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Affaire Kabana Beach : Entre Droit du Littoral et Réussite Locale - Décryptage d'un Bras de Fer Judiciaire en Guadeloupe cover
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La Guadeloupe En Débat : Votre rendez-vous pour comprendre l'archipel

Affaire Kabana Beach : Entre Droit du Littoral et Réussite Locale - Décryptage d'un Bras de Fer Judiciaire en Guadeloupe

Affaire Kabana Beach : Entre Droit du Littoral et Réussite Locale - Décryptage d'un Bras de Fer Judiciaire en Guadeloupe

07min |05/07/2025|

9

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07min |05/07/2025|

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Description

Plongez au cœur de l'affaire Kabana Beach, la saga judiciaire et médiatique qui a divisé la Guadeloupe. D'un côté, un jeune entrepreneur dynamique, créateur d'un lieu de vie adulé sur la plage de Port-Louis, symbole de la réussite locale pour ses nombreux partisans.

De l'autre, la puissance publique, armée de décisions de justice, déterminée à faire respecter la loi sur un littoral protégé.

Acharnement politique ou application inévitable de la loi? Rêve entrepreneurial brisé ou juste retour à l'ordre face à une construction jugée illégale?

Ce podcast décortique les faits, des premières autorisations controversées à la démolition finale sous haute tension.

Explorez les arguments passionnés des partisans et des détracteurs, analysez les décisions de justice qui ont scellé le destin du restaurant, et comprenez l'onde de choc sociale et économique qui a suivi la destruction.

Écoutez pour découvrir toute la vérité sur une affaire qui, bien au-delà des pelleteuses, pose des questions fondamentales sur l'avenir, la justice et le développement en Guadeloupe.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue pour cette nouvelle plongée. Aujourd'hui, on s'attaque à un dossier qui a beaucoup fait parler en Guadeloupe, l'affaire Cabana Beach.

  • Speaker #1

    Oui, bonjour. Un sujet complexe, ce restaurant de plage qui a été démoli en juin 2025.

  • Speaker #0

    Exactement. Alors, on a épluché pas mal de documents administratifs, décisions en justice, quelques témoignages aussi. L'idée, c'est vraiment de décortiquer les faits, de clarifier un peu le côté juridique, parce que c'est pas simple. Et de voir les tensions que ça a révélées. Aller au-delà des on-dit.

  • Speaker #1

    C'est ça. Comprendre comment on est passé d'un projet de base nautique à ce restaurant qui a cristallisé tant de patients opposant un entrepreneur local et l'application de la loi sur le littoral.

  • Speaker #0

    Bon, alors retournons au début. 2015, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, novembre 2015. Monsieur Semar, de la société Neis Jet, demande à l'ancien maire, monsieur Artin, l'autorisation pour, je cite, l'ouverture. de ma base d'activités nautiques. Jet-ski, flyboard, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc à ce stade, pas de restaurant mentionné noir sur blanc ?

  • Speaker #1

    Absolument pas. Et en avril 2016, ils obtiennent une AOT municipale, une Autorisation d'Occupation Temporaire.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est un point clé, l'AOT. C'est pas un permis de construire ?

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. Une AOT, ça permet d'installer des structures mobiles, démontables, pour une activité précise ici, nautique Sur le domaine public maritime, le DPM, c'est précaire, révocable.

  • Speaker #0

    Et c'est là que, disons, le péché original arrive.

  • Speaker #1

    On peut dire ça comme ça, oui. Au lieu de structure mobile, c'est un bâtiment en dur, un restaurant qui est construit. Sur ce DPM, qui est une zone protégée par la loi littorale et sans permis de construire.

  • Speaker #0

    Mais il n'y avait pas une histoire d'accord oral de l'ancien maire ?

  • Speaker #1

    Si, M. Semar s'est appuyé là-dessus. Et l'ancien maire l'a d'ailleurs confirmé en audition. Sauf que juridiquement, une autorisation orale pour construire, ça n'a aucune valeur. Zéro.

  • Speaker #0

    D'accord. On voit déjà le décalage entre l'informel et le légal. Et ça s'est agrandi, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, progressivement, surtout à partir de 2020. On parle de plus de 1000 m² à la fin. Il y a eu des allégations de travaux de nuit, d'arbres coupés.

  • Speaker #0

    Et les autorités, elles ont réagi quand ? Parce que ça n'a pas pu passer inaperçu longtemps.

  • Speaker #1

    Non, effectivement, dès 2017, l'ADI et elle, les services de l'État pour l'environnement, dressent une contravention. En 2018, on lui propose déjà de déplacer son activité.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même.

  • Speaker #1

    Oui. Et en 2020, la nouvelle mairie prend un arrêté pour interrompre les travaux qui continuaient. Il y a même eu une fermeture administrative pendant le Covid en 2021. Donc, on ne peut pas dire que le gérant n'était pas au courant. Bon,

  • Speaker #0

    et après, direction les tribunaux, j'imagine. Sur le volet administratif d'abord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et là, le parcours est assez limpide. Juin 2023, le tribunal administratif condamne Nadjeh et ordonne la remise en état du site.

