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On fait le taff !

Au-delà des étiquettes: le parcours de Marielle Villard- DRH & Fondatrice de Calissens

Au-delà des étiquettes: le parcours de Marielle Villard- DRH & Fondatrice de Calissens

50min |08/11/2025
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Description

Invitée : Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens


Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens, qui nous partage un parcours professionnel inspirant — fait de doutes, de choix audacieux et de transitions pleinement assumées.

Marielle revient sur ses débuts, ses entretiens d’embauche marquants et les défis qu’elle a rencontrés en tant que femme dans un environnement souvent codifié. Elle nous parle de ressources humaines, de recrutement, de développement personnel, mais aussi de ces étiquettes que le monde du travail colle parfois, et qu’il faut apprendre à dépasser pour avancer.

Ensemble, nous abordons :
💡 Les choix de carrière et la quête de légitimité
💡 L’importance de l’ouverture et de la flexibilité dans les parcours professionnels
💡 L’engagement auprès des profils expérimentés et la valorisation des seniors
💡 Les préjugés liés à l’âge, la diversité intergénérationnelle et les enjeux de santé et de bien-être au travail
💡 Et cette conviction forte : chaque expérience, chaque détour, est une opportunité de grandir


Marielle nous invite à repenser notre rapport au travail, à l’engagement et à la diversité, en rappelant que chacun a quelque chose à apporter, quel que soit son âge ou son parcours.

Un échange sincère, lucide et inspirant, pour tous ceux qui doutent, se réinventent ou cherchent leur place dans un monde du travail en mutation.


Les coordonnées mentionnées dans l'épisode:



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Depuis toute petite, je sentais que j'étais différente. Je ne pensais pas comme tout le monde.

  • Speaker #1

    Si je n'avais pas fait ce burn-out, je ne me serais jamais lancé dans l'entrepreneuriat. C'est un épisode douloureux qui m'a ouvert les yeux.

  • Speaker #0

    Franchement, j'ai eu un moment dans ma vie où on me demandait ce que je faisais comme métier. Je n'arrivais pas à répondre, c'était chaud de ouf. Je ne savais pas quoi répondre.

  • Speaker #2

    Le jour où j'ai perdu mon entreprise, j'ai perdu aussi pas mal d'amis. Ça m'a mis une claque. Mais ça m'a appris à avancer autrement.

  • Speaker #3

    Moi, ce projet, j'y ai cru jusqu'au bout, même quand on me disait que c'était impossible. Aujourd'hui, je suis fier de ce que je fais et de qui je suis.

  • Speaker #4

    Et vous, quelle est votre histoire ? Bienvenue dans Vos Atypiques, les parcours qui changent la norme. Aujourd'hui, je reçois Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calisense. Marielle a un parcours riche. fait de transitions, de choix assumés et de questionnements profonds sur le sens du travail, la légitimité et la diversité des profils. Dans cet épisode, elle revient sur ses débuts bien loin des RH, puisqu'enfant, elle rêvait d'un autre métier, et sur la manière dont elle a trouvé, plus tard, sa véritable vocation. Ensemble, nous parlons d'entretien d'embauche, de recrutement, de préjugés sur l'âge et de la place des profils des expérimentés dans un monde du travail en pleine mutation. Marielle nous partage son regard lucide sur les étiquettes qu'on colle aux individus, le syndrome de l'imposteur et la nécessité de prendre du recul pour mieux avancer. Elle rappelle surtout qu'il n'existe pas de parcours unique, que chaque expérience compte et que la diversité intergénérationnelle est une vraie richesse pour les entreprises. Alors, si vous vous interrogez sur votre avenir, vos choix de carrière ou simplement sur la manière de rester engagée et confiante à chaque étape de votre vie professionnelle, Cet épisode est fait pour vous. Installez-vous confortablement, ouvrez grand vos oreilles. Voici l'histoire inspirante de Marielle Villard, une femme de conviction, d'ouverture et d'engagement. Marielle, on va feuilleter ton parcours, ton passé, ton présent, ton futur. Bonjour Marielle.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #4

    Merci d'avoir accepté mon invitation sur ce podcast.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #4

    Marielle, je vais commencer par une question qui m'a toujours un petit peu dérangée. Marielle, tu fais quoi dans la vie ?

  • Speaker #2

    Je suis DRH de métier, c'est une vraie passion. J'ai découvert tardivement cette vocation à la fin de mon parcours d'étudiante, puisque j'ai fait toutes mes études supérieures en alternance. Ça m'a permis très vite de rentrer dans la vie active. Et comme j'ai eu beaucoup de mal à trouver ma voie, en fait, voilà, arrivé à mon bac plus 5, j'ai découvert les ressources humaines. Et là, ça a été une révélation pour moi et je suis toujours restée dans ce domaine, tant en entreprise qu'aujourd'hui dans ma société.

  • Speaker #4

    Ok, alors là, on va ouvrir la première page de ton album, celle du passé. Donc tes débuts, tes choix, tes détours et tout ce qui t'a amenée jusqu'à Calissance. Marielle, j'ai une première question. Si je t'avais rencontrée à l'âge de 10 ans, tu m'aurais dit que tu voulais faire quoi comme métier plus tard ?

  • Speaker #2

    Alors quand j'étais petite, il paraît, je ne me rappelle pas trop, mais je voulais être gynécologue obstétricienne. C'est raté ? Rien à voir, mais je crois que mettre des bébés au monde, en fait, ça faisait partie de mon imaginaire d'enfant. J'étais plutôt sage, plutôt bonne élève, enfin avant l'adolescence en tous les cas. Et voilà, j'avais plutôt cette vision-là de mettre des bébés au monde.

  • Speaker #4

    Et pourquoi avant l'adolescence, en tous les cas ? C'est qu'après, tu as fait les 400 coups. Vas-y, balance !

  • Speaker #2

    Oui, voilà. Mes parents en parlent encore de temps en temps lors des repas de fête. Oui, oui, l'adolescence, pour moi, était un petit peu mouvementée parce que je n'arrivais pas forcément déjà à me projeter. On nous demandait quel bac tu veux faire, quel études tu veux faire, quel métier tu veux faire. Et comme moi, j'ai toujours beaucoup de goût pour... plein de choses. C'était difficile pour moi de m'engager sur une voie unique. Et du coup, j'avais envie de, déjà, à l'époque, de beaucoup de diversité. Donc, au-delà de mon petit caractère rebelle, j'avais surtout du mal à me poser sur un sujet ou une filière unique, très formatée. Ça me posait déjà quelques difficultés et quelques questionnements.

  • Speaker #4

    T'avais du mal à t'orienter ? À quel moment t'as dû... Enfin, on est tous obligés de faire un choix au bout de la... La troisième, parce qu'il faut aller en seconde, donc il faut choisir soit un cursus technologique. Avant, c'était comme ça ou soit un cursus général. À quel moment, toi, tu t'es dit bon, là, je vais faire ça et je vais suivre cette voie ?

  • Speaker #2

    Déjà au moment du lycée, pour moi, il y avait un vrai choix pour la première. Quand on rentrait en première, il y avait déjà des filières. C'était il y a longtemps, mais il y avait des filières très orientées, scientifiques, littéraires, échos, etc. Déjà, il y a eu une période un peu délicate pour choisir mon orientation. Naturellement, j'avais plutôt de l'appétence vers le littéraire. J'adorais les langues, j'adore bouquiner. J'avais vraiment cette envie-là. Et mes parents voulaient absolument, parce qu'ils pensaient que c'était sans doute mieux, me pousser vers des filières scientifiques. Mais alors, moi, les maths, ce n'est pas du tout mon truc. Donc, c'est là aussi où l'adolescence est venue se bousculer avec mes choix d'orientation, parce qu'ils avaient, eux, des préconisations qui n'étaient pas alignées avec mes envies. Donc, conflit.

  • Speaker #4

    Et tes camarades au lycée, ils étaient sûrs de ce qu'ils voulaient faire ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #2

    Une partie, j'avais une copine, on prenait le bus, on est toujours amis, on prenait le bus ensemble tous les matins pour aller au lycée, moi je l'ai toujours enviée. Elle a toujours su ce qu'elle voulait exactement faire, quel bac, quelle étude, ce qu'elle a fait d'ailleurs. Elle a changé d'orientation 10-15 ans après finalement, mais moi j'étais très envieuse de cette camarade parce qu'elle savait en fait, alors que moi c'était compliqué justement de me projeter. Elle, elle savait exactement quel métier elle voulait faire et elle a suivi la voie tracée pour réussir cela. Après, d'autres camarades, sans doute, étaient aussi en questionnement, mais c'était quand même moins compliqué. Il me semble que ce que j'entends de Parcoursup ou d'autres sujets du moment pour les jeunes. Mais déjà, moi, à l'époque, ça m'avait posé souci.

  • Speaker #4

    Ah ouais, d'accord. Parce que c'est vrai que quand on a ces camarades qui savent, eux, ce qu'ils veulent faire comme métier, c'est vrai qu'on peut se sentir en décalage. En tout cas, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un petit peu mon adolescence. Donc, c'est pour ça que je te posais la question. Et c'était quoi ton tout premier job ?

  • Speaker #2

    Le tout premier ? Le tout premier, j'étais mineure. Je devais faire des centres aérés l'été, si ma mémoire est bonne. Mon vraiment premier job rémunéré, j'étais mineure, donc animatrice de colo, centre aéré, etc. Et puis après, bizarrement, mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, j'ai trouvé des jobs d'été grâce à ma marraine qui travaillait à l'époque chez France Télécom. Et c'était pour être remplacée la secrétaire du DRH, de la direction régionale. Et j'ai finalement mis, sans le savoir, un pied à la direction des ressources humaines. Ça ne m'a pas généré la vocation à ce moment-là, mais c'était peut-être un prémice.

  • Speaker #4

    Oui, tout à fait. Et tu te souviens de ton premier entretien d'embauche, toi en tant que candidate ?

  • Speaker #2

    Pour un vrai job, tu veux dire ? Oui, pour un vrai job. Moi, j'ai fait de l'alternance. Donc, même mes premières années d'études, dès que j'ai fait de l'alternance, en fait, j'ai commencé à passer des entretiens. C'est peut-être pas le tout premier, mais celui qui m'a marqué le plus, c'était un directeur commercial, c'était pour intégrer un service commercial. Et il était hyper impressionnant, très gros gaillard, imposant, avec une grosse voix. Tu sais, moi, j'étais toute jeune. Et pendant l'entretien, il me pose des questions auxquelles je ne m'attendais pas, parce qu'on ne se préparait pas suffisamment. Puis lui, c'était un directeur commercial, donc habitué à challenger, à poser des questions, etc. Et il me met devant un PC et me demande de faire des formules sur Excel parce que moi, forcément, je lui avais dit que j'étais... T'avais menti ? Non, je n'avais pas menti. Mais non, mais il m'a dit quand vous connaissez Excel. Oui, je connais Excel. Mais il a commencé à me demander des formules que j'étais incapable de faire. Et donc, je me suis sentie un petit peu en difficulté. Donc ça, c'est un entretien de recrutement jeune qui m'a bien marquée et qui m'a du coup aidée à préparer les suivants parce que... Ça m'a permis ensuite de mieux me préparer parce que j'en ai passé pas mal des recrutements, des entretiens de recrutement. J'ai souvent changé d'entreprise ou j'ai souvent évolué en interne et du coup, des entretiens, j'en ai connu pas mal. Et puis en tant que DRH, j'en ai fait, si passé un certain nombre, mais j'en ai moi-même connu de nombreux.

  • Speaker #4

    Et t'avais quel âge pour l'entretien que tu as passé, celui dont tu parles ?

  • Speaker #2

    Bah là, celui dont je te parle, c'était pour rentrer en école de commerce. Je ne sais pas, j'avais le bac, ouais, j'avais 21 ans peut-être. Ah oui, ouais, t'étais jeune.

  • Speaker #4

    Ah oui ?

  • Speaker #2

    Oui, j'étais toute jeune. Alors, j'avais déjà fait de l'alternance, puisque j'avais repris un BTS en alternance à l'époque. À l'époque, ça fait vieux quand je dis ça. J'admets. Mais néanmoins, il n'y avait pas beaucoup de formations en alternance. Aujourd'hui, il n'y a que ça, ça foisonne de partout. Et d'ailleurs, ça laisse beaucoup de jeunes sur le carreau pour trouver. Mais en tous les cas, à l'époque, effectivement, à part des formations manuelles, sur d'autres types de formations, il n'y avait pas énormément d'alternance. Et donc, j'avais repris en BTS pour pouvoir repartir sur d'alternance. Donc, j'avais déjà fait mon BTS. Et là, je rentrais sur un bac plus 3, bac plus 4. Donc, oui, j'avais un peu plus de 20 ans. Ah ouais,

  • Speaker #4

    jeunette. Et c'est quoi les questions ? Quelles sont les questions qui t'ont le plus marqué en entretien ? Où là, soit tu as répondu de façon très... avec beaucoup d'aisance, ou soit des questions avec lesquelles tu as botté en touchant. Moi, je sais que... Je t'ai dit, moi j'en ai une, mais je te la poserai vraiment à la fin de l'émission.

  • Speaker #2

    Moi, ce qui m'a toujours gênée, parce que des questions sympas ou faciles, ce n'est pas celles qui te restent, je pense, à l'esprit, parce que du coup, elles ne te mettent pas forcément en difficulté particulièrement. Moi, je me rappelle d'un cabinet parisien, plus tard dans ma carrière, je devais peut-être plutôt avoir une trentaine d'années, j'étais encore assez jeune, mais qui est rentré, c'est un vieux briscard, gros cabinet parisien. hyper cossue, qui a une moquette épaisse.

  • Speaker #4

    Qui appréciade.

  • Speaker #2

    Et je l'ai trouvé détestable en entretien. Il est rentré sur des sujets persos. Et ça, il m'est rentré dans des sujets persos, très persos, en fait. Pourquoi je n'avais pas encore d'enfants à mon âge, etc. Et là, j'ai senti de l'inconfort. Vraiment. J'ai trouvé que c'était intrusif. Aujourd'hui, ce n'est plus autorisé. Je sais qu'il y a des gens qui continuent d'avoir ce genre de pratiques. Mais je suis toujours très vigilante à ça. Je l'ai été longtemps dans toute ma carrière. Et je taclais souvent mes managers quand on faisait des entretiens en binôme pour leur dire « non, mais combien il a d'enfants et ceci ? » Ce n'est pas le sujet en fait. Ce n'est pas là les compétences ou la motivation, le potentiel du candidat. Et moi, j'ai subi deux entretiens assez durs dans ma vie parce que c'est venu attaquer le personnel pour ce cabinet-là. Et une autre fois, une femme en entretien aussi, qui m'a dit « mais en fait, vous êtes instable » . Alors, j'ai trouvé ça assez agressif, mais en fait, je comprends aujourd'hui, parce que j'ai eu un parcours un peu atypique, où j'ai effectivement changé assez souvent d'entreprise, parce que j'avais besoin de me nourrir, j'ai besoin de diversité, et puis les évolutions qu'on me proposait parfois ne me correspondaient pas, ou en tout cas, j'ai eu des opportunités qui font que j'ai souvent changé d'entreprise. Avec un run court, 3-4 ans, et j'entends qu'on puisse me dire, effectivement, ça paraît instable. Mais je l'avais trouvée agressive et un peu violente, parce qu'il y avait une vraie cohérence dans le parcours, il y avait un fil rouge, à chaque fois c'était une étape d'évolution, ou la possibilité de s'ouvrir à autre chose. Et elle avait été assez dure dans son propos. Ça, ça m'avait marquée.

  • Speaker #4

    c'est sûr que quand on te dit que tu es que que tu es instable parce que justement tu changes beaucoup d'entreprises. Comme tu le dis, il y a un fil rouge et tu avais besoin de te nourrir. Tu l'exprimes très clairement.

  • Speaker #2

    Oui, oui. Puis j'ai plutôt une personnalité fidèle. Je suis quelqu'un fidèle dans la durée, dans mes relations, en amitié, etc. Ou dans le travail. J'entretiens tout ça avec les gens et me qualifier d'instable, j'avais trouvé ça assez violent à ce moment-là. C'était sans doute pour me déstabiliser. mais... Mais ça démontrait déjà à l'époque qu'on aimait bien mettre les gens dans les cases et moi, je ne rentrais pas dans des cases standard.

  • Speaker #4

    Tu as pu lui répondre à cette dame quand elle t'a dit ça ou tu as été déstabilisée et du coup, tu n'as pas forcément rétorqué ?

  • Speaker #2

    J'ai répondu, mais plus sur le mode défensif, en fait, parce que je me suis sentie agressée. Donc oui, j'ai répondu parce que j'ai plutôt un peu de répartie, mais en fait, je l'ai mal vécu. Et après coup, quand j'ai analysé, j'ai dit, c'est peut-être... Ce n'est pas ça que j'aurais dû lui répondre ou j'aurais dû peut-être argumenter différemment. Mais j'étais un peu déstabilisée effectivement sur le coup parce que ce n'était pas du tout l'image en plus que moi j'avais de moi-même à ce moment-là. Encore une fois, je me vois plutôt comme quelqu'un qui entretient dans la durée de fidèle, etc. Et elle venait de me qualifier avec un adjectif qui me choquait. Donc déstabilisée, mais j'ai argumenté bien entendu, mais pas très bien je pense. Je n'ai pas été retenue d'ailleurs sur le poste.

  • Speaker #4

    Est-ce que tu y serais allée, même si tu avais été retenue ? C'est ça, mais après on ne saura jamais.

  • Speaker #2

    C'était un cabinet de recrutement. Donc, tu sais, les recruteurs, ce n'est pas avec eux que tu bosses après. Donc, ça reste un jeu de rôle et une étape qu'il faut passer, qui est rarement la plus agréable. Mais ce n'est pas ton manager de demain. Donc, en fait, ce n'est pas très grave. Mais le problème, c'est qu'il faut déjà les séduire eux. pour qu'ils te laissent accéder au véritable poste, au véritable dirigeant, manager ou autre. Donc ça reste un jeu de rôle et de séduction indispensable dans le processus. Donc je pense qu'elle m'a blacklistée. J'ai jamais vu le fil.

  • Speaker #4

    Ça t'a permis aujourd'hui d'être DRH à ton tour et chef d'entreprise. Marielle, même si tu y es un petit peu... Ah, excuse-moi, tu voulais...

  • Speaker #2

    Non, non, non, mais oui, effectivement, ça ne m'a pas empêchée. Ce n'est pas parce qu'on loupe un processus de recrutement ou un job qu'il n'y a pas d'autres opportunités. Donc voilà, ça, c'est des rencontres qui ne devaient pas se faire. Et puis c'est tout, mais ça n'empêche pas aujourd'hui, effectivement, d'avoir... Une belle carrière en tant que DRH et aujourd'hui d'avoir ma société, effectivement.

  • Speaker #4

    Tout à fait. Et Marielle, même si tu y as un petit peu répondu, c'est quoi ton trop ou ton pas assez qu'on t'a déjà fait remarquer dans le monde du travail ? Tu disais instable, mais est-ce que c'est revenu souvent ?

  • Speaker #2

    Plus j'avançais en fait en tant que salariée, plus ça revenait puisque je continuais sur mon run de changement. Donc forcément, ça ne s'est pas amélioré avec les années. Après, le trop, je pense que mon caractère aussi, plutôt direct. Moi, j'ai toujours été quelqu'un très terrain dans l'industrie. Donc, si tu veux, pour parler avec les gens du terrain, il faut se dire les choses. Et des fois, je manquais peut-être de sens politique ou stratégique parfois. Et puis, le pas assez. Qu'est-ce que je n'aurais pas eu assez ? Je ne sais pas.

  • Speaker #4

    Après, si ça ne te vient pas, ce n'est pas grave. Mais c'est vrai que généralement, c'est toujours... C'est vrai que quand tu as un profil, on va dire, expérimenté, tu es le trop. Quand tu es plus jeune, tu es le pas assez. Donc, c'est ce que j'ai remarqué.

  • Speaker #2

    Moi, souvent, je fais un parallèle avec les ventes de maisons. En fait, les gens, ils viennent visiter ta maison que tu as mis en vente et en fait, ils trouvent toujours tous un défaut, un ceci, un cela. Et c'est chacun indifférent. Un coup, c'est ceci. Un coup, c'est la cuisine. Un coup, c'est le garage. Un coup, c'est le jardin. Un coup, c'est l'orientation. Bref, il y a toujours un sujet pour pas qu'ils te l'achètent. Et j'entends, c'est leur choix. Mais en fait, dans les entretiens de recrutement ou de sélection, c'est toujours ça. ils te reprochent. Oui, ils te font remonter du trop ou du pas assez systématiquement et d'un entretien à l'autre ou d'une personne à l'autre, ce ne sont pas forcément les mêmes tendances. Donc, il faut prendre beaucoup de recul, je pense, par rapport à ça.

  • Speaker #4

    Oui, c'est compliqué, mais effectivement, prendre du recul, ça permet de mieux digérer un petit peu les remarques qu'on t'a faites, mais c'est surtout de se dire, est-ce que j'ai besoin de me coller cette étiquette qu'on vient de me donner ? C'est vrai que, bon, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un peu les choses. et que j'arrivais à prendre le recul parce que, comme toi, j'avais cette étiquette d'instable, et crois-moi que c'était difficile de m'en défaire. Est-ce qu'il y a un moment durant ton parcours, Marielle, où tu t'es sentie illégitime, pas à ta place ?

  • Speaker #2

    Illégitime, je ne pense pas. Après, mon syndrome de l'imposteur revenait assez souvent parce qu'il fait partie de moi, et du coup, j'ai dû bosser souvent plus. pour peut-être démontrer, faire mes preuves. J'ai commencé dans l'industrie, terrain très syndiqué, milieu industriel fort, etc. J'étais la seule femme du Codire, j'étais jeune. Enfin voilà, j'avais beaucoup de handicap vu sur le papier parce qu'effectivement... entourée d'hommes et dans l'industrie, et relativement jeune. Donc, je pense que j'ai dû bosser parfois deux fois plus que certains. J'ai toujours été la moins bien payée du Codire. Puis, en tant que RH, j'avais accès aux payes. Donc, je me dis sans doute possible. J'ai systématiquement été effectivement la dernière du peloton parce que le poste de DRH n'était pas valorisé et parce que j'étais une femme et parce que j'étais jeune et ceci, cela. Donc... Ilégitime, non, mais pas reconnu, certainement.

  • Speaker #4

    Parce que, effectivement, comme tu disais, tu étais une femme dans un milieu d'hommes, jeune. Tu cumulais les handicaps. Et ça, c'est compliqué de se faire sa place. Mais moi, je pense surtout à quand on a une promotion interne au sein d'une entreprise, c'est compliqué de se sentir légitime.

  • Speaker #2

    Oui, oui, complètement. Et c'est un travail à faire aussi avec soi, d'accepter. On a tous un plafond de verre et qu'on a tous des limites parce qu'on en a tous, quoi qu'on en dise. On n'est pas capable de tout, même si des fois, on a des envies. On ne peut pas tout faire. Et il y a certains postes qui peuvent parfois être trop gros. J'ai pris un poste une fois où j'ai regretté. Alors, je sais qu'il ne faut pas avoir de regrets. Et finalement, ça a coloré aussi la suite de ma carrière et ça m'a fait beaucoup grandir. Mais très vite, on m'a demandé de faire du plan social avec des fermetures de sites, avec des grosses grèves, etc. Ça a été très, très dur pour moi émotionnellement. Et c'est là où j'ai senti aussi mes limites.

  • Speaker #4

    Tu disais au début de l'émission que tu as eu plusieurs expériences diverses et variées, mais que toutes ces expériences, il y avait un fil rouge qui les reliait. C'est quoi ton fil rouge, Marielle ?

  • Speaker #2

    Mon fil rouge personnel, c'était comment je grandis, comment je progresse et qu'est-ce que j'apprends à chaque étape. Moi, je n'ai pas forcément couru les responsabilités, les gros salaires ou les grosses boîtes. Ce n'était pas forcément ma stratégie. Mais c'était à chaque fois que je vais dans une entreprise, qu'est-ce que je vais apprendre ? Qu'est-ce que ça va m'apporter à moi ? Qu'est-ce qui va me permettre de grandir dans ce nouveau job, dans ce nouvel environnement ? C'est quoi les challenges qui sont proposés et qui vont m'être utiles pour l'étape d'après en fait ? Donc souvent j'essayais d'avoir une vision avec deux jalons en fait. C'est je prends ce poste-là, comme ça je vais acquérir telle et telle connaissance, telle et telle compétence. Ce qui me permettra peut-être d'accéder du coup à ce poste-là après. Des fois, ça se produisait, des fois, ça ne se produisait pas. Mais moi, c'était ça dont j'avais besoin. Et puis, de me projeter avec le manager. Avant de créer Calicence, j'ai fait un petit bilan comme ça en me disant « Alors, combien tu as eu de managers dans ta carrière de RH ? » J'en ai eu pas mal du coup, puisque j'ai changé de boîte. Puis des fois, dans certains groupes, je changeais de manager sans changer de job. Donc, J'en ai eu pas mal, j'en ai pas eu beaucoup qui étaient bons.

  • Speaker #4

    Ah ouais, tu dis ça comme ça ?

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez affligeant quand j'ai fait le calcul du nombre de managers que j'ai eus et du nombre qui m'ont vraiment apporté, fait confiance, fait grandir, avec qui j'avais envie de bosser, qui me tiraient vers le haut. Il n'y en a pas eu tant que ça.

  • Speaker #4

    Et comment toi, tu as pu progresser ? Alors, comment tu as trouvé ton axe de progression ?

  • Speaker #2

    Quand ça se passait bien avec les managers, avec mon équipe, c'était assez facile. Ça porte, ça aide, c'est toujours super chouette. Après, quand ça se passait vraiment trop mal, que ça me générait trop de frustration ou de colère, manque d'alignement de valeur, etc., je partais.

