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Paroles de Patrimoines - Patrimoine, culture et tourisme durable

Tourisme de Mémoire - Comment mêler patrimoine et tourisme pour perpétuer l'Histoire ?

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26min |24/07/2024
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26min |24/07/2024
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Description

Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine, c’est Léa et Azélie au Micro.


Dans cet épisode, nous allons plonger dans l’histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cour de l’Histoire moderne. Il s’agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, de moyens mis en place, des projets innovants crée dans le secteur mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoit à une histoire tragique et à la mort de millier de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd’hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ces pans de l’histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète…


La thématique est dur et peut être pas la plus summer vibes, mais c’est un sujet qu’il nous tenait à coeur d’aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l’été est une superbe période pour découvrir ces sites chargée d’Histoire, de notre histoire.


On vous laisse avec l'épisode pour en savoir plus ! Bonne écoute !


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Paroles de Patrimoines

Léah Thomas-Bion


Tourisme - Tourisme France - Slow tourisme - Patrimoine - Patrimoine local - Médiation culturelle - Podcast Patrimoine - Tourisme - Mémoire - Histoire de France - Seconde Guerre Mondiale - Première Guerre Mondiale - Office de Tourisme - Patrimoine culturel - Patrimoine bâti - Podcast Tourisme


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Léa

    Bonjour, c'est Léa et Azélie, les deux voix de l'épisode. Bienvenue sur le podcast Paroles de Patrimoine.

  • Azélie

    Ici, on vous donne les clés pour observer et comprendre les patrimoines de vos territoires.

  • Léa

    Ensemble, on vous embarque dans nos explorations pour vous faire découvrir notre définition du patrimoine et décrypter les notions qui gravitent autour. Pour cet été, nous vous proposons de faire un pas de côté vis-à-vis de nos épisodes habituels et de vous partager quelques chroniques patrimoines Au programme, agritourisme, tourisme de mémoire ou encore eunotourisme.

  • Azélie

    Retrouvez-nous deux fois par mois en juillet et en août pour découvrir une nouvelle approche du patrimoine, des notions, des définitions, mais surtout des bonnes pratiques pour visiter vous aussi le patrimoine de vos territoires selon les thématiques qui vous animent. Allez, on vous emmène avec nous !

  • Léa

    Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine. C'est Léa et Azélie au micro. Dans cet épisode, nous allons plonger dans l'histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cours de l'histoire moderne. Il s'agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, des moyens mis en place, des projets innovants créés dans le secteur, mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoie à une histoire tragique et à la mort de milliers de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd'hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ses pans de l'histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète. La thématique est dure et n'est peut-être pas la plus summer vibes, mais c'est un sujet qui nous tenait à cœur d'aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l'été est une superbe période pour découvrir ces sites chargés d'histoire, de notre histoire.

  • Azélie

    Pour l'anthropologue Franck Michel, le tourisme de mémoire est avant tout caractérisé par son lien étroit avec le devoir de mémoire. Faire mémoire, se recueillir... et transmettent aux générations futures. Le ministère des Armées assure la gestion et la valorisation de nombreux sites. Le tourisme de mémoire est un axe important de la politique de mémoire du ministère des Armées. Les actions conduites consistent principalement à mettre en valeur le patrimoine mémoriel, placé sous sa responsabilité, et à accompagner les acteurs impliqués par la voie de partenariat. Mais c'est quoi le devoir de mémoire au juste ? Bien que le terme parle de lui-même, le devoir de mémoire désigne et postule l'obligation morale de se souvenir d'un événement historique, tragique et de ses victimes, afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas. La notion est apparue dans les années 1960 en référence à la Seconde Guerre mondiale et surtout au massacre de la Shoah. Depuis, ce terme s'est étendu en référence à d'autres événements tragiques dans le monde. Le devoir de mémoire présente une certaine rupture avec la tradition du droit de la paix et de la guerre en s'opposant à la clause d'amnistie des traités de paix qui stipule l'oubli de tous les griffes passés relatifs au conflit en interdisant de les évoquer. Le devoir de mémoire remédie à cette amnésie collective pour éviter que les dérives idéologiques ayant conduit à des persécutions ne se reproduisent.

  • Léa

    Le devoir de mémoire se matérialise par l'émergence de monuments commémoratifs, le mémorial. La réflexion menée ici est issue du travail de recherche de Gaël Derghenik. retranscrit dans son ouvrage Mémorial, comment transmettre le souvenir d'un événement tragique que nous vous mettons en description. L'apparition de ce type de monument apparaît notamment après la première guerre mondiale. Et même si à cette époque on ne parlait pas de devoir de mémoire, mais plutôt de commémoration de la victoire et d'honorer la mémoire des défunts. Des mémoriaux sont érigés partout en France, sous l'impulsion de l'État, mais aussi directement des communes. Au départ, ces mémoriaux sont d'ordre statique, où la part d'interaction avec le visiteur est faible. Après la seconde guerre mondiale, la fonction des mémoriaux va évoluer avec le fameux besoin de mémoire qui vise, au-delà de la commémoration d'un événement, de le raconter. Les monuments s'ouvrent alors avec une nouvelle structure, où le visiteur peut le parcourir, l'arpenter et le ressentir. Le rôle du mémorial est ainsi de transmettre la mémoire des défunts, tout en relatant les faits historiques qui y font référence, pour le plus jamais ça. Le mémorial est d'une part un monument visant à la... commémoration d'une histoire collective, mais où chacun peut aussi s'approprier le souvenir à son échelle. Le mémorial se place du côté de la mémoire collective dans le sens où il retient et entretient un ensemble de souvenirs importants pour l'identité d'une communauté, mais aussi le mémorial stimule la mémoire individuelle du fait que chaque visiteur possède une mémoire subjective qui lui est propre donc, composée de ses propres souvenirs et qu'il met en relation avec le lieu qu'il vise.

  • Azélie

    Le travail de mémoire autour des grands conflits guerriers peut se caractériser en trois phases principales. Dans un premier temps, et alors que le traumatisme est encore vif, le souvenir est sacré. Il s'exprime lors de cérémonies commémoratives ou lors de pèlerinages sur les lieux des batailles. C'est un moment important, qui est principalement destiné aux familles, endeuillées par les conflits, et aussi pour les anciens combattants survivants ayant vécu le conflit et perdu des camarades au combat. Puis, afin de faire vivre... la mémoire des faits, apparaissent les premiers musées créés souvent par l'impulsion d'associations. Enfin, dans un troisième temps, la disparition des derniers anciens combattants et les difficultés auxquelles sont confrontées les associations pour se renouveler font basculer l'initiative privée vers le public, le commémoratif dans la muséographie et le sacré dans l'histoire avec un grand H. De plus, avec la disparition progressive des protagonistes et des témoins, un nouvel enjeu apparaît. celui de la transmission auprès des générations qui n'ont pas connu ces événements. Le développement touristique de ces lieux de mémoire vient de ce fait répondre à cette dernière réflexion en permettant au plus grand nombre d'en comprendre les faits, les récits et les enjeux passés et futurs.

  • Léa

    L'historien et academicien Pierre Nora précise qu'un lieu de mémoire, dans tous les sens du mot, va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait, L'approche de la mémoire sous-entend évoquer la mémoire collective. Cette notion, issue des travaux de Maurice Holbach, désolé pour la prononciation, dans les cadres sociaux de la mémoire apparaît dès 1925. Aujourd'hui, lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous pouvons à la fois découvrir des sites commémoratifs, des mémoriaux, dont nous avons parlé plus haut, des centres d'interprétation, de sensibilisation, comme le Mémorial de la Shoah, qui se place entre musée, centre de documentation et mémorial. de cet événement majeur de l'histoire. L'ossuaire de Biomont, par exemple, qui commémore la bataille de Verdun, etc. Chaque site possède une identité propre relative aux événements auxquels il fait référence. Petit aparté. Lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous faisons souvent référence aux conflits contemporains majeurs, dont la guerre franco-allemande de 1870, La première guerre mondiale et la seconde guerre mondiale. La notion s'étend aux autres sites relatant des conflits antérieurs comme les citadelles et les systèmes défensifs Vauban. Car nombre de ces sites construits pour des conflits antérieurs ont d'ailleurs eu des rôles clés dans les conflits contemporains. Si l'on continue dans notre aparté, ouvrons une deuxième parenthèse sur l'œuvre de Vauban. Sébastien le Prestre, marquis de Vauban, dit Vauban, est un ingénieur, architecte, militaires et urbanistes, et bien d'autres encore. Il est nommé maréchal de France, et de ce fait, il réalisera les plans de défense de la France avec la réalisation de plus de 150 places fortes et autres ouvrages civils en France. Parmi ses constructions, 12 figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il démontre de l'évolution des conceptions défensives de Vauban, organisées après lui, d'une déclinaison géographique complète des sites de défense, selon qu'ils soient en pleine, au bord de mer ou encore de montagne, le type d'ouvrage, qu'il soit fort, enceinte urbaine ou citadel.

  • Azélie

    Mais à quel patrimoine faisons-nous référence lorsque l'on parle de tourisme de mémoire ? Nous l'avons déjà mentionné tout à l'heure, notamment par le biais des mémoriaux. Mais de manière plus précise, voici une liste non exhaustive de la représentation du patrimoine mémoriel. On retrouve des sépultures de guerre, 275 nécropoles et 2200 carrés militaires, des cimetières communaux en France, Un milieu de lieux de sépulture français répartis dans plus de 80 pays sont propriétés du ministère de l'Armée par exemple. Il y a aussi des monuments historiques, des musées d'armes, des musées nationaux de mémoire. Le ministère des Armées possède un certain nombre de ces sites, dont 10 au lieu de la mémoire nationale, qui sont le cimetière national de Notre-Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais, le cimetière national de Fleury-de-Vendouaumont dans la Meuse, l'ancien camp de concentration de Natzweiler Struthof dans le Barin, le Mont Valérien dans les Hauts-de-Seine, le mémorial des martyrs de la déportation de l'île de la Cité à Paris, le mémorial de la prison de Montluc dans le Rhône, le mémorial du déparquement allié de Provence au Mont Faron dans le Var, le mémorial des guerres en Indochine dans le Var, le mémorial de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie à Paris, et enfin le monument aux morts en opération extérieure à Paris. La Direction de la mémoire, de la culture et des archives, DMCA, est chargée de concevoir la politique d'entretien, de restauration et de valorisation des lieux de mémoire relevant du ministère des armées, en fixant les principes généraux et les orientations, ainsi qu'en assurant le pilotage et la programmation.

  • Léa

    Petit à petit, une politique de développement envers des actions innovantes de valorisation du patrimoine mémorial voit le jour. Depuis 2004, le site internet Chemin de mémoire invite le public à partir à la découverte de ce patrimoine d'une très grande diversité au moyen d'une carte interactive et de fiches historiques détaillées. Il met à la disposition des visiteurs un atlas des nécropoles par exemple. Il est aujourd'hui animé et alimenté par le réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains que l'on nomme RMMCC et par la direction de la mémoire, de la culture et des archives que l'on nomme DMCA pour répondre aux politiques menées par l'État concernant l'essor du tourisme de mémoire. Le réseau compte aujourd'hui 130 membres qui travaillent sur des synergies collectives quant au développement des sites de mémoire à l'échelon national et local pour promouvoir les équipements touristiques. Pour aller plus loin et pour dynamiser l'essor du tourisme, le ministère des armées soutient les collectivités territoriales et les associations en finançant la création ou la modernisation d'équipements structurants. On peut penser au mémorial de Verdun par exemple avec leur visite en réalité virtuelle. Au dernier étage du site d'interprétation de la bataille de Verdun, Face à la vue panoramique sur le site d'un des conflits majeurs de notre histoire, les visiteurs découvrent le site avant, pendant et après le conflit, grâce à un casque de réalité virtuelle à 360 degrés. Ils se retrouvent au centre du paysage tel qu'il était il y a plus de 100 ans et suivent au fil des images l'évolution de ce même paysage jusqu'à nos jours.

