- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, je suis heureuse de vous présenter ce deuxième épisode bonus consacré au Trophée Rose des Sables, qui est un rallye raide 100% féminin et solidaire qui a lieu tous les ans au Maroc. Que ce soit au bord d'un 4x4, d'un SSV, d'un quad ou d'une moto, ces femmes qui ont participé au Trophée Rose et Sable se sont unies pour vivre une expérience humaine hors normes. Et par-dessus tout, de faire preuve de solidarité, car cet événement collecte des fonds afin de soutenir des associations telles que les Enfants du Désert, qui œuvrent auprès des enfants défavorisés, ou bien Ruben Rose, qui lutte contre le cancer du sein. En octobre 2021, Mothard a relevé le défi d'affronter le désert marocain. Et honnêtement, je me sens tellement reconnaissante envers Agnès de m'avoir accordé cette interview. On ressent chez elle cette farouche volonté d'aller jusqu'au bout de ses rêves, malgré toutes les galères qu'elle a rencontrées avant et pendant le trophée Rosé Sable. Elle a eu la chance d'être sponsorisée par Motoglouz et c'est avec succès qu'elle a honoré son engagement, qui est celui d'arriver au bout de cette aventure extraordinaire. Honnêtement, quand j'avais terminé l'interview avec elle, j'avais les étoiles plein les yeux. Bref, je ne vous en dis pas plus et pour commencer, Agnès nous parle de la naissance de sa passion pour la moto.
- Speaker #1
Je ne sais pas exactement comment est née ma passion pour la moto, mais c'est quelque chose qui m'a suivie un peu toute ma vie. Quand j'étais gamine, j'étais assez impressionnée par les gens qui faisaient de la moto, que ce soit des cousins en Bourgogne en vacances, ou des gens que je croisais sur la route. Quand j'étais à l'arrière de la voiture de mes parents et que je voyais des motards, c'était toujours quelque chose d'assez impressionnant pour moi. Et je m'étais toujours dit, il faudrait que j'essaye un jour. Et puis les événements font que tu ne peux pas forcément essayer de faire de la moto quand tu veux dans la vie. Et finalement, j'ai attendu d'avoir 34 ans et d'être au Canada pour passer mon permis.
- Speaker #0
Pourquoi tu ne l'as pas passé en France ?
- Speaker #1
Alors, encore une fois, événement de vie. Moi, j'essayais de partir au Canada depuis trois ans. J'essayais d'obtenir mon visa pour un PVT pour le Canada depuis trois ans. Je ne l'avais pas. Par contre, j'avais des sous de côté et je m'étais dit, ces sous-là, c'est la dernière année que je postule pour partir au Canada. Si je n'ai pas mon visa, je les mets dans le permis moto. Et en fait, j'ai eu mon visa 15 jours après. Donc finalement, je suis partie au Canada et j'ai attendu d'être installée là-bas après une année sur place. Et là, je me suis dit, je ne vais pas attendre plus, je vais passer mon permis moto. Donc je l'ai passée là-bas.
- Speaker #0
Et comment ça se passe le permis moto au Canada ?
- Speaker #1
C'est très différent de la France. Quand tu es au Canada, il y a plusieurs étapes. En fait, ils dissocient le côté théorique et pratique comme en France. Donc tu as une partie théorique qui dure 8 et 10 heures de théorie, que tu peux suivre en ligne ou à l'école de moto. Là, on t'explique exactement comment fonctionne une moto, on te fait revoir un peu le code de la route, tout ça. Après, tu as un examen théorique que tu passes. à la SAAQ, donc la Société des Assurances Automobiles du Québec. Donc là, tu passes ton examen. Puis une fois que tu as eu ton examen, là, tu peux passer à la pratique. Et la pratique, c'est quatre sessions de quatre heures où là, tu apprends vraiment à connaître ta moto, en fait, de A à Z. Donc, tu présentes d'abord la moto, comment ça fonctionne, tous les éléments à vérifier avant que tu montes dessus. Et après, tu as tes cours sur le circuit fermé où tu apprends à passer la première, passer la seconde. où tu apprends à tourner, où tu apprends à prendre un virage, à faire le contrepoids, tout ça. Et puis après ça, tu as 10 heures de conduite sur route où là, tu as trois sessions. En gros, la première, c'est deux heures parce que ça devient très, très fatigant, la moto, quand tu ne sais pas en faire. Tu as une première session de deux heures et après, c'est deux sessions de quatre heures, je crois, ou quelque chose comme ça. Et en fait, entre chaque étape, en gros, tu as un examen à passer. Donc, il faut que tu passes d'abord ton examen théorique. Ensuite, tu as l'examen pratique sur circuit fermé. et après t'as après un an de pratique t'as un examen sur route mais en fait ils te laissent un an pour pratiquer une fois que t'as fini tes cours sur route pour voir comment tu te débrouilles tout ça donc t'es considéré comme apprenti et en tant qu'apprenti il y a seulement deux choses que t'as pas le droit de faire par rapport aux motards qui eux sont confirmés t'as pas le droit de rouler entre minuit et 5h du matin tu n'as pas le droit de prendre quelqu'un derrière toi en tant que passager. La troisième chose, évidemment, c'est l'alcool. Zéro tolérance pour l'alcool quand tu es apprenti.
- Speaker #0
Toi, tu as participé en octobre 2021, Trouvé Rose et Sable. Je voulais savoir, qu'est-ce qui t'a motivé à relever ce défi de taille ?
- Speaker #1
Il y a eu pas mal de déclencheurs. Il y a plusieurs choses. La première, c'est qu'on sortait du Covid. Le Canada a eu des confinements un peu différents de la France, mais ça a duré plus longtemps au niveau du confinement. Ils étaient plus souples parce qu'on n'avait pas besoin d'autorisation de sortie. Par contre, sur les regroupements de personnes, c'était très compliqué. Moi, je venais de rentrer en France pour la première fois depuis quasiment un an et demi, deux ans, voir ma famille, parce qu'avant ça, je ne pouvais pas voyager. et j'ai eu une envie d'aventure en fait ça m'a déclenché une envie de faire quelque chose où je me disais je peux pas passer ma vie en confinement enfin je sais pas, j'avais besoin de faire quelque chose qui ait du sens et j'ai commencé à chercher un peu des trucs en lien avec la moto parce que j'adore ça puis je me disais qu'il y avait forcément moyen de se rendre utile via la moto et encore une fois il y a eu plusieurs déclencheurs ma maman était atteinte d'un cancer du sein quand j'étais ado Le Trophée Rose des Sables, ils collectent de l'argent pour Ruban Rose, qui se bat contre le cancer du sein et fait de la prévention et tout ça. Et puis en fait, au début, j'ai commencé à regarder pour le Trophée des Gazelles, mais ils ne prenaient pas de motardes. Et donc, le Trophée Rose des Sables, eux, prennent des motos. Donc je me suis dit, pourquoi pas, allons-y. C'est ça, ça a été ça les déclencheurs. C'était vraiment la sortie du confinement. Ma maman qui avait eu un cancer du sein, j'avais envie de faire quelque chose de significatif vis-à-vis de ça. Et puis une envie d'aventure, un peu de sortir des sentiers battus, puis une envie de me prouver que j'étais capable de faire des choses un peu plus challengeantes. J'avais besoin de faire quelque chose qui ait du sens à ce moment-là.
- Speaker #0
Et comment toi tu l'as annoncé à tes proches, ta participation à cet événement ? Et qu'est-ce qu'ils en ont pensé ?
