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#186 | Flore Vasseur (réalisatrice) : "La joie est un choix" cover
#186 | Flore Vasseur (réalisatrice) : "La joie est un choix" cover
Nouvel Œil

#186 | Flore Vasseur (réalisatrice) : "La joie est un choix"

#186 | Flore Vasseur (réalisatrice) : "La joie est un choix"

45min |06/01/2025
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#186 | Flore Vasseur (réalisatrice) : "La joie est un choix"

#186 | Flore Vasseur (réalisatrice) : "La joie est un choix"

45min |06/01/2025
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Description

Flore, c’est une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pensent tout bas. Elle m’inspire et en inspire tant d’autres. Des milliers, pour ne pas dire des millions.


Depuis 20 ans, Flore Vasseur travaille pour comprendre la fin d’un monde et d’un système qui craquèle de toutes parts. Livres, film, débats, elle œuvre quotidiennement à l’émergence d’un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain.


Avec Flore dans cet épisode, on parle d’engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d’action.


J’espère que cette écoute t’invitera à raviver l’émerveillement.


Belle écoute ! ☀️ 

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Cette saison de podcasts est soutenue par Nouveau Monde, un fond qui facilite l'accès à la méditation et à la pleine conscience, en France.

Si tu as aimé cet épisode, tu peux le partager, écrire un commentaire dans la description et laisser des étoiles sur ta plateforme d'écoute !   

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👉Pour retrouver Flore

. Sur Instagram

. Sur son site

. Sur Linkedin

. Son dernier livre "Et maintenant, que faisons-nous ?" (ed Grasset)

. Son film Bigger Than Us

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👉Pour suivre les aventures du podcast 

. Sur Instagram 

. Sur le Site   (depuis lequel tu peux t'abonner à la newsletter) 

. Sur LinkedIn  

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L'identité musicale de cette émission est composée avec les musiques de Tim Dup.

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👉Les grandes questions posées dans cet épisode

8mn : En quoi le seul remède, c’est de remplacer la peur par l’amour ?

12mn : Qu’est-ce que la vie t’a appris jusqu’à aujourd’hui ?

14mn : Comment accueilles-tu l’aspect cyclique de nos vies ?

19mn : Pour toi, ouvrir un livre, c’est comme ouvrir un chemin. Quel chemin tu as voulu ouvrir avec ce livre ?

27mn : Est-ce forcément en faisant, en accomplissant, que l’on devient quelqu’un ?

31mn : On sent en toi une force plus grande que tout. D’où te vient t'elle ?

35mn : Comment protège tu ton feu intérieur ?

40mn : Est-ce que tu te sens à ta place, aujourd’hui ?

41mn : Elle ressemble à quoi, une journée de Flore Vasseur ?

42mn : Qu’est-ce que le mot « émerveillement » t’inspire ?

43mn : La liberté, c’est quoi pour toi ?

44mn : Quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent ?

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👉Référence(s) abordée(s) : le livre Bhagavad-Gita.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale.

  • Speaker #1

    Hello, moi c'est Victoria, une éternelle optimiste qui tente de placer l'émerveillement au cœur de l'écologie. Chaque semaine, je tends mon micro jaune à une personne qui m'inspire pour poser mes questions sur ce qui fait nos vies. A travers le parcours audacieux de mes invités, je questionne la confiance en soi, le sens d'une vie, l'amour, la liberté, l'écologie, bref, autant de sujets qui traduisent un monde qui bouge et qui rythme nos vies. Tout de suite, je t'invite à emprunter un nouvel œil pour regarder le monde et la vie sous un autre angle. On s'est retrouvés chez elle, un lundi après-midi de décembre. Le ciel était gris, les bougies éclairaient son appartement chaleureux. Voilà cinq années que nos chemins se sont croisés avec Flore Vasseur, grâce à Nouvel Oeil. Depuis, on ne s'est jamais éloigné, mais toujours soutenu. Flore, c'est un peu comme une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pense tout bas. Elle m'inspire, et en inspire tant d'autres. Des milliers pour ne pas dire des millions. Elle inspire par sa manière d'être au monde, par ses pensées, toujours fines et précises, et par la justesse de son regard posé sur tout ce qui nous entoure. Depuis 20 ans, Flore travaille pour comprendre la fin d'un monde et d'un système qui craquelle de toutes parts. Livres, films, débats, elle œuvre quotidiennement à l'émergence d'un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain. Avec Flore dans cet épisode, on parle d'engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d'action. J'espère que cette écoute t'invitera à raviver l'émerveillement.

  • Speaker #0

    Let's go,

  • Speaker #1

    Mago. Let's go.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je suis trop contente de te retendre le micro jaune quatre ans après.

  • Speaker #0

    C'est clair. On a grandi.

  • Speaker #1

    Aussi grâce à toi. Tu me fais grandir. Tu es une marraine, pas que du projet Shimla, une marraine au sens large du terme, une marraine de vie. C'est vrai qu'on s'est rencontré pour ce podcast à mes tout débuts quand j'étais encore un bébé. Et on s'est plus quitté depuis. C'est vrai. Donc tu m'aides aussi beaucoup à grandir. Je suis très heureuse de te retendre ce micro puisque tu as tellement de choses à nous partager, Flore. Et en cinq ans, il s'est passé aussi beaucoup de choses pour toi. Mais surtout, surtout, surtout, depuis ces cinq années écoulées, tu as dédié quasiment tout ton temps à un film qui est plus qu'un film. qui s'appelle Bigger Than Us, que tu as propulsé partout en France et même au-delà des frontières. Les projections dans toutes les écoles, dans plein d'entreprises. Bref, tu as porté ce film là où il devait être porté. Et en octobre dernier, tu as publié ton tout dernier livre qui s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? On va en parler. Mais depuis notre rencontre, tu as beaucoup fait, beaucoup appris, beaucoup parlé, beaucoup donné de ton énergie au monde. Et moi, j'ai une question que j'aimerais te demander sincèrement, c'est comment est-ce que toi tu vas aujourd'hui,

  • Speaker #0

    Flore ? Waouh, c'est une belle question. Je suis vraiment très, très émue de te retrouver. C'est vrai que je me souviens très bien de notre première rencontre et surtout de l'exigence que tu avais déjà à l'époque. Et tu avais énormément travaillé en amont. Notre entretien, tu avais élu, stabilossé et j'avais été touchée par cet engagement que tu avais. Donc je suis très fière de toi et très fière de pouvoir aider, même si je comprends que je suis parfois un peu brute de décoffrage, mais c'est parce qu'on travaille une matière qui est importante en fait. Et j'ai l'impression que toi comme moi et d'autres, toutes les personnes que tu interroges à ton micro, on interroge le monde et on interroge aussi notre... Notre ossature, notre capacité à entendre ce monde et à y prendre part et peut-être à le réparer et à en prendre soin. Et c'est vrai qu'en ce moment, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu trouves difficile ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas surprise par l'emballement à l'œuvre, en fait. Et le fait de voir gagner et triompher cette logique sur laquelle j'arrive à mettre des mots assez simples, qui est une logique de séparation, qui nous vient d'assez loin, en fait, depuis qu'on a essayé de maîtriser la nature, depuis qu'on a dit qu'on allait la maîtriser. Donc ça, c'est René Descartes. finalement, on s'est coupé de la nature avec un grand N, mais dans le même temps, ce qu'on n'a pas vu, c'est qu'on s'est coupé des autres, on s'est coupé du temps, on s'est coupé des femmes, on s'est coupé des autres peuples dont on a préempté les terres. Tout ça au nom de notre supériorité, en tant qu'espèce et probablement aussi en tant que race. Et ça nous explose à la figure aujourd'hui, cette logique de séparation qui vient nous dire qu'on a tous les droits, qu'on peut... exploité, dominé, sans ombre ni zambage, qu'on peut complètement profiter sans aucune responsabilité, nous revient dans la figure sur tous les fronts en fait. Que ce soit bien sûr sur le domaine environnemental, mais comme tu le sais, moi ce n'est pas mon domaine de prédilection. Mon domaine de prédilection, c'est la justice sociale.

  • Speaker #1

    Mais les deux sont très liés.

  • Speaker #0

    Les deux sont liés. Tout est lié, en fait. Moi, je dis souvent, il n'y a pas d'un côté le problème environnemental et de l'autre côté la condition des femmes et de l'autre côté la condition des réfugiés et de l'autre côté la crise démocratique. Tout ça, c'est des symptômes d'un seul et même problème qui est le système avec lequel on fonctionne, qui est lui-même posé sur une valeur qui est celle-là. dont j'essaie de parler depuis le début, qui est cette valeur de séparation, cette croyance de séparation. Et donc, je ne suis pas surprise de l'avoir triomphé. C'est la suite logique. On est en queue de comète, je ne sais pas combien de temps elle va durer malheureusement, d'un système qu'on a choisi. Donc vraiment, il n'y a rien de surprenant au fait que Trump triomphe. C'est le triomphe du confort, le triomphe des réponses faciles, le triomphe de la peur, le triomphe du refus de la remise en cause. C'est le triomphe de la séparation. Donc ça, je ne suis pas surprise. Ce qui me fait de la peine, c'est plutôt de réaliser, alors j'espère que j'ai tort, mais c'est dans le moment dans lequel je suis, le fait que les structures qui essayent de vivre, alors les structures, ça peut être des personnes, ça peut être des assos, ça peut être des mouvements, ça peut être des tiers-lieux, ça peut être toutes ces personnes-là. J'ai l'impression que nous-mêmes, on a mis de la séparation entre nous. Et que la période est à l'affolement et que nous-mêmes on se replie sur nous, nous-mêmes on ne coopère pas les uns avec les autres, nous-mêmes on ne s'entraide pas. Et c'est ça qui me fait de la peine en ce moment, c'est plutôt de voir les logiques de séparation triompher, y compris à l'intérieur des mouvements dits militants ou activistes ou progressistes, comme si on n'entendait pas la leçon. Parce que la peur est plus importante, parce que l'ego...

  • Speaker #1

    La peur prend le dessus.

  • Speaker #0

    L'ego, mais c'est la peur l'ego, c'est la même chose. La peur, c'est l'ego qui a pris le pouvoir en fait.

  • Speaker #1

    Et c'est en ça que tu dis, il y a un remède aujourd'hui, c'est que la peur soit remplacée par l'amour.

  • Speaker #0

    Oui, alors ça va un peu vite dit comme ça, mais en fait, effectivement, j'ai l'impression que tout est... La bonne nouvelle de l'époque actuelle, c'est que tout est visible à l'œil nu. Tout est sur la table. On ne peut plus se raconter d'histoire. On ne peut plus se raconter même que demain, ça sera bien, aucune solution technique va venir. On ne peut plus se raconter tous ces trucs de progrès, de solutions technologiques, de personnes miraculeuses qui vont venir régler tout ça d'une baguette magique. Ça tombe en fait. Toutes ces croyances-là tombent. Donc, on est à l'os. Et donc, tout est très clair. Et effectivement, pour moi, il y a des polarités qui ne sont pas bien mal, en fait, puisqu'on a souvent opposé l'un ou l'autre, ou progrès, décroissance ou des choses comme ça. La polarité, pour moi, c'est confort ou humanité. Et donc, c'est peur ou amour. Et donc, je peux les décliner si tu veux, mais j'ai l'impression que dans tous les choix qu'on fait tous les jours. Qu'il soit pratico-pratique ou même presque déontologique, la façon dont on réagit à un stimuli, quel qu'il soit, toujours ces réponses sont arbitrées entre le confort. ou l'humanité. Et donc le confort, c'est penser qu'à soi, être dans un... laisser gouverner son égo, donc la volonté de plaire, d'être conforme, d'être en sécurité, etc. Tout ça, c'est des réactions de peur qui nous coupent des autres. Parce qu'à nouveau, on va se replier, s'accrocher à ses privilèges, ses acquis, son précaré, ses croyances, le refus du différent, le refus de l'autre, le refus de l'évidence, de la remise en cause, etc. Et de l'autre côté, il y a l'amour. Et alors, ce n'est pas l'amour romantique, le flirt, etc. Ça, c'est une toute petite partie de l'amour. C'est celle sur laquelle on communique, mais c'est peut-être la moins durable. La vraie, pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. Et il en est. Je ne parle pas que des humains entre eux d'ailleurs, mais tout le vivant. C'est comme si on n'arrivait pas à faire le lien entre l'extinction des abeilles, l'extinction des jeunes aujourd'hui, parce qu'il y a une vraie extinction de masse, on n'en parle pas, parce que ce n'est pas confortable de parler de ça. Mais les chiffres sont terribles. Il y a une épidémie de souffrance existentielle dans toute la population. Pour nous tous, c'est dur. C'est pour ça que tu me demandais ces longues réponses, comme on le disait. Je ne suis pas immune à ça. Mais un, c'est pour tout le monde. Il n'y a aucune classe sociale, religion, éducation, etc. qui s'en sort mieux que l'autre. Je pense qu'il faut comprendre ça. Deux, chez la jeunesse, c'est terrible et c'est cruel. Trois, moi, le fait de me rendre compte que dans une journée, j'ai mille fois par jour l'opportunité à chaque moment où j'ai à prendre une décision de répondre par la... peur ou par l'amour, je me rends compte qu'à chaque fois que je réponds par l'amour, que ça soit Oui, je vais aller à cette conférence tout à l'heure, même si, effectivement, j'ai déjà fait 600 débats, je serais peut-être mieux chez moi avec mon chat, mais je ne sais pas ce qui va se passer. C'est de l'amour d'y aller, c'est de l'inconnu, c'est la possibilité de rencontrer quelqu'un que je n'ai jamais vu, c'est la possibilité de se lier, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, Alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale, parce que j'ai créé des occasions de joie, j'ai choisi la joie. Et c'est un choix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et alors qu'est-ce que la vie t'a appris jusqu'à aujourd'hui ? C'est une question que je pose souvent en introduction du podcast. Et donc là on pourrait même la préciser en disant qu'est-ce que la vie t'a appris pour peut-être laisser de côté justement cette anxiété qui parfois nous ronge et force à l'immobilisme.

  • Speaker #0

    Alors je me suis tatouée, je te le montre mais ici il n'y a pas de...

  • Speaker #1

    Dites-nous où il passe. Continue la... tellement dit quand on était en galère pendant Ausha, tu me disais mais ça aussi, ce moment il va passer.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis tatouée une phrase sur l'avant-bras et la phrase est tournée vers moi parce que ça n'a rien tu vois, c'est pas pour les autres, c'est pour moi c'est vraiment un pense-bête, cette phrase incroyable de Eckhart Tolle qu'il a piqué lui-même à paraît-il un poète afghan en plus pour moi l'afghan, enfin bref donc en tout cas perse et euh Et c'est this too will pass ça veut dire que ça aussi, ça passera. Donc ce rappel de l'immanence en fait. Et ça vaut dans les deux sens. Ça vaut quand tu vas bien, attention, ne monte pas trop haut. La vie continue, la roue va tourner. Et quand tu es bas, c'est un passage. Et ce dont je me rends compte, c'est qu'effectivement, être en haut fait du bien, être en bas est utile. Parce que c'est là où tu te reposes les bonnes questions, les mêmes questions d'ailleurs, c'est toujours les mêmes, mais voilà, c'est là où tu reviens sur la question de ton, bon bah allons-y, le feu intérieur, les motivations, ton propre amour en fait, il se nourrit de quoi ? Tu te connectes à quoi en fait ? Pour tenir en ce moment, tu te connectes à quoi ? Des vœux renouvelés en fait. J'imagine que l'engagement, ce n'est pas juste un truc que tu décrètes et c'est pour ta vie. C'est qu'aujourd'hui, surtout aujourd'hui, tous les matins, il faut se poser la question de pourquoi on fait ça. Parce qu'effectivement, le mouvement de balancier va puissamment à contre de toutes nos logiques et de tout ce qu'on aimerait probablement voir se diffuser.

  • Speaker #1

    Comment tu as appris justement à jongler avec cet aspect cyclique des choses ? Là où dans la société, ce n'est pas du tout valorisé d'accepter les moments de moins bien, où on nous pousse plus à une linéa... Ni... Linéa ! Rité ? Des choses ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'effectivement, on est programmé pour être conforme et lisse et tous se ressembler et tous penser la même chose aujourd'hui. Et même les algos vont finir par tous nous faire penser la même chose. Parce qu'il faut bien comprendre que ce qu'il y a derrière, c'est juste une volonté de nous maintenir dans une position de bon petit consommateur. C'est une logique économique derrière tout ça. Ce n'est pas autre chose. que ça, en fait. Et c'est bien ça ce qu'on paye, le fait que l'intérêt général est complètement cédé face à l'intérêt privé, c'est-à-dire l'intérêt des entreprises, etc. On a confondu la croissance du PIB et le bien-être d'une nation. Je l'ai vécu, en fait. Tous les moments qui me sauvent, c'est des moments que je me mets en lien. Et il n'y a que les larmes qui me font faire ça. Quand je suis sûre de moi, j'avance, je cours, j'ai besoin de personne. Tu vois ce que je veux dire ? Je suis efficace, je suis performante, je rabouille tout. Malheureusement, j'ai encore cette programmation-là. Il faut beaucoup d'années et d'épreuves pour sortir de ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi dans ta personnalité. Tu es naturellement de nature combative, efficace, rigoureuse.

  • Speaker #0

    Alors, efficace, je ne crois pas. J'aimerais, mais efficace, je ne crois pas. Je crois que j'ai un taux de déperdition monstrueux. Mais par contre, il y a un truc que j'ai, c'est que j'y retourne. J'ai créé énormément de choses. Ma petite échelle, pour moi, c'est beaucoup. Mais est-ce que ça a eu un impact ? Je n'en sais rien. Est-ce que j'aurais pu aller plus loin, mille fois ? Est-ce que j'ai été déçue ? certainement. Mais par contre, j'y retourne.

  • Speaker #1

    Déçue de ? Du résultat, de toi-même ?

  • Speaker #0

    Alors, du résultat, honnêtement, non, parce que là où je suis, je pense, juste, c'est que, tu vois, par exemple, on en parlait avant, en micro, moi, j'aurais jamais écrit ces livres sans une personne qui a été mon éditeur, et qui était encore plus obsessionnelle que moi, et qui... Tous les livres que j'ai fait avec lui sont des livres que je ne pourrai jamais renier. La plupart des choses qui ont passé le tatami de mes angoisses et qui ont eu une vie où j'ai pu la partager avec d'autres, c'est des choses et des objets et des textes sur lesquels je ne peux rien dire. Ils tiennent tout seuls. On peut aimer, on peut ne pas aimer. Mais moi, je ne peux pas me dire que je regrette de ne pas avoir plus travaillé. Par contre... J'ai un mal fou, et c'est encore plus aujourd'hui, à toucher les personnes avec ça. Plus ça va, plus j'ai l'impression d'envoyer des bouteilles à la mer, en fait.

  • Speaker #1

    Comment tu expliques ça ? Le trône de l'information,

  • Speaker #0

    c'est... Je peux me poser la question de savoir si mes livres sont justes, c'est-à-dire, est-ce que ça a un intérêt pour les gens ? Tu vois, il y a une vraie question. La deuxième question est, en fait, comment tu fais ? pour parler des choses importantes quand la table de discussion devient de plus en plus petite. On est dans un espace où le champ... Alors, ça peut être paradoxal parce que tu peux dire Instagram, etc. Tout le monde peut prendre la parole. C'est du bruit, ça. Il faut faire la différence entre le bruit et la conversation. Et la conversation, il n'y a plus d'endroit pour la voir. Ou il n'y a plus beaucoup d'endroits pour la voir. Aujourd'hui, moi, j'arrive avec un livre qui n'est pas clivant, qui parle d'amour. qui est censé faire du bien. C'est non seulement mon intention, mais c'est ce que j'ai à dire au monde aujourd'hui. Je trouve que ça ne sert à rien, aujourd'hui, de rajouter de la peur à la peur, de la vacherie à la vacherie, du clash au clash. Et pourtant, il n'y a que ça qui est préempté par le monde médiatique. Donc, l'espace se réduit dans le monde médiatique, mais je pense qu'il se réduit en nous aussi. C'est ce que je disais tout à l'heure. Je suis étonnée de me dire que entre nous, militants, activistes, etc., on ne fait pas plus de liens, on ne fait pas plus corps. Le livre s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? Moi, mon grand truc, c'est qu'il faut qu'on fasse corps, qu'on fasse famille, avec nos différences, avec nos pas contents, avec nos petits machins, mais quand même, il y a un moment là, si on ne fait pas nombre, on s'approprie le mal qui nous terrasse, c'est-à-dire cette logique de séparation qui est au fondement de la logique capitaliste. Si on l'incarne, en fait, On est en train d'incarner exactement ce qui nous fourvoie.

  • Speaker #1

    Et tu dis qu'un livre pour toi, c'est comme ouvrir un chemin. Donc là, avec ce livre, et maintenant, que faisons-nous ? Quel chemin tu as voulu ouvrir ?

  • Speaker #0

    Oui, probablement, merci, probablement... Quelque chose qui reflète peut-être certainement l'âge que j'ai, c'est-à-dire que j'ai été la première à dénoncer tous les complots, les lobbies, tous les Goldman Sachs de la terre, la collusion de la finance politique média, l'arrivée de Macron. Enfin, voilà, j'ai été la première à dénoncer ça parce que j'ai vécu un certain nombre d'événements qui ont fait que... je me suis sentie proche du truc.

  • Speaker #1

    Notamment, tu as vécu le 11 septembre à New York.

  • Speaker #0

    Oui, mais avant ça, j'ai été biberonnée aux idéaux de performance et d'efficacité. Je suis diplômée d'HEC, j'ai créé ma boîte à 24 ans, je suis partie à New York, j'ai monté une start-up, j'ai eu de l'argent. Si tu veux tout le trip capitaliste, je peux d'autant plus le dégommer que je l'ai vécu de l'intérieur. Je suis allée très proche du cœur du réacteur. Je ne pense pas que le... réacteur est un cœur, il doit avoir un corps, t'as raison. Mais toujours est-il que j'ai passé beaucoup de temps à faire ça. Et je me suis rendue compte que ça me faisait cheminer, ça me rendait certainement très capable de tenir tête dans des plateaux télé, notamment à des gens qui venaient arguer que la finance c'est bien, que la croissance économique, que les emplois quand même, etc. Moi, j'apportais un peu de nuance et la nuance incarnée travaillait vraiment. Mais je me suis rendu compte que tout ça, ça ne m'aidait pas à vivre. Ça ne m'aidait pas à être heureuse. J'ai deux enfants. J'ai envie qu'ils soient bien. Je n'ai pas envie qu'ils aient en face d'eux que des personnes cyniques et irresponsables. J'ai envie de leur montrer qu'il y a un chemin. Toujours cette histoire de chemin. Et donc, depuis 15 ans maintenant, je m'intéresse aux lanceurs d'alerte, aux activistes. Aux artistes aussi qui proposent des autres mains. Mais ça a été toujours assez secondaire. C'est comme si j'avais eu besoin d'un... On marche sur deux jambes. La critique et aussi la force de proposition. Ne serait-ce que pour moi tenir droit. Et avoir une forme de robustesse. En tout cas de santé. Et depuis quelques années, je me suis rendue compte que finalement, à chaque fois que je dénonçais quelque chose, que j'étais dans le lutter contre. Je nourrissais la bête. Parce qu'en fait, le système se repète sa critique. Il adore qu'on le critique parce qu'on parle de lui. C'est vraiment de l'énergie cinétique en fait. Il prend ta violence, il prend ta critique.

