Description

Plongez dans cet épisode passionnant consacré à un problème méconnu mais fréquent : la fracture de fatigue chez les sportifs.

Lien de l’épisode en bio 😊

▶️ Avec le Dr Guillaume Tiphène, découvrez les causes de cette pathologie, souvent confondue avec d’autres douleurs banales comme la périostite, et apprenez à identifier ses premiers signes.

🧩 Cet épisode explore les facteurs de risque, des carences en vitamine D aux erreurs d’entraînement, et propose des pistes concrètes pour prévenir ces fractures et les traiter efficacement.

🦴 IRM, nutrition, repos ou parfois intervention chirurgicale, chaque cas est unique. À travers des exemples concrets, le Dr Tiphène offre une vision claire et accessible sur un enjeu de santé crucial pour les sportifs, amateurs comme professionnels.

😏 Un épisode riche en conseils, essentiel pour comprendre et protéger son corps face aux contraintes du sport. À écouter sans attendre pour allier performance et santé !

#podcastsanté #fracture #medecinedusport

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

• Speaker #0

  Épisode Focus !

• Speaker #1

  Bienvenue dans Médecins qui étuent, le podcast qui vous plonge dans l'univers captivant du monde médical. Chaque épisode vous offre un regard intime sur la vie des médecins, leurs défis dans le monde professionnel et leurs passions en dehors des salles de consultation. Je m'appelle Maxime Garcia, bienvenue et bonne écoute ! Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui L'ÉTU, un épisode focus aujourd'hui sur la fracture de fatigue chez le sportif. On fait ça avec le docteur Guillaume Tiffen. Bonjour Guillaume.

• Speaker #0

  Salut à tous.

• Speaker #1

  La fracture de fatigue chez le sportif, donc on va commencer par la fracture de fatigue. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est ?

• Speaker #0

  Oui bien sûr. Alors finalement ça correspond à une rupture de l'homéostasie, de l'équilibre entre la dégradation et la synthèse osseuse. Finalement quand on... Quand on court, quand on marche, il y a une dégradation osseuse. C'est vraiment une structure en mouvement. La fracture de fatigue correspond finalement à une rupture de cet équilibre entre la production qui se fait en défaveur de la destruction osseuse.

• Speaker #1

  Donc il n'y a pas d'élément traumatique franc qu'on peut retrouver dans la fracture habituelle ?

• Speaker #0

  Tout à fait. Il ne faut vraiment pas le confondre avec la fracture classique. que tout le monde entend. La fracture de fatigue, c'est un contexte, nous, dans notre langage médical, on dit que c'est du micro-traumatique, c'est-à-dire que c'est une douleur qui apparaît progressivement, donc à la pratique sportive, qui est due à une addition de traumatismes qui ne sont pas douloureux pris isolément.

• Speaker #1

  D'accord. On dit, chez le sportif, il met en contrainte de façon trop forte son corps ?

• Speaker #0

  Oui, tout à fait. En fait, ce qui est très important, notamment nous, dans... Quand on va faire le diagnostic, ça ne touche jamais des sportifs très occasionnels. Il faut un minimum de pratique et ça va concerner une zone anatomique qui correspond au sport pratiqué. En course à pied, qui est quand même un sport extrêmement pourvoyeur de fractures de fatigue, les études disent qu'il faut un minimum de 40 km hebdomadaires. Alors évidemment, ce n'est pas une science exacte. Rien n'est... Et puis,

• Speaker #1

  ce n'est pas sur une semaine aussi ? C'est 40 km hebdomadaires sur une durée qui a été identifiée ou pas ?

• Speaker #0

  Non, non. Il faut que ce soit quand même sur une durée assez longue, évidemment. Et puis, il y a tellement de facteurs externes à ça, de facteurs favorisants, on va en parler. Mais en tout cas, ça touche le pratiquant régulier.

• Speaker #1

  D'accord. Quels vont être les symptômes d'une fracture de fatigue chez le sportif ?

• Speaker #0

  Le symptôme d'alarme, c'est la douleur. Malheureusement, parfois, on peut assez souvent tourner autour du diagnostic. Mais la plainte numéro un du patient, c'est ça.

• Speaker #1

  Pourquoi on tourne autour du diagnostic ? Parce que la douleur n'est pas franche comme une fracture habituelle ?

• Speaker #0

  Il y a des diagnostics différentiels. On va prendre un exemple qui illustre ça. C'est sur les fractures de fatigue du tibia. En fait, le coureur à pied, très souvent, c'est très fréquent d'avoir une douleur sur le tibia, sur la crête. tibial antérieur. Et il y a une pathologie qui est très connue, c'est la périostite. Et en fait, c'est extrêmement fréquent qu'une fracture de fatigue est prise initialement pour une périostite.

