- Speaker #0
Les grandes balades, les promenades engagées et instructives de la SPA.
- Speaker #1
Bonjour à tous et bienvenue dans les grandes balades de la SPA. Aujourd'hui, nous vous retrouvons pour un épisode consacré au deuil animalier. Alors, si vous êtes là, c'est que vous avez ou serez un jour concerné par ce passage douloureux de l'existence. Peut-être d'ailleurs êtes-vous en plein dedans. On le sait, dire au revoir à son animal, c'est une épreuve difficile, d'autant plus que selon un sondage récent, 87,4% des propriétaires considèrent leur animal comme un membre de leur famille, dans une société qui, elle, a du mal à le reconnaître. Alors, comment surmonter cette perte ? Comment soulager sa peine ? On va vous recommander des lectures, des gens vers qui vous tourner, et surtout aborder des questions pratiques mais essentielles sur l'euthanasie, la crémation, la manière de gérer l'absence, mais aussi comment se créer de beaux souvenirs. Alors avant de faire la connaissance de nos deux invités du jour, évoquons LSD, la série documentaire et une série de podcasts de France Culture qui a consacré l'un de ces épisodes au deuil des animaux et dont une phrase résume tout. Je cite « Le chien n'est qu'un défaut, celui de mourir avant nous » . Alors Céline, nos auditeurs te connaissent bien, tu es responsable du pôle expertise animale à la SPA depuis… 2023. Tu fus responsable du refuge de Volpénile et tu es intervenue à de nombreuses reprises dans ce podcast pour faire parler tes connaissances encyclopédiques, on peut les qualifier comme ça, et ton amour des animaux. Comment ça va ?
- Speaker #2
Ça va très bien.
- Speaker #1
Bon, bah super. Tu es accompagnée aujourd'hui d'une autre invitée, Irène Combre. Bonjour Irène.
- Speaker #0
Bonjour.
- Speaker #1
Alors Irène, vous êtes créatrice de la Maison du deuil animalier qui a ouvert, si je ne dis pas de bêtises, en 2021. Et vous avez fait un sacerdoce de l'idée de soulager la peine des propriétaires d'animaux décédés. Vous êtes passé avant cela évidemment par 4 années de bénévolat dans des refuges, puis vous vous êtes formé comme coach expert auprès des services crématoriums et formatrice auprès des équipes vétérinaires du service funéraire pour animaux. Alors Irène, merci d'être là. J'aimerais pour rentrer dans ce sujet pas évident du jour, que l'on ravive votre mémoire et que vous nous parliez d'une petite souris blanche aux yeux rouges. qui s'appelait Socrate.
- Speaker #0
Ah, Socrate. Socrate, j'avais 7 ans quand Socrate est morte. Et Socrate était une petite souris de laboratoire, ce qu'on appelle les souris de laboratoire, blanche avec les yeux rouges. Et malheureusement, à l'époque, je ne voyais aucun problème à 7 ans à ce qu'elle vive dans une petite cage. Maintenant, je pense que je m'en voudrais énormément. Mais à l'époque, je ne savais pas. Elle vivait dans sa petite cage et elle avait une roue. Et j'étais toute contente parce qu'elle tournait dans sa roue et une petite maison, une petite... porte, le toit était rouge d'ailleurs, je m'en souviens très bien, comme ses yeux. Et en fait, j'étais assez mal dans ma vie à ce moment-là, j'étais une petite jeune femme, non, une jeune fille qui souffrait de boulimie et mon seul réconfort était la nourriture. J'ai donc estimé que c'était aussi sûrement le cas de Socrate et j'ai donc nourri Socrate, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et un matin, je l'ai retrouvé coincé dans la porte de sa maison, étouffé. Et donc, c'est la... Le premier rapport que j'ai eu à la mort est la culpabilité qui a été la mienne d'avoir tué ma soeur.
- Speaker #1
Vous vous souvenez des sentiments qui vous traversaient à ce moment-là ? Culpabilité, vous dites ?
- Speaker #0
Culpabilité tout de suite. J'ai appelé ma mère et je lui ai dit « j'ai tué Socrate » . Ce qui est très amusant quand on en parle parce que non, ce n'est pas moi qui l'ai tué, le vrai Socrate. Mais voilà, donc j'ai tué Socrate et ma mère a eu ce réflexe très maman, mais pas très bon, de dire… ne t'inquiète pas, on ira samedi à l'animalerie en racheter une autre.
- Speaker #1
Ça, on va en parler. Comment est-ce qu'on devient spécialiste du deuil animal, si je puis dire ça ? C'est par volonté de soulager les autres, de vous soulager vous, peut-être ?
- Speaker #0
Ah, la question ! De toute façon, aider les autres ne peut vous faire que du bien. Ça, c'est dans la vie en général, je pense. Pourquoi le deuil animalier ? Je me suis formée à l'accompagnement du deuil, en plus du coaching. J'aurais pu accompagner tous les deuils. Et je peux toujours accompagner tous les deuils. J'ai la grande chance à ce jour d'avoir perdu que deux êtres dans ma vie, malgré mon grand âge. Par contre, j'ai perdu 34 animaux. Et donc la souffrance que j'ai ressentie, l'isolement qui était le mien, le regard que les gens portaient sur ma douleur, a fait que quand j'ai décidé d'accompagner le deuil, je me suis dit c'est vraiment celui-ci que je veux accompagner. Donc comment on devient expert ? On devient expert en se formant encore et encore, en lisant, en apprenant. en s'interrogeant quotidiennement, et parce que j'ai gardé cette expertise-là, et pas tous les deuils. C'est pour ça que je suis devenue experte du deuil animalier, parce que c'est ce qui m'habite, en fait, accompagner ceux qui souffrent suite à la mort de leur compagnon animal.
- Speaker #1
Est-ce que le deuil d'un animal est différent de celui du deuil d'un proche ?
- Speaker #0
Tous les deuils sont différents. Tous les deuils sont universels parce qu'on le vit tous et tous les deuils sont singuliers et ça c'est Christophe Fauret qui vous le dirait parce que vécu différemment par chacun d'entre nous. Par contre le processus de deuil, les étapes de deuil, autant si vraiment étape il y a, c'est les mêmes. A partir du moment où on a aimé, l'être s'en va, il nous manque et on est triste et on a la colère. il y a des spécificités dans le deuil animalier qui sont... L'euthanasie, la décision de l'euthanasie, est-ce qu'on l'a fait trop tard ? Est-ce qu'on n'aurait pas dû ? Est-ce qu'on aurait dû ? Donc toutes ces décisions-là sont difficiles. La spécificité aussi du deuil animalier, c'est que comme le deuil périnatal, comme le deuil d'un enfant, ce sont les seuls êtres au monde dont nous sommes responsables en tant qu'humains. On est responsable d'un animal et on est responsable d'un enfant. Sauf qu'un enfant, sauf si vous avez un tangui à la maison, un enfant s'en va. Un enfant quitte le foyer et devient autonome, se nourrit tout seul, fait des études, travaille. On le voit vieillir, mais à distance, on ne le voit pas. S'il a mal à la tête, il ne va pas vous appeler en disant « Maman, Papa, j'ai mal à la tête » . Un animal, il ne vous quitte jamais. C'est le seul être qui passe son temps, tout le temps avec vous, et qui vous attend à la maison. Et ça, c'est une particularité dans le deuil animalier. Donc, est-ce que tous les deuils se valent ? Non. mais ils ont tous un processus et je mettrais donc ces deux singularités du deuil animalier.
- Speaker #1
Vous dites, quand vous perdez un animal, vous perdez un ami, mais aussi un regard sans jugement.
- Speaker #0
Oui, c'est le seul être qui ne vous juge pas. En fait, il vous aime pour qui vous êtes, pas pour ce que vous faites. J'aime toujours dire quand même que si vous lui apportez du poulet...
- Speaker #1
Ça va mieux.