  • Speaker #1

    Et il s'en nourrit.

  • Speaker #0

    Et il s'en nourrit et il te la rebalance cinq fois plus fort. Donc t'es terrassé derrière. Mais t'as existé dans le système. Mais le prêt à payer, il est monstrueux.

  • Speaker #1

    Parce que toi, en retour, tu entretiens des énergies très négatives. Oui. Ce sont celles de la colère, de la peur. au détriment de l'amour et de la joie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et surtout, il va se... Il y a ça. Tu as très bien décrit ce qui se passe à l'intérieur de toi, mais il y a aussi le fait de te dire Non, mais je joue à contre moi-même parce qu'en fait, il sort plus fort de sa critique. Parce que de toute façon, il a... Voilà, il a tous les moyens, les algos, la presse, le sens du vent qui va au fait de ridiculiser tout ce qu'il veut vivre. Et ce livre, ce chemin, c'est le Lutter pour Surtout, j'aimerais être dans la proposition pour aider celles et ceux, et notamment la génération comme la tienne, mais aussi plus jeune, qui a envie de croire que juste vivre, c'est possible, de vivre en étant droit dans ses bottes, présent au monde, en pensant qu'on peut y faire quelque chose et le réparer. Et y trouver de la joie et se lier avec des personnes semblables ou pas d'ailleurs. Mais voilà, cette humanité, elle est exactement à rechercher maintenant en fait. Et c'est ça le chemin pour moi.

  • Speaker #1

    Et justement pour relever tous les grands défis de notre temps qui existent, qui sont ceux qu'on connaît. Pour toi, ce qui nous manque, c'est un système de valeurs qui rend évidente et désirable des solutions. Quel est ce système-valeur ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai passé du temps à expliquer en quoi il y avait une croyance qui nous condamnait, et que cette croyance, c'était celle de séparation. Donc à nouveau, René Descartes, l'homme est supérieur à la nature, il peut s'en rendre maître et possesseur. Aujourd'hui, on est en queue de commettre de ce système-là, de toute évidence. Cette logique de séparation, elle triomphe tout en nous montrant que ce n'est pas vrai. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on voit bien que le moindre événement a des répercussions sur notre propre vie. On voit bien, enfin j'espère qu'on est nombreux à le voir, que tout ce qu'on est en train de faire au Moyen-Orient va nous retomber sur le coin de la figure de façon... absolument monumentale. On ne peut plus créer et participer et contribuer à autant d'injustices en espérant en sortir indemne. Ce n'est pas possible. On voit bien que la vague de migration, elle est liée aux problèmes climatiques. Les gens fuient à 80% parce qu'ils n'ont plus les moyens de se nourrir. Ils n'ont plus les moyens de se nourrir parce qu'il y a des guerres. La plupart des guerres sont déclenchées par des problèmes d'accès aux ressources. Et notamment en ressources pour se nourrir. Donc voilà, c'est comme si toute la systémie avait été complètement mise de côté. Parce que là aussi, on a mis tout en silo. On a mis l'écologie en silo, le social en silo, la politique en silo, la démocratie en silo, le problème des inégalités de genre en silo, etc. C'est une aberration la plus totale. Donc tout ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la faillite. C'est paradoxal peut-être, mais c'est à la fois le triomphe de la logique, de séparation sur ce qu'elle permet, comment les gens préfèrent cette logique-là. Et en même temps, sa faillite absolue, c'est-à-dire qu'elle nous condamne, et Trump est en train d'appuyer sur l'accélérateur. C'est la grande accélération du moment, c'est Trump. Et en même temps, combien cette logique de séparation est totalement vouée à l'échec. Donc, effectivement, le système de valeurs auquel moi, j'aimerais... qu'on adhère tous, c'est cette histoire d'interdépendance. D'interdépendance des enjeux, dont on a parlé, d'interdépendance des populations, d'interdépendance des solutions, d'interdépendance de tout ce qui est vivant. Donc, moi je rêve d'un système effectivement qui dégomme, enfin qui retire comme une tête d'épingle cette croyance de séparation. Si tu la retires, il n'y a plus de capitalisme. Enfin je veux dire c'est plus possible parce que tout le capitalisme est passé sur cette séparation qui s'incarne dans les individus, l'individualisme etc. Si tu poses l'interdépendance, y compris entre générations, y compris bien sûr entre les événements, alors il y a quelque chose d'autre qui émerge.

  • Speaker #1

    Mais cette interdépendance elle se travaille d'un point de vue étatique, politique, aussi au sein des entreprises, mais il y a un autre sujet qui à mon sens se travaille aussi individuellement. Tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, c'est celui de l'ego. Et c'est aussi cet Ausha qui nous pousse à agir de manière très cloisonnée, par silos et de façon individualiste. Cet ego, il s'entretient beaucoup par l'action, par le faire, pour avoir des accomplissements qui sont visibles. Et en 2021, à la question Quel conseil tu donnerais aux jeunes d'aujourd'hui ? que je t'avais posé, tu m'as répondu Je m'accomplis parce que j'accomplis. Et donc, j'invite tout le monde à accomplir des choses. Et je me suis dit Tiens, c'est rigolo. Parce qu'accomplir, c'est de l'ordre du faire, de l'action, là où on prône de plus en plus l'être et le ressenti. Donc, est-ce que c'est forcément en faisant, en accomplissant qu'on devient quelqu'un ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors écoute, c'est une très très bonne question. Et là, je vois aussi combien tu travailles les choses, c'est merveilleux. Donc, cette phrase, je m'accomplis parce que j'accomplis, elle est tirée d'un livre qui s'appelle le Bhagavad Gita. Le Bhagavad Gita, c'est un livre qui a plusieurs millénaires. qui est la base de la philosophie, une des bases de la philosophie hindouiste, et notamment de la philosophie du yoga. Le yoga, ce n'était pas qu'une pratique corporelle, c'est avant tout une pratique spirituelle.

  • Speaker #1

    Une philosophie aussi.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je m'accomplis parce que j'accomplis, c'est même une branche du yoga qui s'appelle le karma yoga. Et le karma yoga, encore une fois, on ne parle pas du yoga qui est fait pour avoir des jolis abdominaux, ou des jolies fesses, on parle du yoga qui est fait pour avoir une ossature. essayer de tenir droit comme on peut et en ce moment c'est utile et le karma yoga c'est le faire éveiller c'est à dire c'est pas faire pour faire ça s'appelle le bougisme c'est l'agitation, c'est la culture Instagram c'est tu vois je suis allée là-bas j'ai pris le t-shirt je suis revenue c'est cette espèce de consommation de l'action ça c'est pas le faire que moi j'ai envie aujourd'hui à l'âge que j'ai de faire par contre c'est le faire éveiller et le karma yoga, c'est être au service de quelque chose de plus grand que soi. Je m'accomplis parce que j'accomplis. J'accomplis des actes qui sont plus grands que moi et à travers ça, je m'accomplis. Et le faire éveiller, il est sans attente de retour. Et c'est ça où l'ego, il se vient mais total torpillé. Et c'est là où moi je suis pas encore vraiment en mode avancé tu vois. Mais c'est vraiment faire des choses avec la plus grande sincérité et en tu vois c'est cette histoire de bouteille à la mer mais ne pas être, ne pas prendre ombrage le fait que... les gens ne s'en saisissent pas. toujours espérer que quelqu'un va prendre ta bouteille à la mer et en faire son miel, en faire quelque chose pour lui. C'est aussi Snowden, tu vois. J'ai eu la chance de le rencontrer il y a huit ans et il me dit dans le film, là aussi, comme quoi tout est toujours là. Il dit, moi mon but c'est de poser ma brique quelque part pour que quelqu'un d'autre mette sa brique par au-dessus. Il me dit ça il y a huit ans et je... Je sélectionne ça pour que ça passe dans le film, mais je ne le comprends pas vraiment. Depuis, j'ai cheminé. Et en fait, ça, c'est quelque chose qui est souligné par des gens depuis très, très longtemps, qui s'appelle l'esprit des cathédrales. C'est cette capacité à s'engager pour bâtir quelque chose dans un édifice dont on ne verra pas la fin. Tout en sachant que tu ne verras pas la fin. Donc, c'est l'anti-ego, puisque tu ne sais pas ce que ça va donner. Mais tu as juste la foi que quelqu'un d'autre derrière toi, va comprendre ce que tu es en train de faire et construire sur ton propre travail, construire sur ta propre pensée, que ça va l'aider à porter la pierre un petit peu plus loin et qu'à la fin, au bout du bout, autant aussi vite ou pas que possible, ça va aider les autres à vivre. Quelque chose qui te reconnecte à la verticalité qu'on a tellement perdu parce qu'on est complètement emprisonné dans ce petit égo qui veut tellement bouger tout le temps, faire des trucs qu'on le remarque, qu'on l'aime, qu'on le voit. L'esprit des cathédrales, il n'est plus dans ce désir d'être remarqué, il n'est plus dans ce désir d'être conforme. Il est dans ce désir d'être utile.

  • Speaker #1

    Et toi justement, ton désir d'être utile, les pierres à l'édifice que tu poses et ton miel, comme tu nous disais, ils passent à travers tes films, tes écrits, tes prises de parole dans l'espace public. Et on sent justement en toi une certaine rage de dénoncer ce qui cloche et de réveiller un monde endormi par les écrans. Tu nous parlais tout justement de cette force plus grande que nous. D'où est-ce que toi, elle te vient cette force ? Parce qu'on sent dans tout ce que tu fais qu'il y a quelque chose de plus grand, d'où le film aussi Bigger Than Us.

  • Speaker #0

    Écoute, il y a plusieurs choses. Je crois que j'ai, dans le désordre ou l'ordre chronologique, je crois d'abord que j'ai eu la chance d'être entourée d'amour et d'avoir des parents monuments qui étaient médecins. Donc, le soin de l'autre, le fait de soigner. de réparer les autres. J'ai été baignée là-dedans toute petite. Donc autant dire que quand j'arrive dans le monde de l'entreprise, ce monde-là me paraît d'une vacuité terrifiante. Même si j'ai été programmée pour, mais je pense qu'assez vite, c'était complètement dissonant, mon histoire de carrière, mon désaffaire. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, je pense qu'ils m'ont passé une très grande vitalité. et qui finalement grandit avec l'âge. Mais peut-être que, pourquoi elle grandit ? Parce qu'il y a de plus en plus d'épreuves. Et la confrontation à l'injustice, je l'ai eue très vite, très tôt, à titre très personnel et très intime. Et peut-être ma rage, elle a toujours été là. Je me restais reliée à cette petite fille qui toujours a dit c'est pas juste Donc celle-là, je ne l'ai jamais éteinte. Alors il y a eu des masques, tu vois, et notamment l'entreprise, voilà, aller faire des grandes écoles, gagner de l'argent, etc. Mais cette petite fille, elle était toujours là. Et après, il y a eu d'autres épreuves. Effectivement, j'ai vécu le 11 septembre à New York, à 20 et quelques. Et le fait de l'avoir vécu m'a, je le dis très souvent, mais m'a mis nue, tu vois, et a explosé tous les masques. pour que la petite fille qui disait c'est pas juste, elle revienne et elle se retrouve sur ce toit du 11 septembre avec sa petite robe, tu vois, abîmée et se dise mais il faut que je leur dise en fait que c'est pas juste. Et puis il faut que je comprenne d'où vient cette injustice, je comprenne pourquoi on l'incarne en fait, etc. Et donc ça, ça a lancé ma vie professionnelle d'auteur et de personne qui veut dénoncer ça. En fait, à chaque fois, c'est... Toutes les épreuves que je vis, tu vois, je me suis séparée du papa de mes enfants, j'ai perdu des gens, etc. Des amis, des trahisons, des humiliations. À chaque fois, ça vient me rechercher sur... Ça vient rechercher et raviver cette petite fille qui a toujours tellement envie de justice et toujours envie de faire en sorte que personne ne passe par là, en fait. Donc voilà, je crois que c'est une connexion profonde à qui je suis.

  • Speaker #1

    Et à ton feu intérieur. Et si tu me le permets, je vais lire justement un extrait de ton livre qui parle très bien de ce fameux feu qu'il s'agit de protéger très fort aujourd'hui. Qui décidez-vous d'être ? Il faut accepter que rien ne soit stable ni certain. Accepter la fragilité à commencer par la sienne. S'éduquer les uns les autres, sentir qu'il y a autre chose, comme un sens à redonner, à reconstruire. Nous semblions destinés à devenir des machines à force de leur obéir. Nous pouvons décider de redevenir des êtres doués de vitalité, de capacité d'adaptation et de création. Protégez votre feu, votre énergie et votre curiosité. Comment est-ce que toi, tu protèges ton feu, Flore ?

  • Speaker #0

    Par les liens. Mais c'est vrai qu'il est attaqué en ce moment. On est attaqué dans nos motivations les plus profondes, à continuer, à porter ce qu'on peut porter. Et puis voilà, à quoi bon l'impuissance, etc. La période est presque...

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus important de protéger ce feu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc la première chose, c'est que je vois que c'est une logique. à nouveau, que c'est une logique de séparation. Donc, à nouveau, j'essaie de me dire, c'est normal, en fait, c'est tendanciel. On a actionné une spirale, c'est plus fort que toi. Tu vois, le Bigger Than Us, c'est aussi ça. Mais sinon, mon feu, eh bien, je le nourris dans les liens. La seule façon de battre cette logique de séparation, c'est d'incarner cette logique d'interdépendance. C'est donc d'aller contre le réflexe premier qui est le repli sur soi, le à quoi bon. Le confort en fait. Je vais moi aussi penser à moi et arrêter de prendre des risques ou d'attendre du soutien de ou de je ne sais pas quoi. Et puis voilà, je vais rentrer moi-même là-dedans, je vais renoncer. Donc c'est mon feu, j'arrive à l'entretenir dans le fait d'aller au contact, de me hisser sur des épaules de géants. Alors je vais à nouveau citer quelqu'un qui est de la religion catholique, mais voilà, Mère Thérésa. Il y avait quelqu'un qui lui avait demandé, un journaliste qui lui avait demandé de son vivant. Comment elle faisait ? Comment elle avait fait pour sauver 200 000 enfants de l'ultra-pauvreté ? Et elle a dit un à un Et si tu veux, ce un à un moi, c'est ça le feu. C'est-à-dire que c'est la capacité à choisir l'humanité dans les actes du quotidien. Ça peut être, effectivement, répondre de telle ou telle manière à une personne qui demande de l'aide, répondre de telle ou telle manière à un stimuli parce que c'est Black Friday et qu'il faut consommer. Eh bien, non, je vais… En fait, c'est la capacité à exercer mon libre arbitre et le fait que je ne suis pas manipulée par cette logique de séparation. Donc, le protéger, c'est ça. C'est de bien voir la logique de l'œuvre, bien voir qu'elle est en tout, partout, tout le temps et que la vraie résistance, c'est de la voir et de ne pas y souscrire. Et je n'y arrive pas tout le temps. vraiment, je régresse, je peux avoir peur moi aussi, je peux avoir mon égo qui est mal en point.

  • Speaker #1

    Et tu restes humaine, c'est normal.

  • Speaker #0

    Voilà, et en tout cas, je sais que je le paye assez cher en fait. Je vois très bien énergétiquement que ça abîme directement mon feu. Mon feu s'éteint si j'ai choisi l'égo, c'est sûr. Si j'ai choisi la peur, mais je me rabougris sur moi, ça me fait mal en fait, physiquement. Alors que si je choisis de l'attiser, d'en prendre soin, et notamment en rajoutant des braises, donc rajouter des braises c'est les liens, c'est de l'amour, c'est de la discussion, c'est du dépassement en fait. C'est le dépassement de la colère, de la peur, de la frustration. C'est une forme de sublimation. Et la sublimation c'est passer d'un état à l'autre, c'est passer d'un état de tristesse à un état de joie. Et il y a plein de façons de le faire. Et donc il y a ces liens. Il y a le fait de prendre soin de moi. Et ça, j'ai passé 45 ans à ne pas le faire.

  • Speaker #1

    Ça passe par quoi, prendre soin de toi ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est beaucoup prendre soin des miens, donc mes enfants. C'est-à-dire être en présence. Ce n'est pas nécessairement prévoir des trucs, etc. Mais me dire, je n'ai pas loupé ce moment, parce que je sais que ce sont des moments qui ne durent pas. Donc il y a ça. Il y a cultiver son feu, c'est cultiver sa présence aux choses. et c'est vrai que depuis deux ans et demi moi je suis tombée dans une pratique du yoga qui est plus spirituelle qu'autre chose mais qui fait que je suis capable de vraiment me calmer et d'arriver à couper l'angoisse, en fait. Ou cette anxiété, ou l'égo, et de me réancrer. Et donc, je vois très bien que si je ne le fais pas, je pars vers la logique de séparation. Donc ça, c'est des petits trucs. Je sais qu'il y a plein de gens qui t'écoutent et qui méditent, etc. Moi, je n'arrive pas à le faire. J'ai besoin que ça passe par le corps. Et donc, moi, c'est une pratique corporelle qui me permet d'aller là. Et qui me permet effectivement de retrouver un espace parce que sinon, je me fais terrasser comme tout le monde et d'essayer d'être dans l'amour en fait. Et donc, c'est l'exercice de l'amour dans, tu sais, ce faire éveiller dont je parlais. Ce n'est pas sans attente d'autres retours et en fait, c'est quand tu n'attends rien que tu as tout parce que tu as le principal.

  • Speaker #1

    C'est beau tout ce que tu dis, Flore. On arrive aux questions de la fin. est-ce que tu te sens à ta place aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    ouais,

  • Speaker #1

    elle est pas confortable mais je suis à ma place elle ressemble à quoi une journée de florvasseur ?

  • Speaker #0

    un peu un corps à corps avec cette logique de confort ou d'humanité et effectivement ça ressemble à une journée où j'essaye de dompter cette part en moi qui voudrait céder à l'affolement. Et une belle journée, c'est une journée dans laquelle j'ai réussi tellement à dompter l'affolement qu'alors la création était possible. J'ai réussi à écrire, j'ai réussi à cranter quelque chose, j'ai réussi à laisser passer une idée. Tu sais, tout à l'heure, j'utilisais le mot de tatami des angoisses. Moi, j'ai vraiment l'impression d'avoir un tatami et qu'il y a plein d'idées qui ne passent pas le tatami. Et les bonnes idées, c'est les idées qui passent le tatami des angoisses. Donc voilà, une bonne journée, il y a le tatami. Je ne vais pas dire qu'il n'existe pas, mais je l'ai suffisamment secoué, en le voyant faire et en le voyant resserrer ses mailles, etc. Il y a un flot d'idées, de créations, de liens, de désirs qui a pu passer. Mais ce n'est pas tous les jours. Je crois qu'il faut vraiment dire la vérité, ce n'est vraiment pas tous les jours.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le mot émerveillement t'inspire ?

  • Speaker #0

    l'enfance et puis moi mais c'est prétentieux de dire ça mais je vois je parlais de cette petite fille tu vois blessé je sais que il ya quelque chose en moi en elle qui a jamais annoncé c'est c'est pas toute l'histoire et va donc chercher l'histoire Et aujourd'hui, va chercher l'histoire d'émerveillement, mais probablement en sortant de ta position de confort à toi.

  • Speaker #1

    La liberté, c'est quoi pour toi, Flore ?

  • Speaker #0

    La bataille de tous les jours. Ça a guidé mes choix de vie, en fait. Comment rester libre ? Voilà, comment rester libre. Et il y a plein de formes d'asservissement en fait. Il y en a des très insidieuses, le système dans lequel on est, le système de pensée, le fait d'attendre une récompense, le fait d'attendre une validation, le fait d'attendre une reconnaissance, ça c'est des formes d'asservissement, c'est pas être libre ça. Donc la vraie liberté, c'est la bataille contre l'ego en fait.

  • Speaker #1

    Tu y arrives ?

  • Speaker #0

    Pas tous les jours. Mais c'est un chemin. Et quand j'ai quelque chose à donner, c'est que j'ai passé la barre. Tu sais, tu fais du surf. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    J'ai pris quelques coups. J'ai vu. Flore, quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent pour conclure cet épisode ?

  • Speaker #0

    Écoute, si c'est une forme de conclusion, je crois qu'il ne faut pas se payer de mots. La période actuelle est effectivement extrêmement angoissante. Le message d'un nouveau monde possible en fait. Le message d'une promesse, d'un émerveillement dont tu parlais. Et qui se place à l'endroit de l'enfance. Mais l'enfance, ce n'est pas que les enfants. C'est l'enfant en nous. C'est les enfants autour de nous. Et pour moi, s'il y a une chose à sauver, c'est ça. Sauver l'enfance en nous, autour de nous. Parce que c'est aussi ça la promesse de cet autrement, c'est un monde qui veut advenir, avec toute une série de sages-femmes comme toi, autour, qui sont en train de prévenir les autres pour dire mais il y a quelque chose derrière Et ce quelque chose derrière, c'est quelque chose à faire naître. Donc, à Noël, pensez à ça. À nouveau, ça n'a rien de religieux. C'est juste une foi qui nous vient de la nuit des temps. Être humain aujourd'hui, c'est avoir envie de voir la suite. Cette curiosité, c'est du feu. Et c'est une forme d'émerveillement. Magnifique.

  • Speaker #1

    On va rester sur ces beaux mots, Flore. Merci pour tous tes partages. Merci pour ce moment.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Si ce moment t'a plu et nourri, je t'invite à le partager, à laisser quelques étoiles sur iTunes et Spotify ou à faire une story sur Instagram en identifiant Nouvelle Oeil et mon invité de la semaine pour que l'on puisse te repartager. En attendant de se retrouver lundi prochain, tu peux suivre au quotidien mes aventures directement sur Instagram ou le site internet www.nouvelleoeil-podcast.com. Depuis ce site, tu pourras aussi t'abonner à ma newsletter. J'y partage des inspirations et des petites choses plus personnelles qui font mon quotidien. En attendant le prochain épisode... Je te souhaite de savourer la vie comme il se doit et surtout de faire des choses folles.

