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MA JUSTE VALEUR®: LE Podcast sur la négociation de rémunération

#74. Comment construire une activité ambitieuse et rémunératrice sans se cramer : le pari du Slowprenariat avec Laure Dodier

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1h04 |16/06/2025
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MA JUSTE VALEUR®: LE Podcast sur la négociation de rémunération

#74. Comment construire une activité ambitieuse et rémunératrice sans se cramer : le pari du Slowprenariat avec Laure Dodier

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1h04 |16/06/2025
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Description

Mesdames, et si on arrêtait de croire que pour réussir, il fallait forcément s’épuiser ?

Productivité à outrance, croissance infinie… Et si on vous avait menti ?


Dans cet épisode, on parle d’un sujet qui va faire du bien à votre charge mentale et à votre ambition : le slowprenariat

Notre invitée, Laure Dodier, a fait un burnout et manqué d'en faire un deuxième mais elle a refusé d'accepter que c'était le seul moyen de réussir.
Résultat ? Un business aligné, rentable… et humain.


Pas de promesses irréalistes : un nouveau modèle entrepreneurial plus durable, plus aligné avec nos vies.

Parce qu’on en a marre d'entendre : 10K par mois en deux semaines, 80h/semaine ou rien.


Au programme :

  1. Le slowprenariat, qu'est-ce que c'est ?

  2. Comment sortir de la productivité toxique sans culpabiliser ?

  3. Est-il possible d’avoir une carrière ambitieuse et bien rémunérée sans sacrifier sa santé ?

  4. Et si exploiter sa zone de confort, c’était justement le meilleur levier de performance durable ?


En résumé :
Ce n’est pas un épisode “anti-argent” mais une discussion pour toutes celles qui veulent gagner plus — mais autrement.
Plus de sens, plus d’espace mental, plus de lucidité sur ce qu’on veut vraiment construire.


🎧 À écouter absolument pour réussir sans s’épuiser.


📌 Liens mentionnés dans l’épisode :


💸 Dans cet épisode on va parler de :

Ma Juste Valeur, entreprenariat au féminin, slowprenariat, burnout, réussir autrement, équilibre vie pro/ vie perso, zone de confort, sortir de la productivité toxique, entreprendre avec sens, liberté financière et bien-être, impact sans sacrifice, performance durable, changer de modèle économique


—————————————


MA JUSTE VALEUR® est LE podcast sur la négociation de rémunération, l'argent des femmes au travail et l'égalité salariale.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Insaff El Hassini

    Avant de débuter l'épisode, j'aimerais vous partager la superbe nouvelle qu'est la sortie de mon deuxième livre qui s'intitule « Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation » . Alors pourquoi le petit livre ? Parce que c'est un petit format et c'est un tout petit prix, il ne coûte que 3,50€. Qu'est-ce que vous allez trouver dans ce livre ? Eh bien, un condensé de ma répartie légendaire, c'est-à-dire quoi dire et quoi ne pas dire quand on veut négocier son salaire d'entrée lors d'un entretien d'embauche. quand on veut demander une augmentation, mais également pour les indépendants et les indépendantes quand on veut négocier ses prestations ou quand on veut augmenter ses tarifs. Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation, c'est un tout petit format à glisser dans votre poche ou dans votre sac, l'antisèche parfaite pour vous permettre d'obtenir votre prochaine augmentation. Il n'écoute que 3,50€, il est disponible en ligne et dans n'importe laquelle des librairies. Bonjour et bienvenue dans Ma Juste Valeur, le podcast référent sur la négociation de rémunération qui vous apprend à négocier vos salaires, négocier vos tarifs, obtenir une augmentation et globalement la rémunération que vous méritez. Je suis Insa Felassini, experte et coach en négociation de rémunération, mais également juriste, autrice, conférencière, youtubeuse, féministe militante pour l'égalité salariale et créatrice de ce podcast. Tous les premiers lundis du mois, je vous livre des conseils pratiques, concrets et précis pour négocier et obtenir un salaire ou des tarifs à votre juste valeur. Je reçois également une fois par mois des invités de tout horizon avec lesquels j'explore la relation que les femmes entretiennent avec l'argent et dessine des solutions pour vous décomplexer sur le sujet et vous donner des ailes pour oser en gagner plus. Je suis convaincue que la liberté économique des femmes annonce et précède leur liberté politique. Et si vous écoutez ce podcast, c'est tout sauf un hasard. Alors, en avant toutes mesdames et bienvenue dans Ma Juste Valeur. Cet épisode a été rendu possible grâce au soutien d'Ajipi. Ajipi, c'est une association indépendante d'assurés qui propose des solutions qui répondent aux besoins de protection des particuliers et des professionnels. Protection de la famille, de l'activité professionnelle, protection du patrimoine, de la retraite, etc. AGP, c'est aussi l'assureur qui partage nos valeurs et vos valeurs. Puisqu'il accompagne les femmes dans l'entrepreneuriat, leur propose des garanties spécifiques, notamment en cas de cancer du sein, mais aussi et surtout en cas de violence conjugale et de violence intrafamiliale. Et franchement, rien que pour ça, je dis bravo.

  • Laure Dodier

    La liberté ne se trouve pas forcément dans plus d'argent, mais peut-être qu'au contraire, la liberté se trouve dans... le moins besoin d'argent possible.

  • Insaff El Hassini

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir la spécialiste du slowpreneuriat en France, Madame Laure Dodier. Laure est accompagnante business, conférencière et autrice du livre « Exploite ta zone de confort » publié aux éditions Erol. Elle a lancé en 2021 son entreprise, Ma Slow Boite, pour proposer une alternative aux modèles de travail qui épuisent les entrepreneurs et qui normalisent leurs sacrifices. Très rapidement, elle observe que dans sa clientèle, elle n'a quasiment que des femmes, souvent tiraillées entre leur réalité et les injonctions à tout donner pour réussir, pour prouver qu'elles aussi peuvent faire aussi bien que les hommes. En travaillant avec Laure, elle découvre l'approche slow, c'est-à-dire une approche à l'opposé de la Golden Race, qui leur permet de concilier leurs besoins et leurs ambitions à leur manière et en s'émancipant des injonctions. En bientôt 5 ans ! Laure a aidé près de 1000 femmes à développer des business qui s'appuient sur leur zone de confort au lieu de les épuiser. Laure, comme je viens de le dire, je suis absolument ravie que tu aies accepté de venir nous partager ta vision des choses au micro de Ma Juste Valeur. Et la première question que j'aimerais te poser, c'est celle-ci. Tu es spécialiste du slowpreneuriat en France et je suis sûre qu'en disant ça, et je suis sûre qu'en lisant le titre de l'épisode du podcast, j'ai plein d'auditeurs et d'auditrices qui ont dû se dire « Attends, mais de quoi elle parle là ? » Qu'est-ce que c'est que le slow-prenariat ? C'est quoi ce nouveau terme ? C'est quoi ce nouveau truc un peu high ? Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est concrètement le slow-prenariat ?

  • Laure Dodier

    Oui, je vais même tout de suite couper court aux idées qu'on pourrait se faire. Non, le slow-prenariat, ce n'est pas faire des millions en bossant deux heures par jour, je le dis parce que le nombre de fois où je vois ce terme associé à ce mode de lifestyle qu'on voit sur les réseaux sociaux, ça n'a rien à voir. Le slow-prenariat, il faut le voir au même niveau que l'entrepreneuriat traditionnel. ou start-up, c'est-à-dire que c'est à la base une philosophie. d'entrepreneuriat autour duquel va se développer un écosystème, des méthodologies, un ADN, un sens des priorités. Le sens des priorités dans le slowpreneuriat, c'est de faire des business à but humain et à moyen lucratif et non l'inverse. Donc beaucoup plus proche du vivant, beaucoup plus proche de ce qui est soutenable pour l'être humain. Et très souvent, même si ce n'est pas une obligation, mais très souvent, on va avoir des gens qui vont chercher à avoir un impact positif parmi les adeptes du slowpreneuriat, ce qui n'est pas... Une condition absolue, mais c'est plus un constat.

  • Insaff El Hassini

    Ça me parle beaucoup de ce que tu viens de partager en disant en faisant des business à impact humain et moyen financier, c'est ça ?

  • Laure Dodier

    C'est ça, en fait. Aujourd'hui, une entreprise, en France, on a l'habitude de dire que c'est une organisation à but lucratif. C'est-à-dire que l'objectif d'une entreprise, à la base, c'est de faire de l'argent. Et l'humain est une ressource. Donc, on est sur des business à but lucratif et à moyen humain. Et dans le slowpreneuriat, c'est l'inverse. Et surtout... La différence, par exemple, avec de l'entrepreneuriat social, parce que l'entrepreneuriat social, ça pourrait être une définition, c'est que dans le slowpreneuriat, le dirigeant est intégré dans cette notion-là. Là où, même dans le business à impact et l'entrepreneuriat social, il n'empêche qu'il y a une dimension très sacrificielle, et même encore plus dans l'entrepreneuriat à impact, du dirigeant. C'est-à-dire des personnes qui vont estimer que le bien-être des équipes est en effet un levier, que le but est humain et que l'argent n'est qu'un moyen parmi d'autres. mais on va retrouver des comportements qui vont être quand même, chez les dirigeants, très dans le sacrifice, dans le don de soi, parce qu'il faut bien, parce qu'il y a une urgence, etc. Et dans le slow-prenariat, on part du principe que le dirigeant est un humain comme un autre et qu'il n'y a aucune raison que ça soit dans une dimension sacrificielle et qu'on peut tout à fait développer des business en prenant soin aussi et en priorisant la santé du dirigeant.

  • Insaff El Hassini

    Hyper intéressant. Laure, est-ce que tu peux nous dire comment toi, tu es venue au slow-prenariat ? et comment tu en es venue à en faire ta spécialité ?

  • Laure Dodier

    Alors, j'y suis venue par instinct de survie, comme beaucoup de personnes. C'est-à-dire que même aujourd'hui, la plupart des personnes qui sont attirées par ce principe-là sont des gens qui ont à un moment donné, qui se sont pris le mur ou pas loin. J'espère que ça changera. Je me suis lancée à mon compte en 2017 après avoir fait un burn-out dans le salariat. Je suis tombée enceinte en même temps. Et à peu près un an après, quand mon fils avait un an, j'étais toujours dans une recherche de performance sur tous les tableaux. Performance en tant que mère, performance en tant que freelance. Et j'ai vu revenir les signes de l'épuisement assez fortement. Et j'ai pris la décision très radicale de limiter mon stress professionnel le plus possible à la source. Mais à ce moment-là, si tu veux, j'étais assez convaincue que mon business allait vivoter, que ça ne pouvait pas marcher comme ça. Si jamais je réduisais mon temps de travail, que je faisais le moins d'efforts possible, en gros, nécessairement et inévitablement, mon business allait vivoter, mais ce n'était pas grave, je me disais ma priorité, c'est ma santé. Sauf que le constat était inverse, c'est-à-dire que plus j'ai identifié les sources de stress et cherché à les modifier, à les ajuster, à les rendre plus confortables, et plus mon business a décollé. Et ça, ce n'est pas pour ça que j'en ai fait ma spécialité. Ce qui fait que j'en ai fait ma spécialité, c'est la colère que j'ai ressentie. En faisant ce constat qu'en fait, j'avais passé toute ma vie professionnelle et même depuis l'école à croire qu'on ne pouvait jamais obtenir de résultats autrement qu'en faisant des efforts et qu'il était normal de donner beaucoup et que l'ambition était forcément associée à un dur labeur et que le stress, la difficulté étaient des signes qu'on allait dans la bonne voie. Et ça m'a mise très en colère de constater que ce n'était pas la seule voie, mais que personne n'en parlait. Et à force de voir autour de moi d'autres freelances, des pairs, d'autres... des partenaires, etc., qui travaillaient énormément et qui, pour autant, ne gagnaient pas toujours bien leur vie. Certains, oui, mais au détriment de leur santé et d'autres, pas du tout. J'ai, en post-Covid, tu vois, en fin 2020, l'automne 2020, je me suis dit, bon, j'ai commencé à avoir fait un peu le tour de ce que je faisais en gestion de projet, en communication, en freelance. J'avais envie d'autre chose et je me suis dit, c'est peut-être le bon moment, là où tout le monde a un peu pris conscience qu'il n'y a pas que le travail dans la vie. C'est peut-être le bon moment pour... oser parler de la manière dont je travaille moi maintenant depuis l'année dernière, qui me permet de développer mon business sans m'épuiser. Et j'ai lancé ça comme ça, en me disant, je ne sais pas, j'ai le pif, c'est maintenant peut-être qu'il faut en parler. Et il y a une époque où on n'en parlait pas du tout. Les gens étaient vraiment juste à ce constat de, en fait, ça nous a fait du bien quelque part qu'il y ait une pause dans la productivité habituelle et en même temps... on a envie de travailler différemment et en même temps on ne sait pas comment faire et moi j'avais un peu une solution clairement.

  • Insaff El Hassini

    Assez intéressant que tu parles de burn-out parce qu'en fait on a l'impression que dans le narratif entrepreneurial, dans le narratif du mythe d'un entrepreneur, il faut qu'à un moment donné... En tout cas, à date, il faut qu'à un moment donné, il y ait un burn-out. Et après, on repart sur un truc un peu plus spirituel, un peu « wouhou » , un peu « new age » , machin. Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, alors, c'est qu'aujourd'hui, le modèle entrepreneurial en France, et globalement dans le monde, pas qu'en France, c'est que c'est un modèle capitalistique. C'est-à-dire, bon, on n'est là pas pour enfiler des perles, on est là pour l'argent et idéalement pour en faire beaucoup. Ce qui en soi est OK, il n'y a pas de problème à vouloir faire beaucoup d'argent. Ce qui est moins en revanche, c'est qu'ils ont fait de l'argent le paramètre central de l'entrepreneuriat. Et donc, le fait qu'on soit aussi dans une société patriarcale a poussé ce modèle-là, avec l'argent au centre, à son paroxysme. Et donc, on est rentré dans une espèce de course à l'argent perpétuelle, où le seul étalon de mesure d'un business qui fonctionne et de la réussite de quelqu'un, c'est sa réussite financière. Et la réussite financière a tellement pris de place. que du coup, les personnes font des burn-out. Mais au-delà des personnes qui font des burn-out, on va y venir et tu vas nous expliquer tout ça. J'aimerais bien parler avec toi de la Golden Race. Ce qui m'intéresse aussi ici, mais je pense que c'est deux questions à une question, c'est de mettre aussi ça en perspective avec le contexte actuel et notre contrat social actuel, où on sent clairement que notre société est en plein burn-out parce qu'on a trop mis l'argent au centre de tout ça. Au détriment de la santé, au détriment de l'éducation, au détriment... de plein d'autres choses qui sont quand même vitaux. Et du coup, j'aimerais bien t'entendre là-dessus et t'entendre notamment sur la Golden Race et en quoi le slowprenariat est une alternative à ce modèle-là.

  • Laure Dodier

    En fait, c'est ça. C'est qu'aujourd'hui, la santé, le bien-être, que ce soit la santé physique, mentale, sociale, dans le monde du travail et dans l'entrepreneuriat, c'est juste que c'est encore plus poussé par rapport à ce qu'on attend des entrepreneurs. Ce sont des dommages collatéraux. Et ce qu'on essaye de faire... Parce que tu as raison, ça fait plus d'un siècle maintenant qu'on est dans cette dimension capitaliste, productiviste. Donc, il faut avoir conscience que c'est installé depuis un moment. C'est-à-dire que depuis que les entrepreneurs, c'est quelque chose, ça a toujours été sous ce modèle-là, en fait. Ça a toujours été le modèle dominant. Avant, il y avait des chefs d'entreprise, des artisans, des commerçants. Mais l'entrepreneur, les premiers entrepreneurs, tu prends les canaries, etc. C'était dans l'année 1800, 1990, 1900, etc. Ça a toujours été ce modèle-là. et Ça, ça a infusé dans tout le monde du travail et on essaye aujourd'hui, on constate les dégâts en termes d'égalité, en termes de santé, on constate. Mais on essaye de trouver des solutions à ça qui ne vont pas du tout toucher à la sacro-sainte croissance, au sacro-saint profit financier et à la performance. Alors même que ce qui cause tout ce mal-être là c'est le fait que ça soit le but principal. Donc, on essaye de ne pas... Et puis, c'est assez logique parce qu'aujourd'hui, quand tu regardes qui sont les grands décideurs, ce sont beaucoup des capitalistes aujourd'hui. Ce n'est pas honteux de le dire. Je pense qu'en plus, ces derniers temps, on le voit bien. Et ces gens-là n'ont absolument pas intérêt à ce que ça change, n'ont pas envie que ça change. Donc, c'est aussi eux qui portent le discours le plus fort. Ce qui fait que quand on entreprend, c'est difficile de se détacher de ce discours-là et ce n'est pas évident de se dire, en fait, même si moi, je me rends compte que ce qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas de chercher de l'argent à tout prix, mais c'est oui, gagner de l'argent, mais en faisant quelque chose qui m'éclate, en ayant un impact, en faisant quelque chose d'utile, je me sens un peu pas un vrai entrepreneur ou pas assez ambitieux parce qu'en fait, le truc qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas la thune. Et le slowpreneuriat amène un cadre. dans lequel c'est tout à fait autorisé. Donc ça, souvent, c'est ça. Moi, je pense que l'émotion que je déclenche le plus chez les gens, c'est le soulagement. Il se trouve que ce n'est pas anodin, parce que c'est comme si juste parce que je parle de slowprenariat et d'exploiter sa zone de confort au lieu d'en sortir et que c'est OK d'avoir les ambitions financières qu'on veut. C'est comme si les gens, on leur enlevait un poids et que je disais tout haut ce qu'ils n'osent même pas s'avouer eux-mêmes tout bas. C'est parce que c'est tout de suite associé à en fait j'ai peut-être pas le droit de faire partie de cette clique des indépendants, des entrepreneurs ou des leaders ou peu importe, des personnes à responsabilité parce qu'en fait, ma motivation principale n'est pas de faire le plus d'argent possible. Et je crois qu'en plus, il y a évidemment des conséquences de cette dimension capitaliste à l'échelle mondiale, mais à l'échelle individuelle, moi j'observe énormément d'hommes et de femmes qui vont s'obliger à courir après des hauts objectifs financiers qui ne les rendent pas heureux. parce qu'en fait, ce n'est pas du tout ce qu'il fait le plus qu'il fait, que pour aller les chercher, ils vont mettre en place des projets et des méthodologies qui ne leur correspondent pas, qui les épuisent et puis ils se retrouvent vite pour les personnes pour qui ça marche. Ce n'est pas le cas de tous, il y en a beaucoup qui s'épuisent et en plus, ils n'ont même pas... Cette satisfaction que ça leur apporte, qu'ils sont venus chercher, mais même dans ceux qui réussissent financièrement, ça se transforme vite en cage dorée. C'est-à-dire des personnes qui ont atteint leurs objectifs, se rendent compte que par contre, ça les épuise de les maintenir, mais n'arrivent pas à faire de retour en arrière, sauf arriver à l'épuisement. Et c'est pour ça qu'il y en a autant qui ont malheureusement et tristement besoin de se prendre un mur. pour que leur corps ne leur laisse pas le choix. Puis quelque part, ça donne une légitimité auprès des autres. Bon, ben là, je suis obligée de redescendre, je suis obligée de décroître, etc. Parce que j'ai fait un burn-out, je suis tombée malade, etc. C'est ça que le slow-pronariat change, c'est que ça amène, si tu veux, une communauté de personnes qui entreprennent différemment, qui l'assument et qui ne sont pas sur ces objectifs-là. Et l'argent est placé comme un moyen, mais comme un autre, comme les relations, comme la créativité. ça amène beaucoup d'apaisement et j'ai bon espoir que petit à petit, ça amène une solution à de plus en plus de gens et qu'on arrive à transformer aussi les exigences vis-à-vis des entrepreneurs. C'est ça le but aussi.

  • Insaff El Hassini

    Pour rebondir sur ce que tu dis, Laure, je trouve ça hyper intéressant aussi d'essayer de réfléchir à comment on en est arrivé là. Quand je dis ton livre et que je le mets en perspective avec d'autres livres, notamment en finir avec la productivité, Laetitia Vito, qui est hyper intéressant, on s'aperçoit que hum Ce délire de mettre l'humain au service d'un but économique a commencé à partir de la révolution industrielle. En fait, on a commencé à vouloir avoir des modèles économiques qui crachent de la productivité et pour pouvoir faire encore de l'argent, de l'argent, toujours plus d'argent. Une fois qu'on a dit ça, il y a aussi l'autre conditionnement avec lequel on grandit, qui est de nous faire croire que... en plus d'être au service de son business, en plus de devoir se sacrifier pour son business si on est un bon entrepreneur, parce que c'est ça, finalement, le seul modèle économique avec lequel on grandit, en tout cas, le seul modèle entrepreneurial avec lequel on grandit, on grandit avec ce mindset-là et ce conditionnement-là qu'il faut travailler dur pour gagner de l'argent. Donc, de toute façon, à un moment donné... Le business, le monde des affaires, ça devient un peu un monde de sportifs de haut niveau. Et on le voit, tu vois, je suis vraiment très curieuse de t'entendre là-dessus notamment. Où tout le monde essaie de pousser la productivité de son corps, de sa vie au maximum pour pouvoir générer plus de business et faire plus d'argent. Et donc à force de pousser ce modèle-là au maximum, de le pousser, de le pousser, de faire en sorte que tout le monde se mette en ordre de bataille pour cracher un maximum de thunes, on arrive au burn-out. Et les gens, une fois qu'ils ont eu un burn-out, la plupart d'entre eux, tu fais partie des rares qui se remettent en selle. La plupart sont absolument dégoûtés de l'entrepreneuriat, du salariat, du monde du travail et se reconvertissent dans des trucs qui sont diamétralement opposés, notamment des trucs plus spirituels, plus un peu new age, etc.

  • Laure Dodier

    Oui, complètement. Et moi, j'en ai pas mal dans ma clientèle et je le comprends aussi. Je crois qu'il y a une recherche d'équilibre en allant chercher... une vision de la vie et de l'argent qui est complètement à l'opposé en effet. Il y en a aussi quand même beaucoup qui se lancent dans l'entrepreneuriat suite à des burn-out parce qu'ils y voient presque la seule possibilité de faire avec leur réalité. Et ce qui se passe et qui est assez dramatique, c'est qu'il y en a beaucoup qui se lancent avec cette idée-là en se disant au moins je vais pouvoir faire ce que je veux et ils rentrent dans des parcours. de création d'entreprise ou juste ils vont sur les réseaux sociaux pour commencer à taper comment développer son business des choses comme ça et aujourd'hui les contenus dominants sont des contenus qui ne te disent absolument pas que tu vas pouvoir adapter les choses à ta réalité même si c'est ce qu'on prend dans le slow on est encore très minoritaire et il y a tout ce travail justement de visibilité à faire pour que plus tard des gens qui se lancent et qui ont une réalité de vie en fait qui n'est pas compatible avec bosser 80 heures qui sont pas forcément Merci. en excellente santé, qui ont peut-être des enfants, qui ont peut-être fait un burn-out, qui ont peut-être une maladie chronique, qui sont peut-être aidants. En fait, ce qui concerne quand même les réalités de vie d'énormément de gens, on parle de millions de personnes, mais ils arrivent dans un écosystème où on leur explique que s'ils ne sont pas, pour caricaturer, mais c'est assez proche de ça, un homme célibataire de 25 ans en excellente santé, sportif, qui mange bien et qui veut tout dégommer, en fait, ils ne sont pas vraiment adaptés pour l'entrepreneuriat. Et c'est ce qu'on leur fait sentir. Et donc, tu as ces personnes qui font ce choix parce que le salariat n'est plus forcément possible pour eux par rapport à leurs besoins. Donc, ils se disent, au moins, en me mettant à mon compte, quelle que soit la profession, je pourrais avoir plus de souplesse. Et là, on leur explique, mais non, mais tu n'as rien à faire là, parce que si tu n'es pas prêt à faire des sacrifices, à te dédier à ta boîte pendant les trois premières années, même en freelance, à sortir de ta zone de confort, à te faire un peu violence, en fait, tu n'y arriveras pas. Et donc, ça fait plein de gens qui, soit il y en a qui désespèrent et abandonnent et ont retrouvé quelque chose qui ne leur convient pas. Et il y en a aussi beaucoup qui se disent, bon, d'accord, je vais faire tout ça et qui se recrament par derrière. Et moi, ça a été ça. C'est-à-dire que j'ai fait un burn-out. Bien sûr que je me suis lancée pour retrouver cette liberté. Mais l'environnement dans lequel je suis arrivée, je me suis dit, en fait, je ne peux pas. Et donc, je me suis remis la pression. Et heureusement que j'ai un côté, je pense, très rebelle et radical parfois quand il y a quelque chose qui ne me convient pas. Au bout d'un moment, je me dis, je me barre. Donc là, je ne voulais pas me barrer de l'entrepreneuriat. Mais tu vois, c'est là où j'ai pris cette décision de le stress, ça va vraiment disparaître de ma vie professionnelle. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais là, je ne me laisse pas le choix. sauf qu'il y a plein de gens qui ne fonctionnent pas comme ça. Et je reviens sur ce que tu as dit à propos des sportifs de haut niveau, et j'en parle dans mon livre parce que j'en ai tellement marre, en fait, d'entendre ce truc de « oui, les sportifs de haut niveau, les champions, eux, ils font ça » . En fait, les sportifs de haut niveau ne sont pas dans une recherche de performance tous les jours. Ils ne répètent pas leur compétition comme ça va se passer le jour J pendant tous leurs entraînements, et ils laissent une place énorme à la récupération, et ils sont extrêmement entourés. Et ce n'est pas ça qu'on existe des entreprises. Aujourd'hui, on demande aux entrepreneurs d'être performants de 8h du matin à 20h du soir, à tout moment, d'être ultra réactifs, de s'adapter. En fait, c'est inhumain ce qu'on demande aujourd'hui aux entrepreneurs. Et c'est aussi pour ça que le burn-out est vu presque comme un rite de passage aujourd'hui. C'est que finalement, si tu as fini par te cramer, par faire un burn-out, par avoir un cancer, par avoir pris un mur en bagnole parce que tu étais trop fatigué, Tu as une tape dans le dos parce que ça veut dire que tu t'es bien investi pour ton business. Tu as fait ce qu'il fallait. Bon, maintenant, tu as le droit de te reposer ou c'est dommage. Et en même temps, oui, c'est ça être entrepreneur. Et cette non remise en cause de ce qu'on s'inflige et de ce que la société inflige et des discours chez des influenceurs business, dans des structures d'accompagnement, dans les bouquins. Tu vois, cette non remise en cause du stress pour les entrepreneurs, moi, elle me choque. Parce que c'est une catégorie de la population à qui on demande de trouver des solutions pour la société civile, voire publique, de résoudre des problèmes, d'être en responsabilité. Donc, tu vois, il y a quand même énormément de choses qui sont demandées. Et moi, je suis convaincue qu'on a besoin vraiment qu'il y ait de plus en plus de personnes qui aient cet esprit entrepreneurial. Et à côté de ça, on exige d'eux bien plus que la plupart des gens. Les seules personnes, le seul autre parallèle que je vois où je trouve ça tout aussi ahurissant, ça va être les professionnels de santé qui ont cette immense responsabilité, qui sont dans des conditions absolument abominables et à qui on demande de continuer à bien soigner les gens alors que les conditions sont abominables. Les professionnels de santé, on en parle parce que c'est très concret, on le vit. Il suffit d'aller aux urgences, on le voit, et puis parce qu'ils s'expriment. Mais les entrepreneurs sont aussi une partie de la population qui est très dépolitisée. Parce qu'il ne faut pas parler un petit peu de tout ce qui pourrait être politisé, c'est-à-dire faire valoir ses droits, etc. On en parle assez peu. Autant on parle des droits des femmes, tu vois ça, mais parce que les femmes entrepreneurs font partie de cette catégorie des femmes et on lutte pour nos droits. Mais tu entends très peu aujourd'hui de chefs d'entreprise, comment dire, les gens vont constater que ça va mal, ils vont oser le dire, mais ils ne vont pas demander à ce que ça change. Et ça, je trouve ça très problématique. Et c'est là où la vision du sloprenariat vient amener, encore une fois, un écosystème alternatif qui, j'espère, est complémentaire, surtout, puisque tu vois, parallèle, qui vient amener un espace dans lequel c'est tout à fait OK et qu'on soit de plus en plus de monde à oser dire, ce n'est pas normal, que parce qu'on entreprend, qu'on soit freelance, chef d'entreprise, dirigeant, peu importe, on doive... Que ce choix professionnel fait qu'on doit encaisser trois fois plus de stress que les autres et ne jamais chercher de solution pour être moins stressé. Et c'est normal, il faut juste être des supermans, des Wonder Woman, tu vois. Avec cet esprit, tu vois, tu l'entends chez beaucoup d'entrepreneurs, de « Ah ben oui, mais bon, on aime bien, on a signé pour ça, et puis de toute façon, on a bien voulu. » Et ça, je trouve ça assez ahurissant de voir où on en est arrivé de cette acceptation d'une dose de souffrance et de stress. qui n'est jamais remise en question dans l'écosystème.

  • Insaff El Hassini

    En fait, Laure, au-delà de la dose de souffrance et de stress, moi j'ai l'impression que l'entrepreneuriat en 2017 et en 2025 a profondément changé. En près de 10 ans, on a profondément changé la vision qu'on avait sur l'entrepreneuriat, l'entrepreneuriat et la vision que les personnes ont de l'entrepreneuriat et de ce qu'ils voulaient faire de l'entrepreneuriat. En 2017, c'était la Startup Nation. Soit t'étais cool, soit t'étais pas cool. T'avais les cool guys, ceux qui avaient une startup, ceux qui votaient Macron, ceux qui étaient là pour dire on va changer les choses. On est la Startup Nation, on est là pour changer le monde et on le change à coup de franglish, de backstrapping, de levée de fonds, etc. Et t'as eu toute une population de jeunes à l'époque, parce qu'entre 25 et 35 ans, t'es quand même encore relativement jeune. On est d'accord ?

  • Laure Dodier

    Tout à fait, tout à fait.

  • Insaff El Hassini

    Qui se sont dit, mais en fait, moi, j'ai envie d'entreprendre, moi, j'ai envie d'être cool, donc je me reconnais plus dans ce modèle-là. En tout cas, ce modèle-là m'attire plus, résonne plus avec moi. Et donc, c'est ça que je vais faire. Et à aucun moment, ils ont envisagé qu'il y avait une autre alternative. Et donc, tu avais les gars cool et tu avais les gars moins cool, ceux qui travaillent à leur compte.

  • Laure Dodier

    Oui, exactement.

  • Insaff El Hassini

    Les libéraux.

  • Laure Dodier

    Les libéraux ou les chèques d'entreprise traditionnels en fait. Tu es, tu es dans le monde traditionnel, ça le trouve plan-plan quoi.

  • Insaff El Hassini

    Voilà. Donc ceux qui travaillaient en libéral, ce n'était pas cool. Personne ne veut être mis dans cette catégorie-là. Or, la réalité, c'est que fast forward en 2025, le monde a vachement évolué. On s'est rendu compte que ce modèle-là de la start-up, déjà un, il n'était pas viable, deux, il n'y avait pas que ce modèle-là et trois, ce n'était pas le meilleur en fait. Il n'y a pas qu'une manière d'entreprendre. Avoir une idée, lever des fonds, grossir ta boîte, scaler, blablabla, aller à San Francisco, machin. Il n'y a pas que cette manière-là. Et que tu peux faire tout autant d'argent, alors peut-être pas des milliards, parce qu'il y a quand même des paliers à passer et chaque palier requiert ses challenges. Mais la réalité, c'est que tu pouvais déjà passer le palier des six chiffres sans te cramer la gueule, sans être une start-up. Et en étant coiffeuse, et en étant notaire, et en étant conseillère en gestion de patrimoine, et en étant les autres qui étaient considérés jusqu'ici comme des pas cool, tu vois, comme les gars de l'école qui étaient pas cool, les gens du collège qui sont pas cool, mais qui au final, ben mangeaient pas tout ce stress-là. Moi j'aimerais bien aussi avoir ton regard sur comment ça a changé. Est-ce qu'au final on n'a pas changé, est-ce qu'on n'a pas évolué de regard sur l'entrepreneuriat ? Parce qu'à un moment donné, les femmes ont massivement... investi l'entrepreneuriat parce que comme tu le sais on le sait toutes les deux on en a déjà parlé en off etc etc la réalité c'est que la plupart des entreprises ne sont pas designés pour les carrières féminines donc au bout d'un moment tu en as marre d'être prise pour une clown et donc tu vas ailleurs et tu décides de monter ta propre boîte ou tu fais un burn out ou tu es mal considéré à ton retour de congé maternité etc etc toutes ces choses là qui font qu'à un moment donné les talents féminins voilà décident de démissionner un peu du modèle du salariat pour entrer dans le modèle de l'entrepreneuriat. Et en venant dans l'entrepreneuriat, elles se sont dit, mais attends, moi je suis venue dans l'entrepreneuriat pour avoir plus de liberté. Il est hors de question que je ne vois pas mes gamins. Il est hors de question que je travaille de 8h jusqu'à 22h. Il est hors de question d'avoir trop de stress. Il est hors de question que X, que Y, que Z, tu vois. Et avec cette vision-là, peut-être un peu plus féminine des choses, un peu plus connectée à soi, un peu plus connectée à son monde, au corps, etc. J'ai le sentiment que ça a permis de faire évoluer l'entrepreneuriat. mais peut-être que je suis complètement... à côté de la plaque et que...

  • Laure Dodier

    Non, non, je pense qu'il y a un peu des deux. Alors moi, j'ai aussi une vision assez biaisée puisque je vois surtout les personnes qui ont choisi le slow-prenariat dans les personnes que je côtoie de près parce que ce sont des clientes ou parce que ce sont des personnes avec qui j'échange et en tout cas dont je connais les rouages des business. Les autres, il faut que j'aille les chercher, discuter avec elles, donc j'en ai un petit peu moins. Le constat par contre est clair, c'est que dans le slow-prenariat, tu l'as dit en intro, c'est... pas exclusivement des femmes, il y a aussi des hommes, mais en tout cas dans les personnes qui se font accompagner à ça, mais c'est un autre sujet, c'est quasiment exclusivement des femmes. Et c'est en effet un mode de travail qui va beaucoup leur parler, parce que comme tu l'as dit, les autres modèles sont peu adaptés à leur réalité. Et l'un des piliers du slowpreneuriat, c'est de construire le business autour de la réalité de la personne. Donc peu importe que ce soit une réalité de femme, de mère ou de personne qui est cramée. dans la manière dont on construit les business, ça fait partie de l'ADN. Déjà, je pense que ça parle beaucoup aux femmes parce que l'idée de reconnecter à soi, de ralentir, je crois qu'on a tellement de pression par ailleurs, on a des gens tellement fatigués par ailleurs, tellement de responsabilités et de charges mentales par ailleurs que ça fait du bien à entendre. Donc ça, c'est attractif. Et puis parce que ça leur correspond. Il y a des hommes aussi qui viennent, mais souvent parce qu'ils se sont cramés ou parce qu'il y en a aussi pas mal qui ont naturellement un tempérament assez décontractés, souvent des freelances et qui en fait ne sont pas très stimulés par le côté chef d'entreprise salarié et qui trouvent leur compte. Mais il y a quand même aussi beaucoup de femmes qui sont encore dans cette idée que pour avoir une place en tant que femme dans l'entrepreneuriat, il est nécessaire de bosser autant qu'un homme. Plus rarement des mères. Les femmes que je vois faire ça sont souvent des femmes qui n'ont pas d'enfants ou pas encore.

  • Insaff El Hassini

    Parce que je crois qu'après, il y a une réalité parentale qui fait que voilà. Il y en a aussi qui ont des enfants et qui souvent ne voient pas beaucoup leurs enfants. Ils font ce choix de faire garder beaucoup leurs enfants pour pouvoir mener ça. Ça, je le vois quand même beaucoup encore jusqu'à ce que, c'est-à-dire des femmes qui vont à un moment donné avoir un changement de vie, soit se prendre le mur, soit un enfant qui arrive et qui vont faire qu'elles vont réajuster. Et à ce moment-là, elles se rendent compte que c'est possible. Par contre, je trouve que ça dépend des types de business, sur des professions libérales. ou sur des freelancers ou après-satères de service, des petites entreprises. Il y en a beaucoup qui arrivent à poser ce cadre dès le départ. Sur des chefs d'entreprise, des femmes qui vont monter des business avec des salariés, je le vois moins parce qu'il y a aussi toute cette idée très, très, très ancrée que pour ce type de business, que ce soit startup ou entreprise traditionnelle en tout cas. Peut-être que les équipes, le cadre peut être cool pour elles, mais en France, on est quand même prêts à mettre sur les épaules du dirigeant et de la dirigeante toute la responsabilité de la réussite de la boîte. et donc on a des dirigeants qui dès le départ ne s'autorisent absolument pas à avoir un cadre qui respecte leurs besoins et il y a une acceptation de pendant 3 ans, 2-3 ans je vais pas trop dormir,

  • Laure Dodier

    je vais être très stressée etc tu vois chez les chefs d'entreprise hommes comme femmes le voient encore beaucoup moins chez les professions libérales en effet tu vois moi avant j'étais clairement dans ce modèle là c'était pas la golden race parce qu'on n'est pas après l'argent mais je courais après cette performance là je voulais vraiment montrer que Je tirais énormément d'orgueil du fait d'avoir repris le boulot quatre jours après avoir couché. Mes copines me surnommaient Rachida Dati, mais je l'ai payée derrière parce qu'en fait, ce n'est pas parce que tu crois que ton corps continue à opérer comme ce fut le cas avant que ça l'est en pratique. Mais en tout cas, je sais que moi, par exemple, j'avais beaucoup d'orgueil. J'avais un peu de vanité à me dire, ouais, je suis là, je peux faire comme un mec, je peux ne pas dormir, je peux ne pas faire ci, je peux travailler autant, je peux me dédier autant, etc. Et la réalité, je pense qu'il y a certainement beaucoup de femmes et d'hommes qui ont juste envie de prouver qu'ils sont à la hauteur de l'enjeu. Je pense qu'il y a un peu de ça. Et puis, je pense qu'il y en a aussi plein qui pensent qu'il n'y a qu'une manière d'y arriver. C'est cette manière-là. Et donc, c'est un petit peu « take it or leave it » . Soit tu joues le jeu et ils jouent le jeu à fond, soit tu ne joues pas le jeu à fond. Laure, j'aimerais qu'on parle d'un autre sujet, qui est celui de certaines personnes qui te disent Non mais attends, le slowprenariat c'est bien sympa, mais en fait moi j'ai envie de me faire 10 000 boules par mois. Donc c'est pas en travaillant deux jours par semaine que je vais me faire 10 000 boules par mois. J'aimerais vraiment qu'on aborde ce vrai sujet, parce que c'est clair que le slowprenariat c'est un modèle qui est centré sur l'humain, qui n'est pas centré sur l'impact économique. En revanche, moi je suis convaincue, et aussi parce que je pense qu'il y a de plus en plus de femmes qui ont décidé de trouver des modèles économiques qui match avec... leur besoin d'avoir plus de temps pour elles, tout simplement. Je suis convaincue que tu peux faire six chiffres en travaillant trois jours par semaine. Est-ce que c'est une réalité ou est-ce que c'est que des chimères et des publicités Facebook pour nous faire acheter des formations ?

