- Speaker #0
Épisode Focus !
- Speaker #1
Bienvenue dans Médecins qui est tu, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute ! Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui est-tu, un épisode focus aujourd'hui sur la rupture du ligament croisé antérieur et on reçoit pour nous expliquer tout ça docteur Arthur Justeau. Bonjour Arthur.
- Speaker #0
Bonjour Maxime.
- Speaker #1
Tu es donc en poste au centre hospitalier de Moissac avec une orientation sur le membre inférieur justement. Du coup, dans rupture du ligament croisé antérieur, il y a quatre termes importants. D'abord le ligament croisé, quelle est sa fonction ?
- Speaker #0
Alors ligament croisé antérieur, donc dans le genou. Sa fonction, c'est de stabiliser la position du tibia par rapport au fémur. Il empêche un tiroir, c'est-à-dire que le tibia glisserait vers l'avant par rapport au fémur.
- Speaker #1
Et il est aidé du postérieur, ligament croisé postérieur.
- Speaker #0
Exactement. Qui lui fait l'inverse, évite que ça aille vers l'arrière, vers le postérieur. Et c'est le pivot central. Tous les deux, ils forment le pivot central.
- Speaker #1
Et quand on apprend l'anatomie, on sait qu'ils sont croisés autant sur le plan sagittal que sur le plan transversal peut-être.
- Speaker #0
Ils se croisent.
- Speaker #1
Ils se croisent.
- Speaker #0
Ils sont collés l'un à l'autre. Ils vivent ensemble.
- Speaker #1
Les radiologues, excusez-moi pour les trois plans. Ok. Donc, s'ils le rendent, c'est qu'il y a quel conflit ? Quelles structures sont mises en défaut ?
- Speaker #0
Alors, souvent, c'est un traumatisme sportif. Souvent, c'est les jeunes. On en parle beaucoup dans le sport et les jeunes, mais ça peut toucher tout le monde. Ça peut même être un accident de la voie publique en voiture. Ça peut même être une personne un peu plus âgée qui chuterait par maladresse. Et en fait, c'est une entorse, une rupture du ligament croisé, c'est une entorse. L'entorse, c'est quand on abîme les ligaments et quand ils vont jusqu'à casser, là on parle de la rupture.
- Speaker #1
C'est un grade au sein de l'entorse.
- Speaker #0
Exactement, c'est l'entorse sévère, c'est l'entorse grave. Et donc le ligament croisé, il peut casser.
- Speaker #1
Et donc là, il ne joue plus son rôle, mais au-delà de la perte de fonction, il y a aussi tout le côté douleur.
- Speaker #0
La douleur du ligament croisé antérieur, elle est souvent en aiguë, c'est-à-dire au début du traumatisme. et assez rapidement, elle passe, puisqu'en fait, c'est plutôt souple, et on arrive à conserver la marche, on arrive à faire diminuer le gonflement, l'épanchement, le saignement qu'il y avait dans le genou. Donc, on peut vivre, et on vit très bien, même sans ligaments croisés antérieurs.
- Speaker #1
Pas de danger, parce que souvent aussi, notamment en médecine, mais surtout en chirurgie, le danger, c'est d'écarter tout ce qui est urgent. Il n'y a pas de saignement majeur, il n'y a pas de danger vital sur une rupture des ligaments croisés.
- Speaker #0
Non, tout à fait. C'est un petit ligament, c'est vrai vascularisé, peut-être pas assez pour sa cicatrisation. Ce n'est pas une grosse artère, il ne faut pas s'inquiéter là-dessus.
- Speaker #1
Mais ça saigne. C'est vrai que derrière, il y a une belle échymosis, un bel hématome qui sort. C'est ça.
- Speaker #0
Et le problème, c'est que dans le genou, il n'y a pas la place. Ce n'est pas une place infinie. Donc ça saigne, ça gonfle et donc c'est là que ça fait mal. Et après, ça va dégonfler petit à petit et naturellement.
- Speaker #1
D'accord. Et donc on peut poursuivre avec un croisé pété, entre guillemets, parce qu'on peut ne pas dans sa vie de tous les jours le mettre... à mal, entre guillemets, il peut y avoir une instabilité ressentie.
