- Speaker #0
Bonjour, bonjour, bienvenue à tous dans ce nouvel épisode de notre podcast « Ma vie de sophrologue, de la théorie à la pratique professionnelle » . Alors aujourd'hui, je suis très contente parce qu'on reçoit pour la première fois dans le podcast un homme, déjà, et en plus un homme qui a une vision de la sophrologie et une pratique de la sophrologie qui est encore différente de ce qu'on a pu présenter et mettre en lumière jusqu'à maintenant. Bonjour Philippe.
- Speaker #1
Bonjour Emmanuelle, bonjour tout le monde.
- Speaker #0
Donc Philippe, pour commencer, je te propose en quelques mots de te présenter, de nous dire un peu qui tu es, avant la suite des nombreuses questions que j'ai pour toi.
- Speaker #1
Alors, j'ai 60 ans, j'ai une longue carrière professionnelle dans un tout autre domaine que l'accompagnement, puisque je faisais de la maintenance industrielle pendant 38 ans. Et en fait, au fil de mes évolutions personnelles, j'étais de plus en plus attiré par l'humain et m'occupais de l'humain. que de l'humain et pas que réparer des machines et en fait j'ai longtemps cherché ma voie et puis d'un seul coup un jour le mot sophrologie m'est apparu et je me suis ben oui c'est ça c'est ça qui va correspondre à ce que tu as envie de faire j'ai toujours été très attiré et très intéressé par la relation au corps je suis un adepte pur et dur me concernant de l'ostéopathie Et cette relation corps-esprit est pour moi primordiale depuis très très longtemps. Et j'ai trouvé que la sophrologie permettait en fait d'aller les deux, de combiner les deux. Et je me suis dit que cette approche allait me permettre de m'épanouir, de découvrir beaucoup de choses. Donc j'ai entamé une formation de deux ans à l'ISO à Toulouse. Et à l'issue de laquelle j'étais encore en activité professionnelle. Donc j'ai réussi à négocier une rupture conventionnelle. Et ce qui est paradoxal, c'est qu'en même temps que je faisais ma formation, de l'autre côté, ça fait 30 ans que je suis passionné par les chevaux, et j'ai tout de suite vu le lien que je pouvais faire entre ma relation au cheval et la sophrologie. Sachant que le cheval nous oblige à être très connecté au présent, à l'instant présent, très connecté à son corps, il est très exigeant de nous en termes de gestuelle, posture. Le langage corporel, il est pour lui son langage à lui, alors que pour nous, il n'existe pas. Et tout de suite, je me suis dit, sofro, chevaux, il y avait un truc à faire. Voilà un petit peu rapidement comment je suis arrivé à la sofro. Et ça initie un petit peu ce que je vais vous présenter devant l'activité actuelle où je fais un mix de sofro et de chevaux.
- Speaker #0
Bon, très intéressant. Donc, ce n'est pas forcément de l'équithérapie, c'est vraiment de la sophro. Tu vas nous en dire plus, de toute façon, ce que je te propose, c'est de nous dire un peu de quoi, qu'est-ce que tu proposes en fait, comment tu pratiques justement la sophrologie de cette façon si particulière ?
