Description
Rédigé par Adnane Benchakroun le Samedi 12 Juillet 2025
Comment rebondir après les chocs de la vie dans une société qui ne parle pas de souffrance intérieure
Une rupture, un deuil, un accident, un divorce, une faillite, une trahison, une humiliation, une maladie… La vie n’épargne personne. Chacun, tôt ou tard, traverse des épreuves. Mais au Maroc, la douleur psychologique est souvent niée, minimisée ou cachée. On parle peu de souffrance émotionnelle, encore moins de processus de guérison. Et pourtant, un mot s’impose peu à peu : la résilience.
🩹 Blessures de l’âme : ces douleurs qu’on ne voit pas
Quand on se casse une jambe, on met un plâtre. Quand on a de la fièvre, on consulte un médecin.
Mais quand l’âme est brisée, que fait-on ? Souvent… rien.
Au Maroc, la douleur émotionnelle reste un sujet tabou. On encourage la victime à "passer à autre chose", à "oublier", à "pardonner" sans avoir digéré. On traite les symptômes, mais pas les causes.
“Quand j’ai perdu mon frère, tout le monde m’a dit ‘Sabr, llah yjib lkhir’. Mais personne ne m’a laissé pleurer. J’ai gardé ça en moi pendant des années”, témoigne Saïd, 37 ans.
🙅♂️ "Sois fort" : le piège des injonctions culturelles
La culture marocaine valorise la dignité dans la douleur, le silence dans la peine.
– Un homme qui pleure ? Faiblesse.
– Une femme qui se plaint trop ? Drama queen.
Ces discours, profondément ancrés, empêchent l’expression authentique de la souffrance.
On enfile un masque, on continue à fonctionner… jusqu’à ce que le corps lâche.
🧠 Résilience : un mot nouveau pour une sagesse ancienne
La résilience, c’est cette capacité à rebondir après une épreuve, non pas en effaçant la douleur, mais en apprenant à vivre avec.
Et cette idée, bien qu’elle vienne du langage de la psychologie moderne, trouve des échos profonds dans la sagesse populaire marocaine :
– “Ma kaydwi ghira li jra lih” (seul celui qui a souffert peut comprendre)
– “Ljerh kaybri, walakin kaykhalli ttaâla” (la plaie guérit, mais laisse une trace)
Autrement dit : on peut se relever, mais jamais indemne. Et c’est justement dans cette cicatrice que se cache la force.
🌪️ Les chocs qui laissent des marques
Certaines blessures reviennent souvent dans les témoignages :
– Le divorce, surtout chez les femmes stigmatisées ou rejetées
– L’humiliation sociale ou familiale, qui détruit l’estime de soi
Toutes ces douleurs ont un point commun : elles restent souvent non dites. Et c’est là que commence l’auto-destruction.
🧭 Résilience et foi : un lien profond dans la culture marocaine
La spiritualité joue un rôle central dans la résilience.
Prier, méditer, invoquer Dieu, se confier dans la solitude… autant de rituels apaisants.
Mais il faut faire attention : trop souvent, on confond spiritualité vraie et déni émotionnel. Dire à quelqu’un "Sabr" ne suffit pas. Il faut aussi lui permettre de pleurer, d’exprimer, de transformer.
⚠️ Le risque du non-traité : quand la blessure devient bombe à retardement
Une douleur non exprimée devient :
– Une colère permanente
– Un mal-être transmis aux enfants
C’est pourquoi la résilience ne doit pas être un concept de livres, mais un outil de santé publique.
✅ Conclusion : Guérir ne veut pas dire oublier. Cela veut dire transformer.
Nous avons tous des cicatrices. Des douleurs anciennes. Des trous dans l’âme.
Mais nous avons aussi, en nous, des ressources de survie, de lumière, de réparation.
La résilience, ce n’est pas nier la blessure. C’est marcher avec elle, sans qu’elle nous fasse tomber.
Et peut-être qu’au Maroc, aujourd’hui plus que jamais, il est temps d’apprendre à dire :
"J’ai souffert… mais je suis debout."
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