  • Speaker #0

    Donc démolition ?

  • Speaker #1

    En substance, oui. Juli 2024, la cour administrative d'appel de Bordeaux confirme. Et elle rejette explicitement l'argument de l'erreur de parcelle, qui était souvent avancée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et finalement, en décembre 2024, le Conseil d'État n'admet même pas le pourvoi. Donc sur le plan administratif, la décision était définitive. Occupation illégale, il faut partir et remettre en état.

  • Speaker #0

    C'est clair. Mais il y avait aussi le volet pénal pour la construction elle-même.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Novembre 2023, tribunal correctionnel. Monsieur Semar est reconnu coupable de construction sans permis, infraction au plan local d'urbanisme, le PLU, et aussi au plan de prévention des risques naturels, le PPRN.

  • Speaker #0

    Ok, donc des amendes ?

  • Speaker #1

    Oui. 20 000 euros à titre personnel, 80 000 pour la société. Mais surtout, et c'est crucial pour la suite, le tribunal ordonne la démolition avec exécution provisoire.

  • Speaker #0

    Exécution provisoire, ça veut dire quoi concrètement ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire que la décision de démolir devait être appliquée tout de suite, même s'il faisait appel. Ça rendait la démolition légalement possible sans attendre que tous les recours soient dépuisés.

  • Speaker #0

    D'accord, je comprends mieux pourquoi ça a pu aller si vite ensuite. Pourtant, l'affaire a continué à diviser énormément. Quels étaient les arguments des défenseurs du Cabana Beach ?

  • Speaker #1

    Ils mettaient en avant la réussite d'un entrepreneur local, la création d'emplois, on parle de 30 à 40 personnes, et le fait que c'était un lieu important pour l'animation de Port Louis. Il y avait aussi la thèse d'un acharnement politique du nouveau maire, élu en 2020, et puis des arguments plus techniques sur des vices de procédure supposés, ou l'idée qu'une certaine tolérance passée avait créé des droits, un peu comme un bail commercial.

  • Speaker #0

    Et en face, la position des autorités ? État et mairie.

  • Speaker #1

    Eux, ils insistaient sur l'état de droit. La loi doit être la même pour tous. Que dire aux autres qui construisent illégalement si on laisse faire ? Il y avait aussi la protection de l'environnement, la zone est fragile, soumise aux risques naturels.

  • Speaker #0

    Et cette histoire de relocalisation ?

  • Speaker #1

    Oui, Laneri disait avoir proposé à plusieurs reprises une solution sur une parcelle juste à côté, qui était constructible elle, des propositions qui auraient été refusées. Il rappelait aussi avoir fait démolir d'autres paillotes illégales pour en montrer une certaine cohérence. Et puis, il y avait des plaintes pour nuisances, bruits, sécurité, assainissement.

  • Speaker #0

    Tout ça mène à la débolition en juin 2025. Malgré des tentatives de médiation, un incendie entre-temps.

  • Speaker #1

    Oui, échec des médiations, même avec l'intervention du président de région. L'incendie en novembre 2024 a rajouté de la tension. Et le 16 juin 2025, l'État procède à la démolition. La base légale, c'était la décision administrative définitive et le jugement pénal avec l'exécution provisoire. Ce n'était plus une décision politique discrétionnaire à ce stade.

  • Speaker #0

    Une opération tendue apparemment.

  • Speaker #1

    Très tendue, oui. Avec confrontation, les gérants ont été interpellés d'ailleurs, poursuivis ensuite pour violence sur les forces de l'ordre. L'impact a été énorme, un vrai choc social, la perte d'emploi vécue comme un traumatisme par les salariés, des réactions politiques très vives et de nouvelles actions en justice lancées par les anciens gérants.

  • Speaker #0

    Au final, si on synthétise, qu'est-ce que cette affaire Cabanabich nous dit ?

  • Speaker #1

    Elle illustre de façon assez brutale, je trouve, comment une situation illégale dès le départ, même si elle rencontre un succès économique et populaire, finit par se heurter à la voie. Surtout quand on touche au littoral, qui est très protégé. Ça montre un vrai choc entre deux cultures, celle de l'arrangement, de l'informel, et celle de l'application de la règle.

  • Speaker #0

    Et la leçon à retenir, peut-être ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment cette distinction fondamentale. Un soutien politique, même d'un maire, ou une tolérance tacite ? Ça ne remplace jamais une autorisation administrative en bonne et du forme comme un permis de construire. S'appuyer uniquement sur le premier, c'est prendre un risque considérable.