  • Speaker #4

    Oui, tout simplement.

  • Speaker #2

    Et puis après, ma stratégie, et ça, c'est les grands groupes qui peuvent apporter ça, c'est d'avoir des managers à distance. Donc, ma stratégie, ça a été de me tourner vers l'international et d'avoir des DRH Europe ou autres qui étaient à l'étranger. Et du coup, moi, en France, j'étais autonome. On faisait des visios, allez, une fois tous les 15 jours. Et ça me suffisait. Comme ça, j'étais autonome sur mon périmètre et j'avançais comme... Comme je voulais, j'avais moins le poids de la contrainte managériale.

  • Speaker #4

    La soif de liberté.

  • Speaker #2

    On retrouve mon petit côté rebelle de l'adolescente.

  • Speaker #4

    C'est ce que j'allais dire. Maintenant, je te propose qu'on tourne la page et qu'on arrive sur les photos du présent. Là, c'est la photo d'aujourd'hui, celle de ton entreprise, de ton engagement. Et puis, il y a toujours cette question essentielle d'actualité. Comment fait-on pour redonner leur juste place aux profils expérimentés ? Quelle licence c'est quoi Marielle, si tu devais nous raconter cette histoire simplement ?

  • Speaker #2

    C'est une magnifique aventure qui a commencé en 2019 et l'ADN de départ c'était de me dire comment je peux aider les personnes qui sont comme moi, un peu différentes, un peu atypiques, mais surtout qui veulent travailler différemment. Parce qu'à cette époque-là, déjà je me disais... Le CDI, ce n'est pas forcément l'unique solution et ce n'est pas la seule option qui se présente à nous, notamment pour des profils cadres, mais pour d'autres profils également. Mais surtout pour les profils cadres, j'avais le sentiment que les entreprises avaient besoin de flexibilité et que j'avais dans mon réseau et mon entourage des gens finalement qui me ressemblaient. qui avaient envie de cette diversité, de variété dans les missions d'apprentissage et qui avaient engrangé au fil des années et d'années de carrière des compétences multiples qu'ils souhaitaient mettre à disposition des entreprises, mais avec des formats flexibles. Donc c'est vraiment l'ADN de départ, c'est comment proposer d'accompagner ces personnes-là. Et dans ce cadre-là, j'ai créé ma propre structure de portage salarial, plus cabinet de conseil, plus organisme de formation, vraiment pour outiller toutes ces personnes-là. Donc aujourd'hui, j'accompagne des indépendants avec un statut de salarié, en grande partie, mais surtout, je suis restée... un pied sur le terrain auprès de mes clients entreprises pour essayer d'aller prêcher un peu la bonne parole et de leur dire qu'il y a des solutions pour accéder à des profils expérimentés disponibles sur le marché, qui peuvent vous apporter plein de compétences différentes et qui peuvent vous accompagner sur un bout de chemin, sur des formats très variables. Ça peut être du management de transition, ça peut être du conseil, ça peut être du temps partagé. Il y a plein de formats aujourd'hui possibles. Et même les plus petites entreprises peuvent accéder à ces profils-là. Ce n'est pas réservé aux grands groupes. Il faut juste l'ajuster et le calibrer de la bonne façon. Donc aujourd'hui, on est un peu plus de 70 personnes chez Calisens. On travaille principalement sur le territoire ouest de la France, même si avec la digitalisation, aujourd'hui, on est capable d'accompagner tout le monde en France, de facturer à l'étranger, etc. Les outils nous aident beaucoup pour ça. mais effectivement on accompagne les personnes qui veulent travailler autrement et donc tu travailles beaucoup avec des profils expérimentés,

  • Speaker #4

    souvent des seniors j'allais dire même bien souvent des seniors qu'est-ce que tu aimes chez eux ?

  • Speaker #2

    déjà moi-même si on regarde le code du travail je suis senior depuis mes 45 ans c'est assez ridicule en le disant mais effectivement on devient senior à 45 ans alors qu'il nous reste au moins 20 ans à faire. Non, mais moi, j'aimais bien ces profils-là pour plusieurs raisons. Déjà, ils ont souvent de très beaux parcours. Ils ont une maturité. Ils ont de nombreuses compétences. Ils ont un regard aussi sur l'entreprise et sur la vie qui est forcément différent des jeunes. L'âge faisant, on évolue avec tout ça. Et puis... Et puis j'ai aussi bien conscience que parfois, rebondir à un certain âge peut être très compliqué. On a quand même en France un taux d'emploi des seniors qui est inférieur à 60%, je crois que j'ai 58% en tête. On est en retard par rapport à nos confrères européens, on n'est pas bon dans le classement. On a beau faire une loi senior et mettre des choses en place, c'est quand même encore très compliqué aujourd'hui pour un senior. parfois de rebondir en fin de carrière. Et je trouvais que du coup, leur proposer des nouveaux formats de travail qui pourraient séduire les entreprises était une façon pour eux aussi de transmettre leurs compétences, d'apporter, de se sentir utile et de continuer leur carrière professionnelle.

  • Speaker #4

    Et à ton avis, pourquoi a-t-on encore du mal à leur faire une vraie place dans les entreprises ?

  • Speaker #2

    Parce qu'on est plein de préjugés. Tu sais, en France, il faut rentrer dans des cases, il faut encore un diplôme, il faut connaître le même secteur d'activité. On n'est pas forcément très, très ouvert, pas tout le temps, en tous les cas. Heureusement, j'ai des gens dans mon réseau qui ne sont pas ainsi et arrivent à faire des pas de côté, à tenter des expériences. Mais on aime bien prendre une décision rassurante quand on recrute. C'est aussi pour ça que les formats flexibles, permettent le droit à l'erreur aussi. Un process de recrutement, ce n'est pas une valeur absolue de fiabilité. Je pense que oui, ils ont peur d'avoir des gens déconnectés qui ne vont pas assez vite ou qui vont apporter, qui vont coûter trop cher. Ils vont être souvent malades. Je l'ai entendu. Voilà, il va commencer à y avoir... Oui, alors entre 30 et 40, on dit, il va y avoir les congés mat. à 50, on va dire qu'il y a la ménopause et puis après, elle est trop vieille, elle a de l'arthrite. Non, mais il y a toujours une bonne raison, c'est comme la maison tout à l'heure, il y a toujours une bonne raison pour parcruter un senior ou un junior ou quelqu'un qui sera en situation de handicap ou une femme en âge d'avoir des enfants, etc. Donc,

  • Speaker #0

    Je pense que ce sont des préjugés, un manque de flexibilité. Et pour autant, ces personnes qui sont sur leur dernière partie de carrière ont énormément apporté aux entreprises, aux nouvelles générations qui arrivent. Il y a une transmission des savoirs colossale à structurer dans bon nombre d'entreprises. Et aujourd'hui, c'est eux qui portent les connaissances. Ça manque sans doute un petit peu d'ouverture ou de risque. Après, on a vu faire des très, très beaux reprises, moi et des seniors. Il y a des belles histoires, des belles réussites. Heureusement qu'il y a des gens qui font confiance et qui s'ouvrent. Moi, je leur dis souvent... Alors avant, c'était difficile de retrouver un job après 50 ans. Ça s'est un petit peu décalé, mais passé 55, ça commence vraiment à piquer. Mais moi, je leur dis, à 55, ils ont encore quand même 10 ans à faire. 10 ans à faire, c'est une belle tranche de vie quand même, 10 ans.

  • Speaker #1

    Oui, 10 ans à faire, effectivement, puisque l'âge du départ à la retraite est à 64 ans. 65, mais bon, d'ici là, ça peut encore changer. Mais là, c'est 64. Et effectivement, on parle même de 67. Donc oui, j'imagine. Et si tu pouvais casser un cliché sur les seniors au travail, ce serait lequel ? Il y en a tellement, c'est ça.

  • Speaker #0

    Oui, je vois des gens hyper engagés, hyper investis, qui ont des compétences multiples. Ils arrivent aussi à un âge où la maison est payée, les enfants sont grands. Ils peuvent parfois retrouver de la disponibilité en termes d'engagement, de valeur travail, etc. Ce sont des gens qui ont une éducation aussi avec souvent des fondamentaux de respect, de bienveillance qu'on ne trouve parfois pas. toujours avec les nouvelles générations. Et du coup, c'est quand même... Voilà, on se cache derrière des choses de vieillerie. Moi, j'ai des gens qui sont beaucoup de seniors dans l'équipe qui sont beaucoup plus affûtés que moi sur l'IA ou sur certains sujets parce qu'ils se sont emparés des choses, ils sont intéressés et ils sont moteurs. Donc, il ne faut pas faire de généralité. Il peut y avoir des seniors qui sont en décalage, qui sont... Voilà. Mais encore une fois, on est en train de faire des généralités, on préjuge et on met les gens dans des cases. Il y a des gens très très bien, quel que soit l'âge, c'est beaucoup dans la tête aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Même si le vieillissement fait partie des enjeux qui vont être des vrais sujets de société avec un grand S, mais avec un petit S aussi, ou le vieillissement de la population qui va devoir travailler plus tard. Quand je regarde mes parents, à quel âge ils étaient en retraite, et puis moi, ma projection...

  • Speaker #1

    Tu arrives à te projeter ?

  • Speaker #0

    J'ai quand même travaillé X années de plus. Et effectivement, le corps vieillit. On a aujourd'hui des statistiques de santé. L'âge moyen en bonne santé n'est pas très élevé. Je crois qu'il est à 62 ans. Donc, si tu te dis que tu pars en retraite à 64, dans quel état tu es ? que notre alimentation, la pollution, notre sédentarité croissante, etc., font qu'aujourd'hui nos corps s'amenuisent en termes de matière osseuse, de musculature, etc. Et donc on va être aussi moins résistant à tout ça. Alors peut-être que la technologie viendra aider les postes à faux facteurs de pénibilité, et peut-être que l'IA aidera, même intellectuellement, à nous faire gagner du temps sur des tâches, etc. Il y a sans doute... Plein de choses qui vont se transformer dans les prochaines années de manière exponentielle. Et on ne peut pas présager de quoi que ce soit. Mais en tous les cas, il va falloir prendre soin de cette tranche de la population. Parce qu'elle a encore beaucoup à apporter. Et de toute façon, elle a besoin de travailler. Si on veut parler de notre système collectif, à un moment donné, on ne peut pas mettre les seniors au placard.

  • Speaker #1

    Ils arrivent, les seniors, à garder confiance quand ils ne trouvent pas de travail. C'est dur, comme tout le monde.

  • Speaker #0

    Mais ça dépend. Comme tout le monde, effectivement, j'ai des juniors ou des gens en milieu de carrière qui, des fois, s'interrogent. C'est toujours une question de temps, en fait. La confiance, elle s'amenuise au fil du temps. Donc, un échec, un deuxième, ou une déception, une deuxième, ça passe, ça se gère, c'est jamais agréable et tout le monde a connu ça. C'est quand ça dure. C'est quand, à force de candidature, d'entretien, tu es toujours le deuxième couteau. Des fois, tu as le sentiment d'avoir été le lièvre. Et puis au final, on a aussi aujourd'hui des manières de recruter qui sont de moins en moins respectueuses des candidats. On ne fait pas de retour, on ne tient pas informé. C'est devenu un marché un peu particulier aussi, je trouve. Et oui, je vois des fois des gens qui baissent un petit peu les bras parce qu'ils se remettent en cause.

  • Speaker #1

    Oui, puis l'âge.

  • Speaker #0

    Alors que ce n'est pas eux le problème. Et puis,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce frein à l'âge. Oui, de toute façon, je suis trop vieux, trop vieille. Et c'est sûr qu'à côté d'un junior, on va privilégier un candidat beaucoup plus jeune parce qu'il y a plus à offrir, etc. Alors que les deux générations ont des choses différentes à apporter. Donc, c'est vrai que ça peut être justement intéressant. d'intégrer des juniors et des seniors dans une entreprise. Pour moi, c'est une diversité de profil.

  • Speaker #0

    Dans une équipe, je me l'appliquais à moi-même, mais à mes managers, c'était le même discours. C'est d'ayez des équipes où vous allez intégrer la diversité, parce qu'elle sera plus riche. Alors peut-être que c'est moins facile à manager, parce qu'il faut s'adapter, parce qu'il faut beaucoup communiquer, parce que ça demande peut-être plus de temps et d'énergie. Néanmoins, vous allez aller deux fois plus loin parce que vous allez avoir de meilleures idées, vous allez pouvoir travailler différemment. Alors qu'on a tendance à chercher notre clone, la personne avec qui ça va être super fluide, qui nous ressemble, voire qui est un peu moins bon que nous. Je dis mais non, prends quelqu'un qui est meilleur que toi. Il va t'avancer des sujets sur lesquels toi, tu peux être des fois un petit peu juste et toi, tu vas te concentrer sur d'autres choses. Tu auras plus de temps à consacrer à ton équipe ou à la personne qui est un petit peu moins agile. Donc prenez des... faites des recrutements avec de la diversité de profils, de parcours, d'âge. L'intergénérationnel, c'est hyper puissant. Et dans les deux sens, on peut faire du mentorat avec les seniors, mais on peut aussi faire du reverse mentoring avec les juniors qui, eux, aujourd'hui, sont hyper agiles avec les outils digitaux, par exemple, pour la plupart, et peuvent apporter, par exemple, beaucoup de choses, effectivement, même aux seniors sur certains sujets. Donc, il y a encore une fois... Un temps pour tout et des valeurs et des compétences à tout âge qu'il est bon de confronter et de rassembler.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils t'apprennent ces seniors dans ton quotidien de chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Que j'ai encore plein de compétences à travailler, à acquérir, qu'il y a tellement de diversité dans les parcours. J'échange avec des gens qui ont des parcours. cours trop chouettes ou très difficiles. Enfin, voilà, on a tous un sac à dos à porter. Mais voilà, je fais des très, très belles rencontres. Et ce qui m'apporte, c'est effectivement la conviction qu'on est tous une personne unique avec un parcours de vie et on peut tous apporter quelque chose à quelqu'un ou à une entreprise. Et que c'est possible, en fait. Et qu'il ne faut surtout pas baisser les mains.

  • Speaker #1

    On referme doucement les photos du présent et on tourne la page vers la suite de l'album. Mais sur cette page, il y a celle du futur, ce que tu veux construire, transmettre et inspirer. Mais d'abord, je vais remonter quelques minutes dans le passé. Quand tu regardes ton parcours, c'est quoi ton bof ? Ce que tu referais autrement ? Et c'est quoi ton ouf ? Le moment dont tu es la plus fière ?

  • Speaker #0

    Le bof, je te dis, c'est ce que je t'évoquais, j'ai quand même fait des choix parfois d'entreprise. On m'a vendu du rêve en fait. Il y a eu un effet marketing RH où on m'a vendu certains postes qui en fait étaient loin d'être la réalité. Donc je me dis que parfois j'ai eu le choix et j'ai peut-être pas fait le bon choix. Après c'est le chemin, c'était le mien et puis ça m'a forcément appris des choses. Après, j'aimerais bien continuer à maintenir mon niveau d'anglais parce que je parlais beaucoup anglais dans mes postes. Et voilà, bof aujourd'hui parce que je ne travaille plus du tout. On le perd vite. C'est frustrant. On le perd super vite. Ça revient vite aussi quand on doit s'y remettre, mais ça demande pas mal d'efforts. Et puis sur les fiertés, c'est une fierté. Fierté un peu globale de dire, attends, finalement, tu t'es cherché pendant plusieurs années, tu as trouvé ensuite ta voie et par petit saut de puce, finalement, tu as réussi à avoir aujourd'hui une légitimité dans ta posture de RH, une légitimité dans ta posture de chef d'entreprise et de manager. Donc ça, c'est plutôt une fierté. Mais il en reste encore tellement à faire que de toute façon... On reparlera sur mon lit de mort. Mais voilà. Oui, je pense que globalement, les réussites, elles se mesurent par petites touches, en fait. Moi, ce qui me touche, c'est quand les gens me rappellent ou quand les gens me font son reconnaissant. Ma réussite personnelle, en soi, ça n'a pas trop de valeur intrinsèque. Ce qui me fait plaisir, c'est quand les gens... Voilà. reconnaissent que tu étais un bon manager ou que tu as apporté des choses dans un poste. Je croise encore des gens que j'ai managés ou que j'ai accompagnés dans les entreprises et qui font des retours. On ne plaît jamais à tout le monde. Et c'est ça qui est positif. C'est de savoir que j'ai pu aider des gens, que je les ai accompagnés à un moment donné. Ce besoin d'utilité, de se sentir utile.

  • Speaker #1

    Donc tu te sens utile.

  • Speaker #0

    Pas tout le temps, pas tous les jours. Mais oui, si je dois regarder globalement, quand tu me dis de regarder par-dessus mon épaule, oui, je pense que j'ai clairement pu aider des gens à un moment donné et apporter quelque chose. Donc, c'est tout ce qui compte. Après, je ne l'ai peut-être pas fait assez, mais en tout cas, on continue à le faire aujourd'hui avec Calissance, avec ces personnes qu'on accompagne, en amont de leur projet, pendant leur projet. On fait pas mal de mécénats de compétences et on intervient beaucoup dans des associations, auprès de contacts, pour vraiment donner et accompagner. C'est vraiment le socle pour nous, donc je pense que c'est plutôt réussi.

  • Speaker #1

    Si tu avais une baguette magique, Marielle, pour changer une seule chose dans le monde du travail, tu ferais quoi ? Une seule, tu ne triches pas.

  • Speaker #0

    J'en ai déjà trois ou quatre qui me viennent à l'esprit. Tu as bien fait d'insister. Une seule, je vais peut-être retenir l'ouverture, la flexibilité. Je pense qu'on ne va pas y arriver si on n'arrive pas à comprendre qu'il faut qu'on soit plus ouvert avec les gens, plus ouvert avec les formats, plus ouvert dans notre posture managériale, plus ouvert sur les solutions. On a quand même trop tendance, encore une fois, à se réfugier vers des schémas déjà expérimentés. Et parfois, on ne prend pas assez de risques. Donc, plus d'ouverture vers les gens, vers les autres et vers les solutions qui existent. Ouverture, ça me va, ça.

  • Speaker #1

    Et tu te vois où dans cinq ans ? Ça, c'est la question qui tue. Voilà, ça, c'était ma question. J'ai beauté en touche et j'adore. Aujourd'hui, je me venge.

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai aucune idée. ce que Ce que je sais aujourd'hui, mais ce ne sera peut-être pas le cas parce que je sais que la vie est pleine de surprises, de rencontres, d'opportunités, j'ai la conviction profonde aujourd'hui que je serai toujours à la tête de Calisense, Calisense qui aura évolué, l'équipe se sera agrandie, sans doute avec un business model différent parce qu'on va devoir s'ajuster en permanence à ce qui va nous arriver dans les prochaines années. Et ça pourrait être assez fort sur certains sujets, la transition écologique, les nouvelles technologies, tous ces sujets-là vont quand même devoir nécessiter beaucoup d'adaptation de notre part. Et puis très vite, je vais commencer à penser à la transmission, c'est-à-dire qu'à un moment donné, il faudra céder l'entreprise, il faudra passer le flambeau, et ça va demander des années de préparation. Donc c'est comment, oui, dans cinq ans, je... Je pense que je commencerai à revoir mon business model ou mon modèle économique aussi pour intégrer un ou une associée ou des partenaires ou passer en scope. Il y a plein de schémas possibles en tous les cas. Mais en tout cas, ce sera qu'à licence et toujours dans cette même veine d'accompagnement. J'imagine en tout cas, j'espère.

  • Speaker #1

    Tu as bien répondu à la question, mais au début, c'était mal engagé. Tu as dit, j'en ai aucune idée.

  • Speaker #0

    Tu aurais répondu ça en entretien. J'ai aucune certitude, parce que je sais aussi que mon parcours a été... été, encore une fois, rythmée. Et ça fait déjà presque sept ans que j'ai créé Calisense. Donc là, je suis sur un run hyper...

  • Speaker #1

    Tu seras peut-être gynécologue.

  • Speaker #0

    Ben, écoute, là, il y a quelques années d'études quand même à faire. Mais non, maintenant, parce qu'en fait, ça, c'était vraiment un truc de gamine. Voilà. Mais non, non. Aujourd'hui, je ne pourrais pas du tout l'envisager. Il y a des métiers comme ça, après coup, où tu te dis « Ah ben non, mais je me serais... » Je n'aurais pas pu être prof, je n'aurais pas pu être dans la médecine, je n'aurais pas pu... Il y a des choses comme ça.

  • Speaker #1

    Donc plutôt dans la transmission, enfin du moins revoir ton business model et la transmission après ton entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, et puis continuer à développer l'accompagnement, démocratiser les nouvelles façons de travailler. Je pense qu'il y a des vrais enjeux par rapport à ça. Il y a des besoins, il y a des envies. Moi, je reste convaincue que le CDI va être en perte de vitesse et qu'il faut qu'on s'adapte avec les plus jeunes, notamment, qui vont pousser encore plus fort que nous aujourd'hui. Donc, il y a des enjeux de diversité, d'inclusion. Il y a tous ces sujets-là, à mon avis, qui vont faire sens. Et nous, en tant que dirigeants, il va falloir qu'on s'adapte en permanence à tout ça.

  • Speaker #1

    Et dernière question pour clôturer cet échange. Qu'aurais-tu envie de dire aux personnes qui nous écoutent, qui doutent de leur avenir ? et qui n'arrivent pas à avoir de la visibilité.

  • Speaker #0

    Quand ça m'est arrivé, et plusieurs fois dans ma vie, parce qu'il y a eu des déceptions, il y a eu des écueils, j'ai connu une année de chômage qui a été particulièrement difficile, etc. Donc... Quand on est dedans, on a tendance à baisser les bras, mais à se dire que ça va être difficile, voire inatteignable. Et on a tendance à se laisser peut-être un petit peu décliner en termes de morale. Continuer à y croire parce qu'on a tous des bonnes étoiles, mais aussi surtout des compétences qui séduiront quelqu'un à un moment donné. Donc ne lâchez rien. Et continuez à sortir, à apprendre, à rencontrer des gens. Moi, je suis convaincue que la force du réseau, c'est un vrai atout. Donc, astreignez-vous à voir des gens, à rester positif et à apprendre. Continuez intellectuellement à vous alimenter parce que ça finit toujours par arriver. Et ne restez pas dans les schémas classiques. Peut-être prenez-vous aussi l'initiative de faire un pas de côté et réfléchissez à d'autres solutions. Parce qu'à un moment donné, cette solution-là, que vous pensez être la meilleure, n'est peut-être pas la meilleure pour vous. Voilà, et il faut peut-être vous-même faire un pas de côté. On ne peut pas demander aux autres de faire preuve d'ouverture si nous-mêmes, on n'en fait pas preuve. Ne baissez pas les bras, ne lâchez rien. Il faut y croire parce que ça finit toujours par arriver. Et parfois, sur des processus de recrutement qui ont été très pénibles et longs, j'ai assez souvent des gens qui me disent « j'ai rien eu pendant des mois, ça a été une succession d'écueils, d'échecs, de déceptions. » Et au final, maintenant j'ai le choix entre deux et je ne sais pas laquelle choisir. C'est le choix du roi, mais en tout cas, ne lâchez rien. Et puis, soyez entourés, sortez, voyez du monde, bougez-vous, vous laissez pas abattre.

  • Speaker #1

    Et avant de couper nos micros, Marielle, est-ce que tu peux nous rappeler où est située Calicence ? Comment on peut te contacter pour qu'on puisse donner un petit peu tes coordonnées ?

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir. J'ai un site internet calicence.fr sur lequel vous allez trouver beaucoup d'informations sur nos activités. notamment sur le portage salarial qui est un statut hybride qui est en plein essor. Vous pouvez déposer un CV dans notre Talentec digital pour qu'on puisse avoir connaissance de votre recherche, de votre profil et ça vous donne accès à nos agendas en ligne pour pouvoir organiser une visio et nous rencontrer, que ce soit ma collègue Marjorie ou moi-même. Et donc vous avez toutes les infos en passant par notre site. Forcément, il y a une page LinkedIn qui a licence. et mon compte personnel Calicence aussi, qui est à votre disposition. Et puis, si vous cherchez bien, vous devez pouvoir trouver mon 06 quelque part sur le net.

  • Speaker #1

    Mais je mettrai tout dans la description de cet épisode, comme ça. Il y aura juste à cliquer sur les liens. En tout cas, je te remercie beaucoup, Marianne, pour ce superbe album photo. Merci d'avoir été avec nous et d'avoir partagé avec beaucoup de transparence et de sincérité ton histoire.

  • Speaker #0

    C'était un vrai plaisir, c'était vraiment du live, donc j'ai brodé au mieux pour vous donner une vision sincère. Merci à toi pour ce temps d'échange, j'étais ravie de passer ce moment avec toi et tes auditeurs.

  • Speaker #1

    Merci Marielle,

  • Speaker #0

    à bientôt.

  • Speaker #1

    Parfois nos chemins ne ressemblent pas à ce qu'on avait imaginé. Ils se tordent, s'éloignent, reviennent, comme si la vie nous invitait à apprendre autrement. Ce que Marielle nous offre aujourd'hui... C'est ce regard lucide et bienveillant sur le travail, mais aussi sur soi, celui qui nous rappelle que la valeur d'un parcours ne se mesure ni à la vitesse, ni à la reconnaissance, mais à la sincérité qu'on y met. Être atypique, c'est peut-être tout simplement oser être soi, malgré les étiquettes, malgré les doutes, malgré le bruit. Et si, au fond, changer la norme... C'était juste accepter de marcher à son propre rythme. Merci d'avoir écouté cet épisode de Voix atypique, les parcours qui changent la norme. Prenez soin de vos voies intérieures, de vos élans, et continuez à croire qu'il n'y a pas de voie tout tracée, seulement la vôtre.