- Speaker #0
Exact. La douleur va disparaître, comme on disait, et l'instabilité va apparaître. L'instabilité, c'est la sensation de dérobement. Souvent, les patients disent j'ai le genou qui ne tient pas, il me lâche Ou alors, ils ne le disent pas, mais ils ne font plus certaines activités, parce que quand ils la font, là, ils se sentent en insécurité. Donc, c'est ça, l'instabilité, le dérobement.
- Speaker #1
Et donc, ça, c'est plutôt le R100 qui existe sans doute moins, c'est-à-dire le... le patient qui n'a pas fait d'imagerie après son traumatisme ou après sa douleur, mais globalement, quand même, on se rend compte de la rupture avec une imagerie, qui doit être laquelle ?
- Speaker #0
Alors il n'y en a qu'une seule, c'est l'IRM. Mais souvent les patients, après le traumatisme, en aiguë, ils passent aux urgences, parce qu'ils ont mal, parce qu'ils ne savent pas forcément ce qu'ils ont, et il faut quand même éliminer les choses qui nécessiteraient une chirurgie rapide. Et donc ils passent aux urgences pour avoir des antidouleurs, pour avoir une radiographie, qui souvent ne montre rien d'anormal. On peut montrer des petites choses, des petits arrachements, mais c'est l'IRM, c'est l'IRM, et il n'y a que l'IRM qui va nous aider à faire le diagnostic.
- Speaker #1
D'accord, donc radio... elle peut montrer des ruptures, des arrachements osseux indirectement liés à cette rupture et à cette laxité sur le traumatisme, il y a donc d'autres tendons ou d'autres ligaments qui vont être mis à mal et qui vont tirer sur la structure osseuse et on peut voir des arrachements osseux à distance du ligament croisé c'est la fracture de second par exemple,
- Speaker #0
c'est des petites choses alors c'est pas systématique donc c'est pas parce qu'on la voit pas qu'il n'y a pas de rupture du ligament croisé antérieure et elle est prise en charge elle aussi ou on peut la laisser ? Ça fera partie de la prise en charge chirurgicale du ligament creusé.
- Speaker #1
On a parlé de l'IRM. Souvent, les gens veulent l'imagerie immédiatement. Est-ce qu'elle est à faire immédiatement ?
- Speaker #0
Non, on arrête d'embêter les urgences en disant je veux une IRM L'IRM, pour l'instant, on ne l'a pas aussi accessible. Il faut la garder pour les urgences graves, vitales, notamment quand ça saigne dans la tête. Donc, on laisse tranquille. L'IRM, on peut la faire dans les jours à semaines qui viennent. On n'est pas pressé pour faire une chirurgie. On entend de tout, mais en tout cas, pour la réparation, la reconstruction du ligament croisé antérieur, on a le temps. Il faut que le genou dégonfle, il faut qu'on l'organise et on n'est pas non plus pressé à la minute.
- Speaker #1
Évidemment, on parle du ligament croisé. Si vous écoutez ça et qu'il y a un malaise au décours d'un traumatisme, s'il y a vraiment une anomalie qui vous fait vous dire je dois consulter, évidemment que nous, on est en train de parler du ligament croisé en lui-même. un danger immédiat pour le patient mais évidemment que si vous ressentez d'autres anomalies après un traumatisme il est toujours bon de consulter un médecin ok donc on a l'imagerie, on voit qu'à l'imagerie il est pété, il est plus là quelle va être la conduite à tenir à ce moment là ?
- Speaker #0
alors souvent avec l'imagerie vous allez être orienté vers un chirurgien orthopédiste et traumatologie qui fait du membre inférieur souvent avec les urgences il y a des bonnes ententes qui font que quand vous sortirez des urgences vous aurez sûrement déjà un rendez-vous ou en sortie de radiologie aussi, vous avez des rendez-vous facilement, il y a des bons circuits qui ont été mis en place. Et là, le chirurgien, il va pouvoir aussi vous tester le genou, regarder s'il est instable et discuter avec vous.
- Speaker #1
Il y a un danger à faire un testing, notamment de ce tiroir, avant imagerie ? Vous avez des contre-indications ? Kine, tout ça, sur les terrains, on voit des testings immédiats après le traumatisme, il n'y a pas de danger à péter davantage que ça ne l'est ? Non,
- Speaker #0
aucun danger. Souvent, c'est difficile parce que le patient a mal et le genou va vite gonfler. Donc c'est difficile de les examiner. Nous aussi en orthopédie, quand on les voit en deuxième intention et que c'est deux semaines après, parfois on ne peut même pas les tester, ça n'a pas dégonflé. Mais il n'y a aucun risque. Si c'est fait par quelqu'un qui sait faire la recherche du tiroir, il peut le faire sans souci.
