Astrig Siranossian, un festival en hommage à Nadia et Lili Boulanger cover
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Ondes Sensibles

Astrig Siranossian, un festival en hommage à Nadia et Lili Boulanger

Astrig Siranossian, un festival en hommage à Nadia et Lili Boulanger

34min |11/05/2024
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Description

La violoncelliste Astrig Siranossian est la directrice artistique d'un nouveau festival consacré aux figures de Nadia et Lili Boulanger, qui l'accompagnent depuis longtemps. Il se tiendra à Trouville du 31 mai au 2 juin prochains. En compagnie d'artistes tels que Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin ou Pascal Moragues, elle interprétera des oeuvres de Lili Boulanger, d'élèves de Nadia, et de plusieurs autre compositeurs qui leur étaient chers. Hommage sera également rendu par la projection du film de Bruno Monsaingeon, "Mademoiselle", et par une conférence d'Alexandra Laederich. Astrig Siranossian évoque également ses racines arméniennes, et les deux concerts qu'elle donnera autour de l'Arménie, à la philharmonie de Paris, les 27 et 29 septembre prochains.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Frédéric Huttman au micro, j'ai le plaisir de vous retrouver pour un nouvel entretien. Aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Astrigue Cyrano-Cian, bonjour. Alors je vous reçois à propos d'une riche actualité, mais si c'était le cas je vous recevrais tout le temps Astrigue. Là il y a deux événements dont on va beaucoup parler, à savoir un premier festival Nadia et Lily Boulanger, qui va se tenir à Trouville du 31 mai au 2 juin prochain, dont vous assurez la direction artistique. Et puis il y a aussi un week-end dont je voudrais beaucoup parler qui va se tenir les 27 au 29 septembre prochain à la Philharmonie, un week-end arménien. Donc c'est un peu deux des pôles de votre vie artistique, Nadia Elili Boulanger et l'Arménie.

  • Speaker #1

    C'est vrai, ça fait partie de mes deux pôles, en tout cas qui font partie, qui me nourrissent beaucoup depuis longtemps et je prends plaisir à monter sur scène et à faire partie de... d'événements qui rendent hommage à la fois à Nadia Lili Boulanger et puis également à l'Arménie.

  • Speaker #0

    Oui, je me souviens d'ailleurs, j'avais eu le plaisir de vous interviewer chez vous il y a quelques années, et puis trônaient de manière royale les entretiens de Nadia Boulanger avec Bruno Monsargeon, un des livres phares sur la musique.

  • Speaker #1

    Oui, un livre phare, Nadia Boulanger, c'est l'amour de la transmission, la pédagogie, c'est beaucoup de choses, elle réunit beaucoup de... beaucoup d'éléments qui je trouve inspirent quotidiennement. Elle inspire à la fois quotidiennement et aussi sur le long terme. Moi, c'est une figure qui est presque quotidiennement présente. Je ne l'ai jamais connue, mais à travers les entretiens que j'ai pu lire, à travers toute l'œuvre qu'elle laisse, disons qu'elle est omniprésente dans la musique. L'album que j'avais sorti, j'étais venue d'ailleurs au micro en parler avec vous, Dire Mademoiselle en 2020, ça a été une première étape d'un travail vraiment que... Je souhaite effectuer autour de Nadia Boulanger, là le festival à Trouville c'est une nouvelle étape, c'est un nouveau pan aussi de ma vie artistique que j'aime défendre, à savoir la direction artistique, la création d'événements musicaux et de festivals.

  • Speaker #0

    Vous dirigez déjà un autre festival ?

  • Speaker #1

    Voilà, depuis 9 ans, un festival qui est à Romand-sur-Isère qui s'appelle les Musicades, qui a lieu en été. et qui mélangent musique, gastronomie et littérature. Trois pans aussi qui sont très importants dans la vie. Mais là, l'Indien Lily Boulanger, ça sera à Trouville, une ville où elles ont passé leurs vacances enfant. C'est aussi un autre pan qui, je trouve, est assez intéressant, l'enfance. Quel impact a l'enfance sur une carrière artistique ? Quelles inspirations ? Quelle est l'importance aussi de pouvoir peut-être nourrir de musique une enfance ? Et évidemment Nadia et Lili Boulanger sont deux soeurs qui ont eu des destins tragiques pour Lili Boulanger, mais quand même excessivement riches et qui marquent la musique. Mais voilà, à Trouville-sur-Mer, leur rendre hommage à toutes les deux dans cette ville qui les a bercées enfant, je trouvais qu'il y a une douceur, une tendresse et surtout on est avant le drame de décès de Lili. dans une période où familialement elles vivaient de bons moments ensemble.

  • Speaker #0

    Dans ce disque, vous aviez enregistré aux côtés de Nathanaël Gouin un certain nombre d'oeuvres, et puis même aux côtés de Daniel Barenboim, trois pièces de Nadia Boulanger, parce que Nadia Boulanger est peut-être elle-même coupable, c'est-à-dire qu'elle s'est retranchée en tant que compositrice derrière la figure de sa sœur, et puis derrière l'enseignement.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que Nadia Boulanger, alors Lili Boulanger a eu le premier prix de Rome.

  • Speaker #0

    Mais

  • Speaker #1

    Nadia Boulanger avait eu un deuxième prix de Rome, donc c'est quand même pas rien. Au décès de sa petite sœur Lily Boulanger en 1918, alors qu'elle n'avait que 24 ans, Nadia Boulanger a décidé d'arrêter ses écritures musicales qu'elle jugeait complètement inutiles pour vraiment se consacrer à... à l'enseignement et surtout à la diffusion des œuvres de sa sœur. Donc moi, quand j'en ai parlé à Daniel Barenboim des trois pièces de Nadia Boulanger, il ne savait même pas que Nadia Boulanger avait composé des œuvres.

  • Speaker #0

    Parce que contrairement, il a été élève de Nadia Boulanger.

  • Speaker #1

    Il a été élève quand il avait 12 ans. Ça a été d'ailleurs son premier contact avec la France. Il n'oublie jamais de le dire, Daniel Barenboim, que son premier contact avec la France, c'était de venir au Trentier-Rue Balue. Dans les classes de Nadia Boulanger, j'ai retrouvé d'ailleurs à la BNF, un lieu où j'adore aller fouiller, des lettres qu'il lui avait envoyées depuis Salzbourg. Il avait 12 ans, des lettres de remerciement, où il parle du fait qu'il travaille le quintet de Schumann. Il y avait une correspondance et c'est son premier lien avec la France, à Daniel Barenboim, qui adore ce pays, qui a été les classes de Nadia Boulanger.

  • Speaker #0

    Astrid Cyrano-Sian, quand on regarde votre discographie, votre répertoire, on peut parler aussi d'interprètes qui vous sont chers comme Nathanaël Gouin, Philippe Bianconi ou d'autres, on est frappé par la richesse de votre répertoire et puis un éclectisme. Quand même, je vous ai entendu dans de multiples répertoires. Et vous, par exemple, le matin, quand vous levez, que vous travaillez votre instrument, vous allez vers quel répertoire si vous n'avez pas une obligation de donner un concert ? Qu'est-ce qui vous est le plus proche ?

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est un peu compliqué à dire. Ça dépend un peu des phases de ma vie. Ça dépend des jours. Moi, j'aime la musique. J'aime la belle musique. Voilà, je n'ai pas de... J'aime le son, j'aime l'harmonie, j'aime la chaleur d'un timbre sonore. Il y a des textures sonores qui me plaisent un peu dans tous les styles de musique. Il faut que ce soit harmonieux, il faut que ce soit doux, chaleureux. J'ai une recherche comme ça, je ne dirais pas d'un style particulier de musique, mais d'une émotion que peut transmettre une musique. Le violoncelle, c'est mon instrument que je joue depuis que j'ai 4 ans. C'est le mode d'expression chaleureux, humain et généreux qui, je trouve, se prête à plein de styles différents de musique. Après, il faut faire attention, évidemment, parce que chaque langage musical est une langue et de temps en temps, il faut aussi faire attention à bien savoir défendre un langage musical. Donc voilà, moi je suis intéressée un petit peu, nous avons la chance d'être dans un monde où on peut être très ouvert au monde justement. Moi je voyage beaucoup et je trouve que de s'intéresser à différentes cultures, de s'intéresser à différentes musiques, c'est essentiel, ça nourrit. Et surtout, toutes les musiques se nourrissent, je veux dire l'influence. L'influence de la musique, par exemple, orientale en France a été très forte, même il y a quelques siècles. Le voyage, ça fait quand même vraiment partie de l'être humain. Le rêve du voyage, même par exemple, le souvenir de Florence Tchaïkovski, il n'est jamais allé à Florence. Pourtant, il a écrit une œuvre majeure, il avait le souvenir de Florence. Oui,

  • Speaker #0

    Debussy n'est pas trop allé en Espagne non plus.

  • Speaker #1

    Disons qu'il y a un fantasme du voyage. Moi, j'ai la chance de beaucoup voyager, donc je me dis que c'est formidable parce que finalement, j'ai une vie. que peut-être beaucoup de générations auraient rêvé avoir, il faut aussi la diffuser. Moi, je voyage beaucoup, mais tout le monde ne voyage pas. Et je trouve que c'est absolument génial de redonner, ou alors de donner vie à des cultures sur scène. Dans un même concert, on peut faire un tour du monde.

  • Speaker #0

    Vous dites que vous avez commencé le violoncelle à 4 ans. Vous avez une sœur qui était aussi une violoniste de très grande renommée. On connaît beaucoup dans le répertoire baroque. Ça veut dire que vous aviez un environnement... familiale musicale ?

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai ma grande sœur Chouchane, violoniste, mais notre père, Alexandre, a été directeur du conservatoire de Romand-sur-Isère pendant plus de 40 ans.

  • Speaker #0

    Ah voilà, pour que ça explique vos liens.

  • Speaker #1

    Il a été aussi chef d'orchestre, pianiste, voilà, donc vraiment je pense que la musique... a été comme l'apprentissage d'une langue familiale. Je n'ai aucun souvenir de ma vie sans musique.

  • Speaker #0

    Vous ne pensiez pas qu'il y avait des familles où on ne pratiquait pas la musique quand vous étiez petite ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'ailleurs, j'ai découvert aussi assez tardivement qu'on ne chantait pas entre toutes les familles. Moi, du côté de ma mère, qui est grande spécialiste de vin, c'est autre chose, mais du côté de ma mère, mes grands-parents, mon arrière-grand-mère et autres, chantaient du chant populaire. Donc, il y a aussi ce pan-là de ma vie. Finalement, je n'ai pas d'amende mérite quand je fais des albums. Oui,

  • Speaker #0

    enfin...

  • Speaker #1

    Disons, savantes et musiques populaires, j'ai vraiment baigné dedans. Donc, voilà, pour la musique comme moyen d'expression, à tout moment de la journée, à tout moment de la vie...

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est pas évident. Quand même, les interprètes de musique écrite, savante, classique, ne sont pas toujours à l'aise dans un répertoire plus populaire, alors que vous, justement, je vous ai entendu dans ces répertoires, arméniens principalement, vous avez l'air d'avoir une grande aisance par rapport à ce répertoire, ce qui n'est pas le cas de tous vos confrères.

  • Speaker #1

    Alors, vous remarquerez qu'au niveau populaire, je reste vraiment axée sur l'Arménie. Je ne m'aventure pas, en tout cas sur scène, à d'autres répertoires. Oui, la langue arménienne est une langue que je parle. La musique arménienne, mon père a fait de grands travaux autour de la musique arménienne. Donc je sens une certaine légitimité à partager sur scène. La scène, évidemment, c'est un lieu d'expression libre, mais je ne me permettrai pas de faire n'importe quoi. Je me sens néanmoins assez légitime par rapport à la musique arménienne. et puis c'est parce que ça fait aussi partie d'un langage que je connais et que je côtoie depuis mon enfance.

  • Speaker #0

    Justement, il y a un disque que je trouve absolument merveilleux, auquel vous avez participé, qui s'appelle Hame arménienne qui est paru de manière étrange sur un très très beau label, qu'on est plus habitué à voir lié à la musique baroque, qui est Label du château de Versailles, spectacle, magnifique label Et puis vous avez participé aux côtés de Narek Kazayan et d'autres. à ce disque où on trouve des musiques populaires et notamment aussi des œuvres d'un des grands compositeurs arméniens qui est Komitas. C'est quoi, c'est le Bartok arménien pour les incultes comme moi ?

  • Speaker #1

    Pas un culte Frédéric, mais disons que Komitas, c'est l'ethnomusicologue qui a recueilli dans l'Empire ottoman avant le génocide arménien de 1915, les mélodies populaires qui nous restent dans la culture arménienne et qui auraient complètement disparu. Alors je ne sais pas si tout comme Bartok ou alors Kodai, il y a eu... une peur de perdre un pont culturel à la chute des empires pendant la première guerre mondiale. Je ne sais pas s'il y a eu cette urgence, mais en tous les cas, Comitas, c'est vraiment le père, on dit le père, il était prêtre aussi. c'est vraiment le père de la musique arménienne qui a su aussi délier de l'Empire Ottoman où il y avait quand même beaucoup de mixité culturelle la typicité de la musique arménienne donc il a recueilli des milliers de musiques arméniennes il avait commencé aussi à déchiffrer des neumes qui étaient l'ancienne écriture musicale avant les notes de musique que nous connaissons mais voilà il a entrepris des travaux incroyables et c'est vrai que à Marménienne cet album est un peu plus Ça avait été très émouvant parce que l'organisation du Château de Versailles nous a invités pendant deux années de suite, pour l'anniversaire du génocide arménien, à faire des concerts de musique arménienne. Et c'est vrai que ça avait été très émouvant, évidemment, à Versailles de pouvoir, dans ce haut lieu incroyable français, de pouvoir rendre hommage et de jouer cette magnifique musique arménienne.

  • Speaker #0

    Alors on va, avant de... Pour revenir à Nadia et Lili Boulanger, on va rester en harmonie puisqu'il va y avoir un week-end à la Philharmonie de Paris du 27 au 29 septembre prochain consacré à l'Arménie, à Strix-Iran-Ocean. Un week-end auquel vous allez grandement participer puisque vous allez participer à deux concerts. Un qu'on peut dire chambriste aux côtés d'artistes comme Eva Zajic, David Arrutunian et Xenia Maliarevic. Et puis avec des musiques traditionnelles et des musiques aussi savantes.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, il y a un album magnifique qui est sorti qui s'appelle My Rig, avec des oeuvres absolument magnifiques.

  • Speaker #0

    Chez votre label Alpha, mais vous n'y participez pas.

  • Speaker #1

    Non, je n'y participe pas. Mais c'est un album que je trouve absolument merveilleux. Et je vais rejoindre ce magnifique trio du projet My Rig pour quelques oeuvres d'un compositeur qui s'appelle Que j'aime beaucoup, qui est Ara Barthevian, mon père l'a connu. C'est un compositeur qui a vécu en France et qui a écrit des œuvres que j'aime beaucoup défendre. il se trouve qu'il a aussi un neveu très connu qui est le parfumeur Francis Curdian et donc je vais les rejoindre pour des découvertes je pense que ce sera pour beaucoup des découvertes d'oeuvres savantes arméniennes et également populaires et ensuite il y a le 29 septembre alors là ce sera un répertoire un peu plus connu hommage à Aram Kachatourian exactement hommage à Aram Kachatourian merci avec l'orchestre d'État d'Arménie dans le concerto rhapsodie de Ketchatorian qui a été écrit pour Mieczyslav Rostropovich.

  • Speaker #0

    Que vous avez du reste enregistré. Alors, ce n'est pas celui-là que vous avez enregistré, c'est l'autre concerto.

  • Speaker #1

    Le concerto, ça, je l'ai enregistré avec le Symphonie à Varsovia. dans un disque qui regroupe aussi le concerto de Penderetsky oui puisque vous avez eu un prix Penderetsky je le dis puisque vous ne le direz pas mais donc voilà c'est vrai que ce sont deux répertoires ce sont deux époques aussi, l'époque soviétique je trouve génial parce que c'est aussi une émergence du violoncelle dans le répertoire soliste Et c'est vrai qu'à la fois dans le concerto rapso-dique, je jouerai le 29 septembre à la Philharmonie, il y a une espèce d'acte héroïque que porte le violoncelliste sur les épaules. Et je trouve que dans ces temps où il faut être fort, surtout quand on est dans une période un peu dure, il faut être fort et je trouve que ce répertoire... de Katchatourian inspire. C'est de la musique forte qui défend vraiment ses opinions et je trouve que c'est chouette.

  • Speaker #0

    Justement, vous parliez de Rostropovich qui a suscité tellement d'oeuvres de génie du XXe siècle. Quand vous étiez petit, excusez-moi de revenir à votre enfance, mais c'est quand même un thème, l'enfance, qui vous est cher. On parle d'Astrig, on parle des soeurs Nadia et Lili Boulanger et de votre répertoire. Vous aviez des idoles comme ça, violoncellistes ? Ou alors c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Non, moi j'ai grandi avec... Je n'avais pas du tout de télé chez moi. Je n'avais que des livres. Et j'avais un lecteur de disques dans ma chambre. Avec 4-5 disques. Donc il y avait Concerto d'Elgar par Jacqueline Dupré. Il y avait Rostropovich. Il y avait plusieurs œuvres comme ça. Mais en gros, il y a eu Yannos Starker, Jacqueline Dupré. ça a été pour moi j'ai vraiment grandi avec quelques albums que j'écoutais vraiment en boucle donc voilà ce sont des musiciens absolument des violoncellistes, de grands violoncellistes d'ailleurs il y a pour la petite histoire j'écoutais donc le concerto de Elgar avec le London Symphony Orchestra et je l'ai enregistré il y a un mois j'ai enregistré ce concerto il y a un mois avec le London Symphony Orchestra et vous parlez de l'enfance, je me revoyais enfant écouter l'album du London Symphony Orchestra à Jacqueline Dupré et c'est vrai qu'il y a des connexions avec l'enfance pour moi qui sont très fortes parce que finalement depuis que j'ai Depuis que j'ai 4 ans, je fais la même chose, à savoir je joue du violoncelle.

  • Speaker #0

    Oui, il y a pire comme activité à Strix, si j'ai la notion. Vous parlez de Jacqueline Dupré. C'est étonnant parce que quand on parle avec des violoncellistes, comme ça, il y a des figures qui reviennent. Quand on parle avec des violonistes, c'est David Oystrak ou Aïfet, ou Christian Ferras ou quelques autres. Et puis Jacqueline Dupré, chez les violoncellistes, elle revient.

