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#50 (1)- Pedro Correa: "Qu'est-ce-que je changerais si je devais mourir demain?" cover
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Quelque chose à vous dire- le podcast des parents séparés

#50 (1)- Pedro Correa: "Qu'est-ce-que je changerais si je devais mourir demain?"

#50 (1)- Pedro Correa: "Qu'est-ce-que je changerais si je devais mourir demain?"

35min |14/04/2025|

361

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Quelque chose à vous dire- le podcast des parents séparés

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35min |14/04/2025|

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Description

🎙️ Changer de vie pour ne pas avoir de regret, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu’il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale, pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu’il était tout petit.


👨‍🦱 Aujourd’hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant.

On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible en bordure de forêt. Papa de deux enfants, bruxellois d’origine espagnole, Pedro s’est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de polytech à l’UC Louvain en Belgique. Un discours devenu viral et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. 


📖Pedro vient nous parler de son livre "Le Cercle des héros anonymes" paru aux editions Verso, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécanismes d’une multi-nationale.  Toute ressemblance avec notre invité du jour n’est absolument pas fortuite!


👉On va parler de choix aussi. Celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d’entre vous,  de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d’impressionnisme aussi.


⚠️Dans quinze jours nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l’animent.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode

Discours Pedro Correa, Polytech UC Louvain


📚 Lectures

Le Cercle des héros anonymes, Pedro Correa, Editions Verso

Matins clairs, Pedro Correa, poche


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Transcription

  • Speaker #0

    Changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre, enfin du corps mourant de mon père, lorsque je le regardais, alors que j'avais dîné avec lui la veille, et je me revoyais avec lui la veille, et je me voyais vraiment lui poser cette question, maintenant que je sais que tu vas mourir demain, est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase... qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard, mais c'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, ce n'est pas rationalisé, ce n'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, n'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Pourquoi est-il souvent plus facile de consoler un enfant ou un ami que de se consoler soi-même ? Interroge Savario Tomasella dans son livre « J'apprends à me consoler moi-même » . Peut-être tout simplement parce que l'on est toujours plus critique envers soi-même qu'envers les autres. On n'a aucun mal à se dire « tu l'as bien cherché » , alors qu'on n'oserait jamais le dire à un proche. On s'habitue à porter un masque, à cacher le fait qu'on a mal, parce que dans notre éducation et notre tradition familiale, ça ne se fait pas d'exprimer ses émotions. Et l'on se retrouve fort dépourvu quand face à une séparation, le constat est clair. C'est douloureux. Il faut faire un deuil, il faut tout recommencer, et l'on se retrouve seul et souvent démuni face à soi-même. Et pourtant, on en a souvent parlé dans le podcast, notre meilleur allié, c'est nous-mêmes. C'est nous qui prenons les décisions qui vont peut-être bouleverser notre vie, mais aussi celles qui vont nous faire du bien et nous redonner espoir et confiance en nous et en la vie. Et si on décidait aujourd'hui de se remettre au centre de notre vie, pour de vrai. C'est le thème abordé dans l'épisode du jour. Bonne écoute ! Épisode 50, Pedro Correa. Changer de vie pour ne pas avoir de regrets, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier, qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu'il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu'il était tout petit. Aujourd'hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant. On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible, en bordure de forêt. Bonjour. Bonjour. Papa de deux enfants, bruxellois d'origine espagnole, Pedro s'est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de Polytech à l'UCLouvain en Belgique. Un discours devenu viral depuis et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. Pedro vient nous parler de son livre Le Cercle des héros anonymes, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécaniques d'une multinationale. Toute ressemblance avec notre invité du jour n'est absolument pas fortuite. On va parler de choix aussi, celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d'entre vous, de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d'impressionnisme. Dans 15 jours, nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l'animent. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis Pedro Correa. Je suis docteur en sciences appliquées. Je suis devenu artiste photographe et puis auteur et conférencier. Je suis à mon deuxième livre. Je suis à mon deuxième enfant aussi. J'ai deux fils. Ils ont chacun une maman. Donc j'ai un grand de 16 ans qui a sa maman qui n'est pas avec moi. Et j'ai mon petit Thiago de 8 ans qui lui est avec moi et avec Valérie.

  • Speaker #1

    Donc on va préciser quand même pour les auditoristes, il se trouve que Pedro et moi habitons dans le même quartier. Et que j'avais repéré que Pedro venait boire des cafés au même endroit que moi. Et donc ça faisait longtemps que je me disais, mais c'est Pedro Correa, il faudrait quand même que je lui...

  • Speaker #0

    Tu m'as stalkée.

  • Speaker #1

    Un peu, j'ai un peu... J'ai commencé à regarder un peu ce que tu faisais sur les réseaux. Et puis récemment, tu as annoncé que tu sortais ton deuxième livre. Moi, j'avais beaucoup aimé le premier, Matin clair. Ce que j'ai bien aimé en plus, c'est qu'il était super concis. Et je trouvais qu'il n'y avait rien à jeter dans ce livre. C'était vraiment très facile à lire. Plein de leçons de vie aussi, de ton expérience à toi. Et alors peut-être pour ceux qui ne te connaissent pas, on peut quand même revenir un petit peu en arrière. Je sais qu'on te pose souvent cette question-là. Elle est venue d'où cette idée d'écrire Matin clair ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est très rigolo parce que, donc, moi, je suis fils de professeur de littérature. Mon père était prof de littérature espagnole et française, les deux. Il était fou de ça. Et ma mère, artiste. Et donc, moi, j'ai toujours voulu faire les deux, être artiste et écrire. J'étais aussi fou d'écriture, de lecture. Je lisais énormément, j'étais un enfant. assez solitaire et pas pour autant malheureux, j'étais hyper bien dans mes univers imaginaires. Et donc depuis tout petit j'écrivais de la poésie, des nouvelles, et puis en vivant des choses qui moi me paraissaient incroyables, alors qu'elles sont tout à fait anodines, c'est simplement cette histoire de celui qui vous vit une vie. qui lui paraît morne et qui à l'intérieur de lui en vit une autre, qui est celle qu'il rêve ou qu'il aimerait faire. Et donc je regardais ma vie un peu avec des yeux de spectateur, ce gars qui arrive dans une grande multinationale, qui devient chef de projet, des projets stressants pour tout le monde sauf pour moi parce que je n'en avais rien à faire. Je me rappelle le mot chef, il me demande comment est-ce que tu es toujours si serein. Et j'ai fallu lui répondre, mais parce que j'en ai rien à foutre.

  • Speaker #1

    Elle vendait quoi, cette multinationale ?

  • Speaker #0

    C'est une banque.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu t'es retrouvé là,

  • Speaker #1

    déjà ? Pourquoi tu voulais travailler dans une banque ?

  • Speaker #0

    Parce que... Et c'est ça que j'aborde dans Matin clair, c'est l'inertie de l'héritage. Donc mes parents, qui étaient espagnols, qui ont vécu la faim, qui ont vécu la guerre civile, qui sont arrivés ici... Mon père est devenu prof à l'école européenne, qui pour lui était un énorme succès de vie. Lui qui venait d'une famille de maçons dans la région la plus pauvre d'Espagne, se retrouver dans la capitale d'Europe, pour lui c'était un énorme succès. C'est un peu comme si Spielberg t'appelle pour aller faire un film alors que t'es comédien de province. Et donc j'ai hérité ça, le travail. le sacrifice, l'excellence, l'accumulation, la carrière, tout ça. Jusqu'au jour où j'ai cette crise existentielle, où je le vois mourir. Et je vois mourir la personne qui m'a fait passer toutes ces valeurs. Et j'ai fait ce que les psychoanalystes appellent tuer le père. Il faut tuer le père pour devenir pleinement adulte et pleinement libre.

  • Speaker #1

    C'est drôle ce que tu dis, enfin c'est drôle sans être drôle, mais d'abord il est mort. très subitement ton père.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un accident domestique. On l'a vu mourir.

  • Speaker #1

    Donc ça devrait être déjà très difficile. On ne s'y attend absolument pas. D'autre part aussi, tu mets le point sur autre chose. C'est qu'on dit souvent que justement, quand j'ai entendu beaucoup de récits de personnes qui avaient perdu leurs parents et qui, du coup, s'émancipent complètement des schémas traditionnels. C'est ce qui s'est passé pour toi aussi ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, et c'est pas tout jeter, c'est vraiment tout repasser au crible, remettre en question toutes ces valeurs que j'avais héritées, certaines que j'adorais. La littérature, elle est restée, parce qu'on revient à la question première, comment est arrivé ce livre ? La solidarité, mon père était un syndicaliste, même à l'école européenne, mais après il y avait d'autres choses qui n'étaient pas miennes, et dont je me suis départi. Je ne trouvais pas que je devais être excellent, me sacrifier pour une carrière qui allait me protéger d'un avenir qui allait être compliqué, qui allait être de tous contre tous. Et donc ça, je m'en suis défait et ce faisant, je me suis rapproché des choses que je voulais véritablement faire. J'ai commencé par la photographie et puis j'ai repris l'écriture. Et donc ce qui est drôle pour revenir à ce livre, c'est que... Donc, ce deuxième livre, Le Cercle des héros anonymes, est venu avant Matin clair. Moi, je l'écrivais depuis bien avant parce que c'est quelque chose, c'est un livre qui vraiment sointe toutes mes expériences dans les grandes boîtes, à Barcelone où j'ai habité, à New York où j'ai été plusieurs fois faire des reportages photos. Et donc, ce livre était là en gestation. Il avançait, il avançait. Et puis arrive... Le discours que j'ai donné à Polytech, à l'UCLouvain, en 2009.

  • Speaker #1

    C'est un discours qui est devenu viral, dans lequel tu racontes aux étudiants pourquoi il faut donner du sens à sa vie et suivre ses rêves.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Si je schématise...

  • Speaker #0

    Qui venait du cœur, parce que c'est vraiment exactement ce que moi j'avais vécu. Rien d'autre qu'un témoignage bienveillant à des étudiants à qui je voulais mettre en garde face à des travers que peut-être moi j'avais vécu. Et il se fait que dire ça était à ce moment-là terriblement subversif. Et en effet, c'est devenu complètement viral. On m'a appelé partout en Europe. J'ai fait le Marie-Claire. un magazine de mode italien. Donc, c'est... Je ne sais plus. C'est un magazine de mode très, très connu où il m'avait appelé le gourou de la felicità.

  • Speaker #1

    Mais tu dis de subversif. On n'était pas dans les années 50. On était en 2019.

  • Speaker #0

    Non, on était en 2019. C'est très récent.

  • Speaker #1

    Pourquoi subversif à cette époque-là ? Ça ne fait pas si longtemps. C'était juste avant le Covid.

  • Speaker #0

    C'était juste avant le Covid. Je pense que c'était le moment... C'était juste... Je crois que c'était la goutte de trop qui fait déborder quelque chose qui était pas tant, très latent chez beaucoup de personnes. Un cas près, le Covid a complètement encore souligné, renforcé. Mais oui, c'était il n'y a pas si longtemps. Et je trouve que les choses vont extrêmement vite dans plein de domaines. C'est fascinant parce que, par exemple, lorsque moi, je donne ce discours, je commence par donner une statistique qu'aujourd'hui est bien connue, mais qu'à l'époque, j'avais été le premier. Pourquoi ? Alors qu'elle était totalement publique, je dis qu'il y avait plus. Déjà à l'époque, il y a cinq ans, le budget national en Belgique alloué aux maladies de longue durée, les burn-out et les dépressions, était plus important que le budget alloué au chômage. Et personne ne s'en rendait compte, personne n'était au courant de ça. Tout le monde, proportionnellement au temps d'antenne que ça prenait, le chômage, tout le monde dirait, mais oui, problème numéro un en Belgique, c'est le chômage, ce n'est pas du tout les maladies de longue durée. Et en réalité, c'était l'inverse. Au niveau budgétaire... Nadine Nonguré était première dans la liste. J'avais tellement été le premier à dire que Arnaud Reussen, quelques semaines plus tard...

  • Speaker #1

    Un journaliste belge de la RTBF.

  • Speaker #0

    De la RTBF, qui décrypte, qui fact-check, qui est très sérieux par rapport à plein de choses. Il avait fait toute une émission rien que basée sur ce fait-là que j'énonçais pour voir si c'était vrai. et oui évidemment c'est vrai et ça empire depuis donc c'est vrai qu'il n'y a pas très longtemps du tout et pourtant il y a plein de choses qui avaient besoin d'être dites moi le témoignage que j'ai le plus reçu et il y en a eu des milliers parce qu'il a été vu 20 millions de fois ce discours depuis 20 millions de fois en 5 ans ce que j'ai le plus entendu c'est merci d'avoir dit tout haut ce que je pensais tout bas ou merci je me sens moins seul maintenant à penser comme ça Donc on était vraiment à un point de bascule où on était énormément, extrêmement nombreux et nombreuses. à ressentir quelque chose qui n'était pas encore vocalisé, qui n'était pas encore rationalisé. Et c'est arrivé pile bien à ce moment-là. Et depuis, je pense qu'il n'y a plus une année où il n'y a pas de discours subversif à la remise des diplômes. Il y a eu AgroParisTech un an ou deux plus tard, et il y en a plein depuis.

  • Speaker #1

    Et si on fait un peu abstraction du monde professionnel et qu'on regarde simplement vers sa vie personnelle, et notamment sur le sujet qui nous intéresse dans ce podcast, sur la séparation, comment est-ce qu'on peut s'appliquer ça ? aller au bout de ses rêves, trouver du sens à sa vie. Si j'ai bien compris, toi, tu t'es séparé aussi un petit peu dans cette période-là, à ce moment-là, où d'un coup, tu t'es rendu compte que tu n'allais pas dans la bonne direction sentimentalement parlant. Comment on se rend compte de ça et qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est venu très insidieusement. C'est une connotation péjorative, mais je veux dire... très lentement. Ça s'est immiscé comme ça dans le quotidien. Il y a eu ce deuil de mon père et quelques années plus tard, quand je commençais à faire le bilan, je dis ça de façon très rationnelle et très rationalisée alors qu'en fait c'est a posteriori sur le moment même. Moi, je ne savais pas du tout que j'étais en train de faire le bilan de quoi que ce soit. Je n'avais que des ressentis, que des émotions. Et c'est maintenant que je peux dire, oui, à l'époque, je me suis rendu compte qu'en fait, je devais laisser tomber ci, ça. Et donc, dans ce ressenti que j'avais, que j'ai résumé en une phrase qui est reprise souvent de ce discours, maintenant que tu sais que tu vas mourir, changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre ou du corps mourant de mon père lorsque je le regardais alors que j'avais dîné avec lui la veille. Je me revoyais avec lui la veille et je me voyais vraiment lui poser cette question maintenant que je sais que tu vas mourir demain. Est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard. C'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, c'est pas rationalisé, c'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables. Vraiment du jour au lendemain, enfin, du jour au lendemain, non, parce que ça a pris 3-4 ans, entre le moment où mon père est mort et ma séparation. mais des choses que je trouvais insupportables, des compromis, des... Je me rappelle vraiment de cette phrase où mon ex-femme me dit « Mais tu sais, avec moi, tu ne pourras pas devenir écrivain. » C'était mon rêve d'enfant. Et je me suis rendu compte ce jour-là que ce n'était pas possible. Ce n'était plus possible pour moi de... de nier ces rêves-là, ils étaient trop forts. Et donc il y a des choses qui deviennent insupportables, et quand ça c'est devenu une évidence, après il y a tout un chemin très inconfortable de d'accord maintenant que je sais que je dois changer, que je dois me séparer, comment mettre en place une stratégie, de mettre en place un cheminement pour que ça se passe le mieux possible. Parce que même quand on se rend compte de l'insupportable, il reste l'autre insupportable, qui est celui de se séparer de son fils, de mon fils à l'époque. Et là, ça, ça a été la balance la plus dure. Qu'est-ce qui est plus insupportable ? Ne plus vivre cette vie de famille que j'ai avec lui, ou faire le deuil de mes rêves, et assez rapidement. Je me suis rendu compte que je ne me séparais pas de lui, je me séparais juste de la vie que j'avais avec lui, et que ce serait toujours mieux de vivre avec un père qu'il verrait peut-être moins, mais qui serait plus en phase avec lui-même et plus heureux, qu'un père malheureux, résigné, guéri, mais qui serait toujours avec lui à la maison. Donc voilà, c'est là qu'a commencé la phase de... J'appelle ça stratégie, ça a l'air un peu froid, mais c'est vraiment planification, de dire ok, est-ce que c'est possible, comment ? Avec le deuil de mon père, c'est vraiment la période la plus inconfortable de ma vie.