  • Azélie

    Le label qualité tourisme a même été adapté pour répondre spécifiquement aux enjeux relatifs au tourisme de mémoire en cohésion avec le ministère en charge du tourisme et le ministère des armées. Lorsque le label qualité tourisme était proposé au musée, à l'hôtellerie et aux offices de tourisme, il a été entendu à la catégorie lieu de mémoire en créant un référentiel spécifique complété d'une charte éthique à laquelle doivent se référer les sites désireux d'obtenir ce label. Côté grand public, on retrouve certains labels ou distinctions qui permettent de retrouver des listes de sites à visiter sur cette thématique. De ce fait, plusieurs sites de mémoire de la Grande Guerre 14-18 ont été classés au patrimoine de l'humanité. Ce sont 139 sites qui s'étendent sur le front ouest sur 700 km, qui sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et qui témoignent de la volonté commune des diverses parties prenantes du conflit d'honorer la mémoire collective. Certains sites ont également une reconnaissance européenne témoignant des conflits ayant marqué le continent. On peut également découvrir de nombreux sites inscrits dans l'inventaire Mérimée, la base de données du patrimoine monumental français, depuis laquelle vous pouvez retrouver un certain nombre de lieux et d'informations selon plusieurs filtres.

  • Léa

    Les territoires français, et même européens ou du monde, sont marqués par des conflits contemporains divers de manière différente. On retrouve plusieurs zones de conflits en France, selon les époques. Tout d'abord, et sûrement le territoire le plus connu pour cela, la Normandie et ses côtes sur lesquelles se passa notamment la bataille de Normandie et le débarquement des Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le long de ces côtes, des mémoriaux, des musées et surtout des vestiges de ce conflit armé stratégique avec les fameux bunkers par exemple, ces blocs de béton monumentaux, le fameux mur de l'Atlantique érigé par les Allemands. Plusieurs blocaux se visitent aujourd'hui, accolés à des espaces de médiation ou associés à des musées. afin de comprendre les enjeux de ce conflit et les stratégies, l'organisation de ces lieux, etc. D'autres sites monumentaux ont marqué les territoires, comme le blocos des Perlec, dans le nord de la France. Véritable usine de béton armé servant de site expérimental et de construction des missiles V1 et V2 des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit du plus gros blocos d'Europe. De l'autre côté, à l'est de la France, ce sont plutôt des souvenirs, vestiges et marques de la Première Guerre mondiale que l'on peut découvrir. Avec le mémorial de Verdun, dont nous avons parlé plus haut, on retrouve aussi des marques de la Seconde Guerre mondiale, avec les sites de déportés. Enfin, l'on peut citer le centre de la France et Vichy, avec la ligne de démarcation, séparant la zone occupée de la zone libre, la capitale du régime de Pétain, ou encore, plus à l'ouest, le village martyr de Radour-sur-Glane, dont la population fut massacrée par la barbarie nazie. La valorisation touristique de ces sites permet de faire perdurer le travail de mémoire En permettant au plus grand nombre, petits et grands, initiés et amateurs de découvrir l'histoire de ces conflits, d'honorer la mémoire des disparus et des victimes et de continuer à faire perdurer le plus jamais ça. Dans certaines régions, le tourisme de mémoire constitue un complément de l'offre touristique traditionnelle. Dans d'autres, il devient structurant pour le territoire avec des chiffres de fréquentation relativement importants. Et malgré tout, ce travail de mémoire est plus que jamais nécessaire, pour que l'histoire ne se répète pas. La montée de l'extrême droite en France et en Europe n'est pas anodine. Nos ancêtres l'ont vécu, la France y a goûté de la pire des manières. Rappelons-nous ce qu'extrême droite veut dire, c'est notre devoir de mémoire. On ne peut pas célébrer les 80 ans du débarquement et soutenir ce parti dont la réputation n'est plus à faire. La haine ne doit plus jamais prendre le pouvoir. Aussi, la France est en paix aujourd'hui, mais combien d'autres pays ne le sont pas ? Nous voulions accorder une pensée pour tous ces peuples opprimés par la haine et le conflit, avec une minute de silence.

  • Azélie

    Mais le tourisme de mémoire n'est pas un tourisme anodin. En effet, il s'agit de se demander si se déplacer sur les lieux touchés par un désastre humain pourrait aussi relever d'une curiosité morbide, voire malsaine. Si on reprend le sens du mot tourisme on parle d'activité de loisir. Mais se rendre sur des sites marqués par l'horreur humaine, peut-il s'apparenter à une activité de loisir ? Tourisme ici voudrait plutôt dire adapté à l'accueil du grand public plutôt qu'à activité de loisirs. La question se pose alors de l'équilibre entre exploitation d'un site touristique et respect dû à un lieu sensible. Il en va surtout du comportement des personnes visitant ces lieux. On peut voir les déboires causés par certains sur ces sites de mémoire, surtout par la traditionnelle photo instagrammable pour dire j'y étais avec un selfie rayonnant devant le camp d'Auschwitz. La fameuse photo sur les rails. Est-ce le lieu adapté pour sa nouvelle photo de profil ? Ces sites, bien que ouverts à tous, sont des lieux de mémoire pour ne pas oublier, pour s'instruire, pour se recueillir. Une grande partie de sensibilisation des populations est à faire pour que le mot tourisme de mémoire ne veuille pas dire loisir sur les sites en question. On ne se comporte pas de la même manière devant la tour Eiffel que devant ou dedans un cimetière de soldats. Pour autant, le tourisme de mémoire n'est pas nouveau. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le site de Verdun voit arriver des visiteurs, désireux de découvrir les sites des combats. Des guides de visite voient le jour, avec notamment le guide Michelin, qui répertorie l'histoire et les sites des conflits. Ceci entraînant le développement de l'offre hôtelière, localisée pour accueillir ces nouveaux arrivants sur le territoire. De même, après la Seconde Guerre mondiale, le camp de Natweiler Struthof faisait partie d'une série de visites que beaucoup se devaient d'effectuer, au même titre que le Mont-Saint-Michel. Si vous décidez de visiter ces sites, assurez-vous de le faire pour des bonnes raisons. Respectons la mémoire des lieux.

  • Léa

    Pour marquer la fin de cet épisode sur le tourisme de mémoire, revenons sur des expériences que nous avons vécues, Azélie et moi. Pour ma part, je n'ai pas de souvenirs très précis. d'une expérience. Ce serait plutôt des souvenirs d'enfance où j'ai visité beaucoup de musées relatifs à la Seconde Guerre mondiale dans le Nord-Pas-de-Calais, notamment le fameux bunker des Perlecs qui m'a énormément marquée, son aspect monumental et par l'atmosphère extrêmement oppressante qui y régnait. C'est une période qui me passionnait fut un temps, la Seconde Guerre mondiale notamment, mais aujourd'hui c'est plus compliqué. Peut-être parce qu'en grandissant, je me rends compte vraiment des enjeux derrière ces événements. Et la partie émotionnelle prend une place plus importante. Aussi, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai été visiter la citadelle de Besançon, dont j'avais un très grand souvenir, notamment sur le musée de la Résistance, qui expliquait des sombres sujets, très précis, expérimentations médicales. Le traitement que les déportés ont subi en déportation, dans les camps, de concentration, c'était un musée très dur, qui est d'ailleurs déconseillé au moins dix ans, et je me demande si à l'époque ce n'était pas déconseillé au moins de douze, de quatorze ans. Je me rappelle même des camarades, car c'était une sortie scolaire, qui n'avaient pas pu rentrer dans le musée tellement l'atmosphère était oppressante. Et dernièrement j'y suis retournée, donc la semaine dernière, avec des amis, pour retrouver ces souvenirs-là et pour pouvoir... me reconfronter une fois de plus à la réalité, d'autant plus avec cette activité politique qui fait peur aussi, et besoin de me remémorer ces événements-là, de manière peut-être un peu plus brutale. Le musée a été refait, a été rouvert en 2023, et on ne retrouve plus du tout la même approche de cet événement tragique, on est plutôt sur un musée très moderne qui relate la Seconde Guerre mondiale, et du coup la montée du fascisme en France, le gouvernement de Pétain, le rôle des résistants. mais de manière beaucoup moins impressionnante, on va dire, si je peux me permettre le mot, et beaucoup plus lisse, et j'ai trouvé ça dommage, car je trouve que parfois, même si c'est dur, on a vraiment besoin de se rendre compte de ce que l'être humain a été capable de faire pendant cette période pour le fameux plus jamais ça Et du coup, je trouve que le musée a perdu de cette saveur d'être différent, et d'apporter quelque chose en plus, une lecture en plus, car tous les musées, mine de rien, les faits sont les faits et on relate les mêmes faits et je trouve que là c'était dommage de ne pas avoir creusé la spécificité de la citadelle et même notamment de ce qui s'était passé sur Besançon et sur la citadelle en tant que telle puisque des des prisonniers français ont été exécutés sur le site de la citadelle, il y a un mémorial par exemple. Et aussi c'est ce qui était intéressant ce parallèle entre la forteresse Vauban et l'utilisation par les nazis et le rôle de la résistance etc de mettre Tous ces faits historiques séparés par des centaines d'années, qui au final sont très liés, et donc ça faisait vraiment le lien avec cet épisode et tous les sujets dont nous avons abordé plus. Je laisse de ce fait la parole à Azélie pour nous raconter son expérience avec la découverte du village de Radour-sur-Glane.

  • Azélie

    Il en vient mon tour de faire un retour d'expérience. En effet, la partie émotionnelle prend souvent une place plus importante. lorsque l'on grandit. Je ne suis pas loin du village d'Oradour-sur-Glane, tristement célèbre pour son massacre. Au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les nazis, voulant se venger de leur défaite, ont massacré tout sur leur chemin du retour. Vous connaissez probablement cette histoire, mais ce petit village de la Haute-Vienne a été témoin de scènes d'horreur sans nom. A 22 km de Limoges, Oradour est connu du monde entier pour porter les traces d'un massacre de sa population par une unité de la Waffen-SS ayant tout prémédité le 10 juin 1944. Outre les massacres à la chaîne des hommes du village, les femmes et les enfants ont été enfermées dans l'église afin de les faire brûler vifs. Une seule femme est rescapée et en tout et pour tout, ce sont 350 femmes et enfants qui périront dans l'église et plus de 180 hommes et jeunes garçons qui seront exécutés. Lors de notre visite à Auradour, Mes parents, ma meilleure amie et moi, nous avions ressenti cette pesanteur et cette lourdeur de cet endroit. Nous n'avions qu'un peu plus de dix ans, toutes les deux, mais je me souviendrai toute ma vie des larmes de mon père en contemplant les restes de cette église. Je vous laisse aller chercher plus loin sur le sujet, l'unique témoignage de Marguerite Roufranche, rescapée de l'église. Je n'ai pas le courage de vous l'énoncer ici. Ces lieux de mémoire sont extrêmement prenants, plus on grandit, plus on se rend compte de l'horreur, et nous sommes tous responsables. de ce que nous condamnons du passé, afin que certains actes ne se reproduisent plus jamais.

  • Léa

    Pour terminer cet épisode, nous allons vous partager quelques ressources, notamment un ouvrage nommé Le tourisme de mémoire, pour le coup on n'a pas été très original, par Laurent Riottor et Jacques Spindler. Aussi nous vous en avons parlé, il y a Le mémoire de Gaëlle Derienic. qui a travaillé sur la scénographie notamment, et donc sur le mémorial comme moyen de transmettre le souvenir. Dernièrement, j'ai découvert les vidéos de Mamie Twink, Histoire de guerre, avec notamment la vidéo sur le régime de Vichy, le rôle de Pétain dans la collaboration. Je vous invite à écouter ces vidéos, à découvrir ces vidéos qui sont extrêmement bien faites, bien réalisées, qui nous permettent de creuser des aspects de l'histoire, tout simplement. On espère que cet épisode vous aura plu, malgré... on va dire une atmosphère peut-être un peu sombre par rapport à ses congés d'été, mais on trouvait ça important et intéressant de pouvoir l'amener de cette manière-là. Parce que des sites sont aujourd'hui extrêmement bien construits pour se documenter, pour découvrir et se rendre compte de notre histoire avec un grand H. Et on vous invite à découvrir ces lieux et à soutenir les initiatives, souvent d'associations, de sauvegarde de ces lieux et de l'histoire. A très vite.

  • Azélie

    Nous espérons que ce nouvel épisode vous aura plu. N'hésitez pas à venir en discuter avec nous sur notre compte Instagram Parole de Patrimoine et à le partager autour de vous. Pour nous aider, nous vous invitons à laisser votre avis et à noter le podcast 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et à vous abonner. N'hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ou que vous souhaitez partager votre expertise.