Chapters

  • Introduction

    04:04

  • Questions de fin

    42:09

Description

Flore, c’est une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pensent tout bas. Elle m’inspire et en inspire tant d’autres. Des milliers, pour ne pas dire des millions.


Depuis 20 ans, Flore Vasseur travaille pour comprendre la fin d’un monde et d’un système qui craquèle de toutes parts. Livres, film, débats, elle œuvre quotidiennement à l’émergence d’un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain.


Avec Flore dans cet épisode, on parle d’engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d’action.


J’espère que cette écoute t’invitera à raviver l’émerveillement.


Belle écoute ! ☀️ 

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Cette saison de podcasts est soutenue par Nouveau Monde, un fond qui facilite l'accès à la méditation et à la pleine conscience, en France.

Si tu as aimé cet épisode, tu peux le partager, écrire un commentaire dans la description et laisser des étoiles sur ta plateforme d'écoute !   

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👉Pour retrouver Flore

. Sur Instagram

. Sur son site

. Sur Linkedin

. Son dernier livre "Et maintenant, que faisons-nous ?" (ed Grasset)

. Son film Bigger Than Us

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L'identité musicale de cette émission est composée avec les musiques de Tim Dup.

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👉Les grandes questions posées dans cet épisode

8mn : En quoi le seul remède, c’est de remplacer la peur par l’amour ?

12mn : Qu’est-ce que la vie t’a appris jusqu’à aujourd’hui ?

14mn : Comment accueilles-tu l’aspect cyclique de nos vies ?

19mn : Pour toi, ouvrir un livre, c’est comme ouvrir un chemin. Quel chemin tu as voulu ouvrir avec ce livre ?

27mn : Est-ce forcément en faisant, en accomplissant, que l’on devient quelqu’un ?

31mn : On sent en toi une force plus grande que tout. D’où te vient t'elle ?

35mn : Comment protège tu ton feu intérieur ?

40mn : Est-ce que tu te sens à ta place, aujourd’hui ?

41mn : Elle ressemble à quoi, une journée de Flore Vasseur ?

42mn : Qu’est-ce que le mot « émerveillement » t’inspire ?

43mn : La liberté, c’est quoi pour toi ?

44mn : Quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent ?

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👉Référence(s) abordée(s) : le livre Bhagavad-Gita.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale.

  • Speaker #1

    Hello, moi c'est Victoria, une éternelle optimiste qui tente de placer l'émerveillement au cœur de l'écologie. Chaque semaine, je tends mon micro jaune à une personne qui m'inspire pour poser mes questions sur ce qui fait nos vies. A travers le parcours audacieux de mes invités, je questionne la confiance en soi, le sens d'une vie, l'amour, la liberté, l'écologie, bref, autant de sujets qui traduisent un monde qui bouge et qui rythme nos vies. Tout de suite, je t'invite à emprunter un nouvel œil pour regarder le monde et la vie sous un autre angle. On s'est retrouvés chez elle, un lundi après-midi de décembre. Le ciel était gris, les bougies éclairaient son appartement chaleureux. Voilà cinq années que nos chemins se sont croisés avec Flore Vasseur, grâce à Nouvel Oeil. Depuis, on ne s'est jamais éloigné, mais toujours soutenu. Flore, c'est un peu comme une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pense tout bas. Elle m'inspire, et en inspire tant d'autres. Des milliers pour ne pas dire des millions. Elle inspire par sa manière d'être au monde, par ses pensées, toujours fines et précises, et par la justesse de son regard posé sur tout ce qui nous entoure. Depuis 20 ans, Flore travaille pour comprendre la fin d'un monde et d'un système qui craquelle de toutes parts. Livres, films, débats, elle œuvre quotidiennement à l'émergence d'un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain. Avec Flore dans cet épisode, on parle d'engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d'action. J'espère que cette écoute t'invitera à raviver l'émerveillement.

  • Speaker #0

    Let's go,

  • Speaker #1

    Mago. Let's go.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je suis trop contente de te retendre le micro jaune quatre ans après.

  • Speaker #0

    C'est clair. On a grandi.

  • Speaker #1

    Aussi grâce à toi. Tu me fais grandir. Tu es une marraine, pas que du projet Shimla, une marraine au sens large du terme, une marraine de vie. C'est vrai qu'on s'est rencontré pour ce podcast à mes tout débuts quand j'étais encore un bébé. Et on s'est plus quitté depuis. C'est vrai. Donc tu m'aides aussi beaucoup à grandir. Je suis très heureuse de te retendre ce micro puisque tu as tellement de choses à nous partager, Flore. Et en cinq ans, il s'est passé aussi beaucoup de choses pour toi. Mais surtout, surtout, surtout, depuis ces cinq années écoulées, tu as dédié quasiment tout ton temps à un film qui est plus qu'un film. qui s'appelle Bigger Than Us, que tu as propulsé partout en France et même au-delà des frontières. Les projections dans toutes les écoles, dans plein d'entreprises. Bref, tu as porté ce film là où il devait être porté. Et en octobre dernier, tu as publié ton tout dernier livre qui s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? On va en parler. Mais depuis notre rencontre, tu as beaucoup fait, beaucoup appris, beaucoup parlé, beaucoup donné de ton énergie au monde. Et moi, j'ai une question que j'aimerais te demander sincèrement, c'est comment est-ce que toi tu vas aujourd'hui,

  • Speaker #0

    Flore ? Waouh, c'est une belle question. Je suis vraiment très, très émue de te retrouver. C'est vrai que je me souviens très bien de notre première rencontre et surtout de l'exigence que tu avais déjà à l'époque. Et tu avais énormément travaillé en amont. Notre entretien, tu avais élu, stabilossé et j'avais été touchée par cet engagement que tu avais. Donc je suis très fière de toi et très fière de pouvoir aider, même si je comprends que je suis parfois un peu brute de décoffrage, mais c'est parce qu'on travaille une matière qui est importante en fait. Et j'ai l'impression que toi comme moi et d'autres, toutes les personnes que tu interroges à ton micro, on interroge le monde et on interroge aussi notre... Notre ossature, notre capacité à entendre ce monde et à y prendre part et peut-être à le réparer et à en prendre soin. Et c'est vrai qu'en ce moment, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu trouves difficile ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas surprise par l'emballement à l'œuvre, en fait. Et le fait de voir gagner et triompher cette logique sur laquelle j'arrive à mettre des mots assez simples, qui est une logique de séparation, qui nous vient d'assez loin, en fait, depuis qu'on a essayé de maîtriser la nature, depuis qu'on a dit qu'on allait la maîtriser. Donc ça, c'est René Descartes. finalement, on s'est coupé de la nature avec un grand N, mais dans le même temps, ce qu'on n'a pas vu, c'est qu'on s'est coupé des autres, on s'est coupé du temps, on s'est coupé des femmes, on s'est coupé des autres peuples dont on a préempté les terres. Tout ça au nom de notre supériorité, en tant qu'espèce et probablement aussi en tant que race. Et ça nous explose à la figure aujourd'hui, cette logique de séparation qui vient nous dire qu'on a tous les droits, qu'on peut... exploité, dominé, sans ombre ni zambage, qu'on peut complètement profiter sans aucune responsabilité, nous revient dans la figure sur tous les fronts en fait. Que ce soit bien sûr sur le domaine environnemental, mais comme tu le sais, moi ce n'est pas mon domaine de prédilection. Mon domaine de prédilection, c'est la justice sociale.

  • Speaker #1

    Mais les deux sont très liés.

  • Speaker #0

    Les deux sont liés. Tout est lié, en fait. Moi, je dis souvent, il n'y a pas d'un côté le problème environnemental et de l'autre côté la condition des femmes et de l'autre côté la condition des réfugiés et de l'autre côté la crise démocratique. Tout ça, c'est des symptômes d'un seul et même problème qui est le système avec lequel on fonctionne, qui est lui-même posé sur une valeur qui est celle-là. dont j'essaie de parler depuis le début, qui est cette valeur de séparation, cette croyance de séparation. Et donc, je ne suis pas surprise de l'avoir triomphé. C'est la suite logique. On est en queue de comète, je ne sais pas combien de temps elle va durer malheureusement, d'un système qu'on a choisi. Donc vraiment, il n'y a rien de surprenant au fait que Trump triomphe. C'est le triomphe du confort, le triomphe des réponses faciles, le triomphe de la peur, le triomphe du refus de la remise en cause. C'est le triomphe de la séparation. Donc ça, je ne suis pas surprise. Ce qui me fait de la peine, c'est plutôt de réaliser, alors j'espère que j'ai tort, mais c'est dans le moment dans lequel je suis, le fait que les structures qui essayent de vivre, alors les structures, ça peut être des personnes, ça peut être des assos, ça peut être des mouvements, ça peut être des tiers-lieux, ça peut être toutes ces personnes-là. J'ai l'impression que nous-mêmes, on a mis de la séparation entre nous. Et que la période est à l'affolement et que nous-mêmes on se replie sur nous, nous-mêmes on ne coopère pas les uns avec les autres, nous-mêmes on ne s'entraide pas. Et c'est ça qui me fait de la peine en ce moment, c'est plutôt de voir les logiques de séparation triompher, y compris à l'intérieur des mouvements dits militants ou activistes ou progressistes, comme si on n'entendait pas la leçon. Parce que la peur est plus importante, parce que l'ego...

  • Speaker #1

    La peur prend le dessus.

  • Speaker #0

    L'ego, mais c'est la peur l'ego, c'est la même chose. La peur, c'est l'ego qui a pris le pouvoir en fait.

  • Speaker #1

    Et c'est en ça que tu dis, il y a un remède aujourd'hui, c'est que la peur soit remplacée par l'amour.

  • Speaker #0

    Oui, alors ça va un peu vite dit comme ça, mais en fait, effectivement, j'ai l'impression que tout est... La bonne nouvelle de l'époque actuelle, c'est que tout est visible à l'œil nu. Tout est sur la table. On ne peut plus se raconter d'histoire. On ne peut plus se raconter même que demain, ça sera bien, aucune solution technique va venir. On ne peut plus se raconter tous ces trucs de progrès, de solutions technologiques, de personnes miraculeuses qui vont venir régler tout ça d'une baguette magique. Ça tombe en fait. Toutes ces croyances-là tombent. Donc, on est à l'os. Et donc, tout est très clair. Et effectivement, pour moi, il y a des polarités qui ne sont pas bien mal, en fait, puisqu'on a souvent opposé l'un ou l'autre, ou progrès, décroissance ou des choses comme ça. La polarité, pour moi, c'est confort ou humanité. Et donc, c'est peur ou amour. Et donc, je peux les décliner si tu veux, mais j'ai l'impression que dans tous les choix qu'on fait tous les jours. Qu'il soit pratico-pratique ou même presque déontologique, la façon dont on réagit à un stimuli, quel qu'il soit, toujours ces réponses sont arbitrées entre le confort. ou l'humanité. Et donc le confort, c'est penser qu'à soi, être dans un... laisser gouverner son égo, donc la volonté de plaire, d'être conforme, d'être en sécurité, etc. Tout ça, c'est des réactions de peur qui nous coupent des autres. Parce qu'à nouveau, on va se replier, s'accrocher à ses privilèges, ses acquis, son précaré, ses croyances, le refus du différent, le refus de l'autre, le refus de l'évidence, de la remise en cause, etc. Et de l'autre côté, il y a l'amour. Et alors, ce n'est pas l'amour romantique, le flirt, etc. Ça, c'est une toute petite partie de l'amour. C'est celle sur laquelle on communique, mais c'est peut-être la moins durable. La vraie, pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. Et il en est. Je ne parle pas que des humains entre eux d'ailleurs, mais tout le vivant. C'est comme si on n'arrivait pas à faire le lien entre l'extinction des abeilles, l'extinction des jeunes aujourd'hui, parce qu'il y a une vraie extinction de masse, on n'en parle pas, parce que ce n'est pas confortable de parler de ça. Mais les chiffres sont terribles. Il y a une épidémie de souffrance existentielle dans toute la population. Pour nous tous, c'est dur. C'est pour ça que tu me demandais ces longues réponses, comme on le disait. Je ne suis pas immune à ça. Mais un, c'est pour tout le monde. Il n'y a aucune classe sociale, religion, éducation, etc. qui s'en sort mieux que l'autre. Je pense qu'il faut comprendre ça. Deux, chez la jeunesse, c'est terrible et c'est cruel. Trois, moi, le fait de me rendre compte que dans une journée, j'ai mille fois par jour l'opportunité à chaque moment où j'ai à prendre une décision de répondre par la... peur ou par l'amour, je me rends compte qu'à chaque fois que je réponds par l'amour, que ça soit Oui, je vais aller à cette conférence tout à l'heure, même si, effectivement, j'ai déjà fait 600 débats, je serais peut-être mieux chez moi avec mon chat, mais je ne sais pas ce qui va se passer. C'est de l'amour d'y aller, c'est de l'inconnu, c'est la possibilité de rencontrer quelqu'un que je n'ai jamais vu, c'est la possibilité de se lier, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, Alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale, parce que j'ai créé des occasions de joie, j'ai choisi la joie. Et c'est un choix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et alors qu'est-ce que la vie t'a appris jusqu'à aujourd'hui ? C'est une question que je pose souvent en introduction du podcast. Et donc là on pourrait même la préciser en disant qu'est-ce que la vie t'a appris pour peut-être laisser de côté justement cette anxiété qui parfois nous ronge et force à l'immobilisme.

  • Speaker #0

    Alors je me suis tatouée, je te le montre mais ici il n'y a pas de...

  • Speaker #1

    Dites-nous où il passe. Continue la... tellement dit quand on était en galère pendant Ausha, tu me disais mais ça aussi, ce moment il va passer.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis tatouée une phrase sur l'avant-bras et la phrase est tournée vers moi parce que ça n'a rien tu vois, c'est pas pour les autres, c'est pour moi c'est vraiment un pense-bête, cette phrase incroyable de Eckhart Tolle qu'il a piqué lui-même à paraît-il un poète afghan en plus pour moi l'afghan, enfin bref donc en tout cas perse et euh Et c'est this too will pass ça veut dire que ça aussi, ça passera. Donc ce rappel de l'immanence en fait. Et ça vaut dans les deux sens. Ça vaut quand tu vas bien, attention, ne monte pas trop haut. La vie continue, la roue va tourner. Et quand tu es bas, c'est un passage. Et ce dont je me rends compte, c'est qu'effectivement, être en haut fait du bien, être en bas est utile. Parce que c'est là où tu te reposes les bonnes questions, les mêmes questions d'ailleurs, c'est toujours les mêmes, mais voilà, c'est là où tu reviens sur la question de ton, bon bah allons-y, le feu intérieur, les motivations, ton propre amour en fait, il se nourrit de quoi ? Tu te connectes à quoi en fait ? Pour tenir en ce moment, tu te connectes à quoi ? Des vœux renouvelés en fait. J'imagine que l'engagement, ce n'est pas juste un truc que tu décrètes et c'est pour ta vie. C'est qu'aujourd'hui, surtout aujourd'hui, tous les matins, il faut se poser la question de pourquoi on fait ça. Parce qu'effectivement, le mouvement de balancier va puissamment à contre de toutes nos logiques et de tout ce qu'on aimerait probablement voir se diffuser.

  • Speaker #1

    Comment tu as appris justement à jongler avec cet aspect cyclique des choses ? Là où dans la société, ce n'est pas du tout valorisé d'accepter les moments de moins bien, où on nous pousse plus à une linéa... Ni... Linéa ! Rité ? Des choses ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'effectivement, on est programmé pour être conforme et lisse et tous se ressembler et tous penser la même chose aujourd'hui. Et même les algos vont finir par tous nous faire penser la même chose. Parce qu'il faut bien comprendre que ce qu'il y a derrière, c'est juste une volonté de nous maintenir dans une position de bon petit consommateur. C'est une logique économique derrière tout ça. Ce n'est pas autre chose. que ça, en fait. Et c'est bien ça ce qu'on paye, le fait que l'intérêt général est complètement cédé face à l'intérêt privé, c'est-à-dire l'intérêt des entreprises, etc. On a confondu la croissance du PIB et le bien-être d'une nation. Je l'ai vécu, en fait. Tous les moments qui me sauvent, c'est des moments que je me mets en lien. Et il n'y a que les larmes qui me font faire ça. Quand je suis sûre de moi, j'avance, je cours, j'ai besoin de personne. Tu vois ce que je veux dire ? Je suis efficace, je suis performante, je rabouille tout. Malheureusement, j'ai encore cette programmation-là. Il faut beaucoup d'années et d'épreuves pour sortir de ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi dans ta personnalité. Tu es naturellement de nature combative, efficace, rigoureuse.

  • Speaker #0

    Alors, efficace, je ne crois pas. J'aimerais, mais efficace, je ne crois pas. Je crois que j'ai un taux de déperdition monstrueux. Mais par contre, il y a un truc que j'ai, c'est que j'y retourne. J'ai créé énormément de choses. Ma petite échelle, pour moi, c'est beaucoup. Mais est-ce que ça a eu un impact ? Je n'en sais rien. Est-ce que j'aurais pu aller plus loin, mille fois ? Est-ce que j'ai été déçue ? certainement. Mais par contre, j'y retourne.

  • Speaker #1

    Déçue de ? Du résultat, de toi-même ?

  • Speaker #0

    Alors, du résultat, honnêtement, non, parce que là où je suis, je pense, juste, c'est que, tu vois, par exemple, on en parlait avant, en micro, moi, j'aurais jamais écrit ces livres sans une personne qui a été mon éditeur, et qui était encore plus obsessionnelle que moi, et qui... Tous les livres que j'ai fait avec lui sont des livres que je ne pourrai jamais renier. La plupart des choses qui ont passé le tatami de mes angoisses et qui ont eu une vie où j'ai pu la partager avec d'autres, c'est des choses et des objets et des textes sur lesquels je ne peux rien dire. Ils tiennent tout seuls. On peut aimer, on peut ne pas aimer. Mais moi, je ne peux pas me dire que je regrette de ne pas avoir plus travaillé. Par contre... J'ai un mal fou, et c'est encore plus aujourd'hui, à toucher les personnes avec ça. Plus ça va, plus j'ai l'impression d'envoyer des bouteilles à la mer, en fait.

  • Speaker #1

    Comment tu expliques ça ? Le trône de l'information,

  • Speaker #0

    c'est... Je peux me poser la question de savoir si mes livres sont justes, c'est-à-dire, est-ce que ça a un intérêt pour les gens ? Tu vois, il y a une vraie question. La deuxième question est, en fait, comment tu fais ? pour parler des choses importantes quand la table de discussion devient de plus en plus petite. On est dans un espace où le champ... Alors, ça peut être paradoxal parce que tu peux dire Instagram, etc. Tout le monde peut prendre la parole. C'est du bruit, ça. Il faut faire la différence entre le bruit et la conversation. Et la conversation, il n'y a plus d'endroit pour la voir. Ou il n'y a plus beaucoup d'endroits pour la voir. Aujourd'hui, moi, j'arrive avec un livre qui n'est pas clivant, qui parle d'amour. qui est censé faire du bien. C'est non seulement mon intention, mais c'est ce que j'ai à dire au monde aujourd'hui. Je trouve que ça ne sert à rien, aujourd'hui, de rajouter de la peur à la peur, de la vacherie à la vacherie, du clash au clash. Et pourtant, il n'y a que ça qui est préempté par le monde médiatique. Donc, l'espace se réduit dans le monde médiatique, mais je pense qu'il se réduit en nous aussi. C'est ce que je disais tout à l'heure. Je suis étonnée de me dire que entre nous, militants, activistes, etc., on ne fait pas plus de liens, on ne fait pas plus corps. Le livre s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? Moi, mon grand truc, c'est qu'il faut qu'on fasse corps, qu'on fasse famille, avec nos différences, avec nos pas contents, avec nos petits machins, mais quand même, il y a un moment là, si on ne fait pas nombre, on s'approprie le mal qui nous terrasse, c'est-à-dire cette logique de séparation qui est au fondement de la logique capitaliste. Si on l'incarne, en fait, On est en train d'incarner exactement ce qui nous fourvoie.

  • Speaker #1

    Et tu dis qu'un livre pour toi, c'est comme ouvrir un chemin. Donc là, avec ce livre, et maintenant, que faisons-nous ? Quel chemin tu as voulu ouvrir ?

  • Speaker #0

    Oui, probablement, merci, probablement... Quelque chose qui reflète peut-être certainement l'âge que j'ai, c'est-à-dire que j'ai été la première à dénoncer tous les complots, les lobbies, tous les Goldman Sachs de la terre, la collusion de la finance politique média, l'arrivée de Macron. Enfin, voilà, j'ai été la première à dénoncer ça parce que j'ai vécu un certain nombre d'événements qui ont fait que... je me suis sentie proche du truc.

  • Speaker #1

    Notamment, tu as vécu le 11 septembre à New York.

  • Speaker #0

    Oui, mais avant ça, j'ai été biberonnée aux idéaux de performance et d'efficacité. Je suis diplômée d'HEC, j'ai créé ma boîte à 24 ans, je suis partie à New York, j'ai monté une start-up, j'ai eu de l'argent. Si tu veux tout le trip capitaliste, je peux d'autant plus le dégommer que je l'ai vécu de l'intérieur. Je suis allée très proche du cœur du réacteur. Je ne pense pas que le... réacteur est un cœur, il doit avoir un corps, t'as raison. Mais toujours est-il que j'ai passé beaucoup de temps à faire ça. Et je me suis rendue compte que ça me faisait cheminer, ça me rendait certainement très capable de tenir tête dans des plateaux télé, notamment à des gens qui venaient arguer que la finance c'est bien, que la croissance économique, que les emplois quand même, etc. Moi, j'apportais un peu de nuance et la nuance incarnée travaillait vraiment. Mais je me suis rendu compte que tout ça, ça ne m'aidait pas à vivre. Ça ne m'aidait pas à être heureuse. J'ai deux enfants. J'ai envie qu'ils soient bien. Je n'ai pas envie qu'ils aient en face d'eux que des personnes cyniques et irresponsables. J'ai envie de leur montrer qu'il y a un chemin. Toujours cette histoire de chemin. Et donc, depuis 15 ans maintenant, je m'intéresse aux lanceurs d'alerte, aux activistes. Aux artistes aussi qui proposent des autres mains. Mais ça a été toujours assez secondaire. C'est comme si j'avais eu besoin d'un... On marche sur deux jambes. La critique et aussi la force de proposition. Ne serait-ce que pour moi tenir droit. Et avoir une forme de robustesse. En tout cas de santé. Et depuis quelques années, je me suis rendue compte que finalement, à chaque fois que je dénonçais quelque chose, que j'étais dans le lutter contre. Je nourrissais la bête. Parce qu'en fait, le système se repète sa critique. Il adore qu'on le critique parce qu'on parle de lui. C'est vraiment de l'énergie cinétique en fait. Il prend ta violence, il prend ta critique.