- Speaker #0
Voilà, il faut quand même... Bon, c'est un fait que quand il y a quelque chose d'appétissant qui arrive et qu'on lui apporte, il va être très heureux. mais hum Je ne sais pas, moi en tout cas quand j'ai été malade, mes chiens ne quittent pas le lit. Pourtant c'est des chiens qui aiment manger, mais ils ne vont pas aller voir mon mari en disant « je n'ai pas mangé, fais quelque chose, il reste avec moi, que je sois de mauvaise humeur, que je sors, ils sont contents de me voir à n'importe quel moment. » Des fois on a passé une journée pas très agréable, on a tous nos soucis, ils arrivent et quand on arrive on les voit et les soucis s'en vont parce qu'eux ils vous aiment. Sans condition. Et je pense que c'est le seul monde qui vous aime sans condition. Même un enfant, il ne vous aime pas sans condition. Et même une maman ou un papa n'aime pas sans condition son enfant. Il y a des moments où on fait attention à ne pas dire des mots, ou à les dire différemment, ou à des moments, pour ne pas se ruiner le week-end, on le dit le dimanche soir plutôt que le vendredi. Donc on prend sur soi. Avec un animal, jamais.
- Speaker #1
Céline, d'accord là-dessus ?
- Speaker #2
Complètement d'accord.
- Speaker #1
La perte d'un regard sans jugement ?
- Speaker #2
Oui, complètement d'accord. C'est d'ailleurs ce que disent souvent les gens. Il manque que la parole. Mais c'est vrai que l'animal, il n'a pas ce côté. Hier, elle a fait ça, donc elle doit penser que. Pas du tout. Donc forcément, c'est toujours dans le vrai. Et on ne peut rien leur cacher. Et en même temps, ils ne veulent rien qu'on leur cache. Ils ne cherchent pas justement à se dire aujourd'hui, elle me saoule, elle est bizarre. Elle a dit que, elle a fait que. Et en effet, c'est beaucoup plus direct et beaucoup plus franc. Mais dans les deux sens, en fait. On ne peut pas leur cacher non plus nos émotions. donc c'est obligatoirement plus francs.
- Speaker #1
Tous les deux ans, il y a une étude qui est menée sur l'évolution des attitudes et des besoins dans le domaine du funéraire animalier. Cette étude s'appelle le baromètre Estima. En 2024, on y apprenait que 59% des répondants développaient des problèmes de santé physique à la suite du décès de leur animal, parmi lesquels augmentation des douleurs musculaires et articulaires, troubles digestifs, vertiges, palpitations ou problèmes de peau. 51% des interrogés évoquaient aussi des problèmes psychologique, stress, fatigue, trouble du sommeil, etc. Irène, la perte, ou en tout cas la peine de la perte d'un animal, est-elle sous-estimée par la société ?
- Speaker #0
Oui, oui. Encore, alors, quand j'ai commencé, déjà je me suis heurtée à ce que tout le monde disait, celle-ci est complètement folle, la pauvre dame, elle a un souci sur moi quelque part, j'ai pas eu d'enfant en plus, donc ça veut dire que forcément... Si j'accompagne, et je n'ai pas voulu d'enfants, que les choses soient claires, c'est pas parce que je n'ai pas pu, j'ai choisi de ne pas en avoir. Donc on s'est dit, ça l'est encore une pauvre femme qui n'a pas réussi à avoir d'enfants et qui donne tout son amour à un animal. Et en fait, c'est le jugement. En France et dans beaucoup de pays, on a besoin de rentrer dans des cases. On met les gens dans des cases. Et quand on sort de la case pour X raisons, c'est compliqué. qui est le deuil animalier, quand je fais des conférences. C'est souvent ce que j'essaie de bousculer un peu le monde. Et je demande si le deuil animalier est un deuil légitime. La plupart des gens me disent oui, bien sûr, tout à fait. Il y a toujours une personne qui dit oui, mais... toujours, il y a un petit oui mais qui arrive, et en ce moment-là, je joue le jeu, je dis ok, alors le premier, le deuxième, le troisième, le quatrième, on y va, on écrit, quel est le premier ? Alors évidemment, je ne vais pas vous surprendre en disant que le premier du premier, c'est le deuil d'un enfant, etc. Et en général, le deuil animalier arrive à l'huitième place, en général, dans ce petit truc-là, entre 8, 7, 8. Et là, je dis ok, maintenant c'est noté. Maintenant, le premier deuil, est-ce que c'est plus terrible de perdre un enfant dans son ventre ? Est-ce que c'est plus terrible de perdre un enfant à 3 ans parce qu'il est tombé d'une fenêtre ? Est-ce que c'est plus terrible de perdre un enfant à 6 ans d'un cancer du cerveau ? Est-ce que c'est plus terrible de perdre un enfant à 12 ans par harcèlement à l'école ? En général, c'est très calme comme réponse. Et en fait, c'est une façon pour moi de dire qu'à partir du moment où on juge qu'un deuil est à cette place et les autres non, ceux qui sont en dessous doivent se taire. Et doivent dire « bon bah oui, t'as raison » . Et ça se voit même parmi les gens qui vivent le deuil animalier, quand on fait des groupes de parole, ou en tout cas des espaces où ils peuvent libérer la parole, quand ils sont avec des personnes qui ont perdu d'autres membres de la famille qu'un animal, eh bien ils se sentent mal à l'aise à en parler, comme si c'était indécent d'évoquer la mort d'un animal alors que quelqu'un est là en train de parler de la mort de son enfant, ou de son père, ou de son conjoint.
- Speaker #1
Vous m'avez fait connaître une BD sortie en 2023 qui s'appelle Jim, du scénariste et dessinateur belge François Chuitaine, grand prix du festival d'Angoulême 2002. Jim, c'est le nom de son chien, plutôt c'était le nom de son chien, puisque l'auteur raconte en 128 pages la sidération de la perte de son setteur noir, je le dis bien ? Oui,
- Speaker #0
très bien.
- Speaker #1
Il écrit « Nous avons vécu 13 ans ensemble jour et nuit, il était vissé à moi, je l'étais encore plus à lui. Le dessiner semblait la seule thérapie valable. » Quoi qu'il arrive, à chaque jour, son dessin. Cette petite discipline a ainsi remplacé nos promenades, ces moments particuliers partagés quotidiennement et qui m'ont permis si souvent de décrocher du fil tendu de la vie. Jim m'a ouvert le regard, m'a sorti de moi-même, il a agrandi mon monde. Irène-François Chuitaine parle d'un cordon ombilical qui lie maître et animal et il ajoute que c'est très difficile de parler de la perte d'un animal avec quelqu'un qui n'en a pas eu. C'est ce que vous disiez. Oui,
- Speaker #0
c'est... Moi j'ai maintenant de la tristesse, alors au début j'avais de la colère pour les gens qui ne comprenaient pas, et je me disais bon, mais c'est quoi ? Et j'essayais d'être toujours dans le... Attends, je vais t'expliquer. Et en fait maintenant, quand les gens me disent oui mais Irène quand même, à ton âge, tu devrais moins souffrir, tu es habituée, etc. Puis c'est comme un animal et blabla. Maintenant j'ai de la peine pour eux. En fait je me dis, c'est dommage les pauvres, en fait ils ne connaîtront jamais. cet amour-là. Et c'est incroyable, c'est dommage pour eux. Mais c'est vrai que on se sent mieux quand on est entouré de personnes qui ont vécu le même deuil. Et je vais aller au-delà, quand on a perdu son conjoint, on a envie d'en parler à des gens qui ont perdu. Leur conjoint. Donc, il n'y a pas que pour le deuil et le malier. Il y a une reconnaissance. On se sent reconnu dans la douleur.
- Speaker #1
Quelles sont les étapes classiques et moins classiques du deuil ? Alors, on les connaît à peu près, mais je vous laisse les répéter, sauf si vous ne les avez pas en tête et je peux...
