- Speaker #0
Bienvenue dans l'audioguide de l'exposition Passager des Cieux. Ce titre Ă©voque le passage entre la terre et le ciel, une notion essentielle dans la mythologie Ă©gyptienne. Il rappelle notre condition humaine, de simples passagers sous un ciel chargĂ© de symboles. Platon disait d'ailleurs dans le TimĂ©e que l'homme est une plante cĂ©leste. Ce voyage en Ăgypte, rĂ©alisĂ© en aoĂ»t 2024, est une immersion dans la lumiĂšre, la chaleur et la poĂ©sie des lieux.
- Speaker #1
Les photos s'articulent autour de symboles du passage, du passage de la terre vers le ciel. Vous allez donc retrouver des portes, des escaliers, des passages, des chemins vers la lumiĂšre. Tous ces symboles sont rĂ©currents dans notre civilisation, mais l'Ă©taient dĂ©jĂ dans la civilisation Ă©gyptienne Ă travers les hiĂ©roglyphes et aussi, en ce qui nous concerne aujourd'hui, Ă travers l'architecture. Chaque photographie est accompagnĂ©e d'un poĂšme sous la forme d'un haĂŻku, qui est son titre. Le haĂŻku est un court poĂšme japonais pensĂ© pour ĂȘtre lu en une seule respiration, qui Ă©voque mĂ©taphoriquement le souffle de la vie Ă©phĂ©mĂšre. Nous allons explorer l'Egypte ancienne ensemble Ă travers la photographie, la poĂ©sie et la lumiĂšre. L'objectif est de mettre en relation l'architecture, la spiritualitĂ© et le passage du temps. afin de proposer une rĂ©flexion sur le voyage, le voyage de la condition humaine sur Terre, son cĂŽtĂ© Ă©phĂ©mĂšre et la trace laissĂ©e par l'homme Ă travers les civilisations passĂ©es, les ruines et l'architecture d'une civilisation antique comme l'Egypte. L'objectif du haĂŻku est d'accompagner chaque photographie pour transformer la vision de la photographie en une lecture contemplative. La photographie n'est pas perçue. De la mĂȘme maniĂšre, quand elle est perçue avant la lecture du haĂŻku et aprĂšs la lecture du haĂŻku, l'idĂ©e Ă©tait vraiment d'avoir cette articulation entre le visuel et le rĂ©flexif, entre la vue et le langage, pour avoir cette tension de ces deux mondes qui cohabitent mais ne se rejoignent pas. Il y a toujours une tension entre ce qui est dit et ce qui est vu, ce n'est jamais la mĂȘme chose, les deux se complĂštent, se rĂ©pondent, mais ne sont jamais identiques. Vous allez retrouver les jeux sur la lumiĂšre naturelle et les contrastes architecturaux qui amplifient la sensation d'Ă©lĂ©vation et cette sensation de cheminement de la terre vers le ciel. Nous avons voulu enregistrer cette vidĂ©o commentĂ©e pour approfondir la comprĂ©hension des Ćuvres et du voyage que nous vous proposons. Vous retrouverez dans les photos une unitĂ© visuelle et une diversitĂ© des supports. Il y a des couleurs dominantes, le bleu profond et l'or. Merci. en Ă©cho au symbole de la mythologie Ă©gyptienne, qui sont aussi les couleurs dominantes de Maison LacmĂ©, les couleurs de l'ensemble de nos Ćuvres. Et l'alternance entre des tirages photographiques plus classiques, qui sont quand mĂȘme rĂ©alisĂ©s sur des papiers fine art qu'on appelle les papiers de torchon de la maison Anne Mule. et des impressions artisanales rĂ©alisĂ©es par Fanny Boucher en hĂ©liogravure. Vous allez Ă la fois voir les hĂ©liogravures qui sont tirĂ©es comme les photographies sur ce papier Fine Art torchon de Anne Muleux, et en parallĂšle, la matrice en cuivre de cette montĂ©e vers le ciel sur l'escalier du Temple d'Horus. Pour l'encadrement, j'ai choisi un bois trĂšs clair qui me faisait penser aux petites hirondelles qui sont des morceaux de bois qui relient les gros blocs de calcaire dans l'architecture de l'Ăgypte antique. Je voulais un bois qui renvoie une image de chaleur et de douceur pour accompagner les photos. Il y a un fil conducteur avec cette notion de passage, ce passage de la terre vers le ciel que j'ai dĂ©jĂ Ă©voquĂ©, physique, spirituel, temporel, ce dialogue entre l'architecture Ă©gyptienne, le ciel et l'infini, cette condition humaine prise dans un espace architectural qui la dĂ©passe et qui magnifie en fait par sa grandeur. la grandeur de la condition humaine face Ă son cĂŽtĂ© Ă©phĂ©mĂšre et fragile. Et c'est aussi un hommage Ă la culture et Ă la poĂ©sie de l'Ăgypte antique, Ă travers ses couleurs, Ă travers ce qu'elle a laissĂ© dans notre propre civilisation.
