Speaker #0Tim Tim, bois sec, yé cric, yé crac, est-ce que la cour dort ? Non, la cour ne dort pas. Yé, mysticric, yé, mysticrac. Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Mes Sorties Culture. Connaissez-vous le double lien entre le tableau "le serment des ancêtres" et le Louvre ? Écoutez jusqu'à la fin pour le découvrir. Aujourd'hui... Je vais vous parler des Antilles et du Prix de Rome. Vous pouvez retrouver le visuel sur internet, entre autres sur nos tartines de culture. Le lien vers l'article est dans la description. Guillaume Guillon-Lethière, enfant naturel d'une esclave affranchie et de Pierre Guillon, fonctionnaire royal, naît en Guadeloupe en 1760. Présentant des dispositions pour la peinture, son père l'emmène en France en 1774. Il est reçu au prix de Rome en 1784 avec son tableau religieux « La Cananéenne au pied de Jésus-Christ » . Sa carrière est lancée. Il est exposé très régulièrement au Salon. Ingres lui tire le portrait en 1815. Il est nommé à différents postes : directeur de l'Académie de France à Rome en 1811, membre de l'Institut en 1820, professeur à l'École des Beaux-Arts en 1818, Il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur en 1818. Les thèmes de son abondante œuvre sont résolument académiques et classiques. Religion, mythologie, histoire, portrait. Son tableau "La patrie en danger" fait référence à la mobilisation militaire de 1793 pour défendre la toute jeune République française en réponse à l'entrée en guerre de la Prusse et de l'Autriche contre la France. Dans une ville, les hommes partent pour sauver le pays. Cette levée en masse suscite un fort mécontentement paysan et provoque des émeutes, entraînant notamment les guerres de Vendée. Avant de parler de son chef-d'œuvre, "le serment des ancêtres", un peu d'histoire. En 1801, Toussaint Louverture publie une constitution proclamant l'autonomie de Saint-Domingue, riche colonie française. Napoléon veut en finir avec les généraux noirs et mulâtres. Il y envoie le général Leclerc qui arrive en 1802 à la tête d'une puissante expédition militaire composée d'une flotte impressionnante : 23 vaisseaux et 21 frégates transportent 31 000 hommes. Les Français arrivent à vaincre Toussaint l'ouverture et à l'emprisonner en France. Mais ils doivent alors affronter Jean-Jacques Dessalines, son principal lieutenant, qui parvient à contraindre l'armée française à se rendre. Il est considéré comme le père de l'indépendance de Haïti, proclamée le 1er janvier 1804. Mais l'indépendance ne s'est pas jouée si facilement. Alexandre Pétion, fils d'un riche colon français et d'une mulatresse, est envoyé à Paris pour étudier à l'Académie militaire. Pendant la guerre d'indépendance, il rejoint le parti mulâtre contre le général Toussaint Louverture. Mais, en 1802, une alliance pour chasser les troupes françaises est signée entre Jean-Jacques Dessalines, le noir, né dans l'esclavage, et Alexandre Pétion, le mulâtre. Elle intervient peu après l'annonce du rétablissement de l'esclavage décidé par Napoléon. Le serment des ancêtres datant de 1822 narre cette rencontre historique. Est-ce que la cour dort ? Non, la cour ne dort pas. Tim Tim, bois sec ! C'est le seul tableau où Guillaume Léthière, premier homme de couleur à s'imposer dans le monde de la peinture occidentale, évoque ses origines. Il spécifie pour la première fois dans sa carrière, à côté de sa signature, la mention « Né à la Guadeloupe » , manifestant sa solidarité avec la jeune République noire d'Haïti. Le peintre est au courant de l'humiliation et de la fin tragique de Toussaint Louverture. De plus, du fait de leurs origines, son ami le général Alexandre Dumas et lui-même subissent le racisme et ses conséquences. Il doit montrer dans une œuvre la grandeur de ce peuple auquel il appartient. Le serment des ancêtres est une allégorie. En effet, Pétion et Dessalines ne se sont pas retrouvés autour d'un tel autel pour faire ce serment. Le personnage à la barbe blanche descendant du ciel, entrouvant les bras en direction des deux officiers, identifié par le mot Yahvé, écrit en caractère hébraïque au-dessus de sa tête, est Dieu bénissant Haïti. Des chaînes brisées sous les pieds des deux hommes disent leur victoire sur l'esclavage et sur la stèle la mention « l'union fait la force » est la devise de Haïti. Ce tableau connaît une bien curieuse destinée. Offert à Haïti, transporté clandestinement, il arrive à Port-au-Prince en mars 1823. Disparu depuis la fin du XIXe siècle, il est retrouvé en 1991 dans la cathédrale de la capitale haïtienne et restauré à Paris par le Louvre. Exposé au Louvre, puis à l'Unesco, puis en Guadeloupe, il rentre enfin à Haïti en 1998 où il est déposé au Palais national. À la suite du tremblement de terre de 2010, retrouvé par les pompiers français dans les ruines du Palais présidentiel, il est de nouveau restauré au Louvre et rendu à Haïti. Je vous remercie pour votre écoute. J'espère que cette découverte culturelle vous a plu. Je vous invite à aller sur la plateforme d'écoute de votre choix pour nous laisser 5 étoiles ou un avis. Nous nous retrouverons dans deux semaines pour un nouvel épisode. Abonnez-vous à notre podcast « Mes sorties culture » pour ne rater aucun épisode. D'ici là, vous pouvez aller sur le site web messortiesculture.com pour trouver des visites guidées pour découvrir notre patrimoine culturel et aussi répondre à nos #mardidevinette et à nos #énigmeduvendredi toutes les semaines sur Instagram et Facebook. Tous les liens sont dans la description. A bientôt !