- Speaker #1
En fait, j'ai une chance incroyable. Moi, j'ai des proches qui sont très dans le soutien tout le temps. Dès que je fais un truc, ils sont toujours derrière moi à me soutenir. je suis très chanceuse je suis très chanceuse j'ai pas de gens qui me disent t'es complètement folle j'ai pas de gens qui me disent mais arrête tes conneries du coup j'ai c'est pas que j'ai pas de limites c'est juste que comme je suis très très bien soutenue j'ai conscience de mes limites et je me rends bien compte que je peux leur faire peur parfois quand même quand j'ai annoncé à ma mère on rentrait de vacances et j'ai dit à ma mère ah je pense que je vais faire un truc un peu fou là j'ai envie d'un truc un peu un peu rock'n'roll tu vois qui sort un peu de l'ordinaire elle me dit ok tu penses à quoi ? j'aimerais bien faire un un rallye, j'ai repéré ça et tout, elle me dit, mais t'es à le niveau, tu sais ce que ça prend, je fais, non, mais on va regarder, on va y aller pas à pas, et puis voilà, elle me dit, bah écoute, si c'est ce que t'as envie de faire, vas-y, donc ça, c'est vraiment des réactions où évidemment, elle est inquiète, elle va s'inquiéter, parce que, on va dire, qu'est-ce qu'elle va encore m'inventer pour partir à l'autre bout du monde, pour faire des trucs qui n'ont pas de sens, et tout ça, mais dans l'ensemble, elle est toujours derrière moi, tu vois, à me soutenir, et tout ça, donc... En fait si ma mère me soutient, moi derrière ma soeur me soutient aussi. Mon frère a été un très gros support à ce moment-là, mon père pareil. Il n'y a personne qui m'a dit t'es complètement folle Alors moi je me le suis dit, plus tard, parce que je suis partie au Trophée Rose des Sables en n'ayant fait seulement 3-4 sorties hors route, en n'ayant aucune expérience hors route. donc c'était quand même assez énorme et ça je m'en suis rendu compte rétrospectivement elle me disait t'es vraiment folle tu te lances dans des trucs,
- Speaker #0
t'es pas préparé et vraiment un jour tu vas te tuer mais bon sur le coup les gens ont très bien réagi et moi c'est ça m'a fait halluciner enfin vraiment dans le bon sens du terme justement tout ce parcours parce que Je pense que ça a été vraiment le parcours du combattant quand j'ai lu justement tes articles. En fait, ça a été un parcours du combattant avant même d'arriver au Maroc.
- Speaker #1
Ça a été toute une aventure de préparation surtout. C'est-à-dire que le Maroc, c'est la cerise sur le gâteau, comme on dit, c'est un peu la récompense. Après un an de travail vraiment pour préparer le départ. C'était la cerise sur le gâteau du Maroc. Mais effectivement, la préparation était drôle. Il faut avoir conscience qu'on n'est pas nombreux au Québec, on n'est pas nombreuses au Québec à vouloir ce genre de rallye-là. Ou en tout cas, si on est nombreuses à le vouloir, on n'est pas nombreuses à le faire. Et cette année-là, avec le Covid, parce que ça prend de l'argent, on ne va pas se mentir, cette année-là, avec le Covid et tout ça, tous les événements que les Québécoises ont l'habitude d'organiser pour justement récolter des fonds, ce n'était pas possible. donc il n'y avait pas de recoupement possible encore une fois on n'était pas autorisé à faire des fêtes dans des salles ou même dans des parcs c'était vraiment compliqué les filles avec lesquelles je suis partie ont vraiment dû inventer d'autres façons de récolter de l'argent on fait des paquets de chocolat à base de sirop d'érable et on les vend on fait les marchés elles ont vraiment fait plein de trucs elles ont organisé des loteries il y a vraiment plein de choses à faire pour récolter de l'argent Moi j'ai une chance incroyable, vraiment, où je suis hyper reconnaissante, j'ai trouvé un sponsor très rapidement, via mon frère du coup, qui travaille chez Motoglouze, et j'ai soumis mon dossier, qu'il a soumis après en interne, ils ont étudié la proposition, ils ont dit ok, on y va, on me finance ton voyage, donc déjà là c'était un gros soulagement, j'ai eu la nouvelle en janvier. et tout entre, moi j'ai pris la décision de partir en septembre 2020, septembre 2020, janvier 2021, j'avais pas de sponsor, j'avais pas d'argent, je savais pas comment récolter de l'argent, je cherchais des idées pour essayer de mettre de côté au maximum, j'économisais, tout ça, donc c'était un peu compliqué, et en même temps, en parallèle, j'avais un super, j'ai toujours d'ailleurs un super copain québécois, avec qui on a la moto pour passion commune, qui m'a dit, écoute, est-ce que t'as une moto pour t'entraîner ? non non je pars de zéro en fait j'ai aucune expérience hors route et j'ai pas de moto donc il faut que j'en trouve une il dit écoute si tu veux moi j'ai une vieille KLX dans le garage il faut la retaper au complet mais pour une première moto hors route si t'as besoin de t'entraîner et qu'on aille dans les chemins et tout ça peut le faire très bien allons-y donc il me vend sa KLX on passe une partie du printemps à la remonter ensemble en parallèle du coup le motobus commence à me financer donc c'était beaucoup plus facile pour aller chercher justement des pièces pour remonter la moto ils m'ont envoyé de l'équipement enfin vraiment j'ai été choyée comme c'est pas permis et donc la moto je pense qu'elle était prête elle était prête début juin et en parallèle ça faisait 8 mois que je faisais du sport à fond à la maison mais que je faisais pas de moto en dehors de la route je faisais pas de moto donc j'ai pas fait de moto hors route vraiment avant le mois de juin de l'année où je suis partie et grosso modo il s'est passé deux choses la première c'est que je cherchais quelqu'un pour m'entraîner au delà de cette sortie qu'on faisait avec mon ami je cherchais quelqu'un pour m'entraîner sur du sable parce que c'est pas donné à tout le monde de pratiquer dans le sable au Québec il n'y a pas tant d'endroits comme ça où on peut le faire et puis tant de gens qui savent le faire surtout donc j'ai commencé à chercher, j'ai trouvé un mec qui est spécialisé là-dedans, qui a fait plusieurs fois le Dakar qui a participé à la fois côté organisation et côté participant au Dakar. Il est assez connu au Québec. Et je le contacte. Et là, lui, par contre, me dit t'es complètement folle. Il me dit t'y arriveras jamais, t'as pas la bonne moto, t'as aucune expérience, tu pars dans un truc, tu sais pas dans quoi tu mets les pieds. Je suis comme, bah super. Bon, bah ok, tu sais, je vais quand même prendre une session d'entraînement parce qu'on est besoin. Il me dit, ok, mais sois prête à galérer. Très bien, merci beaucoup. et en fait en parallèle je continue à chercher quelqu'un pour m'entraîner parce que je me dis je ne peux pas partir avec un mec qui a cette mentalité là je ne peux pas me dire que cette aventure ça fait 8 mois qu'elle dure je me prépare physiquement, je me prépare psychologiquement je prépare une moto, j'ai un moto complet et tout ça je ne peux pas me dire que c'est ce genre de mec qui va m'entraîner et qui va me décourager, ce n'est pas possible et je ne voulais pas de ce mindset là, je ne voulais pas de cette mentalité là dans mon aventure donc je continue à chercher, je contacte des gens et tout ça et là on me dit oui il y a telle personne qui pourrait t'aider je le contacte et là il me dit écoute pas de problème moi je t'entraîne et puis vu que c'est pour le trophée rose des sables je le fais gratuitement enfin waouh donc vraiment super enthousiaste il me dit mais tu as de l'expérience je fais non pas du tout il me dit bon qu'est-ce qui m'a sorti il m'a dit, alors j'aime ton enthousiasme, j'aime ta naïveté. J'ai vraiment très bien. Plus ou moins, tu sais, me décourage pas. Il me dit, non, non, mais écoute, on va faire ce qu'on peut, tu sais, mais je te promets rien, mais vu que t'es motivée et vu que c'est pour te refaire oser ça, vu que c'est vraiment pour une bonne cause, ok, on va essayer. Donc déjà, j'aimais un peu mieux la mentalité, donc évidemment, j'ai allumé avec le premier mec que j'avais contacté parce que je voulais absolument pas de lui dans mon aventure. donc j'ai rencontré cette personne là qui est fort sympathique qui me dit la chose que je te demande c'est de jamais donner mon nom je me dis très bien donc je respecte ça je ne donnerai pas son nom ou son prénom et donc voilà je le rencontre une première fois puis on passe la journée ensemble tu me rends compte à quel point effectivement ça va être compliqué en fait de partir au Maroc parce que avec les exercices qu'il me fait faire encore une fois je pense que je suis sortie deux fois en hors route et c'était des petites balades vraiment tranquilles et lui me fait faire des exercices et il me... il me fait faire des exercices toute la journée j'étais m'y épuiser j'étais sur les rotules à la fin de la journée et je me dis mais jamais je vais y arriver et en fait il me dit tu me recontactes quand t'es sortie 2-3 fois et quand t'as fait les exercices que je t'ai demandé de faire donc j'ai passé un mois et demi à faire plein d'exercices, à m'entraîner tous les soirs. J'allais sur un parking au fin fond de Montréal, qui avait un peu de gravier, qui n'était pas bitumé, je cherchais des places où je pouvais déraper, où je pouvais tomber sans me faire trop de mal. J'ai passé un mois et demi où tous les soirs, je faisais 20 km de vélo, et j'allais faire deux heures de moto sur un parking, je finissais la nuit, et je repartais chez moi en vélo. donc c'est ça et je le recontacte du coup au bout d'un mois et demi et là il me dit ok si t'es prête pour le sable on va dans le sable, je sais pas si je suis prête pour le sable mais on va essayer et là on passe une matinée dans le sable et en fait il a cru que j'allais mourir et moi aussi c'est à dire que j'arrêtais pas de me viander et puis j'allais vite en fait j'allais vite, j'avais pas forcément les bonnes motos parce que KLX mon ami m'avait prêté une DRZ aussi mais c'est pas forcément les motos idéales pour le sable parce qu'elles sont un peu lourdes et elles sont pas forcément aussi, c'était pas super récent comme les motos qu'on a maintenant, donc c'était un peu, c'était très lourd quand même à gérer dans le salon, et voilà, donc on a quand même bien galéré, j'étais vraiment épuisée aussi au bout de la matinée, et je me suis dit, effectivement, le Maroc, ça va être compliqué, quoi. mais encore une fois t'es une espèce de déni qui t'accompagne tout au long du truc où tu te dis non mais ça va aller t'es obligée en fait de dire ça parce que si tu te dis pas ça tu pars pas donc je me dis non non ça va aller en fait je me dis avec Hercule si j'avais su ce qu'il m'attendait je l'aurais jamais fait mais je suis très contente de l'avoir fait et de ne pas l'avoir su pour ça phénoménal et puis c'est ça, du coup j'ai fait une sortie après ça et je suis partie au Maroc où là j'avais loué une CRF 300L qui est une très très bonne petite moto qui est vraiment parfaite pour ce genre d'aventure et où je me suis éclatée tu dis justement que c'était vraiment des concours de circonstances qui t'ont emmenée
- Speaker #0
au Maroc ?
