Speaker #0As-tu déjà reçu une injonction de pardon ? Du style, tu dois pardonner, avec soit une déclinaison catho, c'est ton devoir de chrétienne, ou une déclinaison thérapeutique, fais-le pour toi, ce sera libérateur. Perso, je dis stop à l'obligation du pardon, et je te dis pourquoi et comment dans cet épisode. Dans cet épisode, je te partage quelques clés de discernement sur le pardon et le cheminement qu'il demande. Qu'est-ce que le pardon ? Quels sont les pièges à éviter ? Quelles sont les étapes à respecter pour le vivre paisiblement ? Quels sont les critères d'un pardon chrétien ? Bienvenue à toi dans ce nouvel épisode du podcast Plus de Vie, un podcast par des femmes, pour des femmes. Plus de vie, c'est une thématique par mois, déclinée à travers des interviews, des partages, des réflexions et des méditations. Et c'est pour toi, femme qui cherche à être toujours plus vivante et incarnée. Buen camino ! Dans l'épisode précédent, j'ai accueilli Hélène Laloux, qui nous partageait l'accueil d'être une personne adoptée avec son double héritage. de sa famille biologique et de sa famille d'accueil. Aujourd'hui, nous abordons la question délicate du pardon. Comment aborder le pardon en n'étant pas dans l'obligation, mais plutôt dans un chemin réel de libération ? Je lance un accompagnement, la paix du cœur. Le pardon est un des nombreux sujets qui sera abordé dans ce parcours d'accueil et d'accompagnement de ces émotions, de libération de ces blessures d'enfance. Écris-moi si ça t'intéresse. à cécile.coachplusdevie.com Comme je le disais tout à l'heure, peut-être as-tu déjà reçu une injonction de pardon du style tu dois pardonner Soit parce que c'est censé être automatiquement libérateur, soit parce que tu es catho ou chrétienne et qu'on te dit que c'est... obligatoire. Alors j'ose ici aller à contre-courant et t'encourager à dire stop à ces injonctions et de prendre vraiment le temps dont tu as besoin pour cheminer en respectant ton propre rythme. La question du pardon n'est pas souvent abordée. Sur les réseaux sociaux on encourage davantage les passages à l'acte et la réaction rapide qu'un temps long de maturation qui est pourtant nécessaire pour digérer ce qui a blessé. Le passage à l'acte ça peut soulager sur un temps court, mais en fait ça ne permet pas une libération réelle, profonde, pas plus que ces injonctions de pardonner, du reste qui cherchent un peu à passer au-dessus, à sublimer un peu trop vite ce qui a ��té vécu comme mal subi. Sur mon chemin, j'ai eu deux pardons plus significatifs à donner. Le premier a été vis-à-vis de celle qui est maintenant ma belle-mère, ce monde épouse de mon père, mais qui était alors la maîtresse de mon père. C'était forcément de sa faute à elle, si ça n'est pas entre mes parents. C'est tellement plus confortable d'accuser un tiers que d'accuser ses parents qu'on aime forcément, même si ça peut être compliqué les relations, notamment à l'adolescence. Du coup, j'avais vraiment la haine, comme on dit, contre elle. Et ça me faisait souffrir. Donc c'est sûr qu'avoir de la violence en soi contre quelqu'un, de la colère, ça peut faire souffrir. Moi j'étais aussi déjà pratiquante, croyante, et pour moi ce n'était pas incarner les valeurs de l'Évangile, d'avoir cette haine dans le cœur. Donc c'est vrai que j'en parlais à Dieu, je priais sur la question. Et j'ai vraiment reçu une grâce à Noël, une veille de messe de minuit de Noël, à Fontainebleau, dans l'église des Carmes, où j'ai vraiment senti que je recevais le pardon dans mon cœur. Et même si je ne revoyais plus cette personne à cette époque-là, j'ai vraiment su instantanément que le pardon était là. C'est un aspect du pardon qui peut être... Tout le monde ne va pas se sentir concerné par ça. Mais moi, j'aborde la question aussi avec mon histoire et mon chemin. Et c'est pour dire que pour moi, c'est d'abord une grâce. C'est aussi quelque chose qu'on reçoit, qu'on peut demander, chercher. Mais ce n'est pas quelque chose qu'on atteint à la force du poyer. Quand on dit que tu dois pardonner, c'est comme si c'était quelque chose que tu pouvais obtenir du jour au lendemain par un claquement de doigts. C'est pas du tout aussi évident. Moi, j'ai dû me battre avec moi-même un certain temps avant de pouvoir le donner. Et en fait, j'ai pu le donner finalement quand j'ai lâché. Donc le premier pardon, c'était celui-là, où ça m'a