undefined cover
undefined cover
#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons cover
#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons cover
LUM lu

#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

06min |09/12/2025
Play
undefined cover
undefined cover
#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons cover
#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons cover
LUM lu

#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

#107 : Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

06min |09/12/2025
Play

Description

Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

Du sel pour conserver ? Pas toujours… Et c’est bien là le problème des pharaons Osorkon II et Psousennès Ier dont l’éternité est aujourd’hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tanis dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d’eaux salées dans leur maçonnerie. D’où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydrosciences Montpellier, est parti enquêter.


--------------------------------------------

LUM 14 / Animalement vôtre 🦧

Avec un dossier consacré aux animaux, ce quatorzième numéro de votre magazine Lum vous emmène à la rencontre des chercheuses et chercheurs qui œuvrent à mieux les connaître, pour mieux les protéger.

Suivez-les sur le terrain : au grand large dans le sillage des thons rouges, en mettant le cap au Sud pour mieux évaluer la rareté écologique d’espèces irremplaçables, ou encore en Namibie pour étudier la gestion du deuil chez des femelles babouins chacma. Ce numéro de Lum vous invite également à faire une incursion dans un passé lointain. Accompagnez les chercheurs dans le delta du Nil, où des tombeaux vieux de 3000 ans sont mis en péril par des infiltrations d’eau salée. Et bien plus loin encore, en remontant il y a moins 30 millions d’années avec les paléontologues qui enquêtent sur l’arrivée des premiers mammifères dans les Caraïbes…

_________________________ 

📌  Retrouvez l'article : https://www.umontpellier.fr/articles/un-grain-de-sel-dans-leternite-des-pharaons

📌  Retrouvez tous les articles des magazines LUM : https://www.umontpellier.fr/?type-contenu=magazine-lum 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les podcasts de l'Hume

  • Speaker #1

    Saviez-vous que les babouins chacmas ressentent le deuil ? Ou que les tons rouges sont d'infatigables voyageurs ? Le dossier de ce quatorzième numéro de l'Hume, intitulé « Animalement Votre » vous propose d'en apprendre plus sur les autres habitants de notre planète. Vous partirez également sur les traces des rongeurs des Antilles, dans les antiques tombeaux égyptiens, ou en orbite avec les étudiants sénégalais avant de reposer les pieds sur terre pour une séance de yoga en classe. Évadez-vous avec l'hum !

  • Speaker #0

    Un grain de sel dans l'éternité des pharaons. Du sel pour conserver ? Pas toujours. Et c'est bien là le problème des pharaons Osorcon II et Psousénès Ier, dont l'éternité est aujourd'hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tannis, dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d'eau salée dans leur maçonnerie. D'où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydroscience Montpellier, est parti enquêter.

  • Speaker #2

    Des obélisques, d'énormes blocs de granit et des colosses de pierre sortant avec peine leur tête du sable qui s'éteint à perte de vue.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la nécropole royale de Tannis, située en plein delta du Nil, demeure éternelle des pharaons Osorcon II. et Psousénès Ier. Des tombeaux vieux de 3000 ans, mis en péril par l'infiltration d'eau salée, provoquant la dégradation des gravures et peintures qui les ornent, mais aussi l'altération des blocs et des joints qui les constituent. Un drame pour l'histoire dont la solution ne coule pas de source. En plein désert et à près de 25 km de la mer, la provenance de ces osomates interroge. C'est pour résoudre ce mystère que Sévrin Pistre, chercheur au laboratoire Hydroscience Montpellier a pris le chemin de l'Egypte avec en tête beaucoup de questions et quelques hypothèses.

  • Speaker #2

    Au départ, c'est un conservateur expert au musée du Louvre qui, face à cette problématique de conservation, a pensé qu'il fallait étudier l'eau à l'échelle de ce site, c'est-à-dire les écoulements de surface liés à la pluie, mais aussi la probabilité d'une nappe phréatique située sous les tombeaux.