- Speaker #0
Oh là là, je vais prendre un papier, je vais prendre un papier. Non, alors, encore une fois, vous allez voir partout des étapes différentes. Vous allez sur Internet, il y a la courbe du deuil d'Elisabeth Kübler-Ross. Je précise qu'Elisabeth Kübler-Ross... Cette courbe du deuil, elle, elle accompagnait les gens en fin de vie, en soins palliatifs. Donc en fait, cette courbe du deuil, c'était l'intégration qu'ont les malades de fin de vie de leur mort. Et donc toutes les étapes dont elle parle dans cette courbe, c'est ça. Tout le monde utilise ces étapes-là, mais dans une étape, vous voyez, par exemple, il y a la colère. Pour moi, la colère est une émotion, ce n'est pas une étape. Et à toutes les étapes du deuil, on peut toujours être en colère. Donc c'est pour ça que je ne suis pas trop... la courbe. J'irai plus dans Christophe Fauret.
- Speaker #1
Alors pour les citer justement en termes de courbe, on parle d'étape 1, sur le papier 1. Choc, ensuite déni, colère, tristesse, résignation, acceptation, reconstruction.
- Speaker #0
Voilà, et moi je dirais plus, j'en vois 4 et je vois le choc, la première. La deuxième, c'est la recherche du lien, du maintien du lien à tout prix. Et comment faire pour maintenir le lien ? Soi. On s'enferme chez soi, avec tous les souvenirs, et on essaye de garder l'odeur, de garder les poils, de garder le manger, de garder tout ce qui nous rappelle notre compagnon animal. Soit au contraire, on fuit la réalité en étant à fond dans le travail, à fond dans les sorties, on ne veut pas rentrer à la maison, parce que tout nous rappelle notre compagnon animal. Donc ça c'est la deuxième étape. La troisième étape serait, on se rend compte que quoi qu'on fasse. qu'on essaye de rester à la maison ou qu'on essaye de fuir, il n'est plus là. Et cette troisième étape est souvent très difficile parce que c'est aussi l'étape où tout le monde vous a lâché. Tout le monde pense que vous avez cheminé sur votre deuil, tous les copains vous disent « bon ben ça y est, elle va bien » et boum, il n'y a plus personne et vous vous rendez compte qu'il ne reviendra plus. Et donc vous êtes dans un chagrin qui est très compliqué. Et la dernière étape, si dernière étape il y a, c'est l'intégration d'une autre relation à notre compagnon animal. Une relation qui ne s'arrêtera jamais parce que tant que l'amour il y a, lien il y a, même s'il n'est plus physique.
- Speaker #1
Vous dites la mort n'est pas et ne sera jamais l'oubli, la mort n'est que le moment où la mémoire se met en main.
- Speaker #0
Oui, c'est comme les personnes qui me disent je préférais ne pas souffrir, j'aurais préféré ne pas aimer que de souffrir. Et souvent il y a des personnes qui me disent j'ai tellement hâte de notre rendez-vous, comme ça vous allez apaiser ma peine. Oula, alors... Je leur dis, on va attendre le rendez-vous, et pendant le rendez-vous, je dis, vous savez, moi j'ai pas de baguette magique, je suis pas une magicienne. Ok, on va imaginer que j'en ai une, et à partir de maintenant, je vous enlève la peine, mais je vous enlève aussi les souvenirs, parce que je peux pas enlever l'un sans l'autre. Et les gens me disent, ah ben non ! Je dis, ok, donc vous êtes prêtes à s'ouvrir. Voilà, s'ouvrir à l'amour, c'est s'ouvrir à la mort. Tout être qu'on aime, c'est déjà un début de se dire au revoir un jour, pour X raisons. Ça peut être quelqu'un qui décède, mais ça peut être aussi une relation qui se sépare. Ça peut être plein de choses, mais ne pas s'ouvrir à la mort. À l'amour, pardon, ce serait tellement triste.
- Speaker #1
Et ça a donné même un film de Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, qui parle de ça. Céline, quelles sont les possibilités pratiques, techniques, qui s'offrent à nous quand un animal décède ?
- Speaker #2
Alors, la plus classique, c'est l'incinération. Après, il existe deux types d'incinération, soit la collective, et dans ce cas-là, on ne récupère pas les cendres de son animal. il est incinéré avec d'autres animaux de compagnie, soit en individuel en général. C'est-à-dire que là, vous récupérez une urne avec les cendres de votre animal dedans, que vous pouvez ensuite ramener à la maison.
- Speaker #1
Et ça coûte plus cher en individuel ? Ça coûte combien à peu près ?
- Speaker #2
Alors, je dirais que ça dépend à quel moment, si on passe par le vétérinaire, si on passe directement par le crématorium, ça dépend des crématoriums. Ils font compter, on va dire, une centaine d'euros en collectif. Et il faut compter le double, voire le triple pour un animal en individuel, en sachant que ça dépend du poids. Donc plus votre animal est gros et plus ça peut coûter cher. Donc ça, c'est principalement pour les carnivores domestiques et pour les naques. Tout ce qui va être beaucoup plus gros comme animal ne peut pas passer, ou difficilement, par un crématorium.
- Speaker #1
C'est ça les solutions d'enterrement ou de crémation ?
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
les principales. Après, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui enterrent leurs animaux dans le jardin. Ça se fait. C'est pas clair. au niveau de la réglementation. Donc, il faut beaucoup se renseigner auprès des DDPP, donc des services vétérinaires, de votre mairie, des services du département, parce qu'il y a beaucoup de choses qui sont dites dans un sens et dans l'autre. Donc, je n'irai pas dire qu'il faut ou pas le faire, mais en tout cas, il faut se renseigner avant.
- Speaker #1
Irène ?
- Speaker #0
Oui, je voulais juste dire qu'en fait, il y avait effectivement deux types de crémations, mais en fait, il y en a trois. C'est-à-dire qu'il y a une des crémations où vous récupérez les cendres, où vous pouvez assister à la crémation de votre animal. et c'est très important de le dire parce que certains vétérinaires ne le disent pas. Elle est des fois un peu plus chère que celle où vous récupérez simplement les cendres chez vous. Mais dans le processus de deuil, accompagner son animal jusqu'au bout et être présent lors de la crémation peut être une aide. Donc on peut le faire, on peut assister à la crémation de son animal.
- Speaker #1
Et alors parlons de la précision de la question, mais ça se fait aux mêmes endroits que pour les crématoriums classiques où il y a des crématoriums dédiés ?
- Speaker #0
Il y a des crématoriums dédiés, il y a trois gros groupes. de crématoriums, sachant qu'il y a aussi plein de crématoriums privés qui sont super, qui font un travail incroyable. Mais les trois grands groupes sont Estima, qui a le plus grand nombre de crématoriums en France, qui doit être entre 16 et 18, si je ne me trompe pas. Il y a Animaker, qui appartient au groupe Funécap, et eux, ils doivent en avoir entre 4 ou 6, je ne pourrais pas vous dire. Et il y a Céleste. qui appartient au groupe Généris, qui lui a, si je ne me trompe pas non plus, quatre crématoriums, dont deux tout récents, à Saint-Laurent-de-Mur et un à Éric. Et quand vous voyez les crématoriums, il y a des crématoriums humains qui sont un peu jaloux. Oui, parce qu'on y met maintenant une attention, parce que la place de l'animal a tellement évolué dans la société, les gens ont tellement d'amour pour leurs animaux que c'est évident qu'on ne peut plus le faire dans des préfabriqués comme c'était à l'époque.
- Speaker #1
D'un point de vue technique, alors si l'animal décédé est un chat, un chien ou un furet, son propriétaire doit déclarer son décès sur le site du Fichier National d'Identification des Carnivores Domestiques ou sur l'application Fil à la Pâte. Je ne dis pas de bêtises Céline, c'est ça ? Oui, c'est ça. Et aujourd'hui, on a à peu près le même pourcentage, on parlait de l'enterrement dans les jardins, on a à peu près le même pourcentage de gens qui se dirigent vers les pompes funèbres animalières et ceux qui préfèrent enterrer leur animal dans le jardin. Alors, quand bien même ce soit interdit ou non, les gens le font quand même, on estime que c'est à peu près 29% les deux. Mais l'étude Estima, dont on parlait tout à l'heure, le prouve, les courbes se sont complètement inversées. Irène, vous avez constaté ça ?