- Speaker #1
Non, vraiment, et puis je me sens chanceuse à un point, en fait, j'ai l'impression que toute cette aventure a été faite uniquement grâce à des rencontres. Tu vois, c'est vraiment des gens qui m'ont accompagnée, c'est un ami qui me propose une moto, c'est ce mec-là que je rencontre un peu par hasard, parce qu'on me l'a conseillé au détour d'un mail, et je lui ai dit, je vais le contacter au cas où, tu sais, mais c'est vraiment du hasard, et en fait... c'est que ça, c'est que des rencontres avec des gens qui ont le cœur sur la main, qui sont hyper investis dès qu'ils ont décidé d'aider quelqu'un et qui croyaient en moi alors que, honnêtement, même moi, par moments, j'y croyais pas, quoi. Et quand je te dis, à aucun moment, j'ai eu quelqu'un qui a essayé de me freiner, à part ce mec justement qui a fait le Dakar, où je l'ai ressenti comme un frein, mais peut-être que c'est moi qui n'avais pas la bonne mentalité non plus à ce moment-là, mais... je pense qu'il était un peu trop terre à terre pour moi, j'avais besoin de gens qui m'encourageaient à rêver, et en fait tous les gens que j'ai rencontrés à ce moment-là m'ont encouragé à y aller, même s'ils savaient dans quoi je m'embarquais, même s'ils se rendaient compte de la difficulté que ce serait, même si, après je dis pas, ils m'ont traité de folle en rigolant, nous en étions complètement barrés, vraiment ça va pas du tout, trouve-toi un autre truc, fais du tricot, je sais pas, mais on rigolait, il y avait pas vraiment un soutien derrière. à aucun moment personne n'a essayé de me décourager vraiment et donc oui je me sens incroyablement chanceuse d'avoir eu ce soutien là de la part de gens qui pour le coup me connaissent ou me connaissent pas ou me connaissaient pas à ce moment là et se sont investis à 200% pour moi c'est
- Speaker #0
incroyable concernant tes entraînements physiques tu m'as dit que tu faisais du vélo est-ce que t'as fait d'autres choses ?
- Speaker #1
ouais je faisais plein de choses je faisais des programmes d'entraînement à la maison qui duraient entre 30 et 40 minutes chaque jour enfin chaque jour, jusqu'à 5 fois par semaine parce que ça me permettait de garder un rythme et tout ça mais d'avoir quand même des jours de repos donc c'était des hits, c'était de la muscu c'était ouais c'est ça du renforcement musculaire du cardio donc un peu de ça j'alternais avec de la course à pied parce que j'avais plus de 3 à 5 kilomètres donc c'était de la petite course à pied puis vraiment débutant mais ça me permettait de me vider la tête le soir quand j'entrais du boulot quand je ne pouvais pas faire de sport. Et en parallèle, je prenais des cours de boxe, pas en salle, mais à la maison. Pareil pendant le Covid, les remontes de préparation, tu avais des gars qui filmaient leurs cours de boxe et qui les mettaient sur Instagram après, ou qui les faisaient en live sur une autre application. Et du coup, je le faisais, c'était gratuit. Puis ça me permettait de me défouler aussi, une fois de temps en temps, le week-end. donc ouais il y avait beaucoup de sport quand même mais je pense que c'est ça aussi qui m'a permis de tenir psychologiquement parce que c'est beaucoup de stress la préparation pour moi ça a été quand même beaucoup de stress encore une fois le contexte quoi, covid, préparation tu peux pas faire ce que tu veux quand tu veux t'as pas de moto, t'as pas de sous, t'as pas de machin une fois que Moto Blues a embarqué dans le projet ça a été beaucoup plus serein dans ma tête mais ça reste que les trois semaines, un mois avant le départ t'as une pression de malade qui monte et t'as besoin de faire du sport à mort pour évacuer mais voilà j'alternais les activités pour pas trop me lasser j'alternais les activités pour justement travailler des choses différentes aussi tu vois, alterner le vélo avec la course alterner la boxe avec le renforcement musculaire
- Speaker #0
donc voilà ça me permettait de voir d'autres choses puis de ne pas me lasser c'était une préparation physique aussi qui était importante justement pour ce genre de défi et en plus de ça c'est que ça t'a permis de tenir aussi le coup parce que trois semaines avant d'arriver au Maroc t'as eu plusieurs séries en fait d'événements notamment fermeture surprise des frontières entre le Canada et le Maroc
- Speaker #1
horrible, le coup de stress dont t'as pas besoin avant de partir j'avais pris mes billets d'avion chez Royal Air Maroc du coup On avait toutes pris nos billets d'avion sur cette compagnie-là, je pense, parce que c'était la moins chère. Donc je devais faire Montréal, je ne sais plus si c'était Casa. Je pense que c'était Montréal, Casablanca. pas très cher quoi et trois semaines effectivement avant le départ le Canada a annoncé qu'il allait faire avec le Maroc et là tu te dis mais c'est pas possible comment on fait quoi on t'appelle Royal Air Maroc qui répondent pas qui se fait une réclamation en ligne tu te dis super et en fait tu te dis le seul moyen qu'on fasse c'est de passer par un autre pays donc de faire une escale en France donc là tu te dis bah génial donc je vais prendre mes billets avec Air France donc bah Montréal Paris puis Paris Paris-Casa ou je ne sais plus quelle ville au Maroc et ouais ça te met un stress supplémentaire parce que t'as tout prévu parce que t'as déjà payé le supplément bagage parce que t'as déjà payé ton billet t'as plus de budget en fait t'es arrivé à trois semaines du départ C'était compliqué. Je ne sais même plus ce qu'on me demandait en plus, en passant par la France. Je pense qu'on allait avoir une autorisation supplémentaire à ce moment-là. Je ne sais pas. Bref, c'était un casse-tête. Tu en rajoutes à chaque fois.