- Speaker #0
Merci, c'était vraiment passionnant et ça permet d'introduire cette exposition. On va commencer par le premier haïku et donc la premiÚre photo. Le premier haïku s'intitule « Nul accÚs ou sortie » .
- Speaker #1
Nul accÚs aux sorties, ce... Ce haïku, ce titre, est un jeu de mots pour le naos. Chaque premiÚre lettre compose le mot naos. Le naos, c'est le lieu le plus sacré d'un temple qu'on retrouve dans la civilisation égyptienne et qu'on retrouve aussi dans la culture grecque, par exemple. C'est une porte qui ne s'ouvre pas, un passage symbolique. C'est la référence du passage de la vie à la mort dans la civilisation égyptienne que les vivants ne peuvent pas emprunter. La mort ne se vit pas, il n'y a rien à en dire, on ne peut pas en tant que vivant... passer à travers cette porte. Elle est sans destination, mais du coup, elle est propice à la réflexion, à l'imagination, à la projection personnelle. Que voit-on au-delà ? N'y voit-on rien, car il n'y a rien à y voir ?
- Speaker #0
Le deuxiÚme haïku, serrure céleste, passage étroit ou la vision d'hiver.
- Speaker #1
C'est une colonne qui est photographiĂ©e sur cette seconde photo, mais en fait, c'est aussi une serrure. Et c'est une colonne en contre-plongĂ©e. photographiĂ© Ă Luxor, et qui, quand je l'ai vu en photo, m'a rappelĂ© les images qu'on peut voir quand on est enfant, oĂč il y a diffĂ©rentes images qu'on peut voir selon comment on regarde l'image. Donc ça peut ĂȘtre soit un canard, soit une femme, soit une barbe, il y a plein d'images comme ça, de dessins, qui selon l'intensitĂ© qu'on porte dans le regard, sur tel Ă©lĂ©ment ou tel autre, va changer totalement l'image qu'on perçoit. Et j'aime beaucoup cette idĂ©e d'un rĂ©el qui est toujours plus que ce qu'on peut en voir ou en dire au premier abord, et cette multiplicitĂ© des points de vue sur une seule et mĂȘme chose qui pour moi est retranscrite dans cette image. On retrouve aussi la notion de serrure, avec ce symbole du passage, et ça me faisait penser Ă la rĂ©fĂ©rence biblique que j'aime beaucoup. il est plus facile Ă un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'Ă un riche d'entrĂ©e dans le royaume des cieux. Donc on peut trouver cette notion de passage Ă©troit avec cette serrure qui se dĂ©tache avec ce trĂšs fort contraste sur le ciel bleu et cette transformation de la perception selon l'angle de vue.
- Speaker #0
La troisiĂšme photo est le troisiĂšme haĂŻku, forĂȘt de colonne, paradis des oiseaux au vol suspendu.