  • Speaker #1

    Ce dont tu parles, le rêve d'enfant, c'est quelque chose, moi, qui m'a beaucoup touchée le jour où j'ai vu que tu postais justement un texte sur LinkedIn là-dessus, précisément là-dessus. Et je trouve que c'est essentiel, je suis tout à fait d'accord avec toi sur ces rêves d'enfants qu'il ne faut surtout pas piétiner. Et c'est drôle pour la petite anecdote, c'est que la même journée, j'enregistrais un épisode du podcast avec quelqu'un qui a tenu aussi ces propos-là. Dans la même journée, quelqu'un d'autre qui m'a dit aussi exactement ça, qui m'a dit « moi je veux que mes enfants puissent vivre leurs rêves, c'est super important » . Et donc l'un de tes rêves, c'était de devenir écrivain.

  • Speaker #0

    Ah oui, depuis toujours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu considères que tu es devenu écrivain avec le premier livre ? C'est maintenant, là, en publiant un roman. Donc c'est différent quand même, ce n'est pas du tout le même style que le précédent. Où est-ce que tu te sens le plus accompli ?

  • Speaker #0

    Clairement maintenant, oui. Ne serait-ce que par le fait qu'il y en a deux. Il y a une phrase qui m'a toujours beaucoup marqué. Moi, j'adore le cinéma aussi. J'étais critique de cinéma, je regarde... presque un film par jour. Depuis, moi, j'avais la... Au moment où j'étais critique de cinéma, j'ai jamais eu autant d'amis parce que j'avais la carte, une carte qui n'existe plus, je crois, que certains... C'est la carte de presse. Oui, c'est... C'est la carte de presse. Oui, où je pouvais aller à volonté et amener quelqu'un à chaque fois. Donc, je peux te dire qu'à ce moment-là, j'avais beaucoup d'amis qui voulaient m'accompagner au cinéma. J'y allais tous les jours. J'allais revoir les films ou la fin d'un film que... Bref, dans mon roman, il y a autant de références au cinéma qu'à la littérature. Pourquoi je parlais de cinéma ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, mais j'avais quand même envie de te demander, puisque tu es un fan de ciné, c'est quoi ton film préféré ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai beaucoup. J'adore The Big Lebowski, j'adore Pulp Fiction, j'adore les films des années 90. J'adore un petit film que personne ne connaît. Je pense que ça, ça devrait être, à mon avis, mon film préféré. C'est Garden State de Zach Braff. Un petit film indépendant que j'adore. Et donc, oui, il y avait cette phrase. Je voulais revenir à ce film. Wonder Boys. Parce que je disais que j'adore le cinéma. Et en plus, j'adore le cinéma qui parle d'écrivain. Un de mes films préférés aussi, c'est Ghostwriter. où c'est un auteur qui écrit des biographies, et c'est génial, il y a des crimes, etc. Mais donc, Wonder Boys avec Michael Douglas, il y a une espèce de parodie d'écrivain à best-seller, comme ça, très haut-teinte, assez dégueu, et il y a Michael Douglas qui lui est un prof du NIV, qui fait des super trucs, mais qui n'a jamais percé, et le gars lui dit, et ce... cet écrivain qui donne des masterclass en écriture, il lui dit tout le monde écrit un livre, personne n'en écrit deux. Et là, avec le deuxième, je me dis, ok. Au moins, par ce critère-là, c'est bon. Je n'ai pas fait d'études, je n'ai pas de père ou de mentor. Donc, comme pour plein de choses dans la vie, je fais tout tout seul. Et du coup, j'ai beaucoup de mal à me sentir faire partie d'eux. Et donc, je me sentirais écrivain lorsque j'aurais suffisamment écrit que pour être entouré de choses que je trouve qui valent la peine. Parce que je sais que je n'ai pas de collègues qui me disent, cher collègue écrivain, je n'ai pas de prof qui m'a eu dans ses cours d'écriture et qui peut me dire, tu dépasses le maître. Je n'ai rien de tout ça.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que tu parles de... plein d'éléments de ta vie qu'on retrouve vraiment dans ce film. Dans ce livre. Dans ce livre. Et là, c'est vrai, tu viens encore de... Tu me fais penser au mentor du héros du livre. Le héros, c'est un peu toi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu moi, un peu...

  • Speaker #1

    David.

  • Speaker #0

    En plus beau, en plus courageux, en plus... en rocambolesque, en plus James Bond, un peu comme ça. Mais oui.

  • Speaker #1

    L'histoire, c'est David qui infiltre une multinationale et qui va la faire tomber. Donc, on ne va pas non plus spoiler toute l'histoire, mais voilà, c'est autour de ça. Mais il y a aussi beaucoup de... Donc, c'est un roman initiatique et il a un mentor un peu, ce David, lui aussi. Il a une amoureuse aussi. Et puis surtout, dans ce livre, il y a plein d'éléments de ta vie. Il y a le fait, il y a la forêt, tu habites près de la forêt. Il y a une mort tragique aussi. Une maman qui tombe d'un escabeau. J'ai noté comme ça. Il y a aussi toute cette quête de sens qu'on retrouve beaucoup dans ta personnalité, dans tout ce que tu racontes. C'est ton histoire, en fait, ce livre. Non ? C'est toi ? Tout ce livre, en fait, c'est toi.

  • Speaker #0

    On me le fait remarquer, que ça ressemble. À la base, moi, je voulais que ça ressemble vraiment à un film d'aventure, un film un peu avec les lignes du temps éclatées, un peu à la Nolan. Michael Clayton aussi, avec George Clooney, qui est un avocat qui s'attaque aux grandes multinationales, Dark Waters. avec Marc Ruffalo, ce genre de film de David contre Goliath et le protagoniste s'appelle David pas par hasard et oui il trouve ce mentor que j'avais un peu trouvé à Barcelone aussi, qui est devenu un grand ami qui faisait quoi ? il était prof c'était mon promoteur de thèse de doctorat à Barcelone parce que là dans l'histoire il est aussi prof Il est prof, il est directeur d'une grande école de commerce. Et il y avait ce fantasme que j'avais envie de porter, qui est celui de... On a souvent cette théorie du complot, comme quoi il y a un cercle d'initiés très puissants qui nous gouvernent, qui nous manipulent et qui construisent tous les désastres que nous sommes en train de connaître. Et moi, j'avais envie de mettre en scène la chose inverse. Un cercle de l'ombre clandestin, mais de personnes qui se réunissent pour conspirer pour la lumière, qui se réunissent pour conspirer, pour changer les travers de ce système. Et donc, j'adorais cette idée, et forcément j'étais puisé dans mon vécu, mais de toute façon, je pense, c'est anecdotique, ce que je fais, c'est vraiment puiser dans ce que j'ai vécu, mais aussi énormément ce que j'ai lu, ce que j'ai vu, essayer de... tour, une énorme soupe où je vais puiser. Et donc, oui, il y a ce mentor qui appelle David pour faire partie de ce cercle et ensemble pour aller faire tomber, infiltrer les multinationales toxiques et les faire tomber.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui souhaite beaucoup de succès, en tout cas, ce livre. Moi, j'ai beaucoup aimé. J'aurais voulu parler de ton travail de photographe, parce que je trouve que... On entend beaucoup parler de toi sur ces questions de développement personnel, de trouver un sens à sa vie, c'est des questions essentielles, mais ton travail est magnifique en fait. Merci. Je veux surtout regarder ce que tu faisais. Et je trouve ça vraiment très très chouette ces photos, et notamment il y en a une qui m'a marquée, c'est une photo qui, je pense, représente le bel gars. Celle-là ? Oui, c'est celle-là.

  • Speaker #0

    Non, ça c'est... C'est pris à Paris. Ah ok. Derrière... Oui, c'est dans un chantier d'un grand loft. C'était un grand loft où il venait de couler la chape de béton. Et moi je suis rentré avec un faux casque de chantier. J'ai fait semblant que je faisais complètement partie du truc pour pouvoir prendre les photos. Parce que j'adore ces ambiances de chantier, de choses à moitié construites comme ça. Et ça me permet... C'est toujours pas mal de flou, de reflets. Et ça, c'est les influences de l'impressionnisme et les influences de ma mère, de peinture et des beaux-arts, que j'ai fait aussi en cours du soir. Je cherchais dans la photographie la façon de me rapprocher le plus possible des impressionnistes, la façon qu'ils ont de retirer de l'information, de la réalité. Ce projet-là part de la théorie que, et j'ai eu cette idée pendant que je faisais le doctorat en sciences appliquées sur le traitement d'images, donc j'étudiais l'image d'une façon très rationnelle le matin, enfin la journée, et le soir, je faisais des cours du soir chez les impressionnistes, et je me rendais compte que l'image, en journée je travaillais les images satellites, les images médicales, où l'information est extrêmement importante, l'information qui est véhiculée par l'image, alors qu'en peinture, chez les impressionnistes... On retirait de l'information de l'image et alors on arrivait à toucher le cœur plutôt que le cerveau. Lorsqu'il y a beaucoup d'informations, on peut interpréter ce qui se passe, avoir beaucoup de données. Mais lorsqu'il n'y a plus d'informations, il y a des flous, il y a des reflets, il y a des transparences. Alors on n'est plus facilement ému parce qu'on va plutôt aller sonder nos ressentis, nos souvenirs plutôt que notre cerveau. Et donc c'est de là qu'est partie cette idée de vouloir faire cette série-là, qui mélange photographie et impressionnisme sans retouche digitale. Donc vraiment en gardant le côté street photographie, photographie de rue, mais en essayant de voir quelles sont les scènes qui ont l'air impressionnistes. Donc sans devoir flouter moi-même par la suite à postériori, mais juste des scènes qui par construction ont... peu d'informations, soit parce qu'il y a du brouillard, soit parce qu'il y a des reflets, soit parce qu'il y a des tentures ou des labuées.

  • Speaker #1

    Il y a une chose aussi que je voulais te demander parce que tu écrivais, je crois que c'était dans Matin clair, tu disais que tu ne voulais pas avoir de regrets, que tu vivais chaque journée, tu en as un petit peu parlé tout à l'heure, tu vivais chaque journée et tu te demandais à la fin de la journée, je crois que c'est ça, si c'était bien exact, Est-ce que j'ai des regrets aujourd'hui ? Est-ce que j'aurais pu faire des choses différemment ?

  • Speaker #0

    Parce que cette pensée-là, elle m'est venue quand j'en parle, c'est concernant des livres d'infirmières qui s'occupent en soins palliatifs de personnes mourantes. Et elles ont écrit des livres sur quels sont les plus grands regrets que les mourants ont. qu'est-ce que en tant qu'être humain on regrette le plus et c'est ça que je voulais éviter d'avoir ce genre de regrets et elle parle du fait que ça revient tout le temps on n'a pas dit assez je t'aime aux personnes qu'on aime on n'a pas on a trop travaillé on a trop stressé on a trop angoissé donc hier par exemple si j'avais quelque chose que j'aimerais changer c'est d'angoisser un peu moins peut-être pour plein de choses de la société actuellement, de ce que je fais a suffisamment d'impact. Je crois que c'est le propre des hypersensibles, c'est d'avoir ce genre d'angoisse en permanence qui sont en même temps un moteur. Moi, ma psy, c'est ce qu'elle m'a toujours dit et c'est un peu ça que je porte avec moi. Sans ce genre de questionnement permanent et de sens critique, de vouloir faire mieux. Je ne serai pas là à faire des photos, à écrire, à faire des conférences sur l'état du monde, sur ce que je lui souhaite de mieux, quelque part.

  • Speaker #1

    Donc concrètement, ça se traduit comment ? Tous les jours, tu prends un moment pour réfléchir à ta journée et te dire, ouais, aujourd'hui, c'est bon, c'est une journée plus. Aujourd'hui, c'est une journée moins. Tu fais vraiment ce travail-là ?

  • Speaker #0

    Oui. Je commence parce que je suis freelance, je suis mon chef, mon bourreau, mon collègue, et donc j'ai besoin d'avoir une certaine discipline, et donc me dire aujourd'hui qu'est-ce que je veux vraiment faire, accomplir, et là-dedans il y a toujours des choses de santé mentale, de santé physique, de famille avec mes enfants. domestique et aussi forcément, peut-être même malheureusement, peut-être en priorité aussi professionnelle. Qu'est-ce que je dois contacter ? Qu'est-ce que je veux écrire aujourd'hui ? Qu'est-ce que je dois publier ? Etc. Donc il y a un peu de tout ça, mais ce que je voulais dire par rapport à ces livres sur les regrets, c'est que c'est vraiment des regrets que l'on... c'est pas vraiment au jour le jour, c'est vraiment des regrets dans la durée. Parce que sinon, ça devient un peu anxiogène de dire aujourd'hui, oulala, j'ai des regrets, ça ne va pas. C'est vraiment plutôt une question de tendance. Dans ma vie, dans les rails dans lesquels je suis, dans cette inertie, dans cette stratégie que j'ai, dans ce plan, dans cette vie que je suis en train de mener, si elle continue comme ça, vers quel type de regrets je vais ? Quel type de regrets ça va m'amener ? C'est plutôt ça. Dans Matin clair, je crois que j'appelle ça des regrets à rebours. C'est vraiment se rendre compte au jour le jour du genre de regrets que l'on va pouvoir avoir sur nos vies de mort si on continue comme ça.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide... ou à aider des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées ainsi que des commentaires positifs. pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, Suivez Quelque Chose à Vous Dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn. Et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et Rikila, portez-vous bien. Ciao !

Description

🎙️ Changer de vie pour ne pas avoir de regret, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu’il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale, pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu’il était tout petit.


👨‍🦱 Aujourd’hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant.

On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible en bordure de forêt. Papa de deux enfants, bruxellois d’origine espagnole, Pedro s’est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de polytech à l’UC Louvain en Belgique. Un discours devenu viral et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. 


📖Pedro vient nous parler de son livre "Le Cercle des héros anonymes" paru aux editions Verso, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécanismes d’une multi-nationale.  Toute ressemblance avec notre invité du jour n’est absolument pas fortuite!