- Speaker #1
Et donc vous, la difficulté ça va être quoi dans la prévention du croisé ? Quel est sur le plan chirurgical le truc un peu embêtant ?
- Speaker #0
Poser l'indication. Il faut savoir est-ce qu'on opère ou est-ce qu'on n'opère pas, qui on opère et quand est-ce qu'on l'opère. Donc est-ce qu'on opère ou pas ? Si la personne a 90 ans et ne fait pas de sport, la question ne se pose pas.
- Speaker #1
On ne va pas embêter avec l'anesthésie, avec tout un tas de matériel à l'intérieur du genou.
- Speaker #0
Voilà, bénéfice-risque en défaveur d'une chirurgie. Si c'est un sportif de 20 ans professionnel, on va aller à la chirurgie. Et ensuite, au milieu, il y a plein de choses qu'il faut prendre en compte. La demande du patient, la bonne compréhension aussi du patient, de sa pathologie, de la chirurgie et de tout ce qui va suivre. La rééducation qui va être très importante.
- Speaker #1
Parce qu'après, on laisse le patient un peu dans la nature. Et si on a posé du matériel ou qu'il y a nécessité de faire une rééducation qu'il n'a pas très bien compris ou qu'il n'est pas trop volontaire à tout ça, il y a moyen d'avoir un genou qui perd largement sa fonction, plus que s'il n'avait pas été opéré.
- Speaker #0
Exact. Et même, on s'est rendu compte qu'il y avait plus de re-ruptures, que ça pouvait recasser. Donc la rééducation, elle est primordiale. Et c'est, même certains disent, 70% des résultats de la chirurgie.
- Speaker #1
Une petite idée reçue ou pas, tu vas me dire, est-ce qu'un ligament croisé opéré est plus solide qu'un ligament croisé naturel ?
- Speaker #0
C'est une très bonne question. Si on lui laisse le temps de cicatriser, il est très proche du naturel. Les greffons qu'on prend, c'est-à-dire les bouts de tendon qu'on va utiliser pour réparer le ligament, on leur a fait faire plein de testing biomécaniques. Ils sont très résistants. Si on les prend, c'est qu'ils sont très résistants. Mais pour autant, la cicatrisation, il faut que la nature reprenne sa place. Ça, c'est un peu difficile. C'est pour ça que ça peut recasser. Mais il faut lui laisser le temps de la cicatrisation. Donc on arrête de faire croire aux gens qu'ils vont reprendre dans trois mois tout ce qu'ils veulent. Non, non, on va maintenant viser les six à neuf mois pour que ça se passe bien.
- Speaker #1
Donc, première difficulté, c'est... Indication à opérer ou pas. Et ensuite, vous, techniquement, sur quoi vous vous butez ? Tu peux nous raconter les quelques étapes de chirurgie, par exemple ?
- Speaker #0
Alors déjà, c'est la chirurgie qui se fait en ambulatoire, parce que ça a beaucoup progressé. La chirurgie, mais aussi l'anesthésie et la prise en charge de la douleur. Ça,
- Speaker #1
ça veut dire que j'arrive à l'hôpital le matin et le soir, je suis à la maison.
- Speaker #0
Exact. Donc ça, c'est chouette pour les patients. Et c'est bien aussi pour le système de santé. Donc c'est l'ambulatoire. Ensuite, c'est sous arthroscopie.
- Speaker #1
Ok, donc pas de balafres incroyables.
- Speaker #0
On ouvre plus le genou en grand.
- Speaker #1
Après avoir fait les trois petites ouvertures,
- Speaker #0
on a des petites ouvertures, une pour la caméra, une pour passer des instruments, pour bien confirmer ce qu'on avait vu cliniquement et vu sur l'IRM. Là, on le confirme en le touchant et là, on va pouvoir le réparer. Pour le réparer, c'est un peu à l'appréciation du chirurgien et de son école chirurgicale, la façon dont il a été formé, mais aussi du patient. On prend des choses en... considération mais là on va choisir le greffon. Le greffon c'est quel ligament ou quel tendon on va utiliser pour réparer ce ligament croisé.