- Speaker #1
Cette photo a Ă©tĂ© prise au RamessĂ©um. Vous voyez des colonnes avec des chapiteaux vĂ©gĂ©talisĂ©s, inspirĂ©s par les papyrus. On a l'impression de se promener dans une forĂȘt minĂ©rale, avec la prĂ©sence de ces oiseaux qui sont posĂ©s sur le fait des colonnes tout en haut. On a cette traversĂ©e avec ce ciel qui nous attire au fond de l'image. On retrouve cette notion de passage, de passage vers le ciel, et surprise, tout au fond de l'image, en plein milieu du ciel, un oiseau au vol suspendu. comme s'il Ă©tait pĂ©trifiĂ© comme la forĂȘt minĂ©rale dans laquelle il s'insĂšre.
- Speaker #0
La quatriÚme photo est le quatriÚme haïku. Le ciel résonne du silence de mes pas.
- Speaker #1
Cette dĂ©ambulation cĂ©leste a eu lieu dans le temple d'Horus, avec un passage entre deux murs immenses, trĂšs hauts, qui donne une impression d'avoir le ciel pour seul plafond, la sensation d'ĂȘtre enveloppĂ© par l'espace. un silence trĂšs prĂ©sent, un chemin en sable entre les deux murs, et chaque pas en fait Ă©touffĂ© par le silence du sable mais qui rĂ©sonne entre les deux murs avec un silence chargĂ© en son en fait. Et c'est une prĂ©sence qui m'a beaucoup marquĂ© avec toujours cette notion de passage, ce silence qui vibre, cette sensation d'immensitĂ©. de marcher entre ciel et terre.
- Speaker #0
La cinquiÚme photo est le cinquiÚme haïku. Tissus d'étoiles, tapis de merais.
- Speaker #1
On retrouve ici un plafond Ă©toilĂ© du temple d'Athor Ă Dendera. J'aime beaucoup ces reprĂ©sentations d'Ă©toiles par les artisans Ă©gyptiens, avec cette forme trĂšs graphique sur un fond en lapis lazuli d'un bleu extraordinaire. L'importance des Ă©toiles dans la culture Ă©gyptienne, tout comme dans notre civilisation, avec cette trĂšs forte charge symbolique et cette invitation au rĂȘve. Cette invitation au rĂȘve avec ces Ă©toiles symboliques qui enveloppent l'espace du plafond Ă Dendera.
- Speaker #0
SixiĂšme photo. Orion mon ami, guide-moi au cĆur de la nuit.
- Speaker #1
Cette photo de gueule cassée, comme j'aime bien l'appeler, est celle du pharaon de GézÚre à Saqqara. à cÎté de la pyramide à degrés de Saqqara, il y a un... petit bùtiment. On a l'impression quand on s'approche qu'il s'est enfoncé dans le sable sur une de ses parties avec le temps et en fait pas du tout. En fait il est volontairement incliné et quand on s'approche encore plus prÚs de ce petit bùtiment il y a un trou sur une des parois et quand on pose le regard à travers ce trou... on tombe sur le pharaon JésÚre qui est en train de nous regarder. Donc en fait, pas de crise d'égocentrisme, le pharaon a autre chose à faire que de regarder les simples mortels qui passent devant le petit trou. En fait, il regarde Orion toutes les nuits. Orion qui est la représentation d'Osiris, le dieu de la mort dans la civilisation égyptienne. Et Osiris guide les vivants vers le monde des morts. Il y a ce lien trÚs fort entre l'architecture et l'astronomie. qui est trÚs importante dans la civilisation égyptienne. Il y a beaucoup de théories sur l'emplacement, la taille des pyramides de Gizé, notamment par rapport aux constellations qui correspondraient. C'est assez controversé dans l'analyse, mais ça fait partie des interprétations. Mais on retrouve de toute façon, quoi qu'il en soit, une trÚs forte importance de l'astronomie dans la culture égyptienne, avec l'omniprésence du soleil, des étoiles, de la déesse Nout, qui représente la voûte céleste. Il avale le soleil tous les jours, qui est la mÚre des étoiles, qui veille sur les hommes. Donc en fait, il y a cette notion d'étoile. Et les deux photos viennent en correspondance entre le pharaon de GézÚre qui regarde à travers son petit trou et le tissu d'étoile, le tapis de Méreth, qui est juste au-dessus de lui.