aussi permis... Je ne le savais pas à l'époque, mais j'avais une petite sœur qui était en route. Et en fait, quelque part, ce pardon, c'est pas anodin que ce soit Noël. C'était aussi une manière d'accueillir, me préparer à accueillir Marine, ma petite sœur, qui allait arriver. Donc des fois, il y a des choses qui se mettent en place aussi dans un chemin dont on n'a pas forcément conscience, mais qui sont significatives si on arrive à les regarder comme ça. Le second gros pardon que j'ai eu à accorder, c'était vis-à-vis de mon agresseur, le pédophile qui m'a agressée quand j'étais enfant. Ça, je vais t'en parler un peu plus tard et au fur et à mesure. Et là aussi, ça a demandé du temps, du cheminement. Et je me suis battue avec moi-même avec cette obligation de pardon, donc c'est aussi pour ça que j'aborde la question de cette façon-là. Alors je reviens peut-être d'abord à la base, qu'est-ce que c'est que le pardon ? Alors j'aime bien les mots, vous le savez, il vient du latin per plus donare, donc ça peut être traduit par donner, et le petit préfixe per c'est jusqu'au bout. Dans le pardon il y a la notion de don, de donner. Le pardon, c'est un cadeau, un don offert à la personne qui a blessé, et il est donc gratuit, ce qui peut être difficile à vivre, tant pour la personne qui pardonne que pour la personne qui reçoit ce pardon. Si vous avez le goût de méditer le cycle de Joseph dans la Bible, c'est dans le livre de la Genèse, les chapitres 37 à 50, vous pouvez observer le point de vue de Joseph, et puis le point de vue des frères, au moment où leur... père mort en jeunesse 50 15 et 21 quand jacob meurt les frères bomba un petit peu de doute sur est-ce que joseph a vraiment pardonné donc on va on va dire à joseph que notre père a demandé que donc voilà donc on a comme un doute sur le fait que c'est réel et ça peut arriver aussi à la personne qui reçoit le pardon de croire d'avoir un comme un doute sur la réalité parce que c'est ça paraît tellement énorme donc on peut aussi devoir se sentir redevable Donc c'est pas forcément évident pour les deux parties, pour aucune des deux parties. Moi je vais aborder plus dans cet épisode vraiment l'aspect de donner le pardon, mais c'est sûr qu'on pourrait aussi le voir dans le sens inverse. Alors il y a ce petit préfixe perd qui se trouve perdonare ce qui donne le pardon, qu'on trouve aussi dans perfection Littéralement ça veut dire fait jusqu'au bout Donc si vous buvez une tasse de café jusqu'au bout, vous atteignez la perfection. Faire jusqu'au bout, et pas dans la notion étymologique de perfection, il n'y a pas quelque chose de parfait, il y a là quelque chose de fait entièrement, complètement. Et dans le mot pardon, il y a cette signification de donner entièrement, sans arrière-pensée, sans limite, et c'est un don total, gratuit. Alors c'est pas rien, rien que de voir ça, rien que de voir ce mot-là, ça nécessite, pour donner ce don gratuit, entier, de prendre son temps. c'est pas rien du tout donc accueillir que ça va sans doute demander du temps que ça va pas se faire en un clin de doigt même si voilà le moment t où par exemple moi j'ai reçu cette grâce de noël ça a été rapide et ça a été plaigné je l'ai vu après par la paix que j'avais quand j'ai pu revoir celle qui qui allait devenir ma belle-mère et rencontrer la petite sœur il y avait plus du tout derrière de de voilà de haine vis-à-vis d'elle alors que avant c'était pas le cas donc ça peut être très rapide l'instant t Mais le cheminement, il prend plus de temps. Donc c'est de ce cheminement dont on va parler aussi aujourd'hui, sur lequel je vais mettre la lumière. Alors, quels sont les pièges à éviter ? Le premier, c'est de mettre la charrue avant les bœufs. Je me souviens d'une rencontre avec un conciliateur de justice, c'était un juge à la retraite, qui, comme un certain nombre de juges, devenait conciliateur de justice, pour permettre, avant d'aller au procès, d'avoir une solution qui soit trouvée, qui soit agréée par la justice, pour éviter les procédures qui peuvent être très longues. Or, ce conciliateur était chrétien, il était protestant, et il avait un bon nom. un vrai croyant. Et là, une famille arrive, et en fait, le frère aîné a violé sa sœur, qui est plus jeune que lui. Et en fait, un peu, voilà, un peu influencé aussi par ces valeurs chrétiennes, il pousse, en fait, la personne qui a été violée