  • Insaff El Hassini

    Non, c'est une réalité. Simplement, la condition pour ça, ça va dépendre du business model. Parce que si tu veux préserver ta santé et que tu as un business model qui te demande d'être tout le temps présentiel face à tes clients et multiplier les clients et de passer le temps avec eux, à un moment donné, tu... tu peux, mais alors, sauf si tu vends des prestations très haut de gamme ou dans une niche ou pourquoi pas, mais c'est aussi une question de business model ou sinon sur des business model où tu vas pouvoir décorréler un petit peu ton temps de tes revenus. Donc, c'est possible. Et la deuxième condition, c'est de laisser le temps que ça arrive. Alors, pour deux raisons. La première raison, c'est l'hypercroissance. Même si elle a été acquise sans se cramer, la pression que ça met l'entourage qui arrive et qui t'explique maintenant, il faut que tu délègues, maintenant, il faut que tu faciles. Donc, tu vois cette espèce d'entourage, parce qu'en général, quand on fait de l'hypercroissance, on en parle, etc., et qui te dit maintenant, la prochaine étape, c'est ça. Là, on se retrouve vraiment dans l'effet cage doré dont je parlais tout à l'heure, c'est-à-dire des personnes qui, l'hypercroissance, n'a pas forcément été trop énergivore, parce que des fois, c'est juste bonne compétence, bien amenée au bon moment, enfin, tu as tout plein de contextes qui font que ça est arrivé, mais le maintien de ces niveaux-là lui fait plonger. Et puis parce qu'un changement, même positif, même perçu positivement, pour le cerveau, pour le corps, c'est éprouvant. Et que des personnes qui sont passées en un an de « je gagne 1500 euros par mois » à « je me dégage un chiffre d'affaires de 500 000 euros » , en fait, c'est brutal. C'est très brutal en termes de posture, en termes de gestion d'argent, de tout ce que ça amène comme sujet. Donc, l'hypercroissance est brutale et c'est extrêmement difficile. En tout cas, moi, je n'ai encore rencontré personne dans les personnes autour de moi. Et je suis dans un milieu de l'infoprenariat, donc j'en connais quelques-uns, puisque c'est typiquement un genre de business model où on peut scaler rapidement, qui se soit maintenu durablement en bonne santé en ayant fait de l'hypercroissance. Et c'est le même phénomène d'ailleurs chez les start-uppers. Parce que par devant, dont tu parlais tout à l'heure, c'est « youpi, on a levé des millions » , et puis derrière... la pression que ça amène, c'est autre chose. Donc, il y a aussi l'idée de se dire « Ok, je veux atteindre ces hautes ambitions financières. » Il y a tout cet enjeu avec mes compétences, mes talents, ce que je sais faire, ce que j'aime faire. Qui sont les gens qui vont être prêts à payer ça ? Quel est le business model qui va me l'amener ? Et accepter aussi que le but n'est pas de faire ces six chiffres, forcément, en un ou deux ans, mais de les amener à un rythme de construction qui va être soutenable et qui fait que quand on va atteindre ce niveau-là, se dire Merci. En fait, la croissance, j'ai réussi à l'encaisser, je me suis adaptée, j'ai mis les choses. Enfin, tu vois, je n'y suis pas allée comme une grosse bourrine. Et je peux maintenir ça sans que ça me demande de réinventer la roue, etc. à chaque fois et que ça soit épuisant. Et dans ces conditions-là, bien sûr qu'il y en a. Il y a aussi beaucoup de gens que ça n'intéresse pas. Il y a aussi beaucoup de gens dont l'ambition financière se résume à « je veux gagner 2000, 2500 euros par mois, de quoi payer mes charges. » Et en fait, ça me va très bien. Et ça, c'est aussi plein de gens qu'on vit qu'on leur foute la paix avec leurs ambitions financières parce que ce n'est pas ça qui les anime et que pour autant, ce sont des personnes qui peuvent avoir dans leur écosystème et auprès de leurs clients un impact qui est hyper fort et qui ne sont pas intéressées pour chercher à croître en fait, mais qui s'y obligent souvent. Donc pour moi, il y a les deux. Bien sûr que c'est possible. C'est à regarder au cas par cas quel est le chemin qui va pouvoir y amener sans t'épuiser. Et en même temps, la première question à se poser, c'est Pour quelles raisons est-ce que je veux atteindre cet objectif-là ? Est-ce que c'est pour prouver quelque chose ? Et on a le droit d'avoir besoin de prouver quelque chose. Mais il faut juste voir, tu vois, mettre en parallèle de qu'est-ce que je suis prêt à mettre en face. Tu vois, moi, je dis ça parce que je rencontre beaucoup de personnes qui arrivent des fois avec cet objectif-là. Voilà, je me suis déjà cramée, j'ai ces hautes ambitions financières, je veux que tu m'aides à les atteindre sans me cramer. Et quand moi, je les fais travailler sur leurs objectifs de vie, elles ont envie de vivre, quoi. Donc, en gros, comprendre à quoi cet argent va leur servir. Mais dans 90% des cas, la conclusion, c'est « Eh, mais en fait, je n'ai pas besoin de gagner autant. » Qui se rendent compte qu'elles n'ont pas besoin de gagner autant. Et quand elles corrèlent ça à ce qu'elles ont envie de vivre au quotidien, quoi elles utiliseraient cet argent, quel impact elles ont envie d'avoir. En fait, elles se rendent compte qu'elles ont beaucoup plus cherché ces objectifs pour prouver quelque chose alors que ce n'est pas vraiment important pour elles, pour faire partie d'une certaine catégorie de la population. Parfois, c'est une question de loyauté parentale. Et ça, je le vois beaucoup aussi. J'ai envie de prouver à mes parents que... je suis capable de, alors soit des personnes qui viennent de milieux assez aisés et qui ont envie de montrer qu'elles sont autant capables et à l'inverse des personnes qui viennent de milieux modestes et qui ont envie d'être la première dans la famille souvent des personnes qui ne viennent pas du tout de famille d'entrepreneurs et qui ont envie de prouver que c'était pas un choix instable en fait mais il y a de tout et moi souvent c'est ça que je pose comme question, quand il y a des personnes qui ont des grosses ambitions c'est il n'y a pas de soucis maintenant ... Quel est le temps que tu t'accordes pour le faire ? Est-ce qu'on va trouver le business model qui rend ça possible ? Et parfois, ça met un peu de temps aussi de trouver le bon business model. Et puis parce que si on veut que ça soit durable, c'est-à-dire que ce niveau de chiffre d'affaires et de revenus dur, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Sinon, c'est que tu vas saisir des opportunités. Il y a un truc qui va marcher à un moment donné, ça arrive, mais c'est souvent sur des choses assez éphémères.

  • Laure Dodier

    Mais j'adore cette conversation, Laure, parce qu'on parle sincèrement et authentiquement des vraies choses. L'approche que tu partages avec le slowprenariat, Ce qui m'a... marqué et ce qui m'a attiré aussi c'est que on reprend les choses dès le départ on se pose la question en se disant ok l'argent c'est le produit dérivé de ce que tu vois et quoi ton besoin de sécurité il ya des gens ils ont besoin d'avoir dix mille balles sur leur compte pour se sentir en sécurité il ya des gens ils s'en foutent ils sont à découvert tous les mois ça ne leur en touche une sans faire bouger l'autre et ça les empêche pas de dire ils sont pas complètement en insécurité financière etc et donc déjà tu travailles sur ce niveau là de c'est quoi l'argent pour toi ça reprend Mais c'est ça que j'aime, tu vois. C'est qu'on remet les choses à leur juste place. Rappelons-nous, l'argent, c'est quoi ? C'est pas juste, on veut pas juste faire les picsous et en avoir plein pour montrer qui c'est qui a plus gros compte en banque que l'autre. Ça, c'est un truc quand même très masculiniste. On est d'accord, hein ? C'est un truc vraiment patriarcal. J'ai envie de te prouver que j'ai le plus gros portefeuille, j'ai le plus gros compte en banque, etc. Ce truc de se mettre systématiquement en compétition pour trouver que je suis mieux que toi, cette espèce d'hégémonie humaine, C'est quand même assez incroyable

  • Insaff El Hassini

    Mais en fait, c'est ça, c'est que dans l'entrepreneuriat, tu as quand même, et je trouve que c'est tellement flagrant, tu vas dans une librairie, rayon, entreprise, c'est un concours de faire partie du top 1%, comment faire x10. Et en fait, au milieu, tu as le mien, tu vois, qui est là, genre, alors, c'est-à-dire que même, regarde, même... Un des livres sur la réduction du temps de travail des entrepreneurs le plus vendu la semaine de 4 heures de Tim Ferriss, on est encore dans un extrême. Ce n'est pas réduire ton temps de travail, c'est ne bosser que 4 heures par semaine. Il y a toujours cette idée d'être dans l'extrême et d'avoir de la valeur parce que tu as réussi à être meilleur que les autres. Et en fait, qu'est-ce que ça peut faire finalement ? Est-ce que c'est si grave de ne pas faire partie du top 1% ? Est-ce que l'énergie, les sacrifices, les efforts qu'on va fournir pour ça, probablement pour se rendre compte une fois qu'on y est arrivé que bon, je m'emmerde un peu et maintenant il va falloir que j'aille encore plus loin. En fait, moi, ce genre de discours m'ennuie profondément parce que c'est du paraître, c'est de l'ego, c'est du concours de celui qui a la plus grosse. Et c'est en effet un enfant du patriarcat qui ne veut pas se dire. Mais c'est vraiment ça et ça entretient cette dimension-là. Et c'est là aussi où je te dis que je vois quand même encore beaucoup de femmes dans l'entrepreneuriat qui jouent aussi ce jeu-là. Parce que je crois que c'est une manière pour elles et en plus, je le comprends. mais vraiment de dire, nous aussi, on est capables. Sauf que moi, j'en suis au stade à me dire, non, mais en fait, on n'a plus rien à prouver. C'est bon, suffisamment de femmes qui ont prouvé qu'on était capables. Maintenant, est-ce qu'on peut passer à autre chose ? Parce que cette manière de voir l'entrepreneuriat et le business, aujourd'hui, ce qu'on peut constater aussi, c'est que c'est un système qui est complètement défaillant, humainement, écologiquement, socialement, par exemple. Ça ne marche pas. Ça marche pour, effectivement... 0,1% de la population qui en tire profit. Mais pour l'immense majorité des gens, c'est un système défaillant. Donc peut-être que les femmes pourraient amener ce côté. Puisque ce système est défaillant et ne marche pas, on a aussi le droit de se dire, on va entreprendre, c'est-à-dire ce qu'est entreprendre. Identifier des problèmes, créer des solutions, les développer, avoir un impact, changer le monde. Mais l'argent n'est peut-être pas ni le but principal de ça. ni le seul moyen. Je pense que la coopération, les idées, on dit souvent que l'argent donne le pouvoir. Oui, bien sûr, c'est une manière d'avoir du pouvoir. Et je sais que ça, ça fait partie aussi de ce que tu défends. Oui, c'est un des moyens, mais je suis convaincue aussi que des idées fortes et bien amenées et bien défendues et de la parole prise et de l'espace de parole pris, notamment par les femmes, c'est aussi un excellent moyen d'avoir du pouvoir. Donc, tu vois, c'est vraiment cette question d'ouvrir les horizons et de ne pas mettre systématiquement l'argent, la performance, la course comme la seule voie possible d'accomplir des choses. Et je crois que c'est ça que les femmes peuvent amener de différent.

  • Laure Dodier

    Moi, tu vois, je ne suis pas dans la dualité, je ne suis pas dans l'opposition à dire soit tu es puissant financièrement, soit tu es quelqu'un qui est conscient de ton environnement et tu es quelqu'un de bien. Enfin, vraiment pour... En fait, moi, je suis convaincue que l'argent, c'est le produit dérivé de ce que tu apportes au monde. C'est le produit dérivé de l'impact que tu as et de ce que tu apportes au monde. Et je suis convaincue que le problème de la majorité des personnes, c'est que déjà, elles sont nées et elles sont élevées dans une société patriarcale, qui leur fait croire qu'il n'y a qu'un seul modèle. Et donc, c'est un peu, il n'y a qu'une seule voie, tu la prends ou tu ne la prends pas, mais voilà, tu ne vas pas t'ergiverser. L'autre sujet, à mon sens, c'est qu'on fait croire aux gens que l'argent va leur régler tous leurs problèmes. Et ça, pour moi, c'est hyper problématique. Parce que être puissant financièrement, c'est d'abord être puissant humainement. Tu ne peux pas être puissant financièrement si tu n'es pas puissant humainement. Parce que pour devenir, pour atteindre un certain niveau de richesse sans crever, sans être dans une cage dorée, parce que tu as un business qui fait un CA de 7 chiffres, mais en fait, toi, tu te payes 2000 euros par mois, parce qu'en fait, tu as tellement de charges, tu as tellement d'employés, qu'en fait, ton niveau de vie n'a pas vraiment augmenté, tu n'as pas gagné en qualité de vie, tu as juste gagné en chiffre d'affaires. Donc, tu peux juste aller jouer au kéké devant les copains. et leur dire, ou les copines, je fais à 7 chiffres. Je pense que le problème, c'est qu'on n'a pas expliqué aux gens de manière correcte, limpide, quel était le but de l'argent. On ne leur a jamais expliqué. Et donc, à partir du moment où on ne leur a pas expliqué, ils mettent derrière ce truc-là ce qu'ils veulent et ça devient un amplificateur de blessures, c'est un amplificateur de problématiques, c'est un amplificateur de plein de choses, bonnes ou mauvaises. Et je suis convaincue aussi qu'il y a plein d'entrepreneurs et d'entrepreneureux qui ont des business à 7 chiffres. qui sont sur les réseaux et qui te disent j'ai mon business à ce chiffre, j'ai fait le million cette année. Mais moi, je pose toujours la question, tu te rémunères combien en fait ?

  • Insaff El Hassini

    Oui, aussi.

  • Laure Dodier

    Parce que la réalité, c'est combien tu te rémunères ? Parce que tu vois, ça aussi, ça participe aussi à créer, je trouve, une fracture sociale. C'est-à-dire que, un peu moins nous, parce qu'on est plus mature et on a plus d'expérience de vie, parce qu'on est plus âgé et qu'on a plus expérimenté aussi. Mais quand tu vois les jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi, et notamment sur le marché de l'entrepreneuriat, et qui croient dur comme fer qu'en fait tu peux devenir millionnaire en ne faisant absolument rien, juste en ayant la bonne idée, parce que tu es plus malin que tout le monde et que tu as niqué tout le monde. Enfin, non, ce n'est pas possible. Tu ne deviens pas millionnaire en niquant tout le monde.

  • Insaff El Hassini

    Oui, exactement. Il y en a qui ont des coups de bol. C'est-à-dire que, c'est ce que tu disais tout à l'heure, bonne idée, bonne compétence, bonne opportunité, bonne rencontre, bon moment. Ça arrive, mais c'est éphémère. Parce que si le contexte… Tu sais, c'est vraiment la vieille histoire des fondations de la maison. C'est-à-dire que si tu n'as pas pris le temps de poser des bonnes fondations, de réfléchir ton truc, de te faire un réseau solide… de te faire une crédibilité, un positionnement solide, etc. En fait, une fois que l'opportunité est passée, que le contexte a changé, ton succès est très éphémère. Et il y en a à qui ça convient, mais il y en a eu plein ces dernières années, avec l'infoprenariat, avec là, c'est ce qui est en train de se passer sur l'IA, etc. Très bien, mais sauf que si tu n'as pas ni la maturité, ni la conscience que c'est éphémère, parce que oui, il y a ceux qui font beaucoup de chiffres d'affaires, mais qui ne se payent pas beaucoup, et tu as aussi ceux qui se payent beaucoup et qui changent leur mode de vie. et qui s'habituent à un mode de vie et qui se rendent compte que bon, alors par contre, là, pour le maintenir, je me rends compte que ça me colle vachement la pression et qu'ils se retrouvent bloqués parce que gagner moins, faire moins de chiffre d'affaires, c'est gagner moins et là, ça remet toute leur vie en cause. Il y a une énorme différence entre une décroissance choisie, je te dis ça parce que moi, c'est complètement le délire dans lequel je suis en ce moment, de me dire je veux réduire mes besoins financiers le plus possible parce que pour moi, la liberté, elle est là. Mais c'est choisi, c'est progressif, c'est conscient. Ça n'a rien à voir avec une décroissance subie. Parce que souvent, tu as aussi beaucoup d'entrepreneurs qui savent, qui le voient qu'ils vont dans le mur. Et moi, j'en rencontre beaucoup. Parce que du coup, avec ce que je fais, les gens osent m'en parler sans avoir peur du jugement, si tu veux. Donc, je récolte souvent un peu les dessous. Genre, qu'est-ce que c'est épuisant ? Et quand je leur parle de ralentir, ils se disent, mais je ne peux pas. parce que j'ai acheté une baraque, j'ai un prêt qui est comme ça. et puis mes enfants, je les ai mis dans telle école et puis ça et puis ici. Donc, même au-delà de l'image, l'aversion à la perte, c'est hyper puissant chez l'être humain. C'est difficile de se dire, si là, je change les choses, que ce soit ralentir ou juste changer le business model, en fait, ce que j'ai construit va changer. Et ça fait tellement peur qu'il y en a, et ce qui va arriver de toute façon, une fois qu'ils auront pris le mur, mais quelque part, c'est plus rassurant de se dire, je vais me prendre le mur, je verrai bien. Et au moins, ça me donnera... Et c'est ça que moi, en fait, je trouve dramatique là-dedans. Cette obsession de l'argent et ce critère de réussite presque unique, ça amène les gens à faire des choix qui sont hyper néfastes pour eux. Et donc, même chez ceux et celles pour qui ça fonctionne et qui font en effet beaucoup d'argent, surtout en France. Je pense qu'en plus, en France, on a une vision de l'échec qui est tellement... On n'a pas le droit d'échouer. C'est mal vu. Et donc... ça rajoute une couche, tu vois. C'est-à-dire que tu redescends, c'est que quand même, t'as merdé, t'as pas été assez performant, t'as pas été assez fort, t'as pas tenu, t'avais pas les épaules, etc. Donc, il y a tout un contexte. Et pour moi, d'ailleurs, c'est beaucoup plus un enjeu systémique qu'un enjeu individuel. Je crois que les individus, ils font vraiment ce qu'ils peuvent, même les kékés de LinkedIn, en fait. Franchement, je crois que profondément, on fait tous ce qu'on peut à l'endroit où on est avec ce qu'on entend autour de nous. Et c'est pour ça que c'est fondamental pour moi de changer ce qu'on entend. de changer les modèles, d'oser prendre la parole sur ces sujets, d'oser questionner le statu quo et remettre la santé en priorité. Pourquoi ? Parce que quand tu prends le prisme de la santé, ce qui touche encore une fois à la santé physique, au bien-être, santé sociale, à l'environnement, ça prend un peu tous les pans de la vie. Quand tu mets ça en priorité, quand tu remets l'argent au rang d'un moyen comme un autre, tu résous énormément de problématiques. Mais ça, il y a encore du chemin pour... pour que le discours soit beaucoup plus diffusé dans tous les endroits, si tu veux.

  • Laure Dodier

    Oui, mais quand même, tu vois, moi, je vois qu'il y a quand même des voix comme la tienne qui est de plus en plus audible.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, ça commence à...

  • Laure Dodier

    C'est de plus en plus en chemin et on est de plus en plus aligné avec ça. Tu vois, je pense aussi notamment à Émilie Friedli qui a Maison Mère et son objectif, elle, c'est qu'un business soit clairement au service des mères et à ton service, c'est mettre un business à ton service. Et donc, c'est différent évidemment du sloprenariat, ça n'a rien à voir avec ce que tu dis.

  • Insaff El Hassini

    Oui, mais c'est...

  • Laure Dodier

    Ça recoupe pas mal quand même.

  • Insaff El Hassini

    On retrouve aussi cette idée, quand tu adaptes le business à la réalité de la personne, c'est ça, c'est que ce n'est pas l'inverse. Et souvent aujourd'hui, dans le monde du travail, on adapte sa vie quotidienne à son boulot. C'est-à-dire que c'est même une façon d'être dans tout le monde du travail. Et oui, on en parle plus. Le cap qui nous reste à passer pour conclure là-dessus, c'est qu'aujourd'hui, on constate les dégâts, on entend parler d'alternatives comme le slow-pronariat, mais tu vois, moi, la question qu'on me pose le plus en conférence, par exemple, c'est Est-ce que vous avez des exemples de chefs d'entreprise qui sont dans le slow, qui ont démarré comme ça et qui ont une boîte qui tourne ? Et ça aujourd'hui, la réalité, c'est que moi je n'en ai pas encore identifié. J'en ai identifié qui ont ralenti après et leur boîte continue de tourner. J'ai plein d'exemples chez des indépendants, des professions libérales. J'ai aussi des données hyper intéressantes sur les effets de la qualité de vie au travail, sur les salariés, la semaine de quatre jours, etc. Donc en fait, j'ai ces données-là. Mais aujourd'hui, c'est vrai que sur les dirigeants, les chefs d'entreprise, les personnes qui ont démarré comme ça et qui ont réussi à monter leur business sans être dans le sacrifice, moi, je ne les ai pas encore identifiés. Et donc, souvent, là, on vient me dire, ah bah oui, mais du coup, ça ne marche pas. Et en fait, pour moi, ce n'est pas ça qu'on doit se dire. C'est, encore une fois, le modèle actuel est défaillant. Ça, c'est une certitude. C'est-à-dire que c'est la seule chose dont on est sûr, c'est que ce modèle hyper capitaliste, hyper dans la performance, dans la recherche de croissance rapide, il va de... de plus en plus fort. C'est-à-dire que le modèle de start-up, c'est ce que tu as aujourd'hui chez les indépendants. On demande aux indépendants de faire des millions sans lever de fonds en deux ans. C'est quand même... À un moment donné, il va falloir s'arrêter. Ce modèle est défaillant. Donc après, on a deux choix. Soit on continue à se dire « Bon, mais ce modèle est défaillant, mais youpi, tralala, on aime souffrir, on continue à y aller. » Ou alors, on essaye une alternative et justement, on se lance et c'est je crois une sacrée audace aussi pour ces entrepreneurs qui adorent être adosieux. C'est une audace de se dire, ça marche pour les indépendants, ça marche pour les salariés, ça marche pour ceux qui changent leur business après s'être pris le mur. En fait, je vais me lancer et on va faire partie de ces pionniers qui vont pourvoyer que c'est possible aussi pour les chefs d'entreprise. Et il n'y a aucune raison que ça ne marche pas. En tout cas, il y a plus de chances que ça soit un modèle viable que l'actuel, qui encore une fois, ne marche pas. Donc, c'est ça qui nous reste comme cap à passer. C'est passer le cap de trouver les orlais adopteurs chez les dirigeants qui vont servir de modèle et qui vont dire... je ne sais pas encore si ça va marcher mais ce que je sais c'est que la direction dans laquelle je vais elle ne marchera pas donc j'ose changer de direction et faire partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui vont montrer comment est-ce qu'on peut développer une entreprise sans se cramer en tant que dirigeant dès le départ ou avant de cette prime mûre c'est intéressant ce que tu dis parce qu'on voit vraiment qu'il y a une séparation très nette entre

  • Laure Dodier

    dirigeants chefs d'entreprise et indépendants à leur compte. Je prends l'exemple de Caroline Jurado. Récemment, elle a donné une interview dans le podcast de Nina Raman, Nina Raman, le divin des patronnes. Je recommande à tout le monde d'écouter cet épisode-là parce qu'il est hyper éclairant. Et je les salue toutes les deux au passage. Et en fait, c'est très intéressant parce que Caroline raconte que la première boîte qu'elle a lancée, c'était une boîte où elle a suivi le modèle startup. Et en fait, à la fin, elle n'en pouvait plus, elle était dégoûtée. Ça a vraiment été une expérience qu'elle ne voulait pas. plus jamais reproduire. Et finalement, elle s'est mise à son compte. Et au moment où elle a eu un enfant, elle s'est rendue compte qu'il fallait que son business travaille pour elle parce qu'en fait, étant enceinte, elle avait des nausées et des maux de deux femmes enceintes qui faisaient qu'elle ne pouvait pas être à son max comme elle l'était avant. Et du coup, elle a trouvé un modèle, elle a pivoté, elle a trouvé un modèle dans lequel elle était capable de générer un chiffre d'affaires de 750 000 euros par an tout en travaillant trois jours par semaine. Et je pense que ça, c'est des modèles, alors encore une fois, Caroline, c'est une entrepreneuse depuis hyper longtemps. Elle n'a pas cessé de pivoter, etc. Ce n'est pas quelque chose qu'elle a fait du jour au lendemain. C'est très important de le dire parce que je vois énormément de publicités en disant « Moi et mon mec, on travaille sur une moto depuis les Philippines et on travaille 30 minutes par semaine et on fait 8 000 lions par an. » Ça, je doute, mais bon, après, pourquoi pas ? Mais tout ça pour dire, bottom line, tout ça pour dire que je pense qu'il y a des modèles. encore une fois, de personnes qui viennent peut-être du monde des freelances, des indépendants et qui n'est pas encore arrivé au monde de l'entreprise, qui arrivent à avoir des business qui tournent, qui ont bien ficelé leur modèle économique, etc. Mais encore une fois, la question c'est, est-ce qu'ils vont s'inscrire dans la pérennité ?

  • Insaff El Hassini

    En fait, c'est ça. Par exemple, typiquement, le marché de la formation en ligne est un marché qui est en grand essor depuis le Covid notamment. Ça a commencé avant, mais le Covid a donné un coup d'accélérateur. C'est un marché qui est très immature encore et donc qui change très vite. Et moi, c'est sur ce marché-là que je suis depuis 2021. Et il y a des changements de comportement d'achat, de stratégie. Ça change tout le temps. Donc, c'est ce qui explique aussi qu'il y a des personnes qui ont réussi parce qu'elles avaient, encore une fois, bonnes compétences, bon moment, bon sujet, plus le background derrière qui te donne peut-être l'assise, l'expérience, donc tout ça, qui ont fait qu'il y a des gens cons. réussi sans se cramer à faire des gros chiffres d'affaires. Mais pour le maintenir dans un marché qui est si fluctuant, c'est la question, c'est est-ce que ces compétences-là, ces capacités-là, ma réalité, je vais trouver les manières de maintenir ce niveau-là dans un nouveau contexte. Et ça, c'est la réalité de l'entrepreneuriat et c'est peut-être là aussi où les entreprises plus traditionnelles, plus organiques, parce qu'en fait, l'entrepreneuriat, des fois, on me dit en fait, c'est de l'entrepreneuriat normal. Ouais. Il y a des choses où c'est juste comme ça qu'on faisait des business à l'ancienne, mais en fait, c'était pérenne. Et d'ailleurs, avant, le but d'une entreprise, ce n'était pas de faire de la croissance rapide, c'était de durer dans le temps. Et le but, c'est de revenir un peu à ça et de durer en tant que personne aussi. Moi en ce moment, je suis très intéressée par le concept de robustesse. qui est la manière dont le vivant subsiste malgré les fluctuations. Et sur la planète Terre, des fluctuations, il y en a eu deux, trois quand même. Je trouve ça hyper intéressant parce que c'est l'anti-performance. On part du principe qu'il va y avoir des choses qui ne vont plus marcher, qui vont bouger. Il y a des imprévus, tout ça. Et on construit avec cette conscience-là. Et on construit sur le risque plutôt que de construire contre le risque en essayant de l'éviter. Je trouve ça passionnant. Et pour moi, j'ai l'impression de découvrir un monde du slow-pronariat plus, plus, plus, et qui est beaucoup plus en phase avec la réalité du terrain. C'est-à-dire que oui, des fois, il peut y avoir des pics où on a de la chance, il y a un truc qui marche bien. Par contre, on sait que ça ne va pas durer. Donc, qu'est-ce qu'on met en place pour que notre business reste viable sur la durée, alors qu'il y a des choses qui, demain, là aujourd'hui, ça marche très bien, demain, ça ne va pas marcher. Et moi, de plus en plus, j'essaye de tenir compte de ça parce que, même si je suis très vigilante à ma santé mentale, je trouve que dans l'industrie dans laquelle je suis, du business en ligne, ça bouge tellement fort qu'il y a quand même des moments encore où c'est trop de stress pour moi. C'est-à-dire qu'il y a des trucs où je me dis, bon, là, les fluctuations, je les encaisse encore trop fort. Donc, il faut que je trouve un moyen de lisser tout ça et de surfer sur les vagues plutôt que de les prendre en pleine poire.

  • Laure Dodier

    Laure, avant de se quitter, j'aimerais vraiment qu'on parle d'un sujet parce que j'aimerais t'entendre là-dessus. J'aimerais vraiment qu'on parle de deux sujets. On va essayer de les aborder rapidement. Le premier, c'est question oui, non, à ton avis, est-ce que le slowprenariat peut être répliqué en entreprise pour le salariat ? Oui. Est-ce que toi, tu vois que c'est possible ? Tu y vois une possibilité ? Ou est-ce que pour toi, c'est un truc qui sera cantonné à l'entrepreneuriat ?

  • Insaff El Hassini

    Non, non, j'en suis convaincue. En fait, le slow working, c'est-à-dire le fait d'appliquer les principes du mouvement slow au travail, bien sûr que c'est possible. Il y en a déjà qui le font. Et d'ailleurs, il y a des entrepreneurs qui le font déjà pour leurs équipes, mais qui ne se l'appliquent pas à eux. C'est pour ça que moi, je parle de slowpreneuriat, parce que je m'adresse beaucoup aux dirigeants. Mais ça arrive que j'intervienne en entreprise pour leurs équipes. C'est-à-dire que quand je suis face à des dirigeants ou des managers d'ailleurs qui… adhèrent à l'idée qu'ils ont compris qu'en fait, plus ils vont mettre les conditions pour leurs équipes, pour que les gens se sentent bien, pour qu'ils ne soient pas surchargés, pour qu'ils aient du confort de travail, plus ça va donner des bons résultats sur la durée. Et aujourd'hui, il y a aussi dans beaucoup d'entreprises des grosses problématiques de recrutement et d'engagement. Le slow vient répondre en partie à ces problématiques-là. Et souvent, j'ai des managers où moi, j'aimerais bien aussi qu'ils l'appliquent à eux. Ils n'osent pas trop. Manager, dirigeant, ça dépend des contextes, mais en gros. ceux qui sont mes clients. Moi, j'interviens pour l'équipe et puis je vais les impliquer dans l'atelier. Subtilement, je vais leur dire, fais l'atelier avec nous et puis ça leur permet de prendre conscience de certaines choses pour eux. Mais oui, bien sûr que ça fonctionne et c'est d'ailleurs là où on a le plus aujourd'hui de retours avec toutes les expérimentations qui sont faites sur la semaine de 4 jours, sur la réduction du temps de travail. Je parle bien de la semaine de 32 heures et non pas celle de 35 heures sur 4 jours. Ça, ça ne marche pas. Surtout pour les parents, par exemple. Les initiatives qui sont sincèrement faites pour la qualité de vie à travail, quand je dis sincèrement, ce n'est pas par obligation parce qu'il y a des normes à respecter, mais parce qu'il y a un vrai engagement de l'équipe dirigeante là-dessus. Des gens qui ont vraiment compris qu'en fait, leur priorité, c'est l'humain et qu'ils ne veulent pas considérer les humains comme des ressources pour du profit. Donc oui, bien sûr, ça, ça marche.

  • Laure Dodier

    Et ma deuxième question et du coup, dernière question. Alors, rapidement, le titre de ton livre, c'est « Exploiter sa zone de confort » . Et moi, j'aimerais juste y revenir pour le kiff, parce qu'en fait, on a grandi en nous disant Le confort dans l'inconfort. Il faut que tu sortes de ta zone de confort. L'expansion se trouve au-delà de ta zone de confort, etc.

  • Insaff El Hassini

    La vie démarre en dehors de ta zone de confort.

  • Laure Dodier

    Exactement, la vie démarre au-delà de ta zone de confort. Et en fait, toi, tu prends le contre-pied de tout ça et je trouve ça hyper libérateur. Et je voulais juste te remercier. Parce qu'en fait, tu dis juste qu'on peut rester dans sa zone de confort, on peut l'exploiter, on peut l'améliorer, on peut l'optimiser et c'est génial. Et du coup, je trouve ça un peu libérateur parce que On a des injonctions systématiques qui sont parfois hyper épuisantes parce qu'encore une fois, c'est l'humain qui est... C'est la performance, c'est la productivité. Et du coup, c'est ton humanité qui doit correspondre à ces normes-là. Et ce n'est pas fait pour correspondre à ces normes-là. Et du coup, avoir quelque chose qui libère comme ça en disant « Tu peux rester dans ta zone de confort, c'est cool, c'est OK. »

  • Insaff El Hassini

    Il y a déjà plein de choses à faire dedans.

  • Laure Dodier

    Il y a plein de choses à faire et tu peux l'exploiter. Mais bon, je vais arrêter de parler, je vais te laisser expliquer.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, moi, c'était... En fait, j'ai choisi cet angle-là pour parler de slow-pronariat parce que c'est encore trop mal compris. Donc, quand j'ai eu l'opportunité de faire ce livre, ça a été une discussion avec l'éditeur de trouver l'angle et moi, exploiter sa zone de confort, c'était déjà une manière que j'avais de décrire le slow-pronariat et j'avais déjà creusé d'où venait l'expression. Voilà, donc j'avais toute la matière et finalement, le squelette de ce que j'amène, moi, en clientèle et en formation, c'est toujours une histoire de rechercher plus de confort. Et c'est une injonction qui est là aussi un enfant du productivisme et qui a beaucoup de succès dans le monde de l'entreprise parce que ça vient de légitimer une pression qu'on se met en disant sans ça, on ne peut pas avoir de résultat, ce qui est fondamentalement faux. Ça pousse l'idée qu'il y a un bon stress, ce qui est biologiquement faux. Toutes ces idées reçues qui vont justifier qu'on se fasse du mal pour avoir des résultats. l'expression sortir de sa zone de confort qui est omniprésente, moi je le vois encore toutes les semaines et puis en plus maintenant on me tag sur des publications où ça vient, je le vois encore plus et c'est en plus une expression qu'on utilise à tort pour parler de simplement essayer quelque chose de nouveau donc le fait qu'elle soit très galvaudée et qu'elle soit utilisée pour pas parler de ça vraiment, c'est-à-dire la définition d'origine ça fait que on l'entend tout le temps et moi ce qu'on me dit beaucoup c'est j'ai beaucoup de gens qui me disent Ah oui, tu as raison. Merci, ça fait du bien parce que moi, je préfère parler d'élargir sa zone de confort. Et moi, je dis non, non, non, mais arrêtons de repousser les bords. Regardons déjà ce qu'il y a dedans parce qu'en fait, dedans, il y a plein de choses. Et moi, c'est ça que j'ai envie de dire. C'est encore une fois sortir de l'idée qu'il faut que ça soit systématiquement toujours plus, toujours plus grand, toujours plus fort. Parce que c'est de l'insatisfaction permanente quand on est comme ça. Et c'est ce qu'on voit beaucoup dans les comportements avec l'argent. une fois que tu as atteint un palier. Bon, alors maintenant, next. Et donc, j'avais cette envie de dire, en fait, fais ce qu'il y a avec, tu verras qu'il y a plein de choses. Et j'aimais bien aussi l'idée d'utiliser ce mot extrêmement capitaliste d'exploiter, parce qu'au départ, il y a plein de gens qui me disent, mais exploiter, je n'aime pas trop. Mais oui, mais évidemment, quand on parle d'être humain, c'est absolument ignoble. Mais il y a cette idée dans le mot exploiter, très radicale, et d'aller au fond des choses, et d'en tirer le plus de profit maximum. Et j'aime bien ce pied de nez à dire, en fait, quitte à exploiter quelque chose, autant que ça soit quelque chose qui te fasse du bien et c'est la seule exploitation qui finalement est au service de ta santé, de ton bien-être et de ton bonheur donc j'aime bien l'idée.

  • Laure Dodier

    Je pense que c'est une très bonne idée. Merci beaucoup Laure pour cette conversation passionnante je pourrais encore échanger avec toi des heures mais c'est la fin de cet épisode en tout cas je te remercie de rendre l'invisible visible et de montrer qu'il y a d'autres voies possibles d'autres manières de faire de l'argent plus écologique pour notre corps plus aligné avec... notre environnement et notre monde de manière générale. Merci beaucoup, Laure. C'était un plaisir. Et j'espère à bientôt. Avant de nous quitter, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, s'il te plaît ? Alors, on peut me retrouver sur LinkedIn, Laure Dodier, où je vais beaucoup parler du slowprenariat avec beaucoup de conviction et du monde de l'entreprenariat. Donc, c'est là, en gros, où je vote des culs pour s'individuer. Sur Instagram aussi, à Robazmasleboite, où là, je m'adresse plus à une cible d'indépendants. Et j'ai une newsletter aussi. où je partage mon quotidien et mes réflexions et pas mal de building public aussi sur cette newsletter qu'on peut trouver sur mon site masloboite.com.

  • Insaff El Hassini

    Génial. Un grand merci, Laure. Si vous aimez le podcast Majesté Valeur, vous allez adorer notre programme et nos offres de coaching à la négociation de rémunération. Grâce à la méthodologie unique et... pratico-pratique de Ma Juste Valeur, vous allez apprendre enfin à vraiment gagner votre vie. Vous allez notamment apprendre comment découvrir votre juste salaire ou vos justes tarifs sur le machin du travail, à construire une stratégie de négociation alignée avec vos priorités de vie et vos objectifs de carrière. Et enfin, à formuler les bons arguments face à votre hiérarchie ou vos clients pour obtenir la rémunération que vous méritez. Si vous écoutez Ma Juste Valeur, c'est parce que vous êtes convaincu que votre travail mérite d'être... être reconnus financièrement. Alors laissez-moi vous aider à réaliser vos objectifs et rejoignez-moi dès aujourd'hui sur www.majustevaleur.com. Enfin, si cet épisode vous a plu, vous pouvez le partager à vos proches, vous abonner, le noter 5 étoiles et mettre un commentaire sympa sur la plateforme de streaming que vous préférez. N'oubliez pas, sharing is caring. Alors si vous pensez que ce podcast ou mon travail peut aider quelqu'un, s'il vous plaît, n'hésitez surtout pas à le partager.

