- Manon
Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa portoricaine en explorant sa danse, sa musique, son histoire et sa culture. Moi c'est Manon et sur cet épisode, je t'invite à considérer deux parties incontournables de notre culture salsa, la danse en social et en show. Pour ça, je t'emmène à la rencontre de Marina, une passionnée qui foule autant la piste de danse que la scène. Elle partage son expérience de danseuse, de performeuse, mais également de professeure de salsa. Et j'ai été ravie de partager cette discussion avec elle. Bonjour Marina.
- Marina
Et bonjour Manon.
- Manon
Avant qu'on rentre dans le vif du sujet, est-ce que je peux te laisser te présenter ?
- Marina
Oui. Alors, je m'appelle Marina, je suis professeure danseuse chorégraphe de salsa, basée à Toulouse principalement. Et j'enseigne depuis, on arrête de compter apparemment quand on est au-dessus de 10 années, donc on va dire 10 années. Ça me paraît pas mal comme quota. Et donc actuellement, je suis également aussi dans l'association Pink Bugalu sur Toulouse, et on organise entre autres un super festival, mais plein de soirées et des stages. Je confirme. Donc voilà,
- Manon
Aujourd'hui on va discuter ensemble de deux aspects très importants de notre communauté, et de notre vie de danseurs, le social et le show. Par quoi on commence ?
- Marina
Par un peu les deux ? Non, on peut commencer un peu par définir, je dirais, le show et la sociale. Le social, c'est typiquement le moment où on danse avec du coup un ou une partenaire. On est vraiment donc dans une relation individuelle, donc en one-to-one. Et ça va être un moment d'échange qui va être co-créé sur l'instant même. Donc ça, c'est la particularité vraiment d'un social. C'est-à-dire qu'on prend l'énergie de la musique, on prend l'énergie de la personne en face et ensemble... on va essayer de créer quelque chose sur l'instant qui va durer entre 3 et 5 minutes, mais qui sera éphémère, que tu ne pourras même pas reproduire parce que des fois, tu ne sais pas ce que tu as fait. Et la performance, on est vraiment sur un travail de durée où en fait, on ne présente que le résultat et où les gens ne voient que la fin, vraiment le résultat final d'un travail de long terme. Et donc, on est dans deux créations qui ne sont pas du tout dans le même processus. C'est une grande différence pour moi parce qu'en fait, l'un n'est pas fait pareil que l'autre. et donc on ne le travaille pas de la même façon. Par contre, les deux sont très complémentaires dans le travail qu'on a apporté pour venir contribuer à sa danse. Il y en a un qui va venir nourrir la réactivité que l'on a dans notre danse et l'autre qui va venir nourrir notre travail technique de fond de par le processus de création. Donc vraiment deux choses différentes mais très complémentaires selon moi et qui sont très bénéfiques à l'un comme à l'autre. Donc voilà un peu pour exprimer, pour mettre un peu des mots sur ce que c'est.
- Manon
Oui, c'est vrai que souvent, les deux vont être associés. On a souvent des shows pendant les socials, oui. Et c'est rare d'avoir juste des shows.
- Marina
Très rare. Ou sinon, avant les festivals, en début de soirée, qui va être totalement dissocié de la soirée, donc il va y avoir les shows, et ensuite la soirée qui va durer jusqu'à ce que vos pieds n'en puissent plus, mais à peu près, ça peut s'organiser comme ça. Mais c'est vrai qu'on a un jargon en salsa où on va dire social, quelqu'un de l'extérieur ne saura peut-être pas trop ce que ça veut dire. Donc voilà.
- Manon
Et du coup, dans la danse ? C'est quoi pour toi ce qui caractérise chacune de ces deux parties ?
- Marina
Alors, je dirais, je vais commencer par la sociale. C'est vraiment pour moi un moment d'échange avec un ou une partenaire. Donc durant la sociale, la salsa étant une danse de couple, étant une danse à deux, c'est le moment où on rentre vraiment en connexion avec l'autre, on est totalement en partage et en fait on se connecte, on essaie de se mettre d'accord, on teste des choses, on s'exprime avec l'autre. Donc il y a un rapport très one to one, très individuel. En comparaison au show à la perf où on n'est plus du tout dans le même format d'échanges c'est à dire qu'il peut y avoir une personne un duo, un groupe mais qui partagent en fait tout de suite avec une masse vraiment je parle de masse peu importe le nom mais avec une masse en face d'eux et donc on n'est plus dans le même échange alors qu'en fait en social on est dans un échange où l'un va proposer l'autre va accepter on va rebondir et dans la perf on est plutôt dans un échange où un présente l'autre contemple, fait un retour, un feedback, ça va être par des applaudissements, ce genre de choses, des réactions, mais on n'a pas le même niveau d'échange et pas de la même forme. Alors qu'en social pour moi on est vraiment à un niveau égal, autant une guideuse ou une suiveuse peut proposer ou peut voilà, peut suivre, ça marche dans les deux sens. Voilà pour un peu le petit distinguo de comment en tout cas je visualise un peu ces deux choses en termes de rapport et de rapport toujours par rapport aux autres ou en tout cas par rapport au public ou à la personne en face.
- Manon
Du coup on est d'accord que sur l'aspect social il y a deux acteurs, deux personnes, et sur les shows en fait il y a les deux personnes, mais qui interagissent comme si c'était une personne avec le public.
- Marina
Ouais il y a toujours, je le vois vraiment en termes de deux entités, parce que des fois on peut s'amuser en soirée à avoir plusieurs leads dans la même danse. Donc c'est vraiment l'idée d'avoir deux entités, donc une entité qui guide, une entité qui suit, et donc dans l'autre cas une entité qui présente et une entité qui répond. Qui répond, je parle pour le public. Ok, donc voilà. On va dire qu'entre les deux, donc entre la perf, le show et le social, ça répond pas aux mêmes besoins. Quand on danse en social, on est vraiment dans je propose, elle répond, ou je propose, il répond. On est dans un échange commun où on va essayer de créer, vraiment, autour de ces deux entités. Vraiment, ça reste centré autour de ça. Et donc en social, c'est un partage finalement, vraiment un partage de connexion qu'on a, qui nous permet de créer sur l'instant T, la danse.
