Catherine Millet : "On connaît nos parents en tant que personnes bien souvent après leur mort"

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"Pour un enfant, la mère n'est jamais une personne". Cette phrase de la psychanalyste montpelliéraine Françoise Wilder a intrigué l'autrice Catherine Millet, qui a voulu en savoir plus à l'occasion de son passage à la librairie l'Opuscule à Montpellier, en octobre.

Les deux femmes conversent depuis le premier livre de Catherine Millet : La vie sexuelle de Catherine M, sur lequel Françoise Wilder a écrit un essai, Un provocant abandon.

Un échange a eu lieu au domicile montpelliérain de Françoise Wilder autour du dernier livre de l'historienne de l’art contemporain et directrice d’Art Press : Simone Émonet, chez Flammarion. Il évoque sa mère, qui s'est suicidée, en proie à la dépression. Pour Catherine Millet, "cette connaissance de nos parents en tant que personnes, bien souvent, elle intervient après leur mort".

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Extrait : «Quelle autre épreuve, forcément moins grave, étais-je en train d’affronter pour qu’un soir que je ne saurais pas dater, mais il me semble que du temps avait passé, alors que Jacques et moi étions allongés côte à côte, près de nous endormir, cherchant la clef pour me sortir de l’anxiété, j’aie prononcé cette phrase : «La mort de ma mère m’a cassée» ? En réponse, j’eus droit à un savon ! «Mais qu’est-ce qui te prend d’utiliser un tel lieu commun ?», s’était emporté Jacques. Ça ne voulait rien dire. J’avais une vie normale, je travaillais, ça marchait plutôt bien, je n’étais pas «cassée». Il me secouait pour me remettre d’aplomb, alors que j’aurais tellement aimé être dans l’instant un nouveau-né que l’on transporte tout emmailloté. Fausse colère, pleine de sollicitude, teintée de cette crainte que, dans le fond, il a de me voir aller vraiment mal. Soyons honnête : est-ce que je n’avais pas moi aussi, secoué ma mère, dans l’espoir de l’arracher à ses ruminations ?»

Catherine Millet, Simone Émonet, Flammarion, 176 pages, 19,50€.

Françoise Wilder, Un Provocant Abandon - L’hérésie de Catherine M, Desclée De Brouwer, 181 pages, 19,80€.

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Prise de son, montage, William Balfour.

Extraits des musiques : Les Quatre Cent Coups, film de François Truffaut, musique Jean Constantin / Lady Chatterley, film de Pascale Ferran, musique Béatrice Thiriet / Need A Little Sugar In My Bowl chanté par Hadda Brooks.

Photo : Pascal Ito © Flammarion.

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