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Le 8ème jour

Commerce traditionnel au Maroc : Un pilier économique en voie de marginalisation ?

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06min |15/07/2025
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Description

Rédigé par Hajar DEHANE le Vendredi 11 Juillet 2025


Ils s’appellent l-‘attaar, l-ḥanūṭī, ou tout simplement le monsieur du coin. Chaque rue, chaque quartier au Maroc a son épicier, sa marchande de légumes, son vendeur de pain, de charbon, ou de mouchoirs. Ce petit commerce traditionnel, parfois vu comme archaïque, est en réalité l’ossature invisible de l’économie populaire.

Pourtant, derrière cette image familière, le Conseil de la Concurrence alerte, dans son Avis A/1/25, sur une marginalisation progressive mais réelle de ces acteurs. Coincés entre modernisation accélérée, pression foncière, et absence de soutien public, les petits commerçants marocains sont aujourd’hui menacés de disparition.

Plusieurs indicateurs montrent une érosion silencieuse du commerce de proximité :

Diminution du nombre de nouveaux points de vente enregistrés chaque année ;Faible taux de transmission intergénérationnelle (les enfants refusent de reprendre l’activité familiale) ;

Hausse des fermetures dans les médinas et quartiers anciens, chassés par la spéculation foncière ou la baisse de fréquentation ;

Incapacité à suivre le rythme de la digitalisation (paiement mobile, gestion des stocks, e-commerce).

Le rapport du Conseil cite même des cas de quartiers entiers où l’arrivée d’un supermarché provoque en moins de deux ans la fermeture de 20 à 30 % des commerces du voisinage immédiat.


Loin d’être un simple maillon de la chaîne d’approvisionnement, le petit commerce assure aussi une fonction sociale cruciale :

Crédit informel accordé aux clients fidèles ;

Distribution de produits à l’unité pour les ménages précaires ;

Transmission de savoir-faire artisanaux dans certaines zones (herboristerie, pâtisserie, épices…).

L’aménagement des villes marocaines ces vingt dernières années a très peu pris en compte le rôle du commerce de proximité. Les politiques d’embellissement, de rénovation urbaine ou de construction de centres commerciaux ont souvent relégué les petits commerces aux marges.

Contrairement aux idées reçues, le commerce traditionnel ne pratique pas toujours des marges exorbitantes. Les marges brutes tournent souvent autour de 10 à 15 %, notamment dans les denrées de première nécessité.

Mais le manque d’organisation logistique et la dépendance aux intermédiaires renchérissent le prix d’achat. Par exemple, un épicier de quartier à Fès achète une boîte de concentré de tomate à 3,30 DH au lieu de 2,90 DH pour une enseigne de GMS à Meknès, simplement faute d’accès au grossiste principal.

À cela s’ajoutent les vols à l’étal, la fiscalité difficile à comprendre, les charges fixes croissantes, et l’absence d’assurance ou de retraite. Un modèle précaire, sans filet de sécurité.

Recommandations pour sauver ce tissu vital

Le commerce traditionnel marocain n’est pas un reliquat du passé : c’est une infrastructure sociale vivante, profondément ancrée dans la vie des quartiers et des villages. Il répond à des besoins que la grande distribution ne comble pas, et il incarne une économie de la confiance, du lien et de la proximité.

Mais il est en train de s’éroder, lentement, sous le poids de l’oubli institutionnel et de la pression du marché. Sans intervention coordonnée et ambitieuse, il pourrait s’effondrer. Ce serait un appauvrissement collectif.

Préserver le commerce traditionnel, c’est aussi défendre une certaine idée de l’économie marocaine : plurielle, solidaire, enracinée.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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Rédigé par Hajar DEHANE le Vendredi 11 Juillet 2025


Ils s’appellent l-‘attaar, l-ḥanūṭī, ou tout simplement le monsieur du coin. Chaque rue, chaque quartier au Maroc a son épicier, sa marchande de légumes, son vendeur de pain, de charbon, ou de mouchoirs. Ce petit commerce traditionnel, parfois vu comme archaïque, est en réalité l’ossature invisible de l’économie populaire.

Pourtant, derrière cette image familière, le Conseil de la Concurrence alerte, dans son Avis A/1/25, sur une marginalisation progressive mais réelle de ces acteurs. Coincés entre modernisation accélérée, pression foncière, et absence de soutien public, les petits commerçants marocains sont aujourd’hui menacés de disparition.