- Manon
Il y a vraiment cet aspect d'improvisation.
- Marina
On est vraiment dans une co-création. Vraiment, c'est un peu l'idée, c'est que ça change en plus en fonction de tes partenaires. Tu n'as pas toujours le même feeling, le même ressenti. La musique interfère énormément sur l'énergie qu'elle te donne. Donc en fait, tu es dans une co-création pendant le moment. Le social sert vraiment du coup à, si je sors un peu de ce côté du coup, justement d'échanges entre deux entités, peut servir d'outil pédagogique pour progresser. Il y a énormément de profs. Dans le milieu on dit souvent qu'en fait si tu apprends une heure de théorie, tu dois aller pratiquer une heure derrière pour justement pouvoir en créer. Donc typiquement le social te sert à consolider ou à solidifier tout ce que tu as appris et à te permettre aussi dans la suite de ta progression à pouvoir t'éclater tout simplement. Et quand t'en es à là, c'est le Graal, tu y passes 5 heures sur le dancefloor, t'as plus de pieds mais c'est pas grave et t'es très content. Et là on touche le cœur de la social.
- Manon
J'ai bien envie de dire le cœur de la salsa. parce que finalement souvent le but c'est plus une danse qu'on pratique en social, une danse qui doit rester dans les studios, enfin à mon sens la finalité a priori elle est quand même dans les soirées d'aller danser, enfin je sais pas si tu partages...
- Marina
Ouais, si si totalement souvent ça n'arrive pas au même moment pour tout le monde il y a un passage dans la progression quand on se lance, notamment quand on est débutant quand on se lance et qu'on veut aller s'amuser en soirée, je vais mettre les deux pieds dans le plat je fonce dedans, mais je compare par exemple avec la cubaine on dit souvent oui mais on s'amuse plus rapidement en cubaine qu'en porto et c'est vrai... Il y a une vraie réalité derrière, c'est qu'en fait, les gens pour aller pouvoir profiter en soirée, il y a des codes en cubaine et la danse fait que au début, pour quelqu'un qui lead, ça va être beaucoup plus facile de lâcher prise. Et le but du social, c'est de s'amuser. Et chacun a sa définition de s'amuser sur les genres musicaux, sur ce qu'il préfère, sur les passes, etc. Mais c'est vraiment le but, c'est d'aller s'amuser en soirée, de connecter avec la musique et son partenaire. Et donc en fait, souvent, il y a une progression, donc on avance, j'allais dire, tout doucement, step by step. C'est pas de suite, on s'amuse. T'as un passage où soit tu doutes de ce que tu fais soit tu ne sais plus ce que tu fais soit tu hésites à faire ce que tu sais faire et en fait progressivement tu y arrives à ce truc de social à proprement parler où tu y vas, tu t'amuses en soirée et tu sais que tu vas passer tous tes week-ends dedans et c'est un peu ce qui te drive, c'est le moteur c'est la sensation que tu vas sentir en social qui va faire que le week-end d'après tu vas prendre ta carte tu vas booker un autre voyage et tu repars pour 10-12 heures de danse dans ton week-end.
- Manon
Oui, ça anime en fait les danseurs et la communauté de manière générale. C'est ça, ça nous emmène de week-end en week-end, de soirée en soirée.
- Marina
Oui, totalement. Et d'ailleurs, tout est lié, et là je vais faire un peu le point avec la perf, mais la sociale et les performances sont liées en fait autour de l'émotion. C'est ce que tu ressens en social et ce que tu vis qui t'amène à y retourner. Si t'as eu plein de bonnes expériences justement en social, t'auras forcément envie d'y aller. Et même si t'en as que une de bonne dans toutes les fois d'avant, souvent quand tu commences ou que tu t'es pas sentie à l'aise, parce que c'est souvent toi qui te sent pas à l'aise au début, et bien en fait, cette seule fois où tu t'es dit "Ouah, c'est génial !" Cette émotion que tu as ressenti va faire que tu vas y retourner.
- Manon
Et du coup, ça, je trouve que c'est la même mécanique du coup sur les shows.
- Marina
Je trouve que c'est la même mécanique sur les shows lorsque tu y vas, en tout cas, pour ce qu'il en ressort pour toi de ta performance. Dans la perf, t'as tout un panel, vraiment tout un panel de qu'est-ce qui peut te motiver. Et tout le monde en a des différents. C'est ça qui est assez magique aussi, c'est que, pareil, le show, le support vraiment du show, sert un but différent de la sociale mais par rapport à chacun va servir aussi à un but différent. C'est-à-dire qu'il y en a, ils vont faire un show, ils vont adorer juste le moment sur scène. Cette espèce d'adrénaline, d'euphorie quand tu es ou pareil, du coup, t'es rattaché à une émotion. C'est cette émotion que t'as ressentie quand t'es sur scène qui va faire que tu dis Ah, mais je veux revivre ça tout le temps. Eh bien, je vais y retourner, je vais travailler pour. D'autres personnes, c'est l'émotion qu'elles vont ressentir pendant la préparation. La préparation, c'est-à-dire les entraînements, tous les trainings d'avant, le fait de s'être arraché. d'avoir ressenti plein de fierté, d'avoir été en galère, et finalement d'avoir ressenti à nouveau plein de fierté. Il y en a qui vont beaucoup aimer ce process là, de se challenger finalement et de sortir de sa zone de confort. Et en fait systématiquement, ce qui fait qu'on se rattache, et je vais parler peut-être de façon plus universelle, mais c'est ce qu'on va ressentir qui va faire qu'on va y retourner. On est quand même, j'allais dire, assez malin, on n'y va pas sur quelque chose qui ne nous plaît pas ou qui ne nous remet pas dans les tripes. Et donc la perf c'est pareil, c'est qu'en fait on est driveé par une émotion qui fait qu'on y retourne à chaque fois. Vraiment à chaque fois, à chaque fois, à chaque fois. Donc très personnellement, on est dans ce truc où s'il y a quelque chose qui te parle, que ce soit le social ou la perf, si ton émotion elle est en social, tu vas aller en social, si ton émotion elle est dans la perf, tu vas aller dans la perf. Mais dans les deux cas, tu seras drivé par ça, et donc à chaque fois c'est ça qui va un peu dicter ta passion.