  • Speaker #1

    Oui, elle revient.

  • Speaker #0

    Il y a des figures qui marquent comme ça, même s'il y a... Beaucoup de grands violoncellistes dans l'histoire, il y a des figures qui restent à part.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y a aussi l'histoire du destin tragique de Jacqueline Dupré. Surtout, il y a une vérité dans ces enregistrements. Il y a peut-être une urgence aussi de par sa maladie d'avoir enregistré des œuvres. Je trouve que ce sont des jeux. De temps en temps, c'est un petit peu ce que je reprocherais à l'époque dans laquelle nous sommes. C'est-à-dire qu'à l'époque, c'était des personnalités qui avaient un timbre, un jeu, parce qu'ils avaient des vies excessivement remplies, authentiques. Moi, je... Vous parliez de Christian Ferraz, voilà, je trouve que ça, ce sont des interprètes qui nourrissent, parce qu'ils racontent quelque chose. Et c'est forcément inspirant, parce que... Les vies qu'ils ont eues dans des époques aussi sous contraintes politiques, on ne connaît pas vraiment ça, les contraintes politiques comme pouvait avoir Ostropovitch ou alors d'autres grands interprètes. Et forcément, ça se ressent dans leur jeu et c'est peut-être pour ça que ça nous marque.

  • Speaker #0

    Au risque de vous choquer, Astrid Serrano-Sion, vous faites partie pour moi de ces jeunes interprètes chez lesquels on a l'impression qu'une âme de vieille interprète s'est réincarnée. Mais j'en connais quelques-uns comme ça, vous exprimez comme si vous étiez... Mais bon, je ne veux pas vous faire rougir. Comme si en vous se réincarnait à la fois un pan historique par l'Arménie et votre histoire familiale, et puis un pan historique aussi à travers les interprètes. que vous aimez ?

  • Speaker #1

    Je me sens de temps en temps décalée par rapport à l'époque dans laquelle je vis. En plus, j'ai quand même la chance de côtoyer des instruments qui ont plusieurs centaines d'années, de jouer des œuvres de compositeurs souvent décédés. C'est-à-dire que tout ça fait que j'habite à Paris, je suis en 2024. Mais je suis déconnectée quand même beaucoup de cette frénésie dont nous faisons partie actuellement. Tout change vite. Les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Je trouve ça rigolo. On est dans une époque où un téléphone portable, au bout de six mois, est vieux. Moi, depuis 400 ans, les violoncelles que je joue sont d'actualité. Et pour l'instant, rien n'a été remplacé. Il y a des luthiers contemporains, mais la forme du violoncelle n'a pas changé depuis 400 ans.

  • Speaker #0

    Juste une parenthèse, vous parliez du concerto d'Elgar que vous venez d'enregistrer. Oui. Vous avez parlé de l'orchestre et le chef.

  • Speaker #1

    François-Xavier Roth.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc vous êtes aussi en belle compagnie.

  • Speaker #1

    Oui. C'est ce qui se sortira. Je reviendrai vous en parler.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère bien vous recevoir. Mais là, on va revenir. Mais justement, ça c'est avec vous, c'est à cause de vous, Astrid, parce qu'il y a tellement de sujets qu'on a envie d'évoquer. On s'éloigne du but pour lequel vous avez convié, qui est quand même d'évoquer ce festival Nadia et Lily Boulanger, qui aura lieu du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville-sur-Mer. Alors, il y a bien sûr des interprètes, on en parlait, Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin, Pascal Moragues, le bariton Thomas Kildisius.

  • Speaker #1

    Ils sont lauréats du concours Nadia et Lili Boulanger, qui est du Centre international Nadia et Lili Boulanger. Il y aura également Félicien Brut à l'accordéon, Edouard Macarès à la contrebase. C'est un festival que j'ai envie d'un petit peu, un rassemblement d'amis, un rassemblement d'amis musiciens pour partager. Ce qui est génial avec... Quand on prend Nadia et Lili Boulanger, c'est qu'au niveau musical, on peut aller de Monteverdi à Quincy Jones. C'est l'éventail général de toute la musique qui est compris, qui est potentiellement programmable pour ce festival. C'est une première édition, donc on commence avec peu de concerts.

  • Speaker #0

    Peu de concerts, mais ils sont attrayants.

  • Speaker #1

    Pour rendre hommage à Nathalie Boulanger, il faut quand même rester dans une certaine forme de qualité musicale et de programmation. Mais c'est très excitant, c'est une nouvelle aventure. Je pense depuis longtemps à cette idée de festival. Il se trouve que la rencontre avec la mairie de Trouville a fait que ça leur plaît beaucoup de partir sur ce thème-là de Sœur Boulanger. Et j'espère qu'on aura beaucoup de monde qui va venir à la fois pour passer du bon temps à Trouville et pour écouter les concerts.

  • Speaker #0

    Les concerts, il y aura aussi une conférence d'Alexandra Lefdrich.

  • Speaker #1

    Exactement, très précieuse.

  • Speaker #0

    musicologue liée au nom de Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #1

    Exactement, il y aura aussi la diffusion du film de Bruno Monsageant. Bruno Monsageant fait l'amitié d'être présent durant le festival. Il y a une exposition également de photos qui commence le 10 mai autour des sœurs Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #0

    On parlait de Nathanaël Gouin, qui est votre complice. Je vous ai entendu maintes fois jouer au concert avec lui. Il y a aussi Philippe Bianconi, dont vous êtes proche, qui est un merveilleux pianiste. Nathanaël Gouin, vous avez enregistré avec lui. Vous venez d'enregistrer un disque avec lui.

  • Speaker #1

    Je vous demande d'enregistrer un disque qui sortira pour le Label Alpha prochainement. Nous avons enregistré des œuvres absolument rarissimes, à savoir la sonate, par exemple, pour violon, salle et piano, d'une compositrice qui s'appelle Marcel Soulages, qui a été assez connue parce que c'est elle qui avait fait le que sais-je sur le solfège, qui a écrit une sonate pour violon, salle et piano absolument magnifique.

  • Speaker #0

    C'est vous qui l'avez retrouvée ? C'est la fondation

  • Speaker #1

    Royaumont. qui nous a contactés pour redonner vie à cette sonate absolument merveilleuse, vraiment un grand chef-d'oeuvre. Ensuite, il y aura la sonate pour violoncelle du compositeur et grand navigateur Jean Cras, et puis aussi Pierre-Octave Ferroux, une sonate absolument étonnante. On a des tubes ! On a des grands tubes ! Mais voilà, ça fait partie aussi du travail, des travaux que nous aimons faire avec Nathanael, à savoir... remettre dans les programmes de nos concerts et de nos albums des oeuvres qu'on n'attend pas forcément.

  • Speaker #0

    Lui aussi, il a une curiosité insatiable. Bien sûr,

  • Speaker #1

    oui, ça fait partie de... c'est vraiment un partenaire musical précieux, parce qu'ensemble, nous aimons vraiment explorer tous les... tous les répertoires, nous sommes curieux et surtout nous aimons beaucoup travailler ce qui nous permet de pouvoir vraiment découvrir et redonner vie à des musiques.

  • Speaker #0

    Justement, votre duo constitué depuis plusieurs années, c'est particulièrement émouvant de vous voir. Comment ça s'est passé, votre rencontre musicale avec Nathanaël ? C'est quelqu'un que vous aviez connu pendant vos études ?

  • Speaker #1

    Nous nous sommes connus dans nos études dans notre résidente artistique que nous avions à la chapelle Reine-Élisabeth. à Waterloo nous étions tous les deux artistes en résidence et donc le hasard on a dû se rencontrer à la cafétéria sûrement et puis on s'est dit pourquoi pas jouer ensemble je crois qu'il avait un concert avec la sonate de Rachmaninoff, quelques jours après avec un autre violoncelliste, et je lui ai proposé en lui disant, si tu as besoin de répéter, on peut jouer la sonate de Rachmaninoff ensemble. Et puis voilà, c'est parti comme ça, d'une sonate de Rachmaninoff, d'ailleurs que nous jouons assez souvent ensemble, et qui nous rappelle toujours la rencontre qui nous amène maintenant à faire de très belles scènes et de très beaux projets.

  • Speaker #0

    Cette sonate de Rachmaninoff, on peut faire un détour, parce qu'elle est magnifique, mais il y a le piano, ou... C'est inutile de parler du piano et de la relation de Rachmaninoff au piano, mais comment elle est écrite pour votre instrument, cette sonate ?

  • Speaker #1

    Alors, les pianistes diront que c'est une sonate pour piano avec violoncella de libitum. Tellement la partition, il y a un décalage évidemment. Après, comme je dis souvent aux pianistes, nous ne sommes pas responsables, nous les violoncellistes, d'avoir beaucoup moins de notes que vous à jouer. Mais c'est une sonate qui est...

  • Speaker #0

    qui est excessivement romantique, chaleureuse, tendre. On est vraiment dans un répertoire. Évidemment, le piano, Rakhmaninov, c'était quand même un pianiste extraordinaire. Je pense qu'il a voulu faire honneur à sa... à son instrument. Beaucoup diront que c'est un autre concerto pour piano d'Orak Mayinov que cette sonate. En tout cas, c'est vrai que tous les pianistes ne s'attardent pas et ne peuvent pas jouer cette sonate. Avec Nathanel, à chaque fois que nous la jouons, je pense que beaucoup de pianistes sont jaloux de la facilité avec laquelle il la joue. Ça fait partie des grandes œuvres du répertoire qui racontent une histoire. Il y a beaucoup de narration. Moi, c'est ce qui me plaît, c'est les œuvres qui racontent une histoire.

  • Speaker #1

    On connaît bien sûr le génie de Lili Boulanger comme compositrice. Ce qui est intéressant, c'est de parler de Nadia Boulanger, compositrice. Vous aviez enregistré ses œuvres pour violoncelle, ses trois pièces, justement, avec Barenboim. Astrix et Rhinoscience, qui était une dérogation à votre disque avec Nathanaël Gouin. C'était juste un moment... Comment vous aviez eu l'idée, justement, parce que le disque principalement...

  • Speaker #0

    Dire Mademoiselle était aux côtés de Nathaniel Gouin et puis il y a ces trois pièces aux côtés de Barrenboim alors l'idée n'est pas venue de moi parce que j'aurais jamais osé lui demander mais disons qu'un jour je me souviens très bien je parlais avec Daniel Barrenboim de mes projets à venir et je lui ai parlé de ce disque et le lendemain nous étions en répétition avec lui et il est venu me voir il m'a dit tu sais Astrid je voudrais te demander si ça ne dérange pas ton pianiste est-ce que tu accepterais que j'enregistre avec toi sur cet album Les pièces de Nadia Boulanger. Alors, évidemment, je n'en revenais pas. J'ai appelé Nathan Hael pour lui dire...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il a refusé tout de suite.

  • Speaker #0

    Non, il a refusé. Mais c'était assez impressionnant parce que je n'aurais jamais eu l'idée de demander à Daniel Varenbom de me faire ce cadeau. Et c'est lui qui m'a dit non mais j'aimerais beaucoup, j'ai été élève de Nadia Boulanger, je veux jouer et je veux enregistrer avec toi. C'était un cadeau exceptionnel, c'est aussi fait partie des œuvres de générosité qu'a Daniel pour la génération, pour les générations plus jeunes. mais voilà en tout cas ça a été un souvenir d'enregistrement on a enregistré très tard dans la salle Pierre Boulez alors c'était un petit pied de nez aussi je trouvais rigolo à Pierre Boulez qui n'aimait pas forcément Nadia Boulanger d'enregistrer en tout cas dans cette salle à Berlin avec Daniel Barenboim qui est le liant en fait finalement entre Pierre Boulez et Nadia Boulanger peut-être elle a été le meilleur ami de l'autre et puis l'une a été le professeur de l'un enfin voilà en tout cas c'est sûr que d'avoir partagé la scène. Après, nous avons enregistré Message Esquisse ensemble avec Daniel Barenboim de Boulez. Mais vous parlez des idoles. Quand j'étais enfant, forcément, Daniel Barenboim faisait partie. De rencontrer de visu, puis en plus de travailler, de marquer au disque des répertoires avec des figures qu'on a vues en disque toute sa vie, toute son enfance, c'est une émotion qui est indescriptible.

  • Speaker #1

    Alors justement Nadia Boulanger, son immense génie de pédagogue, tous ces grands musiciens. On connaît qu'ils sont liés à Nadia Boulanger, son lien avec sa sœur et la musique de sa sœur. Ça a effacé ses propres compositions, mais elle-même en est coupable, puisqu'elle avait décidé d'arrêter de composer après la mort de sa sœur. Et puis elle se considérait comme une compositrice mineure.

  • Speaker #0

    Inutile.

  • Speaker #1

    Voilà, inutile. Alors que quand on écoute, moi, je vous parlais de la BNF, il y a eu un récital de mélodie de Nadia Boulanger la semaine dernière à la BNF. C'était magnifique.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sa sévérité, on ne la partage pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai que sa sévérité n'est pas partagée par beaucoup. C'était un être absolument extraordinaire à tout point de vue. Mais je pense qu'elle avait surtout la douleur d'une grande sœur qui perd sa petite sœur, avec qui elle a toujours été liée. Je pense qu'il y avait une volonté de dire moi je veux m'effacer en tout cas dans ce qui est qualifié Lili Boulanger, à savoir la composition.

  • Speaker #1

    On va terminer, on aurait pu parler des heures de Nadia et Lily Boulanger de l'Arménie, de la musique arménienne ce week-end de la Philharmonie et de ce week-end du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville autour de Nadia et Lily Boulanger dont la programmation est si riche moi je voudrais terminer avec un nouveau disque parce que chacun de vos disques est un projet à part et très singulier et il y a un nouveau disque avec un titre étrange mais qu'on comprend quand on l'écoute et quand on lit le texte qui l'accompagne qui s'appelle Duo Solo qui va de Bach à des mélodies arméniennes, en passant par Ligeti et Kodai, qui est un disque absolument merveilleux, dans lequel vous chantez aussi. Comment vous aviez été à l'initiative de ce projet qui est quand même très à part ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un projet assez, disons... C'est un projet qui a commencé d'abord par la scène. J'ai fait de très nombreux récitals, violoncelles, où finalement je chantais ces mélodies arméniennes. Je n'avais pas du tout l'idée de faire un disque avec ce projet de programme musical, mais le retour du public a été tellement chaleureux à chaque fois que je faisais ce programme, qu'un jour je me suis dit, bon, peut-être que c'est le moment de... Peut-être que c'est le moment de graver ce disque. Après, évidemment, on sortait d'une période de Covid. Je m'étais retrouvée vraiment pendant des semaines entières seule avec mon violoncelle. Il n'y avait pas de pianiste, il n'y avait pas de copain musicien, il n'y avait pas d'orchestre avec qui je jouais des concertos. Et donc, j'ai pu vraiment cultiver ce répertoire violoncelle seule. Chanter, j'ai toujours chanté en fait. J'ai toujours chanté. Après, sur scène. Je l'ai fait et puis un jour je me suis lancée avec une équipe, avec mon label qui m'a fait confiance, avec Franck Jaffresse qui était au micro et qui m'a aussi beaucoup donné confiance pour cet enregistrement. C'est très important quand vous dites que j'ai des projets singuliers.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas du tout péjoratif. Oui, bien sûr. C'est pour dire qu'il se différencie.

  • Speaker #0

    Ce qui est important pour moi aussi, c'est de s'entourer des bonnes personnes qui ont à la fois un esprit critique. et puis qui savent aussi trouver les mots et les encouragements pour que je puisse aller vraiment au plus loin de ce que je peux dans un projet parce que forcément quand on grave sur disque ou même quand on monte sur scène c'est qu'on croit vraiment à ce projet sinon ça sert à rien surtout l'auditeur, surtout au disque on n'a pas le côté direct en live j'ai la chance d'avoir des superbes équipes autour de moi qui... Je crois en ce projet et qu'il les porte avec moi. Donc voilà, Duo Solo, ça a été d'abord un retour du public avant de devenir un projet discographique.

  • Speaker #1

    J'ai une discographie magnifique qui s'ouvre par la première suite de Bach. Votre interprétation, là encore je vais vous faire rougir, mais on s'en fiche, parce qu'on ne vous voit pas. C'est une interprétation absolument merveilleuse de la première suite de Bach. On se pose un milliard de questions quand on commence à jouer cette suite, Astrix et Rhinocyan.

  • Speaker #0

    Ah oui, on se pose un milliard de questions. En plus, j'ai enregistré cette suite sur cet album, sur Ravion en sel, avec des cordes en boyaux. On se pose... Avant même d'avoir posé... À un moment donné, c'est ça, l'album, il faut se dire que c'est un moment. On va figer de toute manière une... On va figer une interprétation. Donc il faut se poser des questions, mais c'est vrai que quand on commence, quand on a enregistré cette première suite, on peut passer des semaines entières à enregistrer, on ne sera jamais satisfait. Parce que c'est une musique qui est en mouvement, c'est une musique qui... Si elle est aussi actuelle maintenant... C'est une musique qui traverse les époques, qui reste à la fois extrêmement... extrêmement contemporaine, quelque part, de par l'émotion qu'elle dégage. Et puis évidemment, on a toutes ces milliers de versions historiques. Après, le disque, de toute manière, c'est un moment un peu douloureux parce qu'on sait qu'on va graver un moment de notre vie. Il y a d'ailleurs beaucoup de grands musiciens qui refont une version des six suites de Bach qui n'ont en général rien à voir. Je me souviens notamment d'Anne-Arville Sma qui m'a beaucoup inspirée pour cet enregistrement et qui m'inspire beaucoup, qui a fait plusieurs séries des suites de Bach aux disques qui n'ont aucun rapport les unes entre les autres. Donc voilà, c'est vraiment les œuvres que l'on mange, que l'on mâche, que l'on digère, qu'on passe notre vie finalement à essayer de comprendre.