- Speaker #1
Je pratique la sophrologie, on va dire, classique. Puisque je fais l'accompagnement de personnes en burn-out, de personnes atteintes de cancer, sur un paillatif, où là je vais faire des activités de sophrologie classiques. Alors je n'ai pas de cabinet, je me déplace à domicile, ça c'est un choix personnel. Et ensuite, au niveau de mon activité, ce que j'ai qualifié d'équisophologie, c'est qu'en fait je commence par un sas sophologique, avant d'amener les personnes au contact avec les chevaux. Quand je parle de sas sophologique, j'utilise... principalement la partie respiration, relaxation, qui va amener les personnes à se connecter au corps, à se détacher un petit peu du quotidien qu'il y avait 5 minutes avant, puisque je les amène en plus dans un cadre où il y a des bois, il y a des grands espaces, ils sont connectés à la nature. Donc déjà le lieu se prête particulièrement à la déconnexion, et moi, à travers d'outils simples, le... avec quelques exercices de relaxation dynamique simples, mais surtout des gros travails sur la respiration et la visualisation, je fais cette porte-saufraux qui permet aux gens de faire une déconnexion à leur quotidien. Et une fois qu'ils sont dans un état plus apaisé, plus relâché, plus en paix avec eux-mêmes, je leur présente les chevaux. Je travaille avec mes propres chevaux, et j'ai une activité qui leur permet de... Je le mets d'abord en relation avec le cheval physiquement, en expliquant des règles de sécurité, comment on approche un cheval, comment on l'aborde un cheval, qu'est-ce qu'un cheval, comment ça fonctionne. Et je accentue vraiment le fait que le cheval est une éponge à l'émotion et que le cheval en fait on ne peut rien lui cacher. Donc en fait, quand la personne se retrouve face au cheval, elle se retrouve instantanément face à elle-même. Et là, il y a l'effet miroir qui joue en plein, et la personne s'aperçoit qu'elle n'est pas vraiment telle qu'elle se voyait, telle qu'elle se ressentait. Un exemple classique, c'est une personne qui va me dire « Ah non, mais je suis parfaitement détendue » . Et lorsqu'elle approche le cheval, le cheval lui a la différence d'être détendu, il se met en mouvement. commence à bouger un petit peu, à gesticuler. Donc ça, pour moi, c'est un signe que la personne n'est pas calme. Puisqu'en fait, un cheval, lorsque la personne qui est à côté d'elle est calme, eh bien, il est calme, il est posé. Si, par contre, il se passe en elle des choses, si les pensées fluctuent, si elle est un petit peu tendue, un petit peu stressée, si elle a un petit peu peur, ce qui est légitime, ses émotions, son corps va parler pour elle. Et du coup, va induire au cheval... une certaine attitude, un certain comportement. Et là, ce n'est plus l'homme qui dit qu'il se passe quelque chose à la personne, c'est le cheval qui lui dit qu'il se passe quelque chose. Et ma posture à moi est très basse dans ma relation, c'est-à-dire que je suis traducteur de ce qui se passe entre le cheval et la personne. Et je viens interroger la personne sur ce qu'elle ressent au niveau émotionnel. Qu'est-ce que ça encore lui dit ? Donc c'est là où je viens vraiment combiner cette relation corps-esprit-sophro, où on a quand même ce travail sur le corps, le ressenti des émotions, où pour moi tout passe par là, et voilà, la personne s'interroge, il se passe des choses. Là, je peux revenir un petit peu sur un acte plus sophrologique, dans le sens où je vais faire apaiser la personne par de la concentration, de la relaxation, poser sa respiration, se connecter à elle-même. se connecter à ses ressentis tactiles. Quand elle va, par exemple, brosser le cheval, on va travailler sur les ressentis des mouvements des bras. Donc il y a tout ce travail qui, en fait, se rapproche pour moi de la RD, mais en conscience, au travail de contact avec le cheval. Donc il y a vraiment un côté très pratique et très instantané de prendre conscience de ce qu'on fait, quels liens on fait avec. Quand je parle que la personne se connecte avec sa main à la température du cheval, à la texture d'épaule du cheval, instantanément la connexion se fait cérébralement par là, et ça oblige, quand par exemple je travaille avec des personnes qui sont en post-chimothérapie, on sait que la chimothérapie induit des effets secondaires qui peuvent être néfastes en termes de mémoire, cognition, sensibilité, et ça recrée des schémas neuronaux qui permettent à la personne de remettre le corps en action. et venir traiter certaines pathologies dues par exemple dans le cas de chimiothérapie aux effets secondaires de la chimio. Une fois que cette partie-là est faite, je propose à la personne, de là on part ailleurs, on part dans une petite carrière, où le cheval est tenu en longe par le participant, et je lui propose juste dans un bon état de se promener avec le cheval et voir ce qui se passe. Qu'est-ce qu'elle ressent, comment le cheval réagit. C'est un moment de partage, un moment où l'émotion est hyper présente, un moment où la personne peut se lâcher. J'ai une phrase systématique que j'emploie quand je rencontre les personnes, je leur dis ici, je ne vous interdis que une chose, je vous interdis de vous interdire de vivre vos émotions. Et tout ce qui restera ici, tout ce qui se passera ici, les arbres l'entendront, la caillère l'entendra, le cheval l'entendra, mais personne d'autre. C'est un moment de privé où la personne peut se lâcher, personne ne va la juger, personne ne va la regarder. Elle peut être telle qu'elle est elle-même, au plus profond d'elle-même.