  • Speaker #1

    Et il s'en nourrit.

  • Speaker #0

    Et il s'en nourrit et il te la rebalance cinq fois plus fort. Donc t'es terrassé derrière. Mais t'as existé dans le système. Mais le prêt à payer, il est monstrueux.

  • Speaker #1

    Parce que toi, en retour, tu entretiens des énergies très négatives. Oui. Ce sont celles de la colère, de la peur. au détriment de l'amour et de la joie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et surtout, il va se... Il y a ça. Tu as très bien décrit ce qui se passe à l'intérieur de toi, mais il y a aussi le fait de te dire Non, mais je joue à contre moi-même parce qu'en fait, il sort plus fort de sa critique. Parce que de toute façon, il a... Voilà, il a tous les moyens, les algos, la presse, le sens du vent qui va au fait de ridiculiser tout ce qu'il veut vivre. Et ce livre, ce chemin, c'est le Lutter pour Surtout, j'aimerais être dans la proposition pour aider celles et ceux, et notamment la génération comme la tienne, mais aussi plus jeune, qui a envie de croire que juste vivre, c'est possible, de vivre en étant droit dans ses bottes, présent au monde, en pensant qu'on peut y faire quelque chose et le réparer. Et y trouver de la joie et se lier avec des personnes semblables ou pas d'ailleurs. Mais voilà, cette humanité, elle est exactement à rechercher maintenant en fait. Et c'est ça le chemin pour moi.

  • Speaker #1

    Et justement pour relever tous les grands défis de notre temps qui existent, qui sont ceux qu'on connaît. Pour toi, ce qui nous manque, c'est un système de valeurs qui rend évidente et désirable des solutions. Quel est ce système-valeur ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai passé du temps à expliquer en quoi il y avait une croyance qui nous condamnait, et que cette croyance, c'était celle de séparation. Donc à nouveau, René Descartes, l'homme est supérieur à la nature, il peut s'en rendre maître et possesseur. Aujourd'hui, on est en queue de commettre de ce système-là, de toute évidence. Cette logique de séparation, elle triomphe tout en nous montrant que ce n'est pas vrai. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on voit bien que le moindre événement a des répercussions sur notre propre vie. On voit bien, enfin j'espère qu'on est nombreux à le voir, que tout ce qu'on est en train de faire au Moyen-Orient va nous retomber sur le coin de la figure de façon... absolument monumentale. On ne peut plus créer et participer et contribuer à autant d'injustices en espérant en sortir indemne. Ce n'est pas possible. On voit bien que la vague de migration, elle est liée aux problèmes climatiques. Les gens fuient à 80% parce qu'ils n'ont plus les moyens de se nourrir. Ils n'ont plus les moyens de se nourrir parce qu'il y a des guerres. La plupart des guerres sont déclenchées par des problèmes d'accès aux ressources. Et notamment en ressources pour se nourrir. Donc voilà, c'est comme si toute la systémie avait été complètement mise de côté. Parce que là aussi, on a mis tout en silo. On a mis l'écologie en silo, le social en silo, la politique en silo, la démocratie en silo, le problème des inégalités de genre en silo, etc. C'est une aberration la plus totale. Donc tout ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la faillite. C'est paradoxal peut-être, mais c'est à la fois le triomphe de la logique, de séparation sur ce qu'elle permet, comment les gens préfèrent cette logique-là. Et en même temps, sa faillite absolue, c'est-à-dire qu'elle nous condamne, et Trump est en train d'appuyer sur l'accélérateur. C'est la grande accélération du moment, c'est Trump. Et en même temps, combien cette logique de séparation est totalement vouée à l'échec. Donc, effectivement, le système de valeurs auquel moi, j'aimerais... qu'on adhère tous, c'est cette histoire d'interdépendance. D'interdépendance des enjeux, dont on a parlé, d'interdépendance des populations, d'interdépendance des solutions, d'interdépendance de tout ce qui est vivant. Donc, moi je rêve d'un système effectivement qui dégomme, enfin qui retire comme une tête d'épingle cette croyance de séparation. Si tu la retires, il n'y a plus de capitalisme. Enfin je veux dire c'est plus possible parce que tout le capitalisme est passé sur cette séparation qui s'incarne dans les individus, l'individualisme etc. Si tu poses l'interdépendance, y compris entre générations, y compris bien sûr entre les événements, alors il y a quelque chose d'autre qui émerge.

  • Speaker #1

    Mais cette interdépendance elle se travaille d'un point de vue étatique, politique, aussi au sein des entreprises, mais il y a un autre sujet qui à mon sens se travaille aussi individuellement. Tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, c'est celui de l'ego. Et c'est aussi cet Ausha qui nous pousse à agir de manière très cloisonnée, par silos et de façon individualiste. Cet ego, il s'entretient beaucoup par l'action, par le faire, pour avoir des accomplissements qui sont visibles. Et en 2021, à la question Quel conseil tu donnerais aux jeunes d'aujourd'hui ? que je t'avais posé, tu m'as répondu Je m'accomplis parce que j'accomplis. Et donc, j'invite tout le monde à accomplir des choses. Et je me suis dit Tiens, c'est rigolo. Parce qu'accomplir, c'est de l'ordre du faire, de l'action, là où on prône de plus en plus l'être et le ressenti. Donc, est-ce que c'est forcément en faisant, en accomplissant qu'on devient quelqu'un ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors écoute, c'est une très très bonne question. Et là, je vois aussi combien tu travailles les choses, c'est merveilleux. Donc, cette phrase, je m'accomplis parce que j'accomplis, elle est tirée d'un livre qui s'appelle le Bhagavad Gita. Le Bhagavad Gita, c'est un livre qui a plusieurs millénaires. qui est la base de la philosophie, une des bases de la philosophie hindouiste, et notamment de la philosophie du yoga. Le yoga, ce n'était pas qu'une pratique corporelle, c'est avant tout une pratique spirituelle.

  • Speaker #1

    Une philosophie aussi.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je m'accomplis parce que j'accomplis, c'est même une branche du yoga qui s'appelle le karma yoga. Et le karma yoga, encore une fois, on ne parle pas du yoga qui est fait pour avoir des jolis abdominaux, ou des jolies fesses, on parle du yoga qui est fait pour avoir une ossature. essayer de tenir droit comme on peut et en ce moment c'est utile et le karma yoga c'est le faire éveiller c'est à dire c'est pas faire pour faire ça s'appelle le bougisme c'est l'agitation, c'est la culture Instagram c'est tu vois je suis allée là-bas j'ai pris le t-shirt je suis revenue c'est cette espèce de consommation de l'action ça c'est pas le faire que moi j'ai envie aujourd'hui à l'âge que j'ai de faire par contre c'est le faire éveiller et le karma yoga, c'est être au service de quelque chose de plus grand que soi. Je m'accomplis parce que j'accomplis. J'accomplis des actes qui sont plus grands que moi et à travers ça, je m'accomplis. Et le faire éveiller, il est sans attente de retour. Et c'est ça où l'ego, il se vient mais total torpillé. Et c'est là où moi je suis pas encore vraiment en mode avancé tu vois. Mais c'est vraiment faire des choses avec la plus grande sincérité et en tu vois c'est cette histoire de bouteille à la mer mais ne pas être, ne pas prendre ombrage le fait que... les gens ne s'en saisissent pas. toujours espérer que quelqu'un va prendre ta bouteille à la mer et en faire son miel, en faire quelque chose pour lui. C'est aussi Snowden, tu vois. J'ai eu la chance de le rencontrer il y a huit ans et il me dit dans le film, là aussi, comme quoi tout est toujours là. Il dit, moi mon but c'est de poser ma brique quelque part pour que quelqu'un d'autre mette sa brique par au-dessus. Il me dit ça il y a huit ans et je... Je sélectionne ça pour que ça passe dans le film, mais je ne le comprends pas vraiment. Depuis, j'ai cheminé. Et en fait, ça, c'est quelque chose qui est souligné par des gens depuis très, très longtemps, qui s'appelle l'esprit des cathédrales. C'est cette capacité à s'engager pour bâtir quelque chose dans un édifice dont on ne verra pas la fin. Tout en sachant que tu ne verras pas la fin. Donc, c'est l'anti-ego, puisque tu ne sais pas ce que ça va donner. Mais tu as juste la foi que quelqu'un d'autre derrière toi, va comprendre ce que tu es en train de faire et construire sur ton propre travail, construire sur ta propre pensée, que ça va l'aider à porter la pierre un petit peu plus loin et qu'à la fin, au bout du bout, autant aussi vite ou pas que possible, ça va aider les autres à vivre. Quelque chose qui te reconnecte à la verticalité qu'on a tellement perdu parce qu'on est complètement emprisonné dans ce petit égo qui veut tellement bouger tout le temps, faire des trucs qu'on le remarque, qu'on l'aime, qu'on le voit. L'esprit des cathédrales, il n'est plus dans ce désir d'être remarqué, il n'est plus dans ce désir d'être conforme. Il est dans ce désir d'être utile.

  • Speaker #1

    Et toi justement, ton désir d'être utile, les pierres à l'édifice que tu poses et ton miel, comme tu nous disais, ils passent à travers tes films, tes écrits, tes prises de parole dans l'espace public. Et on sent justement en toi une certaine rage de dénoncer ce qui cloche et de réveiller un monde endormi par les écrans. Tu nous parlais tout justement de cette force plus grande que nous. D'où est-ce que toi, elle te vient cette force ? Parce qu'on sent dans tout ce que tu fais qu'il y a quelque chose de plus grand, d'où le film aussi Bigger Than Us.

  • Speaker #0

    Écoute, il y a plusieurs choses. Je crois que j'ai, dans le désordre ou l'ordre chronologique, je crois d'abord que j'ai eu la chance d'être entourée d'amour et d'avoir des parents monuments qui étaient médecins. Donc, le soin de l'autre, le fait de soigner. de réparer les autres. J'ai été baignée là-dedans toute petite. Donc autant dire que quand j'arrive dans le monde de l'entreprise, ce monde-là me paraît d'une vacuité terrifiante. Même si j'ai été programmée pour, mais je pense qu'assez vite, c'était complètement dissonant, mon histoire de carrière, mon désaffaire. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, je pense qu'ils m'ont passé une très grande vitalité. et qui finalement grandit avec l'âge. Mais peut-être que, pourquoi elle grandit ? Parce qu'il y a de plus en plus d'épreuves. Et la confrontation à l'injustice, je l'ai eue très vite, très tôt, à titre très personnel et très intime. Et peut-être ma rage, elle a toujours été là. Je me restais reliée à cette petite fille qui toujours a dit c'est pas juste Donc celle-là, je ne l'ai jamais éteinte. Alors il y a eu des masques, tu vois, et notamment l'entreprise, voilà, aller faire des grandes écoles, gagner de l'argent, etc. Mais cette petite fille, elle était toujours là. Et après, il y a eu d'autres épreuves. Effectivement, j'ai vécu le 11 septembre à New York, à 20 et quelques. Et le fait de l'avoir vécu m'a, je le dis très souvent, mais m'a mis nue, tu vois, et a explosé tous les masques. pour que la petite fille qui disait c'est pas juste, elle revienne et elle se retrouve sur ce toit du 11 septembre avec sa petite robe, tu vois, abîmée et se dise mais il faut que je leur dise en fait que c'est pas juste. Et puis il faut que je comprenne d'où vient cette injustice, je comprenne pourquoi on l'incarne en fait, etc. Et donc ça, ça a lancé ma vie professionnelle d'auteur et de personne qui veut dénoncer ça. En fait, à chaque fois, c'est... Toutes les épreuves que je vis, tu vois, je me suis séparée du papa de mes enfants, j'ai perdu des gens, etc. Des amis, des trahisons, des humiliations. À chaque fois, ça vient me rechercher sur... Ça vient rechercher et raviver cette petite fille qui a toujours tellement envie de justice et toujours envie de faire en sorte que personne ne passe par là, en fait. Donc voilà, je crois que c'est une connexion profonde à qui je suis.

  • Speaker #1

    Et à ton feu intérieur. Et si tu me le permets, je vais lire justement un extrait de ton livre qui parle très bien de ce fameux feu qu'il s'agit de protéger très fort aujourd'hui. Qui décidez-vous d'être ? Il faut accepter que rien ne soit stable ni certain. Accepter la fragilité à commencer par la sienne. S'éduquer les uns les autres, sentir qu'il y a autre chose, comme un sens à redonner, à reconstruire. Nous semblions destinés à devenir des machines à force de leur obéir. Nous pouvons décider de redevenir des êtres doués de vitalité, de capacité d'adaptation et de création. Protégez votre feu, votre énergie et votre curiosité. Comment est-ce que toi, tu protèges ton feu, Flore ?

  • Speaker #0

    Par les liens. Mais c'est vrai qu'il est attaqué en ce moment. On est attaqué dans nos motivations les plus profondes, à continuer, à porter ce qu'on peut porter. Et puis voilà, à quoi bon l'impuissance, etc. La période est presque...

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus important de protéger ce feu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc la première chose, c'est que je vois que c'est une logique. à nouveau, que c'est une logique de séparation. Donc, à nouveau, j'essaie de me dire, c'est normal, en fait, c'est tendanciel. On a actionné une spirale, c'est plus fort que toi. Tu vois, le Bigger Than Us, c'est aussi ça. Mais sinon, mon feu, eh bien, je le nourris dans les liens. La seule façon de battre cette logique de séparation, c'est d'incarner cette logique d'interdépendance. C'est donc d'aller contre le réflexe premier qui est le repli sur soi, le à quoi bon. Le confort en fait. Je vais moi aussi penser à moi et arrêter de prendre des risques ou d'attendre du soutien de ou de je ne sais pas quoi. Et puis voilà, je vais rentrer moi-même là-dedans, je vais renoncer. Donc c'est mon feu, j'arrive à l'entretenir dans le fait d'aller au contact, de me hisser sur des épaules de géants. Alors je vais à nouveau citer quelqu'un qui est de la religion catholique, mais voilà, Mère Thérésa. Il y avait quelqu'un qui lui avait demandé, un journaliste qui lui avait demandé de son vivant. Comment elle faisait ? Comment elle avait fait pour sauver 200 000 enfants de l'ultra-pauvreté ? Et elle a dit un à un Et si tu veux, ce un à un moi, c'est ça le feu. C'est-à-dire que c'est la capacité à choisir l'humanité dans les actes du quotidien. Ça peut être, effectivement, répondre de telle ou telle manière à une personne qui demande de l'aide, répondre de telle ou telle manière à un stimuli parce que c'est Black Friday et qu'il faut consommer. Eh bien, non, je vais… En fait, c'est la capacité à exercer mon libre arbitre et le fait que je ne suis pas manipulée par cette logique de séparation. Donc, le protéger, c'est ça. C'est de bien voir la logique de l'œuvre, bien voir qu'elle est en tout, partout, tout le temps et que la vraie résistance, c'est de la voir et de ne pas y souscrire. Et je n'y arrive pas tout le temps. vraiment, je régresse, je peux avoir peur moi aussi, je peux avoir mon égo qui est mal en point.

  • Speaker #1

    Et tu restes humaine, c'est normal.

  • Speaker #0

    Voilà, et en tout cas, je sais que je le paye assez cher en fait. Je vois très bien énergétiquement que ça abîme directement mon feu. Mon feu s'éteint si j'ai choisi l'égo, c'est sûr. Si j'ai choisi la peur, mais je me rabougris sur moi, ça me fait mal en fait, physiquement. Alors que si je choisis de l'attiser, d'en prendre soin, et notamment en rajoutant des braises, donc rajouter des braises c'est les liens, c'est de l'amour, c'est de la discussion, c'est du dépassement en fait. C'est le dépassement de la colère, de la peur, de la frustration. C'est une forme de sublimation. Et la sublimation c'est passer d'un état à l'autre, c'est passer d'un état de tristesse à un état de joie. Et il y a plein de façons de le faire. Et donc il y a ces liens. Il y a le fait de prendre soin de moi. Et ça, j'ai passé 45 ans à ne pas le faire.

  • Speaker #1

    Ça passe par quoi, prendre soin de toi ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est beaucoup prendre soin des miens, donc mes enfants. C'est-à-dire être en présence. Ce n'est pas nécessairement prévoir des trucs, etc. Mais me dire, je n'ai pas loupé ce moment, parce que je sais que ce sont des moments qui ne durent pas. Donc il y a ça. Il y a cultiver son feu, c'est cultiver sa présence aux choses. et c'est vrai que depuis deux ans et demi moi je suis tombée dans une pratique du yoga qui est plus spirituelle qu'autre chose mais qui fait que je suis capable de vraiment me calmer et d'arriver à couper l'angoisse, en fait. Ou cette anxiété, ou l'égo, et de me réancrer. Et donc, je vois très bien que si je ne le fais pas, je pars vers la logique de séparation. Donc ça, c'est des petits trucs. Je sais qu'il y a plein de gens qui t'écoutent et qui méditent, etc. Moi, je n'arrive pas à le faire. J'ai besoin que ça passe par le corps. Et donc, moi, c'est une pratique corporelle qui me permet d'aller là. Et qui me permet effectivement de retrouver un espace parce que sinon, je me fais terrasser comme tout le monde et d'essayer d'être dans l'amour en fait. Et donc, c'est l'exercice de l'amour dans, tu sais, ce faire éveiller dont je parlais. Ce n'est pas sans attente d'autres retours et en fait, c'est quand tu n'attends rien que tu as tout parce que tu as le principal.

  • Speaker #1

    C'est beau tout ce que tu dis, Flore. On arrive aux questions de la fin. est-ce que tu te sens à ta place aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    ouais,

  • Speaker #1

    elle est pas confortable mais je suis à ma place elle ressemble à quoi une journée de florvasseur ?

  • Speaker #0

    un peu un corps à corps avec cette logique de confort ou d'humanité et effectivement ça ressemble à une journée où j'essaye de dompter cette part en moi qui voudrait céder à l'affolement. Et une belle journée, c'est une journée dans laquelle j'ai réussi tellement à dompter l'affolement qu'alors la création était possible. J'ai réussi à écrire, j'ai réussi à cranter quelque chose, j'ai réussi à laisser passer une idée. Tu sais, tout à l'heure, j'utilisais le mot de tatami des angoisses. Moi, j'ai vraiment l'impression d'avoir un tatami et qu'il y a plein d'idées qui ne passent pas le tatami. Et les bonnes idées, c'est les idées qui passent le tatami des angoisses. Donc voilà, une bonne journée, il y a le tatami. Je ne vais pas dire qu'il n'existe pas, mais je l'ai suffisamment secoué, en le voyant faire et en le voyant resserrer ses mailles, etc. Il y a un flot d'idées, de créations, de liens, de désirs qui a pu passer. Mais ce n'est pas tous les jours. Je crois qu'il faut vraiment dire la vérité, ce n'est vraiment pas tous les jours.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le mot émerveillement t'inspire ?

  • Speaker #0

    l'enfance et puis moi mais c'est prétentieux de dire ça mais je vois je parlais de cette petite fille tu vois blessé je sais que il ya quelque chose en moi en elle qui a jamais annoncé c'est c'est pas toute l'histoire et va donc chercher l'histoire Et aujourd'hui, va chercher l'histoire d'émerveillement, mais probablement en sortant de ta position de confort à toi.

  • Speaker #1

    La liberté, c'est quoi pour toi, Flore ?

  • Speaker #0

    La bataille de tous les jours. Ça a guidé mes choix de vie, en fait. Comment rester libre ? Voilà, comment rester libre. Et il y a plein de formes d'asservissement en fait. Il y en a des très insidieuses, le système dans lequel on est, le système de pensée, le fait d'attendre une récompense, le fait d'attendre une validation, le fait d'attendre une reconnaissance, ça c'est des formes d'asservissement, c'est pas être libre ça. Donc la vraie liberté, c'est la bataille contre l'ego en fait.

  • Speaker #1

    Tu y arrives ?

  • Speaker #0

    Pas tous les jours. Mais c'est un chemin. Et quand j'ai quelque chose à donner, c'est que j'ai passé la barre. Tu sais, tu fais du surf. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    J'ai pris quelques coups. J'ai vu. Flore, quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent pour conclure cet épisode ?

  • Speaker #0

    Écoute, si c'est une forme de conclusion, je crois qu'il ne faut pas se payer de mots. La période actuelle est effectivement extrêmement angoissante. Le message d'un nouveau monde possible en fait. Le message d'une promesse, d'un émerveillement dont tu parlais. Et qui se place à l'endroit de l'enfance. Mais l'enfance, ce n'est pas que les enfants. C'est l'enfant en nous. C'est les enfants autour de nous. Et pour moi, s'il y a une chose à sauver, c'est ça. Sauver l'enfance en nous, autour de nous. Parce que c'est aussi ça la promesse de cet autrement, c'est un monde qui veut advenir, avec toute une série de sages-femmes comme toi, autour, qui sont en train de prévenir les autres pour dire mais il y a quelque chose derrière Et ce quelque chose derrière, c'est quelque chose à faire naître. Donc, à Noël, pensez à ça. À nouveau, ça n'a rien de religieux. C'est juste une foi qui nous vient de la nuit des temps. Être humain aujourd'hui, c'est avoir envie de voir la suite. Cette curiosité, c'est du feu. Et c'est une forme d'émerveillement. Magnifique.

  • Speaker #1

    On va rester sur ces beaux mots, Flore. Merci pour tous tes partages. Merci pour ce moment.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Si ce moment t'a plu et nourri, je t'invite à le partager, à laisser quelques étoiles sur iTunes et Spotify ou à faire une story sur Instagram en identifiant Nouvelle Oeil et mon invité de la semaine pour que l'on puisse te repartager. En attendant de se retrouver lundi prochain, tu peux suivre au quotidien mes aventures directement sur Instagram ou le site internet www.nouvelleoeil-podcast.com. Depuis ce site, tu pourras aussi t'abonner à ma newsletter. J'y partage des inspirations et des petites choses plus personnelles qui font mon quotidien. En attendant le prochain épisode... Je te souhaite de savourer la vie comme il se doit et surtout de faire des choses folles.

Chapters

  • Introduction

    04:04

  • Questions de fin

    42:09

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Description

Flore, c’est une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pensent tout bas. Elle m’inspire et en inspire tant d’autres. Des milliers, pour ne pas dire des millions.