- Speaker #0
SeptiĂšme photo, escalier ou plafond, plus de haut ni de bas, pour celui qui au plus profond de la pyramide s'aventurera.
- Speaker #1
J'aime beaucoup ce HaĂŻku parce qu'il est trĂšs cryptique en fait, il est assez Ă©trange dans la lecture. Il renforce ce sentiment qu'on perçoit quand on rentre Ă l'intĂ©rieur d'une pyramide, donc avec des accĂšs qui sont trĂšs Ă©troits. LĂ en plus dans une pyramide comme celle-ci Ă Dachour, on a une trĂšs forte odeur d'ammoniaque Ă cause des chauves-souris qui sont Ă l'intĂ©rieur, une moiteur Ă©norme puisque c'est la saison estivale au cours du voyage. Et donc c'est assez oppressant de par la chaleur, de par l'odeur. Et quand on se retrouve Ă l'intĂ©rieur d'une pyramide, en fait c'est pensĂ© pour dĂ©stabiliser les sens, puisque c'Ă©tait quand mĂȘme pensĂ© pour abriter les Ă©lĂ©ments les plus prĂ©cieux qui sont le pharaon, sa suite, l'ensemble de ses objets pour la vie Ă©ternelle. Et lĂ on se retrouve face Ă un plafond, qui en mĂȘme temps est un escalier inversĂ©. Il y a une perte de repĂšre, on ne sait plus oĂč est le haut, le bas, le sol, le plafond, tout se confond. C'est vraiment, je trouve Ă travers cette photo, une mĂ©taphore de ce qu'on ressent Ă l'intĂ©rieur d'une pyramide et du cĂŽtĂ© dĂ©stabilisant pour les sens qu'ont voulu crĂ©er les architectes Ă©gyptiens.
- Speaker #0
HuitiÚme photo, et à l'écout, les marches de soleil inondées réchauffent mes pas apaisés.
- Speaker #1
Cet escalier... m'a beaucoup marquĂ© en fait Ă travers la sortie de la pyramide de sakara contrairement Ă ce qu'on pourrait imaginer il n'est pas pas du tout d'Ă©poque de la civilisation Ă©gyptienne ni moyen empire ni haut empire. En fait c'est un escalier qui a Ă©tĂ© fait par les archĂ©ologues il y a moins d'un siĂšcle pour avoir une nouvelle sortie de la pyramide de Saqqara. Donc on sort de cette pyramide de Saqqara oĂč il y a Ă©normĂ©ment de fraĂźcheur avec l'ombre intĂ©rieure donc contrairement Ă la pyramide de Dachour d'avant qui Ă©tait trĂšs moite et humide, lĂ c'est une pyramide oĂč il fait plutĂŽt frais. c'est assez agrĂ©able et quand on sort de cette pyramide on se retrouve avec cet escalier baignĂ© de lumiĂšre avec une chaleur Ă©crasante et ce passage vers ce ciel d'un bleu Ă©clatant azurĂ©en et c'est ce passage symbolique toujours du retour Ă la surface de sortie de l'obscuritĂ© vers la clartĂ© qui est vraiment mise en lumiĂšre sur l'Ăźlot gravure que pour vous pourrez voir plus tard
- Speaker #0
NeuviÚme photo, sur le point de s'évanouir, le soleil n'a jamais semblé si proche de se laisser saisir.
- Speaker #1
Donc lĂ nous sommes face Ă un coucher de soleil sur le lac Nasser, avant la visite d'Abu Simbel. Donc on voit le soleil qui va disparaĂźtre, qui va ĂȘtre avalĂ© par la dĂ©esse Nout jusqu'au lendemain matin. On a cette rĂ©fĂ©rence Ă l'impression soleil levant de Monet avec ce soleil couchant rouge, orangĂ©, dorĂ©. Cette sensation de proximitĂ© avec le soleil comme si on pouvait le toucher, le saisir alors qu'il s'Ă©loigne. Donc il reste un astre inaccessible. Et il y a une certaine mĂ©lancolie dans cette photo, cette fin de jour, ce soleil disparaissant, une mĂ©lancolie que j'ai voulu retranscrire aussi dans la photo d'aprĂšs.