- Speaker #0
Les courbes se sont inversées parce que déjà, il y a toutes les personnes qui vivent en ville. C'est compliqué, enfin, sauf s'ils ont une maison de campagne ou la maison de leurs parents, etc. Mais donc, ça, c'est déjà un. Il y a aussi le fait que quand on enterre un animal interdit ou autorisé dans son jardin, on ne peut pas récupérer son corps quand on s'en va. Et donc, les cendres, l'urne vous permet de voyager avec votre animal et où que vous soyez, il sera avec vous. C'est une chose qui est faisable quand même, je le dis pour les personnes qui veulent toutefois enterrer leur animal dans leur jardin. On peut, si on a une urne qui n'est pas biodégradable, bien sûr, mettre cette urne dans un scellé, dans une boîte bien scellée, l'enterrer dans le jardin. Et le jour où on part, récupérer cette boîte et repartir avec les cendres de son animal, s'il est trop compliqué d'avoir l'urne à la maison.
- Speaker #1
Question à 100 000, Irène, comment est-ce qu'on continue notre quotidien ? tout en faisant le deuil d'un animal ?
- Speaker #0
Je pense qu'on ne le continue pas de la même façon parce qu'on n'est plus la même personne. Dès qu'on perd un être, quel qu'il soit, on est différent. On n'est pas la même personne que vous étiez avant. On doit apprendre à changer nos habitudes, changer nos repères. Tous ces repères qui font notre quotidien, ils sont chamboulés. L'amour qu'il nous donnait est chamboulé. On rentre, il n'y a plus les pas sur le sol, il n'y a plus la queue qui bat contre la jambe. Il n'y a plus ce bonheur de partager le quotidien avec un être qui vous aime sans condition. Donc c'est essayer d'instaurer d'autres habitudes. Et c'est vrai que, vous voyez, dans l'album de Jim, ce dont on parlait, qu'est-ce qu'il a fait lui pour apaiser ? Il s'est mis à créer. Et c'est souvent ce qu'on propose nous comme travail de deuil pour accompagner le processus du deuil, c'est la création, faire des rituels, faire des hommages. planter un arbre, faire un don à l'ESPA dans un certain montant à toutes les dates anniversaires. C'est quelque chose qui est créer du lien encore avec son animal et en tout cas le mettre en lumière que plutôt que pleurer sa perte, célébrer la vie qu'il a eue avec nous.
- Speaker #1
Et créer de la nouveauté, vous dites aussi commencer un nouveau sport, commencer d'autres choses.
- Speaker #0
Oui, créer quelque chose qui ne va pas nous faire fuir la réalité. Mais juste se dire, ok, maintenant j'ai pris en compte que lui, il faisait attention à moi et que sans lui, il faut que je fasse moi-même attention à moi. Donc je vais me mettre à faire du sport, je vais faire attention à ce que je mange. La petite précision que j'apporte là, c'est que si vous pouvez, ne prenez pas de décision quand vous êtes dans les émotions. Parce qu'il y a des personnes qui disent, ok, alors là c'est bon, mon mari n'a pas été présent, allez, on divorce, je quitte mon boulot, je quitte tout le monde et moi je m'en vais. dans un coin perdu de la France et vivre avec mes animaux. Bon, après, on revient très rapidement à une réalité en se disant bon, tout le monde me manque et j'ai peut-être pris une décision trop hâtive. On peut prendre des décisions, mais laissons le temps aux émotions d'a s'apaiser avant de prendre des très grosses décisions dans sa vie.
- Speaker #1
Alors, plutôt que de prendre valise et enfant et partir à 800 kilomètres, quel genre de souvenirs on peut conserver ?
- Speaker #0
Vous savez, même quand on perd... Moi, j'ai perdu ma maman l'année dernière en avril et la question est... se dire, quand on est prêt, déjà, de pas tout laisser, si c'est très difficile, de pas tout laisser en évidence devant nous, mais de pas trier tant qu'on est dans l'émotion. Encore une fois, trop de personnes se débarrassent et me disent après j'ai plus rien. D'accord, donc, ok, si c'est trop difficile pour vous, les mettre dans un sac et les donner à quelqu'un qui les garde. Le jour où vous êtes plus apaisé, à ce moment-là, mettre toutes les affaires par terre et dire, ok, comment je peux continuer de faire vivre tel objet ? Par exemple, une gamelle d'eau, quand elle est en inox, on peut faire des trous dedans et planter une plante dedans et ça devient plutôt un pot pour une fleur dans le jardin. Les couvertures, les plaides. Et quand, si vous avez, pour les auditeurs, si vous avez un animal qui est en fin de vie, qui va pour partir et son plaide, vous pouvez par exemple découper un petit cœur et le mettre dans le cercueil avant la crémation et garder le plaide pour en faire une housse de coussin, pour le serrer fort contre soi quand il nous manque. On peut faire plein de choses, des photos, des albums photos, des dessins, des empreintes, couper des poils, faire des bijoux. Les auditeurs ne verront pas, mais là il y a des cendres d'un de mes animaux dans ce bijou-là.
- Speaker #1
Que vous portez au poignet.
- Speaker #0
Que je porte au poignet. Et là, c'est d'un autre de mes animaux.
- Speaker #1
Ça, c'est un collier.
- Speaker #0
Que je porte contre... Voilà. Et personne ne le sait. Et puis, même si les gens le savent, je m'en moque. Voilà, c'est le terme. Je m'en moque, c'est plus joli. Mais, vous voyez, ils font des choses totalement... C'est hyper... Vous verrez que toute personne qui ramène l'urne à la maison, même si c'est douloureux, eh bien, on est apaisé parce qu'il rentre à la maison. On l'a avec nous à la maison. Pour faire des... utiliser les cendres. Des fois, c'est un peu compliqué. Moi, je n'ai pas de souci à toucher même les cendres de mon animal. Pour d'autres, c'est compliqué. Mais dans les crématoriums, ils proposent aussi. Vous pouvez même arriver avec un bijou. Ça évitera que vous payiez 15 fois le prix d'un bijou normal parce que vous l'achetez au crématorium. Donc, vous pouvez l'acheter avant sur tous les sites qui existent, même sur Etsy. Vous pouvez ramener votre petit médaillon, par exemple, et dire, voilà, est-ce que vous pouvez me mettre des cendres à l'intérieur ? Ça, c'est une chose. Et il y a plein de sociétés qui font des bijoux magnifiques.
- Speaker #1
Et votre bracelet, on dirait un vrai bracelet.
- Speaker #0
Ben voilà.
- Speaker #2
C'est un vrai bracelet.
- Speaker #1
C'est un vrai bracelet,
- Speaker #0
pardon. Vous voyez, regardez. Je l'ai demandé parce que j'aime beaucoup le rose de le faire dans la couleur bronze. Ma Lola était une star, donc il fallait qu'elle brille. Donc, elle brille de mille feux. Et voilà.
- Speaker #1
Il y a des petites paillettes.
- Speaker #0
Il y a des petites paillettes. Et qui peut dire qu'il y a les cendres d'un animal dedans ? Mais moi, je la porte avec moi.
- Speaker #1
La perte d'un animal, on vient de l'entendre, est un sujet hautement intime, souvent incompris. Le fameux baromètre Estima 2024, que nous citons depuis tout à l'heure, s'est intéressé à cette question. Et il se trouve que 59,2% des endeuillés ne se sentent pas soutenus par leur employeur et 52% aimeraient qu'on leur propose un jour de congé. Alors, à qui s'adresser ? Dans cette deuxième partie, nous allons vous suggérer des oreilles attentives ou des groupes de discussion, comme les Cafés Compagnons. ... mais aussi parler de la manière d'aborder le décès auprès des enfants. Comment les mettre au courant ? Quand ? Et surtout, quels mots adopter ? Voilà des questions qui peuvent survenir au moment, par exemple, de l'euthanasie, un instant toujours, toujours compliqué à vivre. Grande question, certains d'entre nous doivent gérer la culpabilité liée au fait de choisir d'endormir son animal. Comment est-ce qu'on peut faire pour soulager ça, apaiser un peu ?