Description

Invitée : Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens


Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens, qui nous partage un parcours professionnel inspirant — fait de doutes, de choix audacieux et de transitions pleinement assumées.

Marielle revient sur ses débuts, ses entretiens d’embauche marquants et les défis qu’elle a rencontrés en tant que femme dans un environnement souvent codifié. Elle nous parle de ressources humaines, de recrutement, de développement personnel, mais aussi de ces étiquettes que le monde du travail colle parfois, et qu’il faut apprendre à dépasser pour avancer.

Ensemble, nous abordons :
💡 Les choix de carrière et la quête de légitimité
💡 L’importance de l’ouverture et de la flexibilité dans les parcours professionnels
💡 L’engagement auprès des profils expérimentés et la valorisation des seniors
💡 Les préjugés liés à l’âge, la diversité intergénérationnelle et les enjeux de santé et de bien-être au travail
💡 Et cette conviction forte : chaque expérience, chaque détour, est une opportunité de grandir


Marielle nous invite à repenser notre rapport au travail, à l’engagement et à la diversité, en rappelant que chacun a quelque chose à apporter, quel que soit son âge ou son parcours.

Un échange sincère, lucide et inspirant, pour tous ceux qui doutent, se réinventent ou cherchent leur place dans un monde du travail en mutation.


Les coordonnées mentionnées dans l'épisode:



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Depuis toute petite, je sentais que j'étais différente. Je ne pensais pas comme tout le monde.

  • Speaker #1

    Si je n'avais pas fait ce burn-out, je ne me serais jamais lancé dans l'entrepreneuriat. C'est un épisode douloureux qui m'a ouvert les yeux.

  • Speaker #0

    Franchement, j'ai eu un moment dans ma vie où on me demandait ce que je faisais comme métier. Je n'arrivais pas à répondre, c'était chaud de ouf. Je ne savais pas quoi répondre.

  • Speaker #2

    Le jour où j'ai perdu mon entreprise, j'ai perdu aussi pas mal d'amis. Ça m'a mis une claque. Mais ça m'a appris à avancer autrement.

  • Speaker #3

    Moi, ce projet, j'y ai cru jusqu'au bout, même quand on me disait que c'était impossible. Aujourd'hui, je suis fier de ce que je fais et de qui je suis.

  • Speaker #4

    Et vous, quelle est votre histoire ? Bienvenue dans Vos Atypiques, les parcours qui changent la norme. Aujourd'hui, je reçois Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calisense. Marielle a un parcours riche. fait de transitions, de choix assumés et de questionnements profonds sur le sens du travail, la légitimité et la diversité des profils. Dans cet épisode, elle revient sur ses débuts bien loin des RH, puisqu'enfant, elle rêvait d'un autre métier, et sur la manière dont elle a trouvé, plus tard, sa véritable vocation. Ensemble, nous parlons d'entretien d'embauche, de recrutement, de préjugés sur l'âge et de la place des profils des expérimentés dans un monde du travail en pleine mutation. Marielle nous partage son regard lucide sur les étiquettes qu'on colle aux individus, le syndrome de l'imposteur et la nécessité de prendre du recul pour mieux avancer. Elle rappelle surtout qu'il n'existe pas de parcours unique, que chaque expérience compte et que la diversité intergénérationnelle est une vraie richesse pour les entreprises. Alors, si vous vous interrogez sur votre avenir, vos choix de carrière ou simplement sur la manière de rester engagée et confiante à chaque étape de votre vie professionnelle, Cet épisode est fait pour vous. Installez-vous confortablement, ouvrez grand vos oreilles. Voici l'histoire inspirante de Marielle Villard, une femme de conviction, d'ouverture et d'engagement. Marielle, on va feuilleter ton parcours, ton passé, ton présent, ton futur. Bonjour Marielle.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #4

    Merci d'avoir accepté mon invitation sur ce podcast.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #4

    Marielle, je vais commencer par une question qui m'a toujours un petit peu dérangée. Marielle, tu fais quoi dans la vie ?

  • Speaker #2

    Je suis DRH de métier, c'est une vraie passion. J'ai découvert tardivement cette vocation à la fin de mon parcours d'étudiante, puisque j'ai fait toutes mes études supérieures en alternance. Ça m'a permis très vite de rentrer dans la vie active. Et comme j'ai eu beaucoup de mal à trouver ma voie, en fait, voilà, arrivé à mon bac plus 5, j'ai découvert les ressources humaines. Et là, ça a été une révélation pour moi et je suis toujours restée dans ce domaine, tant en entreprise qu'aujourd'hui dans ma société.

  • Speaker #4

    Ok, alors là, on va ouvrir la première page de ton album, celle du passé. Donc tes débuts, tes choix, tes détours et tout ce qui t'a amenée jusqu'à Calissance. Marielle, j'ai une première question. Si je t'avais rencontrée à l'âge de 10 ans, tu m'aurais dit que tu voulais faire quoi comme métier plus tard ?

  • Speaker #2

    Alors quand j'étais petite, il paraît, je ne me rappelle pas trop, mais je voulais être gynécologue obstétricienne. C'est raté ? Rien à voir, mais je crois que mettre des bébés au monde, en fait, ça faisait partie de mon imaginaire d'enfant. J'étais plutôt sage, plutôt bonne élève, enfin avant l'adolescence en tous les cas. Et voilà, j'avais plutôt cette vision-là de mettre des bébés au monde.

  • Speaker #4

    Et pourquoi avant l'adolescence, en tous les cas ? C'est qu'après, tu as fait les 400 coups. Vas-y, balance !

  • Speaker #2

    Oui, voilà. Mes parents en parlent encore de temps en temps lors des repas de fête. Oui, oui, l'adolescence, pour moi, était un petit peu mouvementée parce que je n'arrivais pas forcément déjà à me projeter. On nous demandait quel bac tu veux faire, quel études tu veux faire, quel métier tu veux faire. Et comme moi, j'ai toujours beaucoup de goût pour... plein de choses. C'était difficile pour moi de m'engager sur une voie unique. Et du coup, j'avais envie de, déjà, à l'époque, de beaucoup de diversité. Donc, au-delà de mon petit caractère rebelle, j'avais surtout du mal à me poser sur un sujet ou une filière unique, très formatée. Ça me posait déjà quelques difficultés et quelques questionnements.

  • Speaker #4

    T'avais du mal à t'orienter ? À quel moment t'as dû... Enfin, on est tous obligés de faire un choix au bout de la... La troisième, parce qu'il faut aller en seconde, donc il faut choisir soit un cursus technologique. Avant, c'était comme ça ou soit un cursus général. À quel moment, toi, tu t'es dit bon, là, je vais faire ça et je vais suivre cette voie ?

  • Speaker #2

    Déjà au moment du lycée, pour moi, il y avait un vrai choix pour la première. Quand on rentrait en première, il y avait déjà des filières. C'était il y a longtemps, mais il y avait des filières très orientées, scientifiques, littéraires, échos, etc. Déjà, il y a eu une période un peu délicate pour choisir mon orientation. Naturellement, j'avais plutôt de l'appétence vers le littéraire. J'adorais les langues, j'adore bouquiner. J'avais vraiment cette envie-là. Et mes parents voulaient absolument, parce qu'ils pensaient que c'était sans doute mieux, me pousser vers des filières scientifiques. Mais alors, moi, les maths, ce n'est pas du tout mon truc. Donc, c'est là aussi où l'adolescence est venue se bousculer avec mes choix d'orientation, parce qu'ils avaient, eux, des préconisations qui n'étaient pas alignées avec mes envies. Donc, conflit.

  • Speaker #4

    Et tes camarades au lycée, ils étaient sûrs de ce qu'ils voulaient faire ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #2

    Une partie, j'avais une copine, on prenait le bus, on est toujours amis, on prenait le bus ensemble tous les matins pour aller au lycée, moi je l'ai toujours enviée. Elle a toujours su ce qu'elle voulait exactement faire, quel bac, quelle étude, ce qu'elle a fait d'ailleurs. Elle a changé d'orientation 10-15 ans après finalement, mais moi j'étais très envieuse de cette camarade parce qu'elle savait en fait, alors que moi c'était compliqué justement de me projeter. Elle, elle savait exactement quel métier elle voulait faire et elle a suivi la voie tracée pour réussir cela. Après, d'autres camarades, sans doute, étaient aussi en questionnement, mais c'était quand même moins compliqué. Il me semble que ce que j'entends de Parcoursup ou d'autres sujets du moment pour les jeunes. Mais déjà, moi, à l'époque, ça m'avait posé souci.

  • Speaker #4

    Ah ouais, d'accord. Parce que c'est vrai que quand on a ces camarades qui savent, eux, ce qu'ils veulent faire comme métier, c'est vrai qu'on peut se sentir en décalage. En tout cas, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un petit peu mon adolescence. Donc, c'est pour ça que je te posais la question. Et c'était quoi ton tout premier job ?

  • Speaker #2

    Le tout premier ? Le tout premier, j'étais mineure. Je devais faire des centres aérés l'été, si ma mémoire est bonne. Mon vraiment premier job rémunéré, j'étais mineure, donc animatrice de colo, centre aéré, etc. Et puis après, bizarrement, mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, j'ai trouvé des jobs d'été grâce à ma marraine qui travaillait à l'époque chez France Télécom. Et c'était pour être remplacée la secrétaire du DRH, de la direction régionale. Et j'ai finalement mis, sans le savoir, un pied à la direction des ressources humaines. Ça ne m'a pas généré la vocation à ce moment-là, mais c'était peut-être un prémice.

  • Speaker #4

    Oui, tout à fait. Et tu te souviens de ton premier entretien d'embauche, toi en tant que candidate ?

  • Speaker #2

    Pour un vrai job, tu veux dire ? Oui, pour un vrai job. Moi, j'ai fait de l'alternance. Donc, même mes premières années d'études, dès que j'ai fait de l'alternance, en fait, j'ai commencé à passer des entretiens. C'est peut-être pas le tout premier, mais celui qui m'a marqué le plus, c'était un directeur commercial, c'était pour intégrer un service commercial. Et il était hyper impressionnant, très gros gaillard, imposant, avec une grosse voix. Tu sais, moi, j'étais toute jeune. Et pendant l'entretien, il me pose des questions auxquelles je ne m'attendais pas, parce qu'on ne se préparait pas suffisamment. Puis lui, c'était un directeur commercial, donc habitué à challenger, à poser des questions, etc. Et il me met devant un PC et me demande de faire des formules sur Excel parce que moi, forcément, je lui avais dit que j'étais... T'avais menti ? Non, je n'avais pas menti. Mais non, mais il m'a dit quand vous connaissez Excel. Oui, je connais Excel. Mais il a commencé à me demander des formules que j'étais incapable de faire. Et donc, je me suis sentie un petit peu en difficulté. Donc ça, c'est un entretien de recrutement jeune qui m'a bien marquée et qui m'a du coup aidée à préparer les suivants parce que... Ça m'a permis ensuite de mieux me préparer parce que j'en ai passé pas mal des recrutements, des entretiens de recrutement. J'ai souvent changé d'entreprise ou j'ai souvent évolué en interne et du coup, des entretiens, j'en ai connu pas mal. Et puis en tant que DRH, j'en ai fait, si passé un certain nombre, mais j'en ai moi-même connu de nombreux.

  • Speaker #4

    Et t'avais quel âge pour l'entretien que tu as passé, celui dont tu parles ?

  • Speaker #2

    Bah là, celui dont je te parle, c'était pour rentrer en école de commerce. Je ne sais pas, j'avais le bac, ouais, j'avais 21 ans peut-être. Ah oui, ouais, t'étais jeune.

  • Speaker #4

    Ah oui ?

  • Speaker #2

    Oui, j'étais toute jeune. Alors, j'avais déjà fait de l'alternance, puisque j'avais repris un BTS en alternance à l'époque. À l'époque, ça fait vieux quand je dis ça. J'admets. Mais néanmoins, il n'y avait pas beaucoup de formations en alternance. Aujourd'hui, il n'y a que ça, ça foisonne de partout. Et d'ailleurs, ça laisse beaucoup de jeunes sur le carreau pour trouver. Mais en tous les cas, à l'époque, effectivement, à part des formations manuelles, sur d'autres types de formations, il n'y avait pas énormément d'alternance. Et donc, j'avais repris en BTS pour pouvoir repartir sur d'alternance. Donc, j'avais déjà fait mon BTS. Et là, je rentrais sur un bac plus 3, bac plus 4. Donc, oui, j'avais un peu plus de 20 ans. Ah ouais,

  • Speaker #4

    jeunette. Et c'est quoi les questions ? Quelles sont les questions qui t'ont le plus marqué en entretien ? Où là, soit tu as répondu de façon très... avec beaucoup d'aisance, ou soit des questions avec lesquelles tu as botté en touchant. Moi, je sais que... Je t'ai dit, moi j'en ai une, mais je te la poserai vraiment à la fin de l'émission.

  • Speaker #2

    Moi, ce qui m'a toujours gênée, parce que des questions sympas ou faciles, ce n'est pas celles qui te restent, je pense, à l'esprit, parce que du coup, elles ne te mettent pas forcément en difficulté particulièrement. Moi, je me rappelle d'un cabinet parisien, plus tard dans ma carrière, je devais peut-être plutôt avoir une trentaine d'années, j'étais encore assez jeune, mais qui est rentré, c'est un vieux briscard, gros cabinet parisien. hyper cossue, qui a une moquette épaisse.

  • Speaker #4

    Qui appréciade.

  • Speaker #2

    Et je l'ai trouvé détestable en entretien. Il est rentré sur des sujets persos. Et ça, il m'est rentré dans des sujets persos, très persos, en fait. Pourquoi je n'avais pas encore d'enfants à mon âge, etc. Et là, j'ai senti de l'inconfort. Vraiment. J'ai trouvé que c'était intrusif. Aujourd'hui, ce n'est plus autorisé. Je sais qu'il y a des gens qui continuent d'avoir ce genre de pratiques. Mais je suis toujours très vigilante à ça. Je l'ai été longtemps dans toute ma carrière. Et je taclais souvent mes managers quand on faisait des entretiens en binôme pour leur dire « non, mais combien il a d'enfants et ceci ? » Ce n'est pas le sujet en fait. Ce n'est pas là les compétences ou la motivation, le potentiel du candidat. Et moi, j'ai subi deux entretiens assez durs dans ma vie parce que c'est venu attaquer le personnel pour ce cabinet-là. Et une autre fois, une femme en entretien aussi, qui m'a dit « mais en fait, vous êtes instable » . Alors, j'ai trouvé ça assez agressif, mais en fait, je comprends aujourd'hui, parce que j'ai eu un parcours un peu atypique, où j'ai effectivement changé assez souvent d'entreprise, parce que j'avais besoin de me nourrir, j'ai besoin de diversité, et puis les évolutions qu'on me proposait parfois ne me correspondaient pas, ou en tout cas, j'ai eu des opportunités qui font que j'ai souvent changé d'entreprise. Avec un run court, 3-4 ans, et j'entends qu'on puisse me dire, effectivement, ça paraît instable. Mais je l'avais trouvée agressive et un peu violente, parce qu'il y avait une vraie cohérence dans le parcours, il y avait un fil rouge, à chaque fois c'était une étape d'évolution, ou la possibilité de s'ouvrir à autre chose. Et elle avait été assez dure dans son propos. Ça, ça m'avait marquée.

  • Speaker #4

    c'est sûr que quand on te dit que tu es que que tu es instable parce que justement tu changes beaucoup d'entreprises. Comme tu le dis, il y a un fil rouge et tu avais besoin de te nourrir. Tu l'exprimes très clairement.

  • Speaker #2

    Oui, oui. Puis j'ai plutôt une personnalité fidèle. Je suis quelqu'un fidèle dans la durée, dans mes relations, en amitié, etc. Ou dans le travail. J'entretiens tout ça avec les gens et me qualifier d'instable, j'avais trouvé ça assez violent à ce moment-là. C'était sans doute pour me déstabiliser. mais... Mais ça démontrait déjà à l'époque qu'on aimait bien mettre les gens dans les cases et moi, je ne rentrais pas dans des cases standard.

  • Speaker #4

    Tu as pu lui répondre à cette dame quand elle t'a dit ça ou tu as été déstabilisée et du coup, tu n'as pas forcément rétorqué ?

  • Speaker #2

    J'ai répondu, mais plus sur le mode défensif, en fait, parce que je me suis sentie agressée. Donc oui, j'ai répondu parce que j'ai plutôt un peu de répartie, mais en fait, je l'ai mal vécu. Et après coup, quand j'ai analysé, j'ai dit, c'est peut-être... Ce n'est pas ça que j'aurais dû lui répondre ou j'aurais dû peut-être argumenter différemment. Mais j'étais un peu déstabilisée effectivement sur le coup parce que ce n'était pas du tout l'image en plus que moi j'avais de moi-même à ce moment-là. Encore une fois, je me vois plutôt comme quelqu'un qui entretient dans la durée de fidèle, etc. Et elle venait de me qualifier avec un adjectif qui me choquait. Donc déstabilisée, mais j'ai argumenté bien entendu, mais pas très bien je pense. Je n'ai pas été retenue d'ailleurs sur le poste.

  • Speaker #4

    Est-ce que tu y serais allée, même si tu avais été retenue ? C'est ça, mais après on ne saura jamais.

  • Speaker #2

    C'était un cabinet de recrutement. Donc, tu sais, les recruteurs, ce n'est pas avec eux que tu bosses après. Donc, ça reste un jeu de rôle et une étape qu'il faut passer, qui est rarement la plus agréable. Mais ce n'est pas ton manager de demain. Donc, en fait, ce n'est pas très grave. Mais le problème, c'est qu'il faut déjà les séduire eux. pour qu'ils te laissent accéder au véritable poste, au véritable dirigeant, manager ou autre. Donc ça reste un jeu de rôle et de séduction indispensable dans le processus. Donc je pense qu'elle m'a blacklistée. J'ai jamais vu le fil.

  • Speaker #4

    Ça t'a permis aujourd'hui d'être DRH à ton tour et chef d'entreprise. Marielle, même si tu y es un petit peu... Ah, excuse-moi, tu voulais...

  • Speaker #2

    Non, non, non, mais oui, effectivement, ça ne m'a pas empêchée. Ce n'est pas parce qu'on loupe un processus de recrutement ou un job qu'il n'y a pas d'autres opportunités. Donc voilà, ça, c'est des rencontres qui ne devaient pas se faire. Et puis c'est tout, mais ça n'empêche pas aujourd'hui, effectivement, d'avoir... Une belle carrière en tant que DRH et aujourd'hui d'avoir ma société, effectivement.

  • Speaker #4

    Tout à fait. Et Marielle, même si tu y as un petit peu répondu, c'est quoi ton trop ou ton pas assez qu'on t'a déjà fait remarquer dans le monde du travail ? Tu disais instable, mais est-ce que c'est revenu souvent ?

  • Speaker #2

    Plus j'avançais en fait en tant que salariée, plus ça revenait puisque je continuais sur mon run de changement. Donc forcément, ça ne s'est pas amélioré avec les années. Après, le trop, je pense que mon caractère aussi, plutôt direct. Moi, j'ai toujours été quelqu'un très terrain dans l'industrie. Donc, si tu veux, pour parler avec les gens du terrain, il faut se dire les choses. Et des fois, je manquais peut-être de sens politique ou stratégique parfois. Et puis, le pas assez. Qu'est-ce que je n'aurais pas eu assez ? Je ne sais pas.

  • Speaker #4

    Après, si ça ne te vient pas, ce n'est pas grave. Mais c'est vrai que généralement, c'est toujours... C'est vrai que quand tu as un profil, on va dire, expérimenté, tu es le trop. Quand tu es plus jeune, tu es le pas assez. Donc, c'est ce que j'ai remarqué.

  • Speaker #2

    Moi, souvent, je fais un parallèle avec les ventes de maisons. En fait, les gens, ils viennent visiter ta maison que tu as mis en vente et en fait, ils trouvent toujours tous un défaut, un ceci, un cela. Et c'est chacun indifférent. Un coup, c'est ceci. Un coup, c'est la cuisine. Un coup, c'est le garage. Un coup, c'est le jardin. Un coup, c'est l'orientation. Bref, il y a toujours un sujet pour pas qu'ils te l'achètent. Et j'entends, c'est leur choix. Mais en fait, dans les entretiens de recrutement ou de sélection, c'est toujours ça. ils te reprochent. Oui, ils te font remonter du trop ou du pas assez systématiquement et d'un entretien à l'autre ou d'une personne à l'autre, ce ne sont pas forcément les mêmes tendances. Donc, il faut prendre beaucoup de recul, je pense, par rapport à ça.

  • Speaker #4

    Oui, c'est compliqué, mais effectivement, prendre du recul, ça permet de mieux digérer un petit peu les remarques qu'on t'a faites, mais c'est surtout de se dire, est-ce que j'ai besoin de me coller cette étiquette qu'on vient de me donner ? C'est vrai que, bon, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un peu les choses. et que j'arrivais à prendre le recul parce que, comme toi, j'avais cette étiquette d'instable, et crois-moi que c'était difficile de m'en défaire. Est-ce qu'il y a un moment durant ton parcours, Marielle, où tu t'es sentie illégitime, pas à ta place ?

  • Speaker #2

    Illégitime, je ne pense pas. Après, mon syndrome de l'imposteur revenait assez souvent parce qu'il fait partie de moi, et du coup, j'ai dû bosser souvent plus. pour peut-être démontrer, faire mes preuves. J'ai commencé dans l'industrie, terrain très syndiqué, milieu industriel fort, etc. J'étais la seule femme du Codire, j'étais jeune. Enfin voilà, j'avais beaucoup de handicap vu sur le papier parce qu'effectivement... entourée d'hommes et dans l'industrie, et relativement jeune. Donc, je pense que j'ai dû bosser parfois deux fois plus que certains. J'ai toujours été la moins bien payée du Codire. Puis, en tant que RH, j'avais accès aux payes. Donc, je me dis sans doute possible. J'ai systématiquement été effectivement la dernière du peloton parce que le poste de DRH n'était pas valorisé et parce que j'étais une femme et parce que j'étais jeune et ceci, cela. Donc... Ilégitime, non, mais pas reconnu, certainement.

  • Speaker #4

    Parce que, effectivement, comme tu disais, tu étais une femme dans un milieu d'hommes, jeune. Tu cumulais les handicaps. Et ça, c'est compliqué de se faire sa place. Mais moi, je pense surtout à quand on a une promotion interne au sein d'une entreprise, c'est compliqué de se sentir légitime.

  • Speaker #2

    Oui, oui, complètement. Et c'est un travail à faire aussi avec soi, d'accepter. On a tous un plafond de verre et qu'on a tous des limites parce qu'on en a tous, quoi qu'on en dise. On n'est pas capable de tout, même si des fois, on a des envies. On ne peut pas tout faire. Et il y a certains postes qui peuvent parfois être trop gros. J'ai pris un poste une fois où j'ai regretté. Alors, je sais qu'il ne faut pas avoir de regrets. Et finalement, ça a coloré aussi la suite de ma carrière et ça m'a fait beaucoup grandir. Mais très vite, on m'a demandé de faire du plan social avec des fermetures de sites, avec des grosses grèves, etc. Ça a été très, très dur pour moi émotionnellement. Et c'est là où j'ai senti aussi mes limites.

  • Speaker #4

    Tu disais au début de l'émission que tu as eu plusieurs expériences diverses et variées, mais que toutes ces expériences, il y avait un fil rouge qui les reliait. C'est quoi ton fil rouge, Marielle ?

  • Speaker #2

    Mon fil rouge personnel, c'était comment je grandis, comment je progresse et qu'est-ce que j'apprends à chaque étape. Moi, je n'ai pas forcément couru les responsabilités, les gros salaires ou les grosses boîtes. Ce n'était pas forcément ma stratégie. Mais c'était à chaque fois que je vais dans une entreprise, qu'est-ce que je vais apprendre ? Qu'est-ce que ça va m'apporter à moi ? Qu'est-ce qui va me permettre de grandir dans ce nouveau job, dans ce nouvel environnement ? C'est quoi les challenges qui sont proposés et qui vont m'être utiles pour l'étape d'après en fait ? Donc souvent j'essayais d'avoir une vision avec deux jalons en fait. C'est je prends ce poste-là, comme ça je vais acquérir telle et telle connaissance, telle et telle compétence. Ce qui me permettra peut-être d'accéder du coup à ce poste-là après. Des fois, ça se produisait, des fois, ça ne se produisait pas. Mais moi, c'était ça dont j'avais besoin. Et puis, de me projeter avec le manager. Avant de créer Calicence, j'ai fait un petit bilan comme ça en me disant « Alors, combien tu as eu de managers dans ta carrière de RH ? » J'en ai eu pas mal du coup, puisque j'ai changé de boîte. Puis des fois, dans certains groupes, je changeais de manager sans changer de job. Donc, J'en ai eu pas mal, j'en ai pas eu beaucoup qui étaient bons.

  • Speaker #4

    Ah ouais, tu dis ça comme ça ?

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez affligeant quand j'ai fait le calcul du nombre de managers que j'ai eus et du nombre qui m'ont vraiment apporté, fait confiance, fait grandir, avec qui j'avais envie de bosser, qui me tiraient vers le haut. Il n'y en a pas eu tant que ça.

  • Speaker #4

    Et comment toi, tu as pu progresser ? Alors, comment tu as trouvé ton axe de progression ?

  • Speaker #2

    Quand ça se passait bien avec les managers, avec mon équipe, c'était assez facile. Ça porte, ça aide, c'est toujours super chouette. Après, quand ça se passait vraiment trop mal, que ça me générait trop de frustration ou de colère, manque d'alignement de valeur, etc., je partais.

  • Speaker #4

    Oui, tout simplement.