  • Speaker #1

    En attendant de réécouter, comme on peut le faire des centaines de fois, ce disque à Strictly Rhinocyan, il y a ces deux magnifiques week-ends en perspective du 31 mai au 2 juin prochain. C'est hommage à Nadia et Lily Boulanger à Trouville avec une riche compagnie et une autre riche compagnie pour ce week-end du 27 au 29 septembre prochain. À la Philharmonie, hommage à l'Arménie et il me reste à vous remercier infiniment d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

Description

La violoncelliste Astrig Siranossian est la directrice artistique d'un nouveau festival consacré aux figures de Nadia et Lili Boulanger, qui l'accompagnent depuis longtemps. Il se tiendra à Trouville du 31 mai au 2 juin prochains. En compagnie d'artistes tels que Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin ou Pascal Moragues, elle interprétera des oeuvres de Lili Boulanger, d'élèves de Nadia, et de plusieurs autre compositeurs qui leur étaient chers. Hommage sera également rendu par la projection du film de Bruno Monsaingeon, "Mademoiselle", et par une conférence d'Alexandra Laederich. Astrig Siranossian évoque également ses racines arméniennes, et les deux concerts qu'elle donnera autour de l'Arménie, à la philharmonie de Paris, les 27 et 29 septembre prochains.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Frédéric Huttman au micro, j'ai le plaisir de vous retrouver pour un nouvel entretien. Aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Astrigue Cyrano-Cian, bonjour. Alors je vous reçois à propos d'une riche actualité, mais si c'était le cas je vous recevrais tout le temps Astrigue. Là il y a deux événements dont on va beaucoup parler, à savoir un premier festival Nadia et Lily Boulanger, qui va se tenir à Trouville du 31 mai au 2 juin prochain, dont vous assurez la direction artistique. Et puis il y a aussi un week-end dont je voudrais beaucoup parler qui va se tenir les 27 au 29 septembre prochain à la Philharmonie, un week-end arménien. Donc c'est un peu deux des pôles de votre vie artistique, Nadia Elili Boulanger et l'Arménie.

  • Speaker #1

    C'est vrai, ça fait partie de mes deux pôles, en tout cas qui font partie, qui me nourrissent beaucoup depuis longtemps et je prends plaisir à monter sur scène et à faire partie de... d'événements qui rendent hommage à la fois à Nadia Lili Boulanger et puis également à l'Arménie.

  • Speaker #0

    Oui, je me souviens d'ailleurs, j'avais eu le plaisir de vous interviewer chez vous il y a quelques années, et puis trônaient de manière royale les entretiens de Nadia Boulanger avec Bruno Monsargeon, un des livres phares sur la musique.

  • Speaker #1

    Oui, un livre phare, Nadia Boulanger, c'est l'amour de la transmission, la pédagogie, c'est beaucoup de choses, elle réunit beaucoup de... beaucoup d'éléments qui je trouve inspirent quotidiennement. Elle inspire à la fois quotidiennement et aussi sur le long terme. Moi, c'est une figure qui est presque quotidiennement présente. Je ne l'ai jamais connue, mais à travers les entretiens que j'ai pu lire, à travers toute l'œuvre qu'elle laisse, disons qu'elle est omniprésente dans la musique. L'album que j'avais sorti, j'étais venue d'ailleurs au micro en parler avec vous, Dire Mademoiselle en 2020, ça a été une première étape d'un travail vraiment que... Je souhaite effectuer autour de Nadia Boulanger, là le festival à Trouville c'est une nouvelle étape, c'est un nouveau pan aussi de ma vie artistique que j'aime défendre, à savoir la direction artistique, la création d'événements musicaux et de festivals.

  • Speaker #0

    Vous dirigez déjà un autre festival ?

  • Speaker #1

    Voilà, depuis 9 ans, un festival qui est à Romand-sur-Isère qui s'appelle les Musicades, qui a lieu en été. et qui mélangent musique, gastronomie et littérature. Trois pans aussi qui sont très importants dans la vie. Mais là, l'Indien Lily Boulanger, ça sera à Trouville, une ville où elles ont passé leurs vacances enfant. C'est aussi un autre pan qui, je trouve, est assez intéressant, l'enfance. Quel impact a l'enfance sur une carrière artistique ? Quelles inspirations ? Quelle est l'importance aussi de pouvoir peut-être nourrir de musique une enfance ? Et évidemment Nadia et Lili Boulanger sont deux soeurs qui ont eu des destins tragiques pour Lili Boulanger, mais quand même excessivement riches et qui marquent la musique. Mais voilà, à Trouville-sur-Mer, leur rendre hommage à toutes les deux dans cette ville qui les a bercées enfant, je trouvais qu'il y a une douceur, une tendresse et surtout on est avant le drame de décès de Lili. dans une période où familialement elles vivaient de bons moments ensemble.

  • Speaker #0

    Dans ce disque, vous aviez enregistré aux côtés de Nathanaël Gouin un certain nombre d'oeuvres, et puis même aux côtés de Daniel Barenboim, trois pièces de Nadia Boulanger, parce que Nadia Boulanger est peut-être elle-même coupable, c'est-à-dire qu'elle s'est retranchée en tant que compositrice derrière la figure de sa sœur, et puis derrière l'enseignement.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que Nadia Boulanger, alors Lili Boulanger a eu le premier prix de Rome.

  • Speaker #0

    Mais

  • Speaker #1

    Nadia Boulanger avait eu un deuxième prix de Rome, donc c'est quand même pas rien. Au décès de sa petite sœur Lily Boulanger en 1918, alors qu'elle n'avait que 24 ans, Nadia Boulanger a décidé d'arrêter ses écritures musicales qu'elle jugeait complètement inutiles pour vraiment se consacrer à... à l'enseignement et surtout à la diffusion des œuvres de sa sœur. Donc moi, quand j'en ai parlé à Daniel Barenboim des trois pièces de Nadia Boulanger, il ne savait même pas que Nadia Boulanger avait composé des œuvres.

  • Speaker #0

    Parce que contrairement, il a été élève de Nadia Boulanger.

  • Speaker #1

    Il a été élève quand il avait 12 ans. Ça a été d'ailleurs son premier contact avec la France. Il n'oublie jamais de le dire, Daniel Barenboim, que son premier contact avec la France, c'était de venir au Trentier-Rue Balue. Dans les classes de Nadia Boulanger, j'ai retrouvé d'ailleurs à la BNF, un lieu où j'adore aller fouiller, des lettres qu'il lui avait envoyées depuis Salzbourg. Il avait 12 ans, des lettres de remerciement, où il parle du fait qu'il travaille le quintet de Schumann. Il y avait une correspondance et c'est son premier lien avec la France, à Daniel Barenboim, qui adore ce pays, qui a été les classes de Nadia Boulanger.

  • Speaker #0

    Astrid Cyrano-Sian, quand on regarde votre discographie, votre répertoire, on peut parler aussi d'interprètes qui vous sont chers comme Nathanaël Gouin, Philippe Bianconi ou d'autres, on est frappé par la richesse de votre répertoire et puis un éclectisme. Quand même, je vous ai entendu dans de multiples répertoires. Et vous, par exemple, le matin, quand vous levez, que vous travaillez votre instrument, vous allez vers quel répertoire si vous n'avez pas une obligation de donner un concert ? Qu'est-ce qui vous est le plus proche ?

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est un peu compliqué à dire. Ça dépend un peu des phases de ma vie. Ça dépend des jours. Moi, j'aime la musique. J'aime la belle musique. Voilà, je n'ai pas de... J'aime le son, j'aime l'harmonie, j'aime la chaleur d'un timbre sonore. Il y a des textures sonores qui me plaisent un peu dans tous les styles de musique. Il faut que ce soit harmonieux, il faut que ce soit doux, chaleureux. J'ai une recherche comme ça, je ne dirais pas d'un style particulier de musique, mais d'une émotion que peut transmettre une musique. Le violoncelle, c'est mon instrument que je joue depuis que j'ai 4 ans. C'est le mode d'expression chaleureux, humain et généreux qui, je trouve, se prête à plein de styles différents de musique. Après, il faut faire attention, évidemment, parce que chaque langage musical est une langue et de temps en temps, il faut aussi faire attention à bien savoir défendre un langage musical. Donc voilà, moi je suis intéressée un petit peu, nous avons la chance d'être dans un monde où on peut être très ouvert au monde justement. Moi je voyage beaucoup et je trouve que de s'intéresser à différentes cultures, de s'intéresser à différentes musiques, c'est essentiel, ça nourrit. Et surtout, toutes les musiques se nourrissent, je veux dire l'influence. L'influence de la musique, par exemple, orientale en France a été très forte, même il y a quelques siècles. Le voyage, ça fait quand même vraiment partie de l'être humain. Le rêve du voyage, même par exemple, le souvenir de Florence Tchaïkovski, il n'est jamais allé à Florence. Pourtant, il a écrit une œuvre majeure, il avait le souvenir de Florence. Oui,

  • Speaker #0

    Debussy n'est pas trop allé en Espagne non plus.

  • Speaker #1

    Disons qu'il y a un fantasme du voyage. Moi, j'ai la chance de beaucoup voyager, donc je me dis que c'est formidable parce que finalement, j'ai une vie. que peut-être beaucoup de générations auraient rêvé avoir, il faut aussi la diffuser. Moi, je voyage beaucoup, mais tout le monde ne voyage pas. Et je trouve que c'est absolument génial de redonner, ou alors de donner vie à des cultures sur scène. Dans un même concert, on peut faire un tour du monde.

  • Speaker #0

    Vous dites que vous avez commencé le violoncelle à 4 ans. Vous avez une sœur qui était aussi une violoniste de très grande renommée. On connaît beaucoup dans le répertoire baroque. Ça veut dire que vous aviez un environnement... familiale musicale ?

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai ma grande sœur Chouchane, violoniste, mais notre père, Alexandre, a été directeur du conservatoire de Romand-sur-Isère pendant plus de 40 ans.

  • Speaker #0

    Ah voilà, pour que ça explique vos liens.

  • Speaker #1

    Il a été aussi chef d'orchestre, pianiste, voilà, donc vraiment je pense que la musique... a été comme l'apprentissage d'une langue familiale. Je n'ai aucun souvenir de ma vie sans musique.

  • Speaker #0

    Vous ne pensiez pas qu'il y avait des familles où on ne pratiquait pas la musique quand vous étiez petite ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'ailleurs, j'ai découvert aussi assez tardivement qu'on ne chantait pas entre toutes les familles. Moi, du côté de ma mère, qui est grande spécialiste de vin, c'est autre chose, mais du côté de ma mère, mes grands-parents, mon arrière-grand-mère et autres, chantaient du chant populaire. Donc, il y a aussi ce pan-là de ma vie. Finalement, je n'ai pas d'amende mérite quand je fais des albums. Oui,

  • Speaker #0

    enfin...

  • Speaker #1

    Disons, savantes et musiques populaires, j'ai vraiment baigné dedans. Donc, voilà, pour la musique comme moyen d'expression, à tout moment de la journée, à tout moment de la vie...

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est pas évident. Quand même, les interprètes de musique écrite, savante, classique, ne sont pas toujours à l'aise dans un répertoire plus populaire, alors que vous, justement, je vous ai entendu dans ces répertoires, arméniens principalement, vous avez l'air d'avoir une grande aisance par rapport à ce répertoire, ce qui n'est pas le cas de tous vos confrères.

  • Speaker #1

    Alors, vous remarquerez qu'au niveau populaire, je reste vraiment axée sur l'Arménie. Je ne m'aventure pas, en tout cas sur scène, à d'autres répertoires. Oui, la langue arménienne est une langue que je parle. La musique arménienne, mon père a fait de grands travaux autour de la musique arménienne. Donc je sens une certaine légitimité à partager sur scène. La scène, évidemment, c'est un lieu d'expression libre, mais je ne me permettrai pas de faire n'importe quoi. Je me sens néanmoins assez légitime par rapport à la musique arménienne. et puis c'est parce que ça fait aussi partie d'un langage que je connais et que je côtoie depuis mon enfance.

  • Speaker #0

    Justement, il y a un disque que je trouve absolument merveilleux, auquel vous avez participé, qui s'appelle Hame arménienne qui est paru de manière étrange sur un très très beau label, qu'on est plus habitué à voir lié à la musique baroque, qui est Label du château de Versailles, spectacle, magnifique label Et puis vous avez participé aux côtés de Narek Kazayan et d'autres. à ce disque où on trouve des musiques populaires et notamment aussi des œuvres d'un des grands compositeurs arméniens qui est Komitas. C'est quoi, c'est le Bartok arménien pour les incultes comme moi ?

  • Speaker #1

    Pas un culte Frédéric, mais disons que Komitas, c'est l'ethnomusicologue qui a recueilli dans l'Empire ottoman avant le génocide arménien de 1915, les mélodies populaires qui nous restent dans la culture arménienne et qui auraient complètement disparu. Alors je ne sais pas si tout comme Bartok ou alors Kodai, il y a eu... une peur de perdre un pont culturel à la chute des empires pendant la première guerre mondiale. Je ne sais pas s'il y a eu cette urgence, mais en tous les cas, Comitas, c'est vraiment le père, on dit le père, il était prêtre aussi. c'est vraiment le père de la musique arménienne qui a su aussi délier de l'Empire Ottoman où il y avait quand même beaucoup de mixité culturelle la typicité de la musique arménienne donc il a recueilli des milliers de musiques arméniennes il avait commencé aussi à déchiffrer des neumes qui étaient l'ancienne écriture musicale avant les notes de musique que nous connaissons mais voilà il a entrepris des travaux incroyables et c'est vrai que à Marménienne cet album est un peu plus Ça avait été très émouvant parce que l'organisation du Château de Versailles nous a invités pendant deux années de suite, pour l'anniversaire du génocide arménien, à faire des concerts de musique arménienne. Et c'est vrai que ça avait été très émouvant, évidemment, à Versailles de pouvoir, dans ce haut lieu incroyable français, de pouvoir rendre hommage et de jouer cette magnifique musique arménienne.

  • Speaker #0

    Alors on va, avant de... Pour revenir à Nadia et Lili Boulanger, on va rester en harmonie puisqu'il va y avoir un week-end à la Philharmonie de Paris du 27 au 29 septembre prochain consacré à l'Arménie, à Strix-Iran-Ocean. Un week-end auquel vous allez grandement participer puisque vous allez participer à deux concerts. Un qu'on peut dire chambriste aux côtés d'artistes comme Eva Zajic, David Arrutunian et Xenia Maliarevic. Et puis avec des musiques traditionnelles et des musiques aussi savantes.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, il y a un album magnifique qui est sorti qui s'appelle My Rig, avec des oeuvres absolument magnifiques.

  • Speaker #0

    Chez votre label Alpha, mais vous n'y participez pas.

  • Speaker #1

    Non, je n'y participe pas. Mais c'est un album que je trouve absolument merveilleux. Et je vais rejoindre ce magnifique trio du projet My Rig pour quelques oeuvres d'un compositeur qui s'appelle Que j'aime beaucoup, qui est Ara Barthevian, mon père l'a connu. C'est un compositeur qui a vécu en France et qui a écrit des œuvres que j'aime beaucoup défendre. il se trouve qu'il a aussi un neveu très connu qui est le parfumeur Francis Curdian et donc je vais les rejoindre pour des découvertes je pense que ce sera pour beaucoup des découvertes d'oeuvres savantes arméniennes et également populaires et ensuite il y a le 29 septembre alors là ce sera un répertoire un peu plus connu hommage à Aram Kachatourian exactement hommage à Aram Kachatourian merci avec l'orchestre d'État d'Arménie dans le concerto rhapsodie de Ketchatorian qui a été écrit pour Mieczyslav Rostropovich.

  • Speaker #0

    Que vous avez du reste enregistré. Alors, ce n'est pas celui-là que vous avez enregistré, c'est l'autre concerto.

  • Speaker #1

    Le concerto, ça, je l'ai enregistré avec le Symphonie à Varsovia. dans un disque qui regroupe aussi le concerto de Penderetsky oui puisque vous avez eu un prix Penderetsky je le dis puisque vous ne le direz pas mais donc voilà c'est vrai que ce sont deux répertoires ce sont deux époques aussi, l'époque soviétique je trouve génial parce que c'est aussi une émergence du violoncelle dans le répertoire soliste Et c'est vrai qu'à la fois dans le concerto rapso-dique, je jouerai le 29 septembre à la Philharmonie, il y a une espèce d'acte héroïque que porte le violoncelliste sur les épaules. Et je trouve que dans ces temps où il faut être fort, surtout quand on est dans une période un peu dure, il faut être fort et je trouve que ce répertoire... de Katchatourian inspire. C'est de la musique forte qui défend vraiment ses opinions et je trouve que c'est chouette.

  • Speaker #0

    Justement, vous parliez de Rostropovich qui a suscité tellement d'oeuvres de génie du XXe siècle. Quand vous étiez petit, excusez-moi de revenir à votre enfance, mais c'est quand même un thème, l'enfance, qui vous est cher. On parle d'Astrig, on parle des soeurs Nadia et Lili Boulanger et de votre répertoire. Vous aviez des idoles comme ça, violoncellistes ? Ou alors c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Non, moi j'ai grandi avec... Je n'avais pas du tout de télé chez moi. Je n'avais que des livres. Et j'avais un lecteur de disques dans ma chambre. Avec 4-5 disques. Donc il y avait Concerto d'Elgar par Jacqueline Dupré. Il y avait Rostropovich. Il y avait plusieurs œuvres comme ça. Mais en gros, il y a eu Yannos Starker, Jacqueline Dupré. ça a été pour moi j'ai vraiment grandi avec quelques albums que j'écoutais vraiment en boucle donc voilà ce sont des musiciens absolument des violoncellistes, de grands violoncellistes d'ailleurs il y a pour la petite histoire j'écoutais donc le concerto de Elgar avec le London Symphony Orchestra et je l'ai enregistré il y a un mois j'ai enregistré ce concerto il y a un mois avec le London Symphony Orchestra et vous parlez de l'enfance, je me revoyais enfant écouter l'album du London Symphony Orchestra à Jacqueline Dupré et c'est vrai qu'il y a des connexions avec l'enfance pour moi qui sont très fortes parce que finalement depuis que j'ai Depuis que j'ai 4 ans, je fais la même chose, à savoir je joue du violoncelle.

  • Speaker #0

    Oui, il y a pire comme activité à Strix, si j'ai la notion. Vous parlez de Jacqueline Dupré. C'est étonnant parce que quand on parle avec des violoncellistes, comme ça, il y a des figures qui reviennent. Quand on parle avec des violonistes, c'est David Oystrak ou Aïfet, ou Christian Ferras ou quelques autres. Et puis Jacqueline Dupré, chez les violoncellistes, elle revient.

  • Speaker #1

    Oui, elle revient.