- Speaker #0
Il y a deux émotions. qui sont la tristesse et la culpabilité, qui restent le plus longtemps dans le deuil et qui sont presque des émotions involontaires. Parce que quand on se sent coupable ou quand on est triste, ça veut dire qu'on est encore en lien avec son animal. Quand la culpabilité s'efface et qu'on est un peu moins triste, on se sent coupable de ne plus être triste. Vous voyez ce que je veux dire ? Tellement, c'est pas normal de ne plus être triste. La culpabilité, c'est peu s'apaiser en se posant. La question de si on fermait les yeux, déjà est-ce que c'est qu'une pensée ou c'est la réalité ? Parce que nos pensées on en a plein plein plein toutes les secondes, donc ça c'est déjà la première chose. Deuxièmement, demandez l'avis extérieur de personnes qui sont proches. Troisièmement, imaginez que votre culpabilité ce soit un enfant proche de vous qui vous la raconte et qui raconte l'histoire à votre place. Est-ce que vous seriez aussi dur envers cet enfant ? Ou au contraire, vous essayeriez de lui apporter de la bienveillance et de la douceur. Si c'est le cas, essayez de l'amener un peu vers vous, cette bienveillance et cette douceur. Et la dernière, c'est de se dire, ok, je me sens coupable, d'accord. Si je ferme les yeux maintenant, objectivement, et que je retourne dans les mêmes conditions qu'étaient les miennes ce jour-là, les mêmes conditions, je dis bien, c'est-à-dire le stress du travail, peut-être l'enfant qui est blessé ou qui s'est fait mal, Eh bien, est-ce que je ferais la même chose ? Et en général, quand on est honnête, on se dit oui. On a fait ce qu'on a pu au moment d'eux avec ce qui était en notre possession. On est faillible, on est humain et c'est aussi accepter qu'on n'est pas des sauveurs. On n'est pas là pour leur sauver la vie, c'est dans le rôle qu'on met en fait. On met dans notre rôle le fait de leur donner à manger, de leur donner de l'amour, de leur donner des soins, de leur donner une maison et de les sauver coûte que coûte de tout. On n'a pas ce pouvoir.
- Speaker #2
J'allais rajouter que moi, j'ai été assistante vétérinaire longtemps, donc j'ai accompagné beaucoup de familles qui venaient pour la décision et le jour de l'euthanasie. Je pense que ce qui est important aussi, c'est que les gens comprennent que quand on prend cette décision, c'est pour enlever la souffrance de l'animal. Et que oui, sur le moment, c'est culpabilisant, mais qu'en fait, quand on regarde avec un peu de recul, c'est soit on laissait l'animal continuer à souffrir, soit on prenait cette décision qui est extrêmement difficile pour nous, mais qui n'est pas pour lui en fait. Et c'est nous qui souffrons, lui, on arrête sa souffrance. Et moi, c'est comme ça, en tout cas, que je le vois. C'est que c'est très difficile pour nous parce que nous, on le perd, mais lui, au moins, il ne souffre plus. Et ça, c'est vraiment le truc que je pense qui est hyper important. C'est que c'est la décision, je pense, une des décisions les plus dures à prendre. Mais en tout cas, elle est dans le sens de l'aider, de le soulager de ce qu'il ne peut plus supporter. Et une fois qu'on a ça en tête, c'est un peu plus facile. Parce que les gens disent souvent, vous faites qu'en tant que professionnel, quand il y a une euthanasie, pour rester... être pas pleuré avec les gens, etc. En fait, c'est qu'on a ce recul-là. Déjà, on n'a pas l'attachement à l'animal, ce qui est quand même vachement plus facile, parce que pour mes propres animaux, évidemment, j'ai pleuré comme tout le monde. Mais on a surtout ce recul de se dire, si on le propose, c'est que l'animal, il est au bout du bout du bout et qu'en fait, on veut juste le soulager. Donc ça permet aussi de retirer un peu ce fardeau de se dire que j'aurais pas dû le faire parce que le pauvre, j'ai mis fin à sa vie. Oui, mais on a mis fin à sa souffrance, surtout.
- Speaker #1
Les autres animaux de la maison, s'ils existent, passent-ils eux aussi par une phase de deuil ?
- Speaker #2
Complètement. Il y a des animaux qui arrêtent de manger, il y a des animaux qui deviennent tout tristes, qui sont complètement perdus, ou au contraire qui commencent à refaire plein de bêtises alors qu'ils n'en faisaient plus. On a vraiment de tout, comme chez les humains j'imagine. Donc oui, bien sûr que ça impacte tous les membres de la famille.
- Speaker #1
Sur la question de l'euthanasie, comment est-ce qu'on fait ce choix-là ? Et quand ? Surtout quand savoir quand ?
- Speaker #0
Alors déjà, je voudrais juste dire que l'euthanasie, c'est une action de donner une mort douce. Voilà ce que ça veut dire, euthanasie. C'est un mot qui n'est pas beau à prononcer. qui est dur dans la bouche, parce que c'est pas te, le te est une lettre qui est dure, mais quand on, l'étymologie du mot euthanasie, c'est l'action de donner une mort douce. Donc déjà, je pense que ça enlève pas mal de pression. Accompagner un animal en fin de vie, ou quand on vit la fin de vie de son animal, on est dans le déni souvent, on ne le voit pas décliner, on ne veut pas le voir décliner. Alors un, il y a ce que vous dit le vétérinaire, 2. C'est peut-être de replonger dans une ou deux vidéos qui ont été faites il y a quelques mois de son animal. Donc on voit là le déclin. Et il y a des questions à se poser comme des questionnaires de qualité de vie. Est-ce que l'animal fait pipi normalement ? Est-ce qu'il va à la selle normalement ? Est-ce que l'interaction est la même ? Est-ce que... Souvent, vous voyez, j'ai une personne qui va me dire « je suis contente, il a mangé un gâteau » . Oui, oui, oui. Un gâteau, qu'est-ce qu'il a mangé à côté ? Rien. Donc en fait, c'est revenir sur « est-ce que c'est ? » Ses habitudes ont complètement changé. Est-ce qu'il est aussi câlin ? Est-ce qu'il est aussi distant ? Est-ce qu'il est plus distant ? Est-ce qu'il aboie toujours après le facteur quand il vient sonner à la porte ? Est-ce qu'il se met en retrait ? Est-ce qu'il jeûne ? Est-ce qu'il y a des mal-êtres physiques ? Et quand on répond à ces questions quotidiennement, on peut commencer à se dire, voilà, je vois vraiment un déclin. Avec l'aide du vétérinaire, c'est à ce moment-là qu'on prend la décision pour arrêter les souffrances de son compagnon animal, tellement on l'a aimé, et on l'aime jusqu'au bout en oubliant les nôtres pour lui accorder lui. Une mort sans souffrance.
- Speaker #1
C'est quoi les Cafés Compagnons ? J'ai découvert ça.