  • Speaker #0

    Ça laisse songeur. Et ça ouvre une question plus large pour finir. Comment fait-on, dans des territoires comme la Guadeloupe, qui ont leurs propres défis économiques et sociaux, pour articuler ce besoin d'initiative, de dynamisme local, avec la nécessité de protéger l'environnement et de garantir que les règles d'urbanisme s'appliquent à tous ? Même quand ces règles semblent parfois rigides ou lointaines, quelle est la marge pour une adaptation locale, sans pour autant ouvrir la porte à l'injustice ou à la politique du fait accompli ?

  • Speaker #1

    C'est toute la question, en effet. Une question complexe qui dépasse largement le seul cas du Cabana Beach.

Description

Plongez au cœur de l'affaire Kabana Beach, la saga judiciaire et médiatique qui a divisé la Guadeloupe. D'un côté, un jeune entrepreneur dynamique, créateur d'un lieu de vie adulé sur la plage de Port-Louis, symbole de la réussite locale pour ses nombreux partisans.

De l'autre, la puissance publique, armée de décisions de justice, déterminée à faire respecter la loi sur un littoral protégé.

Acharnement politique ou application inévitable de la loi? Rêve entrepreneurial brisé ou juste retour à l'ordre face à une construction jugée illégale?

Ce podcast décortique les faits, des premières autorisations controversées à la démolition finale sous haute tension.

Explorez les arguments passionnés des partisans et des détracteurs, analysez les décisions de justice qui ont scellé le destin du restaurant, et comprenez l'onde de choc sociale et économique qui a suivi la destruction.

Écoutez pour découvrir toute la vérité sur une affaire qui, bien au-delà des pelleteuses, pose des questions fondamentales sur l'avenir, la justice et le développement en Guadeloupe.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue pour cette nouvelle plongée. Aujourd'hui, on s'attaque à un dossier qui a beaucoup fait parler en Guadeloupe, l'affaire Cabana Beach.

  • Speaker #1

    Oui, bonjour. Un sujet complexe, ce restaurant de plage qui a été démoli en juin 2025.

  • Speaker #0

    Exactement. Alors, on a épluché pas mal de documents administratifs, décisions en justice, quelques témoignages aussi. L'idée, c'est vraiment de décortiquer les faits, de clarifier un peu le côté juridique, parce que c'est pas simple. Et de voir les tensions que ça a révélées. Aller au-delà des on-dit.

  • Speaker #1

    C'est ça. Comprendre comment on est passé d'un projet de base nautique à ce restaurant qui a cristallisé tant de patients opposant un entrepreneur local et l'application de la loi sur le littoral.

  • Speaker #0

    Bon, alors retournons au début. 2015, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, novembre 2015. Monsieur Semar, de la société Neis Jet, demande à l'ancien maire, monsieur Artin, l'autorisation pour, je cite, l'ouverture. de ma base d'activités nautiques. Jet-ski, flyboard, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc à ce stade, pas de restaurant mentionné noir sur blanc ?

  • Speaker #1

    Absolument pas. Et en avril 2016, ils obtiennent une AOT municipale, une Autorisation d'Occupation Temporaire.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est un point clé, l'AOT. C'est pas un permis de construire ?

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. Une AOT, ça permet d'installer des structures mobiles, démontables, pour une activité précise ici, nautique Sur le domaine public maritime, le DPM, c'est précaire, révocable.

  • Speaker #0

    Et c'est là que, disons, le péché original arrive.

  • Speaker #1

    On peut dire ça comme ça, oui. Au lieu de structure mobile, c'est un bâtiment en dur, un restaurant qui est construit. Sur ce DPM, qui est une zone protégée par la loi littorale et sans permis de construire.

  • Speaker #0

    Mais il n'y avait pas une histoire d'accord oral de l'ancien maire ?

  • Speaker #1

    Si, M. Semar s'est appuyé là-dessus. Et l'ancien maire l'a d'ailleurs confirmé en audition. Sauf que juridiquement, une autorisation orale pour construire, ça n'a aucune valeur. Zéro.

  • Speaker #0

    D'accord. On voit déjà le décalage entre l'informel et le légal. Et ça s'est agrandi, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, progressivement, surtout à partir de 2020. On parle de plus de 1000 m² à la fin. Il y a eu des allégations de travaux de nuit, d'arbres coupés.

  • Speaker #0

    Et les autorités, elles ont réagi quand ? Parce que ça n'a pas pu passer inaperçu longtemps.

  • Speaker #1

    Non, effectivement, dès 2017, l'ADI et elle, les services de l'État pour l'environnement, dressent une contravention. En 2018, on lui propose déjà de déplacer son activité.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même.

  • Speaker #1

    Oui. Et en 2020, la nouvelle mairie prend un arrêté pour interrompre les travaux qui continuaient. Il y a même eu une fermeture administrative pendant le Covid en 2021. Donc, on ne peut pas dire que le gérant n'était pas au courant. Bon,

  • Speaker #0

    et après, direction les tribunaux, j'imagine. Sur le volet administratif d'abord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et là, le parcours est assez limpide. Juin 2023, le tribunal administratif condamne Nadjeh et ordonne la remise en état du site.