  • Léa

    C'était Léa et Azélie. fondatrice de l'agence de communication et de médiation du patrimoine Parole de Patrimoine. Nous accompagnons les acteurs du patrimoine et de la culture dans la valorisation de leur histoire locale grâce aux nouveaux outils digitaux et à des stratégies impactantes auprès du grand public. Si le format podcast vous plaît et que vous souhaitez collaborer sur un sujet particulier, on en discute pour l'inclure dans votre stratégie de développement. Retrouvez toutes nos informations et contacts en description. A très bientôt !

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Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine, c’est Léa et Azélie au Micro.


Dans cet épisode, nous allons plonger dans l’histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cour de l’Histoire moderne. Il s’agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, de moyens mis en place, des projets innovants crée dans le secteur mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoit à une histoire tragique et à la mort de millier de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd’hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ces pans de l’histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète…


La thématique est dur et peut être pas la plus summer vibes, mais c’est un sujet qu’il nous tenait à coeur d’aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l’été est une superbe période pour découvrir ces sites chargée d’Histoire, de notre histoire.


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  • Léa

    Bonjour, c'est Léa et Azélie, les deux voix de l'épisode. Bienvenue sur le podcast Paroles de Patrimoine.

  • Azélie

    Ici, on vous donne les clés pour observer et comprendre les patrimoines de vos territoires.

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  • Azélie

    Pour l'anthropologue Franck Michel, le tourisme de mémoire est avant tout caractérisé par son lien étroit avec le devoir de mémoire. Faire mémoire, se recueillir... et transmettent aux générations futures. Le ministère des Armées assure la gestion et la valorisation de nombreux sites. Le tourisme de mémoire est un axe important de la politique de mémoire du ministère des Armées. Les actions conduites consistent principalement à mettre en valeur le patrimoine mémoriel, placé sous sa responsabilité, et à accompagner les acteurs impliqués par la voie de partenariat. Mais c'est quoi le devoir de mémoire au juste ? Bien que le terme parle de lui-même, le devoir de mémoire désigne et postule l'obligation morale de se souvenir d'un événement historique, tragique et de ses victimes, afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas. La notion est apparue dans les années 1960 en référence à la Seconde Guerre mondiale et surtout au massacre de la Shoah. Depuis, ce terme s'est étendu en référence à d'autres événements tragiques dans le monde. Le devoir de mémoire présente une certaine rupture avec la tradition du droit de la paix et de la guerre en s'opposant à la clause d'amnistie des traités de paix qui stipule l'oubli de tous les griffes passés relatifs au conflit en interdisant de les évoquer. Le devoir de mémoire remédie à cette amnésie collective pour éviter que les dérives idéologiques ayant conduit à des persécutions ne se reproduisent.

  • Léa

    Le devoir de mémoire se matérialise par l'émergence de monuments commémoratifs, le mémorial. La réflexion menée ici est issue du travail de recherche de Gaël Derghenik. retranscrit dans son ouvrage Mémorial, comment transmettre le souvenir d'un événement tragique que nous vous mettons en description. L'apparition de ce type de monument apparaît notamment après la première guerre mondiale. Et même si à cette époque on ne parlait pas de devoir de mémoire, mais plutôt de commémoration de la victoire et d'honorer la mémoire des défunts. Des mémoriaux sont érigés partout en France, sous l'impulsion de l'État, mais aussi directement des communes. Au départ, ces mémoriaux sont d'ordre statique, où la part d'interaction avec le visiteur est faible. Après la seconde guerre mondiale, la fonction des mémoriaux va évoluer avec le fameux besoin de mémoire qui vise, au-delà de la commémoration d'un événement, de le raconter. Les monuments s'ouvrent alors avec une nouvelle structure, où le visiteur peut le parcourir, l'arpenter et le ressentir. Le rôle du mémorial est ainsi de transmettre la mémoire des défunts, tout en relatant les faits historiques qui y font référence, pour le plus jamais ça. Le mémorial est d'une part un monument visant à la... commémoration d'une histoire collective, mais où chacun peut aussi s'approprier le souvenir à son échelle. Le mémorial se place du côté de la mémoire collective dans le sens où il retient et entretient un ensemble de souvenirs importants pour l'identité d'une communauté, mais aussi le mémorial stimule la mémoire individuelle du fait que chaque visiteur possède une mémoire subjective qui lui est propre donc, composée de ses propres souvenirs et qu'il met en relation avec le lieu qu'il vise.

  • Azélie

    Le travail de mémoire autour des grands conflits guerriers peut se caractériser en trois phases principales. Dans un premier temps, et alors que le traumatisme est encore vif, le souvenir est sacré. Il s'exprime lors de cérémonies commémoratives ou lors de pèlerinages sur les lieux des batailles. C'est un moment important, qui est principalement destiné aux familles, endeuillées par les conflits, et aussi pour les anciens combattants survivants ayant vécu le conflit et perdu des camarades au combat. Puis, afin de faire vivre... la mémoire des faits, apparaissent les premiers musées créés souvent par l'impulsion d'associations. Enfin, dans un troisième temps, la disparition des derniers anciens combattants et les difficultés auxquelles sont confrontées les associations pour se renouveler font basculer l'initiative privée vers le public, le commémoratif dans la muséographie et le sacré dans l'histoire avec un grand H. De plus, avec la disparition progressive des protagonistes et des témoins, un nouvel enjeu apparaît. celui de la transmission auprès des générations qui n'ont pas connu ces événements. Le développement touristique de ces lieux de mémoire vient de ce fait répondre à cette dernière réflexion en permettant au plus grand nombre d'en comprendre les faits, les récits et les enjeux passés et futurs.

  • Léa

    L'historien et academicien Pierre Nora précise qu'un lieu de mémoire, dans tous les sens du mot, va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait, L'approche de la mémoire sous-entend évoquer la mémoire collective. Cette notion, issue des travaux de Maurice Holbach, désolé pour la prononciation, dans les cadres sociaux de la mémoire apparaît dès 1925. Aujourd'hui, lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous pouvons à la fois découvrir des sites commémoratifs, des mémoriaux, dont nous avons parlé plus haut, des centres d'interprétation, de sensibilisation, comme le Mémorial de la Shoah, qui se place entre musée, centre de documentation et mémorial. de cet événement majeur de l'histoire. L'ossuaire de Biomont, par exemple, qui commémore la bataille de Verdun, etc. Chaque site possède une identité propre relative aux événements auxquels il fait référence. Petit aparté. Lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous faisons souvent référence aux conflits contemporains majeurs, dont la guerre franco-allemande de 1870, La première guerre mondiale et la seconde guerre mondiale. La notion s'étend aux autres sites relatant des conflits antérieurs comme les citadelles et les systèmes défensifs Vauban. Car nombre de ces sites construits pour des conflits antérieurs ont d'ailleurs eu des rôles clés dans les conflits contemporains. Si l'on continue dans notre aparté, ouvrons une deuxième parenthèse sur l'œuvre de Vauban. Sébastien le Prestre, marquis de Vauban, dit Vauban, est un ingénieur, architecte, militaires et urbanistes, et bien d'autres encore. Il est nommé maréchal de France, et de ce fait, il réalisera les plans de défense de la France avec la réalisation de plus de 150 places fortes et autres ouvrages civils en France. Parmi ses constructions, 12 figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il démontre de l'évolution des conceptions défensives de Vauban, organisées après lui, d'une déclinaison géographique complète des sites de défense, selon qu'ils soient en pleine, au bord de mer ou encore de montagne, le type d'ouvrage, qu'il soit fort, enceinte urbaine ou citadel.

  • Azélie

    Mais à quel patrimoine faisons-nous référence lorsque l'on parle de tourisme de mémoire ? Nous l'avons déjà mentionné tout à l'heure, notamment par le biais des mémoriaux. Mais de manière plus précise, voici une liste non exhaustive de la représentation du patrimoine mémoriel. On retrouve des sépultures de guerre, 275 nécropoles et 2200 carrés militaires, des cimetières communaux en France, Un milieu de lieux de sépulture français répartis dans plus de 80 pays sont propriétés du ministère de l'Armée par exemple. Il y a aussi des monuments historiques, des musées d'armes, des musées nationaux de mémoire. Le ministère des Armées possède un certain nombre de ces sites, dont 10 au lieu de la mémoire nationale, qui sont le cimetière national de Notre-Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais, le cimetière national de Fleury-de-Vendouaumont dans la Meuse, l'ancien camp de concentration de Natzweiler Struthof dans le Barin, le Mont Valérien dans les Hauts-de-Seine, le mémorial des martyrs de la déportation de l'île de la Cité à Paris, le mémorial de la prison de Montluc dans le Rhône, le mémorial du déparquement allié de Provence au Mont Faron dans le Var, le mémorial des guerres en Indochine dans le Var, le mémorial de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie à Paris, et enfin le monument aux morts en opération extérieure à Paris. La Direction de la mémoire, de la culture et des archives, DMCA, est chargée de concevoir la politique d'entretien, de restauration et de valorisation des lieux de mémoire relevant du ministère des armées, en fixant les principes généraux et les orientations, ainsi qu'en assurant le pilotage et la programmation.

  • Léa

    Petit à petit, une politique de développement envers des actions innovantes de valorisation du patrimoine mémorial voit le jour. Depuis 2004, le site internet Chemin de mémoire invite le public à partir à la découverte de ce patrimoine d'une très grande diversité au moyen d'une carte interactive et de fiches historiques détaillées. Il met à la disposition des visiteurs un atlas des nécropoles par exemple. Il est aujourd'hui animé et alimenté par le réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains que l'on nomme RMMCC et par la direction de la mémoire, de la culture et des archives que l'on nomme DMCA pour répondre aux politiques menées par l'État concernant l'essor du tourisme de mémoire. Le réseau compte aujourd'hui 130 membres qui travaillent sur des synergies collectives quant au développement des sites de mémoire à l'échelon national et local pour promouvoir les équipements touristiques. Pour aller plus loin et pour dynamiser l'essor du tourisme, le ministère des armées soutient les collectivités territoriales et les associations en finançant la création ou la modernisation d'équipements structurants. On peut penser au mémorial de Verdun par exemple avec leur visite en réalité virtuelle. Au dernier étage du site d'interprétation de la bataille de Verdun, Face à la vue panoramique sur le site d'un des conflits majeurs de notre histoire, les visiteurs découvrent le site avant, pendant et après le conflit, grâce à un casque de réalité virtuelle à 360 degrés. Ils se retrouvent au centre du paysage tel qu'il était il y a plus de 100 ans et suivent au fil des images l'évolution de ce même paysage jusqu'à nos jours.

  • Azélie

    Le label qualité tourisme a même été adapté pour répondre spécifiquement aux enjeux relatifs au tourisme de mémoire en cohésion avec le ministère en charge du tourisme et le ministère des armées. Lorsque le label qualité tourisme était proposé au musée, à l'hôtellerie et aux offices de tourisme, il a été entendu à la catégorie lieu de mémoire en créant un référentiel spécifique complété d'une charte éthique à laquelle doivent se référer les sites désireux d'obtenir ce label. Côté grand public, on retrouve certains labels ou distinctions qui permettent de retrouver des listes de sites à visiter sur cette thématique. De ce fait, plusieurs sites de mémoire de la Grande Guerre 14-18 ont été classés au patrimoine de l'humanité. Ce sont 139 sites qui s'étendent sur le front ouest sur 700 km, qui sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et qui témoignent de la volonté commune des diverses parties prenantes du conflit d'honorer la mémoire collective. Certains sites ont également une reconnaissance européenne témoignant des conflits ayant marqué le continent. On peut également découvrir de nombreux sites inscrits dans l'inventaire Mérimée, la base de données du patrimoine monumental français, depuis laquelle vous pouvez retrouver un certain nombre de lieux et d'informations selon plusieurs filtres.