au pardon, pour éviter de faire toute la démarche judiciaire. et en fait la personne signe signe le papier voilà ça se fait mais 15 jours plus tard il apprend que cette femme s'est suicidée il en parlait il était encore très ému moi aussi quand il m'en a parlé j'ai été j'étais très aimé aussi et et là c'est vrai qu'on a on a parlé ensemble de ça de pas mettre la charrue avant les fins de pas mettre la charrue avant les bottes de mettre la charrue avant les bouts tu peux pas ne pas faire les choses dans l'ordre et que Mettre la pression comme ça sur un espèce de pardon qui est irréaliste parce qu'il n'y a pas de reconnaissance réelle des faits, ça ne va pas marcher. Ça va blesser et là en l'occurrence, ça a conduit au suicide de cette personne. Donc ce n'est pas rien du tout. Là bien sûr, on parle d'abus sexuels, donc de choses graves, mais c'est important de regarder ça. La première étape, c'est quand même, ça va être de reconnaître ce qui s'est passé. On va le voir après en miroir dans la deuxième étape. Ne pas mettre la charrue avant les bœufs, faire les choses dans l'ordre et donc accueillir déjà ce qu'il y a avant d'aller directement au pardon. On ne peut pas aller au pardon directement. Le deuxième point, ça peut rejoindre aussi le premier, c'est tout ce qui est la pression qu'il peut y avoir. La pression interne, voilà je suis croyante, je dois faire ça comme ça. La pression sociale, la pression familiale, la pression thérapeutique, la pression spirituelle. C'est tout ce qui est derrière le tu dois pardonner Je vous mettrai dans la description le lien vers un article de Pascal Brion, qui est une psychologue québécoise, qui en parle, qui parle des effets pervers justement de cette injonction de pardon. Donc je vous mettrai le lien pour que vous puissiez le regarder. Moi j'ai eu une pression comme ça à vivre dans le cadre de cette démarche que je faisais vis-à-vis de mon agresseur. J'ai voulu prévenir la... La femme de mon agresseur, qui était une cousine de maman, parce qu'elle gardait régulièrement ses petites filles, et qu'elles avaient l'âge que moi j'avais quand je me suis fait agresser par son mari, donc j'ai voulu la prévenir personnellement, sa famille refusant de prendre cette responsabilité-là. Donc ce n'était pas du tout évident pour moi de faire ça. Donc je l'ai prévenue, elle est venue au monastère pour que je fasse ça. Ça a été très tendu comme rencontre. Même si elle n'a pas du tout dénié l'effet, elle a tout à fait reconnu que c'était possible. Mais il y avait toute cette pression. Le lendemain, elle m'appelle en me disant on va venir avec X, je ne vais pas donner son prénom, et demain, on va venir à la messe, après on reviendra en marchant le long de la rivière, et puis après, il va te demander pardon, et puis après, ce sera bon. Donc c'est comme le pardon magique, là. On demande pardon, mais quelque part, pourquoi ? Pour avoir la paix soi-même. C'est-à-dire, là, c'est l'agresseur ou son épouse qui va être pris dans la tourmente de l'agression, de ce qu'a fait son mari, de préservation de la famille, de la préservation de l'image. Et donc, c'est un pardon où je mets de la pression, mais finalement, pour avoir la paix. Et ça rejoint un petit peu ce troisième point des pièges à éviter. qui est l'aspect stratégie du pardon, qui est utilisé par l'agresseur pour continuer. Marie-Marcelle Alifim parlait beaucoup de ça, en disant attention, attention, en milieu chrétien, on va parler facilement du pardon et tout ça, qu'il faut pardonner tout ça. Ça peut être, et on va dire, de demander pardon. C'est-à-dire que si on est du côté d'avoir mal agi, on va dire il faut que tu demandes pardon Et elle disait attention, n'allez pas trop vite avec ça Parce que demander pardon, ça peut être une stratégie. Je te fais du mal, et donc après je te demande pardon, et après c'est fini. Je me souviens, j'ai accompagné un certain nombre de femmes qui ont vécu de la violence conjugale. le nombre de fois où j'entends que voilà l'homme après avoir battu gentiment entre guillemets sa femme lui demande pardon en disant je suis désolé je leur ferai plus jamais voilà on exactement dans cette stratégie de pardon qu'elle soit consciente ou inconsciente donc j'ai fait le mal je le reconnais mais c'est juste pour pouvoir recommencer donc soi même voilà en tant que soit en tant qu'un agresseur comme en tant qu'agressé j'allais