- Manon
Et est-ce que tu penses justement que l'un peut vivre sans l'autre ?
- Marina
Alors, l'un peut vivre sans l'autre ? Oui. Est-ce que l'un doit vivre sans l'autre ? Non. Dans le sens où les shows sans la sociale, on va prendre les choses de façon très pragmatique, il n'y a pas de public. C'est-à-dire que faire son show sans les gens qui viennent danser, ben voilà, tu peux le présenter ailleurs que dans une soirée salsa typiquement.
- Manon
Et après on tombe finalement sur des fois les vidéos.
- Marina
C'est un peu comme du spectacle.
- Manon
Le spectacle ou même après les captations vidéos qui se font en dehors d'un public et où du coup c'est plus du tout la même chose en tout cas.
- Marina
Non on sort de ce que nous en tout cas en tant que salséro on a l'habitude, ça veut pas dire que ça n'existe pas, ça se fait, ça se fait même dans d'autres danses mais on est plus dans le format que l'on connait aujourd'hui le format qu'on connait aujourd'hui et c'est la qu'on a de la chance, c'est qu'on est souvent en tout cas dans le milieu de la salsa très proche des gens qui performent ou très proche du public qui nous regarde donc il y a un rapport aussi particulier à ça. Pour en revenir au fait de dissocier un peu les deux, je trouve que peu importe le niveau, tout le monde devrait pouvoir performer.
- Manon
Ce qui n'est pas forcément évident. Oui, et puis c'est surtout qu'il n'y a pas forcément ce qui se fait le plus, parce que parfois, avant d'accéder au show, on ne s'autorise pas à le faire avant un certain nombre d'années...
- Marina
À mon sens, ça vient contribuer au parcours du danseur. D'attendre que tu sois prêt, parce qu'il n'y a pas de moment où tu es prêt. Pour moi ce serait une erreur dans le sens où en fait c'est retarder le moment où tu viens un peu te confronter à certaines choses. La magie de la danse fait que souvent elle te met devant ce que tu as à travailler d'un point de vue technique ou peu importe. Et en fait dès que tu te confrontes à ça même étant débutant, je vais prendre l'exemple des chorés de fin d'année. Quand on fait dans certaines écoles, tu as ton année, tu fais une année de débutant et à la fin tu présentes une chorégraphie. Cette chorégraphie en fait elle vient juste asseoir et consolider tout ce que tu as vu pendant l'année. En termes de performance, souvent on peut faire un peu l'amalgame en se disant la performance, il faut absolument que ce soit quelque chose de waouh. Quand on parle de performance, on parle beaucoup de résultats. Quelque chose de waouh pour tout le monde, en fonction des niveaux, n'est pas la même chose. Et il faut être, je dirais, assez ok avec ça, pour se dire, en fait, je peux présenter quelque chose. Un débutant qui, au bout de 10 mois de danse, monte sur scène et présente quelque chose, c'est une perf. En fonction de son parcours, ça reste une perf. Un danseur qui, au bout de 15 ans, va te faire un show magnifique avec des prouesses techniques, c'est une perf. Et inversement, mais chacun à son échelle. Et donc en fait, on doit vraiment, j'allais dire, dissocier le résultat de ce qu'on fait parce qu'en fait, la performance est liée au résultat de la personne.
- Manon
Du coup, toi, tu es vraiment pour l'accès au show dès le début du parcours, en fait, de l'apprentissage de la danse.
- Marina
Oui, et je trouve même qu'en fait, quand on l'ajoute dès le début, c'est là où les gens accrochent davantage. C'est-à-dire que souvent, les ateliers chorégraphiques, les petits projets de fin d'année, ou même de plus en plus, on a maintenant les challenges vidéo, ça en fait ça ne fait que nourrir davantage la passion des danseurs.
- Manon
En plus de la technique il y a un aspect vraiment c'est ça émotionnel je trouve qui s'engage.
- Marina
Ouais où en fait on vient chercher un peu justement ce truc on vient titiller un peu les gens à travers une perf pour leur donner encore plus envie et du coup ces gens là qui font de la perf chacun à leur niveau vont se retrouver plus rapidement et plus facilement à aller en social. Et donc en fait l'un va servir l'autre mutuellement c'est à dire que du coup ils vont aller plus souvent en social et ils vont progresser parce que du coup ils auront pratiqué davantage et inversement, comme du coup ils ont pratiqué davantage et qu'ils auront envie d'en faire plus, il y aura plus de monde dans la sociale. Donc c'est une sorte de cercle un peu vertueux qui se nourrit constamment, mais qu'il faut aussi nourrir, j'allais dire, un peu à toutes les échelles et ne pas attendre un résultat en se disant, il faut absolument que j'ai minimum 15 ans de danse, mon écart, mon facial et qu'ensuite je puisse faire un show.
- Manon
Du coup ça concernerait plus grand monde mais...
- Marina
Ok, non. C'est si tu as envie d'essayer, mais essaie.
- Manon
Toi, tu pronnes plutôt l'encouragement des débutants, enfin en tout cas de pousser les gens à se lancer là-dedans. Donc il y a une éducation du public à faire sur le fait de considérer le show comme une performance pour tout le monde, que ce soit une performance débutante ou une performance plus professionnelle. Il y a aussi ça à prendre en considération parce que le public peut être assez exigeant.