Description

Mesdames, et si on arrêtait de croire que pour réussir, il fallait forcément s’épuiser ?

Productivité à outrance, croissance infinie… Et si on vous avait menti ?


Dans cet épisode, on parle d’un sujet qui va faire du bien à votre charge mentale et à votre ambition : le slowprenariat

Notre invitée, Laure Dodier, a fait un burnout et manqué d'en faire un deuxième mais elle a refusé d'accepter que c'était le seul moyen de réussir.
Résultat ? Un business aligné, rentable… et humain.


Pas de promesses irréalistes : un nouveau modèle entrepreneurial plus durable, plus aligné avec nos vies.

Parce qu’on en a marre d'entendre : 10K par mois en deux semaines, 80h/semaine ou rien.


Au programme :

  1. Le slowprenariat, qu'est-ce que c'est ?

  2. Comment sortir de la productivité toxique sans culpabiliser ?

  3. Est-il possible d’avoir une carrière ambitieuse et bien rémunérée sans sacrifier sa santé ?

  4. Et si exploiter sa zone de confort, c’était justement le meilleur levier de performance durable ?


En résumé :
Ce n’est pas un épisode “anti-argent” mais une discussion pour toutes celles qui veulent gagner plus — mais autrement.
Plus de sens, plus d’espace mental, plus de lucidité sur ce qu’on veut vraiment construire.


🎧 À écouter absolument pour réussir sans s’épuiser.


📌 Liens mentionnés dans l’épisode :


💸 Dans cet épisode on va parler de :

Ma Juste Valeur, entreprenariat au féminin, slowprenariat, burnout, réussir autrement, équilibre vie pro/ vie perso, zone de confort, sortir de la productivité toxique, entreprendre avec sens, liberté financière et bien-être, impact sans sacrifice, performance durable, changer de modèle économique


—————————————


MA JUSTE VALEUR® est LE podcast sur la négociation de rémunération, l'argent des femmes au travail et l'égalité salariale.


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Transcription

  • Insaff El Hassini

    Avant de débuter l'épisode, j'aimerais vous partager la superbe nouvelle qu'est la sortie de mon deuxième livre qui s'intitule « Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation » . Alors pourquoi le petit livre ? Parce que c'est un petit format et c'est un tout petit prix, il ne coûte que 3,50€. Qu'est-ce que vous allez trouver dans ce livre ? Eh bien, un condensé de ma répartie légendaire, c'est-à-dire quoi dire et quoi ne pas dire quand on veut négocier son salaire d'entrée lors d'un entretien d'embauche. quand on veut demander une augmentation, mais également pour les indépendants et les indépendantes quand on veut négocier ses prestations ou quand on veut augmenter ses tarifs. Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation, c'est un tout petit format à glisser dans votre poche ou dans votre sac, l'antisèche parfaite pour vous permettre d'obtenir votre prochaine augmentation. Il n'écoute que 3,50€, il est disponible en ligne et dans n'importe laquelle des librairies. Bonjour et bienvenue dans Ma Juste Valeur, le podcast référent sur la négociation de rémunération qui vous apprend à négocier vos salaires, négocier vos tarifs, obtenir une augmentation et globalement la rémunération que vous méritez. Je suis Insa Felassini, experte et coach en négociation de rémunération, mais également juriste, autrice, conférencière, youtubeuse, féministe militante pour l'égalité salariale et créatrice de ce podcast. Tous les premiers lundis du mois, je vous livre des conseils pratiques, concrets et précis pour négocier et obtenir un salaire ou des tarifs à votre juste valeur. Je reçois également une fois par mois des invités de tout horizon avec lesquels j'explore la relation que les femmes entretiennent avec l'argent et dessine des solutions pour vous décomplexer sur le sujet et vous donner des ailes pour oser en gagner plus. Je suis convaincue que la liberté économique des femmes annonce et précède leur liberté politique. Et si vous écoutez ce podcast, c'est tout sauf un hasard. Alors, en avant toutes mesdames et bienvenue dans Ma Juste Valeur. Cet épisode a été rendu possible grâce au soutien d'Ajipi. Ajipi, c'est une association indépendante d'assurés qui propose des solutions qui répondent aux besoins de protection des particuliers et des professionnels. Protection de la famille, de l'activité professionnelle, protection du patrimoine, de la retraite, etc. AGP, c'est aussi l'assureur qui partage nos valeurs et vos valeurs. Puisqu'il accompagne les femmes dans l'entrepreneuriat, leur propose des garanties spécifiques, notamment en cas de cancer du sein, mais aussi et surtout en cas de violence conjugale et de violence intrafamiliale. Et franchement, rien que pour ça, je dis bravo.

  • Laure Dodier

    La liberté ne se trouve pas forcément dans plus d'argent, mais peut-être qu'au contraire, la liberté se trouve dans... le moins besoin d'argent possible.

  • Insaff El Hassini

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir la spécialiste du slowpreneuriat en France, Madame Laure Dodier. Laure est accompagnante business, conférencière et autrice du livre « Exploite ta zone de confort » publié aux éditions Erol. Elle a lancé en 2021 son entreprise, Ma Slow Boite, pour proposer une alternative aux modèles de travail qui épuisent les entrepreneurs et qui normalisent leurs sacrifices. Très rapidement, elle observe que dans sa clientèle, elle n'a quasiment que des femmes, souvent tiraillées entre leur réalité et les injonctions à tout donner pour réussir, pour prouver qu'elles aussi peuvent faire aussi bien que les hommes. En travaillant avec Laure, elle découvre l'approche slow, c'est-à-dire une approche à l'opposé de la Golden Race, qui leur permet de concilier leurs besoins et leurs ambitions à leur manière et en s'émancipant des injonctions. En bientôt 5 ans ! Laure a aidé près de 1000 femmes à développer des business qui s'appuient sur leur zone de confort au lieu de les épuiser. Laure, comme je viens de le dire, je suis absolument ravie que tu aies accepté de venir nous partager ta vision des choses au micro de Ma Juste Valeur. Et la première question que j'aimerais te poser, c'est celle-ci. Tu es spécialiste du slowpreneuriat en France et je suis sûre qu'en disant ça, et je suis sûre qu'en lisant le titre de l'épisode du podcast, j'ai plein d'auditeurs et d'auditrices qui ont dû se dire « Attends, mais de quoi elle parle là ? » Qu'est-ce que c'est que le slow-prenariat ? C'est quoi ce nouveau terme ? C'est quoi ce nouveau truc un peu high ? Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est concrètement le slow-prenariat ?

  • Laure Dodier

    Oui, je vais même tout de suite couper court aux idées qu'on pourrait se faire. Non, le slow-prenariat, ce n'est pas faire des millions en bossant deux heures par jour, je le dis parce que le nombre de fois où je vois ce terme associé à ce mode de lifestyle qu'on voit sur les réseaux sociaux, ça n'a rien à voir. Le slow-prenariat, il faut le voir au même niveau que l'entrepreneuriat traditionnel. ou start-up, c'est-à-dire que c'est à la base une philosophie. d'entrepreneuriat autour duquel va se développer un écosystème, des méthodologies, un ADN, un sens des priorités. Le sens des priorités dans le slowpreneuriat, c'est de faire des business à but humain et à moyen lucratif et non l'inverse. Donc beaucoup plus proche du vivant, beaucoup plus proche de ce qui est soutenable pour l'être humain. Et très souvent, même si ce n'est pas une obligation, mais très souvent, on va avoir des gens qui vont chercher à avoir un impact positif parmi les adeptes du slowpreneuriat, ce qui n'est pas... Une condition absolue, mais c'est plus un constat.

  • Insaff El Hassini

    Ça me parle beaucoup de ce que tu viens de partager en disant en faisant des business à impact humain et moyen financier, c'est ça ?

  • Laure Dodier

    C'est ça, en fait. Aujourd'hui, une entreprise, en France, on a l'habitude de dire que c'est une organisation à but lucratif. C'est-à-dire que l'objectif d'une entreprise, à la base, c'est de faire de l'argent. Et l'humain est une ressource. Donc, on est sur des business à but lucratif et à moyen humain. Et dans le slowpreneuriat, c'est l'inverse. Et surtout... La différence, par exemple, avec de l'entrepreneuriat social, parce que l'entrepreneuriat social, ça pourrait être une définition, c'est que dans le slowpreneuriat, le dirigeant est intégré dans cette notion-là. Là où, même dans le business à impact et l'entrepreneuriat social, il n'empêche qu'il y a une dimension très sacrificielle, et même encore plus dans l'entrepreneuriat à impact, du dirigeant. C'est-à-dire des personnes qui vont estimer que le bien-être des équipes est en effet un levier, que le but est humain et que l'argent n'est qu'un moyen parmi d'autres. mais on va retrouver des comportements qui vont être quand même, chez les dirigeants, très dans le sacrifice, dans le don de soi, parce qu'il faut bien, parce qu'il y a une urgence, etc. Et dans le slow-prenariat, on part du principe que le dirigeant est un humain comme un autre et qu'il n'y a aucune raison que ça soit dans une dimension sacrificielle et qu'on peut tout à fait développer des business en prenant soin aussi et en priorisant la santé du dirigeant.

  • Insaff El Hassini

    Hyper intéressant. Laure, est-ce que tu peux nous dire comment toi, tu es venue au slow-prenariat ? et comment tu en es venue à en faire ta spécialité ?

  • Laure Dodier

    Alors, j'y suis venue par instinct de survie, comme beaucoup de personnes. C'est-à-dire que même aujourd'hui, la plupart des personnes qui sont attirées par ce principe-là sont des gens qui ont à un moment donné, qui se sont pris le mur ou pas loin. J'espère que ça changera. Je me suis lancée à mon compte en 2017 après avoir fait un burn-out dans le salariat. Je suis tombée enceinte en même temps. Et à peu près un an après, quand mon fils avait un an, j'étais toujours dans une recherche de performance sur tous les tableaux. Performance en tant que mère, performance en tant que freelance. Et j'ai vu revenir les signes de l'épuisement assez fortement. Et j'ai pris la décision très radicale de limiter mon stress professionnel le plus possible à la source. Mais à ce moment-là, si tu veux, j'étais assez convaincue que mon business allait vivoter, que ça ne pouvait pas marcher comme ça. Si jamais je réduisais mon temps de travail, que je faisais le moins d'efforts possible, en gros, nécessairement et inévitablement, mon business allait vivoter, mais ce n'était pas grave, je me disais ma priorité, c'est ma santé. Sauf que le constat était inverse, c'est-à-dire que plus j'ai identifié les sources de stress et cherché à les modifier, à les ajuster, à les rendre plus confortables, et plus mon business a décollé. Et ça, ce n'est pas pour ça que j'en ai fait ma spécialité. Ce qui fait que j'en ai fait ma spécialité, c'est la colère que j'ai ressentie. En faisant ce constat qu'en fait, j'avais passé toute ma vie professionnelle et même depuis l'école à croire qu'on ne pouvait jamais obtenir de résultats autrement qu'en faisant des efforts et qu'il était normal de donner beaucoup et que l'ambition était forcément associée à un dur labeur et que le stress, la difficulté étaient des signes qu'on allait dans la bonne voie. Et ça m'a mise très en colère de constater que ce n'était pas la seule voie, mais que personne n'en parlait. Et à force de voir autour de moi d'autres freelances, des pairs, d'autres... des partenaires, etc., qui travaillaient énormément et qui, pour autant, ne gagnaient pas toujours bien leur vie. Certains, oui, mais au détriment de leur santé et d'autres, pas du tout. J'ai, en post-Covid, tu vois, en fin 2020, l'automne 2020, je me suis dit, bon, j'ai commencé à avoir fait un peu le tour de ce que je faisais en gestion de projet, en communication, en freelance. J'avais envie d'autre chose et je me suis dit, c'est peut-être le bon moment, là où tout le monde a un peu pris conscience qu'il n'y a pas que le travail dans la vie. C'est peut-être le bon moment pour... oser parler de la manière dont je travaille moi maintenant depuis l'année dernière, qui me permet de développer mon business sans m'épuiser. Et j'ai lancé ça comme ça, en me disant, je ne sais pas, j'ai le pif, c'est maintenant peut-être qu'il faut en parler. Et il y a une époque où on n'en parlait pas du tout. Les gens étaient vraiment juste à ce constat de, en fait, ça nous a fait du bien quelque part qu'il y ait une pause dans la productivité habituelle et en même temps... on a envie de travailler différemment et en même temps on ne sait pas comment faire et moi j'avais un peu une solution clairement.

  • Insaff El Hassini

    Assez intéressant que tu parles de burn-out parce qu'en fait on a l'impression que dans le narratif entrepreneurial, dans le narratif du mythe d'un entrepreneur, il faut qu'à un moment donné... En tout cas, à date, il faut qu'à un moment donné, il y ait un burn-out. Et après, on repart sur un truc un peu plus spirituel, un peu « wouhou » , un peu « new age » , machin. Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, alors, c'est qu'aujourd'hui, le modèle entrepreneurial en France, et globalement dans le monde, pas qu'en France, c'est que c'est un modèle capitalistique. C'est-à-dire, bon, on n'est là pas pour enfiler des perles, on est là pour l'argent et idéalement pour en faire beaucoup. Ce qui en soi est OK, il n'y a pas de problème à vouloir faire beaucoup d'argent. Ce qui est moins en revanche, c'est qu'ils ont fait de l'argent le paramètre central de l'entrepreneuriat. Et donc, le fait qu'on soit aussi dans une société patriarcale a poussé ce modèle-là, avec l'argent au centre, à son paroxysme. Et donc, on est rentré dans une espèce de course à l'argent perpétuelle, où le seul étalon de mesure d'un business qui fonctionne et de la réussite de quelqu'un, c'est sa réussite financière. Et la réussite financière a tellement pris de place. que du coup, les personnes font des burn-out. Mais au-delà des personnes qui font des burn-out, on va y venir et tu vas nous expliquer tout ça. J'aimerais bien parler avec toi de la Golden Race. Ce qui m'intéresse aussi ici, mais je pense que c'est deux questions à une question, c'est de mettre aussi ça en perspective avec le contexte actuel et notre contrat social actuel, où on sent clairement que notre société est en plein burn-out parce qu'on a trop mis l'argent au centre de tout ça. Au détriment de la santé, au détriment de l'éducation, au détriment... de plein d'autres choses qui sont quand même vitaux. Et du coup, j'aimerais bien t'entendre là-dessus et t'entendre notamment sur la Golden Race et en quoi le slowprenariat est une alternative à ce modèle-là.

  • Laure Dodier

    En fait, c'est ça. C'est qu'aujourd'hui, la santé, le bien-être, que ce soit la santé physique, mentale, sociale, dans le monde du travail et dans l'entrepreneuriat, c'est juste que c'est encore plus poussé par rapport à ce qu'on attend des entrepreneurs. Ce sont des dommages collatéraux. Et ce qu'on essaye de faire... Parce que tu as raison, ça fait plus d'un siècle maintenant qu'on est dans cette dimension capitaliste, productiviste. Donc, il faut avoir conscience que c'est installé depuis un moment. C'est-à-dire que depuis que les entrepreneurs, c'est quelque chose, ça a toujours été sous ce modèle-là, en fait. Ça a toujours été le modèle dominant. Avant, il y avait des chefs d'entreprise, des artisans, des commerçants. Mais l'entrepreneur, les premiers entrepreneurs, tu prends les canaries, etc. C'était dans l'année 1800, 1990, 1900, etc. Ça a toujours été ce modèle-là. et Ça, ça a infusé dans tout le monde du travail et on essaye aujourd'hui, on constate les dégâts en termes d'égalité, en termes de santé, on constate. Mais on essaye de trouver des solutions à ça qui ne vont pas du tout toucher à la sacro-sainte croissance, au sacro-saint profit financier et à la performance. Alors même que ce qui cause tout ce mal-être là c'est le fait que ça soit le but principal. Donc, on essaye de ne pas... Et puis, c'est assez logique parce qu'aujourd'hui, quand tu regardes qui sont les grands décideurs, ce sont beaucoup des capitalistes aujourd'hui. Ce n'est pas honteux de le dire. Je pense qu'en plus, ces derniers temps, on le voit bien. Et ces gens-là n'ont absolument pas intérêt à ce que ça change, n'ont pas envie que ça change. Donc, c'est aussi eux qui portent le discours le plus fort. Ce qui fait que quand on entreprend, c'est difficile de se détacher de ce discours-là et ce n'est pas évident de se dire, en fait, même si moi, je me rends compte que ce qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas de chercher de l'argent à tout prix, mais c'est oui, gagner de l'argent, mais en faisant quelque chose qui m'éclate, en ayant un impact, en faisant quelque chose d'utile, je me sens un peu pas un vrai entrepreneur ou pas assez ambitieux parce qu'en fait, le truc qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas la thune. Et le slowpreneuriat amène un cadre. dans lequel c'est tout à fait autorisé. Donc ça, souvent, c'est ça. Moi, je pense que l'émotion que je déclenche le plus chez les gens, c'est le soulagement. Il se trouve que ce n'est pas anodin, parce que c'est comme si juste parce que je parle de slowprenariat et d'exploiter sa zone de confort au lieu d'en sortir et que c'est OK d'avoir les ambitions financières qu'on veut. C'est comme si les gens, on leur enlevait un poids et que je disais tout haut ce qu'ils n'osent même pas s'avouer eux-mêmes tout bas. C'est parce que c'est tout de suite associé à en fait j'ai peut-être pas le droit de faire partie de cette clique des indépendants, des entrepreneurs ou des leaders ou peu importe, des personnes à responsabilité parce qu'en fait, ma motivation principale n'est pas de faire le plus d'argent possible. Et je crois qu'en plus, il y a évidemment des conséquences de cette dimension capitaliste à l'échelle mondiale, mais à l'échelle individuelle, moi j'observe énormément d'hommes et de femmes qui vont s'obliger à courir après des hauts objectifs financiers qui ne les rendent pas heureux. parce qu'en fait, ce n'est pas du tout ce qu'il fait le plus qu'il fait, que pour aller les chercher, ils vont mettre en place des projets et des méthodologies qui ne leur correspondent pas, qui les épuisent et puis ils se retrouvent vite pour les personnes pour qui ça marche. Ce n'est pas le cas de tous, il y en a beaucoup qui s'épuisent et en plus, ils n'ont même pas... Cette satisfaction que ça leur apporte, qu'ils sont venus chercher, mais même dans ceux qui réussissent financièrement, ça se transforme vite en cage dorée. C'est-à-dire des personnes qui ont atteint leurs objectifs, se rendent compte que par contre, ça les épuise de les maintenir, mais n'arrivent pas à faire de retour en arrière, sauf arriver à l'épuisement. Et c'est pour ça qu'il y en a autant qui ont malheureusement et tristement besoin de se prendre un mur. pour que leur corps ne leur laisse pas le choix. Puis quelque part, ça donne une légitimité auprès des autres. Bon, ben là, je suis obligée de redescendre, je suis obligée de décroître, etc. Parce que j'ai fait un burn-out, je suis tombée malade, etc. C'est ça que le slow-pronariat change, c'est que ça amène, si tu veux, une communauté de personnes qui entreprennent différemment, qui l'assument et qui ne sont pas sur ces objectifs-là. Et l'argent est placé comme un moyen, mais comme un autre, comme les relations, comme la créativité. ça amène beaucoup d'apaisement et j'ai bon espoir que petit à petit, ça amène une solution à de plus en plus de gens et qu'on arrive à transformer aussi les exigences vis-à-vis des entrepreneurs. C'est ça le but aussi.

  • Insaff El Hassini

    Pour rebondir sur ce que tu dis, Laure, je trouve ça hyper intéressant aussi d'essayer de réfléchir à comment on en est arrivé là. Quand je dis ton livre et que je le mets en perspective avec d'autres livres, notamment en finir avec la productivité, Laetitia Vito, qui est hyper intéressant, on s'aperçoit que hum Ce délire de mettre l'humain au service d'un but économique a commencé à partir de la révolution industrielle. En fait, on a commencé à vouloir avoir des modèles économiques qui crachent de la productivité et pour pouvoir faire encore de l'argent, de l'argent, toujours plus d'argent. Une fois qu'on a dit ça, il y a aussi l'autre conditionnement avec lequel on grandit, qui est de nous faire croire que... en plus d'être au service de son business, en plus de devoir se sacrifier pour son business si on est un bon entrepreneur, parce que c'est ça, finalement, le seul modèle économique avec lequel on grandit, en tout cas, le seul modèle entrepreneurial avec lequel on grandit, on grandit avec ce mindset-là et ce conditionnement-là qu'il faut travailler dur pour gagner de l'argent. Donc, de toute façon, à un moment donné... Le business, le monde des affaires, ça devient un peu un monde de sportifs de haut niveau. Et on le voit, tu vois, je suis vraiment très curieuse de t'entendre là-dessus notamment. Où tout le monde essaie de pousser la productivité de son corps, de sa vie au maximum pour pouvoir générer plus de business et faire plus d'argent. Et donc à force de pousser ce modèle-là au maximum, de le pousser, de le pousser, de faire en sorte que tout le monde se mette en ordre de bataille pour cracher un maximum de thunes, on arrive au burn-out. Et les gens, une fois qu'ils ont eu un burn-out, la plupart d'entre eux, tu fais partie des rares qui se remettent en selle. La plupart sont absolument dégoûtés de l'entrepreneuriat, du salariat, du monde du travail et se reconvertissent dans des trucs qui sont diamétralement opposés, notamment des trucs plus spirituels, plus un peu new age, etc.

  • Laure Dodier

    Oui, complètement. Et moi, j'en ai pas mal dans ma clientèle et je le comprends aussi. Je crois qu'il y a une recherche d'équilibre en allant chercher... une vision de la vie et de l'argent qui est complètement à l'opposé en effet. Il y en a aussi quand même beaucoup qui se lancent dans l'entrepreneuriat suite à des burn-out parce qu'ils y voient presque la seule possibilité de faire avec leur réalité. Et ce qui se passe et qui est assez dramatique, c'est qu'il y en a beaucoup qui se lancent avec cette idée-là en se disant au moins je vais pouvoir faire ce que je veux et ils rentrent dans des parcours. de création d'entreprise ou juste ils vont sur les réseaux sociaux pour commencer à taper comment développer son business des choses comme ça et aujourd'hui les contenus dominants sont des contenus qui ne te disent absolument pas que tu vas pouvoir adapter les choses à ta réalité même si c'est ce qu'on prend dans le slow on est encore très minoritaire et il y a tout ce travail justement de visibilité à faire pour que plus tard des gens qui se lancent et qui ont une réalité de vie en fait qui n'est pas compatible avec bosser 80 heures qui sont pas forcément Merci. en excellente santé, qui ont peut-être des enfants, qui ont peut-être fait un burn-out, qui ont peut-être une maladie chronique, qui sont peut-être aidants. En fait, ce qui concerne quand même les réalités de vie d'énormément de gens, on parle de millions de personnes, mais ils arrivent dans un écosystème où on leur explique que s'ils ne sont pas, pour caricaturer, mais c'est assez proche de ça, un homme célibataire de 25 ans en excellente santé, sportif, qui mange bien et qui veut tout dégommer, en fait, ils ne sont pas vraiment adaptés pour l'entrepreneuriat. Et c'est ce qu'on leur fait sentir. Et donc, tu as ces personnes qui font ce choix parce que le salariat n'est plus forcément possible pour eux par rapport à leurs besoins. Donc, ils se disent, au moins, en me mettant à mon compte, quelle que soit la profession, je pourrais avoir plus de souplesse. Et là, on leur explique, mais non, mais tu n'as rien à faire là, parce que si tu n'es pas prêt à faire des sacrifices, à te dédier à ta boîte pendant les trois premières années, même en freelance, à sortir de ta zone de confort, à te faire un peu violence, en fait, tu n'y arriveras pas. Et donc, ça fait plein de gens qui, soit il y en a qui désespèrent et abandonnent et ont retrouvé quelque chose qui ne leur convient pas. Et il y en a aussi beaucoup qui se disent, bon, d'accord, je vais faire tout ça et qui se recrament par derrière. Et moi, ça a été ça. C'est-à-dire que j'ai fait un burn-out. Bien sûr que je me suis lancée pour retrouver cette liberté. Mais l'environnement dans lequel je suis arrivée, je me suis dit, en fait, je ne peux pas. Et donc, je me suis remis la pression. Et heureusement que j'ai un côté, je pense, très rebelle et radical parfois quand il y a quelque chose qui ne me convient pas. Au bout d'un moment, je me dis, je me barre. Donc là, je ne voulais pas me barrer de l'entrepreneuriat. Mais tu vois, c'est là où j'ai pris cette décision de le stress, ça va vraiment disparaître de ma vie professionnelle. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais là, je ne me laisse pas le choix. sauf qu'il y a plein de gens qui ne fonctionnent pas comme ça. Et je reviens sur ce que tu as dit à propos des sportifs de haut niveau, et j'en parle dans mon livre parce que j'en ai tellement marre, en fait, d'entendre ce truc de « oui, les sportifs de haut niveau, les champions, eux, ils font ça » . En fait, les sportifs de haut niveau ne sont pas dans une recherche de performance tous les jours. Ils ne répètent pas leur compétition comme ça va se passer le jour J pendant tous leurs entraînements, et ils laissent une place énorme à la récupération, et ils sont extrêmement entourés. Et ce n'est pas ça qu'on existe des entreprises. Aujourd'hui, on demande aux entrepreneurs d'être performants de 8h du matin à 20h du soir, à tout moment, d'être ultra réactifs, de s'adapter. En fait, c'est inhumain ce qu'on demande aujourd'hui aux entrepreneurs. Et c'est aussi pour ça que le burn-out est vu presque comme un rite de passage aujourd'hui. C'est que finalement, si tu as fini par te cramer, par faire un burn-out, par avoir un cancer, par avoir pris un mur en bagnole parce que tu étais trop fatigué, Tu as une tape dans le dos parce que ça veut dire que tu t'es bien investi pour ton business. Tu as fait ce qu'il fallait. Bon, maintenant, tu as le droit de te reposer ou c'est dommage. Et en même temps, oui, c'est ça être entrepreneur. Et cette non remise en cause de ce qu'on s'inflige et de ce que la société inflige et des discours chez des influenceurs business, dans des structures d'accompagnement, dans les bouquins. Tu vois, cette non remise en cause du stress pour les entrepreneurs, moi, elle me choque. Parce que c'est une catégorie de la population à qui on demande de trouver des solutions pour la société civile, voire publique, de résoudre des problèmes, d'être en responsabilité. Donc, tu vois, il y a quand même énormément de choses qui sont demandées. Et moi, je suis convaincue qu'on a besoin vraiment qu'il y ait de plus en plus de personnes qui aient cet esprit entrepreneurial. Et à côté de ça, on exige d'eux bien plus que la plupart des gens. Les seules personnes, le seul autre parallèle que je vois où je trouve ça tout aussi ahurissant, ça va être les professionnels de santé qui ont cette immense responsabilité, qui sont dans des conditions absolument abominables et à qui on demande de continuer à bien soigner les gens alors que les conditions sont abominables. Les professionnels de santé, on en parle parce que c'est très concret, on le vit. Il suffit d'aller aux urgences, on le voit, et puis parce qu'ils s'expriment. Mais les entrepreneurs sont aussi une partie de la population qui est très dépolitisée. Parce qu'il ne faut pas parler un petit peu de tout ce qui pourrait être politisé, c'est-à-dire faire valoir ses droits, etc. On en parle assez peu. Autant on parle des droits des femmes, tu vois ça, mais parce que les femmes entrepreneurs font partie de cette catégorie des femmes et on lutte pour nos droits. Mais tu entends très peu aujourd'hui de chefs d'entreprise, comment dire, les gens vont constater que ça va mal, ils vont oser le dire, mais ils ne vont pas demander à ce que ça change. Et ça, je trouve ça très problématique. Et c'est là où la vision du sloprenariat vient amener, encore une fois, un écosystème alternatif qui, j'espère, est complémentaire, surtout, puisque tu vois, parallèle, qui vient amener un espace dans lequel c'est tout à fait OK et qu'on soit de plus en plus de monde à oser dire, ce n'est pas normal, que parce qu'on entreprend, qu'on soit freelance, chef d'entreprise, dirigeant, peu importe, on doive... Que ce choix professionnel fait qu'on doit encaisser trois fois plus de stress que les autres et ne jamais chercher de solution pour être moins stressé. Et c'est normal, il faut juste être des supermans, des Wonder Woman, tu vois. Avec cet esprit, tu vois, tu l'entends chez beaucoup d'entrepreneurs, de « Ah ben oui, mais bon, on aime bien, on a signé pour ça, et puis de toute façon, on a bien voulu. » Et ça, je trouve ça assez ahurissant de voir où on en est arrivé de cette acceptation d'une dose de souffrance et de stress. qui n'est jamais remise en question dans l'écosystème.

  • Insaff El Hassini

    En fait, Laure, au-delà de la dose de souffrance et de stress, moi j'ai l'impression que l'entrepreneuriat en 2017 et en 2025 a profondément changé. En près de 10 ans, on a profondément changé la vision qu'on avait sur l'entrepreneuriat, l'entrepreneuriat et la vision que les personnes ont de l'entrepreneuriat et de ce qu'ils voulaient faire de l'entrepreneuriat. En 2017, c'était la Startup Nation. Soit t'étais cool, soit t'étais pas cool. T'avais les cool guys, ceux qui avaient une startup, ceux qui votaient Macron, ceux qui étaient là pour dire on va changer les choses. On est la Startup Nation, on est là pour changer le monde et on le change à coup de franglish, de backstrapping, de levée de fonds, etc. Et t'as eu toute une population de jeunes à l'époque, parce qu'entre 25 et 35 ans, t'es quand même encore relativement jeune. On est d'accord ?

  • Laure Dodier

    Tout à fait, tout à fait.

  • Insaff El Hassini

    Qui se sont dit, mais en fait, moi, j'ai envie d'entreprendre, moi, j'ai envie d'être cool, donc je me reconnais plus dans ce modèle-là. En tout cas, ce modèle-là m'attire plus, résonne plus avec moi. Et donc, c'est ça que je vais faire. Et à aucun moment, ils ont envisagé qu'il y avait une autre alternative. Et donc, tu avais les gars cool et tu avais les gars moins cool, ceux qui travaillent à leur compte.

  • Laure Dodier

    Oui, exactement.

  • Insaff El Hassini

    Les libéraux.

  • Laure Dodier

    Les libéraux ou les chèques d'entreprise traditionnels en fait. Tu es, tu es dans le monde traditionnel, ça le trouve plan-plan quoi.

  • Insaff El Hassini

    Voilà. Donc ceux qui travaillaient en libéral, ce n'était pas cool. Personne ne veut être mis dans cette catégorie-là. Or, la réalité, c'est que fast forward en 2025, le monde a vachement évolué. On s'est rendu compte que ce modèle-là de la start-up, déjà un, il n'était pas viable, deux, il n'y avait pas que ce modèle-là et trois, ce n'était pas le meilleur en fait. Il n'y a pas qu'une manière d'entreprendre. Avoir une idée, lever des fonds, grossir ta boîte, scaler, blablabla, aller à San Francisco, machin. Il n'y a pas que cette manière-là. Et que tu peux faire tout autant d'argent, alors peut-être pas des milliards, parce qu'il y a quand même des paliers à passer et chaque palier requiert ses challenges. Mais la réalité, c'est que tu pouvais déjà passer le palier des six chiffres sans te cramer la gueule, sans être une start-up. Et en étant coiffeuse, et en étant notaire, et en étant conseillère en gestion de patrimoine, et en étant les autres qui étaient considérés jusqu'ici comme des pas cool, tu vois, comme les gars de l'école qui étaient pas cool, les gens du collège qui sont pas cool, mais qui au final, ben mangeaient pas tout ce stress-là. Moi j'aimerais bien aussi avoir ton regard sur comment ça a changé. Est-ce qu'au final on n'a pas changé, est-ce qu'on n'a pas évolué de regard sur l'entrepreneuriat ? Parce qu'à un moment donné, les femmes ont massivement... investi l'entrepreneuriat parce que comme tu le sais on le sait toutes les deux on en a déjà parlé en off etc etc la réalité c'est que la plupart des entreprises ne sont pas designés pour les carrières féminines donc au bout d'un moment tu en as marre d'être prise pour une clown et donc tu vas ailleurs et tu décides de monter ta propre boîte ou tu fais un burn out ou tu es mal considéré à ton retour de congé maternité etc etc toutes ces choses là qui font qu'à un moment donné les talents féminins voilà décident de démissionner un peu du modèle du salariat pour entrer dans le modèle de l'entrepreneuriat. Et en venant dans l'entrepreneuriat, elles se sont dit, mais attends, moi je suis venue dans l'entrepreneuriat pour avoir plus de liberté. Il est hors de question que je ne vois pas mes gamins. Il est hors de question que je travaille de 8h jusqu'à 22h. Il est hors de question d'avoir trop de stress. Il est hors de question que X, que Y, que Z, tu vois. Et avec cette vision-là, peut-être un peu plus féminine des choses, un peu plus connectée à soi, un peu plus connectée à son monde, au corps, etc. J'ai le sentiment que ça a permis de faire évoluer l'entrepreneuriat. mais peut-être que je suis complètement... à côté de la plaque et que...

  • Laure Dodier

    Non, non, je pense qu'il y a un peu des deux. Alors moi, j'ai aussi une vision assez biaisée puisque je vois surtout les personnes qui ont choisi le slow-prenariat dans les personnes que je côtoie de près parce que ce sont des clientes ou parce que ce sont des personnes avec qui j'échange et en tout cas dont je connais les rouages des business. Les autres, il faut que j'aille les chercher, discuter avec elles, donc j'en ai un petit peu moins. Le constat par contre est clair, c'est que dans le slow-prenariat, tu l'as dit en intro, c'est... pas exclusivement des femmes, il y a aussi des hommes, mais en tout cas dans les personnes qui se font accompagner à ça, mais c'est un autre sujet, c'est quasiment exclusivement des femmes. Et c'est en effet un mode de travail qui va beaucoup leur parler, parce que comme tu l'as dit, les autres modèles sont peu adaptés à leur réalité. Et l'un des piliers du slowpreneuriat, c'est de construire le business autour de la réalité de la personne. Donc peu importe que ce soit une réalité de femme, de mère ou de personne qui est cramée. dans la manière dont on construit les business, ça fait partie de l'ADN. Déjà, je pense que ça parle beaucoup aux femmes parce que l'idée de reconnecter à soi, de ralentir, je crois qu'on a tellement de pression par ailleurs, on a des gens tellement fatigués par ailleurs, tellement de responsabilités et de charges mentales par ailleurs que ça fait du bien à entendre. Donc ça, c'est attractif. Et puis parce que ça leur correspond. Il y a des hommes aussi qui viennent, mais souvent parce qu'ils se sont cramés ou parce qu'il y en a aussi pas mal qui ont naturellement un tempérament assez décontractés, souvent des freelances et qui en fait ne sont pas très stimulés par le côté chef d'entreprise salarié et qui trouvent leur compte. Mais il y a quand même aussi beaucoup de femmes qui sont encore dans cette idée que pour avoir une place en tant que femme dans l'entrepreneuriat, il est nécessaire de bosser autant qu'un homme. Plus rarement des mères. Les femmes que je vois faire ça sont souvent des femmes qui n'ont pas d'enfants ou pas encore.

  • Insaff El Hassini

    Parce que je crois qu'après, il y a une réalité parentale qui fait que voilà. Il y en a aussi qui ont des enfants et qui souvent ne voient pas beaucoup leurs enfants. Ils font ce choix de faire garder beaucoup leurs enfants pour pouvoir mener ça. Ça, je le vois quand même beaucoup encore jusqu'à ce que, c'est-à-dire des femmes qui vont à un moment donné avoir un changement de vie, soit se prendre le mur, soit un enfant qui arrive et qui vont faire qu'elles vont réajuster. Et à ce moment-là, elles se rendent compte que c'est possible. Par contre, je trouve que ça dépend des types de business, sur des professions libérales. ou sur des freelancers ou après-satères de service, des petites entreprises. Il y en a beaucoup qui arrivent à poser ce cadre dès le départ. Sur des chefs d'entreprise, des femmes qui vont monter des business avec des salariés, je le vois moins parce qu'il y a aussi toute cette idée très, très, très ancrée que pour ce type de business, que ce soit startup ou entreprise traditionnelle en tout cas. Peut-être que les équipes, le cadre peut être cool pour elles, mais en France, on est quand même prêts à mettre sur les épaules du dirigeant et de la dirigeante toute la responsabilité de la réussite de la boîte. et donc on a des dirigeants qui dès le départ ne s'autorisent absolument pas à avoir un cadre qui respecte leurs besoins et il y a une acceptation de pendant 3 ans, 2-3 ans je vais pas trop dormir,

  • Laure Dodier

    je vais être très stressée etc tu vois chez les chefs d'entreprise hommes comme femmes le voient encore beaucoup moins chez les professions libérales en effet tu vois moi avant j'étais clairement dans ce modèle là c'était pas la golden race parce qu'on n'est pas après l'argent mais je courais après cette performance là je voulais vraiment montrer que Je tirais énormément d'orgueil du fait d'avoir repris le boulot quatre jours après avoir couché. Mes copines me surnommaient Rachida Dati, mais je l'ai payée derrière parce qu'en fait, ce n'est pas parce que tu crois que ton corps continue à opérer comme ce fut le cas avant que ça l'est en pratique. Mais en tout cas, je sais que moi, par exemple, j'avais beaucoup d'orgueil. J'avais un peu de vanité à me dire, ouais, je suis là, je peux faire comme un mec, je peux ne pas dormir, je peux ne pas faire ci, je peux travailler autant, je peux me dédier autant, etc. Et la réalité, je pense qu'il y a certainement beaucoup de femmes et d'hommes qui ont juste envie de prouver qu'ils sont à la hauteur de l'enjeu. Je pense qu'il y a un peu de ça. Et puis, je pense qu'il y en a aussi plein qui pensent qu'il n'y a qu'une manière d'y arriver. C'est cette manière-là. Et donc, c'est un petit peu « take it or leave it » . Soit tu joues le jeu et ils jouent le jeu à fond, soit tu ne joues pas le jeu à fond. Laure, j'aimerais qu'on parle d'un autre sujet, qui est celui de certaines personnes qui te disent Non mais attends, le slowprenariat c'est bien sympa, mais en fait moi j'ai envie de me faire 10 000 boules par mois. Donc c'est pas en travaillant deux jours par semaine que je vais me faire 10 000 boules par mois. J'aimerais vraiment qu'on aborde ce vrai sujet, parce que c'est clair que le slowprenariat c'est un modèle qui est centré sur l'humain, qui n'est pas centré sur l'impact économique. En revanche, moi je suis convaincue, et aussi parce que je pense qu'il y a de plus en plus de femmes qui ont décidé de trouver des modèles économiques qui match avec... leur besoin d'avoir plus de temps pour elles, tout simplement. Je suis convaincue que tu peux faire six chiffres en travaillant trois jours par semaine. Est-ce que c'est une réalité ou est-ce que c'est que des chimères et des publicités Facebook pour nous faire acheter des formations ?

