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Mosaïque Salsa

03. Le mambo On2, d'où ça vient ?

03. Le mambo On2, d'où ça vient ?

20min |03/06/2024
Play
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03. Le mambo On2, d'où ça vient ?

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Description

Dans ce troisième épisode, je reçois Mouaze, une figure marquante de la salsa parisienne. Professeur et artiste renommé, il s'est notamment formé auprès de Eddie Torres et nous raconte comment ce dernier a participé au rayonnement du Mambo on2. Découvrez les origines de cette danse et son évolution au fil des années. Merci à Mouaze pour ce partage !


Musique

Dolce - Cushy



Si tu as aimé cette épisode, n’hésite pas à soutenir le podcast en laissant une note, un commentaire et en le partageant sur tes réseaux ! Tu peux aussi t’abonner et suivre la page Instragram : https://www.instagram.com/mosaiquesalsa?utm_source=qr&igsh=Z3k1ODFmN20wdGth

 

Bonne écoute et à bientôt !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Manon 1

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoriquaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon, et sur cet épisode, je t'invite à découvrir la naissance de la salsa en tant que danse, et plus particulièrement celle que l'on nomme Break On2, issue du New York Style. Cet épisode a été enregistré dans des conditions un peu spéciales. Le bruit de fond que tu entends n'est autre que la musique du Sully, soirée parisienne incontournable du dimanche soir. C'est là-bas que je suis partie à la rencontre de Mouaze, fondateur et pédagogue reconnu de la Bakido Dance School à Paris et organisateur du PISC, avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Mouaze !

  • Mouaze

    Hello, hello, comment tu vas ?

  • Manon

    Ça va et toi ?

  • Mouaze

    Ça va très bien.

  • Manon

    Je te laisse te présenter rapidement.

  • Mouaze

    Pas de problème, moi c'est Mouaze Konaté. Et je fais de la salsa depuis un bon grand nombre d'année, ça fait plus de 25 ans au moins. Et c'est vrai que j'enseigne sur le 2, le cha-cha-cha, et que c'est quelque chose qui me passionne énormément et c'est ma vie tout simplement. Et donc voilà, pour les présentations, c'est ça à peu près.

  • Manon

    Tu commençais à parler, tu dis que tu enseignes sur le 2. Oui. Donc le On2, qu'est-ce que c'est pour toi et surtout d'où ça vient ?

  • Mouaze

    Alors en fait il y a vraiment plusieurs tempos, sur lesquels les gens dansent, que ce soit après les styles aussi, mais si on parle que de la Portoricaine, il y a le fait de danser sur le 1, il y a le fait de danser sur le 2. Donc le fait de danser sur le 2, c'est Eddie Torres de New York qui a développé vraiment le step de cette manière, enfin c'est une autre manière de le danser, mais le Mambo On 2, comme on l'appelle, avec le démarrage sur le 1 puis le 2, ça c'est vraiment la méthode Eddie Torres qui ensuite s'est propagée dans d'autres également écoles, mais tout le syllabus des shines et tout ça, qui a permis d'avoir tous les enseignants qui peuvent enseigner la même chose, avec après des dérivés, mais avec une base bien propre. C'est vraiment M. Eddie Torres, le Mambo King de New York.

  • Manon

    Je sais que tu l'as côtoyé, que tu t'es formé auprès de lui. C'est vrai. Est-ce que tu sais à ce moment-là, qu'est-ce qui s'est passé en fait dans sa tête ? Est-ce que les gens dansaient déjà un peu sur le 2 ? Est-ce que tu sais comment ils s'y sont pris ? En fait.

  • Mouaze

    Il m'a un petit peu expliqué parce que, je prend, j'ai pris beaucoup de temps, comme j'y allais chaque année pendant de longues périodes. J'ai eu le privilège de l'avoir un petit peu en privé, et d'aborder beaucoup de discussions de ce genre. Et c'est vrai qu'il m'a fait comprendre que lui, quand il a démarré, son but c'était de développer au maximum la danse. Donc il est parti à fond. Sa rencontre aussi avec le Tito Puente, ça lui a beaucoup apporté. Parce que Tito lui a dit que justement il voulait collaborer. C'est pour ça qu'il est monté sur scène beaucoup de fois avec l'orchestre de Tito Puente. Pour pouvoir mettre en avant la danse, qui était assez nouveau à l'époque, donc progressivement avec la famille All-Stars et beaucoup de groupes, ils sont montés sur la scène avec sa femme et le groupe de l'époque de Eddie Torres. Et c'est vrai que son but c'était vraiment de pouvoir développer un syllabus, une méthode qui puisse traverser les âges, traverser les années et qu'on puisse toujours danser à n'importe quel moment. Et n'importe où dans le monde d'ailleurs, grâce à ce petit bouquin qu'il avait à l'époque, c'était des feuilles avec marqué des numéros, où tu avais tous les shines qui étaient écrits. Évidemment, il fallait connaître parce qu'il fallait décoder ce que ça voulait dire. Mais ça a permis vraiment d'avoir une super grosse base et qu'aujourd'hui, ce style Mambo est présent et tout le monde peut développer quelque chose de vraiment intéressant, avoir des écoles, avoir des élèves, grâce à cette base.

  • Manon

    En fait, si je comprends bien, le fait de codifier, oui c'est ça de codifier cette danse, c'était une manière de la rendre universelle et de développer.

  • Mouaze

    Exactement. Comme il le dit lui-même, toutes les danses qui sont tribales, qu'on a n'importe où, que ce soit en Espagne, que ce soit en Afrique, même au Pérou ou n'importe où, si les gens dansent dans un petit village et que la personne qui dansait devient grand-père et qu'il trépasse, qu'il n'est plus de ce monde, eh bien s'il n'y a rien, il n'y a pas d'écrit, et que les petits-enfants n'y voyaient pas d'intérêt, eh bien cette danse se perd.

  • Manon

    Il a fait ce beau travail.

  • Mouaze

    De se dire "C'était hors de question que ça se perde." Il y avait vraiment ce gros travail qui a permis d'avoir ce qu'on a aujourd'hui.

  • Manon

    Et toi aujourd'hui, entre le moment où tu as appris, où tu es tombé là-dedans, et aujourd'hui, est-ce qu'il y a des grosses évolutions à ton sens qui se sont passées vraiment en termes de danse, au niveau du style, ou est-ce qu'on a encore le répertoire intact ?

  • Mouaze

    Alors il y a un peu de tout, parce que la salsa, justement, c'est la sauce c'est libre. Donc on se retrouve avec une façon de voir les choses totalement différente. Mais moi j'ai une mentalité un peu bouddhiste donc par rapport à ma façon de voir les choses. Je comprends et j'accepte les différences. Je trouve ça tout à fait normal qu'elles soient là. Et par rapport à ça justement, ces différences elles sont là. Donc il y a des gens qui vont être à fond sur le On2, qui vont apprendre la structure, la base, nickel. D'autres qui vont sortir du hip-hop, du jazz ou de n'importe où et qui vont prendre des petites brides et qui vont tricoter dessus et on va se retrouver avec des styles qui ne sont pas totalement, techniquement propre comme on dirait, mais que ça passe quand même. Et après, cette diversité fait que la salsa n'a pas l'exigence et le blocage qu'on pourrait avoir dans une danse académique. Et donc, on laisse ces choses-là exister. Ce qui fait qu'on se retrouve dans un univers où aujourd'hui, on peut voir beaucoup de choses qui ne sont pas forcément sur une base strict de Eddie Torres même de d'autres...

  • Manon

    Moins puristes, en fait.

  • Mouaze

    Moins puristes, mais qui sont quand même très riches et intéressantes à voir et à développer. Voilà, moi, j'ai vraiment choisi ma voie parce que... Je viens de l'école martiale, j'ai fait des arts martiaux pendant beaucoup beaucoup d'années. Et dans mon éducation, dans ma façon d'être, il faut passer par le cursus scolaire, apprentissage, comme les grades, voila on monte progressivement.

  • Manon

    C'est comme ça que tu as construit ta pédagogie ?

  • Mouaze

    Exactement, ce qui me permet aujourd'hui, grâce à ma pédagogie qui vient également de mon enseignement dans les arts martiaux, j'ai bossé le brevet d'éducateur sportif, donc j'ai une connaissance déjà de l'enseignement, et de là je l'ai approfondie encore plus pour la transférer pour la salsa, sachant que la salsa ce n'est pas un art martial, on n'est pas là pour se mettre des coups et la rigueur n'est pas la même. Au contraire, il faut que ça soit dans le fun, que la pédagogie soit donnée, mais il faut que les gens aient toujours envie et que ce soit vraiment agréable à revenir danser. Car les gens sortent du boulot et quand ils viennent en soirée, c'est pour ça. On a le côté professionnel, mais on a beaucoup, surtout à Paris, en France, le côté loisir. Ça il ne faut pas l'oublier.

  • Manon

    Et là tu vois, Eddie Torres, il y a son fils qui est très présent là ces dernières années. Et donc on va arriver petit à petit à une deuxième génération, dans quelques années à une troisième génération. Est-ce que tu as le sentiment qu'on arrive à garder ce répertoire de base ? Est-ce qu'il est intact ?

  • Mouaze

    C'est pas mal. Ça va ? Oui, que ce soit Eddie Torres Junior, que ce soit d'autres danseurs qui sont connus et qui font partie justement des danseurs qui ont travaillé avec Eddie Torres pendant des années. Toutes ces petites disparités, ces antennes, ces satellites de partout, permettent de garder cette connaissance technique et des noms, des enchaînements et tout ça. Donc oui, on garde et en même temps on évolue. Ça veut dire que des choses qui se faisaient à l'époque, sur des façons de tenir sa main, sur des placements, sont encore mieux aujourd'hui développées voilà. Après, des choses toutes simples qui rendent jolies, des fois, oui, quand on rentre dans des compétitions, ou dans une certaine façon de danser, on perd l'authenticité, la simplicité du mouvement. Mais comme j'ai dit, c'est un mélange. Il faut accepter qu'on va se retrouver avec des gens qui vont justement nous surprendre par leur façon de voir la chose et de la danser. Et je trouve ça tellement plaisant que ça serait dommage justement de vouloir s'en priver, de bloquer ça.

  • Manon

    Est-ce que tu sais à l'époque comment c'est arrivé jusqu'à nous, jusqu'en France ? J'imagine que toi tu as contribué bien sûr à ça. Oui. Mais comment ça a traversé l'Atlantique ?

  • Mouaze

    En fait, je pense que tout ce qui est événement, congrès emmène les gens qui sont passionnés par la salsa dans le sens large du terme, même s'ils ne connaissaient pas le 2, à l'époque, surtout à Paris, en France que la cubaine d'ailleurs quand on parlait de Porto de portoricaine, on parlait de romantica avec des gestuels un petit peu caricaturaux. Tout ça, c'était l'époque, c'était normal. Et le temps que ça arrive, effectivement, ça a été difficile au début. Il n'y avait pas autant de médias pour voir les choses à travers son téléphone. Donc, il fallait faire le voyage. C'est ce que j'ai fait pendant toutes ces années-là. Que ce soit à Porto Rico ou à New York, j'ai beaucoup voyagé. Mais c'est vrai que ça arrivait chez nous par le biais de professeurs qui aimaient ça, qui sont venus enseigner. Il y a quelques écoles qui sont reconnues et qui ont permis ça à l'époque. Et c'est comme ça que ça a pris du temps. Même si ce n'était pas exactement le même style, c'était quand même un style, une forme de formation plus stricte, plus correcte dans le mouvement. Un peu comme les anciens qui dansaient toutes les danses de salon. C'était un apprentissage. Et ces gens-là ne dansaient pas une danse au hasard. Ils apprenaient tous les pas du foxtrot, du paso doble. C'était normal.