- Marina
Oui, totalement. Il y a une vraie culture du show à transmettre aux gens qui passe pour moi par différents acteurs. C'est les premiers, donc c'est forcément les artistes qui eux contribuent du coup en faisant leur show, il y a les profs et puis après il y a le public qui eux réceptionnent, voient le show et qui du coup font un feedback et de mon expérience en tout cas aujourd'hui je trouve toujours qu'en fait l'accueil des shows débutants intermédiaires, peu importe les niveaux sont toujours très bien perçus parce qu'en fait les gens se disent à moi je l'aurais pas fait à leur place, avant même que les gens arrivent sur scène ils se disent je l'aurais pas fait parfois à leur place, et quand ils ils voient ce que ça rend sur scène et qu'ils voient que les gens sont hyper contents de le faire en fait ils voient tout ce que ça draine autour ça vient ouvrir des petites portes toutes petites portes en se disant ah mais en fait moi aussi je pourrais ça permet d'identifier et puis de se donner la possibilité. Et donc là, ça vient nourrir un peu toute la scène, toute la communauté. Et donc ça donne envie à des gens qui n'auraient peut-être pas osé, qui du coup, finalement après vont oser, et qui après vont oser, peut-être dans 10-15 ans, seront les prochains artistes sur la scène à faire des super shows et à donner envie aux gens. Donc voilà, chacun a son petit rôle. Il y a des maillons de la chaîne, mais chacun a son rôle à jouer.
- Manon
Et sur la présentation des shows aussi. De resituer le contexte, ça permet d'embarquer aussi le public avant même que le show commence.
- Marina
Il faut être, j'allais dire, peut-être un peu pas exigeant, dans le sens où forcément, on peut être exigeant quand on regarde des choses, mais il faut garder l'esprit ouvert sur ce dire de, en fait, il n'y a pas qu'une chose qui existe, il peut y avoir un panel de choses qui existent. Et donc, ne pas se restreindre dans ce qu'on voit aujourd'hui, et essayer vraiment d'ouvrir au maximum. Encore une fois, les danseurs les plus passionnés que je connaisse aujourd'hui qui vont en social, sont aussi ceux qui ont commencé avec des ateliers et pour une bonne partie quand j'y repense aujourd'hui maintenant je me dis ceux qu'on côtoie autour de nous ont fait à un moment donné un atelier ou une choré donc l'un ne va pas sans l'autre.
- Manon
Et la du coup on parle des shows donc d'ateliers, donc des shows en groupe parce qu'il y a le couple où du coup il n'y a que deux personnes sur scène mais là on parle plutôt des groupes plus ou moins importants ça peut aller jusqu'à des fois 20, 22 personnes sur scène et puis ça permet de tisser des liens dans la communauté et notamment quand on débute, ça ça peut aussi vraiment aider pour ensuite aller de social en social, d'avoir un petit groupe en fait, je trouve que c'est vraiment un vecteur de lien.
- Marina
Totalement, je trouve que dans le milieu il n'y a pas d'action qui n'a pas d'impact quand on parle du coup de performance ou de social, la moindre action qui va être posée dans un sens ou dans l'autre aura forcément une conséquence sur la communauté c'est assez magique c'est que ça vient nourrir finalement, peu importe ce qu'on fait. On reparle de celui qui est acharné, qui veut s'acharner en répète. Lui, il est tellement acharné qu'en fait, il va peut-être donner envie à d'autres gens qu'ils se rendent de la même énergie que lui, en se disant Ah oui, mais moi, je ne l'avais pas ça en salsa. Et ils vont voir que c'est possible. Et cette personne va accrocher d'autres personnes. À l'inverse, une personne qui est mordue de social, en fait, à force d'aller toujours, toujours en soirée, ça va donner envie aux gens parce qu'ils préféreront aller en soirée. Et ils vont se dire "Ah oui, mais en fait, moi, c'est ça que je préfère et je vais pouvoir y aller". Donc chacun va un peu contribuer à son niveau et à son échelle, à constitué à faire grossir la communauté.
- Manon
Et si on parle en termes de danse, qu'est-ce que tu dirais à un danseur qui du coup fait que du social ? Qu'est-ce que peut lui apporter le fait de faire des shows dans sa danse ?
- Marina
J'allais dire, de transfert de social à performance, il y a un vrai travail technique de fond. C'est-à-dire que quand on est en social, on ne prend pas le temps tout simplement, et je ne conseille de pas le prendre et de laisser aller, en social et de profiter, mais on ne prend pas le temps du coup de nettoyer ce qu'on fait. Quand je parle de nettoyage, je parle d'un nettoyage technique. Ce nettoyage technique a énormément de valeur et c'est une grosse plus-value quand on fait de la chorée. C'est là où on va au fond de nos automatismes où on nettoie proprement et on dit est-ce que tu poses ton pied correctement ? Est-ce que tu transfères ? Ou est-ce que tu fais un touch ? Et en fait, ce moment-là où on bascule du coup vers la performance nous permet techniquement de nettoyer des choses qui sont devenues automatiques en social et ça permet du coup de progresser dans sa technique. Donc pareil, on est dans une histoire de cercle un peu qui continue de se nourrir mais du coup qui permet d'enrichir la danse. Et... L'autre aspect, c'est qu'en fait, quand on ne fait que de la sociale, et par exemple, on ne prend même plus de cours.
- Manon
oui, ça ça arrive très régulièrement.