- Speaker #0
En plus de ça, à J-10, la carte grise de ta moto a été perdue par chronopost.
- Speaker #1
Effectivement. En fait, pour avoir la moto sur place, j'ai été obligée de l'acheter. mais avec une condition de reprise j'avais trouvé un concessionnaire pareil super sympa avec des gens sur Facebook et tout ça le concessionnaire acceptait de me vendre la moto temporairement et de la reprendre après le rallye parce qu'en location c'était pas possible parce que je sais plus pourquoi est-ce que c'était parce que j'étais au Canada est-ce que c'était parce que j'avais pas l'assurance française je pense que c'était ça j'avais pas l'assurance française c'était un peu compliqué de la louer du coup il m'a dit écoute je te la prépare je te la mets comme tu veux avec tout le... tout l'équipement dont tu as besoin et tout ça, je te la prépare, je te la ship au Maroc, donc tu l'auras là-bas, tu l'achètes, donc je t'envoie les papiers, comme ça tu n'as pas de problème, et au retour, tu me renvoies les papiers, et en gros, je te la reprends pour tel prix, je te dis, écoute, très bien, par contre, fais comme ça. Donc j'achète la moto, sauf que j'avais besoin des papiers, parce que sans les papiers, au moment où tu t'enregistres, aux enregistrements, au moment de commencer le Trophée Rose des Sables, tu n'as pas de papiers de ta moto, tu ne roules pas. Donc je lui demande de les envoyer à ma mère qui est en France, et ma mère me les envoie via chronopost ou je ne sais plus quelle entreprise. Et à 10 jours du départ, pas de papier. Je lui dis mais tu les as envoyés quand ? Elle me dit bah tel jour. Je dis ok, on fait le suivi sur internet, colis perdu. entre les fermetures de frontières la carte grise qui n'arrive pas à quel moment ça va s'arrêter c'est con mais toi ton aventure avait déjà commencé avant d'arriver au Maroc du coup c'est vraiment si j'arrive à gérer ça après je peux tout gérer dans ma vie le niveau de stress tu rentres chez toi je suis hyper zen pour le reste de ma vie donc voilà et en fait finalement c'était une très bonne chose que le Maroc ferme ses frontières ça m'a forcé à passer par la France donc au moment, ma mère a été géniale encore une fois soutien absolu de sa part au moment où j'arrive en France donc à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle je sors dans la zone d'embarquement de l'aéroport ma mère est là, elle me tend ma carte grise j'ai le temps de lui faire un bisou puis de repartir pour rembarquer pour le vol d'après repasser la sécurité et tout ça donc vraiment finalement, l'un dans l'autre, ça s'est bien emboîté, tu vois, ça s'est bien enclenché parce qu'il n'y aurait pas eu de fermeture de frontière, je n'aurais pas changé mon vol, je n'aurais pas changé mon vol, je n'aurais pas pu récupérer ma carte grise. Bon, finalement, tout s'est bien goupillé, mais il y avait quand même un niveau de stress assez élevé. Je n'étais pas sereine. Je n'étais pas sereine. Je pense que je n'ai pas été sereine à partir de le mois qui a précédé le départ jusqu'au moment où j'étais sur ma moto dans le sable.
- Speaker #0
Et le jour J arrive. enfin tu dis moi je voudrais savoir qu'est-ce que t'as ressenti au moment du départ le premier démarrage quoi le premier démarrage de moto ?
- Speaker #1
ouais de moto ouais le premier démarrage de moto je suis excitée comme une puce j'essaye de prendre la mesure à la fois de ce qui m'attend et en même temps de ce que je suis en train de vivre j'ai vraiment envie d'être dans le moment et de me dire arrête de flipper arrête de flipper parce que ça va aller. Maintenant que t'es là, de toute manière, ça va aller. Tu sais, tu vas le finir, puis tu vas arriver au bout. Moi, j'étais vraiment partie en me disant, dans tous les cas, je veux pas gagner ce trophée, je m'en fous. J'étais pas vraiment partie dans une course ou dans un rallye contre les autres, en fait. J'étais vraiment... C'était plus un trophée, mais un truc que j'avais envie de réaliser, puis j'avais envie de terminer. J'étais d'accord sur l'objectif. Mon objectif, c'était pas de gagner ou quoi que ce soit. C'était vraiment de terminer en vie. donc j'étais vraiment dans le moment dans le moment présent, j'essayais vraiment de prendre l'avion de dire ok ça y est là, on y est puis c'est maintenant que tu vis ton aventure puis tout ce que tu as traversé depuis un an bah c'était pour ça, donc maintenant tu profites et juste t'arrêtes de poser des questions et c'est assez efficace la première étape est quand même super cool et courte c'est pas encore du sable, c'est pas les dunes, c'est du off-road, mais peinard. Enfin moi ça m'a semblé vraiment peinard, puis honnêtement les chemins étaient tracés, la première étape t'as pas vraiment d'orientation en tant que telle, déjà tout le monde part quasiment en même temps, tu passes par des balises mais c'est assez simple, t'as pas de problème d'orientation puis t'es jamais seule. donc la première étape elle est quand même relativement tranquille, ça te met en confiance et je pense qu'elle est faite pour ça et c'est très bien qu'ils le fassent comme ça, elle te met en confiance elle te décourage pas et tu dis ok c'est bon, si je suis capable de faire cette première étape,
- Speaker #0
je suis capable de faire le reste ça te permet en fait de rentrer dans le bain progressivement parce que vraiment en termes de navigation, toi t'avais un roadbook est-ce que t'avais une préparation au roadbook au départ ? il faut savoir le lire oui
- Speaker #1
C'est ça, il faut savoir le lire, mais en fait, les représentants du Trophée Rose des Sables, que ce soit au Québec ou en France, font des sessions justement de formation. donc on s'était retrouvés dans un parc à Montréal au parc La Fontaine, puis on était une dizaine de nanas là-bas et on nous avait appris justement, on nous avait évidemment expliqué comment ça allait se passer, on avait répondu à toutes nos questions et ils avaient pris une heure je pense pour nous dire voilà comment ça se passe le roadbook, voilà comment ça se passe pour s'orienter, voilà comment tu te sers d'une boussole, voilà comment donc tu te dis bon, finalement c'est quand même pas si compliqué que ça, après le faire pendant que tu conduis c'est autre chose et puis il faut savoir que ta boussole elle peut être déréglée aussi par la proximité du métal donc quand tu prends ta direction bah parfois il faut t'éloigner de ta moto donc à chaque fois tu descends, puis tu remontes, puis machin donc tu peux pas toujours le faire, donc c'est un peu compliqué mais cette première étape là, elle te met en confiance parce que t'as ton roadbook parce que tu vois que c'est pas si compliqué de le suivre puis en même temps encore une fois t'es jamais seul ce qui fait que t'as toujours du monde autour de toi à suivre et ça, ça te met en confiance aussi donc tu te dis bah au pire là il y a quand même peu de chances que je me perde dans le désert toute seule, tu vois, avec le choix à l'autre bout du monde donc ça va bien mais cette première étape elle est quand même cool, elle est vraiment cool
- Speaker #0
Et est-ce qu'il y a des moments où tu t'es sentie seule parce qu'il n'y a pas énormément de femmes qui participent à moto pour le Trophée Rose et Sable ? Je crois qu'en 2021, tu avais trois femmes, c'est bien ça.