  • Manon

    Oui, oui, oui.

  • Mouaze

    Mais cette danse-là, ce n'est pas la même chose que la danse urbaine, que la danse, pour s'amuser, en clubbing. Donc, c'est vrai que le temps de faire comprendre ça, ce n'est pas évident. Parce qu'on a souvent l'impression que les danses à deux apprises sont des danses plus pour les anciens et non pour les jeunes qui eux sont plus dans le mouvement de s'éclater sur de la house music. Donc voilà, ce transfert-là s'est fait tout doucement, et le goût a pris, la passion a pris par les spectacles, par les gens qui ont vu les gens danser à deux et que ça rendait vachement bien. Et tout doucement, on est passé de la cubaine à la portoricaine sur le 1, à la portoricaine sur le 2, et ainsi de suite. Moi, je suis très content.

  • Manon

    Mais ça paraît être vraiment un tour de force, en fait, de se dire, allez, je vais un petit peu décrire une méthode, en tout cas, donner des noms à des pas, dire, je passe mon pied comme ça trois fois, c'est un Suzy-Q, etc. Après, de se montrer sur scène et de faire en sorte que ça diffuse dans le monde entier, je trouve que c'est... C'est énorme. Et finalement, on n'a pas tant de temps que ça, parce qu'on ne parle pas de...

  • Mouaze

    Non, on parle de quoi ? 30, 40 ans ?

  • Manon

    C'est ça, c'est fou le rayonnement que ça a eu.

  • Mouaze

    Sachant qu'effectivement, le Mambo king, tient bien son nom après il y a des polémiques, mais il ne devrait pas y en avoir. Parce que, encore une fois, je refais référence aux arts martiaux, un maître, ça restera toujours le maître que sa jambe se lève plus ce n'est pas le propos. Ce n'est pas sur sa capacité technique de faire un mouvement. C'est sur son enseignement. C'est sur ce qu'il a procuré, ce qu'il a donné. C'est quelque chose qui ne se remplace pas. Et c'est de là qu'il faut bien comprendre que même si les danseurs, ensuite, sont très forts, on ne peut pas prendre la place du maître.

  • Manon

    C'est l'héritage.

  • Mouaze

    C'est l'héritage. Cette non-compréhension de ça. C'est de ne pas tout simplement comprendre ce que c'est la transmission d'un savoir. Et ce que cette personne a donné, M. Eddie Torres, on le fait déjà, mais il ne faudrait pas l'oublier de lui faire des hommages chaque année. Je pense qu'il a permis à des millions de personnes à vivre une vie qu'ils auraient vécue autrement.

  • Manon

    Tu trouves que ça se perd un petit peu cette notion-là, ou en tout cas cette reconnaissance ?

  • Mouaze

    Oui, je pense que l'être humain, tout simplement, avec... la tendance d'aujourd'hui à perdre certaines valeurs. Les humains oublient d'où ils viennent. Oublient d'avoir ce respect et cette humilité face aux anciens, face à ceux qui leur ont apporté quelque chose. C'est ce côté-là. Je pense surtout que si une éducation n'est pas faite avec certaines... certaines notions, certaines valeurs, c'est normal. On peut même pas en vouloir à la personne de ne pas les avoir, parce qu'elle n'est pas passée par ce cursus, elle ne les a pas compris. Après, on peut toujours se développer soi-même. C'est pour ça que le développement personnel, si on passe par là, est très important, parce qu'il permet à un individu d'être un autre individu, parce qu'il le veut lui-même, non parce que les autres le demandent ou pas. C'est une volonté qu'on a soi-même de passer à un level au-dessus.

  • Manon

    Mais là, ce que tu dis, je trouve que c'est intéressant parce qu'en fait, je trouve qu'il y a aussi une transmission qui se fait en cours, enfin en France, dans les différentes écoles, etc. Mais finalement, on vient apprendre de la danse et le temps dédié à expliquer un peu d'où ça vient, etc., il n'est pas forcément pris et les gens aussi qui viennent faire des cours ne viennent pas forcément pour ça au début, en tout cas.

  • Mouaze

    Oui, c'est tout un art l'enseignement. Il faut savoir jongler sur les deux vitrines. Il faut donner du plaisir aux gens assez simple et à la fois, divulguer tout doucement un savoir avec des informations très importantes mais à petite dose, ça dépend du cours qu'on a après, si vous êtes des élèves avancés, on peut rentrer dans des choses beaucoup plus complexes sur la spiritualité, sur la façon de se comporter, de danser à deux, sur la subtilité d'un mouvement, d'où il vient, pourquoi on fait comme ça, le ressenti. On développe tellement de choses. C'est pour ça qu'un enseignant, un professeur, quand il enseigne ces choses-là, ce n'est pas le step qui vient d'enseigner. C'est un savoir, c'est l'essence même d'un mouvement. Et ça, c'est une reconnaissance que les gens doivent toujours avoir. Le professeur que je suis ne le demande pas et c'est pas pour moi que la personne doit le faire c'est pour elle-même parce que sa propre évolution va être liée à ça à sa façon de percevoir ce qu'on lui a donné et la façon de le remercier, de s'en remercier soi-même et de remercier l'autre indirectement

  • Manon

    Et là aujourd'hui dans la manière avec laquelle tu enseignes qu'est-ce que tu as gardé de Eddie Torres ou est-ce qu'il y a quelque chose qui t'a marqué où tu t'es dit ça c'est brillant j'ai besoin de ça pour permettre aussi à la salsa de diffuser en France.

  • Mouaze

    Alors, la chose particulière qu'il faut comprendre, c'est Eddie Torres essaie de faire l'enseignement qui correspond vraiment à un mélange à la fois caribéen, latino, et également technique, propre, américaine. Donc, ce mélange-là fait que... Ce qui est important, ce que moi j'ai compris avec les années où je suis passé là-bas, où je l'ai regardé non-stop, j'étais dans les cours débutants, intermédiaires, avancés, pour comprendre l'essence même de comment être transmuté, c'est vraiment ça. Ça veut dire faire un simple pas, par exemple, le pas international qui s'appelle le Suzy-Q, quand on le fait, on ne fait pas uniquement un pas. On doit le ressentir de l'intérieur. La façon dont on bouge ce mouvement-là doit être ressentie. Et si on construit tout ça, ça, ça comme ça, ça nous amène à être dedans réellement, et pas uniquement faire la technique. Ce dedans-là, la personne qui ne sait pas danser, en général, sait le faire. Parce qu'il va se lâcher d'une manière libre et il va ressentir. Ça se voit dans sa manière de bouger. Et c'est dès qu'on rentre dans un exercice technique, on a tendance à perdre ça. On a tendance à s'immobiliser et à ne plus avoir le flux énergétique dans le corps qui continue à vivre. Et c'est ce mélange des deux choses qu'il faut avoir. Sans rentrer dans des choses complexes dans l'explication, comme je suis en train de le faire là. Dans le cours, en tout cas pour l'élève, dans le cours, avoir tout à fait un autre discours. Donc ça veut dire... même pas à lui dire ça, mais lui faire ressentir en lui demandant de bouger les épaules, de faire une sortie de buste, faire des tout petits gestes, de la musicalité sur un morceau simple, marquer un break, ça, ça fait développer cette chose-là.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu peux me raconter ce qui t'a accroché quand tu as commencé la salsa ? Qu'est-ce qui a fait que tu es resté et que tu es encore là aujourd'hui ?

  • Mouaze

    Alors, ce n'est pas la même chose qui m'a fait démarrer et qui me fait rester aujourd'hui. La chose qui m'a fait démarrer, c'est tout simplement l'envie. Vu que j'étais un sportif de haut niveau en karaté, je ressentais au bout d'un moment quand même la sensation d'être fermé. Pourtant j'étais ouvert avec mes amis, mais fermé dans l'émotionnel intérieur. Donc retenir ses émotions, attention à l'attitude, pour pouvoir être vraiment dans l'esprit martial, ce qui était normal. Mais j'avais ce besoin, autre, de ressentir ce plaisir, cette danse. De l'exprimer. Et l'échange homme-femme, on ne va pas se le cacher, est différent que l'échange homme-homme dans un combat. Donc ça a aidé. Et j'ai trouvé ce rapport à deux. danser à deux, pas dans un nightclub où on est tous en train de bouger tout seul, presque, même si on est avec des amis. Ce rapport vraiment à deux, de danser avec quelqu'un, de guider l'autre et de ce ressenti-là, j'ai trouvé ça, au début, tellement en rapport avec les arts martiaux sur cette collection, même si on... D'accord. Voilà, que ça m'a intéressé, ne serait-ce que par l'aspect technique, le challenge de pouvoir faire ces choses-là.

  • Manon

    Ça a piqué ta curiosité ?

  • Mouaze

    Voilà. Et j'ai eu la chance de rencontrer quand même des gens sur mon passage, une,une... Une fille formidable qui ressemblait à une gitane à l'époque, l'un des endroits où j'allais, qui était le Balajo à cette époque-là. Et elle m'a invité à danser sur des cours où je n'avais pas de partenaire. Et vraiment, vraiment, elle a été très patiente avec moi quand je venais de démarrer. Et ça m'a donné encore plus goût. Elle m'a montré des écoles si j'avais envie de prendre des cours de danse. Et c'est de là que j'ai fait le transfert sur une simple boîte à des cours en école de danse. J'ai commencé comme ça.

  • Manon

    Et comment tu avais atterri au Balajo ?

  • Mouaze

    Le hasard de sortir justement pour souffler, prendre l'air, pour aller dans des endroits où ça danse un petit peu. Mon père écoutait de la salsa, mon père dansait de la salsa au Sénégal, à Dakar. Donc j'ai toujours eu de la salsa dans l'oreille, mais je n'aimais pas ça, mais vraiment pas du tout. J'écoutais tout à fait autre chose, de la house music, de la funk, voilà mais au bout d'un moment, de toute façon c'était rentré dans mon système nerveux. Donc à force, à force, à force, c'est revenu. Ça t'a rattrapé ? Et j'ai commencé à prendre goût. il a... Il n'a pas loupé le coche pour me dire. Alors, ça va ? Mais pourquoi aujourd'hui j'y suis resté ? Parce que je trouve ça tellement enrichissant. Je dis d'ailleurs sur mon site internet, je marque ma première face, c'est la salsa, bien plus qu'une danse, un art de vivre. C'est-à-dire que justement, le parallèle avec les arts martiaux, les valeurs que ça donne, le plaisir qu'on a à l'échange avec une autre personne, et l'apprentissage avec des gens totalement différents, la sociabilisation qu'on apprend à avoir, c'est énorme. Alors en tant que professeur c'est encore pire parce qu'on a devant soi des gens qui sont de toutes cultures, de toutes origines, de toutes façons de voir les choses, c'est un gros challenge. Plus ou moins à l'aise avec leur corps. Exactement, ou l'inverse, trop à l'aise et voilà, qu'il faut essayer de recentrer et toutes ces choses-là, je trouve ça tellement intéressant et voilà. Tu t'ennuies pas ? Moi je m'ennuie jamais, je suis dedans, je sors toujours en soirée danser. Je kiffe ma life !

  • Manon

    On va rester sur ça ! Merci Mouaze !

  • Mouaze

    Merci Manon, merci à toi !

