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Raphaël Gaillard (MBS 2018) : De fils d'agriculteur à pionnier des travaux subaquatiques responsables avec Water Tracks cover
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La voix des Alumni MBS

Raphaël Gaillard (MBS 2018) : De fils d'agriculteur à pionnier des travaux subaquatiques responsables avec Water Tracks

Raphaël Gaillard (MBS 2018) : De fils d'agriculteur à pionnier des travaux subaquatiques responsables avec Water Tracks

34min |13/12/2024|

58

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Description

Dans cet épisode inspirant de La Voix des Alumni MBS, Marine Avril accueille Raphaël Gaillard, diplômé de MBS en 2018 et fondateur de Water Trax, une start-up spécialisée dans les travaux subaquatiques grâce à des robots innovants. Raphaël partage son parcours atypique, depuis ses racines agricoles jusqu’à la création d’une entreprise qui collabore avec des géants comme EDF. Découvrez comment il a surmonté les défis de l’entrepreneuriat, les enseignements tirés de ses études à MBS, et sa vision d’un leadership basé sur les relations humaines et l’innovation. Un récit inspirant pour oser rêver grand et bâtir l’avenir.


Dans cet épisode nous aborderons :


  • Solidarité : Soutien mutuel entre collaborateurs, ancré dans les débuts très soudés de l’équipe.

  • Créativité : Travailler avec des moyens limités pour favoriser l’innovation.

  • Écologie et responsabilité : Offrir des solutions respectueuses de l’environnement et alignées avec des valeurs durables.

  • Motivation et curiosité : Identifier des profils alignés sur les valeurs et l’état d’esprit de l’entreprise, plutôt qu’exclusivement sur les compétences techniques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La voix des alumnis. Comment donner du sens à sa vie professionnelle ? Quel chemin prendre ? C'est quoi réussir sa carrière ? Ces questions, d'autres alumnis se les sont posées avant toi. Ensemble, on va aller à leur rencontre et on va découvrir des parcours inspirants, variés et engagés. Moi, je suis la voix des alumnis. C'est Marine Avril, alumnie 2019 et cofondatrice de Studio Moya, l'agence de communication audio spécialisée dans le podcast. Bienvenue dans la Voix des alumnis MBS. Le rendez-vous pour te connecter, t'inspirer et te motiver à oser dans ta vie professionnelle. Bonne écoute ! La Voix des alumnis

  • Speaker #1

    MBS Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    dans La Voix des alumnis, Je reçois Raphaël Gaillard, diplômé du MBA en 2018 et fondateur de Watertrax. Bonjour Raphaël et merci d'être avec nous aujourd'hui. Est-ce que dans un premier temps, je peux te laisser te présenter et revenir sur les grandes étapes de ton parcours de avant Montpellier jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marine, merci pour cette invitation. Je suis ravi d'être là aussi. En quelques mots, mon parcours, de façon chronologique, j'aime rappeler que je suis fils d'agriculteur et donc mon parcours commence là déjà. et la relation avec le travail et l'environnement. On peut dire que je l'ai reçu dès ma plus jeune enfance. Ensuite, j'ai évolué vers des formations techniques. Je suis devenu ingénieur un peu sur le tard à Toulouse, dans le milieu de l'aéronautique. Et en fait, je me suis orienté de suite, au début de ma carrière, sur les travaux publics. Et j'ai retrouvé les valeurs autour des hommes, de la terre et des machines dans les travaux publics que j'avais connus déjà dans le milieu agricole. Et puis, de fil en aiguille, je suis devenu directeur du matériel. Et j'ai rencontré quelqu'un qui avait fait des choses un peu surprenantes avec des machines terrestres qu'il avait transformées pour les faire marcher sous l'eau. Je me suis passionné de ce qu'il avait fait. Et puis, on avait démarré l'idée d'une transmission entre lui et moi, entre son savoir-faire et mon expérience. Et on a essayé un projet d'entreprenariat. De fil en aiguille, ça ne s'est pas fait à l'intérieur de l'entreprise EGT. Et j'ai eu l'opportunité de créer Watertrax, qui est l'entreprise que je porte depuis 2016, qui est une entreprise qui réalise des travaux subaquatiques, mais qui les fait d'une manière spécifique. Ils les font en utilisant des robots sous-marins, plutôt de grande taille. Et comme ces robots n'existent pas, elles créent, fabriquent et inventent ces robots, qu'elles mettent ensuite en œuvre. La proposition de valeur que l'on porte, c'est de faire des travaux subaquatiques à destination des énergies renouvelables, quelles qu'elles soient. Donc qui peuvent être des volières en mer, qui peuvent être l'hydroélectricité, du solaire flottant, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, et du coup ces robots, c'est des robots qui sont votre propriété et que vous louez ? C'est des robots que vous vendez aux entreprises avec lesquelles vous travaillez ?

  • Speaker #1

    Alors on a une proposition de valeur de service. Donc ces robots, on les invente. On les développe, on les fabrique et ensuite on les opère. Et ce qu'on vend, c'est le service d'opération de ces robots pour nos clients.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment de la prestation de service avec le robot, etc. Donc j'imagine qu'aujourd'hui, ton quotidien est assez différent d'un quotidien d'ingénieur, puisque tu étais ingénieur avant de créer Watertrax et de faire un MBA à Montpellier à cette occasion. Est-ce que quand tu découvres cette partie plus business, est-ce que c'est comme tu l'avais imaginé ? Est-ce que justement, il y a des surprises par rapport à ce que tu avais en tête ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si je l'avais vraiment imaginé. En tout cas, c'était quelque chose... que j'appréhendais un petit peu parce que je n'avais pas de rôle business. J'étais plutôt un rôle d'acheteur. Donc, j'étais du côté achat du business et j'avais en face de moi des gens qui vendaient notamment du matériel. Et je n'avais pas cette étiquette de développeur et business. Donc ça, ça m'inquiétait un peu. C'est pour ça que je me suis lancé dans le MBA en me disant, bon, je vais me challenger avec cette formation et puis je vais certainement acquérir parce que un certain nombre de compétences, ou en tout cas renforcer les compétences qui vont m'aider pour la création d'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok, et donc c'est ça que tu as trouvé dans ton parcours à travers MBS à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai trouvé encore plus que ça, parce que, en effet, j'ai eu des enseignements passionnants, ça a renforcé les compétences. Je me suis rendu compte aussi que finalement les compétences d'un chef d'entreprise, elles sont très variées, très diverses, et qu'en fait on les porte aussi... et essentiellement dans ce qu'on appelle les soft skills, les compétences personnelles. Et que c'est ça qui est essentiel, le comportement, la création de relations, comment aborder la négociation. Et c'est ça qui est clé en fait dans le développement de l'entreprise. Mais j'ai trouvé aussi, et ça ça a été très riche, en fait la même année j'ai créé Watertrax et je me suis lancé dans l'exécutive MBA en part-time. Donc j'ai fait le MBA en deux ans et j'ai trouvé en fait un esprit de promo et j'ai trouvé aussi un sas. qui faisait que pendant les semaines de cours, je sortais de mon quotidien entrepreneur. J'allais dans cette grande famille qui était la promo et j'amenais quand même mon projet. Et j'avais énormément de soutien de la promo qui a été très enthousiaste autour de mon projet et qui m'a soutenu pendant deux ans. C'était deux années difficiles d'un point de vue entrepreneuriat, toujours un peu difficile le début. Et donc je trouvais, et de l'air, de l'oxygène, des conseils, du soutien. C'est tout ça que j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Donc vraiment une partie humaine aussi, en plus de compétences théoriques. Tu parlais sur les compétences théoriques de négociation, etc. Justement, j'imagine qu'aujourd'hui, en tant que petite startup, tu travailles, je sais, avec de grosses entreprises comme EDF ou quoi. Comment réussir à être pris au sérieux quand on est si petit face à des géants comme ça ?

  • Speaker #1

    En fait, quelle que soit la taille de l'organisation, on est face à des hommes et des femmes qui ont... on échange, quand on fait du business et à partir du moment où on a un comportement transparent, où on se foine dans la relation, où on s'expose, qu'on est sincère, la relation se crée, on construit le climat de confiance et ça se joue plus entre EDF et puis Watertrax, mais ça se joue autour d'une équipe de projet qui s'est fédérée autour d'un projet et la relation entre les hommes et les femmes. Donc c'est comme ça que j'avais déjà appris à travailler avant. J'avais reçu une formation qui a été clé dans ma carrière, qui s'appelle la formation à la négociation raisonnée, et donc la recherche du contrat gagnant-gagnant, et notamment dont un des piliers est de séparer le potentiel différent et la relation, et donc toujours soigner la relation, tout en étant ferme sur ses intérêts. Et c'est cette méthode-là vraiment qui m'a permis de construire des relations de confiance et d'aller loin dans la création de valeur et dans le partage avec EDF notamment.

  • Speaker #0

    Et donc concrètement, quand tu dis soigner la relation, ça passe par quoi comme petit conseil très pratique que tu pourrais partager ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ce qui est clé, c'est de faire la différence, donc de séparer l'objet de la négociation sur lequel on peut avoir des différends ou en tout cas sur lequel chaque partie doit défendre ses intérêts fermement. Et puis la relation, c'est-à-dire pouvoir se dire je t'apprécie beaucoup, mais je ne suis pas d'accord. Mais ça ne va pas nuire à notre relation. Et du coup, sur ce désaccord-là, on va construire un accord qui convient aux deux parties. Mais on ne va pas rester figé sur nos positions, etc. Et on va agrandir le gâteau ensemble. Mais quoi qu'il arrive, même si à la fin, on ne trouve pas d'accord, on aura quand même passé un bon moment ensemble. Et puis, on ne va pas y mettre notre relation sur le même plateau.

  • Speaker #0

    Vraiment différencier la partie relationnelle et l'intérêt business au moment T. Du coup, si on revient un peu sur Watertrax, tu l'as créé en 2016, donc il y a plus de 8 ans maintenant. Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces 8 années ? Comment ça s'est développé ? Comment ça a grossi ?

  • Speaker #1

    La genèse de Watertrax, c'était l'opportunité de réaliser des travaux à Monaco, des travaux subaquatiques, qui consistaient à transplanter des herbiers sous-marins pour les préserver de la future construction, donc extension de Monaco sur la mer. C'était l'occasion de remettre en service ces technologies de pelleteuse sous-marine avec un outil innovant pour découper de façon très précautionneuse ces herbiers sous-marins, de façon à les transplanter plus loin. C'était une belle opération. Notre client, c'était Bouygues, un grand groupe du BTP, mais qui a fini par un semi-échec, c'est-à-dire que Watertrax a mis en œuvre à fonctionner d'un point de vue technique. Mais le procédé global de transplantation n'a pas marché. C'était une première mondiale et puis ça n'a pas bien fonctionné. Et donc suite à ça, on n'a pas vraiment enchaîné d'opérations similaires et on n'a même pas remis en service cette première machine qui avait été remise en état vraiment spécifiquement pour ce chantier. Donc au bout d'un an, en fait, je me suis retrouvé à licencier les deux cadres qui m'avaient suivi dans l'aventure puisque je n'avais plus de chiffre d'affaires, je n'avais plus de trésorerie pour les maintenir. À ce moment-là, j'ai eu un grand doute sur la possibilité de continuer. J'en ai parlé à des consultants qui intervenaient justement à MBS et qui étaient profs. Et mon idée, c'était plutôt de leur demander comment devenir consultant avec eux, parce que je pensais que ça allait capoter. Et c'est eux qui m'ont dit, mais ton projet, quand même, ça a l'air bien. On pourrait plutôt t'accompagner nous en tant que consultant pour lui redonner de l'air. Notamment, je pense que tu vas avoir besoin d'argent et on peut t'accompagner pour lever de l'argent. Et en parallèle de ça, c'est EDF qui m'a contacté, qui savait que j'avais créé l'entreprise, qui savait que j'avais déjà un intérêt un peu sur les problématiques de s'alimentation dans les barrages et qui me disent bon voilà, on fait un appel à un projet pour un partenariat d'innovation. On a caractérisé un besoin spécifique et on cherche des partenaires pour développer une techno spécifique pour répondre à ce besoin-là. Et donc en 2017, quand on a amorcé comme ça ce projet, on a fait une première étude de faisabilité. À ce moment-là, il y a un ex-partenaire professionnel qui m'a rejoint, qui est devenu mon associé, Frédéric Gauche, qui lui venait du monde de la robotique sous-marine. Et donc on s'est retrouvés à deux associés, chacun dans son garage, à proposer de développer un gros robot de curage sous-marin à EDF. On était gonflés, mais on croyait vraiment à ce qu'on a annoncé, et EDF nous a cru. Et donc, du coup, ils nous ont sélectionnés. Et c'est comme ça qu'on a réamorcé, en fait, et qu'on s'est mis un peu en mode de start-up. Puisque, du coup, dans la négociation et pour garder notre indépendance, on s'est engagé à financer la première partie du développement technique. Et donc, notamment, le dérisquage technologique de ce qu'on voulait développer. Et donc, on s'est engagé à financer ça, mais on n'avait pas un seul sou. Ils ont dit, c'est très bien si vous financez le dérisquage techno. Ensuite, une fois que vous nous avez amené la preuve que ça pourra marcher, on pourra, nous, financer le développement. On est rentrés chez nous et puis on a commencé à se renseigner sur comment lever de l'argent. C'est vraiment,

  • Speaker #0

    finalement, le projet de robot sur les barrages qui est un peu au cœur de votre projet encore aujourd'hui, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, on a développé ces robots qui répondent à une problématique essentielle. pour les barrages. Et ce qui est motivant là-dedans, c'est que 1. L'hydroélectricité est vraiment la première source d'énergie renouvelable au monde, tant sur le plan historique que sur le plan de quantité produite, que c'est la source d'énergie électrique la plus durable de loin, la plus low carbone et la plus durable aussi dans le temps. C'est-à-dire que les barrages aujourd'hui, même ceux qui arrivent à 100 ans, d'un point de vue résistance des bétons, Ils ont une durée de vie potentielle de jusqu'à 1000 ans. Les machines qui sont à l'intérieur, qui produisent de l'énergie, il faut les renouveler tous les 50 ans, mais ça a un impact assez faible par rapport à la construction originale du barrage. Par contre, le seul gap à la durabilité de cette énergie, c'est la sédimentation qui se crée derrière les barrages. Par notre rapport de technologie et notre proposition de service, on vient justement résoudre ce problème. Et donc c'est très motivant. Et la façon dont on propose de résoudre le problème est aussi une façon très écologique, puisque nos robots permettent de reconstruire une forme de continuité sédimentaire dans les cours d'eau de façon très respectueuse des aspects de dilution, etc. et donc très proche du besoin de la nature. Donc il y a vraiment une dimension écologique à deux niveaux. Le premier, c'est qu'on vient entretenir une source d'énergie très bas carbone et très durable. Et la façon dont on le fait est aussi à impact positif sur l'environnement.

  • Speaker #0

    Très clair. Et donc, vous vous dites que vous devez lever des fonds pour garder justement la main sur la techno. Comment ça se passe quand on lève des fonds pour en même temps quand même garder le contrôle sur le cap qu'on s'est fixé, sur les valeurs qu'on veut transmettre et pas justement perdre toute cette notion de contrôle qu'on veut en général garder quand on entreprend ?

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est des bonnes questions. En effet, le... Je pense qu'il faut retenir, et ce qui est clé, c'est que finalement, je n'ai pas créé l'entreprise sur l'idée. Et donc ça, s'il y avait un conseil à donner, lancez-vous et les idées viendront. Et les idées ne sont pas clés, c'est la réalisation qui est clé. Donc ne pas attendre d'avoir une idée, si on a envie de se lancer, on peut se lancer. Ça c'est juste un petit aparté. Ensuite, rapidement, avec Fred, on a souhaité se positionner. Les technos que l'on déploie, elles sont issues de développements qui ont été faits grâce... à l'Eldorado du pétrole offshore. Et en fait, le plus simple pour faire du business lucratif pour nous, ça aurait été de se remettre sur le marché du pétrole. Et on s'est dit, bon ben nous, ce qu'on veut proposer comme valeur forte, c'est de dévoyer toutes ces technos de robots sous-marins pour les mettre à disposition des énergies renouvelables. Et donc ça, on s'est mis au clair très vite, on l'a affiché sur notre site internet, et c'est un discours qu'on a toujours tenu et qu'on maintient. Et du coup, on a réussi à fédérer quand même beaucoup de monde autour de cet état d'esprit ou de cette mission suffisamment clair. Donc ça, ça a été un point essentiel. Et puis ensuite, c'est simplement croire très fort en ce que l'on dit, de façon à ce que les gens à qui on le dit y croient aussi, et puis aient envie de nous suivre, et puis les choses se construisent petit à petit. On s'est rapidement retrouvés dans un processus de création de valeurs partagées avec EDF, puisque finalement la petite start-up portée par deux chômeurs dans leur garage, mais qui s'associe avec un grand groupe industriel de la taille d'EDF. Vu de l'extérieur, c'était très rassurant et donc ça a apporté tous les fruits. Et en même temps, montrer que ça n'allait pas devenir une acquisition d'EDF ou la mainmise d'EDF sur notre développement, mais montrer que dès le début, il y avait le souhait des deux parties de rester indépendants, c'est-à-dire d'être partenaires, d'avoir de l'association, mais ne pas avoir de relation d'exclusivité, c'était rassurant pour l'ensemble des parties prenantes.

  • Speaker #0

    Donc, c'est aussi ce premier partenariat avec EDF et cette promesse de partenariat qui a aidé sur la partie de levée de fonds. Donc là, on est, tu disais, en 2017 sur cet appel à projet d'EDF. Ensuite, combien de temps ça prend pour vraiment lancer le projet ?