- Marina
Plus cours, pas de perfs, rien, mais vraiment que sociale. À moins d'être à côté dans un processus de créativité, c'est-à-dire d'essayer justement de se challenger. Je ne sais pas moi d'ouvrir ou de se dire, là, sur cette danse, j'essaie autre chose, de guider que main droite, que main gauche. Enfin, j'essaie des choses. À moins d'être dans cette recherche de créativité, en fait, on va très vite tourner en rond. Et parfois, on s'en rend compte tardivement qu'on tourne en rond, mais il y a un moment où du coup tu t'ennuies notamment en termes de guideur je vais surtout parler pour les leaders, et donc tu vas manquer de matière en fait, tu vas manquer de nourriture pour ta créativité, pour ton corps, pour ta danse et donc c'est là où la choré peut être un nouveau support, notamment quand on prend par exemple une choré d'un autre artiste, on vient travailler un autre univers, on travaille un autre style et bah en fait ça va venir nourrir ce qu'on a déjà donc dans ce sens là ça ne peut être que bénéfique et plus on en fait en tant que danseur, mieux c'est. Plus tu vas essayer d'avoir d'autres styles, pas forcément que de la salsa ou autre, plus ton bagage sera complet.
- Manon
Dans l'autre sens, alors c'est peut-être un peu moins fréquent, mais ça existe. Moi, je pense notamment à certains ateliers chorégraphiques ou je pense aux ateliers plutôt féminins, où c'est pris vraiment comme un cours de danse, comme il y aurait des cours de modern jazz. Totalement. Où finalement, il peut y avoir des danseuses qui vont venir faire le cours, apprendre la chorégraphie, faire le show, mais qui ne vont pas aller en social. Qu'est-ce que ça apporte à ton avis ? Qu'est-ce que ça apporterait justement de bien lier ce côté show avec le social ?
- Marina
Pour moi, le show ne doit pas desservir le cœur même de la salsa, qui est de danser ensemble, danser à deux. Historiquement parlant, si on remonte juste un tout petit peu plus loin, à une dizaine, quinzaine d'années, on avait quand même beaucoup moins de styling. Il y avait moins de cours de lady styling, moins de cours de men's styling, etc. Moins de cours de shine uniquement, c'est quelque chose qui se faisait moins. Et la salsa reste une danse à deux comme on la connaît aujourd'hui. Donc en fait, c'est génial que ça se soit développé, puisque en tant qu'entité individuelle de danseur, ça nous apporte énormément. Mais le cœur de la danse reste de pouvoir danser à deux, en soirée, salsa, avec tout le monde. Et je dis bien tout le monde. Donc du coup, il faut aussi pouvoir tout transférer de l'autre côté. Là où on en vient un peu à une limite, c'est-à-dire un danseur qui ne fait que de la perf, qui ne bascule pas en social, du coup, pour moi, on est vraiment sur un spectacle. Comme on irait au Zénith de Toulouse, regarder un spectacle, et le danseur, il fait sa perf, et en fait, derrière, ça s'arrête.
- Manon
Il passe à côté de toute une facette, en fait.
- Marina
On n'est plus dans le contexte d'une soirée salsa, ou de la salsa comme on la connaît, nous, aujourd'hui, où on n'est pas sur une danse de compétition, on est vraiment sur un échange, un partage et une connexion. Et donc, quand on bascule de l'un à l'autre, ce que je pourrais donner vraiment comme conseil pour les gens qui ne font que de la perf, c'est d'être très réceptif à toute la notion de guidage. Vraiment toute cette notion de guidage et de suivi parce qu'à mon sens, quand on fait de la perf et quand on fait du social, ce ne sont pas les mêmes connexions. Il y a des choses qui sont guidables dans les deux cas, on a un tronc commun mais pour le besoin d'une choré, tu vas faire des choses qui ne sont pas guidables. Et quand je dis pas guidables, c'est-à-dire que lorsque tu prends ta passe et que tu l'amènes en soirée et que tu le fais à trois quarts des danseuses et que ça ne passe pas, c'est que ce n'est pas guidable. Et donc en fait on se retrouve dans un peu une limite de performance, c'est-à-dire on a travaillé quelque chose techniquement parlant qui vient servir l'aspect scénique de la performance, mais qui n'est pas transférable de l'autre côté. Des fois, on peut trouver des façons de le transférer avec des transitions, des préparations dans la technique, mais du coup, il faut vraiment pouvoir l'amener de l'un à l'autre. Donc, faire de la perf, c'est génial en termes de préparation physique, en termes de technicité. On pourra en parler aussi juste après par rapport à la musique. Mais, il faut une fois qu'on bascule de l'un à l'autre, pouvoir avoir conscience en se disant, ok, maintenant je passe en mode social. Et ce social-là n'a clairement pas la même connexion et on n'est pas dans le même échange. Typiquement, on ne fait pas de portée en social. Fin, même si certains en font, je ne dirais pas de nom même si certains en font, rares sont les gens qui font des portés ou des écarts en social et donc ta préparation pour préparer ta cavalière à descendre en écart ou en portée et ben non trois quart des gens ne vont pas le faire donc ça ne sert pas le même but à nouveau donc c'est vraiment on switch il faut switcher de l'un à l'autre mais l'un enrichit l'autre et inversement. Toujours toujours toujours quand on passe de l'un à l'autre il faut avoir la capacité de switcher de se dire je n'utilise pas les mêmes outils. Pour moi, c'est vraiment quand ton danse, c'est une sorte de boîte à outils. Et en fait, t'as des choses qui servent ta perf, t'as des choses qui servent ton social, t'as des choses qui servent les deux en même temps, d'autres qui servent que l'un ou l'autre. Mais tu utilises tout ton panel. À partir du moment où tu sais utiliser tout ton panel, c'est génial. Quand t'as qu'une partie du panel, c'est cool aussi, mais ça peut être pas mal de rajouter l'autre. Inversement, d'un côté ou de l'autre. Et donc comme ça, tu viens vraiment compléter toute ta danse. Donc voilà pour la parenthèse.
- Manon
Là, tu commençais à parler de la musique.
