Speaker #0bienvenue dans mon train aujourd'hui j'ai envie de vous emmener avec moi pour un voyage un peu particulier un voyage intime chargé d'émotions de rencontres de séparation de deuil et d'amour je vous invite à monter avec moi à bord à vous y installer confortablement à fermer les yeux si vous le pouvez et laissez le train de ma vie vous emporter je voudrais commencer ce voyage avec un poème qui me touche profondément un poème de jean d'hommerson le train de la vie a la naissance on monte dans le train et on rencontre nos parents et on croit qu'ils voyageront toujours avec nous pourtant à une station nos parents descendront du train nous laissant seuls continuer le voyage au fur et à mesure que le temps passe d'autres personnes montent dans le train et ils seront importants notre fratrie amis enfants même l'amour de notre vie beaucoup démissionneront même l'amour de notre vie et laisseront un vide plus ou moins grand d'autres seront si discrets qu'on ne réalisera pas qu'ils ont quitté leur siège ce voyage en train sera plein de joie de peine d'attente de bonjour de revoir et d'adieu le succès est d'avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu'on donne le meilleur de nous-mêmes on ne sait pas à quelle station nous descendrons donc vivons heureux aimons Et pardonnons, il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous devrions ne laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continuent leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d'être un des passagers de mon train et si je dois descendre à la prochaine station, je suis contente d'avoir fait un bout de chemin avec vous. Je veux dire à chaque personne qui m'écoutera que je vous remercie d'être dans ma vie et de voyager dans mon train. Aujourd'hui, je vous ouvre les portes de mon train. Je suis née un lundi 25 janvier 1993, au Mont-Saint-Aignan, en Seine-Maritime. A ma naissance, mes parents biologiques sont montés avec moi. Mais quelques stations plus loin, ils ont dû descendre. Et à cette station. Une femme entre dans le train, accompagnée d'un homme et de deux enfants. Ma famille de cœur est montée à bord. Une nouvelle présence, un nouvel amour. Ce n'est pas un début de voyage comme les autres, mais il était déjà plein de sens, d'émotions et de rencontres marquantes. Puis un jour, les portes du train se sont ouvertes, et Caramel, ma chienne, est montée à bord. Elle a été mon premier lien animal fort, ma première confidente à quatre pattes. Mais voilà, un samedi après-midi, une voiture l'a percutée. Elle n'est pas morte sur le coup, mais sa colonne vertébrale, elle, a été brisée. Et ma maman a dû prendre cette décision que tant de gens redoutent. celle de l'euthanasie. Car sa vie d'avant, cette vie qu'elle aimait tant, n'était plus possible. Ce fut mon premier deuil, mon premier grand vide. Peu de temps après, ces coquins, ma minette, qui est montée dans mon train, elle accourait chaque fois que je pleurais, me collait, me réconfortait. Lorsque je me cachais sous la couverture et que je faisais mine de pleurer, elle accourait, sautait. et grattait, grattait, grattait, grattait la couette de toutes ses forces. Je laissais toujours un petit trou où elle pouvait me retrouver. Et croyez-moi, elle trouvait toujours ce petit creux dans la couette pour venir me réconforter. Elle aussi est partie brutalement sur cette même route en bas de la maison. Et mon cœur d'enfant a encore pleuré, hurlé, crié suite à ce départ. Mais comme à chaque station, la vie a repris. Et Joupi est monté à bord. Et puis un jour, c'est moi qui ai quitté la maison. Une autre station importante, celle de l'indépendance. Et à cette nouvelle étape, Laïka. Ah, ma Laïka. Recueillie sur la SPA, à l'âge de trois mois, tout juste. Le jour où je suis arrivée, elle s'est précipitée contre le grillage. Elle a posé ses pattes juste en face de moi. Elle m'a choisie. Ce fut un coup de foudre. Une évidence. Et à nouveau, mon train s'est rempli d'amour. Deux ans plus tard, ce sont Mambo et Nalo qui sont montés. Puis mes rats, des aides si petits, au cœur si grand. Leur durée de vie est courte, mais le lien qu'on tisse avec elles, intense, puissant, profond. Et là encore, les adus ont été déchirants. Elles ont quitté le train beaucoup trop tôt, ces petites rats. Puis est venu le moment de ma vie professionnelle. J'ai été conseillère funéraire, une profession que j'ai exercée avec cœur. J'ai accompagné les familles dans leurs douleurs, leurs adieux. Mais ce métier, je l'ai quitté aussi un jour. Ce fut là encore un deuil. Un deuil professionnel, profond, marquant. Et puis un jour, j'ai commencé à me regarder en face, à faire ce travail. ce long travail sur moi, à plonger dans mes blessures, mes forces, mes fêlures, mes élans, à devenir doucement la femme que je suis aujourd'hui. Et là, dans ce cheminement, j'ai été accompagnée par de belles âmes, des guides, des amis, des thérapeutes, des compagnons de route. À chaque station, quelqu'un entrait ou quittait le train, mais à chaque fois, quelque chose restait. Et puis un jour, une idée m'a traversé, après la disparition de Joupi. Et si je pouvais réunir mes deux passions, le deuil et les animaux ? Et si je pouvais transformer toute cette douleur en quelque chose d'utile ? Une main tendue pour d'autres. C'est ainsi qu'est né ce projet, ce conte, ce podcast. Pour vous, pour vous dire que vous n'êtes pas seul, que le train continue, qu'il y a des arrêts, des pertes, des absences, mais aussi de nouveaux visages, de nouveaux départs, de nouveaux élans. Alors aujourd'hui, je vous remercie d'avoir monté à bout, de m'avoir écouté, de m'avoir permis de vous raconter mon voyage. Mon train continue de rouler et j'espère que vous y serez encore un moment. que l'on pourra voyager ensemble. Et quand l'une ou l'un de vous décidera de descendre, je garderai avec moi ce qu'il ou elle aura laissé dans mon wagon. Un mot, une écoute, un sourire, un partage. Merci d'être là.