- Speaker #1
J'avais trois femmes, les deux autres plus jeunes que moi, puis avec une bien belle expérience que moi en termes de hors-route. Elles faisaient du hors-route depuis beaucoup plus longtemps, elles étaient beaucoup mieux formées et tout ça. Elles m'ont donné plein de tips justement pour que je sois... pour que je m'en sorte en fait, pour que j'arrête de galérer et tout ça, ils m'ont vraiment aidée. Et je ne me suis pas sentie seule. En fait, je me suis sentie seule à certains moments, certains jours, parce que tu pars en différé. Et tu pars en différé, et du coup, tu essaies de ne pas suivre les gens parce que tu n'as pas forcément envie, tu n'as pas forcément envie justement d'être toujours entourée. Et en même temps, tu passes par des routes où tout le monde passe, si jamais tu ne te perds pas. et du coup quand tu tombes t'as toujours quelqu'un pour t'aider à te relever je pense que sur le rallye au complet ça a dû arriver deux fois que des nanas passent en voiture à côté de moi et m'aident pas à relever ma moto. Deux fois, sur tout le rallye. Tout le reste du temps, t'as toujours les nanas qui descendent, qui vont t'aider à dégager ta moto du sable, à la relever quand t'as plus de force, qui vont attendre avec toi que tu reprennes ton souffle, qui vont appeler les secours, si jamais y'a besoin d'appeler les secours, elles sont toujours là. Et elles savent que toi, par contre, tu vas pas t'arrêter. Elles savent qu'en moto, si tu t'arrêtes, c'est galère pour repartir. Alors qu'elles, elles sont coincées dans le sable, elles doivent dégager du sable, du 4x4, mais tout le temps. et elles te diront jamais rien parce que tu t'arrêtes pas parce que t'es en moto donc il y a une espèce de protectionnisme envers les motards qui est super sympa parce que déjà t'es une belle sororité dans ce genre d'événement oui t'as de la concurrence, on va pas se mentir mais t'as quand même beaucoup d'entraide et de solidarité mais pour les motos là on est vraiment choyés on est suivis à la fois on est entourés vraiment par tout le monde en 4x4 ou en buggy ou en quad et en plus de ça t'as quand même les équipes de la Croix-Rouge qui suivent aussi, puis t'as les balayeurs qui suivent aussi le convoi et qui sont toujours en vrai c'est cool ça a été quoi la plus grosse galère que t'as rencontré est-ce que t'es tombée, t'as chuté enfin je me suis fait super mal plein de fois parce que la fatigue en fait Il y a deux grosses difficultés. La première, c'est la fatigue et les douleurs dans le corps. C'est-à-dire qu'au bout de deux jours, moi, je commençais à développer un syndrome d'éloge. Donc, ça veut dire que, grosso modo, le muscle des avant-bras gonfle parce qu'il gagne en...
- Speaker #0
en volume, et la paroi de ton muscle, elle ne bouge pas, elle n'est plus élastique du tout, ce qui fait que ça enferme ton muscle dans une sorte de... C'est comme si tu avais des crampes ou des courbatures tout le temps, tout le temps, tout le temps dans les avant-bras. Donc ça tire énormément, et t'as beau te préparer physiquement, il y a des choses que tu ne peux pas anticiper, et ça, je n'avais pas anticipé. Donc les douleurs sont vraiment intenses. Puis quand tu tombes, du coup, tu te fais d'autant plus mal, et tu te fatigues beaucoup plus vite, parce que tu tombes, tu dois relever ta moto. tu dois voir si ton corps va encore bien, c'est quand même beaucoup d'émotion aussi de tomber à chaque fois, tu te fais peur, tu te demandes si ta moto va repartir, tu te demandes ce que t'as cassé, tu te demandes ce que tu t'es cassé, à chaque fois tu check les dégâts, puis tu repars un peu moins sereine parce que... c'est pas que tu perds confiance, mais tu te dis, putain, celle-ci, j'aurais pu l'éviter facilement. Si j'étais pas aussi fatiguée, si j'avais pas aussi mal, en fait, j'aurais pu l'éviter facilement. Ça, les chutes, c'était quelque chose d'assez intense. Dès le premier jour, je crois, je suis allée à la tente de la Croix-Rouge. Bonjour, j'ai une entente sous pouce, puis j'aurais besoin d'un pack de glace et tout. Je me dis, ok, ça va. Je dis, bah ouais, ça va. Et je pense que j'allais là-bas tous les soirs. Et les mecs, à la fin, me connaissaient super bien. Puis on a passé la dernière journée ensemble. parce que voilà il me suivait en fait il me suivait en 4x4 c'est à dire que le dernier jour il me suivait les deux derniers jours il me suivait en 4x4 il me disait non non mais on va rester pas trop loin juste au coeur je me suis dit bon ok mais c'était cool du coup j'avais mon équipe de la Croix-Rouge dédiée je me sentais vraiment VIP c'était chouette mais oui tu finis par te faire mal en tombant comme ça trop régulièrement puis encore une fois c'est vraiment lié à la fatigue ça c'est quand même quand t'as fait une grosse journée de moto puis t'arrives chez toi Là, c'est exactement la même chose. Ça t'arrive 12 fois par jour. En gros, c'est intense. C'est vraiment de l'endurance. Donc ça, c'était difficile.
- Speaker #1
Et t'as 6 étapes, non ?
- Speaker #0
Je sais plus, c'était 5 ou 6. mais ouais c'est vraiment de l'endurance mais même sur une journée là tu le sens t'as des moments où t'es en mode faut que je fasse une sieste c'est vraiment j'avais le temps je fais une sieste tu vois parce que voilà t'as pas le temps tu roules et puis tu fais ce que tu peux et tu vas au bout de en fait tu vas vraiment au bout de ce que ton corps peut donner je trouve ça ça a été une grosse révélation je suis allée au bout de ce que mon corps pouvait donner et je trouvais ça vraiment chouette en termes de processus et d'analyse je trouvais ça vraiment cool la deuxième chose la plus difficile c'était les dunes Moi le sable, encore une fois, j'avais fait une matinée dans le sable avant de partir, puis les dunes, c'est une après-midi complète. Autant dire que quand j'ai commencé les dunes, je pense que je me suis vautrée au bout de 20 mètres. J'ai dit, très bien, donc là on vient m'aider, on relève la moto et tout ça, je repars, rechute au bout de 20 mètres. Et en fait, il y a une appréhension qui commence à se créer en disant, chaque fois que je vais descendre une dune, je vais me vautrer. ça va être horrible, je vais me vautrer à chaque fois et donc tu entretiens une espèce de cercle vicieux comme ça où tu te dis ok là je monte mais il faut que je fasse attention à ce qu'il y a derrière parce que je ne sais pas ce qu'il y a derrière la dune mais je vais me vautrer c'est sûr et certain et en fait avec ce mindset là tu vas nulle part et c'est ce qui s'est passé en fait t'avais plein de mecs en plus t'avais plein de t'as beaucoup de gens en fait sur le parcours qui t'observent qui viennent te voir, qui te proposent de conduire ta moto pour toi qui disent que les femmes ne devraient pas conduire une moto, que machin donc ils te proposent de la conduire pour toi derrière une je me dis bah non en fait c'est gentil mais non c'est ma moto et puis tu me laisses tranquille maintenant non non non laisse moi tranquille mais du coup en plus de ça ça te crée une angoisse parce que c'est pas tant qu'ils te regardent en train de te vautrer c'est que moi j'en étais au point je me dis mais j'ai plus le contrôle de ma moto et si je leur fonce dessus on va créer un truc, il va y avoir un accident je vais pas être bien et donc il y a tout ça qui joue, il y a le regard de ces mecs là que tu connais absolument pas mais qui veulent absolument aider, qui veulent absolument te faire descendre de ta moto qui veulent absolument te vendre un truc qui veulent absolument, donc t'as ça t'as le côté combat avec toi même où tu dis je peux y arriver, je peux le faire et tout ça puis t'as le sable, où là tu te dis mais ça fait 3 fois que je me vautre en 10 minutes comment je fais pour arriver au bout de 3 heures de dune ? Et moi, je n'ai pas fait de dune. J'ai fait demi-tour.
- Speaker #1
D'accord. Ah oui, je ne savais pas que tu avais une possibilité justement de contourner les dunes.