  • Speaker #1

    Une levée de fonds, ça prend à peu près 12 mois. Voilà, avec une notion d'urgence, c'est-à-dire que moi, je me suis lancé dans le processus de levée des fonds avec l'objectif de lever en trois mois. Et ça s'est fait assez vite et on l'a fait en 12 mois. Voilà le feedback. Et à chaque fois, on pense que ça va clôturer le mois suivant. Et puis ça dérive comme ça de mois en mois.

  • Speaker #0

    Et après, une fois que vous avez levé les fonds, vous commencez tout de suite sur la partie robot. Combien de temps ça prend de développement pour mettre au point ce robot ?

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant quand on est une startup, et qu'on n'a pas d'argent, c'est qu'on a forcément une approche frugale et donc on essaye de faire avec pas grand-chose et ça nous rend très créatifs. Donc je pense qu'un des conseils à donner à quelqu'un qui a envie de créer, c'est de le faire avec très peu de moyens parce que c'est ça qui va le rendre créatif et c'est ça qui va pousser et qui va faire émerger des idées. Donc on n'a pas attendu d'avoir les premiers sous pour faire les premiers développements techniques. On les a faits... avec des bouts de ferraille, des composants de récupération, etc. Et en parallèle qu'on levait les fonds, on a commencé déjà à développer un peu de la techno. On a réalisé un premier marché pour ODF qui était déjà un marché un peu de test et qui nous a permis déjà de démarrer. Et ce qui fait qu'au moment du closing du premier tour d'augmentation de capital, on était déjà en train de réaliser les premiers essais de morceaux de technologie. On n'a pas attendu, on n'a pas été séquentiel, on a porté les choses de front. Donc en parallèle, on a négocié le contrat avec EDF, démarré le développement techno et poursuivi cette démarche-là d'augmentation de capital. Après, quand on fait de l'innovation, on prend le risque de l'échec et notamment notre premier prototype, ça a été un échec tout nitruant. C'est-à-dire qu'on a fait un petit chenillard avec des ballast pour rouler sur la vase. EDF nous a mis à disposition... Un lac d'essai à Cadarache, on a mis ce morceau de futur robot dans l'eau et il s'est planté dans la vase sur 3 ou 4 mètres de profondeur et on n'avait plus le sortir. Et donc ça c'était notre premier essai. Le lendemain de ce résultat effrayant, c'était la réunion de closing de la première levée de fonds. Donc la veille j'étais dans la vase jusqu'aux genoux, j'ai quitté les collègues. Je suis rentré chez moi et le lendemain matin, j'étais devant tous les investisseurs du premier tour. Et puis, je leur donne un petit feedback sur les essais en cours. Et je leur dis, voilà, on fait des essais en ce moment à cas d'arrache. Et les résultats sont très instructifs. Et ensuite, on a fait le closing qui était prêt. On a levé à demi-million d'euros. Ça, c'était fin décembre. Et puis, début janvier, on s'est retrouvé en réunion face à EDF. Et puis, on a dû... expliquer pourquoi ça ne marchait pas, exposer ce qu'on avait compris et aller chercher la confiance pour avoir une deuxième chance, parce que c'était ça aussi l'enjeu. Et c'est là où ça a été clé de se positionner en humilité, de dire voilà, on avait besoin de tester pour comprendre, maintenant on a compris ça, ça et ça, et voilà comment on va y répondre. Et notamment on avait compris des éléments essentiels, on voulait faire des essais plutôt low-tech, et finalement dans le procédé de test, On se créait des contraintes qui n'avaient rien à voir avec les contraintes définitives. Et du coup, avec Fred, on était deux à décider. On s'est regardé, on a dit, bon, en fait, le deuxième prototype, il faut qu'on le fasse en techno définitive. Mais le gap entre les deux, c'était un million d'euros. En fait, on s'est dit qu'il faut faire un prototype à un million d'euros pour se donner la chance d'y arriver. Par contre, on n'avait qu'une seule chance. Et en février 2019, on a dessiné la forme de ce futur robot. Et fin août 2019, il sortait de notre atelier le premier proto de ce robot qui était un engin de 17 tonnes, de 5 mètres de large, 8 mètres de long. trois camions pour le transporter, il fallait l'assembler sur site parce qu'on ne pouvait pas le transporter, assembler, etc. Et là, on l'a remis à l'eau fin septembre, au même endroit où on avait planté le premier un an plus tôt. Et là, c'est rentré dans l'eau, ça a commencé à pomper, puis c'est ressorti de l'eau.

  • Speaker #0

    Il n'est pas resté dans la base.

  • Speaker #1

    Et puis c'était gagné. Mais fin septembre de cette année-là, en réussissant, on débloquait du financement d'EDF. Si on avait échoué, je pense qu'on ne pouvait pas payer les salaires de fin septembre. Donc, à un moment donné, aussi, il faut... Mouiller la chemise et prendre des risques.

  • Speaker #0

    Prendre des risques, je pense que c'est quelque chose qui est assez indispensable en entrepreneuriat, sinon au bout d'un moment on stagne et on n'arrive pas à passer à l'étape d'après. Donc ça, on est fin 2019. Depuis, ça en est où Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors depuis en 2020, à partir de ce premier prototype, on a développé un démonstrateur industriel, c'est-à-dire un premier robot abouti de niveau pré-série. Et puis on a fait une démonstration industrielle dans un autre lac d'EDF, qui fait que fin 2020, on avait un premier outil à placer sur le marché, et qui a débouché notamment pour EDF sur un accord cadre pour l'utilisation justement de ce robot pendant 7 ans. Et donc en 2021, on a démarré la phase d'exploitation. Ok,

  • Speaker #0

    donc toujours sur ce premier robot ?

  • Speaker #1

    Alors toujours en utilisant ce premier robot. Et là ça a été assez intéressant parce que... Fin 2020, on pensait avoir passé un cap décisif, ce qui était le cas, et on pensait que ça allait dérouler derrière un peu tout seul. Et du coup, on avait ce contrat avec EDF, avec même un engagement de volume sur 7 ans, etc. Et puis on leur dit, du coup, on est en début d'année, vous nous envoyez où cette année ? Et là, on s'est rendu compte qu'un gros industriel de cette taille-là, pour lui, le temps court, c'est quelques années. Et donc... pour une start-up comme nous, le temps court d'EDF, c'est plus loin que l'infini. Et donc, ils nous disent, cette année, il y a une petite opération en Bretagne à faire au mois de mai, et puis ensuite, il y aura des choses en 2023, etc. Et donc, là, on s'est retournés, nous, mais trois mois, l'entreprise est morte déjà. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, ça nous a obligés à réaliser, dès la première année, de la diversification, aller chercher des clients en dehors du périmètre d'EDF. Simplement, on avait développé une techno qui fonctionnait, mais on n'avait pas la possibilité sur le marché d'atteindre la rentabilité aussi vite que ce qu'on avait espéré. Et donc on s'est lancé en 2021 dans une deuxième levée de fonds, de façon à financer la montée en puissance, donc la croissance de l'entreprise. Donc dès 2021, deuxième tour de levée de fonds.

  • Speaker #0

    Et le but de cette levée de fonds, c'était de pouvoir avoir un deuxième robot, par exemple ? Ou il y avait un objectif précis sur la croissance qui était affiché à ce stade-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait plusieurs objectifs, mais on a levé de l'argent pour financer l'acquisition de marché, pour financer le rebutement et la formation de personnel pour réaliser le service, et pour continuer à faire progresser la technologie. Ce sont un peu nos trois axes de développement stratégique. Donc, ne pas s'arrêter, ne pas se reposer sur nos lauriers. et profiter de chaque expérience avec le robot pour le faire progresser. C'était ça vraiment l'objectif. Et ensuite, évidemment, développer d'autres robots parce que la croissance passe par la création et la fabrication de nouveaux robots. Et donc, dès fin 2021, on a développé un deuxième robot pour une autre application vraiment très spécifique aussi pour EDF.

  • Speaker #0

    Ok, donc toujours dans le cadre de ce partenariat avec EDF qui drive un peu les innovations de projets, si je puis dire.

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant quand on travaille avec un partenaire industriel et mature comme EDF, c'est qu'il a une excellente connaissance de son besoin et que son besoin bien caractérisé est duplicable chez ses confrères en France et à l'international. Donc, si on part de ce besoin et qu'on y répond correctement derrière, ça ouvre du marché puisque, évidemment, ça répond à un besoin réel.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais sur cette levée de fonds aussi de besoins en... recrutement. Aujourd'hui, vous êtes combien au sein de Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, on est une vingtaine. C'est une entreprise.

  • Speaker #0

    Ça commence à faire un peu une monte par rapport aux deux personnes dans leur garage dont tu parlais tout à l'heure. Quand on grossit comme ça, on doit réfléchir à toute sa culture d'entreprise, aux valeurs qu'on veut transmettre. Comment tu la définis cette culture d'entreprise et comment tu fais en sorte au quotidien de rester aligné avec l'idée du projet et avec la réalité opérationnelle du terrain ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. En fait, rapidement, pour développer le premier robot, on s'est retrouvé une équipe de 7 personnes. Et puis, on était un peu comme le Cirque Pender, c'est-à-dire qu'on préparait notre show dans un atelier. On était tous à préparer le prototype, etc. Et puis, une fois qu'on était prêts, on mettait tout ça sur des camions, on emmenait notre chapiteau. Et puis, on allait jouer notre partition sur un site d'essai. Et puis, c'était l'ensemble de l'entreprise qui se déplaçait et qui allait faire ses tests sur un lac en montagne. Les tests, ça pouvait durer plusieurs mois. Donc, on partait comme ça. en mission pour réaliser des tests successifs, etc. Et puis ensuite, on revenait sur nos bases et puis on redéveloppait pour aller faire les tests suivants. Donc en fait, pendant quelques années, on a vécu très proche et en parallèle de l'aventure entrepreneuriale, il y avait une aventure humaine avec ce groupe de personnes et donc des valeurs qui se sont construites d'elles-mêmes. Et puis bon, il a fallu passer à la croissance et commencer à recruter des gens. Et on s'est posé la question de qu'est-ce que ça allait donner ?

  • Speaker #0

    Comment réintégrer justement dans une équipe très soudée des personnes extérieures ?

  • Speaker #1

    Voilà, et comment capitaliser sur les valeurs qui nous plaisent ? Comment ne pas les perdre avec du recrutement, etc. Et donc avant de faire ça, on s'est posé la question, mais en fait c'est quoi nos valeurs ? On sent qu'il y a quelque chose de fort qui se passe, mais si on devait le caractériser, qu'est-ce que c'est ? Et puis on a lancé un petit atelier comme ça, RH. porté par les collaborateurs pour essayer de définir justement les valeurs de l'entreprise. Maintenant qu'on est inscrit dans toutes nos offres de recrutement, voilà ce qui nous porte, ce qui nous motive. Si ça vous parle, venez. Si ça ne vous parle pas, ne perdez pas votre temps. Et donc c'est comme ça qu'on le construit. Et on est plutôt sur un état d'esprit quand on recrute, de recherche de motivation et de fit, de compatibilité. Avant la recherche de compétences hard skills, on considère qu'il y a des très fortes compétences dans l'entreprise, mais qu'on est aussi là pour les transmettre. Et donc, des esprits curieux qui ont du fit avec les valeurs fondamentales pourront aussi monter en compétences dans l'entreprise, comme on l'a tous fait en vivant l'expérience.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi ces valeurs que vous avez énoncées et que vous affichez maintenant sur vos offres ?

  • Speaker #1

    La première valeur qui nous semble essentielle pour nous, c'est la solidarité. Donc, c'est le fait que chacun n'est pas enfermé dans un rôle. Évidemment, chacun amène avec ses hard skills ce qu'on va dire un fil rouge. C'est un domaine de compétences qu'il porte en priorité. Mais on a beau faire des sous-marins, on n'est pas étanche. Et du coup, on va porter ensemble toutes les problématiques et on va s'entraider les uns les autres. Et donc celle-là, je pense que c'est la valeur la plus belle, mais ce n'est pas la plus facile à tenir, parce qu'elle est facile quand tout va bien, mais c'est face au problème qu'il est important de pouvoir se la rappeler entre nous, et ne pas tomber dans les écarts de reproches, etc. Et donc quand il y en a un qui est en difficulté, qu'on ait vraiment le réflexe d'aller l'aider avant d'analyser les causes profondes. Donc ça, c'est une valeur essentielle. Il y en a une autre qu'on a inscrit aussi, c'est le plaisir. Alors, ça peut paraître bizarre de dire que le plaisir est une valeur, mais en fait, sans plaisir, on n'a pas de motivation. La motivation n'est pas une valeur, mais la motivation est plutôt le résultat d'un processus. Et donc, si on prend du plaisir à travailler, on n'aura pas de mal à être motivé. Et en fait, quand on partage avec les collaborateurs, on se retrouve autour du plaisir. Voilà. Ensuite, on a des choses plus bateaux, mais bon, on porte l'innovation dans l'ADN de l'entreprise et on considère que tout problème peut se résoudre par l'innovation. Et l'innovation n'est pas que technologique. On peut faire de l'innovation managériale, on peut faire de l'innovation sociale, etc. On peut faire de l'innovation contractuelle, mais l'innovation est un pilier fondamental de l'entreprise. L'innovation passe par le droit à l'erreur. Et donc on a une valeur essentielle sur la prise d'initiative associée avec le droit à l'erreur. Il vaut mieux essayer et se planter et marquer que ça ne marche pas plutôt que d'avoir le revêt de ne jamais avoir essayé. C'est un peu ça l'esprit.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une dernière valeur qui est autour de la polyvalence et de la transmission, et qui est aussi autour de ce qu'on appelle l'approche holistique du travail. On considère que les hommes et les femmes sont constitués d'un corps entier. On a tous un cerveau et on a tous des bras et des jambes, et on est plus épanoui quand on utilise l'ensemble de son corps. Et donc, évidemment qu'il y a des gens qui utilisent plutôt plus leur cerveau et d'autres qui utilisent plutôt plus leur corps. plus leurs bras, mais il y a de très bonnes idées dans les gens qui utilisent plutôt plus leurs bras, et de temps en temps, c'est très épanouissant pour quelqu'un qui est dans un bureau, d'aller dans l'atelier ou d'aller sur un chantier, et puis de faire travailler ses muscles, de monter la pièce qu'il a conçue, ou d'aller opérer le robot sur lequel il a participé à la construction, et du coup, d'utiliser tout ça, et ça crée vraiment de la cohésion aussi dans les équipes.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment du coup, un esprit de vivre ensemble et d'équipe globale. C'est très clair. Du coup, pour arriver aujourd'hui sur WaterTrack, c'est quoi la prochaine étape pour l'entreprise ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est de mener en parallèle la résilience sur le marché français. On atteint aujourd'hui un premier niveau qui est la rentabilité grâce au marché français. Donc, on est très content de ça. On vient de l'atteindre à la clôture de l'exercice qu'on a réalisé au 30 juin de l'année.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Voilà, on a de la chance, on a du carnet de commandes jusqu'en 2028, ce qui donne une bonne visibilité. Mais il faut consolider tout ça par deux choses, c'est-à-dire, maintenant on a du carré de commande, mais il faut le réaliser d'une bonne manière pour tenir notre promesse. Donc ça passe par du recrutement et de la consolidation des équipes. Ça passe par l'acquisition d'opérations autour de ces grands marchés aussi sur la France et un peu de diversification. Et puis on a un autre grand axe de développement qui est l'export. On a créé cette année une filiale en Suisse. On veut faire de cette filiale un modèle pour le tester et ensuite pour le dupliquer aussi dans d'autres pays d'Europe, voire du monde.

  • Speaker #1

    Plein de beaux projets en perspective, on a hâte de suivre tout ça. Du coup, on va arriver vers la fin de cet entretien. Pour terminer, je vais avoir deux petites questions que je pose à chaque invité de La Voix des Aluminis. Premièrement, est-ce que tu as eu un mentor dans ta carrière ? Et dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    J'en ai eu plusieurs. En premier lieu, il y a cet homme, Louis, que j'ai rencontré en 2011 et qui a inventé ces machines sous-marines. Je pense qu'on a une relation quasi filiale dans l'esprit et c'est, on va dire, mon premier mentor. Ensuite, il y a Paul, qui était intervenant au MBA et c'est lui qui m'a dit, en fait ton projet il vaut le coup et tu ferais mieux d'assister sur ton projet. Aujourd'hui, il est membre du comité stratégique de l'entreprise. Il est lui-même actionnaire en tant que business angel. C'est une personne ressource forte. Quand je suis dans le doute, je sais que je peux m'appuyer sur son avis qui sera toujours éclairé, éclairant.

  • Speaker #1

    Ok, très clair. Et pour terminer, je sais que tu as partagé beaucoup de conseils durant cet épisode, mais si tu avais un dernier conseil à partager avec les autres alumni MBS, qu'est-ce qu'il serait ?

  • Speaker #0

    Pour l'entrepreneuriat, J'ai peur d'être un peu bateau, mais pour moi, pour que ça fonctionne, il faut qu'on soit aligné, rester aligné avec ses valeurs profondes. C'est à la fois bateau et à la fois essentiel.

  • Speaker #1

    C'est à la fois simple à dire, mais pas toujours simple une fois qu'on est pris dans un flot de quelque chose. Et je pense que c'est important de le rappeler, que c'est ce qui nous drive après au quotidien. Oui,

  • Speaker #0

    quand on est comme ça, porteur d'un projet, porteur d'entreprise, on a un rôle de leadership. Mais si on croit nous-mêmes très fort en ce qu'on fait, en fait, on n'a pas de mal à y faire adhérer tout le monde. Faire adhérer des gens à quelque chose pour lequel on ne croit pas, un, c'est plus difficile, et puis deux, ça fait souffrir.