  • Léa

    Les territoires français, et même européens ou du monde, sont marqués par des conflits contemporains divers de manière différente. On retrouve plusieurs zones de conflits en France, selon les époques. Tout d'abord, et sûrement le territoire le plus connu pour cela, la Normandie et ses côtes sur lesquelles se passa notamment la bataille de Normandie et le débarquement des Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le long de ces côtes, des mémoriaux, des musées et surtout des vestiges de ce conflit armé stratégique avec les fameux bunkers par exemple, ces blocs de béton monumentaux, le fameux mur de l'Atlantique érigé par les Allemands. Plusieurs blocaux se visitent aujourd'hui, accolés à des espaces de médiation ou associés à des musées. afin de comprendre les enjeux de ce conflit et les stratégies, l'organisation de ces lieux, etc. D'autres sites monumentaux ont marqué les territoires, comme le blocos des Perlec, dans le nord de la France. Véritable usine de béton armé servant de site expérimental et de construction des missiles V1 et V2 des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit du plus gros blocos d'Europe. De l'autre côté, à l'est de la France, ce sont plutôt des souvenirs, vestiges et marques de la Première Guerre mondiale que l'on peut découvrir. Avec le mémorial de Verdun, dont nous avons parlé plus haut, on retrouve aussi des marques de la Seconde Guerre mondiale, avec les sites de déportés. Enfin, l'on peut citer le centre de la France et Vichy, avec la ligne de démarcation, séparant la zone occupée de la zone libre, la capitale du régime de Pétain, ou encore, plus à l'ouest, le village martyr de Radour-sur-Glane, dont la population fut massacrée par la barbarie nazie. La valorisation touristique de ces sites permet de faire perdurer le travail de mémoire En permettant au plus grand nombre, petits et grands, initiés et amateurs de découvrir l'histoire de ces conflits, d'honorer la mémoire des disparus et des victimes et de continuer à faire perdurer le plus jamais ça. Dans certaines régions, le tourisme de mémoire constitue un complément de l'offre touristique traditionnelle. Dans d'autres, il devient structurant pour le territoire avec des chiffres de fréquentation relativement importants. Et malgré tout, ce travail de mémoire est plus que jamais nécessaire, pour que l'histoire ne se répète pas. La montée de l'extrême droite en France et en Europe n'est pas anodine. Nos ancêtres l'ont vécu, la France y a goûté de la pire des manières. Rappelons-nous ce qu'extrême droite veut dire, c'est notre devoir de mémoire. On ne peut pas célébrer les 80 ans du débarquement et soutenir ce parti dont la réputation n'est plus à faire. La haine ne doit plus jamais prendre le pouvoir. Aussi, la France est en paix aujourd'hui, mais combien d'autres pays ne le sont pas ? Nous voulions accorder une pensée pour tous ces peuples opprimés par la haine et le conflit, avec une minute de silence.

  • Azélie

    Mais le tourisme de mémoire n'est pas un tourisme anodin. En effet, il s'agit de se demander si se déplacer sur les lieux touchés par un désastre humain pourrait aussi relever d'une curiosité morbide, voire malsaine. Si on reprend le sens du mot tourisme on parle d'activité de loisir. Mais se rendre sur des sites marqués par l'horreur humaine, peut-il s'apparenter à une activité de loisir ? Tourisme ici voudrait plutôt dire adapté à l'accueil du grand public plutôt qu'à activité de loisirs. La question se pose alors de l'équilibre entre exploitation d'un site touristique et respect dû à un lieu sensible. Il en va surtout du comportement des personnes visitant ces lieux. On peut voir les déboires causés par certains sur ces sites de mémoire, surtout par la traditionnelle photo instagrammable pour dire j'y étais avec un selfie rayonnant devant le camp d'Auschwitz. La fameuse photo sur les rails. Est-ce le lieu adapté pour sa nouvelle photo de profil ? Ces sites, bien que ouverts à tous, sont des lieux de mémoire pour ne pas oublier, pour s'instruire, pour se recueillir. Une grande partie de sensibilisation des populations est à faire pour que le mot tourisme de mémoire ne veuille pas dire loisir sur les sites en question. On ne se comporte pas de la même manière devant la tour Eiffel que devant ou dedans un cimetière de soldats. Pour autant, le tourisme de mémoire n'est pas nouveau. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le site de Verdun voit arriver des visiteurs, désireux de découvrir les sites des combats. Des guides de visite voient le jour, avec notamment le guide Michelin, qui répertorie l'histoire et les sites des conflits. Ceci entraînant le développement de l'offre hôtelière, localisée pour accueillir ces nouveaux arrivants sur le territoire. De même, après la Seconde Guerre mondiale, le camp de Natweiler Struthof faisait partie d'une série de visites que beaucoup se devaient d'effectuer, au même titre que le Mont-Saint-Michel. Si vous décidez de visiter ces sites, assurez-vous de le faire pour des bonnes raisons. Respectons la mémoire des lieux.

  • Léa

    Pour marquer la fin de cet épisode sur le tourisme de mémoire, revenons sur des expériences que nous avons vécues, Azélie et moi. Pour ma part, je n'ai pas de souvenirs très précis. d'une expérience. Ce serait plutôt des souvenirs d'enfance où j'ai visité beaucoup de musées relatifs à la Seconde Guerre mondiale dans le Nord-Pas-de-Calais, notamment le fameux bunker des Perlecs qui m'a énormément marquée, son aspect monumental et par l'atmosphère extrêmement oppressante qui y régnait. C'est une période qui me passionnait fut un temps, la Seconde Guerre mondiale notamment, mais aujourd'hui c'est plus compliqué. Peut-être parce qu'en grandissant, je me rends compte vraiment des enjeux derrière ces événements. Et la partie émotionnelle prend une place plus importante. Aussi, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai été visiter la citadelle de Besançon, dont j'avais un très grand souvenir, notamment sur le musée de la Résistance, qui expliquait des sombres sujets, très précis, expérimentations médicales. Le traitement que les déportés ont subi en déportation, dans les camps, de concentration, c'était un musée très dur, qui est d'ailleurs déconseillé au moins dix ans, et je me demande si à l'époque ce n'était pas déconseillé au moins de douze, de quatorze ans. Je me rappelle même des camarades, car c'était une sortie scolaire, qui n'avaient pas pu rentrer dans le musée tellement l'atmosphère était oppressante. Et dernièrement j'y suis retournée, donc la semaine dernière, avec des amis, pour retrouver ces souvenirs-là et pour pouvoir... me reconfronter une fois de plus à la réalité, d'autant plus avec cette activité politique qui fait peur aussi, et besoin de me remémorer ces événements-là, de manière peut-être un peu plus brutale. Le musée a été refait, a été rouvert en 2023, et on ne retrouve plus du tout la même approche de cet événement tragique, on est plutôt sur un musée très moderne qui relate la Seconde Guerre mondiale, et du coup la montée du fascisme en France, le gouvernement de Pétain, le rôle des résistants. mais de manière beaucoup moins impressionnante, on va dire, si je peux me permettre le mot, et beaucoup plus lisse, et j'ai trouvé ça dommage, car je trouve que parfois, même si c'est dur, on a vraiment besoin de se rendre compte de ce que l'être humain a été capable de faire pendant cette période pour le fameux plus jamais ça Et du coup, je trouve que le musée a perdu de cette saveur d'être différent, et d'apporter quelque chose en plus, une lecture en plus, car tous les musées, mine de rien, les faits sont les faits et on relate les mêmes faits et je trouve que là c'était dommage de ne pas avoir creusé la spécificité de la citadelle et même notamment de ce qui s'était passé sur Besançon et sur la citadelle en tant que telle puisque des des prisonniers français ont été exécutés sur le site de la citadelle, il y a un mémorial par exemple. Et aussi c'est ce qui était intéressant ce parallèle entre la forteresse Vauban et l'utilisation par les nazis et le rôle de la résistance etc de mettre Tous ces faits historiques séparés par des centaines d'années, qui au final sont très liés, et donc ça faisait vraiment le lien avec cet épisode et tous les sujets dont nous avons abordé plus. Je laisse de ce fait la parole à Azélie pour nous raconter son expérience avec la découverte du village de Radour-sur-Glane.

  • Azélie

    Il en vient mon tour de faire un retour d'expérience. En effet, la partie émotionnelle prend souvent une place plus importante. lorsque l'on grandit. Je ne suis pas loin du village d'Oradour-sur-Glane, tristement célèbre pour son massacre. Au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les nazis, voulant se venger de leur défaite, ont massacré tout sur leur chemin du retour. Vous connaissez probablement cette histoire, mais ce petit village de la Haute-Vienne a été témoin de scènes d'horreur sans nom. A 22 km de Limoges, Oradour est connu du monde entier pour porter les traces d'un massacre de sa population par une unité de la Waffen-SS ayant tout prémédité le 10 juin 1944. Outre les massacres à la chaîne des hommes du village, les femmes et les enfants ont été enfermées dans l'église afin de les faire brûler vifs. Une seule femme est rescapée et en tout et pour tout, ce sont 350 femmes et enfants qui périront dans l'église et plus de 180 hommes et jeunes garçons qui seront exécutés. Lors de notre visite à Auradour, Mes parents, ma meilleure amie et moi, nous avions ressenti cette pesanteur et cette lourdeur de cet endroit. Nous n'avions qu'un peu plus de dix ans, toutes les deux, mais je me souviendrai toute ma vie des larmes de mon père en contemplant les restes de cette église. Je vous laisse aller chercher plus loin sur le sujet, l'unique témoignage de Marguerite Roufranche, rescapée de l'église. Je n'ai pas le courage de vous l'énoncer ici. Ces lieux de mémoire sont extrêmement prenants, plus on grandit, plus on se rend compte de l'horreur, et nous sommes tous responsables. de ce que nous condamnons du passé, afin que certains actes ne se reproduisent plus jamais.

  • Léa

    Pour terminer cet épisode, nous allons vous partager quelques ressources, notamment un ouvrage nommé Le tourisme de mémoire, pour le coup on n'a pas été très original, par Laurent Riottor et Jacques Spindler. Aussi nous vous en avons parlé, il y a Le mémoire de Gaëlle Derienic. qui a travaillé sur la scénographie notamment, et donc sur le mémorial comme moyen de transmettre le souvenir. Dernièrement, j'ai découvert les vidéos de Mamie Twink, Histoire de guerre, avec notamment la vidéo sur le régime de Vichy, le rôle de Pétain dans la collaboration. Je vous invite à écouter ces vidéos, à découvrir ces vidéos qui sont extrêmement bien faites, bien réalisées, qui nous permettent de creuser des aspects de l'histoire, tout simplement. On espère que cet épisode vous aura plu, malgré... on va dire une atmosphère peut-être un peu sombre par rapport à ses congés d'été, mais on trouvait ça important et intéressant de pouvoir l'amener de cette manière-là. Parce que des sites sont aujourd'hui extrêmement bien construits pour se documenter, pour découvrir et se rendre compte de notre histoire avec un grand H. Et on vous invite à découvrir ces lieux et à soutenir les initiatives, souvent d'associations, de sauvegarde de ces lieux et de l'histoire. A très vite.

  • Azélie

    Nous espérons que ce nouvel épisode vous aura plu. N'hésitez pas à venir en discuter avec nous sur notre compte Instagram Parole de Patrimoine et à le partager autour de vous. Pour nous aider, nous vous invitons à laisser votre avis et à noter le podcast 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et à vous abonner. N'hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ou que vous souhaitez partager votre expertise.

  • Léa

    C'était Léa et Azélie. fondatrice de l'agence de communication et de médiation du patrimoine Parole de Patrimoine. Nous accompagnons les acteurs du patrimoine et de la culture dans la valorisation de leur histoire locale grâce aux nouveaux outils digitaux et à des stratégies impactantes auprès du grand public. Si le format podcast vous plaît et que vous souhaitez collaborer sur un sujet particulier, on en discute pour l'inclure dans votre stratégie de développement. Retrouvez toutes nos informations et contacts en description. A très bientôt !

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Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine, c’est Léa et Azélie au Micro.


Dans cet épisode, nous allons plonger dans l’histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cour de l’Histoire moderne. Il s’agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, de moyens mis en place, des projets innovants crée dans le secteur mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoit à une histoire tragique et à la mort de millier de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd’hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ces pans de l’histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète…


La thématique est dur et peut être pas la plus summer vibes, mais c’est un sujet qu’il nous tenait à coeur d’aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l’été est une superbe période pour découvrir ces sites chargée d’Histoire, de notre histoire.


On vous laisse avec l'épisode pour en savoir plus ! Bonne écoute !