  • Speaker #0

    Donc démolition ?

  • Speaker #1

    En substance, oui. Juli 2024, la cour administrative d'appel de Bordeaux confirme. Et elle rejette explicitement l'argument de l'erreur de parcelle, qui était souvent avancée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et finalement, en décembre 2024, le Conseil d'État n'admet même pas le pourvoi. Donc sur le plan administratif, la décision était définitive. Occupation illégale, il faut partir et remettre en état.

  • Speaker #0

    C'est clair. Mais il y avait aussi le volet pénal pour la construction elle-même.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Novembre 2023, tribunal correctionnel. Monsieur Semar est reconnu coupable de construction sans permis, infraction au plan local d'urbanisme, le PLU, et aussi au plan de prévention des risques naturels, le PPRN.

  • Speaker #0

    Ok, donc des amendes ?

  • Speaker #1

    Oui. 20 000 euros à titre personnel, 80 000 pour la société. Mais surtout, et c'est crucial pour la suite, le tribunal ordonne la démolition avec exécution provisoire.

  • Speaker #0

    Exécution provisoire, ça veut dire quoi concrètement ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire que la décision de démolir devait être appliquée tout de suite, même s'il faisait appel. Ça rendait la démolition légalement possible sans attendre que tous les recours soient dépuisés.

  • Speaker #0

    D'accord, je comprends mieux pourquoi ça a pu aller si vite ensuite. Pourtant, l'affaire a continué à diviser énormément. Quels étaient les arguments des défenseurs du Cabana Beach ?

  • Speaker #1

    Ils mettaient en avant la réussite d'un entrepreneur local, la création d'emplois, on parle de 30 à 40 personnes, et le fait que c'était un lieu important pour l'animation de Port Louis. Il y avait aussi la thèse d'un acharnement politique du nouveau maire, élu en 2020, et puis des arguments plus techniques sur des vices de procédure supposés, ou l'idée qu'une certaine tolérance passée avait créé des droits, un peu comme un bail commercial.

  • Speaker #0

    Et en face, la position des autorités ? État et mairie.

  • Speaker #1

    Eux, ils insistaient sur l'état de droit. La loi doit être la même pour tous. Que dire aux autres qui construisent illégalement si on laisse faire ? Il y avait aussi la protection de l'environnement, la zone est fragile, soumise aux risques naturels.

  • Speaker #0

    Et cette histoire de relocalisation ?

  • Speaker #1

    Oui, Laneri disait avoir proposé à plusieurs reprises une solution sur une parcelle juste à côté, qui était constructible elle, des propositions qui auraient été refusées. Il rappelait aussi avoir fait démolir d'autres paillotes illégales pour en montrer une certaine cohérence. Et puis, il y avait des plaintes pour nuisances, bruits, sécurité, assainissement.

  • Speaker #0

    Tout ça mène à la débolition en juin 2025. Malgré des tentatives de médiation, un incendie entre-temps.

  • Speaker #1

    Oui, échec des médiations, même avec l'intervention du président de région. L'incendie en novembre 2024 a rajouté de la tension. Et le 16 juin 2025, l'État procède à la démolition. La base légale, c'était la décision administrative définitive et le jugement pénal avec l'exécution provisoire. Ce n'était plus une décision politique discrétionnaire à ce stade.

  • Speaker #0

    Une opération tendue apparemment.

  • Speaker #1

    Très tendue, oui. Avec confrontation, les gérants ont été interpellés d'ailleurs, poursuivis ensuite pour violence sur les forces de l'ordre. L'impact a été énorme, un vrai choc social, la perte d'emploi vécue comme un traumatisme par les salariés, des réactions politiques très vives et de nouvelles actions en justice lancées par les anciens gérants.

  • Speaker #0

    Au final, si on synthétise, qu'est-ce que cette affaire Cabanabich nous dit ?

  • Speaker #1

    Elle illustre de façon assez brutale, je trouve, comment une situation illégale dès le départ, même si elle rencontre un succès économique et populaire, finit par se heurter à la voie. Surtout quand on touche au littoral, qui est très protégé. Ça montre un vrai choc entre deux cultures, celle de l'arrangement, de l'informel, et celle de l'application de la règle.

  • Speaker #0

    Et la leçon à retenir, peut-être ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment cette distinction fondamentale. Un soutien politique, même d'un maire, ou une tolérance tacite ? Ça ne remplace jamais une autorisation administrative en bonne et du forme comme un permis de construire. S'appuyer uniquement sur le premier, c'est prendre un risque considérable.

  • Speaker #0

    Ça laisse songeur. Et ça ouvre une question plus large pour finir. Comment fait-on, dans des territoires comme la Guadeloupe, qui ont leurs propres défis économiques et sociaux, pour articuler ce besoin d'initiative, de dynamisme local, avec la nécessité de protéger l'environnement et de garantir que les règles d'urbanisme s'appliquent à tous ? Même quand ces règles semblent parfois rigides ou lointaines, quelle est la marge pour une adaptation locale, sans pour autant ouvrir la porte à l'injustice ou à la politique du fait accompli ?