- Speaker #0
Ah oui, non, je n'ai pas pu. Je n'étais vraiment pas préparée pour ça. Je n'étais pas... c'est ça ou alors je serai rapatrié par Nico parce que je suis incapable ou parce que je me serais trop blessé ou parce que voilà et encore une fois les bénévoles du Trophée Rose et Sable ce sont des gens mais adorables qui sont là en termes de soutien mais tout le temps en train de t'encourager en train de te dire non mais regarde prends une pause là prends 10 minutes un quart d'heure puis relate puis bois un coup puis nous on est là pour toi ok si tu veux continuer on va t'aider à relever ta moto sous du long si tu veux pas continuer on la rapatrie au camion et on fait le chemin ensemble à la fin mais en fait t'arrives aux dunes t'es déjà un peu claqué et en vrai je pense que ça fait déjà 3 jours que t'es sur le rallye ou 4 jours donc t'as déjà eu le temps de te blesser, t'as déjà eu le temps de voir à quoi ça ressemblait t'as eu le temps de voir de quoi t'étais capable aussi parce qu'on va pas se mentir, le déni il tient un moment mais quand t'es le cul dans le sable et que ta moto t'arrives pas à la remonter seule et que t'attends une demi-heure qu'il y ait une voiture qui passe en disant mais est-ce que je suis sur le bon chemin vraiment ça crée de l'angoisse aussi et là tu te dis purée dans les dunes est-ce que j'ai vraiment envie d'aller à ce point dans mes limites psychologiques aussi, parce que tout se joue au mental au final, t'as le physique mais t'as aussi le mental et honnêtement quand t'as plus le mental quand tu commences les dunes en n'ayant pas le mental bah en fait tu peux pas y aller et moi j'avais pas le mental, je suis arrivée aux dunes hyper anxieuse déjà à la base je me suis vautrée 3 fois, je te dis en 20 minutes et j'étais en mode bah non en fait ça vaut pas la peine, ça va être ça tout du long, je vais pas pouvoir finir, et j'ai vu les deux autres motardes le soir, elles étaient dans un état, mais encore une fois, elles avaient une bien meilleure expérience que moi, en route, avant de partir, et elles ont fini en larmes, donc je me dis, j'aurais jamais pu tenir. en vrai, je pense que c'était la meilleure décision, c'était ce qui allait être plus sale, à mon niveau en tout cas, parce qu'encore une fois, le déni, ça dure un moment, mais tu ne peux pas, une fois que tu es dedans, le déni, tu ne peux plus te le permettre.
- Speaker #1
Est-ce que tu es prête à connaître tes limites en tout cas, sur ça, et à peser le pour et le contre ?
- Speaker #0
Non, je suis beaucoup plus sage de là, beaucoup plus sage, en ayant conscience encore une fois de mes limites, tant physiques que psychologiques. parce que tu le sais tu le sais, tu sais un jour où t'es pas bien et que tu prends ta moto, tu le sais que t'aurais peut-être pas dû la prendre, bah là c'est pareil tu te dis bah aujourd'hui là j'étais hyper anxieuse de ça ils nous préparent en même temps, ils savent que c'est une grosse étape ils savent que on est tous hyper anxieux, toutes hyper anxieuses ils savent que c'est le truc où on se révèle à soi-même mais voilà, moi je me dis j'y suis allée pour me prouver quelque chose j'ai fait le plus gros du taf quand même si je décide de ne pas faire des thunes parce que je sais de quoi je suis capable, je sais aussi mes limites, je pense que j'en ressors grandie. Plutôt que d'y aller en me disant je vais pleurer pendant 6 heures, je vais mettre 6 heures au lieu de 3.
- Speaker #1
Et te mettre en danger surtout.
- Speaker #0
Me mettre en danger et mettre la moto en danger aussi. On ne va pas se mentir. C'est important d'avoir une moto qui finit la course aussi. Tu as plein de 4x4 qui ont lâché. Moi, j'avais des mamas à côté de leur 4x4 qui attendaient les équipes de réparation. étant là, t'avais genre un joint de culasse qui l'achète,
- Speaker #1
t'avais rien pour réparer compliqué quoi et toi ta moto elle a tenu jusqu'au bout ?
- Speaker #0
elle était toute neuve donc oui elle a tenu jusqu'au bout c'était un instant d'honneur encore une fois il y a une super équipe technique sur place pour t'accompagner aussi ils te filent tous les outils le soir pour que tu souffles sur ton filtre à air que tu refasses de l'huile s'il y a besoin que tu graisses ta chaîne t'as quasiment un garage sur place pour t'aider c'est quand même apaisant d'avoir ce genre de soutien technique là le soutien mécanique c'est vraiment très bien
- Speaker #1
Est-ce que tu as des moments justement ton anecdote sur les dunes est-ce qu'il y a des moments où tu t'es dit jamais je vais pouvoir rentrer au bivouac ?
- Speaker #0
La dune j'ai abandonné assez facilement donc je ne me suis pas posé de question sur le retour au bivouac j'étais assez sereine parce qu'en fait j'ai passé l'après-midi avec les bénévoles à regarder les autres partir et elle me dit non mais je suis bien je suis bien au frais, je suis bien en train de boire mon eau tout va bien, donc ça c'était cool par contre il y a un jour où on s'est dit effectivement il y avait une étape où on a loupé une balise je sais pas pourquoi en fait il y avait un espèce de de croisement en Y et je prends à droite au lieu de partir tout droit mais parce que ma boussole me disait ça donc je suis ma boussole et on se retrouvait avec deux ou trois autres voitures exactement dans le même coin et à tourner en rond pendant longtemps pour trouver la balise. Et à un moment donné, je me dis, bon, il me reste un peu d'essence quand même, ça va, pas d'enjeu majeur, mais on ne trouve pas la balise. Donc peut-être qu'on n'est pas dans la bonne direction. Sauf que, en repartant à l'endroit du croisement, moi, ça me redit de repartir dans la même direction. je reviens dans la même direction sauf que là je pars dans une espèce de colonne rapide et je fais le chemin qui est dispo et le chemin je me dis mais jamais de la vie il nous ferait passer par là en fait ils veulent pas qu'on meure du coup jamais de la vie il devrait nous faire passer par là je vois pas d'autres traces de roues donc à aucun moment je devrais être là en fait donc je reviens au bas de la colline je fais le tour je vois une autre voiture, on commence à parler je pense que ça faisait une heure et demie qu'on était en train de tourner à 3-4 voitures on passe la colline, et là on retrouve encore 3-4 voitures supplémentaires, et toutes elles nous disent bah non, pas de balises, on n'y arrive pas et en fait on a décidé de couper on a arrêté là, je pense qu'il était il commençait à faire nuit tu vois, on avait plus de soleil il était 19h, 19h30, quelque chose comme ça on s'est dit bah là, en fait on peut pas se permettre de continuer jusqu'à minuit et demi non plus parce qu'il fait froid la nuit dans le désert et qu'il a fait super chaud, qu'il a fait 40 degrés toute la journée qu'il a sué comme pas possible que si tu décides de continuer jusqu'à minuit, t'as plus d'intérêt à avoir des fonds de rechange, ce qui n'était clairement pas mon cas, en tout cas en moto, puis que j'avais plus d'eau, j'avais plus de barres de céréales, j'avais plus de pommes potes ou quoi que ce soit, j'avais plus de... À la fin, t'as plus d'essence, donc dans tous les cas, t'es obligé de faire un choix. Donc ce soir-là, c'était un peu un échec, on est rentrés... On était une dizaine quand même à échouer, à rentrer au camp comme ça, en finissant pas cette étape-là. on a appris après qu'il aurait fallu aller tout droit et que la balise était juste en face et qu'on aurait quasiment pris le même chemin pour rentrer mais bon voilà pas de regrets encore une fois même quand t'es perdu t'es pas seul finalement la preuve on était perdu donc quelque part ça a un côté hyper ravi tu peux quand même être seul on va pas se mentir mais il y a des fois où je voyais personne pendant 3 heures moi j'aurais galéré t'as plutôt intérêt à avoir confiance en tes capacités d'orientation ce qui n'est clairement pas mon cas j'ai quand même beaucoup de questions mais tu finis toujours par retrouver quelqu'un. Et du coup, tu te dis, c'est bon, si je la vois de loin, c'est que ça va. Parce qu'il y a plein de stratagèmes.
- Speaker #1
Mais bon, pendant trois heures, tu as quand même le temps de...
- Speaker #0
Oui, tu sens un petit stress qui monte. Tu te dis bon, ok, est-ce que je vais retrouver de l'essence à un moment donné ? Est-ce que je vais me perdre ? Est-ce que je dois appeler les secours ? Mais oui, tu finis toujours par retrouver quelqu'un. Tu te dis finalement, je suis sur le bon chemin, ça va.
- Speaker #1
Et quand tu arrives au bivouac, tu fais quoi de ta journée ? Une fois que ta journée moto est terminée ?