  • Speaker #2

    Et puis après, ma stratégie, et ça, c'est les grands groupes qui peuvent apporter ça, c'est d'avoir des managers à distance. Donc, ma stratégie, ça a été de me tourner vers l'international et d'avoir des DRH Europe ou autres qui étaient à l'étranger. Et du coup, moi, en France, j'étais autonome. On faisait des visios, allez, une fois tous les 15 jours. Et ça me suffisait. Comme ça, j'étais autonome sur mon périmètre et j'avançais comme... Comme je voulais, j'avais moins le poids de la contrainte managériale.

  • Speaker #4

    La soif de liberté.

  • Speaker #2

    On retrouve mon petit côté rebelle de l'adolescente.

  • Speaker #4

    C'est ce que j'allais dire. Maintenant, je te propose qu'on tourne la page et qu'on arrive sur les photos du présent. Là, c'est la photo d'aujourd'hui, celle de ton entreprise, de ton engagement. Et puis, il y a toujours cette question essentielle d'actualité. Comment fait-on pour redonner leur juste place aux profils expérimentés ? Quelle licence c'est quoi Marielle, si tu devais nous raconter cette histoire simplement ?

  • Speaker #2

    C'est une magnifique aventure qui a commencé en 2019 et l'ADN de départ c'était de me dire comment je peux aider les personnes qui sont comme moi, un peu différentes, un peu atypiques, mais surtout qui veulent travailler différemment. Parce qu'à cette époque-là, déjà je me disais... Le CDI, ce n'est pas forcément l'unique solution et ce n'est pas la seule option qui se présente à nous, notamment pour des profils cadres, mais pour d'autres profils également. Mais surtout pour les profils cadres, j'avais le sentiment que les entreprises avaient besoin de flexibilité et que j'avais dans mon réseau et mon entourage des gens finalement qui me ressemblaient. qui avaient envie de cette diversité, de variété dans les missions d'apprentissage et qui avaient engrangé au fil des années et d'années de carrière des compétences multiples qu'ils souhaitaient mettre à disposition des entreprises, mais avec des formats flexibles. Donc c'est vraiment l'ADN de départ, c'est comment proposer d'accompagner ces personnes-là. Et dans ce cadre-là, j'ai créé ma propre structure de portage salarial, plus cabinet de conseil, plus organisme de formation, vraiment pour outiller toutes ces personnes-là. Donc aujourd'hui, j'accompagne des indépendants avec un statut de salarié, en grande partie, mais surtout, je suis restée... un pied sur le terrain auprès de mes clients entreprises pour essayer d'aller prêcher un peu la bonne parole et de leur dire qu'il y a des solutions pour accéder à des profils expérimentés disponibles sur le marché, qui peuvent vous apporter plein de compétences différentes et qui peuvent vous accompagner sur un bout de chemin, sur des formats très variables. Ça peut être du management de transition, ça peut être du conseil, ça peut être du temps partagé. Il y a plein de formats aujourd'hui possibles. Et même les plus petites entreprises peuvent accéder à ces profils-là. Ce n'est pas réservé aux grands groupes. Il faut juste l'ajuster et le calibrer de la bonne façon. Donc aujourd'hui, on est un peu plus de 70 personnes chez Calisens. On travaille principalement sur le territoire ouest de la France, même si avec la digitalisation, aujourd'hui, on est capable d'accompagner tout le monde en France, de facturer à l'étranger, etc. Les outils nous aident beaucoup pour ça. mais effectivement on accompagne les personnes qui veulent travailler autrement et donc tu travailles beaucoup avec des profils expérimentés,

  • Speaker #4

    souvent des seniors j'allais dire même bien souvent des seniors qu'est-ce que tu aimes chez eux ?

  • Speaker #2

    déjà moi-même si on regarde le code du travail je suis senior depuis mes 45 ans c'est assez ridicule en le disant mais effectivement on devient senior à 45 ans alors qu'il nous reste au moins 20 ans à faire. Non, mais moi, j'aimais bien ces profils-là pour plusieurs raisons. Déjà, ils ont souvent de très beaux parcours. Ils ont une maturité. Ils ont de nombreuses compétences. Ils ont un regard aussi sur l'entreprise et sur la vie qui est forcément différent des jeunes. L'âge faisant, on évolue avec tout ça. Et puis... Et puis j'ai aussi bien conscience que parfois, rebondir à un certain âge peut être très compliqué. On a quand même en France un taux d'emploi des seniors qui est inférieur à 60%, je crois que j'ai 58% en tête. On est en retard par rapport à nos confrères européens, on n'est pas bon dans le classement. On a beau faire une loi senior et mettre des choses en place, c'est quand même encore très compliqué aujourd'hui pour un senior. parfois de rebondir en fin de carrière. Et je trouvais que du coup, leur proposer des nouveaux formats de travail qui pourraient séduire les entreprises était une façon pour eux aussi de transmettre leurs compétences, d'apporter, de se sentir utile et de continuer leur carrière professionnelle.

  • Speaker #4

    Et à ton avis, pourquoi a-t-on encore du mal à leur faire une vraie place dans les entreprises ?

  • Speaker #2

    Parce qu'on est plein de préjugés. Tu sais, en France, il faut rentrer dans des cases, il faut encore un diplôme, il faut connaître le même secteur d'activité. On n'est pas forcément très, très ouvert, pas tout le temps, en tous les cas. Heureusement, j'ai des gens dans mon réseau qui ne sont pas ainsi et arrivent à faire des pas de côté, à tenter des expériences. Mais on aime bien prendre une décision rassurante quand on recrute. C'est aussi pour ça que les formats flexibles, permettent le droit à l'erreur aussi. Un process de recrutement, ce n'est pas une valeur absolue de fiabilité. Je pense que oui, ils ont peur d'avoir des gens déconnectés qui ne vont pas assez vite ou qui vont apporter, qui vont coûter trop cher. Ils vont être souvent malades. Je l'ai entendu. Voilà, il va commencer à y avoir... Oui, alors entre 30 et 40, on dit, il va y avoir les congés mat. à 50, on va dire qu'il y a la ménopause et puis après, elle est trop vieille, elle a de l'arthrite. Non, mais il y a toujours une bonne raison, c'est comme la maison tout à l'heure, il y a toujours une bonne raison pour parcruter un senior ou un junior ou quelqu'un qui sera en situation de handicap ou une femme en âge d'avoir des enfants, etc. Donc,

  • Speaker #0

    Je pense que ce sont des préjugés, un manque de flexibilité. Et pour autant, ces personnes qui sont sur leur dernière partie de carrière ont énormément apporté aux entreprises, aux nouvelles générations qui arrivent. Il y a une transmission des savoirs colossale à structurer dans bon nombre d'entreprises. Et aujourd'hui, c'est eux qui portent les connaissances. Ça manque sans doute un petit peu d'ouverture ou de risque. Après, on a vu faire des très, très beaux reprises, moi et des seniors. Il y a des belles histoires, des belles réussites. Heureusement qu'il y a des gens qui font confiance et qui s'ouvrent. Moi, je leur dis souvent... Alors avant, c'était difficile de retrouver un job après 50 ans. Ça s'est un petit peu décalé, mais passé 55, ça commence vraiment à piquer. Mais moi, je leur dis, à 55, ils ont encore quand même 10 ans à faire. 10 ans à faire, c'est une belle tranche de vie quand même, 10 ans.

  • Speaker #1

    Oui, 10 ans à faire, effectivement, puisque l'âge du départ à la retraite est à 64 ans. 65, mais bon, d'ici là, ça peut encore changer. Mais là, c'est 64. Et effectivement, on parle même de 67. Donc oui, j'imagine. Et si tu pouvais casser un cliché sur les seniors au travail, ce serait lequel ? Il y en a tellement, c'est ça.

  • Speaker #0

    Oui, je vois des gens hyper engagés, hyper investis, qui ont des compétences multiples. Ils arrivent aussi à un âge où la maison est payée, les enfants sont grands. Ils peuvent parfois retrouver de la disponibilité en termes d'engagement, de valeur travail, etc. Ce sont des gens qui ont une éducation aussi avec souvent des fondamentaux de respect, de bienveillance qu'on ne trouve parfois pas. toujours avec les nouvelles générations. Et du coup, c'est quand même... Voilà, on se cache derrière des choses de vieillerie. Moi, j'ai des gens qui sont beaucoup de seniors dans l'équipe qui sont beaucoup plus affûtés que moi sur l'IA ou sur certains sujets parce qu'ils se sont emparés des choses, ils sont intéressés et ils sont moteurs. Donc, il ne faut pas faire de généralité. Il peut y avoir des seniors qui sont en décalage, qui sont... Voilà. Mais encore une fois, on est en train de faire des généralités, on préjuge et on met les gens dans des cases. Il y a des gens très très bien, quel que soit l'âge, c'est beaucoup dans la tête aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Même si le vieillissement fait partie des enjeux qui vont être des vrais sujets de société avec un grand S, mais avec un petit S aussi, ou le vieillissement de la population qui va devoir travailler plus tard. Quand je regarde mes parents, à quel âge ils étaient en retraite, et puis moi, ma projection...

  • Speaker #1

    Tu arrives à te projeter ?

  • Speaker #0

    J'ai quand même travaillé X années de plus. Et effectivement, le corps vieillit. On a aujourd'hui des statistiques de santé. L'âge moyen en bonne santé n'est pas très élevé. Je crois qu'il est à 62 ans. Donc, si tu te dis que tu pars en retraite à 64, dans quel état tu es ? que notre alimentation, la pollution, notre sédentarité croissante, etc., font qu'aujourd'hui nos corps s'amenuisent en termes de matière osseuse, de musculature, etc. Et donc on va être aussi moins résistant à tout ça. Alors peut-être que la technologie viendra aider les postes à faux facteurs de pénibilité, et peut-être que l'IA aidera, même intellectuellement, à nous faire gagner du temps sur des tâches, etc. Il y a sans doute... Plein de choses qui vont se transformer dans les prochaines années de manière exponentielle. Et on ne peut pas présager de quoi que ce soit. Mais en tous les cas, il va falloir prendre soin de cette tranche de la population. Parce qu'elle a encore beaucoup à apporter. Et de toute façon, elle a besoin de travailler. Si on veut parler de notre système collectif, à un moment donné, on ne peut pas mettre les seniors au placard.

  • Speaker #1

    Ils arrivent, les seniors, à garder confiance quand ils ne trouvent pas de travail. C'est dur, comme tout le monde.

  • Speaker #0

    Mais ça dépend. Comme tout le monde, effectivement, j'ai des juniors ou des gens en milieu de carrière qui, des fois, s'interrogent. C'est toujours une question de temps, en fait. La confiance, elle s'amenuise au fil du temps. Donc, un échec, un deuxième, ou une déception, une deuxième, ça passe, ça se gère, c'est jamais agréable et tout le monde a connu ça. C'est quand ça dure. C'est quand, à force de candidature, d'entretien, tu es toujours le deuxième couteau. Des fois, tu as le sentiment d'avoir été le lièvre. Et puis au final, on a aussi aujourd'hui des manières de recruter qui sont de moins en moins respectueuses des candidats. On ne fait pas de retour, on ne tient pas informé. C'est devenu un marché un peu particulier aussi, je trouve. Et oui, je vois des fois des gens qui baissent un petit peu les bras parce qu'ils se remettent en cause.

  • Speaker #1

    Oui, puis l'âge.

  • Speaker #0

    Alors que ce n'est pas eux le problème. Et puis,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce frein à l'âge. Oui, de toute façon, je suis trop vieux, trop vieille. Et c'est sûr qu'à côté d'un junior, on va privilégier un candidat beaucoup plus jeune parce qu'il y a plus à offrir, etc. Alors que les deux générations ont des choses différentes à apporter. Donc, c'est vrai que ça peut être justement intéressant. d'intégrer des juniors et des seniors dans une entreprise. Pour moi, c'est une diversité de profil.

  • Speaker #0

    Dans une équipe, je me l'appliquais à moi-même, mais à mes managers, c'était le même discours. C'est d'ayez des équipes où vous allez intégrer la diversité, parce qu'elle sera plus riche. Alors peut-être que c'est moins facile à manager, parce qu'il faut s'adapter, parce qu'il faut beaucoup communiquer, parce que ça demande peut-être plus de temps et d'énergie. Néanmoins, vous allez aller deux fois plus loin parce que vous allez avoir de meilleures idées, vous allez pouvoir travailler différemment. Alors qu'on a tendance à chercher notre clone, la personne avec qui ça va être super fluide, qui nous ressemble, voire qui est un peu moins bon que nous. Je dis mais non, prends quelqu'un qui est meilleur que toi. Il va t'avancer des sujets sur lesquels toi, tu peux être des fois un petit peu juste et toi, tu vas te concentrer sur d'autres choses. Tu auras plus de temps à consacrer à ton équipe ou à la personne qui est un petit peu moins agile. Donc prenez des... faites des recrutements avec de la diversité de profils, de parcours, d'âge. L'intergénérationnel, c'est hyper puissant. Et dans les deux sens, on peut faire du mentorat avec les seniors, mais on peut aussi faire du reverse mentoring avec les juniors qui, eux, aujourd'hui, sont hyper agiles avec les outils digitaux, par exemple, pour la plupart, et peuvent apporter, par exemple, beaucoup de choses, effectivement, même aux seniors sur certains sujets. Donc, il y a encore une fois... Un temps pour tout et des valeurs et des compétences à tout âge qu'il est bon de confronter et de rassembler.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils t'apprennent ces seniors dans ton quotidien de chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Que j'ai encore plein de compétences à travailler, à acquérir, qu'il y a tellement de diversité dans les parcours. J'échange avec des gens qui ont des parcours. cours trop chouettes ou très difficiles. Enfin, voilà, on a tous un sac à dos à porter. Mais voilà, je fais des très, très belles rencontres. Et ce qui m'apporte, c'est effectivement la conviction qu'on est tous une personne unique avec un parcours de vie et on peut tous apporter quelque chose à quelqu'un ou à une entreprise. Et que c'est possible, en fait. Et qu'il ne faut surtout pas baisser les mains.

  • Speaker #1

    On referme doucement les photos du présent et on tourne la page vers la suite de l'album. Mais sur cette page, il y a celle du futur, ce que tu veux construire, transmettre et inspirer. Mais d'abord, je vais remonter quelques minutes dans le passé. Quand tu regardes ton parcours, c'est quoi ton bof ? Ce que tu referais autrement ? Et c'est quoi ton ouf ? Le moment dont tu es la plus fière ?

  • Speaker #0

    Le bof, je te dis, c'est ce que je t'évoquais, j'ai quand même fait des choix parfois d'entreprise. On m'a vendu du rêve en fait. Il y a eu un effet marketing RH où on m'a vendu certains postes qui en fait étaient loin d'être la réalité. Donc je me dis que parfois j'ai eu le choix et j'ai peut-être pas fait le bon choix. Après c'est le chemin, c'était le mien et puis ça m'a forcément appris des choses. Après, j'aimerais bien continuer à maintenir mon niveau d'anglais parce que je parlais beaucoup anglais dans mes postes. Et voilà, bof aujourd'hui parce que je ne travaille plus du tout. On le perd vite. C'est frustrant. On le perd super vite. Ça revient vite aussi quand on doit s'y remettre, mais ça demande pas mal d'efforts. Et puis sur les fiertés, c'est une fierté. Fierté un peu globale de dire, attends, finalement, tu t'es cherché pendant plusieurs années, tu as trouvé ensuite ta voie et par petit saut de puce, finalement, tu as réussi à avoir aujourd'hui une légitimité dans ta posture de RH, une légitimité dans ta posture de chef d'entreprise et de manager. Donc ça, c'est plutôt une fierté. Mais il en reste encore tellement à faire que de toute façon... On reparlera sur mon lit de mort. Mais voilà. Oui, je pense que globalement, les réussites, elles se mesurent par petites touches, en fait. Moi, ce qui me touche, c'est quand les gens me rappellent ou quand les gens me font son reconnaissant. Ma réussite personnelle, en soi, ça n'a pas trop de valeur intrinsèque. Ce qui me fait plaisir, c'est quand les gens... Voilà. reconnaissent que tu étais un bon manager ou que tu as apporté des choses dans un poste. Je croise encore des gens que j'ai managés ou que j'ai accompagnés dans les entreprises et qui font des retours. On ne plaît jamais à tout le monde. Et c'est ça qui est positif. C'est de savoir que j'ai pu aider des gens, que je les ai accompagnés à un moment donné. Ce besoin d'utilité, de se sentir utile.

  • Speaker #1

    Donc tu te sens utile.

  • Speaker #0

    Pas tout le temps, pas tous les jours. Mais oui, si je dois regarder globalement, quand tu me dis de regarder par-dessus mon épaule, oui, je pense que j'ai clairement pu aider des gens à un moment donné et apporter quelque chose. Donc, c'est tout ce qui compte. Après, je ne l'ai peut-être pas fait assez, mais en tout cas, on continue à le faire aujourd'hui avec Calissance, avec ces personnes qu'on accompagne, en amont de leur projet, pendant leur projet. On fait pas mal de mécénats de compétences et on intervient beaucoup dans des associations, auprès de contacts, pour vraiment donner et accompagner. C'est vraiment le socle pour nous, donc je pense que c'est plutôt réussi.

  • Speaker #1

    Si tu avais une baguette magique, Marielle, pour changer une seule chose dans le monde du travail, tu ferais quoi ? Une seule, tu ne triches pas.

  • Speaker #0

    J'en ai déjà trois ou quatre qui me viennent à l'esprit. Tu as bien fait d'insister. Une seule, je vais peut-être retenir l'ouverture, la flexibilité. Je pense qu'on ne va pas y arriver si on n'arrive pas à comprendre qu'il faut qu'on soit plus ouvert avec les gens, plus ouvert avec les formats, plus ouvert dans notre posture managériale, plus ouvert sur les solutions. On a quand même trop tendance, encore une fois, à se réfugier vers des schémas déjà expérimentés. Et parfois, on ne prend pas assez de risques. Donc, plus d'ouverture vers les gens, vers les autres et vers les solutions qui existent. Ouverture, ça me va, ça.

  • Speaker #1

    Et tu te vois où dans cinq ans ? Ça, c'est la question qui tue. Voilà, ça, c'était ma question. J'ai beauté en touche et j'adore. Aujourd'hui, je me venge.

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai aucune idée. ce que Ce que je sais aujourd'hui, mais ce ne sera peut-être pas le cas parce que je sais que la vie est pleine de surprises, de rencontres, d'opportunités, j'ai la conviction profonde aujourd'hui que je serai toujours à la tête de Calisense, Calisense qui aura évolué, l'équipe se sera agrandie, sans doute avec un business model différent parce qu'on va devoir s'ajuster en permanence à ce qui va nous arriver dans les prochaines années. Et ça pourrait être assez fort sur certains sujets, la transition écologique, les nouvelles technologies, tous ces sujets-là vont quand même devoir nécessiter beaucoup d'adaptation de notre part. Et puis très vite, je vais commencer à penser à la transmission, c'est-à-dire qu'à un moment donné, il faudra céder l'entreprise, il faudra passer le flambeau, et ça va demander des années de préparation. Donc c'est comment, oui, dans cinq ans, je... Je pense que je commencerai à revoir mon business model ou mon modèle économique aussi pour intégrer un ou une associée ou des partenaires ou passer en scope. Il y a plein de schémas possibles en tous les cas. Mais en tout cas, ce sera qu'à licence et toujours dans cette même veine d'accompagnement. J'imagine en tout cas, j'espère.

  • Speaker #1

    Tu as bien répondu à la question, mais au début, c'était mal engagé. Tu as dit, j'en ai aucune idée.

  • Speaker #0

    Tu aurais répondu ça en entretien. J'ai aucune certitude, parce que je sais aussi que mon parcours a été... été, encore une fois, rythmée. Et ça fait déjà presque sept ans que j'ai créé Calisense. Donc là, je suis sur un run hyper...

  • Speaker #1

    Tu seras peut-être gynécologue.

  • Speaker #0

    Ben, écoute, là, il y a quelques années d'études quand même à faire. Mais non, maintenant, parce qu'en fait, ça, c'était vraiment un truc de gamine. Voilà. Mais non, non. Aujourd'hui, je ne pourrais pas du tout l'envisager. Il y a des métiers comme ça, après coup, où tu te dis « Ah ben non, mais je me serais... » Je n'aurais pas pu être prof, je n'aurais pas pu être dans la médecine, je n'aurais pas pu... Il y a des choses comme ça.

  • Speaker #1

    Donc plutôt dans la transmission, enfin du moins revoir ton business model et la transmission après ton entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, et puis continuer à développer l'accompagnement, démocratiser les nouvelles façons de travailler. Je pense qu'il y a des vrais enjeux par rapport à ça. Il y a des besoins, il y a des envies. Moi, je reste convaincue que le CDI va être en perte de vitesse et qu'il faut qu'on s'adapte avec les plus jeunes, notamment, qui vont pousser encore plus fort que nous aujourd'hui. Donc, il y a des enjeux de diversité, d'inclusion. Il y a tous ces sujets-là, à mon avis, qui vont faire sens. Et nous, en tant que dirigeants, il va falloir qu'on s'adapte en permanence à tout ça.

  • Speaker #1

    Et dernière question pour clôturer cet échange. Qu'aurais-tu envie de dire aux personnes qui nous écoutent, qui doutent de leur avenir ? et qui n'arrivent pas à avoir de la visibilité.

  • Speaker #0

    Quand ça m'est arrivé, et plusieurs fois dans ma vie, parce qu'il y a eu des déceptions, il y a eu des écueils, j'ai connu une année de chômage qui a été particulièrement difficile, etc. Donc... Quand on est dedans, on a tendance à baisser les bras, mais à se dire que ça va être difficile, voire inatteignable. Et on a tendance à se laisser peut-être un petit peu décliner en termes de morale. Continuer à y croire parce qu'on a tous des bonnes étoiles, mais aussi surtout des compétences qui séduiront quelqu'un à un moment donné. Donc ne lâchez rien. Et continuez à sortir, à apprendre, à rencontrer des gens. Moi, je suis convaincue que la force du réseau, c'est un vrai atout. Donc, astreignez-vous à voir des gens, à rester positif et à apprendre. Continuez intellectuellement à vous alimenter parce que ça finit toujours par arriver. Et ne restez pas dans les schémas classiques. Peut-être prenez-vous aussi l'initiative de faire un pas de côté et réfléchissez à d'autres solutions. Parce qu'à un moment donné, cette solution-là, que vous pensez être la meilleure, n'est peut-être pas la meilleure pour vous. Voilà, et il faut peut-être vous-même faire un pas de côté. On ne peut pas demander aux autres de faire preuve d'ouverture si nous-mêmes, on n'en fait pas preuve. Ne baissez pas les bras, ne lâchez rien. Il faut y croire parce que ça finit toujours par arriver. Et parfois, sur des processus de recrutement qui ont été très pénibles et longs, j'ai assez souvent des gens qui me disent « j'ai rien eu pendant des mois, ça a été une succession d'écueils, d'échecs, de déceptions. » Et au final, maintenant j'ai le choix entre deux et je ne sais pas laquelle choisir. C'est le choix du roi, mais en tout cas, ne lâchez rien. Et puis, soyez entourés, sortez, voyez du monde, bougez-vous, vous laissez pas abattre.

  • Speaker #1

    Et avant de couper nos micros, Marielle, est-ce que tu peux nous rappeler où est située Calicence ? Comment on peut te contacter pour qu'on puisse donner un petit peu tes coordonnées ?

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir. J'ai un site internet calicence.fr sur lequel vous allez trouver beaucoup d'informations sur nos activités. notamment sur le portage salarial qui est un statut hybride qui est en plein essor. Vous pouvez déposer un CV dans notre Talentec digital pour qu'on puisse avoir connaissance de votre recherche, de votre profil et ça vous donne accès à nos agendas en ligne pour pouvoir organiser une visio et nous rencontrer, que ce soit ma collègue Marjorie ou moi-même. Et donc vous avez toutes les infos en passant par notre site. Forcément, il y a une page LinkedIn qui a licence. et mon compte personnel Calicence aussi, qui est à votre disposition. Et puis, si vous cherchez bien, vous devez pouvoir trouver mon 06 quelque part sur le net.

  • Speaker #1

    Mais je mettrai tout dans la description de cet épisode, comme ça. Il y aura juste à cliquer sur les liens. En tout cas, je te remercie beaucoup, Marianne, pour ce superbe album photo. Merci d'avoir été avec nous et d'avoir partagé avec beaucoup de transparence et de sincérité ton histoire.

  • Speaker #0

    C'était un vrai plaisir, c'était vraiment du live, donc j'ai brodé au mieux pour vous donner une vision sincère. Merci à toi pour ce temps d'échange, j'étais ravie de passer ce moment avec toi et tes auditeurs.

  • Speaker #1

    Merci Marielle,

  • Speaker #0

    à bientôt.

  • Speaker #1

    Parfois nos chemins ne ressemblent pas à ce qu'on avait imaginé. Ils se tordent, s'éloignent, reviennent, comme si la vie nous invitait à apprendre autrement. Ce que Marielle nous offre aujourd'hui... C'est ce regard lucide et bienveillant sur le travail, mais aussi sur soi, celui qui nous rappelle que la valeur d'un parcours ne se mesure ni à la vitesse, ni à la reconnaissance, mais à la sincérité qu'on y met. Être atypique, c'est peut-être tout simplement oser être soi, malgré les étiquettes, malgré les doutes, malgré le bruit. Et si, au fond, changer la norme... C'était juste accepter de marcher à son propre rythme. Merci d'avoir écouté cet épisode de Voix atypique, les parcours qui changent la norme. Prenez soin de vos voies intérieures, de vos élans, et continuez à croire qu'il n'y a pas de voie tout tracée, seulement la vôtre.