👉On va parler de choix aussi. Celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d’entre vous,  de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d’impressionnisme aussi.


⚠️Dans quinze jours nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l’animent.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode

Discours Pedro Correa, Polytech UC Louvain


📚 Lectures

Le Cercle des héros anonymes, Pedro Correa, Editions Verso

Matins clairs, Pedro Correa, poche


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Transcription

  • Speaker #0

    Changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre, enfin du corps mourant de mon père, lorsque je le regardais, alors que j'avais dîné avec lui la veille, et je me revoyais avec lui la veille, et je me voyais vraiment lui poser cette question, maintenant que je sais que tu vas mourir demain, est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase... qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard, mais c'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, ce n'est pas rationalisé, ce n'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, n'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Pourquoi est-il souvent plus facile de consoler un enfant ou un ami que de se consoler soi-même ? Interroge Savario Tomasella dans son livre « J'apprends à me consoler moi-même » . Peut-être tout simplement parce que l'on est toujours plus critique envers soi-même qu'envers les autres. On n'a aucun mal à se dire « tu l'as bien cherché » , alors qu'on n'oserait jamais le dire à un proche. On s'habitue à porter un masque, à cacher le fait qu'on a mal, parce que dans notre éducation et notre tradition familiale, ça ne se fait pas d'exprimer ses émotions. Et l'on se retrouve fort dépourvu quand face à une séparation, le constat est clair. C'est douloureux. Il faut faire un deuil, il faut tout recommencer, et l'on se retrouve seul et souvent démuni face à soi-même. Et pourtant, on en a souvent parlé dans le podcast, notre meilleur allié, c'est nous-mêmes. C'est nous qui prenons les décisions qui vont peut-être bouleverser notre vie, mais aussi celles qui vont nous faire du bien et nous redonner espoir et confiance en nous et en la vie. Et si on décidait aujourd'hui de se remettre au centre de notre vie, pour de vrai. C'est le thème abordé dans l'épisode du jour. Bonne écoute ! Épisode 50, Pedro Correa. Changer de vie pour ne pas avoir de regrets, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier, qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu'il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu'il était tout petit. Aujourd'hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant. On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible, en bordure de forêt. Bonjour. Bonjour. Papa de deux enfants, bruxellois d'origine espagnole, Pedro s'est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de Polytech à l'UCLouvain en Belgique. Un discours devenu viral depuis et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. Pedro vient nous parler de son livre Le Cercle des héros anonymes, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécaniques d'une multinationale. Toute ressemblance avec notre invité du jour n'est absolument pas fortuite. On va parler de choix aussi, celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d'entre vous, de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d'impressionnisme. Dans 15 jours, nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l'animent. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis Pedro Correa. Je suis docteur en sciences appliquées. Je suis devenu artiste photographe et puis auteur et conférencier. Je suis à mon deuxième livre. Je suis à mon deuxième enfant aussi. J'ai deux fils. Ils ont chacun une maman. Donc j'ai un grand de 16 ans qui a sa maman qui n'est pas avec moi. Et j'ai mon petit Thiago de 8 ans qui lui est avec moi et avec Valérie.

  • Speaker #1

    Donc on va préciser quand même pour les auditoristes, il se trouve que Pedro et moi habitons dans le même quartier. Et que j'avais repéré que Pedro venait boire des cafés au même endroit que moi. Et donc ça faisait longtemps que je me disais, mais c'est Pedro Correa, il faudrait quand même que je lui...

  • Speaker #0

    Tu m'as stalkée.

  • Speaker #1

    Un peu, j'ai un peu... J'ai commencé à regarder un peu ce que tu faisais sur les réseaux. Et puis récemment, tu as annoncé que tu sortais ton deuxième livre. Moi, j'avais beaucoup aimé le premier, Matin clair. Ce que j'ai bien aimé en plus, c'est qu'il était super concis. Et je trouvais qu'il n'y avait rien à jeter dans ce livre. C'était vraiment très facile à lire. Plein de leçons de vie aussi, de ton expérience à toi. Et alors peut-être pour ceux qui ne te connaissent pas, on peut quand même revenir un petit peu en arrière. Je sais qu'on te pose souvent cette question-là. Elle est venue d'où cette idée d'écrire Matin clair ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est très rigolo parce que, donc, moi, je suis fils de professeur de littérature. Mon père était prof de littérature espagnole et française, les deux. Il était fou de ça. Et ma mère, artiste. Et donc, moi, j'ai toujours voulu faire les deux, être artiste et écrire. J'étais aussi fou d'écriture, de lecture. Je lisais énormément, j'étais un enfant. assez solitaire et pas pour autant malheureux, j'étais hyper bien dans mes univers imaginaires. Et donc depuis tout petit j'écrivais de la poésie, des nouvelles, et puis en vivant des choses qui moi me paraissaient incroyables, alors qu'elles sont tout à fait anodines, c'est simplement cette histoire de celui qui vous vit une vie. qui lui paraît morne et qui à l'intérieur de lui en vit une autre, qui est celle qu'il rêve ou qu'il aimerait faire. Et donc je regardais ma vie un peu avec des yeux de spectateur, ce gars qui arrive dans une grande multinationale, qui devient chef de projet, des projets stressants pour tout le monde sauf pour moi parce que je n'en avais rien à faire. Je me rappelle le mot chef, il me demande comment est-ce que tu es toujours si serein. Et j'ai fallu lui répondre, mais parce que j'en ai rien à foutre.

  • Speaker #1

    Elle vendait quoi, cette multinationale ?

  • Speaker #0

    C'est une banque.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu t'es retrouvé là,

  • Speaker #1

    déjà ? Pourquoi tu voulais travailler dans une banque ?

  • Speaker #0

    Parce que... Et c'est ça que j'aborde dans Matin clair, c'est l'inertie de l'héritage. Donc mes parents, qui étaient espagnols, qui ont vécu la faim, qui ont vécu la guerre civile, qui sont arrivés ici... Mon père est devenu prof à l'école européenne, qui pour lui était un énorme succès de vie. Lui qui venait d'une famille de maçons dans la région la plus pauvre d'Espagne, se retrouver dans la capitale d'Europe, pour lui c'était un énorme succès. C'est un peu comme si Spielberg t'appelle pour aller faire un film alors que t'es comédien de province. Et donc j'ai hérité ça, le travail. le sacrifice, l'excellence, l'accumulation, la carrière, tout ça. Jusqu'au jour où j'ai cette crise existentielle, où je le vois mourir. Et je vois mourir la personne qui m'a fait passer toutes ces valeurs. Et j'ai fait ce que les psychoanalystes appellent tuer le père. Il faut tuer le père pour devenir pleinement adulte et pleinement libre.

  • Speaker #1

    C'est drôle ce que tu dis, enfin c'est drôle sans être drôle, mais d'abord il est mort. très subitement ton père.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un accident domestique. On l'a vu mourir.

  • Speaker #1

    Donc ça devrait être déjà très difficile. On ne s'y attend absolument pas. D'autre part aussi, tu mets le point sur autre chose. C'est qu'on dit souvent que justement, quand j'ai entendu beaucoup de récits de personnes qui avaient perdu leurs parents et qui, du coup, s'émancipent complètement des schémas traditionnels. C'est ce qui s'est passé pour toi aussi ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, et c'est pas tout jeter, c'est vraiment tout repasser au crible, remettre en question toutes ces valeurs que j'avais héritées, certaines que j'adorais. La littérature, elle est restée, parce qu'on revient à la question première, comment est arrivé ce livre ? La solidarité, mon père était un syndicaliste, même à l'école européenne, mais après il y avait d'autres choses qui n'étaient pas miennes, et dont je me suis départi. Je ne trouvais pas que je devais être excellent, me sacrifier pour une carrière qui allait me protéger d'un avenir qui allait être compliqué, qui allait être de tous contre tous. Et donc ça, je m'en suis défait et ce faisant, je me suis rapproché des choses que je voulais véritablement faire. J'ai commencé par la photographie et puis j'ai repris l'écriture. Et donc ce qui est drôle pour revenir à ce livre, c'est que... Donc, ce deuxième livre, Le Cercle des héros anonymes, est venu avant Matin clair. Moi, je l'écrivais depuis bien avant parce que c'est quelque chose, c'est un livre qui vraiment sointe toutes mes expériences dans les grandes boîtes, à Barcelone où j'ai habité, à New York où j'ai été plusieurs fois faire des reportages photos. Et donc, ce livre était là en gestation. Il avançait, il avançait. Et puis arrive... Le discours que j'ai donné à Polytech, à l'UCLouvain, en 2009.

  • Speaker #1

    C'est un discours qui est devenu viral, dans lequel tu racontes aux étudiants pourquoi il faut donner du sens à sa vie et suivre ses rêves.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Si je schématise...

  • Speaker #0

    Qui venait du cœur, parce que c'est vraiment exactement ce que moi j'avais vécu. Rien d'autre qu'un témoignage bienveillant à des étudiants à qui je voulais mettre en garde face à des travers que peut-être moi j'avais vécu. Et il se fait que dire ça était à ce moment-là terriblement subversif. Et en effet, c'est devenu complètement viral. On m'a appelé partout en Europe. J'ai fait le Marie-Claire. un magazine de mode italien. Donc, c'est... Je ne sais plus. C'est un magazine de mode très, très connu où il m'avait appelé le gourou de la felicità.

  • Speaker #1

    Mais tu dis de subversif. On n'était pas dans les années 50. On était en 2019.

  • Speaker #0

    Non, on était en 2019. C'est très récent.

  • Speaker #1

    Pourquoi subversif à cette époque-là ? Ça ne fait pas si longtemps. C'était juste avant le Covid.

  • Speaker #0

    C'était juste avant le Covid. Je pense que c'était le moment... C'était juste... Je crois que c'était la goutte de trop qui fait déborder quelque chose qui était pas tant, très latent chez beaucoup de personnes. Un cas près, le Covid a complètement encore souligné, renforcé. Mais oui, c'était il n'y a pas si longtemps. Et je trouve que les choses vont extrêmement vite dans plein de domaines. C'est fascinant parce que, par exemple, lorsque moi, je donne ce discours, je commence par donner une statistique qu'aujourd'hui est bien connue, mais qu'à l'époque, j'avais été le premier. Pourquoi ? Alors qu'elle était totalement publique, je dis qu'il y avait plus. Déjà à l'époque, il y a cinq ans, le budget national en Belgique alloué aux maladies de longue durée, les burn-out et les dépressions, était plus important que le budget alloué au chômage. Et personne ne s'en rendait compte, personne n'était au courant de ça. Tout le monde, proportionnellement au temps d'antenne que ça prenait, le chômage, tout le monde dirait, mais oui, problème numéro un en Belgique, c'est le chômage, ce n'est pas du tout les maladies de longue durée. Et en réalité, c'était l'inverse. Au niveau budgétaire... Nadine Nonguré était première dans la liste. J'avais tellement été le premier à dire que Arnaud Reussen, quelques semaines plus tard...

  • Speaker #1

    Un journaliste belge de la RTBF.

  • Speaker #0

    De la RTBF, qui décrypte, qui fact-check, qui est très sérieux par rapport à plein de choses. Il avait fait toute une émission rien que basée sur ce fait-là que j'énonçais pour voir si c'était vrai. et oui évidemment c'est vrai et ça empire depuis donc c'est vrai qu'il n'y a pas très longtemps du tout et pourtant il y a plein de choses qui avaient besoin d'être dites moi le témoignage que j'ai le plus reçu et il y en a eu des milliers parce qu'il a été vu 20 millions de fois ce discours depuis 20 millions de fois en 5 ans ce que j'ai le plus entendu c'est merci d'avoir dit tout haut ce que je pensais tout bas ou merci je me sens moins seul maintenant à penser comme ça Donc on était vraiment à un point de bascule où on était énormément, extrêmement nombreux et nombreuses. à ressentir quelque chose qui n'était pas encore vocalisé, qui n'était pas encore rationalisé. Et c'est arrivé pile bien à ce moment-là. Et depuis, je pense qu'il n'y a plus une année où il n'y a pas de discours subversif à la remise des diplômes. Il y a eu AgroParisTech un an ou deux plus tard, et il y en a plein depuis.

  • Speaker #1

    Et si on fait un peu abstraction du monde professionnel et qu'on regarde simplement vers sa vie personnelle, et notamment sur le sujet qui nous intéresse dans ce podcast, sur la séparation, comment est-ce qu'on peut s'appliquer ça ? aller au bout de ses rêves, trouver du sens à sa vie. Si j'ai bien compris, toi, tu t'es séparé aussi un petit peu dans cette période-là, à ce moment-là, où d'un coup, tu t'es rendu compte que tu n'allais pas dans la bonne direction sentimentalement parlant. Comment on se rend compte de ça et qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est venu très insidieusement. C'est une connotation péjorative, mais je veux dire... très lentement. Ça s'est immiscé comme ça dans le quotidien. Il y a eu ce deuil de mon père et quelques années plus tard, quand je commençais à faire le bilan, je dis ça de façon très rationnelle et très rationalisée alors qu'en fait c'est a posteriori sur le moment même. Moi, je ne savais pas du tout que j'étais en train de faire le bilan de quoi que ce soit. Je n'avais que des ressentis, que des émotions. Et c'est maintenant que je peux dire, oui, à l'époque, je me suis rendu compte qu'en fait, je devais laisser tomber ci, ça. Et donc, dans ce ressenti que j'avais, que j'ai résumé en une phrase qui est reprise souvent de ce discours, maintenant que tu sais que tu vas mourir, changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre ou du corps mourant de mon père lorsque je le regardais alors que j'avais dîné avec lui la veille. Je me revoyais avec lui la veille et je me voyais vraiment lui poser cette question maintenant que je sais que tu vas mourir demain. Est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard. C'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, c'est pas rationalisé, c'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables. Vraiment du jour au lendemain, enfin, du jour au lendemain, non, parce que ça a pris 3-4 ans, entre le moment où mon père est mort et ma séparation. mais des choses que je trouvais insupportables, des compromis, des... Je me rappelle vraiment de cette phrase où mon ex-femme me dit « Mais tu sais, avec moi, tu ne pourras pas devenir écrivain. » C'était mon rêve d'enfant. Et je me suis rendu compte ce jour-là que ce n'était pas possible. Ce n'était plus possible pour moi de... de nier ces rêves-là, ils étaient trop forts. Et donc il y a des choses qui deviennent insupportables, et quand ça c'est devenu une évidence, après il y a tout un chemin très inconfortable de d'accord maintenant que je sais que je dois changer, que je dois me séparer, comment mettre en place une stratégie, de mettre en place un cheminement pour que ça se passe le mieux possible. Parce que même quand on se rend compte de l'insupportable, il reste l'autre insupportable, qui est celui de se séparer de son fils, de mon fils à l'époque. Et là, ça, ça a été la balance la plus dure. Qu'est-ce qui est plus insupportable ? Ne plus vivre cette vie de famille que j'ai avec lui, ou faire le deuil de mes rêves, et assez rapidement. Je me suis rendu compte que je ne me séparais pas de lui, je me séparais juste de la vie que j'avais avec lui, et que ce serait toujours mieux de vivre avec un père qu'il verrait peut-être moins, mais qui serait plus en phase avec lui-même et plus heureux, qu'un père malheureux, résigné, guéri, mais qui serait toujours avec lui à la maison. Donc voilà, c'est là qu'a commencé la phase de... J'appelle ça stratégie, ça a l'air un peu froid, mais c'est vraiment planification, de dire ok, est-ce que c'est possible, comment ? Avec le deuil de mon père, c'est vraiment la période la plus inconfortable de ma vie.