- Speaker #0
Tu as quand même passé beaucoup de temps en moto. Donc tu arrives au bivouac, il est 5h, 5h30, voire 6h ou 7h. Ça dépend de ce que tu as fait dans ta journée. Il y a une demi-journée qui est dédiée aux associations où là, tu as du monde qui vient sur le camp, où tu t'aides à charger des colis dans les camions, tout ce qu'on a ramené de France en général, tout ce que les gens ont pu ramener de France comme provisions, comme matériel scolaire, parce qu'il y a quand même plusieurs associations qui sont aidées par cet événement-là. Donc tu as une après-midi où tu aides à charger des camions et tout ça, et le reste du temps, c'est tu vas prendre ta douche. Tu vas manger, puis tu passes la soirée avec tes collègues. La douche, c'est assez drôle parce que c'est des tuyaux d'arrosage qui laissent passer 10 gouttes d'eau à la minute froide, évidemment, parce que sinon, ce n'est pas drôle. Tu vas dans ta tente pour essayer de ranger un petit peu et puis de retrouver des affaires. Parce que pareil, tu t'étales, tu changes de bivouac tous les deux jours, mais tu t'étales quand même. tu as plein d'affaires partout et après tu vas au centre du bivouac où là tu as plein de fous, plein de tables où les gens se mettent là pour chiller, pour manger, c'est un peu l'heure de l'apéro mais il n'y a pas de...
- Speaker #1
tu vas prendre l'apéro et puis tu manges c'est sympa ça te permet de te ressourcer aussi parce que vous êtes tout ensemble à ce moment-là
- Speaker #0
En fait, c'est ça, ça te permet de ventiler un peu sur ta journée, tu vois, de raconter la journée que t'as eue si jamais t'as croisé personne, de voir où tu t'es planté si jamais les autres machins, c'est là où on voit aussi, t'as une équipe de tournage qui suit en fait tout le trophée pendant toute la durée du trophée, et ils font un mini-journal le soir, du coup ils montrent un peu les galères des unes et des autres. mais voilà c'est drôle en fait de se dire tiens telle équipe elle a fait ça telle nana s'est arrêtée pour m'aider donc je vais la retrouver le soir pour la remercier encore une fois t'échanges avec tes collègues motardes aussi parce que ben voilà on n'a pas tout à fait de l'expérience puis c'est compliqué parfois de pas de trouver des repères, surtout pour moi j'étais débutante donc parler avec elle le soir ça me permettait quand même de me dire ah ouais je devrais faire ça comme ça ou peut-être en termes de positionnement sur la moto pendant que c'est ça il faut que tu te positionnes vachement en arrière moi je ne le savais pas donc ben voilà c'est des choses c'est vraiment un bon moment c'est un moment où t'es hyper sociable où t'es crevé où du coup tu rigoles pour rien parce qu'en plus il y a de l'alcool et du coup dès que tu bois un peu t'es parti mais c'est un moment hyper sympa parce que tu retrouves effectivement des gens ouais tu profites quoi en même temps tu partages un truc qui est tellement unique avec des gens qui sont tellement pas les gens que t'aurais dans ta vie de tous les jours j'aurais jamais rencontré ces nananas dans ma vie de tous les jours c'est des filles qui travaillent à l'autre bout du Québec qui font que j'aurais pas eu l'occasion de rencontrer en dehors de ça donc t'apprends à les découvrir aussi tu crées du lien super rapidement avec des gens que t'aurais jamais rencontré et c'est hyper enrichissant c'est hyper c'est drôle c'est fouette,
- Speaker #1
c'est vraiment des beaux moments quand je t'entends parler évoquer cette aventure, j'ai l'impression que elle est en toi encore cette aventure il y a énormément d'enthousiasme j'ai l'impression que là tout ce que tu viens de nous dire c'est moi je vis le moment avec toi et là tu es en train de le revivre c'est très très fort ce moment
- Speaker #0
C'est le genre de truc, moi je pense que je ne le ferai qu'une fois dans ma vie, parce que ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup de disponibilité psychologique et tout ça, que je n'ai plus forcément maintenant. Ça demande beaucoup d'énergie au niveau physique pour te préparer et tout ça. Puis ça demande beaucoup d'énergie pour aller chercher des sous et convaincre les gens de te suivre là-dedans. C'est un truc que je fais une fois, que je ne referai pas, mais du coup je l'ai vécu à fond et c'est quelque chose qui va rester avec moi toute ma vie. Mais tout comme les prochaines expériences que je vais vivre et qui seront un peu hors du commun.
- Speaker #1
Qu'est-ce que cette expérience t'a apporté dans ta vie ? humainement et puis sans doute sur plusieurs aspects ?
- Speaker #0
Humainement, ça m'a quand même pas mal... Ça m'a permis de me rendre compte à quel point j'étais bien entourée et à quel point finalement les rencontres... à quel point tu pouvais faire des rencontres hyper enrichissantes. Comment je peux te dire ça ? Déjà, ça m'a permis de me rendre compte que j'étais très bien entourée. J'avais vraiment un réseau de soutien qui est incroyable. Ensuite, ça m'a permis de me rendre compte que parfois, il suffisait du tout de rencontres pour réussir à faire quelque chose. un peu hors du commun, de trouver les bons soutiens. C'est un peu ce que je te disais tout à l'heure, le mec qui m'a entraîné versus le mec qui appelle Dakar, c'est de choisir aussi les gens qui rentrent dans ta vie ou qui n'y rentrent pas. Moi, j'ai clairement choisi de me passer de l'expertise d'un mec qui appelle Dakar pour choisir quelqu'un pas forcément qui me ressemble le plus, mais avec un mindset qui ressemble le plus au mien, ou en tout cas au mindset dont j'avais besoin à ce moment-là. Donc c'est mieux de connaître aussi, ça te permet de mieux te connaître, ça te permet de mieux savoir de quoi tu es capable. Rien que ça en fait, tu te dis, mais plutôt que, sans aucun mépris et sans aucun jugement, mais plutôt que de rester dans mon canapé à regarder Netflix toute la soirée pendant un an, ben non, je suis allée faire du sport pendant un an, j'allais me bouger, tu vois, j'ai fait des choses, et en fait de me dire que tu es capable de ça. ça te donne quand même vachement confiance en toi, et tu te dis que... t'as un côté maîtrise et lâcher prise c'est à dire que tu maîtrises une partie de ta vie tu maîtrises forcément ce que tu décides de faire à partir du moment où tu prends des décisions et que tu vas au bout ça te donne une maîtrise sur ce que t'es capable de faire et sur ce que tu choisis de faire dans ta vie et ce sur quoi tu vas mettre de l'énergie et en même temps t'as un espèce de lâcher prise où tu te dis il y a des choses que je peux pas contrôler malgré tout, j'ai beau prendre les meilleures décisions du monde il y a plein de choses que je peux pas contrôler et ça il faut que j'apprenne à faire avec tu vois notamment les fermetures de frontières tu peux pas contrôler le fait que Chronoposte perde ton colis dix jours avant le départ tu peux pas contrôler mais t'es obligé de faire avec et tu trouves toujours des solutions je pense que ça m'a appris ça ça m'a appris à je suis capable de trouver des solutions même dans les pires moments et je pense que ça c'est une belle leçon quand même de dire qu'au delà de la moto au delà de l'expérience au delà du côté physique ou mental tu ressors de là en te disant si je suis capable de faire ça avec le peu d'expérience que j'avais et si je suis capable d'affronter tous les aléas qui vont avec en vrai je pense que je suis capable de faire tout ce que je veux dans la vie et
- Speaker #1
tu ressors de là grandi je pense j'imagine même pas le sentiment d'accomplissement que t'as dû ressentir après ça est-ce que c'était un sentiment d'accomplissement ou pas ?