• Speaker #1

  Parce qu'en matin, c'est une séance de stats, et donc on priorise la chose la plus fréquente.

• Speaker #0

  Tout à fait. Le diagnostic de la périostite, il est clinique. C'est une pathologie qui est très fréquente. Quelqu'un qui court, il a mal au tibia, on va lui dire... c'est une périostite et on va s'arrêter là. Le danger, c'est qu'en fait, le traitement, ce n'est pas le même. La fracture de fatigue, par contre, son diagnostic n'est pas clinique.

• Speaker #1

  En tout cas, d'après ce que tu dis, la douleur peut se confondre avec une périostite. Donc, on n'est pas sur des intensités maximales comme on a sur des fractures standards. Oui, exactement. Est-ce qu'on a des facteurs de risque de faire une fracture de fatigue chez le sportif, quand on a tel ou tel facteur de risque ?

• Speaker #0

  Oui.

• Speaker #1

  Au-delà de la pratique du sport ?

• Speaker #0

  Déjà, en termes de fréquence, il y en a plus chez la femme que chez l'homme. Il a été décrit également dans la littérature que les sujets de grande taille étaient plus à risque. Les patients fumeurs,

• Speaker #1

  tabagiques.

• Speaker #0

  Après, évidemment, il y a des facteurs nutritionnels qu'il faudra toujours pister. Donc le principal, c'est le déficit en vitamine D.

• Speaker #1

  OK.

• Speaker #0

  Voilà, globalement, c'est les grands facteurs de risque.

• Speaker #1

  D'accord. Comment on fait pour déceler une fracture de fatigue chez le sportif ?

• Speaker #0

  Alors, il faut toujours faire une radio. C'est notre examen complémentaire qu'il faut toujours faire. Malheureusement, dans la majorité des cas, on loupe la fracture de fatigue avec la radio. Aujourd'hui, l'examen le plus pertinent pour une fracture de fatigue, c'est l'IRM. L'IRM, c'est un examen qui parfois nécessite beaucoup de délais. Il y a certaines zones qui manquent d'IRM avec des délais très longs. On peut faire des scintigraphies également. Mais le couple le plus pertinent, c'est le couple radio-IRM.

• Speaker #1

  D'accord, avec une radio qui ne montre pas au début quelconque signe osseux alors que la fracture est là ?

• Speaker #0

  Alors parfois en fait on ne la voit pas initialement à la radio et on peut s'aider de marqueurs. Moi ma petite technique c'est de scotcher un trombone un centimètre au-dessus ou un centimètre en dessous de la zone, notamment pour le tibia et en fait avec la radio on s'aide de ce repère et parfois on peut réussir à... Mais quand c'est des phases très débutantes de fracture de fatigue, on a des signes à l'IRM qui ne sont pas du tout visibles à la radio.

• Speaker #1

  D'accord. Le problème, c'est que si on ne décèle pas la fracture, est-ce que le patient se met en danger ?

• Speaker #0

  Tout à fait. Alors déjà, la douleur devient de plus en plus importante. Finalement, la plupart du temps, quand même, il y a... un examen complémentaire qui arrive, on découvre. Souvent, il faut quand même, on en parlera plus tard, mais il faut un repos assez important. Donc, les gens, au départ, s'arrêtent sur une période courte à moyennement longue. Et finalement, cette période ne suffit pas. attarir les douleurs. Et bien sûr, il y a des risques qui sont très importants parce que si la fracture s'aggrave, après, on peut avoir des conséquences fonctionnelles, on peut avoir des cicatrisations et des guérisons qui sont allongées avec potentiellement une pseudarthrose et avec des séquelles à long terme.

• Speaker #1

  Ok. Comment est-ce que tu la traites alors quand tu as décelé cette fracture de fatigue chez les sportifs ?

• Speaker #0

  Le principal... traitement, c'est le repos, mais il faut vraiment consulter un médecin, un médecin du sport, un rééducateur, un orthopédiste, peu importe, parce qu'il y a certains types, certaines localisations de fractures de fatigue qui doivent bénéficier d'un traitement chirurgical.

• Speaker #1

  Tu peux nous dire lesquelles notamment ?

• Speaker #0

  En fait, on va séparer les fractures qui sont à risque de déplacement secondaire. et les fractures de fatigue qui sont à risque de non-consolidation. Par exemple, au niveau de la base du cinquième métatarsien, il y a un tendon qui s'insère, le tendon courfibulaire. Et en fait, le repos peut parfois ne pas suffire, parce que même dans la vie de tous les jours, on va exercer une contrainte sur ces structures osseuses. Et donc, il y a de fortes chances qu'il y ait... pas de consolidation. Il y a d'autres types de fractures, notamment celle du naviculaire, celle de la corticale intérieure du tibia. Mais après, c'est vraiment très spécifique. Et ça dépend du trait de fracture. Ça dépend aussi de la pratique sportive du patient. Un triple sauteur qui a une fracture de la corticale intérieure du tibia, surtout s'il est international. Oui, la plupart... ils vont se faire repérer donc c'est aussi dépendant de ça mais voilà il faut vraiment garder en tête que parfois le traitement est chirurgical et la majorité quand même c'est un traitement fonctionnel c'est à dire que on a le droit de poser le pied quand c'est le membre inférieur et le repos c'est entre 6 à 12 semaines bon plutôt 12 quand même Et puis évidemment, nous, notre boulot, c'est d'éliminer... Tous les facteurs qui vont favoriser la fracture de fatigue, il faut les corriger.

• Speaker #1

  Quels sont-ils ?

• Speaker #0

  Si vous avez une fracture de fatigue, il faut absolument que vous ayez un dosage de calcium et de vitamine D. Aujourd'hui, c'est vrai que c'est un petit peu la mode d'arrêter les produits laitiers, pour des raisons parfois qui sont tout à fait entendables, l'intolérance au lactose, tout ça. Mais aujourd'hui, la plus grande source de vitamine D, c'est le lait, c'est le fromage. Donc bon, il faut doser la vitamine D, il faut manger sainement et surtout, il faut pister cette carence. Parce que la carence en calcium et en vitamine D, elle doit être supplémentée. Moi, il y a quelques jours, j'ai vu en consultation un patient qui en était à sa deuxième fracture de fatigue en trois ans. Il n'a jamais eu de dosage, je l'ai dosé. Il avait 7 de vitamine D pour une norme inférieure en fonction des laboratoires qui est entre 20 et 30. Avec une carence comme ça, en fait, on ne peut pas avoir une pratique...

• Speaker #1

  Et c'est un sportif d'âge... Adulte ou une personne âgée qui fait du sport ?

• Speaker #0

  Non, c'est un adulte de 25 ans de niveau national.

• Speaker #1

  Pourquoi est-ce qu'il se retrouve comme ça en hypovitaminose D ?

• Speaker #0

  J'avoue que je n'ai pas trop trouvé de cause pour lui.

• Speaker #1

  Il y a des explorations à faire, mais il n'y a pas une pratique ou en tout cas des attitudes chez le sportif qui peuvent entraîner une mise en danger du sportif ?

• Speaker #0

  C'était un demi-fondeur qui... qui avaient cette obsession d'être très sec, d'avoir une masse grasse très faible. Malheureusement, c'est un peu l'obsession du sportif qui fait du demi-fond. C'est sûr qu'il faut avoir une masse grasse qui soit très raisonnable.

• Speaker #1

  Une éviction des produits laitiers ?

• Speaker #0

  Éviction, pas loin. Disons qu'ils vont réduire drastiquement leur consommation de fromage ou de yaourt parce qu'ils vont assimiler ça à... à des aliments qui peuvent éventuellement engendrer une prise de poids. Et donc, la diminution de cette consommation fait partie des éléments qui donnent des hypovitamines D.

• Speaker #1

  D'accord. Ok, c'est très intéressant parce qu'on a envisagé, quand tu as dit que tu avais retrouvé la vitamine D dans les chaussettes, on a envisagé la personne âgée, en fait, pas que. Tout à fait. Est-ce qu'on arrive à leur faire retrouver une hygiène de vie satisfaisante ? avec une sorte d'écoute d'eux-mêmes pour ne pas retomber dans leur travers ? Parce qu'en général, ils sont dans une pratique assez intense en termes de volume horaire. C'est toujours difficile de demander à quelqu'un de réduire la voilure, de changer son alimentation, etc. Ils récidivent en général ?

• Speaker #0

  Non, parce que ça engendre... Déjà, le mot fracture fait peur quand même. Et puis, ça engendre une période de repos qui est importante. Donc, quelqu'un qui fait une fracture de fatigue, qui va être immobilisé trois mois, on va lui dire, bon, là, je pense que tu as fait des erreurs. Peut-être que c'est du surentraînement. Peut-être que c'est un matériel inadapté. Peut-être que c'est un défaut d'alimentation. En fait, il ne va absolument pas vouloir revivre ces trois mois d'arrêt minimum. Donc, en fait, de facto, il va corriger tout ça.

• Speaker #1

  D'accord. Ok, très intéressant. Guillaume, merci beaucoup, c'était très clair. A bientôt pour un nouvel épisode. Merci Guillaume.

• Speaker #0

  Avec plaisir.

• Speaker #1

  Voilà, c'était un épisode de Med5E. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette, comme ça vous serez averti de la sortie de nouveaux épisodes. A bientôt.