  • Manon 1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode t'a plu. Tu retrouveras les différentes références en barre d'infos. Apprendre les pas est une première étape. Connecter avec son ou sa partenaire de danse en est une seconde. Et c'est justement le thème qu'a choisi d'aborder Carole dans l'épisode suivant. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

Description

Dans ce troisième épisode, je reçois Mouaze, une figure marquante de la salsa parisienne. Professeur et artiste renommé, il s'est notamment formé auprès de Eddie Torres et nous raconte comment ce dernier a participé au rayonnement du Mambo on2. Découvrez les origines de cette danse et son évolution au fil des années. Merci à Mouaze pour ce partage !


Musique

Dolce - Cushy



Si tu as aimé cette épisode, n’hésite pas à soutenir le podcast en laissant une note, un commentaire et en le partageant sur tes réseaux ! Tu peux aussi t’abonner et suivre la page Instragram : https://www.instagram.com/mosaiquesalsa?utm_source=qr&igsh=Z3k1ODFmN20wdGth

 

Bonne écoute et à bientôt !


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Transcription

  • Manon 1

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoriquaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon, et sur cet épisode, je t'invite à découvrir la naissance de la salsa en tant que danse, et plus particulièrement celle que l'on nomme Break On2, issue du New York Style. Cet épisode a été enregistré dans des conditions un peu spéciales. Le bruit de fond que tu entends n'est autre que la musique du Sully, soirée parisienne incontournable du dimanche soir. C'est là-bas que je suis partie à la rencontre de Mouaze, fondateur et pédagogue reconnu de la Bakido Dance School à Paris et organisateur du PISC, avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Mouaze !

  • Mouaze

    Hello, hello, comment tu vas ?

  • Manon

    Ça va et toi ?

  • Mouaze

    Ça va très bien.

  • Manon

    Je te laisse te présenter rapidement.

  • Mouaze

    Pas de problème, moi c'est Mouaze Konaté. Et je fais de la salsa depuis un bon grand nombre d'année, ça fait plus de 25 ans au moins. Et c'est vrai que j'enseigne sur le 2, le cha-cha-cha, et que c'est quelque chose qui me passionne énormément et c'est ma vie tout simplement. Et donc voilà, pour les présentations, c'est ça à peu près.

  • Manon

    Tu commençais à parler, tu dis que tu enseignes sur le 2. Oui. Donc le On2, qu'est-ce que c'est pour toi et surtout d'où ça vient ?

  • Mouaze

    Alors en fait il y a vraiment plusieurs tempos, sur lesquels les gens dansent, que ce soit après les styles aussi, mais si on parle que de la Portoricaine, il y a le fait de danser sur le 1, il y a le fait de danser sur le 2. Donc le fait de danser sur le 2, c'est Eddie Torres de New York qui a développé vraiment le step de cette manière, enfin c'est une autre manière de le danser, mais le Mambo On 2, comme on l'appelle, avec le démarrage sur le 1 puis le 2, ça c'est vraiment la méthode Eddie Torres qui ensuite s'est propagée dans d'autres également écoles, mais tout le syllabus des shines et tout ça, qui a permis d'avoir tous les enseignants qui peuvent enseigner la même chose, avec après des dérivés, mais avec une base bien propre. C'est vraiment M. Eddie Torres, le Mambo King de New York.

  • Manon

    Je sais que tu l'as côtoyé, que tu t'es formé auprès de lui. C'est vrai. Est-ce que tu sais à ce moment-là, qu'est-ce qui s'est passé en fait dans sa tête ? Est-ce que les gens dansaient déjà un peu sur le 2 ? Est-ce que tu sais comment ils s'y sont pris ? En fait.

  • Mouaze

    Il m'a un petit peu expliqué parce que, je prend, j'ai pris beaucoup de temps, comme j'y allais chaque année pendant de longues périodes. J'ai eu le privilège de l'avoir un petit peu en privé, et d'aborder beaucoup de discussions de ce genre. Et c'est vrai qu'il m'a fait comprendre que lui, quand il a démarré, son but c'était de développer au maximum la danse. Donc il est parti à fond. Sa rencontre aussi avec le Tito Puente, ça lui a beaucoup apporté. Parce que Tito lui a dit que justement il voulait collaborer. C'est pour ça qu'il est monté sur scène beaucoup de fois avec l'orchestre de Tito Puente. Pour pouvoir mettre en avant la danse, qui était assez nouveau à l'époque, donc progressivement avec la famille All-Stars et beaucoup de groupes, ils sont montés sur la scène avec sa femme et le groupe de l'époque de Eddie Torres. Et c'est vrai que son but c'était vraiment de pouvoir développer un syllabus, une méthode qui puisse traverser les âges, traverser les années et qu'on puisse toujours danser à n'importe quel moment. Et n'importe où dans le monde d'ailleurs, grâce à ce petit bouquin qu'il avait à l'époque, c'était des feuilles avec marqué des numéros, où tu avais tous les shines qui étaient écrits. Évidemment, il fallait connaître parce qu'il fallait décoder ce que ça voulait dire. Mais ça a permis vraiment d'avoir une super grosse base et qu'aujourd'hui, ce style Mambo est présent et tout le monde peut développer quelque chose de vraiment intéressant, avoir des écoles, avoir des élèves, grâce à cette base.

  • Manon

    En fait, si je comprends bien, le fait de codifier, oui c'est ça de codifier cette danse, c'était une manière de la rendre universelle et de développer.

  • Mouaze

    Exactement. Comme il le dit lui-même, toutes les danses qui sont tribales, qu'on a n'importe où, que ce soit en Espagne, que ce soit en Afrique, même au Pérou ou n'importe où, si les gens dansent dans un petit village et que la personne qui dansait devient grand-père et qu'il trépasse, qu'il n'est plus de ce monde, eh bien s'il n'y a rien, il n'y a pas d'écrit, et que les petits-enfants n'y voyaient pas d'intérêt, eh bien cette danse se perd.

  • Manon

    Il a fait ce beau travail.

  • Mouaze

    De se dire "C'était hors de question que ça se perde." Il y avait vraiment ce gros travail qui a permis d'avoir ce qu'on a aujourd'hui.

  • Manon

    Et toi aujourd'hui, entre le moment où tu as appris, où tu es tombé là-dedans, et aujourd'hui, est-ce qu'il y a des grosses évolutions à ton sens qui se sont passées vraiment en termes de danse, au niveau du style, ou est-ce qu'on a encore le répertoire intact ?

  • Mouaze

    Alors il y a un peu de tout, parce que la salsa, justement, c'est la sauce c'est libre. Donc on se retrouve avec une façon de voir les choses totalement différente. Mais moi j'ai une mentalité un peu bouddhiste donc par rapport à ma façon de voir les choses. Je comprends et j'accepte les différences. Je trouve ça tout à fait normal qu'elles soient là. Et par rapport à ça justement, ces différences elles sont là. Donc il y a des gens qui vont être à fond sur le On2, qui vont apprendre la structure, la base, nickel. D'autres qui vont sortir du hip-hop, du jazz ou de n'importe où et qui vont prendre des petites brides et qui vont tricoter dessus et on va se retrouver avec des styles qui ne sont pas totalement, techniquement propre comme on dirait, mais que ça passe quand même. Et après, cette diversité fait que la salsa n'a pas l'exigence et le blocage qu'on pourrait avoir dans une danse académique. Et donc, on laisse ces choses-là exister. Ce qui fait qu'on se retrouve dans un univers où aujourd'hui, on peut voir beaucoup de choses qui ne sont pas forcément sur une base strict de Eddie Torres même de d'autres...

  • Manon

    Moins puristes, en fait.

  • Mouaze

    Moins puristes, mais qui sont quand même très riches et intéressantes à voir et à développer. Voilà, moi, j'ai vraiment choisi ma voie parce que... Je viens de l'école martiale, j'ai fait des arts martiaux pendant beaucoup beaucoup d'années. Et dans mon éducation, dans ma façon d'être, il faut passer par le cursus scolaire, apprentissage, comme les grades, voila on monte progressivement.

  • Manon

    C'est comme ça que tu as construit ta pédagogie ?

  • Mouaze

    Exactement, ce qui me permet aujourd'hui, grâce à ma pédagogie qui vient également de mon enseignement dans les arts martiaux, j'ai bossé le brevet d'éducateur sportif, donc j'ai une connaissance déjà de l'enseignement, et de là je l'ai approfondie encore plus pour la transférer pour la salsa, sachant que la salsa ce n'est pas un art martial, on n'est pas là pour se mettre des coups et la rigueur n'est pas la même. Au contraire, il faut que ça soit dans le fun, que la pédagogie soit donnée, mais il faut que les gens aient toujours envie et que ce soit vraiment agréable à revenir danser. Car les gens sortent du boulot et quand ils viennent en soirée, c'est pour ça. On a le côté professionnel, mais on a beaucoup, surtout à Paris, en France, le côté loisir. Ça il ne faut pas l'oublier.

  • Manon

    Et là tu vois, Eddie Torres, il y a son fils qui est très présent là ces dernières années. Et donc on va arriver petit à petit à une deuxième génération, dans quelques années à une troisième génération. Est-ce que tu as le sentiment qu'on arrive à garder ce répertoire de base ? Est-ce qu'il est intact ?

  • Mouaze

    C'est pas mal. Ça va ? Oui, que ce soit Eddie Torres Junior, que ce soit d'autres danseurs qui sont connus et qui font partie justement des danseurs qui ont travaillé avec Eddie Torres pendant des années. Toutes ces petites disparités, ces antennes, ces satellites de partout, permettent de garder cette connaissance technique et des noms, des enchaînements et tout ça. Donc oui, on garde et en même temps on évolue. Ça veut dire que des choses qui se faisaient à l'époque, sur des façons de tenir sa main, sur des placements, sont encore mieux aujourd'hui développées voilà. Après, des choses toutes simples qui rendent jolies, des fois, oui, quand on rentre dans des compétitions, ou dans une certaine façon de danser, on perd l'authenticité, la simplicité du mouvement. Mais comme j'ai dit, c'est un mélange. Il faut accepter qu'on va se retrouver avec des gens qui vont justement nous surprendre par leur façon de voir la chose et de la danser. Et je trouve ça tellement plaisant que ça serait dommage justement de vouloir s'en priver, de bloquer ça.

  • Manon

    Est-ce que tu sais à l'époque comment c'est arrivé jusqu'à nous, jusqu'en France ? J'imagine que toi tu as contribué bien sûr à ça. Oui. Mais comment ça a traversé l'Atlantique ?

  • Mouaze

    En fait, je pense que tout ce qui est événement, congrès emmène les gens qui sont passionnés par la salsa dans le sens large du terme, même s'ils ne connaissaient pas le 2, à l'époque, surtout à Paris, en France que la cubaine d'ailleurs quand on parlait de Porto de portoricaine, on parlait de romantica avec des gestuels un petit peu caricaturaux. Tout ça, c'était l'époque, c'était normal. Et le temps que ça arrive, effectivement, ça a été difficile au début. Il n'y avait pas autant de médias pour voir les choses à travers son téléphone. Donc, il fallait faire le voyage. C'est ce que j'ai fait pendant toutes ces années-là. Que ce soit à Porto Rico ou à New York, j'ai beaucoup voyagé. Mais c'est vrai que ça arrivait chez nous par le biais de professeurs qui aimaient ça, qui sont venus enseigner. Il y a quelques écoles qui sont reconnues et qui ont permis ça à l'époque. Et c'est comme ça que ça a pris du temps. Même si ce n'était pas exactement le même style, c'était quand même un style, une forme de formation plus stricte, plus correcte dans le mouvement. Un peu comme les anciens qui dansaient toutes les danses de salon. C'était un apprentissage. Et ces gens-là ne dansaient pas une danse au hasard. Ils apprenaient tous les pas du foxtrot, du paso doble. C'était normal.