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    C'est toute la question, en effet. Une question complexe qui dépasse largement le seul cas du Cabana Beach.

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Plongez au cœur de l'affaire Kabana Beach, la saga judiciaire et médiatique qui a divisé la Guadeloupe. D'un côté, un jeune entrepreneur dynamique, créateur d'un lieu de vie adulé sur la plage de Port-Louis, symbole de la réussite locale pour ses nombreux partisans.

De l'autre, la puissance publique, armée de décisions de justice, déterminée à faire respecter la loi sur un littoral protégé.

Acharnement politique ou application inévitable de la loi? Rêve entrepreneurial brisé ou juste retour à l'ordre face à une construction jugée illégale?

Ce podcast décortique les faits, des premières autorisations controversées à la démolition finale sous haute tension.

Explorez les arguments passionnés des partisans et des détracteurs, analysez les décisions de justice qui ont scellé le destin du restaurant, et comprenez l'onde de choc sociale et économique qui a suivi la destruction.

Écoutez pour découvrir toute la vérité sur une affaire qui, bien au-delà des pelleteuses, pose des questions fondamentales sur l'avenir, la justice et le développement en Guadeloupe.


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  • Speaker #0

    Bienvenue pour cette nouvelle plongée. Aujourd'hui, on s'attaque à un dossier qui a beaucoup fait parler en Guadeloupe, l'affaire Cabana Beach.

  • Speaker #1

    Oui, bonjour. Un sujet complexe, ce restaurant de plage qui a été démoli en juin 2025.

  • Speaker #0

    Exactement. Alors, on a épluché pas mal de documents administratifs, décisions en justice, quelques témoignages aussi. L'idée, c'est vraiment de décortiquer les faits, de clarifier un peu le côté juridique, parce que c'est pas simple. Et de voir les tensions que ça a révélées. Aller au-delà des on-dit.

  • Speaker #1

    C'est ça. Comprendre comment on est passé d'un projet de base nautique à ce restaurant qui a cristallisé tant de patients opposant un entrepreneur local et l'application de la loi sur le littoral.

  • Speaker #0

    Bon, alors retournons au début. 2015, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, novembre 2015. Monsieur Semar, de la société Neis Jet, demande à l'ancien maire, monsieur Artin, l'autorisation pour, je cite, l'ouverture. de ma base d'activités nautiques. Jet-ski, flyboard, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc à ce stade, pas de restaurant mentionné noir sur blanc ?

  • Speaker #1

    Absolument pas. Et en avril 2016, ils obtiennent une AOT municipale, une Autorisation d'Occupation Temporaire.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est un point clé, l'AOT. C'est pas un permis de construire ?

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. Une AOT, ça permet d'installer des structures mobiles, démontables, pour une activité précise ici, nautique Sur le domaine public maritime, le DPM, c'est précaire, révocable.

  • Speaker #0

    Et c'est là que, disons, le péché original arrive.

  • Speaker #1

    On peut dire ça comme ça, oui. Au lieu de structure mobile, c'est un bâtiment en dur, un restaurant qui est construit. Sur ce DPM, qui est une zone protégée par la loi littorale et sans permis de construire.

  • Speaker #0

    Mais il n'y avait pas une histoire d'accord oral de l'ancien maire ?

  • Speaker #1

    Si, M. Semar s'est appuyé là-dessus. Et l'ancien maire l'a d'ailleurs confirmé en audition. Sauf que juridiquement, une autorisation orale pour construire, ça n'a aucune valeur. Zéro.

  • Speaker #0

    D'accord. On voit déjà le décalage entre l'informel et le légal. Et ça s'est agrandi, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, progressivement, surtout à partir de 2020. On parle de plus de 1000 m² à la fin. Il y a eu des allégations de travaux de nuit, d'arbres coupés.

  • Speaker #0

    Et les autorités, elles ont réagi quand ? Parce que ça n'a pas pu passer inaperçu longtemps.

  • Speaker #1

    Non, effectivement, dès 2017, l'ADI et elle, les services de l'État pour l'environnement, dressent une contravention. En 2018, on lui propose déjà de déplacer son activité.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même.

  • Speaker #1

    Oui. Et en 2020, la nouvelle mairie prend un arrêté pour interrompre les travaux qui continuaient. Il y a même eu une fermeture administrative pendant le Covid en 2021. Donc, on ne peut pas dire que le gérant n'était pas au courant. Bon,

  • Speaker #0

    et après, direction les tribunaux, j'imagine. Sur le volet administratif d'abord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et là, le parcours est assez limpide. Juin 2023, le tribunal administratif condamne Nadjeh et ordonne la remise en état du site.

  • Speaker #0

    Donc démolition ?