Depuis 20 ans, Flore Vasseur travaille pour comprendre la fin d’un monde et d’un système qui craquèle de toutes parts. Livres, film, débats, elle œuvre quotidiennement à l’émergence d’un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain.


Avec Flore dans cet épisode, on parle d’engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d’action.


J’espère que cette écoute t’invitera à raviver l’émerveillement.


Belle écoute ! ☀️ 

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Cette saison de podcasts est soutenue par Nouveau Monde, un fond qui facilite l'accès à la méditation et à la pleine conscience, en France.

Si tu as aimé cet épisode, tu peux le partager, écrire un commentaire dans la description et laisser des étoiles sur ta plateforme d'écoute !   

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👉Pour retrouver Flore

. Sur Instagram

. Sur son site

. Sur Linkedin

. Son dernier livre "Et maintenant, que faisons-nous ?" (ed Grasset)

. Son film Bigger Than Us

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👉Pour suivre les aventures du podcast 

. Sur Instagram 

. Sur le Site   (depuis lequel tu peux t'abonner à la newsletter) 

. Sur LinkedIn  

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L'identité musicale de cette émission est composée avec les musiques de Tim Dup.

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👉Les grandes questions posées dans cet épisode

8mn : En quoi le seul remède, c’est de remplacer la peur par l’amour ?

12mn : Qu’est-ce que la vie t’a appris jusqu’à aujourd’hui ?

14mn : Comment accueilles-tu l’aspect cyclique de nos vies ?

19mn : Pour toi, ouvrir un livre, c’est comme ouvrir un chemin. Quel chemin tu as voulu ouvrir avec ce livre ?

27mn : Est-ce forcément en faisant, en accomplissant, que l’on devient quelqu’un ?

31mn : On sent en toi une force plus grande que tout. D’où te vient t'elle ?

35mn : Comment protège tu ton feu intérieur ?

40mn : Est-ce que tu te sens à ta place, aujourd’hui ?

41mn : Elle ressemble à quoi, une journée de Flore Vasseur ?

42mn : Qu’est-ce que le mot « émerveillement » t’inspire ?

43mn : La liberté, c’est quoi pour toi ?

44mn : Quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent ?

---

👉Référence(s) abordée(s) : le livre Bhagavad-Gita.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale.

  • Speaker #1

    Hello, moi c'est Victoria, une éternelle optimiste qui tente de placer l'émerveillement au cœur de l'écologie. Chaque semaine, je tends mon micro jaune à une personne qui m'inspire pour poser mes questions sur ce qui fait nos vies. A travers le parcours audacieux de mes invités, je questionne la confiance en soi, le sens d'une vie, l'amour, la liberté, l'écologie, bref, autant de sujets qui traduisent un monde qui bouge et qui rythme nos vies. Tout de suite, je t'invite à emprunter un nouvel œil pour regarder le monde et la vie sous un autre angle. On s'est retrouvés chez elle, un lundi après-midi de décembre. Le ciel était gris, les bougies éclairaient son appartement chaleureux. Voilà cinq années que nos chemins se sont croisés avec Flore Vasseur, grâce à Nouvel Oeil. Depuis, on ne s'est jamais éloigné, mais toujours soutenu. Flore, c'est un peu comme une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pense tout bas. Elle m'inspire, et en inspire tant d'autres. Des milliers pour ne pas dire des millions. Elle inspire par sa manière d'être au monde, par ses pensées, toujours fines et précises, et par la justesse de son regard posé sur tout ce qui nous entoure. Depuis 20 ans, Flore travaille pour comprendre la fin d'un monde et d'un système qui craquelle de toutes parts. Livres, films, débats, elle œuvre quotidiennement à l'émergence d'un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain. Avec Flore dans cet épisode, on parle d'engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d'action. J'espère que cette écoute t'invitera à raviver l'émerveillement.

  • Speaker #0

    Let's go,

  • Speaker #1

    Mago. Let's go.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je suis trop contente de te retendre le micro jaune quatre ans après.

  • Speaker #0

    C'est clair. On a grandi.

  • Speaker #1

    Aussi grâce à toi. Tu me fais grandir. Tu es une marraine, pas que du projet Shimla, une marraine au sens large du terme, une marraine de vie. C'est vrai qu'on s'est rencontré pour ce podcast à mes tout débuts quand j'étais encore un bébé. Et on s'est plus quitté depuis. C'est vrai. Donc tu m'aides aussi beaucoup à grandir. Je suis très heureuse de te retendre ce micro puisque tu as tellement de choses à nous partager, Flore. Et en cinq ans, il s'est passé aussi beaucoup de choses pour toi. Mais surtout, surtout, surtout, depuis ces cinq années écoulées, tu as dédié quasiment tout ton temps à un film qui est plus qu'un film. qui s'appelle Bigger Than Us, que tu as propulsé partout en France et même au-delà des frontières. Les projections dans toutes les écoles, dans plein d'entreprises. Bref, tu as porté ce film là où il devait être porté. Et en octobre dernier, tu as publié ton tout dernier livre qui s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? On va en parler. Mais depuis notre rencontre, tu as beaucoup fait, beaucoup appris, beaucoup parlé, beaucoup donné de ton énergie au monde. Et moi, j'ai une question que j'aimerais te demander sincèrement, c'est comment est-ce que toi tu vas aujourd'hui,

  • Speaker #0

    Flore ? Waouh, c'est une belle question. Je suis vraiment très, très émue de te retrouver. C'est vrai que je me souviens très bien de notre première rencontre et surtout de l'exigence que tu avais déjà à l'époque. Et tu avais énormément travaillé en amont. Notre entretien, tu avais élu, stabilossé et j'avais été touchée par cet engagement que tu avais. Donc je suis très fière de toi et très fière de pouvoir aider, même si je comprends que je suis parfois un peu brute de décoffrage, mais c'est parce qu'on travaille une matière qui est importante en fait. Et j'ai l'impression que toi comme moi et d'autres, toutes les personnes que tu interroges à ton micro, on interroge le monde et on interroge aussi notre... Notre ossature, notre capacité à entendre ce monde et à y prendre part et peut-être à le réparer et à en prendre soin. Et c'est vrai qu'en ce moment, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu trouves difficile ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas surprise par l'emballement à l'œuvre, en fait. Et le fait de voir gagner et triompher cette logique sur laquelle j'arrive à mettre des mots assez simples, qui est une logique de séparation, qui nous vient d'assez loin, en fait, depuis qu'on a essayé de maîtriser la nature, depuis qu'on a dit qu'on allait la maîtriser. Donc ça, c'est René Descartes. finalement, on s'est coupé de la nature avec un grand N, mais dans le même temps, ce qu'on n'a pas vu, c'est qu'on s'est coupé des autres, on s'est coupé du temps, on s'est coupé des femmes, on s'est coupé des autres peuples dont on a préempté les terres. Tout ça au nom de notre supériorité, en tant qu'espèce et probablement aussi en tant que race. Et ça nous explose à la figure aujourd'hui, cette logique de séparation qui vient nous dire qu'on a tous les droits, qu'on peut... exploité, dominé, sans ombre ni zambage, qu'on peut complètement profiter sans aucune responsabilité, nous revient dans la figure sur tous les fronts en fait. Que ce soit bien sûr sur le domaine environnemental, mais comme tu le sais, moi ce n'est pas mon domaine de prédilection. Mon domaine de prédilection, c'est la justice sociale.

  • Speaker #1

    Mais les deux sont très liés.

  • Speaker #0

    Les deux sont liés. Tout est lié, en fait. Moi, je dis souvent, il n'y a pas d'un côté le problème environnemental et de l'autre côté la condition des femmes et de l'autre côté la condition des réfugiés et de l'autre côté la crise démocratique. Tout ça, c'est des symptômes d'un seul et même problème qui est le système avec lequel on fonctionne, qui est lui-même posé sur une valeur qui est celle-là. dont j'essaie de parler depuis le début, qui est cette valeur de séparation, cette croyance de séparation. Et donc, je ne suis pas surprise de l'avoir triomphé. C'est la suite logique. On est en queue de comète, je ne sais pas combien de temps elle va durer malheureusement, d'un système qu'on a choisi. Donc vraiment, il n'y a rien de surprenant au fait que Trump triomphe. C'est le triomphe du confort, le triomphe des réponses faciles, le triomphe de la peur, le triomphe du refus de la remise en cause. C'est le triomphe de la séparation. Donc ça, je ne suis pas surprise. Ce qui me fait de la peine, c'est plutôt de réaliser, alors j'espère que j'ai tort, mais c'est dans le moment dans lequel je suis, le fait que les structures qui essayent de vivre, alors les structures, ça peut être des personnes, ça peut être des assos, ça peut être des mouvements, ça peut être des tiers-lieux, ça peut être toutes ces personnes-là. J'ai l'impression que nous-mêmes, on a mis de la séparation entre nous. Et que la période est à l'affolement et que nous-mêmes on se replie sur nous, nous-mêmes on ne coopère pas les uns avec les autres, nous-mêmes on ne s'entraide pas. Et c'est ça qui me fait de la peine en ce moment, c'est plutôt de voir les logiques de séparation triompher, y compris à l'intérieur des mouvements dits militants ou activistes ou progressistes, comme si on n'entendait pas la leçon. Parce que la peur est plus importante, parce que l'ego...

  • Speaker #1

    La peur prend le dessus.

  • Speaker #0

    L'ego, mais c'est la peur l'ego, c'est la même chose. La peur, c'est l'ego qui a pris le pouvoir en fait.

  • Speaker #1

    Et c'est en ça que tu dis, il y a un remède aujourd'hui, c'est que la peur soit remplacée par l'amour.

  • Speaker #0

    Oui, alors ça va un peu vite dit comme ça, mais en fait, effectivement, j'ai l'impression que tout est... La bonne nouvelle de l'époque actuelle, c'est que tout est visible à l'œil nu. Tout est sur la table. On ne peut plus se raconter d'histoire. On ne peut plus se raconter même que demain, ça sera bien, aucune solution technique va venir. On ne peut plus se raconter tous ces trucs de progrès, de solutions technologiques, de personnes miraculeuses qui vont venir régler tout ça d'une baguette magique. Ça tombe en fait. Toutes ces croyances-là tombent. Donc, on est à l'os. Et donc, tout est très clair. Et effectivement, pour moi, il y a des polarités qui ne sont pas bien mal, en fait, puisqu'on a souvent opposé l'un ou l'autre, ou progrès, décroissance ou des choses comme ça. La polarité, pour moi, c'est confort ou humanité. Et donc, c'est peur ou amour. Et donc, je peux les décliner si tu veux, mais j'ai l'impression que dans tous les choix qu'on fait tous les jours. Qu'il soit pratico-pratique ou même presque déontologique, la façon dont on réagit à un stimuli, quel qu'il soit, toujours ces réponses sont arbitrées entre le confort. ou l'humanité. Et donc le confort, c'est penser qu'à soi, être dans un... laisser gouverner son égo, donc la volonté de plaire, d'être conforme, d'être en sécurité, etc. Tout ça, c'est des réactions de peur qui nous coupent des autres. Parce qu'à nouveau, on va se replier, s'accrocher à ses privilèges, ses acquis, son précaré, ses croyances, le refus du différent, le refus de l'autre, le refus de l'évidence, de la remise en cause, etc. Et de l'autre côté, il y a l'amour. Et alors, ce n'est pas l'amour romantique, le flirt, etc. Ça, c'est une toute petite partie de l'amour. C'est celle sur laquelle on communique, mais c'est peut-être la moins durable. La vraie, pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. Et il en est. Je ne parle pas que des humains entre eux d'ailleurs, mais tout le vivant. C'est comme si on n'arrivait pas à faire le lien entre l'extinction des abeilles, l'extinction des jeunes aujourd'hui, parce qu'il y a une vraie extinction de masse, on n'en parle pas, parce que ce n'est pas confortable de parler de ça. Mais les chiffres sont terribles. Il y a une épidémie de souffrance existentielle dans toute la population. Pour nous tous, c'est dur. C'est pour ça que tu me demandais ces longues réponses, comme on le disait. Je ne suis pas immune à ça. Mais un, c'est pour tout le monde. Il n'y a aucune classe sociale, religion, éducation, etc. qui s'en sort mieux que l'autre. Je pense qu'il faut comprendre ça. Deux, chez la jeunesse, c'est terrible et c'est cruel. Trois, moi, le fait de me rendre compte que dans une journée, j'ai mille fois par jour l'opportunité à chaque moment où j'ai à prendre une décision de répondre par la... peur ou par l'amour, je me rends compte qu'à chaque fois que je réponds par l'amour, que ça soit Oui, je vais aller à cette conférence tout à l'heure, même si, effectivement, j'ai déjà fait 600 débats, je serais peut-être mieux chez moi avec mon chat, mais je ne sais pas ce qui va se passer. C'est de l'amour d'y aller, c'est de l'inconnu, c'est la possibilité de rencontrer quelqu'un que je n'ai jamais vu, c'est la possibilité de se lier, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, Alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale, parce que j'ai créé des occasions de joie, j'ai choisi la joie. Et c'est un choix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et alors qu'est-ce que la vie t'a appris jusqu'à aujourd'hui ? C'est une question que je pose souvent en introduction du podcast. Et donc là on pourrait même la préciser en disant qu'est-ce que la vie t'a appris pour peut-être laisser de côté justement cette anxiété qui parfois nous ronge et force à l'immobilisme.

  • Speaker #0

    Alors je me suis tatouée, je te le montre mais ici il n'y a pas de...

  • Speaker #1

    Dites-nous où il passe. Continue la... tellement dit quand on était en galère pendant Ausha, tu me disais mais ça aussi, ce moment il va passer.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis tatouée une phrase sur l'avant-bras et la phrase est tournée vers moi parce que ça n'a rien tu vois, c'est pas pour les autres, c'est pour moi c'est vraiment un pense-bête, cette phrase incroyable de Eckhart Tolle qu'il a piqué lui-même à paraît-il un poète afghan en plus pour moi l'afghan, enfin bref donc en tout cas perse et euh Et c'est this too will pass ça veut dire que ça aussi, ça passera. Donc ce rappel de l'immanence en fait. Et ça vaut dans les deux sens. Ça vaut quand tu vas bien, attention, ne monte pas trop haut. La vie continue, la roue va tourner. Et quand tu es bas, c'est un passage. Et ce dont je me rends compte, c'est qu'effectivement, être en haut fait du bien, être en bas est utile. Parce que c'est là où tu te reposes les bonnes questions, les mêmes questions d'ailleurs, c'est toujours les mêmes, mais voilà, c'est là où tu reviens sur la question de ton, bon bah allons-y, le feu intérieur, les motivations, ton propre amour en fait, il se nourrit de quoi ? Tu te connectes à quoi en fait ? Pour tenir en ce moment, tu te connectes à quoi ? Des vœux renouvelés en fait. J'imagine que l'engagement, ce n'est pas juste un truc que tu décrètes et c'est pour ta vie. C'est qu'aujourd'hui, surtout aujourd'hui, tous les matins, il faut se poser la question de pourquoi on fait ça. Parce qu'effectivement, le mouvement de balancier va puissamment à contre de toutes nos logiques et de tout ce qu'on aimerait probablement voir se diffuser.

  • Speaker #1

    Comment tu as appris justement à jongler avec cet aspect cyclique des choses ? Là où dans la société, ce n'est pas du tout valorisé d'accepter les moments de moins bien, où on nous pousse plus à une linéa... Ni... Linéa ! Rité ? Des choses ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'effectivement, on est programmé pour être conforme et lisse et tous se ressembler et tous penser la même chose aujourd'hui. Et même les algos vont finir par tous nous faire penser la même chose. Parce qu'il faut bien comprendre que ce qu'il y a derrière, c'est juste une volonté de nous maintenir dans une position de bon petit consommateur. C'est une logique économique derrière tout ça. Ce n'est pas autre chose. que ça, en fait. Et c'est bien ça ce qu'on paye, le fait que l'intérêt général est complètement cédé face à l'intérêt privé, c'est-à-dire l'intérêt des entreprises, etc. On a confondu la croissance du PIB et le bien-être d'une nation. Je l'ai vécu, en fait. Tous les moments qui me sauvent, c'est des moments que je me mets en lien. Et il n'y a que les larmes qui me font faire ça. Quand je suis sûre de moi, j'avance, je cours, j'ai besoin de personne. Tu vois ce que je veux dire ? Je suis efficace, je suis performante, je rabouille tout. Malheureusement, j'ai encore cette programmation-là. Il faut beaucoup d'années et d'épreuves pour sortir de ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi dans ta personnalité. Tu es naturellement de nature combative, efficace, rigoureuse.

  • Speaker #0

    Alors, efficace, je ne crois pas. J'aimerais, mais efficace, je ne crois pas. Je crois que j'ai un taux de déperdition monstrueux. Mais par contre, il y a un truc que j'ai, c'est que j'y retourne. J'ai créé énormément de choses. Ma petite échelle, pour moi, c'est beaucoup. Mais est-ce que ça a eu un impact ? Je n'en sais rien. Est-ce que j'aurais pu aller plus loin, mille fois ? Est-ce que j'ai été déçue ? certainement. Mais par contre, j'y retourne.

  • Speaker #1

    Déçue de ? Du résultat, de toi-même ?

  • Speaker #0

    Alors, du résultat, honnêtement, non, parce que là où je suis, je pense, juste, c'est que, tu vois, par exemple, on en parlait avant, en micro, moi, j'aurais jamais écrit ces livres sans une personne qui a été mon éditeur, et qui était encore plus obsessionnelle que moi, et qui... Tous les livres que j'ai fait avec lui sont des livres que je ne pourrai jamais renier. La plupart des choses qui ont passé le tatami de mes angoisses et qui ont eu une vie où j'ai pu la partager avec d'autres, c'est des choses et des objets et des textes sur lesquels je ne peux rien dire. Ils tiennent tout seuls. On peut aimer, on peut ne pas aimer. Mais moi, je ne peux pas me dire que je regrette de ne pas avoir plus travaillé. Par contre... J'ai un mal fou, et c'est encore plus aujourd'hui, à toucher les personnes avec ça. Plus ça va, plus j'ai l'impression d'envoyer des bouteilles à la mer, en fait.

  • Speaker #1

    Comment tu expliques ça ? Le trône de l'information,

  • Speaker #0

    c'est... Je peux me poser la question de savoir si mes livres sont justes, c'est-à-dire, est-ce que ça a un intérêt pour les gens ? Tu vois, il y a une vraie question. La deuxième question est, en fait, comment tu fais ? pour parler des choses importantes quand la table de discussion devient de plus en plus petite. On est dans un espace où le champ... Alors, ça peut être paradoxal parce que tu peux dire Instagram, etc. Tout le monde peut prendre la parole. C'est du bruit, ça. Il faut faire la différence entre le bruit et la conversation. Et la conversation, il n'y a plus d'endroit pour la voir. Ou il n'y a plus beaucoup d'endroits pour la voir. Aujourd'hui, moi, j'arrive avec un livre qui n'est pas clivant, qui parle d'amour. qui est censé faire du bien. C'est non seulement mon intention, mais c'est ce que j'ai à dire au monde aujourd'hui. Je trouve que ça ne sert à rien, aujourd'hui, de rajouter de la peur à la peur, de la vacherie à la vacherie, du clash au clash. Et pourtant, il n'y a que ça qui est préempté par le monde médiatique. Donc, l'espace se réduit dans le monde médiatique, mais je pense qu'il se réduit en nous aussi. C'est ce que je disais tout à l'heure. Je suis étonnée de me dire que entre nous, militants, activistes, etc., on ne fait pas plus de liens, on ne fait pas plus corps. Le livre s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? Moi, mon grand truc, c'est qu'il faut qu'on fasse corps, qu'on fasse famille, avec nos différences, avec nos pas contents, avec nos petits machins, mais quand même, il y a un moment là, si on ne fait pas nombre, on s'approprie le mal qui nous terrasse, c'est-à-dire cette logique de séparation qui est au fondement de la logique capitaliste. Si on l'incarne, en fait, On est en train d'incarner exactement ce qui nous fourvoie.

  • Speaker #1

    Et tu dis qu'un livre pour toi, c'est comme ouvrir un chemin. Donc là, avec ce livre, et maintenant, que faisons-nous ? Quel chemin tu as voulu ouvrir ?

  • Speaker #0

    Oui, probablement, merci, probablement... Quelque chose qui reflète peut-être certainement l'âge que j'ai, c'est-à-dire que j'ai été la première à dénoncer tous les complots, les lobbies, tous les Goldman Sachs de la terre, la collusion de la finance politique média, l'arrivée de Macron. Enfin, voilà, j'ai été la première à dénoncer ça parce que j'ai vécu un certain nombre d'événements qui ont fait que... je me suis sentie proche du truc.

  • Speaker #1

    Notamment, tu as vécu le 11 septembre à New York.

  • Speaker #0

    Oui, mais avant ça, j'ai été biberonnée aux idéaux de performance et d'efficacité. Je suis diplômée d'HEC, j'ai créé ma boîte à 24 ans, je suis partie à New York, j'ai monté une start-up, j'ai eu de l'argent. Si tu veux tout le trip capitaliste, je peux d'autant plus le dégommer que je l'ai vécu de l'intérieur. Je suis allée très proche du cœur du réacteur. Je ne pense pas que le... réacteur est un cœur, il doit avoir un corps, t'as raison. Mais toujours est-il que j'ai passé beaucoup de temps à faire ça. Et je me suis rendue compte que ça me faisait cheminer, ça me rendait certainement très capable de tenir tête dans des plateaux télé, notamment à des gens qui venaient arguer que la finance c'est bien, que la croissance économique, que les emplois quand même, etc. Moi, j'apportais un peu de nuance et la nuance incarnée travaillait vraiment. Mais je me suis rendu compte que tout ça, ça ne m'aidait pas à vivre. Ça ne m'aidait pas à être heureuse. J'ai deux enfants. J'ai envie qu'ils soient bien. Je n'ai pas envie qu'ils aient en face d'eux que des personnes cyniques et irresponsables. J'ai envie de leur montrer qu'il y a un chemin. Toujours cette histoire de chemin. Et donc, depuis 15 ans maintenant, je m'intéresse aux lanceurs d'alerte, aux activistes. Aux artistes aussi qui proposent des autres mains. Mais ça a été toujours assez secondaire. C'est comme si j'avais eu besoin d'un... On marche sur deux jambes. La critique et aussi la force de proposition. Ne serait-ce que pour moi tenir droit. Et avoir une forme de robustesse. En tout cas de santé. Et depuis quelques années, je me suis rendue compte que finalement, à chaque fois que je dénonçais quelque chose, que j'étais dans le lutter contre. Je nourrissais la bête. Parce qu'en fait, le système se repète sa critique. Il adore qu'on le critique parce qu'on parle de lui. C'est vraiment de l'énergie cinétique en fait. Il prend ta violence, il prend ta critique.