- Marina
Oui. Pour moi, que ce soit la performance ou le social, le grand tronc commun reste la musique. Et un aspect que je trouve très intéressant, c'est que les deux vont pouvoir aider à la compréhension de la musique. En social, j'adore par exemple travailler l'écoute musicale en live. C'est-à-dire essayer de découvrir des chansons sur le moment et d'être musical, d'essayer d'anticiper, de comprendre les structures. En fait, ça fait partie de ta danse. Pour le coup, leader, suiveur, on est tous les deux raccords sur un seul et même fil c'est la musique et donc en fait et le social va pousser un peu ta curiosité quand tu vas vouloir être musicale à comprendre comment est structurée la musique cette compréhension là quand tu l'as, tu l'as commencé par exemple en social, tu peux la transférer après sur la performance parce que quand tu fais de la perf au moment où tu construis ton show tu es en accord avec la musique, en tout cas tu essaies au maximum d'être en accord avec la musique et dans une musique. Tu as des phases. Tu as des phases qui vont être très mambo, qui vont être un peu plus à afro un peu plus pachanga, un peu... Et du coup quand tu travailles ta choré, tu te poses avec ta musique, et en fait tu finis par travailler la compréhension de la musique. Sur un son. Mais tu commences déjà à toucher du bout des doigts la compréhension de la musique. Et donc pareil, dans les deux cas, les deux, social et performance, viennent nourrir un peu ce truc où je cherche à comprendre sur quoi je danse.
- Manon
Finalement, si je comprends bien ce que tu veux dire, le travail du show, ça permet d'approfondir vraiment cette compréhension de la musique mais le travail du social, ça permet de travailler surtout notre réactivité par rapport aux structures musicales.
- Marina
Oui, totalement.
- Manon
Donc l'un ne va pas sans l'autre, encore une fois c'est super de pouvoir avoir les deux.
- Marina
Si tu fais que un show, c'est comme si t'avais vu qu'une seule structure musicale. Donc après même si tu fais on va dire 5 shows, si t'as du bol t'as choisi des musiques avec 5 structures différentes, pour peu que t'aimes le même genre musical à chaque fois et que tu auras la même musique, t'as vu 5 fois la même structure donc en fait il faut vraiment essayer de brasser tout un palais pour comprendre la musique, la performance comme telle a le pouvoir en fait de te permettre en fait d'habituer ton oreille à certains motifs. Au début ça va être automatique tu vas ressortir la même chose sur le même motif, soit passage obligatoire mais ensuite tu vas pouvoir t'en détacher ça fait partie du process et tu vas te détacher de cette chose que t'as appris par coeur. Tu vas retenir ton motif consciemment ou inconsciemment et du coup tu vas pouvoir explorer autre chose et donc là ça te sert dans ton social. Parce que du coup, tu as fait de la perf. Donc on revient à la boucle est bouclée.
- Manon
Cest ça. Moi, je me disais aussi qu'on pouvait aborder la communication non-verbale que tu as dans le social, c'est-à-dire la connexion par le regard avec ton partenaire. Alors qu'en show, finalement, cette connexion-là, est-ce que pour toi, elle est abstente entre les deux partenaires ? Est-ce qu'elle est uniquement dirigée vers le public ? Et il y a aussi l'aspect où souvent, elle est exagérée pour que ce soit perçu. Je ne sais pas ce qu'on peut... Qu'est-ce qu'on peut dire de tout ça ?
- Marina
La connexion, je commence par la connexion en social, c'est quelque chose parfois de très flou et qui pourtant est très factuel. On est souvent basé sur notre ressenti. Donc toute cette partie, vraiment, on en revient un peu à l'émotion, mais ressenti, le moment que t'as, l'échange que t'as avec la personne, effectivement, c'est quelque chose de pas palpable et que tu ne pourras pas reproduire. C'est une erreur de vouloir chercher deux fois la même chose. En revanche, les canaux de connexion, eux, sont les mêmes. C'est-à-dire que tu as tes points de connexion, tes points de contact physiques, qui vont être tes mains, le coude, le bras, en fonction de quel point de contact tu as avec ton partenaire. Tu as le point de contact qui est visuel, et tu as le point de contact, j'allais dire, de placement, donc de gestion d'espace. C'est-à-dire que mutuellement, quand on danse, même si on ne se touche pas, on ne va pas s'éloigner à 3 km l'un de l'autre. C'est comme si on restait aimanté, parce qu'on sait qu'on danse avec cette personne, donc on reste connecté avec cette personne grâce au regard, grâce à la main, etc... Mais on reste toujours connecté avec cette personne donc ça c'est différents canaux un peu qui vont venir aider à la connexion en social pour moi cette connexion elle est 50-50, il y a des danseurs on se dit "ah ouais j'ai une super connexion avec lui" tu prends une autre danseuse elle va te dire "ah moi j'ai pas du tout aimé" et inversement pareil pour les filles "ah elle suit trop bien" et quelqu'un d'autre va dire "non j'ai pas du tout aimé" il ya vraiment c'est vraiment un échange à 50-50, est-ce que les énergies elles matchent ou pas ? Il ya des facteurs qui vont faire que ça match plus ou moins. C'est-à-dire, je vais être très dans l'air du temps, en ce moment, on danse beaucoup sur le 4 et le 8. Fut une époque, on était vraiment sur du basique. 