  • Insaff El Hassini

    Non, c'est une réalité. Simplement, la condition pour ça, ça va dépendre du business model. Parce que si tu veux préserver ta santé et que tu as un business model qui te demande d'être tout le temps présentiel face à tes clients et multiplier les clients et de passer le temps avec eux, à un moment donné, tu... tu peux, mais alors, sauf si tu vends des prestations très haut de gamme ou dans une niche ou pourquoi pas, mais c'est aussi une question de business model ou sinon sur des business model où tu vas pouvoir décorréler un petit peu ton temps de tes revenus. Donc, c'est possible. Et la deuxième condition, c'est de laisser le temps que ça arrive. Alors, pour deux raisons. La première raison, c'est l'hypercroissance. Même si elle a été acquise sans se cramer, la pression que ça met l'entourage qui arrive et qui t'explique maintenant, il faut que tu délègues, maintenant, il faut que tu faciles. Donc, tu vois cette espèce d'entourage, parce qu'en général, quand on fait de l'hypercroissance, on en parle, etc., et qui te dit maintenant, la prochaine étape, c'est ça. Là, on se retrouve vraiment dans l'effet cage doré dont je parlais tout à l'heure, c'est-à-dire des personnes qui, l'hypercroissance, n'a pas forcément été trop énergivore, parce que des fois, c'est juste bonne compétence, bien amenée au bon moment, enfin, tu as tout plein de contextes qui font que ça est arrivé, mais le maintien de ces niveaux-là lui fait plonger. Et puis parce qu'un changement, même positif, même perçu positivement, pour le cerveau, pour le corps, c'est éprouvant. Et que des personnes qui sont passées en un an de « je gagne 1500 euros par mois » à « je me dégage un chiffre d'affaires de 500 000 euros » , en fait, c'est brutal. C'est très brutal en termes de posture, en termes de gestion d'argent, de tout ce que ça amène comme sujet. Donc, l'hypercroissance est brutale et c'est extrêmement difficile. En tout cas, moi, je n'ai encore rencontré personne dans les personnes autour de moi. Et je suis dans un milieu de l'infoprenariat, donc j'en connais quelques-uns, puisque c'est typiquement un genre de business model où on peut scaler rapidement, qui se soit maintenu durablement en bonne santé en ayant fait de l'hypercroissance. Et c'est le même phénomène d'ailleurs chez les start-uppers. Parce que par devant, dont tu parlais tout à l'heure, c'est « youpi, on a levé des millions » , et puis derrière... la pression que ça amène, c'est autre chose. Donc, il y a aussi l'idée de se dire « Ok, je veux atteindre ces hautes ambitions financières. » Il y a tout cet enjeu avec mes compétences, mes talents, ce que je sais faire, ce que j'aime faire. Qui sont les gens qui vont être prêts à payer ça ? Quel est le business model qui va me l'amener ? Et accepter aussi que le but n'est pas de faire ces six chiffres, forcément, en un ou deux ans, mais de les amener à un rythme de construction qui va être soutenable et qui fait que quand on va atteindre ce niveau-là, se dire Merci. En fait, la croissance, j'ai réussi à l'encaisser, je me suis adaptée, j'ai mis les choses. Enfin, tu vois, je n'y suis pas allée comme une grosse bourrine. Et je peux maintenir ça sans que ça me demande de réinventer la roue, etc. à chaque fois et que ça soit épuisant. Et dans ces conditions-là, bien sûr qu'il y en a. Il y a aussi beaucoup de gens que ça n'intéresse pas. Il y a aussi beaucoup de gens dont l'ambition financière se résume à « je veux gagner 2000, 2500 euros par mois, de quoi payer mes charges. » Et en fait, ça me va très bien. Et ça, c'est aussi plein de gens qu'on vit qu'on leur foute la paix avec leurs ambitions financières parce que ce n'est pas ça qui les anime et que pour autant, ce sont des personnes qui peuvent avoir dans leur écosystème et auprès de leurs clients un impact qui est hyper fort et qui ne sont pas intéressées pour chercher à croître en fait, mais qui s'y obligent souvent. Donc pour moi, il y a les deux. Bien sûr que c'est possible. C'est à regarder au cas par cas quel est le chemin qui va pouvoir y amener sans t'épuiser. Et en même temps, la première question à se poser, c'est Pour quelles raisons est-ce que je veux atteindre cet objectif-là ? Est-ce que c'est pour prouver quelque chose ? Et on a le droit d'avoir besoin de prouver quelque chose. Mais il faut juste voir, tu vois, mettre en parallèle de qu'est-ce que je suis prêt à mettre en face. Tu vois, moi, je dis ça parce que je rencontre beaucoup de personnes qui arrivent des fois avec cet objectif-là. Voilà, je me suis déjà cramée, j'ai ces hautes ambitions financières, je veux que tu m'aides à les atteindre sans me cramer. Et quand moi, je les fais travailler sur leurs objectifs de vie, elles ont envie de vivre, quoi. Donc, en gros, comprendre à quoi cet argent va leur servir. Mais dans 90% des cas, la conclusion, c'est « Eh, mais en fait, je n'ai pas besoin de gagner autant. » Qui se rendent compte qu'elles n'ont pas besoin de gagner autant. Et quand elles corrèlent ça à ce qu'elles ont envie de vivre au quotidien, quoi elles utiliseraient cet argent, quel impact elles ont envie d'avoir. En fait, elles se rendent compte qu'elles ont beaucoup plus cherché ces objectifs pour prouver quelque chose alors que ce n'est pas vraiment important pour elles, pour faire partie d'une certaine catégorie de la population. Parfois, c'est une question de loyauté parentale. Et ça, je le vois beaucoup aussi. J'ai envie de prouver à mes parents que... je suis capable de, alors soit des personnes qui viennent de milieux assez aisés et qui ont envie de montrer qu'elles sont autant capables et à l'inverse des personnes qui viennent de milieux modestes et qui ont envie d'être la première dans la famille souvent des personnes qui ne viennent pas du tout de famille d'entrepreneurs et qui ont envie de prouver que c'était pas un choix instable en fait mais il y a de tout et moi souvent c'est ça que je pose comme question, quand il y a des personnes qui ont des grosses ambitions c'est il n'y a pas de soucis maintenant ... Quel est le temps que tu t'accordes pour le faire ? Est-ce qu'on va trouver le business model qui rend ça possible ? Et parfois, ça met un peu de temps aussi de trouver le bon business model. Et puis parce que si on veut que ça soit durable, c'est-à-dire que ce niveau de chiffre d'affaires et de revenus dur, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Sinon, c'est que tu vas saisir des opportunités. Il y a un truc qui va marcher à un moment donné, ça arrive, mais c'est souvent sur des choses assez éphémères.

  • Laure Dodier

    Mais j'adore cette conversation, Laure, parce qu'on parle sincèrement et authentiquement des vraies choses. L'approche que tu partages avec le slowprenariat, Ce qui m'a... marqué et ce qui m'a attiré aussi c'est que on reprend les choses dès le départ on se pose la question en se disant ok l'argent c'est le produit dérivé de ce que tu vois et quoi ton besoin de sécurité il ya des gens ils ont besoin d'avoir dix mille balles sur leur compte pour se sentir en sécurité il ya des gens ils s'en foutent ils sont à découvert tous les mois ça ne leur en touche une sans faire bouger l'autre et ça les empêche pas de dire ils sont pas complètement en insécurité financière etc et donc déjà tu travailles sur ce niveau là de c'est quoi l'argent pour toi ça reprend Mais c'est ça que j'aime, tu vois. C'est qu'on remet les choses à leur juste place. Rappelons-nous, l'argent, c'est quoi ? C'est pas juste, on veut pas juste faire les picsous et en avoir plein pour montrer qui c'est qui a plus gros compte en banque que l'autre. Ça, c'est un truc quand même très masculiniste. On est d'accord, hein ? C'est un truc vraiment patriarcal. J'ai envie de te prouver que j'ai le plus gros portefeuille, j'ai le plus gros compte en banque, etc. Ce truc de se mettre systématiquement en compétition pour trouver que je suis mieux que toi, cette espèce d'hégémonie humaine, C'est quand même assez incroyable

  • Insaff El Hassini

    Mais en fait, c'est ça, c'est que dans l'entrepreneuriat, tu as quand même, et je trouve que c'est tellement flagrant, tu vas dans une librairie, rayon, entreprise, c'est un concours de faire partie du top 1%, comment faire x10. Et en fait, au milieu, tu as le mien, tu vois, qui est là, genre, alors, c'est-à-dire que même, regarde, même... Un des livres sur la réduction du temps de travail des entrepreneurs le plus vendu la semaine de 4 heures de Tim Ferriss, on est encore dans un extrême. Ce n'est pas réduire ton temps de travail, c'est ne bosser que 4 heures par semaine. Il y a toujours cette idée d'être dans l'extrême et d'avoir de la valeur parce que tu as réussi à être meilleur que les autres. Et en fait, qu'est-ce que ça peut faire finalement ? Est-ce que c'est si grave de ne pas faire partie du top 1% ? Est-ce que l'énergie, les sacrifices, les efforts qu'on va fournir pour ça, probablement pour se rendre compte une fois qu'on y est arrivé que bon, je m'emmerde un peu et maintenant il va falloir que j'aille encore plus loin. En fait, moi, ce genre de discours m'ennuie profondément parce que c'est du paraître, c'est de l'ego, c'est du concours de celui qui a la plus grosse. Et c'est en effet un enfant du patriarcat qui ne veut pas se dire. Mais c'est vraiment ça et ça entretient cette dimension-là. Et c'est là aussi où je te dis que je vois quand même encore beaucoup de femmes dans l'entrepreneuriat qui jouent aussi ce jeu-là. Parce que je crois que c'est une manière pour elles et en plus, je le comprends. mais vraiment de dire, nous aussi, on est capables. Sauf que moi, j'en suis au stade à me dire, non, mais en fait, on n'a plus rien à prouver. C'est bon, suffisamment de femmes qui ont prouvé qu'on était capables. Maintenant, est-ce qu'on peut passer à autre chose ? Parce que cette manière de voir l'entrepreneuriat et le business, aujourd'hui, ce qu'on peut constater aussi, c'est que c'est un système qui est complètement défaillant, humainement, écologiquement, socialement, par exemple. Ça ne marche pas. Ça marche pour, effectivement... 0,1% de la population qui en tire profit. Mais pour l'immense majorité des gens, c'est un système défaillant. Donc peut-être que les femmes pourraient amener ce côté. Puisque ce système est défaillant et ne marche pas, on a aussi le droit de se dire, on va entreprendre, c'est-à-dire ce qu'est entreprendre. Identifier des problèmes, créer des solutions, les développer, avoir un impact, changer le monde. Mais l'argent n'est peut-être pas ni le but principal de ça. ni le seul moyen. Je pense que la coopération, les idées, on dit souvent que l'argent donne le pouvoir. Oui, bien sûr, c'est une manière d'avoir du pouvoir. Et je sais que ça, ça fait partie aussi de ce que tu défends. Oui, c'est un des moyens, mais je suis convaincue aussi que des idées fortes et bien amenées et bien défendues et de la parole prise et de l'espace de parole pris, notamment par les femmes, c'est aussi un excellent moyen d'avoir du pouvoir. Donc, tu vois, c'est vraiment cette question d'ouvrir les horizons et de ne pas mettre systématiquement l'argent, la performance, la course comme la seule voie possible d'accomplir des choses. Et je crois que c'est ça que les femmes peuvent amener de différent.

  • Laure Dodier

    Moi, tu vois, je ne suis pas dans la dualité, je ne suis pas dans l'opposition à dire soit tu es puissant financièrement, soit tu es quelqu'un qui est conscient de ton environnement et tu es quelqu'un de bien. Enfin, vraiment pour... En fait, moi, je suis convaincue que l'argent, c'est le produit dérivé de ce que tu apportes au monde. C'est le produit dérivé de l'impact que tu as et de ce que tu apportes au monde. Et je suis convaincue que le problème de la majorité des personnes, c'est que déjà, elles sont nées et elles sont élevées dans une société patriarcale, qui leur fait croire qu'il n'y a qu'un seul modèle. Et donc, c'est un peu, il n'y a qu'une seule voie, tu la prends ou tu ne la prends pas, mais voilà, tu ne vas pas t'ergiverser. L'autre sujet, à mon sens, c'est qu'on fait croire aux gens que l'argent va leur régler tous leurs problèmes. Et ça, pour moi, c'est hyper problématique. Parce que être puissant financièrement, c'est d'abord être puissant humainement. Tu ne peux pas être puissant financièrement si tu n'es pas puissant humainement. Parce que pour devenir, pour atteindre un certain niveau de richesse sans crever, sans être dans une cage dorée, parce que tu as un business qui fait un CA de 7 chiffres, mais en fait, toi, tu te payes 2000 euros par mois, parce qu'en fait, tu as tellement de charges, tu as tellement d'employés, qu'en fait, ton niveau de vie n'a pas vraiment augmenté, tu n'as pas gagné en qualité de vie, tu as juste gagné en chiffre d'affaires. Donc, tu peux juste aller jouer au kéké devant les copains. et leur dire, ou les copines, je fais à 7 chiffres. Je pense que le problème, c'est qu'on n'a pas expliqué aux gens de manière correcte, limpide, quel était le but de l'argent. On ne leur a jamais expliqué. Et donc, à partir du moment où on ne leur a pas expliqué, ils mettent derrière ce truc-là ce qu'ils veulent et ça devient un amplificateur de blessures, c'est un amplificateur de problématiques, c'est un amplificateur de plein de choses, bonnes ou mauvaises. Et je suis convaincue aussi qu'il y a plein d'entrepreneurs et d'entrepreneureux qui ont des business à 7 chiffres. qui sont sur les réseaux et qui te disent j'ai mon business à ce chiffre, j'ai fait le million cette année. Mais moi, je pose toujours la question, tu te rémunères combien en fait ?

  • Insaff El Hassini

    Oui, aussi.

  • Laure Dodier

    Parce que la réalité, c'est combien tu te rémunères ? Parce que tu vois, ça aussi, ça participe aussi à créer, je trouve, une fracture sociale. C'est-à-dire que, un peu moins nous, parce qu'on est plus mature et on a plus d'expérience de vie, parce qu'on est plus âgé et qu'on a plus expérimenté aussi. Mais quand tu vois les jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi, et notamment sur le marché de l'entrepreneuriat, et qui croient dur comme fer qu'en fait tu peux devenir millionnaire en ne faisant absolument rien, juste en ayant la bonne idée, parce que tu es plus malin que tout le monde et que tu as niqué tout le monde. Enfin, non, ce n'est pas possible. Tu ne deviens pas millionnaire en niquant tout le monde.

  • Insaff El Hassini

    Oui, exactement. Il y en a qui ont des coups de bol. C'est-à-dire que, c'est ce que tu disais tout à l'heure, bonne idée, bonne compétence, bonne opportunité, bonne rencontre, bon moment. Ça arrive, mais c'est éphémère. Parce que si le contexte… Tu sais, c'est vraiment la vieille histoire des fondations de la maison. C'est-à-dire que si tu n'as pas pris le temps de poser des bonnes fondations, de réfléchir ton truc, de te faire un réseau solide… de te faire une crédibilité, un positionnement solide, etc. En fait, une fois que l'opportunité est passée, que le contexte a changé, ton succès est très éphémère. Et il y en a à qui ça convient, mais il y en a eu plein ces dernières années, avec l'infoprenariat, avec là, c'est ce qui est en train de se passer sur l'IA, etc. Très bien, mais sauf que si tu n'as pas ni la maturité, ni la conscience que c'est éphémère, parce que oui, il y a ceux qui font beaucoup de chiffres d'affaires, mais qui ne se payent pas beaucoup, et tu as aussi ceux qui se payent beaucoup et qui changent leur mode de vie. et qui s'habituent à un mode de vie et qui se rendent compte que bon, alors par contre, là, pour le maintenir, je me rends compte que ça me colle vachement la pression et qu'ils se retrouvent bloqués parce que gagner moins, faire moins de chiffre d'affaires, c'est gagner moins et là, ça remet toute leur vie en cause. Il y a une énorme différence entre une décroissance choisie, je te dis ça parce que moi, c'est complètement le délire dans lequel je suis en ce moment, de me dire je veux réduire mes besoins financiers le plus possible parce que pour moi, la liberté, elle est là. Mais c'est choisi, c'est progressif, c'est conscient. Ça n'a rien à voir avec une décroissance subie. Parce que souvent, tu as aussi beaucoup d'entrepreneurs qui savent, qui le voient qu'ils vont dans le mur. Et moi, j'en rencontre beaucoup. Parce que du coup, avec ce que je fais, les gens osent m'en parler sans avoir peur du jugement, si tu veux. Donc, je récolte souvent un peu les dessous. Genre, qu'est-ce que c'est épuisant ? Et quand je leur parle de ralentir, ils se disent, mais je ne peux pas. parce que j'ai acheté une baraque, j'ai un prêt qui est comme ça. et puis mes enfants, je les ai mis dans telle école et puis ça et puis ici. Donc, même au-delà de l'image, l'aversion à la perte, c'est hyper puissant chez l'être humain. C'est difficile de se dire, si là, je change les choses, que ce soit ralentir ou juste changer le business model, en fait, ce que j'ai construit va changer. Et ça fait tellement peur qu'il y en a, et ce qui va arriver de toute façon, une fois qu'ils auront pris le mur, mais quelque part, c'est plus rassurant de se dire, je vais me prendre le mur, je verrai bien. Et au moins, ça me donnera... Et c'est ça que moi, en fait, je trouve dramatique là-dedans. Cette obsession de l'argent et ce critère de réussite presque unique, ça amène les gens à faire des choix qui sont hyper néfastes pour eux. Et donc, même chez ceux et celles pour qui ça fonctionne et qui font en effet beaucoup d'argent, surtout en France. Je pense qu'en plus, en France, on a une vision de l'échec qui est tellement... On n'a pas le droit d'échouer. C'est mal vu. Et donc... ça rajoute une couche, tu vois. C'est-à-dire que tu redescends, c'est que quand même, t'as merdé, t'as pas été assez performant, t'as pas été assez fort, t'as pas tenu, t'avais pas les épaules, etc. Donc, il y a tout un contexte. Et pour moi, d'ailleurs, c'est beaucoup plus un enjeu systémique qu'un enjeu individuel. Je crois que les individus, ils font vraiment ce qu'ils peuvent, même les kékés de LinkedIn, en fait. Franchement, je crois que profondément, on fait tous ce qu'on peut à l'endroit où on est avec ce qu'on entend autour de nous. Et c'est pour ça que c'est fondamental pour moi de changer ce qu'on entend. de changer les modèles, d'oser prendre la parole sur ces sujets, d'oser questionner le statu quo et remettre la santé en priorité. Pourquoi ? Parce que quand tu prends le prisme de la santé, ce qui touche encore une fois à la santé physique, au bien-être, santé sociale, à l'environnement, ça prend un peu tous les pans de la vie. Quand tu mets ça en priorité, quand tu remets l'argent au rang d'un moyen comme un autre, tu résous énormément de problématiques. Mais ça, il y a encore du chemin pour... pour que le discours soit beaucoup plus diffusé dans tous les endroits, si tu veux.

  • Laure Dodier

    Oui, mais quand même, tu vois, moi, je vois qu'il y a quand même des voix comme la tienne qui est de plus en plus audible.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, ça commence à...

  • Laure Dodier

    C'est de plus en plus en chemin et on est de plus en plus aligné avec ça. Tu vois, je pense aussi notamment à Émilie Friedli qui a Maison Mère et son objectif, elle, c'est qu'un business soit clairement au service des mères et à ton service, c'est mettre un business à ton service. Et donc, c'est différent évidemment du sloprenariat, ça n'a rien à voir avec ce que tu dis.

  • Insaff El Hassini

    Oui, mais c'est...

  • Laure Dodier

    Ça recoupe pas mal quand même.

  • Insaff El Hassini

    On retrouve aussi cette idée, quand tu adaptes le business à la réalité de la personne, c'est ça, c'est que ce n'est pas l'inverse. Et souvent aujourd'hui, dans le monde du travail, on adapte sa vie quotidienne à son boulot. C'est-à-dire que c'est même une façon d'être dans tout le monde du travail. Et oui, on en parle plus. Le cap qui nous reste à passer pour conclure là-dessus, c'est qu'aujourd'hui, on constate les dégâts, on entend parler d'alternatives comme le slow-pronariat, mais tu vois, moi, la question qu'on me pose le plus en conférence, par exemple, c'est Est-ce que vous avez des exemples de chefs d'entreprise qui sont dans le slow, qui ont démarré comme ça et qui ont une boîte qui tourne ? Et ça aujourd'hui, la réalité, c'est que moi je n'en ai pas encore identifié. J'en ai identifié qui ont ralenti après et leur boîte continue de tourner. J'ai plein d'exemples chez des indépendants, des professions libérales. J'ai aussi des données hyper intéressantes sur les effets de la qualité de vie au travail, sur les salariés, la semaine de quatre jours, etc. Donc en fait, j'ai ces données-là. Mais aujourd'hui, c'est vrai que sur les dirigeants, les chefs d'entreprise, les personnes qui ont démarré comme ça et qui ont réussi à monter leur business sans être dans le sacrifice, moi, je ne les ai pas encore identifiés. Et donc, souvent, là, on vient me dire, ah bah oui, mais du coup, ça ne marche pas. Et en fait, pour moi, ce n'est pas ça qu'on doit se dire. C'est, encore une fois, le modèle actuel est défaillant. Ça, c'est une certitude. C'est-à-dire que c'est la seule chose dont on est sûr, c'est que ce modèle hyper capitaliste, hyper dans la performance, dans la recherche de croissance rapide, il va de... de plus en plus fort. C'est-à-dire que le modèle de start-up, c'est ce que tu as aujourd'hui chez les indépendants. On demande aux indépendants de faire des millions sans lever de fonds en deux ans. C'est quand même... À un moment donné, il va falloir s'arrêter. Ce modèle est défaillant. Donc après, on a deux choix. Soit on continue à se dire « Bon, mais ce modèle est défaillant, mais youpi, tralala, on aime souffrir, on continue à y aller. » Ou alors, on essaye une alternative et justement, on se lance et c'est je crois une sacrée audace aussi pour ces entrepreneurs qui adorent être adosieux. C'est une audace de se dire, ça marche pour les indépendants, ça marche pour les salariés, ça marche pour ceux qui changent leur business après s'être pris le mur. En fait, je vais me lancer et on va faire partie de ces pionniers qui vont pourvoyer que c'est possible aussi pour les chefs d'entreprise. Et il n'y a aucune raison que ça ne marche pas. En tout cas, il y a plus de chances que ça soit un modèle viable que l'actuel, qui encore une fois, ne marche pas. Donc, c'est ça qui nous reste comme cap à passer. C'est passer le cap de trouver les orlais adopteurs chez les dirigeants qui vont servir de modèle et qui vont dire... je ne sais pas encore si ça va marcher mais ce que je sais c'est que la direction dans laquelle je vais elle ne marchera pas donc j'ose changer de direction et faire partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui vont montrer comment est-ce qu'on peut développer une entreprise sans se cramer en tant que dirigeant dès le départ ou avant de cette prime mûre c'est intéressant ce que tu dis parce qu'on voit vraiment qu'il y a une séparation très nette entre

  • Laure Dodier

    dirigeants chefs d'entreprise et indépendants à leur compte. Je prends l'exemple de Caroline Jurado. Récemment, elle a donné une interview dans le podcast de Nina Raman, Nina Raman, le divin des patronnes. Je recommande à tout le monde d'écouter cet épisode-là parce qu'il est hyper éclairant. Et je les salue toutes les deux au passage. Et en fait, c'est très intéressant parce que Caroline raconte que la première boîte qu'elle a lancée, c'était une boîte où elle a suivi le modèle startup. Et en fait, à la fin, elle n'en pouvait plus, elle était dégoûtée. Ça a vraiment été une expérience qu'elle ne voulait pas. plus jamais reproduire. Et finalement, elle s'est mise à son compte. Et au moment où elle a eu un enfant, elle s'est rendue compte qu'il fallait que son business travaille pour elle parce qu'en fait, étant enceinte, elle avait des nausées et des maux de deux femmes enceintes qui faisaient qu'elle ne pouvait pas être à son max comme elle l'était avant. Et du coup, elle a trouvé un modèle, elle a pivoté, elle a trouvé un modèle dans lequel elle était capable de générer un chiffre d'affaires de 750 000 euros par an tout en travaillant trois jours par semaine. Et je pense que ça, c'est des modèles, alors encore une fois, Caroline, c'est une entrepreneuse depuis hyper longtemps. Elle n'a pas cessé de pivoter, etc. Ce n'est pas quelque chose qu'elle a fait du jour au lendemain. C'est très important de le dire parce que je vois énormément de publicités en disant « Moi et mon mec, on travaille sur une moto depuis les Philippines et on travaille 30 minutes par semaine et on fait 8 000 lions par an. » Ça, je doute, mais bon, après, pourquoi pas ? Mais tout ça pour dire, bottom line, tout ça pour dire que je pense qu'il y a des modèles. encore une fois, de personnes qui viennent peut-être du monde des freelances, des indépendants et qui n'est pas encore arrivé au monde de l'entreprise, qui arrivent à avoir des business qui tournent, qui ont bien ficelé leur modèle économique, etc. Mais encore une fois, la question c'est, est-ce qu'ils vont s'inscrire dans la pérennité ?

  • Insaff El Hassini

    En fait, c'est ça. Par exemple, typiquement, le marché de la formation en ligne est un marché qui est en grand essor depuis le Covid notamment. Ça a commencé avant, mais le Covid a donné un coup d'accélérateur. C'est un marché qui est très immature encore et donc qui change très vite. Et moi, c'est sur ce marché-là que je suis depuis 2021. Et il y a des changements de comportement d'achat, de stratégie. Ça change tout le temps. Donc, c'est ce qui explique aussi qu'il y a des personnes qui ont réussi parce qu'elles avaient, encore une fois, bonnes compétences, bon moment, bon sujet, plus le background derrière qui te donne peut-être l'assise, l'expérience, donc tout ça, qui ont fait qu'il y a des gens cons. réussi sans se cramer à faire des gros chiffres d'affaires. Mais pour le maintenir dans un marché qui est si fluctuant, c'est la question, c'est est-ce que ces compétences-là, ces capacités-là, ma réalité, je vais trouver les manières de maintenir ce niveau-là dans un nouveau contexte. Et ça, c'est la réalité de l'entrepreneuriat et c'est peut-être là aussi où les entreprises plus traditionnelles, plus organiques, parce qu'en fait, l'entrepreneuriat, des fois, on me dit en fait, c'est de l'entrepreneuriat normal. Ouais. Il y a des choses où c'est juste comme ça qu'on faisait des business à l'ancienne, mais en fait, c'était pérenne. Et d'ailleurs, avant, le but d'une entreprise, ce n'était pas de faire de la croissance rapide, c'était de durer dans le temps. Et le but, c'est de revenir un peu à ça et de durer en tant que personne aussi. Moi en ce moment, je suis très intéressée par le concept de robustesse. qui est la manière dont le vivant subsiste malgré les fluctuations. Et sur la planète Terre, des fluctuations, il y en a eu deux, trois quand même. Je trouve ça hyper intéressant parce que c'est l'anti-performance. On part du principe qu'il va y avoir des choses qui ne vont plus marcher, qui vont bouger. Il y a des imprévus, tout ça. Et on construit avec cette conscience-là. Et on construit sur le risque plutôt que de construire contre le risque en essayant de l'éviter. Je trouve ça passionnant. Et pour moi, j'ai l'impression de découvrir un monde du slow-pronariat plus, plus, plus, et qui est beaucoup plus en phase avec la réalité du terrain. C'est-à-dire que oui, des fois, il peut y avoir des pics où on a de la chance, il y a un truc qui marche bien. Par contre, on sait que ça ne va pas durer. Donc, qu'est-ce qu'on met en place pour que notre business reste viable sur la durée, alors qu'il y a des choses qui, demain, là aujourd'hui, ça marche très bien, demain, ça ne va pas marcher. Et moi, de plus en plus, j'essaye de tenir compte de ça parce que, même si je suis très vigilante à ma santé mentale, je trouve que dans l'industrie dans laquelle je suis, du business en ligne, ça bouge tellement fort qu'il y a quand même des moments encore où c'est trop de stress pour moi. C'est-à-dire qu'il y a des trucs où je me dis, bon, là, les fluctuations, je les encaisse encore trop fort. Donc, il faut que je trouve un moyen de lisser tout ça et de surfer sur les vagues plutôt que de les prendre en pleine poire.

  • Laure Dodier

    Laure, avant de se quitter, j'aimerais vraiment qu'on parle d'un sujet parce que j'aimerais t'entendre là-dessus. J'aimerais vraiment qu'on parle de deux sujets. On va essayer de les aborder rapidement. Le premier, c'est question oui, non, à ton avis, est-ce que le slowprenariat peut être répliqué en entreprise pour le salariat ? Oui. Est-ce que toi, tu vois que c'est possible ? Tu y vois une possibilité ? Ou est-ce que pour toi, c'est un truc qui sera cantonné à l'entrepreneuriat ?

  • Insaff El Hassini

    Non, non, j'en suis convaincue. En fait, le slow working, c'est-à-dire le fait d'appliquer les principes du mouvement slow au travail, bien sûr que c'est possible. Il y en a déjà qui le font. Et d'ailleurs, il y a des entrepreneurs qui le font déjà pour leurs équipes, mais qui ne se l'appliquent pas à eux. C'est pour ça que moi, je parle de slowpreneuriat, parce que je m'adresse beaucoup aux dirigeants. Mais ça arrive que j'intervienne en entreprise pour leurs équipes. C'est-à-dire que quand je suis face à des dirigeants ou des managers d'ailleurs qui… adhèrent à l'idée qu'ils ont compris qu'en fait, plus ils vont mettre les conditions pour leurs équipes, pour que les gens se sentent bien, pour qu'ils ne soient pas surchargés, pour qu'ils aient du confort de travail, plus ça va donner des bons résultats sur la durée. Et aujourd'hui, il y a aussi dans beaucoup d'entreprises des grosses problématiques de recrutement et d'engagement. Le slow vient répondre en partie à ces problématiques-là. Et souvent, j'ai des managers où moi, j'aimerais bien aussi qu'ils l'appliquent à eux. Ils n'osent pas trop. Manager, dirigeant, ça dépend des contextes, mais en gros. ceux qui sont mes clients. Moi, j'interviens pour l'équipe et puis je vais les impliquer dans l'atelier. Subtilement, je vais leur dire, fais l'atelier avec nous et puis ça leur permet de prendre conscience de certaines choses pour eux. Mais oui, bien sûr que ça fonctionne et c'est d'ailleurs là où on a le plus aujourd'hui de retours avec toutes les expérimentations qui sont faites sur la semaine de 4 jours, sur la réduction du temps de travail. Je parle bien de la semaine de 32 heures et non pas celle de 35 heures sur 4 jours. Ça, ça ne marche pas. Surtout pour les parents, par exemple. Les initiatives qui sont sincèrement faites pour la qualité de vie à travail, quand je dis sincèrement, ce n'est pas par obligation parce qu'il y a des normes à respecter, mais parce qu'il y a un vrai engagement de l'équipe dirigeante là-dessus. Des gens qui ont vraiment compris qu'en fait, leur priorité, c'est l'humain et qu'ils ne veulent pas considérer les humains comme des ressources pour du profit. Donc oui, bien sûr, ça, ça marche.

  • Laure Dodier

    Et ma deuxième question et du coup, dernière question. Alors, rapidement, le titre de ton livre, c'est « Exploiter sa zone de confort » . Et moi, j'aimerais juste y revenir pour le kiff, parce qu'en fait, on a grandi en nous disant Le confort dans l'inconfort. Il faut que tu sortes de ta zone de confort. L'expansion se trouve au-delà de ta zone de confort, etc.

  • Insaff El Hassini

    La vie démarre en dehors de ta zone de confort.

  • Laure Dodier

    Exactement, la vie démarre au-delà de ta zone de confort. Et en fait, toi, tu prends le contre-pied de tout ça et je trouve ça hyper libérateur. Et je voulais juste te remercier. Parce qu'en fait, tu dis juste qu'on peut rester dans sa zone de confort, on peut l'exploiter, on peut l'améliorer, on peut l'optimiser et c'est génial. Et du coup, je trouve ça un peu libérateur parce que On a des injonctions systématiques qui sont parfois hyper épuisantes parce qu'encore une fois, c'est l'humain qui est... C'est la performance, c'est la productivité. Et du coup, c'est ton humanité qui doit correspondre à ces normes-là. Et ce n'est pas fait pour correspondre à ces normes-là. Et du coup, avoir quelque chose qui libère comme ça en disant « Tu peux rester dans ta zone de confort, c'est cool, c'est OK. »

  • Insaff El Hassini

    Il y a déjà plein de choses à faire dedans.

  • Laure Dodier

    Il y a plein de choses à faire et tu peux l'exploiter. Mais bon, je vais arrêter de parler, je vais te laisser expliquer.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, moi, c'était... En fait, j'ai choisi cet angle-là pour parler de slow-pronariat parce que c'est encore trop mal compris. Donc, quand j'ai eu l'opportunité de faire ce livre, ça a été une discussion avec l'éditeur de trouver l'angle et moi, exploiter sa zone de confort, c'était déjà une manière que j'avais de décrire le slow-pronariat et j'avais déjà creusé d'où venait l'expression. Voilà, donc j'avais toute la matière et finalement, le squelette de ce que j'amène, moi, en clientèle et en formation, c'est toujours une histoire de rechercher plus de confort. Et c'est une injonction qui est là aussi un enfant du productivisme et qui a beaucoup de succès dans le monde de l'entreprise parce que ça vient de légitimer une pression qu'on se met en disant sans ça, on ne peut pas avoir de résultat, ce qui est fondamentalement faux. Ça pousse l'idée qu'il y a un bon stress, ce qui est biologiquement faux. Toutes ces idées reçues qui vont justifier qu'on se fasse du mal pour avoir des résultats. l'expression sortir de sa zone de confort qui est omniprésente, moi je le vois encore toutes les semaines et puis en plus maintenant on me tag sur des publications où ça vient, je le vois encore plus et c'est en plus une expression qu'on utilise à tort pour parler de simplement essayer quelque chose de nouveau donc le fait qu'elle soit très galvaudée et qu'elle soit utilisée pour pas parler de ça vraiment, c'est-à-dire la définition d'origine ça fait que on l'entend tout le temps et moi ce qu'on me dit beaucoup c'est j'ai beaucoup de gens qui me disent Ah oui, tu as raison. Merci, ça fait du bien parce que moi, je préfère parler d'élargir sa zone de confort. Et moi, je dis non, non, non, mais arrêtons de repousser les bords. Regardons déjà ce qu'il y a dedans parce qu'en fait, dedans, il y a plein de choses. Et moi, c'est ça que j'ai envie de dire. C'est encore une fois sortir de l'idée qu'il faut que ça soit systématiquement toujours plus, toujours plus grand, toujours plus fort. Parce que c'est de l'insatisfaction permanente quand on est comme ça. Et c'est ce qu'on voit beaucoup dans les comportements avec l'argent. une fois que tu as atteint un palier. Bon, alors maintenant, next. Et donc, j'avais cette envie de dire, en fait, fais ce qu'il y a avec, tu verras qu'il y a plein de choses. Et j'aimais bien aussi l'idée d'utiliser ce mot extrêmement capitaliste d'exploiter, parce qu'au départ, il y a plein de gens qui me disent, mais exploiter, je n'aime pas trop. Mais oui, mais évidemment, quand on parle d'être humain, c'est absolument ignoble. Mais il y a cette idée dans le mot exploiter, très radicale, et d'aller au fond des choses, et d'en tirer le plus de profit maximum. Et j'aime bien ce pied de nez à dire, en fait, quitte à exploiter quelque chose, autant que ça soit quelque chose qui te fasse du bien et c'est la seule exploitation qui finalement est au service de ta santé, de ton bien-être et de ton bonheur donc j'aime bien l'idée.

  • Laure Dodier

    Je pense que c'est une très bonne idée. Merci beaucoup Laure pour cette conversation passionnante je pourrais encore échanger avec toi des heures mais c'est la fin de cet épisode en tout cas je te remercie de rendre l'invisible visible et de montrer qu'il y a d'autres voies possibles d'autres manières de faire de l'argent plus écologique pour notre corps plus aligné avec... notre environnement et notre monde de manière générale. Merci beaucoup, Laure. C'était un plaisir. Et j'espère à bientôt. Avant de nous quitter, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, s'il te plaît ? Alors, on peut me retrouver sur LinkedIn, Laure Dodier, où je vais beaucoup parler du slowprenariat avec beaucoup de conviction et du monde de l'entreprenariat. Donc, c'est là, en gros, où je vote des culs pour s'individuer. Sur Instagram aussi, à Robazmasleboite, où là, je m'adresse plus à une cible d'indépendants. Et j'ai une newsletter aussi. où je partage mon quotidien et mes réflexions et pas mal de building public aussi sur cette newsletter qu'on peut trouver sur mon site masloboite.com.

  • Insaff El Hassini

    Génial. Un grand merci, Laure. Si vous aimez le podcast Majesté Valeur, vous allez adorer notre programme et nos offres de coaching à la négociation de rémunération. Grâce à la méthodologie unique et... pratico-pratique de Ma Juste Valeur, vous allez apprendre enfin à vraiment gagner votre vie. Vous allez notamment apprendre comment découvrir votre juste salaire ou vos justes tarifs sur le machin du travail, à construire une stratégie de négociation alignée avec vos priorités de vie et vos objectifs de carrière. Et enfin, à formuler les bons arguments face à votre hiérarchie ou vos clients pour obtenir la rémunération que vous méritez. Si vous écoutez Ma Juste Valeur, c'est parce que vous êtes convaincu que votre travail mérite d'être... être reconnus financièrement. Alors laissez-moi vous aider à réaliser vos objectifs et rejoignez-moi dès aujourd'hui sur www.majustevaleur.com. Enfin, si cet épisode vous a plu, vous pouvez le partager à vos proches, vous abonner, le noter 5 étoiles et mettre un commentaire sympa sur la plateforme de streaming que vous préférez. N'oubliez pas, sharing is caring. Alors si vous pensez que ce podcast ou mon travail peut aider quelqu'un, s'il vous plaît, n'hésitez surtout pas à le partager.