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  • Léa

    Bonjour, c'est Léa et Azélie, les deux voix de l'épisode. Bienvenue sur le podcast Paroles de Patrimoine.

  • Azélie

    Ici, on vous donne les clés pour observer et comprendre les patrimoines de vos territoires.

  • Léa

    Ensemble, on vous embarque dans nos explorations pour vous faire découvrir notre définition du patrimoine et décrypter les notions qui gravitent autour. Pour cet été, nous vous proposons de faire un pas de côté vis-à-vis de nos épisodes habituels et de vous partager quelques chroniques patrimoines Au programme, agritourisme, tourisme de mémoire ou encore eunotourisme.

  • Azélie

    Retrouvez-nous deux fois par mois en juillet et en août pour découvrir une nouvelle approche du patrimoine, des notions, des définitions, mais surtout des bonnes pratiques pour visiter vous aussi le patrimoine de vos territoires selon les thématiques qui vous animent. Allez, on vous emmène avec nous !

  • Léa

    Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine. C'est Léa et Azélie au micro. Dans cet épisode, nous allons plonger dans l'histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cours de l'histoire moderne. Il s'agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, des moyens mis en place, des projets innovants créés dans le secteur, mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoie à une histoire tragique et à la mort de milliers de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd'hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ses pans de l'histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète. La thématique est dure et n'est peut-être pas la plus summer vibes, mais c'est un sujet qui nous tenait à cœur d'aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l'été est une superbe période pour découvrir ces sites chargés d'histoire, de notre histoire.

  • Azélie

    Pour l'anthropologue Franck Michel, le tourisme de mémoire est avant tout caractérisé par son lien étroit avec le devoir de mémoire. Faire mémoire, se recueillir... et transmettent aux générations futures. Le ministère des Armées assure la gestion et la valorisation de nombreux sites. Le tourisme de mémoire est un axe important de la politique de mémoire du ministère des Armées. Les actions conduites consistent principalement à mettre en valeur le patrimoine mémoriel, placé sous sa responsabilité, et à accompagner les acteurs impliqués par la voie de partenariat. Mais c'est quoi le devoir de mémoire au juste ? Bien que le terme parle de lui-même, le devoir de mémoire désigne et postule l'obligation morale de se souvenir d'un événement historique, tragique et de ses victimes, afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas. La notion est apparue dans les années 1960 en référence à la Seconde Guerre mondiale et surtout au massacre de la Shoah. Depuis, ce terme s'est étendu en référence à d'autres événements tragiques dans le monde. Le devoir de mémoire présente une certaine rupture avec la tradition du droit de la paix et de la guerre en s'opposant à la clause d'amnistie des traités de paix qui stipule l'oubli de tous les griffes passés relatifs au conflit en interdisant de les évoquer. Le devoir de mémoire remédie à cette amnésie collective pour éviter que les dérives idéologiques ayant conduit à des persécutions ne se reproduisent.

  • Léa

    Le devoir de mémoire se matérialise par l'émergence de monuments commémoratifs, le mémorial. La réflexion menée ici est issue du travail de recherche de Gaël Derghenik. retranscrit dans son ouvrage Mémorial, comment transmettre le souvenir d'un événement tragique que nous vous mettons en description. L'apparition de ce type de monument apparaît notamment après la première guerre mondiale. Et même si à cette époque on ne parlait pas de devoir de mémoire, mais plutôt de commémoration de la victoire et d'honorer la mémoire des défunts. Des mémoriaux sont érigés partout en France, sous l'impulsion de l'État, mais aussi directement des communes. Au départ, ces mémoriaux sont d'ordre statique, où la part d'interaction avec le visiteur est faible. Après la seconde guerre mondiale, la fonction des mémoriaux va évoluer avec le fameux besoin de mémoire qui vise, au-delà de la commémoration d'un événement, de le raconter. Les monuments s'ouvrent alors avec une nouvelle structure, où le visiteur peut le parcourir, l'arpenter et le ressentir. Le rôle du mémorial est ainsi de transmettre la mémoire des défunts, tout en relatant les faits historiques qui y font référence, pour le plus jamais ça. Le mémorial est d'une part un monument visant à la... commémoration d'une histoire collective, mais où chacun peut aussi s'approprier le souvenir à son échelle. Le mémorial se place du côté de la mémoire collective dans le sens où il retient et entretient un ensemble de souvenirs importants pour l'identité d'une communauté, mais aussi le mémorial stimule la mémoire individuelle du fait que chaque visiteur possède une mémoire subjective qui lui est propre donc, composée de ses propres souvenirs et qu'il met en relation avec le lieu qu'il vise.

  • Azélie

    Le travail de mémoire autour des grands conflits guerriers peut se caractériser en trois phases principales. Dans un premier temps, et alors que le traumatisme est encore vif, le souvenir est sacré. Il s'exprime lors de cérémonies commémoratives ou lors de pèlerinages sur les lieux des batailles. C'est un moment important, qui est principalement destiné aux familles, endeuillées par les conflits, et aussi pour les anciens combattants survivants ayant vécu le conflit et perdu des camarades au combat. Puis, afin de faire vivre... la mémoire des faits, apparaissent les premiers musées créés souvent par l'impulsion d'associations. Enfin, dans un troisième temps, la disparition des derniers anciens combattants et les difficultés auxquelles sont confrontées les associations pour se renouveler font basculer l'initiative privée vers le public, le commémoratif dans la muséographie et le sacré dans l'histoire avec un grand H. De plus, avec la disparition progressive des protagonistes et des témoins, un nouvel enjeu apparaît. celui de la transmission auprès des générations qui n'ont pas connu ces événements. Le développement touristique de ces lieux de mémoire vient de ce fait répondre à cette dernière réflexion en permettant au plus grand nombre d'en comprendre les faits, les récits et les enjeux passés et futurs.

  • Léa

    L'historien et academicien Pierre Nora précise qu'un lieu de mémoire, dans tous les sens du mot, va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait, L'approche de la mémoire sous-entend évoquer la mémoire collective. Cette notion, issue des travaux de Maurice Holbach, désolé pour la prononciation, dans les cadres sociaux de la mémoire apparaît dès 1925. Aujourd'hui, lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous pouvons à la fois découvrir des sites commémoratifs, des mémoriaux, dont nous avons parlé plus haut, des centres d'interprétation, de sensibilisation, comme le Mémorial de la Shoah, qui se place entre musée, centre de documentation et mémorial. de cet événement majeur de l'histoire. L'ossuaire de Biomont, par exemple, qui commémore la bataille de Verdun, etc. Chaque site possède une identité propre relative aux événements auxquels il fait référence. Petit aparté. Lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous faisons souvent référence aux conflits contemporains majeurs, dont la guerre franco-allemande de 1870, La première guerre mondiale et la seconde guerre mondiale. La notion s'étend aux autres sites relatant des conflits antérieurs comme les citadelles et les systèmes défensifs Vauban. Car nombre de ces sites construits pour des conflits antérieurs ont d'ailleurs eu des rôles clés dans les conflits contemporains. Si l'on continue dans notre aparté, ouvrons une deuxième parenthèse sur l'œuvre de Vauban. Sébastien le Prestre, marquis de Vauban, dit Vauban, est un ingénieur, architecte, militaires et urbanistes, et bien d'autres encore. Il est nommé maréchal de France, et de ce fait, il réalisera les plans de défense de la France avec la réalisation de plus de 150 places fortes et autres ouvrages civils en France. Parmi ses constructions, 12 figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il démontre de l'évolution des conceptions défensives de Vauban, organisées après lui, d'une déclinaison géographique complète des sites de défense, selon qu'ils soient en pleine, au bord de mer ou encore de montagne, le type d'ouvrage, qu'il soit fort, enceinte urbaine ou citadel.

  • Azélie

    Mais à quel patrimoine faisons-nous référence lorsque l'on parle de tourisme de mémoire ? Nous l'avons déjà mentionné tout à l'heure, notamment par le biais des mémoriaux. Mais de manière plus précise, voici une liste non exhaustive de la représentation du patrimoine mémoriel. On retrouve des sépultures de guerre, 275 nécropoles et 2200 carrés militaires, des cimetières communaux en France, Un milieu de lieux de sépulture français répartis dans plus de 80 pays sont propriétés du ministère de l'Armée par exemple. Il y a aussi des monuments historiques, des musées d'armes, des musées nationaux de mémoire. Le ministère des Armées possède un certain nombre de ces sites, dont 10 au lieu de la mémoire nationale, qui sont le cimetière national de Notre-Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais, le cimetière national de Fleury-de-Vendouaumont dans la Meuse, l'ancien camp de concentration de Natzweiler Struthof dans le Barin, le Mont Valérien dans les Hauts-de-Seine, le mémorial des martyrs de la déportation de l'île de la Cité à Paris, le mémorial de la prison de Montluc dans le Rhône, le mémorial du déparquement allié de Provence au Mont Faron dans le Var, le mémorial des guerres en Indochine dans le Var, le mémorial de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie à Paris, et enfin le monument aux morts en opération extérieure à Paris. La Direction de la mémoire, de la culture et des archives, DMCA, est chargée de concevoir la politique d'entretien, de restauration et de valorisation des lieux de mémoire relevant du ministère des armées, en fixant les principes généraux et les orientations, ainsi qu'en assurant le pilotage et la programmation.

  • Léa

    Petit à petit, une politique de développement envers des actions innovantes de valorisation du patrimoine mémorial voit le jour. Depuis 2004, le site internet Chemin de mémoire invite le public à partir à la découverte de ce patrimoine d'une très grande diversité au moyen d'une carte interactive et de fiches historiques détaillées. Il met à la disposition des visiteurs un atlas des nécropoles par exemple. Il est aujourd'hui animé et alimenté par le réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains que l'on nomme RMMCC et par la direction de la mémoire, de la culture et des archives que l'on nomme DMCA pour répondre aux politiques menées par l'État concernant l'essor du tourisme de mémoire. Le réseau compte aujourd'hui 130 membres qui travaillent sur des synergies collectives quant au développement des sites de mémoire à l'échelon national et local pour promouvoir les équipements touristiques. Pour aller plus loin et pour dynamiser l'essor du tourisme, le ministère des armées soutient les collectivités territoriales et les associations en finançant la création ou la modernisation d'équipements structurants. On peut penser au mémorial de Verdun par exemple avec leur visite en réalité virtuelle. Au dernier étage du site d'interprétation de la bataille de Verdun, Face à la vue panoramique sur le site d'un des conflits majeurs de notre histoire, les visiteurs découvrent le site avant, pendant et après le conflit, grâce à un casque de réalité virtuelle à 360 degrés. Ils se retrouvent au centre du paysage tel qu'il était il y a plus de 100 ans et suivent au fil des images l'évolution de ce même paysage jusqu'à nos jours.

  • Azélie

    Le label qualité tourisme a même été adapté pour répondre spécifiquement aux enjeux relatifs au tourisme de mémoire en cohésion avec le ministère en charge du tourisme et le ministère des armées. Lorsque le label qualité tourisme était proposé au musée, à l'hôtellerie et aux offices de tourisme, il a été entendu à la catégorie lieu de mémoire en créant un référentiel spécifique complété d'une charte éthique à laquelle doivent se référer les sites désireux d'obtenir ce label. Côté grand public, on retrouve certains labels ou distinctions qui permettent de retrouver des listes de sites à visiter sur cette thématique. De ce fait, plusieurs sites de mémoire de la Grande Guerre 14-18 ont été classés au patrimoine de l'humanité. Ce sont 139 sites qui s'étendent sur le front ouest sur 700 km, qui sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et qui témoignent de la volonté commune des diverses parties prenantes du conflit d'honorer la mémoire collective. Certains sites ont également une reconnaissance européenne témoignant des conflits ayant marqué le continent. On peut également découvrir de nombreux sites inscrits dans l'inventaire Mérimée, la base de données du patrimoine monumental français, depuis laquelle vous pouvez retrouver un certain nombre de lieux et d'informations selon plusieurs filtres.