- Speaker #0
Dans la nature. C'est beau ce que tu dis là, ça m'évoque plein de choses. Du coup, je comprends mieux pourquoi, adolescente, à chaque fois que je montais sur un cheval, c'était une catastrophe. Le cheval s'agitait, se cabrait. Donc, je comprends mieux pourquoi du comment. Et je trouve ça assez magique, en fait. Le cheval, il faudrait que j'essaye de remonter sur un cheval aujourd'hui. le cheval apparaît vraiment dans ce que tu dis là comme un médiateur finalement entre la personne, son corps un éveilleur de conscience on pourrait dire et je trouve ça très beau et très chouette parce que finalement ça reste en même temps très Rogerien si je peux dire dans le sens où la personne quand tu l'expliques tu vas vraiment demander à la personne ce qu'elle ressent en fait, tu vas pas venir mettre le mot sur le cheval et elle dit comme ça donc ça veut dire que ce qui se passe ce qui est très sopho, effectivement, en même temps, c'est le but. Et je trouve ça chouette parce que c'est très, très bienveillant. Et tout en utilisant le cheval, tu restes complètement dans l'expérience de la personne, sa conscience, sa liberté de ressentir ou de conscientiser ou pas, d'ailleurs. Et je trouve ça très beau et extrêmement intéressant parce que ça semble se passer vraiment en grande douceur.
- Speaker #1
Donc le cheval déjà de par lui-même est très rhodgérien dans le sens où on peut lui dire que lui il est vraiment dans une écoute active. Il est empathique, il est à l'écoute de la personne, il est dans le non-jugement, il est dans l'instant présent. Il n'y a pas plus rhodgérien qu'un cheval en fait. Et effectivement, l'obligation après que la personne a s'interroger sur ce qu'elle vit, parce qu'elle ne se pose pas la question, elle n'est pas bloquée en se disant « oui, bon, il me dit ça, le sophrologue, mais est-ce qu'il a raison, est-ce qu'il n'a pas raison ? » Là, en fait, la relation est totalement sincère. Et la personne comprend rapidement qu'elle ne peut pas se mentir à elle-même. Donc ça l'oblige vraiment à se livrer, à s'interroger. Et cette connexion effectivement au corps, cette conscientisation, la relation corps-esprit, les gens sont complètement coupés de leur corps. Tout est bloqué au niveau du mental. On dit qu'il faut tout contrôler, tout penser, tout réfléchir. Mais en fait, non, parce que plus on cherche à contrôler les choses, c'est un petit peu le constat que je fais, plus on cherche à contrôler les choses, moins on les contrôle en fait. Et on se leurre, on se leurre parce qu'on pense pouvoir. que l'on soit un homme ou une femme avec des égos plus ou moins développés, mais on est plein d'idées préconçues parce qu'on nous a formatés, on nous a éduqués comme ça. Et la vie, la réalité nous rattrape et nous fait comprendre que non, ça ne se passe pas comme ça. Mais l'émotion et l'écoute sont au cœur de la relation, effectivement.