  • Speaker #1

    Très clair. Merci beaucoup pour tout ce partage, Raphaël.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Merci pour ces questions.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. La

  • Speaker #2

    Voix des Aluminium.

  • Speaker #0

    Une production Studio Moya. Studio Moya.

Chapters

  • Chapitre 1

    00:00

Description

Dans cet épisode inspirant de La Voix des Alumni MBS, Marine Avril accueille Raphaël Gaillard, diplômé de MBS en 2018 et fondateur de Water Trax, une start-up spécialisée dans les travaux subaquatiques grâce à des robots innovants. Raphaël partage son parcours atypique, depuis ses racines agricoles jusqu’à la création d’une entreprise qui collabore avec des géants comme EDF. Découvrez comment il a surmonté les défis de l’entrepreneuriat, les enseignements tirés de ses études à MBS, et sa vision d’un leadership basé sur les relations humaines et l’innovation. Un récit inspirant pour oser rêver grand et bâtir l’avenir.


Dans cet épisode nous aborderons :


  • Solidarité : Soutien mutuel entre collaborateurs, ancré dans les débuts très soudés de l’équipe.

  • Créativité : Travailler avec des moyens limités pour favoriser l’innovation.

  • Écologie et responsabilité : Offrir des solutions respectueuses de l’environnement et alignées avec des valeurs durables.

  • Motivation et curiosité : Identifier des profils alignés sur les valeurs et l’état d’esprit de l’entreprise, plutôt qu’exclusivement sur les compétences techniques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La voix des alumnis. Comment donner du sens à sa vie professionnelle ? Quel chemin prendre ? C'est quoi réussir sa carrière ? Ces questions, d'autres alumnis se les sont posées avant toi. Ensemble, on va aller à leur rencontre et on va découvrir des parcours inspirants, variés et engagés. Moi, je suis la voix des alumnis. C'est Marine Avril, alumnie 2019 et cofondatrice de Studio Moya, l'agence de communication audio spécialisée dans le podcast. Bienvenue dans la Voix des alumnis MBS. Le rendez-vous pour te connecter, t'inspirer et te motiver à oser dans ta vie professionnelle. Bonne écoute ! La Voix des alumnis

  • Speaker #1

    MBS Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    dans La Voix des alumnis, Je reçois Raphaël Gaillard, diplômé du MBA en 2018 et fondateur de Watertrax. Bonjour Raphaël et merci d'être avec nous aujourd'hui. Est-ce que dans un premier temps, je peux te laisser te présenter et revenir sur les grandes étapes de ton parcours de avant Montpellier jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marine, merci pour cette invitation. Je suis ravi d'être là aussi. En quelques mots, mon parcours, de façon chronologique, j'aime rappeler que je suis fils d'agriculteur et donc mon parcours commence là déjà. et la relation avec le travail et l'environnement. On peut dire que je l'ai reçu dès ma plus jeune enfance. Ensuite, j'ai évolué vers des formations techniques. Je suis devenu ingénieur un peu sur le tard à Toulouse, dans le milieu de l'aéronautique. Et en fait, je me suis orienté de suite, au début de ma carrière, sur les travaux publics. Et j'ai retrouvé les valeurs autour des hommes, de la terre et des machines dans les travaux publics que j'avais connus déjà dans le milieu agricole. Et puis, de fil en aiguille, je suis devenu directeur du matériel. Et j'ai rencontré quelqu'un qui avait fait des choses un peu surprenantes avec des machines terrestres qu'il avait transformées pour les faire marcher sous l'eau. Je me suis passionné de ce qu'il avait fait. Et puis, on avait démarré l'idée d'une transmission entre lui et moi, entre son savoir-faire et mon expérience. Et on a essayé un projet d'entreprenariat. De fil en aiguille, ça ne s'est pas fait à l'intérieur de l'entreprise EGT. Et j'ai eu l'opportunité de créer Watertrax, qui est l'entreprise que je porte depuis 2016, qui est une entreprise qui réalise des travaux subaquatiques, mais qui les fait d'une manière spécifique. Ils les font en utilisant des robots sous-marins, plutôt de grande taille. Et comme ces robots n'existent pas, elles créent, fabriquent et inventent ces robots, qu'elles mettent ensuite en œuvre. La proposition de valeur que l'on porte, c'est de faire des travaux subaquatiques à destination des énergies renouvelables, quelles qu'elles soient. Donc qui peuvent être des volières en mer, qui peuvent être l'hydroélectricité, du solaire flottant, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, et du coup ces robots, c'est des robots qui sont votre propriété et que vous louez ? C'est des robots que vous vendez aux entreprises avec lesquelles vous travaillez ?

  • Speaker #1

    Alors on a une proposition de valeur de service. Donc ces robots, on les invente. On les développe, on les fabrique et ensuite on les opère. Et ce qu'on vend, c'est le service d'opération de ces robots pour nos clients.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment de la prestation de service avec le robot, etc. Donc j'imagine qu'aujourd'hui, ton quotidien est assez différent d'un quotidien d'ingénieur, puisque tu étais ingénieur avant de créer Watertrax et de faire un MBA à Montpellier à cette occasion. Est-ce que quand tu découvres cette partie plus business, est-ce que c'est comme tu l'avais imaginé ? Est-ce que justement, il y a des surprises par rapport à ce que tu avais en tête ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si je l'avais vraiment imaginé. En tout cas, c'était quelque chose... que j'appréhendais un petit peu parce que je n'avais pas de rôle business. J'étais plutôt un rôle d'acheteur. Donc, j'étais du côté achat du business et j'avais en face de moi des gens qui vendaient notamment du matériel. Et je n'avais pas cette étiquette de développeur et business. Donc ça, ça m'inquiétait un peu. C'est pour ça que je me suis lancé dans le MBA en me disant, bon, je vais me challenger avec cette formation et puis je vais certainement acquérir parce que un certain nombre de compétences, ou en tout cas renforcer les compétences qui vont m'aider pour la création d'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok, et donc c'est ça que tu as trouvé dans ton parcours à travers MBS à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai trouvé encore plus que ça, parce que, en effet, j'ai eu des enseignements passionnants, ça a renforcé les compétences. Je me suis rendu compte aussi que finalement les compétences d'un chef d'entreprise, elles sont très variées, très diverses, et qu'en fait on les porte aussi... et essentiellement dans ce qu'on appelle les soft skills, les compétences personnelles. Et que c'est ça qui est essentiel, le comportement, la création de relations, comment aborder la négociation. Et c'est ça qui est clé en fait dans le développement de l'entreprise. Mais j'ai trouvé aussi, et ça ça a été très riche, en fait la même année j'ai créé Watertrax et je me suis lancé dans l'exécutive MBA en part-time. Donc j'ai fait le MBA en deux ans et j'ai trouvé en fait un esprit de promo et j'ai trouvé aussi un sas. qui faisait que pendant les semaines de cours, je sortais de mon quotidien entrepreneur. J'allais dans cette grande famille qui était la promo et j'amenais quand même mon projet. Et j'avais énormément de soutien de la promo qui a été très enthousiaste autour de mon projet et qui m'a soutenu pendant deux ans. C'était deux années difficiles d'un point de vue entrepreneuriat, toujours un peu difficile le début. Et donc je trouvais, et de l'air, de l'oxygène, des conseils, du soutien. C'est tout ça que j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Donc vraiment une partie humaine aussi, en plus de compétences théoriques. Tu parlais sur les compétences théoriques de négociation, etc. Justement, j'imagine qu'aujourd'hui, en tant que petite startup, tu travailles, je sais, avec de grosses entreprises comme EDF ou quoi. Comment réussir à être pris au sérieux quand on est si petit face à des géants comme ça ?

  • Speaker #1

    En fait, quelle que soit la taille de l'organisation, on est face à des hommes et des femmes qui ont... on échange, quand on fait du business et à partir du moment où on a un comportement transparent, où on se foine dans la relation, où on s'expose, qu'on est sincère, la relation se crée, on construit le climat de confiance et ça se joue plus entre EDF et puis Watertrax, mais ça se joue autour d'une équipe de projet qui s'est fédérée autour d'un projet et la relation entre les hommes et les femmes. Donc c'est comme ça que j'avais déjà appris à travailler avant. J'avais reçu une formation qui a été clé dans ma carrière, qui s'appelle la formation à la négociation raisonnée, et donc la recherche du contrat gagnant-gagnant, et notamment dont un des piliers est de séparer le potentiel différent et la relation, et donc toujours soigner la relation, tout en étant ferme sur ses intérêts. Et c'est cette méthode-là vraiment qui m'a permis de construire des relations de confiance et d'aller loin dans la création de valeur et dans le partage avec EDF notamment.

  • Speaker #0

    Et donc concrètement, quand tu dis soigner la relation, ça passe par quoi comme petit conseil très pratique que tu pourrais partager ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ce qui est clé, c'est de faire la différence, donc de séparer l'objet de la négociation sur lequel on peut avoir des différends ou en tout cas sur lequel chaque partie doit défendre ses intérêts fermement. Et puis la relation, c'est-à-dire pouvoir se dire je t'apprécie beaucoup, mais je ne suis pas d'accord. Mais ça ne va pas nuire à notre relation. Et du coup, sur ce désaccord-là, on va construire un accord qui convient aux deux parties. Mais on ne va pas rester figé sur nos positions, etc. Et on va agrandir le gâteau ensemble. Mais quoi qu'il arrive, même si à la fin, on ne trouve pas d'accord, on aura quand même passé un bon moment ensemble. Et puis, on ne va pas y mettre notre relation sur le même plateau.

  • Speaker #0

    Vraiment différencier la partie relationnelle et l'intérêt business au moment T. Du coup, si on revient un peu sur Watertrax, tu l'as créé en 2016, donc il y a plus de 8 ans maintenant. Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces 8 années ? Comment ça s'est développé ? Comment ça a grossi ?

  • Speaker #1

    La genèse de Watertrax, c'était l'opportunité de réaliser des travaux à Monaco, des travaux subaquatiques, qui consistaient à transplanter des herbiers sous-marins pour les préserver de la future construction, donc extension de Monaco sur la mer. C'était l'occasion de remettre en service ces technologies de pelleteuse sous-marine avec un outil innovant pour découper de façon très précautionneuse ces herbiers sous-marins, de façon à les transplanter plus loin. C'était une belle opération. Notre client, c'était Bouygues, un grand groupe du BTP, mais qui a fini par un semi-échec, c'est-à-dire que Watertrax a mis en œuvre à fonctionner d'un point de vue technique. Mais le procédé global de transplantation n'a pas marché. C'était une première mondiale et puis ça n'a pas bien fonctionné. Et donc suite à ça, on n'a pas vraiment enchaîné d'opérations similaires et on n'a même pas remis en service cette première machine qui avait été remise en état vraiment spécifiquement pour ce chantier. Donc au bout d'un an, en fait, je me suis retrouvé à licencier les deux cadres qui m'avaient suivi dans l'aventure puisque je n'avais plus de chiffre d'affaires, je n'avais plus de trésorerie pour les maintenir. À ce moment-là, j'ai eu un grand doute sur la possibilité de continuer. J'en ai parlé à des consultants qui intervenaient justement à MBS et qui étaient profs. Et mon idée, c'était plutôt de leur demander comment devenir consultant avec eux, parce que je pensais que ça allait capoter. Et c'est eux qui m'ont dit, mais ton projet, quand même, ça a l'air bien. On pourrait plutôt t'accompagner nous en tant que consultant pour lui redonner de l'air. Notamment, je pense que tu vas avoir besoin d'argent et on peut t'accompagner pour lever de l'argent. Et en parallèle de ça, c'est EDF qui m'a contacté, qui savait que j'avais créé l'entreprise, qui savait que j'avais déjà un intérêt un peu sur les problématiques de s'alimentation dans les barrages et qui me disent bon voilà, on fait un appel à un projet pour un partenariat d'innovation. On a caractérisé un besoin spécifique et on cherche des partenaires pour développer une techno spécifique pour répondre à ce besoin-là. Et donc en 2017, quand on a amorcé comme ça ce projet, on a fait une première étude de faisabilité. À ce moment-là, il y a un ex-partenaire professionnel qui m'a rejoint, qui est devenu mon associé, Frédéric Gauche, qui lui venait du monde de la robotique sous-marine. Et donc on s'est retrouvés à deux associés, chacun dans son garage, à proposer de développer un gros robot de curage sous-marin à EDF. On était gonflés, mais on croyait vraiment à ce qu'on a annoncé, et EDF nous a cru. Et donc, du coup, ils nous ont sélectionnés. Et c'est comme ça qu'on a réamorcé, en fait, et qu'on s'est mis un peu en mode de start-up. Puisque, du coup, dans la négociation et pour garder notre indépendance, on s'est engagé à financer la première partie du développement technique. Et donc, notamment, le dérisquage technologique de ce qu'on voulait développer. Et donc, on s'est engagé à financer ça, mais on n'avait pas un seul sou. Ils ont dit, c'est très bien si vous financez le dérisquage techno. Ensuite, une fois que vous nous avez amené la preuve que ça pourra marcher, on pourra, nous, financer le développement. On est rentrés chez nous et puis on a commencé à se renseigner sur comment lever de l'argent. C'est vraiment,

  • Speaker #0

    finalement, le projet de robot sur les barrages qui est un peu au cœur de votre projet encore aujourd'hui, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, on a développé ces robots qui répondent à une problématique essentielle. pour les barrages. Et ce qui est motivant là-dedans, c'est que 1. L'hydroélectricité est vraiment la première source d'énergie renouvelable au monde, tant sur le plan historique que sur le plan de quantité produite, que c'est la source d'énergie électrique la plus durable de loin, la plus low carbone et la plus durable aussi dans le temps. C'est-à-dire que les barrages aujourd'hui, même ceux qui arrivent à 100 ans, d'un point de vue résistance des bétons, Ils ont une durée de vie potentielle de jusqu'à 1000 ans. Les machines qui sont à l'intérieur, qui produisent de l'énergie, il faut les renouveler tous les 50 ans, mais ça a un impact assez faible par rapport à la construction originale du barrage. Par contre, le seul gap à la durabilité de cette énergie, c'est la sédimentation qui se crée derrière les barrages. Par notre rapport de technologie et notre proposition de service, on vient justement résoudre ce problème. Et donc c'est très motivant. Et la façon dont on propose de résoudre le problème est aussi une façon très écologique, puisque nos robots permettent de reconstruire une forme de continuité sédimentaire dans les cours d'eau de façon très respectueuse des aspects de dilution, etc. et donc très proche du besoin de la nature. Donc il y a vraiment une dimension écologique à deux niveaux. Le premier, c'est qu'on vient entretenir une source d'énergie très bas carbone et très durable. Et la façon dont on le fait est aussi à impact positif sur l'environnement.

  • Speaker #0

    Très clair. Et donc, vous vous dites que vous devez lever des fonds pour garder justement la main sur la techno. Comment ça se passe quand on lève des fonds pour en même temps quand même garder le contrôle sur le cap qu'on s'est fixé, sur les valeurs qu'on veut transmettre et pas justement perdre toute cette notion de contrôle qu'on veut en général garder quand on entreprend ?

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est des bonnes questions. En effet, le... Je pense qu'il faut retenir, et ce qui est clé, c'est que finalement, je n'ai pas créé l'entreprise sur l'idée. Et donc ça, s'il y avait un conseil à donner, lancez-vous et les idées viendront. Et les idées ne sont pas clés, c'est la réalisation qui est clé. Donc ne pas attendre d'avoir une idée, si on a envie de se lancer, on peut se lancer. Ça c'est juste un petit aparté. Ensuite, rapidement, avec Fred, on a souhaité se positionner. Les technos que l'on déploie, elles sont issues de développements qui ont été faits grâce... à l'Eldorado du pétrole offshore. Et en fait, le plus simple pour faire du business lucratif pour nous, ça aurait été de se remettre sur le marché du pétrole. Et on s'est dit, bon ben nous, ce qu'on veut proposer comme valeur forte, c'est de dévoyer toutes ces technos de robots sous-marins pour les mettre à disposition des énergies renouvelables. Et donc ça, on s'est mis au clair très vite, on l'a affiché sur notre site internet, et c'est un discours qu'on a toujours tenu et qu'on maintient. Et du coup, on a réussi à fédérer quand même beaucoup de monde autour de cet état d'esprit ou de cette mission suffisamment clair. Donc ça, ça a été un point essentiel. Et puis ensuite, c'est simplement croire très fort en ce que l'on dit, de façon à ce que les gens à qui on le dit y croient aussi, et puis aient envie de nous suivre, et puis les choses se construisent petit à petit. On s'est rapidement retrouvés dans un processus de création de valeurs partagées avec EDF, puisque finalement la petite start-up portée par deux chômeurs dans leur garage, mais qui s'associe avec un grand groupe industriel de la taille d'EDF. Vu de l'extérieur, c'était très rassurant et donc ça a apporté tous les fruits. Et en même temps, montrer que ça n'allait pas devenir une acquisition d'EDF ou la mainmise d'EDF sur notre développement, mais montrer que dès le début, il y avait le souhait des deux parties de rester indépendants, c'est-à-dire d'être partenaires, d'avoir de l'association, mais ne pas avoir de relation d'exclusivité, c'était rassurant pour l'ensemble des parties prenantes.

  • Speaker #0

    Donc, c'est aussi ce premier partenariat avec EDF et cette promesse de partenariat qui a aidé sur la partie de levée de fonds. Donc là, on est, tu disais, en 2017 sur cet appel à projet d'EDF. Ensuite, combien de temps ça prend pour vraiment lancer le projet ?

  • Speaker #1

    Une levée de fonds, ça prend à peu près 12 mois. Voilà, avec une notion d'urgence, c'est-à-dire que moi, je me suis lancé dans le processus de levée des fonds avec l'objectif de lever en trois mois. Et ça s'est fait assez vite et on l'a fait en 12 mois. Voilà le feedback. Et à chaque fois, on pense que ça va clôturer le mois suivant. Et puis ça dérive comme ça de mois en mois.