Plusieurs indicateurs montrent une érosion silencieuse du commerce de proximité :

Diminution du nombre de nouveaux points de vente enregistrés chaque année ;Faible taux de transmission intergénérationnelle (les enfants refusent de reprendre l’activité familiale) ;

Hausse des fermetures dans les médinas et quartiers anciens, chassés par la spéculation foncière ou la baisse de fréquentation ;

Incapacité à suivre le rythme de la digitalisation (paiement mobile, gestion des stocks, e-commerce).

Le rapport du Conseil cite même des cas de quartiers entiers où l’arrivée d’un supermarché provoque en moins de deux ans la fermeture de 20 à 30 % des commerces du voisinage immédiat.


Loin d’être un simple maillon de la chaîne d’approvisionnement, le petit commerce assure aussi une fonction sociale cruciale :

Crédit informel accordé aux clients fidèles ;

Distribution de produits à l’unité pour les ménages précaires ;

Transmission de savoir-faire artisanaux dans certaines zones (herboristerie, pâtisserie, épices…).

L’aménagement des villes marocaines ces vingt dernières années a très peu pris en compte le rôle du commerce de proximité. Les politiques d’embellissement, de rénovation urbaine ou de construction de centres commerciaux ont souvent relégué les petits commerces aux marges.

Contrairement aux idées reçues, le commerce traditionnel ne pratique pas toujours des marges exorbitantes. Les marges brutes tournent souvent autour de 10 à 15 %, notamment dans les denrées de première nécessité.

Mais le manque d’organisation logistique et la dépendance aux intermédiaires renchérissent le prix d’achat. Par exemple, un épicier de quartier à Fès achète une boîte de concentré de tomate à 3,30 DH au lieu de 2,90 DH pour une enseigne de GMS à Meknès, simplement faute d’accès au grossiste principal.

À cela s’ajoutent les vols à l’étal, la fiscalité difficile à comprendre, les charges fixes croissantes, et l’absence d’assurance ou de retraite. Un modèle précaire, sans filet de sécurité.

Recommandations pour sauver ce tissu vital

Le commerce traditionnel marocain n’est pas un reliquat du passé : c’est une infrastructure sociale vivante, profondément ancrée dans la vie des quartiers et des villages. Il répond à des besoins que la grande distribution ne comble pas, et il incarne une économie de la confiance, du lien et de la proximité.

Mais il est en train de s’éroder, lentement, sous le poids de l’oubli institutionnel et de la pression du marché. Sans intervention coordonnée et ambitieuse, il pourrait s’effondrer. Ce serait un appauvrissement collectif.

Préserver le commerce traditionnel, c’est aussi défendre une certaine idée de l’économie marocaine : plurielle, solidaire, enracinée.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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Ils s’appellent l-‘attaar, l-ḥanūṭī, ou tout simplement le monsieur du coin. Chaque rue, chaque quartier au Maroc a son épicier, sa marchande de légumes, son vendeur de pain, de charbon, ou de mouchoirs. Ce petit commerce traditionnel, parfois vu comme archaïque, est en réalité l’ossature invisible de l’économie populaire.

Pourtant, derrière cette image familière, le Conseil de la Concurrence alerte, dans son Avis A/1/25, sur une marginalisation progressive mais réelle de ces acteurs. Coincés entre modernisation accélérée, pression foncière, et absence de soutien public, les petits commerçants marocains sont aujourd’hui menacés de disparition.

Plusieurs indicateurs montrent une érosion silencieuse du commerce de proximité :

Diminution du nombre de nouveaux points de vente enregistrés chaque année ;Faible taux de transmission intergénérationnelle (les enfants refusent de reprendre l’activité familiale) ;

Hausse des fermetures dans les médinas et quartiers anciens, chassés par la spéculation foncière ou la baisse de fréquentation ;

Incapacité à suivre le rythme de la digitalisation (paiement mobile, gestion des stocks, e-commerce).

Le rapport du Conseil cite même des cas de quartiers entiers où l’arrivée d’un supermarché provoque en moins de deux ans la fermeture de 20 à 30 % des commerces du voisinage immédiat.


Loin d’être un simple maillon de la chaîne d’approvisionnement, le petit commerce assure aussi une fonction sociale cruciale :

Crédit informel accordé aux clients fidèles ;

Distribution de produits à l’unité pour les ménages précaires ;

Transmission de savoir-faire artisanaux dans certaines zones (herboristerie, pâtisserie, épices…).

L’aménagement des villes marocaines ces vingt dernières années a très peu pris en compte le rôle du commerce de proximité. Les politiques d’embellissement, de rénovation urbaine ou de construction de centres commerciaux ont souvent relégué les petits commerces aux marges.