- Speaker #0
Ce que ça m'évoque, c'est oui, parce qu'il y a tout ce qu'on ne veut pas voir en nous. Il y a le fait... Quand on est un être humain, souvent, comme tu le dis, éduqué d'une certaine façon, avec certaines habitudes, il y a plein de choses qu'on ne veut pas voir en nous, donc on va se raconter plein de choses, ou d'essayer parfois d'aller vers, très très vite, du positif, d'une transformation, d'une différence, sans aller rencontrer vraiment ce qu'il y a à l'intérieur. Et là, le cheval, il amène vraiment cette connexion à sa réalité intérieure et sa réalité physique, et je trouve ça chouette. Ça me... Ça me rappelle aussi une fois où pendant un bref moment avec une amie équithérapeute, elle m'avait fait guider un cheval comme ça, en le tenant juste, mais avec la corde bien détendue, à la voix, en le faisant tourner en rond, je ne sais pas comment on appelle tout ça. Et puis après, elle m'avait fait le guider à la voix, mais en lâchant, juste comme ça, à la présence et à la voix. Et après, juste à la présence. Et j'avais trouvé que c'était une expérience très sophro et de pleine conscience même, où le corporel et le ton de la voix et la présence vraiment permettaient de guider le cheval. Et dès qu'il y avait une pensée, un truc, il revenait une émotion, pouf, le cheval faisait n'importe quoi. Et j'avais trouvé ça magique. Donc, je comprends. Je trouve ça extrêmement intéressant. Je comprends totalement tout ce que tu dis là.
- Speaker #1
C'est tout à fait ça, oui. Et pour moi, le cheval, en fait, est un détecteur de mensonges. Le plus beau et le plus fiable, en fait. On ne peut pas tromper un cheval.
- Speaker #0
Et il nous oblige à nous reconnaître.
- Speaker #1
Et cette notion que tu viens d'évoquer, effectivement, ça m'arrive, parce que justement, on verbalise tout le temps, on veut tout expliquer, tout contrôler par la voix. Je fais faire des ateliers où je donne comme conseil à la personne, à partir de maintenant, vous ne parlez pas. Il y a souvent des grands moments de solitude à ce moment-là. Mais comment ça ? Comment je ne parle pas ? Et ça fait prendre conscience aux gens de la puissance du langage corporel et de l'incidence du langage corporel que l'on a, même nous, entre humains, mais on n'est plus apte à le recevoir consciemment. Nos corps dialoguent en permanence. On n'en a pas conscience de ça, mais nos corps dialoguent en permanence. Et on pense qu'on n'a que le verbal. Mais si en fait on ne s'aperçoit pas que des fois ce que l'on dit va l'opposer de ce que notre corps dit. Le cheval lui, dans le langage, ne le connaît pas. Donc il y a tout ce travail que je mets en place avec les personnes que je accompagne sur vraiment cette conscientisation de leur corps. Comment on se déplace, comment on marche, comment on se tient. Et c'est très sophro, cette conscientisation du corps. puisque tout passe par là en fait. Et ce sont des exercices, c'est des RD revisités, c'est une relaxation dynamique naturelle on va dire. Les gens sont très très surpris en fait de découvrir comment il fonctionne parce que le cheval les interroge et moi en fait je viens juste en mode Sophron venir toujours en fait mettre l'accent sur le positif de ce qui se passe faire ressurgir les idées positives même s'il y a éventuellement un moment de tension rien n'est grave rien n'est sérieux il y a toujours une dédramatisation de la situation. situation. Si à ce moment-là, la relation est telle qu'elle est, si vous ressentez ce que vous ressentez, c'est normal. On est vraiment dans un phénomène phénoménologique plus plus et on est vraiment dans je suis là maintenant, connecté à moi, à l'espace qui m'entoure et au présent. Et je ne peux pas y déroger. Comme tu viens de le dire Emmanuel, effectivement lorsque les pensées commencent à partir un peu dans tous les sens. La déconnexion s'établit avec le cheval et comme tu le disais ça par un peu un cacahuète, ça bouge, on ne comprend pas, qu'est ce qui se passe ? Et là c'est un peu des fois panique à bord, qu'est ce que j'ai fait ? Qu'est ce que j'ai dit ? Rien puisque vous ne parliez pas. Ah oui c'est vrai ! Donc on a des fois des réactions très... Waouh ! C'est fort, c'est très très fort en émotions, on pleure beaucoup. J'ai la tristesse de dire que je fais pleurer les gens. C'est un bonheur en fait, parce que je m'aperçois au fil de ma pratique que les gens pleurent de moins en moins pour évacuer leurs émotions, ou ne pleurent plus parce que le regard des autres. Qu'est-ce qu'on va penser de moi ? Qu'est-ce qu'on va dire de moi ? Et en fait, les gens deviennent faux, ils sont plus dans la relation « je veux plaire à l'autre, je veux être tel que l'autre veut que je sois » . Et les gens se perdent, se perdent complètement, ils ne sont plus qui ils sont. Mais au final, commentairement, ils sont quand même ceux qu'ils sont, mais ils amènent à être un décalage complet entre ceux qu'ils sont et ceux que la société les oblige à être. Et on part sur des situations très complexes, de mésestime de soi, de non-appréciation, manque de confiance. Et toute une spirale infernale qui amène l'être humain à s'autodétruire dans des fausses relations, des fausses vies.