  • Speaker #0

    Pour tester ces hypothèses, l'hydrogéologue est donc parti de rien ou presque, à savoir... de quelques poignées de sable récoltées sur le site. En profondeur, un sable jaune correspondant à la dune ancienne.

  • Speaker #2

    On l'appelle la gésira. C'est un sable typique de ces sites qui est très perméable à l'eau et dans lequel la nappe phréatique pourrait se trouver.

  • Speaker #0

    Plus en surface,

  • Speaker #2

    on trouve un sable marron qui lui est très imperméable et sur lequel l'eau de pluie peut circuler et ruisseler jusqu'à la nappe, relevant ainsi son niveau.

  • Speaker #0

    Afin de vérifier la présence de cette nappe souterraine, le chercheur est allé plus loin, à 27 mètres de profondeur exactement, grâce à l'utilisation de piézomètres, de petits appareils permettant, grâce aux électrodes dont ils sont munis, de détecter la présence d'eau dans les sous-sols, mais également de mesurer son niveau. Un travail facilité par l'existence sur le site d'anciens forages datant d'une opération menée par les autorités égyptiennes une quinzaine d'années auparavant.

  • Speaker #2

    Grâce à plusieurs points de mesure, nous avons ainsi pu confirmer la présence de la nappe à moins d'un mètre de profondeur sous les tombeaux. A partir de là, nous avons aussi pu travailler sur le sens d'écoulement de l'eau par exemple.

  • Speaker #0

    Si la coupable semblait toute désignée, restait encore à vérifier la nature salée de ces eaux souterraines. Pour cela, une simple analyse en laboratoire et le tour est joué. Sauf qu'au pays des pharaons, aucun échantillon, quel qu'il soit, ne quitte le territoire. C'est donc sur place et muni d'un conductivimètre que Sévrinpistre... a poursuivi son enquête.

  • Speaker #2

    Cet appareil permet de mesurer la conductivité électrique de l'eau. Plus l'eau est salée, plus le courant passe. C'est une méthode très fiable. Et en l'occurrence, je suis tombé sur une eau extrêmement salée, parfois très proche de l'eau de mer.

  • Speaker #0

    Un résultat confirmé par les analyses réalisées dans un laboratoire du CAIR. A ce stade, plus de doute. C'est donc bien cette nappe phréatique salée qui, par capillarité, remonte jusqu'au tombeau et provoque leur altération. Mais comment ? empêcher ce phénomène. Pour le chercheur, il existe plusieurs façons de gérer ce problème. La première,

  • Speaker #2

    démonter les tombeaux afin de glisser une feuille de plomb sous la nappe avant de les reconstruire. C'est efficace, mais très lourd au sens propre comme au sens figuré.

  • Speaker #0

    La seconde option consiste à rabattre la nappe.

  • Speaker #2

    Autrement dit, à la faire descendre à une profondeur qui ne permette plus au sel d'atteindre les tombeaux par capillarité. Pour cela, il faut un dispositif de pompage quasi permanent.

  • Speaker #0

    Si l'énigme de l'eau est désormais résolue, celle du sel garde encore tout son mystère. Car comment expliquer sa présence dans cette zone aride et désertique ?

  • Speaker #2

    Quand les nappes sont à proximité de la mer comme à Mogyo par exemple, on observe un phénomène de biseau salé. C'est-à-dire que l'eau de mer, qui est plus dense que l'eau douce, s'infiltre petit à petit sous la nappe, mais là nous sommes trop loin de la mer pour que cela se produise.

  • Speaker #0

    D'autres hypothèses sont envisagées, comme celle d'une présence ancienne de ces eaux salées, qui aurait pu être piégée il y a des millénaires, ou encore celle d'un phénomène lié à l'évaporation.

  • Speaker #2

    Avec nos collègues du laboratoire géosciences Montpellier, nous procédons à des analyses géochimiques sur les isotopes. contenus dans ces eaux salées pour tenter d'en déterminer la provenance. Nous devons encore creuser.