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Description

Mesdames, et si on arrêtait de croire que pour réussir, il fallait forcément s’épuiser ?

Productivité à outrance, croissance infinie… Et si on vous avait menti ?


Dans cet épisode, on parle d’un sujet qui va faire du bien à votre charge mentale et à votre ambition : le slowprenariat

Notre invitée, Laure Dodier, a fait un burnout et manqué d'en faire un deuxième mais elle a refusé d'accepter que c'était le seul moyen de réussir.
Résultat ? Un business aligné, rentable… et humain.


Pas de promesses irréalistes : un nouveau modèle entrepreneurial plus durable, plus aligné avec nos vies.

Parce qu’on en a marre d'entendre : 10K par mois en deux semaines, 80h/semaine ou rien.


Au programme :

  1. Le slowprenariat, qu'est-ce que c'est ?

  2. Comment sortir de la productivité toxique sans culpabiliser ?

  3. Est-il possible d’avoir une carrière ambitieuse et bien rémunérée sans sacrifier sa santé ?

  4. Et si exploiter sa zone de confort, c’était justement le meilleur levier de performance durable ?


En résumé :
Ce n’est pas un épisode “anti-argent” mais une discussion pour toutes celles qui veulent gagner plus — mais autrement.
Plus de sens, plus d’espace mental, plus de lucidité sur ce qu’on veut vraiment construire.


🎧 À écouter absolument pour réussir sans s’épuiser.


📌 Liens mentionnés dans l’épisode :


💸 Dans cet épisode on va parler de :

Ma Juste Valeur, entreprenariat au féminin, slowprenariat, burnout, réussir autrement, équilibre vie pro/ vie perso, zone de confort, sortir de la productivité toxique, entreprendre avec sens, liberté financière et bien-être, impact sans sacrifice, performance durable, changer de modèle économique


—————————————


MA JUSTE VALEUR® est LE podcast sur la négociation de rémunération, l'argent des femmes au travail et l'égalité salariale.


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Transcription

  • Insaff El Hassini

    Avant de débuter l'épisode, j'aimerais vous partager la superbe nouvelle qu'est la sortie de mon deuxième livre qui s'intitule « Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation » . Alors pourquoi le petit livre ? Parce que c'est un petit format et c'est un tout petit prix, il ne coûte que 3,50€. Qu'est-ce que vous allez trouver dans ce livre ? Eh bien, un condensé de ma répartie légendaire, c'est-à-dire quoi dire et quoi ne pas dire quand on veut négocier son salaire d'entrée lors d'un entretien d'embauche. quand on veut demander une augmentation, mais également pour les indépendants et les indépendantes quand on veut négocier ses prestations ou quand on veut augmenter ses tarifs. Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation, c'est un tout petit format à glisser dans votre poche ou dans votre sac, l'antisèche parfaite pour vous permettre d'obtenir votre prochaine augmentation. Il n'écoute que 3,50€, il est disponible en ligne et dans n'importe laquelle des librairies. Bonjour et bienvenue dans Ma Juste Valeur, le podcast référent sur la négociation de rémunération qui vous apprend à négocier vos salaires, négocier vos tarifs, obtenir une augmentation et globalement la rémunération que vous méritez. Je suis Insa Felassini, experte et coach en négociation de rémunération, mais également juriste, autrice, conférencière, youtubeuse, féministe militante pour l'égalité salariale et créatrice de ce podcast. Tous les premiers lundis du mois, je vous livre des conseils pratiques, concrets et précis pour négocier et obtenir un salaire ou des tarifs à votre juste valeur. Je reçois également une fois par mois des invités de tout horizon avec lesquels j'explore la relation que les femmes entretiennent avec l'argent et dessine des solutions pour vous décomplexer sur le sujet et vous donner des ailes pour oser en gagner plus. Je suis convaincue que la liberté économique des femmes annonce et précède leur liberté politique. Et si vous écoutez ce podcast, c'est tout sauf un hasard. Alors, en avant toutes mesdames et bienvenue dans Ma Juste Valeur. Cet épisode a été rendu possible grâce au soutien d'Ajipi. Ajipi, c'est une association indépendante d'assurés qui propose des solutions qui répondent aux besoins de protection des particuliers et des professionnels. Protection de la famille, de l'activité professionnelle, protection du patrimoine, de la retraite, etc. AGP, c'est aussi l'assureur qui partage nos valeurs et vos valeurs. Puisqu'il accompagne les femmes dans l'entrepreneuriat, leur propose des garanties spécifiques, notamment en cas de cancer du sein, mais aussi et surtout en cas de violence conjugale et de violence intrafamiliale. Et franchement, rien que pour ça, je dis bravo.

  • Laure Dodier

    La liberté ne se trouve pas forcément dans plus d'argent, mais peut-être qu'au contraire, la liberté se trouve dans... le moins besoin d'argent possible.

  • Insaff El Hassini

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir la spécialiste du slowpreneuriat en France, Madame Laure Dodier. Laure est accompagnante business, conférencière et autrice du livre « Exploite ta zone de confort » publié aux éditions Erol. Elle a lancé en 2021 son entreprise, Ma Slow Boite, pour proposer une alternative aux modèles de travail qui épuisent les entrepreneurs et qui normalisent leurs sacrifices. Très rapidement, elle observe que dans sa clientèle, elle n'a quasiment que des femmes, souvent tiraillées entre leur réalité et les injonctions à tout donner pour réussir, pour prouver qu'elles aussi peuvent faire aussi bien que les hommes. En travaillant avec Laure, elle découvre l'approche slow, c'est-à-dire une approche à l'opposé de la Golden Race, qui leur permet de concilier leurs besoins et leurs ambitions à leur manière et en s'émancipant des injonctions. En bientôt 5 ans ! Laure a aidé près de 1000 femmes à développer des business qui s'appuient sur leur zone de confort au lieu de les épuiser. Laure, comme je viens de le dire, je suis absolument ravie que tu aies accepté de venir nous partager ta vision des choses au micro de Ma Juste Valeur. Et la première question que j'aimerais te poser, c'est celle-ci. Tu es spécialiste du slowpreneuriat en France et je suis sûre qu'en disant ça, et je suis sûre qu'en lisant le titre de l'épisode du podcast, j'ai plein d'auditeurs et d'auditrices qui ont dû se dire « Attends, mais de quoi elle parle là ? » Qu'est-ce que c'est que le slow-prenariat ? C'est quoi ce nouveau terme ? C'est quoi ce nouveau truc un peu high ? Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est concrètement le slow-prenariat ?

  • Laure Dodier

    Oui, je vais même tout de suite couper court aux idées qu'on pourrait se faire. Non, le slow-prenariat, ce n'est pas faire des millions en bossant deux heures par jour, je le dis parce que le nombre de fois où je vois ce terme associé à ce mode de lifestyle qu'on voit sur les réseaux sociaux, ça n'a rien à voir. Le slow-prenariat, il faut le voir au même niveau que l'entrepreneuriat traditionnel. ou start-up, c'est-à-dire que c'est à la base une philosophie. d'entrepreneuriat autour duquel va se développer un écosystème, des méthodologies, un ADN, un sens des priorités. Le sens des priorités dans le slowpreneuriat, c'est de faire des business à but humain et à moyen lucratif et non l'inverse. Donc beaucoup plus proche du vivant, beaucoup plus proche de ce qui est soutenable pour l'être humain. Et très souvent, même si ce n'est pas une obligation, mais très souvent, on va avoir des gens qui vont chercher à avoir un impact positif parmi les adeptes du slowpreneuriat, ce qui n'est pas... Une condition absolue, mais c'est plus un constat.

  • Insaff El Hassini

    Ça me parle beaucoup de ce que tu viens de partager en disant en faisant des business à impact humain et moyen financier, c'est ça ?

  • Laure Dodier

    C'est ça, en fait. Aujourd'hui, une entreprise, en France, on a l'habitude de dire que c'est une organisation à but lucratif. C'est-à-dire que l'objectif d'une entreprise, à la base, c'est de faire de l'argent. Et l'humain est une ressource. Donc, on est sur des business à but lucratif et à moyen humain. Et dans le slowpreneuriat, c'est l'inverse. Et surtout... La différence, par exemple, avec de l'entrepreneuriat social, parce que l'entrepreneuriat social, ça pourrait être une définition, c'est que dans le slowpreneuriat, le dirigeant est intégré dans cette notion-là. Là où, même dans le business à impact et l'entrepreneuriat social, il n'empêche qu'il y a une dimension très sacrificielle, et même encore plus dans l'entrepreneuriat à impact, du dirigeant. C'est-à-dire des personnes qui vont estimer que le bien-être des équipes est en effet un levier, que le but est humain et que l'argent n'est qu'un moyen parmi d'autres. mais on va retrouver des comportements qui vont être quand même, chez les dirigeants, très dans le sacrifice, dans le don de soi, parce qu'il faut bien, parce qu'il y a une urgence, etc. Et dans le slow-prenariat, on part du principe que le dirigeant est un humain comme un autre et qu'il n'y a aucune raison que ça soit dans une dimension sacrificielle et qu'on peut tout à fait développer des business en prenant soin aussi et en priorisant la santé du dirigeant.

  • Insaff El Hassini

    Hyper intéressant. Laure, est-ce que tu peux nous dire comment toi, tu es venue au slow-prenariat ? et comment tu en es venue à en faire ta spécialité ?

  • Laure Dodier

    Alors, j'y suis venue par instinct de survie, comme beaucoup de personnes. C'est-à-dire que même aujourd'hui, la plupart des personnes qui sont attirées par ce principe-là sont des gens qui ont à un moment donné, qui se sont pris le mur ou pas loin. J'espère que ça changera. Je me suis lancée à mon compte en 2017 après avoir fait un burn-out dans le salariat. Je suis tombée enceinte en même temps. Et à peu près un an après, quand mon fils avait un an, j'étais toujours dans une recherche de performance sur tous les tableaux. Performance en tant que mère, performance en tant que freelance. Et j'ai vu revenir les signes de l'épuisement assez fortement. Et j'ai pris la décision très radicale de limiter mon stress professionnel le plus possible à la source. Mais à ce moment-là, si tu veux, j'étais assez convaincue que mon business allait vivoter, que ça ne pouvait pas marcher comme ça. Si jamais je réduisais mon temps de travail, que je faisais le moins d'efforts possible, en gros, nécessairement et inévitablement, mon business allait vivoter, mais ce n'était pas grave, je me disais ma priorité, c'est ma santé. Sauf que le constat était inverse, c'est-à-dire que plus j'ai identifié les sources de stress et cherché à les modifier, à les ajuster, à les rendre plus confortables, et plus mon business a décollé. Et ça, ce n'est pas pour ça que j'en ai fait ma spécialité. Ce qui fait que j'en ai fait ma spécialité, c'est la colère que j'ai ressentie. En faisant ce constat qu'en fait, j'avais passé toute ma vie professionnelle et même depuis l'école à croire qu'on ne pouvait jamais obtenir de résultats autrement qu'en faisant des efforts et qu'il était normal de donner beaucoup et que l'ambition était forcément associée à un dur labeur et que le stress, la difficulté étaient des signes qu'on allait dans la bonne voie. Et ça m'a mise très en colère de constater que ce n'était pas la seule voie, mais que personne n'en parlait. Et à force de voir autour de moi d'autres freelances, des pairs, d'autres... des partenaires, etc., qui travaillaient énormément et qui, pour autant, ne gagnaient pas toujours bien leur vie. Certains, oui, mais au détriment de leur santé et d'autres, pas du tout. J'ai, en post-Covid, tu vois, en fin 2020, l'automne 2020, je me suis dit, bon, j'ai commencé à avoir fait un peu le tour de ce que je faisais en gestion de projet, en communication, en freelance. J'avais envie d'autre chose et je me suis dit, c'est peut-être le bon moment, là où tout le monde a un peu pris conscience qu'il n'y a pas que le travail dans la vie. C'est peut-être le bon moment pour... oser parler de la manière dont je travaille moi maintenant depuis l'année dernière, qui me permet de développer mon business sans m'épuiser. Et j'ai lancé ça comme ça, en me disant, je ne sais pas, j'ai le pif, c'est maintenant peut-être qu'il faut en parler. Et il y a une époque où on n'en parlait pas du tout. Les gens étaient vraiment juste à ce constat de, en fait, ça nous a fait du bien quelque part qu'il y ait une pause dans la productivité habituelle et en même temps... on a envie de travailler différemment et en même temps on ne sait pas comment faire et moi j'avais un peu une solution clairement.

  • Insaff El Hassini

    Assez intéressant que tu parles de burn-out parce qu'en fait on a l'impression que dans le narratif entrepreneurial, dans le narratif du mythe d'un entrepreneur, il faut qu'à un moment donné... En tout cas, à date, il faut qu'à un moment donné, il y ait un burn-out. Et après, on repart sur un truc un peu plus spirituel, un peu « wouhou » , un peu « new age » , machin. Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, alors, c'est qu'aujourd'hui, le modèle entrepreneurial en France, et globalement dans le monde, pas qu'en France, c'est que c'est un modèle capitalistique. C'est-à-dire, bon, on n'est là pas pour enfiler des perles, on est là pour l'argent et idéalement pour en faire beaucoup. Ce qui en soi est OK, il n'y a pas de problème à vouloir faire beaucoup d'argent. Ce qui est moins en revanche, c'est qu'ils ont fait de l'argent le paramètre central de l'entrepreneuriat. Et donc, le fait qu'on soit aussi dans une société patriarcale a poussé ce modèle-là, avec l'argent au centre, à son paroxysme. Et donc, on est rentré dans une espèce de course à l'argent perpétuelle, où le seul étalon de mesure d'un business qui fonctionne et de la réussite de quelqu'un, c'est sa réussite financière. Et la réussite financière a tellement pris de place. que du coup, les personnes font des burn-out. Mais au-delà des personnes qui font des burn-out, on va y venir et tu vas nous expliquer tout ça. J'aimerais bien parler avec toi de la Golden Race. Ce qui m'intéresse aussi ici, mais je pense que c'est deux questions à une question, c'est de mettre aussi ça en perspective avec le contexte actuel et notre contrat social actuel, où on sent clairement que notre société est en plein burn-out parce qu'on a trop mis l'argent au centre de tout ça. Au détriment de la santé, au détriment de l'éducation, au détriment... de plein d'autres choses qui sont quand même vitaux. Et du coup, j'aimerais bien t'entendre là-dessus et t'entendre notamment sur la Golden Race et en quoi le slowprenariat est une alternative à ce modèle-là.

  • Laure Dodier

    En fait, c'est ça. C'est qu'aujourd'hui, la santé, le bien-être, que ce soit la santé physique, mentale, sociale, dans le monde du travail et dans l'entrepreneuriat, c'est juste que c'est encore plus poussé par rapport à ce qu'on attend des entrepreneurs. Ce sont des dommages collatéraux. Et ce qu'on essaye de faire... Parce que tu as raison, ça fait plus d'un siècle maintenant qu'on est dans cette dimension capitaliste, productiviste. Donc, il faut avoir conscience que c'est installé depuis un moment. C'est-à-dire que depuis que les entrepreneurs, c'est quelque chose, ça a toujours été sous ce modèle-là, en fait. Ça a toujours été le modèle dominant. Avant, il y avait des chefs d'entreprise, des artisans, des commerçants. Mais l'entrepreneur, les premiers entrepreneurs, tu prends les canaries, etc. C'était dans l'année 1800, 1990, 1900, etc. Ça a toujours été ce modèle-là. et Ça, ça a infusé dans tout le monde du travail et on essaye aujourd'hui, on constate les dégâts en termes d'égalité, en termes de santé, on constate. Mais on essaye de trouver des solutions à ça qui ne vont pas du tout toucher à la sacro-sainte croissance, au sacro-saint profit financier et à la performance. Alors même que ce qui cause tout ce mal-être là c'est le fait que ça soit le but principal. Donc, on essaye de ne pas... Et puis, c'est assez logique parce qu'aujourd'hui, quand tu regardes qui sont les grands décideurs, ce sont beaucoup des capitalistes aujourd'hui. Ce n'est pas honteux de le dire. Je pense qu'en plus, ces derniers temps, on le voit bien. Et ces gens-là n'ont absolument pas intérêt à ce que ça change, n'ont pas envie que ça change. Donc, c'est aussi eux qui portent le discours le plus fort. Ce qui fait que quand on entreprend, c'est difficile de se détacher de ce discours-là et ce n'est pas évident de se dire, en fait, même si moi, je me rends compte que ce qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas de chercher de l'argent à tout prix, mais c'est oui, gagner de l'argent, mais en faisant quelque chose qui m'éclate, en ayant un impact, en faisant quelque chose d'utile, je me sens un peu pas un vrai entrepreneur ou pas assez ambitieux parce qu'en fait, le truc qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas la thune. Et le slowpreneuriat amène un cadre. dans lequel c'est tout à fait autorisé. Donc ça, souvent, c'est ça. Moi, je pense que l'émotion que je déclenche le plus chez les gens, c'est le soulagement. Il se trouve que ce n'est pas anodin, parce que c'est comme si juste parce que je parle de slowprenariat et d'exploiter sa zone de confort au lieu d'en sortir et que c'est OK d'avoir les ambitions financières qu'on veut. C'est comme si les gens, on leur enlevait un poids et que je disais tout haut ce qu'ils n'osent même pas s'avouer eux-mêmes tout bas. C'est parce que c'est tout de suite associé à en fait j'ai peut-être pas le droit de faire partie de cette clique des indépendants, des entrepreneurs ou des leaders ou peu importe, des personnes à responsabilité parce qu'en fait, ma motivation principale n'est pas de faire le plus d'argent possible. Et je crois qu'en plus, il y a évidemment des conséquences de cette dimension capitaliste à l'échelle mondiale, mais à l'échelle individuelle, moi j'observe énormément d'hommes et de femmes qui vont s'obliger à courir après des hauts objectifs financiers qui ne les rendent pas heureux. parce qu'en fait, ce n'est pas du tout ce qu'il fait le plus qu'il fait, que pour aller les chercher, ils vont mettre en place des projets et des méthodologies qui ne leur correspondent pas, qui les épuisent et puis ils se retrouvent vite pour les personnes pour qui ça marche. Ce n'est pas le cas de tous, il y en a beaucoup qui s'épuisent et en plus, ils n'ont même pas... Cette satisfaction que ça leur apporte, qu'ils sont venus chercher, mais même dans ceux qui réussissent financièrement, ça se transforme vite en cage dorée. C'est-à-dire des personnes qui ont atteint leurs objectifs, se rendent compte que par contre, ça les épuise de les maintenir, mais n'arrivent pas à faire de retour en arrière, sauf arriver à l'épuisement. Et c'est pour ça qu'il y en a autant qui ont malheureusement et tristement besoin de se prendre un mur. pour que leur corps ne leur laisse pas le choix. Puis quelque part, ça donne une légitimité auprès des autres. Bon, ben là, je suis obligée de redescendre, je suis obligée de décroître, etc. Parce que j'ai fait un burn-out, je suis tombée malade, etc. C'est ça que le slow-pronariat change, c'est que ça amène, si tu veux, une communauté de personnes qui entreprennent différemment, qui l'assument et qui ne sont pas sur ces objectifs-là. Et l'argent est placé comme un moyen, mais comme un autre, comme les relations, comme la créativité. ça amène beaucoup d'apaisement et j'ai bon espoir que petit à petit, ça amène une solution à de plus en plus de gens et qu'on arrive à transformer aussi les exigences vis-à-vis des entrepreneurs. C'est ça le but aussi.

  • Insaff El Hassini

    Pour rebondir sur ce que tu dis, Laure, je trouve ça hyper intéressant aussi d'essayer de réfléchir à comment on en est arrivé là. Quand je dis ton livre et que je le mets en perspective avec d'autres livres, notamment en finir avec la productivité, Laetitia Vito, qui est hyper intéressant, on s'aperçoit que hum Ce délire de mettre l'humain au service d'un but économique a commencé à partir de la révolution industrielle. En fait, on a commencé à vouloir avoir des modèles économiques qui crachent de la productivité et pour pouvoir faire encore de l'argent, de l'argent, toujours plus d'argent. Une fois qu'on a dit ça, il y a aussi l'autre conditionnement avec lequel on grandit, qui est de nous faire croire que... en plus d'être au service de son business, en plus de devoir se sacrifier pour son business si on est un bon entrepreneur, parce que c'est ça, finalement, le seul modèle économique avec lequel on grandit, en tout cas, le seul modèle entrepreneurial avec lequel on grandit, on grandit avec ce mindset-là et ce conditionnement-là qu'il faut travailler dur pour gagner de l'argent. Donc, de toute façon, à un moment donné... Le business, le monde des affaires, ça devient un peu un monde de sportifs de haut niveau. Et on le voit, tu vois, je suis vraiment très curieuse de t'entendre là-dessus notamment. Où tout le monde essaie de pousser la productivité de son corps, de sa vie au maximum pour pouvoir générer plus de business et faire plus d'argent. Et donc à force de pousser ce modèle-là au maximum, de le pousser, de le pousser, de faire en sorte que tout le monde se mette en ordre de bataille pour cracher un maximum de thunes, on arrive au burn-out. Et les gens, une fois qu'ils ont eu un burn-out, la plupart d'entre eux, tu fais partie des rares qui se remettent en selle. La plupart sont absolument dégoûtés de l'entrepreneuriat, du salariat, du monde du travail et se reconvertissent dans des trucs qui sont diamétralement opposés, notamment des trucs plus spirituels, plus un peu new age, etc.

  • Laure Dodier

    Oui, complètement. Et moi, j'en ai pas mal dans ma clientèle et je le comprends aussi. Je crois qu'il y a une recherche d'équilibre en allant chercher... une vision de la vie et de l'argent qui est complètement à l'opposé en effet. Il y en a aussi quand même beaucoup qui se lancent dans l'entrepreneuriat suite à des burn-out parce qu'ils y voient presque la seule possibilité de faire avec leur réalité. Et ce qui se passe et qui est assez dramatique, c'est qu'il y en a beaucoup qui se lancent avec cette idée-là en se disant au moins je vais pouvoir faire ce que je veux et ils rentrent dans des parcours. de création d'entreprise ou juste ils vont sur les réseaux sociaux pour commencer à taper comment développer son business des choses comme ça et aujourd'hui les contenus dominants sont des contenus qui ne te disent absolument pas que tu vas pouvoir adapter les choses à ta réalité même si c'est ce qu'on prend dans le slow on est encore très minoritaire et il y a tout ce travail justement de visibilité à faire pour que plus tard des gens qui se lancent et qui ont une réalité de vie en fait qui n'est pas compatible avec bosser 80 heures qui sont pas forcément Merci. en excellente santé, qui ont peut-être des enfants, qui ont peut-être fait un burn-out, qui ont peut-être une maladie chronique, qui sont peut-être aidants. En fait, ce qui concerne quand même les réalités de vie d'énormément de gens, on parle de millions de personnes, mais ils arrivent dans un écosystème où on leur explique que s'ils ne sont pas, pour caricaturer, mais c'est assez proche de ça, un homme célibataire de 25 ans en excellente santé, sportif, qui mange bien et qui veut tout dégommer, en fait, ils ne sont pas vraiment adaptés pour l'entrepreneuriat. Et c'est ce qu'on leur fait sentir. Et donc, tu as ces personnes qui font ce choix parce que le salariat n'est plus forcément possible pour eux par rapport à leurs besoins. Donc, ils se disent, au moins, en me mettant à mon compte, quelle que soit la profession, je pourrais avoir plus de souplesse. Et là, on leur explique, mais non, mais tu n'as rien à faire là, parce que si tu n'es pas prêt à faire des sacrifices, à te dédier à ta boîte pendant les trois premières années, même en freelance, à sortir de ta zone de confort, à te faire un peu violence, en fait, tu n'y arriveras pas. Et donc, ça fait plein de gens qui, soit il y en a qui désespèrent et abandonnent et ont retrouvé quelque chose qui ne leur convient pas. Et il y en a aussi beaucoup qui se disent, bon, d'accord, je vais faire tout ça et qui se recrament par derrière. Et moi, ça a été ça. C'est-à-dire que j'ai fait un burn-out. Bien sûr que je me suis lancée pour retrouver cette liberté. Mais l'environnement dans lequel je suis arrivée, je me suis dit, en fait, je ne peux pas. Et donc, je me suis remis la pression. Et heureusement que j'ai un côté, je pense, très rebelle et radical parfois quand il y a quelque chose qui ne me convient pas. Au bout d'un moment, je me dis, je me barre. Donc là, je ne voulais pas me barrer de l'entrepreneuriat. Mais tu vois, c'est là où j'ai pris cette décision de le stress, ça va vraiment disparaître de ma vie professionnelle. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais là, je ne me laisse pas le choix. sauf qu'il y a plein de gens qui ne fonctionnent pas comme ça. Et je reviens sur ce que tu as dit à propos des sportifs de haut niveau, et j'en parle dans mon livre parce que j'en ai tellement marre, en fait, d'entendre ce truc de « oui, les sportifs de haut niveau, les champions, eux, ils font ça » . En fait, les sportifs de haut niveau ne sont pas dans une recherche de performance tous les jours. Ils ne répètent pas leur compétition comme ça va se passer le jour J pendant tous leurs entraînements, et ils laissent une place énorme à la récupération, et ils sont extrêmement entourés. Et ce n'est pas ça qu'on existe des entreprises. Aujourd'hui, on demande aux entrepreneurs d'être performants de 8h du matin à 20h du soir, à tout moment, d'être ultra réactifs, de s'adapter. En fait, c'est inhumain ce qu'on demande aujourd'hui aux entrepreneurs. Et c'est aussi pour ça que le burn-out est vu presque comme un rite de passage aujourd'hui. C'est que finalement, si tu as fini par te cramer, par faire un burn-out, par avoir un cancer, par avoir pris un mur en bagnole parce que tu étais trop fatigué, Tu as une tape dans le dos parce que ça veut dire que tu t'es bien investi pour ton business. Tu as fait ce qu'il fallait. Bon, maintenant, tu as le droit de te reposer ou c'est dommage. Et en même temps, oui, c'est ça être entrepreneur. Et cette non remise en cause de ce qu'on s'inflige et de ce que la société inflige et des discours chez des influenceurs business, dans des structures d'accompagnement, dans les bouquins. Tu vois, cette non remise en cause du stress pour les entrepreneurs, moi, elle me choque. Parce que c'est une catégorie de la population à qui on demande de trouver des solutions pour la société civile, voire publique, de résoudre des problèmes, d'être en responsabilité. Donc, tu vois, il y a quand même énormément de choses qui sont demandées. Et moi, je suis convaincue qu'on a besoin vraiment qu'il y ait de plus en plus de personnes qui aient cet esprit entrepreneurial. Et à côté de ça, on exige d'eux bien plus que la plupart des gens. Les seules personnes, le seul autre parallèle que je vois où je trouve ça tout aussi ahurissant, ça va être les professionnels de santé qui ont cette immense responsabilité, qui sont dans des conditions absolument abominables et à qui on demande de continuer à bien soigner les gens alors que les conditions sont abominables. Les professionnels de santé, on en parle parce que c'est très concret, on le vit. Il suffit d'aller aux urgences, on le voit, et puis parce qu'ils s'expriment. Mais les entrepreneurs sont aussi une partie de la population qui est très dépolitisée. Parce qu'il ne faut pas parler un petit peu de tout ce qui pourrait être politisé, c'est-à-dire faire valoir ses droits, etc. On en parle assez peu. Autant on parle des droits des femmes, tu vois ça, mais parce que les femmes entrepreneurs font partie de cette catégorie des femmes et on lutte pour nos droits. Mais tu entends très peu aujourd'hui de chefs d'entreprise, comment dire, les gens vont constater que ça va mal, ils vont oser le dire, mais ils ne vont pas demander à ce que ça change. Et ça, je trouve ça très problématique. Et c'est là où la vision du sloprenariat vient amener, encore une fois, un écosystème alternatif qui, j'espère, est complémentaire, surtout, puisque tu vois, parallèle, qui vient amener un espace dans lequel c'est tout à fait OK et qu'on soit de plus en plus de monde à oser dire, ce n'est pas normal, que parce qu'on entreprend, qu'on soit freelance, chef d'entreprise, dirigeant, peu importe, on doive... Que ce choix professionnel fait qu'on doit encaisser trois fois plus de stress que les autres et ne jamais chercher de solution pour être moins stressé. Et c'est normal, il faut juste être des supermans, des Wonder Woman, tu vois. Avec cet esprit, tu vois, tu l'entends chez beaucoup d'entrepreneurs, de « Ah ben oui, mais bon, on aime bien, on a signé pour ça, et puis de toute façon, on a bien voulu. » Et ça, je trouve ça assez ahurissant de voir où on en est arrivé de cette acceptation d'une dose de souffrance et de stress. qui n'est jamais remise en question dans l'écosystème.

  • Insaff El Hassini

    En fait, Laure, au-delà de la dose de souffrance et de stress, moi j'ai l'impression que l'entrepreneuriat en 2017 et en 2025 a profondément changé. En près de 10 ans, on a profondément changé la vision qu'on avait sur l'entrepreneuriat, l'entrepreneuriat et la vision que les personnes ont de l'entrepreneuriat et de ce qu'ils voulaient faire de l'entrepreneuriat. En 2017, c'était la Startup Nation. Soit t'étais cool, soit t'étais pas cool. T'avais les cool guys, ceux qui avaient une startup, ceux qui votaient Macron, ceux qui étaient là pour dire on va changer les choses. On est la Startup Nation, on est là pour changer le monde et on le change à coup de franglish, de backstrapping, de levée de fonds, etc. Et t'as eu toute une population de jeunes à l'époque, parce qu'entre 25 et 35 ans, t'es quand même encore relativement jeune. On est d'accord ?

  • Laure Dodier

    Tout à fait, tout à fait.

  • Insaff El Hassini

    Qui se sont dit, mais en fait, moi, j'ai envie d'entreprendre, moi, j'ai envie d'être cool, donc je me reconnais plus dans ce modèle-là. En tout cas, ce modèle-là m'attire plus, résonne plus avec moi. Et donc, c'est ça que je vais faire. Et à aucun moment, ils ont envisagé qu'il y avait une autre alternative. Et donc, tu avais les gars cool et tu avais les gars moins cool, ceux qui travaillent à leur compte.

  • Laure Dodier

    Oui, exactement.

  • Insaff El Hassini

    Les libéraux.

  • Laure Dodier

    Les libéraux ou les chèques d'entreprise traditionnels en fait. Tu es, tu es dans le monde traditionnel, ça le trouve plan-plan quoi.

  • Insaff El Hassini

    Voilà. Donc ceux qui travaillaient en libéral, ce n'était pas cool. Personne ne veut être mis dans cette catégorie-là. Or, la réalité, c'est que fast forward en 2025, le monde a vachement évolué. On s'est rendu compte que ce modèle-là de la start-up, déjà un, il n'était pas viable, deux, il n'y avait pas que ce modèle-là et trois, ce n'était pas le meilleur en fait. Il n'y a pas qu'une manière d'entreprendre. Avoir une idée, lever des fonds, grossir ta boîte, scaler, blablabla, aller à San Francisco, machin. Il n'y a pas que cette manière-là. Et que tu peux faire tout autant d'argent, alors peut-être pas des milliards, parce qu'il y a quand même des paliers à passer et chaque palier requiert ses challenges. Mais la réalité, c'est que tu pouvais déjà passer le palier des six chiffres sans te cramer la gueule, sans être une start-up. Et en étant coiffeuse, et en étant notaire, et en étant conseillère en gestion de patrimoine, et en étant les autres qui étaient considérés jusqu'ici comme des pas cool, tu vois, comme les gars de l'école qui étaient pas cool, les gens du collège qui sont pas cool, mais qui au final, ben mangeaient pas tout ce stress-là. Moi j'aimerais bien aussi avoir ton regard sur comment ça a changé. Est-ce qu'au final on n'a pas changé, est-ce qu'on n'a pas évolué de regard sur l'entrepreneuriat ? Parce qu'à un moment donné, les femmes ont massivement... investi l'entrepreneuriat parce que comme tu le sais on le sait toutes les deux on en a déjà parlé en off etc etc la réalité c'est que la plupart des entreprises ne sont pas designés pour les carrières féminines donc au bout d'un moment tu en as marre d'être prise pour une clown et donc tu vas ailleurs et tu décides de monter ta propre boîte ou tu fais un burn out ou tu es mal considéré à ton retour de congé maternité etc etc toutes ces choses là qui font qu'à un moment donné les talents féminins voilà décident de démissionner un peu du modèle du salariat pour entrer dans le modèle de l'entrepreneuriat. Et en venant dans l'entrepreneuriat, elles se sont dit, mais attends, moi je suis venue dans l'entrepreneuriat pour avoir plus de liberté. Il est hors de question que je ne vois pas mes gamins. Il est hors de question que je travaille de 8h jusqu'à 22h. Il est hors de question d'avoir trop de stress. Il est hors de question que X, que Y, que Z, tu vois. Et avec cette vision-là, peut-être un peu plus féminine des choses, un peu plus connectée à soi, un peu plus connectée à son monde, au corps, etc. J'ai le sentiment que ça a permis de faire évoluer l'entrepreneuriat. mais peut-être que je suis complètement... à côté de la plaque et que...

  • Laure Dodier

    Non, non, je pense qu'il y a un peu des deux. Alors moi, j'ai aussi une vision assez biaisée puisque je vois surtout les personnes qui ont choisi le slow-prenariat dans les personnes que je côtoie de près parce que ce sont des clientes ou parce que ce sont des personnes avec qui j'échange et en tout cas dont je connais les rouages des business. Les autres, il faut que j'aille les chercher, discuter avec elles, donc j'en ai un petit peu moins. Le constat par contre est clair, c'est que dans le slow-prenariat, tu l'as dit en intro, c'est... pas exclusivement des femmes, il y a aussi des hommes, mais en tout cas dans les personnes qui se font accompagner à ça, mais c'est un autre sujet, c'est quasiment exclusivement des femmes. Et c'est en effet un mode de travail qui va beaucoup leur parler, parce que comme tu l'as dit, les autres modèles sont peu adaptés à leur réalité. Et l'un des piliers du slowpreneuriat, c'est de construire le business autour de la réalité de la personne. Donc peu importe que ce soit une réalité de femme, de mère ou de personne qui est cramée. dans la manière dont on construit les business, ça fait partie de l'ADN. Déjà, je pense que ça parle beaucoup aux femmes parce que l'idée de reconnecter à soi, de ralentir, je crois qu'on a tellement de pression par ailleurs, on a des gens tellement fatigués par ailleurs, tellement de responsabilités et de charges mentales par ailleurs que ça fait du bien à entendre. Donc ça, c'est attractif. Et puis parce que ça leur correspond. Il y a des hommes aussi qui viennent, mais souvent parce qu'ils se sont cramés ou parce qu'il y en a aussi pas mal qui ont naturellement un tempérament assez décontractés, souvent des freelances et qui en fait ne sont pas très stimulés par le côté chef d'entreprise salarié et qui trouvent leur compte. Mais il y a quand même aussi beaucoup de femmes qui sont encore dans cette idée que pour avoir une place en tant que femme dans l'entrepreneuriat, il est nécessaire de bosser autant qu'un homme. Plus rarement des mères. Les femmes que je vois faire ça sont souvent des femmes qui n'ont pas d'enfants ou pas encore.

  • Insaff El Hassini

    Parce que je crois qu'après, il y a une réalité parentale qui fait que voilà. Il y en a aussi qui ont des enfants et qui souvent ne voient pas beaucoup leurs enfants. Ils font ce choix de faire garder beaucoup leurs enfants pour pouvoir mener ça. Ça, je le vois quand même beaucoup encore jusqu'à ce que, c'est-à-dire des femmes qui vont à un moment donné avoir un changement de vie, soit se prendre le mur, soit un enfant qui arrive et qui vont faire qu'elles vont réajuster. Et à ce moment-là, elles se rendent compte que c'est possible. Par contre, je trouve que ça dépend des types de business, sur des professions libérales. ou sur des freelancers ou après-satères de service, des petites entreprises. Il y en a beaucoup qui arrivent à poser ce cadre dès le départ. Sur des chefs d'entreprise, des femmes qui vont monter des business avec des salariés, je le vois moins parce qu'il y a aussi toute cette idée très, très, très ancrée que pour ce type de business, que ce soit startup ou entreprise traditionnelle en tout cas. Peut-être que les équipes, le cadre peut être cool pour elles, mais en France, on est quand même prêts à mettre sur les épaules du dirigeant et de la dirigeante toute la responsabilité de la réussite de la boîte. et donc on a des dirigeants qui dès le départ ne s'autorisent absolument pas à avoir un cadre qui respecte leurs besoins et il y a une acceptation de pendant 3 ans, 2-3 ans je vais pas trop dormir,

  • Laure Dodier

    je vais être très stressée etc tu vois chez les chefs d'entreprise hommes comme femmes le voient encore beaucoup moins chez les professions libérales en effet tu vois moi avant j'étais clairement dans ce modèle là c'était pas la golden race parce qu'on n'est pas après l'argent mais je courais après cette performance là je voulais vraiment montrer que Je tirais énormément d'orgueil du fait d'avoir repris le boulot quatre jours après avoir couché. Mes copines me surnommaient Rachida Dati, mais je l'ai payée derrière parce qu'en fait, ce n'est pas parce que tu crois que ton corps continue à opérer comme ce fut le cas avant que ça l'est en pratique. Mais en tout cas, je sais que moi, par exemple, j'avais beaucoup d'orgueil. J'avais un peu de vanité à me dire, ouais, je suis là, je peux faire comme un mec, je peux ne pas dormir, je peux ne pas faire ci, je peux travailler autant, je peux me dédier autant, etc. Et la réalité, je pense qu'il y a certainement beaucoup de femmes et d'hommes qui ont juste envie de prouver qu'ils sont à la hauteur de l'enjeu. Je pense qu'il y a un peu de ça. Et puis, je pense qu'il y en a aussi plein qui pensent qu'il n'y a qu'une manière d'y arriver. C'est cette manière-là. Et donc, c'est un petit peu « take it or leave it » . Soit tu joues le jeu et ils jouent le jeu à fond, soit tu ne joues pas le jeu à fond. Laure, j'aimerais qu'on parle d'un autre sujet, qui est celui de certaines personnes qui te disent Non mais attends, le slowprenariat c'est bien sympa, mais en fait moi j'ai envie de me faire 10 000 boules par mois. Donc c'est pas en travaillant deux jours par semaine que je vais me faire 10 000 boules par mois. J'aimerais vraiment qu'on aborde ce vrai sujet, parce que c'est clair que le slowprenariat c'est un modèle qui est centré sur l'humain, qui n'est pas centré sur l'impact économique. En revanche, moi je suis convaincue, et aussi parce que je pense qu'il y a de plus en plus de femmes qui ont décidé de trouver des modèles économiques qui match avec... leur besoin d'avoir plus de temps pour elles, tout simplement. Je suis convaincue que tu peux faire six chiffres en travaillant trois jours par semaine. Est-ce que c'est une réalité ou est-ce que c'est que des chimères et des publicités Facebook pour nous faire acheter des formations ?