  • Speaker #1

    En substance, oui. Juli 2024, la cour administrative d'appel de Bordeaux confirme. Et elle rejette explicitement l'argument de l'erreur de parcelle, qui était souvent avancée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et finalement, en décembre 2024, le Conseil d'État n'admet même pas le pourvoi. Donc sur le plan administratif, la décision était définitive. Occupation illégale, il faut partir et remettre en état.

  • Speaker #0

    C'est clair. Mais il y avait aussi le volet pénal pour la construction elle-même.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Novembre 2023, tribunal correctionnel. Monsieur Semar est reconnu coupable de construction sans permis, infraction au plan local d'urbanisme, le PLU, et aussi au plan de prévention des risques naturels, le PPRN.

  • Speaker #0

    Ok, donc des amendes ?

  • Speaker #1

    Oui. 20 000 euros à titre personnel, 80 000 pour la société. Mais surtout, et c'est crucial pour la suite, le tribunal ordonne la démolition avec exécution provisoire.

  • Speaker #0

    Exécution provisoire, ça veut dire quoi concrètement ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire que la décision de démolir devait être appliquée tout de suite, même s'il faisait appel. Ça rendait la démolition légalement possible sans attendre que tous les recours soient dépuisés.

  • Speaker #0

    D'accord, je comprends mieux pourquoi ça a pu aller si vite ensuite. Pourtant, l'affaire a continué à diviser énormément. Quels étaient les arguments des défenseurs du Cabana Beach ?

  • Speaker #1

    Ils mettaient en avant la réussite d'un entrepreneur local, la création d'emplois, on parle de 30 à 40 personnes, et le fait que c'était un lieu important pour l'animation de Port Louis. Il y avait aussi la thèse d'un acharnement politique du nouveau maire, élu en 2020, et puis des arguments plus techniques sur des vices de procédure supposés, ou l'idée qu'une certaine tolérance passée avait créé des droits, un peu comme un bail commercial.

  • Speaker #0

    Et en face, la position des autorités ? État et mairie.

  • Speaker #1

    Eux, ils insistaient sur l'état de droit. La loi doit être la même pour tous. Que dire aux autres qui construisent illégalement si on laisse faire ? Il y avait aussi la protection de l'environnement, la zone est fragile, soumise aux risques naturels.

  • Speaker #0

    Et cette histoire de relocalisation ?

  • Speaker #1

    Oui, Laneri disait avoir proposé à plusieurs reprises une solution sur une parcelle juste à côté, qui était constructible elle, des propositions qui auraient été refusées. Il rappelait aussi avoir fait démolir d'autres paillotes illégales pour en montrer une certaine cohérence. Et puis, il y avait des plaintes pour nuisances, bruits, sécurité, assainissement.

  • Speaker #0

    Tout ça mène à la débolition en juin 2025. Malgré des tentatives de médiation, un incendie entre-temps.

  • Speaker #1

    Oui, échec des médiations, même avec l'intervention du président de région. L'incendie en novembre 2024 a rajouté de la tension. Et le 16 juin 2025, l'État procède à la démolition. La base légale, c'était la décision administrative définitive et le jugement pénal avec l'exécution provisoire. Ce n'était plus une décision politique discrétionnaire à ce stade.

  • Speaker #0

    Une opération tendue apparemment.

  • Speaker #1

    Très tendue, oui. Avec confrontation, les gérants ont été interpellés d'ailleurs, poursuivis ensuite pour violence sur les forces de l'ordre. L'impact a été énorme, un vrai choc social, la perte d'emploi vécue comme un traumatisme par les salariés, des réactions politiques très vives et de nouvelles actions en justice lancées par les anciens gérants.

  • Speaker #0

    Au final, si on synthétise, qu'est-ce que cette affaire Cabanabich nous dit ?

  • Speaker #1

    Elle illustre de façon assez brutale, je trouve, comment une situation illégale dès le départ, même si elle rencontre un succès économique et populaire, finit par se heurter à la voie. Surtout quand on touche au littoral, qui est très protégé. Ça montre un vrai choc entre deux cultures, celle de l'arrangement, de l'informel, et celle de l'application de la règle.

  • Speaker #0

    Et la leçon à retenir, peut-être ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment cette distinction fondamentale. Un soutien politique, même d'un maire, ou une tolérance tacite ? Ça ne remplace jamais une autorisation administrative en bonne et du forme comme un permis de construire. S'appuyer uniquement sur le premier, c'est prendre un risque considérable.

  • Speaker #0

    Ça laisse songeur. Et ça ouvre une question plus large pour finir. Comment fait-on, dans des territoires comme la Guadeloupe, qui ont leurs propres défis économiques et sociaux, pour articuler ce besoin d'initiative, de dynamisme local, avec la nécessité de protéger l'environnement et de garantir que les règles d'urbanisme s'appliquent à tous ? Même quand ces règles semblent parfois rigides ou lointaines, quelle est la marge pour une adaptation locale, sans pour autant ouvrir la porte à l'injustice ou à la politique du fait accompli ?