- Speaker #0
Alors qu'il suffit finalement d'aller se rencontrer. C'est ça. Donc, tu proposes un chemin de rencontre avec soi-même à travers le cheval et la sophrologie. C'est super intéressant tout ça. Je vais revenir à une question, à la même question que les autres sophrologues qu'on a accompagnés, enfin qu'on a accompagnés, qu'on a interrogés dans ce podcast. Quel défi est-ce que toi, tu as rencontré dans le développement de ton activité ? L'installation de ton activité, et puis comment est-ce que tu as dépassé ces défis ?
- Speaker #1
Mon premier défi, c'est le classique. Est-ce que j'ai le droit de faire ça ? Est-ce que je suis à ma place ? C'est libre ici, mais c'est un nombre de l'imposteur qu'on connaît tous quand on se lance un genre d'activité. J'ai eu la chance, en fait, au travail de ma formation, j'avais en fait dans ma formation, dans mon style de formation, une obligation de faire un stage de 10 heures pour animer un groupe de personnes. Et là en fait, dès ma première séance, j'ai eu la preuve que j'étais sophrologue. Alors que jusqu'à ce moment-là, pour moi, je n'étais pas sophrologue. J'étais un élève sophrologue, mais je n'étais pas sophrologue. On faisait des simulations entre nous et autres, mais bon. Là, le fait de se retrouver face à 10 personnes en face de moi, que je ne connaissais pas, dans un environnement que je ne connaissais pas, alors faire faire une première séance découverte de sophrologie, et quand j'ai vu ce qui se passait, comment ça se passait, je me suis dit waouh c'est magique ça marche ça fonctionne donc j'ai commencé un peu à passer ce cap du syndrome de l'imposteur au travers de cette 10 heures intensives d'accompagnement qui ont été fabuleux c'est la meilleure école qui soit en fait quand on est en formation se plonger dans le bain de l'accompagnement d'un groupe et ensuite Les plus gros défis, bon ça moi j'ai un petit peu traversé étant donné que j'étais issu d'une société de services en maintenance industrielle où j'avais fait un petit peu tous les métiers de responsable technique à commercial, responsable grand compte. Donc je connaissais l'importance d'aller chercher des clients. Parce que la problématique effectivement de beaucoup de mes copains, amis avec qui j'étais en formation, beaucoup de sophrologues quantité d'information, ils ne parlent que de sophrologie. Pour eux être sophrologue c'est voilà j'ai quelqu'un en face de moi. Mais ils oublient qu'en fait, avant qu'il y ait quelqu'un assis sur la chaise, il faut aller chercher les clients. Et le plus grand défi pour un sophrologue, pour moi, ça a été cette notion de prendre son bâton de pèlerin, faire ce qu'on appelle la prospection commerciale. Et c'est ce que je pense qu'il y a le plus dur à faire en fait, c'est ce coup de pied au derrière qu'on doit se mettre pour aller chercher les gens. Parce qu'on s'aperçoit que les réseaux sociaux, ce n'est pas ce qui fait le client. Il faut aller à la rencontre des personnes, faire savoir qu'on existe. Et être à l'écoute des gens, pas vouloir vendre un service, mais être à l'écoute des gens et leur donner envie de venir nous voir pour qui on est, pour ce qu'on propose. Des sophrologues, il y en a des centaines