  • Speaker #0

    Il y a des figures qui marquent comme ça, même s'il y a... Beaucoup de grands violoncellistes dans l'histoire, il y a des figures qui restent à part.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y a aussi l'histoire du destin tragique de Jacqueline Dupré. Surtout, il y a une vérité dans ces enregistrements. Il y a peut-être une urgence aussi de par sa maladie d'avoir enregistré des œuvres. Je trouve que ce sont des jeux. De temps en temps, c'est un petit peu ce que je reprocherais à l'époque dans laquelle nous sommes. C'est-à-dire qu'à l'époque, c'était des personnalités qui avaient un timbre, un jeu, parce qu'ils avaient des vies excessivement remplies, authentiques. Moi, je... Vous parliez de Christian Ferraz, voilà, je trouve que ça, ce sont des interprètes qui nourrissent, parce qu'ils racontent quelque chose. Et c'est forcément inspirant, parce que... Les vies qu'ils ont eues dans des époques aussi sous contraintes politiques, on ne connaît pas vraiment ça, les contraintes politiques comme pouvait avoir Ostropovitch ou alors d'autres grands interprètes. Et forcément, ça se ressent dans leur jeu et c'est peut-être pour ça que ça nous marque.

  • Speaker #0

    Au risque de vous choquer, Astrid Serrano-Sion, vous faites partie pour moi de ces jeunes interprètes chez lesquels on a l'impression qu'une âme de vieille interprète s'est réincarnée. Mais j'en connais quelques-uns comme ça, vous exprimez comme si vous étiez... Mais bon, je ne veux pas vous faire rougir. Comme si en vous se réincarnait à la fois un pan historique par l'Arménie et votre histoire familiale, et puis un pan historique aussi à travers les interprètes. que vous aimez ?

  • Speaker #1

    Je me sens de temps en temps décalée par rapport à l'époque dans laquelle je vis. En plus, j'ai quand même la chance de côtoyer des instruments qui ont plusieurs centaines d'années, de jouer des œuvres de compositeurs souvent décédés. C'est-à-dire que tout ça fait que j'habite à Paris, je suis en 2024. Mais je suis déconnectée quand même beaucoup de cette frénésie dont nous faisons partie actuellement. Tout change vite. Les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Je trouve ça rigolo. On est dans une époque où un téléphone portable, au bout de six mois, est vieux. Moi, depuis 400 ans, les violoncelles que je joue sont d'actualité. Et pour l'instant, rien n'a été remplacé. Il y a des luthiers contemporains, mais la forme du violoncelle n'a pas changé depuis 400 ans.

  • Speaker #0

    Juste une parenthèse, vous parliez du concerto d'Elgar que vous venez d'enregistrer. Oui. Vous avez parlé de l'orchestre et le chef.

  • Speaker #1

    François-Xavier Roth.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc vous êtes aussi en belle compagnie.

  • Speaker #1

    Oui. C'est ce qui se sortira. Je reviendrai vous en parler.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère bien vous recevoir. Mais là, on va revenir. Mais justement, ça c'est avec vous, c'est à cause de vous, Astrid, parce qu'il y a tellement de sujets qu'on a envie d'évoquer. On s'éloigne du but pour lequel vous avez convié, qui est quand même d'évoquer ce festival Nadia et Lily Boulanger, qui aura lieu du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville-sur-Mer. Alors, il y a bien sûr des interprètes, on en parlait, Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin, Pascal Moragues, le bariton Thomas Kildisius.

  • Speaker #1

    Ils sont lauréats du concours Nadia et Lili Boulanger, qui est du Centre international Nadia et Lili Boulanger. Il y aura également Félicien Brut à l'accordéon, Edouard Macarès à la contrebase. C'est un festival que j'ai envie d'un petit peu, un rassemblement d'amis, un rassemblement d'amis musiciens pour partager. Ce qui est génial avec... Quand on prend Nadia et Lili Boulanger, c'est qu'au niveau musical, on peut aller de Monteverdi à Quincy Jones. C'est l'éventail général de toute la musique qui est compris, qui est potentiellement programmable pour ce festival. C'est une première édition, donc on commence avec peu de concerts.

  • Speaker #0

    Peu de concerts, mais ils sont attrayants.

  • Speaker #1

    Pour rendre hommage à Nathalie Boulanger, il faut quand même rester dans une certaine forme de qualité musicale et de programmation. Mais c'est très excitant, c'est une nouvelle aventure. Je pense depuis longtemps à cette idée de festival. Il se trouve que la rencontre avec la mairie de Trouville a fait que ça leur plaît beaucoup de partir sur ce thème-là de Sœur Boulanger. Et j'espère qu'on aura beaucoup de monde qui va venir à la fois pour passer du bon temps à Trouville et pour écouter les concerts.

  • Speaker #0

    Les concerts, il y aura aussi une conférence d'Alexandra Lefdrich.

  • Speaker #1

    Exactement, très précieuse.

  • Speaker #0

    musicologue liée au nom de Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #1

    Exactement, il y aura aussi la diffusion du film de Bruno Monsageant. Bruno Monsageant fait l'amitié d'être présent durant le festival. Il y a une exposition également de photos qui commence le 10 mai autour des sœurs Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #0

    On parlait de Nathanaël Gouin, qui est votre complice. Je vous ai entendu maintes fois jouer au concert avec lui. Il y a aussi Philippe Bianconi, dont vous êtes proche, qui est un merveilleux pianiste. Nathanaël Gouin, vous avez enregistré avec lui. Vous venez d'enregistrer un disque avec lui.

  • Speaker #1

    Je vous demande d'enregistrer un disque qui sortira pour le Label Alpha prochainement. Nous avons enregistré des œuvres absolument rarissimes, à savoir la sonate, par exemple, pour violon, salle et piano, d'une compositrice qui s'appelle Marcel Soulages, qui a été assez connue parce que c'est elle qui avait fait le que sais-je sur le solfège, qui a écrit une sonate pour violon, salle et piano absolument magnifique.

  • Speaker #0

    C'est vous qui l'avez retrouvée ? C'est la fondation

  • Speaker #1

    Royaumont. qui nous a contactés pour redonner vie à cette sonate absolument merveilleuse, vraiment un grand chef-d'oeuvre. Ensuite, il y aura la sonate pour violoncelle du compositeur et grand navigateur Jean Cras, et puis aussi Pierre-Octave Ferroux, une sonate absolument étonnante. On a des tubes ! On a des grands tubes ! Mais voilà, ça fait partie aussi du travail, des travaux que nous aimons faire avec Nathanael, à savoir... remettre dans les programmes de nos concerts et de nos albums des oeuvres qu'on n'attend pas forcément.

  • Speaker #0

    Lui aussi, il a une curiosité insatiable. Bien sûr,

  • Speaker #1

    oui, ça fait partie de... c'est vraiment un partenaire musical précieux, parce qu'ensemble, nous aimons vraiment explorer tous les... tous les répertoires, nous sommes curieux et surtout nous aimons beaucoup travailler ce qui nous permet de pouvoir vraiment découvrir et redonner vie à des musiques.

  • Speaker #0

    Justement, votre duo constitué depuis plusieurs années, c'est particulièrement émouvant de vous voir. Comment ça s'est passé, votre rencontre musicale avec Nathanaël ? C'est quelqu'un que vous aviez connu pendant vos études ?

  • Speaker #1

    Nous nous sommes connus dans nos études dans notre résidente artistique que nous avions à la chapelle Reine-Élisabeth. à Waterloo nous étions tous les deux artistes en résidence et donc le hasard on a dû se rencontrer à la cafétéria sûrement et puis on s'est dit pourquoi pas jouer ensemble je crois qu'il avait un concert avec la sonate de Rachmaninoff, quelques jours après avec un autre violoncelliste, et je lui ai proposé en lui disant, si tu as besoin de répéter, on peut jouer la sonate de Rachmaninoff ensemble. Et puis voilà, c'est parti comme ça, d'une sonate de Rachmaninoff, d'ailleurs que nous jouons assez souvent ensemble, et qui nous rappelle toujours la rencontre qui nous amène maintenant à faire de très belles scènes et de très beaux projets.

  • Speaker #0

    Cette sonate de Rachmaninoff, on peut faire un détour, parce qu'elle est magnifique, mais il y a le piano, ou... C'est inutile de parler du piano et de la relation de Rachmaninoff au piano, mais comment elle est écrite pour votre instrument, cette sonate ?

  • Speaker #1

    Alors, les pianistes diront que c'est une sonate pour piano avec violoncella de libitum. Tellement la partition, il y a un décalage évidemment. Après, comme je dis souvent aux pianistes, nous ne sommes pas responsables, nous les violoncellistes, d'avoir beaucoup moins de notes que vous à jouer. Mais c'est une sonate qui est...

  • Speaker #0

    qui est excessivement romantique, chaleureuse, tendre. On est vraiment dans un répertoire. Évidemment, le piano, Rakhmaninov, c'était quand même un pianiste extraordinaire. Je pense qu'il a voulu faire honneur à sa... à son instrument. Beaucoup diront que c'est un autre concerto pour piano d'Orak Mayinov que cette sonate. En tout cas, c'est vrai que tous les pianistes ne s'attardent pas et ne peuvent pas jouer cette sonate. Avec Nathanel, à chaque fois que nous la jouons, je pense que beaucoup de pianistes sont jaloux de la facilité avec laquelle il la joue. Ça fait partie des grandes œuvres du répertoire qui racontent une histoire. Il y a beaucoup de narration. Moi, c'est ce qui me plaît, c'est les œuvres qui racontent une histoire.

  • Speaker #1

    On connaît bien sûr le génie de Lili Boulanger comme compositrice. Ce qui est intéressant, c'est de parler de Nadia Boulanger, compositrice. Vous aviez enregistré ses œuvres pour violoncelle, ses trois pièces, justement, avec Barenboim. Astrix et Rhinoscience, qui était une dérogation à votre disque avec Nathanaël Gouin. C'était juste un moment... Comment vous aviez eu l'idée, justement, parce que le disque principalement...

  • Speaker #0

    Dire Mademoiselle était aux côtés de Nathaniel Gouin et puis il y a ces trois pièces aux côtés de Barrenboim alors l'idée n'est pas venue de moi parce que j'aurais jamais osé lui demander mais disons qu'un jour je me souviens très bien je parlais avec Daniel Barrenboim de mes projets à venir et je lui ai parlé de ce disque et le lendemain nous étions en répétition avec lui et il est venu me voir il m'a dit tu sais Astrid je voudrais te demander si ça ne dérange pas ton pianiste est-ce que tu accepterais que j'enregistre avec toi sur cet album Les pièces de Nadia Boulanger. Alors, évidemment, je n'en revenais pas. J'ai appelé Nathan Hael pour lui dire...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il a refusé tout de suite.

  • Speaker #0

    Non, il a refusé. Mais c'était assez impressionnant parce que je n'aurais jamais eu l'idée de demander à Daniel Varenbom de me faire ce cadeau. Et c'est lui qui m'a dit non mais j'aimerais beaucoup, j'ai été élève de Nadia Boulanger, je veux jouer et je veux enregistrer avec toi. C'était un cadeau exceptionnel, c'est aussi fait partie des œuvres de générosité qu'a Daniel pour la génération, pour les générations plus jeunes. mais voilà en tout cas ça a été un souvenir d'enregistrement on a enregistré très tard dans la salle Pierre Boulez alors c'était un petit pied de nez aussi je trouvais rigolo à Pierre Boulez qui n'aimait pas forcément Nadia Boulanger d'enregistrer en tout cas dans cette salle à Berlin avec Daniel Barenboim qui est le liant en fait finalement entre Pierre Boulez et Nadia Boulanger peut-être elle a été le meilleur ami de l'autre et puis l'une a été le professeur de l'un enfin voilà en tout cas c'est sûr que d'avoir partagé la scène. Après, nous avons enregistré Message Esquisse ensemble avec Daniel Barenboim de Boulez. Mais vous parlez des idoles. Quand j'étais enfant, forcément, Daniel Barenboim faisait partie. De rencontrer de visu, puis en plus de travailler, de marquer au disque des répertoires avec des figures qu'on a vues en disque toute sa vie, toute son enfance, c'est une émotion qui est indescriptible.

  • Speaker #1

    Alors justement Nadia Boulanger, son immense génie de pédagogue, tous ces grands musiciens. On connaît qu'ils sont liés à Nadia Boulanger, son lien avec sa sœur et la musique de sa sœur. Ça a effacé ses propres compositions, mais elle-même en est coupable, puisqu'elle avait décidé d'arrêter de composer après la mort de sa sœur. Et puis elle se considérait comme une compositrice mineure.

  • Speaker #0

    Inutile.

  • Speaker #1

    Voilà, inutile. Alors que quand on écoute, moi, je vous parlais de la BNF, il y a eu un récital de mélodie de Nadia Boulanger la semaine dernière à la BNF. C'était magnifique.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sa sévérité, on ne la partage pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai que sa sévérité n'est pas partagée par beaucoup. C'était un être absolument extraordinaire à tout point de vue. Mais je pense qu'elle avait surtout la douleur d'une grande sœur qui perd sa petite sœur, avec qui elle a toujours été liée. Je pense qu'il y avait une volonté de dire moi je veux m'effacer en tout cas dans ce qui est qualifié Lili Boulanger, à savoir la composition.

  • Speaker #1

    On va terminer, on aurait pu parler des heures de Nadia et Lily Boulanger de l'Arménie, de la musique arménienne ce week-end de la Philharmonie et de ce week-end du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville autour de Nadia et Lily Boulanger dont la programmation est si riche moi je voudrais terminer avec un nouveau disque parce que chacun de vos disques est un projet à part et très singulier et il y a un nouveau disque avec un titre étrange mais qu'on comprend quand on l'écoute et quand on lit le texte qui l'accompagne qui s'appelle Duo Solo qui va de Bach à des mélodies arméniennes, en passant par Ligeti et Kodai, qui est un disque absolument merveilleux, dans lequel vous chantez aussi. Comment vous aviez été à l'initiative de ce projet qui est quand même très à part ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un projet assez, disons... C'est un projet qui a commencé d'abord par la scène. J'ai fait de très nombreux récitals, violoncelles, où finalement je chantais ces mélodies arméniennes. Je n'avais pas du tout l'idée de faire un disque avec ce projet de programme musical, mais le retour du public a été tellement chaleureux à chaque fois que je faisais ce programme, qu'un jour je me suis dit, bon, peut-être que c'est le moment de... Peut-être que c'est le moment de graver ce disque. Après, évidemment, on sortait d'une période de Covid. Je m'étais retrouvée vraiment pendant des semaines entières seule avec mon violoncelle. Il n'y avait pas de pianiste, il n'y avait pas de copain musicien, il n'y avait pas d'orchestre avec qui je jouais des concertos. Et donc, j'ai pu vraiment cultiver ce répertoire violoncelle seule. Chanter, j'ai toujours chanté en fait. J'ai toujours chanté. Après, sur scène. Je l'ai fait et puis un jour je me suis lancée avec une équipe, avec mon label qui m'a fait confiance, avec Franck Jaffresse qui était au micro et qui m'a aussi beaucoup donné confiance pour cet enregistrement. C'est très important quand vous dites que j'ai des projets singuliers.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas du tout péjoratif. Oui, bien sûr. C'est pour dire qu'il se différencie.

  • Speaker #0

    Ce qui est important pour moi aussi, c'est de s'entourer des bonnes personnes qui ont à la fois un esprit critique. et puis qui savent aussi trouver les mots et les encouragements pour que je puisse aller vraiment au plus loin de ce que je peux dans un projet parce que forcément quand on grave sur disque ou même quand on monte sur scène c'est qu'on croit vraiment à ce projet sinon ça sert à rien surtout l'auditeur, surtout au disque on n'a pas le côté direct en live j'ai la chance d'avoir des superbes équipes autour de moi qui... Je crois en ce projet et qu'il les porte avec moi. Donc voilà, Duo Solo, ça a été d'abord un retour du public avant de devenir un projet discographique.

  • Speaker #1

    J'ai une discographie magnifique qui s'ouvre par la première suite de Bach. Votre interprétation, là encore je vais vous faire rougir, mais on s'en fiche, parce qu'on ne vous voit pas. C'est une interprétation absolument merveilleuse de la première suite de Bach. On se pose un milliard de questions quand on commence à jouer cette suite, Astrix et Rhinocyan.

  • Speaker #0

    Ah oui, on se pose un milliard de questions. En plus, j'ai enregistré cette suite sur cet album, sur Ravion en sel, avec des cordes en boyaux. On se pose... Avant même d'avoir posé... À un moment donné, c'est ça, l'album, il faut se dire que c'est un moment. On va figer de toute manière une... On va figer une interprétation. Donc il faut se poser des questions, mais c'est vrai que quand on commence, quand on a enregistré cette première suite, on peut passer des semaines entières à enregistrer, on ne sera jamais satisfait. Parce que c'est une musique qui est en mouvement, c'est une musique qui... Si elle est aussi actuelle maintenant... C'est une musique qui traverse les époques, qui reste à la fois extrêmement... extrêmement contemporaine, quelque part, de par l'émotion qu'elle dégage. Et puis évidemment, on a toutes ces milliers de versions historiques. Après, le disque, de toute manière, c'est un moment un peu douloureux parce qu'on sait qu'on va graver un moment de notre vie. Il y a d'ailleurs beaucoup de grands musiciens qui refont une version des six suites de Bach qui n'ont en général rien à voir. Je me souviens notamment d'Anne-Arville Sma qui m'a beaucoup inspirée pour cet enregistrement et qui m'inspire beaucoup, qui a fait plusieurs séries des suites de Bach aux disques qui n'ont aucun rapport les unes entre les autres. Donc voilà, c'est vraiment les œuvres que l'on mange, que l'on mâche, que l'on digère, qu'on passe notre vie finalement à essayer de comprendre.