  • Manon

    Oui, oui, oui.

  • Mouaze

    Mais cette danse-là, ce n'est pas la même chose que la danse urbaine, que la danse, pour s'amuser, en clubbing. Donc, c'est vrai que le temps de faire comprendre ça, ce n'est pas évident. Parce qu'on a souvent l'impression que les danses à deux apprises sont des danses plus pour les anciens et non pour les jeunes qui eux sont plus dans le mouvement de s'éclater sur de la house music. Donc voilà, ce transfert-là s'est fait tout doucement, et le goût a pris, la passion a pris par les spectacles, par les gens qui ont vu les gens danser à deux et que ça rendait vachement bien. Et tout doucement, on est passé de la cubaine à la portoricaine sur le 1, à la portoricaine sur le 2, et ainsi de suite. Moi, je suis très content.

  • Manon

    Mais ça paraît être vraiment un tour de force, en fait, de se dire, allez, je vais un petit peu décrire une méthode, en tout cas, donner des noms à des pas, dire, je passe mon pied comme ça trois fois, c'est un Suzy-Q, etc. Après, de se montrer sur scène et de faire en sorte que ça diffuse dans le monde entier, je trouve que c'est... C'est énorme. Et finalement, on n'a pas tant de temps que ça, parce qu'on ne parle pas de...

  • Mouaze

    Non, on parle de quoi ? 30, 40 ans ?

  • Manon

    C'est ça, c'est fou le rayonnement que ça a eu.

  • Mouaze

    Sachant qu'effectivement, le Mambo king, tient bien son nom après il y a des polémiques, mais il ne devrait pas y en avoir. Parce que, encore une fois, je refais référence aux arts martiaux, un maître, ça restera toujours le maître que sa jambe se lève plus ce n'est pas le propos. Ce n'est pas sur sa capacité technique de faire un mouvement. C'est sur son enseignement. C'est sur ce qu'il a procuré, ce qu'il a donné. C'est quelque chose qui ne se remplace pas. Et c'est de là qu'il faut bien comprendre que même si les danseurs, ensuite, sont très forts, on ne peut pas prendre la place du maître.

  • Manon

    C'est l'héritage.

  • Mouaze

    C'est l'héritage. Cette non-compréhension de ça. C'est de ne pas tout simplement comprendre ce que c'est la transmission d'un savoir. Et ce que cette personne a donné, M. Eddie Torres, on le fait déjà, mais il ne faudrait pas l'oublier de lui faire des hommages chaque année. Je pense qu'il a permis à des millions de personnes à vivre une vie qu'ils auraient vécue autrement.

  • Manon

    Tu trouves que ça se perd un petit peu cette notion-là, ou en tout cas cette reconnaissance ?

  • Mouaze

    Oui, je pense que l'être humain, tout simplement, avec... la tendance d'aujourd'hui à perdre certaines valeurs. Les humains oublient d'où ils viennent. Oublient d'avoir ce respect et cette humilité face aux anciens, face à ceux qui leur ont apporté quelque chose. C'est ce côté-là. Je pense surtout que si une éducation n'est pas faite avec certaines... certaines notions, certaines valeurs, c'est normal. On peut même pas en vouloir à la personne de ne pas les avoir, parce qu'elle n'est pas passée par ce cursus, elle ne les a pas compris. Après, on peut toujours se développer soi-même. C'est pour ça que le développement personnel, si on passe par là, est très important, parce qu'il permet à un individu d'être un autre individu, parce qu'il le veut lui-même, non parce que les autres le demandent ou pas. C'est une volonté qu'on a soi-même de passer à un level au-dessus.

  • Manon

    Mais là, ce que tu dis, je trouve que c'est intéressant parce qu'en fait, je trouve qu'il y a aussi une transmission qui se fait en cours, enfin en France, dans les différentes écoles, etc. Mais finalement, on vient apprendre de la danse et le temps dédié à expliquer un peu d'où ça vient, etc., il n'est pas forcément pris et les gens aussi qui viennent faire des cours ne viennent pas forcément pour ça au début, en tout cas.

  • Mouaze

    Oui, c'est tout un art l'enseignement. Il faut savoir jongler sur les deux vitrines. Il faut donner du plaisir aux gens assez simple et à la fois, divulguer tout doucement un savoir avec des informations très importantes mais à petite dose, ça dépend du cours qu'on a après, si vous êtes des élèves avancés, on peut rentrer dans des choses beaucoup plus complexes sur la spiritualité, sur la façon de se comporter, de danser à deux, sur la subtilité d'un mouvement, d'où il vient, pourquoi on fait comme ça, le ressenti. On développe tellement de choses. C'est pour ça qu'un enseignant, un professeur, quand il enseigne ces choses-là, ce n'est pas le step qui vient d'enseigner. C'est un savoir, c'est l'essence même d'un mouvement. Et ça, c'est une reconnaissance que les gens doivent toujours avoir. Le professeur que je suis ne le demande pas et c'est pas pour moi que la personne doit le faire c'est pour elle-même parce que sa propre évolution va être liée à ça à sa façon de percevoir ce qu'on lui a donné et la façon de le remercier, de s'en remercier soi-même et de remercier l'autre indirectement

  • Manon

    Et là aujourd'hui dans la manière avec laquelle tu enseignes qu'est-ce que tu as gardé de Eddie Torres ou est-ce qu'il y a quelque chose qui t'a marqué où tu t'es dit ça c'est brillant j'ai besoin de ça pour permettre aussi à la salsa de diffuser en France.

  • Mouaze

    Alors, la chose particulière qu'il faut comprendre, c'est Eddie Torres essaie de faire l'enseignement qui correspond vraiment à un mélange à la fois caribéen, latino, et également technique, propre, américaine. Donc, ce mélange-là fait que... Ce qui est important, ce que moi j'ai compris avec les années où je suis passé là-bas, où je l'ai regardé non-stop, j'étais dans les cours débutants, intermédiaires, avancés, pour comprendre l'essence même de comment être transmuté, c'est vraiment ça. Ça veut dire faire un simple pas, par exemple, le pas international qui s'appelle le Suzy-Q, quand on le fait, on ne fait pas uniquement un pas. On doit le ressentir de l'intérieur. La façon dont on bouge ce mouvement-là doit être ressentie. Et si on construit tout ça, ça, ça comme ça, ça nous amène à être dedans réellement, et pas uniquement faire la technique. Ce dedans-là, la personne qui ne sait pas danser, en général, sait le faire. Parce qu'il va se lâcher d'une manière libre et il va ressentir. Ça se voit dans sa manière de bouger. Et c'est dès qu'on rentre dans un exercice technique, on a tendance à perdre ça. On a tendance à s'immobiliser et à ne plus avoir le flux énergétique dans le corps qui continue à vivre. Et c'est ce mélange des deux choses qu'il faut avoir. Sans rentrer dans des choses complexes dans l'explication, comme je suis en train de le faire là. Dans le cours, en tout cas pour l'élève, dans le cours, avoir tout à fait un autre discours. Donc ça veut dire... même pas à lui dire ça, mais lui faire ressentir en lui demandant de bouger les épaules, de faire une sortie de buste, faire des tout petits gestes, de la musicalité sur un morceau simple, marquer un break, ça, ça fait développer cette chose-là.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu peux me raconter ce qui t'a accroché quand tu as commencé la salsa ? Qu'est-ce qui a fait que tu es resté et que tu es encore là aujourd'hui ?

  • Mouaze

    Alors, ce n'est pas la même chose qui m'a fait démarrer et qui me fait rester aujourd'hui. La chose qui m'a fait démarrer, c'est tout simplement l'envie. Vu que j'étais un sportif de haut niveau en karaté, je ressentais au bout d'un moment quand même la sensation d'être fermé. Pourtant j'étais ouvert avec mes amis, mais fermé dans l'émotionnel intérieur. Donc retenir ses émotions, attention à l'attitude, pour pouvoir être vraiment dans l'esprit martial, ce qui était normal. Mais j'avais ce besoin, autre, de ressentir ce plaisir, cette danse. De l'exprimer. Et l'échange homme-femme, on ne va pas se le cacher, est différent que l'échange homme-homme dans un combat. Donc ça a aidé. Et j'ai trouvé ce rapport à deux. danser à deux, pas dans un nightclub où on est tous en train de bouger tout seul, presque, même si on est avec des amis. Ce rapport vraiment à deux, de danser avec quelqu'un, de guider l'autre et de ce ressenti-là, j'ai trouvé ça, au début, tellement en rapport avec les arts martiaux sur cette collection, même si on... D'accord. Voilà, que ça m'a intéressé, ne serait-ce que par l'aspect technique, le challenge de pouvoir faire ces choses-là.

  • Manon

    Ça a piqué ta curiosité ?

  • Mouaze

    Voilà. Et j'ai eu la chance de rencontrer quand même des gens sur mon passage, une,une... Une fille formidable qui ressemblait à une gitane à l'époque, l'un des endroits où j'allais, qui était le Balajo à cette époque-là. Et elle m'a invité à danser sur des cours où je n'avais pas de partenaire. Et vraiment, vraiment, elle a été très patiente avec moi quand je venais de démarrer. Et ça m'a donné encore plus goût. Elle m'a montré des écoles si j'avais envie de prendre des cours de danse. Et c'est de là que j'ai fait le transfert sur une simple boîte à des cours en école de danse. J'ai commencé comme ça.

  • Manon

    Et comment tu avais atterri au Balajo ?

  • Mouaze

    Le hasard de sortir justement pour souffler, prendre l'air, pour aller dans des endroits où ça danse un petit peu. Mon père écoutait de la salsa, mon père dansait de la salsa au Sénégal, à Dakar. Donc j'ai toujours eu de la salsa dans l'oreille, mais je n'aimais pas ça, mais vraiment pas du tout. J'écoutais tout à fait autre chose, de la house music, de la funk, voilà mais au bout d'un moment, de toute façon c'était rentré dans mon système nerveux. Donc à force, à force, à force, c'est revenu. Ça t'a rattrapé ? Et j'ai commencé à prendre goût. il a... Il n'a pas loupé le coche pour me dire. Alors, ça va ? Mais pourquoi aujourd'hui j'y suis resté ? Parce que je trouve ça tellement enrichissant. Je dis d'ailleurs sur mon site internet, je marque ma première face, c'est la salsa, bien plus qu'une danse, un art de vivre. C'est-à-dire que justement, le parallèle avec les arts martiaux, les valeurs que ça donne, le plaisir qu'on a à l'échange avec une autre personne, et l'apprentissage avec des gens totalement différents, la sociabilisation qu'on apprend à avoir, c'est énorme. Alors en tant que professeur c'est encore pire parce qu'on a devant soi des gens qui sont de toutes cultures, de toutes origines, de toutes façons de voir les choses, c'est un gros challenge. Plus ou moins à l'aise avec leur corps. Exactement, ou l'inverse, trop à l'aise et voilà, qu'il faut essayer de recentrer et toutes ces choses-là, je trouve ça tellement intéressant et voilà. Tu t'ennuies pas ? Moi je m'ennuie jamais, je suis dedans, je sors toujours en soirée danser. Je kiffe ma life !

  • Manon

    On va rester sur ça ! Merci Mouaze !