  • Speaker #1

    Ce dont tu parles, le rêve d'enfant, c'est quelque chose, moi, qui m'a beaucoup touchée le jour où j'ai vu que tu postais justement un texte sur LinkedIn là-dessus, précisément là-dessus. Et je trouve que c'est essentiel, je suis tout à fait d'accord avec toi sur ces rêves d'enfants qu'il ne faut surtout pas piétiner. Et c'est drôle pour la petite anecdote, c'est que la même journée, j'enregistrais un épisode du podcast avec quelqu'un qui a tenu aussi ces propos-là. Dans la même journée, quelqu'un d'autre qui m'a dit aussi exactement ça, qui m'a dit « moi je veux que mes enfants puissent vivre leurs rêves, c'est super important » . Et donc l'un de tes rêves, c'était de devenir écrivain.

  • Speaker #0

    Ah oui, depuis toujours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu considères que tu es devenu écrivain avec le premier livre ? C'est maintenant, là, en publiant un roman. Donc c'est différent quand même, ce n'est pas du tout le même style que le précédent. Où est-ce que tu te sens le plus accompli ?

  • Speaker #0

    Clairement maintenant, oui. Ne serait-ce que par le fait qu'il y en a deux. Il y a une phrase qui m'a toujours beaucoup marqué. Moi, j'adore le cinéma aussi. J'étais critique de cinéma, je regarde... presque un film par jour. Depuis, moi, j'avais la... Au moment où j'étais critique de cinéma, j'ai jamais eu autant d'amis parce que j'avais la carte, une carte qui n'existe plus, je crois, que certains... C'est la carte de presse. Oui, c'est... C'est la carte de presse. Oui, où je pouvais aller à volonté et amener quelqu'un à chaque fois. Donc, je peux te dire qu'à ce moment-là, j'avais beaucoup d'amis qui voulaient m'accompagner au cinéma. J'y allais tous les jours. J'allais revoir les films ou la fin d'un film que... Bref, dans mon roman, il y a autant de références au cinéma qu'à la littérature. Pourquoi je parlais de cinéma ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, mais j'avais quand même envie de te demander, puisque tu es un fan de ciné, c'est quoi ton film préféré ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai beaucoup. J'adore The Big Lebowski, j'adore Pulp Fiction, j'adore les films des années 90. J'adore un petit film que personne ne connaît. Je pense que ça, ça devrait être, à mon avis, mon film préféré. C'est Garden State de Zach Braff. Un petit film indépendant que j'adore. Et donc, oui, il y avait cette phrase. Je voulais revenir à ce film. Wonder Boys. Parce que je disais que j'adore le cinéma. Et en plus, j'adore le cinéma qui parle d'écrivain. Un de mes films préférés aussi, c'est Ghostwriter. où c'est un auteur qui écrit des biographies, et c'est génial, il y a des crimes, etc. Mais donc, Wonder Boys avec Michael Douglas, il y a une espèce de parodie d'écrivain à best-seller, comme ça, très haut-teinte, assez dégueu, et il y a Michael Douglas qui lui est un prof du NIV, qui fait des super trucs, mais qui n'a jamais percé, et le gars lui dit, et ce... cet écrivain qui donne des masterclass en écriture, il lui dit tout le monde écrit un livre, personne n'en écrit deux. Et là, avec le deuxième, je me dis, ok. Au moins, par ce critère-là, c'est bon. Je n'ai pas fait d'études, je n'ai pas de père ou de mentor. Donc, comme pour plein de choses dans la vie, je fais tout tout seul. Et du coup, j'ai beaucoup de mal à me sentir faire partie d'eux. Et donc, je me sentirais écrivain lorsque j'aurais suffisamment écrit que pour être entouré de choses que je trouve qui valent la peine. Parce que je sais que je n'ai pas de collègues qui me disent, cher collègue écrivain, je n'ai pas de prof qui m'a eu dans ses cours d'écriture et qui peut me dire, tu dépasses le maître. Je n'ai rien de tout ça.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que tu parles de... plein d'éléments de ta vie qu'on retrouve vraiment dans ce film. Dans ce livre. Dans ce livre. Et là, c'est vrai, tu viens encore de... Tu me fais penser au mentor du héros du livre. Le héros, c'est un peu toi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu moi, un peu...

  • Speaker #1

    David.

  • Speaker #0

    En plus beau, en plus courageux, en plus... en rocambolesque, en plus James Bond, un peu comme ça. Mais oui.

  • Speaker #1

    L'histoire, c'est David qui infiltre une multinationale et qui va la faire tomber. Donc, on ne va pas non plus spoiler toute l'histoire, mais voilà, c'est autour de ça. Mais il y a aussi beaucoup de... Donc, c'est un roman initiatique et il a un mentor un peu, ce David, lui aussi. Il a une amoureuse aussi. Et puis surtout, dans ce livre, il y a plein d'éléments de ta vie. Il y a le fait, il y a la forêt, tu habites près de la forêt. Il y a une mort tragique aussi. Une maman qui tombe d'un escabeau. J'ai noté comme ça. Il y a aussi toute cette quête de sens qu'on retrouve beaucoup dans ta personnalité, dans tout ce que tu racontes. C'est ton histoire, en fait, ce livre. Non ? C'est toi ? Tout ce livre, en fait, c'est toi.

  • Speaker #0

    On me le fait remarquer, que ça ressemble. À la base, moi, je voulais que ça ressemble vraiment à un film d'aventure, un film un peu avec les lignes du temps éclatées, un peu à la Nolan. Michael Clayton aussi, avec George Clooney, qui est un avocat qui s'attaque aux grandes multinationales, Dark Waters. avec Marc Ruffalo, ce genre de film de David contre Goliath et le protagoniste s'appelle David pas par hasard et oui il trouve ce mentor que j'avais un peu trouvé à Barcelone aussi, qui est devenu un grand ami qui faisait quoi ? il était prof c'était mon promoteur de thèse de doctorat à Barcelone parce que là dans l'histoire il est aussi prof Il est prof, il est directeur d'une grande école de commerce. Et il y avait ce fantasme que j'avais envie de porter, qui est celui de... On a souvent cette théorie du complot, comme quoi il y a un cercle d'initiés très puissants qui nous gouvernent, qui nous manipulent et qui construisent tous les désastres que nous sommes en train de connaître. Et moi, j'avais envie de mettre en scène la chose inverse. Un cercle de l'ombre clandestin, mais de personnes qui se réunissent pour conspirer pour la lumière, qui se réunissent pour conspirer, pour changer les travers de ce système. Et donc, j'adorais cette idée, et forcément j'étais puisé dans mon vécu, mais de toute façon, je pense, c'est anecdotique, ce que je fais, c'est vraiment puiser dans ce que j'ai vécu, mais aussi énormément ce que j'ai lu, ce que j'ai vu, essayer de... tour, une énorme soupe où je vais puiser. Et donc, oui, il y a ce mentor qui appelle David pour faire partie de ce cercle et ensemble pour aller faire tomber, infiltrer les multinationales toxiques et les faire tomber.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui souhaite beaucoup de succès, en tout cas, ce livre. Moi, j'ai beaucoup aimé. J'aurais voulu parler de ton travail de photographe, parce que je trouve que... On entend beaucoup parler de toi sur ces questions de développement personnel, de trouver un sens à sa vie, c'est des questions essentielles, mais ton travail est magnifique en fait. Merci. Je veux surtout regarder ce que tu faisais. Et je trouve ça vraiment très très chouette ces photos, et notamment il y en a une qui m'a marquée, c'est une photo qui, je pense, représente le bel gars. Celle-là ? Oui, c'est celle-là.

  • Speaker #0

    Non, ça c'est... C'est pris à Paris. Ah ok. Derrière... Oui, c'est dans un chantier d'un grand loft. C'était un grand loft où il venait de couler la chape de béton. Et moi je suis rentré avec un faux casque de chantier. J'ai fait semblant que je faisais complètement partie du truc pour pouvoir prendre les photos. Parce que j'adore ces ambiances de chantier, de choses à moitié construites comme ça. Et ça me permet... C'est toujours pas mal de flou, de reflets. Et ça, c'est les influences de l'impressionnisme et les influences de ma mère, de peinture et des beaux-arts, que j'ai fait aussi en cours du soir. Je cherchais dans la photographie la façon de me rapprocher le plus possible des impressionnistes, la façon qu'ils ont de retirer de l'information, de la réalité. Ce projet-là part de la théorie que, et j'ai eu cette idée pendant que je faisais le doctorat en sciences appliquées sur le traitement d'images, donc j'étudiais l'image d'une façon très rationnelle le matin, enfin la journée, et le soir, je faisais des cours du soir chez les impressionnistes, et je me rendais compte que l'image, en journée je travaillais les images satellites, les images médicales, où l'information est extrêmement importante, l'information qui est véhiculée par l'image, alors qu'en peinture, chez les impressionnistes... On retirait de l'information de l'image et alors on arrivait à toucher le cœur plutôt que le cerveau. Lorsqu'il y a beaucoup d'informations, on peut interpréter ce qui se passe, avoir beaucoup de données. Mais lorsqu'il n'y a plus d'informations, il y a des flous, il y a des reflets, il y a des transparences. Alors on n'est plus facilement ému parce qu'on va plutôt aller sonder nos ressentis, nos souvenirs plutôt que notre cerveau. Et donc c'est de là qu'est partie cette idée de vouloir faire cette série-là, qui mélange photographie et impressionnisme sans retouche digitale. Donc vraiment en gardant le côté street photographie, photographie de rue, mais en essayant de voir quelles sont les scènes qui ont l'air impressionnistes. Donc sans devoir flouter moi-même par la suite à postériori, mais juste des scènes qui par construction ont... peu d'informations, soit parce qu'il y a du brouillard, soit parce qu'il y a des reflets, soit parce qu'il y a des tentures ou des labuées.

  • Speaker #1

    Il y a une chose aussi que je voulais te demander parce que tu écrivais, je crois que c'était dans Matin clair, tu disais que tu ne voulais pas avoir de regrets, que tu vivais chaque journée, tu en as un petit peu parlé tout à l'heure, tu vivais chaque journée et tu te demandais à la fin de la journée, je crois que c'est ça, si c'était bien exact, Est-ce que j'ai des regrets aujourd'hui ? Est-ce que j'aurais pu faire des choses différemment ?

  • Speaker #0

    Parce que cette pensée-là, elle m'est venue quand j'en parle, c'est concernant des livres d'infirmières qui s'occupent en soins palliatifs de personnes mourantes. Et elles ont écrit des livres sur quels sont les plus grands regrets que les mourants ont. qu'est-ce que en tant qu'être humain on regrette le plus et c'est ça que je voulais éviter d'avoir ce genre de regrets et elle parle du fait que ça revient tout le temps on n'a pas dit assez je t'aime aux personnes qu'on aime on n'a pas on a trop travaillé on a trop stressé on a trop angoissé donc hier par exemple si j'avais quelque chose que j'aimerais changer c'est d'angoisser un peu moins peut-être pour plein de choses de la société actuellement, de ce que je fais a suffisamment d'impact. Je crois que c'est le propre des hypersensibles, c'est d'avoir ce genre d'angoisse en permanence qui sont en même temps un moteur. Moi, ma psy, c'est ce qu'elle m'a toujours dit et c'est un peu ça que je porte avec moi. Sans ce genre de questionnement permanent et de sens critique, de vouloir faire mieux. Je ne serai pas là à faire des photos, à écrire, à faire des conférences sur l'état du monde, sur ce que je lui souhaite de mieux, quelque part.

  • Speaker #1

    Donc concrètement, ça se traduit comment ? Tous les jours, tu prends un moment pour réfléchir à ta journée et te dire, ouais, aujourd'hui, c'est bon, c'est une journée plus. Aujourd'hui, c'est une journée moins. Tu fais vraiment ce travail-là ?

  • Speaker #0

    Oui. Je commence parce que je suis freelance, je suis mon chef, mon bourreau, mon collègue, et donc j'ai besoin d'avoir une certaine discipline, et donc me dire aujourd'hui qu'est-ce que je veux vraiment faire, accomplir, et là-dedans il y a toujours des choses de santé mentale, de santé physique, de famille avec mes enfants. domestique et aussi forcément, peut-être même malheureusement, peut-être en priorité aussi professionnelle. Qu'est-ce que je dois contacter ? Qu'est-ce que je veux écrire aujourd'hui ? Qu'est-ce que je dois publier ? Etc. Donc il y a un peu de tout ça, mais ce que je voulais dire par rapport à ces livres sur les regrets, c'est que c'est vraiment des regrets que l'on... c'est pas vraiment au jour le jour, c'est vraiment des regrets dans la durée. Parce que sinon, ça devient un peu anxiogène de dire aujourd'hui, oulala, j'ai des regrets, ça ne va pas. C'est vraiment plutôt une question de tendance. Dans ma vie, dans les rails dans lesquels je suis, dans cette inertie, dans cette stratégie que j'ai, dans ce plan, dans cette vie que je suis en train de mener, si elle continue comme ça, vers quel type de regrets je vais ? Quel type de regrets ça va m'amener ? C'est plutôt ça. Dans Matin clair, je crois que j'appelle ça des regrets à rebours. C'est vraiment se rendre compte au jour le jour du genre de regrets que l'on va pouvoir avoir sur nos vies de mort si on continue comme ça.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide... ou à aider des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées ainsi que des commentaires positifs. pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, Suivez Quelque Chose à Vous Dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn. Et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et Rikila, portez-vous bien. Ciao !

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Description

🎙️ Changer de vie pour ne pas avoir de regret, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu’il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale, pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu’il était tout petit.


👨‍🦱 Aujourd’hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant.

On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible en bordure de forêt. Papa de deux enfants, bruxellois d’origine espagnole, Pedro s’est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de polytech à l’UC Louvain en Belgique. Un discours devenu viral et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. 


📖Pedro vient nous parler de son livre "Le Cercle des héros anonymes" paru aux editions Verso, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécanismes d’une multi-nationale.  Toute ressemblance avec notre invité du jour n’est absolument pas fortuite!


👉On va parler de choix aussi. Celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d’entre vous,  de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d’impressionnisme aussi.