  • Speaker #0

    La preuve qu'au XXIe siècle encore, les mystères des pharaons n'ont décidément rien perdu de leur selle.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de l'Humlu. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous laisser un avis sur Apple Podcast ou sur Spotify. Et vous pouvez aussi le partager autour de vous. A la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

Description

Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

Du sel pour conserver ? Pas toujours… Et c’est bien là le problème des pharaons Osorkon II et Psousennès Ier dont l’éternité est aujourd’hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tanis dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d’eaux salées dans leur maçonnerie. D’où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydrosciences Montpellier, est parti enquêter.


--------------------------------------------

LUM 14 / Animalement vôtre 🦧

Avec un dossier consacré aux animaux, ce quatorzième numéro de votre magazine Lum vous emmène à la rencontre des chercheuses et chercheurs qui œuvrent à mieux les connaître, pour mieux les protéger.

Suivez-les sur le terrain : au grand large dans le sillage des thons rouges, en mettant le cap au Sud pour mieux évaluer la rareté écologique d’espèces irremplaçables, ou encore en Namibie pour étudier la gestion du deuil chez des femelles babouins chacma. Ce numéro de Lum vous invite également à faire une incursion dans un passé lointain. Accompagnez les chercheurs dans le delta du Nil, où des tombeaux vieux de 3000 ans sont mis en péril par des infiltrations d’eau salée. Et bien plus loin encore, en remontant il y a moins 30 millions d’années avec les paléontologues qui enquêtent sur l’arrivée des premiers mammifères dans les Caraïbes…

_________________________ 

📌  Retrouvez l'article : https://www.umontpellier.fr/articles/un-grain-de-sel-dans-leternite-des-pharaons

📌  Retrouvez tous les articles des magazines LUM : https://www.umontpellier.fr/?type-contenu=magazine-lum 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les podcasts de l'Hume

  • Speaker #1

    Saviez-vous que les babouins chacmas ressentent le deuil ? Ou que les tons rouges sont d'infatigables voyageurs ? Le dossier de ce quatorzième numéro de l'Hume, intitulé « Animalement Votre » vous propose d'en apprendre plus sur les autres habitants de notre planète. Vous partirez également sur les traces des rongeurs des Antilles, dans les antiques tombeaux égyptiens, ou en orbite avec les étudiants sénégalais avant de reposer les pieds sur terre pour une séance de yoga en classe. Évadez-vous avec l'hum !

  • Speaker #0

    Un grain de sel dans l'éternité des pharaons. Du sel pour conserver ? Pas toujours. Et c'est bien là le problème des pharaons Osorcon II et Psousénès Ier, dont l'éternité est aujourd'hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tannis, dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d'eau salée dans leur maçonnerie. D'où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydroscience Montpellier, est parti enquêter.

  • Speaker #2

    Des obélisques, d'énormes blocs de granit et des colosses de pierre sortant avec peine leur tête du sable qui s'éteint à perte de vue.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la nécropole royale de Tannis, située en plein delta du Nil, demeure éternelle des pharaons Osorcon II. et Psousénès Ier. Des tombeaux vieux de 3000 ans, mis en péril par l'infiltration d'eau salée, provoquant la dégradation des gravures et peintures qui les ornent, mais aussi l'altération des blocs et des joints qui les constituent. Un drame pour l'histoire dont la solution ne coule pas de source. En plein désert et à près de 25 km de la mer, la provenance de ces osomates interroge. C'est pour résoudre ce mystère que Sévrin Pistre, chercheur au laboratoire Hydroscience Montpellier a pris le chemin de l'Egypte avec en tête beaucoup de questions et quelques hypothèses.

  • Speaker #2

    Au départ, c'est un conservateur expert au musée du Louvre qui, face à cette problématique de conservation, a pensé qu'il fallait étudier l'eau à l'échelle de ce site, c'est-à-dire les écoulements de surface liés à la pluie, mais aussi la probabilité d'une nappe phréatique située sous les tombeaux.

  • Speaker #0

    Pour tester ces hypothèses, l'hydrogéologue est donc parti de rien ou presque, à savoir... de quelques poignées de sable récoltées sur le site. En profondeur, un sable jaune correspondant à la dune ancienne.