  • Mouaze

    Merci Manon, merci à toi !

  • Manon 1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode t'a plu. Tu retrouveras les différentes références en barre d'infos. Apprendre les pas est une première étape. Connecter avec son ou sa partenaire de danse en est une seconde. Et c'est justement le thème qu'a choisi d'aborder Carole dans l'épisode suivant. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

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Description

Dans ce troisième épisode, je reçois Mouaze, une figure marquante de la salsa parisienne. Professeur et artiste renommé, il s'est notamment formé auprès de Eddie Torres et nous raconte comment ce dernier a participé au rayonnement du Mambo on2. Découvrez les origines de cette danse et son évolution au fil des années. Merci à Mouaze pour ce partage !


Musique

Dolce - Cushy



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Bonne écoute et à bientôt !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Manon 1

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoriquaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon, et sur cet épisode, je t'invite à découvrir la naissance de la salsa en tant que danse, et plus particulièrement celle que l'on nomme Break On2, issue du New York Style. Cet épisode a été enregistré dans des conditions un peu spéciales. Le bruit de fond que tu entends n'est autre que la musique du Sully, soirée parisienne incontournable du dimanche soir. C'est là-bas que je suis partie à la rencontre de Mouaze, fondateur et pédagogue reconnu de la Bakido Dance School à Paris et organisateur du PISC, avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Mouaze !

  • Mouaze

    Hello, hello, comment tu vas ?

  • Manon

    Ça va et toi ?

  • Mouaze

    Ça va très bien.

  • Manon

    Je te laisse te présenter rapidement.

  • Mouaze

    Pas de problème, moi c'est Mouaze Konaté. Et je fais de la salsa depuis un bon grand nombre d'année, ça fait plus de 25 ans au moins. Et c'est vrai que j'enseigne sur le 2, le cha-cha-cha, et que c'est quelque chose qui me passionne énormément et c'est ma vie tout simplement. Et donc voilà, pour les présentations, c'est ça à peu près.

  • Manon

    Tu commençais à parler, tu dis que tu enseignes sur le 2. Oui. Donc le On2, qu'est-ce que c'est pour toi et surtout d'où ça vient ?

  • Mouaze

    Alors en fait il y a vraiment plusieurs tempos, sur lesquels les gens dansent, que ce soit après les styles aussi, mais si on parle que de la Portoricaine, il y a le fait de danser sur le 1, il y a le fait de danser sur le 2. Donc le fait de danser sur le 2, c'est Eddie Torres de New York qui a développé vraiment le step de cette manière, enfin c'est une autre manière de le danser, mais le Mambo On 2, comme on l'appelle, avec le démarrage sur le 1 puis le 2, ça c'est vraiment la méthode Eddie Torres qui ensuite s'est propagée dans d'autres également écoles, mais tout le syllabus des shines et tout ça, qui a permis d'avoir tous les enseignants qui peuvent enseigner la même chose, avec après des dérivés, mais avec une base bien propre. C'est vraiment M. Eddie Torres, le Mambo King de New York.

  • Manon

    Je sais que tu l'as côtoyé, que tu t'es formé auprès de lui. C'est vrai. Est-ce que tu sais à ce moment-là, qu'est-ce qui s'est passé en fait dans sa tête ? Est-ce que les gens dansaient déjà un peu sur le 2 ? Est-ce que tu sais comment ils s'y sont pris ? En fait.

  • Mouaze

    Il m'a un petit peu expliqué parce que, je prend, j'ai pris beaucoup de temps, comme j'y allais chaque année pendant de longues périodes. J'ai eu le privilège de l'avoir un petit peu en privé, et d'aborder beaucoup de discussions de ce genre. Et c'est vrai qu'il m'a fait comprendre que lui, quand il a démarré, son but c'était de développer au maximum la danse. Donc il est parti à fond. Sa rencontre aussi avec le Tito Puente, ça lui a beaucoup apporté. Parce que Tito lui a dit que justement il voulait collaborer. C'est pour ça qu'il est monté sur scène beaucoup de fois avec l'orchestre de Tito Puente. Pour pouvoir mettre en avant la danse, qui était assez nouveau à l'époque, donc progressivement avec la famille All-Stars et beaucoup de groupes, ils sont montés sur la scène avec sa femme et le groupe de l'époque de Eddie Torres. Et c'est vrai que son but c'était vraiment de pouvoir développer un syllabus, une méthode qui puisse traverser les âges, traverser les années et qu'on puisse toujours danser à n'importe quel moment. Et n'importe où dans le monde d'ailleurs, grâce à ce petit bouquin qu'il avait à l'époque, c'était des feuilles avec marqué des numéros, où tu avais tous les shines qui étaient écrits. Évidemment, il fallait connaître parce qu'il fallait décoder ce que ça voulait dire. Mais ça a permis vraiment d'avoir une super grosse base et qu'aujourd'hui, ce style Mambo est présent et tout le monde peut développer quelque chose de vraiment intéressant, avoir des écoles, avoir des élèves, grâce à cette base.

  • Manon

    En fait, si je comprends bien, le fait de codifier, oui c'est ça de codifier cette danse, c'était une manière de la rendre universelle et de développer.

  • Mouaze

    Exactement. Comme il le dit lui-même, toutes les danses qui sont tribales, qu'on a n'importe où, que ce soit en Espagne, que ce soit en Afrique, même au Pérou ou n'importe où, si les gens dansent dans un petit village et que la personne qui dansait devient grand-père et qu'il trépasse, qu'il n'est plus de ce monde, eh bien s'il n'y a rien, il n'y a pas d'écrit, et que les petits-enfants n'y voyaient pas d'intérêt, eh bien cette danse se perd.

  • Manon

    Il a fait ce beau travail.

  • Mouaze

    De se dire "C'était hors de question que ça se perde." Il y avait vraiment ce gros travail qui a permis d'avoir ce qu'on a aujourd'hui.

  • Manon

    Et toi aujourd'hui, entre le moment où tu as appris, où tu es tombé là-dedans, et aujourd'hui, est-ce qu'il y a des grosses évolutions à ton sens qui se sont passées vraiment en termes de danse, au niveau du style, ou est-ce qu'on a encore le répertoire intact ?

  • Mouaze

    Alors il y a un peu de tout, parce que la salsa, justement, c'est la sauce c'est libre. Donc on se retrouve avec une façon de voir les choses totalement différente. Mais moi j'ai une mentalité un peu bouddhiste donc par rapport à ma façon de voir les choses. Je comprends et j'accepte les différences. Je trouve ça tout à fait normal qu'elles soient là. Et par rapport à ça justement, ces différences elles sont là. Donc il y a des gens qui vont être à fond sur le On2, qui vont apprendre la structure, la base, nickel. D'autres qui vont sortir du hip-hop, du jazz ou de n'importe où et qui vont prendre des petites brides et qui vont tricoter dessus et on va se retrouver avec des styles qui ne sont pas totalement, techniquement propre comme on dirait, mais que ça passe quand même. Et après, cette diversité fait que la salsa n'a pas l'exigence et le blocage qu'on pourrait avoir dans une danse académique. Et donc, on laisse ces choses-là exister. Ce qui fait qu'on se retrouve dans un univers où aujourd'hui, on peut voir beaucoup de choses qui ne sont pas forcément sur une base strict de Eddie Torres même de d'autres...

  • Manon

    Moins puristes, en fait.

  • Mouaze

    Moins puristes, mais qui sont quand même très riches et intéressantes à voir et à développer. Voilà, moi, j'ai vraiment choisi ma voie parce que... Je viens de l'école martiale, j'ai fait des arts martiaux pendant beaucoup beaucoup d'années. Et dans mon éducation, dans ma façon d'être, il faut passer par le cursus scolaire, apprentissage, comme les grades, voila on monte progressivement.

  • Manon

    C'est comme ça que tu as construit ta pédagogie ?

  • Mouaze

    Exactement, ce qui me permet aujourd'hui, grâce à ma pédagogie qui vient également de mon enseignement dans les arts martiaux, j'ai bossé le brevet d'éducateur sportif, donc j'ai une connaissance déjà de l'enseignement, et de là je l'ai approfondie encore plus pour la transférer pour la salsa, sachant que la salsa ce n'est pas un art martial, on n'est pas là pour se mettre des coups et la rigueur n'est pas la même. Au contraire, il faut que ça soit dans le fun, que la pédagogie soit donnée, mais il faut que les gens aient toujours envie et que ce soit vraiment agréable à revenir danser. Car les gens sortent du boulot et quand ils viennent en soirée, c'est pour ça. On a le côté professionnel, mais on a beaucoup, surtout à Paris, en France, le côté loisir. Ça il ne faut pas l'oublier.

  • Manon

    Et là tu vois, Eddie Torres, il y a son fils qui est très présent là ces dernières années. Et donc on va arriver petit à petit à une deuxième génération, dans quelques années à une troisième génération. Est-ce que tu as le sentiment qu'on arrive à garder ce répertoire de base ? Est-ce qu'il est intact ?

  • Mouaze

    C'est pas mal. Ça va ? Oui, que ce soit Eddie Torres Junior, que ce soit d'autres danseurs qui sont connus et qui font partie justement des danseurs qui ont travaillé avec Eddie Torres pendant des années. Toutes ces petites disparités, ces antennes, ces satellites de partout, permettent de garder cette connaissance technique et des noms, des enchaînements et tout ça. Donc oui, on garde et en même temps on évolue. Ça veut dire que des choses qui se faisaient à l'époque, sur des façons de tenir sa main, sur des placements, sont encore mieux aujourd'hui développées voilà. Après, des choses toutes simples qui rendent jolies, des fois, oui, quand on rentre dans des compétitions, ou dans une certaine façon de danser, on perd l'authenticité, la simplicité du mouvement. Mais comme j'ai dit, c'est un mélange. Il faut accepter qu'on va se retrouver avec des gens qui vont justement nous surprendre par leur façon de voir la chose et de la danser. Et je trouve ça tellement plaisant que ça serait dommage justement de vouloir s'en priver, de bloquer ça.

  • Manon

    Est-ce que tu sais à l'époque comment c'est arrivé jusqu'à nous, jusqu'en France ? J'imagine que toi tu as contribué bien sûr à ça. Oui. Mais comment ça a traversé l'Atlantique ?

  • Mouaze

    En fait, je pense que tout ce qui est événement, congrès emmène les gens qui sont passionnés par la salsa dans le sens large du terme, même s'ils ne connaissaient pas le 2, à l'époque, surtout à Paris, en France que la cubaine d'ailleurs quand on parlait de Porto de portoricaine, on parlait de romantica avec des gestuels un petit peu caricaturaux. Tout ça, c'était l'époque, c'était normal. Et le temps que ça arrive, effectivement, ça a été difficile au début. Il n'y avait pas autant de médias pour voir les choses à travers son téléphone. Donc, il fallait faire le voyage. C'est ce que j'ai fait pendant toutes ces années-là. Que ce soit à Porto Rico ou à New York, j'ai beaucoup voyagé. Mais c'est vrai que ça arrivait chez nous par le biais de professeurs qui aimaient ça, qui sont venus enseigner. Il y a quelques écoles qui sont reconnues et qui ont permis ça à l'époque. Et c'est comme ça que ça a pris du temps. Même si ce n'était pas exactement le même style, c'était quand même un style, une forme de formation plus stricte, plus correcte dans le mouvement. Un peu comme les anciens qui dansaient toutes les danses de salon. C'était un apprentissage. Et ces gens-là ne dansaient pas une danse au hasard. Ils apprenaient tous les pas du foxtrot, du paso doble. C'était normal.