  • Speaker #1

    Et il s'en nourrit.

  • Speaker #0

    Et il s'en nourrit et il te la rebalance cinq fois plus fort. Donc t'es terrassé derrière. Mais t'as existé dans le système. Mais le prêt à payer, il est monstrueux.

  • Speaker #1

    Parce que toi, en retour, tu entretiens des énergies très négatives. Oui. Ce sont celles de la colère, de la peur. au détriment de l'amour et de la joie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et surtout, il va se... Il y a ça. Tu as très bien décrit ce qui se passe à l'intérieur de toi, mais il y a aussi le fait de te dire Non, mais je joue à contre moi-même parce qu'en fait, il sort plus fort de sa critique. Parce que de toute façon, il a... Voilà, il a tous les moyens, les algos, la presse, le sens du vent qui va au fait de ridiculiser tout ce qu'il veut vivre. Et ce livre, ce chemin, c'est le Lutter pour Surtout, j'aimerais être dans la proposition pour aider celles et ceux, et notamment la génération comme la tienne, mais aussi plus jeune, qui a envie de croire que juste vivre, c'est possible, de vivre en étant droit dans ses bottes, présent au monde, en pensant qu'on peut y faire quelque chose et le réparer. Et y trouver de la joie et se lier avec des personnes semblables ou pas d'ailleurs. Mais voilà, cette humanité, elle est exactement à rechercher maintenant en fait. Et c'est ça le chemin pour moi.

  • Speaker #1

    Et justement pour relever tous les grands défis de notre temps qui existent, qui sont ceux qu'on connaît. Pour toi, ce qui nous manque, c'est un système de valeurs qui rend évidente et désirable des solutions. Quel est ce système-valeur ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai passé du temps à expliquer en quoi il y avait une croyance qui nous condamnait, et que cette croyance, c'était celle de séparation. Donc à nouveau, René Descartes, l'homme est supérieur à la nature, il peut s'en rendre maître et possesseur. Aujourd'hui, on est en queue de commettre de ce système-là, de toute évidence. Cette logique de séparation, elle triomphe tout en nous montrant que ce n'est pas vrai. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on voit bien que le moindre événement a des répercussions sur notre propre vie. On voit bien, enfin j'espère qu'on est nombreux à le voir, que tout ce qu'on est en train de faire au Moyen-Orient va nous retomber sur le coin de la figure de façon... absolument monumentale. On ne peut plus créer et participer et contribuer à autant d'injustices en espérant en sortir indemne. Ce n'est pas possible. On voit bien que la vague de migration, elle est liée aux problèmes climatiques. Les gens fuient à 80% parce qu'ils n'ont plus les moyens de se nourrir. Ils n'ont plus les moyens de se nourrir parce qu'il y a des guerres. La plupart des guerres sont déclenchées par des problèmes d'accès aux ressources. Et notamment en ressources pour se nourrir. Donc voilà, c'est comme si toute la systémie avait été complètement mise de côté. Parce que là aussi, on a mis tout en silo. On a mis l'écologie en silo, le social en silo, la politique en silo, la démocratie en silo, le problème des inégalités de genre en silo, etc. C'est une aberration la plus totale. Donc tout ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la faillite. C'est paradoxal peut-être, mais c'est à la fois le triomphe de la logique, de séparation sur ce qu'elle permet, comment les gens préfèrent cette logique-là. Et en même temps, sa faillite absolue, c'est-à-dire qu'elle nous condamne, et Trump est en train d'appuyer sur l'accélérateur. C'est la grande accélération du moment, c'est Trump. Et en même temps, combien cette logique de séparation est totalement vouée à l'échec. Donc, effectivement, le système de valeurs auquel moi, j'aimerais... qu'on adhère tous, c'est cette histoire d'interdépendance. D'interdépendance des enjeux, dont on a parlé, d'interdépendance des populations, d'interdépendance des solutions, d'interdépendance de tout ce qui est vivant. Donc, moi je rêve d'un système effectivement qui dégomme, enfin qui retire comme une tête d'épingle cette croyance de séparation. Si tu la retires, il n'y a plus de capitalisme. Enfin je veux dire c'est plus possible parce que tout le capitalisme est passé sur cette séparation qui s'incarne dans les individus, l'individualisme etc. Si tu poses l'interdépendance, y compris entre générations, y compris bien sûr entre les événements, alors il y a quelque chose d'autre qui émerge.

  • Speaker #1

    Mais cette interdépendance elle se travaille d'un point de vue étatique, politique, aussi au sein des entreprises, mais il y a un autre sujet qui à mon sens se travaille aussi individuellement. Tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, c'est celui de l'ego. Et c'est aussi cet Ausha qui nous pousse à agir de manière très cloisonnée, par silos et de façon individualiste. Cet ego, il s'entretient beaucoup par l'action, par le faire, pour avoir des accomplissements qui sont visibles. Et en 2021, à la question Quel conseil tu donnerais aux jeunes d'aujourd'hui ? que je t'avais posé, tu m'as répondu Je m'accomplis parce que j'accomplis. Et donc, j'invite tout le monde à accomplir des choses. Et je me suis dit Tiens, c'est rigolo. Parce qu'accomplir, c'est de l'ordre du faire, de l'action, là où on prône de plus en plus l'être et le ressenti. Donc, est-ce que c'est forcément en faisant, en accomplissant qu'on devient quelqu'un ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors écoute, c'est une très très bonne question. Et là, je vois aussi combien tu travailles les choses, c'est merveilleux. Donc, cette phrase, je m'accomplis parce que j'accomplis, elle est tirée d'un livre qui s'appelle le Bhagavad Gita. Le Bhagavad Gita, c'est un livre qui a plusieurs millénaires. qui est la base de la philosophie, une des bases de la philosophie hindouiste, et notamment de la philosophie du yoga. Le yoga, ce n'était pas qu'une pratique corporelle, c'est avant tout une pratique spirituelle.

  • Speaker #1

    Une philosophie aussi.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je m'accomplis parce que j'accomplis, c'est même une branche du yoga qui s'appelle le karma yoga. Et le karma yoga, encore une fois, on ne parle pas du yoga qui est fait pour avoir des jolis abdominaux, ou des jolies fesses, on parle du yoga qui est fait pour avoir une ossature. essayer de tenir droit comme on peut et en ce moment c'est utile et le karma yoga c'est le faire éveiller c'est à dire c'est pas faire pour faire ça s'appelle le bougisme c'est l'agitation, c'est la culture Instagram c'est tu vois je suis allée là-bas j'ai pris le t-shirt je suis revenue c'est cette espèce de consommation de l'action ça c'est pas le faire que moi j'ai envie aujourd'hui à l'âge que j'ai de faire par contre c'est le faire éveiller et le karma yoga, c'est être au service de quelque chose de plus grand que soi. Je m'accomplis parce que j'accomplis. J'accomplis des actes qui sont plus grands que moi et à travers ça, je m'accomplis. Et le faire éveiller, il est sans attente de retour. Et c'est ça où l'ego, il se vient mais total torpillé. Et c'est là où moi je suis pas encore vraiment en mode avancé tu vois. Mais c'est vraiment faire des choses avec la plus grande sincérité et en tu vois c'est cette histoire de bouteille à la mer mais ne pas être, ne pas prendre ombrage le fait que... les gens ne s'en saisissent pas. toujours espérer que quelqu'un va prendre ta bouteille à la mer et en faire son miel, en faire quelque chose pour lui. C'est aussi Snowden, tu vois. J'ai eu la chance de le rencontrer il y a huit ans et il me dit dans le film, là aussi, comme quoi tout est toujours là. Il dit, moi mon but c'est de poser ma brique quelque part pour que quelqu'un d'autre mette sa brique par au-dessus. Il me dit ça il y a huit ans et je... Je sélectionne ça pour que ça passe dans le film, mais je ne le comprends pas vraiment. Depuis, j'ai cheminé. Et en fait, ça, c'est quelque chose qui est souligné par des gens depuis très, très longtemps, qui s'appelle l'esprit des cathédrales. C'est cette capacité à s'engager pour bâtir quelque chose dans un édifice dont on ne verra pas la fin. Tout en sachant que tu ne verras pas la fin. Donc, c'est l'anti-ego, puisque tu ne sais pas ce que ça va donner. Mais tu as juste la foi que quelqu'un d'autre derrière toi, va comprendre ce que tu es en train de faire et construire sur ton propre travail, construire sur ta propre pensée, que ça va l'aider à porter la pierre un petit peu plus loin et qu'à la fin, au bout du bout, autant aussi vite ou pas que possible, ça va aider les autres à vivre. Quelque chose qui te reconnecte à la verticalité qu'on a tellement perdu parce qu'on est complètement emprisonné dans ce petit égo qui veut tellement bouger tout le temps, faire des trucs qu'on le remarque, qu'on l'aime, qu'on le voit. L'esprit des cathédrales, il n'est plus dans ce désir d'être remarqué, il n'est plus dans ce désir d'être conforme. Il est dans ce désir d'être utile.

  • Speaker #1

    Et toi justement, ton désir d'être utile, les pierres à l'édifice que tu poses et ton miel, comme tu nous disais, ils passent à travers tes films, tes écrits, tes prises de parole dans l'espace public. Et on sent justement en toi une certaine rage de dénoncer ce qui cloche et de réveiller un monde endormi par les écrans. Tu nous parlais tout justement de cette force plus grande que nous. D'où est-ce que toi, elle te vient cette force ? Parce qu'on sent dans tout ce que tu fais qu'il y a quelque chose de plus grand, d'où le film aussi Bigger Than Us.

  • Speaker #0

    Écoute, il y a plusieurs choses. Je crois que j'ai, dans le désordre ou l'ordre chronologique, je crois d'abord que j'ai eu la chance d'être entourée d'amour et d'avoir des parents monuments qui étaient médecins. Donc, le soin de l'autre, le fait de soigner. de réparer les autres. J'ai été baignée là-dedans toute petite. Donc autant dire que quand j'arrive dans le monde de l'entreprise, ce monde-là me paraît d'une vacuité terrifiante. Même si j'ai été programmée pour, mais je pense qu'assez vite, c'était complètement dissonant, mon histoire de carrière, mon désaffaire. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, je pense qu'ils m'ont passé une très grande vitalité. et qui finalement grandit avec l'âge. Mais peut-être que, pourquoi elle grandit ? Parce qu'il y a de plus en plus d'épreuves. Et la confrontation à l'injustice, je l'ai eue très vite, très tôt, à titre très personnel et très intime. Et peut-être ma rage, elle a toujours été là. Je me restais reliée à cette petite fille qui toujours a dit c'est pas juste Donc celle-là, je ne l'ai jamais éteinte. Alors il y a eu des masques, tu vois, et notamment l'entreprise, voilà, aller faire des grandes écoles, gagner de l'argent, etc. Mais cette petite fille, elle était toujours là. Et après, il y a eu d'autres épreuves. Effectivement, j'ai vécu le 11 septembre à New York, à 20 et quelques. Et le fait de l'avoir vécu m'a, je le dis très souvent, mais m'a mis nue, tu vois, et a explosé tous les masques. pour que la petite fille qui disait c'est pas juste, elle revienne et elle se retrouve sur ce toit du 11 septembre avec sa petite robe, tu vois, abîmée et se dise mais il faut que je leur dise en fait que c'est pas juste. Et puis il faut que je comprenne d'où vient cette injustice, je comprenne pourquoi on l'incarne en fait, etc. Et donc ça, ça a lancé ma vie professionnelle d'auteur et de personne qui veut dénoncer ça. En fait, à chaque fois, c'est... Toutes les épreuves que je vis, tu vois, je me suis séparée du papa de mes enfants, j'ai perdu des gens, etc. Des amis, des trahisons, des humiliations. À chaque fois, ça vient me rechercher sur... Ça vient rechercher et raviver cette petite fille qui a toujours tellement envie de justice et toujours envie de faire en sorte que personne ne passe par là, en fait. Donc voilà, je crois que c'est une connexion profonde à qui je suis.

  • Speaker #1

    Et à ton feu intérieur. Et si tu me le permets, je vais lire justement un extrait de ton livre qui parle très bien de ce fameux feu qu'il s'agit de protéger très fort aujourd'hui. Qui décidez-vous d'être ? Il faut accepter que rien ne soit stable ni certain. Accepter la fragilité à commencer par la sienne. S'éduquer les uns les autres, sentir qu'il y a autre chose, comme un sens à redonner, à reconstruire. Nous semblions destinés à devenir des machines à force de leur obéir. Nous pouvons décider de redevenir des êtres doués de vitalité, de capacité d'adaptation et de création. Protégez votre feu, votre énergie et votre curiosité. Comment est-ce que toi, tu protèges ton feu, Flore ?

  • Speaker #0

    Par les liens. Mais c'est vrai qu'il est attaqué en ce moment. On est attaqué dans nos motivations les plus profondes, à continuer, à porter ce qu'on peut porter. Et puis voilà, à quoi bon l'impuissance, etc. La période est presque...

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus important de protéger ce feu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc la première chose, c'est que je vois que c'est une logique. à nouveau, que c'est une logique de séparation. Donc, à nouveau, j'essaie de me dire, c'est normal, en fait, c'est tendanciel. On a actionné une spirale, c'est plus fort que toi. Tu vois, le Bigger Than Us, c'est aussi ça. Mais sinon, mon feu, eh bien, je le nourris dans les liens. La seule façon de battre cette logique de séparation, c'est d'incarner cette logique d'interdépendance. C'est donc d'aller contre le réflexe premier qui est le repli sur soi, le à quoi bon. Le confort en fait. Je vais moi aussi penser à moi et arrêter de prendre des risques ou d'attendre du soutien de ou de je ne sais pas quoi. Et puis voilà, je vais rentrer moi-même là-dedans, je vais renoncer. Donc c'est mon feu, j'arrive à l'entretenir dans le fait d'aller au contact, de me hisser sur des épaules de géants. Alors je vais à nouveau citer quelqu'un qui est de la religion catholique, mais voilà, Mère Thérésa. Il y avait quelqu'un qui lui avait demandé, un journaliste qui lui avait demandé de son vivant. Comment elle faisait ? Comment elle avait fait pour sauver 200 000 enfants de l'ultra-pauvreté ? Et elle a dit un à un Et si tu veux, ce un à un moi, c'est ça le feu. C'est-à-dire que c'est la capacité à choisir l'humanité dans les actes du quotidien. Ça peut être, effectivement, répondre de telle ou telle manière à une personne qui demande de l'aide, répondre de telle ou telle manière à un stimuli parce que c'est Black Friday et qu'il faut consommer. Eh bien, non, je vais… En fait, c'est la capacité à exercer mon libre arbitre et le fait que je ne suis pas manipulée par cette logique de séparation. Donc, le protéger, c'est ça. C'est de bien voir la logique de l'œuvre, bien voir qu'elle est en tout, partout, tout le temps et que la vraie résistance, c'est de la voir et de ne pas y souscrire. Et je n'y arrive pas tout le temps. vraiment, je régresse, je peux avoir peur moi aussi, je peux avoir mon égo qui est mal en point.

  • Speaker #1

    Et tu restes humaine, c'est normal.

  • Speaker #0

    Voilà, et en tout cas, je sais que je le paye assez cher en fait. Je vois très bien énergétiquement que ça abîme directement mon feu. Mon feu s'éteint si j'ai choisi l'égo, c'est sûr. Si j'ai choisi la peur, mais je me rabougris sur moi, ça me fait mal en fait, physiquement. Alors que si je choisis de l'attiser, d'en prendre soin, et notamment en rajoutant des braises, donc rajouter des braises c'est les liens, c'est de l'amour, c'est de la discussion, c'est du dépassement en fait. C'est le dépassement de la colère, de la peur, de la frustration. C'est une forme de sublimation. Et la sublimation c'est passer d'un état à l'autre, c'est passer d'un état de tristesse à un état de joie. Et il y a plein de façons de le faire. Et donc il y a ces liens. Il y a le fait de prendre soin de moi. Et ça, j'ai passé 45 ans à ne pas le faire.

  • Speaker #1

    Ça passe par quoi, prendre soin de toi ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est beaucoup prendre soin des miens, donc mes enfants. C'est-à-dire être en présence. Ce n'est pas nécessairement prévoir des trucs, etc. Mais me dire, je n'ai pas loupé ce moment, parce que je sais que ce sont des moments qui ne durent pas. Donc il y a ça. Il y a cultiver son feu, c'est cultiver sa présence aux choses. et c'est vrai que depuis deux ans et demi moi je suis tombée dans une pratique du yoga qui est plus spirituelle qu'autre chose mais qui fait que je suis capable de vraiment me calmer et d'arriver à couper l'angoisse, en fait. Ou cette anxiété, ou l'égo, et de me réancrer. Et donc, je vois très bien que si je ne le fais pas, je pars vers la logique de séparation. Donc ça, c'est des petits trucs. Je sais qu'il y a plein de gens qui t'écoutent et qui méditent, etc. Moi, je n'arrive pas à le faire. J'ai besoin que ça passe par le corps. Et donc, moi, c'est une pratique corporelle qui me permet d'aller là. Et qui me permet effectivement de retrouver un espace parce que sinon, je me fais terrasser comme tout le monde et d'essayer d'être dans l'amour en fait. Et donc, c'est l'exercice de l'amour dans, tu sais, ce faire éveiller dont je parlais. Ce n'est pas sans attente d'autres retours et en fait, c'est quand tu n'attends rien que tu as tout parce que tu as le principal.

  • Speaker #1

    C'est beau tout ce que tu dis, Flore. On arrive aux questions de la fin. est-ce que tu te sens à ta place aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    ouais,

  • Speaker #1

    elle est pas confortable mais je suis à ma place elle ressemble à quoi une journée de florvasseur ?

  • Speaker #0

    un peu un corps à corps avec cette logique de confort ou d'humanité et effectivement ça ressemble à une journée où j'essaye de dompter cette part en moi qui voudrait céder à l'affolement. Et une belle journée, c'est une journée dans laquelle j'ai réussi tellement à dompter l'affolement qu'alors la création était possible. J'ai réussi à écrire, j'ai réussi à cranter quelque chose, j'ai réussi à laisser passer une idée. Tu sais, tout à l'heure, j'utilisais le mot de tatami des angoisses. Moi, j'ai vraiment l'impression d'avoir un tatami et qu'il y a plein d'idées qui ne passent pas le tatami. Et les bonnes idées, c'est les idées qui passent le tatami des angoisses. Donc voilà, une bonne journée, il y a le tatami. Je ne vais pas dire qu'il n'existe pas, mais je l'ai suffisamment secoué, en le voyant faire et en le voyant resserrer ses mailles, etc. Il y a un flot d'idées, de créations, de liens, de désirs qui a pu passer. Mais ce n'est pas tous les jours. Je crois qu'il faut vraiment dire la vérité, ce n'est vraiment pas tous les jours.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le mot émerveillement t'inspire ?

  • Speaker #0

    l'enfance et puis moi mais c'est prétentieux de dire ça mais je vois je parlais de cette petite fille tu vois blessé je sais que il ya quelque chose en moi en elle qui a jamais annoncé c'est c'est pas toute l'histoire et va donc chercher l'histoire Et aujourd'hui, va chercher l'histoire d'émerveillement, mais probablement en sortant de ta position de confort à toi.

  • Speaker #1

    La liberté, c'est quoi pour toi, Flore ?

  • Speaker #0

    La bataille de tous les jours. Ça a guidé mes choix de vie, en fait. Comment rester libre ? Voilà, comment rester libre. Et il y a plein de formes d'asservissement en fait. Il y en a des très insidieuses, le système dans lequel on est, le système de pensée, le fait d'attendre une récompense, le fait d'attendre une validation, le fait d'attendre une reconnaissance, ça c'est des formes d'asservissement, c'est pas être libre ça. Donc la vraie liberté, c'est la bataille contre l'ego en fait.

  • Speaker #1

    Tu y arrives ?

  • Speaker #0

    Pas tous les jours. Mais c'est un chemin. Et quand j'ai quelque chose à donner, c'est que j'ai passé la barre. Tu sais, tu fais du surf. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    J'ai pris quelques coups. J'ai vu. Flore, quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent pour conclure cet épisode ?

  • Speaker #0

    Écoute, si c'est une forme de conclusion, je crois qu'il ne faut pas se payer de mots. La période actuelle est effectivement extrêmement angoissante. Le message d'un nouveau monde possible en fait. Le message d'une promesse, d'un émerveillement dont tu parlais. Et qui se place à l'endroit de l'enfance. Mais l'enfance, ce n'est pas que les enfants. C'est l'enfant en nous. C'est les enfants autour de nous. Et pour moi, s'il y a une chose à sauver, c'est ça. Sauver l'enfance en nous, autour de nous. Parce que c'est aussi ça la promesse de cet autrement, c'est un monde qui veut advenir, avec toute une série de sages-femmes comme toi, autour, qui sont en train de prévenir les autres pour dire mais il y a quelque chose derrière Et ce quelque chose derrière, c'est quelque chose à faire naître. Donc, à Noël, pensez à ça. À nouveau, ça n'a rien de religieux. C'est juste une foi qui nous vient de la nuit des temps. Être humain aujourd'hui, c'est avoir envie de voir la suite. Cette curiosité, c'est du feu. Et c'est une forme d'émerveillement. Magnifique.

  • Speaker #1

    On va rester sur ces beaux mots, Flore. Merci pour tous tes partages. Merci pour ce moment.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Si ce moment t'a plu et nourri, je t'invite à le partager, à laisser quelques étoiles sur iTunes et Spotify ou à faire une story sur Instagram en identifiant Nouvelle Oeil et mon invité de la semaine pour que l'on puisse te repartager. En attendant de se retrouver lundi prochain, tu peux suivre au quotidien mes aventures directement sur Instagram ou le site internet www.nouvelleoeil-podcast.com. Depuis ce site, tu pourras aussi t'abonner à ma newsletter. J'y partage des inspirations et des petites choses plus personnelles qui font mon quotidien. En attendant le prochain épisode... Je te souhaite de savourer la vie comme il se doit et surtout de faire des choses folles.

Chapters

  • Introduction

    04:04

  • Questions de fin

    42:09

Description

Flore, c’est une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pensent tout bas. Elle m’inspire et en inspire tant d’autres. Des milliers, pour ne pas dire des millions.


Depuis 20 ans, Flore Vasseur travaille pour comprendre la fin d’un monde et d’un système qui craquèle de toutes parts. Livres, film, débats, elle œuvre quotidiennement à l’émergence d’un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain.


Avec Flore dans cet épisode, on parle d’engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d’action.