- Speaker #0
C'est trop sympa. En fait, j'ai la chance d'être référencée chez Happy End Life et d'être aussi une formatrice chez eux. Happy End Life, c'est un média sur la mort qui ouvre plein de pistes pour les personnes qui sont endeuillées ou qui vont perdre quelqu'un et qui se renseignent. Ils ont ouvert des espaces de parole et C'est Sarah Dumont qui a ouvert des espaces de parole pour tous les endeuillés. Ces espaces de parole, au début, elle les a appelés les apéros de la mort. Autant vous dire que ça n'a pas excité le neurone de beaucoup de personnes, puisque la mort en France, au secours, c'est bien parce qu'il ne faut pas en parler. Elle pourrait nous voir si on en parlait. Elle pourrait venir frapper à votre porte. donc ça s'est appelé les apéros de la mort et ça continue de s'appeler les apéros de la mort ça se fait dans plein de villes en France il faut absolument qu'il y ait une des deux personnes parce qu'en général il y a deux personnes qui animent ces apéros. Une personne soit formée à l'accompagnement au deuil, très important, et une personne soit là aussi. Pourquoi deux ? Parce que si une personne devait quitter l'apéro parce qu'il est triste ou qu'il a... C'est bien qu'une des deux puisse aller lui apporter de l'aide. Et ensuite, on s'est rendu compte, comme je vous l'ai dit au départ, qu'on aime bien être entre nous. Donc après les apéros de la mort, il y a eu les veuvreries pour... évidemment les veufs. Il y a eu les orphelinades. pour les orphelins. Et on a décidé, avec Sarah, elle m'a dit, est-ce que tu penses qu'un café pour les animaux ? Je dis, bah oui, bien sûr. Et donc, on a créé un café compagnon. Les cafés compagnons, moi, j'en anime un par mois en visuel. Donc, ça veut dire que toute personne qui s'inscrit, qui va sur le site de Happy End Life et qui va dans les événements, et dans les événements, il descend jusqu'à café compagnon, il aura les dates. Sur mon site aussi, je mets les dates des cafés compagnons. Donc, il y en a un par mois en visuel. Et il y en a un tous les deux mois à Paris, au Café des Ausha.
- Speaker #1
Et c'est des groupes de parole ?
- Speaker #0
C'est des espaces de dépôt d'émotions. Et c'est un espace où les gens sortent de leur isolement. C'est un espace où ils entendent les autres, ils écoutent les autres. Ils peuvent être juste présents. Mais c'est surtout ne pas se sentir anormal. Parce que c'est une des premières choses que les personnes que j'accompagne me disent, en me disant, mais Irène, est-ce que je suis normale d'être bouleversée à ce point ?
- Speaker #1
Je précise, inscription obligatoire, mais entrée gratuite.
- Speaker #0
Oui, entrée gratuite, obligatoire tout simplement parce que comme on le fait ça dans un café, il faut quand même qu'on puisse dire au café combien de gens sont prévus pour qu'ils nous gardent un peu une table en particulier.
- Speaker #1
Se faire aider par un professionnel du deuil, bonne idée, mauvaise idée, évidemment bonne idée a priori.
- Speaker #0
Si on n'a pas de proches, alors il y a des personnes qui n'ont pas les moyens et qui n'ont pas l'envie d'aller vers un professionnel du deuil. Merci. S'ils ont des personnes bienveillantes autour, auprès duquel elles peuvent déposer, auprès duquel à n'importe quel moment elles trouvent de la bienveillance et de la douceur, il n'y a peut-être pas besoin. Si ce n'est pas le cas, s'il vous plaît, faites attention vers qui vous allez. Voilà, parce que la place de l'animal a changé, ce qui veut dire qu'il y a des métiers qui apparaissent... pour le bien-être animal et pour le rapport animal-humain. Et il y a beaucoup de personnes qui pensent que parce qu'ils ont perdu un animal et qu'ils font un métier en lien avec l'animal, ils sont aptes à accompagner ceux qui ont perdu un animal. On fait des formations, on se forme quand même. On se forme à des mots à dire ou des mots à éviter. On se forme à des actions à faire. Qu'est-ce que c'est accompagner ? Est-ce que c'est trouver une solution pour l'autre ? Est-ce que c'est lui donner des conseils ? Qu'est-ce que c'est qu'accompagner ? Si on cherche à donner des conseils, on est tous dans l'accompagnement. Si on cherche à aider la personne à tel point que la personne prend des rendez-vous peut-être 5, 6, 7 fois, on est tous dans l'accompagnement. L'accompagnement, c'est aussi rendre l'autre autonome. C'est lui laisser son autonomie et être là qu'au besoin. Un accompagnement, c'est être l'épaule ou la main, le pôle sur lequel vous pouvez poser la main, mais pas une béquille. Parce que si vous enlevez la béquille... Qu'est-ce qui se passe ? Donc pour moi, accompagner c'est un métier. Ce qui n'est pas forcément ce que pense tout le monde.
- Speaker #1
On se posait la question tout à l'heure de reprendre ou non un animal dans la foulée. Alors l'étude estima, en tout cas selon les interrogés, estime qu'environ 30% des gens reprennent un animal dans la foulée. Ça dépend de chacun, ça ? Il n'y a pas de bonne solution ni de mauvaise solution, Céline ?
- Speaker #2
Non, je pense que ça dépend vraiment de chacun. Ça dépend de l'animal qu'on perd aussi, de la relation qu'on avait avec lui, depuis combien de temps on l'avait, est-ce qu'on est prêt tout de suite à reprendre un animal et à recréer une relation ou pas. Et ça, c'est très, très, très fluctuant en fonction de la personne et de ses ressentis. Moi, par exemple, personnellement, je sais que j'ai besoin assez rapidement d'avoir un nouveau compagnon parce que j'ai besoin de retrouver ses rituels de sortie, de créer du lien. C'est des choses que moi je vais faire Plus facilement, je sais que j'ai des personnes autour de moi qui vont avoir besoin de plusieurs mois, plusieurs années, avant de passer le cap et de revenir chercher un loulou.
- Speaker #1
On va parler de l'ASPA avec toi, puisque le rôle de l'ASPA, c'est de recueillir et de faire adopter des animaux qui peuvent vivre 2, 3, 5, 10... 40 ans, soyons fous avec leur adoptant. Le jour où il décède, comment ça se passe ?
- Speaker #2
Alors, en général, l'animal est dans sa famille. Donc c'est la famille qui est quand même la plus endeuillée, forcément. En fonction de combien de temps il est parti, ça peut impacter l'équipe. S'il est parti très récemment, on savait que c'était un animal en fin de vie, on nous prévient que l'animal est décédé, l'équipe a quand même un petit pincement au cœur parce qu'elle est contente que l'animal ait trouvé un foyer. Mais il y a toujours cette perte au bout. Il y a des gens qui nous préviennent, même 10 ans, 15 ans après l'adoption. Et puis il y a des gens qui ne nous préviennent pas et c'est leur droit, il n'y a aucun souci avec ça. Quand ils nous préviennent, ce que font les équipes, c'est qu'évidemment elles prennent contact avec les gens, elles leur envoient un petit message de condoléances, elles s'associent à la peine parce qu'on sait ce que ça fait de perdre un animal. Et puis si c'est un animal qu'on avait beaucoup mis en avant, par exemple sur les réseaux pour trouver une famille, que cette famille se présente et que l'animal décède au bout d'un certain temps, on peut faire un hommage sur nos réseaux à cet animal en disant qu'on remercie la famille et puis en mettant en avant ce qui était chouette chez lui. pour aussi le faire vivre et aider la famille à passer le cap si on le peut. Après, on est assez limité parce que nous, à part leur dire qu'on est désolé, qu'on pense à eux, on ne peut pas faire non plus grand-chose de plus pour les aider. Mais quand les familles nous contactent, en tout cas, on n'hésite pas à revenir vers eux.
- Speaker #1
Sur le site de l'ASPR, on a aussi une foire aux questions, une FAQ comme on dit, dans la rubrique « Prendre soin » où sont répertoriés beaucoup de conseils liés au deuil animalier. C'est là que tu conseilles d'aller dans un premier temps en tout cas ?
- Speaker #2
Oui, c'est déjà une bonne chose. Après, écouter le podcast, ce sera bien aussi, parce qu'il y aura plein de bons conseils. Après, on a aussi créé là une plateforme qui s'appelle In Memoriam, qui permet d'aller déposer un témoignage sur un proche ou un animal qu'on a perdu pour faire vivre son souvenir, juste pour pouvoir montrer qu'on tenait à lui.