et des centaines et des centaines tout autour de nous, quel que soit l'endroit où on habite. Et on va tous se différencier par rapport à qui on est en fait. On a chacun une clientèle différente qui va venir à nous. Cette clientèle va évoluer parce que nous, je m'aperçois qu'on évolue aussi dans nos pratiques. On part des fois sur des idées, je veux faire telle clientèle, telle clientèle, je ne veux pas faire ça, je ne veux pas faire ça. Et puis en fait, ça ne se passe pas du tout comme ça. Il se passe des choses. La vie est en mouvement, il se passe des choses. Il y a des gens qui viennent vers vous. que vous vous attendiez pas. Par contre, est-ce qu'on est prêt à les recevoir ? Est-ce qu'on est prêt à faire ce type de client ? Alors qu'en fait au départ, c'était pas trop ça. Moi dans mon Ausha de figure, c'était les adolescents, les élèves. Et là j'étais depuis plusieurs fois contacté par des mères de famille pour des problématiques de jeunes enfants de 10 ans, adolescents. Au départ j'étais prêt à dire non, et puis je me suis dit, tout comme fait, oui allons-y, on va voir ce qui se passe. C'est franchir ses propres peurs, aller au-delà, être curieux en fait. Ne pas se mettre de barrière en se disant « non, ce n'est pas pour moi » . Je pense qu'il faut essayer. Et c'est ce qui se passe avec le client qu'on a en face, comment l'échange se produit. Et là, on a les réponses à nos questions. Mais partir du principe que « non, ce n'est pas pour moi » . à part vraiment des choses, moi je sais que la petite enfance c'est pas du tout mon truc, ça je n'irai pas c'est clair mais après faut s'interdire et s'interdire en fait, c'est un peu ma philosophie de vie, s'interdire et s'interdire, on essaye ça matche tant mieux, ça matche pas, c'est pas grave et puis s'il faut dans six mois, dans un an ça se passera différemment, rien n'est figé, tout est mouvement y'a pas de temporalité
- Speaker #0
Je rajouterais qu'on le voit souvent avec des sophrologues qu'on accompagne parfois dans leur communication et dans leur installation. Avec Emmanuel Lebris, on va travailler sur la clientèle idéale, ce qui fait vibrer les gens, qui elles ont envie d'accompagner. Et puis, ça va les rendre visibles. Donc, les personnes vont être visibles, mais parfois, ce qu'on dit souvent, la clientèle idéale, ce n'est pas le fait de la voir qui fait qu'on ne va attirer que ça et qu'on va se fermer des portes. Bien au contraire. On est visible et parfois, on va attirer des gens complètement différents. Et comme tu le dis, ça nous amène à accompagner un type de personne et à faire évoluer notre pratique et même notre communication. Et après, on communique sur ce type de clientèle-là. Et là, c'est magique, le miracle se fait. Enfin, le miracle, le développement dans plus de fluidité. Ok. Est-ce que ça a été simple pour toi ? Alors, tu as déjà un peu répondu à tout ça, puisque évidemment, tu l'as adapté, la théorie, tu l'as digérée, tu l'as transformée, tu l'as magnifiée à ta façon pour pouvoir la rendre vivante et différente avec le cheval, notamment. Est-ce que toi, tu as des conseils à donner ou des choses à partager sur cette pratique de la théorie à la personne ? pratique professionnelle ?