- Speaker #0
ouais c'est un sentiment d'accomplissement en vrai là quand t'arrives à la dernière étape à la dernière ligne d'arrivée il se passe un truc quand même moi je me suis mise à chialer j'ai pleuré parce que t'es une espèce de oui l'accomplissement t'as quand même de la fierté en disant que je l'ai fait quoi t'es de zéro et je l'ai fait et franchement c'est pas souvent que je suis fière de moi comme ça donc là je pense que je peux m'accorder un petit moment je vais me taper sur l'épaule tu vois parce que vraiment c'était quand même pas mal réaliser aussi que encore une fois tous ceux d'on va plus vite mais ensemble on va plus loin puis ça c'est vrai en fait j'aurais pas eu tout ce réseau de soutien j'aurais jamais été capable de faire tout ce que j'ai fait tu te rends compte à quel point finalement avoir des gens autour de toi qui te soutiennent c'est hyper important et oui t'as ce sentiment d'accomplissement en te disant c'est une victoire d'équipe plus que perso mais putain c'est passé super vite quand t'arrives à la dernière ligne d'arrivée et tu te dis j'en ai chié pendant 5 jours mais en vrai c'est quand même passé super vite un an de préparation pour 5 jours ou 6 jours de ça et là ça y est c'est déjà la fin et tu te dis t'as un espèce de moi j'ai eu une espèce de redescente directe je vais faire quoi maintenant c'est quoi la prochaine étape t'as accompli un si grand rêve hein
- Speaker #1
Quand tu reviens de ça, est-ce que tu ne ressens pas un moment de vide ?
- Speaker #0
Complètement. Moi, j'ai eu un long moment de vide. C'est drôle parce qu'en fait, une des nanas qui nous aidait à nous préparer justement au Trophée Rose des Sables, là au Québec, nous a dit Non, mais moi, de toute manière, je ne connais pas une femme qui a fait le Trophée Rose des Sables et qui n'a pas soit changé de mec en rentrant, soit changé de travail, soit déménagé. J'ai dit ouais c'est bon Moi j'ai déménagé de la France au Québec Montréal j'y suis bien Faut pas déconner quoi Deux mois après je changeais de travail et de ville Je me dis bon bah très bien Et en fait je pense qu'il y a un tout Mais j'ai eu je pense un bon Un bon 4 à 6 mois de déprime après ça où je n'arrivais pas à retrouver l'énergie qui me faisait aller au sport tous les jours où je n'arrivais pas à retrouver de projet qui me plaisait assez pour que je m'investisse dedans où je ne retrouvais pas de sens ça avait eu tellement de sens pendant un an qu'après ça tu es un peu vide tu reviens finalement alors tu es encore en contact avec les filles avec qui tu as partagé ça mais c'est plus la même chose parce qu'on est rentré moi je me suis sentie très vide pendant longtemps pendant un bon 6-8 mois c'était compliqué après ça tu reprends un peu la routine ça peut pas non plus être tout le temps en préparation de trophée tu te poses beaucoup de questions sur ce que t'es capable de faire une fois, est-ce que t'es capable de le refaire d'autres fois, tu te poses des questions sur est-ce que t'es capable aussi de garder cette mentalité là de de compétition un peu sur du long terme ? Est-ce que tu ne te lancerais pas dans du rallye un peu plus sérieux ? Tu vois, est-ce que... Mais... Bon, la vie reprend le dessus, puis tu repars dans la routine et tout ça jusqu'au profond projet, mais... Mais ouais, tu as quand même un... Enfin, moi, j'ai eu un gros moment de vide. Je n'ai pas réussi à rebondir tout de suite et je n'ai pas réussi à retrouver de projet qui me motive autant et qui me prenne autant de temps, autant d'énergie tout de suite.
- Speaker #1
est-ce que tu as des conseils à donner aux auditrices et du coup principalement aux auditrices qui nous écoutent et qui souhaiteraient participer au Trophée Rose des Sables d'y aller sans trop se poser de questions de ne pas essayer justement moi
- Speaker #0
ce qui m'a aidé c'est de ne pas regarder ce que les autres avaient fait avant de ne pas forcément regarder les résumés de ce que tu trouves sur Internet, de ne pas forcément... Tu auras toujours plein de conseils. Tu as des groupes Facebook, tu as plein de gens qui l'ont fait, qui vont te donner plein de conseils et tout ça. Moi, je dirais, va chercher des conseils techniques. Va chercher des conseils en termes de matériel. Va chercher des conseils sur comment te préparer, à la limite. Mais ne cherche pas à savoir comment c'est avant de diète parce que ce ne sera jamais pareil dans tous les cas et ce ne sera jamais la même aventure pour tout le monde. donc il y a plein de gens qui posent plein de questions sur ouais c'est comment le sort au bivouac c'est comment ceci c'est comment cela moi je l'ai vécu comme ça ça veut pas dire que toi tu vas le vivre comme ça donc c'est juste de focaliser sur les choses que tu peux gérer à savoir le matériel, la préparation physique tout ça mais vas-y te pose pas de questions vas-y parce que c'est une super expérience et pose pas de questions sur l'expérience en elle-même parce que ce sera jamais pareil pour toi que pour quelqu'un d'autre mais de pas hésiter à le faire
- Speaker #1
Pour conclure, moi je voudrais savoir ton prochain défi à moto, parce qu'il y a eu quelques années maintenant qui sont passées après le Trophée Rose des Sables.
- Speaker #0
Pas encore identifié pour le moment. Là je viens de rentrer en France, j'ai toujours pas de moto pour le moment. Déjà je me cherche une petite moto pour la vie de tous les jours, donc je vais commencer par ça. Prochain défi ? Ce n'est pas vraiment un défi, c'est plus un voyage, mais j'envisage l'Alaska l'année prochaine en moto, traverser du Canada et donc aller en Alaska en moto l'année prochaine en été. Et puis c'est ça, il n'y a pas vraiment de défi sportif en tant que tel, il n'y a pas de nouveau rallye, non pas que je n'ai pas envie, j'ai besoin de temps je pense pour rentrer, m'installer, reprendre un peu un rythme, m'assurer que je garde mon job. je vais me laisser le temps de réfléchir et de trouver un truc qui me plaît vraiment avant de me lancer dans le premier truc venu et puis après c'est vrai que ça met du temps à faire aboutir dans la tête un projet,
- Speaker #1
c'est pas forcément évident de détecter nos envies et de faire correspondre nos envies à un projet précis vraiment,
- Speaker #0
puis moi j'ai des goûts assez éclectiques et j'ai des goûts de luxe en ce moment j'ai très envie de partir faire de la voile et de faire un convoyage de voilier entre la France et n'importe quel autre pays donc c'est pas vraiment relié à la moto non plus pourtant je vais pas abandonner la moto pour autant mais ça prend beaucoup de sous tout ça donc voilà j'aime bien varier les plaisirs je ne sais pas si je referai un rallye un jour dans ma vie j'espère que oui parce que c'est quand même une très belle aventure mais je ne sais pas lequel,
- Speaker #1
je ne sais pas quand donc je vais me laisser le temps de laisser mûrir tout ça avant de prendre la décision de y aller à fond Vous ne pouvez pas vous quitter sans faire la minute de gratitude qui est en quelque sorte une réflexion sur ce que j'aurais appris au cours d'une micro-aventure d'une aventure ou grâce à un invité Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin. Et c'est le dicton qu'Agnès aura choisi pour parler de cette aventure hors normes. Avez-vous remarqué que lorsqu'on fait le bon choix pour soi, toutes les choses semblent se mettre naturellement en place, même si elles ne se font pas toujours sans difficulté ? Qu'est-ce que j'aurais retenu du récit d'Agnès ? Eh bien, une aventure dont on ne ressort pas indemne. Car au-delà de cette aventure sportive, c'est avant tout une formidable leçon de vie, concentrée, certes, et c'est d'ailleurs cette intensité qui fait qu'elle reste mémorable, le genre d'expérience qui t'enrichit. qui te poussent à jongler avec l'inconnu pour faire exploser tes barrières mentales. En fait, ce genre d'aventure, au-delà du fait de sortir de sa zone de confort, c'est un cadeau. C'est un cadeau que l'on s'offre, même si l'emballage donne du fil à retordre. On trouve à l'intérieur de ce cadeau une boîte à outils qui nous permet par la suite de mieux affronter les difficultés dans la vie. de nous adapter face aux situations périlleuses, de mieux nous connaître et par conséquent, de mieux connaître nos limites pour les dépasser, ou bien au contraire, pour les respecter, et par-dessus tout, de faire preuve de résilience, un thème qui est cher à mes yeux. Et enfin, je vous laisse sur un proverbe d'Albert Einstein qui disait Au centre de la difficulté se trouve l'opportunité à méditer. Si vous avez aimé mon podcast, je vous invite à le faire partager et ou à me laisser un petit commentaire. A très bientôt !