- Speaker #0
DixiĂšme photographie, infinie solitude des passagers des cieux.
- Speaker #1
Donc lĂ on est encore au bord du lac Nasser, mais plus au coucher du soleil, lĂ aprĂšs la visite d'Abu Simbel, alors que sur la photo prĂ©cĂ©dente on Ă©tait avant la visite d'Abu Simbel. Et Abu Simbel c'Ă©tait un temple que j'avais beaucoup fantasmĂ© du point de vue de son histoire, de son histoire dans l'Egypte ancienne, mais de son histoire rĂ©cente aussi, puisqu'il a Ă©tĂ© dĂ©placĂ© de plusieurs centaines de mĂštres du fait de la construction du barrage et de la montĂ©e des eaux. Et donc ce temple extraordinaire qu'on a vu Ă la fois. de nuit et au lever du jour un cĂŽtĂ© vraiment magique et le dĂ©part du lac nasser on se retrouve au bord du lac au bord de ce petit chemin avec la sensation d'ĂȘtre sur le pont d'un bateau un sentiment de mĂ©lancolie aprĂšs la rĂ©alisation d'un rĂȘve une Ă©vocation d'une solitude au fond donc avec ce voyage de la vie comme sur le pont d'un bateau comme je l'Ă©voquais une solitude profonde de la condition humaine, parce qu'il y a beaucoup d'Ă©vĂ©nements importants ou de choses, notamment notre propre mort qu'on affronte seule, et on retrouve encore cette notion de passage, et pour moi cette photo, qui a inspirĂ© le titre de l'exposition, est la plus Ă©vocatrice dans ce que j'ai voulu retranscrire, en fait c'est un sentiment de solitude, de briĂšvetĂ©, de transition, et en mĂȘme temps sur le chemin de ce passage entre la terre et le ciel. qui composent notre vie Ă tous, la beautĂ© sur le chemin.
- Speaker #0
Et enfin, nous retournons sur nos pas pour aller voir la derniÚre photographie et héliogravure matrice, qui s'appelle Sur les traces d'Horus, montant les marches usées par les siÚcles, je m'avance dans la moiteur obscure, guidée par les murs sculptés de lumiÚre.
- Speaker #1
Nous avons choisi cette photo avec Fanny Boucher. Je dis avec Fanny puisqu'en fait initialement cette photo m'oppressait en fait Ă travers son passage assez Ă©troit dans l'escalier, ses hiĂ©roglyphes, j'avais un sentiment vraiment de malaise en regardant cette photo. Et ce qui est assez drĂŽle c'est qu'il y avait un quiproquo en fait avec Fanny qui a fait le tirage sur les gravures puisqu'elle pensait que justement j'avais voulu retranscrire un sentiment d'apaisement, de beautĂ©, de cheminement vers la lumiĂšre et je lui ai dit que c'est ce que j'aurais aimĂ© retranscrire. Et en fait, quand elle a fait son tirage avec les lios gravure, d'abord sur la matrice, puis avec l'impression, en fait, elle a rĂ©ussi Ă me faire aimer cette photo et qui, du coup, apparaĂźt telle que j'aurais rĂȘvĂ© qu'elle apparaisse et pas telle qu'elle m'apparaissait avant que Fanny intervienne. Donc, c'est ce qui m'a plu dans cette collaboration avec Fanny, ce partenariat. C'est finalement qu'on part d'un lieu, qu'on transforme en image. Et en fait, aprĂšs, c'est Ă travers l'Ă©change, la technique et le tirage d'une autre personne que l'image prend encore une forme diffĂ©rente. Et c'est assez incroyable de voir Ă quel point