  • Speaker #0

    Et après, une fois que vous avez levé les fonds, vous commencez tout de suite sur la partie robot. Combien de temps ça prend de développement pour mettre au point ce robot ?

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant quand on est une startup, et qu'on n'a pas d'argent, c'est qu'on a forcément une approche frugale et donc on essaye de faire avec pas grand-chose et ça nous rend très créatifs. Donc je pense qu'un des conseils à donner à quelqu'un qui a envie de créer, c'est de le faire avec très peu de moyens parce que c'est ça qui va le rendre créatif et c'est ça qui va pousser et qui va faire émerger des idées. Donc on n'a pas attendu d'avoir les premiers sous pour faire les premiers développements techniques. On les a faits... avec des bouts de ferraille, des composants de récupération, etc. Et en parallèle qu'on levait les fonds, on a commencé déjà à développer un peu de la techno. On a réalisé un premier marché pour ODF qui était déjà un marché un peu de test et qui nous a permis déjà de démarrer. Et ce qui fait qu'au moment du closing du premier tour d'augmentation de capital, on était déjà en train de réaliser les premiers essais de morceaux de technologie. On n'a pas attendu, on n'a pas été séquentiel, on a porté les choses de front. Donc en parallèle, on a négocié le contrat avec EDF, démarré le développement techno et poursuivi cette démarche-là d'augmentation de capital. Après, quand on fait de l'innovation, on prend le risque de l'échec et notamment notre premier prototype, ça a été un échec tout nitruant. C'est-à-dire qu'on a fait un petit chenillard avec des ballast pour rouler sur la vase. EDF nous a mis à disposition... Un lac d'essai à Cadarache, on a mis ce morceau de futur robot dans l'eau et il s'est planté dans la vase sur 3 ou 4 mètres de profondeur et on n'avait plus le sortir. Et donc ça c'était notre premier essai. Le lendemain de ce résultat effrayant, c'était la réunion de closing de la première levée de fonds. Donc la veille j'étais dans la vase jusqu'aux genoux, j'ai quitté les collègues. Je suis rentré chez moi et le lendemain matin, j'étais devant tous les investisseurs du premier tour. Et puis, je leur donne un petit feedback sur les essais en cours. Et je leur dis, voilà, on fait des essais en ce moment à cas d'arrache. Et les résultats sont très instructifs. Et ensuite, on a fait le closing qui était prêt. On a levé à demi-million d'euros. Ça, c'était fin décembre. Et puis, début janvier, on s'est retrouvé en réunion face à EDF. Et puis, on a dû... expliquer pourquoi ça ne marchait pas, exposer ce qu'on avait compris et aller chercher la confiance pour avoir une deuxième chance, parce que c'était ça aussi l'enjeu. Et c'est là où ça a été clé de se positionner en humilité, de dire voilà, on avait besoin de tester pour comprendre, maintenant on a compris ça, ça et ça, et voilà comment on va y répondre. Et notamment on avait compris des éléments essentiels, on voulait faire des essais plutôt low-tech, et finalement dans le procédé de test, On se créait des contraintes qui n'avaient rien à voir avec les contraintes définitives. Et du coup, avec Fred, on était deux à décider. On s'est regardé, on a dit, bon, en fait, le deuxième prototype, il faut qu'on le fasse en techno définitive. Mais le gap entre les deux, c'était un million d'euros. En fait, on s'est dit qu'il faut faire un prototype à un million d'euros pour se donner la chance d'y arriver. Par contre, on n'avait qu'une seule chance. Et en février 2019, on a dessiné la forme de ce futur robot. Et fin août 2019, il sortait de notre atelier le premier proto de ce robot qui était un engin de 17 tonnes, de 5 mètres de large, 8 mètres de long. trois camions pour le transporter, il fallait l'assembler sur site parce qu'on ne pouvait pas le transporter, assembler, etc. Et là, on l'a remis à l'eau fin septembre, au même endroit où on avait planté le premier un an plus tôt. Et là, c'est rentré dans l'eau, ça a commencé à pomper, puis c'est ressorti de l'eau.

  • Speaker #0

    Il n'est pas resté dans la base.

  • Speaker #1

    Et puis c'était gagné. Mais fin septembre de cette année-là, en réussissant, on débloquait du financement d'EDF. Si on avait échoué, je pense qu'on ne pouvait pas payer les salaires de fin septembre. Donc, à un moment donné, aussi, il faut... Mouiller la chemise et prendre des risques.

  • Speaker #0

    Prendre des risques, je pense que c'est quelque chose qui est assez indispensable en entrepreneuriat, sinon au bout d'un moment on stagne et on n'arrive pas à passer à l'étape d'après. Donc ça, on est fin 2019. Depuis, ça en est où Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors depuis en 2020, à partir de ce premier prototype, on a développé un démonstrateur industriel, c'est-à-dire un premier robot abouti de niveau pré-série. Et puis on a fait une démonstration industrielle dans un autre lac d'EDF, qui fait que fin 2020, on avait un premier outil à placer sur le marché, et qui a débouché notamment pour EDF sur un accord cadre pour l'utilisation justement de ce robot pendant 7 ans. Et donc en 2021, on a démarré la phase d'exploitation. Ok,

  • Speaker #0

    donc toujours sur ce premier robot ?

  • Speaker #1

    Alors toujours en utilisant ce premier robot. Et là ça a été assez intéressant parce que... Fin 2020, on pensait avoir passé un cap décisif, ce qui était le cas, et on pensait que ça allait dérouler derrière un peu tout seul. Et du coup, on avait ce contrat avec EDF, avec même un engagement de volume sur 7 ans, etc. Et puis on leur dit, du coup, on est en début d'année, vous nous envoyez où cette année ? Et là, on s'est rendu compte qu'un gros industriel de cette taille-là, pour lui, le temps court, c'est quelques années. Et donc... pour une start-up comme nous, le temps court d'EDF, c'est plus loin que l'infini. Et donc, ils nous disent, cette année, il y a une petite opération en Bretagne à faire au mois de mai, et puis ensuite, il y aura des choses en 2023, etc. Et donc, là, on s'est retournés, nous, mais trois mois, l'entreprise est morte déjà. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, ça nous a obligés à réaliser, dès la première année, de la diversification, aller chercher des clients en dehors du périmètre d'EDF. Simplement, on avait développé une techno qui fonctionnait, mais on n'avait pas la possibilité sur le marché d'atteindre la rentabilité aussi vite que ce qu'on avait espéré. Et donc on s'est lancé en 2021 dans une deuxième levée de fonds, de façon à financer la montée en puissance, donc la croissance de l'entreprise. Donc dès 2021, deuxième tour de levée de fonds.

  • Speaker #0

    Et le but de cette levée de fonds, c'était de pouvoir avoir un deuxième robot, par exemple ? Ou il y avait un objectif précis sur la croissance qui était affiché à ce stade-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait plusieurs objectifs, mais on a levé de l'argent pour financer l'acquisition de marché, pour financer le rebutement et la formation de personnel pour réaliser le service, et pour continuer à faire progresser la technologie. Ce sont un peu nos trois axes de développement stratégique. Donc, ne pas s'arrêter, ne pas se reposer sur nos lauriers. et profiter de chaque expérience avec le robot pour le faire progresser. C'était ça vraiment l'objectif. Et ensuite, évidemment, développer d'autres robots parce que la croissance passe par la création et la fabrication de nouveaux robots. Et donc, dès fin 2021, on a développé un deuxième robot pour une autre application vraiment très spécifique aussi pour EDF.

  • Speaker #0

    Ok, donc toujours dans le cadre de ce partenariat avec EDF qui drive un peu les innovations de projets, si je puis dire.

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant quand on travaille avec un partenaire industriel et mature comme EDF, c'est qu'il a une excellente connaissance de son besoin et que son besoin bien caractérisé est duplicable chez ses confrères en France et à l'international. Donc, si on part de ce besoin et qu'on y répond correctement derrière, ça ouvre du marché puisque, évidemment, ça répond à un besoin réel.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais sur cette levée de fonds aussi de besoins en... recrutement. Aujourd'hui, vous êtes combien au sein de Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, on est une vingtaine. C'est une entreprise.

  • Speaker #0

    Ça commence à faire un peu une monte par rapport aux deux personnes dans leur garage dont tu parlais tout à l'heure. Quand on grossit comme ça, on doit réfléchir à toute sa culture d'entreprise, aux valeurs qu'on veut transmettre. Comment tu la définis cette culture d'entreprise et comment tu fais en sorte au quotidien de rester aligné avec l'idée du projet et avec la réalité opérationnelle du terrain ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. En fait, rapidement, pour développer le premier robot, on s'est retrouvé une équipe de 7 personnes. Et puis, on était un peu comme le Cirque Pender, c'est-à-dire qu'on préparait notre show dans un atelier. On était tous à préparer le prototype, etc. Et puis, une fois qu'on était prêts, on mettait tout ça sur des camions, on emmenait notre chapiteau. Et puis, on allait jouer notre partition sur un site d'essai. Et puis, c'était l'ensemble de l'entreprise qui se déplaçait et qui allait faire ses tests sur un lac en montagne. Les tests, ça pouvait durer plusieurs mois. Donc, on partait comme ça. en mission pour réaliser des tests successifs, etc. Et puis ensuite, on revenait sur nos bases et puis on redéveloppait pour aller faire les tests suivants. Donc en fait, pendant quelques années, on a vécu très proche et en parallèle de l'aventure entrepreneuriale, il y avait une aventure humaine avec ce groupe de personnes et donc des valeurs qui se sont construites d'elles-mêmes. Et puis bon, il a fallu passer à la croissance et commencer à recruter des gens. Et on s'est posé la question de qu'est-ce que ça allait donner ?

  • Speaker #0

    Comment réintégrer justement dans une équipe très soudée des personnes extérieures ?

  • Speaker #1

    Voilà, et comment capitaliser sur les valeurs qui nous plaisent ? Comment ne pas les perdre avec du recrutement, etc. Et donc avant de faire ça, on s'est posé la question, mais en fait c'est quoi nos valeurs ? On sent qu'il y a quelque chose de fort qui se passe, mais si on devait le caractériser, qu'est-ce que c'est ? Et puis on a lancé un petit atelier comme ça, RH. porté par les collaborateurs pour essayer de définir justement les valeurs de l'entreprise. Maintenant qu'on est inscrit dans toutes nos offres de recrutement, voilà ce qui nous porte, ce qui nous motive. Si ça vous parle, venez. Si ça ne vous parle pas, ne perdez pas votre temps. Et donc c'est comme ça qu'on le construit. Et on est plutôt sur un état d'esprit quand on recrute, de recherche de motivation et de fit, de compatibilité. Avant la recherche de compétences hard skills, on considère qu'il y a des très fortes compétences dans l'entreprise, mais qu'on est aussi là pour les transmettre. Et donc, des esprits curieux qui ont du fit avec les valeurs fondamentales pourront aussi monter en compétences dans l'entreprise, comme on l'a tous fait en vivant l'expérience.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi ces valeurs que vous avez énoncées et que vous affichez maintenant sur vos offres ?

  • Speaker #1

    La première valeur qui nous semble essentielle pour nous, c'est la solidarité. Donc, c'est le fait que chacun n'est pas enfermé dans un rôle. Évidemment, chacun amène avec ses hard skills ce qu'on va dire un fil rouge. C'est un domaine de compétences qu'il porte en priorité. Mais on a beau faire des sous-marins, on n'est pas étanche. Et du coup, on va porter ensemble toutes les problématiques et on va s'entraider les uns les autres. Et donc celle-là, je pense que c'est la valeur la plus belle, mais ce n'est pas la plus facile à tenir, parce qu'elle est facile quand tout va bien, mais c'est face au problème qu'il est important de pouvoir se la rappeler entre nous, et ne pas tomber dans les écarts de reproches, etc. Et donc quand il y en a un qui est en difficulté, qu'on ait vraiment le réflexe d'aller l'aider avant d'analyser les causes profondes. Donc ça, c'est une valeur essentielle. Il y en a une autre qu'on a inscrit aussi, c'est le plaisir. Alors, ça peut paraître bizarre de dire que le plaisir est une valeur, mais en fait, sans plaisir, on n'a pas de motivation. La motivation n'est pas une valeur, mais la motivation est plutôt le résultat d'un processus. Et donc, si on prend du plaisir à travailler, on n'aura pas de mal à être motivé. Et en fait, quand on partage avec les collaborateurs, on se retrouve autour du plaisir. Voilà. Ensuite, on a des choses plus bateaux, mais bon, on porte l'innovation dans l'ADN de l'entreprise et on considère que tout problème peut se résoudre par l'innovation. Et l'innovation n'est pas que technologique. On peut faire de l'innovation managériale, on peut faire de l'innovation sociale, etc. On peut faire de l'innovation contractuelle, mais l'innovation est un pilier fondamental de l'entreprise. L'innovation passe par le droit à l'erreur. Et donc on a une valeur essentielle sur la prise d'initiative associée avec le droit à l'erreur. Il vaut mieux essayer et se planter et marquer que ça ne marche pas plutôt que d'avoir le revêt de ne jamais avoir essayé. C'est un peu ça l'esprit.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une dernière valeur qui est autour de la polyvalence et de la transmission, et qui est aussi autour de ce qu'on appelle l'approche holistique du travail. On considère que les hommes et les femmes sont constitués d'un corps entier. On a tous un cerveau et on a tous des bras et des jambes, et on est plus épanoui quand on utilise l'ensemble de son corps. Et donc, évidemment qu'il y a des gens qui utilisent plutôt plus leur cerveau et d'autres qui utilisent plutôt plus leur corps. plus leurs bras, mais il y a de très bonnes idées dans les gens qui utilisent plutôt plus leurs bras, et de temps en temps, c'est très épanouissant pour quelqu'un qui est dans un bureau, d'aller dans l'atelier ou d'aller sur un chantier, et puis de faire travailler ses muscles, de monter la pièce qu'il a conçue, ou d'aller opérer le robot sur lequel il a participé à la construction, et du coup, d'utiliser tout ça, et ça crée vraiment de la cohésion aussi dans les équipes.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment du coup, un esprit de vivre ensemble et d'équipe globale. C'est très clair. Du coup, pour arriver aujourd'hui sur WaterTrack, c'est quoi la prochaine étape pour l'entreprise ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est de mener en parallèle la résilience sur le marché français. On atteint aujourd'hui un premier niveau qui est la rentabilité grâce au marché français. Donc, on est très content de ça. On vient de l'atteindre à la clôture de l'exercice qu'on a réalisé au 30 juin de l'année.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Voilà, on a de la chance, on a du carnet de commandes jusqu'en 2028, ce qui donne une bonne visibilité. Mais il faut consolider tout ça par deux choses, c'est-à-dire, maintenant on a du carré de commande, mais il faut le réaliser d'une bonne manière pour tenir notre promesse. Donc ça passe par du recrutement et de la consolidation des équipes. Ça passe par l'acquisition d'opérations autour de ces grands marchés aussi sur la France et un peu de diversification. Et puis on a un autre grand axe de développement qui est l'export. On a créé cette année une filiale en Suisse. On veut faire de cette filiale un modèle pour le tester et ensuite pour le dupliquer aussi dans d'autres pays d'Europe, voire du monde.

  • Speaker #1

    Plein de beaux projets en perspective, on a hâte de suivre tout ça. Du coup, on va arriver vers la fin de cet entretien. Pour terminer, je vais avoir deux petites questions que je pose à chaque invité de La Voix des Aluminis. Premièrement, est-ce que tu as eu un mentor dans ta carrière ? Et dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    J'en ai eu plusieurs. En premier lieu, il y a cet homme, Louis, que j'ai rencontré en 2011 et qui a inventé ces machines sous-marines. Je pense qu'on a une relation quasi filiale dans l'esprit et c'est, on va dire, mon premier mentor. Ensuite, il y a Paul, qui était intervenant au MBA et c'est lui qui m'a dit, en fait ton projet il vaut le coup et tu ferais mieux d'assister sur ton projet. Aujourd'hui, il est membre du comité stratégique de l'entreprise. Il est lui-même actionnaire en tant que business angel. C'est une personne ressource forte. Quand je suis dans le doute, je sais que je peux m'appuyer sur son avis qui sera toujours éclairé, éclairant.

  • Speaker #1

    Ok, très clair. Et pour terminer, je sais que tu as partagé beaucoup de conseils durant cet épisode, mais si tu avais un dernier conseil à partager avec les autres alumni MBS, qu'est-ce qu'il serait ?

  • Speaker #0

    Pour l'entrepreneuriat, J'ai peur d'être un peu bateau, mais pour moi, pour que ça fonctionne, il faut qu'on soit aligné, rester aligné avec ses valeurs profondes. C'est à la fois bateau et à la fois essentiel.

  • Speaker #1

    C'est à la fois simple à dire, mais pas toujours simple une fois qu'on est pris dans un flot de quelque chose. Et je pense que c'est important de le rappeler, que c'est ce qui nous drive après au quotidien. Oui,

  • Speaker #0

    quand on est comme ça, porteur d'un projet, porteur d'entreprise, on a un rôle de leadership. Mais si on croit nous-mêmes très fort en ce qu'on fait, en fait, on n'a pas de mal à y faire adhérer tout le monde. Faire adhérer des gens à quelque chose pour lequel on ne croit pas, un, c'est plus difficile, et puis deux, ça fait souffrir.

  • Speaker #1

    Très clair. Merci beaucoup pour tout ce partage, Raphaël.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Merci pour ces questions.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. La

  • Speaker #2

    Voix des Aluminium.

  • Speaker #0

    Une production Studio Moya. Studio Moya.