  • Insaff El Hassini

    Non, c'est une réalité. Simplement, la condition pour ça, ça va dépendre du business model. Parce que si tu veux préserver ta santé et que tu as un business model qui te demande d'être tout le temps présentiel face à tes clients et multiplier les clients et de passer le temps avec eux, à un moment donné, tu... tu peux, mais alors, sauf si tu vends des prestations très haut de gamme ou dans une niche ou pourquoi pas, mais c'est aussi une question de business model ou sinon sur des business model où tu vas pouvoir décorréler un petit peu ton temps de tes revenus. Donc, c'est possible. Et la deuxième condition, c'est de laisser le temps que ça arrive. Alors, pour deux raisons. La première raison, c'est l'hypercroissance. Même si elle a été acquise sans se cramer, la pression que ça met l'entourage qui arrive et qui t'explique maintenant, il faut que tu délègues, maintenant, il faut que tu faciles. Donc, tu vois cette espèce d'entourage, parce qu'en général, quand on fait de l'hypercroissance, on en parle, etc., et qui te dit maintenant, la prochaine étape, c'est ça. Là, on se retrouve vraiment dans l'effet cage doré dont je parlais tout à l'heure, c'est-à-dire des personnes qui, l'hypercroissance, n'a pas forcément été trop énergivore, parce que des fois, c'est juste bonne compétence, bien amenée au bon moment, enfin, tu as tout plein de contextes qui font que ça est arrivé, mais le maintien de ces niveaux-là lui fait plonger. Et puis parce qu'un changement, même positif, même perçu positivement, pour le cerveau, pour le corps, c'est éprouvant. Et que des personnes qui sont passées en un an de « je gagne 1500 euros par mois » à « je me dégage un chiffre d'affaires de 500 000 euros » , en fait, c'est brutal. C'est très brutal en termes de posture, en termes de gestion d'argent, de tout ce que ça amène comme sujet. Donc, l'hypercroissance est brutale et c'est extrêmement difficile. En tout cas, moi, je n'ai encore rencontré personne dans les personnes autour de moi. Et je suis dans un milieu de l'infoprenariat, donc j'en connais quelques-uns, puisque c'est typiquement un genre de business model où on peut scaler rapidement, qui se soit maintenu durablement en bonne santé en ayant fait de l'hypercroissance. Et c'est le même phénomène d'ailleurs chez les start-uppers. Parce que par devant, dont tu parlais tout à l'heure, c'est « youpi, on a levé des millions » , et puis derrière... la pression que ça amène, c'est autre chose. Donc, il y a aussi l'idée de se dire « Ok, je veux atteindre ces hautes ambitions financières. » Il y a tout cet enjeu avec mes compétences, mes talents, ce que je sais faire, ce que j'aime faire. Qui sont les gens qui vont être prêts à payer ça ? Quel est le business model qui va me l'amener ? Et accepter aussi que le but n'est pas de faire ces six chiffres, forcément, en un ou deux ans, mais de les amener à un rythme de construction qui va être soutenable et qui fait que quand on va atteindre ce niveau-là, se dire Merci. En fait, la croissance, j'ai réussi à l'encaisser, je me suis adaptée, j'ai mis les choses. Enfin, tu vois, je n'y suis pas allée comme une grosse bourrine. Et je peux maintenir ça sans que ça me demande de réinventer la roue, etc. à chaque fois et que ça soit épuisant. Et dans ces conditions-là, bien sûr qu'il y en a. Il y a aussi beaucoup de gens que ça n'intéresse pas. Il y a aussi beaucoup de gens dont l'ambition financière se résume à « je veux gagner 2000, 2500 euros par mois, de quoi payer mes charges. » Et en fait, ça me va très bien. Et ça, c'est aussi plein de gens qu'on vit qu'on leur foute la paix avec leurs ambitions financières parce que ce n'est pas ça qui les anime et que pour autant, ce sont des personnes qui peuvent avoir dans leur écosystème et auprès de leurs clients un impact qui est hyper fort et qui ne sont pas intéressées pour chercher à croître en fait, mais qui s'y obligent souvent. Donc pour moi, il y a les deux. Bien sûr que c'est possible. C'est à regarder au cas par cas quel est le chemin qui va pouvoir y amener sans t'épuiser. Et en même temps, la première question à se poser, c'est Pour quelles raisons est-ce que je veux atteindre cet objectif-là ? Est-ce que c'est pour prouver quelque chose ? Et on a le droit d'avoir besoin de prouver quelque chose. Mais il faut juste voir, tu vois, mettre en parallèle de qu'est-ce que je suis prêt à mettre en face. Tu vois, moi, je dis ça parce que je rencontre beaucoup de personnes qui arrivent des fois avec cet objectif-là. Voilà, je me suis déjà cramée, j'ai ces hautes ambitions financières, je veux que tu m'aides à les atteindre sans me cramer. Et quand moi, je les fais travailler sur leurs objectifs de vie, elles ont envie de vivre, quoi. Donc, en gros, comprendre à quoi cet argent va leur servir. Mais dans 90% des cas, la conclusion, c'est « Eh, mais en fait, je n'ai pas besoin de gagner autant. » Qui se rendent compte qu'elles n'ont pas besoin de gagner autant. Et quand elles corrèlent ça à ce qu'elles ont envie de vivre au quotidien, quoi elles utiliseraient cet argent, quel impact elles ont envie d'avoir. En fait, elles se rendent compte qu'elles ont beaucoup plus cherché ces objectifs pour prouver quelque chose alors que ce n'est pas vraiment important pour elles, pour faire partie d'une certaine catégorie de la population. Parfois, c'est une question de loyauté parentale. Et ça, je le vois beaucoup aussi. J'ai envie de prouver à mes parents que... je suis capable de, alors soit des personnes qui viennent de milieux assez aisés et qui ont envie de montrer qu'elles sont autant capables et à l'inverse des personnes qui viennent de milieux modestes et qui ont envie d'être la première dans la famille souvent des personnes qui ne viennent pas du tout de famille d'entrepreneurs et qui ont envie de prouver que c'était pas un choix instable en fait mais il y a de tout et moi souvent c'est ça que je pose comme question, quand il y a des personnes qui ont des grosses ambitions c'est il n'y a pas de soucis maintenant ... Quel est le temps que tu t'accordes pour le faire ? Est-ce qu'on va trouver le business model qui rend ça possible ? Et parfois, ça met un peu de temps aussi de trouver le bon business model. Et puis parce que si on veut que ça soit durable, c'est-à-dire que ce niveau de chiffre d'affaires et de revenus dur, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Sinon, c'est que tu vas saisir des opportunités. Il y a un truc qui va marcher à un moment donné, ça arrive, mais c'est souvent sur des choses assez éphémères.

  • Laure Dodier

    Mais j'adore cette conversation, Laure, parce qu'on parle sincèrement et authentiquement des vraies choses. L'approche que tu partages avec le slowprenariat, Ce qui m'a... marqué et ce qui m'a attiré aussi c'est que on reprend les choses dès le départ on se pose la question en se disant ok l'argent c'est le produit dérivé de ce que tu vois et quoi ton besoin de sécurité il ya des gens ils ont besoin d'avoir dix mille balles sur leur compte pour se sentir en sécurité il ya des gens ils s'en foutent ils sont à découvert tous les mois ça ne leur en touche une sans faire bouger l'autre et ça les empêche pas de dire ils sont pas complètement en insécurité financière etc et donc déjà tu travailles sur ce niveau là de c'est quoi l'argent pour toi ça reprend Mais c'est ça que j'aime, tu vois. C'est qu'on remet les choses à leur juste place. Rappelons-nous, l'argent, c'est quoi ? C'est pas juste, on veut pas juste faire les picsous et en avoir plein pour montrer qui c'est qui a plus gros compte en banque que l'autre. Ça, c'est un truc quand même très masculiniste. On est d'accord, hein ? C'est un truc vraiment patriarcal. J'ai envie de te prouver que j'ai le plus gros portefeuille, j'ai le plus gros compte en banque, etc. Ce truc de se mettre systématiquement en compétition pour trouver que je suis mieux que toi, cette espèce d'hégémonie humaine, C'est quand même assez incroyable

  • Insaff El Hassini

    Mais en fait, c'est ça, c'est que dans l'entrepreneuriat, tu as quand même, et je trouve que c'est tellement flagrant, tu vas dans une librairie, rayon, entreprise, c'est un concours de faire partie du top 1%, comment faire x10. Et en fait, au milieu, tu as le mien, tu vois, qui est là, genre, alors, c'est-à-dire que même, regarde, même... Un des livres sur la réduction du temps de travail des entrepreneurs le plus vendu la semaine de 4 heures de Tim Ferriss, on est encore dans un extrême. Ce n'est pas réduire ton temps de travail, c'est ne bosser que 4 heures par semaine. Il y a toujours cette idée d'être dans l'extrême et d'avoir de la valeur parce que tu as réussi à être meilleur que les autres. Et en fait, qu'est-ce que ça peut faire finalement ? Est-ce que c'est si grave de ne pas faire partie du top 1% ? Est-ce que l'énergie, les sacrifices, les efforts qu'on va fournir pour ça, probablement pour se rendre compte une fois qu'on y est arrivé que bon, je m'emmerde un peu et maintenant il va falloir que j'aille encore plus loin. En fait, moi, ce genre de discours m'ennuie profondément parce que c'est du paraître, c'est de l'ego, c'est du concours de celui qui a la plus grosse. Et c'est en effet un enfant du patriarcat qui ne veut pas se dire. Mais c'est vraiment ça et ça entretient cette dimension-là. Et c'est là aussi où je te dis que je vois quand même encore beaucoup de femmes dans l'entrepreneuriat qui jouent aussi ce jeu-là. Parce que je crois que c'est une manière pour elles et en plus, je le comprends. mais vraiment de dire, nous aussi, on est capables. Sauf que moi, j'en suis au stade à me dire, non, mais en fait, on n'a plus rien à prouver. C'est bon, suffisamment de femmes qui ont prouvé qu'on était capables. Maintenant, est-ce qu'on peut passer à autre chose ? Parce que cette manière de voir l'entrepreneuriat et le business, aujourd'hui, ce qu'on peut constater aussi, c'est que c'est un système qui est complètement défaillant, humainement, écologiquement, socialement, par exemple. Ça ne marche pas. Ça marche pour, effectivement... 0,1% de la population qui en tire profit. Mais pour l'immense majorité des gens, c'est un système défaillant. Donc peut-être que les femmes pourraient amener ce côté. Puisque ce système est défaillant et ne marche pas, on a aussi le droit de se dire, on va entreprendre, c'est-à-dire ce qu'est entreprendre. Identifier des problèmes, créer des solutions, les développer, avoir un impact, changer le monde. Mais l'argent n'est peut-être pas ni le but principal de ça. ni le seul moyen. Je pense que la coopération, les idées, on dit souvent que l'argent donne le pouvoir. Oui, bien sûr, c'est une manière d'avoir du pouvoir. Et je sais que ça, ça fait partie aussi de ce que tu défends. Oui, c'est un des moyens, mais je suis convaincue aussi que des idées fortes et bien amenées et bien défendues et de la parole prise et de l'espace de parole pris, notamment par les femmes, c'est aussi un excellent moyen d'avoir du pouvoir. Donc, tu vois, c'est vraiment cette question d'ouvrir les horizons et de ne pas mettre systématiquement l'argent, la performance, la course comme la seule voie possible d'accomplir des choses. Et je crois que c'est ça que les femmes peuvent amener de différent.

  • Laure Dodier

    Moi, tu vois, je ne suis pas dans la dualité, je ne suis pas dans l'opposition à dire soit tu es puissant financièrement, soit tu es quelqu'un qui est conscient de ton environnement et tu es quelqu'un de bien. Enfin, vraiment pour... En fait, moi, je suis convaincue que l'argent, c'est le produit dérivé de ce que tu apportes au monde. C'est le produit dérivé de l'impact que tu as et de ce que tu apportes au monde. Et je suis convaincue que le problème de la majorité des personnes, c'est que déjà, elles sont nées et elles sont élevées dans une société patriarcale, qui leur fait croire qu'il n'y a qu'un seul modèle. Et donc, c'est un peu, il n'y a qu'une seule voie, tu la prends ou tu ne la prends pas, mais voilà, tu ne vas pas t'ergiverser. L'autre sujet, à mon sens, c'est qu'on fait croire aux gens que l'argent va leur régler tous leurs problèmes. Et ça, pour moi, c'est hyper problématique. Parce que être puissant financièrement, c'est d'abord être puissant humainement. Tu ne peux pas être puissant financièrement si tu n'es pas puissant humainement. Parce que pour devenir, pour atteindre un certain niveau de richesse sans crever, sans être dans une cage dorée, parce que tu as un business qui fait un CA de 7 chiffres, mais en fait, toi, tu te payes 2000 euros par mois, parce qu'en fait, tu as tellement de charges, tu as tellement d'employés, qu'en fait, ton niveau de vie n'a pas vraiment augmenté, tu n'as pas gagné en qualité de vie, tu as juste gagné en chiffre d'affaires. Donc, tu peux juste aller jouer au kéké devant les copains. et leur dire, ou les copines, je fais à 7 chiffres. Je pense que le problème, c'est qu'on n'a pas expliqué aux gens de manière correcte, limpide, quel était le but de l'argent. On ne leur a jamais expliqué. Et donc, à partir du moment où on ne leur a pas expliqué, ils mettent derrière ce truc-là ce qu'ils veulent et ça devient un amplificateur de blessures, c'est un amplificateur de problématiques, c'est un amplificateur de plein de choses, bonnes ou mauvaises. Et je suis convaincue aussi qu'il y a plein d'entrepreneurs et d'entrepreneureux qui ont des business à 7 chiffres. qui sont sur les réseaux et qui te disent j'ai mon business à ce chiffre, j'ai fait le million cette année. Mais moi, je pose toujours la question, tu te rémunères combien en fait ?

  • Insaff El Hassini

    Oui, aussi.

  • Laure Dodier

    Parce que la réalité, c'est combien tu te rémunères ? Parce que tu vois, ça aussi, ça participe aussi à créer, je trouve, une fracture sociale. C'est-à-dire que, un peu moins nous, parce qu'on est plus mature et on a plus d'expérience de vie, parce qu'on est plus âgé et qu'on a plus expérimenté aussi. Mais quand tu vois les jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi, et notamment sur le marché de l'entrepreneuriat, et qui croient dur comme fer qu'en fait tu peux devenir millionnaire en ne faisant absolument rien, juste en ayant la bonne idée, parce que tu es plus malin que tout le monde et que tu as niqué tout le monde. Enfin, non, ce n'est pas possible. Tu ne deviens pas millionnaire en niquant tout le monde.

  • Insaff El Hassini

    Oui, exactement. Il y en a qui ont des coups de bol. C'est-à-dire que, c'est ce que tu disais tout à l'heure, bonne idée, bonne compétence, bonne opportunité, bonne rencontre, bon moment. Ça arrive, mais c'est éphémère. Parce que si le contexte… Tu sais, c'est vraiment la vieille histoire des fondations de la maison. C'est-à-dire que si tu n'as pas pris le temps de poser des bonnes fondations, de réfléchir ton truc, de te faire un réseau solide… de te faire une crédibilité, un positionnement solide, etc. En fait, une fois que l'opportunité est passée, que le contexte a changé, ton succès est très éphémère. Et il y en a à qui ça convient, mais il y en a eu plein ces dernières années, avec l'infoprenariat, avec là, c'est ce qui est en train de se passer sur l'IA, etc. Très bien, mais sauf que si tu n'as pas ni la maturité, ni la conscience que c'est éphémère, parce que oui, il y a ceux qui font beaucoup de chiffres d'affaires, mais qui ne se payent pas beaucoup, et tu as aussi ceux qui se payent beaucoup et qui changent leur mode de vie. et qui s'habituent à un mode de vie et qui se rendent compte que bon, alors par contre, là, pour le maintenir, je me rends compte que ça me colle vachement la pression et qu'ils se retrouvent bloqués parce que gagner moins, faire moins de chiffre d'affaires, c'est gagner moins et là, ça remet toute leur vie en cause. Il y a une énorme différence entre une décroissance choisie, je te dis ça parce que moi, c'est complètement le délire dans lequel je suis en ce moment, de me dire je veux réduire mes besoins financiers le plus possible parce que pour moi, la liberté, elle est là. Mais c'est choisi, c'est progressif, c'est conscient. Ça n'a rien à voir avec une décroissance subie. Parce que souvent, tu as aussi beaucoup d'entrepreneurs qui savent, qui le voient qu'ils vont dans le mur. Et moi, j'en rencontre beaucoup. Parce que du coup, avec ce que je fais, les gens osent m'en parler sans avoir peur du jugement, si tu veux. Donc, je récolte souvent un peu les dessous. Genre, qu'est-ce que c'est épuisant ? Et quand je leur parle de ralentir, ils se disent, mais je ne peux pas. parce que j'ai acheté une baraque, j'ai un prêt qui est comme ça. et puis mes enfants, je les ai mis dans telle école et puis ça et puis ici. Donc, même au-delà de l'image, l'aversion à la perte, c'est hyper puissant chez l'être humain. C'est difficile de se dire, si là, je change les choses, que ce soit ralentir ou juste changer le business model, en fait, ce que j'ai construit va changer. Et ça fait tellement peur qu'il y en a, et ce qui va arriver de toute façon, une fois qu'ils auront pris le mur, mais quelque part, c'est plus rassurant de se dire, je vais me prendre le mur, je verrai bien. Et au moins, ça me donnera... Et c'est ça que moi, en fait, je trouve dramatique là-dedans. Cette obsession de l'argent et ce critère de réussite presque unique, ça amène les gens à faire des choix qui sont hyper néfastes pour eux. Et donc, même chez ceux et celles pour qui ça fonctionne et qui font en effet beaucoup d'argent, surtout en France. Je pense qu'en plus, en France, on a une vision de l'échec qui est tellement... On n'a pas le droit d'échouer. C'est mal vu. Et donc... ça rajoute une couche, tu vois. C'est-à-dire que tu redescends, c'est que quand même, t'as merdé, t'as pas été assez performant, t'as pas été assez fort, t'as pas tenu, t'avais pas les épaules, etc. Donc, il y a tout un contexte. Et pour moi, d'ailleurs, c'est beaucoup plus un enjeu systémique qu'un enjeu individuel. Je crois que les individus, ils font vraiment ce qu'ils peuvent, même les kékés de LinkedIn, en fait. Franchement, je crois que profondément, on fait tous ce qu'on peut à l'endroit où on est avec ce qu'on entend autour de nous. Et c'est pour ça que c'est fondamental pour moi de changer ce qu'on entend. de changer les modèles, d'oser prendre la parole sur ces sujets, d'oser questionner le statu quo et remettre la santé en priorité. Pourquoi ? Parce que quand tu prends le prisme de la santé, ce qui touche encore une fois à la santé physique, au bien-être, santé sociale, à l'environnement, ça prend un peu tous les pans de la vie. Quand tu mets ça en priorité, quand tu remets l'argent au rang d'un moyen comme un autre, tu résous énormément de problématiques. Mais ça, il y a encore du chemin pour... pour que le discours soit beaucoup plus diffusé dans tous les endroits, si tu veux.

  • Laure Dodier

    Oui, mais quand même, tu vois, moi, je vois qu'il y a quand même des voix comme la tienne qui est de plus en plus audible.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, ça commence à...

  • Laure Dodier

    C'est de plus en plus en chemin et on est de plus en plus aligné avec ça. Tu vois, je pense aussi notamment à Émilie Friedli qui a Maison Mère et son objectif, elle, c'est qu'un business soit clairement au service des mères et à ton service, c'est mettre un business à ton service. Et donc, c'est différent évidemment du sloprenariat, ça n'a rien à voir avec ce que tu dis.

  • Insaff El Hassini

    Oui, mais c'est...

  • Laure Dodier

    Ça recoupe pas mal quand même.

  • Insaff El Hassini

    On retrouve aussi cette idée, quand tu adaptes le business à la réalité de la personne, c'est ça, c'est que ce n'est pas l'inverse. Et souvent aujourd'hui, dans le monde du travail, on adapte sa vie quotidienne à son boulot. C'est-à-dire que c'est même une façon d'être dans tout le monde du travail. Et oui, on en parle plus. Le cap qui nous reste à passer pour conclure là-dessus, c'est qu'aujourd'hui, on constate les dégâts, on entend parler d'alternatives comme le slow-pronariat, mais tu vois, moi, la question qu'on me pose le plus en conférence, par exemple, c'est Est-ce que vous avez des exemples de chefs d'entreprise qui sont dans le slow, qui ont démarré comme ça et qui ont une boîte qui tourne ? Et ça aujourd'hui, la réalité, c'est que moi je n'en ai pas encore identifié. J'en ai identifié qui ont ralenti après et leur boîte continue de tourner. J'ai plein d'exemples chez des indépendants, des professions libérales. J'ai aussi des données hyper intéressantes sur les effets de la qualité de vie au travail, sur les salariés, la semaine de quatre jours, etc. Donc en fait, j'ai ces données-là. Mais aujourd'hui, c'est vrai que sur les dirigeants, les chefs d'entreprise, les personnes qui ont démarré comme ça et qui ont réussi à monter leur business sans être dans le sacrifice, moi, je ne les ai pas encore identifiés. Et donc, souvent, là, on vient me dire, ah bah oui, mais du coup, ça ne marche pas. Et en fait, pour moi, ce n'est pas ça qu'on doit se dire. C'est, encore une fois, le modèle actuel est défaillant. Ça, c'est une certitude. C'est-à-dire que c'est la seule chose dont on est sûr, c'est que ce modèle hyper capitaliste, hyper dans la performance, dans la recherche de croissance rapide, il va de... de plus en plus fort. C'est-à-dire que le modèle de start-up, c'est ce que tu as aujourd'hui chez les indépendants. On demande aux indépendants de faire des millions sans lever de fonds en deux ans. C'est quand même... À un moment donné, il va falloir s'arrêter. Ce modèle est défaillant. Donc après, on a deux choix. Soit on continue à se dire « Bon, mais ce modèle est défaillant, mais youpi, tralala, on aime souffrir, on continue à y aller. » Ou alors, on essaye une alternative et justement, on se lance et c'est je crois une sacrée audace aussi pour ces entrepreneurs qui adorent être adosieux. C'est une audace de se dire, ça marche pour les indépendants, ça marche pour les salariés, ça marche pour ceux qui changent leur business après s'être pris le mur. En fait, je vais me lancer et on va faire partie de ces pionniers qui vont pourvoyer que c'est possible aussi pour les chefs d'entreprise. Et il n'y a aucune raison que ça ne marche pas. En tout cas, il y a plus de chances que ça soit un modèle viable que l'actuel, qui encore une fois, ne marche pas. Donc, c'est ça qui nous reste comme cap à passer. C'est passer le cap de trouver les orlais adopteurs chez les dirigeants qui vont servir de modèle et qui vont dire... je ne sais pas encore si ça va marcher mais ce que je sais c'est que la direction dans laquelle je vais elle ne marchera pas donc j'ose changer de direction et faire partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui vont montrer comment est-ce qu'on peut développer une entreprise sans se cramer en tant que dirigeant dès le départ ou avant de cette prime mûre c'est intéressant ce que tu dis parce qu'on voit vraiment qu'il y a une séparation très nette entre

  • Laure Dodier

    dirigeants chefs d'entreprise et indépendants à leur compte. Je prends l'exemple de Caroline Jurado. Récemment, elle a donné une interview dans le podcast de Nina Raman, Nina Raman, le divin des patronnes. Je recommande à tout le monde d'écouter cet épisode-là parce qu'il est hyper éclairant. Et je les salue toutes les deux au passage. Et en fait, c'est très intéressant parce que Caroline raconte que la première boîte qu'elle a lancée, c'était une boîte où elle a suivi le modèle startup. Et en fait, à la fin, elle n'en pouvait plus, elle était dégoûtée. Ça a vraiment été une expérience qu'elle ne voulait pas. plus jamais reproduire. Et finalement, elle s'est mise à son compte. Et au moment où elle a eu un enfant, elle s'est rendue compte qu'il fallait que son business travaille pour elle parce qu'en fait, étant enceinte, elle avait des nausées et des maux de deux femmes enceintes qui faisaient qu'elle ne pouvait pas être à son max comme elle l'était avant. Et du coup, elle a trouvé un modèle, elle a pivoté, elle a trouvé un modèle dans lequel elle était capable de générer un chiffre d'affaires de 750 000 euros par an tout en travaillant trois jours par semaine. Et je pense que ça, c'est des modèles, alors encore une fois, Caroline, c'est une entrepreneuse depuis hyper longtemps. Elle n'a pas cessé de pivoter, etc. Ce n'est pas quelque chose qu'elle a fait du jour au lendemain. C'est très important de le dire parce que je vois énormément de publicités en disant « Moi et mon mec, on travaille sur une moto depuis les Philippines et on travaille 30 minutes par semaine et on fait 8 000 lions par an. » Ça, je doute, mais bon, après, pourquoi pas ? Mais tout ça pour dire, bottom line, tout ça pour dire que je pense qu'il y a des modèles. encore une fois, de personnes qui viennent peut-être du monde des freelances, des indépendants et qui n'est pas encore arrivé au monde de l'entreprise, qui arrivent à avoir des business qui tournent, qui ont bien ficelé leur modèle économique, etc. Mais encore une fois, la question c'est, est-ce qu'ils vont s'inscrire dans la pérennité ?

  • Insaff El Hassini

    En fait, c'est ça. Par exemple, typiquement, le marché de la formation en ligne est un marché qui est en grand essor depuis le Covid notamment. Ça a commencé avant, mais le Covid a donné un coup d'accélérateur. C'est un marché qui est très immature encore et donc qui change très vite. Et moi, c'est sur ce marché-là que je suis depuis 2021. Et il y a des changements de comportement d'achat, de stratégie. Ça change tout le temps. Donc, c'est ce qui explique aussi qu'il y a des personnes qui ont réussi parce qu'elles avaient, encore une fois, bonnes compétences, bon moment, bon sujet, plus le background derrière qui te donne peut-être l'assise, l'expérience, donc tout ça, qui ont fait qu'il y a des gens cons. réussi sans se cramer à faire des gros chiffres d'affaires. Mais pour le maintenir dans un marché qui est si fluctuant, c'est la question, c'est est-ce que ces compétences-là, ces capacités-là, ma réalité, je vais trouver les manières de maintenir ce niveau-là dans un nouveau contexte. Et ça, c'est la réalité de l'entrepreneuriat et c'est peut-être là aussi où les entreprises plus traditionnelles, plus organiques, parce qu'en fait, l'entrepreneuriat, des fois, on me dit en fait, c'est de l'entrepreneuriat normal. Ouais. Il y a des choses où c'est juste comme ça qu'on faisait des business à l'ancienne, mais en fait, c'était pérenne. Et d'ailleurs, avant, le but d'une entreprise, ce n'était pas de faire de la croissance rapide, c'était de durer dans le temps. Et le but, c'est de revenir un peu à ça et de durer en tant que personne aussi. Moi en ce moment, je suis très intéressée par le concept de robustesse. qui est la manière dont le vivant subsiste malgré les fluctuations. Et sur la planète Terre, des fluctuations, il y en a eu deux, trois quand même. Je trouve ça hyper intéressant parce que c'est l'anti-performance. On part du principe qu'il va y avoir des choses qui ne vont plus marcher, qui vont bouger. Il y a des imprévus, tout ça. Et on construit avec cette conscience-là. Et on construit sur le risque plutôt que de construire contre le risque en essayant de l'éviter. Je trouve ça passionnant. Et pour moi, j'ai l'impression de découvrir un monde du slow-pronariat plus, plus, plus, et qui est beaucoup plus en phase avec la réalité du terrain. C'est-à-dire que oui, des fois, il peut y avoir des pics où on a de la chance, il y a un truc qui marche bien. Par contre, on sait que ça ne va pas durer. Donc, qu'est-ce qu'on met en place pour que notre business reste viable sur la durée, alors qu'il y a des choses qui, demain, là aujourd'hui, ça marche très bien, demain, ça ne va pas marcher. Et moi, de plus en plus, j'essaye de tenir compte de ça parce que, même si je suis très vigilante à ma santé mentale, je trouve que dans l'industrie dans laquelle je suis, du business en ligne, ça bouge tellement fort qu'il y a quand même des moments encore où c'est trop de stress pour moi. C'est-à-dire qu'il y a des trucs où je me dis, bon, là, les fluctuations, je les encaisse encore trop fort. Donc, il faut que je trouve un moyen de lisser tout ça et de surfer sur les vagues plutôt que de les prendre en pleine poire.

  • Laure Dodier

    Laure, avant de se quitter, j'aimerais vraiment qu'on parle d'un sujet parce que j'aimerais t'entendre là-dessus. J'aimerais vraiment qu'on parle de deux sujets. On va essayer de les aborder rapidement. Le premier, c'est question oui, non, à ton avis, est-ce que le slowprenariat peut être répliqué en entreprise pour le salariat ? Oui. Est-ce que toi, tu vois que c'est possible ? Tu y vois une possibilité ? Ou est-ce que pour toi, c'est un truc qui sera cantonné à l'entrepreneuriat ?

  • Insaff El Hassini

    Non, non, j'en suis convaincue. En fait, le slow working, c'est-à-dire le fait d'appliquer les principes du mouvement slow au travail, bien sûr que c'est possible. Il y en a déjà qui le font. Et d'ailleurs, il y a des entrepreneurs qui le font déjà pour leurs équipes, mais qui ne se l'appliquent pas à eux. C'est pour ça que moi, je parle de slowpreneuriat, parce que je m'adresse beaucoup aux dirigeants. Mais ça arrive que j'intervienne en entreprise pour leurs équipes. C'est-à-dire que quand je suis face à des dirigeants ou des managers d'ailleurs qui… adhèrent à l'idée qu'ils ont compris qu'en fait, plus ils vont mettre les conditions pour leurs équipes, pour que les gens se sentent bien, pour qu'ils ne soient pas surchargés, pour qu'ils aient du confort de travail, plus ça va donner des bons résultats sur la durée. Et aujourd'hui, il y a aussi dans beaucoup d'entreprises des grosses problématiques de recrutement et d'engagement. Le slow vient répondre en partie à ces problématiques-là. Et souvent, j'ai des managers où moi, j'aimerais bien aussi qu'ils l'appliquent à eux. Ils n'osent pas trop. Manager, dirigeant, ça dépend des contextes, mais en gros. ceux qui sont mes clients. Moi, j'interviens pour l'équipe et puis je vais les impliquer dans l'atelier. Subtilement, je vais leur dire, fais l'atelier avec nous et puis ça leur permet de prendre conscience de certaines choses pour eux. Mais oui, bien sûr que ça fonctionne et c'est d'ailleurs là où on a le plus aujourd'hui de retours avec toutes les expérimentations qui sont faites sur la semaine de 4 jours, sur la réduction du temps de travail. Je parle bien de la semaine de 32 heures et non pas celle de 35 heures sur 4 jours. Ça, ça ne marche pas. Surtout pour les parents, par exemple. Les initiatives qui sont sincèrement faites pour la qualité de vie à travail, quand je dis sincèrement, ce n'est pas par obligation parce qu'il y a des normes à respecter, mais parce qu'il y a un vrai engagement de l'équipe dirigeante là-dessus. Des gens qui ont vraiment compris qu'en fait, leur priorité, c'est l'humain et qu'ils ne veulent pas considérer les humains comme des ressources pour du profit. Donc oui, bien sûr, ça, ça marche.

  • Laure Dodier

    Et ma deuxième question et du coup, dernière question. Alors, rapidement, le titre de ton livre, c'est « Exploiter sa zone de confort » . Et moi, j'aimerais juste y revenir pour le kiff, parce qu'en fait, on a grandi en nous disant Le confort dans l'inconfort. Il faut que tu sortes de ta zone de confort. L'expansion se trouve au-delà de ta zone de confort, etc.

  • Insaff El Hassini

    La vie démarre en dehors de ta zone de confort.

  • Laure Dodier

    Exactement, la vie démarre au-delà de ta zone de confort. Et en fait, toi, tu prends le contre-pied de tout ça et je trouve ça hyper libérateur. Et je voulais juste te remercier. Parce qu'en fait, tu dis juste qu'on peut rester dans sa zone de confort, on peut l'exploiter, on peut l'améliorer, on peut l'optimiser et c'est génial. Et du coup, je trouve ça un peu libérateur parce que On a des injonctions systématiques qui sont parfois hyper épuisantes parce qu'encore une fois, c'est l'humain qui est... C'est la performance, c'est la productivité. Et du coup, c'est ton humanité qui doit correspondre à ces normes-là. Et ce n'est pas fait pour correspondre à ces normes-là. Et du coup, avoir quelque chose qui libère comme ça en disant « Tu peux rester dans ta zone de confort, c'est cool, c'est OK. »

  • Insaff El Hassini

    Il y a déjà plein de choses à faire dedans.

  • Laure Dodier

    Il y a plein de choses à faire et tu peux l'exploiter. Mais bon, je vais arrêter de parler, je vais te laisser expliquer.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, moi, c'était... En fait, j'ai choisi cet angle-là pour parler de slow-pronariat parce que c'est encore trop mal compris. Donc, quand j'ai eu l'opportunité de faire ce livre, ça a été une discussion avec l'éditeur de trouver l'angle et moi, exploiter sa zone de confort, c'était déjà une manière que j'avais de décrire le slow-pronariat et j'avais déjà creusé d'où venait l'expression. Voilà, donc j'avais toute la matière et finalement, le squelette de ce que j'amène, moi, en clientèle et en formation, c'est toujours une histoire de rechercher plus de confort. Et c'est une injonction qui est là aussi un enfant du productivisme et qui a beaucoup de succès dans le monde de l'entreprise parce que ça vient de légitimer une pression qu'on se met en disant sans ça, on ne peut pas avoir de résultat, ce qui est fondamentalement faux. Ça pousse l'idée qu'il y a un bon stress, ce qui est biologiquement faux. Toutes ces idées reçues qui vont justifier qu'on se fasse du mal pour avoir des résultats. l'expression sortir de sa zone de confort qui est omniprésente, moi je le vois encore toutes les semaines et puis en plus maintenant on me tag sur des publications où ça vient, je le vois encore plus et c'est en plus une expression qu'on utilise à tort pour parler de simplement essayer quelque chose de nouveau donc le fait qu'elle soit très galvaudée et qu'elle soit utilisée pour pas parler de ça vraiment, c'est-à-dire la définition d'origine ça fait que on l'entend tout le temps et moi ce qu'on me dit beaucoup c'est j'ai beaucoup de gens qui me disent Ah oui, tu as raison. Merci, ça fait du bien parce que moi, je préfère parler d'élargir sa zone de confort. Et moi, je dis non, non, non, mais arrêtons de repousser les bords. Regardons déjà ce qu'il y a dedans parce qu'en fait, dedans, il y a plein de choses. Et moi, c'est ça que j'ai envie de dire. C'est encore une fois sortir de l'idée qu'il faut que ça soit systématiquement toujours plus, toujours plus grand, toujours plus fort. Parce que c'est de l'insatisfaction permanente quand on est comme ça. Et c'est ce qu'on voit beaucoup dans les comportements avec l'argent. une fois que tu as atteint un palier. Bon, alors maintenant, next. Et donc, j'avais cette envie de dire, en fait, fais ce qu'il y a avec, tu verras qu'il y a plein de choses. Et j'aimais bien aussi l'idée d'utiliser ce mot extrêmement capitaliste d'exploiter, parce qu'au départ, il y a plein de gens qui me disent, mais exploiter, je n'aime pas trop. Mais oui, mais évidemment, quand on parle d'être humain, c'est absolument ignoble. Mais il y a cette idée dans le mot exploiter, très radicale, et d'aller au fond des choses, et d'en tirer le plus de profit maximum. Et j'aime bien ce pied de nez à dire, en fait, quitte à exploiter quelque chose, autant que ça soit quelque chose qui te fasse du bien et c'est la seule exploitation qui finalement est au service de ta santé, de ton bien-être et de ton bonheur donc j'aime bien l'idée.

  • Laure Dodier

    Je pense que c'est une très bonne idée. Merci beaucoup Laure pour cette conversation passionnante je pourrais encore échanger avec toi des heures mais c'est la fin de cet épisode en tout cas je te remercie de rendre l'invisible visible et de montrer qu'il y a d'autres voies possibles d'autres manières de faire de l'argent plus écologique pour notre corps plus aligné avec... notre environnement et notre monde de manière générale. Merci beaucoup, Laure. C'était un plaisir. Et j'espère à bientôt. Avant de nous quitter, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, s'il te plaît ? Alors, on peut me retrouver sur LinkedIn, Laure Dodier, où je vais beaucoup parler du slowprenariat avec beaucoup de conviction et du monde de l'entreprenariat. Donc, c'est là, en gros, où je vote des culs pour s'individuer. Sur Instagram aussi, à Robazmasleboite, où là, je m'adresse plus à une cible d'indépendants. Et j'ai une newsletter aussi. où je partage mon quotidien et mes réflexions et pas mal de building public aussi sur cette newsletter qu'on peut trouver sur mon site masloboite.com.

  • Insaff El Hassini

    Génial. Un grand merci, Laure. Si vous aimez le podcast Majesté Valeur, vous allez adorer notre programme et nos offres de coaching à la négociation de rémunération. Grâce à la méthodologie unique et... pratico-pratique de Ma Juste Valeur, vous allez apprendre enfin à vraiment gagner votre vie. Vous allez notamment apprendre comment découvrir votre juste salaire ou vos justes tarifs sur le machin du travail, à construire une stratégie de négociation alignée avec vos priorités de vie et vos objectifs de carrière. Et enfin, à formuler les bons arguments face à votre hiérarchie ou vos clients pour obtenir la rémunération que vous méritez. Si vous écoutez Ma Juste Valeur, c'est parce que vous êtes convaincu que votre travail mérite d'être... être reconnus financièrement. Alors laissez-moi vous aider à réaliser vos objectifs et rejoignez-moi dès aujourd'hui sur www.majustevaleur.com. Enfin, si cet épisode vous a plu, vous pouvez le partager à vos proches, vous abonner, le noter 5 étoiles et mettre un commentaire sympa sur la plateforme de streaming que vous préférez. N'oubliez pas, sharing is caring. Alors si vous pensez que ce podcast ou mon travail peut aider quelqu'un, s'il vous plaît, n'hésitez surtout pas à le partager.