- Speaker #1
Je pense que j'ai eu la chance aussi d'avoir un long cursus de formation. Ce qui fait que toute la première année était vraiment sur la notion d'acquisition des bases, des fondamentaux. Et c'est vrai que je me rappelle que à la fin de ma première année de formation, c'était « qu'est-ce qu'on va faire de ça ? » C'était très protocolaire, très « clac, clac, clac, clac, dérouler le protocole. » Mais moi, ça ne me parlait pas. Et en plus moi, de par ma formation d'avant, j'étais technicien, j'étais déjà dans la notion « je m'adapte en permanence » , le côté adaptabilité est quelque chose qui me parlait tout de suite. Mais bon, qu'est-ce qu'on va faire de ça ? Début de la deuxième année de formation, là on faisait des week-ends de trois jours où en fait on découvrait des spécialisations. Et donc on avait affaire à nous en tant que formateur, à par exemple un sophrologue spécialiste en stress, un sophrologue spécialiste en accompagnant des personnes âgées, un sophrologue sommeil. Et donc on a fait des week-ends de trois jours où on avait affaire à nous en tant Et là, tout de suite, j'ai vu ce qu'ils faisaient eux comme activité. Et j'ai compris qu'en fait... Les fondamentaux, les bases, les protocoles qu'on avait acquis lors de la première année, c'était les fondations, c'était une caisse à outils. Et après, chacun s'approprie cette caisse à outils et fait ce qu'il veut avec. On peut en fait prendre un morceau de ceci, un morceau de cela, c'est ce qu'ils nous parlent, comment on a réagi, comment on l'a pratiqué, comment ça s'est passé à nous. Très très important cette notion de pratiquer la sophrologie pour soi. Découvrir ce qui se passe en nous. Ça nous permet déjà un petit peu de voir ce qui peut se passer dans une personne qu'on a en face. Mais l'appropriation de la technique ne peut se faire que par cette propre application à soi-même. Découvrir les outils en fait. Qu'est-ce que je peux faire de cet outil-là ? Et après du coup, on a de très très belles fondations. Et à nous de prendre les outils et d'en faire ce qu'on veut, comme on le sent, tester des choses. C'est s'appuyer sur des connaissances qui sont le squelette de notre pratique et à partir de là ne pas avoir peur de déconstruire mais en gardant quand même les schémas et les fondamentaux de la philosophie de la sophrologie. Il ne faut pas non plus en faire n'importe quoi. Comme malheureusement on peut parfois voir sur internet où j'avoue que je vois des choses pour lesquelles je ne suis pas du tout d'accord. Mais bon, ça c'est un autre débat.
- Speaker #0
Oui, c'est un débat, effectivement. Garder les fondamentaux, t'as employé le mot de phénoménologie, qu'on n'entend pas suffisamment souvent. Je trouve que c'est un peu… On entend moins qu'il y a une quinzaine d'années et je trouve ça dommage. Et puis, il y a la possibilité, évidemment, surtout de se faire superviser, surtout au début, quand on a du mal à mettre en application ou qu'on se questionne en cas de doute. Ça reste quelque chose d'important. Dernière question Philippe, aujourd'hui dans ton métier de sophrologue, qu'est-ce qui est le plus important pour toi ?
- Speaker #1
Déjà je me fais plaisir, me faire plaisir en faisant de la sophrologie. Pour moi je ne fais pas un métier, je fais un moment d'échange avec quelqu'un. Et le plus important c'est de me sentir utile, mais vraiment utile par rapport à l'humain, l'être humain que j'ai en face de moi. voir ce que je peux lui apporter. Moi, mon plus grand bonheur, c'est de voir quelqu'un qui arrive tendu, plein d'interrogations, le visage fermé, qui a du mal à s'exprimer, et qui au bout d'une heure et demie repart. Il a pleuré, il a souri, il a rigolé, il a stressé, il s'est passé plein de choses. En fait, il a vécu 10 000 émotions. Et mon plaisir en moi, c'est ça, c'est de faire vivre. Faire vivre des émotions aux gens, les reconnecter à leurs émotions, leur refaire vivre ce qui se passe en eux. Le corps est un outil magnifique, l'humain est magnifique, et c'est gâché, l'humain se gâche.