⚠️Dans quinze jours nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l’animent.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode

Discours Pedro Correa, Polytech UC Louvain


📚 Lectures

Le Cercle des héros anonymes, Pedro Correa, Editions Verso

Matins clairs, Pedro Correa, poche


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Transcription

  • Speaker #0

    Changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre, enfin du corps mourant de mon père, lorsque je le regardais, alors que j'avais dîné avec lui la veille, et je me revoyais avec lui la veille, et je me voyais vraiment lui poser cette question, maintenant que je sais que tu vas mourir demain, est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase... qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard, mais c'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, ce n'est pas rationalisé, ce n'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, n'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Pourquoi est-il souvent plus facile de consoler un enfant ou un ami que de se consoler soi-même ? Interroge Savario Tomasella dans son livre « J'apprends à me consoler moi-même » . Peut-être tout simplement parce que l'on est toujours plus critique envers soi-même qu'envers les autres. On n'a aucun mal à se dire « tu l'as bien cherché » , alors qu'on n'oserait jamais le dire à un proche. On s'habitue à porter un masque, à cacher le fait qu'on a mal, parce que dans notre éducation et notre tradition familiale, ça ne se fait pas d'exprimer ses émotions. Et l'on se retrouve fort dépourvu quand face à une séparation, le constat est clair. C'est douloureux. Il faut faire un deuil, il faut tout recommencer, et l'on se retrouve seul et souvent démuni face à soi-même. Et pourtant, on en a souvent parlé dans le podcast, notre meilleur allié, c'est nous-mêmes. C'est nous qui prenons les décisions qui vont peut-être bouleverser notre vie, mais aussi celles qui vont nous faire du bien et nous redonner espoir et confiance en nous et en la vie. Et si on décidait aujourd'hui de se remettre au centre de notre vie, pour de vrai. C'est le thème abordé dans l'épisode du jour. Bonne écoute ! Épisode 50, Pedro Correa. Changer de vie pour ne pas avoir de regrets, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier, qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu'il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu'il était tout petit. Aujourd'hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant. On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible, en bordure de forêt. Bonjour. Bonjour. Papa de deux enfants, bruxellois d'origine espagnole, Pedro s'est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de Polytech à l'UCLouvain en Belgique. Un discours devenu viral depuis et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. Pedro vient nous parler de son livre Le Cercle des héros anonymes, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécaniques d'une multinationale. Toute ressemblance avec notre invité du jour n'est absolument pas fortuite. On va parler de choix aussi, celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d'entre vous, de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d'impressionnisme. Dans 15 jours, nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l'animent. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis Pedro Correa. Je suis docteur en sciences appliquées. Je suis devenu artiste photographe et puis auteur et conférencier. Je suis à mon deuxième livre. Je suis à mon deuxième enfant aussi. J'ai deux fils. Ils ont chacun une maman. Donc j'ai un grand de 16 ans qui a sa maman qui n'est pas avec moi. Et j'ai mon petit Thiago de 8 ans qui lui est avec moi et avec Valérie.

  • Speaker #1

    Donc on va préciser quand même pour les auditoristes, il se trouve que Pedro et moi habitons dans le même quartier. Et que j'avais repéré que Pedro venait boire des cafés au même endroit que moi. Et donc ça faisait longtemps que je me disais, mais c'est Pedro Correa, il faudrait quand même que je lui...

  • Speaker #0

    Tu m'as stalkée.

  • Speaker #1

    Un peu, j'ai un peu... J'ai commencé à regarder un peu ce que tu faisais sur les réseaux. Et puis récemment, tu as annoncé que tu sortais ton deuxième livre. Moi, j'avais beaucoup aimé le premier, Matin clair. Ce que j'ai bien aimé en plus, c'est qu'il était super concis. Et je trouvais qu'il n'y avait rien à jeter dans ce livre. C'était vraiment très facile à lire. Plein de leçons de vie aussi, de ton expérience à toi. Et alors peut-être pour ceux qui ne te connaissent pas, on peut quand même revenir un petit peu en arrière. Je sais qu'on te pose souvent cette question-là. Elle est venue d'où cette idée d'écrire Matin clair ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est très rigolo parce que, donc, moi, je suis fils de professeur de littérature. Mon père était prof de littérature espagnole et française, les deux. Il était fou de ça. Et ma mère, artiste. Et donc, moi, j'ai toujours voulu faire les deux, être artiste et écrire. J'étais aussi fou d'écriture, de lecture. Je lisais énormément, j'étais un enfant. assez solitaire et pas pour autant malheureux, j'étais hyper bien dans mes univers imaginaires. Et donc depuis tout petit j'écrivais de la poésie, des nouvelles, et puis en vivant des choses qui moi me paraissaient incroyables, alors qu'elles sont tout à fait anodines, c'est simplement cette histoire de celui qui vous vit une vie. qui lui paraît morne et qui à l'intérieur de lui en vit une autre, qui est celle qu'il rêve ou qu'il aimerait faire. Et donc je regardais ma vie un peu avec des yeux de spectateur, ce gars qui arrive dans une grande multinationale, qui devient chef de projet, des projets stressants pour tout le monde sauf pour moi parce que je n'en avais rien à faire. Je me rappelle le mot chef, il me demande comment est-ce que tu es toujours si serein. Et j'ai fallu lui répondre, mais parce que j'en ai rien à foutre.

  • Speaker #1

    Elle vendait quoi, cette multinationale ?

  • Speaker #0

    C'est une banque.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu t'es retrouvé là,

  • Speaker #1

    déjà ? Pourquoi tu voulais travailler dans une banque ?

  • Speaker #0

    Parce que... Et c'est ça que j'aborde dans Matin clair, c'est l'inertie de l'héritage. Donc mes parents, qui étaient espagnols, qui ont vécu la faim, qui ont vécu la guerre civile, qui sont arrivés ici... Mon père est devenu prof à l'école européenne, qui pour lui était un énorme succès de vie. Lui qui venait d'une famille de maçons dans la région la plus pauvre d'Espagne, se retrouver dans la capitale d'Europe, pour lui c'était un énorme succès. C'est un peu comme si Spielberg t'appelle pour aller faire un film alors que t'es comédien de province. Et donc j'ai hérité ça, le travail. le sacrifice, l'excellence, l'accumulation, la carrière, tout ça. Jusqu'au jour où j'ai cette crise existentielle, où je le vois mourir. Et je vois mourir la personne qui m'a fait passer toutes ces valeurs. Et j'ai fait ce que les psychoanalystes appellent tuer le père. Il faut tuer le père pour devenir pleinement adulte et pleinement libre.

  • Speaker #1

    C'est drôle ce que tu dis, enfin c'est drôle sans être drôle, mais d'abord il est mort. très subitement ton père.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un accident domestique. On l'a vu mourir.

  • Speaker #1

    Donc ça devrait être déjà très difficile. On ne s'y attend absolument pas. D'autre part aussi, tu mets le point sur autre chose. C'est qu'on dit souvent que justement, quand j'ai entendu beaucoup de récits de personnes qui avaient perdu leurs parents et qui, du coup, s'émancipent complètement des schémas traditionnels. C'est ce qui s'est passé pour toi aussi ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, et c'est pas tout jeter, c'est vraiment tout repasser au crible, remettre en question toutes ces valeurs que j'avais héritées, certaines que j'adorais. La littérature, elle est restée, parce qu'on revient à la question première, comment est arrivé ce livre ? La solidarité, mon père était un syndicaliste, même à l'école européenne, mais après il y avait d'autres choses qui n'étaient pas miennes, et dont je me suis départi. Je ne trouvais pas que je devais être excellent, me sacrifier pour une carrière qui allait me protéger d'un avenir qui allait être compliqué, qui allait être de tous contre tous. Et donc ça, je m'en suis défait et ce faisant, je me suis rapproché des choses que je voulais véritablement faire. J'ai commencé par la photographie et puis j'ai repris l'écriture. Et donc ce qui est drôle pour revenir à ce livre, c'est que... Donc, ce deuxième livre, Le Cercle des héros anonymes, est venu avant Matin clair. Moi, je l'écrivais depuis bien avant parce que c'est quelque chose, c'est un livre qui vraiment sointe toutes mes expériences dans les grandes boîtes, à Barcelone où j'ai habité, à New York où j'ai été plusieurs fois faire des reportages photos. Et donc, ce livre était là en gestation. Il avançait, il avançait. Et puis arrive... Le discours que j'ai donné à Polytech, à l'UCLouvain, en 2009.

  • Speaker #1

    C'est un discours qui est devenu viral, dans lequel tu racontes aux étudiants pourquoi il faut donner du sens à sa vie et suivre ses rêves.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Si je schématise...

  • Speaker #0

    Qui venait du cœur, parce que c'est vraiment exactement ce que moi j'avais vécu. Rien d'autre qu'un témoignage bienveillant à des étudiants à qui je voulais mettre en garde face à des travers que peut-être moi j'avais vécu. Et il se fait que dire ça était à ce moment-là terriblement subversif. Et en effet, c'est devenu complètement viral. On m'a appelé partout en Europe. J'ai fait le Marie-Claire. un magazine de mode italien. Donc, c'est... Je ne sais plus. C'est un magazine de mode très, très connu où il m'avait appelé le gourou de la felicità.

  • Speaker #1

    Mais tu dis de subversif. On n'était pas dans les années 50. On était en 2019.

  • Speaker #0

    Non, on était en 2019. C'est très récent.

  • Speaker #1

    Pourquoi subversif à cette époque-là ? Ça ne fait pas si longtemps. C'était juste avant le Covid.

  • Speaker #0

    C'était juste avant le Covid. Je pense que c'était le moment... C'était juste... Je crois que c'était la goutte de trop qui fait déborder quelque chose qui était pas tant, très latent chez beaucoup de personnes. Un cas près, le Covid a complètement encore souligné, renforcé. Mais oui, c'était il n'y a pas si longtemps. Et je trouve que les choses vont extrêmement vite dans plein de domaines. C'est fascinant parce que, par exemple, lorsque moi, je donne ce discours, je commence par donner une statistique qu'aujourd'hui est bien connue, mais qu'à l'époque, j'avais été le premier. Pourquoi ? Alors qu'elle était totalement publique, je dis qu'il y avait plus. Déjà à l'époque, il y a cinq ans, le budget national en Belgique alloué aux maladies de longue durée, les burn-out et les dépressions, était plus important que le budget alloué au chômage. Et personne ne s'en rendait compte, personne n'était au courant de ça. Tout le monde, proportionnellement au temps d'antenne que ça prenait, le chômage, tout le monde dirait, mais oui, problème numéro un en Belgique, c'est le chômage, ce n'est pas du tout les maladies de longue durée. Et en réalité, c'était l'inverse. Au niveau budgétaire... Nadine Nonguré était première dans la liste. J'avais tellement été le premier à dire que Arnaud Reussen, quelques semaines plus tard...

  • Speaker #1

    Un journaliste belge de la RTBF.

  • Speaker #0

    De la RTBF, qui décrypte, qui fact-check, qui est très sérieux par rapport à plein de choses. Il avait fait toute une émission rien que basée sur ce fait-là que j'énonçais pour voir si c'était vrai. et oui évidemment c'est vrai et ça empire depuis donc c'est vrai qu'il n'y a pas très longtemps du tout et pourtant il y a plein de choses qui avaient besoin d'être dites moi le témoignage que j'ai le plus reçu et il y en a eu des milliers parce qu'il a été vu 20 millions de fois ce discours depuis 20 millions de fois en 5 ans ce que j'ai le plus entendu c'est merci d'avoir dit tout haut ce que je pensais tout bas ou merci je me sens moins seul maintenant à penser comme ça Donc on était vraiment à un point de bascule où on était énormément, extrêmement nombreux et nombreuses. à ressentir quelque chose qui n'était pas encore vocalisé, qui n'était pas encore rationalisé. Et c'est arrivé pile bien à ce moment-là. Et depuis, je pense qu'il n'y a plus une année où il n'y a pas de discours subversif à la remise des diplômes. Il y a eu AgroParisTech un an ou deux plus tard, et il y en a plein depuis.

  • Speaker #1

    Et si on fait un peu abstraction du monde professionnel et qu'on regarde simplement vers sa vie personnelle, et notamment sur le sujet qui nous intéresse dans ce podcast, sur la séparation, comment est-ce qu'on peut s'appliquer ça ? aller au bout de ses rêves, trouver du sens à sa vie. Si j'ai bien compris, toi, tu t'es séparé aussi un petit peu dans cette période-là, à ce moment-là, où d'un coup, tu t'es rendu compte que tu n'allais pas dans la bonne direction sentimentalement parlant. Comment on se rend compte de ça et qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est venu très insidieusement. C'est une connotation péjorative, mais je veux dire... très lentement. Ça s'est immiscé comme ça dans le quotidien. Il y a eu ce deuil de mon père et quelques années plus tard, quand je commençais à faire le bilan, je dis ça de façon très rationnelle et très rationalisée alors qu'en fait c'est a posteriori sur le moment même. Moi, je ne savais pas du tout que j'étais en train de faire le bilan de quoi que ce soit. Je n'avais que des ressentis, que des émotions. Et c'est maintenant que je peux dire, oui, à l'époque, je me suis rendu compte qu'en fait, je devais laisser tomber ci, ça. Et donc, dans ce ressenti que j'avais, que j'ai résumé en une phrase qui est reprise souvent de ce discours, maintenant que tu sais que tu vas mourir, changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre ou du corps mourant de mon père lorsque je le regardais alors que j'avais dîné avec lui la veille. Je me revoyais avec lui la veille et je me voyais vraiment lui poser cette question maintenant que je sais que tu vas mourir demain. Est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard. C'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, c'est pas rationalisé, c'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables. Vraiment du jour au lendemain, enfin, du jour au lendemain, non, parce que ça a pris 3-4 ans, entre le moment où mon père est mort et ma séparation. mais des choses que je trouvais insupportables, des compromis, des... Je me rappelle vraiment de cette phrase où mon ex-femme me dit « Mais tu sais, avec moi, tu ne pourras pas devenir écrivain. » C'était mon rêve d'enfant. Et je me suis rendu compte ce jour-là que ce n'était pas possible. Ce n'était plus possible pour moi de... de nier ces rêves-là, ils étaient trop forts. Et donc il y a des choses qui deviennent insupportables, et quand ça c'est devenu une évidence, après il y a tout un chemin très inconfortable de d'accord maintenant que je sais que je dois changer, que je dois me séparer, comment mettre en place une stratégie, de mettre en place un cheminement pour que ça se passe le mieux possible. Parce que même quand on se rend compte de l'insupportable, il reste l'autre insupportable, qui est celui de se séparer de son fils, de mon fils à l'époque. Et là, ça, ça a été la balance la plus dure. Qu'est-ce qui est plus insupportable ? Ne plus vivre cette vie de famille que j'ai avec lui, ou faire le deuil de mes rêves, et assez rapidement. Je me suis rendu compte que je ne me séparais pas de lui, je me séparais juste de la vie que j'avais avec lui, et que ce serait toujours mieux de vivre avec un père qu'il verrait peut-être moins, mais qui serait plus en phase avec lui-même et plus heureux, qu'un père malheureux, résigné, guéri, mais qui serait toujours avec lui à la maison. Donc voilà, c'est là qu'a commencé la phase de... J'appelle ça stratégie, ça a l'air un peu froid, mais c'est vraiment planification, de dire ok, est-ce que c'est possible, comment ? Avec le deuil de mon père, c'est vraiment la période la plus inconfortable de ma vie.

  • Speaker #1

    Ce dont tu parles, le rêve d'enfant, c'est quelque chose, moi, qui m'a beaucoup touchée le jour où j'ai vu que tu postais justement un texte sur LinkedIn là-dessus, précisément là-dessus. Et je trouve que c'est essentiel, je suis tout à fait d'accord avec toi sur ces rêves d'enfants qu'il ne faut surtout pas piétiner. Et c'est drôle pour la petite anecdote, c'est que la même journée, j'enregistrais un épisode du podcast avec quelqu'un qui a tenu aussi ces propos-là. Dans la même journée, quelqu'un d'autre qui m'a dit aussi exactement ça, qui m'a dit « moi je veux que mes enfants puissent vivre leurs rêves, c'est super important » . Et donc l'un de tes rêves, c'était de devenir écrivain.