  • Speaker #1

    En attendant de réécouter, comme on peut le faire des centaines de fois, ce disque à Strictly Rhinocyan, il y a ces deux magnifiques week-ends en perspective du 31 mai au 2 juin prochain. C'est hommage à Nadia et Lily Boulanger à Trouville avec une riche compagnie et une autre riche compagnie pour ce week-end du 27 au 29 septembre prochain. À la Philharmonie, hommage à l'Arménie et il me reste à vous remercier infiniment d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

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Description

La violoncelliste Astrig Siranossian est la directrice artistique d'un nouveau festival consacré aux figures de Nadia et Lili Boulanger, qui l'accompagnent depuis longtemps. Il se tiendra à Trouville du 31 mai au 2 juin prochains. En compagnie d'artistes tels que Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin ou Pascal Moragues, elle interprétera des oeuvres de Lili Boulanger, d'élèves de Nadia, et de plusieurs autre compositeurs qui leur étaient chers. Hommage sera également rendu par la projection du film de Bruno Monsaingeon, "Mademoiselle", et par une conférence d'Alexandra Laederich. Astrig Siranossian évoque également ses racines arméniennes, et les deux concerts qu'elle donnera autour de l'Arménie, à la philharmonie de Paris, les 27 et 29 septembre prochains.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Frédéric Huttman au micro, j'ai le plaisir de vous retrouver pour un nouvel entretien. Aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Astrigue Cyrano-Cian, bonjour. Alors je vous reçois à propos d'une riche actualité, mais si c'était le cas je vous recevrais tout le temps Astrigue. Là il y a deux événements dont on va beaucoup parler, à savoir un premier festival Nadia et Lily Boulanger, qui va se tenir à Trouville du 31 mai au 2 juin prochain, dont vous assurez la direction artistique. Et puis il y a aussi un week-end dont je voudrais beaucoup parler qui va se tenir les 27 au 29 septembre prochain à la Philharmonie, un week-end arménien. Donc c'est un peu deux des pôles de votre vie artistique, Nadia Elili Boulanger et l'Arménie.

  • Speaker #1

    C'est vrai, ça fait partie de mes deux pôles, en tout cas qui font partie, qui me nourrissent beaucoup depuis longtemps et je prends plaisir à monter sur scène et à faire partie de... d'événements qui rendent hommage à la fois à Nadia Lili Boulanger et puis également à l'Arménie.

  • Speaker #0

    Oui, je me souviens d'ailleurs, j'avais eu le plaisir de vous interviewer chez vous il y a quelques années, et puis trônaient de manière royale les entretiens de Nadia Boulanger avec Bruno Monsargeon, un des livres phares sur la musique.

  • Speaker #1

    Oui, un livre phare, Nadia Boulanger, c'est l'amour de la transmission, la pédagogie, c'est beaucoup de choses, elle réunit beaucoup de... beaucoup d'éléments qui je trouve inspirent quotidiennement. Elle inspire à la fois quotidiennement et aussi sur le long terme. Moi, c'est une figure qui est presque quotidiennement présente. Je ne l'ai jamais connue, mais à travers les entretiens que j'ai pu lire, à travers toute l'œuvre qu'elle laisse, disons qu'elle est omniprésente dans la musique. L'album que j'avais sorti, j'étais venue d'ailleurs au micro en parler avec vous, Dire Mademoiselle en 2020, ça a été une première étape d'un travail vraiment que... Je souhaite effectuer autour de Nadia Boulanger, là le festival à Trouville c'est une nouvelle étape, c'est un nouveau pan aussi de ma vie artistique que j'aime défendre, à savoir la direction artistique, la création d'événements musicaux et de festivals.

  • Speaker #0

    Vous dirigez déjà un autre festival ?

  • Speaker #1

    Voilà, depuis 9 ans, un festival qui est à Romand-sur-Isère qui s'appelle les Musicades, qui a lieu en été. et qui mélangent musique, gastronomie et littérature. Trois pans aussi qui sont très importants dans la vie. Mais là, l'Indien Lily Boulanger, ça sera à Trouville, une ville où elles ont passé leurs vacances enfant. C'est aussi un autre pan qui, je trouve, est assez intéressant, l'enfance. Quel impact a l'enfance sur une carrière artistique ? Quelles inspirations ? Quelle est l'importance aussi de pouvoir peut-être nourrir de musique une enfance ? Et évidemment Nadia et Lili Boulanger sont deux soeurs qui ont eu des destins tragiques pour Lili Boulanger, mais quand même excessivement riches et qui marquent la musique. Mais voilà, à Trouville-sur-Mer, leur rendre hommage à toutes les deux dans cette ville qui les a bercées enfant, je trouvais qu'il y a une douceur, une tendresse et surtout on est avant le drame de décès de Lili. dans une période où familialement elles vivaient de bons moments ensemble.

  • Speaker #0

    Dans ce disque, vous aviez enregistré aux côtés de Nathanaël Gouin un certain nombre d'oeuvres, et puis même aux côtés de Daniel Barenboim, trois pièces de Nadia Boulanger, parce que Nadia Boulanger est peut-être elle-même coupable, c'est-à-dire qu'elle s'est retranchée en tant que compositrice derrière la figure de sa sœur, et puis derrière l'enseignement.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que Nadia Boulanger, alors Lili Boulanger a eu le premier prix de Rome.

  • Speaker #0

    Mais

  • Speaker #1

    Nadia Boulanger avait eu un deuxième prix de Rome, donc c'est quand même pas rien. Au décès de sa petite sœur Lily Boulanger en 1918, alors qu'elle n'avait que 24 ans, Nadia Boulanger a décidé d'arrêter ses écritures musicales qu'elle jugeait complètement inutiles pour vraiment se consacrer à... à l'enseignement et surtout à la diffusion des œuvres de sa sœur. Donc moi, quand j'en ai parlé à Daniel Barenboim des trois pièces de Nadia Boulanger, il ne savait même pas que Nadia Boulanger avait composé des œuvres.

  • Speaker #0

    Parce que contrairement, il a été élève de Nadia Boulanger.

  • Speaker #1

    Il a été élève quand il avait 12 ans. Ça a été d'ailleurs son premier contact avec la France. Il n'oublie jamais de le dire, Daniel Barenboim, que son premier contact avec la France, c'était de venir au Trentier-Rue Balue. Dans les classes de Nadia Boulanger, j'ai retrouvé d'ailleurs à la BNF, un lieu où j'adore aller fouiller, des lettres qu'il lui avait envoyées depuis Salzbourg. Il avait 12 ans, des lettres de remerciement, où il parle du fait qu'il travaille le quintet de Schumann. Il y avait une correspondance et c'est son premier lien avec la France, à Daniel Barenboim, qui adore ce pays, qui a été les classes de Nadia Boulanger.

  • Speaker #0

    Astrid Cyrano-Sian, quand on regarde votre discographie, votre répertoire, on peut parler aussi d'interprètes qui vous sont chers comme Nathanaël Gouin, Philippe Bianconi ou d'autres, on est frappé par la richesse de votre répertoire et puis un éclectisme. Quand même, je vous ai entendu dans de multiples répertoires. Et vous, par exemple, le matin, quand vous levez, que vous travaillez votre instrument, vous allez vers quel répertoire si vous n'avez pas une obligation de donner un concert ? Qu'est-ce qui vous est le plus proche ?

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est un peu compliqué à dire. Ça dépend un peu des phases de ma vie. Ça dépend des jours. Moi, j'aime la musique. J'aime la belle musique. Voilà, je n'ai pas de... J'aime le son, j'aime l'harmonie, j'aime la chaleur d'un timbre sonore. Il y a des textures sonores qui me plaisent un peu dans tous les styles de musique. Il faut que ce soit harmonieux, il faut que ce soit doux, chaleureux. J'ai une recherche comme ça, je ne dirais pas d'un style particulier de musique, mais d'une émotion que peut transmettre une musique. Le violoncelle, c'est mon instrument que je joue depuis que j'ai 4 ans. C'est le mode d'expression chaleureux, humain et généreux qui, je trouve, se prête à plein de styles différents de musique. Après, il faut faire attention, évidemment, parce que chaque langage musical est une langue et de temps en temps, il faut aussi faire attention à bien savoir défendre un langage musical. Donc voilà, moi je suis intéressée un petit peu, nous avons la chance d'être dans un monde où on peut être très ouvert au monde justement. Moi je voyage beaucoup et je trouve que de s'intéresser à différentes cultures, de s'intéresser à différentes musiques, c'est essentiel, ça nourrit. Et surtout, toutes les musiques se nourrissent, je veux dire l'influence. L'influence de la musique, par exemple, orientale en France a été très forte, même il y a quelques siècles. Le voyage, ça fait quand même vraiment partie de l'être humain. Le rêve du voyage, même par exemple, le souvenir de Florence Tchaïkovski, il n'est jamais allé à Florence. Pourtant, il a écrit une œuvre majeure, il avait le souvenir de Florence. Oui,

  • Speaker #0

    Debussy n'est pas trop allé en Espagne non plus.

  • Speaker #1

    Disons qu'il y a un fantasme du voyage. Moi, j'ai la chance de beaucoup voyager, donc je me dis que c'est formidable parce que finalement, j'ai une vie. que peut-être beaucoup de générations auraient rêvé avoir, il faut aussi la diffuser. Moi, je voyage beaucoup, mais tout le monde ne voyage pas. Et je trouve que c'est absolument génial de redonner, ou alors de donner vie à des cultures sur scène. Dans un même concert, on peut faire un tour du monde.

  • Speaker #0

    Vous dites que vous avez commencé le violoncelle à 4 ans. Vous avez une sœur qui était aussi une violoniste de très grande renommée. On connaît beaucoup dans le répertoire baroque. Ça veut dire que vous aviez un environnement... familiale musicale ?

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai ma grande sœur Chouchane, violoniste, mais notre père, Alexandre, a été directeur du conservatoire de Romand-sur-Isère pendant plus de 40 ans.

  • Speaker #0

    Ah voilà, pour que ça explique vos liens.

  • Speaker #1

    Il a été aussi chef d'orchestre, pianiste, voilà, donc vraiment je pense que la musique... a été comme l'apprentissage d'une langue familiale. Je n'ai aucun souvenir de ma vie sans musique.

  • Speaker #0

    Vous ne pensiez pas qu'il y avait des familles où on ne pratiquait pas la musique quand vous étiez petite ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'ailleurs, j'ai découvert aussi assez tardivement qu'on ne chantait pas entre toutes les familles. Moi, du côté de ma mère, qui est grande spécialiste de vin, c'est autre chose, mais du côté de ma mère, mes grands-parents, mon arrière-grand-mère et autres, chantaient du chant populaire. Donc, il y a aussi ce pan-là de ma vie. Finalement, je n'ai pas d'amende mérite quand je fais des albums. Oui,

  • Speaker #0

    enfin...

  • Speaker #1

    Disons, savantes et musiques populaires, j'ai vraiment baigné dedans. Donc, voilà, pour la musique comme moyen d'expression, à tout moment de la journée, à tout moment de la vie...

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est pas évident. Quand même, les interprètes de musique écrite, savante, classique, ne sont pas toujours à l'aise dans un répertoire plus populaire, alors que vous, justement, je vous ai entendu dans ces répertoires, arméniens principalement, vous avez l'air d'avoir une grande aisance par rapport à ce répertoire, ce qui n'est pas le cas de tous vos confrères.

  • Speaker #1

    Alors, vous remarquerez qu'au niveau populaire, je reste vraiment axée sur l'Arménie. Je ne m'aventure pas, en tout cas sur scène, à d'autres répertoires. Oui, la langue arménienne est une langue que je parle. La musique arménienne, mon père a fait de grands travaux autour de la musique arménienne. Donc je sens une certaine légitimité à partager sur scène. La scène, évidemment, c'est un lieu d'expression libre, mais je ne me permettrai pas de faire n'importe quoi. Je me sens néanmoins assez légitime par rapport à la musique arménienne. et puis c'est parce que ça fait aussi partie d'un langage que je connais et que je côtoie depuis mon enfance.

  • Speaker #0

    Justement, il y a un disque que je trouve absolument merveilleux, auquel vous avez participé, qui s'appelle Hame arménienne qui est paru de manière étrange sur un très très beau label, qu'on est plus habitué à voir lié à la musique baroque, qui est Label du château de Versailles, spectacle, magnifique label Et puis vous avez participé aux côtés de Narek Kazayan et d'autres. à ce disque où on trouve des musiques populaires et notamment aussi des œuvres d'un des grands compositeurs arméniens qui est Komitas. C'est quoi, c'est le Bartok arménien pour les incultes comme moi ?

  • Speaker #1

    Pas un culte Frédéric, mais disons que Komitas, c'est l'ethnomusicologue qui a recueilli dans l'Empire ottoman avant le génocide arménien de 1915, les mélodies populaires qui nous restent dans la culture arménienne et qui auraient complètement disparu. Alors je ne sais pas si tout comme Bartok ou alors Kodai, il y a eu... une peur de perdre un pont culturel à la chute des empires pendant la première guerre mondiale. Je ne sais pas s'il y a eu cette urgence, mais en tous les cas, Comitas, c'est vraiment le père, on dit le père, il était prêtre aussi. c'est vraiment le père de la musique arménienne qui a su aussi délier de l'Empire Ottoman où il y avait quand même beaucoup de mixité culturelle la typicité de la musique arménienne donc il a recueilli des milliers de musiques arméniennes il avait commencé aussi à déchiffrer des neumes qui étaient l'ancienne écriture musicale avant les notes de musique que nous connaissons mais voilà il a entrepris des travaux incroyables et c'est vrai que à Marménienne cet album est un peu plus Ça avait été très émouvant parce que l'organisation du Château de Versailles nous a invités pendant deux années de suite, pour l'anniversaire du génocide arménien, à faire des concerts de musique arménienne. Et c'est vrai que ça avait été très émouvant, évidemment, à Versailles de pouvoir, dans ce haut lieu incroyable français, de pouvoir rendre hommage et de jouer cette magnifique musique arménienne.

  • Speaker #0

    Alors on va, avant de... Pour revenir à Nadia et Lili Boulanger, on va rester en harmonie puisqu'il va y avoir un week-end à la Philharmonie de Paris du 27 au 29 septembre prochain consacré à l'Arménie, à Strix-Iran-Ocean. Un week-end auquel vous allez grandement participer puisque vous allez participer à deux concerts. Un qu'on peut dire chambriste aux côtés d'artistes comme Eva Zajic, David Arrutunian et Xenia Maliarevic. Et puis avec des musiques traditionnelles et des musiques aussi savantes.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, il y a un album magnifique qui est sorti qui s'appelle My Rig, avec des oeuvres absolument magnifiques.

  • Speaker #0

    Chez votre label Alpha, mais vous n'y participez pas.

  • Speaker #1

    Non, je n'y participe pas. Mais c'est un album que je trouve absolument merveilleux. Et je vais rejoindre ce magnifique trio du projet My Rig pour quelques oeuvres d'un compositeur qui s'appelle Que j'aime beaucoup, qui est Ara Barthevian, mon père l'a connu. C'est un compositeur qui a vécu en France et qui a écrit des œuvres que j'aime beaucoup défendre. il se trouve qu'il a aussi un neveu très connu qui est le parfumeur Francis Curdian et donc je vais les rejoindre pour des découvertes je pense que ce sera pour beaucoup des découvertes d'oeuvres savantes arméniennes et également populaires et ensuite il y a le 29 septembre alors là ce sera un répertoire un peu plus connu hommage à Aram Kachatourian exactement hommage à Aram Kachatourian merci avec l'orchestre d'État d'Arménie dans le concerto rhapsodie de Ketchatorian qui a été écrit pour Mieczyslav Rostropovich.

  • Speaker #0

    Que vous avez du reste enregistré. Alors, ce n'est pas celui-là que vous avez enregistré, c'est l'autre concerto.

  • Speaker #1

    Le concerto, ça, je l'ai enregistré avec le Symphonie à Varsovia. dans un disque qui regroupe aussi le concerto de Penderetsky oui puisque vous avez eu un prix Penderetsky je le dis puisque vous ne le direz pas mais donc voilà c'est vrai que ce sont deux répertoires ce sont deux époques aussi, l'époque soviétique je trouve génial parce que c'est aussi une émergence du violoncelle dans le répertoire soliste Et c'est vrai qu'à la fois dans le concerto rapso-dique, je jouerai le 29 septembre à la Philharmonie, il y a une espèce d'acte héroïque que porte le violoncelliste sur les épaules. Et je trouve que dans ces temps où il faut être fort, surtout quand on est dans une période un peu dure, il faut être fort et je trouve que ce répertoire... de Katchatourian inspire. C'est de la musique forte qui défend vraiment ses opinions et je trouve que c'est chouette.

  • Speaker #0

    Justement, vous parliez de Rostropovich qui a suscité tellement d'oeuvres de génie du XXe siècle. Quand vous étiez petit, excusez-moi de revenir à votre enfance, mais c'est quand même un thème, l'enfance, qui vous est cher. On parle d'Astrig, on parle des soeurs Nadia et Lili Boulanger et de votre répertoire. Vous aviez des idoles comme ça, violoncellistes ? Ou alors c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Non, moi j'ai grandi avec... Je n'avais pas du tout de télé chez moi. Je n'avais que des livres. Et j'avais un lecteur de disques dans ma chambre. Avec 4-5 disques. Donc il y avait Concerto d'Elgar par Jacqueline Dupré. Il y avait Rostropovich. Il y avait plusieurs œuvres comme ça. Mais en gros, il y a eu Yannos Starker, Jacqueline Dupré. ça a été pour moi j'ai vraiment grandi avec quelques albums que j'écoutais vraiment en boucle donc voilà ce sont des musiciens absolument des violoncellistes, de grands violoncellistes d'ailleurs il y a pour la petite histoire j'écoutais donc le concerto de Elgar avec le London Symphony Orchestra et je l'ai enregistré il y a un mois j'ai enregistré ce concerto il y a un mois avec le London Symphony Orchestra et vous parlez de l'enfance, je me revoyais enfant écouter l'album du London Symphony Orchestra à Jacqueline Dupré et c'est vrai qu'il y a des connexions avec l'enfance pour moi qui sont très fortes parce que finalement depuis que j'ai Depuis que j'ai 4 ans, je fais la même chose, à savoir je joue du violoncelle.

  • Speaker #0

    Oui, il y a pire comme activité à Strix, si j'ai la notion. Vous parlez de Jacqueline Dupré. C'est étonnant parce que quand on parle avec des violoncellistes, comme ça, il y a des figures qui reviennent. Quand on parle avec des violonistes, c'est David Oystrak ou Aïfet, ou Christian Ferras ou quelques autres. Et puis Jacqueline Dupré, chez les violoncellistes, elle revient.

  • Speaker #1

    Oui, elle revient.