- Speaker #0
C'est tellement beau ce que tu dis, et surtout sur les larmes, j'ai oublié de rebondir là-dessus tout à l'heure. Parfois, on a des sophrologues non-supervisions qui nous disent « la personne s'est mise à pleurer » . Et je leur dis souvent « mais non, ce qui est important, c'est de se reconnecter à soi, à ses émotions » . Moi, je dis souvent aux gens que j'accompagne, que ce soit en groupe ou en individuel, « plus vous pleurez, plus je suis contente » . Et en général, ça les fait pleurer et rire en même temps. Il en arrive qu'il y en ait certains. Une fois, il y a un jeune homme qui m'a dit « vous n'êtes pas très sympathique tout de même » . Et puis là, il a ri, il a compris. Mais... C'est hyper intéressant de le dire et de le redire aux sophrologues qui nous écoutent. Moi, j'irais même d'encourager les gens à pleurer, à sortir ce qui est à l'extérieur, ce qui sort à l'extérieur, on n'est plus là, enfermés à l'intérieur. Les larmes sont la solution et non pas le problème. On devrait le savoir,
- Speaker #1
mais… Il ne faut pas oublier que l'émotion est une énergie à mouvement et que si cette émotion-là… C'est agréable, OK ? Mais si l'émotion est désagréable, on fait tourner un truc désagréable en nous et ça devient très compliqué. Donc j'explique un petit peu ces notions-là et je leur dis mais surtout évacuez, évacuez, évacuez, évacuez. Je suis payé pour vous faire pleurer. C'est fabuleux ça. Après c'est vrai qu'il faut être à l'aise. À l'aise aussi dans cette notion de quelqu'un qui part en blâme, qui va s'effondrer devant nous. Il faut rester très distancié par rapport à ça, très dans la vraie empathie, où c'est bon, on comprend l'émotion de la personne, mais il ne faut surtout pas s'écrouler et partir en suicide avec elle, parce que sinon, ça ne va pas bien se passer. Mais c'est primordial.
- Speaker #0
Je dirais que c'est important dans ces cas-là d'accueillir ce que ça provoque en soi surtout. Ce que tu dis avec ce mot d'empathie, c'est la juste distance est possible à partir du moment où on sait ce qui nous appartient à nous et ce qui appartient à l'autre. Et on est capable de soi-même aussi de pleurer et d'accueillir ce qu'il y a dans notre cocotte minute.
- Speaker #1
Son émotion, c'est la sienne et ce n'est pas la nôtre.
- Speaker #0
Oui, mais elle peut provoquer des émotions chez nous.
- Speaker #1
Elle peut révéler des émotions chez nous, mais ce sera notre émotion.
- Speaker #0
Oui. et à ce moment là on peut les accueillir à partir du moment où on a travaillé sur ça et on est en conscience l'émotion va jamais être pour nous un frein, ne va pas exploser et envahir la séance parce que ça peut parfois être la crainte de certains sur des cas un peu difficiles. Bon bah écoute Philippe merci pour cette belle rencontre je te connaissais très peu et là je suis très très contente vraiment d'avoir pu te donner cette possibilité de t'exprimer, de te présenter et de partager cette merveilleuse façon de voir la sophrologie. C'est vraiment très, très beau. Donc, je te remercie. Et puis, pour les personnes...
- Speaker #1
C'est moi qui te remercie. C'est moi qui t'ai remercié de m'avoir pu donner la parole pour expliquer ma vision de la sophro, avec mes outils à moi, mes chevaux, ma façon de voir la vie. Merci à toi pour... Voilà. Avoir pu dire aux gens qu'il y avait tout un tas de sophrologies différentes. Pour moi, il y a une sophrologie et plusieurs façons de l'aborder.
- Speaker #0
C'est tellement ça. C'est vraiment ce qu'on veut montrer, ce qu'on veut démontrer. On se reconnaît chez certains, chez d'autres moins. C'est notre richesse, ces différences. Philippe, je te souhaite une bonne journée. Et puis je te dis, peut-être, j'espère à bientôt.
- Speaker #1
Avec grand plaisir, Emmanuelle. Et puis, viens faire un tour voir mes chevaux. Continue.
- Speaker #0
Oui, comme c'est à côté. On viendra avec Emmanuelle. On viendra.
- Speaker #1
Je vous attends. Bonne journée à tout le monde. Bonne continuation.
- Speaker #0
Au revoir.