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Description

Invitée : Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens


Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens, qui nous partage un parcours professionnel inspirant — fait de doutes, de choix audacieux et de transitions pleinement assumées.

Marielle revient sur ses débuts, ses entretiens d’embauche marquants et les défis qu’elle a rencontrés en tant que femme dans un environnement souvent codifié. Elle nous parle de ressources humaines, de recrutement, de développement personnel, mais aussi de ces étiquettes que le monde du travail colle parfois, et qu’il faut apprendre à dépasser pour avancer.

Ensemble, nous abordons :
💡 Les choix de carrière et la quête de légitimité
💡 L’importance de l’ouverture et de la flexibilité dans les parcours professionnels
💡 L’engagement auprès des profils expérimentés et la valorisation des seniors
💡 Les préjugés liés à l’âge, la diversité intergénérationnelle et les enjeux de santé et de bien-être au travail
💡 Et cette conviction forte : chaque expérience, chaque détour, est une opportunité de grandir


Marielle nous invite à repenser notre rapport au travail, à l’engagement et à la diversité, en rappelant que chacun a quelque chose à apporter, quel que soit son âge ou son parcours.

Un échange sincère, lucide et inspirant, pour tous ceux qui doutent, se réinventent ou cherchent leur place dans un monde du travail en mutation.


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Transcription

  • Speaker #0

    Depuis toute petite, je sentais que j'étais différente. Je ne pensais pas comme tout le monde.

  • Speaker #1

    Si je n'avais pas fait ce burn-out, je ne me serais jamais lancé dans l'entrepreneuriat. C'est un épisode douloureux qui m'a ouvert les yeux.

  • Speaker #0

    Franchement, j'ai eu un moment dans ma vie où on me demandait ce que je faisais comme métier. Je n'arrivais pas à répondre, c'était chaud de ouf. Je ne savais pas quoi répondre.

  • Speaker #2

    Le jour où j'ai perdu mon entreprise, j'ai perdu aussi pas mal d'amis. Ça m'a mis une claque. Mais ça m'a appris à avancer autrement.

  • Speaker #3

    Moi, ce projet, j'y ai cru jusqu'au bout, même quand on me disait que c'était impossible. Aujourd'hui, je suis fier de ce que je fais et de qui je suis.

  • Speaker #4

    Et vous, quelle est votre histoire ? Bienvenue dans Vos Atypiques, les parcours qui changent la norme. Aujourd'hui, je reçois Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calisense. Marielle a un parcours riche. fait de transitions, de choix assumés et de questionnements profonds sur le sens du travail, la légitimité et la diversité des profils. Dans cet épisode, elle revient sur ses débuts bien loin des RH, puisqu'enfant, elle rêvait d'un autre métier, et sur la manière dont elle a trouvé, plus tard, sa véritable vocation. Ensemble, nous parlons d'entretien d'embauche, de recrutement, de préjugés sur l'âge et de la place des profils des expérimentés dans un monde du travail en pleine mutation. Marielle nous partage son regard lucide sur les étiquettes qu'on colle aux individus, le syndrome de l'imposteur et la nécessité de prendre du recul pour mieux avancer. Elle rappelle surtout qu'il n'existe pas de parcours unique, que chaque expérience compte et que la diversité intergénérationnelle est une vraie richesse pour les entreprises. Alors, si vous vous interrogez sur votre avenir, vos choix de carrière ou simplement sur la manière de rester engagée et confiante à chaque étape de votre vie professionnelle, Cet épisode est fait pour vous. Installez-vous confortablement, ouvrez grand vos oreilles. Voici l'histoire inspirante de Marielle Villard, une femme de conviction, d'ouverture et d'engagement. Marielle, on va feuilleter ton parcours, ton passé, ton présent, ton futur. Bonjour Marielle.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #4

    Merci d'avoir accepté mon invitation sur ce podcast.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #4

    Marielle, je vais commencer par une question qui m'a toujours un petit peu dérangée. Marielle, tu fais quoi dans la vie ?

  • Speaker #2

    Je suis DRH de métier, c'est une vraie passion. J'ai découvert tardivement cette vocation à la fin de mon parcours d'étudiante, puisque j'ai fait toutes mes études supérieures en alternance. Ça m'a permis très vite de rentrer dans la vie active. Et comme j'ai eu beaucoup de mal à trouver ma voie, en fait, voilà, arrivé à mon bac plus 5, j'ai découvert les ressources humaines. Et là, ça a été une révélation pour moi et je suis toujours restée dans ce domaine, tant en entreprise qu'aujourd'hui dans ma société.

  • Speaker #4

    Ok, alors là, on va ouvrir la première page de ton album, celle du passé. Donc tes débuts, tes choix, tes détours et tout ce qui t'a amenée jusqu'à Calissance. Marielle, j'ai une première question. Si je t'avais rencontrée à l'âge de 10 ans, tu m'aurais dit que tu voulais faire quoi comme métier plus tard ?

  • Speaker #2

    Alors quand j'étais petite, il paraît, je ne me rappelle pas trop, mais je voulais être gynécologue obstétricienne. C'est raté ? Rien à voir, mais je crois que mettre des bébés au monde, en fait, ça faisait partie de mon imaginaire d'enfant. J'étais plutôt sage, plutôt bonne élève, enfin avant l'adolescence en tous les cas. Et voilà, j'avais plutôt cette vision-là de mettre des bébés au monde.

  • Speaker #4

    Et pourquoi avant l'adolescence, en tous les cas ? C'est qu'après, tu as fait les 400 coups. Vas-y, balance !

  • Speaker #2

    Oui, voilà. Mes parents en parlent encore de temps en temps lors des repas de fête. Oui, oui, l'adolescence, pour moi, était un petit peu mouvementée parce que je n'arrivais pas forcément déjà à me projeter. On nous demandait quel bac tu veux faire, quel études tu veux faire, quel métier tu veux faire. Et comme moi, j'ai toujours beaucoup de goût pour... plein de choses. C'était difficile pour moi de m'engager sur une voie unique. Et du coup, j'avais envie de, déjà, à l'époque, de beaucoup de diversité. Donc, au-delà de mon petit caractère rebelle, j'avais surtout du mal à me poser sur un sujet ou une filière unique, très formatée. Ça me posait déjà quelques difficultés et quelques questionnements.

  • Speaker #4

    T'avais du mal à t'orienter ? À quel moment t'as dû... Enfin, on est tous obligés de faire un choix au bout de la... La troisième, parce qu'il faut aller en seconde, donc il faut choisir soit un cursus technologique. Avant, c'était comme ça ou soit un cursus général. À quel moment, toi, tu t'es dit bon, là, je vais faire ça et je vais suivre cette voie ?

  • Speaker #2

    Déjà au moment du lycée, pour moi, il y avait un vrai choix pour la première. Quand on rentrait en première, il y avait déjà des filières. C'était il y a longtemps, mais il y avait des filières très orientées, scientifiques, littéraires, échos, etc. Déjà, il y a eu une période un peu délicate pour choisir mon orientation. Naturellement, j'avais plutôt de l'appétence vers le littéraire. J'adorais les langues, j'adore bouquiner. J'avais vraiment cette envie-là. Et mes parents voulaient absolument, parce qu'ils pensaient que c'était sans doute mieux, me pousser vers des filières scientifiques. Mais alors, moi, les maths, ce n'est pas du tout mon truc. Donc, c'est là aussi où l'adolescence est venue se bousculer avec mes choix d'orientation, parce qu'ils avaient, eux, des préconisations qui n'étaient pas alignées avec mes envies. Donc, conflit.

  • Speaker #4

    Et tes camarades au lycée, ils étaient sûrs de ce qu'ils voulaient faire ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #2

    Une partie, j'avais une copine, on prenait le bus, on est toujours amis, on prenait le bus ensemble tous les matins pour aller au lycée, moi je l'ai toujours enviée. Elle a toujours su ce qu'elle voulait exactement faire, quel bac, quelle étude, ce qu'elle a fait d'ailleurs. Elle a changé d'orientation 10-15 ans après finalement, mais moi j'étais très envieuse de cette camarade parce qu'elle savait en fait, alors que moi c'était compliqué justement de me projeter. Elle, elle savait exactement quel métier elle voulait faire et elle a suivi la voie tracée pour réussir cela. Après, d'autres camarades, sans doute, étaient aussi en questionnement, mais c'était quand même moins compliqué. Il me semble que ce que j'entends de Parcoursup ou d'autres sujets du moment pour les jeunes. Mais déjà, moi, à l'époque, ça m'avait posé souci.

  • Speaker #4

    Ah ouais, d'accord. Parce que c'est vrai que quand on a ces camarades qui savent, eux, ce qu'ils veulent faire comme métier, c'est vrai qu'on peut se sentir en décalage. En tout cas, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un petit peu mon adolescence. Donc, c'est pour ça que je te posais la question. Et c'était quoi ton tout premier job ?

  • Speaker #2

    Le tout premier ? Le tout premier, j'étais mineure. Je devais faire des centres aérés l'été, si ma mémoire est bonne. Mon vraiment premier job rémunéré, j'étais mineure, donc animatrice de colo, centre aéré, etc. Et puis après, bizarrement, mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, j'ai trouvé des jobs d'été grâce à ma marraine qui travaillait à l'époque chez France Télécom. Et c'était pour être remplacée la secrétaire du DRH, de la direction régionale. Et j'ai finalement mis, sans le savoir, un pied à la direction des ressources humaines. Ça ne m'a pas généré la vocation à ce moment-là, mais c'était peut-être un prémice.

  • Speaker #4

    Oui, tout à fait. Et tu te souviens de ton premier entretien d'embauche, toi en tant que candidate ?

  • Speaker #2

    Pour un vrai job, tu veux dire ? Oui, pour un vrai job. Moi, j'ai fait de l'alternance. Donc, même mes premières années d'études, dès que j'ai fait de l'alternance, en fait, j'ai commencé à passer des entretiens. C'est peut-être pas le tout premier, mais celui qui m'a marqué le plus, c'était un directeur commercial, c'était pour intégrer un service commercial. Et il était hyper impressionnant, très gros gaillard, imposant, avec une grosse voix. Tu sais, moi, j'étais toute jeune. Et pendant l'entretien, il me pose des questions auxquelles je ne m'attendais pas, parce qu'on ne se préparait pas suffisamment. Puis lui, c'était un directeur commercial, donc habitué à challenger, à poser des questions, etc. Et il me met devant un PC et me demande de faire des formules sur Excel parce que moi, forcément, je lui avais dit que j'étais... T'avais menti ? Non, je n'avais pas menti. Mais non, mais il m'a dit quand vous connaissez Excel. Oui, je connais Excel. Mais il a commencé à me demander des formules que j'étais incapable de faire. Et donc, je me suis sentie un petit peu en difficulté. Donc ça, c'est un entretien de recrutement jeune qui m'a bien marquée et qui m'a du coup aidée à préparer les suivants parce que... Ça m'a permis ensuite de mieux me préparer parce que j'en ai passé pas mal des recrutements, des entretiens de recrutement. J'ai souvent changé d'entreprise ou j'ai souvent évolué en interne et du coup, des entretiens, j'en ai connu pas mal. Et puis en tant que DRH, j'en ai fait, si passé un certain nombre, mais j'en ai moi-même connu de nombreux.

  • Speaker #4

    Et t'avais quel âge pour l'entretien que tu as passé, celui dont tu parles ?

  • Speaker #2

    Bah là, celui dont je te parle, c'était pour rentrer en école de commerce. Je ne sais pas, j'avais le bac, ouais, j'avais 21 ans peut-être. Ah oui, ouais, t'étais jeune.

  • Speaker #4

    Ah oui ?

  • Speaker #2

    Oui, j'étais toute jeune. Alors, j'avais déjà fait de l'alternance, puisque j'avais repris un BTS en alternance à l'époque. À l'époque, ça fait vieux quand je dis ça. J'admets. Mais néanmoins, il n'y avait pas beaucoup de formations en alternance. Aujourd'hui, il n'y a que ça, ça foisonne de partout. Et d'ailleurs, ça laisse beaucoup de jeunes sur le carreau pour trouver. Mais en tous les cas, à l'époque, effectivement, à part des formations manuelles, sur d'autres types de formations, il n'y avait pas énormément d'alternance. Et donc, j'avais repris en BTS pour pouvoir repartir sur d'alternance. Donc, j'avais déjà fait mon BTS. Et là, je rentrais sur un bac plus 3, bac plus 4. Donc, oui, j'avais un peu plus de 20 ans. Ah ouais,

  • Speaker #4

    jeunette. Et c'est quoi les questions ? Quelles sont les questions qui t'ont le plus marqué en entretien ? Où là, soit tu as répondu de façon très... avec beaucoup d'aisance, ou soit des questions avec lesquelles tu as botté en touchant. Moi, je sais que... Je t'ai dit, moi j'en ai une, mais je te la poserai vraiment à la fin de l'émission.

  • Speaker #2

    Moi, ce qui m'a toujours gênée, parce que des questions sympas ou faciles, ce n'est pas celles qui te restent, je pense, à l'esprit, parce que du coup, elles ne te mettent pas forcément en difficulté particulièrement. Moi, je me rappelle d'un cabinet parisien, plus tard dans ma carrière, je devais peut-être plutôt avoir une trentaine d'années, j'étais encore assez jeune, mais qui est rentré, c'est un vieux briscard, gros cabinet parisien. hyper cossue, qui a une moquette épaisse.

  • Speaker #4

    Qui appréciade.

  • Speaker #2

    Et je l'ai trouvé détestable en entretien. Il est rentré sur des sujets persos. Et ça, il m'est rentré dans des sujets persos, très persos, en fait. Pourquoi je n'avais pas encore d'enfants à mon âge, etc. Et là, j'ai senti de l'inconfort. Vraiment. J'ai trouvé que c'était intrusif. Aujourd'hui, ce n'est plus autorisé. Je sais qu'il y a des gens qui continuent d'avoir ce genre de pratiques. Mais je suis toujours très vigilante à ça. Je l'ai été longtemps dans toute ma carrière. Et je taclais souvent mes managers quand on faisait des entretiens en binôme pour leur dire « non, mais combien il a d'enfants et ceci ? » Ce n'est pas le sujet en fait. Ce n'est pas là les compétences ou la motivation, le potentiel du candidat. Et moi, j'ai subi deux entretiens assez durs dans ma vie parce que c'est venu attaquer le personnel pour ce cabinet-là. Et une autre fois, une femme en entretien aussi, qui m'a dit « mais en fait, vous êtes instable » . Alors, j'ai trouvé ça assez agressif, mais en fait, je comprends aujourd'hui, parce que j'ai eu un parcours un peu atypique, où j'ai effectivement changé assez souvent d'entreprise, parce que j'avais besoin de me nourrir, j'ai besoin de diversité, et puis les évolutions qu'on me proposait parfois ne me correspondaient pas, ou en tout cas, j'ai eu des opportunités qui font que j'ai souvent changé d'entreprise. Avec un run court, 3-4 ans, et j'entends qu'on puisse me dire, effectivement, ça paraît instable. Mais je l'avais trouvée agressive et un peu violente, parce qu'il y avait une vraie cohérence dans le parcours, il y avait un fil rouge, à chaque fois c'était une étape d'évolution, ou la possibilité de s'ouvrir à autre chose. Et elle avait été assez dure dans son propos. Ça, ça m'avait marquée.

  • Speaker #4

    c'est sûr que quand on te dit que tu es que que tu es instable parce que justement tu changes beaucoup d'entreprises. Comme tu le dis, il y a un fil rouge et tu avais besoin de te nourrir. Tu l'exprimes très clairement.

  • Speaker #2

    Oui, oui. Puis j'ai plutôt une personnalité fidèle. Je suis quelqu'un fidèle dans la durée, dans mes relations, en amitié, etc. Ou dans le travail. J'entretiens tout ça avec les gens et me qualifier d'instable, j'avais trouvé ça assez violent à ce moment-là. C'était sans doute pour me déstabiliser. mais... Mais ça démontrait déjà à l'époque qu'on aimait bien mettre les gens dans les cases et moi, je ne rentrais pas dans des cases standard.

  • Speaker #4

    Tu as pu lui répondre à cette dame quand elle t'a dit ça ou tu as été déstabilisée et du coup, tu n'as pas forcément rétorqué ?

  • Speaker #2

    J'ai répondu, mais plus sur le mode défensif, en fait, parce que je me suis sentie agressée. Donc oui, j'ai répondu parce que j'ai plutôt un peu de répartie, mais en fait, je l'ai mal vécu. Et après coup, quand j'ai analysé, j'ai dit, c'est peut-être... Ce n'est pas ça que j'aurais dû lui répondre ou j'aurais dû peut-être argumenter différemment. Mais j'étais un peu déstabilisée effectivement sur le coup parce que ce n'était pas du tout l'image en plus que moi j'avais de moi-même à ce moment-là. Encore une fois, je me vois plutôt comme quelqu'un qui entretient dans la durée de fidèle, etc. Et elle venait de me qualifier avec un adjectif qui me choquait. Donc déstabilisée, mais j'ai argumenté bien entendu, mais pas très bien je pense. Je n'ai pas été retenue d'ailleurs sur le poste.

  • Speaker #4

    Est-ce que tu y serais allée, même si tu avais été retenue ? C'est ça, mais après on ne saura jamais.

  • Speaker #2

    C'était un cabinet de recrutement. Donc, tu sais, les recruteurs, ce n'est pas avec eux que tu bosses après. Donc, ça reste un jeu de rôle et une étape qu'il faut passer, qui est rarement la plus agréable. Mais ce n'est pas ton manager de demain. Donc, en fait, ce n'est pas très grave. Mais le problème, c'est qu'il faut déjà les séduire eux. pour qu'ils te laissent accéder au véritable poste, au véritable dirigeant, manager ou autre. Donc ça reste un jeu de rôle et de séduction indispensable dans le processus. Donc je pense qu'elle m'a blacklistée. J'ai jamais vu le fil.

  • Speaker #4

    Ça t'a permis aujourd'hui d'être DRH à ton tour et chef d'entreprise. Marielle, même si tu y es un petit peu... Ah, excuse-moi, tu voulais...

  • Speaker #2

    Non, non, non, mais oui, effectivement, ça ne m'a pas empêchée. Ce n'est pas parce qu'on loupe un processus de recrutement ou un job qu'il n'y a pas d'autres opportunités. Donc voilà, ça, c'est des rencontres qui ne devaient pas se faire. Et puis c'est tout, mais ça n'empêche pas aujourd'hui, effectivement, d'avoir... Une belle carrière en tant que DRH et aujourd'hui d'avoir ma société, effectivement.

  • Speaker #4

    Tout à fait. Et Marielle, même si tu y as un petit peu répondu, c'est quoi ton trop ou ton pas assez qu'on t'a déjà fait remarquer dans le monde du travail ? Tu disais instable, mais est-ce que c'est revenu souvent ?

  • Speaker #2

    Plus j'avançais en fait en tant que salariée, plus ça revenait puisque je continuais sur mon run de changement. Donc forcément, ça ne s'est pas amélioré avec les années. Après, le trop, je pense que mon caractère aussi, plutôt direct. Moi, j'ai toujours été quelqu'un très terrain dans l'industrie. Donc, si tu veux, pour parler avec les gens du terrain, il faut se dire les choses. Et des fois, je manquais peut-être de sens politique ou stratégique parfois. Et puis, le pas assez. Qu'est-ce que je n'aurais pas eu assez ? Je ne sais pas.

  • Speaker #4

    Après, si ça ne te vient pas, ce n'est pas grave. Mais c'est vrai que généralement, c'est toujours... C'est vrai que quand tu as un profil, on va dire, expérimenté, tu es le trop. Quand tu es plus jeune, tu es le pas assez. Donc, c'est ce que j'ai remarqué.

  • Speaker #2

    Moi, souvent, je fais un parallèle avec les ventes de maisons. En fait, les gens, ils viennent visiter ta maison que tu as mis en vente et en fait, ils trouvent toujours tous un défaut, un ceci, un cela. Et c'est chacun indifférent. Un coup, c'est ceci. Un coup, c'est la cuisine. Un coup, c'est le garage. Un coup, c'est le jardin. Un coup, c'est l'orientation. Bref, il y a toujours un sujet pour pas qu'ils te l'achètent. Et j'entends, c'est leur choix. Mais en fait, dans les entretiens de recrutement ou de sélection, c'est toujours ça. ils te reprochent. Oui, ils te font remonter du trop ou du pas assez systématiquement et d'un entretien à l'autre ou d'une personne à l'autre, ce ne sont pas forcément les mêmes tendances. Donc, il faut prendre beaucoup de recul, je pense, par rapport à ça.

  • Speaker #4

    Oui, c'est compliqué, mais effectivement, prendre du recul, ça permet de mieux digérer un petit peu les remarques qu'on t'a faites, mais c'est surtout de se dire, est-ce que j'ai besoin de me coller cette étiquette qu'on vient de me donner ? C'est vrai que, bon, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un peu les choses. et que j'arrivais à prendre le recul parce que, comme toi, j'avais cette étiquette d'instable, et crois-moi que c'était difficile de m'en défaire. Est-ce qu'il y a un moment durant ton parcours, Marielle, où tu t'es sentie illégitime, pas à ta place ?

  • Speaker #2

    Illégitime, je ne pense pas. Après, mon syndrome de l'imposteur revenait assez souvent parce qu'il fait partie de moi, et du coup, j'ai dû bosser souvent plus. pour peut-être démontrer, faire mes preuves. J'ai commencé dans l'industrie, terrain très syndiqué, milieu industriel fort, etc. J'étais la seule femme du Codire, j'étais jeune. Enfin voilà, j'avais beaucoup de handicap vu sur le papier parce qu'effectivement... entourée d'hommes et dans l'industrie, et relativement jeune. Donc, je pense que j'ai dû bosser parfois deux fois plus que certains. J'ai toujours été la moins bien payée du Codire. Puis, en tant que RH, j'avais accès aux payes. Donc, je me dis sans doute possible. J'ai systématiquement été effectivement la dernière du peloton parce que le poste de DRH n'était pas valorisé et parce que j'étais une femme et parce que j'étais jeune et ceci, cela. Donc... Ilégitime, non, mais pas reconnu, certainement.

  • Speaker #4

    Parce que, effectivement, comme tu disais, tu étais une femme dans un milieu d'hommes, jeune. Tu cumulais les handicaps. Et ça, c'est compliqué de se faire sa place. Mais moi, je pense surtout à quand on a une promotion interne au sein d'une entreprise, c'est compliqué de se sentir légitime.

  • Speaker #2

    Oui, oui, complètement. Et c'est un travail à faire aussi avec soi, d'accepter. On a tous un plafond de verre et qu'on a tous des limites parce qu'on en a tous, quoi qu'on en dise. On n'est pas capable de tout, même si des fois, on a des envies. On ne peut pas tout faire. Et il y a certains postes qui peuvent parfois être trop gros. J'ai pris un poste une fois où j'ai regretté. Alors, je sais qu'il ne faut pas avoir de regrets. Et finalement, ça a coloré aussi la suite de ma carrière et ça m'a fait beaucoup grandir. Mais très vite, on m'a demandé de faire du plan social avec des fermetures de sites, avec des grosses grèves, etc. Ça a été très, très dur pour moi émotionnellement. Et c'est là où j'ai senti aussi mes limites.

  • Speaker #4

    Tu disais au début de l'émission que tu as eu plusieurs expériences diverses et variées, mais que toutes ces expériences, il y avait un fil rouge qui les reliait. C'est quoi ton fil rouge, Marielle ?

  • Speaker #2

    Mon fil rouge personnel, c'était comment je grandis, comment je progresse et qu'est-ce que j'apprends à chaque étape. Moi, je n'ai pas forcément couru les responsabilités, les gros salaires ou les grosses boîtes. Ce n'était pas forcément ma stratégie. Mais c'était à chaque fois que je vais dans une entreprise, qu'est-ce que je vais apprendre ? Qu'est-ce que ça va m'apporter à moi ? Qu'est-ce qui va me permettre de grandir dans ce nouveau job, dans ce nouvel environnement ? C'est quoi les challenges qui sont proposés et qui vont m'être utiles pour l'étape d'après en fait ? Donc souvent j'essayais d'avoir une vision avec deux jalons en fait. C'est je prends ce poste-là, comme ça je vais acquérir telle et telle connaissance, telle et telle compétence. Ce qui me permettra peut-être d'accéder du coup à ce poste-là après. Des fois, ça se produisait, des fois, ça ne se produisait pas. Mais moi, c'était ça dont j'avais besoin. Et puis, de me projeter avec le manager. Avant de créer Calicence, j'ai fait un petit bilan comme ça en me disant « Alors, combien tu as eu de managers dans ta carrière de RH ? » J'en ai eu pas mal du coup, puisque j'ai changé de boîte. Puis des fois, dans certains groupes, je changeais de manager sans changer de job. Donc, J'en ai eu pas mal, j'en ai pas eu beaucoup qui étaient bons.

  • Speaker #4

    Ah ouais, tu dis ça comme ça ?

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez affligeant quand j'ai fait le calcul du nombre de managers que j'ai eus et du nombre qui m'ont vraiment apporté, fait confiance, fait grandir, avec qui j'avais envie de bosser, qui me tiraient vers le haut. Il n'y en a pas eu tant que ça.

  • Speaker #4

    Et comment toi, tu as pu progresser ? Alors, comment tu as trouvé ton axe de progression ?

  • Speaker #2

    Quand ça se passait bien avec les managers, avec mon équipe, c'était assez facile. Ça porte, ça aide, c'est toujours super chouette. Après, quand ça se passait vraiment trop mal, que ça me générait trop de frustration ou de colère, manque d'alignement de valeur, etc., je partais.

  • Speaker #4

    Oui, tout simplement.