Description

Mesdames, et si on arrêtait de croire que pour réussir, il fallait forcément s’épuiser ?

Productivité à outrance, croissance infinie… Et si on vous avait menti ?


Dans cet épisode, on parle d’un sujet qui va faire du bien à votre charge mentale et à votre ambition : le slowprenariat

Notre invitée, Laure Dodier, a fait un burnout et manqué d'en faire un deuxième mais elle a refusé d'accepter que c'était le seul moyen de réussir.
Résultat ? Un business aligné, rentable… et humain.


Pas de promesses irréalistes : un nouveau modèle entrepreneurial plus durable, plus aligné avec nos vies.

Parce qu’on en a marre d'entendre : 10K par mois en deux semaines, 80h/semaine ou rien.


Au programme :

  1. Le slowprenariat, qu'est-ce que c'est ?

  2. Comment sortir de la productivité toxique sans culpabiliser ?

  3. Est-il possible d’avoir une carrière ambitieuse et bien rémunérée sans sacrifier sa santé ?

  4. Et si exploiter sa zone de confort, c’était justement le meilleur levier de performance durable ?


En résumé :
Ce n’est pas un épisode “anti-argent” mais une discussion pour toutes celles qui veulent gagner plus — mais autrement.
Plus de sens, plus d’espace mental, plus de lucidité sur ce qu’on veut vraiment construire.


🎧 À écouter absolument pour réussir sans s’épuiser.


📌 Liens mentionnés dans l’épisode :


💸 Dans cet épisode on va parler de :

Ma Juste Valeur, entreprenariat au féminin, slowprenariat, burnout, réussir autrement, équilibre vie pro/ vie perso, zone de confort, sortir de la productivité toxique, entreprendre avec sens, liberté financière et bien-être, impact sans sacrifice, performance durable, changer de modèle économique


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MA JUSTE VALEUR® est LE podcast sur la négociation de rémunération, l'argent des femmes au travail et l'égalité salariale.


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Transcription

  • Insaff El Hassini

    Avant de débuter l'épisode, j'aimerais vous partager la superbe nouvelle qu'est la sortie de mon deuxième livre qui s'intitule « Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation » . Alors pourquoi le petit livre ? Parce que c'est un petit format et c'est un tout petit prix, il ne coûte que 3,50€. Qu'est-ce que vous allez trouver dans ce livre ? Eh bien, un condensé de ma répartie légendaire, c'est-à-dire quoi dire et quoi ne pas dire quand on veut négocier son salaire d'entrée lors d'un entretien d'embauche. quand on veut demander une augmentation, mais également pour les indépendants et les indépendantes quand on veut négocier ses prestations ou quand on veut augmenter ses tarifs. Le petit livre des 50 phrases pour négocier votre prochaine augmentation, c'est un tout petit format à glisser dans votre poche ou dans votre sac, l'antisèche parfaite pour vous permettre d'obtenir votre prochaine augmentation. Il n'écoute que 3,50€, il est disponible en ligne et dans n'importe laquelle des librairies. Bonjour et bienvenue dans Ma Juste Valeur, le podcast référent sur la négociation de rémunération qui vous apprend à négocier vos salaires, négocier vos tarifs, obtenir une augmentation et globalement la rémunération que vous méritez. Je suis Insa Felassini, experte et coach en négociation de rémunération, mais également juriste, autrice, conférencière, youtubeuse, féministe militante pour l'égalité salariale et créatrice de ce podcast. Tous les premiers lundis du mois, je vous livre des conseils pratiques, concrets et précis pour négocier et obtenir un salaire ou des tarifs à votre juste valeur. Je reçois également une fois par mois des invités de tout horizon avec lesquels j'explore la relation que les femmes entretiennent avec l'argent et dessine des solutions pour vous décomplexer sur le sujet et vous donner des ailes pour oser en gagner plus. Je suis convaincue que la liberté économique des femmes annonce et précède leur liberté politique. Et si vous écoutez ce podcast, c'est tout sauf un hasard. Alors, en avant toutes mesdames et bienvenue dans Ma Juste Valeur. Cet épisode a été rendu possible grâce au soutien d'Ajipi. Ajipi, c'est une association indépendante d'assurés qui propose des solutions qui répondent aux besoins de protection des particuliers et des professionnels. Protection de la famille, de l'activité professionnelle, protection du patrimoine, de la retraite, etc. AGP, c'est aussi l'assureur qui partage nos valeurs et vos valeurs. Puisqu'il accompagne les femmes dans l'entrepreneuriat, leur propose des garanties spécifiques, notamment en cas de cancer du sein, mais aussi et surtout en cas de violence conjugale et de violence intrafamiliale. Et franchement, rien que pour ça, je dis bravo.

  • Laure Dodier

    La liberté ne se trouve pas forcément dans plus d'argent, mais peut-être qu'au contraire, la liberté se trouve dans... le moins besoin d'argent possible.

  • Insaff El Hassini

    Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir la spécialiste du slowpreneuriat en France, Madame Laure Dodier. Laure est accompagnante business, conférencière et autrice du livre « Exploite ta zone de confort » publié aux éditions Erol. Elle a lancé en 2021 son entreprise, Ma Slow Boite, pour proposer une alternative aux modèles de travail qui épuisent les entrepreneurs et qui normalisent leurs sacrifices. Très rapidement, elle observe que dans sa clientèle, elle n'a quasiment que des femmes, souvent tiraillées entre leur réalité et les injonctions à tout donner pour réussir, pour prouver qu'elles aussi peuvent faire aussi bien que les hommes. En travaillant avec Laure, elle découvre l'approche slow, c'est-à-dire une approche à l'opposé de la Golden Race, qui leur permet de concilier leurs besoins et leurs ambitions à leur manière et en s'émancipant des injonctions. En bientôt 5 ans ! Laure a aidé près de 1000 femmes à développer des business qui s'appuient sur leur zone de confort au lieu de les épuiser. Laure, comme je viens de le dire, je suis absolument ravie que tu aies accepté de venir nous partager ta vision des choses au micro de Ma Juste Valeur. Et la première question que j'aimerais te poser, c'est celle-ci. Tu es spécialiste du slowpreneuriat en France et je suis sûre qu'en disant ça, et je suis sûre qu'en lisant le titre de l'épisode du podcast, j'ai plein d'auditeurs et d'auditrices qui ont dû se dire « Attends, mais de quoi elle parle là ? » Qu'est-ce que c'est que le slow-prenariat ? C'est quoi ce nouveau terme ? C'est quoi ce nouveau truc un peu high ? Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est concrètement le slow-prenariat ?

  • Laure Dodier

    Oui, je vais même tout de suite couper court aux idées qu'on pourrait se faire. Non, le slow-prenariat, ce n'est pas faire des millions en bossant deux heures par jour, je le dis parce que le nombre de fois où je vois ce terme associé à ce mode de lifestyle qu'on voit sur les réseaux sociaux, ça n'a rien à voir. Le slow-prenariat, il faut le voir au même niveau que l'entrepreneuriat traditionnel. ou start-up, c'est-à-dire que c'est à la base une philosophie. d'entrepreneuriat autour duquel va se développer un écosystème, des méthodologies, un ADN, un sens des priorités. Le sens des priorités dans le slowpreneuriat, c'est de faire des business à but humain et à moyen lucratif et non l'inverse. Donc beaucoup plus proche du vivant, beaucoup plus proche de ce qui est soutenable pour l'être humain. Et très souvent, même si ce n'est pas une obligation, mais très souvent, on va avoir des gens qui vont chercher à avoir un impact positif parmi les adeptes du slowpreneuriat, ce qui n'est pas... Une condition absolue, mais c'est plus un constat.

  • Insaff El Hassini

    Ça me parle beaucoup de ce que tu viens de partager en disant en faisant des business à impact humain et moyen financier, c'est ça ?

  • Laure Dodier

    C'est ça, en fait. Aujourd'hui, une entreprise, en France, on a l'habitude de dire que c'est une organisation à but lucratif. C'est-à-dire que l'objectif d'une entreprise, à la base, c'est de faire de l'argent. Et l'humain est une ressource. Donc, on est sur des business à but lucratif et à moyen humain. Et dans le slowpreneuriat, c'est l'inverse. Et surtout... La différence, par exemple, avec de l'entrepreneuriat social, parce que l'entrepreneuriat social, ça pourrait être une définition, c'est que dans le slowpreneuriat, le dirigeant est intégré dans cette notion-là. Là où, même dans le business à impact et l'entrepreneuriat social, il n'empêche qu'il y a une dimension très sacrificielle, et même encore plus dans l'entrepreneuriat à impact, du dirigeant. C'est-à-dire des personnes qui vont estimer que le bien-être des équipes est en effet un levier, que le but est humain et que l'argent n'est qu'un moyen parmi d'autres. mais on va retrouver des comportements qui vont être quand même, chez les dirigeants, très dans le sacrifice, dans le don de soi, parce qu'il faut bien, parce qu'il y a une urgence, etc. Et dans le slow-prenariat, on part du principe que le dirigeant est un humain comme un autre et qu'il n'y a aucune raison que ça soit dans une dimension sacrificielle et qu'on peut tout à fait développer des business en prenant soin aussi et en priorisant la santé du dirigeant.

  • Insaff El Hassini

    Hyper intéressant. Laure, est-ce que tu peux nous dire comment toi, tu es venue au slow-prenariat ? et comment tu en es venue à en faire ta spécialité ?

  • Laure Dodier

    Alors, j'y suis venue par instinct de survie, comme beaucoup de personnes. C'est-à-dire que même aujourd'hui, la plupart des personnes qui sont attirées par ce principe-là sont des gens qui ont à un moment donné, qui se sont pris le mur ou pas loin. J'espère que ça changera. Je me suis lancée à mon compte en 2017 après avoir fait un burn-out dans le salariat. Je suis tombée enceinte en même temps. Et à peu près un an après, quand mon fils avait un an, j'étais toujours dans une recherche de performance sur tous les tableaux. Performance en tant que mère, performance en tant que freelance. Et j'ai vu revenir les signes de l'épuisement assez fortement. Et j'ai pris la décision très radicale de limiter mon stress professionnel le plus possible à la source. Mais à ce moment-là, si tu veux, j'étais assez convaincue que mon business allait vivoter, que ça ne pouvait pas marcher comme ça. Si jamais je réduisais mon temps de travail, que je faisais le moins d'efforts possible, en gros, nécessairement et inévitablement, mon business allait vivoter, mais ce n'était pas grave, je me disais ma priorité, c'est ma santé. Sauf que le constat était inverse, c'est-à-dire que plus j'ai identifié les sources de stress et cherché à les modifier, à les ajuster, à les rendre plus confortables, et plus mon business a décollé. Et ça, ce n'est pas pour ça que j'en ai fait ma spécialité. Ce qui fait que j'en ai fait ma spécialité, c'est la colère que j'ai ressentie. En faisant ce constat qu'en fait, j'avais passé toute ma vie professionnelle et même depuis l'école à croire qu'on ne pouvait jamais obtenir de résultats autrement qu'en faisant des efforts et qu'il était normal de donner beaucoup et que l'ambition était forcément associée à un dur labeur et que le stress, la difficulté étaient des signes qu'on allait dans la bonne voie. Et ça m'a mise très en colère de constater que ce n'était pas la seule voie, mais que personne n'en parlait. Et à force de voir autour de moi d'autres freelances, des pairs, d'autres... des partenaires, etc., qui travaillaient énormément et qui, pour autant, ne gagnaient pas toujours bien leur vie. Certains, oui, mais au détriment de leur santé et d'autres, pas du tout. J'ai, en post-Covid, tu vois, en fin 2020, l'automne 2020, je me suis dit, bon, j'ai commencé à avoir fait un peu le tour de ce que je faisais en gestion de projet, en communication, en freelance. J'avais envie d'autre chose et je me suis dit, c'est peut-être le bon moment, là où tout le monde a un peu pris conscience qu'il n'y a pas que le travail dans la vie. C'est peut-être le bon moment pour... oser parler de la manière dont je travaille moi maintenant depuis l'année dernière, qui me permet de développer mon business sans m'épuiser. Et j'ai lancé ça comme ça, en me disant, je ne sais pas, j'ai le pif, c'est maintenant peut-être qu'il faut en parler. Et il y a une époque où on n'en parlait pas du tout. Les gens étaient vraiment juste à ce constat de, en fait, ça nous a fait du bien quelque part qu'il y ait une pause dans la productivité habituelle et en même temps... on a envie de travailler différemment et en même temps on ne sait pas comment faire et moi j'avais un peu une solution clairement.

  • Insaff El Hassini

    Assez intéressant que tu parles de burn-out parce qu'en fait on a l'impression que dans le narratif entrepreneurial, dans le narratif du mythe d'un entrepreneur, il faut qu'à un moment donné... En tout cas, à date, il faut qu'à un moment donné, il y ait un burn-out. Et après, on repart sur un truc un peu plus spirituel, un peu « wouhou » , un peu « new age » , machin. Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, alors, c'est qu'aujourd'hui, le modèle entrepreneurial en France, et globalement dans le monde, pas qu'en France, c'est que c'est un modèle capitalistique. C'est-à-dire, bon, on n'est là pas pour enfiler des perles, on est là pour l'argent et idéalement pour en faire beaucoup. Ce qui en soi est OK, il n'y a pas de problème à vouloir faire beaucoup d'argent. Ce qui est moins en revanche, c'est qu'ils ont fait de l'argent le paramètre central de l'entrepreneuriat. Et donc, le fait qu'on soit aussi dans une société patriarcale a poussé ce modèle-là, avec l'argent au centre, à son paroxysme. Et donc, on est rentré dans une espèce de course à l'argent perpétuelle, où le seul étalon de mesure d'un business qui fonctionne et de la réussite de quelqu'un, c'est sa réussite financière. Et la réussite financière a tellement pris de place. que du coup, les personnes font des burn-out. Mais au-delà des personnes qui font des burn-out, on va y venir et tu vas nous expliquer tout ça. J'aimerais bien parler avec toi de la Golden Race. Ce qui m'intéresse aussi ici, mais je pense que c'est deux questions à une question, c'est de mettre aussi ça en perspective avec le contexte actuel et notre contrat social actuel, où on sent clairement que notre société est en plein burn-out parce qu'on a trop mis l'argent au centre de tout ça. Au détriment de la santé, au détriment de l'éducation, au détriment... de plein d'autres choses qui sont quand même vitaux. Et du coup, j'aimerais bien t'entendre là-dessus et t'entendre notamment sur la Golden Race et en quoi le slowprenariat est une alternative à ce modèle-là.

  • Laure Dodier

    En fait, c'est ça. C'est qu'aujourd'hui, la santé, le bien-être, que ce soit la santé physique, mentale, sociale, dans le monde du travail et dans l'entrepreneuriat, c'est juste que c'est encore plus poussé par rapport à ce qu'on attend des entrepreneurs. Ce sont des dommages collatéraux. Et ce qu'on essaye de faire... Parce que tu as raison, ça fait plus d'un siècle maintenant qu'on est dans cette dimension capitaliste, productiviste. Donc, il faut avoir conscience que c'est installé depuis un moment. C'est-à-dire que depuis que les entrepreneurs, c'est quelque chose, ça a toujours été sous ce modèle-là, en fait. Ça a toujours été le modèle dominant. Avant, il y avait des chefs d'entreprise, des artisans, des commerçants. Mais l'entrepreneur, les premiers entrepreneurs, tu prends les canaries, etc. C'était dans l'année 1800, 1990, 1900, etc. Ça a toujours été ce modèle-là. et Ça, ça a infusé dans tout le monde du travail et on essaye aujourd'hui, on constate les dégâts en termes d'égalité, en termes de santé, on constate. Mais on essaye de trouver des solutions à ça qui ne vont pas du tout toucher à la sacro-sainte croissance, au sacro-saint profit financier et à la performance. Alors même que ce qui cause tout ce mal-être là c'est le fait que ça soit le but principal. Donc, on essaye de ne pas... Et puis, c'est assez logique parce qu'aujourd'hui, quand tu regardes qui sont les grands décideurs, ce sont beaucoup des capitalistes aujourd'hui. Ce n'est pas honteux de le dire. Je pense qu'en plus, ces derniers temps, on le voit bien. Et ces gens-là n'ont absolument pas intérêt à ce que ça change, n'ont pas envie que ça change. Donc, c'est aussi eux qui portent le discours le plus fort. Ce qui fait que quand on entreprend, c'est difficile de se détacher de ce discours-là et ce n'est pas évident de se dire, en fait, même si moi, je me rends compte que ce qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas de chercher de l'argent à tout prix, mais c'est oui, gagner de l'argent, mais en faisant quelque chose qui m'éclate, en ayant un impact, en faisant quelque chose d'utile, je me sens un peu pas un vrai entrepreneur ou pas assez ambitieux parce qu'en fait, le truc qui me fait le plus vibrer, ce n'est pas la thune. Et le slowpreneuriat amène un cadre. dans lequel c'est tout à fait autorisé. Donc ça, souvent, c'est ça. Moi, je pense que l'émotion que je déclenche le plus chez les gens, c'est le soulagement. Il se trouve que ce n'est pas anodin, parce que c'est comme si juste parce que je parle de slowprenariat et d'exploiter sa zone de confort au lieu d'en sortir et que c'est OK d'avoir les ambitions financières qu'on veut. C'est comme si les gens, on leur enlevait un poids et que je disais tout haut ce qu'ils n'osent même pas s'avouer eux-mêmes tout bas. C'est parce que c'est tout de suite associé à en fait j'ai peut-être pas le droit de faire partie de cette clique des indépendants, des entrepreneurs ou des leaders ou peu importe, des personnes à responsabilité parce qu'en fait, ma motivation principale n'est pas de faire le plus d'argent possible. Et je crois qu'en plus, il y a évidemment des conséquences de cette dimension capitaliste à l'échelle mondiale, mais à l'échelle individuelle, moi j'observe énormément d'hommes et de femmes qui vont s'obliger à courir après des hauts objectifs financiers qui ne les rendent pas heureux. parce qu'en fait, ce n'est pas du tout ce qu'il fait le plus qu'il fait, que pour aller les chercher, ils vont mettre en place des projets et des méthodologies qui ne leur correspondent pas, qui les épuisent et puis ils se retrouvent vite pour les personnes pour qui ça marche. Ce n'est pas le cas de tous, il y en a beaucoup qui s'épuisent et en plus, ils n'ont même pas... Cette satisfaction que ça leur apporte, qu'ils sont venus chercher, mais même dans ceux qui réussissent financièrement, ça se transforme vite en cage dorée. C'est-à-dire des personnes qui ont atteint leurs objectifs, se rendent compte que par contre, ça les épuise de les maintenir, mais n'arrivent pas à faire de retour en arrière, sauf arriver à l'épuisement. Et c'est pour ça qu'il y en a autant qui ont malheureusement et tristement besoin de se prendre un mur. pour que leur corps ne leur laisse pas le choix. Puis quelque part, ça donne une légitimité auprès des autres. Bon, ben là, je suis obligée de redescendre, je suis obligée de décroître, etc. Parce que j'ai fait un burn-out, je suis tombée malade, etc. C'est ça que le slow-pronariat change, c'est que ça amène, si tu veux, une communauté de personnes qui entreprennent différemment, qui l'assument et qui ne sont pas sur ces objectifs-là. Et l'argent est placé comme un moyen, mais comme un autre, comme les relations, comme la créativité. ça amène beaucoup d'apaisement et j'ai bon espoir que petit à petit, ça amène une solution à de plus en plus de gens et qu'on arrive à transformer aussi les exigences vis-à-vis des entrepreneurs. C'est ça le but aussi.

  • Insaff El Hassini

    Pour rebondir sur ce que tu dis, Laure, je trouve ça hyper intéressant aussi d'essayer de réfléchir à comment on en est arrivé là. Quand je dis ton livre et que je le mets en perspective avec d'autres livres, notamment en finir avec la productivité, Laetitia Vito, qui est hyper intéressant, on s'aperçoit que hum Ce délire de mettre l'humain au service d'un but économique a commencé à partir de la révolution industrielle. En fait, on a commencé à vouloir avoir des modèles économiques qui crachent de la productivité et pour pouvoir faire encore de l'argent, de l'argent, toujours plus d'argent. Une fois qu'on a dit ça, il y a aussi l'autre conditionnement avec lequel on grandit, qui est de nous faire croire que... en plus d'être au service de son business, en plus de devoir se sacrifier pour son business si on est un bon entrepreneur, parce que c'est ça, finalement, le seul modèle économique avec lequel on grandit, en tout cas, le seul modèle entrepreneurial avec lequel on grandit, on grandit avec ce mindset-là et ce conditionnement-là qu'il faut travailler dur pour gagner de l'argent. Donc, de toute façon, à un moment donné... Le business, le monde des affaires, ça devient un peu un monde de sportifs de haut niveau. Et on le voit, tu vois, je suis vraiment très curieuse de t'entendre là-dessus notamment. Où tout le monde essaie de pousser la productivité de son corps, de sa vie au maximum pour pouvoir générer plus de business et faire plus d'argent. Et donc à force de pousser ce modèle-là au maximum, de le pousser, de le pousser, de faire en sorte que tout le monde se mette en ordre de bataille pour cracher un maximum de thunes, on arrive au burn-out. Et les gens, une fois qu'ils ont eu un burn-out, la plupart d'entre eux, tu fais partie des rares qui se remettent en selle. La plupart sont absolument dégoûtés de l'entrepreneuriat, du salariat, du monde du travail et se reconvertissent dans des trucs qui sont diamétralement opposés, notamment des trucs plus spirituels, plus un peu new age, etc.

  • Laure Dodier

    Oui, complètement. Et moi, j'en ai pas mal dans ma clientèle et je le comprends aussi. Je crois qu'il y a une recherche d'équilibre en allant chercher... une vision de la vie et de l'argent qui est complètement à l'opposé en effet. Il y en a aussi quand même beaucoup qui se lancent dans l'entrepreneuriat suite à des burn-out parce qu'ils y voient presque la seule possibilité de faire avec leur réalité. Et ce qui se passe et qui est assez dramatique, c'est qu'il y en a beaucoup qui se lancent avec cette idée-là en se disant au moins je vais pouvoir faire ce que je veux et ils rentrent dans des parcours. de création d'entreprise ou juste ils vont sur les réseaux sociaux pour commencer à taper comment développer son business des choses comme ça et aujourd'hui les contenus dominants sont des contenus qui ne te disent absolument pas que tu vas pouvoir adapter les choses à ta réalité même si c'est ce qu'on prend dans le slow on est encore très minoritaire et il y a tout ce travail justement de visibilité à faire pour que plus tard des gens qui se lancent et qui ont une réalité de vie en fait qui n'est pas compatible avec bosser 80 heures qui sont pas forcément Merci. en excellente santé, qui ont peut-être des enfants, qui ont peut-être fait un burn-out, qui ont peut-être une maladie chronique, qui sont peut-être aidants. En fait, ce qui concerne quand même les réalités de vie d'énormément de gens, on parle de millions de personnes, mais ils arrivent dans un écosystème où on leur explique que s'ils ne sont pas, pour caricaturer, mais c'est assez proche de ça, un homme célibataire de 25 ans en excellente santé, sportif, qui mange bien et qui veut tout dégommer, en fait, ils ne sont pas vraiment adaptés pour l'entrepreneuriat. Et c'est ce qu'on leur fait sentir. Et donc, tu as ces personnes qui font ce choix parce que le salariat n'est plus forcément possible pour eux par rapport à leurs besoins. Donc, ils se disent, au moins, en me mettant à mon compte, quelle que soit la profession, je pourrais avoir plus de souplesse. Et là, on leur explique, mais non, mais tu n'as rien à faire là, parce que si tu n'es pas prêt à faire des sacrifices, à te dédier à ta boîte pendant les trois premières années, même en freelance, à sortir de ta zone de confort, à te faire un peu violence, en fait, tu n'y arriveras pas. Et donc, ça fait plein de gens qui, soit il y en a qui désespèrent et abandonnent et ont retrouvé quelque chose qui ne leur convient pas. Et il y en a aussi beaucoup qui se disent, bon, d'accord, je vais faire tout ça et qui se recrament par derrière. Et moi, ça a été ça. C'est-à-dire que j'ai fait un burn-out. Bien sûr que je me suis lancée pour retrouver cette liberté. Mais l'environnement dans lequel je suis arrivée, je me suis dit, en fait, je ne peux pas. Et donc, je me suis remis la pression. Et heureusement que j'ai un côté, je pense, très rebelle et radical parfois quand il y a quelque chose qui ne me convient pas. Au bout d'un moment, je me dis, je me barre. Donc là, je ne voulais pas me barrer de l'entrepreneuriat. Mais tu vois, c'est là où j'ai pris cette décision de le stress, ça va vraiment disparaître de ma vie professionnelle. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais là, je ne me laisse pas le choix. sauf qu'il y a plein de gens qui ne fonctionnent pas comme ça. Et je reviens sur ce que tu as dit à propos des sportifs de haut niveau, et j'en parle dans mon livre parce que j'en ai tellement marre, en fait, d'entendre ce truc de « oui, les sportifs de haut niveau, les champions, eux, ils font ça » . En fait, les sportifs de haut niveau ne sont pas dans une recherche de performance tous les jours. Ils ne répètent pas leur compétition comme ça va se passer le jour J pendant tous leurs entraînements, et ils laissent une place énorme à la récupération, et ils sont extrêmement entourés. Et ce n'est pas ça qu'on existe des entreprises. Aujourd'hui, on demande aux entrepreneurs d'être performants de 8h du matin à 20h du soir, à tout moment, d'être ultra réactifs, de s'adapter. En fait, c'est inhumain ce qu'on demande aujourd'hui aux entrepreneurs. Et c'est aussi pour ça que le burn-out est vu presque comme un rite de passage aujourd'hui. C'est que finalement, si tu as fini par te cramer, par faire un burn-out, par avoir un cancer, par avoir pris un mur en bagnole parce que tu étais trop fatigué, Tu as une tape dans le dos parce que ça veut dire que tu t'es bien investi pour ton business. Tu as fait ce qu'il fallait. Bon, maintenant, tu as le droit de te reposer ou c'est dommage. Et en même temps, oui, c'est ça être entrepreneur. Et cette non remise en cause de ce qu'on s'inflige et de ce que la société inflige et des discours chez des influenceurs business, dans des structures d'accompagnement, dans les bouquins. Tu vois, cette non remise en cause du stress pour les entrepreneurs, moi, elle me choque. Parce que c'est une catégorie de la population à qui on demande de trouver des solutions pour la société civile, voire publique, de résoudre des problèmes, d'être en responsabilité. Donc, tu vois, il y a quand même énormément de choses qui sont demandées. Et moi, je suis convaincue qu'on a besoin vraiment qu'il y ait de plus en plus de personnes qui aient cet esprit entrepreneurial. Et à côté de ça, on exige d'eux bien plus que la plupart des gens. Les seules personnes, le seul autre parallèle que je vois où je trouve ça tout aussi ahurissant, ça va être les professionnels de santé qui ont cette immense responsabilité, qui sont dans des conditions absolument abominables et à qui on demande de continuer à bien soigner les gens alors que les conditions sont abominables. Les professionnels de santé, on en parle parce que c'est très concret, on le vit. Il suffit d'aller aux urgences, on le voit, et puis parce qu'ils s'expriment. Mais les entrepreneurs sont aussi une partie de la population qui est très dépolitisée. Parce qu'il ne faut pas parler un petit peu de tout ce qui pourrait être politisé, c'est-à-dire faire valoir ses droits, etc. On en parle assez peu. Autant on parle des droits des femmes, tu vois ça, mais parce que les femmes entrepreneurs font partie de cette catégorie des femmes et on lutte pour nos droits. Mais tu entends très peu aujourd'hui de chefs d'entreprise, comment dire, les gens vont constater que ça va mal, ils vont oser le dire, mais ils ne vont pas demander à ce que ça change. Et ça, je trouve ça très problématique. Et c'est là où la vision du sloprenariat vient amener, encore une fois, un écosystème alternatif qui, j'espère, est complémentaire, surtout, puisque tu vois, parallèle, qui vient amener un espace dans lequel c'est tout à fait OK et qu'on soit de plus en plus de monde à oser dire, ce n'est pas normal, que parce qu'on entreprend, qu'on soit freelance, chef d'entreprise, dirigeant, peu importe, on doive... Que ce choix professionnel fait qu'on doit encaisser trois fois plus de stress que les autres et ne jamais chercher de solution pour être moins stressé. Et c'est normal, il faut juste être des supermans, des Wonder Woman, tu vois. Avec cet esprit, tu vois, tu l'entends chez beaucoup d'entrepreneurs, de « Ah ben oui, mais bon, on aime bien, on a signé pour ça, et puis de toute façon, on a bien voulu. » Et ça, je trouve ça assez ahurissant de voir où on en est arrivé de cette acceptation d'une dose de souffrance et de stress. qui n'est jamais remise en question dans l'écosystème.

  • Insaff El Hassini

    En fait, Laure, au-delà de la dose de souffrance et de stress, moi j'ai l'impression que l'entrepreneuriat en 2017 et en 2025 a profondément changé. En près de 10 ans, on a profondément changé la vision qu'on avait sur l'entrepreneuriat, l'entrepreneuriat et la vision que les personnes ont de l'entrepreneuriat et de ce qu'ils voulaient faire de l'entrepreneuriat. En 2017, c'était la Startup Nation. Soit t'étais cool, soit t'étais pas cool. T'avais les cool guys, ceux qui avaient une startup, ceux qui votaient Macron, ceux qui étaient là pour dire on va changer les choses. On est la Startup Nation, on est là pour changer le monde et on le change à coup de franglish, de backstrapping, de levée de fonds, etc. Et t'as eu toute une population de jeunes à l'époque, parce qu'entre 25 et 35 ans, t'es quand même encore relativement jeune. On est d'accord ?

  • Laure Dodier

    Tout à fait, tout à fait.

  • Insaff El Hassini

    Qui se sont dit, mais en fait, moi, j'ai envie d'entreprendre, moi, j'ai envie d'être cool, donc je me reconnais plus dans ce modèle-là. En tout cas, ce modèle-là m'attire plus, résonne plus avec moi. Et donc, c'est ça que je vais faire. Et à aucun moment, ils ont envisagé qu'il y avait une autre alternative. Et donc, tu avais les gars cool et tu avais les gars moins cool, ceux qui travaillent à leur compte.

  • Laure Dodier

    Oui, exactement.

  • Insaff El Hassini

    Les libéraux.

  • Laure Dodier

    Les libéraux ou les chèques d'entreprise traditionnels en fait. Tu es, tu es dans le monde traditionnel, ça le trouve plan-plan quoi.

  • Insaff El Hassini

    Voilà. Donc ceux qui travaillaient en libéral, ce n'était pas cool. Personne ne veut être mis dans cette catégorie-là. Or, la réalité, c'est que fast forward en 2025, le monde a vachement évolué. On s'est rendu compte que ce modèle-là de la start-up, déjà un, il n'était pas viable, deux, il n'y avait pas que ce modèle-là et trois, ce n'était pas le meilleur en fait. Il n'y a pas qu'une manière d'entreprendre. Avoir une idée, lever des fonds, grossir ta boîte, scaler, blablabla, aller à San Francisco, machin. Il n'y a pas que cette manière-là. Et que tu peux faire tout autant d'argent, alors peut-être pas des milliards, parce qu'il y a quand même des paliers à passer et chaque palier requiert ses challenges. Mais la réalité, c'est que tu pouvais déjà passer le palier des six chiffres sans te cramer la gueule, sans être une start-up. Et en étant coiffeuse, et en étant notaire, et en étant conseillère en gestion de patrimoine, et en étant les autres qui étaient considérés jusqu'ici comme des pas cool, tu vois, comme les gars de l'école qui étaient pas cool, les gens du collège qui sont pas cool, mais qui au final, ben mangeaient pas tout ce stress-là. Moi j'aimerais bien aussi avoir ton regard sur comment ça a changé. Est-ce qu'au final on n'a pas changé, est-ce qu'on n'a pas évolué de regard sur l'entrepreneuriat ? Parce qu'à un moment donné, les femmes ont massivement... investi l'entrepreneuriat parce que comme tu le sais on le sait toutes les deux on en a déjà parlé en off etc etc la réalité c'est que la plupart des entreprises ne sont pas designés pour les carrières féminines donc au bout d'un moment tu en as marre d'être prise pour une clown et donc tu vas ailleurs et tu décides de monter ta propre boîte ou tu fais un burn out ou tu es mal considéré à ton retour de congé maternité etc etc toutes ces choses là qui font qu'à un moment donné les talents féminins voilà décident de démissionner un peu du modèle du salariat pour entrer dans le modèle de l'entrepreneuriat. Et en venant dans l'entrepreneuriat, elles se sont dit, mais attends, moi je suis venue dans l'entrepreneuriat pour avoir plus de liberté. Il est hors de question que je ne vois pas mes gamins. Il est hors de question que je travaille de 8h jusqu'à 22h. Il est hors de question d'avoir trop de stress. Il est hors de question que X, que Y, que Z, tu vois. Et avec cette vision-là, peut-être un peu plus féminine des choses, un peu plus connectée à soi, un peu plus connectée à son monde, au corps, etc. J'ai le sentiment que ça a permis de faire évoluer l'entrepreneuriat. mais peut-être que je suis complètement... à côté de la plaque et que...

  • Laure Dodier

    Non, non, je pense qu'il y a un peu des deux. Alors moi, j'ai aussi une vision assez biaisée puisque je vois surtout les personnes qui ont choisi le slow-prenariat dans les personnes que je côtoie de près parce que ce sont des clientes ou parce que ce sont des personnes avec qui j'échange et en tout cas dont je connais les rouages des business. Les autres, il faut que j'aille les chercher, discuter avec elles, donc j'en ai un petit peu moins. Le constat par contre est clair, c'est que dans le slow-prenariat, tu l'as dit en intro, c'est... pas exclusivement des femmes, il y a aussi des hommes, mais en tout cas dans les personnes qui se font accompagner à ça, mais c'est un autre sujet, c'est quasiment exclusivement des femmes. Et c'est en effet un mode de travail qui va beaucoup leur parler, parce que comme tu l'as dit, les autres modèles sont peu adaptés à leur réalité. Et l'un des piliers du slowpreneuriat, c'est de construire le business autour de la réalité de la personne. Donc peu importe que ce soit une réalité de femme, de mère ou de personne qui est cramée. dans la manière dont on construit les business, ça fait partie de l'ADN. Déjà, je pense que ça parle beaucoup aux femmes parce que l'idée de reconnecter à soi, de ralentir, je crois qu'on a tellement de pression par ailleurs, on a des gens tellement fatigués par ailleurs, tellement de responsabilités et de charges mentales par ailleurs que ça fait du bien à entendre. Donc ça, c'est attractif. Et puis parce que ça leur correspond. Il y a des hommes aussi qui viennent, mais souvent parce qu'ils se sont cramés ou parce qu'il y en a aussi pas mal qui ont naturellement un tempérament assez décontractés, souvent des freelances et qui en fait ne sont pas très stimulés par le côté chef d'entreprise salarié et qui trouvent leur compte. Mais il y a quand même aussi beaucoup de femmes qui sont encore dans cette idée que pour avoir une place en tant que femme dans l'entrepreneuriat, il est nécessaire de bosser autant qu'un homme. Plus rarement des mères. Les femmes que je vois faire ça sont souvent des femmes qui n'ont pas d'enfants ou pas encore.

  • Insaff El Hassini

    Parce que je crois qu'après, il y a une réalité parentale qui fait que voilà. Il y en a aussi qui ont des enfants et qui souvent ne voient pas beaucoup leurs enfants. Ils font ce choix de faire garder beaucoup leurs enfants pour pouvoir mener ça. Ça, je le vois quand même beaucoup encore jusqu'à ce que, c'est-à-dire des femmes qui vont à un moment donné avoir un changement de vie, soit se prendre le mur, soit un enfant qui arrive et qui vont faire qu'elles vont réajuster. Et à ce moment-là, elles se rendent compte que c'est possible. Par contre, je trouve que ça dépend des types de business, sur des professions libérales. ou sur des freelancers ou après-satères de service, des petites entreprises. Il y en a beaucoup qui arrivent à poser ce cadre dès le départ. Sur des chefs d'entreprise, des femmes qui vont monter des business avec des salariés, je le vois moins parce qu'il y a aussi toute cette idée très, très, très ancrée que pour ce type de business, que ce soit startup ou entreprise traditionnelle en tout cas. Peut-être que les équipes, le cadre peut être cool pour elles, mais en France, on est quand même prêts à mettre sur les épaules du dirigeant et de la dirigeante toute la responsabilité de la réussite de la boîte. et donc on a des dirigeants qui dès le départ ne s'autorisent absolument pas à avoir un cadre qui respecte leurs besoins et il y a une acceptation de pendant 3 ans, 2-3 ans je vais pas trop dormir,

  • Laure Dodier

    je vais être très stressée etc tu vois chez les chefs d'entreprise hommes comme femmes le voient encore beaucoup moins chez les professions libérales en effet tu vois moi avant j'étais clairement dans ce modèle là c'était pas la golden race parce qu'on n'est pas après l'argent mais je courais après cette performance là je voulais vraiment montrer que Je tirais énormément d'orgueil du fait d'avoir repris le boulot quatre jours après avoir couché. Mes copines me surnommaient Rachida Dati, mais je l'ai payée derrière parce qu'en fait, ce n'est pas parce que tu crois que ton corps continue à opérer comme ce fut le cas avant que ça l'est en pratique. Mais en tout cas, je sais que moi, par exemple, j'avais beaucoup d'orgueil. J'avais un peu de vanité à me dire, ouais, je suis là, je peux faire comme un mec, je peux ne pas dormir, je peux ne pas faire ci, je peux travailler autant, je peux me dédier autant, etc. Et la réalité, je pense qu'il y a certainement beaucoup de femmes et d'hommes qui ont juste envie de prouver qu'ils sont à la hauteur de l'enjeu. Je pense qu'il y a un peu de ça. Et puis, je pense qu'il y en a aussi plein qui pensent qu'il n'y a qu'une manière d'y arriver. C'est cette manière-là. Et donc, c'est un petit peu « take it or leave it » . Soit tu joues le jeu et ils jouent le jeu à fond, soit tu ne joues pas le jeu à fond. Laure, j'aimerais qu'on parle d'un autre sujet, qui est celui de certaines personnes qui te disent Non mais attends, le slowprenariat c'est bien sympa, mais en fait moi j'ai envie de me faire 10 000 boules par mois. Donc c'est pas en travaillant deux jours par semaine que je vais me faire 10 000 boules par mois. J'aimerais vraiment qu'on aborde ce vrai sujet, parce que c'est clair que le slowprenariat c'est un modèle qui est centré sur l'humain, qui n'est pas centré sur l'impact économique. En revanche, moi je suis convaincue, et aussi parce que je pense qu'il y a de plus en plus de femmes qui ont décidé de trouver des modèles économiques qui match avec... leur besoin d'avoir plus de temps pour elles, tout simplement. Je suis convaincue que tu peux faire six chiffres en travaillant trois jours par semaine. Est-ce que c'est une réalité ou est-ce que c'est que des chimères et des publicités Facebook pour nous faire acheter des formations ?

