mais... C'est bien aussi d'avoir des histoires un peu différentes à raconter parce que la vie des startups, en fait, elle peut s'écrire de plein de façons. Récemment, j'ai fait un papier sur les femmes entrepreneuses qui ont des enfants, par exemple, comment elles gèrent la vie privée, la vie pro. J'ai trouvé ça hyper cool à faire. Et donc, quand on peut, on essaie de faire ça aussi.

  • Speaker #0

    Et du coup, ces femmes-là que tu as interrogées, c'était des gens de ton réseau ou c'est justement des entrepreneurs que tu as découvertes via des communiqués, des RP ?

  • Speaker #1

    C'était un peu les deux. L'accroche actue, c'était la patronne de Gaïa qui revenait de congé maternité. Enfin, qui revient de congé maternité. Et elle, il se trouve que je la connais depuis deux ans parce que j'ai suivi sa startup. Et en fait, je lui ai dit, est-ce que tu connais d'autres entrepreneuses qui, comme toi, ont dû gérer maternité et gestion de l'entreprise ? Et elle m'a dit, tiens, j'appartiens à un club d'entrepreneuses qui s'appelle Le Galion. C'est un suite dont on parle souvent et elle m'a mis en contact avec 4-5 personnes de son réseau. Et personne que j'ai découverte. pour le coup je les connaissais pas avant en fait et c'était vraiment sympa à écrire et puis et puis c'est parfois chouette d'avoir des retours j'ai eu pas mal de retours d'entrepreneuses pas plus tard que ce matin qui me disaient franchement c'est super d'avoir écrit ce papier parce que c'est un sujet qui est pas beaucoup abordé alors que c'est un énorme challenge pour les femmes pour les mères et enfin pour les salariés et les ES de manière générale qui ont des responsabilités des enfants en fait je dirais les deux c'est pas simple donc Quand tu as des retours cool sur tes papiers, c'est chouette. Ça arrive pas trop par les critiques, mais quand on a des messages sympas, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine. Bon, écoute, merci. Je te propose d'aller sur la dernière question de clôture.

  • Speaker #1

    Tu te vois où dans cinq ans ?

  • Speaker #0

    La prospective, il faut que tu te projettes là.

  • Speaker #1

    Cinq ans. Dans cinq ans, je me vois toujours aux échos, je pense. Mais par contre, je me vois très loin de ma rubrique actuelle. J'adore ce que je fais. Mon boulot est vraiment intéressant, j'ai une chef qui est extraordinaire. Mon autre collègue Camille est top aussi, donc j'adore bosser avec ces deux filles. Mais je pense que c'est hyper simple pour les journalistes de changer de poste régulièrement. Et je pense que changer tous les 4-5 ans, c'est très très sain. Et ça permet de découvrir des nouveaux sujets, d'étouffer son carrière d'adresse en rencontrant des gens dans d'autres secteurs. Et ça, je trouve ça vraiment chouette.

  • Speaker #0

    Alors idéalement, ça serait vers quoi ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je n'ai pas vraiment de religion. Moi, je suis assez curieux, donc je me verrais bien, je ne sais pas, dans l'énergie, ou suivre la politique, ou être correspondant à l'étranger. Je n'ai pas vraiment d'avis tranché, mais j'espère vraiment, si on refait cette émission dans 5 ans, que je ne serai plus à mon poste actuel, parce qu'encore une fois, je pense qu'il faut que ça tourne dans une rédac. Et en fait, on s'éclate vraiment pendant 4-5 ans à un poste, mais le risque, c'est de tomber un peu dans une espèce de routine au bout de quelques années. Et je n'ai pas envie de tomber là-dedans. Quand j'aurai quasiment 60 ans, que je serai tout proche de la retraite, peut-être que je dirai « oui, je fais très bien dans ma petite rubrique et je ne veux pas bouger » .

  • Speaker #0

    Mais là, tu vas encore découvrir, il y a encore beaucoup d'énergie à déployer.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Ok. Bon, écoute, super. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Je dois avouer que j'ai une commande spéciale pour toi de la part de ma fille qui a 7 ans. Ok. Tu disais que tu aimais, on en parlait en off, bien traiter des sujets de parentalité. Et puis, on en a parlé de toute manière avec ton récent article sur les mères entrepreneurs. Moi, ma fille me demandait, mais maman, est-ce que... Adrien, c'est Adrien de Miraculous qui est le chat noir dans Miraculous. Alors, il faut lui répondre. Tu peux regarder la caméra et lui dire si oui ou non, c'est toi.

  • Speaker #1

    Désolé, ce n'est pas moi.

  • Speaker #0

    Désolé, Lou. On le trouvera, je te le promets.

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