  • Speaker #2

    On l'appelle la gésira. C'est un sable typique de ces sites qui est très perméable à l'eau et dans lequel la nappe phréatique pourrait se trouver.

  • Speaker #0

    Plus en surface,

  • Speaker #2

    on trouve un sable marron qui lui est très imperméable et sur lequel l'eau de pluie peut circuler et ruisseler jusqu'à la nappe, relevant ainsi son niveau.

  • Speaker #0

    Afin de vérifier la présence de cette nappe souterraine, le chercheur est allé plus loin, à 27 mètres de profondeur exactement, grâce à l'utilisation de piézomètres, de petits appareils permettant, grâce aux électrodes dont ils sont munis, de détecter la présence d'eau dans les sous-sols, mais également de mesurer son niveau. Un travail facilité par l'existence sur le site d'anciens forages datant d'une opération menée par les autorités égyptiennes une quinzaine d'années auparavant.

  • Speaker #2

    Grâce à plusieurs points de mesure, nous avons ainsi pu confirmer la présence de la nappe à moins d'un mètre de profondeur sous les tombeaux. A partir de là, nous avons aussi pu travailler sur le sens d'écoulement de l'eau par exemple.

  • Speaker #0

    Si la coupable semblait toute désignée, restait encore à vérifier la nature salée de ces eaux souterraines. Pour cela, une simple analyse en laboratoire et le tour est joué. Sauf qu'au pays des pharaons, aucun échantillon, quel qu'il soit, ne quitte le territoire. C'est donc sur place et muni d'un conductivimètre que Sévrinpistre... a poursuivi son enquête.

  • Speaker #2

    Cet appareil permet de mesurer la conductivité électrique de l'eau. Plus l'eau est salée, plus le courant passe. C'est une méthode très fiable. Et en l'occurrence, je suis tombé sur une eau extrêmement salée, parfois très proche de l'eau de mer.

  • Speaker #0

    Un résultat confirmé par les analyses réalisées dans un laboratoire du CAIR. A ce stade, plus de doute. C'est donc bien cette nappe phréatique salée qui, par capillarité, remonte jusqu'au tombeau et provoque leur altération. Mais comment ? empêcher ce phénomène. Pour le chercheur, il existe plusieurs façons de gérer ce problème. La première,

  • Speaker #2

    démonter les tombeaux afin de glisser une feuille de plomb sous la nappe avant de les reconstruire. C'est efficace, mais très lourd au sens propre comme au sens figuré.

  • Speaker #0

    La seconde option consiste à rabattre la nappe.

  • Speaker #2

    Autrement dit, à la faire descendre à une profondeur qui ne permette plus au sel d'atteindre les tombeaux par capillarité. Pour cela, il faut un dispositif de pompage quasi permanent.

  • Speaker #0

    Si l'énigme de l'eau est désormais résolue, celle du sel garde encore tout son mystère. Car comment expliquer sa présence dans cette zone aride et désertique ?

  • Speaker #2

    Quand les nappes sont à proximité de la mer comme à Mogyo par exemple, on observe un phénomène de biseau salé. C'est-à-dire que l'eau de mer, qui est plus dense que l'eau douce, s'infiltre petit à petit sous la nappe, mais là nous sommes trop loin de la mer pour que cela se produise.

  • Speaker #0

    D'autres hypothèses sont envisagées, comme celle d'une présence ancienne de ces eaux salées, qui aurait pu être piégée il y a des millénaires, ou encore celle d'un phénomène lié à l'évaporation.

  • Speaker #2

    Avec nos collègues du laboratoire géosciences Montpellier, nous procédons à des analyses géochimiques sur les isotopes. contenus dans ces eaux salées pour tenter d'en déterminer la provenance. Nous devons encore creuser.