  • Speaker #0

    Il y a des figures qui marquent comme ça, même s'il y a... Beaucoup de grands violoncellistes dans l'histoire, il y a des figures qui restent à part.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y a aussi l'histoire du destin tragique de Jacqueline Dupré. Surtout, il y a une vérité dans ces enregistrements. Il y a peut-être une urgence aussi de par sa maladie d'avoir enregistré des œuvres. Je trouve que ce sont des jeux. De temps en temps, c'est un petit peu ce que je reprocherais à l'époque dans laquelle nous sommes. C'est-à-dire qu'à l'époque, c'était des personnalités qui avaient un timbre, un jeu, parce qu'ils avaient des vies excessivement remplies, authentiques. Moi, je... Vous parliez de Christian Ferraz, voilà, je trouve que ça, ce sont des interprètes qui nourrissent, parce qu'ils racontent quelque chose. Et c'est forcément inspirant, parce que... Les vies qu'ils ont eues dans des époques aussi sous contraintes politiques, on ne connaît pas vraiment ça, les contraintes politiques comme pouvait avoir Ostropovitch ou alors d'autres grands interprètes. Et forcément, ça se ressent dans leur jeu et c'est peut-être pour ça que ça nous marque.

  • Speaker #0

    Au risque de vous choquer, Astrid Serrano-Sion, vous faites partie pour moi de ces jeunes interprètes chez lesquels on a l'impression qu'une âme de vieille interprète s'est réincarnée. Mais j'en connais quelques-uns comme ça, vous exprimez comme si vous étiez... Mais bon, je ne veux pas vous faire rougir. Comme si en vous se réincarnait à la fois un pan historique par l'Arménie et votre histoire familiale, et puis un pan historique aussi à travers les interprètes. que vous aimez ?

  • Speaker #1

    Je me sens de temps en temps décalée par rapport à l'époque dans laquelle je vis. En plus, j'ai quand même la chance de côtoyer des instruments qui ont plusieurs centaines d'années, de jouer des œuvres de compositeurs souvent décédés. C'est-à-dire que tout ça fait que j'habite à Paris, je suis en 2024. Mais je suis déconnectée quand même beaucoup de cette frénésie dont nous faisons partie actuellement. Tout change vite. Les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Je trouve ça rigolo. On est dans une époque où un téléphone portable, au bout de six mois, est vieux. Moi, depuis 400 ans, les violoncelles que je joue sont d'actualité. Et pour l'instant, rien n'a été remplacé. Il y a des luthiers contemporains, mais la forme du violoncelle n'a pas changé depuis 400 ans.

  • Speaker #0

    Juste une parenthèse, vous parliez du concerto d'Elgar que vous venez d'enregistrer. Oui. Vous avez parlé de l'orchestre et le chef.

  • Speaker #1

    François-Xavier Roth.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc vous êtes aussi en belle compagnie.

  • Speaker #1

    Oui. C'est ce qui se sortira. Je reviendrai vous en parler.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère bien vous recevoir. Mais là, on va revenir. Mais justement, ça c'est avec vous, c'est à cause de vous, Astrid, parce qu'il y a tellement de sujets qu'on a envie d'évoquer. On s'éloigne du but pour lequel vous avez convié, qui est quand même d'évoquer ce festival Nadia et Lily Boulanger, qui aura lieu du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville-sur-Mer. Alors, il y a bien sûr des interprètes, on en parlait, Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin, Pascal Moragues, le bariton Thomas Kildisius.

  • Speaker #1

    Ils sont lauréats du concours Nadia et Lili Boulanger, qui est du Centre international Nadia et Lili Boulanger. Il y aura également Félicien Brut à l'accordéon, Edouard Macarès à la contrebase. C'est un festival que j'ai envie d'un petit peu, un rassemblement d'amis, un rassemblement d'amis musiciens pour partager. Ce qui est génial avec... Quand on prend Nadia et Lili Boulanger, c'est qu'au niveau musical, on peut aller de Monteverdi à Quincy Jones. C'est l'éventail général de toute la musique qui est compris, qui est potentiellement programmable pour ce festival. C'est une première édition, donc on commence avec peu de concerts.

  • Speaker #0

    Peu de concerts, mais ils sont attrayants.

  • Speaker #1

    Pour rendre hommage à Nathalie Boulanger, il faut quand même rester dans une certaine forme de qualité musicale et de programmation. Mais c'est très excitant, c'est une nouvelle aventure. Je pense depuis longtemps à cette idée de festival. Il se trouve que la rencontre avec la mairie de Trouville a fait que ça leur plaît beaucoup de partir sur ce thème-là de Sœur Boulanger. Et j'espère qu'on aura beaucoup de monde qui va venir à la fois pour passer du bon temps à Trouville et pour écouter les concerts.

  • Speaker #0

    Les concerts, il y aura aussi une conférence d'Alexandra Lefdrich.

  • Speaker #1

    Exactement, très précieuse.

  • Speaker #0

    musicologue liée au nom de Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #1

    Exactement, il y aura aussi la diffusion du film de Bruno Monsageant. Bruno Monsageant fait l'amitié d'être présent durant le festival. Il y a une exposition également de photos qui commence le 10 mai autour des sœurs Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #0

    On parlait de Nathanaël Gouin, qui est votre complice. Je vous ai entendu maintes fois jouer au concert avec lui. Il y a aussi Philippe Bianconi, dont vous êtes proche, qui est un merveilleux pianiste. Nathanaël Gouin, vous avez enregistré avec lui. Vous venez d'enregistrer un disque avec lui.

  • Speaker #1

    Je vous demande d'enregistrer un disque qui sortira pour le Label Alpha prochainement. Nous avons enregistré des œuvres absolument rarissimes, à savoir la sonate, par exemple, pour violon, salle et piano, d'une compositrice qui s'appelle Marcel Soulages, qui a été assez connue parce que c'est elle qui avait fait le que sais-je sur le solfège, qui a écrit une sonate pour violon, salle et piano absolument magnifique.

  • Speaker #0

    C'est vous qui l'avez retrouvée ? C'est la fondation

  • Speaker #1

    Royaumont. qui nous a contactés pour redonner vie à cette sonate absolument merveilleuse, vraiment un grand chef-d'oeuvre. Ensuite, il y aura la sonate pour violoncelle du compositeur et grand navigateur Jean Cras, et puis aussi Pierre-Octave Ferroux, une sonate absolument étonnante. On a des tubes ! On a des grands tubes ! Mais voilà, ça fait partie aussi du travail, des travaux que nous aimons faire avec Nathanael, à savoir... remettre dans les programmes de nos concerts et de nos albums des oeuvres qu'on n'attend pas forcément.

  • Speaker #0

    Lui aussi, il a une curiosité insatiable. Bien sûr,

  • Speaker #1

    oui, ça fait partie de... c'est vraiment un partenaire musical précieux, parce qu'ensemble, nous aimons vraiment explorer tous les... tous les répertoires, nous sommes curieux et surtout nous aimons beaucoup travailler ce qui nous permet de pouvoir vraiment découvrir et redonner vie à des musiques.

  • Speaker #0

    Justement, votre duo constitué depuis plusieurs années, c'est particulièrement émouvant de vous voir. Comment ça s'est passé, votre rencontre musicale avec Nathanaël ? C'est quelqu'un que vous aviez connu pendant vos études ?

  • Speaker #1

    Nous nous sommes connus dans nos études dans notre résidente artistique que nous avions à la chapelle Reine-Élisabeth. à Waterloo nous étions tous les deux artistes en résidence et donc le hasard on a dû se rencontrer à la cafétéria sûrement et puis on s'est dit pourquoi pas jouer ensemble je crois qu'il avait un concert avec la sonate de Rachmaninoff, quelques jours après avec un autre violoncelliste, et je lui ai proposé en lui disant, si tu as besoin de répéter, on peut jouer la sonate de Rachmaninoff ensemble. Et puis voilà, c'est parti comme ça, d'une sonate de Rachmaninoff, d'ailleurs que nous jouons assez souvent ensemble, et qui nous rappelle toujours la rencontre qui nous amène maintenant à faire de très belles scènes et de très beaux projets.

  • Speaker #0

    Cette sonate de Rachmaninoff, on peut faire un détour, parce qu'elle est magnifique, mais il y a le piano, ou... C'est inutile de parler du piano et de la relation de Rachmaninoff au piano, mais comment elle est écrite pour votre instrument, cette sonate ?

  • Speaker #1

    Alors, les pianistes diront que c'est une sonate pour piano avec violoncella de libitum. Tellement la partition, il y a un décalage évidemment. Après, comme je dis souvent aux pianistes, nous ne sommes pas responsables, nous les violoncellistes, d'avoir beaucoup moins de notes que vous à jouer. Mais c'est une sonate qui est...

  • Speaker #0

    qui est excessivement romantique, chaleureuse, tendre. On est vraiment dans un répertoire. Évidemment, le piano, Rakhmaninov, c'était quand même un pianiste extraordinaire. Je pense qu'il a voulu faire honneur à sa... à son instrument. Beaucoup diront que c'est un autre concerto pour piano d'Orak Mayinov que cette sonate. En tout cas, c'est vrai que tous les pianistes ne s'attardent pas et ne peuvent pas jouer cette sonate. Avec Nathanel, à chaque fois que nous la jouons, je pense que beaucoup de pianistes sont jaloux de la facilité avec laquelle il la joue. Ça fait partie des grandes œuvres du répertoire qui racontent une histoire. Il y a beaucoup de narration. Moi, c'est ce qui me plaît, c'est les œuvres qui racontent une histoire.

  • Speaker #1

    On connaît bien sûr le génie de Lili Boulanger comme compositrice. Ce qui est intéressant, c'est de parler de Nadia Boulanger, compositrice. Vous aviez enregistré ses œuvres pour violoncelle, ses trois pièces, justement, avec Barenboim. Astrix et Rhinoscience, qui était une dérogation à votre disque avec Nathanaël Gouin. C'était juste un moment... Comment vous aviez eu l'idée, justement, parce que le disque principalement...

  • Speaker #0

    Dire Mademoiselle était aux côtés de Nathaniel Gouin et puis il y a ces trois pièces aux côtés de Barrenboim alors l'idée n'est pas venue de moi parce que j'aurais jamais osé lui demander mais disons qu'un jour je me souviens très bien je parlais avec Daniel Barrenboim de mes projets à venir et je lui ai parlé de ce disque et le lendemain nous étions en répétition avec lui et il est venu me voir il m'a dit tu sais Astrid je voudrais te demander si ça ne dérange pas ton pianiste est-ce que tu accepterais que j'enregistre avec toi sur cet album Les pièces de Nadia Boulanger. Alors, évidemment, je n'en revenais pas. J'ai appelé Nathan Hael pour lui dire...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il a refusé tout de suite.

  • Speaker #0

    Non, il a refusé. Mais c'était assez impressionnant parce que je n'aurais jamais eu l'idée de demander à Daniel Varenbom de me faire ce cadeau. Et c'est lui qui m'a dit non mais j'aimerais beaucoup, j'ai été élève de Nadia Boulanger, je veux jouer et je veux enregistrer avec toi. C'était un cadeau exceptionnel, c'est aussi fait partie des œuvres de générosité qu'a Daniel pour la génération, pour les générations plus jeunes. mais voilà en tout cas ça a été un souvenir d'enregistrement on a enregistré très tard dans la salle Pierre Boulez alors c'était un petit pied de nez aussi je trouvais rigolo à Pierre Boulez qui n'aimait pas forcément Nadia Boulanger d'enregistrer en tout cas dans cette salle à Berlin avec Daniel Barenboim qui est le liant en fait finalement entre Pierre Boulez et Nadia Boulanger peut-être elle a été le meilleur ami de l'autre et puis l'une a été le professeur de l'un enfin voilà en tout cas c'est sûr que d'avoir partagé la scène. Après, nous avons enregistré Message Esquisse ensemble avec Daniel Barenboim de Boulez. Mais vous parlez des idoles. Quand j'étais enfant, forcément, Daniel Barenboim faisait partie. De rencontrer de visu, puis en plus de travailler, de marquer au disque des répertoires avec des figures qu'on a vues en disque toute sa vie, toute son enfance, c'est une émotion qui est indescriptible.

  • Speaker #1

    Alors justement Nadia Boulanger, son immense génie de pédagogue, tous ces grands musiciens. On connaît qu'ils sont liés à Nadia Boulanger, son lien avec sa sœur et la musique de sa sœur. Ça a effacé ses propres compositions, mais elle-même en est coupable, puisqu'elle avait décidé d'arrêter de composer après la mort de sa sœur. Et puis elle se considérait comme une compositrice mineure.

  • Speaker #0

    Inutile.

  • Speaker #1

    Voilà, inutile. Alors que quand on écoute, moi, je vous parlais de la BNF, il y a eu un récital de mélodie de Nadia Boulanger la semaine dernière à la BNF. C'était magnifique.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sa sévérité, on ne la partage pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai que sa sévérité n'est pas partagée par beaucoup. C'était un être absolument extraordinaire à tout point de vue. Mais je pense qu'elle avait surtout la douleur d'une grande sœur qui perd sa petite sœur, avec qui elle a toujours été liée. Je pense qu'il y avait une volonté de dire moi je veux m'effacer en tout cas dans ce qui est qualifié Lili Boulanger, à savoir la composition.

  • Speaker #1

    On va terminer, on aurait pu parler des heures de Nadia et Lily Boulanger de l'Arménie, de la musique arménienne ce week-end de la Philharmonie et de ce week-end du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville autour de Nadia et Lily Boulanger dont la programmation est si riche moi je voudrais terminer avec un nouveau disque parce que chacun de vos disques est un projet à part et très singulier et il y a un nouveau disque avec un titre étrange mais qu'on comprend quand on l'écoute et quand on lit le texte qui l'accompagne qui s'appelle Duo Solo qui va de Bach à des mélodies arméniennes, en passant par Ligeti et Kodai, qui est un disque absolument merveilleux, dans lequel vous chantez aussi. Comment vous aviez été à l'initiative de ce projet qui est quand même très à part ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un projet assez, disons... C'est un projet qui a commencé d'abord par la scène. J'ai fait de très nombreux récitals, violoncelles, où finalement je chantais ces mélodies arméniennes. Je n'avais pas du tout l'idée de faire un disque avec ce projet de programme musical, mais le retour du public a été tellement chaleureux à chaque fois que je faisais ce programme, qu'un jour je me suis dit, bon, peut-être que c'est le moment de... Peut-être que c'est le moment de graver ce disque. Après, évidemment, on sortait d'une période de Covid. Je m'étais retrouvée vraiment pendant des semaines entières seule avec mon violoncelle. Il n'y avait pas de pianiste, il n'y avait pas de copain musicien, il n'y avait pas d'orchestre avec qui je jouais des concertos. Et donc, j'ai pu vraiment cultiver ce répertoire violoncelle seule. Chanter, j'ai toujours chanté en fait. J'ai toujours chanté. Après, sur scène. Je l'ai fait et puis un jour je me suis lancée avec une équipe, avec mon label qui m'a fait confiance, avec Franck Jaffresse qui était au micro et qui m'a aussi beaucoup donné confiance pour cet enregistrement. C'est très important quand vous dites que j'ai des projets singuliers.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas du tout péjoratif. Oui, bien sûr. C'est pour dire qu'il se différencie.

  • Speaker #0

    Ce qui est important pour moi aussi, c'est de s'entourer des bonnes personnes qui ont à la fois un esprit critique. et puis qui savent aussi trouver les mots et les encouragements pour que je puisse aller vraiment au plus loin de ce que je peux dans un projet parce que forcément quand on grave sur disque ou même quand on monte sur scène c'est qu'on croit vraiment à ce projet sinon ça sert à rien surtout l'auditeur, surtout au disque on n'a pas le côté direct en live j'ai la chance d'avoir des superbes équipes autour de moi qui... Je crois en ce projet et qu'il les porte avec moi. Donc voilà, Duo Solo, ça a été d'abord un retour du public avant de devenir un projet discographique.

  • Speaker #1

    J'ai une discographie magnifique qui s'ouvre par la première suite de Bach. Votre interprétation, là encore je vais vous faire rougir, mais on s'en fiche, parce qu'on ne vous voit pas. C'est une interprétation absolument merveilleuse de la première suite de Bach. On se pose un milliard de questions quand on commence à jouer cette suite, Astrix et Rhinocyan.

  • Speaker #0

    Ah oui, on se pose un milliard de questions. En plus, j'ai enregistré cette suite sur cet album, sur Ravion en sel, avec des cordes en boyaux. On se pose... Avant même d'avoir posé... À un moment donné, c'est ça, l'album, il faut se dire que c'est un moment. On va figer de toute manière une... On va figer une interprétation. Donc il faut se poser des questions, mais c'est vrai que quand on commence, quand on a enregistré cette première suite, on peut passer des semaines entières à enregistrer, on ne sera jamais satisfait. Parce que c'est une musique qui est en mouvement, c'est une musique qui... Si elle est aussi actuelle maintenant... C'est une musique qui traverse les époques, qui reste à la fois extrêmement... extrêmement contemporaine, quelque part, de par l'émotion qu'elle dégage. Et puis évidemment, on a toutes ces milliers de versions historiques. Après, le disque, de toute manière, c'est un moment un peu douloureux parce qu'on sait qu'on va graver un moment de notre vie. Il y a d'ailleurs beaucoup de grands musiciens qui refont une version des six suites de Bach qui n'ont en général rien à voir. Je me souviens notamment d'Anne-Arville Sma qui m'a beaucoup inspirée pour cet enregistrement et qui m'inspire beaucoup, qui a fait plusieurs séries des suites de Bach aux disques qui n'ont aucun rapport les unes entre les autres. Donc voilà, c'est vraiment les œuvres que l'on mange, que l'on mâche, que l'on digère, qu'on passe notre vie finalement à essayer de comprendre.