  • Speaker #0

    Ah oui, depuis toujours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu considères que tu es devenu écrivain avec le premier livre ? C'est maintenant, là, en publiant un roman. Donc c'est différent quand même, ce n'est pas du tout le même style que le précédent. Où est-ce que tu te sens le plus accompli ?

  • Speaker #0

    Clairement maintenant, oui. Ne serait-ce que par le fait qu'il y en a deux. Il y a une phrase qui m'a toujours beaucoup marqué. Moi, j'adore le cinéma aussi. J'étais critique de cinéma, je regarde... presque un film par jour. Depuis, moi, j'avais la... Au moment où j'étais critique de cinéma, j'ai jamais eu autant d'amis parce que j'avais la carte, une carte qui n'existe plus, je crois, que certains... C'est la carte de presse. Oui, c'est... C'est la carte de presse. Oui, où je pouvais aller à volonté et amener quelqu'un à chaque fois. Donc, je peux te dire qu'à ce moment-là, j'avais beaucoup d'amis qui voulaient m'accompagner au cinéma. J'y allais tous les jours. J'allais revoir les films ou la fin d'un film que... Bref, dans mon roman, il y a autant de références au cinéma qu'à la littérature. Pourquoi je parlais de cinéma ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, mais j'avais quand même envie de te demander, puisque tu es un fan de ciné, c'est quoi ton film préféré ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai beaucoup. J'adore The Big Lebowski, j'adore Pulp Fiction, j'adore les films des années 90. J'adore un petit film que personne ne connaît. Je pense que ça, ça devrait être, à mon avis, mon film préféré. C'est Garden State de Zach Braff. Un petit film indépendant que j'adore. Et donc, oui, il y avait cette phrase. Je voulais revenir à ce film. Wonder Boys. Parce que je disais que j'adore le cinéma. Et en plus, j'adore le cinéma qui parle d'écrivain. Un de mes films préférés aussi, c'est Ghostwriter. où c'est un auteur qui écrit des biographies, et c'est génial, il y a des crimes, etc. Mais donc, Wonder Boys avec Michael Douglas, il y a une espèce de parodie d'écrivain à best-seller, comme ça, très haut-teinte, assez dégueu, et il y a Michael Douglas qui lui est un prof du NIV, qui fait des super trucs, mais qui n'a jamais percé, et le gars lui dit, et ce... cet écrivain qui donne des masterclass en écriture, il lui dit tout le monde écrit un livre, personne n'en écrit deux. Et là, avec le deuxième, je me dis, ok. Au moins, par ce critère-là, c'est bon. Je n'ai pas fait d'études, je n'ai pas de père ou de mentor. Donc, comme pour plein de choses dans la vie, je fais tout tout seul. Et du coup, j'ai beaucoup de mal à me sentir faire partie d'eux. Et donc, je me sentirais écrivain lorsque j'aurais suffisamment écrit que pour être entouré de choses que je trouve qui valent la peine. Parce que je sais que je n'ai pas de collègues qui me disent, cher collègue écrivain, je n'ai pas de prof qui m'a eu dans ses cours d'écriture et qui peut me dire, tu dépasses le maître. Je n'ai rien de tout ça.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que tu parles de... plein d'éléments de ta vie qu'on retrouve vraiment dans ce film. Dans ce livre. Dans ce livre. Et là, c'est vrai, tu viens encore de... Tu me fais penser au mentor du héros du livre. Le héros, c'est un peu toi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu moi, un peu...

  • Speaker #1

    David.

  • Speaker #0

    En plus beau, en plus courageux, en plus... en rocambolesque, en plus James Bond, un peu comme ça. Mais oui.

  • Speaker #1

    L'histoire, c'est David qui infiltre une multinationale et qui va la faire tomber. Donc, on ne va pas non plus spoiler toute l'histoire, mais voilà, c'est autour de ça. Mais il y a aussi beaucoup de... Donc, c'est un roman initiatique et il a un mentor un peu, ce David, lui aussi. Il a une amoureuse aussi. Et puis surtout, dans ce livre, il y a plein d'éléments de ta vie. Il y a le fait, il y a la forêt, tu habites près de la forêt. Il y a une mort tragique aussi. Une maman qui tombe d'un escabeau. J'ai noté comme ça. Il y a aussi toute cette quête de sens qu'on retrouve beaucoup dans ta personnalité, dans tout ce que tu racontes. C'est ton histoire, en fait, ce livre. Non ? C'est toi ? Tout ce livre, en fait, c'est toi.

  • Speaker #0

    On me le fait remarquer, que ça ressemble. À la base, moi, je voulais que ça ressemble vraiment à un film d'aventure, un film un peu avec les lignes du temps éclatées, un peu à la Nolan. Michael Clayton aussi, avec George Clooney, qui est un avocat qui s'attaque aux grandes multinationales, Dark Waters. avec Marc Ruffalo, ce genre de film de David contre Goliath et le protagoniste s'appelle David pas par hasard et oui il trouve ce mentor que j'avais un peu trouvé à Barcelone aussi, qui est devenu un grand ami qui faisait quoi ? il était prof c'était mon promoteur de thèse de doctorat à Barcelone parce que là dans l'histoire il est aussi prof Il est prof, il est directeur d'une grande école de commerce. Et il y avait ce fantasme que j'avais envie de porter, qui est celui de... On a souvent cette théorie du complot, comme quoi il y a un cercle d'initiés très puissants qui nous gouvernent, qui nous manipulent et qui construisent tous les désastres que nous sommes en train de connaître. Et moi, j'avais envie de mettre en scène la chose inverse. Un cercle de l'ombre clandestin, mais de personnes qui se réunissent pour conspirer pour la lumière, qui se réunissent pour conspirer, pour changer les travers de ce système. Et donc, j'adorais cette idée, et forcément j'étais puisé dans mon vécu, mais de toute façon, je pense, c'est anecdotique, ce que je fais, c'est vraiment puiser dans ce que j'ai vécu, mais aussi énormément ce que j'ai lu, ce que j'ai vu, essayer de... tour, une énorme soupe où je vais puiser. Et donc, oui, il y a ce mentor qui appelle David pour faire partie de ce cercle et ensemble pour aller faire tomber, infiltrer les multinationales toxiques et les faire tomber.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui souhaite beaucoup de succès, en tout cas, ce livre. Moi, j'ai beaucoup aimé. J'aurais voulu parler de ton travail de photographe, parce que je trouve que... On entend beaucoup parler de toi sur ces questions de développement personnel, de trouver un sens à sa vie, c'est des questions essentielles, mais ton travail est magnifique en fait. Merci. Je veux surtout regarder ce que tu faisais. Et je trouve ça vraiment très très chouette ces photos, et notamment il y en a une qui m'a marquée, c'est une photo qui, je pense, représente le bel gars. Celle-là ? Oui, c'est celle-là.

  • Speaker #0

    Non, ça c'est... C'est pris à Paris. Ah ok. Derrière... Oui, c'est dans un chantier d'un grand loft. C'était un grand loft où il venait de couler la chape de béton. Et moi je suis rentré avec un faux casque de chantier. J'ai fait semblant que je faisais complètement partie du truc pour pouvoir prendre les photos. Parce que j'adore ces ambiances de chantier, de choses à moitié construites comme ça. Et ça me permet... C'est toujours pas mal de flou, de reflets. Et ça, c'est les influences de l'impressionnisme et les influences de ma mère, de peinture et des beaux-arts, que j'ai fait aussi en cours du soir. Je cherchais dans la photographie la façon de me rapprocher le plus possible des impressionnistes, la façon qu'ils ont de retirer de l'information, de la réalité. Ce projet-là part de la théorie que, et j'ai eu cette idée pendant que je faisais le doctorat en sciences appliquées sur le traitement d'images, donc j'étudiais l'image d'une façon très rationnelle le matin, enfin la journée, et le soir, je faisais des cours du soir chez les impressionnistes, et je me rendais compte que l'image, en journée je travaillais les images satellites, les images médicales, où l'information est extrêmement importante, l'information qui est véhiculée par l'image, alors qu'en peinture, chez les impressionnistes... On retirait de l'information de l'image et alors on arrivait à toucher le cœur plutôt que le cerveau. Lorsqu'il y a beaucoup d'informations, on peut interpréter ce qui se passe, avoir beaucoup de données. Mais lorsqu'il n'y a plus d'informations, il y a des flous, il y a des reflets, il y a des transparences. Alors on n'est plus facilement ému parce qu'on va plutôt aller sonder nos ressentis, nos souvenirs plutôt que notre cerveau. Et donc c'est de là qu'est partie cette idée de vouloir faire cette série-là, qui mélange photographie et impressionnisme sans retouche digitale. Donc vraiment en gardant le côté street photographie, photographie de rue, mais en essayant de voir quelles sont les scènes qui ont l'air impressionnistes. Donc sans devoir flouter moi-même par la suite à postériori, mais juste des scènes qui par construction ont... peu d'informations, soit parce qu'il y a du brouillard, soit parce qu'il y a des reflets, soit parce qu'il y a des tentures ou des labuées.

  • Speaker #1

    Il y a une chose aussi que je voulais te demander parce que tu écrivais, je crois que c'était dans Matin clair, tu disais que tu ne voulais pas avoir de regrets, que tu vivais chaque journée, tu en as un petit peu parlé tout à l'heure, tu vivais chaque journée et tu te demandais à la fin de la journée, je crois que c'est ça, si c'était bien exact, Est-ce que j'ai des regrets aujourd'hui ? Est-ce que j'aurais pu faire des choses différemment ?

  • Speaker #0

    Parce que cette pensée-là, elle m'est venue quand j'en parle, c'est concernant des livres d'infirmières qui s'occupent en soins palliatifs de personnes mourantes. Et elles ont écrit des livres sur quels sont les plus grands regrets que les mourants ont. qu'est-ce que en tant qu'être humain on regrette le plus et c'est ça que je voulais éviter d'avoir ce genre de regrets et elle parle du fait que ça revient tout le temps on n'a pas dit assez je t'aime aux personnes qu'on aime on n'a pas on a trop travaillé on a trop stressé on a trop angoissé donc hier par exemple si j'avais quelque chose que j'aimerais changer c'est d'angoisser un peu moins peut-être pour plein de choses de la société actuellement, de ce que je fais a suffisamment d'impact. Je crois que c'est le propre des hypersensibles, c'est d'avoir ce genre d'angoisse en permanence qui sont en même temps un moteur. Moi, ma psy, c'est ce qu'elle m'a toujours dit et c'est un peu ça que je porte avec moi. Sans ce genre de questionnement permanent et de sens critique, de vouloir faire mieux. Je ne serai pas là à faire des photos, à écrire, à faire des conférences sur l'état du monde, sur ce que je lui souhaite de mieux, quelque part.

  • Speaker #1

    Donc concrètement, ça se traduit comment ? Tous les jours, tu prends un moment pour réfléchir à ta journée et te dire, ouais, aujourd'hui, c'est bon, c'est une journée plus. Aujourd'hui, c'est une journée moins. Tu fais vraiment ce travail-là ?

  • Speaker #0

    Oui. Je commence parce que je suis freelance, je suis mon chef, mon bourreau, mon collègue, et donc j'ai besoin d'avoir une certaine discipline, et donc me dire aujourd'hui qu'est-ce que je veux vraiment faire, accomplir, et là-dedans il y a toujours des choses de santé mentale, de santé physique, de famille avec mes enfants. domestique et aussi forcément, peut-être même malheureusement, peut-être en priorité aussi professionnelle. Qu'est-ce que je dois contacter ? Qu'est-ce que je veux écrire aujourd'hui ? Qu'est-ce que je dois publier ? Etc. Donc il y a un peu de tout ça, mais ce que je voulais dire par rapport à ces livres sur les regrets, c'est que c'est vraiment des regrets que l'on... c'est pas vraiment au jour le jour, c'est vraiment des regrets dans la durée. Parce que sinon, ça devient un peu anxiogène de dire aujourd'hui, oulala, j'ai des regrets, ça ne va pas. C'est vraiment plutôt une question de tendance. Dans ma vie, dans les rails dans lesquels je suis, dans cette inertie, dans cette stratégie que j'ai, dans ce plan, dans cette vie que je suis en train de mener, si elle continue comme ça, vers quel type de regrets je vais ? Quel type de regrets ça va m'amener ? C'est plutôt ça. Dans Matin clair, je crois que j'appelle ça des regrets à rebours. C'est vraiment se rendre compte au jour le jour du genre de regrets que l'on va pouvoir avoir sur nos vies de mort si on continue comme ça.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide... ou à aider des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées ainsi que des commentaires positifs. pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, Suivez Quelque Chose à Vous Dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn. Et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et Rikila, portez-vous bien. Ciao !

Description

🎙️ Changer de vie pour ne pas avoir de regret, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu’il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale, pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu’il était tout petit.


👨‍🦱 Aujourd’hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant.

On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible en bordure de forêt. Papa de deux enfants, bruxellois d’origine espagnole, Pedro s’est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de polytech à l’UC Louvain en Belgique. Un discours devenu viral et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. 


📖Pedro vient nous parler de son livre "Le Cercle des héros anonymes" paru aux editions Verso, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécanismes d’une multi-nationale.  Toute ressemblance avec notre invité du jour n’est absolument pas fortuite!


👉On va parler de choix aussi. Celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d’entre vous,  de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d’impressionnisme aussi.


⚠️Dans quinze jours nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l’animent.


🎧Bonne écoute!


✍️ Notes de l'épisode

Discours Pedro Correa, Polytech UC Louvain


📚 Lectures

Le Cercle des héros anonymes, Pedro Correa, Editions Verso

Matins clairs, Pedro Correa, poche


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Transcription

  • Speaker #0

    Changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre, enfin du corps mourant de mon père, lorsque je le regardais, alors que j'avais dîné avec lui la veille, et je me revoyais avec lui la veille, et je me voyais vraiment lui poser cette question, maintenant que je sais que tu vas mourir demain, est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase... qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard, mais c'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, ce n'est pas rationalisé, ce n'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables.