  • Speaker #0

    La preuve qu'au XXIe siècle encore, les mystères des pharaons n'ont décidément rien perdu de leur selle.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de l'Humlu. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous laisser un avis sur Apple Podcast ou sur Spotify. Et vous pouvez aussi le partager autour de vous. A la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

Share

Embed

You may also like

Description

Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

Du sel pour conserver ? Pas toujours… Et c’est bien là le problème des pharaons Osorkon II et Psousennès Ier dont l’éternité est aujourd’hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tanis dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d’eaux salées dans leur maçonnerie. D’où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydrosciences Montpellier, est parti enquêter.


--------------------------------------------

LUM 14 / Animalement vôtre 🦧

Avec un dossier consacré aux animaux, ce quatorzième numéro de votre magazine Lum vous emmène à la rencontre des chercheuses et chercheurs qui œuvrent à mieux les connaître, pour mieux les protéger.

Suivez-les sur le terrain : au grand large dans le sillage des thons rouges, en mettant le cap au Sud pour mieux évaluer la rareté écologique d’espèces irremplaçables, ou encore en Namibie pour étudier la gestion du deuil chez des femelles babouins chacma. Ce numéro de Lum vous invite également à faire une incursion dans un passé lointain. Accompagnez les chercheurs dans le delta du Nil, où des tombeaux vieux de 3000 ans sont mis en péril par des infiltrations d’eau salée. Et bien plus loin encore, en remontant il y a moins 30 millions d’années avec les paléontologues qui enquêtent sur l’arrivée des premiers mammifères dans les Caraïbes…

_________________________ 

📌  Retrouvez l'article : https://www.umontpellier.fr/articles/un-grain-de-sel-dans-leternite-des-pharaons

📌  Retrouvez tous les articles des magazines LUM : https://www.umontpellier.fr/?type-contenu=magazine-lum 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les podcasts de l'Hume

  • Speaker #1

    Saviez-vous que les babouins chacmas ressentent le deuil ? Ou que les tons rouges sont d'infatigables voyageurs ? Le dossier de ce quatorzième numéro de l'Hume, intitulé « Animalement Votre » vous propose d'en apprendre plus sur les autres habitants de notre planète. Vous partirez également sur les traces des rongeurs des Antilles, dans les antiques tombeaux égyptiens, ou en orbite avec les étudiants sénégalais avant de reposer les pieds sur terre pour une séance de yoga en classe. Évadez-vous avec l'hum !

  • Speaker #0

    Un grain de sel dans l'éternité des pharaons. Du sel pour conserver ? Pas toujours. Et c'est bien là le problème des pharaons Osorcon II et Psousénès Ier, dont l'éternité est aujourd'hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tannis, dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d'eau salée dans leur maçonnerie. D'où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydroscience Montpellier, est parti enquêter.

  • Speaker #2

    Des obélisques, d'énormes blocs de granit et des colosses de pierre sortant avec peine leur tête du sable qui s'éteint à perte de vue.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la nécropole royale de Tannis, située en plein delta du Nil, demeure éternelle des pharaons Osorcon II. et Psousénès Ier. Des tombeaux vieux de 3000 ans, mis en péril par l'infiltration d'eau salée, provoquant la dégradation des gravures et peintures qui les ornent, mais aussi l'altération des blocs et des joints qui les constituent. Un drame pour l'histoire dont la solution ne coule pas de source. En plein désert et à près de 25 km de la mer, la provenance de ces osomates interroge. C'est pour résoudre ce mystère que Sévrin Pistre, chercheur au laboratoire Hydroscience Montpellier a pris le chemin de l'Egypte avec en tête beaucoup de questions et quelques hypothèses.

  • Speaker #2

    Au départ, c'est un conservateur expert au musée du Louvre qui, face à cette problématique de conservation, a pensé qu'il fallait étudier l'eau à l'échelle de ce site, c'est-à-dire les écoulements de surface liés à la pluie, mais aussi la probabilité d'une nappe phréatique située sous les tombeaux.

  • Speaker #0

    Pour tester ces hypothèses, l'hydrogéologue est donc parti de rien ou presque, à savoir... de quelques poignées de sable récoltées sur le site. En profondeur, un sable jaune correspondant à la dune ancienne.

  • Speaker #2

    On l'appelle la gésira. C'est un sable typique de ces sites qui est très perméable à l'eau et dans lequel la nappe phréatique pourrait se trouver.