  • Speaker #1

    C'est toute la question, en effet. Une question complexe qui dépasse largement le seul cas du Cabana Beach.

Description

Plongez au cœur de l'affaire Kabana Beach, la saga judiciaire et médiatique qui a divisé la Guadeloupe. D'un côté, un jeune entrepreneur dynamique, créateur d'un lieu de vie adulé sur la plage de Port-Louis, symbole de la réussite locale pour ses nombreux partisans.

De l'autre, la puissance publique, armée de décisions de justice, déterminée à faire respecter la loi sur un littoral protégé.

Acharnement politique ou application inévitable de la loi? Rêve entrepreneurial brisé ou juste retour à l'ordre face à une construction jugée illégale?

Ce podcast décortique les faits, des premières autorisations controversées à la démolition finale sous haute tension.

Explorez les arguments passionnés des partisans et des détracteurs, analysez les décisions de justice qui ont scellé le destin du restaurant, et comprenez l'onde de choc sociale et économique qui a suivi la destruction.

Écoutez pour découvrir toute la vérité sur une affaire qui, bien au-delà des pelleteuses, pose des questions fondamentales sur l'avenir, la justice et le développement en Guadeloupe.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue pour cette nouvelle plongée. Aujourd'hui, on s'attaque à un dossier qui a beaucoup fait parler en Guadeloupe, l'affaire Cabana Beach.

  • Speaker #1

    Oui, bonjour. Un sujet complexe, ce restaurant de plage qui a été démoli en juin 2025.

  • Speaker #0

    Exactement. Alors, on a épluché pas mal de documents administratifs, décisions en justice, quelques témoignages aussi. L'idée, c'est vraiment de décortiquer les faits, de clarifier un peu le côté juridique, parce que c'est pas simple. Et de voir les tensions que ça a révélées. Aller au-delà des on-dit.

  • Speaker #1

    C'est ça. Comprendre comment on est passé d'un projet de base nautique à ce restaurant qui a cristallisé tant de patients opposant un entrepreneur local et l'application de la loi sur le littoral.

  • Speaker #0

    Bon, alors retournons au début. 2015, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, novembre 2015. Monsieur Semar, de la société Neis Jet, demande à l'ancien maire, monsieur Artin, l'autorisation pour, je cite, l'ouverture. de ma base d'activités nautiques. Jet-ski, flyboard, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc à ce stade, pas de restaurant mentionné noir sur blanc ?

  • Speaker #1

    Absolument pas. Et en avril 2016, ils obtiennent une AOT municipale, une Autorisation d'Occupation Temporaire.

  • Speaker #0

    Et ça, c'est un point clé, l'AOT. C'est pas un permis de construire ?

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. Une AOT, ça permet d'installer des structures mobiles, démontables, pour une activité précise ici, nautique Sur le domaine public maritime, le DPM, c'est précaire, révocable.

  • Speaker #0

    Et c'est là que, disons, le péché original arrive.

  • Speaker #1

    On peut dire ça comme ça, oui. Au lieu de structure mobile, c'est un bâtiment en dur, un restaurant qui est construit. Sur ce DPM, qui est une zone protégée par la loi littorale et sans permis de construire.

  • Speaker #0

    Mais il n'y avait pas une histoire d'accord oral de l'ancien maire ?

  • Speaker #1

    Si, M. Semar s'est appuyé là-dessus. Et l'ancien maire l'a d'ailleurs confirmé en audition. Sauf que juridiquement, une autorisation orale pour construire, ça n'a aucune valeur. Zéro.

  • Speaker #0

    D'accord. On voit déjà le décalage entre l'informel et le légal. Et ça s'est agrandi, j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, progressivement, surtout à partir de 2020. On parle de plus de 1000 m² à la fin. Il y a eu des allégations de travaux de nuit, d'arbres coupés.

  • Speaker #0

    Et les autorités, elles ont réagi quand ? Parce que ça n'a pas pu passer inaperçu longtemps.

  • Speaker #1

    Non, effectivement, dès 2017, l'ADI et elle, les services de l'État pour l'environnement, dressent une contravention. En 2018, on lui propose déjà de déplacer son activité.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même.

  • Speaker #1

    Oui. Et en 2020, la nouvelle mairie prend un arrêté pour interrompre les travaux qui continuaient. Il y a même eu une fermeture administrative pendant le Covid en 2021. Donc, on ne peut pas dire que le gérant n'était pas au courant. Bon,

  • Speaker #0

    et après, direction les tribunaux, j'imagine. Sur le volet administratif d'abord.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et là, le parcours est assez limpide. Juin 2023, le tribunal administratif condamne Nadjeh et ordonne la remise en état du site.

  • Speaker #0

    Donc démolition ?

  • Speaker #1

    En substance, oui. Juli 2024, la cour administrative d'appel de Bordeaux confirme. Et elle rejette explicitement l'argument de l'erreur de parcelle, qui était souvent avancée.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et finalement, en décembre 2024, le Conseil d'État n'admet même pas le pourvoi. Donc sur le plan administratif, la décision était définitive. Occupation illégale, il faut partir et remettre en état.