  • Léa

    Les territoires français, et même européens ou du monde, sont marqués par des conflits contemporains divers de manière différente. On retrouve plusieurs zones de conflits en France, selon les époques. Tout d'abord, et sûrement le territoire le plus connu pour cela, la Normandie et ses côtes sur lesquelles se passa notamment la bataille de Normandie et le débarquement des Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le long de ces côtes, des mémoriaux, des musées et surtout des vestiges de ce conflit armé stratégique avec les fameux bunkers par exemple, ces blocs de béton monumentaux, le fameux mur de l'Atlantique érigé par les Allemands. Plusieurs blocaux se visitent aujourd'hui, accolés à des espaces de médiation ou associés à des musées. afin de comprendre les enjeux de ce conflit et les stratégies, l'organisation de ces lieux, etc. D'autres sites monumentaux ont marqué les territoires, comme le blocos des Perlec, dans le nord de la France. Véritable usine de béton armé servant de site expérimental et de construction des missiles V1 et V2 des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit du plus gros blocos d'Europe. De l'autre côté, à l'est de la France, ce sont plutôt des souvenirs, vestiges et marques de la Première Guerre mondiale que l'on peut découvrir. Avec le mémorial de Verdun, dont nous avons parlé plus haut, on retrouve aussi des marques de la Seconde Guerre mondiale, avec les sites de déportés. Enfin, l'on peut citer le centre de la France et Vichy, avec la ligne de démarcation, séparant la zone occupée de la zone libre, la capitale du régime de Pétain, ou encore, plus à l'ouest, le village martyr de Radour-sur-Glane, dont la population fut massacrée par la barbarie nazie. La valorisation touristique de ces sites permet de faire perdurer le travail de mémoire En permettant au plus grand nombre, petits et grands, initiés et amateurs de découvrir l'histoire de ces conflits, d'honorer la mémoire des disparus et des victimes et de continuer à faire perdurer le plus jamais ça. Dans certaines régions, le tourisme de mémoire constitue un complément de l'offre touristique traditionnelle. Dans d'autres, il devient structurant pour le territoire avec des chiffres de fréquentation relativement importants. Et malgré tout, ce travail de mémoire est plus que jamais nécessaire, pour que l'histoire ne se répète pas. La montée de l'extrême droite en France et en Europe n'est pas anodine. Nos ancêtres l'ont vécu, la France y a goûté de la pire des manières. Rappelons-nous ce qu'extrême droite veut dire, c'est notre devoir de mémoire. On ne peut pas célébrer les 80 ans du débarquement et soutenir ce parti dont la réputation n'est plus à faire. La haine ne doit plus jamais prendre le pouvoir. Aussi, la France est en paix aujourd'hui, mais combien d'autres pays ne le sont pas ? Nous voulions accorder une pensée pour tous ces peuples opprimés par la haine et le conflit, avec une minute de silence.

  • Azélie

    Mais le tourisme de mémoire n'est pas un tourisme anodin. En effet, il s'agit de se demander si se déplacer sur les lieux touchés par un désastre humain pourrait aussi relever d'une curiosité morbide, voire malsaine. Si on reprend le sens du mot tourisme on parle d'activité de loisir. Mais se rendre sur des sites marqués par l'horreur humaine, peut-il s'apparenter à une activité de loisir ? Tourisme ici voudrait plutôt dire adapté à l'accueil du grand public plutôt qu'à activité de loisirs. La question se pose alors de l'équilibre entre exploitation d'un site touristique et respect dû à un lieu sensible. Il en va surtout du comportement des personnes visitant ces lieux. On peut voir les déboires causés par certains sur ces sites de mémoire, surtout par la traditionnelle photo instagrammable pour dire j'y étais avec un selfie rayonnant devant le camp d'Auschwitz. La fameuse photo sur les rails. Est-ce le lieu adapté pour sa nouvelle photo de profil ? Ces sites, bien que ouverts à tous, sont des lieux de mémoire pour ne pas oublier, pour s'instruire, pour se recueillir. Une grande partie de sensibilisation des populations est à faire pour que le mot tourisme de mémoire ne veuille pas dire loisir sur les sites en question. On ne se comporte pas de la même manière devant la tour Eiffel que devant ou dedans un cimetière de soldats. Pour autant, le tourisme de mémoire n'est pas nouveau. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le site de Verdun voit arriver des visiteurs, désireux de découvrir les sites des combats. Des guides de visite voient le jour, avec notamment le guide Michelin, qui répertorie l'histoire et les sites des conflits. Ceci entraînant le développement de l'offre hôtelière, localisée pour accueillir ces nouveaux arrivants sur le territoire. De même, après la Seconde Guerre mondiale, le camp de Natweiler Struthof faisait partie d'une série de visites que beaucoup se devaient d'effectuer, au même titre que le Mont-Saint-Michel. Si vous décidez de visiter ces sites, assurez-vous de le faire pour des bonnes raisons. Respectons la mémoire des lieux.

  • Léa

    Pour marquer la fin de cet épisode sur le tourisme de mémoire, revenons sur des expériences que nous avons vécues, Azélie et moi. Pour ma part, je n'ai pas de souvenirs très précis. d'une expérience. Ce serait plutôt des souvenirs d'enfance où j'ai visité beaucoup de musées relatifs à la Seconde Guerre mondiale dans le Nord-Pas-de-Calais, notamment le fameux bunker des Perlecs qui m'a énormément marquée, son aspect monumental et par l'atmosphère extrêmement oppressante qui y régnait. C'est une période qui me passionnait fut un temps, la Seconde Guerre mondiale notamment, mais aujourd'hui c'est plus compliqué. Peut-être parce qu'en grandissant, je me rends compte vraiment des enjeux derrière ces événements. Et la partie émotionnelle prend une place plus importante. Aussi, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai été visiter la citadelle de Besançon, dont j'avais un très grand souvenir, notamment sur le musée de la Résistance, qui expliquait des sombres sujets, très précis, expérimentations médicales. Le traitement que les déportés ont subi en déportation, dans les camps, de concentration, c'était un musée très dur, qui est d'ailleurs déconseillé au moins dix ans, et je me demande si à l'époque ce n'était pas déconseillé au moins de douze, de quatorze ans. Je me rappelle même des camarades, car c'était une sortie scolaire, qui n'avaient pas pu rentrer dans le musée tellement l'atmosphère était oppressante. Et dernièrement j'y suis retournée, donc la semaine dernière, avec des amis, pour retrouver ces souvenirs-là et pour pouvoir... me reconfronter une fois de plus à la réalité, d'autant plus avec cette activité politique qui fait peur aussi, et besoin de me remémorer ces événements-là, de manière peut-être un peu plus brutale. Le musée a été refait, a été rouvert en 2023, et on ne retrouve plus du tout la même approche de cet événement tragique, on est plutôt sur un musée très moderne qui relate la Seconde Guerre mondiale, et du coup la montée du fascisme en France, le gouvernement de Pétain, le rôle des résistants. mais de manière beaucoup moins impressionnante, on va dire, si je peux me permettre le mot, et beaucoup plus lisse, et j'ai trouvé ça dommage, car je trouve que parfois, même si c'est dur, on a vraiment besoin de se rendre compte de ce que l'être humain a été capable de faire pendant cette période pour le fameux plus jamais ça Et du coup, je trouve que le musée a perdu de cette saveur d'être différent, et d'apporter quelque chose en plus, une lecture en plus, car tous les musées, mine de rien, les faits sont les faits et on relate les mêmes faits et je trouve que là c'était dommage de ne pas avoir creusé la spécificité de la citadelle et même notamment de ce qui s'était passé sur Besançon et sur la citadelle en tant que telle puisque des des prisonniers français ont été exécutés sur le site de la citadelle, il y a un mémorial par exemple. Et aussi c'est ce qui était intéressant ce parallèle entre la forteresse Vauban et l'utilisation par les nazis et le rôle de la résistance etc de mettre Tous ces faits historiques séparés par des centaines d'années, qui au final sont très liés, et donc ça faisait vraiment le lien avec cet épisode et tous les sujets dont nous avons abordé plus. Je laisse de ce fait la parole à Azélie pour nous raconter son expérience avec la découverte du village de Radour-sur-Glane.

  • Azélie

    Il en vient mon tour de faire un retour d'expérience. En effet, la partie émotionnelle prend souvent une place plus importante. lorsque l'on grandit. Je ne suis pas loin du village d'Oradour-sur-Glane, tristement célèbre pour son massacre. Au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les nazis, voulant se venger de leur défaite, ont massacré tout sur leur chemin du retour. Vous connaissez probablement cette histoire, mais ce petit village de la Haute-Vienne a été témoin de scènes d'horreur sans nom. A 22 km de Limoges, Oradour est connu du monde entier pour porter les traces d'un massacre de sa population par une unité de la Waffen-SS ayant tout prémédité le 10 juin 1944. Outre les massacres à la chaîne des hommes du village, les femmes et les enfants ont été enfermées dans l'église afin de les faire brûler vifs. Une seule femme est rescapée et en tout et pour tout, ce sont 350 femmes et enfants qui périront dans l'église et plus de 180 hommes et jeunes garçons qui seront exécutés. Lors de notre visite à Auradour, Mes parents, ma meilleure amie et moi, nous avions ressenti cette pesanteur et cette lourdeur de cet endroit. Nous n'avions qu'un peu plus de dix ans, toutes les deux, mais je me souviendrai toute ma vie des larmes de mon père en contemplant les restes de cette église. Je vous laisse aller chercher plus loin sur le sujet, l'unique témoignage de Marguerite Roufranche, rescapée de l'église. Je n'ai pas le courage de vous l'énoncer ici. Ces lieux de mémoire sont extrêmement prenants, plus on grandit, plus on se rend compte de l'horreur, et nous sommes tous responsables. de ce que nous condamnons du passé, afin que certains actes ne se reproduisent plus jamais.

  • Léa

    Pour terminer cet épisode, nous allons vous partager quelques ressources, notamment un ouvrage nommé Le tourisme de mémoire, pour le coup on n'a pas été très original, par Laurent Riottor et Jacques Spindler. Aussi nous vous en avons parlé, il y a Le mémoire de Gaëlle Derienic. qui a travaillé sur la scénographie notamment, et donc sur le mémorial comme moyen de transmettre le souvenir. Dernièrement, j'ai découvert les vidéos de Mamie Twink, Histoire de guerre, avec notamment la vidéo sur le régime de Vichy, le rôle de Pétain dans la collaboration. Je vous invite à écouter ces vidéos, à découvrir ces vidéos qui sont extrêmement bien faites, bien réalisées, qui nous permettent de creuser des aspects de l'histoire, tout simplement. On espère que cet épisode vous aura plu, malgré... on va dire une atmosphère peut-être un peu sombre par rapport à ses congés d'été, mais on trouvait ça important et intéressant de pouvoir l'amener de cette manière-là. Parce que des sites sont aujourd'hui extrêmement bien construits pour se documenter, pour découvrir et se rendre compte de notre histoire avec un grand H. Et on vous invite à découvrir ces lieux et à soutenir les initiatives, souvent d'associations, de sauvegarde de ces lieux et de l'histoire. A très vite.

  • Azélie

    Nous espérons que ce nouvel épisode vous aura plu. N'hésitez pas à venir en discuter avec nous sur notre compte Instagram Parole de Patrimoine et à le partager autour de vous. Pour nous aider, nous vous invitons à laisser votre avis et à noter le podcast 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et à vous abonner. N'hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ou que vous souhaitez partager votre expertise.

  • Léa

    C'était Léa et Azélie. fondatrice de l'agence de communication et de médiation du patrimoine Parole de Patrimoine. Nous accompagnons les acteurs du patrimoine et de la culture dans la valorisation de leur histoire locale grâce aux nouveaux outils digitaux et à des stratégies impactantes auprès du grand public. Si le format podcast vous plaît et que vous souhaitez collaborer sur un sujet particulier, on en discute pour l'inclure dans votre stratégie de développement. Retrouvez toutes nos informations et contacts en description. A très bientôt !

Description

Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine, c’est Léa et Azélie au Micro.


Dans cet épisode, nous allons plonger dans l’histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cour de l’Histoire moderne. Il s’agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, de moyens mis en place, des projets innovants crée dans le secteur mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoit à une histoire tragique et à la mort de millier de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd’hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ces pans de l’histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète…


La thématique est dur et peut être pas la plus summer vibes, mais c’est un sujet qu’il nous tenait à coeur d’aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l’été est une superbe période pour découvrir ces sites chargée d’Histoire, de notre histoire.


On vous laisse avec l'épisode pour en savoir plus ! Bonne écoute !