  • Speaker #0

    Plus en surface,

  • Speaker #2

    on trouve un sable marron qui lui est très imperméable et sur lequel l'eau de pluie peut circuler et ruisseler jusqu'à la nappe, relevant ainsi son niveau.

  • Speaker #0

    Afin de vérifier la présence de cette nappe souterraine, le chercheur est allé plus loin, à 27 mètres de profondeur exactement, grâce à l'utilisation de piézomètres, de petits appareils permettant, grâce aux électrodes dont ils sont munis, de détecter la présence d'eau dans les sous-sols, mais également de mesurer son niveau. Un travail facilité par l'existence sur le site d'anciens forages datant d'une opération menée par les autorités égyptiennes une quinzaine d'années auparavant.

  • Speaker #2

    Grâce à plusieurs points de mesure, nous avons ainsi pu confirmer la présence de la nappe à moins d'un mètre de profondeur sous les tombeaux. A partir de là, nous avons aussi pu travailler sur le sens d'écoulement de l'eau par exemple.

  • Speaker #0

    Si la coupable semblait toute désignée, restait encore à vérifier la nature salée de ces eaux souterraines. Pour cela, une simple analyse en laboratoire et le tour est joué. Sauf qu'au pays des pharaons, aucun échantillon, quel qu'il soit, ne quitte le territoire. C'est donc sur place et muni d'un conductivimètre que Sévrinpistre... a poursuivi son enquête.

  • Speaker #2

    Cet appareil permet de mesurer la conductivité électrique de l'eau. Plus l'eau est salée, plus le courant passe. C'est une méthode très fiable. Et en l'occurrence, je suis tombé sur une eau extrêmement salée, parfois très proche de l'eau de mer.

  • Speaker #0

    Un résultat confirmé par les analyses réalisées dans un laboratoire du CAIR. A ce stade, plus de doute. C'est donc bien cette nappe phréatique salée qui, par capillarité, remonte jusqu'au tombeau et provoque leur altération. Mais comment ? empêcher ce phénomène. Pour le chercheur, il existe plusieurs façons de gérer ce problème. La première,

  • Speaker #2

    démonter les tombeaux afin de glisser une feuille de plomb sous la nappe avant de les reconstruire. C'est efficace, mais très lourd au sens propre comme au sens figuré.

  • Speaker #0

    La seconde option consiste à rabattre la nappe.

  • Speaker #2

    Autrement dit, à la faire descendre à une profondeur qui ne permette plus au sel d'atteindre les tombeaux par capillarité. Pour cela, il faut un dispositif de pompage quasi permanent.

  • Speaker #0

    Si l'énigme de l'eau est désormais résolue, celle du sel garde encore tout son mystère. Car comment expliquer sa présence dans cette zone aride et désertique ?

  • Speaker #2

    Quand les nappes sont à proximité de la mer comme à Mogyo par exemple, on observe un phénomène de biseau salé. C'est-à-dire que l'eau de mer, qui est plus dense que l'eau douce, s'infiltre petit à petit sous la nappe, mais là nous sommes trop loin de la mer pour que cela se produise.

  • Speaker #0

    D'autres hypothèses sont envisagées, comme celle d'une présence ancienne de ces eaux salées, qui aurait pu être piégée il y a des millénaires, ou encore celle d'un phénomène lié à l'évaporation.

  • Speaker #2

    Avec nos collègues du laboratoire géosciences Montpellier, nous procédons à des analyses géochimiques sur les isotopes. contenus dans ces eaux salées pour tenter d'en déterminer la provenance. Nous devons encore creuser.

  • Speaker #0

    La preuve qu'au XXIe siècle encore, les mystères des pharaons n'ont décidément rien perdu de leur selle.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de l'Humlu. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous laisser un avis sur Apple Podcast ou sur Spotify. Et vous pouvez aussi le partager autour de vous. A la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

Description

Un grain de sel dans l’éternité des pharaons

Du sel pour conserver ? Pas toujours… Et c’est bien là le problème des pharaons Osorkon II et Psousennès Ier dont l’éternité est aujourd’hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tanis dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d’eaux salées dans leur maçonnerie. D’où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydrosciences Montpellier, est parti enquêter.