un tirage, un grain de photo peut totalement changer l'apparence de celle-ci. Et je pense aussi que nos propres sentiments, selon les sentiments que vous avez... Le jour A ou le jour B, si vous venez sur diffĂ©rents moments voir l'exposition, regarder les mĂȘmes photos, vous ne ressentirez pas la mĂȘme chose. C'est un peu comme quand on mange un plat ou on boit un verre de vin ou d'une autre boisson. Selon les papilles qu'on a ou le sentiment qu'on a ce jour-lĂ , on ne percevra pas du tout la mĂȘme chose. Et cette relation qui se tisse entre le photographe et l'artisan qui va faire les gĂ©ographures, C'est pareil, c'est une relation. On ne sait pas ce que ça va donner, cette rencontre entre deux personnes, entre une photo et un tirage. C'est ce que j'aime beaucoup dans l'artisanat d'art. C'est pour ça qu'on a voulu, dĂšs la premiĂšre exposition de Maison LacmĂ©, faire ce partenariat avec Fanny Boucher. On fera sur les prochains projets des partenariats avec d'autres artisans d'art pour avoir cette notion d'Ă©change et de collaboration. LĂ , on retrouve sur cette montĂ©e des marches, la montĂ©e rituelle d'Horus dans le Temple d'Edfou. Donc en fait Horus faisait cette montĂ©e vers le ciel pour aller se recharger de la lumiĂšre cĂ©leste, pour retrouver sa force. Et donc on voit les hiĂ©roglyphes sur le bord de la montĂ©e de l'escalier, avec cette usure du temps, encore plus sur les marches qui sont usĂ©es par des siĂšcles de pas, et j'aime beaucoup ce cĂŽtĂ© un peu... un peu sale j'allais dire de l'image avec cette noirceur, cette lumiĂšre un peu diaphane sur les murs et ce point d'arrivĂ©e d'un blanc immaculĂ© qui contraste totalement avec ce cheminement et je trouve la symbolique entre guillemets un peu facile puisqu'elle est trĂšs rĂ©pandue dans notre civilisation. On va la retrouver chez Dante dans la Divine ComĂ©die, dans toutes les reprĂ©sentations bibliques de montĂ©e vers le ciel ou de passage de la vie Ă la mort. avec ce passage vers la lumiĂšre blanche enveloppante. Donc d'un cĂŽtĂ©, je trouve ça facile, et de l'autre, en fait... je trouve ça incroyable de voir ce que rend l'hĂ©liogravure sur cette photo. Parce qu'en fait, quand on touche l'hĂ©liogravure, vous n'allez pas pouvoir toucher l'impression puisqu'il y a un verre devant, mais quand on touche l'impression ou la plaque, en fait, l'hĂ©liogravure est en relief. Et donc, quand on passe son doigt sur les escaliers, on sent vraiment sensoriellement l'escalier qu'on monte avec le toucher. Et du coup, il y a vraiment cette lumiĂšre blanche qui, en mĂȘme temps, est une destination, mais en mĂȘme temps, permet aussi d'Ă©clairer la vie et les pas au quotidien pour aller vers elle. Et donc, il y a tout ce travail sur l'image.
- Speaker #0
Merci Antoine. L'exposition se termine donc sur une invitation Ă la contemplation. Les couleurs bleu et or accompagnent ce voyage spirituel. Chaque image dialogue avec la lumiĂšre, l'architecture et le temps, libre Ă vous d'interprĂ©ter ces Ćuvres Ă votre façon, d'en ressentir la force et la poĂ©sie.