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Paroles de Patrimoines

Léah Thomas-Bion


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Transcription

  • Léa

    Bonjour, c'est Léa et Azélie, les deux voix de l'épisode. Bienvenue sur le podcast Paroles de Patrimoine.

  • Azélie

    Ici, on vous donne les clés pour observer et comprendre les patrimoines de vos territoires.

  • Léa

    Ensemble, on vous embarque dans nos explorations pour vous faire découvrir notre définition du patrimoine et décrypter les notions qui gravitent autour. Pour cet été, nous vous proposons de faire un pas de côté vis-à-vis de nos épisodes habituels et de vous partager quelques chroniques patrimoines Au programme, agritourisme, tourisme de mémoire ou encore eunotourisme.

  • Azélie

    Retrouvez-nous deux fois par mois en juillet et en août pour découvrir une nouvelle approche du patrimoine, des notions, des définitions, mais surtout des bonnes pratiques pour visiter vous aussi le patrimoine de vos territoires selon les thématiques qui vous animent. Allez, on vous emmène avec nous !

  • Léa

    Bonjour et bienvenue dans ce format estival pour parler tourisme et patrimoine. C'est Léa et Azélie au micro. Dans cet épisode, nous allons plonger dans l'histoire, sur les traces de nos anciens et des événements qui ont marqué le cours de l'histoire moderne. Il s'agit ici de vous parler du tourisme de mémoire, de ce que cela veut dire, des moyens mis en place, des projets innovants créés dans le secteur, mais aussi des limites de ce type de tourisme qui renvoie à une histoire tragique et à la mort de milliers de personnes. Un épisode plus que nécessaire aujourd'hui pour se souvenir. Le tourisme de mémoire vise à transmettre ses pans de l'histoire pour sensibiliser et éviter que celle-ci se répète. La thématique est dure et n'est peut-être pas la plus summer vibes, mais c'est un sujet qui nous tenait à cœur d'aborder, surtout en ces temps compliqués. Et l'été est une superbe période pour découvrir ces sites chargés d'histoire, de notre histoire.

  • Azélie

    Pour l'anthropologue Franck Michel, le tourisme de mémoire est avant tout caractérisé par son lien étroit avec le devoir de mémoire. Faire mémoire, se recueillir... et transmettent aux générations futures. Le ministère des Armées assure la gestion et la valorisation de nombreux sites. Le tourisme de mémoire est un axe important de la politique de mémoire du ministère des Armées. Les actions conduites consistent principalement à mettre en valeur le patrimoine mémoriel, placé sous sa responsabilité, et à accompagner les acteurs impliqués par la voie de partenariat. Mais c'est quoi le devoir de mémoire au juste ? Bien que le terme parle de lui-même, le devoir de mémoire désigne et postule l'obligation morale de se souvenir d'un événement historique, tragique et de ses victimes, afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas. La notion est apparue dans les années 1960 en référence à la Seconde Guerre mondiale et surtout au massacre de la Shoah. Depuis, ce terme s'est étendu en référence à d'autres événements tragiques dans le monde. Le devoir de mémoire présente une certaine rupture avec la tradition du droit de la paix et de la guerre en s'opposant à la clause d'amnistie des traités de paix qui stipule l'oubli de tous les griffes passés relatifs au conflit en interdisant de les évoquer. Le devoir de mémoire remédie à cette amnésie collective pour éviter que les dérives idéologiques ayant conduit à des persécutions ne se reproduisent.

  • Léa

    Le devoir de mémoire se matérialise par l'émergence de monuments commémoratifs, le mémorial. La réflexion menée ici est issue du travail de recherche de Gaël Derghenik. retranscrit dans son ouvrage Mémorial, comment transmettre le souvenir d'un événement tragique que nous vous mettons en description. L'apparition de ce type de monument apparaît notamment après la première guerre mondiale. Et même si à cette époque on ne parlait pas de devoir de mémoire, mais plutôt de commémoration de la victoire et d'honorer la mémoire des défunts. Des mémoriaux sont érigés partout en France, sous l'impulsion de l'État, mais aussi directement des communes. Au départ, ces mémoriaux sont d'ordre statique, où la part d'interaction avec le visiteur est faible. Après la seconde guerre mondiale, la fonction des mémoriaux va évoluer avec le fameux besoin de mémoire qui vise, au-delà de la commémoration d'un événement, de le raconter. Les monuments s'ouvrent alors avec une nouvelle structure, où le visiteur peut le parcourir, l'arpenter et le ressentir. Le rôle du mémorial est ainsi de transmettre la mémoire des défunts, tout en relatant les faits historiques qui y font référence, pour le plus jamais ça. Le mémorial est d'une part un monument visant à la... commémoration d'une histoire collective, mais où chacun peut aussi s'approprier le souvenir à son échelle. Le mémorial se place du côté de la mémoire collective dans le sens où il retient et entretient un ensemble de souvenirs importants pour l'identité d'une communauté, mais aussi le mémorial stimule la mémoire individuelle du fait que chaque visiteur possède une mémoire subjective qui lui est propre donc, composée de ses propres souvenirs et qu'il met en relation avec le lieu qu'il vise.

  • Azélie

    Le travail de mémoire autour des grands conflits guerriers peut se caractériser en trois phases principales. Dans un premier temps, et alors que le traumatisme est encore vif, le souvenir est sacré. Il s'exprime lors de cérémonies commémoratives ou lors de pèlerinages sur les lieux des batailles. C'est un moment important, qui est principalement destiné aux familles, endeuillées par les conflits, et aussi pour les anciens combattants survivants ayant vécu le conflit et perdu des camarades au combat. Puis, afin de faire vivre... la mémoire des faits, apparaissent les premiers musées créés souvent par l'impulsion d'associations. Enfin, dans un troisième temps, la disparition des derniers anciens combattants et les difficultés auxquelles sont confrontées les associations pour se renouveler font basculer l'initiative privée vers le public, le commémoratif dans la muséographie et le sacré dans l'histoire avec un grand H. De plus, avec la disparition progressive des protagonistes et des témoins, un nouvel enjeu apparaît. celui de la transmission auprès des générations qui n'ont pas connu ces événements. Le développement touristique de ces lieux de mémoire vient de ce fait répondre à cette dernière réflexion en permettant au plus grand nombre d'en comprendre les faits, les récits et les enjeux passés et futurs.

  • Léa

    L'historien et academicien Pierre Nora précise qu'un lieu de mémoire, dans tous les sens du mot, va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait, L'approche de la mémoire sous-entend évoquer la mémoire collective. Cette notion, issue des travaux de Maurice Holbach, désolé pour la prononciation, dans les cadres sociaux de la mémoire apparaît dès 1925. Aujourd'hui, lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous pouvons à la fois découvrir des sites commémoratifs, des mémoriaux, dont nous avons parlé plus haut, des centres d'interprétation, de sensibilisation, comme le Mémorial de la Shoah, qui se place entre musée, centre de documentation et mémorial. de cet événement majeur de l'histoire. L'ossuaire de Biomont, par exemple, qui commémore la bataille de Verdun, etc. Chaque site possède une identité propre relative aux événements auxquels il fait référence. Petit aparté. Lorsque l'on parle de tourisme de mémoire, nous faisons souvent référence aux conflits contemporains majeurs, dont la guerre franco-allemande de 1870, La première guerre mondiale et la seconde guerre mondiale. La notion s'étend aux autres sites relatant des conflits antérieurs comme les citadelles et les systèmes défensifs Vauban. Car nombre de ces sites construits pour des conflits antérieurs ont d'ailleurs eu des rôles clés dans les conflits contemporains. Si l'on continue dans notre aparté, ouvrons une deuxième parenthèse sur l'œuvre de Vauban. Sébastien le Prestre, marquis de Vauban, dit Vauban, est un ingénieur, architecte, militaires et urbanistes, et bien d'autres encore. Il est nommé maréchal de France, et de ce fait, il réalisera les plans de défense de la France avec la réalisation de plus de 150 places fortes et autres ouvrages civils en France. Parmi ses constructions, 12 figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il démontre de l'évolution des conceptions défensives de Vauban, organisées après lui, d'une déclinaison géographique complète des sites de défense, selon qu'ils soient en pleine, au bord de mer ou encore de montagne, le type d'ouvrage, qu'il soit fort, enceinte urbaine ou citadel.

  • Azélie

    Mais à quel patrimoine faisons-nous référence lorsque l'on parle de tourisme de mémoire ? Nous l'avons déjà mentionné tout à l'heure, notamment par le biais des mémoriaux. Mais de manière plus précise, voici une liste non exhaustive de la représentation du patrimoine mémoriel. On retrouve des sépultures de guerre, 275 nécropoles et 2200 carrés militaires, des cimetières communaux en France, Un milieu de lieux de sépulture français répartis dans plus de 80 pays sont propriétés du ministère de l'Armée par exemple. Il y a aussi des monuments historiques, des musées d'armes, des musées nationaux de mémoire. Le ministère des Armées possède un certain nombre de ces sites, dont 10 au lieu de la mémoire nationale, qui sont le cimetière national de Notre-Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais, le cimetière national de Fleury-de-Vendouaumont dans la Meuse, l'ancien camp de concentration de Natzweiler Struthof dans le Barin, le Mont Valérien dans les Hauts-de-Seine, le mémorial des martyrs de la déportation de l'île de la Cité à Paris, le mémorial de la prison de Montluc dans le Rhône, le mémorial du déparquement allié de Provence au Mont Faron dans le Var, le mémorial des guerres en Indochine dans le Var, le mémorial de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie à Paris, et enfin le monument aux morts en opération extérieure à Paris. La Direction de la mémoire, de la culture et des archives, DMCA, est chargée de concevoir la politique d'entretien, de restauration et de valorisation des lieux de mémoire relevant du ministère des armées, en fixant les principes généraux et les orientations, ainsi qu'en assurant le pilotage et la programmation.

  • Léa

    Petit à petit, une politique de développement envers des actions innovantes de valorisation du patrimoine mémorial voit le jour. Depuis 2004, le site internet Chemin de mémoire invite le public à partir à la découverte de ce patrimoine d'une très grande diversité au moyen d'une carte interactive et de fiches historiques détaillées. Il met à la disposition des visiteurs un atlas des nécropoles par exemple. Il est aujourd'hui animé et alimenté par le réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains que l'on nomme RMMCC et par la direction de la mémoire, de la culture et des archives que l'on nomme DMCA pour répondre aux politiques menées par l'État concernant l'essor du tourisme de mémoire. Le réseau compte aujourd'hui 130 membres qui travaillent sur des synergies collectives quant au développement des sites de mémoire à l'échelon national et local pour promouvoir les équipements touristiques. Pour aller plus loin et pour dynamiser l'essor du tourisme, le ministère des armées soutient les collectivités territoriales et les associations en finançant la création ou la modernisation d'équipements structurants. On peut penser au mémorial de Verdun par exemple avec leur visite en réalité virtuelle. Au dernier étage du site d'interprétation de la bataille de Verdun, Face à la vue panoramique sur le site d'un des conflits majeurs de notre histoire, les visiteurs découvrent le site avant, pendant et après le conflit, grâce à un casque de réalité virtuelle à 360 degrés. Ils se retrouvent au centre du paysage tel qu'il était il y a plus de 100 ans et suivent au fil des images l'évolution de ce même paysage jusqu'à nos jours.

  • Azélie

    Le label qualité tourisme a même été adapté pour répondre spécifiquement aux enjeux relatifs au tourisme de mémoire en cohésion avec le ministère en charge du tourisme et le ministère des armées. Lorsque le label qualité tourisme était proposé au musée, à l'hôtellerie et aux offices de tourisme, il a été entendu à la catégorie lieu de mémoire en créant un référentiel spécifique complété d'une charte éthique à laquelle doivent se référer les sites désireux d'obtenir ce label. Côté grand public, on retrouve certains labels ou distinctions qui permettent de retrouver des listes de sites à visiter sur cette thématique. De ce fait, plusieurs sites de mémoire de la Grande Guerre 14-18 ont été classés au patrimoine de l'humanité. Ce sont 139 sites qui s'étendent sur le front ouest sur 700 km, qui sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et qui témoignent de la volonté commune des diverses parties prenantes du conflit d'honorer la mémoire collective. Certains sites ont également une reconnaissance européenne témoignant des conflits ayant marqué le continent. On peut également découvrir de nombreux sites inscrits dans l'inventaire Mérimée, la base de données du patrimoine monumental français, depuis laquelle vous pouvez retrouver un certain nombre de lieux et d'informations selon plusieurs filtres.