dire quand on quand on fait quelque chose de manière répétitive et qui blesse l'autre, faire attention à ce contexte de demande de pardon. Est-ce que c'est pour juste avoir la paix, ou est-ce que je fais un vrai chemin de reconnaissance réel ? Donc ça, c'était les trois pièges à éviter. Mettre la charrue avant les bœufs, résister à la pression sociale pour s'écouter soi, et faire attention à la stratégie du pardon, qui est juste pour recommencer. Maintenant, je vais vous prendre à l'inverse les trois points. Quelles sont les étapes à respecter justement pour pouvoir vivre un pardon qui soit réellement libérateur et pas justement une stratégie qui va te mettre à mal ? Donc la première étape, c'est la reconnaissance des faits. Qu'est-ce qui s'est passé ? Le reconnaître soi-même. Des fois, on peut avoir des oublis aussi, ou bien on va justifier pour... Pour trouver sens aussi, pour que ce soit vivable pour nous, des fois c'est pas simple de reconnaître ce qui s'est passé réellement, on va minimiser, c'est pas évident, et l'autre aussi. Donc il y a une relative reconnaissance aussi par l'autre ou le groupe de ce qui a été. Ce qui sont deux choses, deux étapes déjà, en elle-même, la reconnaissance par soi-même, c'est la première et c'est très important. Et aussi une reconnaissance relative des faits. Des fois, ce n'est pas possible que ce soit par la personne elle-même qui est agressée. Parfois la personne est morte, parfois la personne ne va pas être en capacité réelle de reconnaître les choses. Moi, mon agresseur est clairement quelqu'un qui a un profil qu'on appelle pervers narcissique, donc tu n'as aucune empathie. Comment tu veux que quelqu'un qui n'a aucune empathie reconnaisse réellement ce qui s'est passé ? Moi, il a minimisé l'effet pour justement s'en sortir le plus possible. Et donc, on a une relative reconnaissance qui, moi, qui m'avait laissé vraiment un sentiment de dégoût. Parce que du coup, tu te retrouves, tu reconnais sans reconnaître, tu reconnais ce qui t'arrange pour ne pas reconnaître le plus. Ça peut être très agréable d'avoir une espèce de reconnaissance partielle malsaine. Et donc, parfois, ce qui va être libérateur, c'est une reconnaissance par un autre. que ce soit une psychologue, que ce soit des proches, que ce soit moi personnellement. Je sais que quand je me suis posé la question d'engager la démarche en justice, j'ai demandé conseil à mon accompagnatrice là-dessus, et elle m'a dit prends le temps de décider parce que c'est une procédure longue, donc c'est une procédure qui peut être très lourde parce que régulièrement on va te rappeler. On va te faire raconter ce qui s'est passé, donc c'est lourd. Mais ce qu'elle m'a dit comme témoignage retour d'expérience, pour beaucoup, c'est une reconnaissance de ce qui s'est passé. Et du coup, c'est aussi libérateur. Et pour moi, je reconnais que sur mon chemin pour aller vers le pardon, vers mon agresseur, engager la démarche légale, avoir cette reconnaissance officielle par la justice, qui a eu du mal, même quand, voilà, y compris quand la peine prononcée à la fin est absolument ridicule et pas proportionnelle à ce que ça a pu vivre. En fait, le fait qu'il y ait reconnaissance officielle de ce qui a été, eh bien, ça fait partie vraiment du processus de libération. Et ça, c'est la première étape pour moi fondamentale que tu ne peux pas éluder et qui a été éludée, là, par exemple, par le conciliateur de justice. On a voulu, voilà, on est passé direct à l'étape pardon sans passer par cette étape de reconnaissance qui est fondamentale. Une autre clé que je voulais te donner, que tu connais sûrement, c'est les phases du deuil d'Elisabeth Kübler-Ross. Bien sûr, ce modèle peut être combiné, critiqué, tout ce que tu veux, il l'est, mais il donne des étapes un petit peu, qui est normalement pour le deuil proprement dit, mais qui peut être vécue pour d'autres deuils. Dans le pardon, il y a eu quelque chose qui ne s'est pas bien passé, donc il y a un deuil d'une situation qui n'aurait pas dû être, quelque part. Je trouve que c'est une clé intéressante, parce que justement sur ce chemin, les étapes qu'elle donne, je les répète ici, le déni, la colère, le marchandage, l'abattement et l'acceptation. Donc des fois, on va, par exemple, le déni, on va minimiser ce qui s'est passé, on va continuer à fonctionner comme s'il n'y avait rien qui s'était