--------------------------------------------

LUM 14 / Animalement vôtre 🦧

Avec un dossier consacré aux animaux, ce quatorzième numéro de votre magazine Lum vous emmène à la rencontre des chercheuses et chercheurs qui œuvrent à mieux les connaître, pour mieux les protéger.

Suivez-les sur le terrain : au grand large dans le sillage des thons rouges, en mettant le cap au Sud pour mieux évaluer la rareté écologique d’espèces irremplaçables, ou encore en Namibie pour étudier la gestion du deuil chez des femelles babouins chacma. Ce numéro de Lum vous invite également à faire une incursion dans un passé lointain. Accompagnez les chercheurs dans le delta du Nil, où des tombeaux vieux de 3000 ans sont mis en péril par des infiltrations d’eau salée. Et bien plus loin encore, en remontant il y a moins 30 millions d’années avec les paléontologues qui enquêtent sur l’arrivée des premiers mammifères dans les Caraïbes…

_________________________ 

📌  Retrouvez l'article : https://www.umontpellier.fr/articles/un-grain-de-sel-dans-leternite-des-pharaons

📌  Retrouvez tous les articles des magazines LUM : https://www.umontpellier.fr/?type-contenu=magazine-lum 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les podcasts de l'Hume

  • Speaker #1

    Saviez-vous que les babouins chacmas ressentent le deuil ? Ou que les tons rouges sont d'infatigables voyageurs ? Le dossier de ce quatorzième numéro de l'Hume, intitulé « Animalement Votre » vous propose d'en apprendre plus sur les autres habitants de notre planète. Vous partirez également sur les traces des rongeurs des Antilles, dans les antiques tombeaux égyptiens, ou en orbite avec les étudiants sénégalais avant de reposer les pieds sur terre pour une séance de yoga en classe. Évadez-vous avec l'hum !

  • Speaker #0

    Un grain de sel dans l'éternité des pharaons. Du sel pour conserver ? Pas toujours. Et c'est bien là le problème des pharaons Osorcon II et Psousénès Ier, dont l'éternité est aujourd'hui menacée. Leurs tombeaux, situés à Tannis, dans le delta du Nil, subissent des altérations dues à la présence d'eau salée dans leur maçonnerie. D'où proviennent ces eaux ? Un mystère sur lequel Séverin Pistre, chercheur à Hydroscience Montpellier, est parti enquêter.

  • Speaker #2

    Des obélisques, d'énormes blocs de granit et des colosses de pierre sortant avec peine leur tête du sable qui s'éteint à perte de vue.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la nécropole royale de Tannis, située en plein delta du Nil, demeure éternelle des pharaons Osorcon II. et Psousénès Ier. Des tombeaux vieux de 3000 ans, mis en péril par l'infiltration d'eau salée, provoquant la dégradation des gravures et peintures qui les ornent, mais aussi l'altération des blocs et des joints qui les constituent. Un drame pour l'histoire dont la solution ne coule pas de source. En plein désert et à près de 25 km de la mer, la provenance de ces osomates interroge. C'est pour résoudre ce mystère que Sévrin Pistre, chercheur au laboratoire Hydroscience Montpellier a pris le chemin de l'Egypte avec en tête beaucoup de questions et quelques hypothèses.

  • Speaker #2

    Au départ, c'est un conservateur expert au musée du Louvre qui, face à cette problématique de conservation, a pensé qu'il fallait étudier l'eau à l'échelle de ce site, c'est-à-dire les écoulements de surface liés à la pluie, mais aussi la probabilité d'une nappe phréatique située sous les tombeaux.

  • Speaker #0

    Pour tester ces hypothèses, l'hydrogéologue est donc parti de rien ou presque, à savoir... de quelques poignées de sable récoltées sur le site. En profondeur, un sable jaune correspondant à la dune ancienne.