  • Speaker #2

    Et puis après, ma stratégie, et ça, c'est les grands groupes qui peuvent apporter ça, c'est d'avoir des managers à distance. Donc, ma stratégie, ça a été de me tourner vers l'international et d'avoir des DRH Europe ou autres qui étaient à l'étranger. Et du coup, moi, en France, j'étais autonome. On faisait des visios, allez, une fois tous les 15 jours. Et ça me suffisait. Comme ça, j'étais autonome sur mon périmètre et j'avançais comme... Comme je voulais, j'avais moins le poids de la contrainte managériale.

  • Speaker #4

    La soif de liberté.

  • Speaker #2

    On retrouve mon petit côté rebelle de l'adolescente.

  • Speaker #4

    C'est ce que j'allais dire. Maintenant, je te propose qu'on tourne la page et qu'on arrive sur les photos du présent. Là, c'est la photo d'aujourd'hui, celle de ton entreprise, de ton engagement. Et puis, il y a toujours cette question essentielle d'actualité. Comment fait-on pour redonner leur juste place aux profils expérimentés ? Quelle licence c'est quoi Marielle, si tu devais nous raconter cette histoire simplement ?

  • Speaker #2

    C'est une magnifique aventure qui a commencé en 2019 et l'ADN de départ c'était de me dire comment je peux aider les personnes qui sont comme moi, un peu différentes, un peu atypiques, mais surtout qui veulent travailler différemment. Parce qu'à cette époque-là, déjà je me disais... Le CDI, ce n'est pas forcément l'unique solution et ce n'est pas la seule option qui se présente à nous, notamment pour des profils cadres, mais pour d'autres profils également. Mais surtout pour les profils cadres, j'avais le sentiment que les entreprises avaient besoin de flexibilité et que j'avais dans mon réseau et mon entourage des gens finalement qui me ressemblaient. qui avaient envie de cette diversité, de variété dans les missions d'apprentissage et qui avaient engrangé au fil des années et d'années de carrière des compétences multiples qu'ils souhaitaient mettre à disposition des entreprises, mais avec des formats flexibles. Donc c'est vraiment l'ADN de départ, c'est comment proposer d'accompagner ces personnes-là. Et dans ce cadre-là, j'ai créé ma propre structure de portage salarial, plus cabinet de conseil, plus organisme de formation, vraiment pour outiller toutes ces personnes-là. Donc aujourd'hui, j'accompagne des indépendants avec un statut de salarié, en grande partie, mais surtout, je suis restée... un pied sur le terrain auprès de mes clients entreprises pour essayer d'aller prêcher un peu la bonne parole et de leur dire qu'il y a des solutions pour accéder à des profils expérimentés disponibles sur le marché, qui peuvent vous apporter plein de compétences différentes et qui peuvent vous accompagner sur un bout de chemin, sur des formats très variables. Ça peut être du management de transition, ça peut être du conseil, ça peut être du temps partagé. Il y a plein de formats aujourd'hui possibles. Et même les plus petites entreprises peuvent accéder à ces profils-là. Ce n'est pas réservé aux grands groupes. Il faut juste l'ajuster et le calibrer de la bonne façon. Donc aujourd'hui, on est un peu plus de 70 personnes chez Calisens. On travaille principalement sur le territoire ouest de la France, même si avec la digitalisation, aujourd'hui, on est capable d'accompagner tout le monde en France, de facturer à l'étranger, etc. Les outils nous aident beaucoup pour ça. mais effectivement on accompagne les personnes qui veulent travailler autrement et donc tu travailles beaucoup avec des profils expérimentés,

  • Speaker #4

    souvent des seniors j'allais dire même bien souvent des seniors qu'est-ce que tu aimes chez eux ?

  • Speaker #2

    déjà moi-même si on regarde le code du travail je suis senior depuis mes 45 ans c'est assez ridicule en le disant mais effectivement on devient senior à 45 ans alors qu'il nous reste au moins 20 ans à faire. Non, mais moi, j'aimais bien ces profils-là pour plusieurs raisons. Déjà, ils ont souvent de très beaux parcours. Ils ont une maturité. Ils ont de nombreuses compétences. Ils ont un regard aussi sur l'entreprise et sur la vie qui est forcément différent des jeunes. L'âge faisant, on évolue avec tout ça. Et puis... Et puis j'ai aussi bien conscience que parfois, rebondir à un certain âge peut être très compliqué. On a quand même en France un taux d'emploi des seniors qui est inférieur à 60%, je crois que j'ai 58% en tête. On est en retard par rapport à nos confrères européens, on n'est pas bon dans le classement. On a beau faire une loi senior et mettre des choses en place, c'est quand même encore très compliqué aujourd'hui pour un senior. parfois de rebondir en fin de carrière. Et je trouvais que du coup, leur proposer des nouveaux formats de travail qui pourraient séduire les entreprises était une façon pour eux aussi de transmettre leurs compétences, d'apporter, de se sentir utile et de continuer leur carrière professionnelle.

  • Speaker #4

    Et à ton avis, pourquoi a-t-on encore du mal à leur faire une vraie place dans les entreprises ?

  • Speaker #2

    Parce qu'on est plein de préjugés. Tu sais, en France, il faut rentrer dans des cases, il faut encore un diplôme, il faut connaître le même secteur d'activité. On n'est pas forcément très, très ouvert, pas tout le temps, en tous les cas. Heureusement, j'ai des gens dans mon réseau qui ne sont pas ainsi et arrivent à faire des pas de côté, à tenter des expériences. Mais on aime bien prendre une décision rassurante quand on recrute. C'est aussi pour ça que les formats flexibles, permettent le droit à l'erreur aussi. Un process de recrutement, ce n'est pas une valeur absolue de fiabilité. Je pense que oui, ils ont peur d'avoir des gens déconnectés qui ne vont pas assez vite ou qui vont apporter, qui vont coûter trop cher. Ils vont être souvent malades. Je l'ai entendu. Voilà, il va commencer à y avoir... Oui, alors entre 30 et 40, on dit, il va y avoir les congés mat. à 50, on va dire qu'il y a la ménopause et puis après, elle est trop vieille, elle a de l'arthrite. Non, mais il y a toujours une bonne raison, c'est comme la maison tout à l'heure, il y a toujours une bonne raison pour parcruter un senior ou un junior ou quelqu'un qui sera en situation de handicap ou une femme en âge d'avoir des enfants, etc. Donc,

  • Speaker #0

    Je pense que ce sont des préjugés, un manque de flexibilité. Et pour autant, ces personnes qui sont sur leur dernière partie de carrière ont énormément apporté aux entreprises, aux nouvelles générations qui arrivent. Il y a une transmission des savoirs colossale à structurer dans bon nombre d'entreprises. Et aujourd'hui, c'est eux qui portent les connaissances. Ça manque sans doute un petit peu d'ouverture ou de risque. Après, on a vu faire des très, très beaux reprises, moi et des seniors. Il y a des belles histoires, des belles réussites. Heureusement qu'il y a des gens qui font confiance et qui s'ouvrent. Moi, je leur dis souvent... Alors avant, c'était difficile de retrouver un job après 50 ans. Ça s'est un petit peu décalé, mais passé 55, ça commence vraiment à piquer. Mais moi, je leur dis, à 55, ils ont encore quand même 10 ans à faire. 10 ans à faire, c'est une belle tranche de vie quand même, 10 ans.

  • Speaker #1

    Oui, 10 ans à faire, effectivement, puisque l'âge du départ à la retraite est à 64 ans. 65, mais bon, d'ici là, ça peut encore changer. Mais là, c'est 64. Et effectivement, on parle même de 67. Donc oui, j'imagine. Et si tu pouvais casser un cliché sur les seniors au travail, ce serait lequel ? Il y en a tellement, c'est ça.

  • Speaker #0

    Oui, je vois des gens hyper engagés, hyper investis, qui ont des compétences multiples. Ils arrivent aussi à un âge où la maison est payée, les enfants sont grands. Ils peuvent parfois retrouver de la disponibilité en termes d'engagement, de valeur travail, etc. Ce sont des gens qui ont une éducation aussi avec souvent des fondamentaux de respect, de bienveillance qu'on ne trouve parfois pas. toujours avec les nouvelles générations. Et du coup, c'est quand même... Voilà, on se cache derrière des choses de vieillerie. Moi, j'ai des gens qui sont beaucoup de seniors dans l'équipe qui sont beaucoup plus affûtés que moi sur l'IA ou sur certains sujets parce qu'ils se sont emparés des choses, ils sont intéressés et ils sont moteurs. Donc, il ne faut pas faire de généralité. Il peut y avoir des seniors qui sont en décalage, qui sont... Voilà. Mais encore une fois, on est en train de faire des généralités, on préjuge et on met les gens dans des cases. Il y a des gens très très bien, quel que soit l'âge, c'est beaucoup dans la tête aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Même si le vieillissement fait partie des enjeux qui vont être des vrais sujets de société avec un grand S, mais avec un petit S aussi, ou le vieillissement de la population qui va devoir travailler plus tard. Quand je regarde mes parents, à quel âge ils étaient en retraite, et puis moi, ma projection...

  • Speaker #1

    Tu arrives à te projeter ?

  • Speaker #0

    J'ai quand même travaillé X années de plus. Et effectivement, le corps vieillit. On a aujourd'hui des statistiques de santé. L'âge moyen en bonne santé n'est pas très élevé. Je crois qu'il est à 62 ans. Donc, si tu te dis que tu pars en retraite à 64, dans quel état tu es ? que notre alimentation, la pollution, notre sédentarité croissante, etc., font qu'aujourd'hui nos corps s'amenuisent en termes de matière osseuse, de musculature, etc. Et donc on va être aussi moins résistant à tout ça. Alors peut-être que la technologie viendra aider les postes à faux facteurs de pénibilité, et peut-être que l'IA aidera, même intellectuellement, à nous faire gagner du temps sur des tâches, etc. Il y a sans doute... Plein de choses qui vont se transformer dans les prochaines années de manière exponentielle. Et on ne peut pas présager de quoi que ce soit. Mais en tous les cas, il va falloir prendre soin de cette tranche de la population. Parce qu'elle a encore beaucoup à apporter. Et de toute façon, elle a besoin de travailler. Si on veut parler de notre système collectif, à un moment donné, on ne peut pas mettre les seniors au placard.

  • Speaker #1

    Ils arrivent, les seniors, à garder confiance quand ils ne trouvent pas de travail. C'est dur, comme tout le monde.

  • Speaker #0

    Mais ça dépend. Comme tout le monde, effectivement, j'ai des juniors ou des gens en milieu de carrière qui, des fois, s'interrogent. C'est toujours une question de temps, en fait. La confiance, elle s'amenuise au fil du temps. Donc, un échec, un deuxième, ou une déception, une deuxième, ça passe, ça se gère, c'est jamais agréable et tout le monde a connu ça. C'est quand ça dure. C'est quand, à force de candidature, d'entretien, tu es toujours le deuxième couteau. Des fois, tu as le sentiment d'avoir été le lièvre. Et puis au final, on a aussi aujourd'hui des manières de recruter qui sont de moins en moins respectueuses des candidats. On ne fait pas de retour, on ne tient pas informé. C'est devenu un marché un peu particulier aussi, je trouve. Et oui, je vois des fois des gens qui baissent un petit peu les bras parce qu'ils se remettent en cause.

  • Speaker #1

    Oui, puis l'âge.

  • Speaker #0

    Alors que ce n'est pas eux le problème. Et puis,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce frein à l'âge. Oui, de toute façon, je suis trop vieux, trop vieille. Et c'est sûr qu'à côté d'un junior, on va privilégier un candidat beaucoup plus jeune parce qu'il y a plus à offrir, etc. Alors que les deux générations ont des choses différentes à apporter. Donc, c'est vrai que ça peut être justement intéressant. d'intégrer des juniors et des seniors dans une entreprise. Pour moi, c'est une diversité de profil.

  • Speaker #0

    Dans une équipe, je me l'appliquais à moi-même, mais à mes managers, c'était le même discours. C'est d'ayez des équipes où vous allez intégrer la diversité, parce qu'elle sera plus riche. Alors peut-être que c'est moins facile à manager, parce qu'il faut s'adapter, parce qu'il faut beaucoup communiquer, parce que ça demande peut-être plus de temps et d'énergie. Néanmoins, vous allez aller deux fois plus loin parce que vous allez avoir de meilleures idées, vous allez pouvoir travailler différemment. Alors qu'on a tendance à chercher notre clone, la personne avec qui ça va être super fluide, qui nous ressemble, voire qui est un peu moins bon que nous. Je dis mais non, prends quelqu'un qui est meilleur que toi. Il va t'avancer des sujets sur lesquels toi, tu peux être des fois un petit peu juste et toi, tu vas te concentrer sur d'autres choses. Tu auras plus de temps à consacrer à ton équipe ou à la personne qui est un petit peu moins agile. Donc prenez des... faites des recrutements avec de la diversité de profils, de parcours, d'âge. L'intergénérationnel, c'est hyper puissant. Et dans les deux sens, on peut faire du mentorat avec les seniors, mais on peut aussi faire du reverse mentoring avec les juniors qui, eux, aujourd'hui, sont hyper agiles avec les outils digitaux, par exemple, pour la plupart, et peuvent apporter, par exemple, beaucoup de choses, effectivement, même aux seniors sur certains sujets. Donc, il y a encore une fois... Un temps pour tout et des valeurs et des compétences à tout âge qu'il est bon de confronter et de rassembler.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils t'apprennent ces seniors dans ton quotidien de chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Que j'ai encore plein de compétences à travailler, à acquérir, qu'il y a tellement de diversité dans les parcours. J'échange avec des gens qui ont des parcours. cours trop chouettes ou très difficiles. Enfin, voilà, on a tous un sac à dos à porter. Mais voilà, je fais des très, très belles rencontres. Et ce qui m'apporte, c'est effectivement la conviction qu'on est tous une personne unique avec un parcours de vie et on peut tous apporter quelque chose à quelqu'un ou à une entreprise. Et que c'est possible, en fait. Et qu'il ne faut surtout pas baisser les mains.

  • Speaker #1

    On referme doucement les photos du présent et on tourne la page vers la suite de l'album. Mais sur cette page, il y a celle du futur, ce que tu veux construire, transmettre et inspirer. Mais d'abord, je vais remonter quelques minutes dans le passé. Quand tu regardes ton parcours, c'est quoi ton bof ? Ce que tu referais autrement ? Et c'est quoi ton ouf ? Le moment dont tu es la plus fière ?

  • Speaker #0

    Le bof, je te dis, c'est ce que je t'évoquais, j'ai quand même fait des choix parfois d'entreprise. On m'a vendu du rêve en fait. Il y a eu un effet marketing RH où on m'a vendu certains postes qui en fait étaient loin d'être la réalité. Donc je me dis que parfois j'ai eu le choix et j'ai peut-être pas fait le bon choix. Après c'est le chemin, c'était le mien et puis ça m'a forcément appris des choses. Après, j'aimerais bien continuer à maintenir mon niveau d'anglais parce que je parlais beaucoup anglais dans mes postes. Et voilà, bof aujourd'hui parce que je ne travaille plus du tout. On le perd vite. C'est frustrant. On le perd super vite. Ça revient vite aussi quand on doit s'y remettre, mais ça demande pas mal d'efforts. Et puis sur les fiertés, c'est une fierté. Fierté un peu globale de dire, attends, finalement, tu t'es cherché pendant plusieurs années, tu as trouvé ensuite ta voie et par petit saut de puce, finalement, tu as réussi à avoir aujourd'hui une légitimité dans ta posture de RH, une légitimité dans ta posture de chef d'entreprise et de manager. Donc ça, c'est plutôt une fierté. Mais il en reste encore tellement à faire que de toute façon... On reparlera sur mon lit de mort. Mais voilà. Oui, je pense que globalement, les réussites, elles se mesurent par petites touches, en fait. Moi, ce qui me touche, c'est quand les gens me rappellent ou quand les gens me font son reconnaissant. Ma réussite personnelle, en soi, ça n'a pas trop de valeur intrinsèque. Ce qui me fait plaisir, c'est quand les gens... Voilà. reconnaissent que tu étais un bon manager ou que tu as apporté des choses dans un poste. Je croise encore des gens que j'ai managés ou que j'ai accompagnés dans les entreprises et qui font des retours. On ne plaît jamais à tout le monde. Et c'est ça qui est positif. C'est de savoir que j'ai pu aider des gens, que je les ai accompagnés à un moment donné. Ce besoin d'utilité, de se sentir utile.

  • Speaker #1

    Donc tu te sens utile.

  • Speaker #0

    Pas tout le temps, pas tous les jours. Mais oui, si je dois regarder globalement, quand tu me dis de regarder par-dessus mon épaule, oui, je pense que j'ai clairement pu aider des gens à un moment donné et apporter quelque chose. Donc, c'est tout ce qui compte. Après, je ne l'ai peut-être pas fait assez, mais en tout cas, on continue à le faire aujourd'hui avec Calissance, avec ces personnes qu'on accompagne, en amont de leur projet, pendant leur projet. On fait pas mal de mécénats de compétences et on intervient beaucoup dans des associations, auprès de contacts, pour vraiment donner et accompagner. C'est vraiment le socle pour nous, donc je pense que c'est plutôt réussi.

  • Speaker #1

    Si tu avais une baguette magique, Marielle, pour changer une seule chose dans le monde du travail, tu ferais quoi ? Une seule, tu ne triches pas.

  • Speaker #0

    J'en ai déjà trois ou quatre qui me viennent à l'esprit. Tu as bien fait d'insister. Une seule, je vais peut-être retenir l'ouverture, la flexibilité. Je pense qu'on ne va pas y arriver si on n'arrive pas à comprendre qu'il faut qu'on soit plus ouvert avec les gens, plus ouvert avec les formats, plus ouvert dans notre posture managériale, plus ouvert sur les solutions. On a quand même trop tendance, encore une fois, à se réfugier vers des schémas déjà expérimentés. Et parfois, on ne prend pas assez de risques. Donc, plus d'ouverture vers les gens, vers les autres et vers les solutions qui existent. Ouverture, ça me va, ça.

  • Speaker #1

    Et tu te vois où dans cinq ans ? Ça, c'est la question qui tue. Voilà, ça, c'était ma question. J'ai beauté en touche et j'adore. Aujourd'hui, je me venge.

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai aucune idée. ce que Ce que je sais aujourd'hui, mais ce ne sera peut-être pas le cas parce que je sais que la vie est pleine de surprises, de rencontres, d'opportunités, j'ai la conviction profonde aujourd'hui que je serai toujours à la tête de Calisense, Calisense qui aura évolué, l'équipe se sera agrandie, sans doute avec un business model différent parce qu'on va devoir s'ajuster en permanence à ce qui va nous arriver dans les prochaines années. Et ça pourrait être assez fort sur certains sujets, la transition écologique, les nouvelles technologies, tous ces sujets-là vont quand même devoir nécessiter beaucoup d'adaptation de notre part. Et puis très vite, je vais commencer à penser à la transmission, c'est-à-dire qu'à un moment donné, il faudra céder l'entreprise, il faudra passer le flambeau, et ça va demander des années de préparation. Donc c'est comment, oui, dans cinq ans, je... Je pense que je commencerai à revoir mon business model ou mon modèle économique aussi pour intégrer un ou une associée ou des partenaires ou passer en scope. Il y a plein de schémas possibles en tous les cas. Mais en tout cas, ce sera qu'à licence et toujours dans cette même veine d'accompagnement. J'imagine en tout cas, j'espère.

  • Speaker #1

    Tu as bien répondu à la question, mais au début, c'était mal engagé. Tu as dit, j'en ai aucune idée.

  • Speaker #0

    Tu aurais répondu ça en entretien. J'ai aucune certitude, parce que je sais aussi que mon parcours a été... été, encore une fois, rythmée. Et ça fait déjà presque sept ans que j'ai créé Calisense. Donc là, je suis sur un run hyper...

  • Speaker #1

    Tu seras peut-être gynécologue.

  • Speaker #0

    Ben, écoute, là, il y a quelques années d'études quand même à faire. Mais non, maintenant, parce qu'en fait, ça, c'était vraiment un truc de gamine. Voilà. Mais non, non. Aujourd'hui, je ne pourrais pas du tout l'envisager. Il y a des métiers comme ça, après coup, où tu te dis « Ah ben non, mais je me serais... » Je n'aurais pas pu être prof, je n'aurais pas pu être dans la médecine, je n'aurais pas pu... Il y a des choses comme ça.

  • Speaker #1

    Donc plutôt dans la transmission, enfin du moins revoir ton business model et la transmission après ton entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, et puis continuer à développer l'accompagnement, démocratiser les nouvelles façons de travailler. Je pense qu'il y a des vrais enjeux par rapport à ça. Il y a des besoins, il y a des envies. Moi, je reste convaincue que le CDI va être en perte de vitesse et qu'il faut qu'on s'adapte avec les plus jeunes, notamment, qui vont pousser encore plus fort que nous aujourd'hui. Donc, il y a des enjeux de diversité, d'inclusion. Il y a tous ces sujets-là, à mon avis, qui vont faire sens. Et nous, en tant que dirigeants, il va falloir qu'on s'adapte en permanence à tout ça.

  • Speaker #1

    Et dernière question pour clôturer cet échange. Qu'aurais-tu envie de dire aux personnes qui nous écoutent, qui doutent de leur avenir ? et qui n'arrivent pas à avoir de la visibilité.

  • Speaker #0

    Quand ça m'est arrivé, et plusieurs fois dans ma vie, parce qu'il y a eu des déceptions, il y a eu des écueils, j'ai connu une année de chômage qui a été particulièrement difficile, etc. Donc... Quand on est dedans, on a tendance à baisser les bras, mais à se dire que ça va être difficile, voire inatteignable. Et on a tendance à se laisser peut-être un petit peu décliner en termes de morale. Continuer à y croire parce qu'on a tous des bonnes étoiles, mais aussi surtout des compétences qui séduiront quelqu'un à un moment donné. Donc ne lâchez rien. Et continuez à sortir, à apprendre, à rencontrer des gens. Moi, je suis convaincue que la force du réseau, c'est un vrai atout. Donc, astreignez-vous à voir des gens, à rester positif et à apprendre. Continuez intellectuellement à vous alimenter parce que ça finit toujours par arriver. Et ne restez pas dans les schémas classiques. Peut-être prenez-vous aussi l'initiative de faire un pas de côté et réfléchissez à d'autres solutions. Parce qu'à un moment donné, cette solution-là, que vous pensez être la meilleure, n'est peut-être pas la meilleure pour vous. Voilà, et il faut peut-être vous-même faire un pas de côté. On ne peut pas demander aux autres de faire preuve d'ouverture si nous-mêmes, on n'en fait pas preuve. Ne baissez pas les bras, ne lâchez rien. Il faut y croire parce que ça finit toujours par arriver. Et parfois, sur des processus de recrutement qui ont été très pénibles et longs, j'ai assez souvent des gens qui me disent « j'ai rien eu pendant des mois, ça a été une succession d'écueils, d'échecs, de déceptions. » Et au final, maintenant j'ai le choix entre deux et je ne sais pas laquelle choisir. C'est le choix du roi, mais en tout cas, ne lâchez rien. Et puis, soyez entourés, sortez, voyez du monde, bougez-vous, vous laissez pas abattre.

  • Speaker #1

    Et avant de couper nos micros, Marielle, est-ce que tu peux nous rappeler où est située Calicence ? Comment on peut te contacter pour qu'on puisse donner un petit peu tes coordonnées ?

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir. J'ai un site internet calicence.fr sur lequel vous allez trouver beaucoup d'informations sur nos activités. notamment sur le portage salarial qui est un statut hybride qui est en plein essor. Vous pouvez déposer un CV dans notre Talentec digital pour qu'on puisse avoir connaissance de votre recherche, de votre profil et ça vous donne accès à nos agendas en ligne pour pouvoir organiser une visio et nous rencontrer, que ce soit ma collègue Marjorie ou moi-même. Et donc vous avez toutes les infos en passant par notre site. Forcément, il y a une page LinkedIn qui a licence. et mon compte personnel Calicence aussi, qui est à votre disposition. Et puis, si vous cherchez bien, vous devez pouvoir trouver mon 06 quelque part sur le net.

  • Speaker #1

    Mais je mettrai tout dans la description de cet épisode, comme ça. Il y aura juste à cliquer sur les liens. En tout cas, je te remercie beaucoup, Marianne, pour ce superbe album photo. Merci d'avoir été avec nous et d'avoir partagé avec beaucoup de transparence et de sincérité ton histoire.

  • Speaker #0

    C'était un vrai plaisir, c'était vraiment du live, donc j'ai brodé au mieux pour vous donner une vision sincère. Merci à toi pour ce temps d'échange, j'étais ravie de passer ce moment avec toi et tes auditeurs.

  • Speaker #1

    Merci Marielle,

  • Speaker #0

    à bientôt.

  • Speaker #1

    Parfois nos chemins ne ressemblent pas à ce qu'on avait imaginé. Ils se tordent, s'éloignent, reviennent, comme si la vie nous invitait à apprendre autrement. Ce que Marielle nous offre aujourd'hui... C'est ce regard lucide et bienveillant sur le travail, mais aussi sur soi, celui qui nous rappelle que la valeur d'un parcours ne se mesure ni à la vitesse, ni à la reconnaissance, mais à la sincérité qu'on y met. Être atypique, c'est peut-être tout simplement oser être soi, malgré les étiquettes, malgré les doutes, malgré le bruit. Et si, au fond, changer la norme... C'était juste accepter de marcher à son propre rythme. Merci d'avoir écouté cet épisode de Voix atypique, les parcours qui changent la norme. Prenez soin de vos voies intérieures, de vos élans, et continuez à croire qu'il n'y a pas de voie tout tracée, seulement la vôtre.

Description

Invitée : Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens


Dans cet épisode, nous partons à la rencontre de Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calissens, qui nous partage un parcours professionnel inspirant — fait de doutes, de choix audacieux et de transitions pleinement assumées.