- Speaker #1
Ok on entend beaucoup parler de prélèvements sur le patient lui-même avec certains tendons, il n'y a pas de greffon synthétique ? Si,
- Speaker #0
alors dans un premier temps on prend au patient sur le genou qui a été abîmé, on ne va pas abîmer l'autre genou, c'est possible. On peut prendre le genou contralatéral et ensuite on peut prendre des allogreffes. Donc des allogreffes, ça vient de patients donneurs décédés. Et à l'époque, on utilisait des greffes synthétiques. On les a retirées parce qu'elles avaient de mauvais résultats.
- Speaker #1
Synthétiques, c'est-à-dire produites par des laboratoires. Exactement. Matériaux de synthèse.
- Speaker #0
Arrêtez ça. Donc en gros, on prend de l'autogreffe, c'est-à-dire au patient lui-même.
- Speaker #1
Sur le genou, qui a pété le croisé. Voilà.
- Speaker #0
On peut prendre les ischios jambiers. Vous avez peut-être entendu DT4, DT3, c'est demi-tendineux. Vous avez peut-être entendu DI, DT, demi-tendineux et droit interne. Quoi ?
- Speaker #1
Est-ce qu'ils sont prélevés ? On ne prend pas le risque de faire une perte de fonction ?
- Speaker #0
Alors, un petit peu, mais c'est un endroit où il y a plusieurs tendons qui sont côte à côte. Et en fait, on a de la chance, la nature, elle réagit bien et c'est compensé. En fait, ça va coller, cicatriser et on va conserver toute l'efficacité des ischios jambiers.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Voilà, donc on disait qu'on avait les ischios jambiers. On peut prendre aussi une partie du tendon quadricipital avec une partie de la patella ou de la rotule. On peut prendre une partie du ligament patellaire, c'est ce qu'il y a entre la patella et la TTA, ou la tuberosité tibiale antérieure.
- Speaker #1
Entre rotule et la petite bosse du tibia. Et ça, c'est des choix qui sont faits en fonction de quoi ?
- Speaker #0
C'est pas mal les écoles chirurgicales. C'est où on a appris, comment on a appris.
- Speaker #1
Les études ?
- Speaker #0
Elles se contredisent. En gros, je pense... Alors, il y a quand même des orientations importantes qui se font. On prend quand même beaucoup d'isques jambiers. Mais s'il y avait une méthode extraordinaire, elle aurait écrasé la concurrence. S'il y avait une méthode catastrophique, elle aurait été retirée. Donc, si elles fonctionnent et qu'elles sont bien faites par quelqu'un qui sait faire, ça se passe bien.
- Speaker #1
Pour parler des isques jambiers, à la palpation, pour les gens qui veulent savoir où est-ce qu'on prélève, c'est en prenant son genou... Face interne et ce sont les tendons qui sont proches du genou, à l'arrivée du genou, les tendons qu'on sent sous la main, c'est ça ? Sous les doigts ?
- Speaker #0
Oui, ils viennent de derrière. C'est les gros tendons forts, ils viennent s'accrocher en avant et en interne sur la patte d'oie, on appelle ça. Donc il y a une petite cicatrice là parce qu'on va les prélever avec des strippers pour ouvrir pas trop et prendre le tendon.
- Speaker #1
Très bien. Donc la deuxième difficulté c'est de choisir sa technique opératoire. Et ensuite ?
- Speaker #0
Ensuite, vous allez peut-être voir des chirurgiens ou lire des choses sur Internet ou entendre des gens qui vont vous parler de ça. Il y a la méthode de fixation. Est-ce qu'on le met avec des agrafes ? Est-ce qu'on le met avec des vis, avec des endoboutons ? Plein de techniques. Ça, encore une fois, c'est un choix du chirurgien avec l'habitude qu'il a, avec les résultats aussi de la littérature qui nous orientent vers certaines choses. Mais ça, ce n'est pas tant aux patients de choisir. C'est plutôt aux patientes d'écouter l'explication que le chirurgien aura autour de ça.