  • Insaff El Hassini

    Non, c'est une réalité. Simplement, la condition pour ça, ça va dépendre du business model. Parce que si tu veux préserver ta santé et que tu as un business model qui te demande d'être tout le temps présentiel face à tes clients et multiplier les clients et de passer le temps avec eux, à un moment donné, tu... tu peux, mais alors, sauf si tu vends des prestations très haut de gamme ou dans une niche ou pourquoi pas, mais c'est aussi une question de business model ou sinon sur des business model où tu vas pouvoir décorréler un petit peu ton temps de tes revenus. Donc, c'est possible. Et la deuxième condition, c'est de laisser le temps que ça arrive. Alors, pour deux raisons. La première raison, c'est l'hypercroissance. Même si elle a été acquise sans se cramer, la pression que ça met l'entourage qui arrive et qui t'explique maintenant, il faut que tu délègues, maintenant, il faut que tu faciles. Donc, tu vois cette espèce d'entourage, parce qu'en général, quand on fait de l'hypercroissance, on en parle, etc., et qui te dit maintenant, la prochaine étape, c'est ça. Là, on se retrouve vraiment dans l'effet cage doré dont je parlais tout à l'heure, c'est-à-dire des personnes qui, l'hypercroissance, n'a pas forcément été trop énergivore, parce que des fois, c'est juste bonne compétence, bien amenée au bon moment, enfin, tu as tout plein de contextes qui font que ça est arrivé, mais le maintien de ces niveaux-là lui fait plonger. Et puis parce qu'un changement, même positif, même perçu positivement, pour le cerveau, pour le corps, c'est éprouvant. Et que des personnes qui sont passées en un an de « je gagne 1500 euros par mois » à « je me dégage un chiffre d'affaires de 500 000 euros » , en fait, c'est brutal. C'est très brutal en termes de posture, en termes de gestion d'argent, de tout ce que ça amène comme sujet. Donc, l'hypercroissance est brutale et c'est extrêmement difficile. En tout cas, moi, je n'ai encore rencontré personne dans les personnes autour de moi. Et je suis dans un milieu de l'infoprenariat, donc j'en connais quelques-uns, puisque c'est typiquement un genre de business model où on peut scaler rapidement, qui se soit maintenu durablement en bonne santé en ayant fait de l'hypercroissance. Et c'est le même phénomène d'ailleurs chez les start-uppers. Parce que par devant, dont tu parlais tout à l'heure, c'est « youpi, on a levé des millions » , et puis derrière... la pression que ça amène, c'est autre chose. Donc, il y a aussi l'idée de se dire « Ok, je veux atteindre ces hautes ambitions financières. » Il y a tout cet enjeu avec mes compétences, mes talents, ce que je sais faire, ce que j'aime faire. Qui sont les gens qui vont être prêts à payer ça ? Quel est le business model qui va me l'amener ? Et accepter aussi que le but n'est pas de faire ces six chiffres, forcément, en un ou deux ans, mais de les amener à un rythme de construction qui va être soutenable et qui fait que quand on va atteindre ce niveau-là, se dire Merci. En fait, la croissance, j'ai réussi à l'encaisser, je me suis adaptée, j'ai mis les choses. Enfin, tu vois, je n'y suis pas allée comme une grosse bourrine. Et je peux maintenir ça sans que ça me demande de réinventer la roue, etc. à chaque fois et que ça soit épuisant. Et dans ces conditions-là, bien sûr qu'il y en a. Il y a aussi beaucoup de gens que ça n'intéresse pas. Il y a aussi beaucoup de gens dont l'ambition financière se résume à « je veux gagner 2000, 2500 euros par mois, de quoi payer mes charges. » Et en fait, ça me va très bien. Et ça, c'est aussi plein de gens qu'on vit qu'on leur foute la paix avec leurs ambitions financières parce que ce n'est pas ça qui les anime et que pour autant, ce sont des personnes qui peuvent avoir dans leur écosystème et auprès de leurs clients un impact qui est hyper fort et qui ne sont pas intéressées pour chercher à croître en fait, mais qui s'y obligent souvent. Donc pour moi, il y a les deux. Bien sûr que c'est possible. C'est à regarder au cas par cas quel est le chemin qui va pouvoir y amener sans t'épuiser. Et en même temps, la première question à se poser, c'est Pour quelles raisons est-ce que je veux atteindre cet objectif-là ? Est-ce que c'est pour prouver quelque chose ? Et on a le droit d'avoir besoin de prouver quelque chose. Mais il faut juste voir, tu vois, mettre en parallèle de qu'est-ce que je suis prêt à mettre en face. Tu vois, moi, je dis ça parce que je rencontre beaucoup de personnes qui arrivent des fois avec cet objectif-là. Voilà, je me suis déjà cramée, j'ai ces hautes ambitions financières, je veux que tu m'aides à les atteindre sans me cramer. Et quand moi, je les fais travailler sur leurs objectifs de vie, elles ont envie de vivre, quoi. Donc, en gros, comprendre à quoi cet argent va leur servir. Mais dans 90% des cas, la conclusion, c'est « Eh, mais en fait, je n'ai pas besoin de gagner autant. » Qui se rendent compte qu'elles n'ont pas besoin de gagner autant. Et quand elles corrèlent ça à ce qu'elles ont envie de vivre au quotidien, quoi elles utiliseraient cet argent, quel impact elles ont envie d'avoir. En fait, elles se rendent compte qu'elles ont beaucoup plus cherché ces objectifs pour prouver quelque chose alors que ce n'est pas vraiment important pour elles, pour faire partie d'une certaine catégorie de la population. Parfois, c'est une question de loyauté parentale. Et ça, je le vois beaucoup aussi. J'ai envie de prouver à mes parents que... je suis capable de, alors soit des personnes qui viennent de milieux assez aisés et qui ont envie de montrer qu'elles sont autant capables et à l'inverse des personnes qui viennent de milieux modestes et qui ont envie d'être la première dans la famille souvent des personnes qui ne viennent pas du tout de famille d'entrepreneurs et qui ont envie de prouver que c'était pas un choix instable en fait mais il y a de tout et moi souvent c'est ça que je pose comme question, quand il y a des personnes qui ont des grosses ambitions c'est il n'y a pas de soucis maintenant ... Quel est le temps que tu t'accordes pour le faire ? Est-ce qu'on va trouver le business model qui rend ça possible ? Et parfois, ça met un peu de temps aussi de trouver le bon business model. Et puis parce que si on veut que ça soit durable, c'est-à-dire que ce niveau de chiffre d'affaires et de revenus dur, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Sinon, c'est que tu vas saisir des opportunités. Il y a un truc qui va marcher à un moment donné, ça arrive, mais c'est souvent sur des choses assez éphémères.

  • Laure Dodier

    Mais j'adore cette conversation, Laure, parce qu'on parle sincèrement et authentiquement des vraies choses. L'approche que tu partages avec le slowprenariat, Ce qui m'a... marqué et ce qui m'a attiré aussi c'est que on reprend les choses dès le départ on se pose la question en se disant ok l'argent c'est le produit dérivé de ce que tu vois et quoi ton besoin de sécurité il ya des gens ils ont besoin d'avoir dix mille balles sur leur compte pour se sentir en sécurité il ya des gens ils s'en foutent ils sont à découvert tous les mois ça ne leur en touche une sans faire bouger l'autre et ça les empêche pas de dire ils sont pas complètement en insécurité financière etc et donc déjà tu travailles sur ce niveau là de c'est quoi l'argent pour toi ça reprend Mais c'est ça que j'aime, tu vois. C'est qu'on remet les choses à leur juste place. Rappelons-nous, l'argent, c'est quoi ? C'est pas juste, on veut pas juste faire les picsous et en avoir plein pour montrer qui c'est qui a plus gros compte en banque que l'autre. Ça, c'est un truc quand même très masculiniste. On est d'accord, hein ? C'est un truc vraiment patriarcal. J'ai envie de te prouver que j'ai le plus gros portefeuille, j'ai le plus gros compte en banque, etc. Ce truc de se mettre systématiquement en compétition pour trouver que je suis mieux que toi, cette espèce d'hégémonie humaine, C'est quand même assez incroyable

  • Insaff El Hassini

    Mais en fait, c'est ça, c'est que dans l'entrepreneuriat, tu as quand même, et je trouve que c'est tellement flagrant, tu vas dans une librairie, rayon, entreprise, c'est un concours de faire partie du top 1%, comment faire x10. Et en fait, au milieu, tu as le mien, tu vois, qui est là, genre, alors, c'est-à-dire que même, regarde, même... Un des livres sur la réduction du temps de travail des entrepreneurs le plus vendu la semaine de 4 heures de Tim Ferriss, on est encore dans un extrême. Ce n'est pas réduire ton temps de travail, c'est ne bosser que 4 heures par semaine. Il y a toujours cette idée d'être dans l'extrême et d'avoir de la valeur parce que tu as réussi à être meilleur que les autres. Et en fait, qu'est-ce que ça peut faire finalement ? Est-ce que c'est si grave de ne pas faire partie du top 1% ? Est-ce que l'énergie, les sacrifices, les efforts qu'on va fournir pour ça, probablement pour se rendre compte une fois qu'on y est arrivé que bon, je m'emmerde un peu et maintenant il va falloir que j'aille encore plus loin. En fait, moi, ce genre de discours m'ennuie profondément parce que c'est du paraître, c'est de l'ego, c'est du concours de celui qui a la plus grosse. Et c'est en effet un enfant du patriarcat qui ne veut pas se dire. Mais c'est vraiment ça et ça entretient cette dimension-là. Et c'est là aussi où je te dis que je vois quand même encore beaucoup de femmes dans l'entrepreneuriat qui jouent aussi ce jeu-là. Parce que je crois que c'est une manière pour elles et en plus, je le comprends. mais vraiment de dire, nous aussi, on est capables. Sauf que moi, j'en suis au stade à me dire, non, mais en fait, on n'a plus rien à prouver. C'est bon, suffisamment de femmes qui ont prouvé qu'on était capables. Maintenant, est-ce qu'on peut passer à autre chose ? Parce que cette manière de voir l'entrepreneuriat et le business, aujourd'hui, ce qu'on peut constater aussi, c'est que c'est un système qui est complètement défaillant, humainement, écologiquement, socialement, par exemple. Ça ne marche pas. Ça marche pour, effectivement... 0,1% de la population qui en tire profit. Mais pour l'immense majorité des gens, c'est un système défaillant. Donc peut-être que les femmes pourraient amener ce côté. Puisque ce système est défaillant et ne marche pas, on a aussi le droit de se dire, on va entreprendre, c'est-à-dire ce qu'est entreprendre. Identifier des problèmes, créer des solutions, les développer, avoir un impact, changer le monde. Mais l'argent n'est peut-être pas ni le but principal de ça. ni le seul moyen. Je pense que la coopération, les idées, on dit souvent que l'argent donne le pouvoir. Oui, bien sûr, c'est une manière d'avoir du pouvoir. Et je sais que ça, ça fait partie aussi de ce que tu défends. Oui, c'est un des moyens, mais je suis convaincue aussi que des idées fortes et bien amenées et bien défendues et de la parole prise et de l'espace de parole pris, notamment par les femmes, c'est aussi un excellent moyen d'avoir du pouvoir. Donc, tu vois, c'est vraiment cette question d'ouvrir les horizons et de ne pas mettre systématiquement l'argent, la performance, la course comme la seule voie possible d'accomplir des choses. Et je crois que c'est ça que les femmes peuvent amener de différent.

  • Laure Dodier

    Moi, tu vois, je ne suis pas dans la dualité, je ne suis pas dans l'opposition à dire soit tu es puissant financièrement, soit tu es quelqu'un qui est conscient de ton environnement et tu es quelqu'un de bien. Enfin, vraiment pour... En fait, moi, je suis convaincue que l'argent, c'est le produit dérivé de ce que tu apportes au monde. C'est le produit dérivé de l'impact que tu as et de ce que tu apportes au monde. Et je suis convaincue que le problème de la majorité des personnes, c'est que déjà, elles sont nées et elles sont élevées dans une société patriarcale, qui leur fait croire qu'il n'y a qu'un seul modèle. Et donc, c'est un peu, il n'y a qu'une seule voie, tu la prends ou tu ne la prends pas, mais voilà, tu ne vas pas t'ergiverser. L'autre sujet, à mon sens, c'est qu'on fait croire aux gens que l'argent va leur régler tous leurs problèmes. Et ça, pour moi, c'est hyper problématique. Parce que être puissant financièrement, c'est d'abord être puissant humainement. Tu ne peux pas être puissant financièrement si tu n'es pas puissant humainement. Parce que pour devenir, pour atteindre un certain niveau de richesse sans crever, sans être dans une cage dorée, parce que tu as un business qui fait un CA de 7 chiffres, mais en fait, toi, tu te payes 2000 euros par mois, parce qu'en fait, tu as tellement de charges, tu as tellement d'employés, qu'en fait, ton niveau de vie n'a pas vraiment augmenté, tu n'as pas gagné en qualité de vie, tu as juste gagné en chiffre d'affaires. Donc, tu peux juste aller jouer au kéké devant les copains. et leur dire, ou les copines, je fais à 7 chiffres. Je pense que le problème, c'est qu'on n'a pas expliqué aux gens de manière correcte, limpide, quel était le but de l'argent. On ne leur a jamais expliqué. Et donc, à partir du moment où on ne leur a pas expliqué, ils mettent derrière ce truc-là ce qu'ils veulent et ça devient un amplificateur de blessures, c'est un amplificateur de problématiques, c'est un amplificateur de plein de choses, bonnes ou mauvaises. Et je suis convaincue aussi qu'il y a plein d'entrepreneurs et d'entrepreneureux qui ont des business à 7 chiffres. qui sont sur les réseaux et qui te disent j'ai mon business à ce chiffre, j'ai fait le million cette année. Mais moi, je pose toujours la question, tu te rémunères combien en fait ?

  • Insaff El Hassini

    Oui, aussi.

  • Laure Dodier

    Parce que la réalité, c'est combien tu te rémunères ? Parce que tu vois, ça aussi, ça participe aussi à créer, je trouve, une fracture sociale. C'est-à-dire que, un peu moins nous, parce qu'on est plus mature et on a plus d'expérience de vie, parce qu'on est plus âgé et qu'on a plus expérimenté aussi. Mais quand tu vois les jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi, et notamment sur le marché de l'entrepreneuriat, et qui croient dur comme fer qu'en fait tu peux devenir millionnaire en ne faisant absolument rien, juste en ayant la bonne idée, parce que tu es plus malin que tout le monde et que tu as niqué tout le monde. Enfin, non, ce n'est pas possible. Tu ne deviens pas millionnaire en niquant tout le monde.

  • Insaff El Hassini

    Oui, exactement. Il y en a qui ont des coups de bol. C'est-à-dire que, c'est ce que tu disais tout à l'heure, bonne idée, bonne compétence, bonne opportunité, bonne rencontre, bon moment. Ça arrive, mais c'est éphémère. Parce que si le contexte… Tu sais, c'est vraiment la vieille histoire des fondations de la maison. C'est-à-dire que si tu n'as pas pris le temps de poser des bonnes fondations, de réfléchir ton truc, de te faire un réseau solide… de te faire une crédibilité, un positionnement solide, etc. En fait, une fois que l'opportunité est passée, que le contexte a changé, ton succès est très éphémère. Et il y en a à qui ça convient, mais il y en a eu plein ces dernières années, avec l'infoprenariat, avec là, c'est ce qui est en train de se passer sur l'IA, etc. Très bien, mais sauf que si tu n'as pas ni la maturité, ni la conscience que c'est éphémère, parce que oui, il y a ceux qui font beaucoup de chiffres d'affaires, mais qui ne se payent pas beaucoup, et tu as aussi ceux qui se payent beaucoup et qui changent leur mode de vie. et qui s'habituent à un mode de vie et qui se rendent compte que bon, alors par contre, là, pour le maintenir, je me rends compte que ça me colle vachement la pression et qu'ils se retrouvent bloqués parce que gagner moins, faire moins de chiffre d'affaires, c'est gagner moins et là, ça remet toute leur vie en cause. Il y a une énorme différence entre une décroissance choisie, je te dis ça parce que moi, c'est complètement le délire dans lequel je suis en ce moment, de me dire je veux réduire mes besoins financiers le plus possible parce que pour moi, la liberté, elle est là. Mais c'est choisi, c'est progressif, c'est conscient. Ça n'a rien à voir avec une décroissance subie. Parce que souvent, tu as aussi beaucoup d'entrepreneurs qui savent, qui le voient qu'ils vont dans le mur. Et moi, j'en rencontre beaucoup. Parce que du coup, avec ce que je fais, les gens osent m'en parler sans avoir peur du jugement, si tu veux. Donc, je récolte souvent un peu les dessous. Genre, qu'est-ce que c'est épuisant ? Et quand je leur parle de ralentir, ils se disent, mais je ne peux pas. parce que j'ai acheté une baraque, j'ai un prêt qui est comme ça. et puis mes enfants, je les ai mis dans telle école et puis ça et puis ici. Donc, même au-delà de l'image, l'aversion à la perte, c'est hyper puissant chez l'être humain. C'est difficile de se dire, si là, je change les choses, que ce soit ralentir ou juste changer le business model, en fait, ce que j'ai construit va changer. Et ça fait tellement peur qu'il y en a, et ce qui va arriver de toute façon, une fois qu'ils auront pris le mur, mais quelque part, c'est plus rassurant de se dire, je vais me prendre le mur, je verrai bien. Et au moins, ça me donnera... Et c'est ça que moi, en fait, je trouve dramatique là-dedans. Cette obsession de l'argent et ce critère de réussite presque unique, ça amène les gens à faire des choix qui sont hyper néfastes pour eux. Et donc, même chez ceux et celles pour qui ça fonctionne et qui font en effet beaucoup d'argent, surtout en France. Je pense qu'en plus, en France, on a une vision de l'échec qui est tellement... On n'a pas le droit d'échouer. C'est mal vu. Et donc... ça rajoute une couche, tu vois. C'est-à-dire que tu redescends, c'est que quand même, t'as merdé, t'as pas été assez performant, t'as pas été assez fort, t'as pas tenu, t'avais pas les épaules, etc. Donc, il y a tout un contexte. Et pour moi, d'ailleurs, c'est beaucoup plus un enjeu systémique qu'un enjeu individuel. Je crois que les individus, ils font vraiment ce qu'ils peuvent, même les kékés de LinkedIn, en fait. Franchement, je crois que profondément, on fait tous ce qu'on peut à l'endroit où on est avec ce qu'on entend autour de nous. Et c'est pour ça que c'est fondamental pour moi de changer ce qu'on entend. de changer les modèles, d'oser prendre la parole sur ces sujets, d'oser questionner le statu quo et remettre la santé en priorité. Pourquoi ? Parce que quand tu prends le prisme de la santé, ce qui touche encore une fois à la santé physique, au bien-être, santé sociale, à l'environnement, ça prend un peu tous les pans de la vie. Quand tu mets ça en priorité, quand tu remets l'argent au rang d'un moyen comme un autre, tu résous énormément de problématiques. Mais ça, il y a encore du chemin pour... pour que le discours soit beaucoup plus diffusé dans tous les endroits, si tu veux.

  • Laure Dodier

    Oui, mais quand même, tu vois, moi, je vois qu'il y a quand même des voix comme la tienne qui est de plus en plus audible.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, ça commence à...

  • Laure Dodier

    C'est de plus en plus en chemin et on est de plus en plus aligné avec ça. Tu vois, je pense aussi notamment à Émilie Friedli qui a Maison Mère et son objectif, elle, c'est qu'un business soit clairement au service des mères et à ton service, c'est mettre un business à ton service. Et donc, c'est différent évidemment du sloprenariat, ça n'a rien à voir avec ce que tu dis.

  • Insaff El Hassini

    Oui, mais c'est...

  • Laure Dodier

    Ça recoupe pas mal quand même.

  • Insaff El Hassini

    On retrouve aussi cette idée, quand tu adaptes le business à la réalité de la personne, c'est ça, c'est que ce n'est pas l'inverse. Et souvent aujourd'hui, dans le monde du travail, on adapte sa vie quotidienne à son boulot. C'est-à-dire que c'est même une façon d'être dans tout le monde du travail. Et oui, on en parle plus. Le cap qui nous reste à passer pour conclure là-dessus, c'est qu'aujourd'hui, on constate les dégâts, on entend parler d'alternatives comme le slow-pronariat, mais tu vois, moi, la question qu'on me pose le plus en conférence, par exemple, c'est Est-ce que vous avez des exemples de chefs d'entreprise qui sont dans le slow, qui ont démarré comme ça et qui ont une boîte qui tourne ? Et ça aujourd'hui, la réalité, c'est que moi je n'en ai pas encore identifié. J'en ai identifié qui ont ralenti après et leur boîte continue de tourner. J'ai plein d'exemples chez des indépendants, des professions libérales. J'ai aussi des données hyper intéressantes sur les effets de la qualité de vie au travail, sur les salariés, la semaine de quatre jours, etc. Donc en fait, j'ai ces données-là. Mais aujourd'hui, c'est vrai que sur les dirigeants, les chefs d'entreprise, les personnes qui ont démarré comme ça et qui ont réussi à monter leur business sans être dans le sacrifice, moi, je ne les ai pas encore identifiés. Et donc, souvent, là, on vient me dire, ah bah oui, mais du coup, ça ne marche pas. Et en fait, pour moi, ce n'est pas ça qu'on doit se dire. C'est, encore une fois, le modèle actuel est défaillant. Ça, c'est une certitude. C'est-à-dire que c'est la seule chose dont on est sûr, c'est que ce modèle hyper capitaliste, hyper dans la performance, dans la recherche de croissance rapide, il va de... de plus en plus fort. C'est-à-dire que le modèle de start-up, c'est ce que tu as aujourd'hui chez les indépendants. On demande aux indépendants de faire des millions sans lever de fonds en deux ans. C'est quand même... À un moment donné, il va falloir s'arrêter. Ce modèle est défaillant. Donc après, on a deux choix. Soit on continue à se dire « Bon, mais ce modèle est défaillant, mais youpi, tralala, on aime souffrir, on continue à y aller. » Ou alors, on essaye une alternative et justement, on se lance et c'est je crois une sacrée audace aussi pour ces entrepreneurs qui adorent être adosieux. C'est une audace de se dire, ça marche pour les indépendants, ça marche pour les salariés, ça marche pour ceux qui changent leur business après s'être pris le mur. En fait, je vais me lancer et on va faire partie de ces pionniers qui vont pourvoyer que c'est possible aussi pour les chefs d'entreprise. Et il n'y a aucune raison que ça ne marche pas. En tout cas, il y a plus de chances que ça soit un modèle viable que l'actuel, qui encore une fois, ne marche pas. Donc, c'est ça qui nous reste comme cap à passer. C'est passer le cap de trouver les orlais adopteurs chez les dirigeants qui vont servir de modèle et qui vont dire... je ne sais pas encore si ça va marcher mais ce que je sais c'est que la direction dans laquelle je vais elle ne marchera pas donc j'ose changer de direction et faire partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs qui vont montrer comment est-ce qu'on peut développer une entreprise sans se cramer en tant que dirigeant dès le départ ou avant de cette prime mûre c'est intéressant ce que tu dis parce qu'on voit vraiment qu'il y a une séparation très nette entre

  • Laure Dodier

    dirigeants chefs d'entreprise et indépendants à leur compte. Je prends l'exemple de Caroline Jurado. Récemment, elle a donné une interview dans le podcast de Nina Raman, Nina Raman, le divin des patronnes. Je recommande à tout le monde d'écouter cet épisode-là parce qu'il est hyper éclairant. Et je les salue toutes les deux au passage. Et en fait, c'est très intéressant parce que Caroline raconte que la première boîte qu'elle a lancée, c'était une boîte où elle a suivi le modèle startup. Et en fait, à la fin, elle n'en pouvait plus, elle était dégoûtée. Ça a vraiment été une expérience qu'elle ne voulait pas. plus jamais reproduire. Et finalement, elle s'est mise à son compte. Et au moment où elle a eu un enfant, elle s'est rendue compte qu'il fallait que son business travaille pour elle parce qu'en fait, étant enceinte, elle avait des nausées et des maux de deux femmes enceintes qui faisaient qu'elle ne pouvait pas être à son max comme elle l'était avant. Et du coup, elle a trouvé un modèle, elle a pivoté, elle a trouvé un modèle dans lequel elle était capable de générer un chiffre d'affaires de 750 000 euros par an tout en travaillant trois jours par semaine. Et je pense que ça, c'est des modèles, alors encore une fois, Caroline, c'est une entrepreneuse depuis hyper longtemps. Elle n'a pas cessé de pivoter, etc. Ce n'est pas quelque chose qu'elle a fait du jour au lendemain. C'est très important de le dire parce que je vois énormément de publicités en disant « Moi et mon mec, on travaille sur une moto depuis les Philippines et on travaille 30 minutes par semaine et on fait 8 000 lions par an. » Ça, je doute, mais bon, après, pourquoi pas ? Mais tout ça pour dire, bottom line, tout ça pour dire que je pense qu'il y a des modèles. encore une fois, de personnes qui viennent peut-être du monde des freelances, des indépendants et qui n'est pas encore arrivé au monde de l'entreprise, qui arrivent à avoir des business qui tournent, qui ont bien ficelé leur modèle économique, etc. Mais encore une fois, la question c'est, est-ce qu'ils vont s'inscrire dans la pérennité ?

  • Insaff El Hassini

    En fait, c'est ça. Par exemple, typiquement, le marché de la formation en ligne est un marché qui est en grand essor depuis le Covid notamment. Ça a commencé avant, mais le Covid a donné un coup d'accélérateur. C'est un marché qui est très immature encore et donc qui change très vite. Et moi, c'est sur ce marché-là que je suis depuis 2021. Et il y a des changements de comportement d'achat, de stratégie. Ça change tout le temps. Donc, c'est ce qui explique aussi qu'il y a des personnes qui ont réussi parce qu'elles avaient, encore une fois, bonnes compétences, bon moment, bon sujet, plus le background derrière qui te donne peut-être l'assise, l'expérience, donc tout ça, qui ont fait qu'il y a des gens cons. réussi sans se cramer à faire des gros chiffres d'affaires. Mais pour le maintenir dans un marché qui est si fluctuant, c'est la question, c'est est-ce que ces compétences-là, ces capacités-là, ma réalité, je vais trouver les manières de maintenir ce niveau-là dans un nouveau contexte. Et ça, c'est la réalité de l'entrepreneuriat et c'est peut-être là aussi où les entreprises plus traditionnelles, plus organiques, parce qu'en fait, l'entrepreneuriat, des fois, on me dit en fait, c'est de l'entrepreneuriat normal. Ouais. Il y a des choses où c'est juste comme ça qu'on faisait des business à l'ancienne, mais en fait, c'était pérenne. Et d'ailleurs, avant, le but d'une entreprise, ce n'était pas de faire de la croissance rapide, c'était de durer dans le temps. Et le but, c'est de revenir un peu à ça et de durer en tant que personne aussi. Moi en ce moment, je suis très intéressée par le concept de robustesse. qui est la manière dont le vivant subsiste malgré les fluctuations. Et sur la planète Terre, des fluctuations, il y en a eu deux, trois quand même. Je trouve ça hyper intéressant parce que c'est l'anti-performance. On part du principe qu'il va y avoir des choses qui ne vont plus marcher, qui vont bouger. Il y a des imprévus, tout ça. Et on construit avec cette conscience-là. Et on construit sur le risque plutôt que de construire contre le risque en essayant de l'éviter. Je trouve ça passionnant. Et pour moi, j'ai l'impression de découvrir un monde du slow-pronariat plus, plus, plus, et qui est beaucoup plus en phase avec la réalité du terrain. C'est-à-dire que oui, des fois, il peut y avoir des pics où on a de la chance, il y a un truc qui marche bien. Par contre, on sait que ça ne va pas durer. Donc, qu'est-ce qu'on met en place pour que notre business reste viable sur la durée, alors qu'il y a des choses qui, demain, là aujourd'hui, ça marche très bien, demain, ça ne va pas marcher. Et moi, de plus en plus, j'essaye de tenir compte de ça parce que, même si je suis très vigilante à ma santé mentale, je trouve que dans l'industrie dans laquelle je suis, du business en ligne, ça bouge tellement fort qu'il y a quand même des moments encore où c'est trop de stress pour moi. C'est-à-dire qu'il y a des trucs où je me dis, bon, là, les fluctuations, je les encaisse encore trop fort. Donc, il faut que je trouve un moyen de lisser tout ça et de surfer sur les vagues plutôt que de les prendre en pleine poire.

  • Laure Dodier

    Laure, avant de se quitter, j'aimerais vraiment qu'on parle d'un sujet parce que j'aimerais t'entendre là-dessus. J'aimerais vraiment qu'on parle de deux sujets. On va essayer de les aborder rapidement. Le premier, c'est question oui, non, à ton avis, est-ce que le slowprenariat peut être répliqué en entreprise pour le salariat ? Oui. Est-ce que toi, tu vois que c'est possible ? Tu y vois une possibilité ? Ou est-ce que pour toi, c'est un truc qui sera cantonné à l'entrepreneuriat ?

  • Insaff El Hassini

    Non, non, j'en suis convaincue. En fait, le slow working, c'est-à-dire le fait d'appliquer les principes du mouvement slow au travail, bien sûr que c'est possible. Il y en a déjà qui le font. Et d'ailleurs, il y a des entrepreneurs qui le font déjà pour leurs équipes, mais qui ne se l'appliquent pas à eux. C'est pour ça que moi, je parle de slowpreneuriat, parce que je m'adresse beaucoup aux dirigeants. Mais ça arrive que j'intervienne en entreprise pour leurs équipes. C'est-à-dire que quand je suis face à des dirigeants ou des managers d'ailleurs qui… adhèrent à l'idée qu'ils ont compris qu'en fait, plus ils vont mettre les conditions pour leurs équipes, pour que les gens se sentent bien, pour qu'ils ne soient pas surchargés, pour qu'ils aient du confort de travail, plus ça va donner des bons résultats sur la durée. Et aujourd'hui, il y a aussi dans beaucoup d'entreprises des grosses problématiques de recrutement et d'engagement. Le slow vient répondre en partie à ces problématiques-là. Et souvent, j'ai des managers où moi, j'aimerais bien aussi qu'ils l'appliquent à eux. Ils n'osent pas trop. Manager, dirigeant, ça dépend des contextes, mais en gros. ceux qui sont mes clients. Moi, j'interviens pour l'équipe et puis je vais les impliquer dans l'atelier. Subtilement, je vais leur dire, fais l'atelier avec nous et puis ça leur permet de prendre conscience de certaines choses pour eux. Mais oui, bien sûr que ça fonctionne et c'est d'ailleurs là où on a le plus aujourd'hui de retours avec toutes les expérimentations qui sont faites sur la semaine de 4 jours, sur la réduction du temps de travail. Je parle bien de la semaine de 32 heures et non pas celle de 35 heures sur 4 jours. Ça, ça ne marche pas. Surtout pour les parents, par exemple. Les initiatives qui sont sincèrement faites pour la qualité de vie à travail, quand je dis sincèrement, ce n'est pas par obligation parce qu'il y a des normes à respecter, mais parce qu'il y a un vrai engagement de l'équipe dirigeante là-dessus. Des gens qui ont vraiment compris qu'en fait, leur priorité, c'est l'humain et qu'ils ne veulent pas considérer les humains comme des ressources pour du profit. Donc oui, bien sûr, ça, ça marche.

  • Laure Dodier

    Et ma deuxième question et du coup, dernière question. Alors, rapidement, le titre de ton livre, c'est « Exploiter sa zone de confort » . Et moi, j'aimerais juste y revenir pour le kiff, parce qu'en fait, on a grandi en nous disant Le confort dans l'inconfort. Il faut que tu sortes de ta zone de confort. L'expansion se trouve au-delà de ta zone de confort, etc.

  • Insaff El Hassini

    La vie démarre en dehors de ta zone de confort.

  • Laure Dodier

    Exactement, la vie démarre au-delà de ta zone de confort. Et en fait, toi, tu prends le contre-pied de tout ça et je trouve ça hyper libérateur. Et je voulais juste te remercier. Parce qu'en fait, tu dis juste qu'on peut rester dans sa zone de confort, on peut l'exploiter, on peut l'améliorer, on peut l'optimiser et c'est génial. Et du coup, je trouve ça un peu libérateur parce que On a des injonctions systématiques qui sont parfois hyper épuisantes parce qu'encore une fois, c'est l'humain qui est... C'est la performance, c'est la productivité. Et du coup, c'est ton humanité qui doit correspondre à ces normes-là. Et ce n'est pas fait pour correspondre à ces normes-là. Et du coup, avoir quelque chose qui libère comme ça en disant « Tu peux rester dans ta zone de confort, c'est cool, c'est OK. »

  • Insaff El Hassini

    Il y a déjà plein de choses à faire dedans.

  • Laure Dodier

    Il y a plein de choses à faire et tu peux l'exploiter. Mais bon, je vais arrêter de parler, je vais te laisser expliquer.

  • Insaff El Hassini

    Oui, oui, moi, c'était... En fait, j'ai choisi cet angle-là pour parler de slow-pronariat parce que c'est encore trop mal compris. Donc, quand j'ai eu l'opportunité de faire ce livre, ça a été une discussion avec l'éditeur de trouver l'angle et moi, exploiter sa zone de confort, c'était déjà une manière que j'avais de décrire le slow-pronariat et j'avais déjà creusé d'où venait l'expression. Voilà, donc j'avais toute la matière et finalement, le squelette de ce que j'amène, moi, en clientèle et en formation, c'est toujours une histoire de rechercher plus de confort. Et c'est une injonction qui est là aussi un enfant du productivisme et qui a beaucoup de succès dans le monde de l'entreprise parce que ça vient de légitimer une pression qu'on se met en disant sans ça, on ne peut pas avoir de résultat, ce qui est fondamentalement faux. Ça pousse l'idée qu'il y a un bon stress, ce qui est biologiquement faux. Toutes ces idées reçues qui vont justifier qu'on se fasse du mal pour avoir des résultats. l'expression sortir de sa zone de confort qui est omniprésente, moi je le vois encore toutes les semaines et puis en plus maintenant on me tag sur des publications où ça vient, je le vois encore plus et c'est en plus une expression qu'on utilise à tort pour parler de simplement essayer quelque chose de nouveau donc le fait qu'elle soit très galvaudée et qu'elle soit utilisée pour pas parler de ça vraiment, c'est-à-dire la définition d'origine ça fait que on l'entend tout le temps et moi ce qu'on me dit beaucoup c'est j'ai beaucoup de gens qui me disent Ah oui, tu as raison. Merci, ça fait du bien parce que moi, je préfère parler d'élargir sa zone de confort. Et moi, je dis non, non, non, mais arrêtons de repousser les bords. Regardons déjà ce qu'il y a dedans parce qu'en fait, dedans, il y a plein de choses. Et moi, c'est ça que j'ai envie de dire. C'est encore une fois sortir de l'idée qu'il faut que ça soit systématiquement toujours plus, toujours plus grand, toujours plus fort. Parce que c'est de l'insatisfaction permanente quand on est comme ça. Et c'est ce qu'on voit beaucoup dans les comportements avec l'argent. une fois que tu as atteint un palier. Bon, alors maintenant, next. Et donc, j'avais cette envie de dire, en fait, fais ce qu'il y a avec, tu verras qu'il y a plein de choses. Et j'aimais bien aussi l'idée d'utiliser ce mot extrêmement capitaliste d'exploiter, parce qu'au départ, il y a plein de gens qui me disent, mais exploiter, je n'aime pas trop. Mais oui, mais évidemment, quand on parle d'être humain, c'est absolument ignoble. Mais il y a cette idée dans le mot exploiter, très radicale, et d'aller au fond des choses, et d'en tirer le plus de profit maximum. Et j'aime bien ce pied de nez à dire, en fait, quitte à exploiter quelque chose, autant que ça soit quelque chose qui te fasse du bien et c'est la seule exploitation qui finalement est au service de ta santé, de ton bien-être et de ton bonheur donc j'aime bien l'idée.

  • Laure Dodier

    Je pense que c'est une très bonne idée. Merci beaucoup Laure pour cette conversation passionnante je pourrais encore échanger avec toi des heures mais c'est la fin de cet épisode en tout cas je te remercie de rendre l'invisible visible et de montrer qu'il y a d'autres voies possibles d'autres manières de faire de l'argent plus écologique pour notre corps plus aligné avec... notre environnement et notre monde de manière générale. Merci beaucoup, Laure. C'était un plaisir. Et j'espère à bientôt. Avant de nous quitter, est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te retrouver, s'il te plaît ? Alors, on peut me retrouver sur LinkedIn, Laure Dodier, où je vais beaucoup parler du slowprenariat avec beaucoup de conviction et du monde de l'entreprenariat. Donc, c'est là, en gros, où je vote des culs pour s'individuer. Sur Instagram aussi, à Robazmasleboite, où là, je m'adresse plus à une cible d'indépendants. Et j'ai une newsletter aussi. où je partage mon quotidien et mes réflexions et pas mal de building public aussi sur cette newsletter qu'on peut trouver sur mon site masloboite.com.

  • Insaff El Hassini

    Génial. Un grand merci, Laure. Si vous aimez le podcast Majesté Valeur, vous allez adorer notre programme et nos offres de coaching à la négociation de rémunération. Grâce à la méthodologie unique et... pratico-pratique de Ma Juste Valeur, vous allez apprendre enfin à vraiment gagner votre vie. Vous allez notamment apprendre comment découvrir votre juste salaire ou vos justes tarifs sur le machin du travail, à construire une stratégie de négociation alignée avec vos priorités de vie et vos objectifs de carrière. Et enfin, à formuler les bons arguments face à votre hiérarchie ou vos clients pour obtenir la rémunération que vous méritez. Si vous écoutez Ma Juste Valeur, c'est parce que vous êtes convaincu que votre travail mérite d'être... être reconnus financièrement. Alors laissez-moi vous aider à réaliser vos objectifs et rejoignez-moi dès aujourd'hui sur www.majustevaleur.com. Enfin, si cet épisode vous a plu, vous pouvez le partager à vos proches, vous abonner, le noter 5 étoiles et mettre un commentaire sympa sur la plateforme de streaming que vous préférez. N'oubliez pas, sharing is caring. Alors si vous pensez que ce podcast ou mon travail peut aider quelqu'un, s'il vous plaît, n'hésitez surtout pas à le partager.

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