Marielle revient sur ses débuts, ses entretiens d’embauche marquants et les défis qu’elle a rencontrés en tant que femme dans un environnement souvent codifié. Elle nous parle de ressources humaines, de recrutement, de développement personnel, mais aussi de ces étiquettes que le monde du travail colle parfois, et qu’il faut apprendre à dépasser pour avancer.

Ensemble, nous abordons :
💡 Les choix de carrière et la quête de légitimité
💡 L’importance de l’ouverture et de la flexibilité dans les parcours professionnels
💡 L’engagement auprès des profils expérimentés et la valorisation des seniors
💡 Les préjugés liés à l’âge, la diversité intergénérationnelle et les enjeux de santé et de bien-être au travail
💡 Et cette conviction forte : chaque expérience, chaque détour, est une opportunité de grandir


Marielle nous invite à repenser notre rapport au travail, à l’engagement et à la diversité, en rappelant que chacun a quelque chose à apporter, quel que soit son âge ou son parcours.

Un échange sincère, lucide et inspirant, pour tous ceux qui doutent, se réinventent ou cherchent leur place dans un monde du travail en mutation.


Les coordonnées mentionnées dans l'épisode:



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Depuis toute petite, je sentais que j'étais différente. Je ne pensais pas comme tout le monde.

  • Speaker #1

    Si je n'avais pas fait ce burn-out, je ne me serais jamais lancé dans l'entrepreneuriat. C'est un épisode douloureux qui m'a ouvert les yeux.

  • Speaker #0

    Franchement, j'ai eu un moment dans ma vie où on me demandait ce que je faisais comme métier. Je n'arrivais pas à répondre, c'était chaud de ouf. Je ne savais pas quoi répondre.

  • Speaker #2

    Le jour où j'ai perdu mon entreprise, j'ai perdu aussi pas mal d'amis. Ça m'a mis une claque. Mais ça m'a appris à avancer autrement.

  • Speaker #3

    Moi, ce projet, j'y ai cru jusqu'au bout, même quand on me disait que c'était impossible. Aujourd'hui, je suis fier de ce que je fais et de qui je suis.

  • Speaker #4

    Et vous, quelle est votre histoire ? Bienvenue dans Vos Atypiques, les parcours qui changent la norme. Aujourd'hui, je reçois Marielle Villard, DRH et fondatrice de Calisense. Marielle a un parcours riche. fait de transitions, de choix assumés et de questionnements profonds sur le sens du travail, la légitimité et la diversité des profils. Dans cet épisode, elle revient sur ses débuts bien loin des RH, puisqu'enfant, elle rêvait d'un autre métier, et sur la manière dont elle a trouvé, plus tard, sa véritable vocation. Ensemble, nous parlons d'entretien d'embauche, de recrutement, de préjugés sur l'âge et de la place des profils des expérimentés dans un monde du travail en pleine mutation. Marielle nous partage son regard lucide sur les étiquettes qu'on colle aux individus, le syndrome de l'imposteur et la nécessité de prendre du recul pour mieux avancer. Elle rappelle surtout qu'il n'existe pas de parcours unique, que chaque expérience compte et que la diversité intergénérationnelle est une vraie richesse pour les entreprises. Alors, si vous vous interrogez sur votre avenir, vos choix de carrière ou simplement sur la manière de rester engagée et confiante à chaque étape de votre vie professionnelle, Cet épisode est fait pour vous. Installez-vous confortablement, ouvrez grand vos oreilles. Voici l'histoire inspirante de Marielle Villard, une femme de conviction, d'ouverture et d'engagement. Marielle, on va feuilleter ton parcours, ton passé, ton présent, ton futur. Bonjour Marielle.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #4

    Merci d'avoir accepté mon invitation sur ce podcast.

  • Speaker #2

    Avec grand plaisir, je suis ravie d'être là.

  • Speaker #4

    Marielle, je vais commencer par une question qui m'a toujours un petit peu dérangée. Marielle, tu fais quoi dans la vie ?

  • Speaker #2

    Je suis DRH de métier, c'est une vraie passion. J'ai découvert tardivement cette vocation à la fin de mon parcours d'étudiante, puisque j'ai fait toutes mes études supérieures en alternance. Ça m'a permis très vite de rentrer dans la vie active. Et comme j'ai eu beaucoup de mal à trouver ma voie, en fait, voilà, arrivé à mon bac plus 5, j'ai découvert les ressources humaines. Et là, ça a été une révélation pour moi et je suis toujours restée dans ce domaine, tant en entreprise qu'aujourd'hui dans ma société.

  • Speaker #4

    Ok, alors là, on va ouvrir la première page de ton album, celle du passé. Donc tes débuts, tes choix, tes détours et tout ce qui t'a amenée jusqu'à Calissance. Marielle, j'ai une première question. Si je t'avais rencontrée à l'âge de 10 ans, tu m'aurais dit que tu voulais faire quoi comme métier plus tard ?

  • Speaker #2

    Alors quand j'étais petite, il paraît, je ne me rappelle pas trop, mais je voulais être gynécologue obstétricienne. C'est raté ? Rien à voir, mais je crois que mettre des bébés au monde, en fait, ça faisait partie de mon imaginaire d'enfant. J'étais plutôt sage, plutôt bonne élève, enfin avant l'adolescence en tous les cas. Et voilà, j'avais plutôt cette vision-là de mettre des bébés au monde.

  • Speaker #4

    Et pourquoi avant l'adolescence, en tous les cas ? C'est qu'après, tu as fait les 400 coups. Vas-y, balance !

  • Speaker #2

    Oui, voilà. Mes parents en parlent encore de temps en temps lors des repas de fête. Oui, oui, l'adolescence, pour moi, était un petit peu mouvementée parce que je n'arrivais pas forcément déjà à me projeter. On nous demandait quel bac tu veux faire, quel études tu veux faire, quel métier tu veux faire. Et comme moi, j'ai toujours beaucoup de goût pour... plein de choses. C'était difficile pour moi de m'engager sur une voie unique. Et du coup, j'avais envie de, déjà, à l'époque, de beaucoup de diversité. Donc, au-delà de mon petit caractère rebelle, j'avais surtout du mal à me poser sur un sujet ou une filière unique, très formatée. Ça me posait déjà quelques difficultés et quelques questionnements.

  • Speaker #4

    T'avais du mal à t'orienter ? À quel moment t'as dû... Enfin, on est tous obligés de faire un choix au bout de la... La troisième, parce qu'il faut aller en seconde, donc il faut choisir soit un cursus technologique. Avant, c'était comme ça ou soit un cursus général. À quel moment, toi, tu t'es dit bon, là, je vais faire ça et je vais suivre cette voie ?

  • Speaker #2

    Déjà au moment du lycée, pour moi, il y avait un vrai choix pour la première. Quand on rentrait en première, il y avait déjà des filières. C'était il y a longtemps, mais il y avait des filières très orientées, scientifiques, littéraires, échos, etc. Déjà, il y a eu une période un peu délicate pour choisir mon orientation. Naturellement, j'avais plutôt de l'appétence vers le littéraire. J'adorais les langues, j'adore bouquiner. J'avais vraiment cette envie-là. Et mes parents voulaient absolument, parce qu'ils pensaient que c'était sans doute mieux, me pousser vers des filières scientifiques. Mais alors, moi, les maths, ce n'est pas du tout mon truc. Donc, c'est là aussi où l'adolescence est venue se bousculer avec mes choix d'orientation, parce qu'ils avaient, eux, des préconisations qui n'étaient pas alignées avec mes envies. Donc, conflit.

  • Speaker #4

    Et tes camarades au lycée, ils étaient sûrs de ce qu'ils voulaient faire ? Tu as des souvenirs de ça ?

  • Speaker #2

    Une partie, j'avais une copine, on prenait le bus, on est toujours amis, on prenait le bus ensemble tous les matins pour aller au lycée, moi je l'ai toujours enviée. Elle a toujours su ce qu'elle voulait exactement faire, quel bac, quelle étude, ce qu'elle a fait d'ailleurs. Elle a changé d'orientation 10-15 ans après finalement, mais moi j'étais très envieuse de cette camarade parce qu'elle savait en fait, alors que moi c'était compliqué justement de me projeter. Elle, elle savait exactement quel métier elle voulait faire et elle a suivi la voie tracée pour réussir cela. Après, d'autres camarades, sans doute, étaient aussi en questionnement, mais c'était quand même moins compliqué. Il me semble que ce que j'entends de Parcoursup ou d'autres sujets du moment pour les jeunes. Mais déjà, moi, à l'époque, ça m'avait posé souci.

  • Speaker #4

    Ah ouais, d'accord. Parce que c'est vrai que quand on a ces camarades qui savent, eux, ce qu'ils veulent faire comme métier, c'est vrai qu'on peut se sentir en décalage. En tout cas, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un petit peu mon adolescence. Donc, c'est pour ça que je te posais la question. Et c'était quoi ton tout premier job ?

  • Speaker #2

    Le tout premier ? Le tout premier, j'étais mineure. Je devais faire des centres aérés l'été, si ma mémoire est bonne. Mon vraiment premier job rémunéré, j'étais mineure, donc animatrice de colo, centre aéré, etc. Et puis après, bizarrement, mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, j'ai trouvé des jobs d'été grâce à ma marraine qui travaillait à l'époque chez France Télécom. Et c'était pour être remplacée la secrétaire du DRH, de la direction régionale. Et j'ai finalement mis, sans le savoir, un pied à la direction des ressources humaines. Ça ne m'a pas généré la vocation à ce moment-là, mais c'était peut-être un prémice.

  • Speaker #4

    Oui, tout à fait. Et tu te souviens de ton premier entretien d'embauche, toi en tant que candidate ?

  • Speaker #2

    Pour un vrai job, tu veux dire ? Oui, pour un vrai job. Moi, j'ai fait de l'alternance. Donc, même mes premières années d'études, dès que j'ai fait de l'alternance, en fait, j'ai commencé à passer des entretiens. C'est peut-être pas le tout premier, mais celui qui m'a marqué le plus, c'était un directeur commercial, c'était pour intégrer un service commercial. Et il était hyper impressionnant, très gros gaillard, imposant, avec une grosse voix. Tu sais, moi, j'étais toute jeune. Et pendant l'entretien, il me pose des questions auxquelles je ne m'attendais pas, parce qu'on ne se préparait pas suffisamment. Puis lui, c'était un directeur commercial, donc habitué à challenger, à poser des questions, etc. Et il me met devant un PC et me demande de faire des formules sur Excel parce que moi, forcément, je lui avais dit que j'étais... T'avais menti ? Non, je n'avais pas menti. Mais non, mais il m'a dit quand vous connaissez Excel. Oui, je connais Excel. Mais il a commencé à me demander des formules que j'étais incapable de faire. Et donc, je me suis sentie un petit peu en difficulté. Donc ça, c'est un entretien de recrutement jeune qui m'a bien marquée et qui m'a du coup aidée à préparer les suivants parce que... Ça m'a permis ensuite de mieux me préparer parce que j'en ai passé pas mal des recrutements, des entretiens de recrutement. J'ai souvent changé d'entreprise ou j'ai souvent évolué en interne et du coup, des entretiens, j'en ai connu pas mal. Et puis en tant que DRH, j'en ai fait, si passé un certain nombre, mais j'en ai moi-même connu de nombreux.

  • Speaker #4

    Et t'avais quel âge pour l'entretien que tu as passé, celui dont tu parles ?

  • Speaker #2

    Bah là, celui dont je te parle, c'était pour rentrer en école de commerce. Je ne sais pas, j'avais le bac, ouais, j'avais 21 ans peut-être. Ah oui, ouais, t'étais jeune.

  • Speaker #4

    Ah oui ?

  • Speaker #2

    Oui, j'étais toute jeune. Alors, j'avais déjà fait de l'alternance, puisque j'avais repris un BTS en alternance à l'époque. À l'époque, ça fait vieux quand je dis ça. J'admets. Mais néanmoins, il n'y avait pas beaucoup de formations en alternance. Aujourd'hui, il n'y a que ça, ça foisonne de partout. Et d'ailleurs, ça laisse beaucoup de jeunes sur le carreau pour trouver. Mais en tous les cas, à l'époque, effectivement, à part des formations manuelles, sur d'autres types de formations, il n'y avait pas énormément d'alternance. Et donc, j'avais repris en BTS pour pouvoir repartir sur d'alternance. Donc, j'avais déjà fait mon BTS. Et là, je rentrais sur un bac plus 3, bac plus 4. Donc, oui, j'avais un peu plus de 20 ans. Ah ouais,

  • Speaker #4

    jeunette. Et c'est quoi les questions ? Quelles sont les questions qui t'ont le plus marqué en entretien ? Où là, soit tu as répondu de façon très... avec beaucoup d'aisance, ou soit des questions avec lesquelles tu as botté en touchant. Moi, je sais que... Je t'ai dit, moi j'en ai une, mais je te la poserai vraiment à la fin de l'émission.

  • Speaker #2

    Moi, ce qui m'a toujours gênée, parce que des questions sympas ou faciles, ce n'est pas celles qui te restent, je pense, à l'esprit, parce que du coup, elles ne te mettent pas forcément en difficulté particulièrement. Moi, je me rappelle d'un cabinet parisien, plus tard dans ma carrière, je devais peut-être plutôt avoir une trentaine d'années, j'étais encore assez jeune, mais qui est rentré, c'est un vieux briscard, gros cabinet parisien. hyper cossue, qui a une moquette épaisse.

  • Speaker #4

    Qui appréciade.

  • Speaker #2

    Et je l'ai trouvé détestable en entretien. Il est rentré sur des sujets persos. Et ça, il m'est rentré dans des sujets persos, très persos, en fait. Pourquoi je n'avais pas encore d'enfants à mon âge, etc. Et là, j'ai senti de l'inconfort. Vraiment. J'ai trouvé que c'était intrusif. Aujourd'hui, ce n'est plus autorisé. Je sais qu'il y a des gens qui continuent d'avoir ce genre de pratiques. Mais je suis toujours très vigilante à ça. Je l'ai été longtemps dans toute ma carrière. Et je taclais souvent mes managers quand on faisait des entretiens en binôme pour leur dire « non, mais combien il a d'enfants et ceci ? » Ce n'est pas le sujet en fait. Ce n'est pas là les compétences ou la motivation, le potentiel du candidat. Et moi, j'ai subi deux entretiens assez durs dans ma vie parce que c'est venu attaquer le personnel pour ce cabinet-là. Et une autre fois, une femme en entretien aussi, qui m'a dit « mais en fait, vous êtes instable » . Alors, j'ai trouvé ça assez agressif, mais en fait, je comprends aujourd'hui, parce que j'ai eu un parcours un peu atypique, où j'ai effectivement changé assez souvent d'entreprise, parce que j'avais besoin de me nourrir, j'ai besoin de diversité, et puis les évolutions qu'on me proposait parfois ne me correspondaient pas, ou en tout cas, j'ai eu des opportunités qui font que j'ai souvent changé d'entreprise. Avec un run court, 3-4 ans, et j'entends qu'on puisse me dire, effectivement, ça paraît instable. Mais je l'avais trouvée agressive et un peu violente, parce qu'il y avait une vraie cohérence dans le parcours, il y avait un fil rouge, à chaque fois c'était une étape d'évolution, ou la possibilité de s'ouvrir à autre chose. Et elle avait été assez dure dans son propos. Ça, ça m'avait marquée.

  • Speaker #4

    c'est sûr que quand on te dit que tu es que que tu es instable parce que justement tu changes beaucoup d'entreprises. Comme tu le dis, il y a un fil rouge et tu avais besoin de te nourrir. Tu l'exprimes très clairement.

  • Speaker #2

    Oui, oui. Puis j'ai plutôt une personnalité fidèle. Je suis quelqu'un fidèle dans la durée, dans mes relations, en amitié, etc. Ou dans le travail. J'entretiens tout ça avec les gens et me qualifier d'instable, j'avais trouvé ça assez violent à ce moment-là. C'était sans doute pour me déstabiliser. mais... Mais ça démontrait déjà à l'époque qu'on aimait bien mettre les gens dans les cases et moi, je ne rentrais pas dans des cases standard.

  • Speaker #4

    Tu as pu lui répondre à cette dame quand elle t'a dit ça ou tu as été déstabilisée et du coup, tu n'as pas forcément rétorqué ?

  • Speaker #2

    J'ai répondu, mais plus sur le mode défensif, en fait, parce que je me suis sentie agressée. Donc oui, j'ai répondu parce que j'ai plutôt un peu de répartie, mais en fait, je l'ai mal vécu. Et après coup, quand j'ai analysé, j'ai dit, c'est peut-être... Ce n'est pas ça que j'aurais dû lui répondre ou j'aurais dû peut-être argumenter différemment. Mais j'étais un peu déstabilisée effectivement sur le coup parce que ce n'était pas du tout l'image en plus que moi j'avais de moi-même à ce moment-là. Encore une fois, je me vois plutôt comme quelqu'un qui entretient dans la durée de fidèle, etc. Et elle venait de me qualifier avec un adjectif qui me choquait. Donc déstabilisée, mais j'ai argumenté bien entendu, mais pas très bien je pense. Je n'ai pas été retenue d'ailleurs sur le poste.

  • Speaker #4

    Est-ce que tu y serais allée, même si tu avais été retenue ? C'est ça, mais après on ne saura jamais.

  • Speaker #2

    C'était un cabinet de recrutement. Donc, tu sais, les recruteurs, ce n'est pas avec eux que tu bosses après. Donc, ça reste un jeu de rôle et une étape qu'il faut passer, qui est rarement la plus agréable. Mais ce n'est pas ton manager de demain. Donc, en fait, ce n'est pas très grave. Mais le problème, c'est qu'il faut déjà les séduire eux. pour qu'ils te laissent accéder au véritable poste, au véritable dirigeant, manager ou autre. Donc ça reste un jeu de rôle et de séduction indispensable dans le processus. Donc je pense qu'elle m'a blacklistée. J'ai jamais vu le fil.

  • Speaker #4

    Ça t'a permis aujourd'hui d'être DRH à ton tour et chef d'entreprise. Marielle, même si tu y es un petit peu... Ah, excuse-moi, tu voulais...

  • Speaker #2

    Non, non, non, mais oui, effectivement, ça ne m'a pas empêchée. Ce n'est pas parce qu'on loupe un processus de recrutement ou un job qu'il n'y a pas d'autres opportunités. Donc voilà, ça, c'est des rencontres qui ne devaient pas se faire. Et puis c'est tout, mais ça n'empêche pas aujourd'hui, effectivement, d'avoir... Une belle carrière en tant que DRH et aujourd'hui d'avoir ma société, effectivement.

  • Speaker #4

    Tout à fait. Et Marielle, même si tu y as un petit peu répondu, c'est quoi ton trop ou ton pas assez qu'on t'a déjà fait remarquer dans le monde du travail ? Tu disais instable, mais est-ce que c'est revenu souvent ?

  • Speaker #2

    Plus j'avançais en fait en tant que salariée, plus ça revenait puisque je continuais sur mon run de changement. Donc forcément, ça ne s'est pas amélioré avec les années. Après, le trop, je pense que mon caractère aussi, plutôt direct. Moi, j'ai toujours été quelqu'un très terrain dans l'industrie. Donc, si tu veux, pour parler avec les gens du terrain, il faut se dire les choses. Et des fois, je manquais peut-être de sens politique ou stratégique parfois. Et puis, le pas assez. Qu'est-ce que je n'aurais pas eu assez ? Je ne sais pas.

  • Speaker #4

    Après, si ça ne te vient pas, ce n'est pas grave. Mais c'est vrai que généralement, c'est toujours... C'est vrai que quand tu as un profil, on va dire, expérimenté, tu es le trop. Quand tu es plus jeune, tu es le pas assez. Donc, c'est ce que j'ai remarqué.

  • Speaker #2

    Moi, souvent, je fais un parallèle avec les ventes de maisons. En fait, les gens, ils viennent visiter ta maison que tu as mis en vente et en fait, ils trouvent toujours tous un défaut, un ceci, un cela. Et c'est chacun indifférent. Un coup, c'est ceci. Un coup, c'est la cuisine. Un coup, c'est le garage. Un coup, c'est le jardin. Un coup, c'est l'orientation. Bref, il y a toujours un sujet pour pas qu'ils te l'achètent. Et j'entends, c'est leur choix. Mais en fait, dans les entretiens de recrutement ou de sélection, c'est toujours ça. ils te reprochent. Oui, ils te font remonter du trop ou du pas assez systématiquement et d'un entretien à l'autre ou d'une personne à l'autre, ce ne sont pas forcément les mêmes tendances. Donc, il faut prendre beaucoup de recul, je pense, par rapport à ça.

  • Speaker #4

    Oui, c'est compliqué, mais effectivement, prendre du recul, ça permet de mieux digérer un petit peu les remarques qu'on t'a faites, mais c'est surtout de se dire, est-ce que j'ai besoin de me coller cette étiquette qu'on vient de me donner ? C'est vrai que, bon, moi, c'est comme ça que j'ai vécu un peu les choses. et que j'arrivais à prendre le recul parce que, comme toi, j'avais cette étiquette d'instable, et crois-moi que c'était difficile de m'en défaire. Est-ce qu'il y a un moment durant ton parcours, Marielle, où tu t'es sentie illégitime, pas à ta place ?

  • Speaker #2

    Illégitime, je ne pense pas. Après, mon syndrome de l'imposteur revenait assez souvent parce qu'il fait partie de moi, et du coup, j'ai dû bosser souvent plus. pour peut-être démontrer, faire mes preuves. J'ai commencé dans l'industrie, terrain très syndiqué, milieu industriel fort, etc. J'étais la seule femme du Codire, j'étais jeune. Enfin voilà, j'avais beaucoup de handicap vu sur le papier parce qu'effectivement... entourée d'hommes et dans l'industrie, et relativement jeune. Donc, je pense que j'ai dû bosser parfois deux fois plus que certains. J'ai toujours été la moins bien payée du Codire. Puis, en tant que RH, j'avais accès aux payes. Donc, je me dis sans doute possible. J'ai systématiquement été effectivement la dernière du peloton parce que le poste de DRH n'était pas valorisé et parce que j'étais une femme et parce que j'étais jeune et ceci, cela. Donc... Ilégitime, non, mais pas reconnu, certainement.

  • Speaker #4

    Parce que, effectivement, comme tu disais, tu étais une femme dans un milieu d'hommes, jeune. Tu cumulais les handicaps. Et ça, c'est compliqué de se faire sa place. Mais moi, je pense surtout à quand on a une promotion interne au sein d'une entreprise, c'est compliqué de se sentir légitime.

  • Speaker #2

    Oui, oui, complètement. Et c'est un travail à faire aussi avec soi, d'accepter. On a tous un plafond de verre et qu'on a tous des limites parce qu'on en a tous, quoi qu'on en dise. On n'est pas capable de tout, même si des fois, on a des envies. On ne peut pas tout faire. Et il y a certains postes qui peuvent parfois être trop gros. J'ai pris un poste une fois où j'ai regretté. Alors, je sais qu'il ne faut pas avoir de regrets. Et finalement, ça a coloré aussi la suite de ma carrière et ça m'a fait beaucoup grandir. Mais très vite, on m'a demandé de faire du plan social avec des fermetures de sites, avec des grosses grèves, etc. Ça a été très, très dur pour moi émotionnellement. Et c'est là où j'ai senti aussi mes limites.

  • Speaker #4

    Tu disais au début de l'émission que tu as eu plusieurs expériences diverses et variées, mais que toutes ces expériences, il y avait un fil rouge qui les reliait. C'est quoi ton fil rouge, Marielle ?

  • Speaker #2

    Mon fil rouge personnel, c'était comment je grandis, comment je progresse et qu'est-ce que j'apprends à chaque étape. Moi, je n'ai pas forcément couru les responsabilités, les gros salaires ou les grosses boîtes. Ce n'était pas forcément ma stratégie. Mais c'était à chaque fois que je vais dans une entreprise, qu'est-ce que je vais apprendre ? Qu'est-ce que ça va m'apporter à moi ? Qu'est-ce qui va me permettre de grandir dans ce nouveau job, dans ce nouvel environnement ? C'est quoi les challenges qui sont proposés et qui vont m'être utiles pour l'étape d'après en fait ? Donc souvent j'essayais d'avoir une vision avec deux jalons en fait. C'est je prends ce poste-là, comme ça je vais acquérir telle et telle connaissance, telle et telle compétence. Ce qui me permettra peut-être d'accéder du coup à ce poste-là après. Des fois, ça se produisait, des fois, ça ne se produisait pas. Mais moi, c'était ça dont j'avais besoin. Et puis, de me projeter avec le manager. Avant de créer Calicence, j'ai fait un petit bilan comme ça en me disant « Alors, combien tu as eu de managers dans ta carrière de RH ? » J'en ai eu pas mal du coup, puisque j'ai changé de boîte. Puis des fois, dans certains groupes, je changeais de manager sans changer de job. Donc, J'en ai eu pas mal, j'en ai pas eu beaucoup qui étaient bons.

  • Speaker #4

    Ah ouais, tu dis ça comme ça ?

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez affligeant quand j'ai fait le calcul du nombre de managers que j'ai eus et du nombre qui m'ont vraiment apporté, fait confiance, fait grandir, avec qui j'avais envie de bosser, qui me tiraient vers le haut. Il n'y en a pas eu tant que ça.

  • Speaker #4

    Et comment toi, tu as pu progresser ? Alors, comment tu as trouvé ton axe de progression ?

  • Speaker #2

    Quand ça se passait bien avec les managers, avec mon équipe, c'était assez facile. Ça porte, ça aide, c'est toujours super chouette. Après, quand ça se passait vraiment trop mal, que ça me générait trop de frustration ou de colère, manque d'alignement de valeur, etc., je partais.