  • Speaker #2

    On l'appelle la gésira. C'est un sable typique de ces sites qui est très perméable à l'eau et dans lequel la nappe phréatique pourrait se trouver.

  • Speaker #0

    Plus en surface,

  • Speaker #2

    on trouve un sable marron qui lui est très imperméable et sur lequel l'eau de pluie peut circuler et ruisseler jusqu'à la nappe, relevant ainsi son niveau.

  • Speaker #0

    Afin de vérifier la présence de cette nappe souterraine, le chercheur est allé plus loin, à 27 mètres de profondeur exactement, grâce à l'utilisation de piézomètres, de petits appareils permettant, grâce aux électrodes dont ils sont munis, de détecter la présence d'eau dans les sous-sols, mais également de mesurer son niveau. Un travail facilité par l'existence sur le site d'anciens forages datant d'une opération menée par les autorités égyptiennes une quinzaine d'années auparavant.

  • Speaker #2

    Grâce à plusieurs points de mesure, nous avons ainsi pu confirmer la présence de la nappe à moins d'un mètre de profondeur sous les tombeaux. A partir de là, nous avons aussi pu travailler sur le sens d'écoulement de l'eau par exemple.

  • Speaker #0

    Si la coupable semblait toute désignée, restait encore à vérifier la nature salée de ces eaux souterraines. Pour cela, une simple analyse en laboratoire et le tour est joué. Sauf qu'au pays des pharaons, aucun échantillon, quel qu'il soit, ne quitte le territoire. C'est donc sur place et muni d'un conductivimètre que Sévrinpistre... a poursuivi son enquête.

  • Speaker #2

    Cet appareil permet de mesurer la conductivité électrique de l'eau. Plus l'eau est salée, plus le courant passe. C'est une méthode très fiable. Et en l'occurrence, je suis tombé sur une eau extrêmement salée, parfois très proche de l'eau de mer.

  • Speaker #0

    Un résultat confirmé par les analyses réalisées dans un laboratoire du CAIR. A ce stade, plus de doute. C'est donc bien cette nappe phréatique salée qui, par capillarité, remonte jusqu'au tombeau et provoque leur altération. Mais comment ? empêcher ce phénomène. Pour le chercheur, il existe plusieurs façons de gérer ce problème. La première,

  • Speaker #2

    démonter les tombeaux afin de glisser une feuille de plomb sous la nappe avant de les reconstruire. C'est efficace, mais très lourd au sens propre comme au sens figuré.

  • Speaker #0

    La seconde option consiste à rabattre la nappe.

  • Speaker #2

    Autrement dit, à la faire descendre à une profondeur qui ne permette plus au sel d'atteindre les tombeaux par capillarité. Pour cela, il faut un dispositif de pompage quasi permanent.

  • Speaker #0

    Si l'énigme de l'eau est désormais résolue, celle du sel garde encore tout son mystère. Car comment expliquer sa présence dans cette zone aride et désertique ?

  • Speaker #2

    Quand les nappes sont à proximité de la mer comme à Mogyo par exemple, on observe un phénomène de biseau salé. C'est-à-dire que l'eau de mer, qui est plus dense que l'eau douce, s'infiltre petit à petit sous la nappe, mais là nous sommes trop loin de la mer pour que cela se produise.

  • Speaker #0

    D'autres hypothèses sont envisagées, comme celle d'une présence ancienne de ces eaux salées, qui aurait pu être piégée il y a des millénaires, ou encore celle d'un phénomène lié à l'évaporation.

  • Speaker #2

    Avec nos collègues du laboratoire géosciences Montpellier, nous procédons à des analyses géochimiques sur les isotopes. contenus dans ces eaux salées pour tenter d'en déterminer la provenance. Nous devons encore creuser.

  • Speaker #0

    La preuve qu'au XXIe siècle encore, les mystères des pharaons n'ont décidément rien perdu de leur selle.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de l'Humlu. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous laisser un avis sur Apple Podcast ou sur Spotify. Et vous pouvez aussi le partager autour de vous. A la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

Share

Embed

You may also like