1, 2, 3, 5, 6, 7. Tu prends deux personnes qui n'ont plus exactement la même façon de danser. Donc une qui va beaucoup danser sur 4 et 8, et l'autre qui va danser sur 1, 2, 3. En fait, elles vont avoir du mal ensemble à matcher. Peut-être sans le savoir, mais elles vont avoir du mal ensemble à matcher. Et ça va du coup un peu entacher la connexion. Alors que peut-être, si elles avaient un rythme... égal, vraiment identique, elles auraient hyper bien matché. Donc tu as des facteurs qui peuvent plus ou moins aider ou contribuer dans la même idée que le 4 et le 8, il y a est-ce que je marche sur le compte, avant le compte ou après le compte. On est dans la même catégorie de facteurs. Donc ces petits points là viennent contribuer à ta connexion. Tous ces points là sont des points très factuels. En revanche, il y a une chose que tu ne peux pas toucher du bout des doigts, c'est l'énergie dans laquelle tu vas être. Typiquement quand tu es au pic de ta soirée, tu es peut-être hyper bien et tu vas peut-être avoir les meilleures danses. Ou quand tu es dans un lâcher-prise total, tu vas peut-être avoir une meilleure danse. Le jour où tu es un peu fatigué, que tu as mangé hyper lourd avant et que tu as une mauvaise digestion, ta danse va être plus longue. Et donc il se peut que d'habitude tu connectes hyper bien avec ce partenaire, mais en fait là ça ne va pas marcher. Donc je pense qu'il faut un peu être tolérant avec soi-même sur le fait de se dire Ah, je dois toujours avoir une connexion parfaite quand je danse Non, c'est aussi ça qui est magique en fait. C'est que la connexion, en fait, c'est l'échange avec l'autre, un instant T avec l'autre, et ce que tu as à ce moment-là est éphémère. C'est la surprise. Et t'en profites, et en profitant totalement, il y a forcément des gens avec qui t'as une meilleure connexion, parce que tous les petits facteurs sont alignés. Donc avec ces personnes-là, sur la durée, ta connexion, elle sera meilleure. Parce que vous êtes sur les mêmes facteurs. En revanche, ça ne veut pas dire qu'elle va être tout le temps waouh. Pour avoir ce petit truc de se dire c'est waouh, il y a énormément de choses qui rentrent en compte et à commencer par la musique. Si t'es avec ton super partenaire que t'adores, très bonne connexion, que t'aimes la musique, que lui il la déteste, il aura peut-être pas la même créativité. À l'inversement, toi tu vas peut-être pas se faire pareil parce que la musique elle va pas t'emballer. C'est indépendamment de toi finalement. Il y a des choses qui sortent de notre zone de contrôle qu'il faut aussi apprendre à accepter. Il faut quand même apprendre à accepter.
- Manon
Tu parlais de l'énergie que tu mets dans la danse, quand tu danses en social, et aussi de ce que tu vas communiquer. C'est quoi la différence pour toi entre l'énergie que tu mets dans un social et l'énergie que tu mets sur scène.
- Marina
Justement, on parlait d'entité au début, on n'est pas dans le même format d'échange. Donc effectivement, dans le social, on se retrouve vraiment plus en one-to-one. Et dans le show, en fait, je veux communiquer vraiment à une masse, au plus grand nombre, et souvent, on peut effectivement avoir l'impression que c'est exagéré. Pour moi, ça n'a pas toujours à être exagéré, mais ça a à être vécu. Et par contre, on n'a pas le vivre de la même façon. T'as des personnes qui vont être beaucoup plus expressives, d'autres un peu moins, au même titre que t'as des shows qui vont être très dynamiques, et des shows qui vont être très lents dans tous les cas ça reste de la perf. D'ailleurs peu importe le style ça reste de la perf et en fait à partir du moment où tu es aligné et au clair avec toi sur sa façon de communiquer forcément du coup tu vas toucher du monde si toi même tu le vis de façon faussée et c'est à dire que tu essaies de le pousser sans que toi tu le ressente forcément ça peut être un peu survol donc c'est forcément un point important du travail du show il ya une histoire de donner quand tu es en perf tu donnes énormément. Parce que justement, tu te retrouves dans cette position où c'est toi qui offres. Et donc, quand tu offres aux gens, tu y mets toute ton attention, tu y mets tout ton travail, toute ton énergie, tout ton temps. Mais il faut vraiment que tu y ailles à 100% de toi-même quand tu donnes pour que justement, les gens puissent recevoir. Il y a le fait qu'ils soient loin, le fait que ça puisse être un show justement qui ait beaucoup de technique. Il y a des contraintes scéniques, c'est-à-dire que tu ne vas pas faire un show dos pulic. Et encore, si quelqu'un se sent d'essayer, moi je ne dis pas non. Mais voilà, tout est toujours dans cette énergie que tu donnes. Tu donnes, tu donnes, tu donnes en perf, t'es vraiment... Tu donnes, tu montres, ça fait aussi partie du show, totalement. Tu donnes et tu montres. Et donc du coup, tu te mets pas dans la même position. Dans le social, on est dans une position d'échange. Et dans la position de perf, c'est vraiment tu donnes aux gens et eux après peuvent te redonner. Mais tu ne changes pas ton show s'ils ont réagi ou pas. C'est-à-dire, imaginons...
- Manon
C'est un autre challenge. Après le show dos pulic, le show évolutif,
- Marina
On fait un moitié show, moitié impro. On peut se dire, tu fais un début de show, tu vois comment ça réagit. Et en fonction. Donc, tu n'es pas dans la même construction. Forcément, ça fait énormément de plaisir quand tu as du retour, quand tu fais de la perf. L'erreur serait de danser en attendant du retour. Vraiment de se dire, moi, je n'ai pas aimé ce show parce qu'en fait, les gens, ils n'ont pas réagi. Du coup, ça devient compliqué pour toi par rapport à ton travail de prendre du plaisir dans ce que tu fais. Mais par contre, de te dire, je donne tout ce que je peux, quoi qu'il arrive, et je le fais. Je sais pourquoi je travaille. Je sais sur quoi je veux aller. Je sais pourquoi je le fais. Du coup t'as tout gagné et tu offres même de façon beaucoup plus généreuse parce que t'es pas dans l'attente et faire performer en étant dans l'attente de... ça se fait beaucoup, ça se fait énormément et je pense même que c'est un process c'est à dire que ça peut être une façon au début de se lancer dans la perf, de se dire oui je le fais parce que je vais chercher à me montrer ou je vais chercher justement à me mettre en avant etc ça peut être une façon de mettre un pied dedans ce que je trouve pas mal du tout, ça permet de basculer après c'est bien de travailler du coup sur son positionnement dans tout ça et de savoir du coup réellement pourquoi je le fais, est-ce que... Est-ce que je veux le faire, je veux le continuer de cette façon ? Est-ce que je veux réaiguiller ou pas ?