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Description

Dans cet épisode inspirant de La Voix des Alumni MBS, Marine Avril accueille Raphaël Gaillard, diplômé de MBS en 2018 et fondateur de Water Trax, une start-up spécialisée dans les travaux subaquatiques grâce à des robots innovants. Raphaël partage son parcours atypique, depuis ses racines agricoles jusqu’à la création d’une entreprise qui collabore avec des géants comme EDF. Découvrez comment il a surmonté les défis de l’entrepreneuriat, les enseignements tirés de ses études à MBS, et sa vision d’un leadership basé sur les relations humaines et l’innovation. Un récit inspirant pour oser rêver grand et bâtir l’avenir.


Dans cet épisode nous aborderons :


  • Solidarité : Soutien mutuel entre collaborateurs, ancré dans les débuts très soudés de l’équipe.

  • Créativité : Travailler avec des moyens limités pour favoriser l’innovation.

  • Écologie et responsabilité : Offrir des solutions respectueuses de l’environnement et alignées avec des valeurs durables.

  • Motivation et curiosité : Identifier des profils alignés sur les valeurs et l’état d’esprit de l’entreprise, plutôt qu’exclusivement sur les compétences techniques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La voix des alumnis. Comment donner du sens à sa vie professionnelle ? Quel chemin prendre ? C'est quoi réussir sa carrière ? Ces questions, d'autres alumnis se les sont posées avant toi. Ensemble, on va aller à leur rencontre et on va découvrir des parcours inspirants, variés et engagés. Moi, je suis la voix des alumnis. C'est Marine Avril, alumnie 2019 et cofondatrice de Studio Moya, l'agence de communication audio spécialisée dans le podcast. Bienvenue dans la Voix des alumnis MBS. Le rendez-vous pour te connecter, t'inspirer et te motiver à oser dans ta vie professionnelle. Bonne écoute ! La Voix des alumnis

  • Speaker #1

    MBS Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    dans La Voix des alumnis, Je reçois Raphaël Gaillard, diplômé du MBA en 2018 et fondateur de Watertrax. Bonjour Raphaël et merci d'être avec nous aujourd'hui. Est-ce que dans un premier temps, je peux te laisser te présenter et revenir sur les grandes étapes de ton parcours de avant Montpellier jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marine, merci pour cette invitation. Je suis ravi d'être là aussi. En quelques mots, mon parcours, de façon chronologique, j'aime rappeler que je suis fils d'agriculteur et donc mon parcours commence là déjà. et la relation avec le travail et l'environnement. On peut dire que je l'ai reçu dès ma plus jeune enfance. Ensuite, j'ai évolué vers des formations techniques. Je suis devenu ingénieur un peu sur le tard à Toulouse, dans le milieu de l'aéronautique. Et en fait, je me suis orienté de suite, au début de ma carrière, sur les travaux publics. Et j'ai retrouvé les valeurs autour des hommes, de la terre et des machines dans les travaux publics que j'avais connus déjà dans le milieu agricole. Et puis, de fil en aiguille, je suis devenu directeur du matériel. Et j'ai rencontré quelqu'un qui avait fait des choses un peu surprenantes avec des machines terrestres qu'il avait transformées pour les faire marcher sous l'eau. Je me suis passionné de ce qu'il avait fait. Et puis, on avait démarré l'idée d'une transmission entre lui et moi, entre son savoir-faire et mon expérience. Et on a essayé un projet d'entreprenariat. De fil en aiguille, ça ne s'est pas fait à l'intérieur de l'entreprise EGT. Et j'ai eu l'opportunité de créer Watertrax, qui est l'entreprise que je porte depuis 2016, qui est une entreprise qui réalise des travaux subaquatiques, mais qui les fait d'une manière spécifique. Ils les font en utilisant des robots sous-marins, plutôt de grande taille. Et comme ces robots n'existent pas, elles créent, fabriquent et inventent ces robots, qu'elles mettent ensuite en œuvre. La proposition de valeur que l'on porte, c'est de faire des travaux subaquatiques à destination des énergies renouvelables, quelles qu'elles soient. Donc qui peuvent être des volières en mer, qui peuvent être l'hydroélectricité, du solaire flottant, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, et du coup ces robots, c'est des robots qui sont votre propriété et que vous louez ? C'est des robots que vous vendez aux entreprises avec lesquelles vous travaillez ?

  • Speaker #1

    Alors on a une proposition de valeur de service. Donc ces robots, on les invente. On les développe, on les fabrique et ensuite on les opère. Et ce qu'on vend, c'est le service d'opération de ces robots pour nos clients.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment de la prestation de service avec le robot, etc. Donc j'imagine qu'aujourd'hui, ton quotidien est assez différent d'un quotidien d'ingénieur, puisque tu étais ingénieur avant de créer Watertrax et de faire un MBA à Montpellier à cette occasion. Est-ce que quand tu découvres cette partie plus business, est-ce que c'est comme tu l'avais imaginé ? Est-ce que justement, il y a des surprises par rapport à ce que tu avais en tête ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si je l'avais vraiment imaginé. En tout cas, c'était quelque chose... que j'appréhendais un petit peu parce que je n'avais pas de rôle business. J'étais plutôt un rôle d'acheteur. Donc, j'étais du côté achat du business et j'avais en face de moi des gens qui vendaient notamment du matériel. Et je n'avais pas cette étiquette de développeur et business. Donc ça, ça m'inquiétait un peu. C'est pour ça que je me suis lancé dans le MBA en me disant, bon, je vais me challenger avec cette formation et puis je vais certainement acquérir parce que un certain nombre de compétences, ou en tout cas renforcer les compétences qui vont m'aider pour la création d'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok, et donc c'est ça que tu as trouvé dans ton parcours à travers MBS à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai trouvé encore plus que ça, parce que, en effet, j'ai eu des enseignements passionnants, ça a renforcé les compétences. Je me suis rendu compte aussi que finalement les compétences d'un chef d'entreprise, elles sont très variées, très diverses, et qu'en fait on les porte aussi... et essentiellement dans ce qu'on appelle les soft skills, les compétences personnelles. Et que c'est ça qui est essentiel, le comportement, la création de relations, comment aborder la négociation. Et c'est ça qui est clé en fait dans le développement de l'entreprise. Mais j'ai trouvé aussi, et ça ça a été très riche, en fait la même année j'ai créé Watertrax et je me suis lancé dans l'exécutive MBA en part-time. Donc j'ai fait le MBA en deux ans et j'ai trouvé en fait un esprit de promo et j'ai trouvé aussi un sas. qui faisait que pendant les semaines de cours, je sortais de mon quotidien entrepreneur. J'allais dans cette grande famille qui était la promo et j'amenais quand même mon projet. Et j'avais énormément de soutien de la promo qui a été très enthousiaste autour de mon projet et qui m'a soutenu pendant deux ans. C'était deux années difficiles d'un point de vue entrepreneuriat, toujours un peu difficile le début. Et donc je trouvais, et de l'air, de l'oxygène, des conseils, du soutien. C'est tout ça que j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Donc vraiment une partie humaine aussi, en plus de compétences théoriques. Tu parlais sur les compétences théoriques de négociation, etc. Justement, j'imagine qu'aujourd'hui, en tant que petite startup, tu travailles, je sais, avec de grosses entreprises comme EDF ou quoi. Comment réussir à être pris au sérieux quand on est si petit face à des géants comme ça ?

  • Speaker #1

    En fait, quelle que soit la taille de l'organisation, on est face à des hommes et des femmes qui ont... on échange, quand on fait du business et à partir du moment où on a un comportement transparent, où on se foine dans la relation, où on s'expose, qu'on est sincère, la relation se crée, on construit le climat de confiance et ça se joue plus entre EDF et puis Watertrax, mais ça se joue autour d'une équipe de projet qui s'est fédérée autour d'un projet et la relation entre les hommes et les femmes. Donc c'est comme ça que j'avais déjà appris à travailler avant. J'avais reçu une formation qui a été clé dans ma carrière, qui s'appelle la formation à la négociation raisonnée, et donc la recherche du contrat gagnant-gagnant, et notamment dont un des piliers est de séparer le potentiel différent et la relation, et donc toujours soigner la relation, tout en étant ferme sur ses intérêts. Et c'est cette méthode-là vraiment qui m'a permis de construire des relations de confiance et d'aller loin dans la création de valeur et dans le partage avec EDF notamment.

  • Speaker #0

    Et donc concrètement, quand tu dis soigner la relation, ça passe par quoi comme petit conseil très pratique que tu pourrais partager ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ce qui est clé, c'est de faire la différence, donc de séparer l'objet de la négociation sur lequel on peut avoir des différends ou en tout cas sur lequel chaque partie doit défendre ses intérêts fermement. Et puis la relation, c'est-à-dire pouvoir se dire je t'apprécie beaucoup, mais je ne suis pas d'accord. Mais ça ne va pas nuire à notre relation. Et du coup, sur ce désaccord-là, on va construire un accord qui convient aux deux parties. Mais on ne va pas rester figé sur nos positions, etc. Et on va agrandir le gâteau ensemble. Mais quoi qu'il arrive, même si à la fin, on ne trouve pas d'accord, on aura quand même passé un bon moment ensemble. Et puis, on ne va pas y mettre notre relation sur le même plateau.

  • Speaker #0

    Vraiment différencier la partie relationnelle et l'intérêt business au moment T. Du coup, si on revient un peu sur Watertrax, tu l'as créé en 2016, donc il y a plus de 8 ans maintenant. Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces 8 années ? Comment ça s'est développé ? Comment ça a grossi ?

  • Speaker #1

    La genèse de Watertrax, c'était l'opportunité de réaliser des travaux à Monaco, des travaux subaquatiques, qui consistaient à transplanter des herbiers sous-marins pour les préserver de la future construction, donc extension de Monaco sur la mer. C'était l'occasion de remettre en service ces technologies de pelleteuse sous-marine avec un outil innovant pour découper de façon très précautionneuse ces herbiers sous-marins, de façon à les transplanter plus loin. C'était une belle opération. Notre client, c'était Bouygues, un grand groupe du BTP, mais qui a fini par un semi-échec, c'est-à-dire que Watertrax a mis en œuvre à fonctionner d'un point de vue technique. Mais le procédé global de transplantation n'a pas marché. C'était une première mondiale et puis ça n'a pas bien fonctionné. Et donc suite à ça, on n'a pas vraiment enchaîné d'opérations similaires et on n'a même pas remis en service cette première machine qui avait été remise en état vraiment spécifiquement pour ce chantier. Donc au bout d'un an, en fait, je me suis retrouvé à licencier les deux cadres qui m'avaient suivi dans l'aventure puisque je n'avais plus de chiffre d'affaires, je n'avais plus de trésorerie pour les maintenir. À ce moment-là, j'ai eu un grand doute sur la possibilité de continuer. J'en ai parlé à des consultants qui intervenaient justement à MBS et qui étaient profs. Et mon idée, c'était plutôt de leur demander comment devenir consultant avec eux, parce que je pensais que ça allait capoter. Et c'est eux qui m'ont dit, mais ton projet, quand même, ça a l'air bien. On pourrait plutôt t'accompagner nous en tant que consultant pour lui redonner de l'air. Notamment, je pense que tu vas avoir besoin d'argent et on peut t'accompagner pour lever de l'argent. Et en parallèle de ça, c'est EDF qui m'a contacté, qui savait que j'avais créé l'entreprise, qui savait que j'avais déjà un intérêt un peu sur les problématiques de s'alimentation dans les barrages et qui me disent bon voilà, on fait un appel à un projet pour un partenariat d'innovation. On a caractérisé un besoin spécifique et on cherche des partenaires pour développer une techno spécifique pour répondre à ce besoin-là. Et donc en 2017, quand on a amorcé comme ça ce projet, on a fait une première étude de faisabilité. À ce moment-là, il y a un ex-partenaire professionnel qui m'a rejoint, qui est devenu mon associé, Frédéric Gauche, qui lui venait du monde de la robotique sous-marine. Et donc on s'est retrouvés à deux associés, chacun dans son garage, à proposer de développer un gros robot de curage sous-marin à EDF. On était gonflés, mais on croyait vraiment à ce qu'on a annoncé, et EDF nous a cru. Et donc, du coup, ils nous ont sélectionnés. Et c'est comme ça qu'on a réamorcé, en fait, et qu'on s'est mis un peu en mode de start-up. Puisque, du coup, dans la négociation et pour garder notre indépendance, on s'est engagé à financer la première partie du développement technique. Et donc, notamment, le dérisquage technologique de ce qu'on voulait développer. Et donc, on s'est engagé à financer ça, mais on n'avait pas un seul sou. Ils ont dit, c'est très bien si vous financez le dérisquage techno. Ensuite, une fois que vous nous avez amené la preuve que ça pourra marcher, on pourra, nous, financer le développement. On est rentrés chez nous et puis on a commencé à se renseigner sur comment lever de l'argent. C'est vraiment,

  • Speaker #0

    finalement, le projet de robot sur les barrages qui est un peu au cœur de votre projet encore aujourd'hui, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, on a développé ces robots qui répondent à une problématique essentielle. pour les barrages. Et ce qui est motivant là-dedans, c'est que 1. L'hydroélectricité est vraiment la première source d'énergie renouvelable au monde, tant sur le plan historique que sur le plan de quantité produite, que c'est la source d'énergie électrique la plus durable de loin, la plus low carbone et la plus durable aussi dans le temps. C'est-à-dire que les barrages aujourd'hui, même ceux qui arrivent à 100 ans, d'un point de vue résistance des bétons, Ils ont une durée de vie potentielle de jusqu'à 1000 ans. Les machines qui sont à l'intérieur, qui produisent de l'énergie, il faut les renouveler tous les 50 ans, mais ça a un impact assez faible par rapport à la construction originale du barrage. Par contre, le seul gap à la durabilité de cette énergie, c'est la sédimentation qui se crée derrière les barrages. Par notre rapport de technologie et notre proposition de service, on vient justement résoudre ce problème. Et donc c'est très motivant. Et la façon dont on propose de résoudre le problème est aussi une façon très écologique, puisque nos robots permettent de reconstruire une forme de continuité sédimentaire dans les cours d'eau de façon très respectueuse des aspects de dilution, etc. et donc très proche du besoin de la nature. Donc il y a vraiment une dimension écologique à deux niveaux. Le premier, c'est qu'on vient entretenir une source d'énergie très bas carbone et très durable. Et la façon dont on le fait est aussi à impact positif sur l'environnement.

  • Speaker #0

    Très clair. Et donc, vous vous dites que vous devez lever des fonds pour garder justement la main sur la techno. Comment ça se passe quand on lève des fonds pour en même temps quand même garder le contrôle sur le cap qu'on s'est fixé, sur les valeurs qu'on veut transmettre et pas justement perdre toute cette notion de contrôle qu'on veut en général garder quand on entreprend ?

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est des bonnes questions. En effet, le... Je pense qu'il faut retenir, et ce qui est clé, c'est que finalement, je n'ai pas créé l'entreprise sur l'idée. Et donc ça, s'il y avait un conseil à donner, lancez-vous et les idées viendront. Et les idées ne sont pas clés, c'est la réalisation qui est clé. Donc ne pas attendre d'avoir une idée, si on a envie de se lancer, on peut se lancer. Ça c'est juste un petit aparté. Ensuite, rapidement, avec Fred, on a souhaité se positionner. Les technos que l'on déploie, elles sont issues de développements qui ont été faits grâce... à l'Eldorado du pétrole offshore. Et en fait, le plus simple pour faire du business lucratif pour nous, ça aurait été de se remettre sur le marché du pétrole. Et on s'est dit, bon ben nous, ce qu'on veut proposer comme valeur forte, c'est de dévoyer toutes ces technos de robots sous-marins pour les mettre à disposition des énergies renouvelables. Et donc ça, on s'est mis au clair très vite, on l'a affiché sur notre site internet, et c'est un discours qu'on a toujours tenu et qu'on maintient. Et du coup, on a réussi à fédérer quand même beaucoup de monde autour de cet état d'esprit ou de cette mission suffisamment clair. Donc ça, ça a été un point essentiel. Et puis ensuite, c'est simplement croire très fort en ce que l'on dit, de façon à ce que les gens à qui on le dit y croient aussi, et puis aient envie de nous suivre, et puis les choses se construisent petit à petit. On s'est rapidement retrouvés dans un processus de création de valeurs partagées avec EDF, puisque finalement la petite start-up portée par deux chômeurs dans leur garage, mais qui s'associe avec un grand groupe industriel de la taille d'EDF. Vu de l'extérieur, c'était très rassurant et donc ça a apporté tous les fruits. Et en même temps, montrer que ça n'allait pas devenir une acquisition d'EDF ou la mainmise d'EDF sur notre développement, mais montrer que dès le début, il y avait le souhait des deux parties de rester indépendants, c'est-à-dire d'être partenaires, d'avoir de l'association, mais ne pas avoir de relation d'exclusivité, c'était rassurant pour l'ensemble des parties prenantes.

  • Speaker #0

    Donc, c'est aussi ce premier partenariat avec EDF et cette promesse de partenariat qui a aidé sur la partie de levée de fonds. Donc là, on est, tu disais, en 2017 sur cet appel à projet d'EDF. Ensuite, combien de temps ça prend pour vraiment lancer le projet ?

  • Speaker #1

    Une levée de fonds, ça prend à peu près 12 mois. Voilà, avec une notion d'urgence, c'est-à-dire que moi, je me suis lancé dans le processus de levée des fonds avec l'objectif de lever en trois mois. Et ça s'est fait assez vite et on l'a fait en 12 mois. Voilà le feedback. Et à chaque fois, on pense que ça va clôturer le mois suivant. Et puis ça dérive comme ça de mois en mois.