  • Speaker #1

    Vous écoutez quelque chose à vous dire ? Le podcast des parents séparés. Comment dire à ces enfants qu'on se sépare ? Comment organiser la garde partagée ? Et nous, parents, comment se remettons d'une décision qui chamboule inévitablement notre quotidien et celui de notre famille ? La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort. Je suis Pamela Morinière et vous écoutez la saison 3 de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Tous les 15 jours, je donne la parole à des parents séparés qui viennent vous partager leur expérience de la séparation et les ressources qu'ils ont utilisées pour se préserver et préserver leurs enfants. J'interview également des professionnels qui oeuvrent autour du divorce et de la séparation pour vous apporter un point de vue d'experts sur une situation compliquée qui touche presque un couple sur deux et que l'on a tendance à banaliser alors que ses conséquences sur la vie familiale et personnelle sont titanesques. J'espère que ce podcast vous apportera le réconfort dont vous avez besoin. Si vous aimez le podcast et souhaitez le soutenir, n'hésitez pas à vous abonner et à en parler autour de vous pour qu'il puisse aider d'autres parents. Bonne écoute ! Salut les parents, j'espère que vous allez bien. Pourquoi est-il souvent plus facile de consoler un enfant ou un ami que de se consoler soi-même ? Interroge Savario Tomasella dans son livre « J'apprends à me consoler moi-même » . Peut-être tout simplement parce que l'on est toujours plus critique envers soi-même qu'envers les autres. On n'a aucun mal à se dire « tu l'as bien cherché » , alors qu'on n'oserait jamais le dire à un proche. On s'habitue à porter un masque, à cacher le fait qu'on a mal, parce que dans notre éducation et notre tradition familiale, ça ne se fait pas d'exprimer ses émotions. Et l'on se retrouve fort dépourvu quand face à une séparation, le constat est clair. C'est douloureux. Il faut faire un deuil, il faut tout recommencer, et l'on se retrouve seul et souvent démuni face à soi-même. Et pourtant, on en a souvent parlé dans le podcast, notre meilleur allié, c'est nous-mêmes. C'est nous qui prenons les décisions qui vont peut-être bouleverser notre vie, mais aussi celles qui vont nous faire du bien et nous redonner espoir et confiance en nous et en la vie. Et si on décidait aujourd'hui de se remettre au centre de notre vie, pour de vrai. C'est le thème abordé dans l'épisode du jour. Bonne écoute ! Épisode 50, Pedro Correa. Changer de vie pour ne pas avoir de regrets, tel a été le moteur de Pedro Correa, photographe, auteur et conférencier, qui a décidé, suite à la mort subite de son père, de mettre un terme au couple qu'il formait avec la mère de son fils aîné, quitter un emploi confortable dans une multinationale pour vivre la vie dont il rêvait depuis qu'il était tout petit. Aujourd'hui, on parle de changement de cap et le parcours de Pedro Correa est à cet égard particulièrement inspirant. On avait rendez-vous chez lui à Bruxelles, dans un quartier paisible, en bordure de forêt. Bonjour. Bonjour. Papa de deux enfants, bruxellois d'origine espagnole, Pedro s'est fait connaître en 2019 suite à son discours éponyme sur le bonheur délivré devant les étudiants de Polytech à l'UCLouvain en Belgique. Un discours devenu viral depuis et que vous pouvez retrouver dans les notes de cet épisode. Pedro vient nous parler de son livre Le Cercle des héros anonymes, un roman initiatique dont le héros va parvenir à déjouer les mécaniques d'une multinationale. Toute ressemblance avec notre invité du jour n'est absolument pas fortuite. On va parler de choix aussi, celui de Pedro, douloureux, comme pour nombre d'entre vous, de se séparer de la mère de son fils aîné. On va aussi parler de cinéma et d'impressionnisme. Dans 15 jours, nous poursuivrons cette conversation avec Pedro Correa autour de la méthode des petits pas, de la complicité père-fils et des valeurs qui l'animent. Bonne écoute.

  • Speaker #0

    Je suis Pedro Correa. Je suis docteur en sciences appliquées. Je suis devenu artiste photographe et puis auteur et conférencier. Je suis à mon deuxième livre. Je suis à mon deuxième enfant aussi. J'ai deux fils. Ils ont chacun une maman. Donc j'ai un grand de 16 ans qui a sa maman qui n'est pas avec moi. Et j'ai mon petit Thiago de 8 ans qui lui est avec moi et avec Valérie.

  • Speaker #1

    Donc on va préciser quand même pour les auditoristes, il se trouve que Pedro et moi habitons dans le même quartier. Et que j'avais repéré que Pedro venait boire des cafés au même endroit que moi. Et donc ça faisait longtemps que je me disais, mais c'est Pedro Correa, il faudrait quand même que je lui...

  • Speaker #0

    Tu m'as stalkée.

  • Speaker #1

    Un peu, j'ai un peu... J'ai commencé à regarder un peu ce que tu faisais sur les réseaux. Et puis récemment, tu as annoncé que tu sortais ton deuxième livre. Moi, j'avais beaucoup aimé le premier, Matin clair. Ce que j'ai bien aimé en plus, c'est qu'il était super concis. Et je trouvais qu'il n'y avait rien à jeter dans ce livre. C'était vraiment très facile à lire. Plein de leçons de vie aussi, de ton expérience à toi. Et alors peut-être pour ceux qui ne te connaissent pas, on peut quand même revenir un petit peu en arrière. Je sais qu'on te pose souvent cette question-là. Elle est venue d'où cette idée d'écrire Matin clair ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est très rigolo parce que, donc, moi, je suis fils de professeur de littérature. Mon père était prof de littérature espagnole et française, les deux. Il était fou de ça. Et ma mère, artiste. Et donc, moi, j'ai toujours voulu faire les deux, être artiste et écrire. J'étais aussi fou d'écriture, de lecture. Je lisais énormément, j'étais un enfant. assez solitaire et pas pour autant malheureux, j'étais hyper bien dans mes univers imaginaires. Et donc depuis tout petit j'écrivais de la poésie, des nouvelles, et puis en vivant des choses qui moi me paraissaient incroyables, alors qu'elles sont tout à fait anodines, c'est simplement cette histoire de celui qui vous vit une vie. qui lui paraît morne et qui à l'intérieur de lui en vit une autre, qui est celle qu'il rêve ou qu'il aimerait faire. Et donc je regardais ma vie un peu avec des yeux de spectateur, ce gars qui arrive dans une grande multinationale, qui devient chef de projet, des projets stressants pour tout le monde sauf pour moi parce que je n'en avais rien à faire. Je me rappelle le mot chef, il me demande comment est-ce que tu es toujours si serein. Et j'ai fallu lui répondre, mais parce que j'en ai rien à foutre.

  • Speaker #1

    Elle vendait quoi, cette multinationale ?

  • Speaker #0

    C'est une banque.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu t'es retrouvé là,

  • Speaker #1

    déjà ? Pourquoi tu voulais travailler dans une banque ?

  • Speaker #0

    Parce que... Et c'est ça que j'aborde dans Matin clair, c'est l'inertie de l'héritage. Donc mes parents, qui étaient espagnols, qui ont vécu la faim, qui ont vécu la guerre civile, qui sont arrivés ici... Mon père est devenu prof à l'école européenne, qui pour lui était un énorme succès de vie. Lui qui venait d'une famille de maçons dans la région la plus pauvre d'Espagne, se retrouver dans la capitale d'Europe, pour lui c'était un énorme succès. C'est un peu comme si Spielberg t'appelle pour aller faire un film alors que t'es comédien de province. Et donc j'ai hérité ça, le travail. le sacrifice, l'excellence, l'accumulation, la carrière, tout ça. Jusqu'au jour où j'ai cette crise existentielle, où je le vois mourir. Et je vois mourir la personne qui m'a fait passer toutes ces valeurs. Et j'ai fait ce que les psychoanalystes appellent tuer le père. Il faut tuer le père pour devenir pleinement adulte et pleinement libre.

  • Speaker #1

    C'est drôle ce que tu dis, enfin c'est drôle sans être drôle, mais d'abord il est mort. très subitement ton père.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un accident domestique. On l'a vu mourir.

  • Speaker #1

    Donc ça devrait être déjà très difficile. On ne s'y attend absolument pas. D'autre part aussi, tu mets le point sur autre chose. C'est qu'on dit souvent que justement, quand j'ai entendu beaucoup de récits de personnes qui avaient perdu leurs parents et qui, du coup, s'émancipent complètement des schémas traditionnels. C'est ce qui s'est passé pour toi aussi ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui, et c'est pas tout jeter, c'est vraiment tout repasser au crible, remettre en question toutes ces valeurs que j'avais héritées, certaines que j'adorais. La littérature, elle est restée, parce qu'on revient à la question première, comment est arrivé ce livre ? La solidarité, mon père était un syndicaliste, même à l'école européenne, mais après il y avait d'autres choses qui n'étaient pas miennes, et dont je me suis départi. Je ne trouvais pas que je devais être excellent, me sacrifier pour une carrière qui allait me protéger d'un avenir qui allait être compliqué, qui allait être de tous contre tous. Et donc ça, je m'en suis défait et ce faisant, je me suis rapproché des choses que je voulais véritablement faire. J'ai commencé par la photographie et puis j'ai repris l'écriture. Et donc ce qui est drôle pour revenir à ce livre, c'est que... Donc, ce deuxième livre, Le Cercle des héros anonymes, est venu avant Matin clair. Moi, je l'écrivais depuis bien avant parce que c'est quelque chose, c'est un livre qui vraiment sointe toutes mes expériences dans les grandes boîtes, à Barcelone où j'ai habité, à New York où j'ai été plusieurs fois faire des reportages photos. Et donc, ce livre était là en gestation. Il avançait, il avançait. Et puis arrive... Le discours que j'ai donné à Polytech, à l'UCLouvain, en 2009.

  • Speaker #1

    C'est un discours qui est devenu viral, dans lequel tu racontes aux étudiants pourquoi il faut donner du sens à sa vie et suivre ses rêves.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Si je schématise...

  • Speaker #0

    Qui venait du cœur, parce que c'est vraiment exactement ce que moi j'avais vécu. Rien d'autre qu'un témoignage bienveillant à des étudiants à qui je voulais mettre en garde face à des travers que peut-être moi j'avais vécu. Et il se fait que dire ça était à ce moment-là terriblement subversif. Et en effet, c'est devenu complètement viral. On m'a appelé partout en Europe. J'ai fait le Marie-Claire. un magazine de mode italien. Donc, c'est... Je ne sais plus. C'est un magazine de mode très, très connu où il m'avait appelé le gourou de la felicità.

  • Speaker #1

    Mais tu dis de subversif. On n'était pas dans les années 50. On était en 2019.

  • Speaker #0

    Non, on était en 2019. C'est très récent.

  • Speaker #1

    Pourquoi subversif à cette époque-là ? Ça ne fait pas si longtemps. C'était juste avant le Covid.

  • Speaker #0

    C'était juste avant le Covid. Je pense que c'était le moment... C'était juste... Je crois que c'était la goutte de trop qui fait déborder quelque chose qui était pas tant, très latent chez beaucoup de personnes. Un cas près, le Covid a complètement encore souligné, renforcé. Mais oui, c'était il n'y a pas si longtemps. Et je trouve que les choses vont extrêmement vite dans plein de domaines. C'est fascinant parce que, par exemple, lorsque moi, je donne ce discours, je commence par donner une statistique qu'aujourd'hui est bien connue, mais qu'à l'époque, j'avais été le premier. Pourquoi ? Alors qu'elle était totalement publique, je dis qu'il y avait plus. Déjà à l'époque, il y a cinq ans, le budget national en Belgique alloué aux maladies de longue durée, les burn-out et les dépressions, était plus important que le budget alloué au chômage. Et personne ne s'en rendait compte, personne n'était au courant de ça. Tout le monde, proportionnellement au temps d'antenne que ça prenait, le chômage, tout le monde dirait, mais oui, problème numéro un en Belgique, c'est le chômage, ce n'est pas du tout les maladies de longue durée. Et en réalité, c'était l'inverse. Au niveau budgétaire... Nadine Nonguré était première dans la liste. J'avais tellement été le premier à dire que Arnaud Reussen, quelques semaines plus tard...

  • Speaker #1

    Un journaliste belge de la RTBF.

  • Speaker #0

    De la RTBF, qui décrypte, qui fact-check, qui est très sérieux par rapport à plein de choses. Il avait fait toute une émission rien que basée sur ce fait-là que j'énonçais pour voir si c'était vrai. et oui évidemment c'est vrai et ça empire depuis donc c'est vrai qu'il n'y a pas très longtemps du tout et pourtant il y a plein de choses qui avaient besoin d'être dites moi le témoignage que j'ai le plus reçu et il y en a eu des milliers parce qu'il a été vu 20 millions de fois ce discours depuis 20 millions de fois en 5 ans ce que j'ai le plus entendu c'est merci d'avoir dit tout haut ce que je pensais tout bas ou merci je me sens moins seul maintenant à penser comme ça Donc on était vraiment à un point de bascule où on était énormément, extrêmement nombreux et nombreuses. à ressentir quelque chose qui n'était pas encore vocalisé, qui n'était pas encore rationalisé. Et c'est arrivé pile bien à ce moment-là. Et depuis, je pense qu'il n'y a plus une année où il n'y a pas de discours subversif à la remise des diplômes. Il y a eu AgroParisTech un an ou deux plus tard, et il y en a plein depuis.

  • Speaker #1

    Et si on fait un peu abstraction du monde professionnel et qu'on regarde simplement vers sa vie personnelle, et notamment sur le sujet qui nous intéresse dans ce podcast, sur la séparation, comment est-ce qu'on peut s'appliquer ça ? aller au bout de ses rêves, trouver du sens à sa vie. Si j'ai bien compris, toi, tu t'es séparé aussi un petit peu dans cette période-là, à ce moment-là, où d'un coup, tu t'es rendu compte que tu n'allais pas dans la bonne direction sentimentalement parlant. Comment on se rend compte de ça et qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est venu très insidieusement. C'est une connotation péjorative, mais je veux dire... très lentement. Ça s'est immiscé comme ça dans le quotidien. Il y a eu ce deuil de mon père et quelques années plus tard, quand je commençais à faire le bilan, je dis ça de façon très rationnelle et très rationalisée alors qu'en fait c'est a posteriori sur le moment même. Moi, je ne savais pas du tout que j'étais en train de faire le bilan de quoi que ce soit. Je n'avais que des ressentis, que des émotions. Et c'est maintenant que je peux dire, oui, à l'époque, je me suis rendu compte qu'en fait, je devais laisser tomber ci, ça. Et donc, dans ce ressenti que j'avais, que j'ai résumé en une phrase qui est reprise souvent de ce discours, maintenant que tu sais que tu vas mourir, changerais-tu quelque chose à cette journée, si c'était la dernière ? C'est la phrase que moi je me revenais du cadavre ou du corps mourant de mon père lorsque je le regardais alors que j'avais dîné avec lui la veille. Je me revoyais avec lui la veille et je me voyais vraiment lui poser cette question maintenant que je sais que tu vas mourir demain. Est-ce que tu aurais voulu me dire quelque chose ? Est-ce que tu aurais changé quelque chose de cette dernière journée ? Et donc cette phrase qui est en fait un ressenti que j'ai mis en mots plus tard. C'était vraiment de me dire, ok, maintenant je sais que je peux mourir, est-ce que je changerais quelque chose si je devais mourir demain ? Qu'est-ce que je changerais ? Et je me suis rendu compte qu'en fait, je changerais plein de choses. Et à nouveau, c'est pas rationalisé, c'est pas vocalisé, mais c'est par le biais des émotions. Et il y a donc des choses qui ont commencé à me paraître insupportables. Vraiment du jour au lendemain, enfin, du jour au lendemain, non, parce que ça a pris 3-4 ans, entre le moment où mon père est mort et ma séparation. mais des choses que je trouvais insupportables, des compromis, des... Je me rappelle vraiment de cette phrase où mon ex-femme me dit « Mais tu sais, avec moi, tu ne pourras pas devenir écrivain. » C'était mon rêve d'enfant. Et je me suis rendu compte ce jour-là que ce n'était pas possible. Ce n'était plus possible pour moi de... de nier ces rêves-là, ils étaient trop forts. Et donc il y a des choses qui deviennent insupportables, et quand ça c'est devenu une évidence, après il y a tout un chemin très inconfortable de d'accord maintenant que je sais que je dois changer, que je dois me séparer, comment mettre en place une stratégie, de mettre en place un cheminement pour que ça se passe le mieux possible. Parce que même quand on se rend compte de l'insupportable, il reste l'autre insupportable, qui est celui de se séparer de son fils, de mon fils à l'époque. Et là, ça, ça a été la balance la plus dure. Qu'est-ce qui est plus insupportable ? Ne plus vivre cette vie de famille que j'ai avec lui, ou faire le deuil de mes rêves, et assez rapidement. Je me suis rendu compte que je ne me séparais pas de lui, je me séparais juste de la vie que j'avais avec lui, et que ce serait toujours mieux de vivre avec un père qu'il verrait peut-être moins, mais qui serait plus en phase avec lui-même et plus heureux, qu'un père malheureux, résigné, guéri, mais qui serait toujours avec lui à la maison. Donc voilà, c'est là qu'a commencé la phase de... J'appelle ça stratégie, ça a l'air un peu froid, mais c'est vraiment planification, de dire ok, est-ce que c'est possible, comment ? Avec le deuil de mon père, c'est vraiment la période la plus inconfortable de ma vie.