- Manon
Après, d'un point de vue plus professionnel, le show, c'est aussi une carte de visite.
- Marina
Aujourd'hui, oui. Et peut-être un tout petit peu à moindre mesure, parce qu'il y a les réseaux. C'est-à-dire que, fut une époque où on avait moins de réseaux, si t'avais pas de show, t'avais pas de vitrine. Donc les gens te voyaient moins, ou en tout cas, on utilisait peut-être un peu moins les réseaux pour faire en sorte que du coup, on n'en soit pas totalement dépendants. Aujourd'hui, t'as des artistes qui ont pu monter très vite, très rapidement grâce aux réseaux sans show.
- Manon
Ah donc maintenant tu trouves que c'est possible.
- Marina
Maintenant ça reste possible grâce au réseau. En festival lorsque tu arrives, c'est toujours mieux, lorsque tu veux te développer d'avoir un show. Parce que forcément arrive le soir, on va être très pragmatique, tous les artistes passent sur scène et tu n'y passes pas, forcément les gens vont t'oublier. Et ça n'a rien de méchant contre toi ou autre. Mais par contre les gens ne t'ont pas vu dans le show. Donc ils ont été subjugués par tout ce qui vient de se passer. Ils gardent tous les shows en tête et tu n'y es pas juste parce que justement tu n'en as pas. Donc ça continue d'y contribuer, je trouve qu'il en faut, il faut continuer à en avoir. Mais du coup, est-ce que je dirais que c'est indispensable ? Non. Et même autre chose, c'est qu'aujourd'hui on a des artistes qui sont connus, qui ne sont pas des performeurs, mais qui sont des artistes de social. Et pareil, je différencie les catégories. Un bon danseur de perf, en majeure partie, n'est pas un bon danseur de social. Et inversement, il faut apprendre à nourrir les deux catégories, mais quand tu excelles dans quelque chose, tu sais que tu dois travailler dans l'autre. Et tu tires un peu le curseur pour venir équilibrer le tout. Mais tu peux aussi, j'allais dire, avoir une belle carrière en ayant basé totalement tout ton travail sur le social. Et il y en a quelques-uns dans ce cas-là.
- Manon
J'ai une dernière question pour toi.
- Marina
Oui.
- Manon
Est-ce que tu peux me raconter ce qui t'a accroché ? Qu'est-ce qui a fait que tu es tombée dans la salsa et que tu y es restée depuis toutes ces années ?
- Marina
Oula, c'est une question dure, ça. Est-ce qu'il faut que je m'en souvienne ? Alors, ce qui m'a accrochée, j'aime beaucoup danser. Danser avec un grand D. Donc j'ai de la chance d'avoir grandi sur l'île de la Réunion. où on danse énormément. Vraiment, ça fait partie de la culture. On a une danse traditionnelle qui s'appelle le Maloya, mais en fait, globalement, en soirée, on danse tout le temps. L'un des exemples qui m'a le plus marquée, je pense culturellement parlant, en arrivant en France, et je pense que ça va parler à beaucoup, c'est qu'en arrivant dans des dîners à table, on reste à table de 7h, je crois quand t'arrives, jusqu'à la fin du repas. Chez moi, on arrive à 6h, on prend l'apéro, à 7h30, on écarte les tables et on danse. On fait la seconde partie du repas quand t'as dansé au bout de 2h. Et donc il y a vraiment une culture de la danse qui est très très forte. Donc j'aime énormément danser, et j'ai eu la chance de découvrir la salsa très très tôt. Je ne dirai pas l'âge. Très tôt. Et en fait j'ai accroché rapidement, parce que j'étais dans un environnement où je dansais, alors j'étais la seule ado à l'époque, et en fait je dansais très rapidement dans les soirées avec tout le monde. Et aujourd'hui, maintenant t'as beaucoup plus de jeunes, mais à l'époque, dès que t'étais une très jeune danseuse, dans un milieu d'adultes, j'ai eu la chance d'être très bien entourée, et d'être très vite poussée, donc j'ai pu danser. Du coup, très tôt, très rapidement. Et par un tas, j'ai guidé, suivi en même temps. Et j'ai fait cubaine et sur le 1 en même temps.
- Manon
Tout en même temps.
- Marina
Ouais, tout en même temps. Histoire de tout combiner. Sans m'en rendre compte, bien évidemment, avec la jeunesse. Donc c'est un peu ce qui m'a accrochée. Et ensuite, ça a été une histoire de musique. J'adore écouter de la musique en constant. Et les rythmes de salsa m'ont énormément parlé. Et ça correspondait à une phase où je faisais beaucoup de chorale. Et sur la salsa, tu peux chanter. Donc là, je sais que typiquement la romantica je suis désolée mais trois quart des chansons je les chante et en fait je pouvais écouter de la salsa qui n'était pas des musiques de chez moi qui me parlaient où j'arrivais à ressentir l'énergie et où j'arrivais à danser et à m'exprimer en même temps et donc là j'ai accroché mais à puissance 1000 sur toutes les musiques qui étaient de ce genre là en fait à l'époque sans le savoir, sans le savoir je l'ai su bien bien bien plus tard que je n'écoutais qu'un seul genre musical pendant des années. Mais bon ça marche, ça marche très bien. Après on se dit on se diversifie mais romantica forever.
- Manon
Merci. Merci Marina.
- Marina
Merci à toi.
- Manon
Merci pour ton écoute J'espère que cet épisode t'a plu. Maintenant que les liens entre la danse en social et en show sont bien établis grâce à Marina, passons du côté des conventions sociales et des règles souvent implicites qui régissent notre communauté du côté des danseurs C'est Marion avec qui j'en discute la semaine prochaine. En attendant n'hésite pas à partager cet épisode et à rejoindre Mosaïque Salsa sur Instagram. A lundi prochain !