J’espère que cette écoute t’invitera à raviver l’émerveillement.


Belle écoute ! ☀️ 

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Cette saison de podcasts est soutenue par Nouveau Monde, un fond qui facilite l'accès à la méditation et à la pleine conscience, en France.

Si tu as aimé cet épisode, tu peux le partager, écrire un commentaire dans la description et laisser des étoiles sur ta plateforme d'écoute !   

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👉Pour retrouver Flore

. Sur Instagram

. Sur son site

. Sur Linkedin

. Son dernier livre "Et maintenant, que faisons-nous ?" (ed Grasset)

. Son film Bigger Than Us

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L'identité musicale de cette émission est composée avec les musiques de Tim Dup.

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👉Les grandes questions posées dans cet épisode

8mn : En quoi le seul remède, c’est de remplacer la peur par l’amour ?

12mn : Qu’est-ce que la vie t’a appris jusqu’à aujourd’hui ?

14mn : Comment accueilles-tu l’aspect cyclique de nos vies ?

19mn : Pour toi, ouvrir un livre, c’est comme ouvrir un chemin. Quel chemin tu as voulu ouvrir avec ce livre ?

27mn : Est-ce forcément en faisant, en accomplissant, que l’on devient quelqu’un ?

31mn : On sent en toi une force plus grande que tout. D’où te vient t'elle ?

35mn : Comment protège tu ton feu intérieur ?

40mn : Est-ce que tu te sens à ta place, aujourd’hui ?

41mn : Elle ressemble à quoi, une journée de Flore Vasseur ?

42mn : Qu’est-ce que le mot « émerveillement » t’inspire ?

43mn : La liberté, c’est quoi pour toi ?

44mn : Quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent ?

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👉Référence(s) abordée(s) : le livre Bhagavad-Gita.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale.

  • Speaker #1

    Hello, moi c'est Victoria, une éternelle optimiste qui tente de placer l'émerveillement au cœur de l'écologie. Chaque semaine, je tends mon micro jaune à une personne qui m'inspire pour poser mes questions sur ce qui fait nos vies. A travers le parcours audacieux de mes invités, je questionne la confiance en soi, le sens d'une vie, l'amour, la liberté, l'écologie, bref, autant de sujets qui traduisent un monde qui bouge et qui rythme nos vies. Tout de suite, je t'invite à emprunter un nouvel œil pour regarder le monde et la vie sous un autre angle. On s'est retrouvés chez elle, un lundi après-midi de décembre. Le ciel était gris, les bougies éclairaient son appartement chaleureux. Voilà cinq années que nos chemins se sont croisés avec Flore Vasseur, grâce à Nouvel Oeil. Depuis, on ne s'est jamais éloigné, mais toujours soutenu. Flore, c'est un peu comme une marraine de vie. Une femme entière, franche, parfois crue, qui dit tout haut ce que tant pense tout bas. Elle m'inspire, et en inspire tant d'autres. Des milliers pour ne pas dire des millions. Elle inspire par sa manière d'être au monde, par ses pensées, toujours fines et précises, et par la justesse de son regard posé sur tout ce qui nous entoure. Depuis 20 ans, Flore travaille pour comprendre la fin d'un monde et d'un système qui craquelle de toutes parts. Livres, films, débats, elle œuvre quotidiennement à l'émergence d'un autre possible, en mettant en lumière le travail de celles et ceux qui, peut-être, feront demain. Avec Flore dans cet épisode, on parle d'engagement, de colère parfois, et de joie comme levier d'action. J'espère que cette écoute t'invitera à raviver l'émerveillement.

  • Speaker #0

    Let's go,

  • Speaker #1

    Mago. Let's go.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Je suis trop contente de te retendre le micro jaune quatre ans après.

  • Speaker #0

    C'est clair. On a grandi.

  • Speaker #1

    Aussi grâce à toi. Tu me fais grandir. Tu es une marraine, pas que du projet Shimla, une marraine au sens large du terme, une marraine de vie. C'est vrai qu'on s'est rencontré pour ce podcast à mes tout débuts quand j'étais encore un bébé. Et on s'est plus quitté depuis. C'est vrai. Donc tu m'aides aussi beaucoup à grandir. Je suis très heureuse de te retendre ce micro puisque tu as tellement de choses à nous partager, Flore. Et en cinq ans, il s'est passé aussi beaucoup de choses pour toi. Mais surtout, surtout, surtout, depuis ces cinq années écoulées, tu as dédié quasiment tout ton temps à un film qui est plus qu'un film. qui s'appelle Bigger Than Us, que tu as propulsé partout en France et même au-delà des frontières. Les projections dans toutes les écoles, dans plein d'entreprises. Bref, tu as porté ce film là où il devait être porté. Et en octobre dernier, tu as publié ton tout dernier livre qui s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? On va en parler. Mais depuis notre rencontre, tu as beaucoup fait, beaucoup appris, beaucoup parlé, beaucoup donné de ton énergie au monde. Et moi, j'ai une question que j'aimerais te demander sincèrement, c'est comment est-ce que toi tu vas aujourd'hui,

  • Speaker #0

    Flore ? Waouh, c'est une belle question. Je suis vraiment très, très émue de te retrouver. C'est vrai que je me souviens très bien de notre première rencontre et surtout de l'exigence que tu avais déjà à l'époque. Et tu avais énormément travaillé en amont. Notre entretien, tu avais élu, stabilossé et j'avais été touchée par cet engagement que tu avais. Donc je suis très fière de toi et très fière de pouvoir aider, même si je comprends que je suis parfois un peu brute de décoffrage, mais c'est parce qu'on travaille une matière qui est importante en fait. Et j'ai l'impression que toi comme moi et d'autres, toutes les personnes que tu interroges à ton micro, on interroge le monde et on interroge aussi notre... Notre ossature, notre capacité à entendre ce monde et à y prendre part et peut-être à le réparer et à en prendre soin. Et c'est vrai qu'en ce moment, c'est difficile.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu trouves difficile ?

  • Speaker #0

    Je ne suis pas surprise par l'emballement à l'œuvre, en fait. Et le fait de voir gagner et triompher cette logique sur laquelle j'arrive à mettre des mots assez simples, qui est une logique de séparation, qui nous vient d'assez loin, en fait, depuis qu'on a essayé de maîtriser la nature, depuis qu'on a dit qu'on allait la maîtriser. Donc ça, c'est René Descartes. finalement, on s'est coupé de la nature avec un grand N, mais dans le même temps, ce qu'on n'a pas vu, c'est qu'on s'est coupé des autres, on s'est coupé du temps, on s'est coupé des femmes, on s'est coupé des autres peuples dont on a préempté les terres. Tout ça au nom de notre supériorité, en tant qu'espèce et probablement aussi en tant que race. Et ça nous explose à la figure aujourd'hui, cette logique de séparation qui vient nous dire qu'on a tous les droits, qu'on peut... exploité, dominé, sans ombre ni zambage, qu'on peut complètement profiter sans aucune responsabilité, nous revient dans la figure sur tous les fronts en fait. Que ce soit bien sûr sur le domaine environnemental, mais comme tu le sais, moi ce n'est pas mon domaine de prédilection. Mon domaine de prédilection, c'est la justice sociale.

  • Speaker #1

    Mais les deux sont très liés.

  • Speaker #0

    Les deux sont liés. Tout est lié, en fait. Moi, je dis souvent, il n'y a pas d'un côté le problème environnemental et de l'autre côté la condition des femmes et de l'autre côté la condition des réfugiés et de l'autre côté la crise démocratique. Tout ça, c'est des symptômes d'un seul et même problème qui est le système avec lequel on fonctionne, qui est lui-même posé sur une valeur qui est celle-là. dont j'essaie de parler depuis le début, qui est cette valeur de séparation, cette croyance de séparation. Et donc, je ne suis pas surprise de l'avoir triomphé. C'est la suite logique. On est en queue de comète, je ne sais pas combien de temps elle va durer malheureusement, d'un système qu'on a choisi. Donc vraiment, il n'y a rien de surprenant au fait que Trump triomphe. C'est le triomphe du confort, le triomphe des réponses faciles, le triomphe de la peur, le triomphe du refus de la remise en cause. C'est le triomphe de la séparation. Donc ça, je ne suis pas surprise. Ce qui me fait de la peine, c'est plutôt de réaliser, alors j'espère que j'ai tort, mais c'est dans le moment dans lequel je suis, le fait que les structures qui essayent de vivre, alors les structures, ça peut être des personnes, ça peut être des assos, ça peut être des mouvements, ça peut être des tiers-lieux, ça peut être toutes ces personnes-là. J'ai l'impression que nous-mêmes, on a mis de la séparation entre nous. Et que la période est à l'affolement et que nous-mêmes on se replie sur nous, nous-mêmes on ne coopère pas les uns avec les autres, nous-mêmes on ne s'entraide pas. Et c'est ça qui me fait de la peine en ce moment, c'est plutôt de voir les logiques de séparation triompher, y compris à l'intérieur des mouvements dits militants ou activistes ou progressistes, comme si on n'entendait pas la leçon. Parce que la peur est plus importante, parce que l'ego...

  • Speaker #1

    La peur prend le dessus.

  • Speaker #0

    L'ego, mais c'est la peur l'ego, c'est la même chose. La peur, c'est l'ego qui a pris le pouvoir en fait.

  • Speaker #1

    Et c'est en ça que tu dis, il y a un remède aujourd'hui, c'est que la peur soit remplacée par l'amour.

  • Speaker #0

    Oui, alors ça va un peu vite dit comme ça, mais en fait, effectivement, j'ai l'impression que tout est... La bonne nouvelle de l'époque actuelle, c'est que tout est visible à l'œil nu. Tout est sur la table. On ne peut plus se raconter d'histoire. On ne peut plus se raconter même que demain, ça sera bien, aucune solution technique va venir. On ne peut plus se raconter tous ces trucs de progrès, de solutions technologiques, de personnes miraculeuses qui vont venir régler tout ça d'une baguette magique. Ça tombe en fait. Toutes ces croyances-là tombent. Donc, on est à l'os. Et donc, tout est très clair. Et effectivement, pour moi, il y a des polarités qui ne sont pas bien mal, en fait, puisqu'on a souvent opposé l'un ou l'autre, ou progrès, décroissance ou des choses comme ça. La polarité, pour moi, c'est confort ou humanité. Et donc, c'est peur ou amour. Et donc, je peux les décliner si tu veux, mais j'ai l'impression que dans tous les choix qu'on fait tous les jours. Qu'il soit pratico-pratique ou même presque déontologique, la façon dont on réagit à un stimuli, quel qu'il soit, toujours ces réponses sont arbitrées entre le confort. ou l'humanité. Et donc le confort, c'est penser qu'à soi, être dans un... laisser gouverner son égo, donc la volonté de plaire, d'être conforme, d'être en sécurité, etc. Tout ça, c'est des réactions de peur qui nous coupent des autres. Parce qu'à nouveau, on va se replier, s'accrocher à ses privilèges, ses acquis, son précaré, ses croyances, le refus du différent, le refus de l'autre, le refus de l'évidence, de la remise en cause, etc. Et de l'autre côté, il y a l'amour. Et alors, ce n'est pas l'amour romantique, le flirt, etc. Ça, c'est une toute petite partie de l'amour. C'est celle sur laquelle on communique, mais c'est peut-être la moins durable. La vraie, pour moi, c'est la croyance dans le vivant, en fait. C'est dans la conviction que tout est interdépendant, que nous sommes interdépendants, que nous sommes un seul corps, en fait. Et il en est. Je ne parle pas que des humains entre eux d'ailleurs, mais tout le vivant. C'est comme si on n'arrivait pas à faire le lien entre l'extinction des abeilles, l'extinction des jeunes aujourd'hui, parce qu'il y a une vraie extinction de masse, on n'en parle pas, parce que ce n'est pas confortable de parler de ça. Mais les chiffres sont terribles. Il y a une épidémie de souffrance existentielle dans toute la population. Pour nous tous, c'est dur. C'est pour ça que tu me demandais ces longues réponses, comme on le disait. Je ne suis pas immune à ça. Mais un, c'est pour tout le monde. Il n'y a aucune classe sociale, religion, éducation, etc. qui s'en sort mieux que l'autre. Je pense qu'il faut comprendre ça. Deux, chez la jeunesse, c'est terrible et c'est cruel. Trois, moi, le fait de me rendre compte que dans une journée, j'ai mille fois par jour l'opportunité à chaque moment où j'ai à prendre une décision de répondre par la... peur ou par l'amour, je me rends compte qu'à chaque fois que je réponds par l'amour, que ça soit Oui, je vais aller à cette conférence tout à l'heure, même si, effectivement, j'ai déjà fait 600 débats, je serais peut-être mieux chez moi avec mon chat, mais je ne sais pas ce qui va se passer. C'est de l'amour d'y aller, c'est de l'inconnu, c'est la possibilité de rencontrer quelqu'un que je n'ai jamais vu, c'est la possibilité de se lier, en fait. À chaque fois que dans ma journée, j'ai plus choisi l'amour que la peur, Alors j'ai fait quelque chose pour ma santé mentale, parce que j'ai créé des occasions de joie, j'ai choisi la joie. Et c'est un choix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et alors qu'est-ce que la vie t'a appris jusqu'à aujourd'hui ? C'est une question que je pose souvent en introduction du podcast. Et donc là on pourrait même la préciser en disant qu'est-ce que la vie t'a appris pour peut-être laisser de côté justement cette anxiété qui parfois nous ronge et force à l'immobilisme.

  • Speaker #0

    Alors je me suis tatouée, je te le montre mais ici il n'y a pas de...

  • Speaker #1

    Dites-nous où il passe. Continue la... tellement dit quand on était en galère pendant Ausha, tu me disais mais ça aussi, ce moment il va passer.

  • Speaker #0

    Ouais, je me suis tatouée une phrase sur l'avant-bras et la phrase est tournée vers moi parce que ça n'a rien tu vois, c'est pas pour les autres, c'est pour moi c'est vraiment un pense-bête, cette phrase incroyable de Eckhart Tolle qu'il a piqué lui-même à paraît-il un poète afghan en plus pour moi l'afghan, enfin bref donc en tout cas perse et euh Et c'est this too will pass ça veut dire que ça aussi, ça passera. Donc ce rappel de l'immanence en fait. Et ça vaut dans les deux sens. Ça vaut quand tu vas bien, attention, ne monte pas trop haut. La vie continue, la roue va tourner. Et quand tu es bas, c'est un passage. Et ce dont je me rends compte, c'est qu'effectivement, être en haut fait du bien, être en bas est utile. Parce que c'est là où tu te reposes les bonnes questions, les mêmes questions d'ailleurs, c'est toujours les mêmes, mais voilà, c'est là où tu reviens sur la question de ton, bon bah allons-y, le feu intérieur, les motivations, ton propre amour en fait, il se nourrit de quoi ? Tu te connectes à quoi en fait ? Pour tenir en ce moment, tu te connectes à quoi ? Des vœux renouvelés en fait. J'imagine que l'engagement, ce n'est pas juste un truc que tu décrètes et c'est pour ta vie. C'est qu'aujourd'hui, surtout aujourd'hui, tous les matins, il faut se poser la question de pourquoi on fait ça. Parce qu'effectivement, le mouvement de balancier va puissamment à contre de toutes nos logiques et de tout ce qu'on aimerait probablement voir se diffuser.

  • Speaker #1

    Comment tu as appris justement à jongler avec cet aspect cyclique des choses ? Là où dans la société, ce n'est pas du tout valorisé d'accepter les moments de moins bien, où on nous pousse plus à une linéa... Ni... Linéa ! Rité ? Des choses ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'effectivement, on est programmé pour être conforme et lisse et tous se ressembler et tous penser la même chose aujourd'hui. Et même les algos vont finir par tous nous faire penser la même chose. Parce qu'il faut bien comprendre que ce qu'il y a derrière, c'est juste une volonté de nous maintenir dans une position de bon petit consommateur. C'est une logique économique derrière tout ça. Ce n'est pas autre chose. que ça, en fait. Et c'est bien ça ce qu'on paye, le fait que l'intérêt général est complètement cédé face à l'intérêt privé, c'est-à-dire l'intérêt des entreprises, etc. On a confondu la croissance du PIB et le bien-être d'une nation. Je l'ai vécu, en fait. Tous les moments qui me sauvent, c'est des moments que je me mets en lien. Et il n'y a que les larmes qui me font faire ça. Quand je suis sûre de moi, j'avance, je cours, j'ai besoin de personne. Tu vois ce que je veux dire ? Je suis efficace, je suis performante, je rabouille tout. Malheureusement, j'ai encore cette programmation-là. Il faut beaucoup d'années et d'épreuves pour sortir de ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est aussi dans ta personnalité. Tu es naturellement de nature combative, efficace, rigoureuse.

  • Speaker #0

    Alors, efficace, je ne crois pas. J'aimerais, mais efficace, je ne crois pas. Je crois que j'ai un taux de déperdition monstrueux. Mais par contre, il y a un truc que j'ai, c'est que j'y retourne. J'ai créé énormément de choses. Ma petite échelle, pour moi, c'est beaucoup. Mais est-ce que ça a eu un impact ? Je n'en sais rien. Est-ce que j'aurais pu aller plus loin, mille fois ? Est-ce que j'ai été déçue ? certainement. Mais par contre, j'y retourne.

  • Speaker #1

    Déçue de ? Du résultat, de toi-même ?

  • Speaker #0

    Alors, du résultat, honnêtement, non, parce que là où je suis, je pense, juste, c'est que, tu vois, par exemple, on en parlait avant, en micro, moi, j'aurais jamais écrit ces livres sans une personne qui a été mon éditeur, et qui était encore plus obsessionnelle que moi, et qui... Tous les livres que j'ai fait avec lui sont des livres que je ne pourrai jamais renier. La plupart des choses qui ont passé le tatami de mes angoisses et qui ont eu une vie où j'ai pu la partager avec d'autres, c'est des choses et des objets et des textes sur lesquels je ne peux rien dire. Ils tiennent tout seuls. On peut aimer, on peut ne pas aimer. Mais moi, je ne peux pas me dire que je regrette de ne pas avoir plus travaillé. Par contre... J'ai un mal fou, et c'est encore plus aujourd'hui, à toucher les personnes avec ça. Plus ça va, plus j'ai l'impression d'envoyer des bouteilles à la mer, en fait.

  • Speaker #1

    Comment tu expliques ça ? Le trône de l'information,

  • Speaker #0

    c'est... Je peux me poser la question de savoir si mes livres sont justes, c'est-à-dire, est-ce que ça a un intérêt pour les gens ? Tu vois, il y a une vraie question. La deuxième question est, en fait, comment tu fais ? pour parler des choses importantes quand la table de discussion devient de plus en plus petite. On est dans un espace où le champ... Alors, ça peut être paradoxal parce que tu peux dire Instagram, etc. Tout le monde peut prendre la parole. C'est du bruit, ça. Il faut faire la différence entre le bruit et la conversation. Et la conversation, il n'y a plus d'endroit pour la voir. Ou il n'y a plus beaucoup d'endroits pour la voir. Aujourd'hui, moi, j'arrive avec un livre qui n'est pas clivant, qui parle d'amour. qui est censé faire du bien. C'est non seulement mon intention, mais c'est ce que j'ai à dire au monde aujourd'hui. Je trouve que ça ne sert à rien, aujourd'hui, de rajouter de la peur à la peur, de la vacherie à la vacherie, du clash au clash. Et pourtant, il n'y a que ça qui est préempté par le monde médiatique. Donc, l'espace se réduit dans le monde médiatique, mais je pense qu'il se réduit en nous aussi. C'est ce que je disais tout à l'heure. Je suis étonnée de me dire que entre nous, militants, activistes, etc., on ne fait pas plus de liens, on ne fait pas plus corps. Le livre s'appelle Et maintenant, que faisons-nous ? Moi, mon grand truc, c'est qu'il faut qu'on fasse corps, qu'on fasse famille, avec nos différences, avec nos pas contents, avec nos petits machins, mais quand même, il y a un moment là, si on ne fait pas nombre, on s'approprie le mal qui nous terrasse, c'est-à-dire cette logique de séparation qui est au fondement de la logique capitaliste. Si on l'incarne, en fait, On est en train d'incarner exactement ce qui nous fourvoie.

  • Speaker #1

    Et tu dis qu'un livre pour toi, c'est comme ouvrir un chemin. Donc là, avec ce livre, et maintenant, que faisons-nous ? Quel chemin tu as voulu ouvrir ?

  • Speaker #0

    Oui, probablement, merci, probablement... Quelque chose qui reflète peut-être certainement l'âge que j'ai, c'est-à-dire que j'ai été la première à dénoncer tous les complots, les lobbies, tous les Goldman Sachs de la terre, la collusion de la finance politique média, l'arrivée de Macron. Enfin, voilà, j'ai été la première à dénoncer ça parce que j'ai vécu un certain nombre d'événements qui ont fait que... je me suis sentie proche du truc.

  • Speaker #1

    Notamment, tu as vécu le 11 septembre à New York.

  • Speaker #0

    Oui, mais avant ça, j'ai été biberonnée aux idéaux de performance et d'efficacité. Je suis diplômée d'HEC, j'ai créé ma boîte à 24 ans, je suis partie à New York, j'ai monté une start-up, j'ai eu de l'argent. Si tu veux tout le trip capitaliste, je peux d'autant plus le dégommer que je l'ai vécu de l'intérieur. Je suis allée très proche du cœur du réacteur. Je ne pense pas que le... réacteur est un cœur, il doit avoir un corps, t'as raison. Mais toujours est-il que j'ai passé beaucoup de temps à faire ça. Et je me suis rendue compte que ça me faisait cheminer, ça me rendait certainement très capable de tenir tête dans des plateaux télé, notamment à des gens qui venaient arguer que la finance c'est bien, que la croissance économique, que les emplois quand même, etc. Moi, j'apportais un peu de nuance et la nuance incarnée travaillait vraiment. Mais je me suis rendu compte que tout ça, ça ne m'aidait pas à vivre. Ça ne m'aidait pas à être heureuse. J'ai deux enfants. J'ai envie qu'ils soient bien. Je n'ai pas envie qu'ils aient en face d'eux que des personnes cyniques et irresponsables. J'ai envie de leur montrer qu'il y a un chemin. Toujours cette histoire de chemin. Et donc, depuis 15 ans maintenant, je m'intéresse aux lanceurs d'alerte, aux activistes. Aux artistes aussi qui proposent des autres mains. Mais ça a été toujours assez secondaire. C'est comme si j'avais eu besoin d'un... On marche sur deux jambes. La critique et aussi la force de proposition. Ne serait-ce que pour moi tenir droit. Et avoir une forme de robustesse. En tout cas de santé. Et depuis quelques années, je me suis rendue compte que finalement, à chaque fois que je dénonçais quelque chose, que j'étais dans le lutter contre. Je nourrissais la bête. Parce qu'en fait, le système se repète sa critique. Il adore qu'on le critique parce qu'on parle de lui. C'est vraiment de l'énergie cinétique en fait. Il prend ta violence, il prend ta critique.