  • Léa

    Les territoires français, et même européens ou du monde, sont marqués par des conflits contemporains divers de manière différente. On retrouve plusieurs zones de conflits en France, selon les époques. Tout d'abord, et sûrement le territoire le plus connu pour cela, la Normandie et ses côtes sur lesquelles se passa notamment la bataille de Normandie et le débarquement des Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le long de ces côtes, des mémoriaux, des musées et surtout des vestiges de ce conflit armé stratégique avec les fameux bunkers par exemple, ces blocs de béton monumentaux, le fameux mur de l'Atlantique érigé par les Allemands. Plusieurs blocaux se visitent aujourd'hui, accolés à des espaces de médiation ou associés à des musées. afin de comprendre les enjeux de ce conflit et les stratégies, l'organisation de ces lieux, etc. D'autres sites monumentaux ont marqué les territoires, comme le blocos des Perlec, dans le nord de la France. Véritable usine de béton armé servant de site expérimental et de construction des missiles V1 et V2 des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit du plus gros blocos d'Europe. De l'autre côté, à l'est de la France, ce sont plutôt des souvenirs, vestiges et marques de la Première Guerre mondiale que l'on peut découvrir. Avec le mémorial de Verdun, dont nous avons parlé plus haut, on retrouve aussi des marques de la Seconde Guerre mondiale, avec les sites de déportés. Enfin, l'on peut citer le centre de la France et Vichy, avec la ligne de démarcation, séparant la zone occupée de la zone libre, la capitale du régime de Pétain, ou encore, plus à l'ouest, le village martyr de Radour-sur-Glane, dont la population fut massacrée par la barbarie nazie. La valorisation touristique de ces sites permet de faire perdurer le travail de mémoire En permettant au plus grand nombre, petits et grands, initiés et amateurs de découvrir l'histoire de ces conflits, d'honorer la mémoire des disparus et des victimes et de continuer à faire perdurer le plus jamais ça. Dans certaines régions, le tourisme de mémoire constitue un complément de l'offre touristique traditionnelle. Dans d'autres, il devient structurant pour le territoire avec des chiffres de fréquentation relativement importants. Et malgré tout, ce travail de mémoire est plus que jamais nécessaire, pour que l'histoire ne se répète pas. La montée de l'extrême droite en France et en Europe n'est pas anodine. Nos ancêtres l'ont vécu, la France y a goûté de la pire des manières. Rappelons-nous ce qu'extrême droite veut dire, c'est notre devoir de mémoire. On ne peut pas célébrer les 80 ans du débarquement et soutenir ce parti dont la réputation n'est plus à faire. La haine ne doit plus jamais prendre le pouvoir. Aussi, la France est en paix aujourd'hui, mais combien d'autres pays ne le sont pas ? Nous voulions accorder une pensée pour tous ces peuples opprimés par la haine et le conflit, avec une minute de silence.

  • Azélie

    Mais le tourisme de mémoire n'est pas un tourisme anodin. En effet, il s'agit de se demander si se déplacer sur les lieux touchés par un désastre humain pourrait aussi relever d'une curiosité morbide, voire malsaine. Si on reprend le sens du mot tourisme on parle d'activité de loisir. Mais se rendre sur des sites marqués par l'horreur humaine, peut-il s'apparenter à une activité de loisir ? Tourisme ici voudrait plutôt dire adapté à l'accueil du grand public plutôt qu'à activité de loisirs. La question se pose alors de l'équilibre entre exploitation d'un site touristique et respect dû à un lieu sensible. Il en va surtout du comportement des personnes visitant ces lieux. On peut voir les déboires causés par certains sur ces sites de mémoire, surtout par la traditionnelle photo instagrammable pour dire j'y étais avec un selfie rayonnant devant le camp d'Auschwitz. La fameuse photo sur les rails. Est-ce le lieu adapté pour sa nouvelle photo de profil ? Ces sites, bien que ouverts à tous, sont des lieux de mémoire pour ne pas oublier, pour s'instruire, pour se recueillir. Une grande partie de sensibilisation des populations est à faire pour que le mot tourisme de mémoire ne veuille pas dire loisir sur les sites en question. On ne se comporte pas de la même manière devant la tour Eiffel que devant ou dedans un cimetière de soldats. Pour autant, le tourisme de mémoire n'est pas nouveau. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le site de Verdun voit arriver des visiteurs, désireux de découvrir les sites des combats. Des guides de visite voient le jour, avec notamment le guide Michelin, qui répertorie l'histoire et les sites des conflits. Ceci entraînant le développement de l'offre hôtelière, localisée pour accueillir ces nouveaux arrivants sur le territoire. De même, après la Seconde Guerre mondiale, le camp de Natweiler Struthof faisait partie d'une série de visites que beaucoup se devaient d'effectuer, au même titre que le Mont-Saint-Michel. Si vous décidez de visiter ces sites, assurez-vous de le faire pour des bonnes raisons. Respectons la mémoire des lieux.

  • Léa

    Pour marquer la fin de cet épisode sur le tourisme de mémoire, revenons sur des expériences que nous avons vécues, Azélie et moi. Pour ma part, je n'ai pas de souvenirs très précis. d'une expérience. Ce serait plutôt des souvenirs d'enfance où j'ai visité beaucoup de musées relatifs à la Seconde Guerre mondiale dans le Nord-Pas-de-Calais, notamment le fameux bunker des Perlecs qui m'a énormément marquée, son aspect monumental et par l'atmosphère extrêmement oppressante qui y régnait. C'est une période qui me passionnait fut un temps, la Seconde Guerre mondiale notamment, mais aujourd'hui c'est plus compliqué. Peut-être parce qu'en grandissant, je me rends compte vraiment des enjeux derrière ces événements. Et la partie émotionnelle prend une place plus importante. Aussi, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai été visiter la citadelle de Besançon, dont j'avais un très grand souvenir, notamment sur le musée de la Résistance, qui expliquait des sombres sujets, très précis, expérimentations médicales. Le traitement que les déportés ont subi en déportation, dans les camps, de concentration, c'était un musée très dur, qui est d'ailleurs déconseillé au moins dix ans, et je me demande si à l'époque ce n'était pas déconseillé au moins de douze, de quatorze ans. Je me rappelle même des camarades, car c'était une sortie scolaire, qui n'avaient pas pu rentrer dans le musée tellement l'atmosphère était oppressante. Et dernièrement j'y suis retournée, donc la semaine dernière, avec des amis, pour retrouver ces souvenirs-là et pour pouvoir... me reconfronter une fois de plus à la réalité, d'autant plus avec cette activité politique qui fait peur aussi, et besoin de me remémorer ces événements-là, de manière peut-être un peu plus brutale. Le musée a été refait, a été rouvert en 2023, et on ne retrouve plus du tout la même approche de cet événement tragique, on est plutôt sur un musée très moderne qui relate la Seconde Guerre mondiale, et du coup la montée du fascisme en France, le gouvernement de Pétain, le rôle des résistants. mais de manière beaucoup moins impressionnante, on va dire, si je peux me permettre le mot, et beaucoup plus lisse, et j'ai trouvé ça dommage, car je trouve que parfois, même si c'est dur, on a vraiment besoin de se rendre compte de ce que l'être humain a été capable de faire pendant cette période pour le fameux plus jamais ça Et du coup, je trouve que le musée a perdu de cette saveur d'être différent, et d'apporter quelque chose en plus, une lecture en plus, car tous les musées, mine de rien, les faits sont les faits et on relate les mêmes faits et je trouve que là c'était dommage de ne pas avoir creusé la spécificité de la citadelle et même notamment de ce qui s'était passé sur Besançon et sur la citadelle en tant que telle puisque des des prisonniers français ont été exécutés sur le site de la citadelle, il y a un mémorial par exemple. Et aussi c'est ce qui était intéressant ce parallèle entre la forteresse Vauban et l'utilisation par les nazis et le rôle de la résistance etc de mettre Tous ces faits historiques séparés par des centaines d'années, qui au final sont très liés, et donc ça faisait vraiment le lien avec cet épisode et tous les sujets dont nous avons abordé plus. Je laisse de ce fait la parole à Azélie pour nous raconter son expérience avec la découverte du village de Radour-sur-Glane.

  • Azélie

    Il en vient mon tour de faire un retour d'expérience. En effet, la partie émotionnelle prend souvent une place plus importante. lorsque l'on grandit. Je ne suis pas loin du village d'Oradour-sur-Glane, tristement célèbre pour son massacre. Au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les nazis, voulant se venger de leur défaite, ont massacré tout sur leur chemin du retour. Vous connaissez probablement cette histoire, mais ce petit village de la Haute-Vienne a été témoin de scènes d'horreur sans nom. A 22 km de Limoges, Oradour est connu du monde entier pour porter les traces d'un massacre de sa population par une unité de la Waffen-SS ayant tout prémédité le 10 juin 1944. Outre les massacres à la chaîne des hommes du village, les femmes et les enfants ont été enfermées dans l'église afin de les faire brûler vifs. Une seule femme est rescapée et en tout et pour tout, ce sont 350 femmes et enfants qui périront dans l'église et plus de 180 hommes et jeunes garçons qui seront exécutés. Lors de notre visite à Auradour, Mes parents, ma meilleure amie et moi, nous avions ressenti cette pesanteur et cette lourdeur de cet endroit. Nous n'avions qu'un peu plus de dix ans, toutes les deux, mais je me souviendrai toute ma vie des larmes de mon père en contemplant les restes de cette église. Je vous laisse aller chercher plus loin sur le sujet, l'unique témoignage de Marguerite Roufranche, rescapée de l'église. Je n'ai pas le courage de vous l'énoncer ici. Ces lieux de mémoire sont extrêmement prenants, plus on grandit, plus on se rend compte de l'horreur, et nous sommes tous responsables. de ce que nous condamnons du passé, afin que certains actes ne se reproduisent plus jamais.

  • Léa

    Pour terminer cet épisode, nous allons vous partager quelques ressources, notamment un ouvrage nommé Le tourisme de mémoire, pour le coup on n'a pas été très original, par Laurent Riottor et Jacques Spindler. Aussi nous vous en avons parlé, il y a Le mémoire de Gaëlle Derienic. qui a travaillé sur la scénographie notamment, et donc sur le mémorial comme moyen de transmettre le souvenir. Dernièrement, j'ai découvert les vidéos de Mamie Twink, Histoire de guerre, avec notamment la vidéo sur le régime de Vichy, le rôle de Pétain dans la collaboration. Je vous invite à écouter ces vidéos, à découvrir ces vidéos qui sont extrêmement bien faites, bien réalisées, qui nous permettent de creuser des aspects de l'histoire, tout simplement. On espère que cet épisode vous aura plu, malgré... on va dire une atmosphère peut-être un peu sombre par rapport à ses congés d'été, mais on trouvait ça important et intéressant de pouvoir l'amener de cette manière-là. Parce que des sites sont aujourd'hui extrêmement bien construits pour se documenter, pour découvrir et se rendre compte de notre histoire avec un grand H. Et on vous invite à découvrir ces lieux et à soutenir les initiatives, souvent d'associations, de sauvegarde de ces lieux et de l'histoire. A très vite.

  • Azélie

    Nous espérons que ce nouvel épisode vous aura plu. N'hésitez pas à venir en discuter avec nous sur notre compte Instagram Parole de Patrimoine et à le partager autour de vous. Pour nous aider, nous vous invitons à laisser votre avis et à noter le podcast 5 étoiles sur Apple Podcasts et Spotify et à vous abonner. N'hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ou que vous souhaitez partager votre expertise.

  • Léa

    C'était Léa et Azélie. fondatrice de l'agence de communication et de médiation du patrimoine Parole de Patrimoine. Nous accompagnons les acteurs du patrimoine et de la culture dans la valorisation de leur histoire locale grâce aux nouveaux outils digitaux et à des stratégies impactantes auprès du grand public. Si le format podcast vous plaît et que vous souhaitez collaborer sur un sujet particulier, on en discute pour l'inclure dans votre stratégie de développement. Retrouvez toutes nos informations et contacts en description. A très bientôt !

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