  • Speaker #0

    Et après, une fois que vous avez levé les fonds, vous commencez tout de suite sur la partie robot. Combien de temps ça prend de développement pour mettre au point ce robot ?

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant quand on est une startup, et qu'on n'a pas d'argent, c'est qu'on a forcément une approche frugale et donc on essaye de faire avec pas grand-chose et ça nous rend très créatifs. Donc je pense qu'un des conseils à donner à quelqu'un qui a envie de créer, c'est de le faire avec très peu de moyens parce que c'est ça qui va le rendre créatif et c'est ça qui va pousser et qui va faire émerger des idées. Donc on n'a pas attendu d'avoir les premiers sous pour faire les premiers développements techniques. On les a faits... avec des bouts de ferraille, des composants de récupération, etc. Et en parallèle qu'on levait les fonds, on a commencé déjà à développer un peu de la techno. On a réalisé un premier marché pour ODF qui était déjà un marché un peu de test et qui nous a permis déjà de démarrer. Et ce qui fait qu'au moment du closing du premier tour d'augmentation de capital, on était déjà en train de réaliser les premiers essais de morceaux de technologie. On n'a pas attendu, on n'a pas été séquentiel, on a porté les choses de front. Donc en parallèle, on a négocié le contrat avec EDF, démarré le développement techno et poursuivi cette démarche-là d'augmentation de capital. Après, quand on fait de l'innovation, on prend le risque de l'échec et notamment notre premier prototype, ça a été un échec tout nitruant. C'est-à-dire qu'on a fait un petit chenillard avec des ballast pour rouler sur la vase. EDF nous a mis à disposition... Un lac d'essai à Cadarache, on a mis ce morceau de futur robot dans l'eau et il s'est planté dans la vase sur 3 ou 4 mètres de profondeur et on n'avait plus le sortir. Et donc ça c'était notre premier essai. Le lendemain de ce résultat effrayant, c'était la réunion de closing de la première levée de fonds. Donc la veille j'étais dans la vase jusqu'aux genoux, j'ai quitté les collègues. Je suis rentré chez moi et le lendemain matin, j'étais devant tous les investisseurs du premier tour. Et puis, je leur donne un petit feedback sur les essais en cours. Et je leur dis, voilà, on fait des essais en ce moment à cas d'arrache. Et les résultats sont très instructifs. Et ensuite, on a fait le closing qui était prêt. On a levé à demi-million d'euros. Ça, c'était fin décembre. Et puis, début janvier, on s'est retrouvé en réunion face à EDF. Et puis, on a dû... expliquer pourquoi ça ne marchait pas, exposer ce qu'on avait compris et aller chercher la confiance pour avoir une deuxième chance, parce que c'était ça aussi l'enjeu. Et c'est là où ça a été clé de se positionner en humilité, de dire voilà, on avait besoin de tester pour comprendre, maintenant on a compris ça, ça et ça, et voilà comment on va y répondre. Et notamment on avait compris des éléments essentiels, on voulait faire des essais plutôt low-tech, et finalement dans le procédé de test, On se créait des contraintes qui n'avaient rien à voir avec les contraintes définitives. Et du coup, avec Fred, on était deux à décider. On s'est regardé, on a dit, bon, en fait, le deuxième prototype, il faut qu'on le fasse en techno définitive. Mais le gap entre les deux, c'était un million d'euros. En fait, on s'est dit qu'il faut faire un prototype à un million d'euros pour se donner la chance d'y arriver. Par contre, on n'avait qu'une seule chance. Et en février 2019, on a dessiné la forme de ce futur robot. Et fin août 2019, il sortait de notre atelier le premier proto de ce robot qui était un engin de 17 tonnes, de 5 mètres de large, 8 mètres de long. trois camions pour le transporter, il fallait l'assembler sur site parce qu'on ne pouvait pas le transporter, assembler, etc. Et là, on l'a remis à l'eau fin septembre, au même endroit où on avait planté le premier un an plus tôt. Et là, c'est rentré dans l'eau, ça a commencé à pomper, puis c'est ressorti de l'eau.

  • Speaker #0

    Il n'est pas resté dans la base.

  • Speaker #1

    Et puis c'était gagné. Mais fin septembre de cette année-là, en réussissant, on débloquait du financement d'EDF. Si on avait échoué, je pense qu'on ne pouvait pas payer les salaires de fin septembre. Donc, à un moment donné, aussi, il faut... Mouiller la chemise et prendre des risques.

  • Speaker #0

    Prendre des risques, je pense que c'est quelque chose qui est assez indispensable en entrepreneuriat, sinon au bout d'un moment on stagne et on n'arrive pas à passer à l'étape d'après. Donc ça, on est fin 2019. Depuis, ça en est où Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors depuis en 2020, à partir de ce premier prototype, on a développé un démonstrateur industriel, c'est-à-dire un premier robot abouti de niveau pré-série. Et puis on a fait une démonstration industrielle dans un autre lac d'EDF, qui fait que fin 2020, on avait un premier outil à placer sur le marché, et qui a débouché notamment pour EDF sur un accord cadre pour l'utilisation justement de ce robot pendant 7 ans. Et donc en 2021, on a démarré la phase d'exploitation. Ok,

  • Speaker #0

    donc toujours sur ce premier robot ?

  • Speaker #1

    Alors toujours en utilisant ce premier robot. Et là ça a été assez intéressant parce que... Fin 2020, on pensait avoir passé un cap décisif, ce qui était le cas, et on pensait que ça allait dérouler derrière un peu tout seul. Et du coup, on avait ce contrat avec EDF, avec même un engagement de volume sur 7 ans, etc. Et puis on leur dit, du coup, on est en début d'année, vous nous envoyez où cette année ? Et là, on s'est rendu compte qu'un gros industriel de cette taille-là, pour lui, le temps court, c'est quelques années. Et donc... pour une start-up comme nous, le temps court d'EDF, c'est plus loin que l'infini. Et donc, ils nous disent, cette année, il y a une petite opération en Bretagne à faire au mois de mai, et puis ensuite, il y aura des choses en 2023, etc. Et donc, là, on s'est retournés, nous, mais trois mois, l'entreprise est morte déjà. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, ça nous a obligés à réaliser, dès la première année, de la diversification, aller chercher des clients en dehors du périmètre d'EDF. Simplement, on avait développé une techno qui fonctionnait, mais on n'avait pas la possibilité sur le marché d'atteindre la rentabilité aussi vite que ce qu'on avait espéré. Et donc on s'est lancé en 2021 dans une deuxième levée de fonds, de façon à financer la montée en puissance, donc la croissance de l'entreprise. Donc dès 2021, deuxième tour de levée de fonds.

  • Speaker #0

    Et le but de cette levée de fonds, c'était de pouvoir avoir un deuxième robot, par exemple ? Ou il y avait un objectif précis sur la croissance qui était affiché à ce stade-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait plusieurs objectifs, mais on a levé de l'argent pour financer l'acquisition de marché, pour financer le rebutement et la formation de personnel pour réaliser le service, et pour continuer à faire progresser la technologie. Ce sont un peu nos trois axes de développement stratégique. Donc, ne pas s'arrêter, ne pas se reposer sur nos lauriers. et profiter de chaque expérience avec le robot pour le faire progresser. C'était ça vraiment l'objectif. Et ensuite, évidemment, développer d'autres robots parce que la croissance passe par la création et la fabrication de nouveaux robots. Et donc, dès fin 2021, on a développé un deuxième robot pour une autre application vraiment très spécifique aussi pour EDF.

  • Speaker #0

    Ok, donc toujours dans le cadre de ce partenariat avec EDF qui drive un peu les innovations de projets, si je puis dire.

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant quand on travaille avec un partenaire industriel et mature comme EDF, c'est qu'il a une excellente connaissance de son besoin et que son besoin bien caractérisé est duplicable chez ses confrères en France et à l'international. Donc, si on part de ce besoin et qu'on y répond correctement derrière, ça ouvre du marché puisque, évidemment, ça répond à un besoin réel.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais sur cette levée de fonds aussi de besoins en... recrutement. Aujourd'hui, vous êtes combien au sein de Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, on est une vingtaine. C'est une entreprise.

  • Speaker #0

    Ça commence à faire un peu une monte par rapport aux deux personnes dans leur garage dont tu parlais tout à l'heure. Quand on grossit comme ça, on doit réfléchir à toute sa culture d'entreprise, aux valeurs qu'on veut transmettre. Comment tu la définis cette culture d'entreprise et comment tu fais en sorte au quotidien de rester aligné avec l'idée du projet et avec la réalité opérationnelle du terrain ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. En fait, rapidement, pour développer le premier robot, on s'est retrouvé une équipe de 7 personnes. Et puis, on était un peu comme le Cirque Pender, c'est-à-dire qu'on préparait notre show dans un atelier. On était tous à préparer le prototype, etc. Et puis, une fois qu'on était prêts, on mettait tout ça sur des camions, on emmenait notre chapiteau. Et puis, on allait jouer notre partition sur un site d'essai. Et puis, c'était l'ensemble de l'entreprise qui se déplaçait et qui allait faire ses tests sur un lac en montagne. Les tests, ça pouvait durer plusieurs mois. Donc, on partait comme ça. en mission pour réaliser des tests successifs, etc. Et puis ensuite, on revenait sur nos bases et puis on redéveloppait pour aller faire les tests suivants. Donc en fait, pendant quelques années, on a vécu très proche et en parallèle de l'aventure entrepreneuriale, il y avait une aventure humaine avec ce groupe de personnes et donc des valeurs qui se sont construites d'elles-mêmes. Et puis bon, il a fallu passer à la croissance et commencer à recruter des gens. Et on s'est posé la question de qu'est-ce que ça allait donner ?

  • Speaker #0

    Comment réintégrer justement dans une équipe très soudée des personnes extérieures ?

  • Speaker #1

    Voilà, et comment capitaliser sur les valeurs qui nous plaisent ? Comment ne pas les perdre avec du recrutement, etc. Et donc avant de faire ça, on s'est posé la question, mais en fait c'est quoi nos valeurs ? On sent qu'il y a quelque chose de fort qui se passe, mais si on devait le caractériser, qu'est-ce que c'est ? Et puis on a lancé un petit atelier comme ça, RH. porté par les collaborateurs pour essayer de définir justement les valeurs de l'entreprise. Maintenant qu'on est inscrit dans toutes nos offres de recrutement, voilà ce qui nous porte, ce qui nous motive. Si ça vous parle, venez. Si ça ne vous parle pas, ne perdez pas votre temps. Et donc c'est comme ça qu'on le construit. Et on est plutôt sur un état d'esprit quand on recrute, de recherche de motivation et de fit, de compatibilité. Avant la recherche de compétences hard skills, on considère qu'il y a des très fortes compétences dans l'entreprise, mais qu'on est aussi là pour les transmettre. Et donc, des esprits curieux qui ont du fit avec les valeurs fondamentales pourront aussi monter en compétences dans l'entreprise, comme on l'a tous fait en vivant l'expérience.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi ces valeurs que vous avez énoncées et que vous affichez maintenant sur vos offres ?

  • Speaker #1

    La première valeur qui nous semble essentielle pour nous, c'est la solidarité. Donc, c'est le fait que chacun n'est pas enfermé dans un rôle. Évidemment, chacun amène avec ses hard skills ce qu'on va dire un fil rouge. C'est un domaine de compétences qu'il porte en priorité. Mais on a beau faire des sous-marins, on n'est pas étanche. Et du coup, on va porter ensemble toutes les problématiques et on va s'entraider les uns les autres. Et donc celle-là, je pense que c'est la valeur la plus belle, mais ce n'est pas la plus facile à tenir, parce qu'elle est facile quand tout va bien, mais c'est face au problème qu'il est important de pouvoir se la rappeler entre nous, et ne pas tomber dans les écarts de reproches, etc. Et donc quand il y en a un qui est en difficulté, qu'on ait vraiment le réflexe d'aller l'aider avant d'analyser les causes profondes. Donc ça, c'est une valeur essentielle. Il y en a une autre qu'on a inscrit aussi, c'est le plaisir. Alors, ça peut paraître bizarre de dire que le plaisir est une valeur, mais en fait, sans plaisir, on n'a pas de motivation. La motivation n'est pas une valeur, mais la motivation est plutôt le résultat d'un processus. Et donc, si on prend du plaisir à travailler, on n'aura pas de mal à être motivé. Et en fait, quand on partage avec les collaborateurs, on se retrouve autour du plaisir. Voilà. Ensuite, on a des choses plus bateaux, mais bon, on porte l'innovation dans l'ADN de l'entreprise et on considère que tout problème peut se résoudre par l'innovation. Et l'innovation n'est pas que technologique. On peut faire de l'innovation managériale, on peut faire de l'innovation sociale, etc. On peut faire de l'innovation contractuelle, mais l'innovation est un pilier fondamental de l'entreprise. L'innovation passe par le droit à l'erreur. Et donc on a une valeur essentielle sur la prise d'initiative associée avec le droit à l'erreur. Il vaut mieux essayer et se planter et marquer que ça ne marche pas plutôt que d'avoir le revêt de ne jamais avoir essayé. C'est un peu ça l'esprit.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une dernière valeur qui est autour de la polyvalence et de la transmission, et qui est aussi autour de ce qu'on appelle l'approche holistique du travail. On considère que les hommes et les femmes sont constitués d'un corps entier. On a tous un cerveau et on a tous des bras et des jambes, et on est plus épanoui quand on utilise l'ensemble de son corps. Et donc, évidemment qu'il y a des gens qui utilisent plutôt plus leur cerveau et d'autres qui utilisent plutôt plus leur corps. plus leurs bras, mais il y a de très bonnes idées dans les gens qui utilisent plutôt plus leurs bras, et de temps en temps, c'est très épanouissant pour quelqu'un qui est dans un bureau, d'aller dans l'atelier ou d'aller sur un chantier, et puis de faire travailler ses muscles, de monter la pièce qu'il a conçue, ou d'aller opérer le robot sur lequel il a participé à la construction, et du coup, d'utiliser tout ça, et ça crée vraiment de la cohésion aussi dans les équipes.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment du coup, un esprit de vivre ensemble et d'équipe globale. C'est très clair. Du coup, pour arriver aujourd'hui sur WaterTrack, c'est quoi la prochaine étape pour l'entreprise ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est de mener en parallèle la résilience sur le marché français. On atteint aujourd'hui un premier niveau qui est la rentabilité grâce au marché français. Donc, on est très content de ça. On vient de l'atteindre à la clôture de l'exercice qu'on a réalisé au 30 juin de l'année.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Voilà, on a de la chance, on a du carnet de commandes jusqu'en 2028, ce qui donne une bonne visibilité. Mais il faut consolider tout ça par deux choses, c'est-à-dire, maintenant on a du carré de commande, mais il faut le réaliser d'une bonne manière pour tenir notre promesse. Donc ça passe par du recrutement et de la consolidation des équipes. Ça passe par l'acquisition d'opérations autour de ces grands marchés aussi sur la France et un peu de diversification. Et puis on a un autre grand axe de développement qui est l'export. On a créé cette année une filiale en Suisse. On veut faire de cette filiale un modèle pour le tester et ensuite pour le dupliquer aussi dans d'autres pays d'Europe, voire du monde.

  • Speaker #1

    Plein de beaux projets en perspective, on a hâte de suivre tout ça. Du coup, on va arriver vers la fin de cet entretien. Pour terminer, je vais avoir deux petites questions que je pose à chaque invité de La Voix des Aluminis. Premièrement, est-ce que tu as eu un mentor dans ta carrière ? Et dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    J'en ai eu plusieurs. En premier lieu, il y a cet homme, Louis, que j'ai rencontré en 2011 et qui a inventé ces machines sous-marines. Je pense qu'on a une relation quasi filiale dans l'esprit et c'est, on va dire, mon premier mentor. Ensuite, il y a Paul, qui était intervenant au MBA et c'est lui qui m'a dit, en fait ton projet il vaut le coup et tu ferais mieux d'assister sur ton projet. Aujourd'hui, il est membre du comité stratégique de l'entreprise. Il est lui-même actionnaire en tant que business angel. C'est une personne ressource forte. Quand je suis dans le doute, je sais que je peux m'appuyer sur son avis qui sera toujours éclairé, éclairant.

  • Speaker #1

    Ok, très clair. Et pour terminer, je sais que tu as partagé beaucoup de conseils durant cet épisode, mais si tu avais un dernier conseil à partager avec les autres alumni MBS, qu'est-ce qu'il serait ?

  • Speaker #0

    Pour l'entrepreneuriat, J'ai peur d'être un peu bateau, mais pour moi, pour que ça fonctionne, il faut qu'on soit aligné, rester aligné avec ses valeurs profondes. C'est à la fois bateau et à la fois essentiel.

  • Speaker #1

    C'est à la fois simple à dire, mais pas toujours simple une fois qu'on est pris dans un flot de quelque chose. Et je pense que c'est important de le rappeler, que c'est ce qui nous drive après au quotidien. Oui,

  • Speaker #0

    quand on est comme ça, porteur d'un projet, porteur d'entreprise, on a un rôle de leadership. Mais si on croit nous-mêmes très fort en ce qu'on fait, en fait, on n'a pas de mal à y faire adhérer tout le monde. Faire adhérer des gens à quelque chose pour lequel on ne croit pas, un, c'est plus difficile, et puis deux, ça fait souffrir.

  • Speaker #1

    Très clair. Merci beaucoup pour tout ce partage, Raphaël.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Merci pour ces questions.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. La

  • Speaker #2

    Voix des Aluminium.

  • Speaker #0

    Une production Studio Moya. Studio Moya.

Chapters

  • Chapitre 1

    00:00

Description

Dans cet épisode inspirant de La Voix des Alumni MBS, Marine Avril accueille Raphaël Gaillard, diplômé de MBS en 2018 et fondateur de Water Trax, une start-up spécialisée dans les travaux subaquatiques grâce à des robots innovants. Raphaël partage son parcours atypique, depuis ses racines agricoles jusqu’à la création d’une entreprise qui collabore avec des géants comme EDF. Découvrez comment il a surmonté les défis de l’entrepreneuriat, les enseignements tirés de ses études à MBS, et sa vision d’un leadership basé sur les relations humaines et l’innovation. Un récit inspirant pour oser rêver grand et bâtir l’avenir.


Dans cet épisode nous aborderons :


  • Solidarité : Soutien mutuel entre collaborateurs, ancré dans les débuts très soudés de l’équipe.

  • Créativité : Travailler avec des moyens limités pour favoriser l’innovation.

  • Écologie et responsabilité : Offrir des solutions respectueuses de l’environnement et alignées avec des valeurs durables.

  • Motivation et curiosité : Identifier des profils alignés sur les valeurs et l’état d’esprit de l’entreprise, plutôt qu’exclusivement sur les compétences techniques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La voix des alumnis. Comment donner du sens à sa vie professionnelle ? Quel chemin prendre ? C'est quoi réussir sa carrière ? Ces questions, d'autres alumnis se les sont posées avant toi. Ensemble, on va aller à leur rencontre et on va découvrir des parcours inspirants, variés et engagés. Moi, je suis la voix des alumnis. C'est Marine Avril, alumnie 2019 et cofondatrice de Studio Moya, l'agence de communication audio spécialisée dans le podcast. Bienvenue dans la Voix des alumnis MBS. Le rendez-vous pour te connecter, t'inspirer et te motiver à oser dans ta vie professionnelle. Bonne écoute ! La Voix des alumnis

  • Speaker #1

    MBS Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    dans La Voix des alumnis, Je reçois Raphaël Gaillard, diplômé du MBA en 2018 et fondateur de Watertrax. Bonjour Raphaël et merci d'être avec nous aujourd'hui. Est-ce que dans un premier temps, je peux te laisser te présenter et revenir sur les grandes étapes de ton parcours de avant Montpellier jusqu'à aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Bonjour Marine, merci pour cette invitation. Je suis ravi d'être là aussi. En quelques mots, mon parcours, de façon chronologique, j'aime rappeler que je suis fils d'agriculteur et donc mon parcours commence là déjà. et la relation avec le travail et l'environnement. On peut dire que je l'ai reçu dès ma plus jeune enfance. Ensuite, j'ai évolué vers des formations techniques. Je suis devenu ingénieur un peu sur le tard à Toulouse, dans le milieu de l'aéronautique. Et en fait, je me suis orienté de suite, au début de ma carrière, sur les travaux publics. Et j'ai retrouvé les valeurs autour des hommes, de la terre et des machines dans les travaux publics que j'avais connus déjà dans le milieu agricole. Et puis, de fil en aiguille, je suis devenu directeur du matériel. Et j'ai rencontré quelqu'un qui avait fait des choses un peu surprenantes avec des machines terrestres qu'il avait transformées pour les faire marcher sous l'eau. Je me suis passionné de ce qu'il avait fait. Et puis, on avait démarré l'idée d'une transmission entre lui et moi, entre son savoir-faire et mon expérience. Et on a essayé un projet d'entreprenariat. De fil en aiguille, ça ne s'est pas fait à l'intérieur de l'entreprise EGT. Et j'ai eu l'opportunité de créer Watertrax, qui est l'entreprise que je porte depuis 2016, qui est une entreprise qui réalise des travaux subaquatiques, mais qui les fait d'une manière spécifique. Ils les font en utilisant des robots sous-marins, plutôt de grande taille. Et comme ces robots n'existent pas, elles créent, fabriquent et inventent ces robots, qu'elles mettent ensuite en œuvre. La proposition de valeur que l'on porte, c'est de faire des travaux subaquatiques à destination des énergies renouvelables, quelles qu'elles soient. Donc qui peuvent être des volières en mer, qui peuvent être l'hydroélectricité, du solaire flottant, des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, et du coup ces robots, c'est des robots qui sont votre propriété et que vous louez ? C'est des robots que vous vendez aux entreprises avec lesquelles vous travaillez ?

  • Speaker #1

    Alors on a une proposition de valeur de service. Donc ces robots, on les invente. On les développe, on les fabrique et ensuite on les opère. Et ce qu'on vend, c'est le service d'opération de ces robots pour nos clients.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment de la prestation de service avec le robot, etc. Donc j'imagine qu'aujourd'hui, ton quotidien est assez différent d'un quotidien d'ingénieur, puisque tu étais ingénieur avant de créer Watertrax et de faire un MBA à Montpellier à cette occasion. Est-ce que quand tu découvres cette partie plus business, est-ce que c'est comme tu l'avais imaginé ? Est-ce que justement, il y a des surprises par rapport à ce que tu avais en tête ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si je l'avais vraiment imaginé. En tout cas, c'était quelque chose... que j'appréhendais un petit peu parce que je n'avais pas de rôle business. J'étais plutôt un rôle d'acheteur. Donc, j'étais du côté achat du business et j'avais en face de moi des gens qui vendaient notamment du matériel. Et je n'avais pas cette étiquette de développeur et business. Donc ça, ça m'inquiétait un peu. C'est pour ça que je me suis lancé dans le MBA en me disant, bon, je vais me challenger avec cette formation et puis je vais certainement acquérir parce que un certain nombre de compétences, ou en tout cas renforcer les compétences qui vont m'aider pour la création d'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok, et donc c'est ça que tu as trouvé dans ton parcours à travers MBS à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai trouvé encore plus que ça, parce que, en effet, j'ai eu des enseignements passionnants, ça a renforcé les compétences. Je me suis rendu compte aussi que finalement les compétences d'un chef d'entreprise, elles sont très variées, très diverses, et qu'en fait on les porte aussi... et essentiellement dans ce qu'on appelle les soft skills, les compétences personnelles. Et que c'est ça qui est essentiel, le comportement, la création de relations, comment aborder la négociation. Et c'est ça qui est clé en fait dans le développement de l'entreprise. Mais j'ai trouvé aussi, et ça ça a été très riche, en fait la même année j'ai créé Watertrax et je me suis lancé dans l'exécutive MBA en part-time. Donc j'ai fait le MBA en deux ans et j'ai trouvé en fait un esprit de promo et j'ai trouvé aussi un sas. qui faisait que pendant les semaines de cours, je sortais de mon quotidien entrepreneur. J'allais dans cette grande famille qui était la promo et j'amenais quand même mon projet. Et j'avais énormément de soutien de la promo qui a été très enthousiaste autour de mon projet et qui m'a soutenu pendant deux ans. C'était deux années difficiles d'un point de vue entrepreneuriat, toujours un peu difficile le début. Et donc je trouvais, et de l'air, de l'oxygène, des conseils, du soutien. C'est tout ça que j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Donc vraiment une partie humaine aussi, en plus de compétences théoriques. Tu parlais sur les compétences théoriques de négociation, etc. Justement, j'imagine qu'aujourd'hui, en tant que petite startup, tu travailles, je sais, avec de grosses entreprises comme EDF ou quoi. Comment réussir à être pris au sérieux quand on est si petit face à des géants comme ça ?

  • Speaker #1

    En fait, quelle que soit la taille de l'organisation, on est face à des hommes et des femmes qui ont... on échange, quand on fait du business et à partir du moment où on a un comportement transparent, où on se foine dans la relation, où on s'expose, qu'on est sincère, la relation se crée, on construit le climat de confiance et ça se joue plus entre EDF et puis Watertrax, mais ça se joue autour d'une équipe de projet qui s'est fédérée autour d'un projet et la relation entre les hommes et les femmes. Donc c'est comme ça que j'avais déjà appris à travailler avant. J'avais reçu une formation qui a été clé dans ma carrière, qui s'appelle la formation à la négociation raisonnée, et donc la recherche du contrat gagnant-gagnant, et notamment dont un des piliers est de séparer le potentiel différent et la relation, et donc toujours soigner la relation, tout en étant ferme sur ses intérêts. Et c'est cette méthode-là vraiment qui m'a permis de construire des relations de confiance et d'aller loin dans la création de valeur et dans le partage avec EDF notamment.

  • Speaker #0

    Et donc concrètement, quand tu dis soigner la relation, ça passe par quoi comme petit conseil très pratique que tu pourrais partager ?

  • Speaker #1

    Vraiment, ce qui est clé, c'est de faire la différence, donc de séparer l'objet de la négociation sur lequel on peut avoir des différends ou en tout cas sur lequel chaque partie doit défendre ses intérêts fermement. Et puis la relation, c'est-à-dire pouvoir se dire je t'apprécie beaucoup, mais je ne suis pas d'accord. Mais ça ne va pas nuire à notre relation. Et du coup, sur ce désaccord-là, on va construire un accord qui convient aux deux parties. Mais on ne va pas rester figé sur nos positions, etc. Et on va agrandir le gâteau ensemble. Mais quoi qu'il arrive, même si à la fin, on ne trouve pas d'accord, on aura quand même passé un bon moment ensemble. Et puis, on ne va pas y mettre notre relation sur le même plateau.

  • Speaker #0

    Vraiment différencier la partie relationnelle et l'intérêt business au moment T. Du coup, si on revient un peu sur Watertrax, tu l'as créé en 2016, donc il y a plus de 8 ans maintenant. Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces 8 années ? Comment ça s'est développé ? Comment ça a grossi ?

  • Speaker #1

    La genèse de Watertrax, c'était l'opportunité de réaliser des travaux à Monaco, des travaux subaquatiques, qui consistaient à transplanter des herbiers sous-marins pour les préserver de la future construction, donc extension de Monaco sur la mer. C'était l'occasion de remettre en service ces technologies de pelleteuse sous-marine avec un outil innovant pour découper de façon très précautionneuse ces herbiers sous-marins, de façon à les transplanter plus loin. C'était une belle opération. Notre client, c'était Bouygues, un grand groupe du BTP, mais qui a fini par un semi-échec, c'est-à-dire que Watertrax a mis en œuvre à fonctionner d'un point de vue technique. Mais le procédé global de transplantation n'a pas marché. C'était une première mondiale et puis ça n'a pas bien fonctionné. Et donc suite à ça, on n'a pas vraiment enchaîné d'opérations similaires et on n'a même pas remis en service cette première machine qui avait été remise en état vraiment spécifiquement pour ce chantier. Donc au bout d'un an, en fait, je me suis retrouvé à licencier les deux cadres qui m'avaient suivi dans l'aventure puisque je n'avais plus de chiffre d'affaires, je n'avais plus de trésorerie pour les maintenir. À ce moment-là, j'ai eu un grand doute sur la possibilité de continuer. J'en ai parlé à des consultants qui intervenaient justement à MBS et qui étaient profs. Et mon idée, c'était plutôt de leur demander comment devenir consultant avec eux, parce que je pensais que ça allait capoter. Et c'est eux qui m'ont dit, mais ton projet, quand même, ça a l'air bien. On pourrait plutôt t'accompagner nous en tant que consultant pour lui redonner de l'air. Notamment, je pense que tu vas avoir besoin d'argent et on peut t'accompagner pour lever de l'argent. Et en parallèle de ça, c'est EDF qui m'a contacté, qui savait que j'avais créé l'entreprise, qui savait que j'avais déjà un intérêt un peu sur les problématiques de s'alimentation dans les barrages et qui me disent bon voilà, on fait un appel à un projet pour un partenariat d'innovation. On a caractérisé un besoin spécifique et on cherche des partenaires pour développer une techno spécifique pour répondre à ce besoin-là. Et donc en 2017, quand on a amorcé comme ça ce projet, on a fait une première étude de faisabilité. À ce moment-là, il y a un ex-partenaire professionnel qui m'a rejoint, qui est devenu mon associé, Frédéric Gauche, qui lui venait du monde de la robotique sous-marine. Et donc on s'est retrouvés à deux associés, chacun dans son garage, à proposer de développer un gros robot de curage sous-marin à EDF. On était gonflés, mais on croyait vraiment à ce qu'on a annoncé, et EDF nous a cru. Et donc, du coup, ils nous ont sélectionnés. Et c'est comme ça qu'on a réamorcé, en fait, et qu'on s'est mis un peu en mode de start-up. Puisque, du coup, dans la négociation et pour garder notre indépendance, on s'est engagé à financer la première partie du développement technique. Et donc, notamment, le dérisquage technologique de ce qu'on voulait développer. Et donc, on s'est engagé à financer ça, mais on n'avait pas un seul sou. Ils ont dit, c'est très bien si vous financez le dérisquage techno. Ensuite, une fois que vous nous avez amené la preuve que ça pourra marcher, on pourra, nous, financer le développement. On est rentrés chez nous et puis on a commencé à se renseigner sur comment lever de l'argent. C'est vraiment,

  • Speaker #0

    finalement, le projet de robot sur les barrages qui est un peu au cœur de votre projet encore aujourd'hui, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, on a développé ces robots qui répondent à une problématique essentielle. pour les barrages. Et ce qui est motivant là-dedans, c'est que 1. L'hydroélectricité est vraiment la première source d'énergie renouvelable au monde, tant sur le plan historique que sur le plan de quantité produite, que c'est la source d'énergie électrique la plus durable de loin, la plus low carbone et la plus durable aussi dans le temps. C'est-à-dire que les barrages aujourd'hui, même ceux qui arrivent à 100 ans, d'un point de vue résistance des bétons, Ils ont une durée de vie potentielle de jusqu'à 1000 ans. Les machines qui sont à l'intérieur, qui produisent de l'énergie, il faut les renouveler tous les 50 ans, mais ça a un impact assez faible par rapport à la construction originale du barrage. Par contre, le seul gap à la durabilité de cette énergie, c'est la sédimentation qui se crée derrière les barrages. Par notre rapport de technologie et notre proposition de service, on vient justement résoudre ce problème. Et donc c'est très motivant. Et la façon dont on propose de résoudre le problème est aussi une façon très écologique, puisque nos robots permettent de reconstruire une forme de continuité sédimentaire dans les cours d'eau de façon très respectueuse des aspects de dilution, etc. et donc très proche du besoin de la nature. Donc il y a vraiment une dimension écologique à deux niveaux. Le premier, c'est qu'on vient entretenir une source d'énergie très bas carbone et très durable. Et la façon dont on le fait est aussi à impact positif sur l'environnement.

  • Speaker #0

    Très clair. Et donc, vous vous dites que vous devez lever des fonds pour garder justement la main sur la techno. Comment ça se passe quand on lève des fonds pour en même temps quand même garder le contrôle sur le cap qu'on s'est fixé, sur les valeurs qu'on veut transmettre et pas justement perdre toute cette notion de contrôle qu'on veut en général garder quand on entreprend ?

  • Speaker #1

    Tout ça, c'est des bonnes questions. En effet, le... Je pense qu'il faut retenir, et ce qui est clé, c'est que finalement, je n'ai pas créé l'entreprise sur l'idée. Et donc ça, s'il y avait un conseil à donner, lancez-vous et les idées viendront. Et les idées ne sont pas clés, c'est la réalisation qui est clé. Donc ne pas attendre d'avoir une idée, si on a envie de se lancer, on peut se lancer. Ça c'est juste un petit aparté. Ensuite, rapidement, avec Fred, on a souhaité se positionner. Les technos que l'on déploie, elles sont issues de développements qui ont été faits grâce... à l'Eldorado du pétrole offshore. Et en fait, le plus simple pour faire du business lucratif pour nous, ça aurait été de se remettre sur le marché du pétrole. Et on s'est dit, bon ben nous, ce qu'on veut proposer comme valeur forte, c'est de dévoyer toutes ces technos de robots sous-marins pour les mettre à disposition des énergies renouvelables. Et donc ça, on s'est mis au clair très vite, on l'a affiché sur notre site internet, et c'est un discours qu'on a toujours tenu et qu'on maintient. Et du coup, on a réussi à fédérer quand même beaucoup de monde autour de cet état d'esprit ou de cette mission suffisamment clair. Donc ça, ça a été un point essentiel. Et puis ensuite, c'est simplement croire très fort en ce que l'on dit, de façon à ce que les gens à qui on le dit y croient aussi, et puis aient envie de nous suivre, et puis les choses se construisent petit à petit. On s'est rapidement retrouvés dans un processus de création de valeurs partagées avec EDF, puisque finalement la petite start-up portée par deux chômeurs dans leur garage, mais qui s'associe avec un grand groupe industriel de la taille d'EDF. Vu de l'extérieur, c'était très rassurant et donc ça a apporté tous les fruits. Et en même temps, montrer que ça n'allait pas devenir une acquisition d'EDF ou la mainmise d'EDF sur notre développement, mais montrer que dès le début, il y avait le souhait des deux parties de rester indépendants, c'est-à-dire d'être partenaires, d'avoir de l'association, mais ne pas avoir de relation d'exclusivité, c'était rassurant pour l'ensemble des parties prenantes.

  • Speaker #0

    Donc, c'est aussi ce premier partenariat avec EDF et cette promesse de partenariat qui a aidé sur la partie de levée de fonds. Donc là, on est, tu disais, en 2017 sur cet appel à projet d'EDF. Ensuite, combien de temps ça prend pour vraiment lancer le projet ?

  • Speaker #1

    Une levée de fonds, ça prend à peu près 12 mois. Voilà, avec une notion d'urgence, c'est-à-dire que moi, je me suis lancé dans le processus de levée des fonds avec l'objectif de lever en trois mois. Et ça s'est fait assez vite et on l'a fait en 12 mois. Voilà le feedback. Et à chaque fois, on pense que ça va clôturer le mois suivant. Et puis ça dérive comme ça de mois en mois.

  • Speaker #0

    Et après, une fois que vous avez levé les fonds, vous commencez tout de suite sur la partie robot. Combien de temps ça prend de développement pour mettre au point ce robot ?