- Speaker #1
Sur le site de la SPA ? Oui,
- Speaker #2
c'est ça. On peut trouver sur le site. Et après, on peut ouvrir une page juste en souvenir, ou si on le souhaite. On peut ouvrir une cagnotte pour que nos proches et les gens à qui on demande puissent venir déposer de l'argent, ce sera pour la SPA, en souvenir de l'animal. Ça se fait beaucoup, de plus en plus de gens quand ils décèdent demandent à ce qu'il n'y ait pas de fleurs par exemple, et à ce que les gens donnent à des associations, et donc ce site-là le permet.
- Speaker #1
Pour les FAD, les dispositifs famille d'accueil définitif, auxquels on a consacré un épisode des Grandes Balades en décembre 2023 déjà, la SPA a installé un suivi personnalisé.
- Speaker #2
Oui, alors en fait nos animaux qui partent en FAD sont des animaux qui ont souvent des lourdes pathologies et sont des animaux qui restent à notre nom et qu'on place en famille d'accueil. Donc c'est des familles d'accueil définitives, elles les gardent jusqu'au bout, mais il reste la propriété de la SPA. Donc de toute façon ces familles-là et ces animaux-là sont suivis de A à Z puisqu'on paye les frais concernant leur pathologie. Donc le bureau des familles d'accueil est en contact avec eux très très régulièrement. Et en effet quand l'animal décède, les familles en général nous préviennent, on le sait même des fois en avance parce qu'elles nous appellent avant la prise de décision. Est-ce que je fais bien d'y aller maintenant ? Toujours les mêmes questions qui reviennent. Et une fois que l'animal est décédé, le bureau des familles d'accueil rédige une lettre de condoléances que le président de la SPA signe systématiquement pour envoyer à la famille. Et en général, la famille est très touchée et nous remercie vivement parce que ça montre une attention et qu'on sait que c'est important de perdre son animal et que c'est quelque chose de douloureux. Donc oui, on les suit vraiment jusqu'au bout.
- Speaker #1
La SPA compte plus de 800 salariés. et prend en charge en tout cas près de 45 000 animaux par an dans ces refuges. Toi Céline, tu es à travailler dans un refuge à Volpénil, on le disait. Que fait l'association pour aider ces salariés qui sont parfois confrontés, pour ne pas dire régulièrement, au départ d'un animal ?
- Speaker #2
Alors il y a plusieurs choses différentes. Déjà il y a les animaux qu'on perd en refuge, parce que même si on en sauve beaucoup, on en perd aussi en refuge. Pour cela, on essaye de faire des réunions d'équipe, on essaye de prévenir quand un animal va être euthanasié, on essaye de garder l'équipe avec soi et de pouvoir échanger si on en a besoin. Il y a un gros sentiment de culpabilité dans les équipes salariées comme bénévoles parce qu'on a tous l'impression d'échouer parce qu'on ne lui a pas trouvé de famille. C'est un sentiment qui est encore différent de celui de prendre une décision. C'est qu'on se dit qu'on n'a pas réussi à le sortir de là, il a fini sa vie avec nous, même si on l'a entouré d'amour, ce n'est pas comme un foyer. Donc ça, c'est vraiment le cap très compliqué à passer pour les équipes. On a malheureusement des fois des épidémies. Donc quand on a des épidémies sur des maladies qui sont très graves, on peut perdre plusieurs animaux sur une fréquence très courte. Donc c'est aussi très compliqué à gérer pour les équipes parce qu'on fait ce métier pour sauver des animaux, pas pour les perdre. Donc c'est vrai qu'il y a tout ça à accompagner. Donc ça, c'est vraiment le rôle du responsable, de son chef d'équipe quand il y en a un, et de l'équipe en elle-même de rester soudée et de savoir surmonter le moral les uns les autres. Et puis après, il y a la partie... Je perds mon animal de compagnie en tant que salarié SPA et là la SPA a mis en place un jour de congé. C'est-à-dire que pour chaque animal qui décède, votre animal à vous, le salarié peut demander un jour de congé comme on aurait un jour de congé pour la perte d'un proche humain en fonction des conventions, etc. comme dans toutes les entreprises après. Mais voilà, on a un jour de congé pour le décès de notre animal.
- Speaker #1
Je me base une nouvelle fois sur le baromètre Estima 2024 dont on parlait tout à l'heure qui évoquait justement la question de... la réception des entreprises à la paire d'un animal, 59,2% des répondants ne se sentent pas soutenus par leur employeur et 52,2% auraient aimé qu'on leur propose un jour de congé. C'est un truc qui devrait être normalisé, Irène ?
- Speaker #0
Moi, je pense que c'est quelque chose qui devrait être normalisé. Il y a une charte qui est sortie, qui s'appelle la charte du deuil animalier, qui a été créée par la société En Mouvement. J'ai participé parce qu'ils m'avaient interrogé là-dessus, pour justement que les gens signent cette charte, que ce soit du secteur public ou privé, pour octroyer un jour de congé à la mort d'un compagnon animal. Alors, il va falloir que ce soit encadré, si ça marche, parce qu'il y a forcément des gens qui, dès maintenant, commencent à vous dire... Et s'il y a trois animaux et qu'ils meurent tous les trois dans l'année, est-ce qu'on poserait cette question si c'était un humain ? Bien sûr que non, mais on le fait pour les animaux. Il va falloir un cadre, mais bien sûr, il y a de plus en plus de sociétés. Il y a déjà des sociétés qui travaillent avec les animaux qui ont posé. Presque tous les crématoriums animaliers proposent de poser un jour aux personnes qui travaillent chez eux, qui ont perdu leur compagnon animal. De plus en plus de sociétés acceptent que l'animal vienne travailler aussi au bureau. Et donc, quelque part, on voit l'amour qui se tisse. Et c'est peut-être moins difficile ensuite d'accueillir celle qui revient d'un deuil. Parce que c'est ça aussi. Comment on accueille quelqu'un qui revient d'un deuil ou du deuil de son animal ? Est-ce qu'il y a des choses à dire ? Est-ce qu'il y a des choses à faire ? Est-ce qu'on baisse la tête dans le couloir parce qu'on ne sait pas quoi lui dire ? Est-ce qu'au contraire, on lui dit « je suis juste là si tu as besoin » . Qu'est-ce qu'on fait face à tous ces gens qui quotidiennement perdent un être qu'ils aiment ? Donc il y a beaucoup de travail à faire encore.
- Speaker #2
Oui, et nous à la SPA justement on a fait ce travail avec la partie ressources humaines. Donc il y a toute une procédure qui est mise en place et il y a des protocoles en fonction de si c'est une perte d'un animal de refuge, une perte d'un animal de compagnie, la perte d'un proche, comment on accueille la personne quand elle revient de son congé suite à la perte de quelqu'un ou de son animal, justement pour accompagner au mieux les équipes. parce que c'est quelque chose qu'on vit tous tous les jours, ou presque, alors pas tous les jours, tout le temps, mais dans nos 800 sarlayers, forcément, il y en a qui vivent ça, tout le monde vit ça à un moment de sa vie. Donc on a vraiment mis en place tout ce processus, il y a eu un groupe de travail, on l'a fait avec une spécialiste aussi du deuil, etc., pour justement essayer d'aller trouver les bons mots, parce que, par exemple, quand vous êtes responsable de refuge et que quelqu'un perd soit son animal, soit un proche, et qu'il revient, on ne sait pas toujours. Enfin, on n'est pas psychologue, donc on n'est pas spécialiste, donc on ne sait pas toujours accompagner la personne. Donc, on a essayé de mettre en place le plus de conseils possibles pour que ce soit facile, vers qui se tourner si on a besoin, vers qui envoyer la personne s'il y a besoin.
- Speaker #1
Vaste sujet à développer dans les années à venir.