- Speaker #1
Donc, il y a des tunnelisations. Exact. En fait, on se demande toujours à quoi ressemble le greffon. Mais au final, après l'avoir récupéré, vous faites une sorte de tendon, longiligne,
- Speaker #0
je ne sais pas quoi. Pour rigoler, souvent, on dit on fait une petite nouille. Vous imaginez, on le replie pour qu'il soit assez épais. Quand c'est les ischios, quand c'est le ligament patellaire ou le tendon rotulien qui a deux bouts d'os, là on ne le replie pas, on vient le glisser comme ça, mais on l'a pris de la taille qu'on voulait, de l'épaisseur qu'on voulait. Parfois on peut le préparer sur la table, parfois on peut le préparer sur le patient, on le laisse pédiculer, c'est-à-dire encore viable sur le patient.
- Speaker #1
D'accord, avec ses artères qui l'irriguent de ça encore, et donc ça permet de le laisser en vie.
- Speaker #0
Voilà, ça donnerait de meilleurs résultats. Donc voilà, on le prépare. Et ensuite, il faut faire des tunnels parce qu'il faut bien pouvoir le faire glisser à l'endroit où il y avait l'ancien ligament.
- Speaker #1
On ne le colle pas à la surface de l'os. On fait un tunnel pour qu'il soit vraiment inséré dans l'os en profondeur.
- Speaker #0
Il faut qu'il ait une bonne tenue. Donc, il faut un tunnel dans le fémur, il faut un tunnel dans le tibia, à l'endroit où il y avait à l'époque le ligament. Ensuite, on vient glisser le greffon et là, on le fixe. Il faut qu'il tienne fort pour pouvoir résister. aux contraintes que vous allez mettre ensuite dessus.
- Speaker #1
Ok, tu le fixes comment ?
- Speaker #0
Moi je suis d'une école où on mettait des endoboutons, c'est des petits taquets métalliques, on mettait des vis, résorbables ou pas résorbables, il y a des endroits où on met que des endoboutons, il y a des endroits où on met aussi une agrafe métallique. Ça c'est à l'appréciation et à l'habitude du chirurgien.
- Speaker #1
Tu retiens le matériel d'arthroscopie, le patient est réveillé, quelle va être la suite pour ce patient en termes de reprise d'appui, en termes de rééducation ?
- Speaker #0
Alors là aussi... Pareil, il y a des habitudes de chirurgien, mais les tendances actuelles, c'est on le fait marcher tout de suite. Il a le droit d'appuyer.
- Speaker #1
Le soir, il rentre chez lui, il pose le pied ?
- Speaker #0
Tout à fait. On a même beaucoup d'endroits où on les fait marcher en sortie de SSPI, la salle de réveil. Ils marchent un petit peu dans les couloirs de l'hospitalisation. Ils rentrent chez eux en marchant, ils ont le droit d'appuyer. On met ou pas une attelle, donc il n'y a pas forcément d'immobilisation. Et la rééducation, elle commence d'entrée. Au pire, elle n'est pas intense, mais au moins, elle joue sur la douleur.
- Speaker #1
D'accord. Pas de contre-indication à l'appui, pas de contre-indication à redonner de l'amplitude articulaire.
- Speaker #0
Exactement, il faut que ça bouge. On dit en revanche aux patients d'être prudents quand même. Il ne faut pas aller faire un match de foot le lendemain.
- Speaker #1
Est-ce qu'il en a envie ?
- Speaker #0
Normalement non.
- Speaker #1
Ok. Des consultations de suivi avec son chirurgien ?
- Speaker #0
Exactement. A l'appréciation du chirurgien encore une fois, mais on aime bien avoir des consultations de suivi vers les un mois et demi pour savoir si ça a bien cicatrisé, pour savoir si le tiroir a disparu, c'est-à-dire que le genou est bien stable. On peut le revoir ensuite pour suivre son évolution de rééducation. Est-ce qu'il a fait du muscle ? Est-ce qu'il a repris du quadriceps pour compenser ? Parce que souvent, le quadriceps, il se verrouille, il se bloque à cause de la chirurgie et à cause du traumatisme.
- Speaker #1
Donc, il ne peut plus faire son boulot, quoi.