  • Speaker #0

    C'est clair. Mais il y avait aussi le volet pénal pour la construction elle-même.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Novembre 2023, tribunal correctionnel. Monsieur Semar est reconnu coupable de construction sans permis, infraction au plan local d'urbanisme, le PLU, et aussi au plan de prévention des risques naturels, le PPRN.

  • Speaker #0

    Ok, donc des amendes ?

  • Speaker #1

    Oui. 20 000 euros à titre personnel, 80 000 pour la société. Mais surtout, et c'est crucial pour la suite, le tribunal ordonne la démolition avec exécution provisoire.

  • Speaker #0

    Exécution provisoire, ça veut dire quoi concrètement ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire que la décision de démolir devait être appliquée tout de suite, même s'il faisait appel. Ça rendait la démolition légalement possible sans attendre que tous les recours soient dépuisés.

  • Speaker #0

    D'accord, je comprends mieux pourquoi ça a pu aller si vite ensuite. Pourtant, l'affaire a continué à diviser énormément. Quels étaient les arguments des défenseurs du Cabana Beach ?

  • Speaker #1

    Ils mettaient en avant la réussite d'un entrepreneur local, la création d'emplois, on parle de 30 à 40 personnes, et le fait que c'était un lieu important pour l'animation de Port Louis. Il y avait aussi la thèse d'un acharnement politique du nouveau maire, élu en 2020, et puis des arguments plus techniques sur des vices de procédure supposés, ou l'idée qu'une certaine tolérance passée avait créé des droits, un peu comme un bail commercial.

  • Speaker #0

    Et en face, la position des autorités ? État et mairie.

  • Speaker #1

    Eux, ils insistaient sur l'état de droit. La loi doit être la même pour tous. Que dire aux autres qui construisent illégalement si on laisse faire ? Il y avait aussi la protection de l'environnement, la zone est fragile, soumise aux risques naturels.

  • Speaker #0

    Et cette histoire de relocalisation ?

  • Speaker #1

    Oui, Laneri disait avoir proposé à plusieurs reprises une solution sur une parcelle juste à côté, qui était constructible elle, des propositions qui auraient été refusées. Il rappelait aussi avoir fait démolir d'autres paillotes illégales pour en montrer une certaine cohérence. Et puis, il y avait des plaintes pour nuisances, bruits, sécurité, assainissement.

  • Speaker #0

    Tout ça mène à la débolition en juin 2025. Malgré des tentatives de médiation, un incendie entre-temps.

  • Speaker #1

    Oui, échec des médiations, même avec l'intervention du président de région. L'incendie en novembre 2024 a rajouté de la tension. Et le 16 juin 2025, l'État procède à la démolition. La base légale, c'était la décision administrative définitive et le jugement pénal avec l'exécution provisoire. Ce n'était plus une décision politique discrétionnaire à ce stade.

  • Speaker #0

    Une opération tendue apparemment.

  • Speaker #1

    Très tendue, oui. Avec confrontation, les gérants ont été interpellés d'ailleurs, poursuivis ensuite pour violence sur les forces de l'ordre. L'impact a été énorme, un vrai choc social, la perte d'emploi vécue comme un traumatisme par les salariés, des réactions politiques très vives et de nouvelles actions en justice lancées par les anciens gérants.

  • Speaker #0

    Au final, si on synthétise, qu'est-ce que cette affaire Cabanabich nous dit ?

  • Speaker #1

    Elle illustre de façon assez brutale, je trouve, comment une situation illégale dès le départ, même si elle rencontre un succès économique et populaire, finit par se heurter à la voie. Surtout quand on touche au littoral, qui est très protégé. Ça montre un vrai choc entre deux cultures, celle de l'arrangement, de l'informel, et celle de l'application de la règle.

  • Speaker #0

    Et la leçon à retenir, peut-être ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment cette distinction fondamentale. Un soutien politique, même d'un maire, ou une tolérance tacite ? Ça ne remplace jamais une autorisation administrative en bonne et du forme comme un permis de construire. S'appuyer uniquement sur le premier, c'est prendre un risque considérable.

  • Speaker #0

    Ça laisse songeur. Et ça ouvre une question plus large pour finir. Comment fait-on, dans des territoires comme la Guadeloupe, qui ont leurs propres défis économiques et sociaux, pour articuler ce besoin d'initiative, de dynamisme local, avec la nécessité de protéger l'environnement et de garantir que les règles d'urbanisme s'appliquent à tous ? Même quand ces règles semblent parfois rigides ou lointaines, quelle est la marge pour une adaptation locale, sans pour autant ouvrir la porte à l'injustice ou à la politique du fait accompli ?

  • Speaker #1

    C'est toute la question, en effet. Une question complexe qui dépasse largement le seul cas du Cabana Beach.

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