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant quand on est une startup, et qu'on n'a pas d'argent, c'est qu'on a forcément une approche frugale et donc on essaye de faire avec pas grand-chose et ça nous rend très créatifs. Donc je pense qu'un des conseils à donner à quelqu'un qui a envie de créer, c'est de le faire avec très peu de moyens parce que c'est ça qui va le rendre créatif et c'est ça qui va pousser et qui va faire émerger des idées. Donc on n'a pas attendu d'avoir les premiers sous pour faire les premiers développements techniques. On les a faits... avec des bouts de ferraille, des composants de récupération, etc. Et en parallèle qu'on levait les fonds, on a commencé déjà à développer un peu de la techno. On a réalisé un premier marché pour ODF qui était déjà un marché un peu de test et qui nous a permis déjà de démarrer. Et ce qui fait qu'au moment du closing du premier tour d'augmentation de capital, on était déjà en train de réaliser les premiers essais de morceaux de technologie. On n'a pas attendu, on n'a pas été séquentiel, on a porté les choses de front. Donc en parallèle, on a négocié le contrat avec EDF, démarré le développement techno et poursuivi cette démarche-là d'augmentation de capital. Après, quand on fait de l'innovation, on prend le risque de l'échec et notamment notre premier prototype, ça a été un échec tout nitruant. C'est-à-dire qu'on a fait un petit chenillard avec des ballast pour rouler sur la vase. EDF nous a mis à disposition... Un lac d'essai à Cadarache, on a mis ce morceau de futur robot dans l'eau et il s'est planté dans la vase sur 3 ou 4 mètres de profondeur et on n'avait plus le sortir. Et donc ça c'était notre premier essai. Le lendemain de ce résultat effrayant, c'était la réunion de closing de la première levée de fonds. Donc la veille j'étais dans la vase jusqu'aux genoux, j'ai quitté les collègues. Je suis rentré chez moi et le lendemain matin, j'étais devant tous les investisseurs du premier tour. Et puis, je leur donne un petit feedback sur les essais en cours. Et je leur dis, voilà, on fait des essais en ce moment à cas d'arrache. Et les résultats sont très instructifs. Et ensuite, on a fait le closing qui était prêt. On a levé à demi-million d'euros. Ça, c'était fin décembre. Et puis, début janvier, on s'est retrouvé en réunion face à EDF. Et puis, on a dû... expliquer pourquoi ça ne marchait pas, exposer ce qu'on avait compris et aller chercher la confiance pour avoir une deuxième chance, parce que c'était ça aussi l'enjeu. Et c'est là où ça a été clé de se positionner en humilité, de dire voilà, on avait besoin de tester pour comprendre, maintenant on a compris ça, ça et ça, et voilà comment on va y répondre. Et notamment on avait compris des éléments essentiels, on voulait faire des essais plutôt low-tech, et finalement dans le procédé de test, On se créait des contraintes qui n'avaient rien à voir avec les contraintes définitives. Et du coup, avec Fred, on était deux à décider. On s'est regardé, on a dit, bon, en fait, le deuxième prototype, il faut qu'on le fasse en techno définitive. Mais le gap entre les deux, c'était un million d'euros. En fait, on s'est dit qu'il faut faire un prototype à un million d'euros pour se donner la chance d'y arriver. Par contre, on n'avait qu'une seule chance. Et en février 2019, on a dessiné la forme de ce futur robot. Et fin août 2019, il sortait de notre atelier le premier proto de ce robot qui était un engin de 17 tonnes, de 5 mètres de large, 8 mètres de long. trois camions pour le transporter, il fallait l'assembler sur site parce qu'on ne pouvait pas le transporter, assembler, etc. Et là, on l'a remis à l'eau fin septembre, au même endroit où on avait planté le premier un an plus tôt. Et là, c'est rentré dans l'eau, ça a commencé à pomper, puis c'est ressorti de l'eau.

  • Speaker #0

    Il n'est pas resté dans la base.

  • Speaker #1

    Et puis c'était gagné. Mais fin septembre de cette année-là, en réussissant, on débloquait du financement d'EDF. Si on avait échoué, je pense qu'on ne pouvait pas payer les salaires de fin septembre. Donc, à un moment donné, aussi, il faut... Mouiller la chemise et prendre des risques.

  • Speaker #0

    Prendre des risques, je pense que c'est quelque chose qui est assez indispensable en entrepreneuriat, sinon au bout d'un moment on stagne et on n'arrive pas à passer à l'étape d'après. Donc ça, on est fin 2019. Depuis, ça en est où Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors depuis en 2020, à partir de ce premier prototype, on a développé un démonstrateur industriel, c'est-à-dire un premier robot abouti de niveau pré-série. Et puis on a fait une démonstration industrielle dans un autre lac d'EDF, qui fait que fin 2020, on avait un premier outil à placer sur le marché, et qui a débouché notamment pour EDF sur un accord cadre pour l'utilisation justement de ce robot pendant 7 ans. Et donc en 2021, on a démarré la phase d'exploitation. Ok,

  • Speaker #0

    donc toujours sur ce premier robot ?

  • Speaker #1

    Alors toujours en utilisant ce premier robot. Et là ça a été assez intéressant parce que... Fin 2020, on pensait avoir passé un cap décisif, ce qui était le cas, et on pensait que ça allait dérouler derrière un peu tout seul. Et du coup, on avait ce contrat avec EDF, avec même un engagement de volume sur 7 ans, etc. Et puis on leur dit, du coup, on est en début d'année, vous nous envoyez où cette année ? Et là, on s'est rendu compte qu'un gros industriel de cette taille-là, pour lui, le temps court, c'est quelques années. Et donc... pour une start-up comme nous, le temps court d'EDF, c'est plus loin que l'infini. Et donc, ils nous disent, cette année, il y a une petite opération en Bretagne à faire au mois de mai, et puis ensuite, il y aura des choses en 2023, etc. Et donc, là, on s'est retournés, nous, mais trois mois, l'entreprise est morte déjà. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, ça nous a obligés à réaliser, dès la première année, de la diversification, aller chercher des clients en dehors du périmètre d'EDF. Simplement, on avait développé une techno qui fonctionnait, mais on n'avait pas la possibilité sur le marché d'atteindre la rentabilité aussi vite que ce qu'on avait espéré. Et donc on s'est lancé en 2021 dans une deuxième levée de fonds, de façon à financer la montée en puissance, donc la croissance de l'entreprise. Donc dès 2021, deuxième tour de levée de fonds.

  • Speaker #0

    Et le but de cette levée de fonds, c'était de pouvoir avoir un deuxième robot, par exemple ? Ou il y avait un objectif précis sur la croissance qui était affiché à ce stade-là ?

  • Speaker #1

    Il y avait plusieurs objectifs, mais on a levé de l'argent pour financer l'acquisition de marché, pour financer le rebutement et la formation de personnel pour réaliser le service, et pour continuer à faire progresser la technologie. Ce sont un peu nos trois axes de développement stratégique. Donc, ne pas s'arrêter, ne pas se reposer sur nos lauriers. et profiter de chaque expérience avec le robot pour le faire progresser. C'était ça vraiment l'objectif. Et ensuite, évidemment, développer d'autres robots parce que la croissance passe par la création et la fabrication de nouveaux robots. Et donc, dès fin 2021, on a développé un deuxième robot pour une autre application vraiment très spécifique aussi pour EDF.

  • Speaker #0

    Ok, donc toujours dans le cadre de ce partenariat avec EDF qui drive un peu les innovations de projets, si je puis dire.

  • Speaker #1

    En fait, ce qui est intéressant quand on travaille avec un partenaire industriel et mature comme EDF, c'est qu'il a une excellente connaissance de son besoin et que son besoin bien caractérisé est duplicable chez ses confrères en France et à l'international. Donc, si on part de ce besoin et qu'on y répond correctement derrière, ça ouvre du marché puisque, évidemment, ça répond à un besoin réel.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais sur cette levée de fonds aussi de besoins en... recrutement. Aujourd'hui, vous êtes combien au sein de Watertrax ?

  • Speaker #1

    Alors aujourd'hui, on est une vingtaine. C'est une entreprise.

  • Speaker #0

    Ça commence à faire un peu une monte par rapport aux deux personnes dans leur garage dont tu parlais tout à l'heure. Quand on grossit comme ça, on doit réfléchir à toute sa culture d'entreprise, aux valeurs qu'on veut transmettre. Comment tu la définis cette culture d'entreprise et comment tu fais en sorte au quotidien de rester aligné avec l'idée du projet et avec la réalité opérationnelle du terrain ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une très bonne question. En fait, rapidement, pour développer le premier robot, on s'est retrouvé une équipe de 7 personnes. Et puis, on était un peu comme le Cirque Pender, c'est-à-dire qu'on préparait notre show dans un atelier. On était tous à préparer le prototype, etc. Et puis, une fois qu'on était prêts, on mettait tout ça sur des camions, on emmenait notre chapiteau. Et puis, on allait jouer notre partition sur un site d'essai. Et puis, c'était l'ensemble de l'entreprise qui se déplaçait et qui allait faire ses tests sur un lac en montagne. Les tests, ça pouvait durer plusieurs mois. Donc, on partait comme ça. en mission pour réaliser des tests successifs, etc. Et puis ensuite, on revenait sur nos bases et puis on redéveloppait pour aller faire les tests suivants. Donc en fait, pendant quelques années, on a vécu très proche et en parallèle de l'aventure entrepreneuriale, il y avait une aventure humaine avec ce groupe de personnes et donc des valeurs qui se sont construites d'elles-mêmes. Et puis bon, il a fallu passer à la croissance et commencer à recruter des gens. Et on s'est posé la question de qu'est-ce que ça allait donner ?

  • Speaker #0

    Comment réintégrer justement dans une équipe très soudée des personnes extérieures ?

  • Speaker #1

    Voilà, et comment capitaliser sur les valeurs qui nous plaisent ? Comment ne pas les perdre avec du recrutement, etc. Et donc avant de faire ça, on s'est posé la question, mais en fait c'est quoi nos valeurs ? On sent qu'il y a quelque chose de fort qui se passe, mais si on devait le caractériser, qu'est-ce que c'est ? Et puis on a lancé un petit atelier comme ça, RH. porté par les collaborateurs pour essayer de définir justement les valeurs de l'entreprise. Maintenant qu'on est inscrit dans toutes nos offres de recrutement, voilà ce qui nous porte, ce qui nous motive. Si ça vous parle, venez. Si ça ne vous parle pas, ne perdez pas votre temps. Et donc c'est comme ça qu'on le construit. Et on est plutôt sur un état d'esprit quand on recrute, de recherche de motivation et de fit, de compatibilité. Avant la recherche de compétences hard skills, on considère qu'il y a des très fortes compétences dans l'entreprise, mais qu'on est aussi là pour les transmettre. Et donc, des esprits curieux qui ont du fit avec les valeurs fondamentales pourront aussi monter en compétences dans l'entreprise, comme on l'a tous fait en vivant l'expérience.

  • Speaker #0

    Et c'est quoi ces valeurs que vous avez énoncées et que vous affichez maintenant sur vos offres ?

  • Speaker #1

    La première valeur qui nous semble essentielle pour nous, c'est la solidarité. Donc, c'est le fait que chacun n'est pas enfermé dans un rôle. Évidemment, chacun amène avec ses hard skills ce qu'on va dire un fil rouge. C'est un domaine de compétences qu'il porte en priorité. Mais on a beau faire des sous-marins, on n'est pas étanche. Et du coup, on va porter ensemble toutes les problématiques et on va s'entraider les uns les autres. Et donc celle-là, je pense que c'est la valeur la plus belle, mais ce n'est pas la plus facile à tenir, parce qu'elle est facile quand tout va bien, mais c'est face au problème qu'il est important de pouvoir se la rappeler entre nous, et ne pas tomber dans les écarts de reproches, etc. Et donc quand il y en a un qui est en difficulté, qu'on ait vraiment le réflexe d'aller l'aider avant d'analyser les causes profondes. Donc ça, c'est une valeur essentielle. Il y en a une autre qu'on a inscrit aussi, c'est le plaisir. Alors, ça peut paraître bizarre de dire que le plaisir est une valeur, mais en fait, sans plaisir, on n'a pas de motivation. La motivation n'est pas une valeur, mais la motivation est plutôt le résultat d'un processus. Et donc, si on prend du plaisir à travailler, on n'aura pas de mal à être motivé. Et en fait, quand on partage avec les collaborateurs, on se retrouve autour du plaisir. Voilà. Ensuite, on a des choses plus bateaux, mais bon, on porte l'innovation dans l'ADN de l'entreprise et on considère que tout problème peut se résoudre par l'innovation. Et l'innovation n'est pas que technologique. On peut faire de l'innovation managériale, on peut faire de l'innovation sociale, etc. On peut faire de l'innovation contractuelle, mais l'innovation est un pilier fondamental de l'entreprise. L'innovation passe par le droit à l'erreur. Et donc on a une valeur essentielle sur la prise d'initiative associée avec le droit à l'erreur. Il vaut mieux essayer et se planter et marquer que ça ne marche pas plutôt que d'avoir le revêt de ne jamais avoir essayé. C'est un peu ça l'esprit.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une dernière valeur qui est autour de la polyvalence et de la transmission, et qui est aussi autour de ce qu'on appelle l'approche holistique du travail. On considère que les hommes et les femmes sont constitués d'un corps entier. On a tous un cerveau et on a tous des bras et des jambes, et on est plus épanoui quand on utilise l'ensemble de son corps. Et donc, évidemment qu'il y a des gens qui utilisent plutôt plus leur cerveau et d'autres qui utilisent plutôt plus leur corps. plus leurs bras, mais il y a de très bonnes idées dans les gens qui utilisent plutôt plus leurs bras, et de temps en temps, c'est très épanouissant pour quelqu'un qui est dans un bureau, d'aller dans l'atelier ou d'aller sur un chantier, et puis de faire travailler ses muscles, de monter la pièce qu'il a conçue, ou d'aller opérer le robot sur lequel il a participé à la construction, et du coup, d'utiliser tout ça, et ça crée vraiment de la cohésion aussi dans les équipes.

  • Speaker #1

    Oui, vraiment du coup, un esprit de vivre ensemble et d'équipe globale. C'est très clair. Du coup, pour arriver aujourd'hui sur WaterTrack, c'est quoi la prochaine étape pour l'entreprise ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est de mener en parallèle la résilience sur le marché français. On atteint aujourd'hui un premier niveau qui est la rentabilité grâce au marché français. Donc, on est très content de ça. On vient de l'atteindre à la clôture de l'exercice qu'on a réalisé au 30 juin de l'année.

  • Speaker #1

    Félicitations !

  • Speaker #0

    Voilà, on a de la chance, on a du carnet de commandes jusqu'en 2028, ce qui donne une bonne visibilité. Mais il faut consolider tout ça par deux choses, c'est-à-dire, maintenant on a du carré de commande, mais il faut le réaliser d'une bonne manière pour tenir notre promesse. Donc ça passe par du recrutement et de la consolidation des équipes. Ça passe par l'acquisition d'opérations autour de ces grands marchés aussi sur la France et un peu de diversification. Et puis on a un autre grand axe de développement qui est l'export. On a créé cette année une filiale en Suisse. On veut faire de cette filiale un modèle pour le tester et ensuite pour le dupliquer aussi dans d'autres pays d'Europe, voire du monde.

  • Speaker #1

    Plein de beaux projets en perspective, on a hâte de suivre tout ça. Du coup, on va arriver vers la fin de cet entretien. Pour terminer, je vais avoir deux petites questions que je pose à chaque invité de La Voix des Aluminis. Premièrement, est-ce que tu as eu un mentor dans ta carrière ? Et dans ton parcours ?

  • Speaker #0

    J'en ai eu plusieurs. En premier lieu, il y a cet homme, Louis, que j'ai rencontré en 2011 et qui a inventé ces machines sous-marines. Je pense qu'on a une relation quasi filiale dans l'esprit et c'est, on va dire, mon premier mentor. Ensuite, il y a Paul, qui était intervenant au MBA et c'est lui qui m'a dit, en fait ton projet il vaut le coup et tu ferais mieux d'assister sur ton projet. Aujourd'hui, il est membre du comité stratégique de l'entreprise. Il est lui-même actionnaire en tant que business angel. C'est une personne ressource forte. Quand je suis dans le doute, je sais que je peux m'appuyer sur son avis qui sera toujours éclairé, éclairant.

  • Speaker #1

    Ok, très clair. Et pour terminer, je sais que tu as partagé beaucoup de conseils durant cet épisode, mais si tu avais un dernier conseil à partager avec les autres alumni MBS, qu'est-ce qu'il serait ?

  • Speaker #0

    Pour l'entrepreneuriat, J'ai peur d'être un peu bateau, mais pour moi, pour que ça fonctionne, il faut qu'on soit aligné, rester aligné avec ses valeurs profondes. C'est à la fois bateau et à la fois essentiel.

  • Speaker #1

    C'est à la fois simple à dire, mais pas toujours simple une fois qu'on est pris dans un flot de quelque chose. Et je pense que c'est important de le rappeler, que c'est ce qui nous drive après au quotidien. Oui,

  • Speaker #0

    quand on est comme ça, porteur d'un projet, porteur d'entreprise, on a un rôle de leadership. Mais si on croit nous-mêmes très fort en ce qu'on fait, en fait, on n'a pas de mal à y faire adhérer tout le monde. Faire adhérer des gens à quelque chose pour lequel on ne croit pas, un, c'est plus difficile, et puis deux, ça fait souffrir.

  • Speaker #1

    Très clair. Merci beaucoup pour tout ce partage, Raphaël.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Merci pour ces questions.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. La

  • Speaker #2

    Voix des Aluminium.

  • Speaker #0

    Une production Studio Moya. Studio Moya.

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