  • Manon

    Oui, oui, oui.

  • Mouaze

    Mais cette danse-là, ce n'est pas la même chose que la danse urbaine, que la danse, pour s'amuser, en clubbing. Donc, c'est vrai que le temps de faire comprendre ça, ce n'est pas évident. Parce qu'on a souvent l'impression que les danses à deux apprises sont des danses plus pour les anciens et non pour les jeunes qui eux sont plus dans le mouvement de s'éclater sur de la house music. Donc voilà, ce transfert-là s'est fait tout doucement, et le goût a pris, la passion a pris par les spectacles, par les gens qui ont vu les gens danser à deux et que ça rendait vachement bien. Et tout doucement, on est passé de la cubaine à la portoricaine sur le 1, à la portoricaine sur le 2, et ainsi de suite. Moi, je suis très content.

  • Manon

    Mais ça paraît être vraiment un tour de force, en fait, de se dire, allez, je vais un petit peu décrire une méthode, en tout cas, donner des noms à des pas, dire, je passe mon pied comme ça trois fois, c'est un Suzy-Q, etc. Après, de se montrer sur scène et de faire en sorte que ça diffuse dans le monde entier, je trouve que c'est... C'est énorme. Et finalement, on n'a pas tant de temps que ça, parce qu'on ne parle pas de...

  • Mouaze

    Non, on parle de quoi ? 30, 40 ans ?

  • Manon

    C'est ça, c'est fou le rayonnement que ça a eu.

  • Mouaze

    Sachant qu'effectivement, le Mambo king, tient bien son nom après il y a des polémiques, mais il ne devrait pas y en avoir. Parce que, encore une fois, je refais référence aux arts martiaux, un maître, ça restera toujours le maître que sa jambe se lève plus ce n'est pas le propos. Ce n'est pas sur sa capacité technique de faire un mouvement. C'est sur son enseignement. C'est sur ce qu'il a procuré, ce qu'il a donné. C'est quelque chose qui ne se remplace pas. Et c'est de là qu'il faut bien comprendre que même si les danseurs, ensuite, sont très forts, on ne peut pas prendre la place du maître.

  • Manon

    C'est l'héritage.

  • Mouaze

    C'est l'héritage. Cette non-compréhension de ça. C'est de ne pas tout simplement comprendre ce que c'est la transmission d'un savoir. Et ce que cette personne a donné, M. Eddie Torres, on le fait déjà, mais il ne faudrait pas l'oublier de lui faire des hommages chaque année. Je pense qu'il a permis à des millions de personnes à vivre une vie qu'ils auraient vécue autrement.

  • Manon

    Tu trouves que ça se perd un petit peu cette notion-là, ou en tout cas cette reconnaissance ?

  • Mouaze

    Oui, je pense que l'être humain, tout simplement, avec... la tendance d'aujourd'hui à perdre certaines valeurs. Les humains oublient d'où ils viennent. Oublient d'avoir ce respect et cette humilité face aux anciens, face à ceux qui leur ont apporté quelque chose. C'est ce côté-là. Je pense surtout que si une éducation n'est pas faite avec certaines... certaines notions, certaines valeurs, c'est normal. On peut même pas en vouloir à la personne de ne pas les avoir, parce qu'elle n'est pas passée par ce cursus, elle ne les a pas compris. Après, on peut toujours se développer soi-même. C'est pour ça que le développement personnel, si on passe par là, est très important, parce qu'il permet à un individu d'être un autre individu, parce qu'il le veut lui-même, non parce que les autres le demandent ou pas. C'est une volonté qu'on a soi-même de passer à un level au-dessus.

  • Manon

    Mais là, ce que tu dis, je trouve que c'est intéressant parce qu'en fait, je trouve qu'il y a aussi une transmission qui se fait en cours, enfin en France, dans les différentes écoles, etc. Mais finalement, on vient apprendre de la danse et le temps dédié à expliquer un peu d'où ça vient, etc., il n'est pas forcément pris et les gens aussi qui viennent faire des cours ne viennent pas forcément pour ça au début, en tout cas.

  • Mouaze

    Oui, c'est tout un art l'enseignement. Il faut savoir jongler sur les deux vitrines. Il faut donner du plaisir aux gens assez simple et à la fois, divulguer tout doucement un savoir avec des informations très importantes mais à petite dose, ça dépend du cours qu'on a après, si vous êtes des élèves avancés, on peut rentrer dans des choses beaucoup plus complexes sur la spiritualité, sur la façon de se comporter, de danser à deux, sur la subtilité d'un mouvement, d'où il vient, pourquoi on fait comme ça, le ressenti. On développe tellement de choses. C'est pour ça qu'un enseignant, un professeur, quand il enseigne ces choses-là, ce n'est pas le step qui vient d'enseigner. C'est un savoir, c'est l'essence même d'un mouvement. Et ça, c'est une reconnaissance que les gens doivent toujours avoir. Le professeur que je suis ne le demande pas et c'est pas pour moi que la personne doit le faire c'est pour elle-même parce que sa propre évolution va être liée à ça à sa façon de percevoir ce qu'on lui a donné et la façon de le remercier, de s'en remercier soi-même et de remercier l'autre indirectement

  • Manon

    Et là aujourd'hui dans la manière avec laquelle tu enseignes qu'est-ce que tu as gardé de Eddie Torres ou est-ce qu'il y a quelque chose qui t'a marqué où tu t'es dit ça c'est brillant j'ai besoin de ça pour permettre aussi à la salsa de diffuser en France.

  • Mouaze

    Alors, la chose particulière qu'il faut comprendre, c'est Eddie Torres essaie de faire l'enseignement qui correspond vraiment à un mélange à la fois caribéen, latino, et également technique, propre, américaine. Donc, ce mélange-là fait que... Ce qui est important, ce que moi j'ai compris avec les années où je suis passé là-bas, où je l'ai regardé non-stop, j'étais dans les cours débutants, intermédiaires, avancés, pour comprendre l'essence même de comment être transmuté, c'est vraiment ça. Ça veut dire faire un simple pas, par exemple, le pas international qui s'appelle le Suzy-Q, quand on le fait, on ne fait pas uniquement un pas. On doit le ressentir de l'intérieur. La façon dont on bouge ce mouvement-là doit être ressentie. Et si on construit tout ça, ça, ça comme ça, ça nous amène à être dedans réellement, et pas uniquement faire la technique. Ce dedans-là, la personne qui ne sait pas danser, en général, sait le faire. Parce qu'il va se lâcher d'une manière libre et il va ressentir. Ça se voit dans sa manière de bouger. Et c'est dès qu'on rentre dans un exercice technique, on a tendance à perdre ça. On a tendance à s'immobiliser et à ne plus avoir le flux énergétique dans le corps qui continue à vivre. Et c'est ce mélange des deux choses qu'il faut avoir. Sans rentrer dans des choses complexes dans l'explication, comme je suis en train de le faire là. Dans le cours, en tout cas pour l'élève, dans le cours, avoir tout à fait un autre discours. Donc ça veut dire... même pas à lui dire ça, mais lui faire ressentir en lui demandant de bouger les épaules, de faire une sortie de buste, faire des tout petits gestes, de la musicalité sur un morceau simple, marquer un break, ça, ça fait développer cette chose-là.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu peux me raconter ce qui t'a accroché quand tu as commencé la salsa ? Qu'est-ce qui a fait que tu es resté et que tu es encore là aujourd'hui ?

  • Mouaze

    Alors, ce n'est pas la même chose qui m'a fait démarrer et qui me fait rester aujourd'hui. La chose qui m'a fait démarrer, c'est tout simplement l'envie. Vu que j'étais un sportif de haut niveau en karaté, je ressentais au bout d'un moment quand même la sensation d'être fermé. Pourtant j'étais ouvert avec mes amis, mais fermé dans l'émotionnel intérieur. Donc retenir ses émotions, attention à l'attitude, pour pouvoir être vraiment dans l'esprit martial, ce qui était normal. Mais j'avais ce besoin, autre, de ressentir ce plaisir, cette danse. De l'exprimer. Et l'échange homme-femme, on ne va pas se le cacher, est différent que l'échange homme-homme dans un combat. Donc ça a aidé. Et j'ai trouvé ce rapport à deux. danser à deux, pas dans un nightclub où on est tous en train de bouger tout seul, presque, même si on est avec des amis. Ce rapport vraiment à deux, de danser avec quelqu'un, de guider l'autre et de ce ressenti-là, j'ai trouvé ça, au début, tellement en rapport avec les arts martiaux sur cette collection, même si on... D'accord. Voilà, que ça m'a intéressé, ne serait-ce que par l'aspect technique, le challenge de pouvoir faire ces choses-là.

  • Manon

    Ça a piqué ta curiosité ?

  • Mouaze

    Voilà. Et j'ai eu la chance de rencontrer quand même des gens sur mon passage, une,une... Une fille formidable qui ressemblait à une gitane à l'époque, l'un des endroits où j'allais, qui était le Balajo à cette époque-là. Et elle m'a invité à danser sur des cours où je n'avais pas de partenaire. Et vraiment, vraiment, elle a été très patiente avec moi quand je venais de démarrer. Et ça m'a donné encore plus goût. Elle m'a montré des écoles si j'avais envie de prendre des cours de danse. Et c'est de là que j'ai fait le transfert sur une simple boîte à des cours en école de danse. J'ai commencé comme ça.

  • Manon

    Et comment tu avais atterri au Balajo ?

  • Mouaze

    Le hasard de sortir justement pour souffler, prendre l'air, pour aller dans des endroits où ça danse un petit peu. Mon père écoutait de la salsa, mon père dansait de la salsa au Sénégal, à Dakar. Donc j'ai toujours eu de la salsa dans l'oreille, mais je n'aimais pas ça, mais vraiment pas du tout. J'écoutais tout à fait autre chose, de la house music, de la funk, voilà mais au bout d'un moment, de toute façon c'était rentré dans mon système nerveux. Donc à force, à force, à force, c'est revenu. Ça t'a rattrapé ? Et j'ai commencé à prendre goût. il a... Il n'a pas loupé le coche pour me dire. Alors, ça va ? Mais pourquoi aujourd'hui j'y suis resté ? Parce que je trouve ça tellement enrichissant. Je dis d'ailleurs sur mon site internet, je marque ma première face, c'est la salsa, bien plus qu'une danse, un art de vivre. C'est-à-dire que justement, le parallèle avec les arts martiaux, les valeurs que ça donne, le plaisir qu'on a à l'échange avec une autre personne, et l'apprentissage avec des gens totalement différents, la sociabilisation qu'on apprend à avoir, c'est énorme. Alors en tant que professeur c'est encore pire parce qu'on a devant soi des gens qui sont de toutes cultures, de toutes origines, de toutes façons de voir les choses, c'est un gros challenge. Plus ou moins à l'aise avec leur corps. Exactement, ou l'inverse, trop à l'aise et voilà, qu'il faut essayer de recentrer et toutes ces choses-là, je trouve ça tellement intéressant et voilà. Tu t'ennuies pas ? Moi je m'ennuie jamais, je suis dedans, je sors toujours en soirée danser. Je kiffe ma life !

  • Manon

    On va rester sur ça ! Merci Mouaze !

  • Mouaze

    Merci Manon, merci à toi !