Contrairement aux idées reçues, le commerce traditionnel ne pratique pas toujours des marges exorbitantes. Les marges brutes tournent souvent autour de 10 à 15 %, notamment dans les denrées de première nécessité.

Mais le manque d’organisation logistique et la dépendance aux intermédiaires renchérissent le prix d’achat. Par exemple, un épicier de quartier à Fès achète une boîte de concentré de tomate à 3,30 DH au lieu de 2,90 DH pour une enseigne de GMS à Meknès, simplement faute d’accès au grossiste principal.

À cela s’ajoutent les vols à l’étal, la fiscalité difficile à comprendre, les charges fixes croissantes, et l’absence d’assurance ou de retraite. Un modèle précaire, sans filet de sécurité.

Recommandations pour sauver ce tissu vital

Le commerce traditionnel marocain n’est pas un reliquat du passé : c’est une infrastructure sociale vivante, profondément ancrée dans la vie des quartiers et des villages. Il répond à des besoins que la grande distribution ne comble pas, et il incarne une économie de la confiance, du lien et de la proximité.

Mais il est en train de s’éroder, lentement, sous le poids de l’oubli institutionnel et de la pression du marché. Sans intervention coordonnée et ambitieuse, il pourrait s’effondrer. Ce serait un appauvrissement collectif.

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Ils s’appellent l-‘attaar, l-ḥanūṭī, ou tout simplement le monsieur du coin. Chaque rue, chaque quartier au Maroc a son épicier, sa marchande de légumes, son vendeur de pain, de charbon, ou de mouchoirs. Ce petit commerce traditionnel, parfois vu comme archaïque, est en réalité l’ossature invisible de l’économie populaire.

Pourtant, derrière cette image familière, le Conseil de la Concurrence alerte, dans son Avis A/1/25, sur une marginalisation progressive mais réelle de ces acteurs. Coincés entre modernisation accélérée, pression foncière, et absence de soutien public, les petits commerçants marocains sont aujourd’hui menacés de disparition.

Plusieurs indicateurs montrent une érosion silencieuse du commerce de proximité :

Diminution du nombre de nouveaux points de vente enregistrés chaque année ;Faible taux de transmission intergénérationnelle (les enfants refusent de reprendre l’activité familiale) ;

Hausse des fermetures dans les médinas et quartiers anciens, chassés par la spéculation foncière ou la baisse de fréquentation ;

Incapacité à suivre le rythme de la digitalisation (paiement mobile, gestion des stocks, e-commerce).

Le rapport du Conseil cite même des cas de quartiers entiers où l’arrivée d’un supermarché provoque en moins de deux ans la fermeture de 20 à 30 % des commerces du voisinage immédiat.


Loin d’être un simple maillon de la chaîne d’approvisionnement, le petit commerce assure aussi une fonction sociale cruciale :

Crédit informel accordé aux clients fidèles ;

Distribution de produits à l’unité pour les ménages précaires ;

Transmission de savoir-faire artisanaux dans certaines zones (herboristerie, pâtisserie, épices…).

L’aménagement des villes marocaines ces vingt dernières années a très peu pris en compte le rôle du commerce de proximité. Les politiques d’embellissement, de rénovation urbaine ou de construction de centres commerciaux ont souvent relégué les petits commerces aux marges.

Contrairement aux idées reçues, le commerce traditionnel ne pratique pas toujours des marges exorbitantes. Les marges brutes tournent souvent autour de 10 à 15 %, notamment dans les denrées de première nécessité.

Mais le manque d’organisation logistique et la dépendance aux intermédiaires renchérissent le prix d’achat. Par exemple, un épicier de quartier à Fès achète une boîte de concentré de tomate à 3,30 DH au lieu de 2,90 DH pour une enseigne de GMS à Meknès, simplement faute d’accès au grossiste principal.

À cela s’ajoutent les vols à l’étal, la fiscalité difficile à comprendre, les charges fixes croissantes, et l’absence d’assurance ou de retraite. Un modèle précaire, sans filet de sécurité.

Recommandations pour sauver ce tissu vital

Le commerce traditionnel marocain n’est pas un reliquat du passé : c’est une infrastructure sociale vivante, profondément ancrée dans la vie des quartiers et des villages. Il répond à des besoins que la grande distribution ne comble pas, et il incarne une économie de la confiance, du lien et de la proximité.

Mais il est en train de s’éroder, lentement, sous le poids de l’oubli institutionnel et de la pression du marché. Sans intervention coordonnée et ambitieuse, il pourrait s’effondrer. Ce serait un appauvrissement collectif.

Préserver le commerce traditionnel, c’est aussi défendre une certaine idée de l’économie marocaine : plurielle, solidaire, enracinée.


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