  • Speaker #1

    Et il s'en nourrit.

  • Speaker #0

    Et il s'en nourrit et il te la rebalance cinq fois plus fort. Donc t'es terrassé derrière. Mais t'as existé dans le système. Mais le prêt à payer, il est monstrueux.

  • Speaker #1

    Parce que toi, en retour, tu entretiens des énergies très négatives. Oui. Ce sont celles de la colère, de la peur. au détriment de l'amour et de la joie.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et surtout, il va se... Il y a ça. Tu as très bien décrit ce qui se passe à l'intérieur de toi, mais il y a aussi le fait de te dire Non, mais je joue à contre moi-même parce qu'en fait, il sort plus fort de sa critique. Parce que de toute façon, il a... Voilà, il a tous les moyens, les algos, la presse, le sens du vent qui va au fait de ridiculiser tout ce qu'il veut vivre. Et ce livre, ce chemin, c'est le Lutter pour Surtout, j'aimerais être dans la proposition pour aider celles et ceux, et notamment la génération comme la tienne, mais aussi plus jeune, qui a envie de croire que juste vivre, c'est possible, de vivre en étant droit dans ses bottes, présent au monde, en pensant qu'on peut y faire quelque chose et le réparer. Et y trouver de la joie et se lier avec des personnes semblables ou pas d'ailleurs. Mais voilà, cette humanité, elle est exactement à rechercher maintenant en fait. Et c'est ça le chemin pour moi.

  • Speaker #1

    Et justement pour relever tous les grands défis de notre temps qui existent, qui sont ceux qu'on connaît. Pour toi, ce qui nous manque, c'est un système de valeurs qui rend évidente et désirable des solutions. Quel est ce système-valeur ?

  • Speaker #0

    Je crois que j'ai passé du temps à expliquer en quoi il y avait une croyance qui nous condamnait, et que cette croyance, c'était celle de séparation. Donc à nouveau, René Descartes, l'homme est supérieur à la nature, il peut s'en rendre maître et possesseur. Aujourd'hui, on est en queue de commettre de ce système-là, de toute évidence. Cette logique de séparation, elle triomphe tout en nous montrant que ce n'est pas vrai. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on voit bien que le moindre événement a des répercussions sur notre propre vie. On voit bien, enfin j'espère qu'on est nombreux à le voir, que tout ce qu'on est en train de faire au Moyen-Orient va nous retomber sur le coin de la figure de façon... absolument monumentale. On ne peut plus créer et participer et contribuer à autant d'injustices en espérant en sortir indemne. Ce n'est pas possible. On voit bien que la vague de migration, elle est liée aux problèmes climatiques. Les gens fuient à 80% parce qu'ils n'ont plus les moyens de se nourrir. Ils n'ont plus les moyens de se nourrir parce qu'il y a des guerres. La plupart des guerres sont déclenchées par des problèmes d'accès aux ressources. Et notamment en ressources pour se nourrir. Donc voilà, c'est comme si toute la systémie avait été complètement mise de côté. Parce que là aussi, on a mis tout en silo. On a mis l'écologie en silo, le social en silo, la politique en silo, la démocratie en silo, le problème des inégalités de genre en silo, etc. C'est une aberration la plus totale. Donc tout ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la faillite. C'est paradoxal peut-être, mais c'est à la fois le triomphe de la logique, de séparation sur ce qu'elle permet, comment les gens préfèrent cette logique-là. Et en même temps, sa faillite absolue, c'est-à-dire qu'elle nous condamne, et Trump est en train d'appuyer sur l'accélérateur. C'est la grande accélération du moment, c'est Trump. Et en même temps, combien cette logique de séparation est totalement vouée à l'échec. Donc, effectivement, le système de valeurs auquel moi, j'aimerais... qu'on adhère tous, c'est cette histoire d'interdépendance. D'interdépendance des enjeux, dont on a parlé, d'interdépendance des populations, d'interdépendance des solutions, d'interdépendance de tout ce qui est vivant. Donc, moi je rêve d'un système effectivement qui dégomme, enfin qui retire comme une tête d'épingle cette croyance de séparation. Si tu la retires, il n'y a plus de capitalisme. Enfin je veux dire c'est plus possible parce que tout le capitalisme est passé sur cette séparation qui s'incarne dans les individus, l'individualisme etc. Si tu poses l'interdépendance, y compris entre générations, y compris bien sûr entre les événements, alors il y a quelque chose d'autre qui émerge.

  • Speaker #1

    Mais cette interdépendance elle se travaille d'un point de vue étatique, politique, aussi au sein des entreprises, mais il y a un autre sujet qui à mon sens se travaille aussi individuellement. Tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, c'est celui de l'ego. Et c'est aussi cet Ausha qui nous pousse à agir de manière très cloisonnée, par silos et de façon individualiste. Cet ego, il s'entretient beaucoup par l'action, par le faire, pour avoir des accomplissements qui sont visibles. Et en 2021, à la question Quel conseil tu donnerais aux jeunes d'aujourd'hui ? que je t'avais posé, tu m'as répondu Je m'accomplis parce que j'accomplis. Et donc, j'invite tout le monde à accomplir des choses. Et je me suis dit Tiens, c'est rigolo. Parce qu'accomplir, c'est de l'ordre du faire, de l'action, là où on prône de plus en plus l'être et le ressenti. Donc, est-ce que c'est forcément en faisant, en accomplissant qu'on devient quelqu'un ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Alors écoute, c'est une très très bonne question. Et là, je vois aussi combien tu travailles les choses, c'est merveilleux. Donc, cette phrase, je m'accomplis parce que j'accomplis, elle est tirée d'un livre qui s'appelle le Bhagavad Gita. Le Bhagavad Gita, c'est un livre qui a plusieurs millénaires. qui est la base de la philosophie, une des bases de la philosophie hindouiste, et notamment de la philosophie du yoga. Le yoga, ce n'était pas qu'une pratique corporelle, c'est avant tout une pratique spirituelle.

  • Speaker #1

    Une philosophie aussi.

  • Speaker #0

    Voilà. Et je m'accomplis parce que j'accomplis, c'est même une branche du yoga qui s'appelle le karma yoga. Et le karma yoga, encore une fois, on ne parle pas du yoga qui est fait pour avoir des jolis abdominaux, ou des jolies fesses, on parle du yoga qui est fait pour avoir une ossature. essayer de tenir droit comme on peut et en ce moment c'est utile et le karma yoga c'est le faire éveiller c'est à dire c'est pas faire pour faire ça s'appelle le bougisme c'est l'agitation, c'est la culture Instagram c'est tu vois je suis allée là-bas j'ai pris le t-shirt je suis revenue c'est cette espèce de consommation de l'action ça c'est pas le faire que moi j'ai envie aujourd'hui à l'âge que j'ai de faire par contre c'est le faire éveiller et le karma yoga, c'est être au service de quelque chose de plus grand que soi. Je m'accomplis parce que j'accomplis. J'accomplis des actes qui sont plus grands que moi et à travers ça, je m'accomplis. Et le faire éveiller, il est sans attente de retour. Et c'est ça où l'ego, il se vient mais total torpillé. Et c'est là où moi je suis pas encore vraiment en mode avancé tu vois. Mais c'est vraiment faire des choses avec la plus grande sincérité et en tu vois c'est cette histoire de bouteille à la mer mais ne pas être, ne pas prendre ombrage le fait que... les gens ne s'en saisissent pas. toujours espérer que quelqu'un va prendre ta bouteille à la mer et en faire son miel, en faire quelque chose pour lui. C'est aussi Snowden, tu vois. J'ai eu la chance de le rencontrer il y a huit ans et il me dit dans le film, là aussi, comme quoi tout est toujours là. Il dit, moi mon but c'est de poser ma brique quelque part pour que quelqu'un d'autre mette sa brique par au-dessus. Il me dit ça il y a huit ans et je... Je sélectionne ça pour que ça passe dans le film, mais je ne le comprends pas vraiment. Depuis, j'ai cheminé. Et en fait, ça, c'est quelque chose qui est souligné par des gens depuis très, très longtemps, qui s'appelle l'esprit des cathédrales. C'est cette capacité à s'engager pour bâtir quelque chose dans un édifice dont on ne verra pas la fin. Tout en sachant que tu ne verras pas la fin. Donc, c'est l'anti-ego, puisque tu ne sais pas ce que ça va donner. Mais tu as juste la foi que quelqu'un d'autre derrière toi, va comprendre ce que tu es en train de faire et construire sur ton propre travail, construire sur ta propre pensée, que ça va l'aider à porter la pierre un petit peu plus loin et qu'à la fin, au bout du bout, autant aussi vite ou pas que possible, ça va aider les autres à vivre. Quelque chose qui te reconnecte à la verticalité qu'on a tellement perdu parce qu'on est complètement emprisonné dans ce petit égo qui veut tellement bouger tout le temps, faire des trucs qu'on le remarque, qu'on l'aime, qu'on le voit. L'esprit des cathédrales, il n'est plus dans ce désir d'être remarqué, il n'est plus dans ce désir d'être conforme. Il est dans ce désir d'être utile.

  • Speaker #1

    Et toi justement, ton désir d'être utile, les pierres à l'édifice que tu poses et ton miel, comme tu nous disais, ils passent à travers tes films, tes écrits, tes prises de parole dans l'espace public. Et on sent justement en toi une certaine rage de dénoncer ce qui cloche et de réveiller un monde endormi par les écrans. Tu nous parlais tout justement de cette force plus grande que nous. D'où est-ce que toi, elle te vient cette force ? Parce qu'on sent dans tout ce que tu fais qu'il y a quelque chose de plus grand, d'où le film aussi Bigger Than Us.

  • Speaker #0

    Écoute, il y a plusieurs choses. Je crois que j'ai, dans le désordre ou l'ordre chronologique, je crois d'abord que j'ai eu la chance d'être entourée d'amour et d'avoir des parents monuments qui étaient médecins. Donc, le soin de l'autre, le fait de soigner. de réparer les autres. J'ai été baignée là-dedans toute petite. Donc autant dire que quand j'arrive dans le monde de l'entreprise, ce monde-là me paraît d'une vacuité terrifiante. Même si j'ai été programmée pour, mais je pense qu'assez vite, c'était complètement dissonant, mon histoire de carrière, mon désaffaire. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, je pense qu'ils m'ont passé une très grande vitalité. et qui finalement grandit avec l'âge. Mais peut-être que, pourquoi elle grandit ? Parce qu'il y a de plus en plus d'épreuves. Et la confrontation à l'injustice, je l'ai eue très vite, très tôt, à titre très personnel et très intime. Et peut-être ma rage, elle a toujours été là. Je me restais reliée à cette petite fille qui toujours a dit c'est pas juste Donc celle-là, je ne l'ai jamais éteinte. Alors il y a eu des masques, tu vois, et notamment l'entreprise, voilà, aller faire des grandes écoles, gagner de l'argent, etc. Mais cette petite fille, elle était toujours là. Et après, il y a eu d'autres épreuves. Effectivement, j'ai vécu le 11 septembre à New York, à 20 et quelques. Et le fait de l'avoir vécu m'a, je le dis très souvent, mais m'a mis nue, tu vois, et a explosé tous les masques. pour que la petite fille qui disait c'est pas juste, elle revienne et elle se retrouve sur ce toit du 11 septembre avec sa petite robe, tu vois, abîmée et se dise mais il faut que je leur dise en fait que c'est pas juste. Et puis il faut que je comprenne d'où vient cette injustice, je comprenne pourquoi on l'incarne en fait, etc. Et donc ça, ça a lancé ma vie professionnelle d'auteur et de personne qui veut dénoncer ça. En fait, à chaque fois, c'est... Toutes les épreuves que je vis, tu vois, je me suis séparée du papa de mes enfants, j'ai perdu des gens, etc. Des amis, des trahisons, des humiliations. À chaque fois, ça vient me rechercher sur... Ça vient rechercher et raviver cette petite fille qui a toujours tellement envie de justice et toujours envie de faire en sorte que personne ne passe par là, en fait. Donc voilà, je crois que c'est une connexion profonde à qui je suis.

  • Speaker #1

    Et à ton feu intérieur. Et si tu me le permets, je vais lire justement un extrait de ton livre qui parle très bien de ce fameux feu qu'il s'agit de protéger très fort aujourd'hui. Qui décidez-vous d'être ? Il faut accepter que rien ne soit stable ni certain. Accepter la fragilité à commencer par la sienne. S'éduquer les uns les autres, sentir qu'il y a autre chose, comme un sens à redonner, à reconstruire. Nous semblions destinés à devenir des machines à force de leur obéir. Nous pouvons décider de redevenir des êtres doués de vitalité, de capacité d'adaptation et de création. Protégez votre feu, votre énergie et votre curiosité. Comment est-ce que toi, tu protèges ton feu, Flore ?

  • Speaker #0

    Par les liens. Mais c'est vrai qu'il est attaqué en ce moment. On est attaqué dans nos motivations les plus profondes, à continuer, à porter ce qu'on peut porter. Et puis voilà, à quoi bon l'impuissance, etc. La période est presque...

  • Speaker #1

    Et c'est d'autant plus important de protéger ce feu aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Donc la première chose, c'est que je vois que c'est une logique. à nouveau, que c'est une logique de séparation. Donc, à nouveau, j'essaie de me dire, c'est normal, en fait, c'est tendanciel. On a actionné une spirale, c'est plus fort que toi. Tu vois, le Bigger Than Us, c'est aussi ça. Mais sinon, mon feu, eh bien, je le nourris dans les liens. La seule façon de battre cette logique de séparation, c'est d'incarner cette logique d'interdépendance. C'est donc d'aller contre le réflexe premier qui est le repli sur soi, le à quoi bon. Le confort en fait. Je vais moi aussi penser à moi et arrêter de prendre des risques ou d'attendre du soutien de ou de je ne sais pas quoi. Et puis voilà, je vais rentrer moi-même là-dedans, je vais renoncer. Donc c'est mon feu, j'arrive à l'entretenir dans le fait d'aller au contact, de me hisser sur des épaules de géants. Alors je vais à nouveau citer quelqu'un qui est de la religion catholique, mais voilà, Mère Thérésa. Il y avait quelqu'un qui lui avait demandé, un journaliste qui lui avait demandé de son vivant. Comment elle faisait ? Comment elle avait fait pour sauver 200 000 enfants de l'ultra-pauvreté ? Et elle a dit un à un Et si tu veux, ce un à un moi, c'est ça le feu. C'est-à-dire que c'est la capacité à choisir l'humanité dans les actes du quotidien. Ça peut être, effectivement, répondre de telle ou telle manière à une personne qui demande de l'aide, répondre de telle ou telle manière à un stimuli parce que c'est Black Friday et qu'il faut consommer. Eh bien, non, je vais… En fait, c'est la capacité à exercer mon libre arbitre et le fait que je ne suis pas manipulée par cette logique de séparation. Donc, le protéger, c'est ça. C'est de bien voir la logique de l'œuvre, bien voir qu'elle est en tout, partout, tout le temps et que la vraie résistance, c'est de la voir et de ne pas y souscrire. Et je n'y arrive pas tout le temps. vraiment, je régresse, je peux avoir peur moi aussi, je peux avoir mon égo qui est mal en point.

  • Speaker #1

    Et tu restes humaine, c'est normal.

  • Speaker #0

    Voilà, et en tout cas, je sais que je le paye assez cher en fait. Je vois très bien énergétiquement que ça abîme directement mon feu. Mon feu s'éteint si j'ai choisi l'égo, c'est sûr. Si j'ai choisi la peur, mais je me rabougris sur moi, ça me fait mal en fait, physiquement. Alors que si je choisis de l'attiser, d'en prendre soin, et notamment en rajoutant des braises, donc rajouter des braises c'est les liens, c'est de l'amour, c'est de la discussion, c'est du dépassement en fait. C'est le dépassement de la colère, de la peur, de la frustration. C'est une forme de sublimation. Et la sublimation c'est passer d'un état à l'autre, c'est passer d'un état de tristesse à un état de joie. Et il y a plein de façons de le faire. Et donc il y a ces liens. Il y a le fait de prendre soin de moi. Et ça, j'ai passé 45 ans à ne pas le faire.

  • Speaker #1

    Ça passe par quoi, prendre soin de toi ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est beaucoup prendre soin des miens, donc mes enfants. C'est-à-dire être en présence. Ce n'est pas nécessairement prévoir des trucs, etc. Mais me dire, je n'ai pas loupé ce moment, parce que je sais que ce sont des moments qui ne durent pas. Donc il y a ça. Il y a cultiver son feu, c'est cultiver sa présence aux choses. et c'est vrai que depuis deux ans et demi moi je suis tombée dans une pratique du yoga qui est plus spirituelle qu'autre chose mais qui fait que je suis capable de vraiment me calmer et d'arriver à couper l'angoisse, en fait. Ou cette anxiété, ou l'égo, et de me réancrer. Et donc, je vois très bien que si je ne le fais pas, je pars vers la logique de séparation. Donc ça, c'est des petits trucs. Je sais qu'il y a plein de gens qui t'écoutent et qui méditent, etc. Moi, je n'arrive pas à le faire. J'ai besoin que ça passe par le corps. Et donc, moi, c'est une pratique corporelle qui me permet d'aller là. Et qui me permet effectivement de retrouver un espace parce que sinon, je me fais terrasser comme tout le monde et d'essayer d'être dans l'amour en fait. Et donc, c'est l'exercice de l'amour dans, tu sais, ce faire éveiller dont je parlais. Ce n'est pas sans attente d'autres retours et en fait, c'est quand tu n'attends rien que tu as tout parce que tu as le principal.

  • Speaker #1

    C'est beau tout ce que tu dis, Flore. On arrive aux questions de la fin. est-ce que tu te sens à ta place aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    ouais,

  • Speaker #1

    elle est pas confortable mais je suis à ma place elle ressemble à quoi une journée de florvasseur ?

  • Speaker #0

    un peu un corps à corps avec cette logique de confort ou d'humanité et effectivement ça ressemble à une journée où j'essaye de dompter cette part en moi qui voudrait céder à l'affolement. Et une belle journée, c'est une journée dans laquelle j'ai réussi tellement à dompter l'affolement qu'alors la création était possible. J'ai réussi à écrire, j'ai réussi à cranter quelque chose, j'ai réussi à laisser passer une idée. Tu sais, tout à l'heure, j'utilisais le mot de tatami des angoisses. Moi, j'ai vraiment l'impression d'avoir un tatami et qu'il y a plein d'idées qui ne passent pas le tatami. Et les bonnes idées, c'est les idées qui passent le tatami des angoisses. Donc voilà, une bonne journée, il y a le tatami. Je ne vais pas dire qu'il n'existe pas, mais je l'ai suffisamment secoué, en le voyant faire et en le voyant resserrer ses mailles, etc. Il y a un flot d'idées, de créations, de liens, de désirs qui a pu passer. Mais ce n'est pas tous les jours. Je crois qu'il faut vraiment dire la vérité, ce n'est vraiment pas tous les jours.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que le mot émerveillement t'inspire ?

  • Speaker #0

    l'enfance et puis moi mais c'est prétentieux de dire ça mais je vois je parlais de cette petite fille tu vois blessé je sais que il ya quelque chose en moi en elle qui a jamais annoncé c'est c'est pas toute l'histoire et va donc chercher l'histoire Et aujourd'hui, va chercher l'histoire d'émerveillement, mais probablement en sortant de ta position de confort à toi.

  • Speaker #1

    La liberté, c'est quoi pour toi, Flore ?

  • Speaker #0

    La bataille de tous les jours. Ça a guidé mes choix de vie, en fait. Comment rester libre ? Voilà, comment rester libre. Et il y a plein de formes d'asservissement en fait. Il y en a des très insidieuses, le système dans lequel on est, le système de pensée, le fait d'attendre une récompense, le fait d'attendre une validation, le fait d'attendre une reconnaissance, ça c'est des formes d'asservissement, c'est pas être libre ça. Donc la vraie liberté, c'est la bataille contre l'ego en fait.

  • Speaker #1

    Tu y arrives ?

  • Speaker #0

    Pas tous les jours. Mais c'est un chemin. Et quand j'ai quelque chose à donner, c'est que j'ai passé la barre. Tu sais, tu fais du surf. C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    J'ai pris quelques coups. J'ai vu. Flore, quel message tu aimerais partager à celles et ceux qui nous écoutent pour conclure cet épisode ?

  • Speaker #0

    Écoute, si c'est une forme de conclusion, je crois qu'il ne faut pas se payer de mots. La période actuelle est effectivement extrêmement angoissante. Le message d'un nouveau monde possible en fait. Le message d'une promesse, d'un émerveillement dont tu parlais. Et qui se place à l'endroit de l'enfance. Mais l'enfance, ce n'est pas que les enfants. C'est l'enfant en nous. C'est les enfants autour de nous. Et pour moi, s'il y a une chose à sauver, c'est ça. Sauver l'enfance en nous, autour de nous. Parce que c'est aussi ça la promesse de cet autrement, c'est un monde qui veut advenir, avec toute une série de sages-femmes comme toi, autour, qui sont en train de prévenir les autres pour dire mais il y a quelque chose derrière Et ce quelque chose derrière, c'est quelque chose à faire naître. Donc, à Noël, pensez à ça. À nouveau, ça n'a rien de religieux. C'est juste une foi qui nous vient de la nuit des temps. Être humain aujourd'hui, c'est avoir envie de voir la suite. Cette curiosité, c'est du feu. Et c'est une forme d'émerveillement. Magnifique.

  • Speaker #1

    On va rester sur ces beaux mots, Flore. Merci pour tous tes partages. Merci pour ce moment.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Si ce moment t'a plu et nourri, je t'invite à le partager, à laisser quelques étoiles sur iTunes et Spotify ou à faire une story sur Instagram en identifiant Nouvelle Oeil et mon invité de la semaine pour que l'on puisse te repartager. En attendant de se retrouver lundi prochain, tu peux suivre au quotidien mes aventures directement sur Instagram ou le site internet www.nouvelleoeil-podcast.com. Depuis ce site, tu pourras aussi t'abonner à ma newsletter. J'y partage des inspirations et des petites choses plus personnelles qui font mon quotidien. En attendant le prochain épisode... Je te souhaite de savourer la vie comme il se doit et surtout de faire des choses folles.

Chapters

  • Introduction

    04:04

  • Questions de fin

    42:09

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