  • Manon 1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode t'a plu. Tu retrouveras les différentes références en barre d'infos. Apprendre les pas est une première étape. Connecter avec son ou sa partenaire de danse en est une seconde. Et c'est justement le thème qu'a choisi d'aborder Carole dans l'épisode suivant. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

Description

Dans ce troisième épisode, je reçois Mouaze, une figure marquante de la salsa parisienne. Professeur et artiste renommé, il s'est notamment formé auprès de Eddie Torres et nous raconte comment ce dernier a participé au rayonnement du Mambo on2. Découvrez les origines de cette danse et son évolution au fil des années. Merci à Mouaze pour ce partage !


Musique

Dolce - Cushy



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Bonne écoute et à bientôt !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Manon 1

    Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoriquaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon, et sur cet épisode, je t'invite à découvrir la naissance de la salsa en tant que danse, et plus particulièrement celle que l'on nomme Break On2, issue du New York Style. Cet épisode a été enregistré dans des conditions un peu spéciales. Le bruit de fond que tu entends n'est autre que la musique du Sully, soirée parisienne incontournable du dimanche soir. C'est là-bas que je suis partie à la rencontre de Mouaze, fondateur et pédagogue reconnu de la Bakido Dance School à Paris et organisateur du PISC, avec qui j'étais ravie de partager cette discussion. Bonjour Mouaze !

  • Mouaze

    Hello, hello, comment tu vas ?

  • Manon

    Ça va et toi ?

  • Mouaze

    Ça va très bien.

  • Manon

    Je te laisse te présenter rapidement.

  • Mouaze

    Pas de problème, moi c'est Mouaze Konaté. Et je fais de la salsa depuis un bon grand nombre d'année, ça fait plus de 25 ans au moins. Et c'est vrai que j'enseigne sur le 2, le cha-cha-cha, et que c'est quelque chose qui me passionne énormément et c'est ma vie tout simplement. Et donc voilà, pour les présentations, c'est ça à peu près.

  • Manon

    Tu commençais à parler, tu dis que tu enseignes sur le 2. Oui. Donc le On2, qu'est-ce que c'est pour toi et surtout d'où ça vient ?

  • Mouaze

    Alors en fait il y a vraiment plusieurs tempos, sur lesquels les gens dansent, que ce soit après les styles aussi, mais si on parle que de la Portoricaine, il y a le fait de danser sur le 1, il y a le fait de danser sur le 2. Donc le fait de danser sur le 2, c'est Eddie Torres de New York qui a développé vraiment le step de cette manière, enfin c'est une autre manière de le danser, mais le Mambo On 2, comme on l'appelle, avec le démarrage sur le 1 puis le 2, ça c'est vraiment la méthode Eddie Torres qui ensuite s'est propagée dans d'autres également écoles, mais tout le syllabus des shines et tout ça, qui a permis d'avoir tous les enseignants qui peuvent enseigner la même chose, avec après des dérivés, mais avec une base bien propre. C'est vraiment M. Eddie Torres, le Mambo King de New York.

  • Manon

    Je sais que tu l'as côtoyé, que tu t'es formé auprès de lui. C'est vrai. Est-ce que tu sais à ce moment-là, qu'est-ce qui s'est passé en fait dans sa tête ? Est-ce que les gens dansaient déjà un peu sur le 2 ? Est-ce que tu sais comment ils s'y sont pris ? En fait.

  • Mouaze

    Il m'a un petit peu expliqué parce que, je prend, j'ai pris beaucoup de temps, comme j'y allais chaque année pendant de longues périodes. J'ai eu le privilège de l'avoir un petit peu en privé, et d'aborder beaucoup de discussions de ce genre. Et c'est vrai qu'il m'a fait comprendre que lui, quand il a démarré, son but c'était de développer au maximum la danse. Donc il est parti à fond. Sa rencontre aussi avec le Tito Puente, ça lui a beaucoup apporté. Parce que Tito lui a dit que justement il voulait collaborer. C'est pour ça qu'il est monté sur scène beaucoup de fois avec l'orchestre de Tito Puente. Pour pouvoir mettre en avant la danse, qui était assez nouveau à l'époque, donc progressivement avec la famille All-Stars et beaucoup de groupes, ils sont montés sur la scène avec sa femme et le groupe de l'époque de Eddie Torres. Et c'est vrai que son but c'était vraiment de pouvoir développer un syllabus, une méthode qui puisse traverser les âges, traverser les années et qu'on puisse toujours danser à n'importe quel moment. Et n'importe où dans le monde d'ailleurs, grâce à ce petit bouquin qu'il avait à l'époque, c'était des feuilles avec marqué des numéros, où tu avais tous les shines qui étaient écrits. Évidemment, il fallait connaître parce qu'il fallait décoder ce que ça voulait dire. Mais ça a permis vraiment d'avoir une super grosse base et qu'aujourd'hui, ce style Mambo est présent et tout le monde peut développer quelque chose de vraiment intéressant, avoir des écoles, avoir des élèves, grâce à cette base.

  • Manon

    En fait, si je comprends bien, le fait de codifier, oui c'est ça de codifier cette danse, c'était une manière de la rendre universelle et de développer.

  • Mouaze

    Exactement. Comme il le dit lui-même, toutes les danses qui sont tribales, qu'on a n'importe où, que ce soit en Espagne, que ce soit en Afrique, même au Pérou ou n'importe où, si les gens dansent dans un petit village et que la personne qui dansait devient grand-père et qu'il trépasse, qu'il n'est plus de ce monde, eh bien s'il n'y a rien, il n'y a pas d'écrit, et que les petits-enfants n'y voyaient pas d'intérêt, eh bien cette danse se perd.

  • Manon

    Il a fait ce beau travail.

  • Mouaze

    De se dire "C'était hors de question que ça se perde." Il y avait vraiment ce gros travail qui a permis d'avoir ce qu'on a aujourd'hui.

  • Manon

    Et toi aujourd'hui, entre le moment où tu as appris, où tu es tombé là-dedans, et aujourd'hui, est-ce qu'il y a des grosses évolutions à ton sens qui se sont passées vraiment en termes de danse, au niveau du style, ou est-ce qu'on a encore le répertoire intact ?

  • Mouaze

    Alors il y a un peu de tout, parce que la salsa, justement, c'est la sauce c'est libre. Donc on se retrouve avec une façon de voir les choses totalement différente. Mais moi j'ai une mentalité un peu bouddhiste donc par rapport à ma façon de voir les choses. Je comprends et j'accepte les différences. Je trouve ça tout à fait normal qu'elles soient là. Et par rapport à ça justement, ces différences elles sont là. Donc il y a des gens qui vont être à fond sur le On2, qui vont apprendre la structure, la base, nickel. D'autres qui vont sortir du hip-hop, du jazz ou de n'importe où et qui vont prendre des petites brides et qui vont tricoter dessus et on va se retrouver avec des styles qui ne sont pas totalement, techniquement propre comme on dirait, mais que ça passe quand même. Et après, cette diversité fait que la salsa n'a pas l'exigence et le blocage qu'on pourrait avoir dans une danse académique. Et donc, on laisse ces choses-là exister. Ce qui fait qu'on se retrouve dans un univers où aujourd'hui, on peut voir beaucoup de choses qui ne sont pas forcément sur une base strict de Eddie Torres même de d'autres...

  • Manon

    Moins puristes, en fait.

  • Mouaze

    Moins puristes, mais qui sont quand même très riches et intéressantes à voir et à développer. Voilà, moi, j'ai vraiment choisi ma voie parce que... Je viens de l'école martiale, j'ai fait des arts martiaux pendant beaucoup beaucoup d'années. Et dans mon éducation, dans ma façon d'être, il faut passer par le cursus scolaire, apprentissage, comme les grades, voila on monte progressivement.

  • Manon

    C'est comme ça que tu as construit ta pédagogie ?

  • Mouaze

    Exactement, ce qui me permet aujourd'hui, grâce à ma pédagogie qui vient également de mon enseignement dans les arts martiaux, j'ai bossé le brevet d'éducateur sportif, donc j'ai une connaissance déjà de l'enseignement, et de là je l'ai approfondie encore plus pour la transférer pour la salsa, sachant que la salsa ce n'est pas un art martial, on n'est pas là pour se mettre des coups et la rigueur n'est pas la même. Au contraire, il faut que ça soit dans le fun, que la pédagogie soit donnée, mais il faut que les gens aient toujours envie et que ce soit vraiment agréable à revenir danser. Car les gens sortent du boulot et quand ils viennent en soirée, c'est pour ça. On a le côté professionnel, mais on a beaucoup, surtout à Paris, en France, le côté loisir. Ça il ne faut pas l'oublier.

  • Manon

    Et là tu vois, Eddie Torres, il y a son fils qui est très présent là ces dernières années. Et donc on va arriver petit à petit à une deuxième génération, dans quelques années à une troisième génération. Est-ce que tu as le sentiment qu'on arrive à garder ce répertoire de base ? Est-ce qu'il est intact ?

  • Mouaze

    C'est pas mal. Ça va ? Oui, que ce soit Eddie Torres Junior, que ce soit d'autres danseurs qui sont connus et qui font partie justement des danseurs qui ont travaillé avec Eddie Torres pendant des années. Toutes ces petites disparités, ces antennes, ces satellites de partout, permettent de garder cette connaissance technique et des noms, des enchaînements et tout ça. Donc oui, on garde et en même temps on évolue. Ça veut dire que des choses qui se faisaient à l'époque, sur des façons de tenir sa main, sur des placements, sont encore mieux aujourd'hui développées voilà. Après, des choses toutes simples qui rendent jolies, des fois, oui, quand on rentre dans des compétitions, ou dans une certaine façon de danser, on perd l'authenticité, la simplicité du mouvement. Mais comme j'ai dit, c'est un mélange. Il faut accepter qu'on va se retrouver avec des gens qui vont justement nous surprendre par leur façon de voir la chose et de la danser. Et je trouve ça tellement plaisant que ça serait dommage justement de vouloir s'en priver, de bloquer ça.

  • Manon

    Est-ce que tu sais à l'époque comment c'est arrivé jusqu'à nous, jusqu'en France ? J'imagine que toi tu as contribué bien sûr à ça. Oui. Mais comment ça a traversé l'Atlantique ?

  • Mouaze

    En fait, je pense que tout ce qui est événement, congrès emmène les gens qui sont passionnés par la salsa dans le sens large du terme, même s'ils ne connaissaient pas le 2, à l'époque, surtout à Paris, en France que la cubaine d'ailleurs quand on parlait de Porto de portoricaine, on parlait de romantica avec des gestuels un petit peu caricaturaux. Tout ça, c'était l'époque, c'était normal. Et le temps que ça arrive, effectivement, ça a été difficile au début. Il n'y avait pas autant de médias pour voir les choses à travers son téléphone. Donc, il fallait faire le voyage. C'est ce que j'ai fait pendant toutes ces années-là. Que ce soit à Porto Rico ou à New York, j'ai beaucoup voyagé. Mais c'est vrai que ça arrivait chez nous par le biais de professeurs qui aimaient ça, qui sont venus enseigner. Il y a quelques écoles qui sont reconnues et qui ont permis ça à l'époque. Et c'est comme ça que ça a pris du temps. Même si ce n'était pas exactement le même style, c'était quand même un style, une forme de formation plus stricte, plus correcte dans le mouvement. Un peu comme les anciens qui dansaient toutes les danses de salon. C'était un apprentissage. Et ces gens-là ne dansaient pas une danse au hasard. Ils apprenaient tous les pas du foxtrot, du paso doble. C'était normal.

  • Manon

    Oui, oui, oui.