  • Speaker #1

    En attendant de réécouter, comme on peut le faire des centaines de fois, ce disque à Strictly Rhinocyan, il y a ces deux magnifiques week-ends en perspective du 31 mai au 2 juin prochain. C'est hommage à Nadia et Lily Boulanger à Trouville avec une riche compagnie et une autre riche compagnie pour ce week-end du 27 au 29 septembre prochain. À la Philharmonie, hommage à l'Arménie et il me reste à vous remercier infiniment d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

Description

La violoncelliste Astrig Siranossian est la directrice artistique d'un nouveau festival consacré aux figures de Nadia et Lili Boulanger, qui l'accompagnent depuis longtemps. Il se tiendra à Trouville du 31 mai au 2 juin prochains. En compagnie d'artistes tels que Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin ou Pascal Moragues, elle interprétera des oeuvres de Lili Boulanger, d'élèves de Nadia, et de plusieurs autre compositeurs qui leur étaient chers. Hommage sera également rendu par la projection du film de Bruno Monsaingeon, "Mademoiselle", et par une conférence d'Alexandra Laederich. Astrig Siranossian évoque également ses racines arméniennes, et les deux concerts qu'elle donnera autour de l'Arménie, à la philharmonie de Paris, les 27 et 29 septembre prochains.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Frédéric Huttman au micro, j'ai le plaisir de vous retrouver pour un nouvel entretien. Aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Astrigue Cyrano-Cian, bonjour. Alors je vous reçois à propos d'une riche actualité, mais si c'était le cas je vous recevrais tout le temps Astrigue. Là il y a deux événements dont on va beaucoup parler, à savoir un premier festival Nadia et Lily Boulanger, qui va se tenir à Trouville du 31 mai au 2 juin prochain, dont vous assurez la direction artistique. Et puis il y a aussi un week-end dont je voudrais beaucoup parler qui va se tenir les 27 au 29 septembre prochain à la Philharmonie, un week-end arménien. Donc c'est un peu deux des pôles de votre vie artistique, Nadia Elili Boulanger et l'Arménie.

  • Speaker #1

    C'est vrai, ça fait partie de mes deux pôles, en tout cas qui font partie, qui me nourrissent beaucoup depuis longtemps et je prends plaisir à monter sur scène et à faire partie de... d'événements qui rendent hommage à la fois à Nadia Lili Boulanger et puis également à l'Arménie.

  • Speaker #0

    Oui, je me souviens d'ailleurs, j'avais eu le plaisir de vous interviewer chez vous il y a quelques années, et puis trônaient de manière royale les entretiens de Nadia Boulanger avec Bruno Monsargeon, un des livres phares sur la musique.

  • Speaker #1

    Oui, un livre phare, Nadia Boulanger, c'est l'amour de la transmission, la pédagogie, c'est beaucoup de choses, elle réunit beaucoup de... beaucoup d'éléments qui je trouve inspirent quotidiennement. Elle inspire à la fois quotidiennement et aussi sur le long terme. Moi, c'est une figure qui est presque quotidiennement présente. Je ne l'ai jamais connue, mais à travers les entretiens que j'ai pu lire, à travers toute l'œuvre qu'elle laisse, disons qu'elle est omniprésente dans la musique. L'album que j'avais sorti, j'étais venue d'ailleurs au micro en parler avec vous, Dire Mademoiselle en 2020, ça a été une première étape d'un travail vraiment que... Je souhaite effectuer autour de Nadia Boulanger, là le festival à Trouville c'est une nouvelle étape, c'est un nouveau pan aussi de ma vie artistique que j'aime défendre, à savoir la direction artistique, la création d'événements musicaux et de festivals.

  • Speaker #0

    Vous dirigez déjà un autre festival ?

  • Speaker #1

    Voilà, depuis 9 ans, un festival qui est à Romand-sur-Isère qui s'appelle les Musicades, qui a lieu en été. et qui mélangent musique, gastronomie et littérature. Trois pans aussi qui sont très importants dans la vie. Mais là, l'Indien Lily Boulanger, ça sera à Trouville, une ville où elles ont passé leurs vacances enfant. C'est aussi un autre pan qui, je trouve, est assez intéressant, l'enfance. Quel impact a l'enfance sur une carrière artistique ? Quelles inspirations ? Quelle est l'importance aussi de pouvoir peut-être nourrir de musique une enfance ? Et évidemment Nadia et Lili Boulanger sont deux soeurs qui ont eu des destins tragiques pour Lili Boulanger, mais quand même excessivement riches et qui marquent la musique. Mais voilà, à Trouville-sur-Mer, leur rendre hommage à toutes les deux dans cette ville qui les a bercées enfant, je trouvais qu'il y a une douceur, une tendresse et surtout on est avant le drame de décès de Lili. dans une période où familialement elles vivaient de bons moments ensemble.

  • Speaker #0

    Dans ce disque, vous aviez enregistré aux côtés de Nathanaël Gouin un certain nombre d'oeuvres, et puis même aux côtés de Daniel Barenboim, trois pièces de Nadia Boulanger, parce que Nadia Boulanger est peut-être elle-même coupable, c'est-à-dire qu'elle s'est retranchée en tant que compositrice derrière la figure de sa sœur, et puis derrière l'enseignement.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que Nadia Boulanger, alors Lili Boulanger a eu le premier prix de Rome.

  • Speaker #0

    Mais

  • Speaker #1

    Nadia Boulanger avait eu un deuxième prix de Rome, donc c'est quand même pas rien. Au décès de sa petite sœur Lily Boulanger en 1918, alors qu'elle n'avait que 24 ans, Nadia Boulanger a décidé d'arrêter ses écritures musicales qu'elle jugeait complètement inutiles pour vraiment se consacrer à... à l'enseignement et surtout à la diffusion des œuvres de sa sœur. Donc moi, quand j'en ai parlé à Daniel Barenboim des trois pièces de Nadia Boulanger, il ne savait même pas que Nadia Boulanger avait composé des œuvres.

  • Speaker #0

    Parce que contrairement, il a été élève de Nadia Boulanger.

  • Speaker #1

    Il a été élève quand il avait 12 ans. Ça a été d'ailleurs son premier contact avec la France. Il n'oublie jamais de le dire, Daniel Barenboim, que son premier contact avec la France, c'était de venir au Trentier-Rue Balue. Dans les classes de Nadia Boulanger, j'ai retrouvé d'ailleurs à la BNF, un lieu où j'adore aller fouiller, des lettres qu'il lui avait envoyées depuis Salzbourg. Il avait 12 ans, des lettres de remerciement, où il parle du fait qu'il travaille le quintet de Schumann. Il y avait une correspondance et c'est son premier lien avec la France, à Daniel Barenboim, qui adore ce pays, qui a été les classes de Nadia Boulanger.

  • Speaker #0

    Astrid Cyrano-Sian, quand on regarde votre discographie, votre répertoire, on peut parler aussi d'interprètes qui vous sont chers comme Nathanaël Gouin, Philippe Bianconi ou d'autres, on est frappé par la richesse de votre répertoire et puis un éclectisme. Quand même, je vous ai entendu dans de multiples répertoires. Et vous, par exemple, le matin, quand vous levez, que vous travaillez votre instrument, vous allez vers quel répertoire si vous n'avez pas une obligation de donner un concert ? Qu'est-ce qui vous est le plus proche ?

  • Speaker #1

    Eh bien, c'est un peu compliqué à dire. Ça dépend un peu des phases de ma vie. Ça dépend des jours. Moi, j'aime la musique. J'aime la belle musique. Voilà, je n'ai pas de... J'aime le son, j'aime l'harmonie, j'aime la chaleur d'un timbre sonore. Il y a des textures sonores qui me plaisent un peu dans tous les styles de musique. Il faut que ce soit harmonieux, il faut que ce soit doux, chaleureux. J'ai une recherche comme ça, je ne dirais pas d'un style particulier de musique, mais d'une émotion que peut transmettre une musique. Le violoncelle, c'est mon instrument que je joue depuis que j'ai 4 ans. C'est le mode d'expression chaleureux, humain et généreux qui, je trouve, se prête à plein de styles différents de musique. Après, il faut faire attention, évidemment, parce que chaque langage musical est une langue et de temps en temps, il faut aussi faire attention à bien savoir défendre un langage musical. Donc voilà, moi je suis intéressée un petit peu, nous avons la chance d'être dans un monde où on peut être très ouvert au monde justement. Moi je voyage beaucoup et je trouve que de s'intéresser à différentes cultures, de s'intéresser à différentes musiques, c'est essentiel, ça nourrit. Et surtout, toutes les musiques se nourrissent, je veux dire l'influence. L'influence de la musique, par exemple, orientale en France a été très forte, même il y a quelques siècles. Le voyage, ça fait quand même vraiment partie de l'être humain. Le rêve du voyage, même par exemple, le souvenir de Florence Tchaïkovski, il n'est jamais allé à Florence. Pourtant, il a écrit une œuvre majeure, il avait le souvenir de Florence. Oui,

  • Speaker #0

    Debussy n'est pas trop allé en Espagne non plus.

  • Speaker #1

    Disons qu'il y a un fantasme du voyage. Moi, j'ai la chance de beaucoup voyager, donc je me dis que c'est formidable parce que finalement, j'ai une vie. que peut-être beaucoup de générations auraient rêvé avoir, il faut aussi la diffuser. Moi, je voyage beaucoup, mais tout le monde ne voyage pas. Et je trouve que c'est absolument génial de redonner, ou alors de donner vie à des cultures sur scène. Dans un même concert, on peut faire un tour du monde.

  • Speaker #0

    Vous dites que vous avez commencé le violoncelle à 4 ans. Vous avez une sœur qui était aussi une violoniste de très grande renommée. On connaît beaucoup dans le répertoire baroque. Ça veut dire que vous aviez un environnement... familiale musicale ?

  • Speaker #1

    Oui, alors j'ai ma grande sœur Chouchane, violoniste, mais notre père, Alexandre, a été directeur du conservatoire de Romand-sur-Isère pendant plus de 40 ans.

  • Speaker #0

    Ah voilà, pour que ça explique vos liens.

  • Speaker #1

    Il a été aussi chef d'orchestre, pianiste, voilà, donc vraiment je pense que la musique... a été comme l'apprentissage d'une langue familiale. Je n'ai aucun souvenir de ma vie sans musique.

  • Speaker #0

    Vous ne pensiez pas qu'il y avait des familles où on ne pratiquait pas la musique quand vous étiez petite ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'ailleurs, j'ai découvert aussi assez tardivement qu'on ne chantait pas entre toutes les familles. Moi, du côté de ma mère, qui est grande spécialiste de vin, c'est autre chose, mais du côté de ma mère, mes grands-parents, mon arrière-grand-mère et autres, chantaient du chant populaire. Donc, il y a aussi ce pan-là de ma vie. Finalement, je n'ai pas d'amende mérite quand je fais des albums. Oui,

  • Speaker #0

    enfin...

  • Speaker #1

    Disons, savantes et musiques populaires, j'ai vraiment baigné dedans. Donc, voilà, pour la musique comme moyen d'expression, à tout moment de la journée, à tout moment de la vie...

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est pas évident. Quand même, les interprètes de musique écrite, savante, classique, ne sont pas toujours à l'aise dans un répertoire plus populaire, alors que vous, justement, je vous ai entendu dans ces répertoires, arméniens principalement, vous avez l'air d'avoir une grande aisance par rapport à ce répertoire, ce qui n'est pas le cas de tous vos confrères.

  • Speaker #1

    Alors, vous remarquerez qu'au niveau populaire, je reste vraiment axée sur l'Arménie. Je ne m'aventure pas, en tout cas sur scène, à d'autres répertoires. Oui, la langue arménienne est une langue que je parle. La musique arménienne, mon père a fait de grands travaux autour de la musique arménienne. Donc je sens une certaine légitimité à partager sur scène. La scène, évidemment, c'est un lieu d'expression libre, mais je ne me permettrai pas de faire n'importe quoi. Je me sens néanmoins assez légitime par rapport à la musique arménienne. et puis c'est parce que ça fait aussi partie d'un langage que je connais et que je côtoie depuis mon enfance.

  • Speaker #0

    Justement, il y a un disque que je trouve absolument merveilleux, auquel vous avez participé, qui s'appelle Hame arménienne qui est paru de manière étrange sur un très très beau label, qu'on est plus habitué à voir lié à la musique baroque, qui est Label du château de Versailles, spectacle, magnifique label Et puis vous avez participé aux côtés de Narek Kazayan et d'autres. à ce disque où on trouve des musiques populaires et notamment aussi des œuvres d'un des grands compositeurs arméniens qui est Komitas. C'est quoi, c'est le Bartok arménien pour les incultes comme moi ?

  • Speaker #1

    Pas un culte Frédéric, mais disons que Komitas, c'est l'ethnomusicologue qui a recueilli dans l'Empire ottoman avant le génocide arménien de 1915, les mélodies populaires qui nous restent dans la culture arménienne et qui auraient complètement disparu. Alors je ne sais pas si tout comme Bartok ou alors Kodai, il y a eu... une peur de perdre un pont culturel à la chute des empires pendant la première guerre mondiale. Je ne sais pas s'il y a eu cette urgence, mais en tous les cas, Comitas, c'est vraiment le père, on dit le père, il était prêtre aussi. c'est vraiment le père de la musique arménienne qui a su aussi délier de l'Empire Ottoman où il y avait quand même beaucoup de mixité culturelle la typicité de la musique arménienne donc il a recueilli des milliers de musiques arméniennes il avait commencé aussi à déchiffrer des neumes qui étaient l'ancienne écriture musicale avant les notes de musique que nous connaissons mais voilà il a entrepris des travaux incroyables et c'est vrai que à Marménienne cet album est un peu plus Ça avait été très émouvant parce que l'organisation du Château de Versailles nous a invités pendant deux années de suite, pour l'anniversaire du génocide arménien, à faire des concerts de musique arménienne. Et c'est vrai que ça avait été très émouvant, évidemment, à Versailles de pouvoir, dans ce haut lieu incroyable français, de pouvoir rendre hommage et de jouer cette magnifique musique arménienne.

  • Speaker #0

    Alors on va, avant de... Pour revenir à Nadia et Lili Boulanger, on va rester en harmonie puisqu'il va y avoir un week-end à la Philharmonie de Paris du 27 au 29 septembre prochain consacré à l'Arménie, à Strix-Iran-Ocean. Un week-end auquel vous allez grandement participer puisque vous allez participer à deux concerts. Un qu'on peut dire chambriste aux côtés d'artistes comme Eva Zajic, David Arrutunian et Xenia Maliarevic. Et puis avec des musiques traditionnelles et des musiques aussi savantes.

  • Speaker #1

    Oui, alors en fait, il y a un album magnifique qui est sorti qui s'appelle My Rig, avec des oeuvres absolument magnifiques.

  • Speaker #0

    Chez votre label Alpha, mais vous n'y participez pas.

  • Speaker #1

    Non, je n'y participe pas. Mais c'est un album que je trouve absolument merveilleux. Et je vais rejoindre ce magnifique trio du projet My Rig pour quelques oeuvres d'un compositeur qui s'appelle Que j'aime beaucoup, qui est Ara Barthevian, mon père l'a connu. C'est un compositeur qui a vécu en France et qui a écrit des œuvres que j'aime beaucoup défendre. il se trouve qu'il a aussi un neveu très connu qui est le parfumeur Francis Curdian et donc je vais les rejoindre pour des découvertes je pense que ce sera pour beaucoup des découvertes d'oeuvres savantes arméniennes et également populaires et ensuite il y a le 29 septembre alors là ce sera un répertoire un peu plus connu hommage à Aram Kachatourian exactement hommage à Aram Kachatourian merci avec l'orchestre d'État d'Arménie dans le concerto rhapsodie de Ketchatorian qui a été écrit pour Mieczyslav Rostropovich.

  • Speaker #0

    Que vous avez du reste enregistré. Alors, ce n'est pas celui-là que vous avez enregistré, c'est l'autre concerto.

  • Speaker #1

    Le concerto, ça, je l'ai enregistré avec le Symphonie à Varsovia. dans un disque qui regroupe aussi le concerto de Penderetsky oui puisque vous avez eu un prix Penderetsky je le dis puisque vous ne le direz pas mais donc voilà c'est vrai que ce sont deux répertoires ce sont deux époques aussi, l'époque soviétique je trouve génial parce que c'est aussi une émergence du violoncelle dans le répertoire soliste Et c'est vrai qu'à la fois dans le concerto rapso-dique, je jouerai le 29 septembre à la Philharmonie, il y a une espèce d'acte héroïque que porte le violoncelliste sur les épaules. Et je trouve que dans ces temps où il faut être fort, surtout quand on est dans une période un peu dure, il faut être fort et je trouve que ce répertoire... de Katchatourian inspire. C'est de la musique forte qui défend vraiment ses opinions et je trouve que c'est chouette.

  • Speaker #0

    Justement, vous parliez de Rostropovich qui a suscité tellement d'oeuvres de génie du XXe siècle. Quand vous étiez petit, excusez-moi de revenir à votre enfance, mais c'est quand même un thème, l'enfance, qui vous est cher. On parle d'Astrig, on parle des soeurs Nadia et Lili Boulanger et de votre répertoire. Vous aviez des idoles comme ça, violoncellistes ? Ou alors c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Non, moi j'ai grandi avec... Je n'avais pas du tout de télé chez moi. Je n'avais que des livres. Et j'avais un lecteur de disques dans ma chambre. Avec 4-5 disques. Donc il y avait Concerto d'Elgar par Jacqueline Dupré. Il y avait Rostropovich. Il y avait plusieurs œuvres comme ça. Mais en gros, il y a eu Yannos Starker, Jacqueline Dupré. ça a été pour moi j'ai vraiment grandi avec quelques albums que j'écoutais vraiment en boucle donc voilà ce sont des musiciens absolument des violoncellistes, de grands violoncellistes d'ailleurs il y a pour la petite histoire j'écoutais donc le concerto de Elgar avec le London Symphony Orchestra et je l'ai enregistré il y a un mois j'ai enregistré ce concerto il y a un mois avec le London Symphony Orchestra et vous parlez de l'enfance, je me revoyais enfant écouter l'album du London Symphony Orchestra à Jacqueline Dupré et c'est vrai qu'il y a des connexions avec l'enfance pour moi qui sont très fortes parce que finalement depuis que j'ai Depuis que j'ai 4 ans, je fais la même chose, à savoir je joue du violoncelle.

  • Speaker #0

    Oui, il y a pire comme activité à Strix, si j'ai la notion. Vous parlez de Jacqueline Dupré. C'est étonnant parce que quand on parle avec des violoncellistes, comme ça, il y a des figures qui reviennent. Quand on parle avec des violonistes, c'est David Oystrak ou Aïfet, ou Christian Ferras ou quelques autres. Et puis Jacqueline Dupré, chez les violoncellistes, elle revient.

  • Speaker #1

    Oui, elle revient.