  • Speaker #1

    Ce dont tu parles, le rêve d'enfant, c'est quelque chose, moi, qui m'a beaucoup touchée le jour où j'ai vu que tu postais justement un texte sur LinkedIn là-dessus, précisément là-dessus. Et je trouve que c'est essentiel, je suis tout à fait d'accord avec toi sur ces rêves d'enfants qu'il ne faut surtout pas piétiner. Et c'est drôle pour la petite anecdote, c'est que la même journée, j'enregistrais un épisode du podcast avec quelqu'un qui a tenu aussi ces propos-là. Dans la même journée, quelqu'un d'autre qui m'a dit aussi exactement ça, qui m'a dit « moi je veux que mes enfants puissent vivre leurs rêves, c'est super important » . Et donc l'un de tes rêves, c'était de devenir écrivain.

  • Speaker #0

    Ah oui, depuis toujours.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu considères que tu es devenu écrivain avec le premier livre ? C'est maintenant, là, en publiant un roman. Donc c'est différent quand même, ce n'est pas du tout le même style que le précédent. Où est-ce que tu te sens le plus accompli ?

  • Speaker #0

    Clairement maintenant, oui. Ne serait-ce que par le fait qu'il y en a deux. Il y a une phrase qui m'a toujours beaucoup marqué. Moi, j'adore le cinéma aussi. J'étais critique de cinéma, je regarde... presque un film par jour. Depuis, moi, j'avais la... Au moment où j'étais critique de cinéma, j'ai jamais eu autant d'amis parce que j'avais la carte, une carte qui n'existe plus, je crois, que certains... C'est la carte de presse. Oui, c'est... C'est la carte de presse. Oui, où je pouvais aller à volonté et amener quelqu'un à chaque fois. Donc, je peux te dire qu'à ce moment-là, j'avais beaucoup d'amis qui voulaient m'accompagner au cinéma. J'y allais tous les jours. J'allais revoir les films ou la fin d'un film que... Bref, dans mon roman, il y a autant de références au cinéma qu'à la littérature. Pourquoi je parlais de cinéma ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas, mais j'avais quand même envie de te demander, puisque tu es un fan de ciné, c'est quoi ton film préféré ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai beaucoup. J'adore The Big Lebowski, j'adore Pulp Fiction, j'adore les films des années 90. J'adore un petit film que personne ne connaît. Je pense que ça, ça devrait être, à mon avis, mon film préféré. C'est Garden State de Zach Braff. Un petit film indépendant que j'adore. Et donc, oui, il y avait cette phrase. Je voulais revenir à ce film. Wonder Boys. Parce que je disais que j'adore le cinéma. Et en plus, j'adore le cinéma qui parle d'écrivain. Un de mes films préférés aussi, c'est Ghostwriter. où c'est un auteur qui écrit des biographies, et c'est génial, il y a des crimes, etc. Mais donc, Wonder Boys avec Michael Douglas, il y a une espèce de parodie d'écrivain à best-seller, comme ça, très haut-teinte, assez dégueu, et il y a Michael Douglas qui lui est un prof du NIV, qui fait des super trucs, mais qui n'a jamais percé, et le gars lui dit, et ce... cet écrivain qui donne des masterclass en écriture, il lui dit tout le monde écrit un livre, personne n'en écrit deux. Et là, avec le deuxième, je me dis, ok. Au moins, par ce critère-là, c'est bon. Je n'ai pas fait d'études, je n'ai pas de père ou de mentor. Donc, comme pour plein de choses dans la vie, je fais tout tout seul. Et du coup, j'ai beaucoup de mal à me sentir faire partie d'eux. Et donc, je me sentirais écrivain lorsque j'aurais suffisamment écrit que pour être entouré de choses que je trouve qui valent la peine. Parce que je sais que je n'ai pas de collègues qui me disent, cher collègue écrivain, je n'ai pas de prof qui m'a eu dans ses cours d'écriture et qui peut me dire, tu dépasses le maître. Je n'ai rien de tout ça.

  • Speaker #1

    C'est drôle parce que tu parles de... plein d'éléments de ta vie qu'on retrouve vraiment dans ce film. Dans ce livre. Dans ce livre. Et là, c'est vrai, tu viens encore de... Tu me fais penser au mentor du héros du livre. Le héros, c'est un peu toi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu moi, un peu...

  • Speaker #1

    David.

  • Speaker #0

    En plus beau, en plus courageux, en plus... en rocambolesque, en plus James Bond, un peu comme ça. Mais oui.

  • Speaker #1

    L'histoire, c'est David qui infiltre une multinationale et qui va la faire tomber. Donc, on ne va pas non plus spoiler toute l'histoire, mais voilà, c'est autour de ça. Mais il y a aussi beaucoup de... Donc, c'est un roman initiatique et il a un mentor un peu, ce David, lui aussi. Il a une amoureuse aussi. Et puis surtout, dans ce livre, il y a plein d'éléments de ta vie. Il y a le fait, il y a la forêt, tu habites près de la forêt. Il y a une mort tragique aussi. Une maman qui tombe d'un escabeau. J'ai noté comme ça. Il y a aussi toute cette quête de sens qu'on retrouve beaucoup dans ta personnalité, dans tout ce que tu racontes. C'est ton histoire, en fait, ce livre. Non ? C'est toi ? Tout ce livre, en fait, c'est toi.

  • Speaker #0

    On me le fait remarquer, que ça ressemble. À la base, moi, je voulais que ça ressemble vraiment à un film d'aventure, un film un peu avec les lignes du temps éclatées, un peu à la Nolan. Michael Clayton aussi, avec George Clooney, qui est un avocat qui s'attaque aux grandes multinationales, Dark Waters. avec Marc Ruffalo, ce genre de film de David contre Goliath et le protagoniste s'appelle David pas par hasard et oui il trouve ce mentor que j'avais un peu trouvé à Barcelone aussi, qui est devenu un grand ami qui faisait quoi ? il était prof c'était mon promoteur de thèse de doctorat à Barcelone parce que là dans l'histoire il est aussi prof Il est prof, il est directeur d'une grande école de commerce. Et il y avait ce fantasme que j'avais envie de porter, qui est celui de... On a souvent cette théorie du complot, comme quoi il y a un cercle d'initiés très puissants qui nous gouvernent, qui nous manipulent et qui construisent tous les désastres que nous sommes en train de connaître. Et moi, j'avais envie de mettre en scène la chose inverse. Un cercle de l'ombre clandestin, mais de personnes qui se réunissent pour conspirer pour la lumière, qui se réunissent pour conspirer, pour changer les travers de ce système. Et donc, j'adorais cette idée, et forcément j'étais puisé dans mon vécu, mais de toute façon, je pense, c'est anecdotique, ce que je fais, c'est vraiment puiser dans ce que j'ai vécu, mais aussi énormément ce que j'ai lu, ce que j'ai vu, essayer de... tour, une énorme soupe où je vais puiser. Et donc, oui, il y a ce mentor qui appelle David pour faire partie de ce cercle et ensemble pour aller faire tomber, infiltrer les multinationales toxiques et les faire tomber.

  • Speaker #1

    Écoute, on lui souhaite beaucoup de succès, en tout cas, ce livre. Moi, j'ai beaucoup aimé. J'aurais voulu parler de ton travail de photographe, parce que je trouve que... On entend beaucoup parler de toi sur ces questions de développement personnel, de trouver un sens à sa vie, c'est des questions essentielles, mais ton travail est magnifique en fait. Merci. Je veux surtout regarder ce que tu faisais. Et je trouve ça vraiment très très chouette ces photos, et notamment il y en a une qui m'a marquée, c'est une photo qui, je pense, représente le bel gars. Celle-là ? Oui, c'est celle-là.

  • Speaker #0

    Non, ça c'est... C'est pris à Paris. Ah ok. Derrière... Oui, c'est dans un chantier d'un grand loft. C'était un grand loft où il venait de couler la chape de béton. Et moi je suis rentré avec un faux casque de chantier. J'ai fait semblant que je faisais complètement partie du truc pour pouvoir prendre les photos. Parce que j'adore ces ambiances de chantier, de choses à moitié construites comme ça. Et ça me permet... C'est toujours pas mal de flou, de reflets. Et ça, c'est les influences de l'impressionnisme et les influences de ma mère, de peinture et des beaux-arts, que j'ai fait aussi en cours du soir. Je cherchais dans la photographie la façon de me rapprocher le plus possible des impressionnistes, la façon qu'ils ont de retirer de l'information, de la réalité. Ce projet-là part de la théorie que, et j'ai eu cette idée pendant que je faisais le doctorat en sciences appliquées sur le traitement d'images, donc j'étudiais l'image d'une façon très rationnelle le matin, enfin la journée, et le soir, je faisais des cours du soir chez les impressionnistes, et je me rendais compte que l'image, en journée je travaillais les images satellites, les images médicales, où l'information est extrêmement importante, l'information qui est véhiculée par l'image, alors qu'en peinture, chez les impressionnistes... On retirait de l'information de l'image et alors on arrivait à toucher le cœur plutôt que le cerveau. Lorsqu'il y a beaucoup d'informations, on peut interpréter ce qui se passe, avoir beaucoup de données. Mais lorsqu'il n'y a plus d'informations, il y a des flous, il y a des reflets, il y a des transparences. Alors on n'est plus facilement ému parce qu'on va plutôt aller sonder nos ressentis, nos souvenirs plutôt que notre cerveau. Et donc c'est de là qu'est partie cette idée de vouloir faire cette série-là, qui mélange photographie et impressionnisme sans retouche digitale. Donc vraiment en gardant le côté street photographie, photographie de rue, mais en essayant de voir quelles sont les scènes qui ont l'air impressionnistes. Donc sans devoir flouter moi-même par la suite à postériori, mais juste des scènes qui par construction ont... peu d'informations, soit parce qu'il y a du brouillard, soit parce qu'il y a des reflets, soit parce qu'il y a des tentures ou des labuées.

  • Speaker #1

    Il y a une chose aussi que je voulais te demander parce que tu écrivais, je crois que c'était dans Matin clair, tu disais que tu ne voulais pas avoir de regrets, que tu vivais chaque journée, tu en as un petit peu parlé tout à l'heure, tu vivais chaque journée et tu te demandais à la fin de la journée, je crois que c'est ça, si c'était bien exact, Est-ce que j'ai des regrets aujourd'hui ? Est-ce que j'aurais pu faire des choses différemment ?

  • Speaker #0

    Parce que cette pensée-là, elle m'est venue quand j'en parle, c'est concernant des livres d'infirmières qui s'occupent en soins palliatifs de personnes mourantes. Et elles ont écrit des livres sur quels sont les plus grands regrets que les mourants ont. qu'est-ce que en tant qu'être humain on regrette le plus et c'est ça que je voulais éviter d'avoir ce genre de regrets et elle parle du fait que ça revient tout le temps on n'a pas dit assez je t'aime aux personnes qu'on aime on n'a pas on a trop travaillé on a trop stressé on a trop angoissé donc hier par exemple si j'avais quelque chose que j'aimerais changer c'est d'angoisser un peu moins peut-être pour plein de choses de la société actuellement, de ce que je fais a suffisamment d'impact. Je crois que c'est le propre des hypersensibles, c'est d'avoir ce genre d'angoisse en permanence qui sont en même temps un moteur. Moi, ma psy, c'est ce qu'elle m'a toujours dit et c'est un peu ça que je porte avec moi. Sans ce genre de questionnement permanent et de sens critique, de vouloir faire mieux. Je ne serai pas là à faire des photos, à écrire, à faire des conférences sur l'état du monde, sur ce que je lui souhaite de mieux, quelque part.

  • Speaker #1

    Donc concrètement, ça se traduit comment ? Tous les jours, tu prends un moment pour réfléchir à ta journée et te dire, ouais, aujourd'hui, c'est bon, c'est une journée plus. Aujourd'hui, c'est une journée moins. Tu fais vraiment ce travail-là ?

  • Speaker #0

    Oui. Je commence parce que je suis freelance, je suis mon chef, mon bourreau, mon collègue, et donc j'ai besoin d'avoir une certaine discipline, et donc me dire aujourd'hui qu'est-ce que je veux vraiment faire, accomplir, et là-dedans il y a toujours des choses de santé mentale, de santé physique, de famille avec mes enfants. domestique et aussi forcément, peut-être même malheureusement, peut-être en priorité aussi professionnelle. Qu'est-ce que je dois contacter ? Qu'est-ce que je veux écrire aujourd'hui ? Qu'est-ce que je dois publier ? Etc. Donc il y a un peu de tout ça, mais ce que je voulais dire par rapport à ces livres sur les regrets, c'est que c'est vraiment des regrets que l'on... c'est pas vraiment au jour le jour, c'est vraiment des regrets dans la durée. Parce que sinon, ça devient un peu anxiogène de dire aujourd'hui, oulala, j'ai des regrets, ça ne va pas. C'est vraiment plutôt une question de tendance. Dans ma vie, dans les rails dans lesquels je suis, dans cette inertie, dans cette stratégie que j'ai, dans ce plan, dans cette vie que je suis en train de mener, si elle continue comme ça, vers quel type de regrets je vais ? Quel type de regrets ça va m'amener ? C'est plutôt ça. Dans Matin clair, je crois que j'appelle ça des regrets à rebours. C'est vraiment se rendre compte au jour le jour du genre de regrets que l'on va pouvoir avoir sur nos vies de mort si on continue comme ça.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Je suis Pamela Mourinière et vous venez d'écouter un épisode de Quelque chose à vous dire, le podcast des parents séparés. Si ce podcast vous plaît, s'il vous aide... ou à aider des personnes de votre entourage, n'hésitez pas à le partager, à en parler autour de vous, à lui mettre 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées ainsi que des commentaires positifs. pour aider le podcast à remonter dans les classements et à devenir plus visible. Si vous souhaitez me contacter, me suggérer des invités ou de nouveaux thèmes à explorer dans le podcast, envoyez-moi un message à quelquechoseavoudirepodcast.com quelquechoseavoudirepodcast.com Si vous souhaitez suivre les aventures du podcast et en savoir plus sur son making-of, ses invités ou tout simplement vous tenir informé de l'actualité en lien avec la séparation et le divorce, Suivez Quelque Chose à Vous Dire sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et LinkedIn. Et n'hésitez pas à interagir, c'est toujours un plaisir de vous lire et de vous répondre. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode et Rikila, portez-vous bien. Ciao !

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