passé. Ça fait partie du chemin. La colère, ça peut mettre du temps à venir, mais le fait de pouvoir exprimer sa colère, justement, Pascal Brion insiste sur cette étape qui fait partie souvent du processus, c'est important. Moi, je me souviens que quand j'ai lu... Quand mon agresseur a été convoqué à la gendarmerie la première fois, quand j'ai lu le rapport de ce qu'il disait par rapport à mon témoignage, en fait, il niait tout. Il disait Ouais, il te manque quelque chose dans ton couvent et tout ça, dans son couvent et tout ça, elle invente. J'étais mais en colère. Et quelque part, c'est la première fois que la colère est montée. Ça ne veut pas dire qu'avant, je n'avais pas de colère, mais c'est le fait qu'il nie ce qui s'est passé. qui moi m'a vraiment fait sortir de mes gonds intérieurement et très fortement, alors que je n'avais jamais réellement senti de la colère comme ça. Ça fait partie de ce qui permet de différencier de ce qui a été vécu, différencier du mal subi. Je ne suis pas d'accord avec ce qui s'est passé. Donc c'est un chemin aussi libérateur. Marchandage, ça va être le qu'est-ce que je fais avec ça ? Oui, j'ai vécu ça, mais peut-être que ça ne vaut pas la peine de faire la démarche en justice. Voilà, donc tous les questionnements qui peuvent venir en lien avec la situation. L'abattement, l'état dépressif, ça c'est aussi normal. Il y a comme une phase de deuil qui fait partie de l'énergie qui peut être plus basse parce que tu dois intégrer tout ça qui est douloureux. Et l'acceptation, sublimation parfois, il y a différents termes après pour dire ça. Ce n'est pas juste une acceptation passive, j'allais dire, c'est qu'est-ce que je fais avec ça finalement, quel sens je donne à travers ça. Et ça, encore une fois, la seule personne qui peut le faire, c'est toi. Ce n'est pas quelqu'un d'autre qui dit ah ben le sens c'est ça Non, non, non, non. C'est vraiment de l'intérieur, de toi que ça vient. Personne ne peut te donner un sens précis par rapport à ça. L'autre étape, ça va être respecter son propre temps et ses propres choix. Par rapport à la démarche de pardon, c'est l'inscription dans le temps long, dans ses propres choix à soi. Par exemple, la femme de mon agresseur partait un peu sur un chemin de spiritualisation. Quand elle me disait de venir au monastère et de demander pardon après la messe, de marcher dans la campagne, c'était très bucolique. Mais c'était son propre temps à elle et ses propres choix à elle. Et moi, je lui ai dit, je vais parler de ce que vous parlez juste après, de Véronique Margron, ce que m'avait dit Véronique Margron. Et je lui ai dit, en fait, non, ce n'est pas respectueux de qui je suis parce qu'il y avait une espèce de pression aussi morale sur le fait, tes sœurs, tu dois encore plus pardonner. Et donc, un espèce de chantage affectif assez pourri. Et moi, j'ai pu mettre un stop grâce justement à la clé que je vais vous donner juste après. sur le fait de mettre des limites et de respecter mon propre temps, mes propres choix. Pareil, j'ai aussi un oncle et une tante qui sont très croyants et qui m'encourageaient vraiment à pardonner, qui n'étaient pas d'accord avec le fait que j'aille en justice. Bon bah, même si j'aime beaucoup cet oncle et cette tante, là aussi je me suis positionnée en disant bah non, moi j'ai besoin de faire cette démarche en justice, j'avais besoin aussi de prévenir aussi... Quelque part pour qu'il y ait une trace si d'autres avaient été agressés dans la famille, ce qui est possible. Et donc qu'il y ait une trace au niveau de la justice par rapport à ça. C'était prévenir, c'est dans le cadre de prévenir pour moi. Donc c'est ça qui faisait sens pour moi, c'était de prévenir. Et donc j'ai fait cette démarche. Donc ça c'est très important de respecter son propre choix, sa propre démarche. Alors passons sur la partie du... Quels sont les critères d'un pardon chrétien ? Là-dessus, je me base sur une clé qui a été vraiment très importante pour moi, qui m'a été offerte par Véronique Margon, qui était ma prof de théologie morale quand j'étais moniale, et qui nous a fait un parcours en partant de la théologie spirituelle, en abordant les jours saints, en fait, et voir quelles sont les implications morales, de théologie morale, finalement, de ces jours saints. Et en abordant le Vendredi Saint, elle a abordé la question du pardon. Et elle a fait une distinction