- Speaker #2
Et ce qui se fait aussi dans les refuges, c'est que, par exemple, si vous venez de perdre un compagnon chat et que vous n'avez pas envie d'aller travailler à la châterie pendant quelques jours, on ne vous fera pas travailler à la châterie pendant quelques jours et on vous laissera aller côté chenil. Pareil, si vous avez perdu un animal d'une pathologie spécifique et qu'on sait qu'il y a des animaux, un chien qui a la même pathologie, peut-être que vous n'irez pas travailler pendant une semaine, deux semaines avec ce chien-là si vous n'en avez pas envie, pour éviter qu'en arrivant sur place, ça vous rappelle votre souvenir de la perte de votre compagnon.
- Speaker #1
Céline, parenthèse, mais profitons-en. C'est le sujet, il y a beaucoup de fausses rumeurs sur la fin de vie des animaux en refuge, et notamment pour le dire tel quel ou tel qu'exprimé sur l'euthanasie. Oui. Un mot à dire là-dessus ?
- Speaker #2
Oui, à la SPA, donc nous, logo orange, on a voté en 2015 un statut zéro euthanasie, ce qui fait qu'on euthanasie les animaux que lorsqu'ils sont en souffrance à cause d'une pathologie. Et pour les chiens dits compliqués, ils ne sont euthanasiés qu'après le passage d'une commission qui se réunit une à deux fois par mois avec des spécialistes. Il y a pas mal de membres et la décision n'est prise que quand la dangerosité du chien est avérée. Donc le statut, c'est quoi qu'est l'animal. Tant qu'il est bien, il reste chez nous. Idéalement, il trouve une famille, mais en tout cas, il n'y a pas de décision d'euthanasie qui est prise à la SPA pour faire de la place. Ça n'arrive jamais chez nous.
- Speaker #1
J'ai deux dernières questions pour vous deux. Qui veut se lancer ? Est-ce que vous auriez des lectures à recommander ? On a parlé tout à l'heure d'une BD, des films, des choses culturelles à voir qui peuvent permettre de sortir un peu la tête ou en tout cas de réfléchir là-dessus.
- Speaker #0
Pour moi, il y a Christophe Auré, vivre le deuil au jour le jour. qui est un livre fait par ce psychiatre. Et en fait, il concerne tous les deuils. Il parle d'ailleurs pour un deuil humain, mais il est très riche de ressources et de compréhension pour essayer de comprendre ce qu'on vit et les étapes par lesquelles on passe, et le tsunami qui est le nôtre. Puisque lui, Christophe Auré, il compare, il aide à la réflexion en parlant d'une blessure, comme une blessure physique. Est-ce qu'une blessure physique, on s'étonne qu'elle mette si longtemps à cicatriser ? pas vraiment, mais par contre une blessure émotionnelle une blessure dans notre chair parce que quelque part comme vous le disiez tout à l'heure, quand on vit un deuil on vit aussi un deuil, des douleurs physiques et bien là on se dit, il faudrait qu'en 10 jours ce soit résolu, donc lire ce livre va vous donner beaucoup de ressources je trouve, il y a aussi, alors là je ne les ai pas tout de suite, peut-être que je pourrais les donner pour le mettre sur le site des ressources pour les enfants pour comment parler de la mort à ces enfants. S'il vous plaît, s'il vous plaît... Je sais qu'on a tendance à enjoliver, à mettre de l'édulcorant sur les mots, parce que les parents, c'est des mots qu'ils n'aiment pas prononcer, comme mort, comme ils diront plutôt il s'est endormi. Et oui, mais donc avec le risque que l'enfant ait peur de dormir. Il regarde le ciel, il est parti dans les nuages, c'est un nuage, ok. Alors s'il pleut, c'est qu'il pleure. Pourquoi il pleure ? Il est malheureux. Pourquoi je ne peux pas aller dans le nuage, moi non plus ? Donc il y a une façon aussi de se dire que les enfants sont... Quand on ne leur a pas mis justement tous ces interdits à la base, ils sont très ouverts à la compréhension. Quand on utilise des mots justes et qu'on les inclut dans toutes les cérémonies et tout ce qu'on peut faire en fonction des âges, bien sûr, mais proposer à un enfant d'assister à l'enterrement de son animal, il n'y a rien de mal à ça.
- Speaker #1
Céline ?
- Speaker #2
Oui, alors moi je l'ai fait avec ma fille. En effet, je trouve que c'est important d'utiliser les mots et les vrais mots parce que l'animal, il ne reviendra pas. Il n'est pas quelque part. En tout cas, moi, c'est comme ça que je vois les choses. Donc oui, malheureusement, il n'est plus là. On se souviendra de lui. On continue à l'aimer, mais il n'est plus là. Donc oui, je rejoins le fait qu'en effet, il faut en parler très ouvertement. et surtout sur les animaux, je ne sais pas si vous allez être d'accord, mais on a tendance des fois aussi à dire... il est parti dans une ferme où il est très heureux. Et alors là, le déchirement pour l'enfant, parce qu'il a l'impression qu'on l'a mis ailleurs et qu'on a pu pas d'aller le voir. Donc voilà, vraiment, il vaut mieux dire il était vieux, il était malade, il fallait arrêter parce qu'il n'était pas bien, plutôt que de dire il est parti dans une jolie ferme avec tous ses amis, parce que là, vraiment, c'est pas chouette.
- Speaker #1
Sur les recommandations culturelles, j'aimerais citer Apprivoiser le deuil animalier de Lynn Pion, éditeur Béliveau, la vie sans Boris de Stéphanie Bérubé. et Joël Bergeron aux éditions de la presse Attends-moi sur l'arc-en-ciel de Laura Vidal, publié en indépendant et puis dire un mot de Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Dufour qui est un espèce d'ovni à échelle de la littérature française puisque c'est un roman qui explore les liens entre le narrateur Cédric Sapin-Dufour et son chien, Ubac, un bouvier bernois pendant leurs 13 années de vie commune et puis un jour, Ubac meurt ... Et l'auteur doit faire son deuil. Un succès absolument surprise de la rentrée 2023, paru chez Stock, disponible en poche, écoulé à plus de 400 000 exemplaires. Et Cédric Sapin-Dufour, lui, aujourd'hui, parle des étapes du deuil, et notamment de la dernière, en tout cas selon la version classique qu'on évoquait, la reconstruction. Lui évoque un sirop agréable qui se fait ressentir une fois le deuil fait, le moment où on commence à se marrer, à repenser au moment de joie, au moment drôle. Au bêtise de son chien, sans que la tristesse ne l'emporte, un sirop agréable, ça vous va Irène ?
- Speaker #0
Le sirop agréable me va, le deuil fait me va moins. Pour moi, je reste persuadée qu'on vit un deuil toute sa vie et qu'on apprend à cheminer sans celui qu'on aime à nos côtés, mais avec lui en nous pour toujours. Donc pour moi, faire son deuil voudrait dire, oh bah tiens, aujourd'hui ça y est, c'est fini. Toute personne ayant vécu un deuil, quel que soit le deuil. pourra se retrouver à un moment, des années plus tard, pris par un chagrin indescriptible et se disant « mais ce n'est pas possible, c'est comme si j'avais vécu le deuil hier » . Ben oui, on continue de le vivre. Et donc c'est ouvrir aussi son cœur à se dire, c'est aussi une façon de dire « tu vois, je ne pourrais pas l'oublier parce que je le vivrai toute ma vie. Je vivrai toute ma vie sans toi, mais je vivrai le prochain chapitre grâce à toi » .
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci à vous.
- Speaker #2
Merci beaucoup. Merci.
- Speaker #1
Si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet ou tout simplement prendre contact avec Irène Combre, nous vous invitons à aller jeter un clic à ce site internet optionbonheur.fr. Le site internet de l'ASPA répond aussi évidemment aux questions les plus courantes, notamment relatives à l'enterrement. Pour ça, il suffit de lancer une petite recherche par mot-clé grâce à la loupe en Ausha droite de la page d'accueil. Merci énormément de nous avoir écoutés. On apporte évidemment toute notre force à ceux d'entre vous qui vivent la perte d'un animal. On pense fort à vous. Prenez soin de vous, prenez soin de vos animaux et à bientôt pour une nouvelle grande balade.