  • Speaker #4

    Oui, tout simplement.

  • Speaker #2

    Et puis après, ma stratégie, et ça, c'est les grands groupes qui peuvent apporter ça, c'est d'avoir des managers à distance. Donc, ma stratégie, ça a été de me tourner vers l'international et d'avoir des DRH Europe ou autres qui étaient à l'étranger. Et du coup, moi, en France, j'étais autonome. On faisait des visios, allez, une fois tous les 15 jours. Et ça me suffisait. Comme ça, j'étais autonome sur mon périmètre et j'avançais comme... Comme je voulais, j'avais moins le poids de la contrainte managériale.

  • Speaker #4

    La soif de liberté.

  • Speaker #2

    On retrouve mon petit côté rebelle de l'adolescente.

  • Speaker #4

    C'est ce que j'allais dire. Maintenant, je te propose qu'on tourne la page et qu'on arrive sur les photos du présent. Là, c'est la photo d'aujourd'hui, celle de ton entreprise, de ton engagement. Et puis, il y a toujours cette question essentielle d'actualité. Comment fait-on pour redonner leur juste place aux profils expérimentés ? Quelle licence c'est quoi Marielle, si tu devais nous raconter cette histoire simplement ?

  • Speaker #2

    C'est une magnifique aventure qui a commencé en 2019 et l'ADN de départ c'était de me dire comment je peux aider les personnes qui sont comme moi, un peu différentes, un peu atypiques, mais surtout qui veulent travailler différemment. Parce qu'à cette époque-là, déjà je me disais... Le CDI, ce n'est pas forcément l'unique solution et ce n'est pas la seule option qui se présente à nous, notamment pour des profils cadres, mais pour d'autres profils également. Mais surtout pour les profils cadres, j'avais le sentiment que les entreprises avaient besoin de flexibilité et que j'avais dans mon réseau et mon entourage des gens finalement qui me ressemblaient. qui avaient envie de cette diversité, de variété dans les missions d'apprentissage et qui avaient engrangé au fil des années et d'années de carrière des compétences multiples qu'ils souhaitaient mettre à disposition des entreprises, mais avec des formats flexibles. Donc c'est vraiment l'ADN de départ, c'est comment proposer d'accompagner ces personnes-là. Et dans ce cadre-là, j'ai créé ma propre structure de portage salarial, plus cabinet de conseil, plus organisme de formation, vraiment pour outiller toutes ces personnes-là. Donc aujourd'hui, j'accompagne des indépendants avec un statut de salarié, en grande partie, mais surtout, je suis restée... un pied sur le terrain auprès de mes clients entreprises pour essayer d'aller prêcher un peu la bonne parole et de leur dire qu'il y a des solutions pour accéder à des profils expérimentés disponibles sur le marché, qui peuvent vous apporter plein de compétences différentes et qui peuvent vous accompagner sur un bout de chemin, sur des formats très variables. Ça peut être du management de transition, ça peut être du conseil, ça peut être du temps partagé. Il y a plein de formats aujourd'hui possibles. Et même les plus petites entreprises peuvent accéder à ces profils-là. Ce n'est pas réservé aux grands groupes. Il faut juste l'ajuster et le calibrer de la bonne façon. Donc aujourd'hui, on est un peu plus de 70 personnes chez Calisens. On travaille principalement sur le territoire ouest de la France, même si avec la digitalisation, aujourd'hui, on est capable d'accompagner tout le monde en France, de facturer à l'étranger, etc. Les outils nous aident beaucoup pour ça. mais effectivement on accompagne les personnes qui veulent travailler autrement et donc tu travailles beaucoup avec des profils expérimentés,

  • Speaker #4

    souvent des seniors j'allais dire même bien souvent des seniors qu'est-ce que tu aimes chez eux ?

  • Speaker #2

    déjà moi-même si on regarde le code du travail je suis senior depuis mes 45 ans c'est assez ridicule en le disant mais effectivement on devient senior à 45 ans alors qu'il nous reste au moins 20 ans à faire. Non, mais moi, j'aimais bien ces profils-là pour plusieurs raisons. Déjà, ils ont souvent de très beaux parcours. Ils ont une maturité. Ils ont de nombreuses compétences. Ils ont un regard aussi sur l'entreprise et sur la vie qui est forcément différent des jeunes. L'âge faisant, on évolue avec tout ça. Et puis... Et puis j'ai aussi bien conscience que parfois, rebondir à un certain âge peut être très compliqué. On a quand même en France un taux d'emploi des seniors qui est inférieur à 60%, je crois que j'ai 58% en tête. On est en retard par rapport à nos confrères européens, on n'est pas bon dans le classement. On a beau faire une loi senior et mettre des choses en place, c'est quand même encore très compliqué aujourd'hui pour un senior. parfois de rebondir en fin de carrière. Et je trouvais que du coup, leur proposer des nouveaux formats de travail qui pourraient séduire les entreprises était une façon pour eux aussi de transmettre leurs compétences, d'apporter, de se sentir utile et de continuer leur carrière professionnelle.

  • Speaker #4

    Et à ton avis, pourquoi a-t-on encore du mal à leur faire une vraie place dans les entreprises ?

  • Speaker #2

    Parce qu'on est plein de préjugés. Tu sais, en France, il faut rentrer dans des cases, il faut encore un diplôme, il faut connaître le même secteur d'activité. On n'est pas forcément très, très ouvert, pas tout le temps, en tous les cas. Heureusement, j'ai des gens dans mon réseau qui ne sont pas ainsi et arrivent à faire des pas de côté, à tenter des expériences. Mais on aime bien prendre une décision rassurante quand on recrute. C'est aussi pour ça que les formats flexibles, permettent le droit à l'erreur aussi. Un process de recrutement, ce n'est pas une valeur absolue de fiabilité. Je pense que oui, ils ont peur d'avoir des gens déconnectés qui ne vont pas assez vite ou qui vont apporter, qui vont coûter trop cher. Ils vont être souvent malades. Je l'ai entendu. Voilà, il va commencer à y avoir... Oui, alors entre 30 et 40, on dit, il va y avoir les congés mat. à 50, on va dire qu'il y a la ménopause et puis après, elle est trop vieille, elle a de l'arthrite. Non, mais il y a toujours une bonne raison, c'est comme la maison tout à l'heure, il y a toujours une bonne raison pour parcruter un senior ou un junior ou quelqu'un qui sera en situation de handicap ou une femme en âge d'avoir des enfants, etc. Donc,

  • Speaker #0

    Je pense que ce sont des préjugés, un manque de flexibilité. Et pour autant, ces personnes qui sont sur leur dernière partie de carrière ont énormément apporté aux entreprises, aux nouvelles générations qui arrivent. Il y a une transmission des savoirs colossale à structurer dans bon nombre d'entreprises. Et aujourd'hui, c'est eux qui portent les connaissances. Ça manque sans doute un petit peu d'ouverture ou de risque. Après, on a vu faire des très, très beaux reprises, moi et des seniors. Il y a des belles histoires, des belles réussites. Heureusement qu'il y a des gens qui font confiance et qui s'ouvrent. Moi, je leur dis souvent... Alors avant, c'était difficile de retrouver un job après 50 ans. Ça s'est un petit peu décalé, mais passé 55, ça commence vraiment à piquer. Mais moi, je leur dis, à 55, ils ont encore quand même 10 ans à faire. 10 ans à faire, c'est une belle tranche de vie quand même, 10 ans.

  • Speaker #1

    Oui, 10 ans à faire, effectivement, puisque l'âge du départ à la retraite est à 64 ans. 65, mais bon, d'ici là, ça peut encore changer. Mais là, c'est 64. Et effectivement, on parle même de 67. Donc oui, j'imagine. Et si tu pouvais casser un cliché sur les seniors au travail, ce serait lequel ? Il y en a tellement, c'est ça.

  • Speaker #0

    Oui, je vois des gens hyper engagés, hyper investis, qui ont des compétences multiples. Ils arrivent aussi à un âge où la maison est payée, les enfants sont grands. Ils peuvent parfois retrouver de la disponibilité en termes d'engagement, de valeur travail, etc. Ce sont des gens qui ont une éducation aussi avec souvent des fondamentaux de respect, de bienveillance qu'on ne trouve parfois pas. toujours avec les nouvelles générations. Et du coup, c'est quand même... Voilà, on se cache derrière des choses de vieillerie. Moi, j'ai des gens qui sont beaucoup de seniors dans l'équipe qui sont beaucoup plus affûtés que moi sur l'IA ou sur certains sujets parce qu'ils se sont emparés des choses, ils sont intéressés et ils sont moteurs. Donc, il ne faut pas faire de généralité. Il peut y avoir des seniors qui sont en décalage, qui sont... Voilà. Mais encore une fois, on est en train de faire des généralités, on préjuge et on met les gens dans des cases. Il y a des gens très très bien, quel que soit l'âge, c'est beaucoup dans la tête aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Même si le vieillissement fait partie des enjeux qui vont être des vrais sujets de société avec un grand S, mais avec un petit S aussi, ou le vieillissement de la population qui va devoir travailler plus tard. Quand je regarde mes parents, à quel âge ils étaient en retraite, et puis moi, ma projection...

  • Speaker #1

    Tu arrives à te projeter ?

  • Speaker #0

    J'ai quand même travaillé X années de plus. Et effectivement, le corps vieillit. On a aujourd'hui des statistiques de santé. L'âge moyen en bonne santé n'est pas très élevé. Je crois qu'il est à 62 ans. Donc, si tu te dis que tu pars en retraite à 64, dans quel état tu es ? que notre alimentation, la pollution, notre sédentarité croissante, etc., font qu'aujourd'hui nos corps s'amenuisent en termes de matière osseuse, de musculature, etc. Et donc on va être aussi moins résistant à tout ça. Alors peut-être que la technologie viendra aider les postes à faux facteurs de pénibilité, et peut-être que l'IA aidera, même intellectuellement, à nous faire gagner du temps sur des tâches, etc. Il y a sans doute... Plein de choses qui vont se transformer dans les prochaines années de manière exponentielle. Et on ne peut pas présager de quoi que ce soit. Mais en tous les cas, il va falloir prendre soin de cette tranche de la population. Parce qu'elle a encore beaucoup à apporter. Et de toute façon, elle a besoin de travailler. Si on veut parler de notre système collectif, à un moment donné, on ne peut pas mettre les seniors au placard.

  • Speaker #1

    Ils arrivent, les seniors, à garder confiance quand ils ne trouvent pas de travail. C'est dur, comme tout le monde.

  • Speaker #0

    Mais ça dépend. Comme tout le monde, effectivement, j'ai des juniors ou des gens en milieu de carrière qui, des fois, s'interrogent. C'est toujours une question de temps, en fait. La confiance, elle s'amenuise au fil du temps. Donc, un échec, un deuxième, ou une déception, une deuxième, ça passe, ça se gère, c'est jamais agréable et tout le monde a connu ça. C'est quand ça dure. C'est quand, à force de candidature, d'entretien, tu es toujours le deuxième couteau. Des fois, tu as le sentiment d'avoir été le lièvre. Et puis au final, on a aussi aujourd'hui des manières de recruter qui sont de moins en moins respectueuses des candidats. On ne fait pas de retour, on ne tient pas informé. C'est devenu un marché un peu particulier aussi, je trouve. Et oui, je vois des fois des gens qui baissent un petit peu les bras parce qu'ils se remettent en cause.

  • Speaker #1

    Oui, puis l'âge.

  • Speaker #0

    Alors que ce n'est pas eux le problème. Et puis,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce frein à l'âge. Oui, de toute façon, je suis trop vieux, trop vieille. Et c'est sûr qu'à côté d'un junior, on va privilégier un candidat beaucoup plus jeune parce qu'il y a plus à offrir, etc. Alors que les deux générations ont des choses différentes à apporter. Donc, c'est vrai que ça peut être justement intéressant. d'intégrer des juniors et des seniors dans une entreprise. Pour moi, c'est une diversité de profil.

  • Speaker #0

    Dans une équipe, je me l'appliquais à moi-même, mais à mes managers, c'était le même discours. C'est d'ayez des équipes où vous allez intégrer la diversité, parce qu'elle sera plus riche. Alors peut-être que c'est moins facile à manager, parce qu'il faut s'adapter, parce qu'il faut beaucoup communiquer, parce que ça demande peut-être plus de temps et d'énergie. Néanmoins, vous allez aller deux fois plus loin parce que vous allez avoir de meilleures idées, vous allez pouvoir travailler différemment. Alors qu'on a tendance à chercher notre clone, la personne avec qui ça va être super fluide, qui nous ressemble, voire qui est un peu moins bon que nous. Je dis mais non, prends quelqu'un qui est meilleur que toi. Il va t'avancer des sujets sur lesquels toi, tu peux être des fois un petit peu juste et toi, tu vas te concentrer sur d'autres choses. Tu auras plus de temps à consacrer à ton équipe ou à la personne qui est un petit peu moins agile. Donc prenez des... faites des recrutements avec de la diversité de profils, de parcours, d'âge. L'intergénérationnel, c'est hyper puissant. Et dans les deux sens, on peut faire du mentorat avec les seniors, mais on peut aussi faire du reverse mentoring avec les juniors qui, eux, aujourd'hui, sont hyper agiles avec les outils digitaux, par exemple, pour la plupart, et peuvent apporter, par exemple, beaucoup de choses, effectivement, même aux seniors sur certains sujets. Donc, il y a encore une fois... Un temps pour tout et des valeurs et des compétences à tout âge qu'il est bon de confronter et de rassembler.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils t'apprennent ces seniors dans ton quotidien de chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Que j'ai encore plein de compétences à travailler, à acquérir, qu'il y a tellement de diversité dans les parcours. J'échange avec des gens qui ont des parcours. cours trop chouettes ou très difficiles. Enfin, voilà, on a tous un sac à dos à porter. Mais voilà, je fais des très, très belles rencontres. Et ce qui m'apporte, c'est effectivement la conviction qu'on est tous une personne unique avec un parcours de vie et on peut tous apporter quelque chose à quelqu'un ou à une entreprise. Et que c'est possible, en fait. Et qu'il ne faut surtout pas baisser les mains.

  • Speaker #1

    On referme doucement les photos du présent et on tourne la page vers la suite de l'album. Mais sur cette page, il y a celle du futur, ce que tu veux construire, transmettre et inspirer. Mais d'abord, je vais remonter quelques minutes dans le passé. Quand tu regardes ton parcours, c'est quoi ton bof ? Ce que tu referais autrement ? Et c'est quoi ton ouf ? Le moment dont tu es la plus fière ?

  • Speaker #0

    Le bof, je te dis, c'est ce que je t'évoquais, j'ai quand même fait des choix parfois d'entreprise. On m'a vendu du rêve en fait. Il y a eu un effet marketing RH où on m'a vendu certains postes qui en fait étaient loin d'être la réalité. Donc je me dis que parfois j'ai eu le choix et j'ai peut-être pas fait le bon choix. Après c'est le chemin, c'était le mien et puis ça m'a forcément appris des choses. Après, j'aimerais bien continuer à maintenir mon niveau d'anglais parce que je parlais beaucoup anglais dans mes postes. Et voilà, bof aujourd'hui parce que je ne travaille plus du tout. On le perd vite. C'est frustrant. On le perd super vite. Ça revient vite aussi quand on doit s'y remettre, mais ça demande pas mal d'efforts. Et puis sur les fiertés, c'est une fierté. Fierté un peu globale de dire, attends, finalement, tu t'es cherché pendant plusieurs années, tu as trouvé ensuite ta voie et par petit saut de puce, finalement, tu as réussi à avoir aujourd'hui une légitimité dans ta posture de RH, une légitimité dans ta posture de chef d'entreprise et de manager. Donc ça, c'est plutôt une fierté. Mais il en reste encore tellement à faire que de toute façon... On reparlera sur mon lit de mort. Mais voilà. Oui, je pense que globalement, les réussites, elles se mesurent par petites touches, en fait. Moi, ce qui me touche, c'est quand les gens me rappellent ou quand les gens me font son reconnaissant. Ma réussite personnelle, en soi, ça n'a pas trop de valeur intrinsèque. Ce qui me fait plaisir, c'est quand les gens... Voilà. reconnaissent que tu étais un bon manager ou que tu as apporté des choses dans un poste. Je croise encore des gens que j'ai managés ou que j'ai accompagnés dans les entreprises et qui font des retours. On ne plaît jamais à tout le monde. Et c'est ça qui est positif. C'est de savoir que j'ai pu aider des gens, que je les ai accompagnés à un moment donné. Ce besoin d'utilité, de se sentir utile.

  • Speaker #1

    Donc tu te sens utile.

  • Speaker #0

    Pas tout le temps, pas tous les jours. Mais oui, si je dois regarder globalement, quand tu me dis de regarder par-dessus mon épaule, oui, je pense que j'ai clairement pu aider des gens à un moment donné et apporter quelque chose. Donc, c'est tout ce qui compte. Après, je ne l'ai peut-être pas fait assez, mais en tout cas, on continue à le faire aujourd'hui avec Calissance, avec ces personnes qu'on accompagne, en amont de leur projet, pendant leur projet. On fait pas mal de mécénats de compétences et on intervient beaucoup dans des associations, auprès de contacts, pour vraiment donner et accompagner. C'est vraiment le socle pour nous, donc je pense que c'est plutôt réussi.

  • Speaker #1

    Si tu avais une baguette magique, Marielle, pour changer une seule chose dans le monde du travail, tu ferais quoi ? Une seule, tu ne triches pas.

  • Speaker #0

    J'en ai déjà trois ou quatre qui me viennent à l'esprit. Tu as bien fait d'insister. Une seule, je vais peut-être retenir l'ouverture, la flexibilité. Je pense qu'on ne va pas y arriver si on n'arrive pas à comprendre qu'il faut qu'on soit plus ouvert avec les gens, plus ouvert avec les formats, plus ouvert dans notre posture managériale, plus ouvert sur les solutions. On a quand même trop tendance, encore une fois, à se réfugier vers des schémas déjà expérimentés. Et parfois, on ne prend pas assez de risques. Donc, plus d'ouverture vers les gens, vers les autres et vers les solutions qui existent. Ouverture, ça me va, ça.

  • Speaker #1

    Et tu te vois où dans cinq ans ? Ça, c'est la question qui tue. Voilà, ça, c'était ma question. J'ai beauté en touche et j'adore. Aujourd'hui, je me venge.

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai aucune idée. ce que Ce que je sais aujourd'hui, mais ce ne sera peut-être pas le cas parce que je sais que la vie est pleine de surprises, de rencontres, d'opportunités, j'ai la conviction profonde aujourd'hui que je serai toujours à la tête de Calisense, Calisense qui aura évolué, l'équipe se sera agrandie, sans doute avec un business model différent parce qu'on va devoir s'ajuster en permanence à ce qui va nous arriver dans les prochaines années. Et ça pourrait être assez fort sur certains sujets, la transition écologique, les nouvelles technologies, tous ces sujets-là vont quand même devoir nécessiter beaucoup d'adaptation de notre part. Et puis très vite, je vais commencer à penser à la transmission, c'est-à-dire qu'à un moment donné, il faudra céder l'entreprise, il faudra passer le flambeau, et ça va demander des années de préparation. Donc c'est comment, oui, dans cinq ans, je... Je pense que je commencerai à revoir mon business model ou mon modèle économique aussi pour intégrer un ou une associée ou des partenaires ou passer en scope. Il y a plein de schémas possibles en tous les cas. Mais en tout cas, ce sera qu'à licence et toujours dans cette même veine d'accompagnement. J'imagine en tout cas, j'espère.

  • Speaker #1

    Tu as bien répondu à la question, mais au début, c'était mal engagé. Tu as dit, j'en ai aucune idée.

  • Speaker #0

    Tu aurais répondu ça en entretien. J'ai aucune certitude, parce que je sais aussi que mon parcours a été... été, encore une fois, rythmée. Et ça fait déjà presque sept ans que j'ai créé Calisense. Donc là, je suis sur un run hyper...

  • Speaker #1

    Tu seras peut-être gynécologue.

  • Speaker #0

    Ben, écoute, là, il y a quelques années d'études quand même à faire. Mais non, maintenant, parce qu'en fait, ça, c'était vraiment un truc de gamine. Voilà. Mais non, non. Aujourd'hui, je ne pourrais pas du tout l'envisager. Il y a des métiers comme ça, après coup, où tu te dis « Ah ben non, mais je me serais... » Je n'aurais pas pu être prof, je n'aurais pas pu être dans la médecine, je n'aurais pas pu... Il y a des choses comme ça.

  • Speaker #1

    Donc plutôt dans la transmission, enfin du moins revoir ton business model et la transmission après ton entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, et puis continuer à développer l'accompagnement, démocratiser les nouvelles façons de travailler. Je pense qu'il y a des vrais enjeux par rapport à ça. Il y a des besoins, il y a des envies. Moi, je reste convaincue que le CDI va être en perte de vitesse et qu'il faut qu'on s'adapte avec les plus jeunes, notamment, qui vont pousser encore plus fort que nous aujourd'hui. Donc, il y a des enjeux de diversité, d'inclusion. Il y a tous ces sujets-là, à mon avis, qui vont faire sens. Et nous, en tant que dirigeants, il va falloir qu'on s'adapte en permanence à tout ça.

  • Speaker #1

    Et dernière question pour clôturer cet échange. Qu'aurais-tu envie de dire aux personnes qui nous écoutent, qui doutent de leur avenir ? et qui n'arrivent pas à avoir de la visibilité.

  • Speaker #0

    Quand ça m'est arrivé, et plusieurs fois dans ma vie, parce qu'il y a eu des déceptions, il y a eu des écueils, j'ai connu une année de chômage qui a été particulièrement difficile, etc. Donc... Quand on est dedans, on a tendance à baisser les bras, mais à se dire que ça va être difficile, voire inatteignable. Et on a tendance à se laisser peut-être un petit peu décliner en termes de morale. Continuer à y croire parce qu'on a tous des bonnes étoiles, mais aussi surtout des compétences qui séduiront quelqu'un à un moment donné. Donc ne lâchez rien. Et continuez à sortir, à apprendre, à rencontrer des gens. Moi, je suis convaincue que la force du réseau, c'est un vrai atout. Donc, astreignez-vous à voir des gens, à rester positif et à apprendre. Continuez intellectuellement à vous alimenter parce que ça finit toujours par arriver. Et ne restez pas dans les schémas classiques. Peut-être prenez-vous aussi l'initiative de faire un pas de côté et réfléchissez à d'autres solutions. Parce qu'à un moment donné, cette solution-là, que vous pensez être la meilleure, n'est peut-être pas la meilleure pour vous. Voilà, et il faut peut-être vous-même faire un pas de côté. On ne peut pas demander aux autres de faire preuve d'ouverture si nous-mêmes, on n'en fait pas preuve. Ne baissez pas les bras, ne lâchez rien. Il faut y croire parce que ça finit toujours par arriver. Et parfois, sur des processus de recrutement qui ont été très pénibles et longs, j'ai assez souvent des gens qui me disent « j'ai rien eu pendant des mois, ça a été une succession d'écueils, d'échecs, de déceptions. » Et au final, maintenant j'ai le choix entre deux et je ne sais pas laquelle choisir. C'est le choix du roi, mais en tout cas, ne lâchez rien. Et puis, soyez entourés, sortez, voyez du monde, bougez-vous, vous laissez pas abattre.

  • Speaker #1

    Et avant de couper nos micros, Marielle, est-ce que tu peux nous rappeler où est située Calicence ? Comment on peut te contacter pour qu'on puisse donner un petit peu tes coordonnées ?

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir. J'ai un site internet calicence.fr sur lequel vous allez trouver beaucoup d'informations sur nos activités. notamment sur le portage salarial qui est un statut hybride qui est en plein essor. Vous pouvez déposer un CV dans notre Talentec digital pour qu'on puisse avoir connaissance de votre recherche, de votre profil et ça vous donne accès à nos agendas en ligne pour pouvoir organiser une visio et nous rencontrer, que ce soit ma collègue Marjorie ou moi-même. Et donc vous avez toutes les infos en passant par notre site. Forcément, il y a une page LinkedIn qui a licence. et mon compte personnel Calicence aussi, qui est à votre disposition. Et puis, si vous cherchez bien, vous devez pouvoir trouver mon 06 quelque part sur le net.

  • Speaker #1

    Mais je mettrai tout dans la description de cet épisode, comme ça. Il y aura juste à cliquer sur les liens. En tout cas, je te remercie beaucoup, Marianne, pour ce superbe album photo. Merci d'avoir été avec nous et d'avoir partagé avec beaucoup de transparence et de sincérité ton histoire.

  • Speaker #0

    C'était un vrai plaisir, c'était vraiment du live, donc j'ai brodé au mieux pour vous donner une vision sincère. Merci à toi pour ce temps d'échange, j'étais ravie de passer ce moment avec toi et tes auditeurs.

  • Speaker #1

    Merci Marielle,

  • Speaker #0

    à bientôt.

  • Speaker #1

    Parfois nos chemins ne ressemblent pas à ce qu'on avait imaginé. Ils se tordent, s'éloignent, reviennent, comme si la vie nous invitait à apprendre autrement. Ce que Marielle nous offre aujourd'hui... C'est ce regard lucide et bienveillant sur le travail, mais aussi sur soi, celui qui nous rappelle que la valeur d'un parcours ne se mesure ni à la vitesse, ni à la reconnaissance, mais à la sincérité qu'on y met. Être atypique, c'est peut-être tout simplement oser être soi, malgré les étiquettes, malgré les doutes, malgré le bruit. Et si, au fond, changer la norme... C'était juste accepter de marcher à son propre rythme. Merci d'avoir écouté cet épisode de Voix atypique, les parcours qui changent la norme. Prenez soin de vos voies intérieures, de vos élans, et continuez à croire qu'il n'y a pas de voie tout tracée, seulement la vôtre.

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