entre deux types de pardon qui, pour moi, depuis, reste une clé importante de discernement par rapport aux situations. Et cette clé, je la transmets vraiment, notamment aux personnes qui ont vécu des abus, parce qu'on ne peut pas mettre tout sur le même plan. Donc, après avoir fait cette distinction, je témoignerai de l'importance que cette clé a eue pour mon propre chemin. Voilà. Donc... Elle distingue d'une part la vie fraternelle, donc le... Le contexte d'une vie ensemble, ça peut être transcrit en vie familiale, en vie dans le cadre du travail, enfin dans tous les lieux où on vit de manière ordinaire ensemble. Le texte de référence pour cet aspect est l'évangile de Matthieu, chapitre 18, verset 21-22. Alors Pierre s'approcha et lui dit, Seigneur, quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois lui pardonnerai-je ? Jusqu'à sept fois, Jésus lui dit, je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. En fait, je t'invite à lire tout le chapitre 18 de Matthieu, et pas seulement ces deux versets, car il donne vraiment le contexte de cette demande de Pierre. Donc le groupe des douze n'est pas homogène, les relations ne sont pas faciles, et au début de ce chapitre, les dix-huit demandent à Jésus qui est le plus grand. On peut sentir les rivalités au sein du petit groupe qui entoure Jésus et vit avec lui au quotidien. Jésus en parlant des petits et de la place centrale que le petit doit avoir et des responsabilités de ceux qui sont en charge vis-à-vis de ses petits. Ensuite, il aborde la question de la correction fraternelle, de la force de la prière pour construire ses relations. Et la question de Pierre arrive à ce moment-là. Le contexte est clairement celui d'une vie commune et communautaire. Le pardon est accordé dans le cadre d'accueil de la différence des blessures quotidiennes que l'on peut s'infliger mutuellement par le fait de vivre ensemble. de partager un quotidien, qu'il soit de vie commune, de travail. Dans ce cadre-là, Jésus dit de pardonner 70 fois cette fois, c'est-à-dire non pas 490 fois, mais à l'infini. Les nombres sont symboliques. Cette fois, c'est déjà la plénitude, la totalité, la perfection. Donc pardonner 70 fois cette fois, ça veut dire qu'il n'y a pas de limite à donner à ce pardon quotidien, ce lâcher-prise, cette ouverture à la différence. Donc ça, c'est le premier contexte. Souvent, Ce que nous disait Véronique, c'est que cette parole, elle va être appliquée à tout. Et elle dit, ben non, c'est un contexte particulier, le contexte de la vie fraternelle, le fait de vivre dans une communauté, dans un groupe, et donc ça ne s'applique pas à tout, tout le temps, on est dans un contexte spécifique. L'autre parole qu'elle va nous citer, c'est précisément une parole que Luc nous rapporte, donc chapitre 23, verset 34. Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. Là, le contexte n'est pas du tout le même. C'est Jésus qui dit cette parole quand il est sur la croix, il est en train de mourir. Après avoir été jugé injustement, torturé et planté sur une croix, qui était la manière de mourir vraiment laissée aux criminels. Par exemple, un citoyen avait le droit de mourir par l'épée, ce qui était quelque chose de mieux vu. Donc c'était en plus une mort infamante. Et une torture, bien sûr. Et là, il ne dit pas Tout est ok, je vous pardonne, moi je suis le fils de Dieu, donc il n'y a pas de problème. Il n'est pas du tout dans cette dynamique-là. En fait, il remet à Dieu, à son Père, le pardon. Il dit Père, pardonne-leur. Et puis, ils ne savent pas ce qu'ils font. Donc, il n'est pas lui-même en état de donner ce pardon. C'est un don qu'il demande au Père, qu'il demande à recevoir du Père. Saint Ignace dirait que c'est une grâce à demander. Et nous, quand on fait des injonctions de pardon parce qu'on est chrétien, on peut quand même se demander si le Christ lui-même fait la demande à Dieu de lui, de mettre ce pardon, d'émettre lui-même ce pardon, pour qui nous prenons-nous quand on vit des choses qui sont de l'ordre de la mort, de l'injustice profonde, des abus ? de croire qu'on peut pardonner nous-mêmes et que tout va aller bien. Je trouve ça très libérateur de voir ça comme ça. Bien sûr que le Christ fait cette demande et en tant que croyant, on peut demander cette grâce. C'est même ça notre chemin, c'est de le remettre, toujours demander à Dieu cette grâce du pardon. Mais