  • Speaker #0

    Il y a des figures qui marquent comme ça, même s'il y a... Beaucoup de grands violoncellistes dans l'histoire, il y a des figures qui restent à part.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y a aussi l'histoire du destin tragique de Jacqueline Dupré. Surtout, il y a une vérité dans ces enregistrements. Il y a peut-être une urgence aussi de par sa maladie d'avoir enregistré des œuvres. Je trouve que ce sont des jeux. De temps en temps, c'est un petit peu ce que je reprocherais à l'époque dans laquelle nous sommes. C'est-à-dire qu'à l'époque, c'était des personnalités qui avaient un timbre, un jeu, parce qu'ils avaient des vies excessivement remplies, authentiques. Moi, je... Vous parliez de Christian Ferraz, voilà, je trouve que ça, ce sont des interprètes qui nourrissent, parce qu'ils racontent quelque chose. Et c'est forcément inspirant, parce que... Les vies qu'ils ont eues dans des époques aussi sous contraintes politiques, on ne connaît pas vraiment ça, les contraintes politiques comme pouvait avoir Ostropovitch ou alors d'autres grands interprètes. Et forcément, ça se ressent dans leur jeu et c'est peut-être pour ça que ça nous marque.

  • Speaker #0

    Au risque de vous choquer, Astrid Serrano-Sion, vous faites partie pour moi de ces jeunes interprètes chez lesquels on a l'impression qu'une âme de vieille interprète s'est réincarnée. Mais j'en connais quelques-uns comme ça, vous exprimez comme si vous étiez... Mais bon, je ne veux pas vous faire rougir. Comme si en vous se réincarnait à la fois un pan historique par l'Arménie et votre histoire familiale, et puis un pan historique aussi à travers les interprètes. que vous aimez ?

  • Speaker #1

    Je me sens de temps en temps décalée par rapport à l'époque dans laquelle je vis. En plus, j'ai quand même la chance de côtoyer des instruments qui ont plusieurs centaines d'années, de jouer des œuvres de compositeurs souvent décédés. C'est-à-dire que tout ça fait que j'habite à Paris, je suis en 2024. Mais je suis déconnectée quand même beaucoup de cette frénésie dont nous faisons partie actuellement. Tout change vite. Les réseaux sociaux,

  • Speaker #0

    tout ça.

  • Speaker #1

    Je trouve ça rigolo. On est dans une époque où un téléphone portable, au bout de six mois, est vieux. Moi, depuis 400 ans, les violoncelles que je joue sont d'actualité. Et pour l'instant, rien n'a été remplacé. Il y a des luthiers contemporains, mais la forme du violoncelle n'a pas changé depuis 400 ans.

  • Speaker #0

    Juste une parenthèse, vous parliez du concerto d'Elgar que vous venez d'enregistrer. Oui. Vous avez parlé de l'orchestre et le chef.

  • Speaker #1

    François-Xavier Roth.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc vous êtes aussi en belle compagnie.

  • Speaker #1

    Oui. C'est ce qui se sortira. Je reviendrai vous en parler.

  • Speaker #0

    Oui, j'espère bien vous recevoir. Mais là, on va revenir. Mais justement, ça c'est avec vous, c'est à cause de vous, Astrid, parce qu'il y a tellement de sujets qu'on a envie d'évoquer. On s'éloigne du but pour lequel vous avez convié, qui est quand même d'évoquer ce festival Nadia et Lily Boulanger, qui aura lieu du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville-sur-Mer. Alors, il y a bien sûr des interprètes, on en parlait, Philippe Bianconi, Nathanaël Gouin, Pascal Moragues, le bariton Thomas Kildisius.

  • Speaker #1

    Ils sont lauréats du concours Nadia et Lili Boulanger, qui est du Centre international Nadia et Lili Boulanger. Il y aura également Félicien Brut à l'accordéon, Edouard Macarès à la contrebase. C'est un festival que j'ai envie d'un petit peu, un rassemblement d'amis, un rassemblement d'amis musiciens pour partager. Ce qui est génial avec... Quand on prend Nadia et Lili Boulanger, c'est qu'au niveau musical, on peut aller de Monteverdi à Quincy Jones. C'est l'éventail général de toute la musique qui est compris, qui est potentiellement programmable pour ce festival. C'est une première édition, donc on commence avec peu de concerts.

  • Speaker #0

    Peu de concerts, mais ils sont attrayants.

  • Speaker #1

    Pour rendre hommage à Nathalie Boulanger, il faut quand même rester dans une certaine forme de qualité musicale et de programmation. Mais c'est très excitant, c'est une nouvelle aventure. Je pense depuis longtemps à cette idée de festival. Il se trouve que la rencontre avec la mairie de Trouville a fait que ça leur plaît beaucoup de partir sur ce thème-là de Sœur Boulanger. Et j'espère qu'on aura beaucoup de monde qui va venir à la fois pour passer du bon temps à Trouville et pour écouter les concerts.

  • Speaker #0

    Les concerts, il y aura aussi une conférence d'Alexandra Lefdrich.

  • Speaker #1

    Exactement, très précieuse.

  • Speaker #0

    musicologue liée au nom de Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #1

    Exactement, il y aura aussi la diffusion du film de Bruno Monsageant. Bruno Monsageant fait l'amitié d'être présent durant le festival. Il y a une exposition également de photos qui commence le 10 mai autour des sœurs Nadia Elili Boulanger.

  • Speaker #0

    On parlait de Nathanaël Gouin, qui est votre complice. Je vous ai entendu maintes fois jouer au concert avec lui. Il y a aussi Philippe Bianconi, dont vous êtes proche, qui est un merveilleux pianiste. Nathanaël Gouin, vous avez enregistré avec lui. Vous venez d'enregistrer un disque avec lui.

  • Speaker #1

    Je vous demande d'enregistrer un disque qui sortira pour le Label Alpha prochainement. Nous avons enregistré des œuvres absolument rarissimes, à savoir la sonate, par exemple, pour violon, salle et piano, d'une compositrice qui s'appelle Marcel Soulages, qui a été assez connue parce que c'est elle qui avait fait le que sais-je sur le solfège, qui a écrit une sonate pour violon, salle et piano absolument magnifique.

  • Speaker #0

    C'est vous qui l'avez retrouvée ? C'est la fondation

  • Speaker #1

    Royaumont. qui nous a contactés pour redonner vie à cette sonate absolument merveilleuse, vraiment un grand chef-d'oeuvre. Ensuite, il y aura la sonate pour violoncelle du compositeur et grand navigateur Jean Cras, et puis aussi Pierre-Octave Ferroux, une sonate absolument étonnante. On a des tubes ! On a des grands tubes ! Mais voilà, ça fait partie aussi du travail, des travaux que nous aimons faire avec Nathanael, à savoir... remettre dans les programmes de nos concerts et de nos albums des oeuvres qu'on n'attend pas forcément.

  • Speaker #0

    Lui aussi, il a une curiosité insatiable. Bien sûr,

  • Speaker #1

    oui, ça fait partie de... c'est vraiment un partenaire musical précieux, parce qu'ensemble, nous aimons vraiment explorer tous les... tous les répertoires, nous sommes curieux et surtout nous aimons beaucoup travailler ce qui nous permet de pouvoir vraiment découvrir et redonner vie à des musiques.

  • Speaker #0

    Justement, votre duo constitué depuis plusieurs années, c'est particulièrement émouvant de vous voir. Comment ça s'est passé, votre rencontre musicale avec Nathanaël ? C'est quelqu'un que vous aviez connu pendant vos études ?

  • Speaker #1

    Nous nous sommes connus dans nos études dans notre résidente artistique que nous avions à la chapelle Reine-Élisabeth. à Waterloo nous étions tous les deux artistes en résidence et donc le hasard on a dû se rencontrer à la cafétéria sûrement et puis on s'est dit pourquoi pas jouer ensemble je crois qu'il avait un concert avec la sonate de Rachmaninoff, quelques jours après avec un autre violoncelliste, et je lui ai proposé en lui disant, si tu as besoin de répéter, on peut jouer la sonate de Rachmaninoff ensemble. Et puis voilà, c'est parti comme ça, d'une sonate de Rachmaninoff, d'ailleurs que nous jouons assez souvent ensemble, et qui nous rappelle toujours la rencontre qui nous amène maintenant à faire de très belles scènes et de très beaux projets.

  • Speaker #0

    Cette sonate de Rachmaninoff, on peut faire un détour, parce qu'elle est magnifique, mais il y a le piano, ou... C'est inutile de parler du piano et de la relation de Rachmaninoff au piano, mais comment elle est écrite pour votre instrument, cette sonate ?

  • Speaker #1

    Alors, les pianistes diront que c'est une sonate pour piano avec violoncella de libitum. Tellement la partition, il y a un décalage évidemment. Après, comme je dis souvent aux pianistes, nous ne sommes pas responsables, nous les violoncellistes, d'avoir beaucoup moins de notes que vous à jouer. Mais c'est une sonate qui est...

  • Speaker #0

    qui est excessivement romantique, chaleureuse, tendre. On est vraiment dans un répertoire. Évidemment, le piano, Rakhmaninov, c'était quand même un pianiste extraordinaire. Je pense qu'il a voulu faire honneur à sa... à son instrument. Beaucoup diront que c'est un autre concerto pour piano d'Orak Mayinov que cette sonate. En tout cas, c'est vrai que tous les pianistes ne s'attardent pas et ne peuvent pas jouer cette sonate. Avec Nathanel, à chaque fois que nous la jouons, je pense que beaucoup de pianistes sont jaloux de la facilité avec laquelle il la joue. Ça fait partie des grandes œuvres du répertoire qui racontent une histoire. Il y a beaucoup de narration. Moi, c'est ce qui me plaît, c'est les œuvres qui racontent une histoire.

  • Speaker #1

    On connaît bien sûr le génie de Lili Boulanger comme compositrice. Ce qui est intéressant, c'est de parler de Nadia Boulanger, compositrice. Vous aviez enregistré ses œuvres pour violoncelle, ses trois pièces, justement, avec Barenboim. Astrix et Rhinoscience, qui était une dérogation à votre disque avec Nathanaël Gouin. C'était juste un moment... Comment vous aviez eu l'idée, justement, parce que le disque principalement...

  • Speaker #0

    Dire Mademoiselle était aux côtés de Nathaniel Gouin et puis il y a ces trois pièces aux côtés de Barrenboim alors l'idée n'est pas venue de moi parce que j'aurais jamais osé lui demander mais disons qu'un jour je me souviens très bien je parlais avec Daniel Barrenboim de mes projets à venir et je lui ai parlé de ce disque et le lendemain nous étions en répétition avec lui et il est venu me voir il m'a dit tu sais Astrid je voudrais te demander si ça ne dérange pas ton pianiste est-ce que tu accepterais que j'enregistre avec toi sur cet album Les pièces de Nadia Boulanger. Alors, évidemment, je n'en revenais pas. J'ai appelé Nathan Hael pour lui dire...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il a refusé tout de suite.

  • Speaker #0

    Non, il a refusé. Mais c'était assez impressionnant parce que je n'aurais jamais eu l'idée de demander à Daniel Varenbom de me faire ce cadeau. Et c'est lui qui m'a dit non mais j'aimerais beaucoup, j'ai été élève de Nadia Boulanger, je veux jouer et je veux enregistrer avec toi. C'était un cadeau exceptionnel, c'est aussi fait partie des œuvres de générosité qu'a Daniel pour la génération, pour les générations plus jeunes. mais voilà en tout cas ça a été un souvenir d'enregistrement on a enregistré très tard dans la salle Pierre Boulez alors c'était un petit pied de nez aussi je trouvais rigolo à Pierre Boulez qui n'aimait pas forcément Nadia Boulanger d'enregistrer en tout cas dans cette salle à Berlin avec Daniel Barenboim qui est le liant en fait finalement entre Pierre Boulez et Nadia Boulanger peut-être elle a été le meilleur ami de l'autre et puis l'une a été le professeur de l'un enfin voilà en tout cas c'est sûr que d'avoir partagé la scène. Après, nous avons enregistré Message Esquisse ensemble avec Daniel Barenboim de Boulez. Mais vous parlez des idoles. Quand j'étais enfant, forcément, Daniel Barenboim faisait partie. De rencontrer de visu, puis en plus de travailler, de marquer au disque des répertoires avec des figures qu'on a vues en disque toute sa vie, toute son enfance, c'est une émotion qui est indescriptible.

  • Speaker #1

    Alors justement Nadia Boulanger, son immense génie de pédagogue, tous ces grands musiciens. On connaît qu'ils sont liés à Nadia Boulanger, son lien avec sa sœur et la musique de sa sœur. Ça a effacé ses propres compositions, mais elle-même en est coupable, puisqu'elle avait décidé d'arrêter de composer après la mort de sa sœur. Et puis elle se considérait comme une compositrice mineure.

  • Speaker #0

    Inutile.

  • Speaker #1

    Voilà, inutile. Alors que quand on écoute, moi, je vous parlais de la BNF, il y a eu un récital de mélodie de Nadia Boulanger la semaine dernière à la BNF. C'était magnifique.

  • Speaker #0

    Oui, non, mais c'est sûr.

  • Speaker #1

    Sa sévérité, on ne la partage pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai que sa sévérité n'est pas partagée par beaucoup. C'était un être absolument extraordinaire à tout point de vue. Mais je pense qu'elle avait surtout la douleur d'une grande sœur qui perd sa petite sœur, avec qui elle a toujours été liée. Je pense qu'il y avait une volonté de dire moi je veux m'effacer en tout cas dans ce qui est qualifié Lili Boulanger, à savoir la composition.

  • Speaker #1

    On va terminer, on aurait pu parler des heures de Nadia et Lily Boulanger de l'Arménie, de la musique arménienne ce week-end de la Philharmonie et de ce week-end du 31 mai au 2 juin prochain à Trouville autour de Nadia et Lily Boulanger dont la programmation est si riche moi je voudrais terminer avec un nouveau disque parce que chacun de vos disques est un projet à part et très singulier et il y a un nouveau disque avec un titre étrange mais qu'on comprend quand on l'écoute et quand on lit le texte qui l'accompagne qui s'appelle Duo Solo qui va de Bach à des mélodies arméniennes, en passant par Ligeti et Kodai, qui est un disque absolument merveilleux, dans lequel vous chantez aussi. Comment vous aviez été à l'initiative de ce projet qui est quand même très à part ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un projet assez, disons... C'est un projet qui a commencé d'abord par la scène. J'ai fait de très nombreux récitals, violoncelles, où finalement je chantais ces mélodies arméniennes. Je n'avais pas du tout l'idée de faire un disque avec ce projet de programme musical, mais le retour du public a été tellement chaleureux à chaque fois que je faisais ce programme, qu'un jour je me suis dit, bon, peut-être que c'est le moment de... Peut-être que c'est le moment de graver ce disque. Après, évidemment, on sortait d'une période de Covid. Je m'étais retrouvée vraiment pendant des semaines entières seule avec mon violoncelle. Il n'y avait pas de pianiste, il n'y avait pas de copain musicien, il n'y avait pas d'orchestre avec qui je jouais des concertos. Et donc, j'ai pu vraiment cultiver ce répertoire violoncelle seule. Chanter, j'ai toujours chanté en fait. J'ai toujours chanté. Après, sur scène. Je l'ai fait et puis un jour je me suis lancée avec une équipe, avec mon label qui m'a fait confiance, avec Franck Jaffresse qui était au micro et qui m'a aussi beaucoup donné confiance pour cet enregistrement. C'est très important quand vous dites que j'ai des projets singuliers.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas du tout péjoratif. Oui, bien sûr. C'est pour dire qu'il se différencie.

  • Speaker #0

    Ce qui est important pour moi aussi, c'est de s'entourer des bonnes personnes qui ont à la fois un esprit critique. et puis qui savent aussi trouver les mots et les encouragements pour que je puisse aller vraiment au plus loin de ce que je peux dans un projet parce que forcément quand on grave sur disque ou même quand on monte sur scène c'est qu'on croit vraiment à ce projet sinon ça sert à rien surtout l'auditeur, surtout au disque on n'a pas le côté direct en live j'ai la chance d'avoir des superbes équipes autour de moi qui... Je crois en ce projet et qu'il les porte avec moi. Donc voilà, Duo Solo, ça a été d'abord un retour du public avant de devenir un projet discographique.

  • Speaker #1

    J'ai une discographie magnifique qui s'ouvre par la première suite de Bach. Votre interprétation, là encore je vais vous faire rougir, mais on s'en fiche, parce qu'on ne vous voit pas. C'est une interprétation absolument merveilleuse de la première suite de Bach. On se pose un milliard de questions quand on commence à jouer cette suite, Astrix et Rhinocyan.

  • Speaker #0

    Ah oui, on se pose un milliard de questions. En plus, j'ai enregistré cette suite sur cet album, sur Ravion en sel, avec des cordes en boyaux. On se pose... Avant même d'avoir posé... À un moment donné, c'est ça, l'album, il faut se dire que c'est un moment. On va figer de toute manière une... On va figer une interprétation. Donc il faut se poser des questions, mais c'est vrai que quand on commence, quand on a enregistré cette première suite, on peut passer des semaines entières à enregistrer, on ne sera jamais satisfait. Parce que c'est une musique qui est en mouvement, c'est une musique qui... Si elle est aussi actuelle maintenant... C'est une musique qui traverse les époques, qui reste à la fois extrêmement... extrêmement contemporaine, quelque part, de par l'émotion qu'elle dégage. Et puis évidemment, on a toutes ces milliers de versions historiques. Après, le disque, de toute manière, c'est un moment un peu douloureux parce qu'on sait qu'on va graver un moment de notre vie. Il y a d'ailleurs beaucoup de grands musiciens qui refont une version des six suites de Bach qui n'ont en général rien à voir. Je me souviens notamment d'Anne-Arville Sma qui m'a beaucoup inspirée pour cet enregistrement et qui m'inspire beaucoup, qui a fait plusieurs séries des suites de Bach aux disques qui n'ont aucun rapport les unes entre les autres. Donc voilà, c'est vraiment les œuvres que l'on mange, que l'on mâche, que l'on digère, qu'on passe notre vie finalement à essayer de comprendre.

  • Speaker #1

    En attendant de réécouter, comme on peut le faire des centaines de fois, ce disque à Strictly Rhinocyan, il y a ces deux magnifiques week-ends en perspective du 31 mai au 2 juin prochain. C'est hommage à Nadia et Lily Boulanger à Trouville avec une riche compagnie et une autre riche compagnie pour ce week-end du 27 au 29 septembre prochain. À la Philharmonie, hommage à l'Arménie et il me reste à vous remercier infiniment d'avoir été là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

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