- Speaker #1
Vous avez pu voir aussi dans ces photos, je voulais ajouter quelques Ă©lĂ©ments sur l'importance dans le travail que j'ai fait sur les images de l'Ă©pure et du minimalisme. C'est trĂšs important dans mon travail, que ce soit sur les photos ou les Ă©lĂ©ments et les crĂ©ations que vous pourrez dĂ©couvrir plus tard. J'aime beaucoup la matiĂšre. Je trouve que l'Ă©pure et le minimalisme, ça peut avoir une image de fadeur, de tristesse ou de simplicitĂ©. Mais ça permet aussi de magnifier certains Ă©lĂ©ments. donc lĂ les purs et le minimalisme ont servi Ă magnifier des symboles des symboles visuels qui se transforme en symbole intellectuel. Chaque image a une valeur intrinsĂšque, comme l'analyse et le haĂŻko qui l'accompagne, que je vous ai dĂ©taillĂ© avant, mais elle a aussi une valeur relationnelle. Vous avez vu ce cheminement entre la porte, la serrure, le passage, l'escalier, le soleil couchant, le pharaon, le pharaon qui regarde les Ă©toiles. Il y a toutes ces relations entre les images. C'est un cheminement, comme le titre, passagers des cieux de la Terre vers le ciel, mais aussi un cheminement entre les images. Et quand on reprend la premiĂšre image aprĂšs les avoir toutes regardĂ©es, on ne l'aperçoit plus non plus de la mĂȘme maniĂšre. Et quand on s'Ă©loigne des images, on a aussi une image globale de l'exposition. Les photos sont faites pour se rĂ©pondre en termes de couleurs, en termes d'agencements, avec une harmonie globale entre l'ensemble des photos. Et c'est lĂ aussi oĂč l'Ă©pure et le minimalisme interviennent, c'est quand on s'Ă©loigne, on voit des formes trĂšs saillantes ressortir, des rectangles, des triangles. Et donc on a cette notion aussi de gĂ©omĂ©trie qui Ă©tait trĂšs importante dans la civilisation Ă©gyptienne, dans la civilisation grecque, dans la civilisation romaine, avec cette notion un peu mĂ©taphysique, presque mystique de la gĂ©omĂ©trie qu'on pouvait retrouver chez Pythagore par exemple. Et donc les images sont vraiment aussi pensĂ©es autour de la gĂ©omĂ©trie. Et c'est l'Ă©pure et le minimalisme qui permettent d'avoir ça. On a les couleurs aussi avec le bleu, l'or, le noir et le blanc. Et donc cette harmonie qui se crĂ©e aussi dans cette couleur de la pierre qu'on retrouve, dans cette couleur du ciel qui rĂ©pond au lapis lazuli, dans cette couleur dorĂ©e de la feuille d'or autour de la porte qui mĂšne vers le naos. Donc il y a toute cette correspondance visuelle qui crĂ©e une unitĂ© aussi dans l'ensemble des photos. Et donc on retrouve ce passage du temps. avec l'usure de l'architecture plurisĂ©culaire Ă©gyptienne, ce voyage spirituel, cette condition humaine que j'ai Ă©voquĂ©e tout Ă l'heure, ce dialogue entre architecture et lumiĂšre. J'espĂšre avoir rĂ©ussi en tout cas Ă vous inviter Ă observer chaque image en dĂ©tail, Ă les ressentir aussi, parce que l'objectif aussi des photos, c'est de voir ce qu'on y met derriĂšre ces portes, derriĂšre ces serrures, quel est notre imaginaire, qu'est-ce que ça nous Ă©voque, qu'est-ce que ça nous Ă©voque de personnel. Et pour moi, c'est le roman de chacun qui s'Ă©crit Ă travers la vision d'une Ćuvre d'art et ce qu'on peut en percevoir. Et l'idĂ©e, c'est que quand on regarde une Ćuvre, on peut, j'espĂšre, ressentir de la beautĂ©. Mais l'objectif, c'est aussi d'apprendre des choses sur soi-mĂȘme et Ă travers l'Ă©change avec les autres spectateurs ou Ă travers l'artiste, le photographe, l'artisan qui a pu rĂ©aliser un Ă©lĂ©ment, de sortir grandi de cette relation. et de voir qu'en fait, le monde est toujours plus riche et le rĂ©el est toujours plus riche que ce qu'on peut en dire et ce qu'on peut en penser.
- Speaker #0
Que vous soyez ici, Ă la galerne ou Ă distance, nous espĂ©rons que cet audioguide vous aura transportĂ© entre terre et ciel, lĂ oĂč chaque pas laisse une trace. Merci d'avoir partagĂ© ce voyage avec nous.