  • Mouaze

    Mais cette danse-là, ce n'est pas la même chose que la danse urbaine, que la danse, pour s'amuser, en clubbing. Donc, c'est vrai que le temps de faire comprendre ça, ce n'est pas évident. Parce qu'on a souvent l'impression que les danses à deux apprises sont des danses plus pour les anciens et non pour les jeunes qui eux sont plus dans le mouvement de s'éclater sur de la house music. Donc voilà, ce transfert-là s'est fait tout doucement, et le goût a pris, la passion a pris par les spectacles, par les gens qui ont vu les gens danser à deux et que ça rendait vachement bien. Et tout doucement, on est passé de la cubaine à la portoricaine sur le 1, à la portoricaine sur le 2, et ainsi de suite. Moi, je suis très content.

  • Manon

    Mais ça paraît être vraiment un tour de force, en fait, de se dire, allez, je vais un petit peu décrire une méthode, en tout cas, donner des noms à des pas, dire, je passe mon pied comme ça trois fois, c'est un Suzy-Q, etc. Après, de se montrer sur scène et de faire en sorte que ça diffuse dans le monde entier, je trouve que c'est... C'est énorme. Et finalement, on n'a pas tant de temps que ça, parce qu'on ne parle pas de...

  • Mouaze

    Non, on parle de quoi ? 30, 40 ans ?

  • Manon

    C'est ça, c'est fou le rayonnement que ça a eu.

  • Mouaze

    Sachant qu'effectivement, le Mambo king, tient bien son nom après il y a des polémiques, mais il ne devrait pas y en avoir. Parce que, encore une fois, je refais référence aux arts martiaux, un maître, ça restera toujours le maître que sa jambe se lève plus ce n'est pas le propos. Ce n'est pas sur sa capacité technique de faire un mouvement. C'est sur son enseignement. C'est sur ce qu'il a procuré, ce qu'il a donné. C'est quelque chose qui ne se remplace pas. Et c'est de là qu'il faut bien comprendre que même si les danseurs, ensuite, sont très forts, on ne peut pas prendre la place du maître.

  • Manon

    C'est l'héritage.

  • Mouaze

    C'est l'héritage. Cette non-compréhension de ça. C'est de ne pas tout simplement comprendre ce que c'est la transmission d'un savoir. Et ce que cette personne a donné, M. Eddie Torres, on le fait déjà, mais il ne faudrait pas l'oublier de lui faire des hommages chaque année. Je pense qu'il a permis à des millions de personnes à vivre une vie qu'ils auraient vécue autrement.

  • Manon

    Tu trouves que ça se perd un petit peu cette notion-là, ou en tout cas cette reconnaissance ?

  • Mouaze

    Oui, je pense que l'être humain, tout simplement, avec... la tendance d'aujourd'hui à perdre certaines valeurs. Les humains oublient d'où ils viennent. Oublient d'avoir ce respect et cette humilité face aux anciens, face à ceux qui leur ont apporté quelque chose. C'est ce côté-là. Je pense surtout que si une éducation n'est pas faite avec certaines... certaines notions, certaines valeurs, c'est normal. On peut même pas en vouloir à la personne de ne pas les avoir, parce qu'elle n'est pas passée par ce cursus, elle ne les a pas compris. Après, on peut toujours se développer soi-même. C'est pour ça que le développement personnel, si on passe par là, est très important, parce qu'il permet à un individu d'être un autre individu, parce qu'il le veut lui-même, non parce que les autres le demandent ou pas. C'est une volonté qu'on a soi-même de passer à un level au-dessus.

  • Manon

    Mais là, ce que tu dis, je trouve que c'est intéressant parce qu'en fait, je trouve qu'il y a aussi une transmission qui se fait en cours, enfin en France, dans les différentes écoles, etc. Mais finalement, on vient apprendre de la danse et le temps dédié à expliquer un peu d'où ça vient, etc., il n'est pas forcément pris et les gens aussi qui viennent faire des cours ne viennent pas forcément pour ça au début, en tout cas.

  • Mouaze

    Oui, c'est tout un art l'enseignement. Il faut savoir jongler sur les deux vitrines. Il faut donner du plaisir aux gens assez simple et à la fois, divulguer tout doucement un savoir avec des informations très importantes mais à petite dose, ça dépend du cours qu'on a après, si vous êtes des élèves avancés, on peut rentrer dans des choses beaucoup plus complexes sur la spiritualité, sur la façon de se comporter, de danser à deux, sur la subtilité d'un mouvement, d'où il vient, pourquoi on fait comme ça, le ressenti. On développe tellement de choses. C'est pour ça qu'un enseignant, un professeur, quand il enseigne ces choses-là, ce n'est pas le step qui vient d'enseigner. C'est un savoir, c'est l'essence même d'un mouvement. Et ça, c'est une reconnaissance que les gens doivent toujours avoir. Le professeur que je suis ne le demande pas et c'est pas pour moi que la personne doit le faire c'est pour elle-même parce que sa propre évolution va être liée à ça à sa façon de percevoir ce qu'on lui a donné et la façon de le remercier, de s'en remercier soi-même et de remercier l'autre indirectement

  • Manon

    Et là aujourd'hui dans la manière avec laquelle tu enseignes qu'est-ce que tu as gardé de Eddie Torres ou est-ce qu'il y a quelque chose qui t'a marqué où tu t'es dit ça c'est brillant j'ai besoin de ça pour permettre aussi à la salsa de diffuser en France.

  • Mouaze

    Alors, la chose particulière qu'il faut comprendre, c'est Eddie Torres essaie de faire l'enseignement qui correspond vraiment à un mélange à la fois caribéen, latino, et également technique, propre, américaine. Donc, ce mélange-là fait que... Ce qui est important, ce que moi j'ai compris avec les années où je suis passé là-bas, où je l'ai regardé non-stop, j'étais dans les cours débutants, intermédiaires, avancés, pour comprendre l'essence même de comment être transmuté, c'est vraiment ça. Ça veut dire faire un simple pas, par exemple, le pas international qui s'appelle le Suzy-Q, quand on le fait, on ne fait pas uniquement un pas. On doit le ressentir de l'intérieur. La façon dont on bouge ce mouvement-là doit être ressentie. Et si on construit tout ça, ça, ça comme ça, ça nous amène à être dedans réellement, et pas uniquement faire la technique. Ce dedans-là, la personne qui ne sait pas danser, en général, sait le faire. Parce qu'il va se lâcher d'une manière libre et il va ressentir. Ça se voit dans sa manière de bouger. Et c'est dès qu'on rentre dans un exercice technique, on a tendance à perdre ça. On a tendance à s'immobiliser et à ne plus avoir le flux énergétique dans le corps qui continue à vivre. Et c'est ce mélange des deux choses qu'il faut avoir. Sans rentrer dans des choses complexes dans l'explication, comme je suis en train de le faire là. Dans le cours, en tout cas pour l'élève, dans le cours, avoir tout à fait un autre discours. Donc ça veut dire... même pas à lui dire ça, mais lui faire ressentir en lui demandant de bouger les épaules, de faire une sortie de buste, faire des tout petits gestes, de la musicalité sur un morceau simple, marquer un break, ça, ça fait développer cette chose-là.

  • Manon

    J'ai une dernière question pour toi. Est-ce que tu peux me raconter ce qui t'a accroché quand tu as commencé la salsa ? Qu'est-ce qui a fait que tu es resté et que tu es encore là aujourd'hui ?

  • Mouaze

    Alors, ce n'est pas la même chose qui m'a fait démarrer et qui me fait rester aujourd'hui. La chose qui m'a fait démarrer, c'est tout simplement l'envie. Vu que j'étais un sportif de haut niveau en karaté, je ressentais au bout d'un moment quand même la sensation d'être fermé. Pourtant j'étais ouvert avec mes amis, mais fermé dans l'émotionnel intérieur. Donc retenir ses émotions, attention à l'attitude, pour pouvoir être vraiment dans l'esprit martial, ce qui était normal. Mais j'avais ce besoin, autre, de ressentir ce plaisir, cette danse. De l'exprimer. Et l'échange homme-femme, on ne va pas se le cacher, est différent que l'échange homme-homme dans un combat. Donc ça a aidé. Et j'ai trouvé ce rapport à deux. danser à deux, pas dans un nightclub où on est tous en train de bouger tout seul, presque, même si on est avec des amis. Ce rapport vraiment à deux, de danser avec quelqu'un, de guider l'autre et de ce ressenti-là, j'ai trouvé ça, au début, tellement en rapport avec les arts martiaux sur cette collection, même si on... D'accord. Voilà, que ça m'a intéressé, ne serait-ce que par l'aspect technique, le challenge de pouvoir faire ces choses-là.

  • Manon

    Ça a piqué ta curiosité ?

  • Mouaze

    Voilà. Et j'ai eu la chance de rencontrer quand même des gens sur mon passage, une,une... Une fille formidable qui ressemblait à une gitane à l'époque, l'un des endroits où j'allais, qui était le Balajo à cette époque-là. Et elle m'a invité à danser sur des cours où je n'avais pas de partenaire. Et vraiment, vraiment, elle a été très patiente avec moi quand je venais de démarrer. Et ça m'a donné encore plus goût. Elle m'a montré des écoles si j'avais envie de prendre des cours de danse. Et c'est de là que j'ai fait le transfert sur une simple boîte à des cours en école de danse. J'ai commencé comme ça.

  • Manon

    Et comment tu avais atterri au Balajo ?

  • Mouaze

    Le hasard de sortir justement pour souffler, prendre l'air, pour aller dans des endroits où ça danse un petit peu. Mon père écoutait de la salsa, mon père dansait de la salsa au Sénégal, à Dakar. Donc j'ai toujours eu de la salsa dans l'oreille, mais je n'aimais pas ça, mais vraiment pas du tout. J'écoutais tout à fait autre chose, de la house music, de la funk, voilà mais au bout d'un moment, de toute façon c'était rentré dans mon système nerveux. Donc à force, à force, à force, c'est revenu. Ça t'a rattrapé ? Et j'ai commencé à prendre goût. il a... Il n'a pas loupé le coche pour me dire. Alors, ça va ? Mais pourquoi aujourd'hui j'y suis resté ? Parce que je trouve ça tellement enrichissant. Je dis d'ailleurs sur mon site internet, je marque ma première face, c'est la salsa, bien plus qu'une danse, un art de vivre. C'est-à-dire que justement, le parallèle avec les arts martiaux, les valeurs que ça donne, le plaisir qu'on a à l'échange avec une autre personne, et l'apprentissage avec des gens totalement différents, la sociabilisation qu'on apprend à avoir, c'est énorme. Alors en tant que professeur c'est encore pire parce qu'on a devant soi des gens qui sont de toutes cultures, de toutes origines, de toutes façons de voir les choses, c'est un gros challenge. Plus ou moins à l'aise avec leur corps. Exactement, ou l'inverse, trop à l'aise et voilà, qu'il faut essayer de recentrer et toutes ces choses-là, je trouve ça tellement intéressant et voilà. Tu t'ennuies pas ? Moi je m'ennuie jamais, je suis dedans, je sors toujours en soirée danser. Je kiffe ma life !

  • Manon

    On va rester sur ça ! Merci Mouaze !

  • Mouaze

    Merci Manon, merci à toi !

  • Manon 1

    Merci pour ton écoute. J'espère que cet épisode t'a plu. Tu retrouveras les différentes références en barre d'infos. Apprendre les pas est une première étape. Connecter avec son ou sa partenaire de danse en est une seconde. Et c'est justement le thème qu'a choisi d'aborder Carole dans l'épisode suivant. En attendant, n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !

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