voilà, c'est différent. Ça peut paraître similaire, mais c'est très différent de demander cette grâce du pardon que de se l'imposer ou croire qu'on peut le faire par soi-même. Quand nous vivons des situations injustes, inhumaines, cruelles, des abus, en tant que chrétien, nous sommes appelés à demander cette grâce et pas à prétendre le faire nous-mêmes. Il y a des prières souvent dans les demandes de grâce qui sont... ce n'est pas dans mes propres forces que je me confie, mais dans la grâce que Dieu va me donner, eh bien, on est vraiment dans cet ordre-là pour cette question du pardon. Et si même, voilà, dans la foi, si on est croyant, si même le Fils de Dieu n'a pas... pu dire tout va bien, je vous pardonne avec un petit geste de bénédiction, qui sommes-nous pour nous pouvoir croire qu'on peut le faire quand il y a des situations d'injustice ? Donc moi, c'est la distinction de Véronique Margon entre le contexte de vie fraternelle, où on est vraiment appelé à toujours pardonner dans les cas de blessure, on va dire, ordinaire, parce qu'on est différent. Donc on se blesse aussi tout simplement parce qu'on est différent, parce qu'on a du mal à se comprendre, parce qu'on est juste des êtres humains. Et donc là, le fait de pardonner, c'est le fait de lâcher, de ne pas tenir forcément à son point de vue, d'essayer de s'ouvrir au point de vue de l'autre aussi. Il y a une démarche de... d'aller au-delà de nos différences. Donc là, c'est une chose. Et donc là, Jésus nous demande de pardonner toujours, à l'infini, on va dire. Et un autre contexte, qui est celui de l'injustice, de la mort, de la blessure profonde. Et là, Jésus demande au Père, Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. Donc pour moi, quand j'ai entendu ça, là je passe à la partie témoignage, ça m'a profondément touchée. J'ai dédugé en fait en cours. Il y a un frère qui m'a demandé à la sortie, ça va, je l'écoute pris pour moi, je ne peux pas te dire de quoi il s'agit. Mais voilà, moi j'étais en plein dans la démarche judiciaire, en plein dans la volonté. Vraiment, j'étais en mode pélagien, comme on dit en théologie catholique. Donc le moine Pélage, c'était un moine du IVe siècle qui croyait qu'on se sauvait à la force du poignet. Donc on faisait tout par soi. Et moi, j'étais un peu dans cette démarche-là de vouloir pardonner à tout prix parce que j'étais moniale, parce que j'étais chrétienne. Donc, il fallait absolument que je pardonne. Et quand j'ai entendu ça, ça a ouvert, on va dire, une porte à l'intérieur de moi. Ça a comme enlevé une pierre pour une source qui pouvait enfin jaillir. Et j'ai demandé à pouvoir rencontrer Véronique Margon pour lui parler personnellement de ce que j'ai vécu. Et là... Elle m'a dit Oh là là, surtout, vous ne mettez pas cette obligation de pardon sur le dos. Vous avez déjà la culpabilité de ce qui vous est arrivé. Donc, on voit bien qu'elle connaît bien comment fonctionnent les victimes d'abus sexuels. En effet, on se sent responsable de ce qui s'est passé, on se sent coupable de ce qui s'est passé. Et donc, elle m'a dit Vous ne mettez pas en plus l'obligation de pardonner. Et elle m'a partagé, parce qu'elle accompagnait des anciens déportés, comment ça s'est passé pour plusieurs qu'elle a accompagnées. Elle dit que le pardon, votre travail, c'est justement de remettre ça à Dieu et pas du tout de vous forcer à quoi que ce soit au niveau du rythme. Et donc, les témoignages qu'elle me donnait, il y en a un, ça va être qu'on tombe sur le procès de Touillier, on regarde les nouvelles et tout d'un coup, quelque chose tombe sur l'histoire. qui est en lien avec la Deuxième Guerre mondiale et ce qui s'est passé pour la persécution contre les Juifs. Et elle dit, d'habitude, quand ces nouvelles arrivent, qui sont en lien avec ça, ou un film le soir qui est annoncé sur cette question, la personne était prise par l'angoisse, pouvait pleurer, pouvait être très touchée. Et là, tout d'un coup, alors que cette nouvelle arrive, elle ne réagit plus du tout pareil, elle a la paix en elle. Elle a pu dépasser ça, ce qui ne veut pas dire que le mal subi s'est envolé, mais il y a comme une paix qui s'est installée. Un autre, elle disait, il allait à la pêche et puis en allant à la pêche, tout d'un coup, il sent la paix dans son cœur et c'est terminé. Donc, elle dit, chacun a pu finalement atteindre la paix à un moment, mais c'est arrivé au bout d'un chiminement et pas comme ça à la force du poignet. Donc c'est important de saisir ça. Pour moi, ça a été une enclume qu'elle m'a enlevée de mes épaules. Je ne me suis plus du tout obligée à pardonner. Comme je vous ai dit tout à l'heure, ça m'a aidée à me situer très clairement vis-à-vis de la femme de mon agresseur qui me faisait une espèce de chantage affectif par rapport à ça. Et de dire ce qu'elle me disait, oui, t'es moniale, tu dois pardonner, tout ça. Non, en fait, ce n'est pas tu dois. Ça sera à mon rythme et quand je pourrai. Et de fait, c'est venu, mais quelque part de manière paradoxale, aussi parce que j'ai fait cette démarche de justice. Donc, en résumé, voilà, quelques critères importants, c'est vraiment te respecter, respecter ton temps, respecter ce que tu veux faire, respecter ce que tu sens, agir par choix et non sous pression, qu'elle soit interne ou externe. Et pour finir, après ce petit résumé, je voudrais partager un outil de PNL, donc programmation neurolinguistique, on en parlera peut-être une autre fois, et qui s'appelle précisément le pardon. Et j'ai trouvé ça assez étonnant quand j'ai fait ma formation de PNL. Et que fait-on dans ce parcours ? On va donner à la personne qui a fait mal les ressources qui lui manquaient. Ça, c'est un autre, un dernier aspect que je voulais partager. Ça rejoint ce que nous transmet Mettez Marie-Marcelle par rapport à... On avait un séminaire qui s'appelait La restauration des forces dans l'expérience traumatique et Marie-Marcelle nous parlait souvent de la pauvreté psychique de l'agresseur. Être attentif, ça peut paraître aussi paradoxal, à ce qui manque à la personne qui est agressée. Qu'est-ce qui lui a manqué à lui, à elle, dans son chemin ? Et la PNL est quelque chose qui ne travaille pas avec les mêmes manières classiques, on va dire. Et on va les chercher dans nos propres ressources à nous. Et donc, par don devient par le don. C'est-à-dire que je donne psychiquement, quelque part, à la personne qui a agressé ce qui lui a manqué pour en venir, en fait, à agir de la sorte. Et ça retourne les choses. C'est très étonnant. Parce qu'on se rend compte que finalement, si la personne... avait eu ces ressources, elle n'aurait pas agi comme cela. C'est très étonnant à vivre. Moi, je l'ai vécu non pas par rapport à mon agression sexuelle, mais par rapport à une autre relation qui n'était pas forcément évidente. Et ça transforme, c'est un peu de l'aïkido pour l'esprit, on va dire, ça transforme les choses. C'est impressionnant à vivre, comme ça transforme notre regard aussi sur la réalité. Et ça donne une... paix et pour moi ça rejoint la phrase justement la deuxième phrase de jésus dans cette phrase de luxe it et par lui que j'ai cité tout à l'heure il ya le père pardonne leur qui est la première partie sur lequel j'ai pu s'insister mais ils ne savent pas ce qu'ils font et ça ça rejoint cette pauvreté psychique de l'agresseur c'est pas pour justifier un bien sûr ce qu'a fait la personne mais pour être capable de lâcher aussi soi même en se rendant compte de ce de cette pauvreté cette incapacité que peut avoir l'agresseur à se rendre compte de ce qu'il a fait subir à l'autre personne. Voilà, c'est un épisode un peu long, j'espère qu'il t'aura plu. Je suis intéressée par savoir, et toi, quel pardon as-tu pu vivre ? Quel pardon as-tu pu recevoir, donner ? Est-ce que tu as vécu des pressions pour cela ? Est-ce que tu as pu cheminer à ton rythme ? Comment as-tu fait ? Tu peux m'écrire à cécile.coach.com pour en témoigner. Je serai... Très heureuse de te lire. À bientôt. Dans cet épisode, tu as pu recevoir des clés pour quitter l'obligation de pardonner et avancer sur un chemin authentique de libération. N'hésite pas à partager ce qui, pour toi, a été important. Cela me fera plaisir. Dans les notes d'épisode, des liens vers deux articles sur le pardon chrétien et les effets pervers. des injonctions au pardon. En écoutant cet épisode, peut-être as-tu pensé à quelqu'un à qui il pourrait faire du bien. Alors n'hésite pas à le lui partager et abonne-toi si ce n'est pas déjà fait. Dans le prochain épisode, je rencontre Annick Laprate, auteure, conférencière et formatrice québécoise qui va nous parler neurosciences. Essentiellement, comment reprogrammer son cerveau. C'est le titre d'un de ses livres. À la prochaine ! Sous-titrage Société Radio