- Speaker #0
Exactement. Il peut fondre en masse et il peut ne plus se contracter comme il faut.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Donc, on peut les suivre sur la rééducation. Et ce qui est de plus en plus pratiqué, c'est un passage aussi en consultation avec la médecine du sport. Il y a beaucoup d'endroits où on commence à avoir des spécialistes de médecine du sport. qui vont tester le patient et lui faire plein de recommandations sur la reprise de son activité adaptée à chaque patient et à chaque sport.
- Speaker #1
D'accord, donc là, énorme place du trio chirurgien, médecin du sport, kiné.
- Speaker #0
Hyper important.
- Speaker #1
Ok, et là aussi les kinés, est-ce qu'ils sont en autonomie sur les protocoles ? Est-ce que les chirurgiens fournissent des protocoles ? J'ai l'impression que c'est assez diffus là aussi. Oui,
- Speaker #0
c'est variable. Je pense que le chirurgien, il a besoin de contrôler, de tout contrôler. Donc souvent, il aime donner un protocole strict. Les kinés, c'est quand même eux les spécialistes de la rééducation. Donc ils savent comment faire les choses. Donc il faut leur laisser une place de liberté.
- Speaker #1
En tout cas, ce que tu veux dire, c'est que ça peut être parfois un peu conflictuel.
- Speaker #0
Ça peut l'être, mais il faut vite arrêter ça, parce que le but du jeu, c'est que le patient aille bien. En gros, il faut que le patient comprenne que ça va être de la rééducation trois à cinq fois par semaine. Une heure à deux heures par jour, s'il ne le fait pas, ça ne va pas bien se passer.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui peut ne pas bien se passer ?
- Speaker #0
Il ne compense pas en refaisant du muscle, il ne fait pas de la proprioception.
- Speaker #1
Donc l'instabilité persiste malgré la prise en charge chirurgicale.
- Speaker #0
Voilà, et il va recasser le ligament croisé.
- Speaker #1
Ok, bon, donc rééducation hyper importante. À fond. Super, quel est l'avenir de ce genou en général ? Arthrose, perte d'amplitude articulaire ?
- Speaker #0
Alors, la question est très judicieuse. Et aussi, si on n'opère pas ? Si on n'opère pas, c'est un genou instable qui va s'user plus vite. Il y a beaucoup d'études maintenant qui montrent qu'il va s'user tellement vite qu'on va aller à l'arthrose prématurée.
- Speaker #1
Donc prothèse, chirurgie forcée. Grosse malchance de finir en chirurgie.
- Speaker #0
Parce que pour le genou, pour l'arthrose, on ne sait pas recréer du cartilage. Donc on peut donner des antidouleurs, on peut faire de la rééducation, mais à un moment on passe à la prothèse. On aime bien repousser le moment de la prothèse. Ensuite, si on opère, quels sont les risques ? Il y a toujours l'infection, un risque qui est plutôt faible sur les arthroscopies. sur les patients jeunes, sur ce type de chirurgie. La diminution des amplitudes articulaires dont tu parlais, normalement, si c'est travaillé en kiné, ça se passe bien. On a une complication qui s'appelle le cyclope syndrome, qui peut venir buter et empêcher d'avoir une extension complète. Ce n'est pas grave, on peut le voir cliniquement. Il repose sur quoi ?
- Speaker #1
Qu'est-ce qui ne va pas dans ce moment-là ? Alors,
- Speaker #0
on a des idées sur pourquoi. Il peut y avoir la malposition du greffon au pas antérieur, donc il vient gêner. Il peut y avoir aussi la rétraction des chaînes postérieures. Il peut y avoir une réaction cicatricielle inflammatoire autour du ligament. Au final, ce n'est pas très grave pour le patient parce que ça se passe bien. On peut l'opérer. En fait, on va nettoyer un peu en refaisant deux petits trous pour l'arthroscopie. Et les patients y récupèrent bien.
- Speaker #1
Globalement, les études montrent que la prise en charge chirurgicale amène à un meilleur état de santé du genou au long terme.
- Speaker #0
Oui, on pense, et en tout cas, c'est ce qui se montre, qu'on irait moins vers l'arthrose ou en tout cas, on irait plus tard. OK, mais bon. on le sait, une rupture du ligament croisé et une chirurgie augmentera quand même le risque d'arthrose par rapport aux autres.
- Speaker #1
Merci pour ce focus et puis à bientôt pour d'autres anomalies orthopédiques. Merci beaucoup. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt !