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Adélaïde Charlier : La persévérance dans l'activisme climatique, un triathlon pour un monde meilleur et plus juste. cover
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Raconte Media - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment.

Adélaïde Charlier : La persévérance dans l'activisme climatique, un triathlon pour un monde meilleur et plus juste.

Adélaïde Charlier : La persévérance dans l'activisme climatique, un triathlon pour un monde meilleur et plus juste.

1h40 |16/01/2025
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Adélaïde Charlier : La persévérance dans l'activisme climatique, un triathlon pour un monde meilleur et plus juste.

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1h40 |16/01/2025
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Description

« L'activisme, c'est un marathon, pas un sprint. » Cette citation d'Adélie Charlier, notre invitée de ce nouvel épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment, résume parfaitement l'essence de son engagement pour la justice climatique. À seulement 23 ans, Adélie incarne la voix d'une génération qui refuse de rester silencieuse face à l'urgence climatique. Dans cette conversation captivante, elle nous livre son parcours inspirant, ses motivations profondes et les luttes qu'elle mène pour éveiller les consciences sur les enjeux environnementaux qui nous touchent tous.


Originaire de Namur, Adélaïde nous partage comment son enfance et son expérience au Vietnam ont façonné son engagement. Elle nous rappelle que rêver grand est essentiel, mais que cela nécessite également de remettre en question nos aspirations et nos comportements. À travers son récit, elle nous montre que l'activisme est un effort collectif, une véritable communauté qui se mobilise pour un avenir meilleur. Adélaïde compare son engagement à un triathlon, illustrant la nécessité d'endurance et de persévérance dans un monde où les défis semblent parfois insurmontables.


Les critiques et les attaques sur les réseaux sociaux font également partie de son quotidien, mais sa détermination à poursuivre son combat reste inébranlable. Elle nous invite à réfléchir sur notre rôle en tant qu'individus et à prendre part à des collectifs qui œuvrent pour le changement. « Éduquez-vous, impliquez-vous, osez rêver d'un monde meilleur », nous exhorte Adélaïde. Une phrase qui résonne profondément et qui nous pousse à agir.


Dans cet épisode, nous explorons des thèmes essentiels tels que la résilience, l'engagement communautaire et l'importance de l'éducation dans la lutte pour la justice climatique. Adélaïde Charlier nous rappelle que chaque voix compte et que chaque action, aussi petite soit-elle, peut contribuer à un changement significatif. Écoutez cet épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment et laissez-vous inspirer par le parcours d'une jeune activiste qui refuse de baisser les bras face à l'adversité. Ensemble, construisons un avenir où l'espoir et la détermination prévalent sur le désespoir et l'inaction.


Adélaïde Charlier, surnommée "la meuf du climat" sur les réseaux sociaux, est devenue une figure incontournable de l'activisme climatique et des droits humains. À seulement 23 ans, elle s'impose sur la scène internationale avec un engagement sans faille. Son éveil à la cause climatique débute au Vietnam, où elle prend conscience des enjeux environnementaux. De retour en Belgique, elle rencontre Anuna De Wever et participe à l'essor du mouvement "Jeunes pour le climat", qui bouleverse rapidement la scène nationale avant de s'étendre au niveau mondial. Ce mouvement marque un tournant dans sa vie, la propulsant du quotidien d'une jeune élève aux projecteurs médiatiques en quelques jours seulement. Dans cette interview exclusive, Adélaïde partage les étapes clés de son parcours, son regard sur les enjeux actuels et futurs, ainsi que les défis majeurs de sa génération. 💡 En 2024, elle a été reconnue parmi les 30 personnalités de moins de 30 ans à suivre par Forbes. Une rencontre inspirante avec une jeune femme déterminée à faire bouger les lignes.


🔗 Retrouvez Adélaïde sur Instagram : @adelaidecha


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  • Réalisation vidéo: Anthony Dehez

  • Interview vidéo: Anthony Dehez

  • Cadre vidéo: Michel Bourgeois

  • Graphisme: Michel Bourgeois

  • Photographies: Anthony Dehez

  • Chapitrage: Annick Boidron

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#Activisme #YouthForClimate #ClimateChange #ChangementClimatique #Écologie #Interview #LeadershipJeune


Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce qui est important, c'est que je me dis qu'il faut oser, par contre, rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Adélie Charlier.

  • Speaker #0

    Ah bonjour.

  • Speaker #2

    Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci, c'est très gentil. Je suis très contente d'être là.

  • Speaker #2

    Comment on fait ? On se vouvoie, on se tutoie ?

  • Speaker #0

    J'espère qu'on peut se tutoyer, moi ça me va.

  • Speaker #2

    Avec plaisir. Dis-moi, est-ce que je pourrais te demander de te présenter ? Qui es-tu ? Que fais-tu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, entre vous. Alors, je m'appelle Adélaïde, Charlie du coup. J'ai 23 ans, je suis namuroise, je viens de finir mes études en politique européenne, mais surtout ça fait cinq ans que ce qui m'occupe le plus, c'est d'être activiste pour la justice climatique. Alors concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est en gros être dans l'action physiquement pour mettre un maximum de pression vers les institutions politiques et publiques pour s'assurer qu'ils n'oublient pas l'urgence climatique.

  • Speaker #2

    Et tu pourrais nous dire un peu où on est ici aujourd'hui pour ce tournage ?

  • Speaker #0

    Voilà. Alors ici, on est dans mon nouveau chez-moi, que je ne considère même pas encore vraiment comme chez-moi parce que ça fait une semaine que j'ai déménagé à Bruxelles en colocation avec beaucoup d'amis et moi.

  • Speaker #2

    Et pourquoi Bruxelles ?

  • Speaker #0

    Bruxelles, c'est presque inévitable quand on est très actif sur les questions politiques en Belgique. C'est là que se tient la majorité des institutions politiques à tous les niveaux de pouvoir. Et quand on est dans un mouvement climat qui est international et européen, c'est là qu'il se trouve aussi les institutions européennes. Et donc, pour pouvoir continuer cette pression... Pardon. Pour pouvoir continuer cette pression... physique vers ces institutions qui sont physiquement présentes à Bruxelles, c'est hyper important. Et puis c'est un lieu aussi, c'est une ville en Europe où c'est facile de bouger en train vers d'autres pays, vers Berlin, Amsterdam, vers Paris, etc. Et puis aussi personnellement, c'est là où se retrouvent tous mes amis et ma famille est pas très loin.

  • Speaker #2

    C'est là que tu te sens mieux en fait ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien à Bruxelles, alors je me sens encore mieux à Namur, je dois être honnête.

  • Speaker #2

    Pourquoi le côté campagne encore ? Parce que Namur, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est un peu une toute petite ville provinciale belge, assez verte encore.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une petite ville qui a tout son charme. C'est une petite ville provinciale qui est quand même la capitale de la Wallonie, il faut le préciser. Et où en fait, on est entre... On sort dans la rue et on peut rencontrer plein de gens. Et en même temps, ça reste une ville, on a vraiment accès à tout. je fais facilement accès à la gare de Namur pour aller partout. Et en même temps, il y a la Stadelle, qui est quand même un lieu historique impressionnant. Et surtout, ce qu'il y a à Namur, c'est le confluent, la confluence entre la Meuse et la Sambre. Et ce point d'eau, ces points d'eau sont pour moi hyper importants. J'ai beaucoup besoin de points d'eau. D'ailleurs, c'est quelque chose qui me manque à Bruxelles. On a malheureusement recouvert tous les points d'eau historiquement, ce qui est très triste. Un grand regret, mais là, à Namur, on a cette beauté d'un fleuve et d'une rivière qu'elle assemble et on a beaucoup de chance de les avoir.

  • Speaker #2

    On dit que c'est presque thérapeutique d'habiter près des eaux. C'est un peu ce que tu veux dire par là ?

  • Speaker #0

    Ça ne m'étonnerait vraiment pas. Que ce soit thérapeutique, je pense que ça va être les nombres d'heures que je passe le long de la Meuse pour promener mon chien, ou alors à monter la citadelle, me perdre un peu dans ces bois-là. On a une chance à Namur d'avoir ce mix de la ville qui est à tout, sans qu'elle soit dans l'excès pour que ce soit trop et désastreux, même si sur le monde, on a quand même un impact qui est présent. On a quand même cette relation avec le lien avec la nature qui est juste hyper importante, mais surtout l'eau, pour moi, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c'est hyper apoptique, mais l'eau est hyper importante. Et peut-être aussi parce qu'en vrai, je suis nageuse, et donc pour moi, la Meuse, ce n'est pas seulement que je la regarde, j'aime aussi nager beaucoup dans la Meuse. Il y a la possibilité de nager en saison d'été avec plein d'autres personnes, et on est là avec notre petite bouée orange, et on nage dans la Meuse. Ça fait plusieurs années que je fais le triad Jean de Namur aussi. et gros big up à l'organisation des triathlons de la mûre parce que je les trouve incroyables et c'est un super événement tu viens de citer,

  • Speaker #2

    tu es sportive triathlon,

  • Speaker #0

    nage c'est des sports d'endurance est-ce que on peut dire que c'est un trait de ton caractère les endurances par rapport à tes combats ce serait un privilège de pouvoir garder cette endurance et je pense que dans le sport, en effet je préfère l'endurance que le sport que le sprint. Et je pense que dans l'activisme, c'est le sport qui est de l'activisme, c'est quelque chose qui est nécessaire, la persévérance et l'endurance. On ne peut pas lâcher, c'est même pas en sprint l'activisme, c'est même pas en marathon, c'est une course relais. Et donc on ne sait pas combien de kilomètres on a encore face à nous, et quand on est fatigué, on relaie. Et puis peut-être qu'on pourra revenir dans la course. Et donc c'est cette question de l'endurance, mais surtout de la persévérance, parce que souvent on n'a pas directement l'impact, on ne peut pas voir l'impact de notre action, de notre course du coup. Et donc il ne faut jamais regarder le temps ou le timing qu'on veut voir quand on fait une course par exemple en sport, parce que dans l'activisme on n'a pas ça. checker un peu où on en est, est-ce qu'on a fait mieux que la fois dernière. C'est très difficile d'évaluer. Peut-être que c'est ce qui manque un peu de l'activisme, mais donc l'aspect de l'endurance est d'autant plus important dans l'activisme que dans le triathlon.

  • Speaker #2

    Ce serait quoi ta définition justement de l'activisme ?

  • Speaker #0

    Alors pour moi, je sais que le mot activiste fait très peur. Et il m'a fait même peur moi, au début.

  • Speaker #2

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que... j'ai commencé les grèves pour le climat et on m'a directement mis cette étiquette sur le front et je n'ai pas grandi dans un monde de l'activisme donc je ne connaissais pas ce terme et il n'était pas nécessairement mal vu mais il n'était pas nécessairement bien vu je ne le connaissais pas et on sait que quand on ne le connait pas souvent ça amène de la peur et donc j'étais un peu perplexe, mais je ne l'ai pas nécessairement renoncé. Et puis après, je l'ai accepté parce que j'ai vite réalisé que d'écrire une personne d'activiste, pour moi, c'est quelqu'un qui est actif face à un changement qu'on veut voir autour de soi, dans la société. Et pour moi, énormément de personnes sont activistes, sans vouloir mettre le mot activiste mais elles le sont. Et après, dans les moyens d'action à établir pour voir ce changement qui nous entoure, Il y a un panel de choses à faire qui sont énormes. Et donc, peut-être qu'on est activiste en faisant une certaine action ou une autre, mais je pense que beaucoup d'entre nous le sommes.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    On va revenir au tout début. Quand tu nais à Namur, tu nais dans quel contexte ? Qu'est-ce qu'ils étaient tes parents ?

  • Speaker #0

    Je nais à Namur en 2009, décembre, à l'hôpital Sainte-Élisabeth. Mes parents, ils avaient déjà deux enfants. mes deux grandes sœurs, qui allaient à l'école à Namur. Nous, on habitait dans un petit village en dehors de Namur. Ma maman est psychologue et mon papa travaille dans l'agence d'aide au développement ici en Belgique. Et donc, ils reviennent d'Afrique, en fait, où ils ont vécu pendant quatre ans avec mes deux grandes sœurs. Et donc, c'est un contexte où ils sont, je pense, très heureux d'être là. Et c'est toute une nouvelle vie pour eux.

  • Speaker #2

    Une nouvelle vie pour quoi ?

  • Speaker #0

    J'imagine d'avoir un troisième enfant qui vient un peu plus tard. Il y a un écart quand même entre mes deux grandes sœurs et moi de plus ou moins 6-7 ans. Et puis eux, ils ont eu cette pause un peu où ils ont vécu ailleurs. Puis ils sont revenus en Belgique. Et donc voilà, c'est un point de goût monde. Ils sont toujours, pour le moment... dans un village un peu plus loin de Namur. Un peu plus tard, quand j'ai grandi et que ma petite sœur aussi est arrivée, on a déménagé plutôt dans le centre de Namur. Mais bref, un peu d'échangement pour eux. Mais je pense qu'ils aiment le changement, ce qui est rare chez les humains quand même.

  • Speaker #2

    D'aimer le changement, c'est vrai, c'est toujours un défi. Quand tu es enfant, la nature c'est déjà important pour toi ? Tu vas souvent dedans ? Tu joues dans la nature ? Quelle a été ta première rencontre avec la nature ?

  • Speaker #0

    J'ai la chance de grandir dans un espace quand même assez vert, où on avait deux chevaux, on avait en cochon beaucoup de poules, même si aujourd'hui j'ai la phobie des poules. Mais du coup, en environnement, on a vraiment la chance de pouvoir jouer beaucoup dehors. J'ai trois sœurs, donc on est... Beaucoup de l'aura ensemble et avec des animaux hyper random, d'un cheval à un cochon, et qu'on considère vraiment comme nos animaux de compagnie. Parce qu'en fait, une de mes grandes sœurs est allergique aux poils, donc tout ce qui était chien, chat et un peu les animaux traditionnels qu'on pourrait voir à la maison, nous on n'avait pas du tout. Donc c'est un autre style de relation déjà que peut-être on a établi avec les animaux. Et j'ai adoré ça, vraiment.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y avait une conscience climatique, écologiste, etc. dans ta famille ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y avait une conscience écologique de la part de mes deux parents, qu'ils l'ont peut-être eux eu différemment, parce que je pense qu'ils reçoivent cette conscience différemment, mais ils sont bien conscients. Ils agissent de manière différemment, mais par contre, ils ne sont pas des grands activistes. Avec mes parents, on n'a jamais été à une marche pour le climat. C'était rare, je pense qu'on avait fait notre toute première avec un tout petit groupe d'amis au Vietnam, quand j'habitais là-bas. Mais ce n'est pas du tout dans ce monde de l'activisme que j'ai grandi. Mais de temps en temps, on se disait, OK, aujourd'hui, on va à l'école à vélo. Donc c'était plutôt un petit truc qui était là. Mais moi, ça ne m'a jamais vraiment marqué dans mon enfance. C'était plutôt la chance de vivre dans un cadre où on était toujours dehors, peut-être qui m'a impactée, mais ce n'était pas du tout, à ce moment-là, en tout cas, le message de mes parents autour du climat. Pas du tout.

  • Speaker #2

    Mais tu viens de dire que tu es passée du temps à Hanoi, au Vietnam. Oui. Comment tu t'es retrouvée là-bas ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis retrouvée à 11 ans, 11 ans et demi. À Hanoï, avec mes parents et ma petite sœur, pour le travail de mon père, qui travaille dans l'agence de développement de l'histoire magique. On arrive là, à cet âge-là, c'est un peu bizarre avec ma petite sœur, parce qu'on quitte le seul monde qu'on connaît, Namur. Ce n'est pas pour monter à Bruxelles, ou en Allemagne, ou dans le nord de l'Europe, dans le sud, peu importe, c'est vraiment où on quitte. Le seul monde que l'on peut connaître aux yeux d'une jeune fille de 11 ans. Et donc, c'est un moment un peu difficile de dire au revoir à nos amis qui, eux, vont vivre des expériences qu'on vit quand on a 11 ans, finir notre primaire et faire nos anniversaires. C'est une rupture. Pardon ?

  • Speaker #2

    C'est une rupture.

  • Speaker #0

    C'était un peu une rupture. Au début, j'ai râlé sur mes parents pendant quelques mois. C'est pas seulement une rupture... pays, de continents, culturels, mais aussi de langues. On arrive sur place et on apprend qu'on ne va pas pouvoir parler français, en tout cas seulement à la maison, et que ce soit à l'école ou dans la rue, si on veut pouvoir communiquer avec le monde extérieur, il va falloir apprendre en tout cas une autre langue. Et donc, c'est un peu difficile à cet âge-là, mais en même temps, vraiment, quand je regarde mon nom, je me dis, mais quelle chance ! Et merci à mes parents, parce que je pense que le Vietnam a changé ma vie. parce que j'ai eu la chance là-bas de vivre cinq ans à Hanoï, d'aller à l'école des Nations Unies à Hanoï, où notre éducation était basée sur les objectifs des Nations Unies, déjà à ce moment-là. Et donc, on était vraiment sur, à 12 ans, c'est pas grave, on parle de, je ne sais pas, qu'est-ce qu'on devrait mettre en place une fois qu'un pays a été touché par des catastrophes naturelles. C'était très clairement un travail, d'ailleurs, que j'ai retrouvé il y a... quelques semaines. Et il y a aussi des travaux sur la question de la pauvreté dans le monde, des inégalités. Donc il y avait déjà, en tout cas, une éducation qui était très présente sur les objectifs pour 2015, à ce moment-là, des Nations Unies. Et en plus de ça, on est dans un pays qui est déjà touché par les conséquences climatiques. On parle des typhons qui deviennent de plus en plus forts. Cette année, en 2024, le Vietnam a encore fait face à un des plus grands typhons auxquels l'Asie n'a jamais fait face. Donc il y a vraiment cette intensification qui est là. Hanoï est touchée fortement, un peu moins que les côtes du Mekong. Il y a la côte du Vietnam, je pensais, plus de 3500 km de long. Donc quand on parle de montée des eaux, pour eux, c'est quelque chose qui les concerne littéralement. Et il y a aussi la montée des eaux du Mekong. Donc on est vraiment sur... Tout ce que peut-être nous, on lit dans les rapports...

  • Speaker #2

    Mais c'est extrêmement lointain pour nous,

  • Speaker #0

    aux Occidentaux. Un jour, ça arrivera, ou ça arrive de temps en temps. Là-bas, c'est vraiment réel. Ça a un impact direct sur beaucoup de populations, enfin, sur la population. Et à ce moment-là, évidemment, ça ne me rend pas encore activiste, mais il y a un terrain fertile qui est en train de se créer.

  • Speaker #2

    La graine se met en place.

  • Speaker #0

    Et il y a quelque chose qui arrive. Il y a quelque chose qui se prépare. Et c'est sûr qu'on ne peut pas revenir du Vietnam. Avec cette éducation, dans ce contexte-là, avec les rencontres que j'ai pu faire, en ayant vécu dans un monde hyper multiculturel où on est obligé de vivre avec nos différences. Ce n'est pas du tout une question où on n'a pas du tout les mêmes religions, on n'a pas du tout nos parents qui font le même travail, on a tous des nationalités différentes. Je pense qu'on était cinq Belges dans mon école. Et donc, on grandit, on est juste différents. et de pouvoir l'accepter déjà à l'âge de 11 ans, je pense que ça m'a beaucoup changé. Donc, je reviens de Vietnam avec...

  • Speaker #2

    Tu reviens à quel âge ?

  • Speaker #0

    Ah oui, pardon. Je reviens à 16 ans, je pense. Et je reviens, donc je dois encore faire quelques années avant de finir ma réto, ma dernière année scolaire ici en Belgique. Et je vais dans une école à Namur. Et là, je me sens très bien que j'étais, encore une fois, je râlais sur mes parents. Parce que je n'avais aucune envie de revenir. Je n'avais aucune envie de changer d'école. C'était... Je pense que j'ai réalisé mon privilège quand je suis rentrée, d'avoir eu la chance d'aller là-bas. Et donc, il y a un peu une première claque pour moi, déjà de juste revenir à Namur, et puis une deuxième claque d'aller à l'école et de réaliser que l'enseignement que j'avais, ou que je recevais, par exemple, était hyper décalé de ce que je recevais au Vietnam. C'était un peu comme vivre dans un autre monde, une autre réalité, d'autres importances, d'autres priorités. Et donc ça m'a très vite frustrée parce que je sentais que je n'apprenais pas ce dont j'avais aussi envie d'apprendre. Évidemment, il y a les maths, il y a les sciences, il y a le français, il y a l'anglais, etc. Mais il n'y avait pas en cours sur qu'est-ce qu'on fait, par exemple, quand un pays est impacté directement par une catastrophe naturelle. Qu'est-ce qu'on met en place ? Comment les politiques gèrent ça ? Évidemment, ce n'était pas un cours de politique qu'on avait à l'école, mais c'était un peu OK. Ils nous testaient dans notre créativité aussi à penser ça, à faire des recherches. Il y avait beaucoup, beaucoup de recherches à l'âge de 12 à 16 ans. C'est quand même assez jeune. Et donc, on est dans une manière de travailler qui est très différente que l'étude par cœur. Et donc, surtout, je pense que ce qu'il y avait en fait là-bas, c'était du sens dans l'éducation qu'on me donnait. Et donc, je comprenais pourquoi. On me demandait de travailler pendant des heures pour écrire un texte sur, je vais garder un exemple, sur un typhon qui s'est passé. Parfois, ce n'était pas du tout en Asie, ça pouvait être n'importe où dans le monde. Mais ça avait un peu plus de sens parce que je sentais que ça pourrait nous toucher à n'importe quel moment. Et donc, ce manque, je pense que j'ai voulu le compléter inconsciemment plutôt par vouloir m'engager par autre chose qu'il y avait à l'école. Il y avait un groupe Amnesty, il y avait un groupe Oxfam. il y avait un peu le groupe Eco Team, un peu genre Climat et tout et je me suis inscrite dans les trois et j'étais en mode ok go et je passais mes temps de midi à manger dans ces groupes là je vendais des trucs pour Oxfam, pour Amnesty, on pensait à des actions que vous pouviez faire, des signatures faire signer toute l'école et je commençais vraiment à aimer ça, de me dire ok, toute l'école doit signer y'a pas de soucis, on va faire en sorte que toute l'école signe

  • Speaker #2

    Là t'es en marche quoi

  • Speaker #0

    Là y'a une première étape ouais et c'est là Et c'est à ce moment-là que je réalise maintenant que le Vietnam a eu un impact énorme pour moi. Parce que si je n'avais pas eu ce manque de me dire, mais là, je sens que mon éducation n'est pas complète, qu'il me manque un truc. En tout cas, j'ai besoin d'être nourrie par autre chose aussi et d'avoir un peu de sens dans ce que je fais, un peu plus. Je ne dis pas du tout que notre enseignement est complètement en manque de sens, mais il manque quelque chose. Et je l'ai pu retrouver grâce à ces orgues et à ces professeurs incroyables qui passent leur temps. de midi, leur temps après l'école, à se dire, OK, je ne rentre pas, je reste avec ces élèves motivés pour essayer de faire un peu bouger les choses dans mon école. Et donc, merci à tous ces professeurs qui font ça.

  • Speaker #2

    Et c'est à ce moment-là que ton champ de vision s'ouvre vers toutes ces possibilités de se faire entendre, finalement, de faire entendre des choses qui manquent à ce moment-là, selon toi.

  • Speaker #0

    Me faire entendre à ce moment-là, déjà dans mon école. le directeur, aujourd'hui, c'est un peu le président.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai entre mes 16 et mes 18, les dernières années à l'école. Donc, je grandis un peu, etc. Et ça fait deux ans, je pense, que je suis dans l'équipe Amnesty. Je me souviens très bien qu'il y a une de mes profs qui vient vers moi en mode Ah, Amnesty cherche un jeune qui pourrait représenter la Belgique, etc. Tu veux postuler ? Tu devrais tester, etc. Je me dis En vrai, why not ? J'ai postulé, j'ai eu la chance de l'avoir. Et donc, ça m'a permis d'avoir la première étape de l'engagement en dehors.

  • Speaker #2

    Des murs de l'école.

  • Speaker #0

    Et ça, c'était énorme. Je dois vraiment remercier cette prof, en fait.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'elle verra la vidéo.

  • Speaker #0

    Je la remercie vraiment.

  • Speaker #2

    Oui, on verra éventuellement.

  • Speaker #0

    Et aussi remercier Amnesty d'avoir cru en moi. Parce que grâce à ça, je commence à tester quelque chose de nouveau. Mais c'est cette année-là, donc c'est l'année de Marito, où aussi, j'ai un peu le goût d'Amnesty. Ça, c'est en septembre. Et en fait, en... Décembre, janvier, je commence l'activité. Donc c'est vraiment, il y a eu très peu de temps entre le goût de l'engagement, que je commençais à toucher un peu à 16 ans à l'école, et au début de ma réto, à 17 ans, je commençais à toucher un peu en dehors de l'école, et à 17 ans et demi, 18 ans, je commence l'activité.

  • Speaker #2

    C'est un peu la révélation, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est pas ça que je veux faire, parce que pour moi ça n'est pas...

  • Speaker #2

    C'est ça qu'il faut faire peut-être.

  • Speaker #0

    C'est ça qu'il fallait faire à ce moment-là. Mais pour moi, ça allait durer une semaine, cet engagement-là. Le premier jour où... Comment ça s'est passé ? C'est que je descends en matin avec des amis à moi. On avait des bandes verts, on est rentrés dormir. Le matin, je me réveille, je descends. Et là, il y a mon père qui me dit Ah, t'as vu cette meuf ou pas ? Tu la connais ? Et c'était Anna de Wever, qui avait lancé la première grève pour le climat en Belgique, qui faisait une interview en néerlandais. J'étais en mode Ah, j'avais pas vu, Nantes, c'était trop cool. Et il me dit Bah écoute, en vrai, via via, j'ai vu qu'elle cherchait de l'aide de la partie francophone, parce qu'en fait, pour le moment, c'est vraiment que flamand. Et j'étais en mode Ah, ok, bah ouais, je peux aider, y a pas de souci. Enfin, je veux bien aider pour une fois, s'ils ont besoin d'aide, en vrai, why not ? Et donc, grâce à ça, j'ai reçu un numéro d'Anouna, je lui ai envoyé un message, je lui ai dit Ok, apparemment, t'as besoin d'aide. Et en mode, OK, ouais, viens sur Bruxelles, il faut que je te raconte ce qui se passe. Et donc, je débarque à Bruxelles, en mardi, je suis en mode, OK, qu'est-ce qui se passe ? On boit un verre avec Ausha, elle m'explique, OK, voilà pourquoi j'ai lancé des grèves, voilà pourquoi on est dans la merde sur les questions de l'urgence climatique. Et j'ai un peu un cours hyper rapide de gens, en une heure, qui essaient de comprendre pourquoi elle a lancé ce mouvement. Et qui, à ce moment-là, en fait, c'est juste un groupe de jeunes, de potes en verse qui sont en mode, il faut qu'on fasse quelque chose, quoi.

  • Speaker #2

    Ils ne sont pas beaucoup, à ce moment-là, ils sont...

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils sont dans l'orga, aujourd'hui on appelle ça un orga, mais en fait dans le groupe de potes qu'ils lançaient, c'était 5-6. Mais ils ont fait une vidéo, ils avaient été la première fois, la vidéo avait tourné beaucoup en Flandre, mais pas du tout en Wallonie, puisque la vidéo était en flamande. Et donc il fallait vraiment briser cette frontière linguistique, cette frontière culturelle presque. Et donc ça on était prêts à le faire, j'étais en mode web, bien sûr, on le fait. Donc au tout début c'est un peu dur pour moi parce que... tout se passe en flamand, que c'est un groupe d'amis qui se connaissent, que moi je ne connais pas du tout, que c'est vraiment le début pour moi, les questions climatiques. Donc il faut un peu que je me mette à la une. Mais là, on est mardi quand je la rencontre et elle me dit, ok, jeudi matin, 9h, on se retrouve à la gare centrale. Et ramène un maximum de personnes de Wallonie. J'étais en mode, ok, donc je rentre à Namur et je me dis, j'ai 24h. pour trouver un maximum de personnes qui sont prêtes à rater l'école jeudi pour revenir dans les rues pour le climat. Et du coup, c'était un peu un challenge comme ça, parce que de base, je suis une bonne élève. J'ai un peu peur, donc je me souviens que je ne dis pas à mes profs que je rate l'école pour ça. Mais en attendant, sur Facebook, je crée plein de groupes avec l'aide de mes amis et je suis en mode OK, les gars, il faut que toutes les écoles où on connaît des gens, il faut qu'ils créent un groupe, il faut qu'ils savent que jeudi matin, on prend le train et qu'on va en fait à Bruxelles. Et ça prend vraiment de l'ampleur, avec l'aide aussi qu'en Flandre, ça avait bien fonctionné. Et en fait, les Wallons, ils réagissent. Et donc, je me souviens que le jeudi matin, c'était le 23 janvier 2019, je pense. Je me souviens parce que c'était l'anniversaire de ma mère. Le 24, du coup. Et bref, on est sur ce quai, et en fait, le quai est rempli. On monte dans le train, il est rempli. C'était incroyable. Donc j'imaginais... Mais les classes vides, c'était en mode trop bien. Et puis, on débarque à Bruxelles. Et là, directement, je perds mes amis parce qu'il y a tellement de monde. Je dois retrouver ce fameux groupe d'Anversois qui avait décidé de lancer cette folie. Et j'ai rejoint en mode Ok, j'ai ramené des gens Et ils sont en mode Ok, ben t'es prête ? Je suis en mode Prête, pourquoi ? Parce que là, il y a déjà beaucoup de monde. Ils sont en mode Ben oui, mais en fait, t'es la seule francophone, donc tu vas devoir gérer tout ce qui est français, quoi. Et là, il faut imaginer qu'on est dans un contexte où en fait, c'est assez nouveau, les grèves pour le climat, qu'on est vraiment, après la Suède où il y a Greta, on est vraiment le premier pays à être massivement présent dans les rues. Donc, il y a un intérêt des médias en dehors de la Belgique. clairement européens. Et donc, dès qu'ils veulent poser une question en français, c'est moi qui dois gérer le truc. Moi, ça fait quelques jours que je suis là, je suis vraiment tombée dans les rues. Et en même temps, ça a énormément de sens, parce qu'il y avait 35 000 jeunes dans les rues ce jour-là à Bruxelles, il y en avait des milliers d'autres dans plein d'autres villes. Et je me suis dit, il faut dire pourquoi ils sont là, il faut partager ça. Et donc, on avait eu, heureusement, avec les Flamands, on avait parlé des points qu'ils voulaient mettre en avant. pourquoi eux avaient lancé ça, je le dis en français. Et le soir, après, une fois que la marche a hyper bien réussi, c'est un peu la folie, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me souviens, il y a RTL qui me dit, est-ce que ça te chauffe de venir ce soir sur le plateau du JT ? Et moi, je suis en mode, en fait, ce soir, c'est l'anniversaire de ma mère. Du coup, on va au restaurant à la mûre. Je ne connais pas le monde de la presse du tout. Donc voilà, c'est chaud. Non, mais non. qui propose le plateau du JT, l'ouverture du JT. Je suis un peu en mode, je ne sais pas. Et donc, je ne sais pas, je l'appelle ma maman en mode, je ne sais pas quoi faire, genre. Et donc, ce soir-là, pour moi, c'est un peu un soir important. La raison pour laquelle je suis allée dans les détails, c'est parce que j'avais décidé de mettre cette importance, d'aller délivrer le message de pourquoi il y avait eu 35 000 jeunes aujourd'hui et pas rejoindre ma famille au resto pour l'anniversaire de ma mère. Parce que pour moi, c'était exceptionnel. Enfin, c'était un soir. Et en fait, je n'ai pas réalisé qu'après, ça allait continuer, ça a continué. Et encore aujourd'hui, je mets beaucoup la priorité sur cet engagement, sur le partage de la voix de ces jeunes qui s'engagent à travers la Belgique et toute l'Europe. Parce qu'en fait, il y a un manque de personnes qui font ça.

  • Speaker #2

    C'est fou parce qu'en moins d'une semaine, tu es une étudiante tout à fait anonyme à Namur. Et en quelques jours, on pourrait même dire quelques heures, tu ouvres un JT national en Belgique. Et tu es repris par les titres européens. Oui,

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens. Et c'est vraiment pour dire que ça aurait pu être moi, que ça aurait pu être n'importe quel autre jeune qui était là ce jour-là. C'est hyper important que ça n'a aucune importance que ce soit moi. Ce qui était important, c'est que ce qui était fort, c'était qu'il y avait les 35 000 jeunes. Et que ce jour-là, on m'a un peu donné la responsabilité de passer le message.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu refuser ?

  • Speaker #0

    J'aurais pu refuser, mais j'étais en mode, il y a une nuit et demie, je suis là, il n'y a pas de souci. En vrai, j'ai beaucoup hésité, j'avais très peur. Le matin, le jeudi matin, quand je devais rater l'école, j'avais une boule dans l'estomac. Même le mercredi soir, je me sentais hyper mal de ne pas aller à l'école. Le lendemain, je me souviens, face à la presse, je tremblais. Quand j'étais sur le JT de RTL, j'avais les jambes en dessous qui étaient comme ça. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Mais c'est juste qu'à ce moment-là, tout allait tellement vite. Et vraiment, ce groupe flamand qui avait besoin de moi à ce moment-là, moi, je sentais quand même qu'il y avait un projet qui avait beaucoup de sens. J'étais en mode ok, mais je suis vraiment prête à vous aider cette semaine Sauf que le jour où on a fait cette grève, Ausha de Weaver a annoncé à toute la presse qu'on allait continuer jusqu'aux élections. Et donc, quand ça, c'était le titre de tous les journaux, on était en mode mais ouais, il faut qu'on fasse, en fait, c'est logique Et du coup, on était en mode ok, on continue, on lâche pas Du coup, à ce moment-là, je me suis dit, OK, je fais ça jusqu'aux élections. Sauf que rater l'école jusqu'aux élections, ça faisait rater plus de jours que tu peux rater à l'école. Donc, ça donnait tout un challenge. Je me souviens, avec ma prof de français, on calculait le nombre d'heures que je pourrais rater pour avoir mon diplôme. C'était un casse-tête jusqu'à ce que... La ministre de l'Enseignement se positionne enfin, avec beaucoup de pression évidemment de notre part, mais de dire, ok, les jours, j'ai oublié le terme exact, mais sans explications, sans en grosse note du docteur, on va les laisser tomber cette année, parce qu'en vue des grèves, sinon il y a vraiment trop de jeunes qui ne vont pas avoir leur diplôme. Et donc, on doit quand même réussir nos examens, mais ça ne s'est plus compté. Donc ça, c'était vraiment important parce que ça m'a permis de complètement me concentrer sur l'activisme cette année-là. Mes professeurs ne me voyaient plus du tout. Je n'étais plus trop là à l'école. Et j'étais surtout dans les réunions à Anvers, à préparer. Je devais aller voir Alié, je commençais à aller se passer pour la prochaine marche, à rencontrer des experts, des scientifiques, parce que comme vous avez pu le voir, vous avez vu l'explication que je vous donne. Les premiers jours, j'en sais très peu. Je sais juste qu'encore c'est de la merde. Mais concrètement, à part les quelques articles rapides que j'ai pu lire, j'ai 18 ans, on n'a jamais dit qu'on était des experts, mais ce serait quand même cool de savoir un peu plus ce qui se passe. Et donc on a vraiment la chance d'être entouré d'experts, de scientifiques belges qui nous expliquent et qui prennent le temps de vraiment décrypter avec nous cette urgence climatique.

  • Speaker #1

    Ils vous rejoignent assez vite, les scientifiques, les experts ?

  • Speaker #0

    Directement. Ils ont été là.

  • Speaker #1

    Ils ont vu le mouvement se mettre en place. Ils se sont greffés. C'était attendu, j'imagine, depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Pas attendu.

  • Speaker #1

    Espéré.

  • Speaker #0

    Ils ont pu enfin souffler, respirer. Parce que, de ce que j'ai compris des experts, et de plus en plus aujourd'hui, c'est qu'ils décrivent ce qu'ont crié dans les rues depuis les années 70, 30 ans avant ma naissance. Eux, c'est le travail de leur vie. d'alerter sur le fait que, eh oh, en fait, on est dans le rouge, ça serait cool de mettre quelques politiques pour nous orienter vers le vert. Et en fait, personne ne les écoute. Et comme le dit très bien Jean-Pascal Vanipurzil, qui est un expert belge, un scientifique belge, qui a travaillé pour le GIEC, donc vraiment un peu les experts reconnus au niveau international, qui analyse l'évolution du dérèglement climatique, ce qu'il dit, c'est qu'en rapport du GIEC, ça se met facilement dans un tiroir et ça s'oublie. des milliers de jeunes qui cruent dans la rue, ça, c'est pas possible. Et c'est ça qu'on a fait. Et donc, pour les experts, c'était merci. Et d'ailleurs, nous, ce qu'on disait, c'est qu'on n'est pas nécessairement... On n'est pas des experts, on n'est pas des scientifiques. On est légitimes parce qu'on est jeunes de s'inquiéter, parce que c'est notre future, mais c'est vous qui savez, entre guillemets. Donc, c'est eux qui avaient le message légitime de la science. Donc, c'était hyper important pour nous que ça soit avec les scientifiques parce que c'était leur message qu'on voulait mettre en avant.

  • Speaker #1

    Comment vous êtes accueillis aussi bien par, tu l'as dit, tes profs, tes parents, ta famille, tes proches, comment eux vivent le truc, ils te voient devenir d'une inconnue, presque une superstar médiatique, en quelques jours ?

  • Speaker #0

    C'était pas superstar, d'ailleurs ça a jamais vraiment été superstar, ça a plutôt été... En fait il y a eu un shift qui dépassait que, il n'y avait pas que le fait que j'étais présente dans les médias, il y a eu un shift pour mon milieu... personnel, privé, entre guillemets, où on ne savait pas que c'était aussi touché par les questions climatiques, et on ne savait pas que c'était aussi une urgence, et on ne savait pas qu'on pouvait mobiliser autant de personnes, et qu'en fait, maintenant, je me retrouvais dans... C'était plus que la présence climatique, c'était vraiment... Je me retrouve au centre d'une organisation de jeunes qui sont en mode on va organiser des grèves pour le climat et du coup, c'était vraiment... Ok, c'est sérieux, genre... C'est pas juste que... qu'elle est dans la presse, c'est qu'il y a... il y a Adélaïde, là, il y a un tournant. Et il n'y a pas qu'un tournant chez Adélaïde. Elle, c'est peut-être celle qui va le représenter aux yeux des Belges, mais en fait, c'est un tournant pour énormément de jeunes qui se passent à ce moment-là. Et donc, pour mon entourage, c'est... C'est en mode, OK. Du coup, je devrais leur en parler, parce que moi, il y avait tellement de choses qui se passaient dans ma vie que j'étais un peu aveugle aussi de tout ce qui se passait dans mon entourage. J'étais beaucoup moins là, du coup. L'exemple de rater l'anniversaire de ma mère. Et donc... Heureusement, j'ai des parents qui m'ont soutenue depuis jour 1, même les jours avant, parce que quand j'avais la boule dans le ventre de vouloir rater l'école, ils étaient en mode mais si ça a du sens Ce n'est pas la chance de beaucoup de jeunes qui ont le soutien de leurs parents de rater les cours, mais ce n'était pas rater les cours pour aller traîner sur mon sofa, regarder Netflix. Donc bref, le fait qu'ils aient un sens, ça les a motivés, ça les a surtout... Ça les a permis de me soutenir à ce moment-là, dans cette démarche-là. Aujourd'hui, ils me soutiennent encore. Je leur en remercie parce que je ne sais pas si j'aurais pu devenir l'activiste que je suis aujourd'hui sans eux. Et j'en remercie aussi mes amis qui ont été là, qui m'ont soutenu. J'ai remercié ma prof de français qui, au tout début, m'a permis de calculer si je n'allais pas rater trop de cours pour quand même avoir mon diplôme. Qui, à la fin, j'avais raté tellement de cours qu'en fait, je demandais à tous mes potes pour leur note. Puis je demandais un peu au professeur, désolé, j'ai raté. Est-ce que vous pouvez un peu m'aider ?

  • Speaker #1

    Il acceptait facilement ou pas ?

  • Speaker #0

    J'avais vraiment la chance d'avoir... Tout le monde n'était pas...

  • Speaker #1

    Dans les profs, il y avait un peu des réfractaires ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de tout. Il y en a beaucoup qui m'ont... Il y en a qui m'ont challengé aussi un peu de pouvoir comprendre pourquoi je faisais ça, pourquoi je ratais les cours. Et donc, j'avais un prof d'anglais qui me challengeait sur ça et qui, au début du cours, arrêtait pas de me poser des questions. OK, mais pourquoi tu fais ça ? Est-ce que l'urgence automatique, c'est vraiment vrai ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que j'ai eu le gêne de faire ça ?

  • Speaker #1

    C'est du méga-training presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais en mode, tant mieux. Parce que demain, je vais avoir les mêmes questions, donc ça m'arrange. Je préfère répondre ici devant mes potes que devant les journalistes.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas du tout mal pris. Tu te retrouves aussi énormément dans la presse. Comment ça se passe, les rapports avec les journalistes ? Comment ça s'installe ? Parce que des interviews de toi, on en trouve des centaines, je crois.

  • Speaker #0

    Au tout début, parce que je suis vraiment concentrée sur le début. C'est très bizarre. En fait, je ne connais pas tout ce monde. Je ne connaissais que le monde de mon école et du Vietnam. Et donc, le monde de la presse, je ne connaissais pas. Mais donc, on peut imaginer qu'à l'école, c'est interdit d'avoir son téléphone. C'était presque impossible pour moi de ne pas être sur mon téléphone. Alors, parfois, je passais durant les récrés, je pouvais sortir mon téléphone juste le temps dans l'appel pour dire ce qu'on peut s'appeler après 15h30.

  • Speaker #1

    On pourrait bien être journaliste.

  • Speaker #0

    Pour rappeler un journaliste, pour rappeler des experts, ou pour rappeler, je ne sais pas, peu importe tout ce qui se passait à ce moment-là, c'était pour rappeler parfois la police, oui, c'était juste pour prévenir qu'on aimerait bien en fait faire une grève jeudi matin. Est-ce que c'est possible de vous envoyer par mail ? Puis dire, ok, je vous envoie le mail, mais seulement après 15h30. Et donc, ouais, c'était un peu what the fuck, ça n'avait aucun sens à ce moment-là. Mais heureusement, il y avait la compréhension d'assez de professeurs pour que ça se passe bien. J'avais le soutien de mes potes, de mes amis. Et puis, j'étais pas seule. Je suis pas la seule à gérer tout ça. Il y avait tout le groupe flamand qui, ensuite, commence à s'élargir vers des francophones. Donc, je suis pas un peu soufflée aussi. Je suis pas celle qui gère tout. Il y a clairement... C'est un travail d'équipe.

  • Speaker #1

    Vous mettez en place une hiérarchie ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Il fait quoi ? Toi, tu étais un peu porte-parole au début, par défaut. Ça a pris d'un coup.

  • Speaker #0

    Ça a pris d'un coup. Et ça, c'est un peu la question qui fâche dans les mouvements. C'est la part de la traite. très difficile et qu'on essaye d'établir, mais qui est vraiment... C'est difficile. C'est-à-dire qu'on veut être... Déjà, c'est un mouvement qui s'est créé après en momentum. Pas un mouvement qui a créé en momentum. Donc tout ce qui se passe, on doit ensuite... C'est seulement dans les prochaines semaines qu'on se dit, OK, en fait, comment on s'organise ? Qui fait quoi ? Et du coup, on avait quelqu'un qui était plus responsable des questions de la police, quelqu'un qui était plus responsable des relations avec les politiciens, d'autres avec les experts. À ce moment-là, vu qu'à nous, on allait moins, on était plus dans la presse, c'était relation avec la presse et les médias. Mais évidemment, tout ça, on veut essayer que ça change, mais en même temps, le monde de la presse, ce n'est pas un monde qui aime changer de visage comme ça. Et donc, la question du visage, c'est encore aujourd'hui. C'est un grand débat et un questionnement au sein des mouvements. Est-ce qu'on personnalise ou pas en mouvement ? Ça, c'est la grande difficulté. Et on peut analyser, il y a des sociologues qui l'ont fait, les différences dans les mouvements en Europe, même dans le monde, mais en Europe, de certains mouvements qui avaient des visages et d'autres non. En Belgique, il y a eu Anouna et moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que parfois ça a été dur, insurmontable ? Trop.

  • Speaker #0

    L'activisme en général. Ouais, au début, ça a été. Même si je pouvais rentrer quand même en pleurs. La difficulté aussi du jour au lendemain, je deviens très, très, très proche d'un groupe que je connais en réalité pas trop. J'ai cette question d'être présente dans la presse, mais il faut dire ce que les jeunes veulent dire. Mais en même temps, on n'a pas été... élu au début, vu que ces jeunes sont sortis dans la rue, mais après, écoute les interviews que nous on donne. Donc ça, ça a amené beaucoup de tensions. Et j'ai très vite compris que gérer un mouvement, c'était très, très, très difficile. Donc c'était... Beaucoup de fois, j'étais... J'étais dans des moments très difficiles, en fait. Je sentais la tension et c'était pas facile à gérer. Et en même temps, heureusement, on est toujours plein. Et puis après, juste l'activisme, ça a toujours été très, très, très présent. Donc ça a souvent été trop. Mais après, il fallait gérer ça, gérer ces réactions. Là, c'est beaucoup d'émotions parce que je suis en train de parler à des experts qui sont vraiment en train de me décrire la réalité de la science qui fait peur. Et en fait, ça m'impressionne les experts qui travaillent sur ça quotidiennement, parce que je pense qu'humainement, pour ne pas être en dissonance cognitive, on ne peut pas prendre toutes les informations dans le mot. Et donc, de se driller à 18 ans d'abord, d'enchaîner les rendez-vous avec les experts pour bien comprendre, c'est aussi un coup émotionnel. Et encore aujourd'hui, il faut continuer à s'éduquer, je continue à avoir ces experts, et maintenant j'ai développé un peu des mécanismes de défense pour m'assurer de... de ne pas tomber en dépression et de ne pas être toujours triste. Mais d'ailleurs, j'expliquerai mon mécanisme de défense bizarre, mais c'est quelque chose que j'ai développé à travers les années. Ce qui a été trop, c'est qu'au final, du jour au lendemain, c'est devenu le centre de ma vie. Et depuis, quand on réalise que, un, il y a une urgence et que c'est vraiment la merde, que, deux, on peut avoir un impact en s'engageant collectivement, c'est une recette. où c'est impossible de vouloir rentrer dans le déni ou de plus vouloir s'activer, parce qu'on réalise qu'on a une recette ici qui fonctionne et qui peut vraiment permettre de changer des choses. Et c'est une recette que je pense énormément de personnes aimeraient toucher et avoir. Quand j'étais dans ce bol, je me dis, mais jamais de la vie, je me sens de là. Je continuerai toujours. Donc oui, à plein de moments, ça a été trop, et c'était intense, et j'ai raté ces 50 ans d'année. énormément de soirées, de moments importants. J'ai eu une jeunesse qui est hyper différente peut-être que d'autres, mais j'ai eu une jeunesse qui a eu tellement de sens et qui a tellement de sens aujourd'hui et qui m'a amenée tellement et j'ai eu la chance d'apprendre énormément et ça m'a fait grandir beaucoup. Donc pour rien au monde je change, mais oui ça a été des moments durs.

  • Speaker #1

    Tu recommencerais tout pareil ?

  • Speaker #0

    En réalité je recommencerais tout pareil. Parce que même quand on a fait des erreurs, par exemple dans des décisions au sein du mouvement, quand on a réalisé qu'en fait, je ne sais pas, on aurait dû créer une charte éthique dès le début, qu'on aurait dû s'éduquer beaucoup plus, pas seulement sur les questions climatiques, mais intersectionnelles, comment unir les luttes beaucoup plus rapidement, etc. C'est quelque chose que j'ai appris seulement après deux, trois, quatre, cinq ans, quand aujourd'hui je suis en plein éducation de tout ça. Donc toutes les erreurs qu'on a commises, Elles m'ont permis aujourd'hui de me dire, en fait je vais m'éduquer sur ces questions. En fait, quand j'ai fait ça, quand on a pris ces décisions avec le mouvement, c'est mal passé, donc tant mieux en fait. Enfin non, c'était pas drôle du tout à ce moment-là, c'était à coup de pleurs ou à coup de ruptures amicales, etc. Mais ça a été des moments où ça nous a fait grandir, ça a fait grandir le mouvement, ça m'a fait grandir personnellement. Et je pense que ces erreurs qu'on a commises, entre guillemets, par exemple, si je prends l'exemple d'une vision beaucoup plus intersectionnelle dans le mouvement qui est nécessaire, dans le mouvement climat, avoir eu quelques claques, ça nous permet peut-être enfin aujourd'hui de réaliser que le mouvement climat, il doit évoluer. Et j'espère qu'il y a eu le mouvement des jeunes pour le climat et qu'aujourd'hui, il est clairement en train d'évoluer. En tout cas, moi, je vais tout faire pour.

  • Speaker #1

    Tu voudrais qu'il évolue comment ?

  • Speaker #0

    Je pense que le mouvement climat... il doit évoluer pour s'assurer que dans notre message, on ne parle pas seulement de climat. C'est-à-dire que le climat, c'est une conséquence d'un système qui va mal, et les conséquences, elles sont multiples. C'est-à-dire que le climat, c'est une oppression des hommes avec un grand H vers la planète Terre, la Terre, les autres espèces sur Terre qu'on oublie trop souvent. crise multiple, on est en train de dépasser toutes les limites de la terre, mais il y a d'autres oppressions. Il y a l'oppression des hommes avec un petit H vers les femmes, les questions féministes, il y a l'oppression des blancs envers les noirs, et ça c'est la question raciale, et donc il y a tellement de luttes, en fait, qu'on peut retrouver où on va se dire mais en fait ce sont des conséquences. D'une manière qu'on a décidé de vivre, d'accepter une oppression envers une autre, elle devrait être refusée, condamnée. Pour toutes ces luttes, c'est la même condamnation. Et donc, il faut qu'on se retrouve. Parce que si demain, on est dans un monde neutre en carbone, mais qu'on est encore dans un monde où on doit lutter pour les droits des femmes, lutter pour les injustices raciales, etc., on a un problème. Et donc... Tout est lié. Et tant qu'on est en train de changer structurellement le monde, d'ailleurs, ce n'est pas possible d'atteindre, par exemple, la neutralité carbone en Belgique sans changer nos habitudes, sans changer de manière structurelle la manière dont on vit en Belgique. Ça a été prouvé par plusieurs rapports. Si on change tout jusqu'à la racine, la racine, elle va ramener la manière dont on a décidé de vivre. C'est-à-dire qu'on doit prendre en compte l'histoire qui nous a amenés ici. Et pour ça aussi, l'urgence climatique, pour donner un autre exemple, est ancrée dans les inégalités. On ne peut pas parler de climat sans parler de l'inégalité, vu que le climat, ceux qui contribuent le plus aux dérèglements climatiques, donc ceux qui polluent le plus, sont les personnes, souvent, ou les groupes de personnes qui ont le plus de capital économique. Ça a été prouvé par différents rapports, entre autres le rapport d'Oxfam. Tandis que ceux qui polluent le moins, entre guillemets, sont ceux qui ont plus de capital économique, mais surtout aussi qui subissent directement les conséquences climatiques. Donc c'est-à-dire qu'on est en train d'avoir… Une courbe d'injustice. Ou genre, en fait, par exemple, je ne sais pas, dites-moi si le Vietnam a été un pays majoritairement émetteur historiquement de CO2, beaucoup d'experts vous diront, non, c'est majoritairement les pays occidentaux, pendant la révolution industrielle. Aujourd'hui, la tendance se change, mais il ne faut pas oublier l'histoire. Parce que si on oblige l'histoire, on crée des tensions internationales déjà premièrement, mais aussi, c'est pas égal. Enfin bref, il y a beaucoup de choses dont on devrait parler sur tout ça, mais en gros, on a une responsabilité qui dépasse le fait qu'aujourd'hui, il y a trop de CO2 dans l'atmosphère. Le problème est beaucoup plus profond, et donc chez Star, et les mouvements climat le réalisent, c'est juste qu'on doit continuer à faire de mieux en mieux. Le média intimiste, mais pas indiscret.

  • Speaker #1

    Pour en revenir à tes actions, tout prend un volet international avec des figures majeures, dont tu as cité Anuna de Weaver, toi, Camille Etienne en France, Greta Thunberg, mondialement connue depuis sa Suède. Vous vous rencontrez. Comment ça se met en place ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a plein d'autres. Il y a Vanessa Nakate qui vient du Uganda. Il y a aussi Luisa qui vient de... D'Allemagne, il y en a plein, plein, plein, plein qu'on pourrait énumérer. On se rencontre. Au début, ça se faisait parce qu'on allait un peu dans les grèves, les grèves à Paris, les grèves à Berlin, les grèves en Suède, etc. Et puis maintenant, c'est juste que la coalition a été créée grâce, entre autres, aux réseaux sociaux, qui nous permettent d'être internationalement connectés. Et donc, on se rencontre aussi à des grands événements parce qu'on essaye d'être présents au COP. donc grande conférence annuelle sur le dérèglement climatique. On essaie d'être présents à des moments clés, mais c'est surtout qu'on se voit grâce aux réseaux sociaux et qu'on reste connectés pour avoir une stratégie qui est alignée.

  • Speaker #1

    Vous vous trouvez vite, vous tombez vite d'accord ?

  • Speaker #0

    Non. Non ? On est loin d'être toujours d'accord. Ce n'est pas toujours facile. On a été toujours beaucoup d'accord au début, mais quand je dis qu'il faut faire évoluer, par exemple, le mouvement... Le climat, ce n'est pas facile toujours de voir comment on fait ça mieux. Et donc aujourd'hui, non, il y a aussi des désaccords profonds entre, par exemple, ces figures-là, mais aussi dans les différents mouvements nationaux, parce que nos pays ont aussi différentes histoires. Donc plus on va profond dans la manière dont on doit amener ce changement structurel, plus c'est difficile de savoir que ça doit se faire différemment dans certains pays. Parfois avec différentes communications, donc on ne peut pas toujours coopérer avec ce qu'on va dire en France aujourd'hui, peut-être pas être dit au Bouganda aujourd'hui, c'est différent. Mais on est d'accord parfois aussi souvent que c'est différent. Mais c'est vraiment très fort parce que c'est avec elle, souvent, qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies, qu'on évolue bien, j'espère qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies et après qu'on puisse abonner. avoir une coordination internationale, ce qui est quand même assez rare pour des jeunes aujourd'hui, de déjà être en contact, plus qu'en contact, être en coordination de stratégie pour avoir un impact sur le monde politique et privé. Parfois, on attaque les mêmes compagnies privées au même moment, au même endroit, enfin pas au même endroit du coup, mais partout dans le monde, au même moment, avec le même message. Tout ça, c'est très fort et c'est un peu notre force.

  • Speaker #1

    On vient de citer le nom de différentes de tes codex. Je ne sais pas si on peut dire codex ou... ou consœurs, je ne sais pas quel terme vous avez dit. Autres militantes. Militantes. Il n'y a pas d'hommes.

  • Speaker #0

    Il y a des hommes aussi.

  • Speaker #1

    Mais ils sont moins connus. Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plein de raisons pour ça. Plein de raisons pour lesquelles ce sont surtout des figures féminines qui ont émergé de ce mouvement climat. On va commencer peut-être par la positive. L'hypothèse positive, c'est que peut-être que... Parce qu'il y a des hommes dans le mouvement. Il y en a. C'est peut-être que le monde a évolué et qu'il laisse aussi, enfin, la place à la femme de prendre le lead. Voilà. Ça, comme ça, c'est la positive qui est passée, mais tout le monde ne sera pas d'accord avec moi. Mais je me dis, ça n'a pas toujours dérangé les mecs, que ce soit nous qui prenons la parole, ce qui est hyper important et vraiment... Enfin, quoi. Et puis, d'autres raisons, c'est que politiquement, dans les sphères politiques, mais dans les sphères privées, là où les décisions sont prises, là où il y a beaucoup de pouvoir, ça, on peut le regarder dans les faits, il y a moins de femmes. Je pense qu'il y a aujourd'hui 9 femmes qui sont chefs d'État sur 139, 140 pays. Il y en a beaucoup plus, je ne sais pas. Il y en a combien ? Il y en a... honnêtement je ne sais pas c'est dans les 193 quelque chose reconnu par l'ONU mais il y en a un peu plus ceux qui ne sont pas reconnus bon on va dire 200 prendre ceux qui ne sont pas reconnus dans les 200 pays donc c'est enfin bref c'est rien du tout 9 femmes sur 193 200 donc on a vraiment un manque de représentation de femmes ou même de place pour la femme dans ses rôles importants que ce soit chef d'état ministre mais aussi CEO dans des boards etc parfois on est obligé d'imposer le quota pour qu'il y ait des femmes. Et donc, c'est une évidence. Et ce que certains sociologues ont remarqué, c'est que du coup, la femme va trouver un autre endroit pour pouvoir s'exprimer et trouver ce empowerment comme on dit en anglais, mais cet endroit où on peut avoir du pouvoir, pour pouvoir s'exprimer, tout simplement. Et donc, l'utilisation de la rue, l'utilisation des mouvements sociaux va être très, très importante parce que ça va être l'outil le plus accessible pour la femme. Et donc, en général, on va retrouver énormément de femmes dans les mouvements sociaux, dans les mouvements du climat, parce que c'est ces moyens d'action qui sont accessibles. Donc ça, c'est aussi pour moi quelque chose qui, je pense, est évident et qui ne m'étonnerait pas non plus. Il y a énormément d'autres explications, je pense, qui peuvent découler de ça. Mais pour moi, c'est ces deux-là qui sont un peu les clés et les raisons pour lesquelles je pense qu'on s'est retrouvées là.

  • Speaker #1

    On vient de dire que vous avez eu une médiatisation mondiale. Notamment, on a pu connu d'entre vous Greta Thunberg, mais vous êtes aussi, pour beaucoup, une cible. Comment on vit un truc pareil ? Parce qu'il y a des fois des attaques extrêmement virulentes contre vous. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui, et on vient de parler de l'action de la femme. Donc je vais commencer par là. Les attaques qu'il y a sur Greta ou d'autres figures. que ce soit dans le monde climatique ou de l'activisme en général, ce que j'ai remarqué, c'est que c'est majoritairement des attaques qui sont liées au physique de la personne que nous sommes et pas au contenu qu'on amène. Et donc, on a vraiment beaucoup d'attaques sur le fait qu'on est des femmes. Mais des attaques misogyniques, c'est incroyable que les gens osent dire ça. Peut-être parce qu'ils sont cachés derrière leur écran, parce que c'est rare. qu'on me les dit ça face à face, mais je pense jamais. Mais donc les attaques qui sont majoritairement présentes, ce sont des attaques comme rentrer à la cuisine, retourner à l'école, ça c'est aussi parce qu'on est jeune. Donc jeune femme, c'est vraiment pas top. On a quand même le privilège d'être blonde, donc c'est pour ça qu'on a pu épargner toutes les remarques racistes. Mais dès qu'on pouvait trouver quelque chose, c'était le fait que c'était ça. après moi j'étais ok mais parlons du fond oui jamais sur les faits ou sur les plans et là peut-être qu'on aurait pas pu avoir un débat mais donc il y a des attaques très présentes sur les réseaux sociaux j'ai un fichier sur mon téléphone ce que je garde tout parce que c'est continu de 2019 jusqu'à aujourd'hui où on pourrait dire il y a peut-être un peu moins de médias wow pardon il y a un peu moins de

  • Speaker #1

    Médiatisation.

  • Speaker #0

    Médiatisation, oui. On est quand même sur les réseaux sociaux, mais les réseaux sociaux, peu importe l'impact qu'on a, on va se faire attaquer. Au point où, en 2019, ça, au tout début, pour Anna et celles qui les entouraient, entre autres moi, il y a eu des attaques, des menaces de mort, et où on a dû commencer des dossiers. Donc, c'est très réel, les attaques qu'il y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui. Et c'est très triste. C'est très misogyne. Et j'en ai... Il y en a une qui me dérange beaucoup, mais je pense que je vais la dire juste parce que pour réaliser un peu le niveau de ce qu'on pourrait attendre, c'est juste que mon problème, c'est que... Je n'ai pas une grosse bite entre les jambes et que du coup, je ne suis pas relax. Il y a plein, plein, plein, plein d'attaques comme ça, complètement inacceptables et qui sont très dérangeantes. Et donc, ça, c'est la réalité des réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Mais avec tout ça, quand on reçoit ça toute sa journée, j'imagine que c'est assez fréquent ?

  • Speaker #0

    Dès qu'on poste, en fait.

  • Speaker #1

    Dès que tu postes, donc c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça va dépendre aussi des réseaux, parce qu'il y a des réseaux qui... qui ont une certaine...

  • Speaker #1

    Monétisation.

  • Speaker #0

    Oui. Ils ont des gens qui checkent. Enfin, pas des gens, mais il y a quand même un minimum de choses qui ne peuvent pas être faites. Une politique, quoi, de sécurité. Et il y en a qui n'en ont pas du tout pour ne pas les citer. Et c'est là qu'on ressent vraiment beaucoup plus d'attaques. Après, il y a des analyses à faire. Par exemple, je remarque qu'il y a quand même des gens qui reviennent constamment. Ils sont peut-être... addicts à moi et je sais pas, ils ont envie de rester là. Et il y en a, des nouveaux de temps en temps.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a jamais empêché de continuer ?

  • Speaker #0

    Non, non, pour rien au monde, parce que sinon, ils gagnent. Et ça, pour rien au monde, ils gagnent.

  • Speaker #1

    On a rien à ce qu'on disait au début, l'endurance, par rapport au sport, triathlon, tout ça, marche de fond.

  • Speaker #0

    Si on se casse la gueule, on s'enlève. Parce que, ou si quelqu'un veut nous tirer... Ou mentalement nous dire en fait t'es trop nulle, tu vas jamais finir la course. C'est un enjeu sportif, tu peux jamais écouter les gens qui sont sur le côté et qui te regardent performer. Tu leur demandes de courir et d'essayer de faire le triathlon, alors on verra si eux ils arrivent à persévérer. Et en fait c'est beaucoup dans le mental aussi, comme dans le sport. Mais c'est aussi parce qu'au-delà du sport qui est un dépassement souvent quand même personnel et individuel, ici on est dans un enjeu collectif. C'est-à-dire que ce n'est pas bon, est-ce que je ne peux continuer pas ? Non, c'est en fait, on a besoin de ça. Alors moi, personnellement, je peux me retirer un peu parce qu'il faut quand même que je reste zen et que je puisse me reposer quand il faut. C'est pour ça que je dis que c'est un relais, c'est une course relais. Parfois, je passe le bâton, je prends le temps de souffler. Parfois, j'ai envie de boire un peu autre chose. Et après, je reprends le bâton et je continue la course.

  • Speaker #1

    Tu fais quoi dans ces moments-là, des moments un peu plus de repos ?

  • Speaker #0

    Je passe beaucoup de temps avec ma famille. Mes amis, un peu déconnectés.

  • Speaker #1

    Tu as un noyau dur comme ça autour de toi.

  • Speaker #0

    Eux vont dire que je ne me déconnecte jamais, mais j'essaie vraiment. Et puis, des moments où on part, là où il n'y a pas de wifi, et on s'isole près de Pando ou dans la montagne ou à la mer, peu importe. Et ça, c'est hyper important. Et puis, il y a des moments aussi où j'ai donné le bâton, comme l'année dernière, où j'ai voulu me concentrer sur un master. et je savais qu'il allait me demander énormément de temps. Et donc là, j'ai un peu donné le relais. Et si maintenant, je reprends le bateau, ça ne veut pas dire que je ne cours pas, mais je cours un peu plus lentement.

  • Speaker #1

    Ton master que tu viens de faire, c'est dans le but... Tu as déjà un but très précis dans ton carrière ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais... Enfin, je ne prends pas mes décisions pour une carrière ou pour une vision long terme, même si je prends une vision long terme.

  • Speaker #1

    Pour le climat, mais pas pour toi. On fera distinction.

  • Speaker #0

    Mais personnellement, l'évolution s'est un peu faite. Je suis en réto quand je commence les grèves pour le climat, donc c'est logique que j'essaie de comprendre les institutions politiques. Au début, c'est vraiment que focus politique. Du coup, je veux vraiment comprendre qui j'attaque, qui je pointe du doigt. J'étais beaucoup entourée de scientifiques qui me disaient que les informations scientifiques, on les a. Donc, ça ne m'a pas poussée notamment à étudier de la science parce que je réalisais qu'en fait, on était en train de... passer un message de scientifique qui n'est même pas encore entendu. Donc, si c'est pour devenir un scientifique qui n'est pas écouté, ça sert à quoi ?

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    ce n'est pas pour dire qu'il y a un manque de science, elle est là. Mais j'avais besoin de comprendre ces institutions politiques pour me dire, OK, comment on continue ? Qui je prends de doigt ? À travers mon bachelier ici à Bruxelles en sciences politiques et sociales, à la VUB à UGent. J'ai continué mon activisme, c'était vraiment le centre de mon activité. Et basée à Bruxelles, un peu indirectement, on est devenu un peu la base du mouvement pour l'Europe à Bruxelles, vu les institutions. Et donc, je commence à avoir de plus en plus de responsabilités au niveau des campagnes européennes. Et là, je suis encore en mode, ok, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Et donc, à la fin de mon bachelier, c'est très logique pour moi de me dire, il faut vraiment... que je comprenne les institutions européennes, ce monde-là. Si je veux rester basée à Bruxelles, il faut que je comprenne tout. Et donc, maintenant, j'ai fait mes études, mon master en politique de l'Union européenne.

  • Speaker #1

    Tu voudrais les intégrer, les institutions européennes ou onusiennes ou autres ?

  • Speaker #0

    Du coup, je n'ai vraiment pas fait ça pour les intégrer. Alors, une fois qu'on les étudie, on a un mode. Et que tous mes potes de mon master rentrent dans ces institutions, c'est impressionnant. C'est un peu les grands... Mais franchement, pas.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme d'édit, on peut dire, je crois. C'est le Collège de Bruges, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    Le Collège de l'Europe à Bruges, c'est clairement l'idée d'aller chercher ceux qui vont créer d'abord une bulle pour rentrer dans la bulle européenne. Et donc, c'est assez ironique parce que le monde de la bulle européenne veut absolument casser la bulle européenne, mais il y a une école qui est là pour s'assurer que les gens aillent dans cette bulle. Mais il faut quand même dire que l'école existait avant que l'Union européenne existe. C'était les futurs penseurs de l'Europe qui se réunissaient à Bruges. Bref, ça c'est l'histoire de Bruges. J'ai pas très d'interessants, mais si c'est intéressant, bref. Mais ça reste très élitiste. Néanmoins, ça a été une force pour moi de vraiment me dire Ok, c'est comme ça que ça se passe. Et aujourd'hui, je peux vraiment comprendre tout le système de l'Union européenne. Je peux jouer sur cette carte du collège pour assurer que la voix des jeunes qui sont engagés à travers l'Europe soit entendue ici dans les institutions, soit entendue à Bruxelles. Et donc maintenant, c'est un mot de pied. Comment est-ce qu'on coordonne tout ça ? C'est un peu la prochaine étape.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais jouer un rôle politique, en dehors du fait que ton action est déjà politique, mais si demain on te propose un mandat, par exemple ? Bon, politique-fiction. On te propose premier ministre.

  • Speaker #0

    Premier ministre ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu acceptes ?

  • Speaker #0

    Alors là, je n'ai pas les compétences de premier ministre aujourd'hui. Je suis beaucoup trop jeune et je pense que ce n'est pas un rôle facile du tout. Donc, je n'accepterai pas aujourd'hui. Et je n'accepte pas aujourd'hui, du coup, en fait, de rôle au sein de cette politique qui est... Parce que je fais de la politique. qui est plutôt dans la démarche démocratique vers les institutions telles que le Parlement ou devenir ministre et autres.

  • Speaker #1

    Tu préfères une politique, on peut dire, d'influence par rapport à une politique exécutive.

  • Speaker #0

    Exactement, mais je vais aller en plein nuance dans ça. La raison pour laquelle j'ai cette position aujourd'hui, c'est parce qu'à travers mon activisme, j'ai réalisé qu'on est constamment exclu. en tant que jeunes alors qu'on n'a jamais été aussi actifs. En tout cas, une partie de ma génération, parce que c'est impossible de généraliser ça à toute ma génération, mais une partie de ma génération n'a jamais été aussi active dans l'envie de participer, dans l'envie d'être présente, d'être autour de la table, de parler et ensuite même de pouvoir décider. C'est quelque chose qui est hyper important pour les jeunes aujourd'hui, surtout sur les questions climatiques. Il faut se battre, littéralement, pour avoir accès à une demi-chaise entre deux personnes pour parfois lever la main et peut-être avoir la parole. Donc c'est très, très compliqué, en fait. Alors qu'on est hyper actifs, genre. Donc je me dis, il y a un problème d'inclusion de certaines communautés. Et je veux dire, je ne suis pas la première à le découvrir, évidemment. Tous les sociologues et politologues l'avaient déjà vu. Mais là, je l'ai vraiment vécu. Et donc, ce n'est pas possible pour moi de me dire, OK, je suis ministre, je vais résoudre le problème. Non. Déjà, on ne peut pas le résoudre seul. Donc, ce ne serait pas possible pour moi de venir et je vais résoudre le problème climatique en devenant ministre du climat. Il y a un problème beaucoup plus profond. Déjà, le climat, c'est beaucoup plus profond, mais il y a un problème beaucoup plus profond de démocratie en Belgique et même en Europe, où on doit pouvoir beaucoup plus inclure le citoyen. Quand il a une énergie folle, c'est quand même fou de l'exclure. Alors que quand on est dans le monde de la politique, je l'entends très bien, on est en mode, comment on s'assure d'écouter les citoyens ? Mais ils sont là, ils crient. Mais évidemment qu'après cinq ans, ils sont fatigués de s'organiser pour se mobiliser sous la pluie, à huit heures du matin, de rater le boulot, de voir, je ne sais pas, rater les cours. Enfin, ça demande beaucoup d'énergie. Et il y a énormément de personnes qui le font. Donc, pour moi, il y a un problème plus profond où je me dis, pour le moment, mon rôle est à l'extérieur de ces institutions parce que, ces institutions politiques, en tout cas, il y aura toujours un pied pour moi. hyper important dans l'organisation externe pour se dire comment on s'assure qu'on puisse être beaucoup plus inclus et qu'on inclut ceux qui ont l'énergie. Et donc, pour ça, je suis très intéressée par la démocratie beaucoup plus délibérative, la démocratie participative, qui, je suis persuadée... est la démocratie de demain qu'on doit établir aujourd'hui. Parce que pour moi, c'est juste essentiel pour résoudre énormément d'autres problèmes qui dépassent les questions climatiques. Et tant qu'on est dans un changement de système, ça doit passer aussi par là.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas une forme de lutte d'épuisement ?

  • Speaker #0

    Une lutte d'épuisement ?

  • Speaker #1

    Oui, de la part des gens qui sont en face de toi, de dire on ne va pas trop bouger, on va attendre que ça passe. Ce n'est pas un peu l'idée ? Comme tu le ressens ?

  • Speaker #0

    Pour ceux qui entendent le message qu'on essaie de faire passer ?

  • Speaker #1

    Ou qui devraient l'entendre.

  • Speaker #0

    Ah oui ! Alors, je pense qu'on est entendus parce que c'est pas possible vraiment de... Alors, il faut vraiment se boucher les oreilles. Mais on n'est pas toujours écoutés attentivement. Une écoute active aussi, et une écoute qui ensuite passe de l'écoute à l'action, de l'inclusion. C'est vraiment des dabs qui demandent beaucoup de courage, apparemment, politiques. Et donc, non, on... C'est vrai qu'au tout début, il y avait un peu l'impossibilité de ne pas inclure les jeunes. Ce n'était pas possible à ce moment-là de ne pas sortir dans la presse et dire Le climat, c'est notre priorité Et comme aujourd'hui, on n'est pas 40 milliards devant leur porte comme ça, enfin plutôt comme ça, ils ne suivent pas, ce n'est plus leur priorité. Et donc, c'est hyper frustrant de se dire que si on n'est pas les pancartes à la main, Déjà, la première chose qui est entendue, c'est que si on n'est pas les pancartes à la main, on n'est pas engagé, on n'est plus présent, c'est plus notre priorité à nous en tant que citoyens, ça ne nous touche plus trop. C'est fou, c'est un narratif ça. Parce qu'énormément d'entre nous sommes engagés, on a trouvé d'autres moyens d'accent qui sont encore plus critiqués aujourd'hui. Et en plus de ça, ce n'est pas la priorité politique parce qu'il y a un bon aveuglement du fait que c'est aussi une... une priorité publique. Donc, oui, ça nous a, ils nous ont bien fatigués et ils ont un peu réussi, mais vraiment en persévérance depuis le début.

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu, on a l'impression en voyant ça de l'extérieur, il y a eu vraiment une espèce de climax, un moment très, très fort avant la pandémie, enfin, les pandémies de Covid où vraiment, c'était extrêmement visible avec les figures dont on a parlé précédemment et on a l'impression que Sans jugement, ça s'essouffle un petit peu. Alors, est-ce que c'est parce que vous avez grandi en termes des études ou en termes d'une vie active, ou il y a vraiment un essoufflement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est vraiment une autre explication. Enfin,

  • Speaker #1

    je vois vraiment que... Que d'avoir, Anne.

  • Speaker #0

    Et c'est normal que... En fait, ce qui s'est essoufflé, c'est le moyen d'action de la grève.

  • Speaker #1

    Ce qui est visible.

  • Speaker #0

    Ce qui est la visibilité massive présente dans les rues de Bruxelles. C'est hyper spécifique, en vrai, comme moyen d'action. Et à travers l'activisme ou l'engagement, tout ça s'est démultiplié. à travers d'autres choses. Il y a énormément de jeunes qui sont en mode, OK, j'ai marché pendant un an et demi, j'ai raté tellement de cours, j'ai donné ma vie, maintenant je vais continuer à donner ma vie pour cet engagement, mais différemment. J'ai dû trouver un truc qui soit plus direct, donc les mains dans la terre, littéralement, ou les mains dans un projet concret où je vois l'impact de demain, ou quelque chose de complètement différent, beaucoup plus large encore, quelque chose de peut-être plus artistique. En fait, ce qui s'est passé, c'est que les jeunes sont engagés. Et ils ont trouvé leur talent à mettre un peu à travers leur engagement, afin que ça soit durable. Parce que, évidemment, faire la grève sous la pluie, ce n'est pas durable. Et il n'y a aucun mouvement qui a tenu 15 ans en faisant la grève sous la pluie. Mais ils se transforment, et les mouvements, leurs moyens d'action se transforment. Ça ne veut pas dire que l'engagement a disparu. Et ça se reflète quand on voit que les jeunes aujourd'hui, par exemple, refusent de... De plus en plus de jeunes refusent de travailler pour des grosses boîtes qui contribuent au dérèglement climatique. On voit de plus en plus de jeunes qui ont besoin d'être dans un concret et pas dans un projet un peu luphoque, on ne comprend pas trop ce que les gens font, ils ont besoin d'être littéralement dans un concret. Donc ça se traduit à travers ça, il y a énormément d'initiatives. Et puis il faut le dire, il y a eu la claque du Covid, et du coup l'aspect média c'est ce qui nous a fait grandir aussi. Et donc quand on n'a plus les médias pour nous faire grandir... visiblement, parce qu'on était en train de grandir. Et pendant le Covid, c'est le moment où on a eu le plus de recrutements.

  • Speaker #1

    C'était énorme.

  • Speaker #0

    Parce que c'était en mode Ah shit, what do I do with my life ? Comme on a beaucoup eu aussi, à ce moment-là, on a eu cette quête de sens générale. Donc, il y a eu beaucoup de jeunes qui ont fait ça aussi et donc qui l'ont retrouvé à travers le mouvement. Mais par contre, les médias étaient très focus sur le Covid. Seulement focus sur le Covid. Après, seulement focus sur la guerre en Ukraine. Après, seulement focus sur les problèmes de l'énergie. Et ça s'accumule et ça s'accumule et ça s'accumule. Et donc, il y a... Je pense que ce qui manque peut-être dans le côté médiatique, c'est de pouvoir traiter plusieurs urgences et crises en même temps, ce qui est évidemment un travail très difficile, mais dans un monde où on est vraiment dans un stade de multi-crises, ça ne va que s'accumuler. L'urgence climatique n'est pas une crise parce qu'elle ne pourra pas se résoudre, il n'y aura pas un avant et un après pour revenir à une norme, comme on l'a eu un peu avec le Covid. Donc ce n'est pas une crise, c'est vraiment une urgence dans le changement structurel. il faut pouvoir constamment la traiter même quand on fait face à des multiples crises parce que là jusque dans les toutes ces prochaines années je pense que toute ma vie on fera face à toutes ces crises donc c'est un vrai travail très difficile médiatique il y a les réseaux sociaux qui peuvent peut-être aider ou ne pas aider est-ce

  • Speaker #1

    que tu vas voir de temps en temps maintenant des plus jeunes ceux qui ont 15 ans est-ce que tu fais une forme de mentorat,

  • Speaker #0

    de relève il y a beaucoup de moments où je vais dans les écoles... Je dis jeunes, mais on est plusieurs à le faire aussi. Et on parle à des plus jeunes. Et le mouvement Youth for Climate, lui, évolue, que je suis en train de quitter. Parce que pour moi, c'est la prochaine étape. Maintenant, j'ai ma fille et mes études. Donc, ça doit rester un mouvement des jeunes, universitaire et secondaire. Mais oui, j'en rencontre. Je ne suis pas encore créée de formation, mais par contre, c'est une bonne idée.

  • Speaker #1

    Si on peut aider.

  • Speaker #0

    Go, créez une formation. Si quelqu'un veut financer la formation...

  • Speaker #1

    Vous y serez dans la vidéo, promis.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    À pieds d'un.

  • Speaker #0

    Un petit teaser.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui pourrait te faire arrêter ? Est-ce qu'il y aurait la goutte qui fait déborder le vase ? Est-ce qu'il y aurait quelque chose ? Est-ce que cette goutte existe ? Ou pourrait exister ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que cette goutte existe. Je ne pourrais pas arrêter parce qu'il y a eu énormément de choses qui se sont passées ces dernières années, surtout de rencontres qui ont fait que ça m'a touchée dans les tripes. Ce n'est plus une question de calcul, de rapport, de chiffres que j'ai en tête. Du coup, j'ai un peu peur. Non, c'est quelque chose qui m'a vraiment touchée dans les tripes, des histoires qui m'ont touchée personnellement, des rencontres aujourd'hui qui sont devenues des amitiés et que je ne pourrais jamais lâcher l'action. Mais par contre, ce qui peut changer et ce qui change déjà maintenant, c'est la manière dont je prends l'action. La manière dont je décide de faire action, le message que je vais mettre en avant, ma vision du monde de demain, tout ça, ça peut évoluer. Mais être dans cette idée qu'on va devoir changer, qu'on est en train d'établir ça, que je vais faire partie, j'espère, et que je fais partie d'une manière ou d'une autre à essayer de faire changer les choses dans mon entourage, et au-delà, ça, ça ne changera jamais. Mon engagement ne changera. Mon engagement ne disparaîtra pas. Il sera toujours là. Il pourra, par contre, changer. Et je pense qu'il va évoluer constamment. Mais il n'y aura rien au monde, rien, qui me fera arrêter d'être engagée.

  • Speaker #1

    C'est ton ADN.

  • Speaker #0

    Ça a touché mon ADN, mon nom.

  • Speaker #1

    Ça l'a modifié ? Ça l'a fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Ça l'a beaucoup fait évoluer. Ça l'a complètement modifié. L'ADN d'Adelaide Charlie d'avant, c'était une ADN très capitaliste. J'avais envie de travailler pour Google. une grosse boîte, j'avais envie d'avoir une grosse 4x4, j'avais envie d'habiter à New York, j'avais envie de voyager le monde entier en avion. Il y a même eu un moment où je voulais être pilote. Enfin, je veux dire, j'ai eu des envies, des rêves qui sont très différents de mes rêves d'aujourd'hui. Et c'est des rêves qui sont un peu évidents, enfin, qui sont un peu logiques pour une jeune fille qui grandit dans le monde dans lequel on est aujourd'hui, les publicités qui m'entouraient, les rêves que je vois dans tous les films américains que j'ai regardés. J'avais envie de vivre ça, en fait, comme toutes les histoires qu'on me racontait. Et heureusement, aujourd'hui, il y a énormément d'artistes qui me font découvrir d'autres histoires et donc d'autres rêves. J'ai complètement changé de rêve. Donc oui, ça a touché mon ADN.

  • Speaker #1

    Mais c'est quoi ton message pour ceux qui rêvent encore de ça ? Comment peut-être les convertir d'une façon ou d'une autre ?

  • Speaker #0

    Merde, le monde du dark !

  • Speaker #1

    Parce qu'ils sont encore nombreux et nombreuses à rêver de ça.

  • Speaker #0

    Mais oui, et c'est normal déjà. Il ne faut pas se sentir coupable de remettre ça. Et c'est comme se sentir coupable de prendre l'avion et de faire des actions comme ça, qui sont néfastes pour l'urgence climatique. Tout ce qu'on fait en impact, c'est différent. Mais ce que je peux dire, c'est que je ne vais jamais dire à un individu ou à quelqu'un qui regarde ça, écoute, tu devrais vraiment arrêter de manger de la viande et prendre l'avion et renseigne-toi en lisant le rapport du GIEC. En vrai, ça devrait le faire. Mais c'est quelque chose de tellement beaucoup plus large que toi individuellement, que j'ai envie de dire, la première chose que tu peux faire, c'est de rejoindre des collectifs qui ont pensé à ça, qui pensent à ça, et qui sont toujours prêts d'accueillir des gens pour la réflexion. Et il n'y a pas de jugement à avoir sur soi, il n'y a pas de jugement à avoir sur les autres. Surtout, il faut arrêter de se juger, sinon on ne va vraiment jamais y arriver. Il ne faut pas se tirer dans les pattes. Chacun va prendre son temps d'évoluer individuellement, mais par contre, chacun a la responsabilité d'essayer quand même d'évoluer. Donc, ça veut dire qu'on a chacun une responsabilité quand même de s'éduquer sur la réalité du monde qui nous entoure. Parce que si on veut vivre en collectivité, il faut qu'on comprenne ce qui se passe à l'extérieur de chez nous. On ne peut pas rester chez nous. D'ailleurs, personne ne peut vivre seule aujourd'hui, c'est très rare, des gens qui vivent seuls, autonomes. Donc, vu qu'on dépend des autres, il faut qu'on s'éduque, il faut qu'on se renseigne sur ce qui se passe à l'extérieur, quel est l'impact quand je décide de prendre cette barquette-là ou cette barquette-là, c'est quoi la différence ? En fait, quand j'achète ce t-shirt ou un autre, est-ce qu'il y a une différence ? Et ça ne veut pas dire que du jour au lendemain, vous allez réussir à tout changer. Moi, ça me prend du temps de m'éduquer sur comment je dois agir. Mais surtout, on va se dire, se renseigner, c'est tellement plus important. Et rejoindre un collectif, c'est tellement plus important. Parce que c'est un projet qu'on est en train de mettre en place là, qui nous dépasse complètement individuellement. Ça dépasse ce que tu décides de faire, comment tu décides d'aller au travail. Ça dépasse comment tu décides de manger ce soir et dans quelle maison tu habites.

  • Speaker #1

    C'est partout, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus gros que ça. C'est un projet beaucoup plus profond, mais un projet qu'on est en train de mettre en place qui va nécessiter qu'un jour, par contre, tu ne pourras plus ou tu auras pris le temps de te renseigner qu'en fait, cette barquette-là, tu ne vas plus la prendre. Ça devrait être illégal parce qu'elle a un impact non seulement sur le climat, mais sur peut-être certains fermiers, sur des communautés autochtones, mais auxquelles on n'entend jamais parler parce qu'on n'arrive jamais à... Ça ne dépasse jamais, soit même leurs médias locaux ou juste leur manière de communiquer de leur côté. Enfin bref, du coup, ce qui est important, c'est que je me dis, il faut oser par contre rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves. Et ça ?

  • Speaker #1

    Ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Ouais, parce qu'en réalité, c'est facile en tant que jeune fille privilégiée qui peut, je pourrais très bien ignorer la réalité du monde. Je peux vivre dans mon bunker, dans un... à New York, dans une grosse boîte pour travailler pour une grosse boîte, acheter la plus grosse voiture. Enfin, j'ai pas l'argent aujourd'hui, mais si je voulais, on me le ferait en gros tas. Mais ça serait ignorer le monde. Et plus que ça, ça serait contribuer à un désastre et c'est inacceptable. Ça devrait être illégal. Du coup, c'est normal qu'au début, il faut renoncer à ça. Et c'est dur par contre. Parce qu'on renonce à un rêve parfois sans savoir c'est quoi notre autre rêve. D'ailleurs aujourd'hui, je n'ai jamais été aussi perdue dans la vie, genre de savoir, OK, complètement, je rêve de faire quoi quotidiennement ? Ouais, je veux avoir de l'impact, ouais, je veux m'engager, mais quotidiennement, à quoi ça ressemble ?

  • Speaker #1

    Mais justement, c'est quoi une journée d'ADHR ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas une journée type. Il y a plein de journées très, très différentes parce qu'en fait, je décide de prendre l'action sur... tellement d'angles très différents. Il y a des moments où ça va être des moments de plus de renseignements, où je vais passer des journées avec des scientifiques, ou quelques heures par-ci, par-là, pour essayer de mieux comprendre quelque chose. Je vais passer des heures à lire des rapports. Il y a beaucoup de temps de documentation qui est essentiel pour constamment être au point de ce qui se passe dans la réalité du monde, qui est tellement grande. Il y a l'éducation qui dépasse sur les questions climatiques. Je l'adhérais énormément sur les autres luttes. Et ce n'est pas seulement à travers la lecture, c'est à travers les rencontres aussi. Donc la plupart du temps, je suis avec des gens. Ça, c'est des réunions avec d'autres mouvements, des réunions avec des experts, des réunions politiques ou alors des réunions à travers l'Europe, des réunions avec d'autres ONG aussi, parce qu'on veut savoir comment on peut coopérer ensemble. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'organisations. peu d'impact. Enfin, pas d'impact, l'impact est énorme, je pense, mais à l'extérieur, la visibilité qu'il y a est comme ça aujourd'hui. Mais on travaille plein d'ayées sur se dire, OK, si on veut lancer une campagne, qu'est-ce qui serait important, par exemple, aujourd'hui ? La plupart de mes journées ressemblent à réfléchir avec d'autres à c'est quoi comment on a un impact maintenant sur les institutions et tout le monde politique qui est en train de se créer, comment on s'assure que le climat reste à l'actualité, concrètement, c'est quoi les priorités. En sachant que ces prochaines années, on ne va parler que de défense et d'énergie. Est-ce qu'on sera en fait présent ? Comment est-ce qu'on est présent ? Donc il y a tout un moment de stratégie. Mais j'en ai l'impression d'avoir rencontré des gens aussi pour trouver des fonds pour pouvoir payer notre travail. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais j'espère un jour ça sera un de mes rêves. Un rêve que j'ai développé à travers l'activisme.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à l'argent ?

  • Speaker #0

    Mon rapport à l'argent ? Oui. Aujourd'hui ? Oui. Mon rapport à l'argent, c'est que je n'ai pas de job pour le moment. C'est de l'activisme. Et grâce à mon Lice Bell que j'ai créé, on peut se financer deux jours semaine avec une de mes collègues amies. Et mon rêve serait de pouvoir payer toute une équipe, qu'on puisse être hyper actifs. Le fait qu'on ait déjà eu tellement d'impact sans être payés, je me dis, mais le jour où on est payés, et ce n'est pas parce que j'ai besoin, c'est tous en dehors du profit, je trouve ça, pour rien au monde, je travaillerais un jour. pour quelque chose qui a comme but seulement de gagner du profit, vraiment ça je m'en fous, mais par contre avoir du sens et d'impact, si je peux payer mon loyer et ma nourriture grâce à ça, le rêve, le rêve. En attendant, j'ai la chance d'être une jeune fille privilégiée comme d'autres en Belgique, où à travers nos études, nos parents nous aident à payer notre cote et payer notre bouffe, parfois avec quand même un job d'étudiant, mais moi mon job d'étudiant, c'était l'activisme. Et donc, de temps en temps, j'avais un peu d'aide grâce à du crowdfunding pour pouvoir payer certains trains, etc. Ou alors, un peu de babysitting par là. Bref, ou alors de temps en temps, une conférence qui paye un peu.

  • Speaker #1

    C'est de la débrouille, en fait.

  • Speaker #0

    Ah ouais, je suis constamment en mode... Mais tant que je peux vivre, c'est plus important. Le média Game Changer, multiples thématiques.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y aurait un sacrifice ultime que tu serais prête à faire ?

  • Speaker #0

    Quoi ? Si il y a un sacrifice ultime que je serais prête à faire ? Oui.

  • Speaker #1

    Tu peux le choisir.

  • Speaker #0

    Mais genre un sacrifice... Je donnerais quoi ? J'ai déjà tout donné. Non, je n'ai pas tout dit, mais il y a le sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vais sortir la définition du sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose dont tu te prives. On peut prendre cette définition.

  • Speaker #0

    Que je devrais me priver.

  • Speaker #1

    Que tu devrais, que tu n'as pas encore fait.

  • Speaker #0

    Beaucoup de privilèges auxquels j'ai encore. À travers mon éducation sur la lutte qui est nécessaire, qui doit être beaucoup plus intersectionnelle, je réalise de plus en plus de privilèges que j'ai.

  • Speaker #1

    De par ton milieu social, tu veux dire. De par mon milieu social,

  • Speaker #0

    que j'ai eu grâce au milieu où je suis née. Et donc, tout ça, il faut pouvoir d'abord questionner, on se renseigne, puis se questionner, et puis il faut les lâcher pour vivre dans une société un peu plus égale. Et donc, ça, c'est un truc que je devrais lâcher. Mais pour être honnête, comme je suis encore en plein moment d'éducation, sur ces questions-là, je dois encore savoir concrètement. Comment on fait ? Et pourquoi ? Et comment ? Enfin bref, ça c'est un sacrifice que je dois faire, mais je ne sais pas si le mot sacrifice est le bon terme. Je n'aime pas trop ce mot en fait, parce qu'il y a aussi beaucoup de gens qui étaient en mode Vous avez sacrifié votre jeunesse à travers votre activisme ? J'étais en mode What ? Ma jeunesse a été enrichie quoi. Et donc je pense que ce qui peut être vu par l'extérieur peut-être comme des sacrifices, c'est pour moi un enrichissement énorme. Sacrifier de ne pas manger chez McDo avec mes potes et je les attends devant parce que je refuse de rentrer dans le McDo, c'est pas un sacré, je suis hyper fière. Je les regarde manger leurs trucs, je suis en mode... On le fout, genre, mangez vos trucs, je vais ailleurs. Et ça s'est beaucoup passé ces derniers temps avec mes potes parce que j'ai pas que des potes activistes. Et voilà. Et c'est ma manière d'être cohérente avec moi et je me sens hyper bien et... Enfin, c'est pour donner un exemple comme ça, mais des sacrifices de... De, non, je ne vais pas... Enfin, cet été, j'aurais beaucoup aimé aller voir une de mes meilleures amies qui a eu son diplôme à UCLA aux États-Unis. Mais non, je ne vais pas la voir. Enfin, je ne vais pas prendre l'avion pour lui taper la gueule.

  • Speaker #1

    Elle a déjà été en bateau une fois.

  • Speaker #0

    Elle a été en bateau une fois, oui. Peut-être que j'irai une deuxième fois, j'espère. Teaser.

  • Speaker #1

    Peut-être. Épisode 2.

  • Speaker #0

    Épisode 2, oui. J'aimerais beaucoup en ce cas.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes amis, tu viens de dire que tu n'avais pas que des amis activistes ou sensibles à la cause. Comment ça se passe ? C'est tendu parfois ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai beaucoup d'amis. On se respecte énormément, donc ce n'est pas tendu. Et puis parfois, souvent, c'est un sujet qui ne vient pas. et que je décide de ne pas mettre parce que j'ai beaucoup d'amis d'avant le moment où j'ai eu tout le rendement dans ma vie. Et en fait, elles sont tellement importantes pour moi, ces amitiés, que pour rien au monde, je veux les détruire ou les impacter. Mais néanmoins, je sais très bien qu'avec ma vie du quotidien, indirectement, il y a un impact sur mes amis. Moi, je fais ce qui a du sens pour moi et peut-être que ça aura du sens. vous aussi un jour, de vous laisser sur ça. Et puis, j'ai plein d'amis qui, du coup, me posent plein de questions. Et puis, j'ai quand même des amis qui me confondent un peu avec des trucs. Mais ces amitiés sont hyper importantes. C'est aussi parce que j'apprends aussi beaucoup de mes amis. Je veux dire, j'ai de loin la vérité absolue et de loin, parfois, en restant trop dans mes documents, en restant trop dans le monde politique, je vous gagne la réalité du terrain, entre guillemets, si on peut le dire comme ça. Mais du coup, ces amitiés, elles sont... aussi hyper importante pour moi, mais aussi parce que pour rien au monde, je lâcherai ses amis, que j'aime énormément.

  • Speaker #1

    On se rappelle, tu as eu un documentaire qui t'a été consacré à 52 minutes nommé La Meuf du Climat. Et dedans, à un moment, tu apprends une décision, je ne sais plus exactement au contexte, mais comme quoi une partie, je crois, de l'Alaska va être sacrifiée. On peut dire sacrifiée. Justement, par mon sacrifice, ça revient.

  • Speaker #0

    Un sacrifice que je ne ferai pas, moi.

  • Speaker #1

    Et vient d'être légué à des compagnies pétrolières ou quelque chose, dans cette vannage, je n'ai plus d'informations exactes, et tu en es émue aux larmes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu souffres d'éco-anxiété ?

  • Speaker #0

    Alors, à ce moment-là, c'était les 5 derniers pourcents d'Alaska qui étaient donnés à la campagne pétrolière, alors qu'ils avaient déjà eu les 95 autres pourcents. Et pour moi, c'était en fait un moment où je me dis mais en fait...

  • Speaker #1

    Tu craques.

  • Speaker #0

    En fait, on n'y arrivera jamais. Si 95% on a déjà tout donné aux compagnies pétrolières et qu'on leur donne les 5 derniers pauvres pourcents là qui nous ont permis de garder peut-être quelques espèces sur Terre. Ouais, j'ai craqué et je craque beaucoup. Et je ne pense pas que je souffre d'éco-anxiété parce que l'éco-anxiété est... je pense qu'on pourrait dire maladie, mais une souffrance qu'on a intérieurement, surtout quand on vit des moments durs comme ceux-là, la réalité scientifique, et qu'il y a un écart énorme qui est créé avec la réalité du monde politique où en fait il n'y a pas de réaction. Et donc l'écart entre la science, l'urgence et l'action est tellement énorme qu'on tombe dans une éco-anxiété. Et grâce au moment où, quand je me suis... J'ai commencé à me renseigner sur les questions climatiques, j'ai directement commencé à m'engager et aujourd'hui, comme je vous ai dit, pour rien au monde, j'arrête l'engagement, mais aussi parce que le jour où j'arrête, je tombe dans l'éco-anxiété. Parce que le jour où on continue à se renseigner mais qu'on n'est pas dans une action, c'est hyper logique, parce que c'est hyper anxiogène, c'est triste aussi cette réalité. Elle est horrible. Et donc si on reste dans cette réalité-là, ben ouais, je pleure. Et comme beaucoup de gens, je pense que c'est humain. C'est très bizarre de ne pas pleurer, je pense. C'est très bizarre de ne pas pleurer quand on réalise qu'on est dans la sixième extinction de Naas, qu'on est en train de voir des gens littéralement là au moment où on parle, où les gens voient cette vidéo, qui sont en train de souffrir ou de mourir. Qu'en attendant, on rentre, je ne sais pas, dans des moments où je suis dans des réunions politiques où on rigole presque. Tout pour peut-être un peu créer de la distance entre cette réalité de l'urgence et la nôtre, parce que l'écouter sérieusement, ça nous ferait peur, et ça nous ferait peut-être sentir mal, bizarre. Et donc pour moi, dans l'étape de l'engagement, il y a d'abord l'étape de la tristesse, ou en tout cas du ressenti. Pas besoin d'être triste, mais il y a besoin que ça nous touche. Parce que si ça ne touche pas, on n'est pas humain, on est robot, évidemment que ça va nous toucher. Donc il y a des moments de tristesse, comme il y avait dans le documentaire, où je pleure, et ils sont très présents, et c'est normal. Mais pour en sortir, une fois que je sens que ça m'a touché les tripes et que ça m'a vraiment un peu détruit pendant au moins, on va dire, une soirée ou max deux jours, il faut que je fasse un truc. Et je suis en mode, OK, c'est la merde, mais c'est pas grave. Genre, qu'est-ce que je peux faire ? Je suis pas seule. En vrai, c'est la merde pour tout le monde. Genre, la question de l'urgence climatique, c'est autant la merde pour vous que pour moi, finalement. Donc, moi, en tout cas, j'ai envie d'en faire quelque chose parce que sinon, je vais rester au fond de mon lit en train de pleurer. Donc, je me lève et je suis en mode, OK, ça a touché qui d'autre, les gars ? Cette news. Genre, il n'y a que moi qui ressent ça. Souvent, il n'y a pas que moi. On est beaucoup déjà. Il y en a déjà qui ont même déjà souvent travaillé sur des trucs comme ça. Donc, je les rejoins. Je suis en mode, OK, comment je peux aider ? Je vous donne tout. Je fais tout. Genre, je suis prête à organiser les gens, mobiliser les gens. Je suis prête à créer des campagnes. Je suis prête à faire des vidéos. Je suis prête à tout ce qu'il faut faire. Je suis là. Et donc, je donne tout mon temps. Et franchement, là, aller se rendormir, c'est en mode OK.

  • Speaker #1

    c'est trop chiant de lui donner par exemple les 50% de la mascarpone mais ils vont pas le faire sans bruit ils vont pas le faire sans pression et ça c'est le maximum déjà qu'on peut faire j'adore parce qu'il y a un point de bascule dans ton discours où on a senti l'énergie mais remonté d'un coup le rythme cardiaque s'est accéléré c'était génial racontez autant en vidéo qu'en podcast allez voir la vidéo vous verrez c'est deux personnes différentes C'est génial.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce qui se passe dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Un coup comme ça d'adrénaline ou je ne sais pas quoi qui revient. Est-ce que malgré tout ça, tu restes optimiste ? Parce que c'est quand même lourd.

  • Speaker #0

    C'est quand même quoi, pardon ? Lourd,

  • Speaker #1

    dur.

  • Speaker #0

    Oui, lourd, dur. Oui, oui, oui. Mais ce qui est lourd et dur, c'est les faits, c'est la science, c'est tous ces racontes. Donc, le port qui s'accumule, c'est les inégalités sociales qui sont derrière. Tout ça, c'est très, très dur. La deuxième partie qui est très, très dure et lourde, c'est l'inaction ou l'action qui n'est pas suffisante. C'est aussi très pesant. Et donc, quand on est dans ce carré-là d'information, c'est pas possible d'être optimiste. Il n'y a pas d'optimisme là-dedans. Ça me fait rire, je me dis, OK, c'est une opportunité. Non, c'est triste, OK ? Genre, c'est vraiment... Non, c'est pas drôle. Et là, on ne peut pas être optimiste. Mais ce qui me donne de l'optimisme, et ce qui me fait sourire, c'est de voir la réaction de certaines communautés, de certaines personnes, de certains groupes. Et ça, on peut en retrouver partout, dans le monde privé, dans le monde politique, dans les citoyens, les initiatives citoyennes, chez des profs, chez des ingénieurs, même certains économistes, des écrivains, des artistes, tous ceux qui nous font rêver, parce que quotidiennement, ils nous montrent, ou à travers leurs initiatives, qu'en fait, ouais, c'est la merde, mais regarde ce qu'on va en faire. Et ça, c'est magique. Parce que... Je ne sais pas, je suis trop fière de ceux qui réalisent la ceinture énergétique autour de Namur, parce que c'est l'énergie de demain. Ceux qui ont réalisé la ceinture alimentaire à Liège, c'est incroyable, parce que ça, c'est l'agriculture de demain. Et toutes ces initiatives à travers la Belgique qui s'accumulent, qui ont d'ailleurs besoin d'un peu plus de soutien financier pour ceux qui veulent aider, mais tout ça qui s'accumule, ça par contre, c'est optimiste. Parce qu'ils nous montrent, regardez, c'est possible. En notre narratif, notre vision du monde est possible. justement ce fameux rêve dont je parlais. Le rêve qu'on a parce qu'on a les pubs Ryanair, les pubs de Coca dans les yeux, les pubs de Google, parce qu'on a les gros films américains qui nous disent qu'en fait quand t'es milliardaire c'est trop bien. Ben non, parce qu'eux ils te montrent qu'il y a un rêve qui peut se faire sentir complet, heureux, sain et pourtant c'est pas du tout volé en jet privé. Et donc, merci à eux. Et eux, ils me rendent optimiste. Et donc, oui, évidemment que je suis optimiste quand je regarde. Mais évidemment aussi que je suis très pessimiste sur la réalité des choses. Et je pense qu'être les deux, c'est être réaliste.

  • Speaker #1

    Où seras-tu demain ? Où voudrais-tu être demain ?

  • Speaker #0

    C'est très difficile pour moi de me projeter à cause de ce côté quand même pessimiste. Parce que je ne sais pas quel sera le nombre d'initiatives citoyennes qui pourront me faire vibrer encore. Et je l'espère qu'elles ne vont que s'accumuler, s'agrandir et que demain je pourrai contribuer. Ces personnes qui devront être là pour aider à coordonner un peu tout ça, à se dire Ok, il y a toutes ces initiatives sur l'énergie, toutes ces initiatives sur l'agriculture, et puis il y en aura d'autres sur l'aspect éducatif et beaucoup d'autres. Et donc, comment est-ce qu'on s'assure que tout le monde est bien là et que, tu vois, ça, c'est un peu cette stratégie de comment on peut évoluer, tout ça. Et aussi... Pardon ?

  • Speaker #1

    De coordination.

  • Speaker #0

    De coordination. Ça, ça me passionne et je trouve ça trop, trop, trop cool. Donc, j'espère que demain, je pourrai aider avec ça. Mais avant d'arriver à cette étape-là, demain, je vais devoir continuer, comme maintenant, à me joindre à ceux qui ont le courage. C'est pas toujours facile de dire des choses tout haut qui parfois ça dérange un petit peu et d'être un peu le parti poubloir quoi. Et d'arriver dans des grandes salles remplies de politiciens ou de personnes importantes qui disent ok donc notre plan maintenant ça va être ça, ça, ça et puis en fait on va dire ça et puis on réalise qu'on va avoir autant d'impact. De dire bah écoutez les gars en vrai c'est tellement plus profond. que si là, vous restez dans le silo climat, on ne va pas y arriver, si on n'arrive pas à clure telle et telle chose. Si on n'est pas prêt à re-questionner notre vision économique, parce qu'aujourd'hui, on a comme seul intérêt la croissance économique, le PIB, la croissance du PIB, merci, en fait, c'est aujourd'hui, des économistes prouvent que cette seule fixette qu'on ne s'est pas lâchée, qu'on ne s'est pas lâchée, a pour impact. a un impact colossal dans les pays occidentaux, mais quand même, a un impact colossal sur notre environnement et on doit pouvoir changer d'objectif pour pouvoir être aligné à l'accord de Paris, respecter les limites planétaires, mais les limites sociales aussi. On les oublie trop souvent, et moi d'ailleurs, je suis désolée, je les mets toujours à la fin, mais clairement, c'est au centre aussi de la tension. Donc bref, ce courage-là de demain, continuer à oser la confrontation, et c'est quelque chose qui me fait très très très très peur. la confrontation, c'est jamais un sentiment agréable mais il faut le faire et je pense qu'on va avoir demain on aura besoin d'encore beaucoup de moments de confrontation si on veut un jour arriver à ce rôle plus fun,

  • Speaker #1

    on coordonne toutes les initiatives incroyables il me reste à te poser la dernière question que je pose à tout le monde dans Raconte qui voudrais-tu voir, entendre lire dans Raconte ? à ta place

  • Speaker #0

    Tellement de personnes !

  • Speaker #1

    Tu peux en citer plusieurs si tu veux.

  • Speaker #0

    Féris Bakar, qui est le co-créateur de Banlieue Climat en France, qui a vraiment donné un nouveau souffle aux mouvements climat qui sont très nécessaires. Dans Raconte, je pense qu'il faudrait... Hmm... Sandrine Dixon de Clèves, qui est la co-présidente du club de Rome, un peu ma maman du climat. Elle m'a beaucoup inspirée dans tout. Et aujourd'hui, quand on me dit un peu à quoi je ressemble demain, j'espère que j'aurai encore son énergie pour me battre et être très forte. Esmeralda de Belgique, qui reconnaît ses privilèges et qui, depuis toujours, est présente dans le combat du climat, mais la reconnaissance aussi des peuples indigènes et leur présence publique dans des éléments importants. Et c'est un peu grâce à elle aussi que j'ai été très proche de ces communautés-là et qu'aujourd'hui, je trouve que la question des droits humains est tout aussi importante que la question du climat aussi. Donc, c'est sûr. Après, je pense que mon pote Youssef Swatz aussi, qui fait du rap, ça n'a rien à voir, on change de registre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est bien justement.

  • Speaker #0

    Ok. Lui, je le connais depuis 3-4 ans et directement, on a cru mutuellement à nos projets. Moi, dans son rap, et pourtant, je ne suis pas très fan de rap, mais son rap, j'ai toujours kiffé. Et lui, il m'a toujours aidée un peu dans ma communication, autour de mon activisme et tout ça. Et donc, je le remercie parce qu'en vrai, c'est un très, très bon pote. C'est une personne très inspirante et ses textes sont très beaux. Et tous les artistes qui nous entourent sont ceux qui nous permettent de rêver et d'avancer. Donc, il faut vraiment les mettre en avant, il faut vraiment les mettre en valeur. Il y en a beaucoup. Il faut absolument interviewer Camille Etienne, qui est une activiste incroyable en France, qui fait aussi avancer beaucoup de choses. Mais il faudrait aussi interviewer Solal, son caméraman, mais qui est une personne différée et indépendante de Camille Etienne aussi. est en fait un réalisateur incroyable qui pense à ses imaginaires qui sont nécessaires d'avoir dans nos salles de cinéma. Donc pour ça il y a aussi Cyril Dion, enfin je vais arrêter de la liste, mais Cyril Dion ça serait aussi un problème d'inclure. Bref, il y a plein de personnes, n'hésitez pas à les interviewer.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on n'a jamais eu autant de personnes, il y a des fois les gens doivent chercher longtemps, voir on fait une pause et ils trouvent quelqu'un, et toi t'es parti en mode automatique, mais c'est génial !

  • Speaker #0

    Il y en a encore plein d'autres, mais c'est ça pour le prochain épisode.

  • Speaker #1

    Épisode 2, Adélie Charrier. Eh bien, merci beaucoup Adélie Charrier d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Cela contribue réellement à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Adélaïdee Charlier

    00:00

  • Le parcours d'Adélaïdee et son engagement climatique

    01:21

  • L'importance de l'endurance dans l'activisme

    02:53

  • Définition de l'activisme et ses défis

    06:32

  • Impact des origines et parcours éducatif d'Adélaïde

    08:31

  • Les débuts de l'activisme et la grève pour le climat

    16:45

  • Réactions et soutien de l'entourage d'Adélaïde

    28:34

  • Les sacrifices et les défis de l'activisme

    42:02

  • Vision d'Adélaïde pour l'avenir et conclusion

    01:01:09

Description

« L'activisme, c'est un marathon, pas un sprint. » Cette citation d'Adélie Charlier, notre invitée de ce nouvel épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment, résume parfaitement l'essence de son engagement pour la justice climatique. À seulement 23 ans, Adélie incarne la voix d'une génération qui refuse de rester silencieuse face à l'urgence climatique. Dans cette conversation captivante, elle nous livre son parcours inspirant, ses motivations profondes et les luttes qu'elle mène pour éveiller les consciences sur les enjeux environnementaux qui nous touchent tous.


Originaire de Namur, Adélaïde nous partage comment son enfance et son expérience au Vietnam ont façonné son engagement. Elle nous rappelle que rêver grand est essentiel, mais que cela nécessite également de remettre en question nos aspirations et nos comportements. À travers son récit, elle nous montre que l'activisme est un effort collectif, une véritable communauté qui se mobilise pour un avenir meilleur. Adélaïde compare son engagement à un triathlon, illustrant la nécessité d'endurance et de persévérance dans un monde où les défis semblent parfois insurmontables.


Les critiques et les attaques sur les réseaux sociaux font également partie de son quotidien, mais sa détermination à poursuivre son combat reste inébranlable. Elle nous invite à réfléchir sur notre rôle en tant qu'individus et à prendre part à des collectifs qui œuvrent pour le changement. « Éduquez-vous, impliquez-vous, osez rêver d'un monde meilleur », nous exhorte Adélaïde. Une phrase qui résonne profondément et qui nous pousse à agir.


Dans cet épisode, nous explorons des thèmes essentiels tels que la résilience, l'engagement communautaire et l'importance de l'éducation dans la lutte pour la justice climatique. Adélaïde Charlier nous rappelle que chaque voix compte et que chaque action, aussi petite soit-elle, peut contribuer à un changement significatif. Écoutez cet épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment et laissez-vous inspirer par le parcours d'une jeune activiste qui refuse de baisser les bras face à l'adversité. Ensemble, construisons un avenir où l'espoir et la détermination prévalent sur le désespoir et l'inaction.


Adélaïde Charlier, surnommée "la meuf du climat" sur les réseaux sociaux, est devenue une figure incontournable de l'activisme climatique et des droits humains. À seulement 23 ans, elle s'impose sur la scène internationale avec un engagement sans faille. Son éveil à la cause climatique débute au Vietnam, où elle prend conscience des enjeux environnementaux. De retour en Belgique, elle rencontre Anuna De Wever et participe à l'essor du mouvement "Jeunes pour le climat", qui bouleverse rapidement la scène nationale avant de s'étendre au niveau mondial. Ce mouvement marque un tournant dans sa vie, la propulsant du quotidien d'une jeune élève aux projecteurs médiatiques en quelques jours seulement. Dans cette interview exclusive, Adélaïde partage les étapes clés de son parcours, son regard sur les enjeux actuels et futurs, ainsi que les défis majeurs de sa génération. 💡 En 2024, elle a été reconnue parmi les 30 personnalités de moins de 30 ans à suivre par Forbes. Une rencontre inspirante avec une jeune femme déterminée à faire bouger les lignes.


🔗 Retrouvez Adélaïde sur Instagram : @adelaidecha


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  • Réalisation vidéo: Anthony Dehez

  • Interview vidéo: Anthony Dehez

  • Cadre vidéo: Michel Bourgeois

  • Graphisme: Michel Bourgeois

  • Photographies: Anthony Dehez

  • Chapitrage: Annick Boidron

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#Activisme #YouthForClimate #ClimateChange #ChangementClimatique #Écologie #Interview #LeadershipJeune


Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce qui est important, c'est que je me dis qu'il faut oser, par contre, rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Adélie Charlier.

  • Speaker #0

    Ah bonjour.

  • Speaker #2

    Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci, c'est très gentil. Je suis très contente d'être là.

  • Speaker #2

    Comment on fait ? On se vouvoie, on se tutoie ?

  • Speaker #0

    J'espère qu'on peut se tutoyer, moi ça me va.

  • Speaker #2

    Avec plaisir. Dis-moi, est-ce que je pourrais te demander de te présenter ? Qui es-tu ? Que fais-tu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, entre vous. Alors, je m'appelle Adélaïde, Charlie du coup. J'ai 23 ans, je suis namuroise, je viens de finir mes études en politique européenne, mais surtout ça fait cinq ans que ce qui m'occupe le plus, c'est d'être activiste pour la justice climatique. Alors concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est en gros être dans l'action physiquement pour mettre un maximum de pression vers les institutions politiques et publiques pour s'assurer qu'ils n'oublient pas l'urgence climatique.

  • Speaker #2

    Et tu pourrais nous dire un peu où on est ici aujourd'hui pour ce tournage ?

  • Speaker #0

    Voilà. Alors ici, on est dans mon nouveau chez-moi, que je ne considère même pas encore vraiment comme chez-moi parce que ça fait une semaine que j'ai déménagé à Bruxelles en colocation avec beaucoup d'amis et moi.

  • Speaker #2

    Et pourquoi Bruxelles ?

  • Speaker #0

    Bruxelles, c'est presque inévitable quand on est très actif sur les questions politiques en Belgique. C'est là que se tient la majorité des institutions politiques à tous les niveaux de pouvoir. Et quand on est dans un mouvement climat qui est international et européen, c'est là qu'il se trouve aussi les institutions européennes. Et donc, pour pouvoir continuer cette pression... Pardon. Pour pouvoir continuer cette pression... physique vers ces institutions qui sont physiquement présentes à Bruxelles, c'est hyper important. Et puis c'est un lieu aussi, c'est une ville en Europe où c'est facile de bouger en train vers d'autres pays, vers Berlin, Amsterdam, vers Paris, etc. Et puis aussi personnellement, c'est là où se retrouvent tous mes amis et ma famille est pas très loin.

  • Speaker #2

    C'est là que tu te sens mieux en fait ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien à Bruxelles, alors je me sens encore mieux à Namur, je dois être honnête.

  • Speaker #2

    Pourquoi le côté campagne encore ? Parce que Namur, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est un peu une toute petite ville provinciale belge, assez verte encore.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une petite ville qui a tout son charme. C'est une petite ville provinciale qui est quand même la capitale de la Wallonie, il faut le préciser. Et où en fait, on est entre... On sort dans la rue et on peut rencontrer plein de gens. Et en même temps, ça reste une ville, on a vraiment accès à tout. je fais facilement accès à la gare de Namur pour aller partout. Et en même temps, il y a la Stadelle, qui est quand même un lieu historique impressionnant. Et surtout, ce qu'il y a à Namur, c'est le confluent, la confluence entre la Meuse et la Sambre. Et ce point d'eau, ces points d'eau sont pour moi hyper importants. J'ai beaucoup besoin de points d'eau. D'ailleurs, c'est quelque chose qui me manque à Bruxelles. On a malheureusement recouvert tous les points d'eau historiquement, ce qui est très triste. Un grand regret, mais là, à Namur, on a cette beauté d'un fleuve et d'une rivière qu'elle assemble et on a beaucoup de chance de les avoir.

  • Speaker #2

    On dit que c'est presque thérapeutique d'habiter près des eaux. C'est un peu ce que tu veux dire par là ?

  • Speaker #0

    Ça ne m'étonnerait vraiment pas. Que ce soit thérapeutique, je pense que ça va être les nombres d'heures que je passe le long de la Meuse pour promener mon chien, ou alors à monter la citadelle, me perdre un peu dans ces bois-là. On a une chance à Namur d'avoir ce mix de la ville qui est à tout, sans qu'elle soit dans l'excès pour que ce soit trop et désastreux, même si sur le monde, on a quand même un impact qui est présent. On a quand même cette relation avec le lien avec la nature qui est juste hyper importante, mais surtout l'eau, pour moi, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c'est hyper apoptique, mais l'eau est hyper importante. Et peut-être aussi parce qu'en vrai, je suis nageuse, et donc pour moi, la Meuse, ce n'est pas seulement que je la regarde, j'aime aussi nager beaucoup dans la Meuse. Il y a la possibilité de nager en saison d'été avec plein d'autres personnes, et on est là avec notre petite bouée orange, et on nage dans la Meuse. Ça fait plusieurs années que je fais le triad Jean de Namur aussi. et gros big up à l'organisation des triathlons de la mûre parce que je les trouve incroyables et c'est un super événement tu viens de citer,

  • Speaker #2

    tu es sportive triathlon,

  • Speaker #0

    nage c'est des sports d'endurance est-ce que on peut dire que c'est un trait de ton caractère les endurances par rapport à tes combats ce serait un privilège de pouvoir garder cette endurance et je pense que dans le sport, en effet je préfère l'endurance que le sport que le sprint. Et je pense que dans l'activisme, c'est le sport qui est de l'activisme, c'est quelque chose qui est nécessaire, la persévérance et l'endurance. On ne peut pas lâcher, c'est même pas en sprint l'activisme, c'est même pas en marathon, c'est une course relais. Et donc on ne sait pas combien de kilomètres on a encore face à nous, et quand on est fatigué, on relaie. Et puis peut-être qu'on pourra revenir dans la course. Et donc c'est cette question de l'endurance, mais surtout de la persévérance, parce que souvent on n'a pas directement l'impact, on ne peut pas voir l'impact de notre action, de notre course du coup. Et donc il ne faut jamais regarder le temps ou le timing qu'on veut voir quand on fait une course par exemple en sport, parce que dans l'activisme on n'a pas ça. checker un peu où on en est, est-ce qu'on a fait mieux que la fois dernière. C'est très difficile d'évaluer. Peut-être que c'est ce qui manque un peu de l'activisme, mais donc l'aspect de l'endurance est d'autant plus important dans l'activisme que dans le triathlon.

  • Speaker #2

    Ce serait quoi ta définition justement de l'activisme ?

  • Speaker #0

    Alors pour moi, je sais que le mot activiste fait très peur. Et il m'a fait même peur moi, au début.

  • Speaker #2

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que... j'ai commencé les grèves pour le climat et on m'a directement mis cette étiquette sur le front et je n'ai pas grandi dans un monde de l'activisme donc je ne connaissais pas ce terme et il n'était pas nécessairement mal vu mais il n'était pas nécessairement bien vu je ne le connaissais pas et on sait que quand on ne le connait pas souvent ça amène de la peur et donc j'étais un peu perplexe, mais je ne l'ai pas nécessairement renoncé. Et puis après, je l'ai accepté parce que j'ai vite réalisé que d'écrire une personne d'activiste, pour moi, c'est quelqu'un qui est actif face à un changement qu'on veut voir autour de soi, dans la société. Et pour moi, énormément de personnes sont activistes, sans vouloir mettre le mot activiste mais elles le sont. Et après, dans les moyens d'action à établir pour voir ce changement qui nous entoure, Il y a un panel de choses à faire qui sont énormes. Et donc, peut-être qu'on est activiste en faisant une certaine action ou une autre, mais je pense que beaucoup d'entre nous le sommes.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    On va revenir au tout début. Quand tu nais à Namur, tu nais dans quel contexte ? Qu'est-ce qu'ils étaient tes parents ?

  • Speaker #0

    Je nais à Namur en 2009, décembre, à l'hôpital Sainte-Élisabeth. Mes parents, ils avaient déjà deux enfants. mes deux grandes sœurs, qui allaient à l'école à Namur. Nous, on habitait dans un petit village en dehors de Namur. Ma maman est psychologue et mon papa travaille dans l'agence d'aide au développement ici en Belgique. Et donc, ils reviennent d'Afrique, en fait, où ils ont vécu pendant quatre ans avec mes deux grandes sœurs. Et donc, c'est un contexte où ils sont, je pense, très heureux d'être là. Et c'est toute une nouvelle vie pour eux.

  • Speaker #2

    Une nouvelle vie pour quoi ?

  • Speaker #0

    J'imagine d'avoir un troisième enfant qui vient un peu plus tard. Il y a un écart quand même entre mes deux grandes sœurs et moi de plus ou moins 6-7 ans. Et puis eux, ils ont eu cette pause un peu où ils ont vécu ailleurs. Puis ils sont revenus en Belgique. Et donc voilà, c'est un point de goût monde. Ils sont toujours, pour le moment... dans un village un peu plus loin de Namur. Un peu plus tard, quand j'ai grandi et que ma petite sœur aussi est arrivée, on a déménagé plutôt dans le centre de Namur. Mais bref, un peu d'échangement pour eux. Mais je pense qu'ils aiment le changement, ce qui est rare chez les humains quand même.

  • Speaker #2

    D'aimer le changement, c'est vrai, c'est toujours un défi. Quand tu es enfant, la nature c'est déjà important pour toi ? Tu vas souvent dedans ? Tu joues dans la nature ? Quelle a été ta première rencontre avec la nature ?

  • Speaker #0

    J'ai la chance de grandir dans un espace quand même assez vert, où on avait deux chevaux, on avait en cochon beaucoup de poules, même si aujourd'hui j'ai la phobie des poules. Mais du coup, en environnement, on a vraiment la chance de pouvoir jouer beaucoup dehors. J'ai trois sœurs, donc on est... Beaucoup de l'aura ensemble et avec des animaux hyper random, d'un cheval à un cochon, et qu'on considère vraiment comme nos animaux de compagnie. Parce qu'en fait, une de mes grandes sœurs est allergique aux poils, donc tout ce qui était chien, chat et un peu les animaux traditionnels qu'on pourrait voir à la maison, nous on n'avait pas du tout. Donc c'est un autre style de relation déjà que peut-être on a établi avec les animaux. Et j'ai adoré ça, vraiment.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y avait une conscience climatique, écologiste, etc. dans ta famille ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y avait une conscience écologique de la part de mes deux parents, qu'ils l'ont peut-être eux eu différemment, parce que je pense qu'ils reçoivent cette conscience différemment, mais ils sont bien conscients. Ils agissent de manière différemment, mais par contre, ils ne sont pas des grands activistes. Avec mes parents, on n'a jamais été à une marche pour le climat. C'était rare, je pense qu'on avait fait notre toute première avec un tout petit groupe d'amis au Vietnam, quand j'habitais là-bas. Mais ce n'est pas du tout dans ce monde de l'activisme que j'ai grandi. Mais de temps en temps, on se disait, OK, aujourd'hui, on va à l'école à vélo. Donc c'était plutôt un petit truc qui était là. Mais moi, ça ne m'a jamais vraiment marqué dans mon enfance. C'était plutôt la chance de vivre dans un cadre où on était toujours dehors, peut-être qui m'a impactée, mais ce n'était pas du tout, à ce moment-là, en tout cas, le message de mes parents autour du climat. Pas du tout.

  • Speaker #2

    Mais tu viens de dire que tu es passée du temps à Hanoi, au Vietnam. Oui. Comment tu t'es retrouvée là-bas ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis retrouvée à 11 ans, 11 ans et demi. À Hanoï, avec mes parents et ma petite sœur, pour le travail de mon père, qui travaille dans l'agence de développement de l'histoire magique. On arrive là, à cet âge-là, c'est un peu bizarre avec ma petite sœur, parce qu'on quitte le seul monde qu'on connaît, Namur. Ce n'est pas pour monter à Bruxelles, ou en Allemagne, ou dans le nord de l'Europe, dans le sud, peu importe, c'est vraiment où on quitte. Le seul monde que l'on peut connaître aux yeux d'une jeune fille de 11 ans. Et donc, c'est un moment un peu difficile de dire au revoir à nos amis qui, eux, vont vivre des expériences qu'on vit quand on a 11 ans, finir notre primaire et faire nos anniversaires. C'est une rupture. Pardon ?

  • Speaker #2

    C'est une rupture.

  • Speaker #0

    C'était un peu une rupture. Au début, j'ai râlé sur mes parents pendant quelques mois. C'est pas seulement une rupture... pays, de continents, culturels, mais aussi de langues. On arrive sur place et on apprend qu'on ne va pas pouvoir parler français, en tout cas seulement à la maison, et que ce soit à l'école ou dans la rue, si on veut pouvoir communiquer avec le monde extérieur, il va falloir apprendre en tout cas une autre langue. Et donc, c'est un peu difficile à cet âge-là, mais en même temps, vraiment, quand je regarde mon nom, je me dis, mais quelle chance ! Et merci à mes parents, parce que je pense que le Vietnam a changé ma vie. parce que j'ai eu la chance là-bas de vivre cinq ans à Hanoï, d'aller à l'école des Nations Unies à Hanoï, où notre éducation était basée sur les objectifs des Nations Unies, déjà à ce moment-là. Et donc, on était vraiment sur, à 12 ans, c'est pas grave, on parle de, je ne sais pas, qu'est-ce qu'on devrait mettre en place une fois qu'un pays a été touché par des catastrophes naturelles. C'était très clairement un travail, d'ailleurs, que j'ai retrouvé il y a... quelques semaines. Et il y a aussi des travaux sur la question de la pauvreté dans le monde, des inégalités. Donc il y avait déjà, en tout cas, une éducation qui était très présente sur les objectifs pour 2015, à ce moment-là, des Nations Unies. Et en plus de ça, on est dans un pays qui est déjà touché par les conséquences climatiques. On parle des typhons qui deviennent de plus en plus forts. Cette année, en 2024, le Vietnam a encore fait face à un des plus grands typhons auxquels l'Asie n'a jamais fait face. Donc il y a vraiment cette intensification qui est là. Hanoï est touchée fortement, un peu moins que les côtes du Mekong. Il y a la côte du Vietnam, je pensais, plus de 3500 km de long. Donc quand on parle de montée des eaux, pour eux, c'est quelque chose qui les concerne littéralement. Et il y a aussi la montée des eaux du Mekong. Donc on est vraiment sur... Tout ce que peut-être nous, on lit dans les rapports...

  • Speaker #2

    Mais c'est extrêmement lointain pour nous,

  • Speaker #0

    aux Occidentaux. Un jour, ça arrivera, ou ça arrive de temps en temps. Là-bas, c'est vraiment réel. Ça a un impact direct sur beaucoup de populations, enfin, sur la population. Et à ce moment-là, évidemment, ça ne me rend pas encore activiste, mais il y a un terrain fertile qui est en train de se créer.

  • Speaker #2

    La graine se met en place.

  • Speaker #0

    Et il y a quelque chose qui arrive. Il y a quelque chose qui se prépare. Et c'est sûr qu'on ne peut pas revenir du Vietnam. Avec cette éducation, dans ce contexte-là, avec les rencontres que j'ai pu faire, en ayant vécu dans un monde hyper multiculturel où on est obligé de vivre avec nos différences. Ce n'est pas du tout une question où on n'a pas du tout les mêmes religions, on n'a pas du tout nos parents qui font le même travail, on a tous des nationalités différentes. Je pense qu'on était cinq Belges dans mon école. Et donc, on grandit, on est juste différents. et de pouvoir l'accepter déjà à l'âge de 11 ans, je pense que ça m'a beaucoup changé. Donc, je reviens de Vietnam avec...

  • Speaker #2

    Tu reviens à quel âge ?

  • Speaker #0

    Ah oui, pardon. Je reviens à 16 ans, je pense. Et je reviens, donc je dois encore faire quelques années avant de finir ma réto, ma dernière année scolaire ici en Belgique. Et je vais dans une école à Namur. Et là, je me sens très bien que j'étais, encore une fois, je râlais sur mes parents. Parce que je n'avais aucune envie de revenir. Je n'avais aucune envie de changer d'école. C'était... Je pense que j'ai réalisé mon privilège quand je suis rentrée, d'avoir eu la chance d'aller là-bas. Et donc, il y a un peu une première claque pour moi, déjà de juste revenir à Namur, et puis une deuxième claque d'aller à l'école et de réaliser que l'enseignement que j'avais, ou que je recevais, par exemple, était hyper décalé de ce que je recevais au Vietnam. C'était un peu comme vivre dans un autre monde, une autre réalité, d'autres importances, d'autres priorités. Et donc ça m'a très vite frustrée parce que je sentais que je n'apprenais pas ce dont j'avais aussi envie d'apprendre. Évidemment, il y a les maths, il y a les sciences, il y a le français, il y a l'anglais, etc. Mais il n'y avait pas en cours sur qu'est-ce qu'on fait, par exemple, quand un pays est impacté directement par une catastrophe naturelle. Qu'est-ce qu'on met en place ? Comment les politiques gèrent ça ? Évidemment, ce n'était pas un cours de politique qu'on avait à l'école, mais c'était un peu OK. Ils nous testaient dans notre créativité aussi à penser ça, à faire des recherches. Il y avait beaucoup, beaucoup de recherches à l'âge de 12 à 16 ans. C'est quand même assez jeune. Et donc, on est dans une manière de travailler qui est très différente que l'étude par cœur. Et donc, surtout, je pense que ce qu'il y avait en fait là-bas, c'était du sens dans l'éducation qu'on me donnait. Et donc, je comprenais pourquoi. On me demandait de travailler pendant des heures pour écrire un texte sur, je vais garder un exemple, sur un typhon qui s'est passé. Parfois, ce n'était pas du tout en Asie, ça pouvait être n'importe où dans le monde. Mais ça avait un peu plus de sens parce que je sentais que ça pourrait nous toucher à n'importe quel moment. Et donc, ce manque, je pense que j'ai voulu le compléter inconsciemment plutôt par vouloir m'engager par autre chose qu'il y avait à l'école. Il y avait un groupe Amnesty, il y avait un groupe Oxfam. il y avait un peu le groupe Eco Team, un peu genre Climat et tout et je me suis inscrite dans les trois et j'étais en mode ok go et je passais mes temps de midi à manger dans ces groupes là je vendais des trucs pour Oxfam, pour Amnesty, on pensait à des actions que vous pouviez faire, des signatures faire signer toute l'école et je commençais vraiment à aimer ça, de me dire ok, toute l'école doit signer y'a pas de soucis, on va faire en sorte que toute l'école signe

  • Speaker #2

    Là t'es en marche quoi

  • Speaker #0

    Là y'a une première étape ouais et c'est là Et c'est à ce moment-là que je réalise maintenant que le Vietnam a eu un impact énorme pour moi. Parce que si je n'avais pas eu ce manque de me dire, mais là, je sens que mon éducation n'est pas complète, qu'il me manque un truc. En tout cas, j'ai besoin d'être nourrie par autre chose aussi et d'avoir un peu de sens dans ce que je fais, un peu plus. Je ne dis pas du tout que notre enseignement est complètement en manque de sens, mais il manque quelque chose. Et je l'ai pu retrouver grâce à ces orgues et à ces professeurs incroyables qui passent leur temps. de midi, leur temps après l'école, à se dire, OK, je ne rentre pas, je reste avec ces élèves motivés pour essayer de faire un peu bouger les choses dans mon école. Et donc, merci à tous ces professeurs qui font ça.

  • Speaker #2

    Et c'est à ce moment-là que ton champ de vision s'ouvre vers toutes ces possibilités de se faire entendre, finalement, de faire entendre des choses qui manquent à ce moment-là, selon toi.

  • Speaker #0

    Me faire entendre à ce moment-là, déjà dans mon école. le directeur, aujourd'hui, c'est un peu le président.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai entre mes 16 et mes 18, les dernières années à l'école. Donc, je grandis un peu, etc. Et ça fait deux ans, je pense, que je suis dans l'équipe Amnesty. Je me souviens très bien qu'il y a une de mes profs qui vient vers moi en mode Ah, Amnesty cherche un jeune qui pourrait représenter la Belgique, etc. Tu veux postuler ? Tu devrais tester, etc. Je me dis En vrai, why not ? J'ai postulé, j'ai eu la chance de l'avoir. Et donc, ça m'a permis d'avoir la première étape de l'engagement en dehors.

  • Speaker #2

    Des murs de l'école.

  • Speaker #0

    Et ça, c'était énorme. Je dois vraiment remercier cette prof, en fait.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'elle verra la vidéo.

  • Speaker #0

    Je la remercie vraiment.

  • Speaker #2

    Oui, on verra éventuellement.

  • Speaker #0

    Et aussi remercier Amnesty d'avoir cru en moi. Parce que grâce à ça, je commence à tester quelque chose de nouveau. Mais c'est cette année-là, donc c'est l'année de Marito, où aussi, j'ai un peu le goût d'Amnesty. Ça, c'est en septembre. Et en fait, en... Décembre, janvier, je commence l'activité. Donc c'est vraiment, il y a eu très peu de temps entre le goût de l'engagement, que je commençais à toucher un peu à 16 ans à l'école, et au début de ma réto, à 17 ans, je commençais à toucher un peu en dehors de l'école, et à 17 ans et demi, 18 ans, je commence l'activité.

  • Speaker #2

    C'est un peu la révélation, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est pas ça que je veux faire, parce que pour moi ça n'est pas...

  • Speaker #2

    C'est ça qu'il faut faire peut-être.

  • Speaker #0

    C'est ça qu'il fallait faire à ce moment-là. Mais pour moi, ça allait durer une semaine, cet engagement-là. Le premier jour où... Comment ça s'est passé ? C'est que je descends en matin avec des amis à moi. On avait des bandes verts, on est rentrés dormir. Le matin, je me réveille, je descends. Et là, il y a mon père qui me dit Ah, t'as vu cette meuf ou pas ? Tu la connais ? Et c'était Anna de Wever, qui avait lancé la première grève pour le climat en Belgique, qui faisait une interview en néerlandais. J'étais en mode Ah, j'avais pas vu, Nantes, c'était trop cool. Et il me dit Bah écoute, en vrai, via via, j'ai vu qu'elle cherchait de l'aide de la partie francophone, parce qu'en fait, pour le moment, c'est vraiment que flamand. Et j'étais en mode Ah, ok, bah ouais, je peux aider, y a pas de souci. Enfin, je veux bien aider pour une fois, s'ils ont besoin d'aide, en vrai, why not ? Et donc, grâce à ça, j'ai reçu un numéro d'Anouna, je lui ai envoyé un message, je lui ai dit Ok, apparemment, t'as besoin d'aide. Et en mode, OK, ouais, viens sur Bruxelles, il faut que je te raconte ce qui se passe. Et donc, je débarque à Bruxelles, en mardi, je suis en mode, OK, qu'est-ce qui se passe ? On boit un verre avec Ausha, elle m'explique, OK, voilà pourquoi j'ai lancé des grèves, voilà pourquoi on est dans la merde sur les questions de l'urgence climatique. Et j'ai un peu un cours hyper rapide de gens, en une heure, qui essaient de comprendre pourquoi elle a lancé ce mouvement. Et qui, à ce moment-là, en fait, c'est juste un groupe de jeunes, de potes en verse qui sont en mode, il faut qu'on fasse quelque chose, quoi.

  • Speaker #2

    Ils ne sont pas beaucoup, à ce moment-là, ils sont...

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils sont dans l'orga, aujourd'hui on appelle ça un orga, mais en fait dans le groupe de potes qu'ils lançaient, c'était 5-6. Mais ils ont fait une vidéo, ils avaient été la première fois, la vidéo avait tourné beaucoup en Flandre, mais pas du tout en Wallonie, puisque la vidéo était en flamande. Et donc il fallait vraiment briser cette frontière linguistique, cette frontière culturelle presque. Et donc ça on était prêts à le faire, j'étais en mode web, bien sûr, on le fait. Donc au tout début c'est un peu dur pour moi parce que... tout se passe en flamand, que c'est un groupe d'amis qui se connaissent, que moi je ne connais pas du tout, que c'est vraiment le début pour moi, les questions climatiques. Donc il faut un peu que je me mette à la une. Mais là, on est mardi quand je la rencontre et elle me dit, ok, jeudi matin, 9h, on se retrouve à la gare centrale. Et ramène un maximum de personnes de Wallonie. J'étais en mode, ok, donc je rentre à Namur et je me dis, j'ai 24h. pour trouver un maximum de personnes qui sont prêtes à rater l'école jeudi pour revenir dans les rues pour le climat. Et du coup, c'était un peu un challenge comme ça, parce que de base, je suis une bonne élève. J'ai un peu peur, donc je me souviens que je ne dis pas à mes profs que je rate l'école pour ça. Mais en attendant, sur Facebook, je crée plein de groupes avec l'aide de mes amis et je suis en mode OK, les gars, il faut que toutes les écoles où on connaît des gens, il faut qu'ils créent un groupe, il faut qu'ils savent que jeudi matin, on prend le train et qu'on va en fait à Bruxelles. Et ça prend vraiment de l'ampleur, avec l'aide aussi qu'en Flandre, ça avait bien fonctionné. Et en fait, les Wallons, ils réagissent. Et donc, je me souviens que le jeudi matin, c'était le 23 janvier 2019, je pense. Je me souviens parce que c'était l'anniversaire de ma mère. Le 24, du coup. Et bref, on est sur ce quai, et en fait, le quai est rempli. On monte dans le train, il est rempli. C'était incroyable. Donc j'imaginais... Mais les classes vides, c'était en mode trop bien. Et puis, on débarque à Bruxelles. Et là, directement, je perds mes amis parce qu'il y a tellement de monde. Je dois retrouver ce fameux groupe d'Anversois qui avait décidé de lancer cette folie. Et j'ai rejoint en mode Ok, j'ai ramené des gens Et ils sont en mode Ok, ben t'es prête ? Je suis en mode Prête, pourquoi ? Parce que là, il y a déjà beaucoup de monde. Ils sont en mode Ben oui, mais en fait, t'es la seule francophone, donc tu vas devoir gérer tout ce qui est français, quoi. Et là, il faut imaginer qu'on est dans un contexte où en fait, c'est assez nouveau, les grèves pour le climat, qu'on est vraiment, après la Suède où il y a Greta, on est vraiment le premier pays à être massivement présent dans les rues. Donc, il y a un intérêt des médias en dehors de la Belgique. clairement européens. Et donc, dès qu'ils veulent poser une question en français, c'est moi qui dois gérer le truc. Moi, ça fait quelques jours que je suis là, je suis vraiment tombée dans les rues. Et en même temps, ça a énormément de sens, parce qu'il y avait 35 000 jeunes dans les rues ce jour-là à Bruxelles, il y en avait des milliers d'autres dans plein d'autres villes. Et je me suis dit, il faut dire pourquoi ils sont là, il faut partager ça. Et donc, on avait eu, heureusement, avec les Flamands, on avait parlé des points qu'ils voulaient mettre en avant. pourquoi eux avaient lancé ça, je le dis en français. Et le soir, après, une fois que la marche a hyper bien réussi, c'est un peu la folie, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me souviens, il y a RTL qui me dit, est-ce que ça te chauffe de venir ce soir sur le plateau du JT ? Et moi, je suis en mode, en fait, ce soir, c'est l'anniversaire de ma mère. Du coup, on va au restaurant à la mûre. Je ne connais pas le monde de la presse du tout. Donc voilà, c'est chaud. Non, mais non. qui propose le plateau du JT, l'ouverture du JT. Je suis un peu en mode, je ne sais pas. Et donc, je ne sais pas, je l'appelle ma maman en mode, je ne sais pas quoi faire, genre. Et donc, ce soir-là, pour moi, c'est un peu un soir important. La raison pour laquelle je suis allée dans les détails, c'est parce que j'avais décidé de mettre cette importance, d'aller délivrer le message de pourquoi il y avait eu 35 000 jeunes aujourd'hui et pas rejoindre ma famille au resto pour l'anniversaire de ma mère. Parce que pour moi, c'était exceptionnel. Enfin, c'était un soir. Et en fait, je n'ai pas réalisé qu'après, ça allait continuer, ça a continué. Et encore aujourd'hui, je mets beaucoup la priorité sur cet engagement, sur le partage de la voix de ces jeunes qui s'engagent à travers la Belgique et toute l'Europe. Parce qu'en fait, il y a un manque de personnes qui font ça.

  • Speaker #2

    C'est fou parce qu'en moins d'une semaine, tu es une étudiante tout à fait anonyme à Namur. Et en quelques jours, on pourrait même dire quelques heures, tu ouvres un JT national en Belgique. Et tu es repris par les titres européens. Oui,

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens. Et c'est vraiment pour dire que ça aurait pu être moi, que ça aurait pu être n'importe quel autre jeune qui était là ce jour-là. C'est hyper important que ça n'a aucune importance que ce soit moi. Ce qui était important, c'est que ce qui était fort, c'était qu'il y avait les 35 000 jeunes. Et que ce jour-là, on m'a un peu donné la responsabilité de passer le message.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu refuser ?

  • Speaker #0

    J'aurais pu refuser, mais j'étais en mode, il y a une nuit et demie, je suis là, il n'y a pas de souci. En vrai, j'ai beaucoup hésité, j'avais très peur. Le matin, le jeudi matin, quand je devais rater l'école, j'avais une boule dans l'estomac. Même le mercredi soir, je me sentais hyper mal de ne pas aller à l'école. Le lendemain, je me souviens, face à la presse, je tremblais. Quand j'étais sur le JT de RTL, j'avais les jambes en dessous qui étaient comme ça. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Mais c'est juste qu'à ce moment-là, tout allait tellement vite. Et vraiment, ce groupe flamand qui avait besoin de moi à ce moment-là, moi, je sentais quand même qu'il y avait un projet qui avait beaucoup de sens. J'étais en mode ok, mais je suis vraiment prête à vous aider cette semaine Sauf que le jour où on a fait cette grève, Ausha de Weaver a annoncé à toute la presse qu'on allait continuer jusqu'aux élections. Et donc, quand ça, c'était le titre de tous les journaux, on était en mode mais ouais, il faut qu'on fasse, en fait, c'est logique Et du coup, on était en mode ok, on continue, on lâche pas Du coup, à ce moment-là, je me suis dit, OK, je fais ça jusqu'aux élections. Sauf que rater l'école jusqu'aux élections, ça faisait rater plus de jours que tu peux rater à l'école. Donc, ça donnait tout un challenge. Je me souviens, avec ma prof de français, on calculait le nombre d'heures que je pourrais rater pour avoir mon diplôme. C'était un casse-tête jusqu'à ce que... La ministre de l'Enseignement se positionne enfin, avec beaucoup de pression évidemment de notre part, mais de dire, ok, les jours, j'ai oublié le terme exact, mais sans explications, sans en grosse note du docteur, on va les laisser tomber cette année, parce qu'en vue des grèves, sinon il y a vraiment trop de jeunes qui ne vont pas avoir leur diplôme. Et donc, on doit quand même réussir nos examens, mais ça ne s'est plus compté. Donc ça, c'était vraiment important parce que ça m'a permis de complètement me concentrer sur l'activisme cette année-là. Mes professeurs ne me voyaient plus du tout. Je n'étais plus trop là à l'école. Et j'étais surtout dans les réunions à Anvers, à préparer. Je devais aller voir Alié, je commençais à aller se passer pour la prochaine marche, à rencontrer des experts, des scientifiques, parce que comme vous avez pu le voir, vous avez vu l'explication que je vous donne. Les premiers jours, j'en sais très peu. Je sais juste qu'encore c'est de la merde. Mais concrètement, à part les quelques articles rapides que j'ai pu lire, j'ai 18 ans, on n'a jamais dit qu'on était des experts, mais ce serait quand même cool de savoir un peu plus ce qui se passe. Et donc on a vraiment la chance d'être entouré d'experts, de scientifiques belges qui nous expliquent et qui prennent le temps de vraiment décrypter avec nous cette urgence climatique.

  • Speaker #1

    Ils vous rejoignent assez vite, les scientifiques, les experts ?

  • Speaker #0

    Directement. Ils ont été là.

  • Speaker #1

    Ils ont vu le mouvement se mettre en place. Ils se sont greffés. C'était attendu, j'imagine, depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Pas attendu.

  • Speaker #1

    Espéré.

  • Speaker #0

    Ils ont pu enfin souffler, respirer. Parce que, de ce que j'ai compris des experts, et de plus en plus aujourd'hui, c'est qu'ils décrivent ce qu'ont crié dans les rues depuis les années 70, 30 ans avant ma naissance. Eux, c'est le travail de leur vie. d'alerter sur le fait que, eh oh, en fait, on est dans le rouge, ça serait cool de mettre quelques politiques pour nous orienter vers le vert. Et en fait, personne ne les écoute. Et comme le dit très bien Jean-Pascal Vanipurzil, qui est un expert belge, un scientifique belge, qui a travaillé pour le GIEC, donc vraiment un peu les experts reconnus au niveau international, qui analyse l'évolution du dérèglement climatique, ce qu'il dit, c'est qu'en rapport du GIEC, ça se met facilement dans un tiroir et ça s'oublie. des milliers de jeunes qui cruent dans la rue, ça, c'est pas possible. Et c'est ça qu'on a fait. Et donc, pour les experts, c'était merci. Et d'ailleurs, nous, ce qu'on disait, c'est qu'on n'est pas nécessairement... On n'est pas des experts, on n'est pas des scientifiques. On est légitimes parce qu'on est jeunes de s'inquiéter, parce que c'est notre future, mais c'est vous qui savez, entre guillemets. Donc, c'est eux qui avaient le message légitime de la science. Donc, c'était hyper important pour nous que ça soit avec les scientifiques parce que c'était leur message qu'on voulait mettre en avant.

  • Speaker #1

    Comment vous êtes accueillis aussi bien par, tu l'as dit, tes profs, tes parents, ta famille, tes proches, comment eux vivent le truc, ils te voient devenir d'une inconnue, presque une superstar médiatique, en quelques jours ?

  • Speaker #0

    C'était pas superstar, d'ailleurs ça a jamais vraiment été superstar, ça a plutôt été... En fait il y a eu un shift qui dépassait que, il n'y avait pas que le fait que j'étais présente dans les médias, il y a eu un shift pour mon milieu... personnel, privé, entre guillemets, où on ne savait pas que c'était aussi touché par les questions climatiques, et on ne savait pas que c'était aussi une urgence, et on ne savait pas qu'on pouvait mobiliser autant de personnes, et qu'en fait, maintenant, je me retrouvais dans... C'était plus que la présence climatique, c'était vraiment... Je me retrouve au centre d'une organisation de jeunes qui sont en mode on va organiser des grèves pour le climat et du coup, c'était vraiment... Ok, c'est sérieux, genre... C'est pas juste que... qu'elle est dans la presse, c'est qu'il y a... il y a Adélaïde, là, il y a un tournant. Et il n'y a pas qu'un tournant chez Adélaïde. Elle, c'est peut-être celle qui va le représenter aux yeux des Belges, mais en fait, c'est un tournant pour énormément de jeunes qui se passent à ce moment-là. Et donc, pour mon entourage, c'est... C'est en mode, OK. Du coup, je devrais leur en parler, parce que moi, il y avait tellement de choses qui se passaient dans ma vie que j'étais un peu aveugle aussi de tout ce qui se passait dans mon entourage. J'étais beaucoup moins là, du coup. L'exemple de rater l'anniversaire de ma mère. Et donc... Heureusement, j'ai des parents qui m'ont soutenue depuis jour 1, même les jours avant, parce que quand j'avais la boule dans le ventre de vouloir rater l'école, ils étaient en mode mais si ça a du sens Ce n'est pas la chance de beaucoup de jeunes qui ont le soutien de leurs parents de rater les cours, mais ce n'était pas rater les cours pour aller traîner sur mon sofa, regarder Netflix. Donc bref, le fait qu'ils aient un sens, ça les a motivés, ça les a surtout... Ça les a permis de me soutenir à ce moment-là, dans cette démarche-là. Aujourd'hui, ils me soutiennent encore. Je leur en remercie parce que je ne sais pas si j'aurais pu devenir l'activiste que je suis aujourd'hui sans eux. Et j'en remercie aussi mes amis qui ont été là, qui m'ont soutenu. J'ai remercié ma prof de français qui, au tout début, m'a permis de calculer si je n'allais pas rater trop de cours pour quand même avoir mon diplôme. Qui, à la fin, j'avais raté tellement de cours qu'en fait, je demandais à tous mes potes pour leur note. Puis je demandais un peu au professeur, désolé, j'ai raté. Est-ce que vous pouvez un peu m'aider ?

  • Speaker #1

    Il acceptait facilement ou pas ?

  • Speaker #0

    J'avais vraiment la chance d'avoir... Tout le monde n'était pas...

  • Speaker #1

    Dans les profs, il y avait un peu des réfractaires ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de tout. Il y en a beaucoup qui m'ont... Il y en a qui m'ont challengé aussi un peu de pouvoir comprendre pourquoi je faisais ça, pourquoi je ratais les cours. Et donc, j'avais un prof d'anglais qui me challengeait sur ça et qui, au début du cours, arrêtait pas de me poser des questions. OK, mais pourquoi tu fais ça ? Est-ce que l'urgence automatique, c'est vraiment vrai ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que j'ai eu le gêne de faire ça ?

  • Speaker #1

    C'est du méga-training presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais en mode, tant mieux. Parce que demain, je vais avoir les mêmes questions, donc ça m'arrange. Je préfère répondre ici devant mes potes que devant les journalistes.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas du tout mal pris. Tu te retrouves aussi énormément dans la presse. Comment ça se passe, les rapports avec les journalistes ? Comment ça s'installe ? Parce que des interviews de toi, on en trouve des centaines, je crois.

  • Speaker #0

    Au tout début, parce que je suis vraiment concentrée sur le début. C'est très bizarre. En fait, je ne connais pas tout ce monde. Je ne connaissais que le monde de mon école et du Vietnam. Et donc, le monde de la presse, je ne connaissais pas. Mais donc, on peut imaginer qu'à l'école, c'est interdit d'avoir son téléphone. C'était presque impossible pour moi de ne pas être sur mon téléphone. Alors, parfois, je passais durant les récrés, je pouvais sortir mon téléphone juste le temps dans l'appel pour dire ce qu'on peut s'appeler après 15h30.

  • Speaker #1

    On pourrait bien être journaliste.

  • Speaker #0

    Pour rappeler un journaliste, pour rappeler des experts, ou pour rappeler, je ne sais pas, peu importe tout ce qui se passait à ce moment-là, c'était pour rappeler parfois la police, oui, c'était juste pour prévenir qu'on aimerait bien en fait faire une grève jeudi matin. Est-ce que c'est possible de vous envoyer par mail ? Puis dire, ok, je vous envoie le mail, mais seulement après 15h30. Et donc, ouais, c'était un peu what the fuck, ça n'avait aucun sens à ce moment-là. Mais heureusement, il y avait la compréhension d'assez de professeurs pour que ça se passe bien. J'avais le soutien de mes potes, de mes amis. Et puis, j'étais pas seule. Je suis pas la seule à gérer tout ça. Il y avait tout le groupe flamand qui, ensuite, commence à s'élargir vers des francophones. Donc, je suis pas un peu soufflée aussi. Je suis pas celle qui gère tout. Il y a clairement... C'est un travail d'équipe.

  • Speaker #1

    Vous mettez en place une hiérarchie ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Il fait quoi ? Toi, tu étais un peu porte-parole au début, par défaut. Ça a pris d'un coup.

  • Speaker #0

    Ça a pris d'un coup. Et ça, c'est un peu la question qui fâche dans les mouvements. C'est la part de la traite. très difficile et qu'on essaye d'établir, mais qui est vraiment... C'est difficile. C'est-à-dire qu'on veut être... Déjà, c'est un mouvement qui s'est créé après en momentum. Pas un mouvement qui a créé en momentum. Donc tout ce qui se passe, on doit ensuite... C'est seulement dans les prochaines semaines qu'on se dit, OK, en fait, comment on s'organise ? Qui fait quoi ? Et du coup, on avait quelqu'un qui était plus responsable des questions de la police, quelqu'un qui était plus responsable des relations avec les politiciens, d'autres avec les experts. À ce moment-là, vu qu'à nous, on allait moins, on était plus dans la presse, c'était relation avec la presse et les médias. Mais évidemment, tout ça, on veut essayer que ça change, mais en même temps, le monde de la presse, ce n'est pas un monde qui aime changer de visage comme ça. Et donc, la question du visage, c'est encore aujourd'hui. C'est un grand débat et un questionnement au sein des mouvements. Est-ce qu'on personnalise ou pas en mouvement ? Ça, c'est la grande difficulté. Et on peut analyser, il y a des sociologues qui l'ont fait, les différences dans les mouvements en Europe, même dans le monde, mais en Europe, de certains mouvements qui avaient des visages et d'autres non. En Belgique, il y a eu Anouna et moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que parfois ça a été dur, insurmontable ? Trop.

  • Speaker #0

    L'activisme en général. Ouais, au début, ça a été. Même si je pouvais rentrer quand même en pleurs. La difficulté aussi du jour au lendemain, je deviens très, très, très proche d'un groupe que je connais en réalité pas trop. J'ai cette question d'être présente dans la presse, mais il faut dire ce que les jeunes veulent dire. Mais en même temps, on n'a pas été... élu au début, vu que ces jeunes sont sortis dans la rue, mais après, écoute les interviews que nous on donne. Donc ça, ça a amené beaucoup de tensions. Et j'ai très vite compris que gérer un mouvement, c'était très, très, très difficile. Donc c'était... Beaucoup de fois, j'étais... J'étais dans des moments très difficiles, en fait. Je sentais la tension et c'était pas facile à gérer. Et en même temps, heureusement, on est toujours plein. Et puis après, juste l'activisme, ça a toujours été très, très, très présent. Donc ça a souvent été trop. Mais après, il fallait gérer ça, gérer ces réactions. Là, c'est beaucoup d'émotions parce que je suis en train de parler à des experts qui sont vraiment en train de me décrire la réalité de la science qui fait peur. Et en fait, ça m'impressionne les experts qui travaillent sur ça quotidiennement, parce que je pense qu'humainement, pour ne pas être en dissonance cognitive, on ne peut pas prendre toutes les informations dans le mot. Et donc, de se driller à 18 ans d'abord, d'enchaîner les rendez-vous avec les experts pour bien comprendre, c'est aussi un coup émotionnel. Et encore aujourd'hui, il faut continuer à s'éduquer, je continue à avoir ces experts, et maintenant j'ai développé un peu des mécanismes de défense pour m'assurer de... de ne pas tomber en dépression et de ne pas être toujours triste. Mais d'ailleurs, j'expliquerai mon mécanisme de défense bizarre, mais c'est quelque chose que j'ai développé à travers les années. Ce qui a été trop, c'est qu'au final, du jour au lendemain, c'est devenu le centre de ma vie. Et depuis, quand on réalise que, un, il y a une urgence et que c'est vraiment la merde, que, deux, on peut avoir un impact en s'engageant collectivement, c'est une recette. où c'est impossible de vouloir rentrer dans le déni ou de plus vouloir s'activer, parce qu'on réalise qu'on a une recette ici qui fonctionne et qui peut vraiment permettre de changer des choses. Et c'est une recette que je pense énormément de personnes aimeraient toucher et avoir. Quand j'étais dans ce bol, je me dis, mais jamais de la vie, je me sens de là. Je continuerai toujours. Donc oui, à plein de moments, ça a été trop, et c'était intense, et j'ai raté ces 50 ans d'année. énormément de soirées, de moments importants. J'ai eu une jeunesse qui est hyper différente peut-être que d'autres, mais j'ai eu une jeunesse qui a eu tellement de sens et qui a tellement de sens aujourd'hui et qui m'a amenée tellement et j'ai eu la chance d'apprendre énormément et ça m'a fait grandir beaucoup. Donc pour rien au monde je change, mais oui ça a été des moments durs.

  • Speaker #1

    Tu recommencerais tout pareil ?

  • Speaker #0

    En réalité je recommencerais tout pareil. Parce que même quand on a fait des erreurs, par exemple dans des décisions au sein du mouvement, quand on a réalisé qu'en fait, je ne sais pas, on aurait dû créer une charte éthique dès le début, qu'on aurait dû s'éduquer beaucoup plus, pas seulement sur les questions climatiques, mais intersectionnelles, comment unir les luttes beaucoup plus rapidement, etc. C'est quelque chose que j'ai appris seulement après deux, trois, quatre, cinq ans, quand aujourd'hui je suis en plein éducation de tout ça. Donc toutes les erreurs qu'on a commises, Elles m'ont permis aujourd'hui de me dire, en fait je vais m'éduquer sur ces questions. En fait, quand j'ai fait ça, quand on a pris ces décisions avec le mouvement, c'est mal passé, donc tant mieux en fait. Enfin non, c'était pas drôle du tout à ce moment-là, c'était à coup de pleurs ou à coup de ruptures amicales, etc. Mais ça a été des moments où ça nous a fait grandir, ça a fait grandir le mouvement, ça m'a fait grandir personnellement. Et je pense que ces erreurs qu'on a commises, entre guillemets, par exemple, si je prends l'exemple d'une vision beaucoup plus intersectionnelle dans le mouvement qui est nécessaire, dans le mouvement climat, avoir eu quelques claques, ça nous permet peut-être enfin aujourd'hui de réaliser que le mouvement climat, il doit évoluer. Et j'espère qu'il y a eu le mouvement des jeunes pour le climat et qu'aujourd'hui, il est clairement en train d'évoluer. En tout cas, moi, je vais tout faire pour.

  • Speaker #1

    Tu voudrais qu'il évolue comment ?

  • Speaker #0

    Je pense que le mouvement climat... il doit évoluer pour s'assurer que dans notre message, on ne parle pas seulement de climat. C'est-à-dire que le climat, c'est une conséquence d'un système qui va mal, et les conséquences, elles sont multiples. C'est-à-dire que le climat, c'est une oppression des hommes avec un grand H vers la planète Terre, la Terre, les autres espèces sur Terre qu'on oublie trop souvent. crise multiple, on est en train de dépasser toutes les limites de la terre, mais il y a d'autres oppressions. Il y a l'oppression des hommes avec un petit H vers les femmes, les questions féministes, il y a l'oppression des blancs envers les noirs, et ça c'est la question raciale, et donc il y a tellement de luttes, en fait, qu'on peut retrouver où on va se dire mais en fait ce sont des conséquences. D'une manière qu'on a décidé de vivre, d'accepter une oppression envers une autre, elle devrait être refusée, condamnée. Pour toutes ces luttes, c'est la même condamnation. Et donc, il faut qu'on se retrouve. Parce que si demain, on est dans un monde neutre en carbone, mais qu'on est encore dans un monde où on doit lutter pour les droits des femmes, lutter pour les injustices raciales, etc., on a un problème. Et donc... Tout est lié. Et tant qu'on est en train de changer structurellement le monde, d'ailleurs, ce n'est pas possible d'atteindre, par exemple, la neutralité carbone en Belgique sans changer nos habitudes, sans changer de manière structurelle la manière dont on vit en Belgique. Ça a été prouvé par plusieurs rapports. Si on change tout jusqu'à la racine, la racine, elle va ramener la manière dont on a décidé de vivre. C'est-à-dire qu'on doit prendre en compte l'histoire qui nous a amenés ici. Et pour ça aussi, l'urgence climatique, pour donner un autre exemple, est ancrée dans les inégalités. On ne peut pas parler de climat sans parler de l'inégalité, vu que le climat, ceux qui contribuent le plus aux dérèglements climatiques, donc ceux qui polluent le plus, sont les personnes, souvent, ou les groupes de personnes qui ont le plus de capital économique. Ça a été prouvé par différents rapports, entre autres le rapport d'Oxfam. Tandis que ceux qui polluent le moins, entre guillemets, sont ceux qui ont plus de capital économique, mais surtout aussi qui subissent directement les conséquences climatiques. Donc c'est-à-dire qu'on est en train d'avoir… Une courbe d'injustice. Ou genre, en fait, par exemple, je ne sais pas, dites-moi si le Vietnam a été un pays majoritairement émetteur historiquement de CO2, beaucoup d'experts vous diront, non, c'est majoritairement les pays occidentaux, pendant la révolution industrielle. Aujourd'hui, la tendance se change, mais il ne faut pas oublier l'histoire. Parce que si on oblige l'histoire, on crée des tensions internationales déjà premièrement, mais aussi, c'est pas égal. Enfin bref, il y a beaucoup de choses dont on devrait parler sur tout ça, mais en gros, on a une responsabilité qui dépasse le fait qu'aujourd'hui, il y a trop de CO2 dans l'atmosphère. Le problème est beaucoup plus profond, et donc chez Star, et les mouvements climat le réalisent, c'est juste qu'on doit continuer à faire de mieux en mieux. Le média intimiste, mais pas indiscret.

  • Speaker #1

    Pour en revenir à tes actions, tout prend un volet international avec des figures majeures, dont tu as cité Anuna de Weaver, toi, Camille Etienne en France, Greta Thunberg, mondialement connue depuis sa Suède. Vous vous rencontrez. Comment ça se met en place ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a plein d'autres. Il y a Vanessa Nakate qui vient du Uganda. Il y a aussi Luisa qui vient de... D'Allemagne, il y en a plein, plein, plein, plein qu'on pourrait énumérer. On se rencontre. Au début, ça se faisait parce qu'on allait un peu dans les grèves, les grèves à Paris, les grèves à Berlin, les grèves en Suède, etc. Et puis maintenant, c'est juste que la coalition a été créée grâce, entre autres, aux réseaux sociaux, qui nous permettent d'être internationalement connectés. Et donc, on se rencontre aussi à des grands événements parce qu'on essaye d'être présents au COP. donc grande conférence annuelle sur le dérèglement climatique. On essaie d'être présents à des moments clés, mais c'est surtout qu'on se voit grâce aux réseaux sociaux et qu'on reste connectés pour avoir une stratégie qui est alignée.

  • Speaker #1

    Vous vous trouvez vite, vous tombez vite d'accord ?

  • Speaker #0

    Non. Non ? On est loin d'être toujours d'accord. Ce n'est pas toujours facile. On a été toujours beaucoup d'accord au début, mais quand je dis qu'il faut faire évoluer, par exemple, le mouvement... Le climat, ce n'est pas facile toujours de voir comment on fait ça mieux. Et donc aujourd'hui, non, il y a aussi des désaccords profonds entre, par exemple, ces figures-là, mais aussi dans les différents mouvements nationaux, parce que nos pays ont aussi différentes histoires. Donc plus on va profond dans la manière dont on doit amener ce changement structurel, plus c'est difficile de savoir que ça doit se faire différemment dans certains pays. Parfois avec différentes communications, donc on ne peut pas toujours coopérer avec ce qu'on va dire en France aujourd'hui, peut-être pas être dit au Bouganda aujourd'hui, c'est différent. Mais on est d'accord parfois aussi souvent que c'est différent. Mais c'est vraiment très fort parce que c'est avec elle, souvent, qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies, qu'on évolue bien, j'espère qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies et après qu'on puisse abonner. avoir une coordination internationale, ce qui est quand même assez rare pour des jeunes aujourd'hui, de déjà être en contact, plus qu'en contact, être en coordination de stratégie pour avoir un impact sur le monde politique et privé. Parfois, on attaque les mêmes compagnies privées au même moment, au même endroit, enfin pas au même endroit du coup, mais partout dans le monde, au même moment, avec le même message. Tout ça, c'est très fort et c'est un peu notre force.

  • Speaker #1

    On vient de citer le nom de différentes de tes codex. Je ne sais pas si on peut dire codex ou... ou consœurs, je ne sais pas quel terme vous avez dit. Autres militantes. Militantes. Il n'y a pas d'hommes.

  • Speaker #0

    Il y a des hommes aussi.

  • Speaker #1

    Mais ils sont moins connus. Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plein de raisons pour ça. Plein de raisons pour lesquelles ce sont surtout des figures féminines qui ont émergé de ce mouvement climat. On va commencer peut-être par la positive. L'hypothèse positive, c'est que peut-être que... Parce qu'il y a des hommes dans le mouvement. Il y en a. C'est peut-être que le monde a évolué et qu'il laisse aussi, enfin, la place à la femme de prendre le lead. Voilà. Ça, comme ça, c'est la positive qui est passée, mais tout le monde ne sera pas d'accord avec moi. Mais je me dis, ça n'a pas toujours dérangé les mecs, que ce soit nous qui prenons la parole, ce qui est hyper important et vraiment... Enfin, quoi. Et puis, d'autres raisons, c'est que politiquement, dans les sphères politiques, mais dans les sphères privées, là où les décisions sont prises, là où il y a beaucoup de pouvoir, ça, on peut le regarder dans les faits, il y a moins de femmes. Je pense qu'il y a aujourd'hui 9 femmes qui sont chefs d'État sur 139, 140 pays. Il y en a beaucoup plus, je ne sais pas. Il y en a combien ? Il y en a... honnêtement je ne sais pas c'est dans les 193 quelque chose reconnu par l'ONU mais il y en a un peu plus ceux qui ne sont pas reconnus bon on va dire 200 prendre ceux qui ne sont pas reconnus dans les 200 pays donc c'est enfin bref c'est rien du tout 9 femmes sur 193 200 donc on a vraiment un manque de représentation de femmes ou même de place pour la femme dans ses rôles importants que ce soit chef d'état ministre mais aussi CEO dans des boards etc parfois on est obligé d'imposer le quota pour qu'il y ait des femmes. Et donc, c'est une évidence. Et ce que certains sociologues ont remarqué, c'est que du coup, la femme va trouver un autre endroit pour pouvoir s'exprimer et trouver ce empowerment comme on dit en anglais, mais cet endroit où on peut avoir du pouvoir, pour pouvoir s'exprimer, tout simplement. Et donc, l'utilisation de la rue, l'utilisation des mouvements sociaux va être très, très importante parce que ça va être l'outil le plus accessible pour la femme. Et donc, en général, on va retrouver énormément de femmes dans les mouvements sociaux, dans les mouvements du climat, parce que c'est ces moyens d'action qui sont accessibles. Donc ça, c'est aussi pour moi quelque chose qui, je pense, est évident et qui ne m'étonnerait pas non plus. Il y a énormément d'autres explications, je pense, qui peuvent découler de ça. Mais pour moi, c'est ces deux-là qui sont un peu les clés et les raisons pour lesquelles je pense qu'on s'est retrouvées là.

  • Speaker #1

    On vient de dire que vous avez eu une médiatisation mondiale. Notamment, on a pu connu d'entre vous Greta Thunberg, mais vous êtes aussi, pour beaucoup, une cible. Comment on vit un truc pareil ? Parce qu'il y a des fois des attaques extrêmement virulentes contre vous. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui, et on vient de parler de l'action de la femme. Donc je vais commencer par là. Les attaques qu'il y a sur Greta ou d'autres figures. que ce soit dans le monde climatique ou de l'activisme en général, ce que j'ai remarqué, c'est que c'est majoritairement des attaques qui sont liées au physique de la personne que nous sommes et pas au contenu qu'on amène. Et donc, on a vraiment beaucoup d'attaques sur le fait qu'on est des femmes. Mais des attaques misogyniques, c'est incroyable que les gens osent dire ça. Peut-être parce qu'ils sont cachés derrière leur écran, parce que c'est rare. qu'on me les dit ça face à face, mais je pense jamais. Mais donc les attaques qui sont majoritairement présentes, ce sont des attaques comme rentrer à la cuisine, retourner à l'école, ça c'est aussi parce qu'on est jeune. Donc jeune femme, c'est vraiment pas top. On a quand même le privilège d'être blonde, donc c'est pour ça qu'on a pu épargner toutes les remarques racistes. Mais dès qu'on pouvait trouver quelque chose, c'était le fait que c'était ça. après moi j'étais ok mais parlons du fond oui jamais sur les faits ou sur les plans et là peut-être qu'on aurait pas pu avoir un débat mais donc il y a des attaques très présentes sur les réseaux sociaux j'ai un fichier sur mon téléphone ce que je garde tout parce que c'est continu de 2019 jusqu'à aujourd'hui où on pourrait dire il y a peut-être un peu moins de médias wow pardon il y a un peu moins de

  • Speaker #1

    Médiatisation.

  • Speaker #0

    Médiatisation, oui. On est quand même sur les réseaux sociaux, mais les réseaux sociaux, peu importe l'impact qu'on a, on va se faire attaquer. Au point où, en 2019, ça, au tout début, pour Anna et celles qui les entouraient, entre autres moi, il y a eu des attaques, des menaces de mort, et où on a dû commencer des dossiers. Donc, c'est très réel, les attaques qu'il y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui. Et c'est très triste. C'est très misogyne. Et j'en ai... Il y en a une qui me dérange beaucoup, mais je pense que je vais la dire juste parce que pour réaliser un peu le niveau de ce qu'on pourrait attendre, c'est juste que mon problème, c'est que... Je n'ai pas une grosse bite entre les jambes et que du coup, je ne suis pas relax. Il y a plein, plein, plein, plein d'attaques comme ça, complètement inacceptables et qui sont très dérangeantes. Et donc, ça, c'est la réalité des réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Mais avec tout ça, quand on reçoit ça toute sa journée, j'imagine que c'est assez fréquent ?

  • Speaker #0

    Dès qu'on poste, en fait.

  • Speaker #1

    Dès que tu postes, donc c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça va dépendre aussi des réseaux, parce qu'il y a des réseaux qui... qui ont une certaine...

  • Speaker #1

    Monétisation.

  • Speaker #0

    Oui. Ils ont des gens qui checkent. Enfin, pas des gens, mais il y a quand même un minimum de choses qui ne peuvent pas être faites. Une politique, quoi, de sécurité. Et il y en a qui n'en ont pas du tout pour ne pas les citer. Et c'est là qu'on ressent vraiment beaucoup plus d'attaques. Après, il y a des analyses à faire. Par exemple, je remarque qu'il y a quand même des gens qui reviennent constamment. Ils sont peut-être... addicts à moi et je sais pas, ils ont envie de rester là. Et il y en a, des nouveaux de temps en temps.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a jamais empêché de continuer ?

  • Speaker #0

    Non, non, pour rien au monde, parce que sinon, ils gagnent. Et ça, pour rien au monde, ils gagnent.

  • Speaker #1

    On a rien à ce qu'on disait au début, l'endurance, par rapport au sport, triathlon, tout ça, marche de fond.

  • Speaker #0

    Si on se casse la gueule, on s'enlève. Parce que, ou si quelqu'un veut nous tirer... Ou mentalement nous dire en fait t'es trop nulle, tu vas jamais finir la course. C'est un enjeu sportif, tu peux jamais écouter les gens qui sont sur le côté et qui te regardent performer. Tu leur demandes de courir et d'essayer de faire le triathlon, alors on verra si eux ils arrivent à persévérer. Et en fait c'est beaucoup dans le mental aussi, comme dans le sport. Mais c'est aussi parce qu'au-delà du sport qui est un dépassement souvent quand même personnel et individuel, ici on est dans un enjeu collectif. C'est-à-dire que ce n'est pas bon, est-ce que je ne peux continuer pas ? Non, c'est en fait, on a besoin de ça. Alors moi, personnellement, je peux me retirer un peu parce qu'il faut quand même que je reste zen et que je puisse me reposer quand il faut. C'est pour ça que je dis que c'est un relais, c'est une course relais. Parfois, je passe le bâton, je prends le temps de souffler. Parfois, j'ai envie de boire un peu autre chose. Et après, je reprends le bâton et je continue la course.

  • Speaker #1

    Tu fais quoi dans ces moments-là, des moments un peu plus de repos ?

  • Speaker #0

    Je passe beaucoup de temps avec ma famille. Mes amis, un peu déconnectés.

  • Speaker #1

    Tu as un noyau dur comme ça autour de toi.

  • Speaker #0

    Eux vont dire que je ne me déconnecte jamais, mais j'essaie vraiment. Et puis, des moments où on part, là où il n'y a pas de wifi, et on s'isole près de Pando ou dans la montagne ou à la mer, peu importe. Et ça, c'est hyper important. Et puis, il y a des moments aussi où j'ai donné le bâton, comme l'année dernière, où j'ai voulu me concentrer sur un master. et je savais qu'il allait me demander énormément de temps. Et donc là, j'ai un peu donné le relais. Et si maintenant, je reprends le bateau, ça ne veut pas dire que je ne cours pas, mais je cours un peu plus lentement.

  • Speaker #1

    Ton master que tu viens de faire, c'est dans le but... Tu as déjà un but très précis dans ton carrière ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais... Enfin, je ne prends pas mes décisions pour une carrière ou pour une vision long terme, même si je prends une vision long terme.

  • Speaker #1

    Pour le climat, mais pas pour toi. On fera distinction.

  • Speaker #0

    Mais personnellement, l'évolution s'est un peu faite. Je suis en réto quand je commence les grèves pour le climat, donc c'est logique que j'essaie de comprendre les institutions politiques. Au début, c'est vraiment que focus politique. Du coup, je veux vraiment comprendre qui j'attaque, qui je pointe du doigt. J'étais beaucoup entourée de scientifiques qui me disaient que les informations scientifiques, on les a. Donc, ça ne m'a pas poussée notamment à étudier de la science parce que je réalisais qu'en fait, on était en train de... passer un message de scientifique qui n'est même pas encore entendu. Donc, si c'est pour devenir un scientifique qui n'est pas écouté, ça sert à quoi ?

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    ce n'est pas pour dire qu'il y a un manque de science, elle est là. Mais j'avais besoin de comprendre ces institutions politiques pour me dire, OK, comment on continue ? Qui je prends de doigt ? À travers mon bachelier ici à Bruxelles en sciences politiques et sociales, à la VUB à UGent. J'ai continué mon activisme, c'était vraiment le centre de mon activité. Et basée à Bruxelles, un peu indirectement, on est devenu un peu la base du mouvement pour l'Europe à Bruxelles, vu les institutions. Et donc, je commence à avoir de plus en plus de responsabilités au niveau des campagnes européennes. Et là, je suis encore en mode, ok, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Et donc, à la fin de mon bachelier, c'est très logique pour moi de me dire, il faut vraiment... que je comprenne les institutions européennes, ce monde-là. Si je veux rester basée à Bruxelles, il faut que je comprenne tout. Et donc, maintenant, j'ai fait mes études, mon master en politique de l'Union européenne.

  • Speaker #1

    Tu voudrais les intégrer, les institutions européennes ou onusiennes ou autres ?

  • Speaker #0

    Du coup, je n'ai vraiment pas fait ça pour les intégrer. Alors, une fois qu'on les étudie, on a un mode. Et que tous mes potes de mon master rentrent dans ces institutions, c'est impressionnant. C'est un peu les grands... Mais franchement, pas.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme d'édit, on peut dire, je crois. C'est le Collège de Bruges, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    Le Collège de l'Europe à Bruges, c'est clairement l'idée d'aller chercher ceux qui vont créer d'abord une bulle pour rentrer dans la bulle européenne. Et donc, c'est assez ironique parce que le monde de la bulle européenne veut absolument casser la bulle européenne, mais il y a une école qui est là pour s'assurer que les gens aillent dans cette bulle. Mais il faut quand même dire que l'école existait avant que l'Union européenne existe. C'était les futurs penseurs de l'Europe qui se réunissaient à Bruges. Bref, ça c'est l'histoire de Bruges. J'ai pas très d'interessants, mais si c'est intéressant, bref. Mais ça reste très élitiste. Néanmoins, ça a été une force pour moi de vraiment me dire Ok, c'est comme ça que ça se passe. Et aujourd'hui, je peux vraiment comprendre tout le système de l'Union européenne. Je peux jouer sur cette carte du collège pour assurer que la voix des jeunes qui sont engagés à travers l'Europe soit entendue ici dans les institutions, soit entendue à Bruxelles. Et donc maintenant, c'est un mot de pied. Comment est-ce qu'on coordonne tout ça ? C'est un peu la prochaine étape.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais jouer un rôle politique, en dehors du fait que ton action est déjà politique, mais si demain on te propose un mandat, par exemple ? Bon, politique-fiction. On te propose premier ministre.

  • Speaker #0

    Premier ministre ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu acceptes ?

  • Speaker #0

    Alors là, je n'ai pas les compétences de premier ministre aujourd'hui. Je suis beaucoup trop jeune et je pense que ce n'est pas un rôle facile du tout. Donc, je n'accepterai pas aujourd'hui. Et je n'accepte pas aujourd'hui, du coup, en fait, de rôle au sein de cette politique qui est... Parce que je fais de la politique. qui est plutôt dans la démarche démocratique vers les institutions telles que le Parlement ou devenir ministre et autres.

  • Speaker #1

    Tu préfères une politique, on peut dire, d'influence par rapport à une politique exécutive.

  • Speaker #0

    Exactement, mais je vais aller en plein nuance dans ça. La raison pour laquelle j'ai cette position aujourd'hui, c'est parce qu'à travers mon activisme, j'ai réalisé qu'on est constamment exclu. en tant que jeunes alors qu'on n'a jamais été aussi actifs. En tout cas, une partie de ma génération, parce que c'est impossible de généraliser ça à toute ma génération, mais une partie de ma génération n'a jamais été aussi active dans l'envie de participer, dans l'envie d'être présente, d'être autour de la table, de parler et ensuite même de pouvoir décider. C'est quelque chose qui est hyper important pour les jeunes aujourd'hui, surtout sur les questions climatiques. Il faut se battre, littéralement, pour avoir accès à une demi-chaise entre deux personnes pour parfois lever la main et peut-être avoir la parole. Donc c'est très, très compliqué, en fait. Alors qu'on est hyper actifs, genre. Donc je me dis, il y a un problème d'inclusion de certaines communautés. Et je veux dire, je ne suis pas la première à le découvrir, évidemment. Tous les sociologues et politologues l'avaient déjà vu. Mais là, je l'ai vraiment vécu. Et donc, ce n'est pas possible pour moi de me dire, OK, je suis ministre, je vais résoudre le problème. Non. Déjà, on ne peut pas le résoudre seul. Donc, ce ne serait pas possible pour moi de venir et je vais résoudre le problème climatique en devenant ministre du climat. Il y a un problème beaucoup plus profond. Déjà, le climat, c'est beaucoup plus profond, mais il y a un problème beaucoup plus profond de démocratie en Belgique et même en Europe, où on doit pouvoir beaucoup plus inclure le citoyen. Quand il a une énergie folle, c'est quand même fou de l'exclure. Alors que quand on est dans le monde de la politique, je l'entends très bien, on est en mode, comment on s'assure d'écouter les citoyens ? Mais ils sont là, ils crient. Mais évidemment qu'après cinq ans, ils sont fatigués de s'organiser pour se mobiliser sous la pluie, à huit heures du matin, de rater le boulot, de voir, je ne sais pas, rater les cours. Enfin, ça demande beaucoup d'énergie. Et il y a énormément de personnes qui le font. Donc, pour moi, il y a un problème plus profond où je me dis, pour le moment, mon rôle est à l'extérieur de ces institutions parce que, ces institutions politiques, en tout cas, il y aura toujours un pied pour moi. hyper important dans l'organisation externe pour se dire comment on s'assure qu'on puisse être beaucoup plus inclus et qu'on inclut ceux qui ont l'énergie. Et donc, pour ça, je suis très intéressée par la démocratie beaucoup plus délibérative, la démocratie participative, qui, je suis persuadée... est la démocratie de demain qu'on doit établir aujourd'hui. Parce que pour moi, c'est juste essentiel pour résoudre énormément d'autres problèmes qui dépassent les questions climatiques. Et tant qu'on est dans un changement de système, ça doit passer aussi par là.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas une forme de lutte d'épuisement ?

  • Speaker #0

    Une lutte d'épuisement ?

  • Speaker #1

    Oui, de la part des gens qui sont en face de toi, de dire on ne va pas trop bouger, on va attendre que ça passe. Ce n'est pas un peu l'idée ? Comme tu le ressens ?

  • Speaker #0

    Pour ceux qui entendent le message qu'on essaie de faire passer ?

  • Speaker #1

    Ou qui devraient l'entendre.

  • Speaker #0

    Ah oui ! Alors, je pense qu'on est entendus parce que c'est pas possible vraiment de... Alors, il faut vraiment se boucher les oreilles. Mais on n'est pas toujours écoutés attentivement. Une écoute active aussi, et une écoute qui ensuite passe de l'écoute à l'action, de l'inclusion. C'est vraiment des dabs qui demandent beaucoup de courage, apparemment, politiques. Et donc, non, on... C'est vrai qu'au tout début, il y avait un peu l'impossibilité de ne pas inclure les jeunes. Ce n'était pas possible à ce moment-là de ne pas sortir dans la presse et dire Le climat, c'est notre priorité Et comme aujourd'hui, on n'est pas 40 milliards devant leur porte comme ça, enfin plutôt comme ça, ils ne suivent pas, ce n'est plus leur priorité. Et donc, c'est hyper frustrant de se dire que si on n'est pas les pancartes à la main, Déjà, la première chose qui est entendue, c'est que si on n'est pas les pancartes à la main, on n'est pas engagé, on n'est plus présent, c'est plus notre priorité à nous en tant que citoyens, ça ne nous touche plus trop. C'est fou, c'est un narratif ça. Parce qu'énormément d'entre nous sommes engagés, on a trouvé d'autres moyens d'accent qui sont encore plus critiqués aujourd'hui. Et en plus de ça, ce n'est pas la priorité politique parce qu'il y a un bon aveuglement du fait que c'est aussi une... une priorité publique. Donc, oui, ça nous a, ils nous ont bien fatigués et ils ont un peu réussi, mais vraiment en persévérance depuis le début.

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu, on a l'impression en voyant ça de l'extérieur, il y a eu vraiment une espèce de climax, un moment très, très fort avant la pandémie, enfin, les pandémies de Covid où vraiment, c'était extrêmement visible avec les figures dont on a parlé précédemment et on a l'impression que Sans jugement, ça s'essouffle un petit peu. Alors, est-ce que c'est parce que vous avez grandi en termes des études ou en termes d'une vie active, ou il y a vraiment un essoufflement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est vraiment une autre explication. Enfin,

  • Speaker #1

    je vois vraiment que... Que d'avoir, Anne.

  • Speaker #0

    Et c'est normal que... En fait, ce qui s'est essoufflé, c'est le moyen d'action de la grève.

  • Speaker #1

    Ce qui est visible.

  • Speaker #0

    Ce qui est la visibilité massive présente dans les rues de Bruxelles. C'est hyper spécifique, en vrai, comme moyen d'action. Et à travers l'activisme ou l'engagement, tout ça s'est démultiplié. à travers d'autres choses. Il y a énormément de jeunes qui sont en mode, OK, j'ai marché pendant un an et demi, j'ai raté tellement de cours, j'ai donné ma vie, maintenant je vais continuer à donner ma vie pour cet engagement, mais différemment. J'ai dû trouver un truc qui soit plus direct, donc les mains dans la terre, littéralement, ou les mains dans un projet concret où je vois l'impact de demain, ou quelque chose de complètement différent, beaucoup plus large encore, quelque chose de peut-être plus artistique. En fait, ce qui s'est passé, c'est que les jeunes sont engagés. Et ils ont trouvé leur talent à mettre un peu à travers leur engagement, afin que ça soit durable. Parce que, évidemment, faire la grève sous la pluie, ce n'est pas durable. Et il n'y a aucun mouvement qui a tenu 15 ans en faisant la grève sous la pluie. Mais ils se transforment, et les mouvements, leurs moyens d'action se transforment. Ça ne veut pas dire que l'engagement a disparu. Et ça se reflète quand on voit que les jeunes aujourd'hui, par exemple, refusent de... De plus en plus de jeunes refusent de travailler pour des grosses boîtes qui contribuent au dérèglement climatique. On voit de plus en plus de jeunes qui ont besoin d'être dans un concret et pas dans un projet un peu luphoque, on ne comprend pas trop ce que les gens font, ils ont besoin d'être littéralement dans un concret. Donc ça se traduit à travers ça, il y a énormément d'initiatives. Et puis il faut le dire, il y a eu la claque du Covid, et du coup l'aspect média c'est ce qui nous a fait grandir aussi. Et donc quand on n'a plus les médias pour nous faire grandir... visiblement, parce qu'on était en train de grandir. Et pendant le Covid, c'est le moment où on a eu le plus de recrutements.

  • Speaker #1

    C'était énorme.

  • Speaker #0

    Parce que c'était en mode Ah shit, what do I do with my life ? Comme on a beaucoup eu aussi, à ce moment-là, on a eu cette quête de sens générale. Donc, il y a eu beaucoup de jeunes qui ont fait ça aussi et donc qui l'ont retrouvé à travers le mouvement. Mais par contre, les médias étaient très focus sur le Covid. Seulement focus sur le Covid. Après, seulement focus sur la guerre en Ukraine. Après, seulement focus sur les problèmes de l'énergie. Et ça s'accumule et ça s'accumule et ça s'accumule. Et donc, il y a... Je pense que ce qui manque peut-être dans le côté médiatique, c'est de pouvoir traiter plusieurs urgences et crises en même temps, ce qui est évidemment un travail très difficile, mais dans un monde où on est vraiment dans un stade de multi-crises, ça ne va que s'accumuler. L'urgence climatique n'est pas une crise parce qu'elle ne pourra pas se résoudre, il n'y aura pas un avant et un après pour revenir à une norme, comme on l'a eu un peu avec le Covid. Donc ce n'est pas une crise, c'est vraiment une urgence dans le changement structurel. il faut pouvoir constamment la traiter même quand on fait face à des multiples crises parce que là jusque dans les toutes ces prochaines années je pense que toute ma vie on fera face à toutes ces crises donc c'est un vrai travail très difficile médiatique il y a les réseaux sociaux qui peuvent peut-être aider ou ne pas aider est-ce

  • Speaker #1

    que tu vas voir de temps en temps maintenant des plus jeunes ceux qui ont 15 ans est-ce que tu fais une forme de mentorat,

  • Speaker #0

    de relève il y a beaucoup de moments où je vais dans les écoles... Je dis jeunes, mais on est plusieurs à le faire aussi. Et on parle à des plus jeunes. Et le mouvement Youth for Climate, lui, évolue, que je suis en train de quitter. Parce que pour moi, c'est la prochaine étape. Maintenant, j'ai ma fille et mes études. Donc, ça doit rester un mouvement des jeunes, universitaire et secondaire. Mais oui, j'en rencontre. Je ne suis pas encore créée de formation, mais par contre, c'est une bonne idée.

  • Speaker #1

    Si on peut aider.

  • Speaker #0

    Go, créez une formation. Si quelqu'un veut financer la formation...

  • Speaker #1

    Vous y serez dans la vidéo, promis.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    À pieds d'un.

  • Speaker #0

    Un petit teaser.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui pourrait te faire arrêter ? Est-ce qu'il y aurait la goutte qui fait déborder le vase ? Est-ce qu'il y aurait quelque chose ? Est-ce que cette goutte existe ? Ou pourrait exister ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que cette goutte existe. Je ne pourrais pas arrêter parce qu'il y a eu énormément de choses qui se sont passées ces dernières années, surtout de rencontres qui ont fait que ça m'a touchée dans les tripes. Ce n'est plus une question de calcul, de rapport, de chiffres que j'ai en tête. Du coup, j'ai un peu peur. Non, c'est quelque chose qui m'a vraiment touchée dans les tripes, des histoires qui m'ont touchée personnellement, des rencontres aujourd'hui qui sont devenues des amitiés et que je ne pourrais jamais lâcher l'action. Mais par contre, ce qui peut changer et ce qui change déjà maintenant, c'est la manière dont je prends l'action. La manière dont je décide de faire action, le message que je vais mettre en avant, ma vision du monde de demain, tout ça, ça peut évoluer. Mais être dans cette idée qu'on va devoir changer, qu'on est en train d'établir ça, que je vais faire partie, j'espère, et que je fais partie d'une manière ou d'une autre à essayer de faire changer les choses dans mon entourage, et au-delà, ça, ça ne changera jamais. Mon engagement ne changera. Mon engagement ne disparaîtra pas. Il sera toujours là. Il pourra, par contre, changer. Et je pense qu'il va évoluer constamment. Mais il n'y aura rien au monde, rien, qui me fera arrêter d'être engagée.

  • Speaker #1

    C'est ton ADN.

  • Speaker #0

    Ça a touché mon ADN, mon nom.

  • Speaker #1

    Ça l'a modifié ? Ça l'a fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Ça l'a beaucoup fait évoluer. Ça l'a complètement modifié. L'ADN d'Adelaide Charlie d'avant, c'était une ADN très capitaliste. J'avais envie de travailler pour Google. une grosse boîte, j'avais envie d'avoir une grosse 4x4, j'avais envie d'habiter à New York, j'avais envie de voyager le monde entier en avion. Il y a même eu un moment où je voulais être pilote. Enfin, je veux dire, j'ai eu des envies, des rêves qui sont très différents de mes rêves d'aujourd'hui. Et c'est des rêves qui sont un peu évidents, enfin, qui sont un peu logiques pour une jeune fille qui grandit dans le monde dans lequel on est aujourd'hui, les publicités qui m'entouraient, les rêves que je vois dans tous les films américains que j'ai regardés. J'avais envie de vivre ça, en fait, comme toutes les histoires qu'on me racontait. Et heureusement, aujourd'hui, il y a énormément d'artistes qui me font découvrir d'autres histoires et donc d'autres rêves. J'ai complètement changé de rêve. Donc oui, ça a touché mon ADN.

  • Speaker #1

    Mais c'est quoi ton message pour ceux qui rêvent encore de ça ? Comment peut-être les convertir d'une façon ou d'une autre ?

  • Speaker #0

    Merde, le monde du dark !

  • Speaker #1

    Parce qu'ils sont encore nombreux et nombreuses à rêver de ça.

  • Speaker #0

    Mais oui, et c'est normal déjà. Il ne faut pas se sentir coupable de remettre ça. Et c'est comme se sentir coupable de prendre l'avion et de faire des actions comme ça, qui sont néfastes pour l'urgence climatique. Tout ce qu'on fait en impact, c'est différent. Mais ce que je peux dire, c'est que je ne vais jamais dire à un individu ou à quelqu'un qui regarde ça, écoute, tu devrais vraiment arrêter de manger de la viande et prendre l'avion et renseigne-toi en lisant le rapport du GIEC. En vrai, ça devrait le faire. Mais c'est quelque chose de tellement beaucoup plus large que toi individuellement, que j'ai envie de dire, la première chose que tu peux faire, c'est de rejoindre des collectifs qui ont pensé à ça, qui pensent à ça, et qui sont toujours prêts d'accueillir des gens pour la réflexion. Et il n'y a pas de jugement à avoir sur soi, il n'y a pas de jugement à avoir sur les autres. Surtout, il faut arrêter de se juger, sinon on ne va vraiment jamais y arriver. Il ne faut pas se tirer dans les pattes. Chacun va prendre son temps d'évoluer individuellement, mais par contre, chacun a la responsabilité d'essayer quand même d'évoluer. Donc, ça veut dire qu'on a chacun une responsabilité quand même de s'éduquer sur la réalité du monde qui nous entoure. Parce que si on veut vivre en collectivité, il faut qu'on comprenne ce qui se passe à l'extérieur de chez nous. On ne peut pas rester chez nous. D'ailleurs, personne ne peut vivre seule aujourd'hui, c'est très rare, des gens qui vivent seuls, autonomes. Donc, vu qu'on dépend des autres, il faut qu'on s'éduque, il faut qu'on se renseigne sur ce qui se passe à l'extérieur, quel est l'impact quand je décide de prendre cette barquette-là ou cette barquette-là, c'est quoi la différence ? En fait, quand j'achète ce t-shirt ou un autre, est-ce qu'il y a une différence ? Et ça ne veut pas dire que du jour au lendemain, vous allez réussir à tout changer. Moi, ça me prend du temps de m'éduquer sur comment je dois agir. Mais surtout, on va se dire, se renseigner, c'est tellement plus important. Et rejoindre un collectif, c'est tellement plus important. Parce que c'est un projet qu'on est en train de mettre en place là, qui nous dépasse complètement individuellement. Ça dépasse ce que tu décides de faire, comment tu décides d'aller au travail. Ça dépasse comment tu décides de manger ce soir et dans quelle maison tu habites.

  • Speaker #1

    C'est partout, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus gros que ça. C'est un projet beaucoup plus profond, mais un projet qu'on est en train de mettre en place qui va nécessiter qu'un jour, par contre, tu ne pourras plus ou tu auras pris le temps de te renseigner qu'en fait, cette barquette-là, tu ne vas plus la prendre. Ça devrait être illégal parce qu'elle a un impact non seulement sur le climat, mais sur peut-être certains fermiers, sur des communautés autochtones, mais auxquelles on n'entend jamais parler parce qu'on n'arrive jamais à... Ça ne dépasse jamais, soit même leurs médias locaux ou juste leur manière de communiquer de leur côté. Enfin bref, du coup, ce qui est important, c'est que je me dis, il faut oser par contre rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves. Et ça ?

  • Speaker #1

    Ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Ouais, parce qu'en réalité, c'est facile en tant que jeune fille privilégiée qui peut, je pourrais très bien ignorer la réalité du monde. Je peux vivre dans mon bunker, dans un... à New York, dans une grosse boîte pour travailler pour une grosse boîte, acheter la plus grosse voiture. Enfin, j'ai pas l'argent aujourd'hui, mais si je voulais, on me le ferait en gros tas. Mais ça serait ignorer le monde. Et plus que ça, ça serait contribuer à un désastre et c'est inacceptable. Ça devrait être illégal. Du coup, c'est normal qu'au début, il faut renoncer à ça. Et c'est dur par contre. Parce qu'on renonce à un rêve parfois sans savoir c'est quoi notre autre rêve. D'ailleurs aujourd'hui, je n'ai jamais été aussi perdue dans la vie, genre de savoir, OK, complètement, je rêve de faire quoi quotidiennement ? Ouais, je veux avoir de l'impact, ouais, je veux m'engager, mais quotidiennement, à quoi ça ressemble ?

  • Speaker #1

    Mais justement, c'est quoi une journée d'ADHR ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas une journée type. Il y a plein de journées très, très différentes parce qu'en fait, je décide de prendre l'action sur... tellement d'angles très différents. Il y a des moments où ça va être des moments de plus de renseignements, où je vais passer des journées avec des scientifiques, ou quelques heures par-ci, par-là, pour essayer de mieux comprendre quelque chose. Je vais passer des heures à lire des rapports. Il y a beaucoup de temps de documentation qui est essentiel pour constamment être au point de ce qui se passe dans la réalité du monde, qui est tellement grande. Il y a l'éducation qui dépasse sur les questions climatiques. Je l'adhérais énormément sur les autres luttes. Et ce n'est pas seulement à travers la lecture, c'est à travers les rencontres aussi. Donc la plupart du temps, je suis avec des gens. Ça, c'est des réunions avec d'autres mouvements, des réunions avec des experts, des réunions politiques ou alors des réunions à travers l'Europe, des réunions avec d'autres ONG aussi, parce qu'on veut savoir comment on peut coopérer ensemble. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'organisations. peu d'impact. Enfin, pas d'impact, l'impact est énorme, je pense, mais à l'extérieur, la visibilité qu'il y a est comme ça aujourd'hui. Mais on travaille plein d'ayées sur se dire, OK, si on veut lancer une campagne, qu'est-ce qui serait important, par exemple, aujourd'hui ? La plupart de mes journées ressemblent à réfléchir avec d'autres à c'est quoi comment on a un impact maintenant sur les institutions et tout le monde politique qui est en train de se créer, comment on s'assure que le climat reste à l'actualité, concrètement, c'est quoi les priorités. En sachant que ces prochaines années, on ne va parler que de défense et d'énergie. Est-ce qu'on sera en fait présent ? Comment est-ce qu'on est présent ? Donc il y a tout un moment de stratégie. Mais j'en ai l'impression d'avoir rencontré des gens aussi pour trouver des fonds pour pouvoir payer notre travail. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais j'espère un jour ça sera un de mes rêves. Un rêve que j'ai développé à travers l'activisme.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à l'argent ?

  • Speaker #0

    Mon rapport à l'argent ? Oui. Aujourd'hui ? Oui. Mon rapport à l'argent, c'est que je n'ai pas de job pour le moment. C'est de l'activisme. Et grâce à mon Lice Bell que j'ai créé, on peut se financer deux jours semaine avec une de mes collègues amies. Et mon rêve serait de pouvoir payer toute une équipe, qu'on puisse être hyper actifs. Le fait qu'on ait déjà eu tellement d'impact sans être payés, je me dis, mais le jour où on est payés, et ce n'est pas parce que j'ai besoin, c'est tous en dehors du profit, je trouve ça, pour rien au monde, je travaillerais un jour. pour quelque chose qui a comme but seulement de gagner du profit, vraiment ça je m'en fous, mais par contre avoir du sens et d'impact, si je peux payer mon loyer et ma nourriture grâce à ça, le rêve, le rêve. En attendant, j'ai la chance d'être une jeune fille privilégiée comme d'autres en Belgique, où à travers nos études, nos parents nous aident à payer notre cote et payer notre bouffe, parfois avec quand même un job d'étudiant, mais moi mon job d'étudiant, c'était l'activisme. Et donc, de temps en temps, j'avais un peu d'aide grâce à du crowdfunding pour pouvoir payer certains trains, etc. Ou alors, un peu de babysitting par là. Bref, ou alors de temps en temps, une conférence qui paye un peu.

  • Speaker #1

    C'est de la débrouille, en fait.

  • Speaker #0

    Ah ouais, je suis constamment en mode... Mais tant que je peux vivre, c'est plus important. Le média Game Changer, multiples thématiques.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y aurait un sacrifice ultime que tu serais prête à faire ?

  • Speaker #0

    Quoi ? Si il y a un sacrifice ultime que je serais prête à faire ? Oui.

  • Speaker #1

    Tu peux le choisir.

  • Speaker #0

    Mais genre un sacrifice... Je donnerais quoi ? J'ai déjà tout donné. Non, je n'ai pas tout dit, mais il y a le sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vais sortir la définition du sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose dont tu te prives. On peut prendre cette définition.

  • Speaker #0

    Que je devrais me priver.

  • Speaker #1

    Que tu devrais, que tu n'as pas encore fait.

  • Speaker #0

    Beaucoup de privilèges auxquels j'ai encore. À travers mon éducation sur la lutte qui est nécessaire, qui doit être beaucoup plus intersectionnelle, je réalise de plus en plus de privilèges que j'ai.

  • Speaker #1

    De par ton milieu social, tu veux dire. De par mon milieu social,

  • Speaker #0

    que j'ai eu grâce au milieu où je suis née. Et donc, tout ça, il faut pouvoir d'abord questionner, on se renseigne, puis se questionner, et puis il faut les lâcher pour vivre dans une société un peu plus égale. Et donc, ça, c'est un truc que je devrais lâcher. Mais pour être honnête, comme je suis encore en plein moment d'éducation, sur ces questions-là, je dois encore savoir concrètement. Comment on fait ? Et pourquoi ? Et comment ? Enfin bref, ça c'est un sacrifice que je dois faire, mais je ne sais pas si le mot sacrifice est le bon terme. Je n'aime pas trop ce mot en fait, parce qu'il y a aussi beaucoup de gens qui étaient en mode Vous avez sacrifié votre jeunesse à travers votre activisme ? J'étais en mode What ? Ma jeunesse a été enrichie quoi. Et donc je pense que ce qui peut être vu par l'extérieur peut-être comme des sacrifices, c'est pour moi un enrichissement énorme. Sacrifier de ne pas manger chez McDo avec mes potes et je les attends devant parce que je refuse de rentrer dans le McDo, c'est pas un sacré, je suis hyper fière. Je les regarde manger leurs trucs, je suis en mode... On le fout, genre, mangez vos trucs, je vais ailleurs. Et ça s'est beaucoup passé ces derniers temps avec mes potes parce que j'ai pas que des potes activistes. Et voilà. Et c'est ma manière d'être cohérente avec moi et je me sens hyper bien et... Enfin, c'est pour donner un exemple comme ça, mais des sacrifices de... De, non, je ne vais pas... Enfin, cet été, j'aurais beaucoup aimé aller voir une de mes meilleures amies qui a eu son diplôme à UCLA aux États-Unis. Mais non, je ne vais pas la voir. Enfin, je ne vais pas prendre l'avion pour lui taper la gueule.

  • Speaker #1

    Elle a déjà été en bateau une fois.

  • Speaker #0

    Elle a été en bateau une fois, oui. Peut-être que j'irai une deuxième fois, j'espère. Teaser.

  • Speaker #1

    Peut-être. Épisode 2.

  • Speaker #0

    Épisode 2, oui. J'aimerais beaucoup en ce cas.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes amis, tu viens de dire que tu n'avais pas que des amis activistes ou sensibles à la cause. Comment ça se passe ? C'est tendu parfois ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai beaucoup d'amis. On se respecte énormément, donc ce n'est pas tendu. Et puis parfois, souvent, c'est un sujet qui ne vient pas. et que je décide de ne pas mettre parce que j'ai beaucoup d'amis d'avant le moment où j'ai eu tout le rendement dans ma vie. Et en fait, elles sont tellement importantes pour moi, ces amitiés, que pour rien au monde, je veux les détruire ou les impacter. Mais néanmoins, je sais très bien qu'avec ma vie du quotidien, indirectement, il y a un impact sur mes amis. Moi, je fais ce qui a du sens pour moi et peut-être que ça aura du sens. vous aussi un jour, de vous laisser sur ça. Et puis, j'ai plein d'amis qui, du coup, me posent plein de questions. Et puis, j'ai quand même des amis qui me confondent un peu avec des trucs. Mais ces amitiés sont hyper importantes. C'est aussi parce que j'apprends aussi beaucoup de mes amis. Je veux dire, j'ai de loin la vérité absolue et de loin, parfois, en restant trop dans mes documents, en restant trop dans le monde politique, je vous gagne la réalité du terrain, entre guillemets, si on peut le dire comme ça. Mais du coup, ces amitiés, elles sont... aussi hyper importante pour moi, mais aussi parce que pour rien au monde, je lâcherai ses amis, que j'aime énormément.

  • Speaker #1

    On se rappelle, tu as eu un documentaire qui t'a été consacré à 52 minutes nommé La Meuf du Climat. Et dedans, à un moment, tu apprends une décision, je ne sais plus exactement au contexte, mais comme quoi une partie, je crois, de l'Alaska va être sacrifiée. On peut dire sacrifiée. Justement, par mon sacrifice, ça revient.

  • Speaker #0

    Un sacrifice que je ne ferai pas, moi.

  • Speaker #1

    Et vient d'être légué à des compagnies pétrolières ou quelque chose, dans cette vannage, je n'ai plus d'informations exactes, et tu en es émue aux larmes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu souffres d'éco-anxiété ?

  • Speaker #0

    Alors, à ce moment-là, c'était les 5 derniers pourcents d'Alaska qui étaient donnés à la campagne pétrolière, alors qu'ils avaient déjà eu les 95 autres pourcents. Et pour moi, c'était en fait un moment où je me dis mais en fait...

  • Speaker #1

    Tu craques.

  • Speaker #0

    En fait, on n'y arrivera jamais. Si 95% on a déjà tout donné aux compagnies pétrolières et qu'on leur donne les 5 derniers pauvres pourcents là qui nous ont permis de garder peut-être quelques espèces sur Terre. Ouais, j'ai craqué et je craque beaucoup. Et je ne pense pas que je souffre d'éco-anxiété parce que l'éco-anxiété est... je pense qu'on pourrait dire maladie, mais une souffrance qu'on a intérieurement, surtout quand on vit des moments durs comme ceux-là, la réalité scientifique, et qu'il y a un écart énorme qui est créé avec la réalité du monde politique où en fait il n'y a pas de réaction. Et donc l'écart entre la science, l'urgence et l'action est tellement énorme qu'on tombe dans une éco-anxiété. Et grâce au moment où, quand je me suis... J'ai commencé à me renseigner sur les questions climatiques, j'ai directement commencé à m'engager et aujourd'hui, comme je vous ai dit, pour rien au monde, j'arrête l'engagement, mais aussi parce que le jour où j'arrête, je tombe dans l'éco-anxiété. Parce que le jour où on continue à se renseigner mais qu'on n'est pas dans une action, c'est hyper logique, parce que c'est hyper anxiogène, c'est triste aussi cette réalité. Elle est horrible. Et donc si on reste dans cette réalité-là, ben ouais, je pleure. Et comme beaucoup de gens, je pense que c'est humain. C'est très bizarre de ne pas pleurer, je pense. C'est très bizarre de ne pas pleurer quand on réalise qu'on est dans la sixième extinction de Naas, qu'on est en train de voir des gens littéralement là au moment où on parle, où les gens voient cette vidéo, qui sont en train de souffrir ou de mourir. Qu'en attendant, on rentre, je ne sais pas, dans des moments où je suis dans des réunions politiques où on rigole presque. Tout pour peut-être un peu créer de la distance entre cette réalité de l'urgence et la nôtre, parce que l'écouter sérieusement, ça nous ferait peur, et ça nous ferait peut-être sentir mal, bizarre. Et donc pour moi, dans l'étape de l'engagement, il y a d'abord l'étape de la tristesse, ou en tout cas du ressenti. Pas besoin d'être triste, mais il y a besoin que ça nous touche. Parce que si ça ne touche pas, on n'est pas humain, on est robot, évidemment que ça va nous toucher. Donc il y a des moments de tristesse, comme il y avait dans le documentaire, où je pleure, et ils sont très présents, et c'est normal. Mais pour en sortir, une fois que je sens que ça m'a touché les tripes et que ça m'a vraiment un peu détruit pendant au moins, on va dire, une soirée ou max deux jours, il faut que je fasse un truc. Et je suis en mode, OK, c'est la merde, mais c'est pas grave. Genre, qu'est-ce que je peux faire ? Je suis pas seule. En vrai, c'est la merde pour tout le monde. Genre, la question de l'urgence climatique, c'est autant la merde pour vous que pour moi, finalement. Donc, moi, en tout cas, j'ai envie d'en faire quelque chose parce que sinon, je vais rester au fond de mon lit en train de pleurer. Donc, je me lève et je suis en mode, OK, ça a touché qui d'autre, les gars ? Cette news. Genre, il n'y a que moi qui ressent ça. Souvent, il n'y a pas que moi. On est beaucoup déjà. Il y en a déjà qui ont même déjà souvent travaillé sur des trucs comme ça. Donc, je les rejoins. Je suis en mode, OK, comment je peux aider ? Je vous donne tout. Je fais tout. Genre, je suis prête à organiser les gens, mobiliser les gens. Je suis prête à créer des campagnes. Je suis prête à faire des vidéos. Je suis prête à tout ce qu'il faut faire. Je suis là. Et donc, je donne tout mon temps. Et franchement, là, aller se rendormir, c'est en mode OK.

  • Speaker #1

    c'est trop chiant de lui donner par exemple les 50% de la mascarpone mais ils vont pas le faire sans bruit ils vont pas le faire sans pression et ça c'est le maximum déjà qu'on peut faire j'adore parce qu'il y a un point de bascule dans ton discours où on a senti l'énergie mais remonté d'un coup le rythme cardiaque s'est accéléré c'était génial racontez autant en vidéo qu'en podcast allez voir la vidéo vous verrez c'est deux personnes différentes C'est génial.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce qui se passe dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Un coup comme ça d'adrénaline ou je ne sais pas quoi qui revient. Est-ce que malgré tout ça, tu restes optimiste ? Parce que c'est quand même lourd.

  • Speaker #0

    C'est quand même quoi, pardon ? Lourd,

  • Speaker #1

    dur.

  • Speaker #0

    Oui, lourd, dur. Oui, oui, oui. Mais ce qui est lourd et dur, c'est les faits, c'est la science, c'est tous ces racontes. Donc, le port qui s'accumule, c'est les inégalités sociales qui sont derrière. Tout ça, c'est très, très dur. La deuxième partie qui est très, très dure et lourde, c'est l'inaction ou l'action qui n'est pas suffisante. C'est aussi très pesant. Et donc, quand on est dans ce carré-là d'information, c'est pas possible d'être optimiste. Il n'y a pas d'optimisme là-dedans. Ça me fait rire, je me dis, OK, c'est une opportunité. Non, c'est triste, OK ? Genre, c'est vraiment... Non, c'est pas drôle. Et là, on ne peut pas être optimiste. Mais ce qui me donne de l'optimisme, et ce qui me fait sourire, c'est de voir la réaction de certaines communautés, de certaines personnes, de certains groupes. Et ça, on peut en retrouver partout, dans le monde privé, dans le monde politique, dans les citoyens, les initiatives citoyennes, chez des profs, chez des ingénieurs, même certains économistes, des écrivains, des artistes, tous ceux qui nous font rêver, parce que quotidiennement, ils nous montrent, ou à travers leurs initiatives, qu'en fait, ouais, c'est la merde, mais regarde ce qu'on va en faire. Et ça, c'est magique. Parce que... Je ne sais pas, je suis trop fière de ceux qui réalisent la ceinture énergétique autour de Namur, parce que c'est l'énergie de demain. Ceux qui ont réalisé la ceinture alimentaire à Liège, c'est incroyable, parce que ça, c'est l'agriculture de demain. Et toutes ces initiatives à travers la Belgique qui s'accumulent, qui ont d'ailleurs besoin d'un peu plus de soutien financier pour ceux qui veulent aider, mais tout ça qui s'accumule, ça par contre, c'est optimiste. Parce qu'ils nous montrent, regardez, c'est possible. En notre narratif, notre vision du monde est possible. justement ce fameux rêve dont je parlais. Le rêve qu'on a parce qu'on a les pubs Ryanair, les pubs de Coca dans les yeux, les pubs de Google, parce qu'on a les gros films américains qui nous disent qu'en fait quand t'es milliardaire c'est trop bien. Ben non, parce qu'eux ils te montrent qu'il y a un rêve qui peut se faire sentir complet, heureux, sain et pourtant c'est pas du tout volé en jet privé. Et donc, merci à eux. Et eux, ils me rendent optimiste. Et donc, oui, évidemment que je suis optimiste quand je regarde. Mais évidemment aussi que je suis très pessimiste sur la réalité des choses. Et je pense qu'être les deux, c'est être réaliste.

  • Speaker #1

    Où seras-tu demain ? Où voudrais-tu être demain ?

  • Speaker #0

    C'est très difficile pour moi de me projeter à cause de ce côté quand même pessimiste. Parce que je ne sais pas quel sera le nombre d'initiatives citoyennes qui pourront me faire vibrer encore. Et je l'espère qu'elles ne vont que s'accumuler, s'agrandir et que demain je pourrai contribuer. Ces personnes qui devront être là pour aider à coordonner un peu tout ça, à se dire Ok, il y a toutes ces initiatives sur l'énergie, toutes ces initiatives sur l'agriculture, et puis il y en aura d'autres sur l'aspect éducatif et beaucoup d'autres. Et donc, comment est-ce qu'on s'assure que tout le monde est bien là et que, tu vois, ça, c'est un peu cette stratégie de comment on peut évoluer, tout ça. Et aussi... Pardon ?

  • Speaker #1

    De coordination.

  • Speaker #0

    De coordination. Ça, ça me passionne et je trouve ça trop, trop, trop cool. Donc, j'espère que demain, je pourrai aider avec ça. Mais avant d'arriver à cette étape-là, demain, je vais devoir continuer, comme maintenant, à me joindre à ceux qui ont le courage. C'est pas toujours facile de dire des choses tout haut qui parfois ça dérange un petit peu et d'être un peu le parti poubloir quoi. Et d'arriver dans des grandes salles remplies de politiciens ou de personnes importantes qui disent ok donc notre plan maintenant ça va être ça, ça, ça et puis en fait on va dire ça et puis on réalise qu'on va avoir autant d'impact. De dire bah écoutez les gars en vrai c'est tellement plus profond. que si là, vous restez dans le silo climat, on ne va pas y arriver, si on n'arrive pas à clure telle et telle chose. Si on n'est pas prêt à re-questionner notre vision économique, parce qu'aujourd'hui, on a comme seul intérêt la croissance économique, le PIB, la croissance du PIB, merci, en fait, c'est aujourd'hui, des économistes prouvent que cette seule fixette qu'on ne s'est pas lâchée, qu'on ne s'est pas lâchée, a pour impact. a un impact colossal dans les pays occidentaux, mais quand même, a un impact colossal sur notre environnement et on doit pouvoir changer d'objectif pour pouvoir être aligné à l'accord de Paris, respecter les limites planétaires, mais les limites sociales aussi. On les oublie trop souvent, et moi d'ailleurs, je suis désolée, je les mets toujours à la fin, mais clairement, c'est au centre aussi de la tension. Donc bref, ce courage-là de demain, continuer à oser la confrontation, et c'est quelque chose qui me fait très très très très peur. la confrontation, c'est jamais un sentiment agréable mais il faut le faire et je pense qu'on va avoir demain on aura besoin d'encore beaucoup de moments de confrontation si on veut un jour arriver à ce rôle plus fun,

  • Speaker #1

    on coordonne toutes les initiatives incroyables il me reste à te poser la dernière question que je pose à tout le monde dans Raconte qui voudrais-tu voir, entendre lire dans Raconte ? à ta place

  • Speaker #0

    Tellement de personnes !

  • Speaker #1

    Tu peux en citer plusieurs si tu veux.

  • Speaker #0

    Féris Bakar, qui est le co-créateur de Banlieue Climat en France, qui a vraiment donné un nouveau souffle aux mouvements climat qui sont très nécessaires. Dans Raconte, je pense qu'il faudrait... Hmm... Sandrine Dixon de Clèves, qui est la co-présidente du club de Rome, un peu ma maman du climat. Elle m'a beaucoup inspirée dans tout. Et aujourd'hui, quand on me dit un peu à quoi je ressemble demain, j'espère que j'aurai encore son énergie pour me battre et être très forte. Esmeralda de Belgique, qui reconnaît ses privilèges et qui, depuis toujours, est présente dans le combat du climat, mais la reconnaissance aussi des peuples indigènes et leur présence publique dans des éléments importants. Et c'est un peu grâce à elle aussi que j'ai été très proche de ces communautés-là et qu'aujourd'hui, je trouve que la question des droits humains est tout aussi importante que la question du climat aussi. Donc, c'est sûr. Après, je pense que mon pote Youssef Swatz aussi, qui fait du rap, ça n'a rien à voir, on change de registre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est bien justement.

  • Speaker #0

    Ok. Lui, je le connais depuis 3-4 ans et directement, on a cru mutuellement à nos projets. Moi, dans son rap, et pourtant, je ne suis pas très fan de rap, mais son rap, j'ai toujours kiffé. Et lui, il m'a toujours aidée un peu dans ma communication, autour de mon activisme et tout ça. Et donc, je le remercie parce qu'en vrai, c'est un très, très bon pote. C'est une personne très inspirante et ses textes sont très beaux. Et tous les artistes qui nous entourent sont ceux qui nous permettent de rêver et d'avancer. Donc, il faut vraiment les mettre en avant, il faut vraiment les mettre en valeur. Il y en a beaucoup. Il faut absolument interviewer Camille Etienne, qui est une activiste incroyable en France, qui fait aussi avancer beaucoup de choses. Mais il faudrait aussi interviewer Solal, son caméraman, mais qui est une personne différée et indépendante de Camille Etienne aussi. est en fait un réalisateur incroyable qui pense à ses imaginaires qui sont nécessaires d'avoir dans nos salles de cinéma. Donc pour ça il y a aussi Cyril Dion, enfin je vais arrêter de la liste, mais Cyril Dion ça serait aussi un problème d'inclure. Bref, il y a plein de personnes, n'hésitez pas à les interviewer.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on n'a jamais eu autant de personnes, il y a des fois les gens doivent chercher longtemps, voir on fait une pause et ils trouvent quelqu'un, et toi t'es parti en mode automatique, mais c'est génial !

  • Speaker #0

    Il y en a encore plein d'autres, mais c'est ça pour le prochain épisode.

  • Speaker #1

    Épisode 2, Adélie Charrier. Eh bien, merci beaucoup Adélie Charrier d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Cela contribue réellement à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Adélaïdee Charlier

    00:00

  • Le parcours d'Adélaïdee et son engagement climatique

    01:21

  • L'importance de l'endurance dans l'activisme

    02:53

  • Définition de l'activisme et ses défis

    06:32

  • Impact des origines et parcours éducatif d'Adélaïde

    08:31

  • Les débuts de l'activisme et la grève pour le climat

    16:45

  • Réactions et soutien de l'entourage d'Adélaïde

    28:34

  • Les sacrifices et les défis de l'activisme

    42:02

  • Vision d'Adélaïde pour l'avenir et conclusion

    01:01:09

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Description

« L'activisme, c'est un marathon, pas un sprint. » Cette citation d'Adélie Charlier, notre invitée de ce nouvel épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment, résume parfaitement l'essence de son engagement pour la justice climatique. À seulement 23 ans, Adélie incarne la voix d'une génération qui refuse de rester silencieuse face à l'urgence climatique. Dans cette conversation captivante, elle nous livre son parcours inspirant, ses motivations profondes et les luttes qu'elle mène pour éveiller les consciences sur les enjeux environnementaux qui nous touchent tous.


Originaire de Namur, Adélaïde nous partage comment son enfance et son expérience au Vietnam ont façonné son engagement. Elle nous rappelle que rêver grand est essentiel, mais que cela nécessite également de remettre en question nos aspirations et nos comportements. À travers son récit, elle nous montre que l'activisme est un effort collectif, une véritable communauté qui se mobilise pour un avenir meilleur. Adélaïde compare son engagement à un triathlon, illustrant la nécessité d'endurance et de persévérance dans un monde où les défis semblent parfois insurmontables.


Les critiques et les attaques sur les réseaux sociaux font également partie de son quotidien, mais sa détermination à poursuivre son combat reste inébranlable. Elle nous invite à réfléchir sur notre rôle en tant qu'individus et à prendre part à des collectifs qui œuvrent pour le changement. « Éduquez-vous, impliquez-vous, osez rêver d'un monde meilleur », nous exhorte Adélaïde. Une phrase qui résonne profondément et qui nous pousse à agir.


Dans cet épisode, nous explorons des thèmes essentiels tels que la résilience, l'engagement communautaire et l'importance de l'éducation dans la lutte pour la justice climatique. Adélaïde Charlier nous rappelle que chaque voix compte et que chaque action, aussi petite soit-elle, peut contribuer à un changement significatif. Écoutez cet épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment et laissez-vous inspirer par le parcours d'une jeune activiste qui refuse de baisser les bras face à l'adversité. Ensemble, construisons un avenir où l'espoir et la détermination prévalent sur le désespoir et l'inaction.


Adélaïde Charlier, surnommée "la meuf du climat" sur les réseaux sociaux, est devenue une figure incontournable de l'activisme climatique et des droits humains. À seulement 23 ans, elle s'impose sur la scène internationale avec un engagement sans faille. Son éveil à la cause climatique débute au Vietnam, où elle prend conscience des enjeux environnementaux. De retour en Belgique, elle rencontre Anuna De Wever et participe à l'essor du mouvement "Jeunes pour le climat", qui bouleverse rapidement la scène nationale avant de s'étendre au niveau mondial. Ce mouvement marque un tournant dans sa vie, la propulsant du quotidien d'une jeune élève aux projecteurs médiatiques en quelques jours seulement. Dans cette interview exclusive, Adélaïde partage les étapes clés de son parcours, son regard sur les enjeux actuels et futurs, ainsi que les défis majeurs de sa génération. 💡 En 2024, elle a été reconnue parmi les 30 personnalités de moins de 30 ans à suivre par Forbes. Une rencontre inspirante avec une jeune femme déterminée à faire bouger les lignes.


🔗 Retrouvez Adélaïde sur Instagram : @adelaidecha


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  • Réalisation vidéo: Anthony Dehez

  • Interview vidéo: Anthony Dehez

  • Cadre vidéo: Michel Bourgeois

  • Graphisme: Michel Bourgeois

  • Photographies: Anthony Dehez

  • Chapitrage: Annick Boidron

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#Activisme #YouthForClimate #ClimateChange #ChangementClimatique #Écologie #Interview #LeadershipJeune


Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce qui est important, c'est que je me dis qu'il faut oser, par contre, rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Adélie Charlier.

  • Speaker #0

    Ah bonjour.

  • Speaker #2

    Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci, c'est très gentil. Je suis très contente d'être là.

  • Speaker #2

    Comment on fait ? On se vouvoie, on se tutoie ?

  • Speaker #0

    J'espère qu'on peut se tutoyer, moi ça me va.

  • Speaker #2

    Avec plaisir. Dis-moi, est-ce que je pourrais te demander de te présenter ? Qui es-tu ? Que fais-tu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, entre vous. Alors, je m'appelle Adélaïde, Charlie du coup. J'ai 23 ans, je suis namuroise, je viens de finir mes études en politique européenne, mais surtout ça fait cinq ans que ce qui m'occupe le plus, c'est d'être activiste pour la justice climatique. Alors concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est en gros être dans l'action physiquement pour mettre un maximum de pression vers les institutions politiques et publiques pour s'assurer qu'ils n'oublient pas l'urgence climatique.

  • Speaker #2

    Et tu pourrais nous dire un peu où on est ici aujourd'hui pour ce tournage ?

  • Speaker #0

    Voilà. Alors ici, on est dans mon nouveau chez-moi, que je ne considère même pas encore vraiment comme chez-moi parce que ça fait une semaine que j'ai déménagé à Bruxelles en colocation avec beaucoup d'amis et moi.

  • Speaker #2

    Et pourquoi Bruxelles ?

  • Speaker #0

    Bruxelles, c'est presque inévitable quand on est très actif sur les questions politiques en Belgique. C'est là que se tient la majorité des institutions politiques à tous les niveaux de pouvoir. Et quand on est dans un mouvement climat qui est international et européen, c'est là qu'il se trouve aussi les institutions européennes. Et donc, pour pouvoir continuer cette pression... Pardon. Pour pouvoir continuer cette pression... physique vers ces institutions qui sont physiquement présentes à Bruxelles, c'est hyper important. Et puis c'est un lieu aussi, c'est une ville en Europe où c'est facile de bouger en train vers d'autres pays, vers Berlin, Amsterdam, vers Paris, etc. Et puis aussi personnellement, c'est là où se retrouvent tous mes amis et ma famille est pas très loin.

  • Speaker #2

    C'est là que tu te sens mieux en fait ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien à Bruxelles, alors je me sens encore mieux à Namur, je dois être honnête.

  • Speaker #2

    Pourquoi le côté campagne encore ? Parce que Namur, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est un peu une toute petite ville provinciale belge, assez verte encore.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une petite ville qui a tout son charme. C'est une petite ville provinciale qui est quand même la capitale de la Wallonie, il faut le préciser. Et où en fait, on est entre... On sort dans la rue et on peut rencontrer plein de gens. Et en même temps, ça reste une ville, on a vraiment accès à tout. je fais facilement accès à la gare de Namur pour aller partout. Et en même temps, il y a la Stadelle, qui est quand même un lieu historique impressionnant. Et surtout, ce qu'il y a à Namur, c'est le confluent, la confluence entre la Meuse et la Sambre. Et ce point d'eau, ces points d'eau sont pour moi hyper importants. J'ai beaucoup besoin de points d'eau. D'ailleurs, c'est quelque chose qui me manque à Bruxelles. On a malheureusement recouvert tous les points d'eau historiquement, ce qui est très triste. Un grand regret, mais là, à Namur, on a cette beauté d'un fleuve et d'une rivière qu'elle assemble et on a beaucoup de chance de les avoir.

  • Speaker #2

    On dit que c'est presque thérapeutique d'habiter près des eaux. C'est un peu ce que tu veux dire par là ?

  • Speaker #0

    Ça ne m'étonnerait vraiment pas. Que ce soit thérapeutique, je pense que ça va être les nombres d'heures que je passe le long de la Meuse pour promener mon chien, ou alors à monter la citadelle, me perdre un peu dans ces bois-là. On a une chance à Namur d'avoir ce mix de la ville qui est à tout, sans qu'elle soit dans l'excès pour que ce soit trop et désastreux, même si sur le monde, on a quand même un impact qui est présent. On a quand même cette relation avec le lien avec la nature qui est juste hyper importante, mais surtout l'eau, pour moi, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c'est hyper apoptique, mais l'eau est hyper importante. Et peut-être aussi parce qu'en vrai, je suis nageuse, et donc pour moi, la Meuse, ce n'est pas seulement que je la regarde, j'aime aussi nager beaucoup dans la Meuse. Il y a la possibilité de nager en saison d'été avec plein d'autres personnes, et on est là avec notre petite bouée orange, et on nage dans la Meuse. Ça fait plusieurs années que je fais le triad Jean de Namur aussi. et gros big up à l'organisation des triathlons de la mûre parce que je les trouve incroyables et c'est un super événement tu viens de citer,

  • Speaker #2

    tu es sportive triathlon,

  • Speaker #0

    nage c'est des sports d'endurance est-ce que on peut dire que c'est un trait de ton caractère les endurances par rapport à tes combats ce serait un privilège de pouvoir garder cette endurance et je pense que dans le sport, en effet je préfère l'endurance que le sport que le sprint. Et je pense que dans l'activisme, c'est le sport qui est de l'activisme, c'est quelque chose qui est nécessaire, la persévérance et l'endurance. On ne peut pas lâcher, c'est même pas en sprint l'activisme, c'est même pas en marathon, c'est une course relais. Et donc on ne sait pas combien de kilomètres on a encore face à nous, et quand on est fatigué, on relaie. Et puis peut-être qu'on pourra revenir dans la course. Et donc c'est cette question de l'endurance, mais surtout de la persévérance, parce que souvent on n'a pas directement l'impact, on ne peut pas voir l'impact de notre action, de notre course du coup. Et donc il ne faut jamais regarder le temps ou le timing qu'on veut voir quand on fait une course par exemple en sport, parce que dans l'activisme on n'a pas ça. checker un peu où on en est, est-ce qu'on a fait mieux que la fois dernière. C'est très difficile d'évaluer. Peut-être que c'est ce qui manque un peu de l'activisme, mais donc l'aspect de l'endurance est d'autant plus important dans l'activisme que dans le triathlon.

  • Speaker #2

    Ce serait quoi ta définition justement de l'activisme ?

  • Speaker #0

    Alors pour moi, je sais que le mot activiste fait très peur. Et il m'a fait même peur moi, au début.

  • Speaker #2

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que... j'ai commencé les grèves pour le climat et on m'a directement mis cette étiquette sur le front et je n'ai pas grandi dans un monde de l'activisme donc je ne connaissais pas ce terme et il n'était pas nécessairement mal vu mais il n'était pas nécessairement bien vu je ne le connaissais pas et on sait que quand on ne le connait pas souvent ça amène de la peur et donc j'étais un peu perplexe, mais je ne l'ai pas nécessairement renoncé. Et puis après, je l'ai accepté parce que j'ai vite réalisé que d'écrire une personne d'activiste, pour moi, c'est quelqu'un qui est actif face à un changement qu'on veut voir autour de soi, dans la société. Et pour moi, énormément de personnes sont activistes, sans vouloir mettre le mot activiste mais elles le sont. Et après, dans les moyens d'action à établir pour voir ce changement qui nous entoure, Il y a un panel de choses à faire qui sont énormes. Et donc, peut-être qu'on est activiste en faisant une certaine action ou une autre, mais je pense que beaucoup d'entre nous le sommes.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    On va revenir au tout début. Quand tu nais à Namur, tu nais dans quel contexte ? Qu'est-ce qu'ils étaient tes parents ?

  • Speaker #0

    Je nais à Namur en 2009, décembre, à l'hôpital Sainte-Élisabeth. Mes parents, ils avaient déjà deux enfants. mes deux grandes sœurs, qui allaient à l'école à Namur. Nous, on habitait dans un petit village en dehors de Namur. Ma maman est psychologue et mon papa travaille dans l'agence d'aide au développement ici en Belgique. Et donc, ils reviennent d'Afrique, en fait, où ils ont vécu pendant quatre ans avec mes deux grandes sœurs. Et donc, c'est un contexte où ils sont, je pense, très heureux d'être là. Et c'est toute une nouvelle vie pour eux.

  • Speaker #2

    Une nouvelle vie pour quoi ?

  • Speaker #0

    J'imagine d'avoir un troisième enfant qui vient un peu plus tard. Il y a un écart quand même entre mes deux grandes sœurs et moi de plus ou moins 6-7 ans. Et puis eux, ils ont eu cette pause un peu où ils ont vécu ailleurs. Puis ils sont revenus en Belgique. Et donc voilà, c'est un point de goût monde. Ils sont toujours, pour le moment... dans un village un peu plus loin de Namur. Un peu plus tard, quand j'ai grandi et que ma petite sœur aussi est arrivée, on a déménagé plutôt dans le centre de Namur. Mais bref, un peu d'échangement pour eux. Mais je pense qu'ils aiment le changement, ce qui est rare chez les humains quand même.

  • Speaker #2

    D'aimer le changement, c'est vrai, c'est toujours un défi. Quand tu es enfant, la nature c'est déjà important pour toi ? Tu vas souvent dedans ? Tu joues dans la nature ? Quelle a été ta première rencontre avec la nature ?

  • Speaker #0

    J'ai la chance de grandir dans un espace quand même assez vert, où on avait deux chevaux, on avait en cochon beaucoup de poules, même si aujourd'hui j'ai la phobie des poules. Mais du coup, en environnement, on a vraiment la chance de pouvoir jouer beaucoup dehors. J'ai trois sœurs, donc on est... Beaucoup de l'aura ensemble et avec des animaux hyper random, d'un cheval à un cochon, et qu'on considère vraiment comme nos animaux de compagnie. Parce qu'en fait, une de mes grandes sœurs est allergique aux poils, donc tout ce qui était chien, chat et un peu les animaux traditionnels qu'on pourrait voir à la maison, nous on n'avait pas du tout. Donc c'est un autre style de relation déjà que peut-être on a établi avec les animaux. Et j'ai adoré ça, vraiment.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y avait une conscience climatique, écologiste, etc. dans ta famille ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y avait une conscience écologique de la part de mes deux parents, qu'ils l'ont peut-être eux eu différemment, parce que je pense qu'ils reçoivent cette conscience différemment, mais ils sont bien conscients. Ils agissent de manière différemment, mais par contre, ils ne sont pas des grands activistes. Avec mes parents, on n'a jamais été à une marche pour le climat. C'était rare, je pense qu'on avait fait notre toute première avec un tout petit groupe d'amis au Vietnam, quand j'habitais là-bas. Mais ce n'est pas du tout dans ce monde de l'activisme que j'ai grandi. Mais de temps en temps, on se disait, OK, aujourd'hui, on va à l'école à vélo. Donc c'était plutôt un petit truc qui était là. Mais moi, ça ne m'a jamais vraiment marqué dans mon enfance. C'était plutôt la chance de vivre dans un cadre où on était toujours dehors, peut-être qui m'a impactée, mais ce n'était pas du tout, à ce moment-là, en tout cas, le message de mes parents autour du climat. Pas du tout.

  • Speaker #2

    Mais tu viens de dire que tu es passée du temps à Hanoi, au Vietnam. Oui. Comment tu t'es retrouvée là-bas ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis retrouvée à 11 ans, 11 ans et demi. À Hanoï, avec mes parents et ma petite sœur, pour le travail de mon père, qui travaille dans l'agence de développement de l'histoire magique. On arrive là, à cet âge-là, c'est un peu bizarre avec ma petite sœur, parce qu'on quitte le seul monde qu'on connaît, Namur. Ce n'est pas pour monter à Bruxelles, ou en Allemagne, ou dans le nord de l'Europe, dans le sud, peu importe, c'est vraiment où on quitte. Le seul monde que l'on peut connaître aux yeux d'une jeune fille de 11 ans. Et donc, c'est un moment un peu difficile de dire au revoir à nos amis qui, eux, vont vivre des expériences qu'on vit quand on a 11 ans, finir notre primaire et faire nos anniversaires. C'est une rupture. Pardon ?

  • Speaker #2

    C'est une rupture.

  • Speaker #0

    C'était un peu une rupture. Au début, j'ai râlé sur mes parents pendant quelques mois. C'est pas seulement une rupture... pays, de continents, culturels, mais aussi de langues. On arrive sur place et on apprend qu'on ne va pas pouvoir parler français, en tout cas seulement à la maison, et que ce soit à l'école ou dans la rue, si on veut pouvoir communiquer avec le monde extérieur, il va falloir apprendre en tout cas une autre langue. Et donc, c'est un peu difficile à cet âge-là, mais en même temps, vraiment, quand je regarde mon nom, je me dis, mais quelle chance ! Et merci à mes parents, parce que je pense que le Vietnam a changé ma vie. parce que j'ai eu la chance là-bas de vivre cinq ans à Hanoï, d'aller à l'école des Nations Unies à Hanoï, où notre éducation était basée sur les objectifs des Nations Unies, déjà à ce moment-là. Et donc, on était vraiment sur, à 12 ans, c'est pas grave, on parle de, je ne sais pas, qu'est-ce qu'on devrait mettre en place une fois qu'un pays a été touché par des catastrophes naturelles. C'était très clairement un travail, d'ailleurs, que j'ai retrouvé il y a... quelques semaines. Et il y a aussi des travaux sur la question de la pauvreté dans le monde, des inégalités. Donc il y avait déjà, en tout cas, une éducation qui était très présente sur les objectifs pour 2015, à ce moment-là, des Nations Unies. Et en plus de ça, on est dans un pays qui est déjà touché par les conséquences climatiques. On parle des typhons qui deviennent de plus en plus forts. Cette année, en 2024, le Vietnam a encore fait face à un des plus grands typhons auxquels l'Asie n'a jamais fait face. Donc il y a vraiment cette intensification qui est là. Hanoï est touchée fortement, un peu moins que les côtes du Mekong. Il y a la côte du Vietnam, je pensais, plus de 3500 km de long. Donc quand on parle de montée des eaux, pour eux, c'est quelque chose qui les concerne littéralement. Et il y a aussi la montée des eaux du Mekong. Donc on est vraiment sur... Tout ce que peut-être nous, on lit dans les rapports...

  • Speaker #2

    Mais c'est extrêmement lointain pour nous,

  • Speaker #0

    aux Occidentaux. Un jour, ça arrivera, ou ça arrive de temps en temps. Là-bas, c'est vraiment réel. Ça a un impact direct sur beaucoup de populations, enfin, sur la population. Et à ce moment-là, évidemment, ça ne me rend pas encore activiste, mais il y a un terrain fertile qui est en train de se créer.

  • Speaker #2

    La graine se met en place.

  • Speaker #0

    Et il y a quelque chose qui arrive. Il y a quelque chose qui se prépare. Et c'est sûr qu'on ne peut pas revenir du Vietnam. Avec cette éducation, dans ce contexte-là, avec les rencontres que j'ai pu faire, en ayant vécu dans un monde hyper multiculturel où on est obligé de vivre avec nos différences. Ce n'est pas du tout une question où on n'a pas du tout les mêmes religions, on n'a pas du tout nos parents qui font le même travail, on a tous des nationalités différentes. Je pense qu'on était cinq Belges dans mon école. Et donc, on grandit, on est juste différents. et de pouvoir l'accepter déjà à l'âge de 11 ans, je pense que ça m'a beaucoup changé. Donc, je reviens de Vietnam avec...

  • Speaker #2

    Tu reviens à quel âge ?

  • Speaker #0

    Ah oui, pardon. Je reviens à 16 ans, je pense. Et je reviens, donc je dois encore faire quelques années avant de finir ma réto, ma dernière année scolaire ici en Belgique. Et je vais dans une école à Namur. Et là, je me sens très bien que j'étais, encore une fois, je râlais sur mes parents. Parce que je n'avais aucune envie de revenir. Je n'avais aucune envie de changer d'école. C'était... Je pense que j'ai réalisé mon privilège quand je suis rentrée, d'avoir eu la chance d'aller là-bas. Et donc, il y a un peu une première claque pour moi, déjà de juste revenir à Namur, et puis une deuxième claque d'aller à l'école et de réaliser que l'enseignement que j'avais, ou que je recevais, par exemple, était hyper décalé de ce que je recevais au Vietnam. C'était un peu comme vivre dans un autre monde, une autre réalité, d'autres importances, d'autres priorités. Et donc ça m'a très vite frustrée parce que je sentais que je n'apprenais pas ce dont j'avais aussi envie d'apprendre. Évidemment, il y a les maths, il y a les sciences, il y a le français, il y a l'anglais, etc. Mais il n'y avait pas en cours sur qu'est-ce qu'on fait, par exemple, quand un pays est impacté directement par une catastrophe naturelle. Qu'est-ce qu'on met en place ? Comment les politiques gèrent ça ? Évidemment, ce n'était pas un cours de politique qu'on avait à l'école, mais c'était un peu OK. Ils nous testaient dans notre créativité aussi à penser ça, à faire des recherches. Il y avait beaucoup, beaucoup de recherches à l'âge de 12 à 16 ans. C'est quand même assez jeune. Et donc, on est dans une manière de travailler qui est très différente que l'étude par cœur. Et donc, surtout, je pense que ce qu'il y avait en fait là-bas, c'était du sens dans l'éducation qu'on me donnait. Et donc, je comprenais pourquoi. On me demandait de travailler pendant des heures pour écrire un texte sur, je vais garder un exemple, sur un typhon qui s'est passé. Parfois, ce n'était pas du tout en Asie, ça pouvait être n'importe où dans le monde. Mais ça avait un peu plus de sens parce que je sentais que ça pourrait nous toucher à n'importe quel moment. Et donc, ce manque, je pense que j'ai voulu le compléter inconsciemment plutôt par vouloir m'engager par autre chose qu'il y avait à l'école. Il y avait un groupe Amnesty, il y avait un groupe Oxfam. il y avait un peu le groupe Eco Team, un peu genre Climat et tout et je me suis inscrite dans les trois et j'étais en mode ok go et je passais mes temps de midi à manger dans ces groupes là je vendais des trucs pour Oxfam, pour Amnesty, on pensait à des actions que vous pouviez faire, des signatures faire signer toute l'école et je commençais vraiment à aimer ça, de me dire ok, toute l'école doit signer y'a pas de soucis, on va faire en sorte que toute l'école signe

  • Speaker #2

    Là t'es en marche quoi

  • Speaker #0

    Là y'a une première étape ouais et c'est là Et c'est à ce moment-là que je réalise maintenant que le Vietnam a eu un impact énorme pour moi. Parce que si je n'avais pas eu ce manque de me dire, mais là, je sens que mon éducation n'est pas complète, qu'il me manque un truc. En tout cas, j'ai besoin d'être nourrie par autre chose aussi et d'avoir un peu de sens dans ce que je fais, un peu plus. Je ne dis pas du tout que notre enseignement est complètement en manque de sens, mais il manque quelque chose. Et je l'ai pu retrouver grâce à ces orgues et à ces professeurs incroyables qui passent leur temps. de midi, leur temps après l'école, à se dire, OK, je ne rentre pas, je reste avec ces élèves motivés pour essayer de faire un peu bouger les choses dans mon école. Et donc, merci à tous ces professeurs qui font ça.

  • Speaker #2

    Et c'est à ce moment-là que ton champ de vision s'ouvre vers toutes ces possibilités de se faire entendre, finalement, de faire entendre des choses qui manquent à ce moment-là, selon toi.

  • Speaker #0

    Me faire entendre à ce moment-là, déjà dans mon école. le directeur, aujourd'hui, c'est un peu le président.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai entre mes 16 et mes 18, les dernières années à l'école. Donc, je grandis un peu, etc. Et ça fait deux ans, je pense, que je suis dans l'équipe Amnesty. Je me souviens très bien qu'il y a une de mes profs qui vient vers moi en mode Ah, Amnesty cherche un jeune qui pourrait représenter la Belgique, etc. Tu veux postuler ? Tu devrais tester, etc. Je me dis En vrai, why not ? J'ai postulé, j'ai eu la chance de l'avoir. Et donc, ça m'a permis d'avoir la première étape de l'engagement en dehors.

  • Speaker #2

    Des murs de l'école.

  • Speaker #0

    Et ça, c'était énorme. Je dois vraiment remercier cette prof, en fait.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'elle verra la vidéo.

  • Speaker #0

    Je la remercie vraiment.

  • Speaker #2

    Oui, on verra éventuellement.

  • Speaker #0

    Et aussi remercier Amnesty d'avoir cru en moi. Parce que grâce à ça, je commence à tester quelque chose de nouveau. Mais c'est cette année-là, donc c'est l'année de Marito, où aussi, j'ai un peu le goût d'Amnesty. Ça, c'est en septembre. Et en fait, en... Décembre, janvier, je commence l'activité. Donc c'est vraiment, il y a eu très peu de temps entre le goût de l'engagement, que je commençais à toucher un peu à 16 ans à l'école, et au début de ma réto, à 17 ans, je commençais à toucher un peu en dehors de l'école, et à 17 ans et demi, 18 ans, je commence l'activité.

  • Speaker #2

    C'est un peu la révélation, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est pas ça que je veux faire, parce que pour moi ça n'est pas...

  • Speaker #2

    C'est ça qu'il faut faire peut-être.

  • Speaker #0

    C'est ça qu'il fallait faire à ce moment-là. Mais pour moi, ça allait durer une semaine, cet engagement-là. Le premier jour où... Comment ça s'est passé ? C'est que je descends en matin avec des amis à moi. On avait des bandes verts, on est rentrés dormir. Le matin, je me réveille, je descends. Et là, il y a mon père qui me dit Ah, t'as vu cette meuf ou pas ? Tu la connais ? Et c'était Anna de Wever, qui avait lancé la première grève pour le climat en Belgique, qui faisait une interview en néerlandais. J'étais en mode Ah, j'avais pas vu, Nantes, c'était trop cool. Et il me dit Bah écoute, en vrai, via via, j'ai vu qu'elle cherchait de l'aide de la partie francophone, parce qu'en fait, pour le moment, c'est vraiment que flamand. Et j'étais en mode Ah, ok, bah ouais, je peux aider, y a pas de souci. Enfin, je veux bien aider pour une fois, s'ils ont besoin d'aide, en vrai, why not ? Et donc, grâce à ça, j'ai reçu un numéro d'Anouna, je lui ai envoyé un message, je lui ai dit Ok, apparemment, t'as besoin d'aide. Et en mode, OK, ouais, viens sur Bruxelles, il faut que je te raconte ce qui se passe. Et donc, je débarque à Bruxelles, en mardi, je suis en mode, OK, qu'est-ce qui se passe ? On boit un verre avec Ausha, elle m'explique, OK, voilà pourquoi j'ai lancé des grèves, voilà pourquoi on est dans la merde sur les questions de l'urgence climatique. Et j'ai un peu un cours hyper rapide de gens, en une heure, qui essaient de comprendre pourquoi elle a lancé ce mouvement. Et qui, à ce moment-là, en fait, c'est juste un groupe de jeunes, de potes en verse qui sont en mode, il faut qu'on fasse quelque chose, quoi.

  • Speaker #2

    Ils ne sont pas beaucoup, à ce moment-là, ils sont...

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils sont dans l'orga, aujourd'hui on appelle ça un orga, mais en fait dans le groupe de potes qu'ils lançaient, c'était 5-6. Mais ils ont fait une vidéo, ils avaient été la première fois, la vidéo avait tourné beaucoup en Flandre, mais pas du tout en Wallonie, puisque la vidéo était en flamande. Et donc il fallait vraiment briser cette frontière linguistique, cette frontière culturelle presque. Et donc ça on était prêts à le faire, j'étais en mode web, bien sûr, on le fait. Donc au tout début c'est un peu dur pour moi parce que... tout se passe en flamand, que c'est un groupe d'amis qui se connaissent, que moi je ne connais pas du tout, que c'est vraiment le début pour moi, les questions climatiques. Donc il faut un peu que je me mette à la une. Mais là, on est mardi quand je la rencontre et elle me dit, ok, jeudi matin, 9h, on se retrouve à la gare centrale. Et ramène un maximum de personnes de Wallonie. J'étais en mode, ok, donc je rentre à Namur et je me dis, j'ai 24h. pour trouver un maximum de personnes qui sont prêtes à rater l'école jeudi pour revenir dans les rues pour le climat. Et du coup, c'était un peu un challenge comme ça, parce que de base, je suis une bonne élève. J'ai un peu peur, donc je me souviens que je ne dis pas à mes profs que je rate l'école pour ça. Mais en attendant, sur Facebook, je crée plein de groupes avec l'aide de mes amis et je suis en mode OK, les gars, il faut que toutes les écoles où on connaît des gens, il faut qu'ils créent un groupe, il faut qu'ils savent que jeudi matin, on prend le train et qu'on va en fait à Bruxelles. Et ça prend vraiment de l'ampleur, avec l'aide aussi qu'en Flandre, ça avait bien fonctionné. Et en fait, les Wallons, ils réagissent. Et donc, je me souviens que le jeudi matin, c'était le 23 janvier 2019, je pense. Je me souviens parce que c'était l'anniversaire de ma mère. Le 24, du coup. Et bref, on est sur ce quai, et en fait, le quai est rempli. On monte dans le train, il est rempli. C'était incroyable. Donc j'imaginais... Mais les classes vides, c'était en mode trop bien. Et puis, on débarque à Bruxelles. Et là, directement, je perds mes amis parce qu'il y a tellement de monde. Je dois retrouver ce fameux groupe d'Anversois qui avait décidé de lancer cette folie. Et j'ai rejoint en mode Ok, j'ai ramené des gens Et ils sont en mode Ok, ben t'es prête ? Je suis en mode Prête, pourquoi ? Parce que là, il y a déjà beaucoup de monde. Ils sont en mode Ben oui, mais en fait, t'es la seule francophone, donc tu vas devoir gérer tout ce qui est français, quoi. Et là, il faut imaginer qu'on est dans un contexte où en fait, c'est assez nouveau, les grèves pour le climat, qu'on est vraiment, après la Suède où il y a Greta, on est vraiment le premier pays à être massivement présent dans les rues. Donc, il y a un intérêt des médias en dehors de la Belgique. clairement européens. Et donc, dès qu'ils veulent poser une question en français, c'est moi qui dois gérer le truc. Moi, ça fait quelques jours que je suis là, je suis vraiment tombée dans les rues. Et en même temps, ça a énormément de sens, parce qu'il y avait 35 000 jeunes dans les rues ce jour-là à Bruxelles, il y en avait des milliers d'autres dans plein d'autres villes. Et je me suis dit, il faut dire pourquoi ils sont là, il faut partager ça. Et donc, on avait eu, heureusement, avec les Flamands, on avait parlé des points qu'ils voulaient mettre en avant. pourquoi eux avaient lancé ça, je le dis en français. Et le soir, après, une fois que la marche a hyper bien réussi, c'est un peu la folie, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me souviens, il y a RTL qui me dit, est-ce que ça te chauffe de venir ce soir sur le plateau du JT ? Et moi, je suis en mode, en fait, ce soir, c'est l'anniversaire de ma mère. Du coup, on va au restaurant à la mûre. Je ne connais pas le monde de la presse du tout. Donc voilà, c'est chaud. Non, mais non. qui propose le plateau du JT, l'ouverture du JT. Je suis un peu en mode, je ne sais pas. Et donc, je ne sais pas, je l'appelle ma maman en mode, je ne sais pas quoi faire, genre. Et donc, ce soir-là, pour moi, c'est un peu un soir important. La raison pour laquelle je suis allée dans les détails, c'est parce que j'avais décidé de mettre cette importance, d'aller délivrer le message de pourquoi il y avait eu 35 000 jeunes aujourd'hui et pas rejoindre ma famille au resto pour l'anniversaire de ma mère. Parce que pour moi, c'était exceptionnel. Enfin, c'était un soir. Et en fait, je n'ai pas réalisé qu'après, ça allait continuer, ça a continué. Et encore aujourd'hui, je mets beaucoup la priorité sur cet engagement, sur le partage de la voix de ces jeunes qui s'engagent à travers la Belgique et toute l'Europe. Parce qu'en fait, il y a un manque de personnes qui font ça.

  • Speaker #2

    C'est fou parce qu'en moins d'une semaine, tu es une étudiante tout à fait anonyme à Namur. Et en quelques jours, on pourrait même dire quelques heures, tu ouvres un JT national en Belgique. Et tu es repris par les titres européens. Oui,

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens. Et c'est vraiment pour dire que ça aurait pu être moi, que ça aurait pu être n'importe quel autre jeune qui était là ce jour-là. C'est hyper important que ça n'a aucune importance que ce soit moi. Ce qui était important, c'est que ce qui était fort, c'était qu'il y avait les 35 000 jeunes. Et que ce jour-là, on m'a un peu donné la responsabilité de passer le message.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu refuser ?

  • Speaker #0

    J'aurais pu refuser, mais j'étais en mode, il y a une nuit et demie, je suis là, il n'y a pas de souci. En vrai, j'ai beaucoup hésité, j'avais très peur. Le matin, le jeudi matin, quand je devais rater l'école, j'avais une boule dans l'estomac. Même le mercredi soir, je me sentais hyper mal de ne pas aller à l'école. Le lendemain, je me souviens, face à la presse, je tremblais. Quand j'étais sur le JT de RTL, j'avais les jambes en dessous qui étaient comme ça. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Mais c'est juste qu'à ce moment-là, tout allait tellement vite. Et vraiment, ce groupe flamand qui avait besoin de moi à ce moment-là, moi, je sentais quand même qu'il y avait un projet qui avait beaucoup de sens. J'étais en mode ok, mais je suis vraiment prête à vous aider cette semaine Sauf que le jour où on a fait cette grève, Ausha de Weaver a annoncé à toute la presse qu'on allait continuer jusqu'aux élections. Et donc, quand ça, c'était le titre de tous les journaux, on était en mode mais ouais, il faut qu'on fasse, en fait, c'est logique Et du coup, on était en mode ok, on continue, on lâche pas Du coup, à ce moment-là, je me suis dit, OK, je fais ça jusqu'aux élections. Sauf que rater l'école jusqu'aux élections, ça faisait rater plus de jours que tu peux rater à l'école. Donc, ça donnait tout un challenge. Je me souviens, avec ma prof de français, on calculait le nombre d'heures que je pourrais rater pour avoir mon diplôme. C'était un casse-tête jusqu'à ce que... La ministre de l'Enseignement se positionne enfin, avec beaucoup de pression évidemment de notre part, mais de dire, ok, les jours, j'ai oublié le terme exact, mais sans explications, sans en grosse note du docteur, on va les laisser tomber cette année, parce qu'en vue des grèves, sinon il y a vraiment trop de jeunes qui ne vont pas avoir leur diplôme. Et donc, on doit quand même réussir nos examens, mais ça ne s'est plus compté. Donc ça, c'était vraiment important parce que ça m'a permis de complètement me concentrer sur l'activisme cette année-là. Mes professeurs ne me voyaient plus du tout. Je n'étais plus trop là à l'école. Et j'étais surtout dans les réunions à Anvers, à préparer. Je devais aller voir Alié, je commençais à aller se passer pour la prochaine marche, à rencontrer des experts, des scientifiques, parce que comme vous avez pu le voir, vous avez vu l'explication que je vous donne. Les premiers jours, j'en sais très peu. Je sais juste qu'encore c'est de la merde. Mais concrètement, à part les quelques articles rapides que j'ai pu lire, j'ai 18 ans, on n'a jamais dit qu'on était des experts, mais ce serait quand même cool de savoir un peu plus ce qui se passe. Et donc on a vraiment la chance d'être entouré d'experts, de scientifiques belges qui nous expliquent et qui prennent le temps de vraiment décrypter avec nous cette urgence climatique.

  • Speaker #1

    Ils vous rejoignent assez vite, les scientifiques, les experts ?

  • Speaker #0

    Directement. Ils ont été là.

  • Speaker #1

    Ils ont vu le mouvement se mettre en place. Ils se sont greffés. C'était attendu, j'imagine, depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Pas attendu.

  • Speaker #1

    Espéré.

  • Speaker #0

    Ils ont pu enfin souffler, respirer. Parce que, de ce que j'ai compris des experts, et de plus en plus aujourd'hui, c'est qu'ils décrivent ce qu'ont crié dans les rues depuis les années 70, 30 ans avant ma naissance. Eux, c'est le travail de leur vie. d'alerter sur le fait que, eh oh, en fait, on est dans le rouge, ça serait cool de mettre quelques politiques pour nous orienter vers le vert. Et en fait, personne ne les écoute. Et comme le dit très bien Jean-Pascal Vanipurzil, qui est un expert belge, un scientifique belge, qui a travaillé pour le GIEC, donc vraiment un peu les experts reconnus au niveau international, qui analyse l'évolution du dérèglement climatique, ce qu'il dit, c'est qu'en rapport du GIEC, ça se met facilement dans un tiroir et ça s'oublie. des milliers de jeunes qui cruent dans la rue, ça, c'est pas possible. Et c'est ça qu'on a fait. Et donc, pour les experts, c'était merci. Et d'ailleurs, nous, ce qu'on disait, c'est qu'on n'est pas nécessairement... On n'est pas des experts, on n'est pas des scientifiques. On est légitimes parce qu'on est jeunes de s'inquiéter, parce que c'est notre future, mais c'est vous qui savez, entre guillemets. Donc, c'est eux qui avaient le message légitime de la science. Donc, c'était hyper important pour nous que ça soit avec les scientifiques parce que c'était leur message qu'on voulait mettre en avant.

  • Speaker #1

    Comment vous êtes accueillis aussi bien par, tu l'as dit, tes profs, tes parents, ta famille, tes proches, comment eux vivent le truc, ils te voient devenir d'une inconnue, presque une superstar médiatique, en quelques jours ?

  • Speaker #0

    C'était pas superstar, d'ailleurs ça a jamais vraiment été superstar, ça a plutôt été... En fait il y a eu un shift qui dépassait que, il n'y avait pas que le fait que j'étais présente dans les médias, il y a eu un shift pour mon milieu... personnel, privé, entre guillemets, où on ne savait pas que c'était aussi touché par les questions climatiques, et on ne savait pas que c'était aussi une urgence, et on ne savait pas qu'on pouvait mobiliser autant de personnes, et qu'en fait, maintenant, je me retrouvais dans... C'était plus que la présence climatique, c'était vraiment... Je me retrouve au centre d'une organisation de jeunes qui sont en mode on va organiser des grèves pour le climat et du coup, c'était vraiment... Ok, c'est sérieux, genre... C'est pas juste que... qu'elle est dans la presse, c'est qu'il y a... il y a Adélaïde, là, il y a un tournant. Et il n'y a pas qu'un tournant chez Adélaïde. Elle, c'est peut-être celle qui va le représenter aux yeux des Belges, mais en fait, c'est un tournant pour énormément de jeunes qui se passent à ce moment-là. Et donc, pour mon entourage, c'est... C'est en mode, OK. Du coup, je devrais leur en parler, parce que moi, il y avait tellement de choses qui se passaient dans ma vie que j'étais un peu aveugle aussi de tout ce qui se passait dans mon entourage. J'étais beaucoup moins là, du coup. L'exemple de rater l'anniversaire de ma mère. Et donc... Heureusement, j'ai des parents qui m'ont soutenue depuis jour 1, même les jours avant, parce que quand j'avais la boule dans le ventre de vouloir rater l'école, ils étaient en mode mais si ça a du sens Ce n'est pas la chance de beaucoup de jeunes qui ont le soutien de leurs parents de rater les cours, mais ce n'était pas rater les cours pour aller traîner sur mon sofa, regarder Netflix. Donc bref, le fait qu'ils aient un sens, ça les a motivés, ça les a surtout... Ça les a permis de me soutenir à ce moment-là, dans cette démarche-là. Aujourd'hui, ils me soutiennent encore. Je leur en remercie parce que je ne sais pas si j'aurais pu devenir l'activiste que je suis aujourd'hui sans eux. Et j'en remercie aussi mes amis qui ont été là, qui m'ont soutenu. J'ai remercié ma prof de français qui, au tout début, m'a permis de calculer si je n'allais pas rater trop de cours pour quand même avoir mon diplôme. Qui, à la fin, j'avais raté tellement de cours qu'en fait, je demandais à tous mes potes pour leur note. Puis je demandais un peu au professeur, désolé, j'ai raté. Est-ce que vous pouvez un peu m'aider ?

  • Speaker #1

    Il acceptait facilement ou pas ?

  • Speaker #0

    J'avais vraiment la chance d'avoir... Tout le monde n'était pas...

  • Speaker #1

    Dans les profs, il y avait un peu des réfractaires ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de tout. Il y en a beaucoup qui m'ont... Il y en a qui m'ont challengé aussi un peu de pouvoir comprendre pourquoi je faisais ça, pourquoi je ratais les cours. Et donc, j'avais un prof d'anglais qui me challengeait sur ça et qui, au début du cours, arrêtait pas de me poser des questions. OK, mais pourquoi tu fais ça ? Est-ce que l'urgence automatique, c'est vraiment vrai ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que j'ai eu le gêne de faire ça ?

  • Speaker #1

    C'est du méga-training presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais en mode, tant mieux. Parce que demain, je vais avoir les mêmes questions, donc ça m'arrange. Je préfère répondre ici devant mes potes que devant les journalistes.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas du tout mal pris. Tu te retrouves aussi énormément dans la presse. Comment ça se passe, les rapports avec les journalistes ? Comment ça s'installe ? Parce que des interviews de toi, on en trouve des centaines, je crois.

  • Speaker #0

    Au tout début, parce que je suis vraiment concentrée sur le début. C'est très bizarre. En fait, je ne connais pas tout ce monde. Je ne connaissais que le monde de mon école et du Vietnam. Et donc, le monde de la presse, je ne connaissais pas. Mais donc, on peut imaginer qu'à l'école, c'est interdit d'avoir son téléphone. C'était presque impossible pour moi de ne pas être sur mon téléphone. Alors, parfois, je passais durant les récrés, je pouvais sortir mon téléphone juste le temps dans l'appel pour dire ce qu'on peut s'appeler après 15h30.

  • Speaker #1

    On pourrait bien être journaliste.

  • Speaker #0

    Pour rappeler un journaliste, pour rappeler des experts, ou pour rappeler, je ne sais pas, peu importe tout ce qui se passait à ce moment-là, c'était pour rappeler parfois la police, oui, c'était juste pour prévenir qu'on aimerait bien en fait faire une grève jeudi matin. Est-ce que c'est possible de vous envoyer par mail ? Puis dire, ok, je vous envoie le mail, mais seulement après 15h30. Et donc, ouais, c'était un peu what the fuck, ça n'avait aucun sens à ce moment-là. Mais heureusement, il y avait la compréhension d'assez de professeurs pour que ça se passe bien. J'avais le soutien de mes potes, de mes amis. Et puis, j'étais pas seule. Je suis pas la seule à gérer tout ça. Il y avait tout le groupe flamand qui, ensuite, commence à s'élargir vers des francophones. Donc, je suis pas un peu soufflée aussi. Je suis pas celle qui gère tout. Il y a clairement... C'est un travail d'équipe.

  • Speaker #1

    Vous mettez en place une hiérarchie ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Il fait quoi ? Toi, tu étais un peu porte-parole au début, par défaut. Ça a pris d'un coup.

  • Speaker #0

    Ça a pris d'un coup. Et ça, c'est un peu la question qui fâche dans les mouvements. C'est la part de la traite. très difficile et qu'on essaye d'établir, mais qui est vraiment... C'est difficile. C'est-à-dire qu'on veut être... Déjà, c'est un mouvement qui s'est créé après en momentum. Pas un mouvement qui a créé en momentum. Donc tout ce qui se passe, on doit ensuite... C'est seulement dans les prochaines semaines qu'on se dit, OK, en fait, comment on s'organise ? Qui fait quoi ? Et du coup, on avait quelqu'un qui était plus responsable des questions de la police, quelqu'un qui était plus responsable des relations avec les politiciens, d'autres avec les experts. À ce moment-là, vu qu'à nous, on allait moins, on était plus dans la presse, c'était relation avec la presse et les médias. Mais évidemment, tout ça, on veut essayer que ça change, mais en même temps, le monde de la presse, ce n'est pas un monde qui aime changer de visage comme ça. Et donc, la question du visage, c'est encore aujourd'hui. C'est un grand débat et un questionnement au sein des mouvements. Est-ce qu'on personnalise ou pas en mouvement ? Ça, c'est la grande difficulté. Et on peut analyser, il y a des sociologues qui l'ont fait, les différences dans les mouvements en Europe, même dans le monde, mais en Europe, de certains mouvements qui avaient des visages et d'autres non. En Belgique, il y a eu Anouna et moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que parfois ça a été dur, insurmontable ? Trop.

  • Speaker #0

    L'activisme en général. Ouais, au début, ça a été. Même si je pouvais rentrer quand même en pleurs. La difficulté aussi du jour au lendemain, je deviens très, très, très proche d'un groupe que je connais en réalité pas trop. J'ai cette question d'être présente dans la presse, mais il faut dire ce que les jeunes veulent dire. Mais en même temps, on n'a pas été... élu au début, vu que ces jeunes sont sortis dans la rue, mais après, écoute les interviews que nous on donne. Donc ça, ça a amené beaucoup de tensions. Et j'ai très vite compris que gérer un mouvement, c'était très, très, très difficile. Donc c'était... Beaucoup de fois, j'étais... J'étais dans des moments très difficiles, en fait. Je sentais la tension et c'était pas facile à gérer. Et en même temps, heureusement, on est toujours plein. Et puis après, juste l'activisme, ça a toujours été très, très, très présent. Donc ça a souvent été trop. Mais après, il fallait gérer ça, gérer ces réactions. Là, c'est beaucoup d'émotions parce que je suis en train de parler à des experts qui sont vraiment en train de me décrire la réalité de la science qui fait peur. Et en fait, ça m'impressionne les experts qui travaillent sur ça quotidiennement, parce que je pense qu'humainement, pour ne pas être en dissonance cognitive, on ne peut pas prendre toutes les informations dans le mot. Et donc, de se driller à 18 ans d'abord, d'enchaîner les rendez-vous avec les experts pour bien comprendre, c'est aussi un coup émotionnel. Et encore aujourd'hui, il faut continuer à s'éduquer, je continue à avoir ces experts, et maintenant j'ai développé un peu des mécanismes de défense pour m'assurer de... de ne pas tomber en dépression et de ne pas être toujours triste. Mais d'ailleurs, j'expliquerai mon mécanisme de défense bizarre, mais c'est quelque chose que j'ai développé à travers les années. Ce qui a été trop, c'est qu'au final, du jour au lendemain, c'est devenu le centre de ma vie. Et depuis, quand on réalise que, un, il y a une urgence et que c'est vraiment la merde, que, deux, on peut avoir un impact en s'engageant collectivement, c'est une recette. où c'est impossible de vouloir rentrer dans le déni ou de plus vouloir s'activer, parce qu'on réalise qu'on a une recette ici qui fonctionne et qui peut vraiment permettre de changer des choses. Et c'est une recette que je pense énormément de personnes aimeraient toucher et avoir. Quand j'étais dans ce bol, je me dis, mais jamais de la vie, je me sens de là. Je continuerai toujours. Donc oui, à plein de moments, ça a été trop, et c'était intense, et j'ai raté ces 50 ans d'année. énormément de soirées, de moments importants. J'ai eu une jeunesse qui est hyper différente peut-être que d'autres, mais j'ai eu une jeunesse qui a eu tellement de sens et qui a tellement de sens aujourd'hui et qui m'a amenée tellement et j'ai eu la chance d'apprendre énormément et ça m'a fait grandir beaucoup. Donc pour rien au monde je change, mais oui ça a été des moments durs.

  • Speaker #1

    Tu recommencerais tout pareil ?

  • Speaker #0

    En réalité je recommencerais tout pareil. Parce que même quand on a fait des erreurs, par exemple dans des décisions au sein du mouvement, quand on a réalisé qu'en fait, je ne sais pas, on aurait dû créer une charte éthique dès le début, qu'on aurait dû s'éduquer beaucoup plus, pas seulement sur les questions climatiques, mais intersectionnelles, comment unir les luttes beaucoup plus rapidement, etc. C'est quelque chose que j'ai appris seulement après deux, trois, quatre, cinq ans, quand aujourd'hui je suis en plein éducation de tout ça. Donc toutes les erreurs qu'on a commises, Elles m'ont permis aujourd'hui de me dire, en fait je vais m'éduquer sur ces questions. En fait, quand j'ai fait ça, quand on a pris ces décisions avec le mouvement, c'est mal passé, donc tant mieux en fait. Enfin non, c'était pas drôle du tout à ce moment-là, c'était à coup de pleurs ou à coup de ruptures amicales, etc. Mais ça a été des moments où ça nous a fait grandir, ça a fait grandir le mouvement, ça m'a fait grandir personnellement. Et je pense que ces erreurs qu'on a commises, entre guillemets, par exemple, si je prends l'exemple d'une vision beaucoup plus intersectionnelle dans le mouvement qui est nécessaire, dans le mouvement climat, avoir eu quelques claques, ça nous permet peut-être enfin aujourd'hui de réaliser que le mouvement climat, il doit évoluer. Et j'espère qu'il y a eu le mouvement des jeunes pour le climat et qu'aujourd'hui, il est clairement en train d'évoluer. En tout cas, moi, je vais tout faire pour.

  • Speaker #1

    Tu voudrais qu'il évolue comment ?

  • Speaker #0

    Je pense que le mouvement climat... il doit évoluer pour s'assurer que dans notre message, on ne parle pas seulement de climat. C'est-à-dire que le climat, c'est une conséquence d'un système qui va mal, et les conséquences, elles sont multiples. C'est-à-dire que le climat, c'est une oppression des hommes avec un grand H vers la planète Terre, la Terre, les autres espèces sur Terre qu'on oublie trop souvent. crise multiple, on est en train de dépasser toutes les limites de la terre, mais il y a d'autres oppressions. Il y a l'oppression des hommes avec un petit H vers les femmes, les questions féministes, il y a l'oppression des blancs envers les noirs, et ça c'est la question raciale, et donc il y a tellement de luttes, en fait, qu'on peut retrouver où on va se dire mais en fait ce sont des conséquences. D'une manière qu'on a décidé de vivre, d'accepter une oppression envers une autre, elle devrait être refusée, condamnée. Pour toutes ces luttes, c'est la même condamnation. Et donc, il faut qu'on se retrouve. Parce que si demain, on est dans un monde neutre en carbone, mais qu'on est encore dans un monde où on doit lutter pour les droits des femmes, lutter pour les injustices raciales, etc., on a un problème. Et donc... Tout est lié. Et tant qu'on est en train de changer structurellement le monde, d'ailleurs, ce n'est pas possible d'atteindre, par exemple, la neutralité carbone en Belgique sans changer nos habitudes, sans changer de manière structurelle la manière dont on vit en Belgique. Ça a été prouvé par plusieurs rapports. Si on change tout jusqu'à la racine, la racine, elle va ramener la manière dont on a décidé de vivre. C'est-à-dire qu'on doit prendre en compte l'histoire qui nous a amenés ici. Et pour ça aussi, l'urgence climatique, pour donner un autre exemple, est ancrée dans les inégalités. On ne peut pas parler de climat sans parler de l'inégalité, vu que le climat, ceux qui contribuent le plus aux dérèglements climatiques, donc ceux qui polluent le plus, sont les personnes, souvent, ou les groupes de personnes qui ont le plus de capital économique. Ça a été prouvé par différents rapports, entre autres le rapport d'Oxfam. Tandis que ceux qui polluent le moins, entre guillemets, sont ceux qui ont plus de capital économique, mais surtout aussi qui subissent directement les conséquences climatiques. Donc c'est-à-dire qu'on est en train d'avoir… Une courbe d'injustice. Ou genre, en fait, par exemple, je ne sais pas, dites-moi si le Vietnam a été un pays majoritairement émetteur historiquement de CO2, beaucoup d'experts vous diront, non, c'est majoritairement les pays occidentaux, pendant la révolution industrielle. Aujourd'hui, la tendance se change, mais il ne faut pas oublier l'histoire. Parce que si on oblige l'histoire, on crée des tensions internationales déjà premièrement, mais aussi, c'est pas égal. Enfin bref, il y a beaucoup de choses dont on devrait parler sur tout ça, mais en gros, on a une responsabilité qui dépasse le fait qu'aujourd'hui, il y a trop de CO2 dans l'atmosphère. Le problème est beaucoup plus profond, et donc chez Star, et les mouvements climat le réalisent, c'est juste qu'on doit continuer à faire de mieux en mieux. Le média intimiste, mais pas indiscret.

  • Speaker #1

    Pour en revenir à tes actions, tout prend un volet international avec des figures majeures, dont tu as cité Anuna de Weaver, toi, Camille Etienne en France, Greta Thunberg, mondialement connue depuis sa Suède. Vous vous rencontrez. Comment ça se met en place ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a plein d'autres. Il y a Vanessa Nakate qui vient du Uganda. Il y a aussi Luisa qui vient de... D'Allemagne, il y en a plein, plein, plein, plein qu'on pourrait énumérer. On se rencontre. Au début, ça se faisait parce qu'on allait un peu dans les grèves, les grèves à Paris, les grèves à Berlin, les grèves en Suède, etc. Et puis maintenant, c'est juste que la coalition a été créée grâce, entre autres, aux réseaux sociaux, qui nous permettent d'être internationalement connectés. Et donc, on se rencontre aussi à des grands événements parce qu'on essaye d'être présents au COP. donc grande conférence annuelle sur le dérèglement climatique. On essaie d'être présents à des moments clés, mais c'est surtout qu'on se voit grâce aux réseaux sociaux et qu'on reste connectés pour avoir une stratégie qui est alignée.

  • Speaker #1

    Vous vous trouvez vite, vous tombez vite d'accord ?

  • Speaker #0

    Non. Non ? On est loin d'être toujours d'accord. Ce n'est pas toujours facile. On a été toujours beaucoup d'accord au début, mais quand je dis qu'il faut faire évoluer, par exemple, le mouvement... Le climat, ce n'est pas facile toujours de voir comment on fait ça mieux. Et donc aujourd'hui, non, il y a aussi des désaccords profonds entre, par exemple, ces figures-là, mais aussi dans les différents mouvements nationaux, parce que nos pays ont aussi différentes histoires. Donc plus on va profond dans la manière dont on doit amener ce changement structurel, plus c'est difficile de savoir que ça doit se faire différemment dans certains pays. Parfois avec différentes communications, donc on ne peut pas toujours coopérer avec ce qu'on va dire en France aujourd'hui, peut-être pas être dit au Bouganda aujourd'hui, c'est différent. Mais on est d'accord parfois aussi souvent que c'est différent. Mais c'est vraiment très fort parce que c'est avec elle, souvent, qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies, qu'on évolue bien, j'espère qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies et après qu'on puisse abonner. avoir une coordination internationale, ce qui est quand même assez rare pour des jeunes aujourd'hui, de déjà être en contact, plus qu'en contact, être en coordination de stratégie pour avoir un impact sur le monde politique et privé. Parfois, on attaque les mêmes compagnies privées au même moment, au même endroit, enfin pas au même endroit du coup, mais partout dans le monde, au même moment, avec le même message. Tout ça, c'est très fort et c'est un peu notre force.

  • Speaker #1

    On vient de citer le nom de différentes de tes codex. Je ne sais pas si on peut dire codex ou... ou consœurs, je ne sais pas quel terme vous avez dit. Autres militantes. Militantes. Il n'y a pas d'hommes.

  • Speaker #0

    Il y a des hommes aussi.

  • Speaker #1

    Mais ils sont moins connus. Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plein de raisons pour ça. Plein de raisons pour lesquelles ce sont surtout des figures féminines qui ont émergé de ce mouvement climat. On va commencer peut-être par la positive. L'hypothèse positive, c'est que peut-être que... Parce qu'il y a des hommes dans le mouvement. Il y en a. C'est peut-être que le monde a évolué et qu'il laisse aussi, enfin, la place à la femme de prendre le lead. Voilà. Ça, comme ça, c'est la positive qui est passée, mais tout le monde ne sera pas d'accord avec moi. Mais je me dis, ça n'a pas toujours dérangé les mecs, que ce soit nous qui prenons la parole, ce qui est hyper important et vraiment... Enfin, quoi. Et puis, d'autres raisons, c'est que politiquement, dans les sphères politiques, mais dans les sphères privées, là où les décisions sont prises, là où il y a beaucoup de pouvoir, ça, on peut le regarder dans les faits, il y a moins de femmes. Je pense qu'il y a aujourd'hui 9 femmes qui sont chefs d'État sur 139, 140 pays. Il y en a beaucoup plus, je ne sais pas. Il y en a combien ? Il y en a... honnêtement je ne sais pas c'est dans les 193 quelque chose reconnu par l'ONU mais il y en a un peu plus ceux qui ne sont pas reconnus bon on va dire 200 prendre ceux qui ne sont pas reconnus dans les 200 pays donc c'est enfin bref c'est rien du tout 9 femmes sur 193 200 donc on a vraiment un manque de représentation de femmes ou même de place pour la femme dans ses rôles importants que ce soit chef d'état ministre mais aussi CEO dans des boards etc parfois on est obligé d'imposer le quota pour qu'il y ait des femmes. Et donc, c'est une évidence. Et ce que certains sociologues ont remarqué, c'est que du coup, la femme va trouver un autre endroit pour pouvoir s'exprimer et trouver ce empowerment comme on dit en anglais, mais cet endroit où on peut avoir du pouvoir, pour pouvoir s'exprimer, tout simplement. Et donc, l'utilisation de la rue, l'utilisation des mouvements sociaux va être très, très importante parce que ça va être l'outil le plus accessible pour la femme. Et donc, en général, on va retrouver énormément de femmes dans les mouvements sociaux, dans les mouvements du climat, parce que c'est ces moyens d'action qui sont accessibles. Donc ça, c'est aussi pour moi quelque chose qui, je pense, est évident et qui ne m'étonnerait pas non plus. Il y a énormément d'autres explications, je pense, qui peuvent découler de ça. Mais pour moi, c'est ces deux-là qui sont un peu les clés et les raisons pour lesquelles je pense qu'on s'est retrouvées là.

  • Speaker #1

    On vient de dire que vous avez eu une médiatisation mondiale. Notamment, on a pu connu d'entre vous Greta Thunberg, mais vous êtes aussi, pour beaucoup, une cible. Comment on vit un truc pareil ? Parce qu'il y a des fois des attaques extrêmement virulentes contre vous. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui, et on vient de parler de l'action de la femme. Donc je vais commencer par là. Les attaques qu'il y a sur Greta ou d'autres figures. que ce soit dans le monde climatique ou de l'activisme en général, ce que j'ai remarqué, c'est que c'est majoritairement des attaques qui sont liées au physique de la personne que nous sommes et pas au contenu qu'on amène. Et donc, on a vraiment beaucoup d'attaques sur le fait qu'on est des femmes. Mais des attaques misogyniques, c'est incroyable que les gens osent dire ça. Peut-être parce qu'ils sont cachés derrière leur écran, parce que c'est rare. qu'on me les dit ça face à face, mais je pense jamais. Mais donc les attaques qui sont majoritairement présentes, ce sont des attaques comme rentrer à la cuisine, retourner à l'école, ça c'est aussi parce qu'on est jeune. Donc jeune femme, c'est vraiment pas top. On a quand même le privilège d'être blonde, donc c'est pour ça qu'on a pu épargner toutes les remarques racistes. Mais dès qu'on pouvait trouver quelque chose, c'était le fait que c'était ça. après moi j'étais ok mais parlons du fond oui jamais sur les faits ou sur les plans et là peut-être qu'on aurait pas pu avoir un débat mais donc il y a des attaques très présentes sur les réseaux sociaux j'ai un fichier sur mon téléphone ce que je garde tout parce que c'est continu de 2019 jusqu'à aujourd'hui où on pourrait dire il y a peut-être un peu moins de médias wow pardon il y a un peu moins de

  • Speaker #1

    Médiatisation.

  • Speaker #0

    Médiatisation, oui. On est quand même sur les réseaux sociaux, mais les réseaux sociaux, peu importe l'impact qu'on a, on va se faire attaquer. Au point où, en 2019, ça, au tout début, pour Anna et celles qui les entouraient, entre autres moi, il y a eu des attaques, des menaces de mort, et où on a dû commencer des dossiers. Donc, c'est très réel, les attaques qu'il y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui. Et c'est très triste. C'est très misogyne. Et j'en ai... Il y en a une qui me dérange beaucoup, mais je pense que je vais la dire juste parce que pour réaliser un peu le niveau de ce qu'on pourrait attendre, c'est juste que mon problème, c'est que... Je n'ai pas une grosse bite entre les jambes et que du coup, je ne suis pas relax. Il y a plein, plein, plein, plein d'attaques comme ça, complètement inacceptables et qui sont très dérangeantes. Et donc, ça, c'est la réalité des réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Mais avec tout ça, quand on reçoit ça toute sa journée, j'imagine que c'est assez fréquent ?

  • Speaker #0

    Dès qu'on poste, en fait.

  • Speaker #1

    Dès que tu postes, donc c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça va dépendre aussi des réseaux, parce qu'il y a des réseaux qui... qui ont une certaine...

  • Speaker #1

    Monétisation.

  • Speaker #0

    Oui. Ils ont des gens qui checkent. Enfin, pas des gens, mais il y a quand même un minimum de choses qui ne peuvent pas être faites. Une politique, quoi, de sécurité. Et il y en a qui n'en ont pas du tout pour ne pas les citer. Et c'est là qu'on ressent vraiment beaucoup plus d'attaques. Après, il y a des analyses à faire. Par exemple, je remarque qu'il y a quand même des gens qui reviennent constamment. Ils sont peut-être... addicts à moi et je sais pas, ils ont envie de rester là. Et il y en a, des nouveaux de temps en temps.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a jamais empêché de continuer ?

  • Speaker #0

    Non, non, pour rien au monde, parce que sinon, ils gagnent. Et ça, pour rien au monde, ils gagnent.

  • Speaker #1

    On a rien à ce qu'on disait au début, l'endurance, par rapport au sport, triathlon, tout ça, marche de fond.

  • Speaker #0

    Si on se casse la gueule, on s'enlève. Parce que, ou si quelqu'un veut nous tirer... Ou mentalement nous dire en fait t'es trop nulle, tu vas jamais finir la course. C'est un enjeu sportif, tu peux jamais écouter les gens qui sont sur le côté et qui te regardent performer. Tu leur demandes de courir et d'essayer de faire le triathlon, alors on verra si eux ils arrivent à persévérer. Et en fait c'est beaucoup dans le mental aussi, comme dans le sport. Mais c'est aussi parce qu'au-delà du sport qui est un dépassement souvent quand même personnel et individuel, ici on est dans un enjeu collectif. C'est-à-dire que ce n'est pas bon, est-ce que je ne peux continuer pas ? Non, c'est en fait, on a besoin de ça. Alors moi, personnellement, je peux me retirer un peu parce qu'il faut quand même que je reste zen et que je puisse me reposer quand il faut. C'est pour ça que je dis que c'est un relais, c'est une course relais. Parfois, je passe le bâton, je prends le temps de souffler. Parfois, j'ai envie de boire un peu autre chose. Et après, je reprends le bâton et je continue la course.

  • Speaker #1

    Tu fais quoi dans ces moments-là, des moments un peu plus de repos ?

  • Speaker #0

    Je passe beaucoup de temps avec ma famille. Mes amis, un peu déconnectés.

  • Speaker #1

    Tu as un noyau dur comme ça autour de toi.

  • Speaker #0

    Eux vont dire que je ne me déconnecte jamais, mais j'essaie vraiment. Et puis, des moments où on part, là où il n'y a pas de wifi, et on s'isole près de Pando ou dans la montagne ou à la mer, peu importe. Et ça, c'est hyper important. Et puis, il y a des moments aussi où j'ai donné le bâton, comme l'année dernière, où j'ai voulu me concentrer sur un master. et je savais qu'il allait me demander énormément de temps. Et donc là, j'ai un peu donné le relais. Et si maintenant, je reprends le bateau, ça ne veut pas dire que je ne cours pas, mais je cours un peu plus lentement.

  • Speaker #1

    Ton master que tu viens de faire, c'est dans le but... Tu as déjà un but très précis dans ton carrière ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais... Enfin, je ne prends pas mes décisions pour une carrière ou pour une vision long terme, même si je prends une vision long terme.

  • Speaker #1

    Pour le climat, mais pas pour toi. On fera distinction.

  • Speaker #0

    Mais personnellement, l'évolution s'est un peu faite. Je suis en réto quand je commence les grèves pour le climat, donc c'est logique que j'essaie de comprendre les institutions politiques. Au début, c'est vraiment que focus politique. Du coup, je veux vraiment comprendre qui j'attaque, qui je pointe du doigt. J'étais beaucoup entourée de scientifiques qui me disaient que les informations scientifiques, on les a. Donc, ça ne m'a pas poussée notamment à étudier de la science parce que je réalisais qu'en fait, on était en train de... passer un message de scientifique qui n'est même pas encore entendu. Donc, si c'est pour devenir un scientifique qui n'est pas écouté, ça sert à quoi ?

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    ce n'est pas pour dire qu'il y a un manque de science, elle est là. Mais j'avais besoin de comprendre ces institutions politiques pour me dire, OK, comment on continue ? Qui je prends de doigt ? À travers mon bachelier ici à Bruxelles en sciences politiques et sociales, à la VUB à UGent. J'ai continué mon activisme, c'était vraiment le centre de mon activité. Et basée à Bruxelles, un peu indirectement, on est devenu un peu la base du mouvement pour l'Europe à Bruxelles, vu les institutions. Et donc, je commence à avoir de plus en plus de responsabilités au niveau des campagnes européennes. Et là, je suis encore en mode, ok, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Et donc, à la fin de mon bachelier, c'est très logique pour moi de me dire, il faut vraiment... que je comprenne les institutions européennes, ce monde-là. Si je veux rester basée à Bruxelles, il faut que je comprenne tout. Et donc, maintenant, j'ai fait mes études, mon master en politique de l'Union européenne.

  • Speaker #1

    Tu voudrais les intégrer, les institutions européennes ou onusiennes ou autres ?

  • Speaker #0

    Du coup, je n'ai vraiment pas fait ça pour les intégrer. Alors, une fois qu'on les étudie, on a un mode. Et que tous mes potes de mon master rentrent dans ces institutions, c'est impressionnant. C'est un peu les grands... Mais franchement, pas.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme d'édit, on peut dire, je crois. C'est le Collège de Bruges, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    Le Collège de l'Europe à Bruges, c'est clairement l'idée d'aller chercher ceux qui vont créer d'abord une bulle pour rentrer dans la bulle européenne. Et donc, c'est assez ironique parce que le monde de la bulle européenne veut absolument casser la bulle européenne, mais il y a une école qui est là pour s'assurer que les gens aillent dans cette bulle. Mais il faut quand même dire que l'école existait avant que l'Union européenne existe. C'était les futurs penseurs de l'Europe qui se réunissaient à Bruges. Bref, ça c'est l'histoire de Bruges. J'ai pas très d'interessants, mais si c'est intéressant, bref. Mais ça reste très élitiste. Néanmoins, ça a été une force pour moi de vraiment me dire Ok, c'est comme ça que ça se passe. Et aujourd'hui, je peux vraiment comprendre tout le système de l'Union européenne. Je peux jouer sur cette carte du collège pour assurer que la voix des jeunes qui sont engagés à travers l'Europe soit entendue ici dans les institutions, soit entendue à Bruxelles. Et donc maintenant, c'est un mot de pied. Comment est-ce qu'on coordonne tout ça ? C'est un peu la prochaine étape.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais jouer un rôle politique, en dehors du fait que ton action est déjà politique, mais si demain on te propose un mandat, par exemple ? Bon, politique-fiction. On te propose premier ministre.

  • Speaker #0

    Premier ministre ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu acceptes ?

  • Speaker #0

    Alors là, je n'ai pas les compétences de premier ministre aujourd'hui. Je suis beaucoup trop jeune et je pense que ce n'est pas un rôle facile du tout. Donc, je n'accepterai pas aujourd'hui. Et je n'accepte pas aujourd'hui, du coup, en fait, de rôle au sein de cette politique qui est... Parce que je fais de la politique. qui est plutôt dans la démarche démocratique vers les institutions telles que le Parlement ou devenir ministre et autres.

  • Speaker #1

    Tu préfères une politique, on peut dire, d'influence par rapport à une politique exécutive.

  • Speaker #0

    Exactement, mais je vais aller en plein nuance dans ça. La raison pour laquelle j'ai cette position aujourd'hui, c'est parce qu'à travers mon activisme, j'ai réalisé qu'on est constamment exclu. en tant que jeunes alors qu'on n'a jamais été aussi actifs. En tout cas, une partie de ma génération, parce que c'est impossible de généraliser ça à toute ma génération, mais une partie de ma génération n'a jamais été aussi active dans l'envie de participer, dans l'envie d'être présente, d'être autour de la table, de parler et ensuite même de pouvoir décider. C'est quelque chose qui est hyper important pour les jeunes aujourd'hui, surtout sur les questions climatiques. Il faut se battre, littéralement, pour avoir accès à une demi-chaise entre deux personnes pour parfois lever la main et peut-être avoir la parole. Donc c'est très, très compliqué, en fait. Alors qu'on est hyper actifs, genre. Donc je me dis, il y a un problème d'inclusion de certaines communautés. Et je veux dire, je ne suis pas la première à le découvrir, évidemment. Tous les sociologues et politologues l'avaient déjà vu. Mais là, je l'ai vraiment vécu. Et donc, ce n'est pas possible pour moi de me dire, OK, je suis ministre, je vais résoudre le problème. Non. Déjà, on ne peut pas le résoudre seul. Donc, ce ne serait pas possible pour moi de venir et je vais résoudre le problème climatique en devenant ministre du climat. Il y a un problème beaucoup plus profond. Déjà, le climat, c'est beaucoup plus profond, mais il y a un problème beaucoup plus profond de démocratie en Belgique et même en Europe, où on doit pouvoir beaucoup plus inclure le citoyen. Quand il a une énergie folle, c'est quand même fou de l'exclure. Alors que quand on est dans le monde de la politique, je l'entends très bien, on est en mode, comment on s'assure d'écouter les citoyens ? Mais ils sont là, ils crient. Mais évidemment qu'après cinq ans, ils sont fatigués de s'organiser pour se mobiliser sous la pluie, à huit heures du matin, de rater le boulot, de voir, je ne sais pas, rater les cours. Enfin, ça demande beaucoup d'énergie. Et il y a énormément de personnes qui le font. Donc, pour moi, il y a un problème plus profond où je me dis, pour le moment, mon rôle est à l'extérieur de ces institutions parce que, ces institutions politiques, en tout cas, il y aura toujours un pied pour moi. hyper important dans l'organisation externe pour se dire comment on s'assure qu'on puisse être beaucoup plus inclus et qu'on inclut ceux qui ont l'énergie. Et donc, pour ça, je suis très intéressée par la démocratie beaucoup plus délibérative, la démocratie participative, qui, je suis persuadée... est la démocratie de demain qu'on doit établir aujourd'hui. Parce que pour moi, c'est juste essentiel pour résoudre énormément d'autres problèmes qui dépassent les questions climatiques. Et tant qu'on est dans un changement de système, ça doit passer aussi par là.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas une forme de lutte d'épuisement ?

  • Speaker #0

    Une lutte d'épuisement ?

  • Speaker #1

    Oui, de la part des gens qui sont en face de toi, de dire on ne va pas trop bouger, on va attendre que ça passe. Ce n'est pas un peu l'idée ? Comme tu le ressens ?

  • Speaker #0

    Pour ceux qui entendent le message qu'on essaie de faire passer ?

  • Speaker #1

    Ou qui devraient l'entendre.

  • Speaker #0

    Ah oui ! Alors, je pense qu'on est entendus parce que c'est pas possible vraiment de... Alors, il faut vraiment se boucher les oreilles. Mais on n'est pas toujours écoutés attentivement. Une écoute active aussi, et une écoute qui ensuite passe de l'écoute à l'action, de l'inclusion. C'est vraiment des dabs qui demandent beaucoup de courage, apparemment, politiques. Et donc, non, on... C'est vrai qu'au tout début, il y avait un peu l'impossibilité de ne pas inclure les jeunes. Ce n'était pas possible à ce moment-là de ne pas sortir dans la presse et dire Le climat, c'est notre priorité Et comme aujourd'hui, on n'est pas 40 milliards devant leur porte comme ça, enfin plutôt comme ça, ils ne suivent pas, ce n'est plus leur priorité. Et donc, c'est hyper frustrant de se dire que si on n'est pas les pancartes à la main, Déjà, la première chose qui est entendue, c'est que si on n'est pas les pancartes à la main, on n'est pas engagé, on n'est plus présent, c'est plus notre priorité à nous en tant que citoyens, ça ne nous touche plus trop. C'est fou, c'est un narratif ça. Parce qu'énormément d'entre nous sommes engagés, on a trouvé d'autres moyens d'accent qui sont encore plus critiqués aujourd'hui. Et en plus de ça, ce n'est pas la priorité politique parce qu'il y a un bon aveuglement du fait que c'est aussi une... une priorité publique. Donc, oui, ça nous a, ils nous ont bien fatigués et ils ont un peu réussi, mais vraiment en persévérance depuis le début.

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu, on a l'impression en voyant ça de l'extérieur, il y a eu vraiment une espèce de climax, un moment très, très fort avant la pandémie, enfin, les pandémies de Covid où vraiment, c'était extrêmement visible avec les figures dont on a parlé précédemment et on a l'impression que Sans jugement, ça s'essouffle un petit peu. Alors, est-ce que c'est parce que vous avez grandi en termes des études ou en termes d'une vie active, ou il y a vraiment un essoufflement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est vraiment une autre explication. Enfin,

  • Speaker #1

    je vois vraiment que... Que d'avoir, Anne.

  • Speaker #0

    Et c'est normal que... En fait, ce qui s'est essoufflé, c'est le moyen d'action de la grève.

  • Speaker #1

    Ce qui est visible.

  • Speaker #0

    Ce qui est la visibilité massive présente dans les rues de Bruxelles. C'est hyper spécifique, en vrai, comme moyen d'action. Et à travers l'activisme ou l'engagement, tout ça s'est démultiplié. à travers d'autres choses. Il y a énormément de jeunes qui sont en mode, OK, j'ai marché pendant un an et demi, j'ai raté tellement de cours, j'ai donné ma vie, maintenant je vais continuer à donner ma vie pour cet engagement, mais différemment. J'ai dû trouver un truc qui soit plus direct, donc les mains dans la terre, littéralement, ou les mains dans un projet concret où je vois l'impact de demain, ou quelque chose de complètement différent, beaucoup plus large encore, quelque chose de peut-être plus artistique. En fait, ce qui s'est passé, c'est que les jeunes sont engagés. Et ils ont trouvé leur talent à mettre un peu à travers leur engagement, afin que ça soit durable. Parce que, évidemment, faire la grève sous la pluie, ce n'est pas durable. Et il n'y a aucun mouvement qui a tenu 15 ans en faisant la grève sous la pluie. Mais ils se transforment, et les mouvements, leurs moyens d'action se transforment. Ça ne veut pas dire que l'engagement a disparu. Et ça se reflète quand on voit que les jeunes aujourd'hui, par exemple, refusent de... De plus en plus de jeunes refusent de travailler pour des grosses boîtes qui contribuent au dérèglement climatique. On voit de plus en plus de jeunes qui ont besoin d'être dans un concret et pas dans un projet un peu luphoque, on ne comprend pas trop ce que les gens font, ils ont besoin d'être littéralement dans un concret. Donc ça se traduit à travers ça, il y a énormément d'initiatives. Et puis il faut le dire, il y a eu la claque du Covid, et du coup l'aspect média c'est ce qui nous a fait grandir aussi. Et donc quand on n'a plus les médias pour nous faire grandir... visiblement, parce qu'on était en train de grandir. Et pendant le Covid, c'est le moment où on a eu le plus de recrutements.

  • Speaker #1

    C'était énorme.

  • Speaker #0

    Parce que c'était en mode Ah shit, what do I do with my life ? Comme on a beaucoup eu aussi, à ce moment-là, on a eu cette quête de sens générale. Donc, il y a eu beaucoup de jeunes qui ont fait ça aussi et donc qui l'ont retrouvé à travers le mouvement. Mais par contre, les médias étaient très focus sur le Covid. Seulement focus sur le Covid. Après, seulement focus sur la guerre en Ukraine. Après, seulement focus sur les problèmes de l'énergie. Et ça s'accumule et ça s'accumule et ça s'accumule. Et donc, il y a... Je pense que ce qui manque peut-être dans le côté médiatique, c'est de pouvoir traiter plusieurs urgences et crises en même temps, ce qui est évidemment un travail très difficile, mais dans un monde où on est vraiment dans un stade de multi-crises, ça ne va que s'accumuler. L'urgence climatique n'est pas une crise parce qu'elle ne pourra pas se résoudre, il n'y aura pas un avant et un après pour revenir à une norme, comme on l'a eu un peu avec le Covid. Donc ce n'est pas une crise, c'est vraiment une urgence dans le changement structurel. il faut pouvoir constamment la traiter même quand on fait face à des multiples crises parce que là jusque dans les toutes ces prochaines années je pense que toute ma vie on fera face à toutes ces crises donc c'est un vrai travail très difficile médiatique il y a les réseaux sociaux qui peuvent peut-être aider ou ne pas aider est-ce

  • Speaker #1

    que tu vas voir de temps en temps maintenant des plus jeunes ceux qui ont 15 ans est-ce que tu fais une forme de mentorat,

  • Speaker #0

    de relève il y a beaucoup de moments où je vais dans les écoles... Je dis jeunes, mais on est plusieurs à le faire aussi. Et on parle à des plus jeunes. Et le mouvement Youth for Climate, lui, évolue, que je suis en train de quitter. Parce que pour moi, c'est la prochaine étape. Maintenant, j'ai ma fille et mes études. Donc, ça doit rester un mouvement des jeunes, universitaire et secondaire. Mais oui, j'en rencontre. Je ne suis pas encore créée de formation, mais par contre, c'est une bonne idée.

  • Speaker #1

    Si on peut aider.

  • Speaker #0

    Go, créez une formation. Si quelqu'un veut financer la formation...

  • Speaker #1

    Vous y serez dans la vidéo, promis.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    À pieds d'un.

  • Speaker #0

    Un petit teaser.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui pourrait te faire arrêter ? Est-ce qu'il y aurait la goutte qui fait déborder le vase ? Est-ce qu'il y aurait quelque chose ? Est-ce que cette goutte existe ? Ou pourrait exister ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que cette goutte existe. Je ne pourrais pas arrêter parce qu'il y a eu énormément de choses qui se sont passées ces dernières années, surtout de rencontres qui ont fait que ça m'a touchée dans les tripes. Ce n'est plus une question de calcul, de rapport, de chiffres que j'ai en tête. Du coup, j'ai un peu peur. Non, c'est quelque chose qui m'a vraiment touchée dans les tripes, des histoires qui m'ont touchée personnellement, des rencontres aujourd'hui qui sont devenues des amitiés et que je ne pourrais jamais lâcher l'action. Mais par contre, ce qui peut changer et ce qui change déjà maintenant, c'est la manière dont je prends l'action. La manière dont je décide de faire action, le message que je vais mettre en avant, ma vision du monde de demain, tout ça, ça peut évoluer. Mais être dans cette idée qu'on va devoir changer, qu'on est en train d'établir ça, que je vais faire partie, j'espère, et que je fais partie d'une manière ou d'une autre à essayer de faire changer les choses dans mon entourage, et au-delà, ça, ça ne changera jamais. Mon engagement ne changera. Mon engagement ne disparaîtra pas. Il sera toujours là. Il pourra, par contre, changer. Et je pense qu'il va évoluer constamment. Mais il n'y aura rien au monde, rien, qui me fera arrêter d'être engagée.

  • Speaker #1

    C'est ton ADN.

  • Speaker #0

    Ça a touché mon ADN, mon nom.

  • Speaker #1

    Ça l'a modifié ? Ça l'a fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Ça l'a beaucoup fait évoluer. Ça l'a complètement modifié. L'ADN d'Adelaide Charlie d'avant, c'était une ADN très capitaliste. J'avais envie de travailler pour Google. une grosse boîte, j'avais envie d'avoir une grosse 4x4, j'avais envie d'habiter à New York, j'avais envie de voyager le monde entier en avion. Il y a même eu un moment où je voulais être pilote. Enfin, je veux dire, j'ai eu des envies, des rêves qui sont très différents de mes rêves d'aujourd'hui. Et c'est des rêves qui sont un peu évidents, enfin, qui sont un peu logiques pour une jeune fille qui grandit dans le monde dans lequel on est aujourd'hui, les publicités qui m'entouraient, les rêves que je vois dans tous les films américains que j'ai regardés. J'avais envie de vivre ça, en fait, comme toutes les histoires qu'on me racontait. Et heureusement, aujourd'hui, il y a énormément d'artistes qui me font découvrir d'autres histoires et donc d'autres rêves. J'ai complètement changé de rêve. Donc oui, ça a touché mon ADN.

  • Speaker #1

    Mais c'est quoi ton message pour ceux qui rêvent encore de ça ? Comment peut-être les convertir d'une façon ou d'une autre ?

  • Speaker #0

    Merde, le monde du dark !

  • Speaker #1

    Parce qu'ils sont encore nombreux et nombreuses à rêver de ça.

  • Speaker #0

    Mais oui, et c'est normal déjà. Il ne faut pas se sentir coupable de remettre ça. Et c'est comme se sentir coupable de prendre l'avion et de faire des actions comme ça, qui sont néfastes pour l'urgence climatique. Tout ce qu'on fait en impact, c'est différent. Mais ce que je peux dire, c'est que je ne vais jamais dire à un individu ou à quelqu'un qui regarde ça, écoute, tu devrais vraiment arrêter de manger de la viande et prendre l'avion et renseigne-toi en lisant le rapport du GIEC. En vrai, ça devrait le faire. Mais c'est quelque chose de tellement beaucoup plus large que toi individuellement, que j'ai envie de dire, la première chose que tu peux faire, c'est de rejoindre des collectifs qui ont pensé à ça, qui pensent à ça, et qui sont toujours prêts d'accueillir des gens pour la réflexion. Et il n'y a pas de jugement à avoir sur soi, il n'y a pas de jugement à avoir sur les autres. Surtout, il faut arrêter de se juger, sinon on ne va vraiment jamais y arriver. Il ne faut pas se tirer dans les pattes. Chacun va prendre son temps d'évoluer individuellement, mais par contre, chacun a la responsabilité d'essayer quand même d'évoluer. Donc, ça veut dire qu'on a chacun une responsabilité quand même de s'éduquer sur la réalité du monde qui nous entoure. Parce que si on veut vivre en collectivité, il faut qu'on comprenne ce qui se passe à l'extérieur de chez nous. On ne peut pas rester chez nous. D'ailleurs, personne ne peut vivre seule aujourd'hui, c'est très rare, des gens qui vivent seuls, autonomes. Donc, vu qu'on dépend des autres, il faut qu'on s'éduque, il faut qu'on se renseigne sur ce qui se passe à l'extérieur, quel est l'impact quand je décide de prendre cette barquette-là ou cette barquette-là, c'est quoi la différence ? En fait, quand j'achète ce t-shirt ou un autre, est-ce qu'il y a une différence ? Et ça ne veut pas dire que du jour au lendemain, vous allez réussir à tout changer. Moi, ça me prend du temps de m'éduquer sur comment je dois agir. Mais surtout, on va se dire, se renseigner, c'est tellement plus important. Et rejoindre un collectif, c'est tellement plus important. Parce que c'est un projet qu'on est en train de mettre en place là, qui nous dépasse complètement individuellement. Ça dépasse ce que tu décides de faire, comment tu décides d'aller au travail. Ça dépasse comment tu décides de manger ce soir et dans quelle maison tu habites.

  • Speaker #1

    C'est partout, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus gros que ça. C'est un projet beaucoup plus profond, mais un projet qu'on est en train de mettre en place qui va nécessiter qu'un jour, par contre, tu ne pourras plus ou tu auras pris le temps de te renseigner qu'en fait, cette barquette-là, tu ne vas plus la prendre. Ça devrait être illégal parce qu'elle a un impact non seulement sur le climat, mais sur peut-être certains fermiers, sur des communautés autochtones, mais auxquelles on n'entend jamais parler parce qu'on n'arrive jamais à... Ça ne dépasse jamais, soit même leurs médias locaux ou juste leur manière de communiquer de leur côté. Enfin bref, du coup, ce qui est important, c'est que je me dis, il faut oser par contre rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves. Et ça ?

  • Speaker #1

    Ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Ouais, parce qu'en réalité, c'est facile en tant que jeune fille privilégiée qui peut, je pourrais très bien ignorer la réalité du monde. Je peux vivre dans mon bunker, dans un... à New York, dans une grosse boîte pour travailler pour une grosse boîte, acheter la plus grosse voiture. Enfin, j'ai pas l'argent aujourd'hui, mais si je voulais, on me le ferait en gros tas. Mais ça serait ignorer le monde. Et plus que ça, ça serait contribuer à un désastre et c'est inacceptable. Ça devrait être illégal. Du coup, c'est normal qu'au début, il faut renoncer à ça. Et c'est dur par contre. Parce qu'on renonce à un rêve parfois sans savoir c'est quoi notre autre rêve. D'ailleurs aujourd'hui, je n'ai jamais été aussi perdue dans la vie, genre de savoir, OK, complètement, je rêve de faire quoi quotidiennement ? Ouais, je veux avoir de l'impact, ouais, je veux m'engager, mais quotidiennement, à quoi ça ressemble ?

  • Speaker #1

    Mais justement, c'est quoi une journée d'ADHR ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas une journée type. Il y a plein de journées très, très différentes parce qu'en fait, je décide de prendre l'action sur... tellement d'angles très différents. Il y a des moments où ça va être des moments de plus de renseignements, où je vais passer des journées avec des scientifiques, ou quelques heures par-ci, par-là, pour essayer de mieux comprendre quelque chose. Je vais passer des heures à lire des rapports. Il y a beaucoup de temps de documentation qui est essentiel pour constamment être au point de ce qui se passe dans la réalité du monde, qui est tellement grande. Il y a l'éducation qui dépasse sur les questions climatiques. Je l'adhérais énormément sur les autres luttes. Et ce n'est pas seulement à travers la lecture, c'est à travers les rencontres aussi. Donc la plupart du temps, je suis avec des gens. Ça, c'est des réunions avec d'autres mouvements, des réunions avec des experts, des réunions politiques ou alors des réunions à travers l'Europe, des réunions avec d'autres ONG aussi, parce qu'on veut savoir comment on peut coopérer ensemble. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'organisations. peu d'impact. Enfin, pas d'impact, l'impact est énorme, je pense, mais à l'extérieur, la visibilité qu'il y a est comme ça aujourd'hui. Mais on travaille plein d'ayées sur se dire, OK, si on veut lancer une campagne, qu'est-ce qui serait important, par exemple, aujourd'hui ? La plupart de mes journées ressemblent à réfléchir avec d'autres à c'est quoi comment on a un impact maintenant sur les institutions et tout le monde politique qui est en train de se créer, comment on s'assure que le climat reste à l'actualité, concrètement, c'est quoi les priorités. En sachant que ces prochaines années, on ne va parler que de défense et d'énergie. Est-ce qu'on sera en fait présent ? Comment est-ce qu'on est présent ? Donc il y a tout un moment de stratégie. Mais j'en ai l'impression d'avoir rencontré des gens aussi pour trouver des fonds pour pouvoir payer notre travail. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais j'espère un jour ça sera un de mes rêves. Un rêve que j'ai développé à travers l'activisme.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à l'argent ?

  • Speaker #0

    Mon rapport à l'argent ? Oui. Aujourd'hui ? Oui. Mon rapport à l'argent, c'est que je n'ai pas de job pour le moment. C'est de l'activisme. Et grâce à mon Lice Bell que j'ai créé, on peut se financer deux jours semaine avec une de mes collègues amies. Et mon rêve serait de pouvoir payer toute une équipe, qu'on puisse être hyper actifs. Le fait qu'on ait déjà eu tellement d'impact sans être payés, je me dis, mais le jour où on est payés, et ce n'est pas parce que j'ai besoin, c'est tous en dehors du profit, je trouve ça, pour rien au monde, je travaillerais un jour. pour quelque chose qui a comme but seulement de gagner du profit, vraiment ça je m'en fous, mais par contre avoir du sens et d'impact, si je peux payer mon loyer et ma nourriture grâce à ça, le rêve, le rêve. En attendant, j'ai la chance d'être une jeune fille privilégiée comme d'autres en Belgique, où à travers nos études, nos parents nous aident à payer notre cote et payer notre bouffe, parfois avec quand même un job d'étudiant, mais moi mon job d'étudiant, c'était l'activisme. Et donc, de temps en temps, j'avais un peu d'aide grâce à du crowdfunding pour pouvoir payer certains trains, etc. Ou alors, un peu de babysitting par là. Bref, ou alors de temps en temps, une conférence qui paye un peu.

  • Speaker #1

    C'est de la débrouille, en fait.

  • Speaker #0

    Ah ouais, je suis constamment en mode... Mais tant que je peux vivre, c'est plus important. Le média Game Changer, multiples thématiques.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y aurait un sacrifice ultime que tu serais prête à faire ?

  • Speaker #0

    Quoi ? Si il y a un sacrifice ultime que je serais prête à faire ? Oui.

  • Speaker #1

    Tu peux le choisir.

  • Speaker #0

    Mais genre un sacrifice... Je donnerais quoi ? J'ai déjà tout donné. Non, je n'ai pas tout dit, mais il y a le sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vais sortir la définition du sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose dont tu te prives. On peut prendre cette définition.

  • Speaker #0

    Que je devrais me priver.

  • Speaker #1

    Que tu devrais, que tu n'as pas encore fait.

  • Speaker #0

    Beaucoup de privilèges auxquels j'ai encore. À travers mon éducation sur la lutte qui est nécessaire, qui doit être beaucoup plus intersectionnelle, je réalise de plus en plus de privilèges que j'ai.

  • Speaker #1

    De par ton milieu social, tu veux dire. De par mon milieu social,

  • Speaker #0

    que j'ai eu grâce au milieu où je suis née. Et donc, tout ça, il faut pouvoir d'abord questionner, on se renseigne, puis se questionner, et puis il faut les lâcher pour vivre dans une société un peu plus égale. Et donc, ça, c'est un truc que je devrais lâcher. Mais pour être honnête, comme je suis encore en plein moment d'éducation, sur ces questions-là, je dois encore savoir concrètement. Comment on fait ? Et pourquoi ? Et comment ? Enfin bref, ça c'est un sacrifice que je dois faire, mais je ne sais pas si le mot sacrifice est le bon terme. Je n'aime pas trop ce mot en fait, parce qu'il y a aussi beaucoup de gens qui étaient en mode Vous avez sacrifié votre jeunesse à travers votre activisme ? J'étais en mode What ? Ma jeunesse a été enrichie quoi. Et donc je pense que ce qui peut être vu par l'extérieur peut-être comme des sacrifices, c'est pour moi un enrichissement énorme. Sacrifier de ne pas manger chez McDo avec mes potes et je les attends devant parce que je refuse de rentrer dans le McDo, c'est pas un sacré, je suis hyper fière. Je les regarde manger leurs trucs, je suis en mode... On le fout, genre, mangez vos trucs, je vais ailleurs. Et ça s'est beaucoup passé ces derniers temps avec mes potes parce que j'ai pas que des potes activistes. Et voilà. Et c'est ma manière d'être cohérente avec moi et je me sens hyper bien et... Enfin, c'est pour donner un exemple comme ça, mais des sacrifices de... De, non, je ne vais pas... Enfin, cet été, j'aurais beaucoup aimé aller voir une de mes meilleures amies qui a eu son diplôme à UCLA aux États-Unis. Mais non, je ne vais pas la voir. Enfin, je ne vais pas prendre l'avion pour lui taper la gueule.

  • Speaker #1

    Elle a déjà été en bateau une fois.

  • Speaker #0

    Elle a été en bateau une fois, oui. Peut-être que j'irai une deuxième fois, j'espère. Teaser.

  • Speaker #1

    Peut-être. Épisode 2.

  • Speaker #0

    Épisode 2, oui. J'aimerais beaucoup en ce cas.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes amis, tu viens de dire que tu n'avais pas que des amis activistes ou sensibles à la cause. Comment ça se passe ? C'est tendu parfois ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai beaucoup d'amis. On se respecte énormément, donc ce n'est pas tendu. Et puis parfois, souvent, c'est un sujet qui ne vient pas. et que je décide de ne pas mettre parce que j'ai beaucoup d'amis d'avant le moment où j'ai eu tout le rendement dans ma vie. Et en fait, elles sont tellement importantes pour moi, ces amitiés, que pour rien au monde, je veux les détruire ou les impacter. Mais néanmoins, je sais très bien qu'avec ma vie du quotidien, indirectement, il y a un impact sur mes amis. Moi, je fais ce qui a du sens pour moi et peut-être que ça aura du sens. vous aussi un jour, de vous laisser sur ça. Et puis, j'ai plein d'amis qui, du coup, me posent plein de questions. Et puis, j'ai quand même des amis qui me confondent un peu avec des trucs. Mais ces amitiés sont hyper importantes. C'est aussi parce que j'apprends aussi beaucoup de mes amis. Je veux dire, j'ai de loin la vérité absolue et de loin, parfois, en restant trop dans mes documents, en restant trop dans le monde politique, je vous gagne la réalité du terrain, entre guillemets, si on peut le dire comme ça. Mais du coup, ces amitiés, elles sont... aussi hyper importante pour moi, mais aussi parce que pour rien au monde, je lâcherai ses amis, que j'aime énormément.

  • Speaker #1

    On se rappelle, tu as eu un documentaire qui t'a été consacré à 52 minutes nommé La Meuf du Climat. Et dedans, à un moment, tu apprends une décision, je ne sais plus exactement au contexte, mais comme quoi une partie, je crois, de l'Alaska va être sacrifiée. On peut dire sacrifiée. Justement, par mon sacrifice, ça revient.

  • Speaker #0

    Un sacrifice que je ne ferai pas, moi.

  • Speaker #1

    Et vient d'être légué à des compagnies pétrolières ou quelque chose, dans cette vannage, je n'ai plus d'informations exactes, et tu en es émue aux larmes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu souffres d'éco-anxiété ?

  • Speaker #0

    Alors, à ce moment-là, c'était les 5 derniers pourcents d'Alaska qui étaient donnés à la campagne pétrolière, alors qu'ils avaient déjà eu les 95 autres pourcents. Et pour moi, c'était en fait un moment où je me dis mais en fait...

  • Speaker #1

    Tu craques.

  • Speaker #0

    En fait, on n'y arrivera jamais. Si 95% on a déjà tout donné aux compagnies pétrolières et qu'on leur donne les 5 derniers pauvres pourcents là qui nous ont permis de garder peut-être quelques espèces sur Terre. Ouais, j'ai craqué et je craque beaucoup. Et je ne pense pas que je souffre d'éco-anxiété parce que l'éco-anxiété est... je pense qu'on pourrait dire maladie, mais une souffrance qu'on a intérieurement, surtout quand on vit des moments durs comme ceux-là, la réalité scientifique, et qu'il y a un écart énorme qui est créé avec la réalité du monde politique où en fait il n'y a pas de réaction. Et donc l'écart entre la science, l'urgence et l'action est tellement énorme qu'on tombe dans une éco-anxiété. Et grâce au moment où, quand je me suis... J'ai commencé à me renseigner sur les questions climatiques, j'ai directement commencé à m'engager et aujourd'hui, comme je vous ai dit, pour rien au monde, j'arrête l'engagement, mais aussi parce que le jour où j'arrête, je tombe dans l'éco-anxiété. Parce que le jour où on continue à se renseigner mais qu'on n'est pas dans une action, c'est hyper logique, parce que c'est hyper anxiogène, c'est triste aussi cette réalité. Elle est horrible. Et donc si on reste dans cette réalité-là, ben ouais, je pleure. Et comme beaucoup de gens, je pense que c'est humain. C'est très bizarre de ne pas pleurer, je pense. C'est très bizarre de ne pas pleurer quand on réalise qu'on est dans la sixième extinction de Naas, qu'on est en train de voir des gens littéralement là au moment où on parle, où les gens voient cette vidéo, qui sont en train de souffrir ou de mourir. Qu'en attendant, on rentre, je ne sais pas, dans des moments où je suis dans des réunions politiques où on rigole presque. Tout pour peut-être un peu créer de la distance entre cette réalité de l'urgence et la nôtre, parce que l'écouter sérieusement, ça nous ferait peur, et ça nous ferait peut-être sentir mal, bizarre. Et donc pour moi, dans l'étape de l'engagement, il y a d'abord l'étape de la tristesse, ou en tout cas du ressenti. Pas besoin d'être triste, mais il y a besoin que ça nous touche. Parce que si ça ne touche pas, on n'est pas humain, on est robot, évidemment que ça va nous toucher. Donc il y a des moments de tristesse, comme il y avait dans le documentaire, où je pleure, et ils sont très présents, et c'est normal. Mais pour en sortir, une fois que je sens que ça m'a touché les tripes et que ça m'a vraiment un peu détruit pendant au moins, on va dire, une soirée ou max deux jours, il faut que je fasse un truc. Et je suis en mode, OK, c'est la merde, mais c'est pas grave. Genre, qu'est-ce que je peux faire ? Je suis pas seule. En vrai, c'est la merde pour tout le monde. Genre, la question de l'urgence climatique, c'est autant la merde pour vous que pour moi, finalement. Donc, moi, en tout cas, j'ai envie d'en faire quelque chose parce que sinon, je vais rester au fond de mon lit en train de pleurer. Donc, je me lève et je suis en mode, OK, ça a touché qui d'autre, les gars ? Cette news. Genre, il n'y a que moi qui ressent ça. Souvent, il n'y a pas que moi. On est beaucoup déjà. Il y en a déjà qui ont même déjà souvent travaillé sur des trucs comme ça. Donc, je les rejoins. Je suis en mode, OK, comment je peux aider ? Je vous donne tout. Je fais tout. Genre, je suis prête à organiser les gens, mobiliser les gens. Je suis prête à créer des campagnes. Je suis prête à faire des vidéos. Je suis prête à tout ce qu'il faut faire. Je suis là. Et donc, je donne tout mon temps. Et franchement, là, aller se rendormir, c'est en mode OK.

  • Speaker #1

    c'est trop chiant de lui donner par exemple les 50% de la mascarpone mais ils vont pas le faire sans bruit ils vont pas le faire sans pression et ça c'est le maximum déjà qu'on peut faire j'adore parce qu'il y a un point de bascule dans ton discours où on a senti l'énergie mais remonté d'un coup le rythme cardiaque s'est accéléré c'était génial racontez autant en vidéo qu'en podcast allez voir la vidéo vous verrez c'est deux personnes différentes C'est génial.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce qui se passe dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Un coup comme ça d'adrénaline ou je ne sais pas quoi qui revient. Est-ce que malgré tout ça, tu restes optimiste ? Parce que c'est quand même lourd.

  • Speaker #0

    C'est quand même quoi, pardon ? Lourd,

  • Speaker #1

    dur.

  • Speaker #0

    Oui, lourd, dur. Oui, oui, oui. Mais ce qui est lourd et dur, c'est les faits, c'est la science, c'est tous ces racontes. Donc, le port qui s'accumule, c'est les inégalités sociales qui sont derrière. Tout ça, c'est très, très dur. La deuxième partie qui est très, très dure et lourde, c'est l'inaction ou l'action qui n'est pas suffisante. C'est aussi très pesant. Et donc, quand on est dans ce carré-là d'information, c'est pas possible d'être optimiste. Il n'y a pas d'optimisme là-dedans. Ça me fait rire, je me dis, OK, c'est une opportunité. Non, c'est triste, OK ? Genre, c'est vraiment... Non, c'est pas drôle. Et là, on ne peut pas être optimiste. Mais ce qui me donne de l'optimisme, et ce qui me fait sourire, c'est de voir la réaction de certaines communautés, de certaines personnes, de certains groupes. Et ça, on peut en retrouver partout, dans le monde privé, dans le monde politique, dans les citoyens, les initiatives citoyennes, chez des profs, chez des ingénieurs, même certains économistes, des écrivains, des artistes, tous ceux qui nous font rêver, parce que quotidiennement, ils nous montrent, ou à travers leurs initiatives, qu'en fait, ouais, c'est la merde, mais regarde ce qu'on va en faire. Et ça, c'est magique. Parce que... Je ne sais pas, je suis trop fière de ceux qui réalisent la ceinture énergétique autour de Namur, parce que c'est l'énergie de demain. Ceux qui ont réalisé la ceinture alimentaire à Liège, c'est incroyable, parce que ça, c'est l'agriculture de demain. Et toutes ces initiatives à travers la Belgique qui s'accumulent, qui ont d'ailleurs besoin d'un peu plus de soutien financier pour ceux qui veulent aider, mais tout ça qui s'accumule, ça par contre, c'est optimiste. Parce qu'ils nous montrent, regardez, c'est possible. En notre narratif, notre vision du monde est possible. justement ce fameux rêve dont je parlais. Le rêve qu'on a parce qu'on a les pubs Ryanair, les pubs de Coca dans les yeux, les pubs de Google, parce qu'on a les gros films américains qui nous disent qu'en fait quand t'es milliardaire c'est trop bien. Ben non, parce qu'eux ils te montrent qu'il y a un rêve qui peut se faire sentir complet, heureux, sain et pourtant c'est pas du tout volé en jet privé. Et donc, merci à eux. Et eux, ils me rendent optimiste. Et donc, oui, évidemment que je suis optimiste quand je regarde. Mais évidemment aussi que je suis très pessimiste sur la réalité des choses. Et je pense qu'être les deux, c'est être réaliste.

  • Speaker #1

    Où seras-tu demain ? Où voudrais-tu être demain ?

  • Speaker #0

    C'est très difficile pour moi de me projeter à cause de ce côté quand même pessimiste. Parce que je ne sais pas quel sera le nombre d'initiatives citoyennes qui pourront me faire vibrer encore. Et je l'espère qu'elles ne vont que s'accumuler, s'agrandir et que demain je pourrai contribuer. Ces personnes qui devront être là pour aider à coordonner un peu tout ça, à se dire Ok, il y a toutes ces initiatives sur l'énergie, toutes ces initiatives sur l'agriculture, et puis il y en aura d'autres sur l'aspect éducatif et beaucoup d'autres. Et donc, comment est-ce qu'on s'assure que tout le monde est bien là et que, tu vois, ça, c'est un peu cette stratégie de comment on peut évoluer, tout ça. Et aussi... Pardon ?

  • Speaker #1

    De coordination.

  • Speaker #0

    De coordination. Ça, ça me passionne et je trouve ça trop, trop, trop cool. Donc, j'espère que demain, je pourrai aider avec ça. Mais avant d'arriver à cette étape-là, demain, je vais devoir continuer, comme maintenant, à me joindre à ceux qui ont le courage. C'est pas toujours facile de dire des choses tout haut qui parfois ça dérange un petit peu et d'être un peu le parti poubloir quoi. Et d'arriver dans des grandes salles remplies de politiciens ou de personnes importantes qui disent ok donc notre plan maintenant ça va être ça, ça, ça et puis en fait on va dire ça et puis on réalise qu'on va avoir autant d'impact. De dire bah écoutez les gars en vrai c'est tellement plus profond. que si là, vous restez dans le silo climat, on ne va pas y arriver, si on n'arrive pas à clure telle et telle chose. Si on n'est pas prêt à re-questionner notre vision économique, parce qu'aujourd'hui, on a comme seul intérêt la croissance économique, le PIB, la croissance du PIB, merci, en fait, c'est aujourd'hui, des économistes prouvent que cette seule fixette qu'on ne s'est pas lâchée, qu'on ne s'est pas lâchée, a pour impact. a un impact colossal dans les pays occidentaux, mais quand même, a un impact colossal sur notre environnement et on doit pouvoir changer d'objectif pour pouvoir être aligné à l'accord de Paris, respecter les limites planétaires, mais les limites sociales aussi. On les oublie trop souvent, et moi d'ailleurs, je suis désolée, je les mets toujours à la fin, mais clairement, c'est au centre aussi de la tension. Donc bref, ce courage-là de demain, continuer à oser la confrontation, et c'est quelque chose qui me fait très très très très peur. la confrontation, c'est jamais un sentiment agréable mais il faut le faire et je pense qu'on va avoir demain on aura besoin d'encore beaucoup de moments de confrontation si on veut un jour arriver à ce rôle plus fun,

  • Speaker #1

    on coordonne toutes les initiatives incroyables il me reste à te poser la dernière question que je pose à tout le monde dans Raconte qui voudrais-tu voir, entendre lire dans Raconte ? à ta place

  • Speaker #0

    Tellement de personnes !

  • Speaker #1

    Tu peux en citer plusieurs si tu veux.

  • Speaker #0

    Féris Bakar, qui est le co-créateur de Banlieue Climat en France, qui a vraiment donné un nouveau souffle aux mouvements climat qui sont très nécessaires. Dans Raconte, je pense qu'il faudrait... Hmm... Sandrine Dixon de Clèves, qui est la co-présidente du club de Rome, un peu ma maman du climat. Elle m'a beaucoup inspirée dans tout. Et aujourd'hui, quand on me dit un peu à quoi je ressemble demain, j'espère que j'aurai encore son énergie pour me battre et être très forte. Esmeralda de Belgique, qui reconnaît ses privilèges et qui, depuis toujours, est présente dans le combat du climat, mais la reconnaissance aussi des peuples indigènes et leur présence publique dans des éléments importants. Et c'est un peu grâce à elle aussi que j'ai été très proche de ces communautés-là et qu'aujourd'hui, je trouve que la question des droits humains est tout aussi importante que la question du climat aussi. Donc, c'est sûr. Après, je pense que mon pote Youssef Swatz aussi, qui fait du rap, ça n'a rien à voir, on change de registre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est bien justement.

  • Speaker #0

    Ok. Lui, je le connais depuis 3-4 ans et directement, on a cru mutuellement à nos projets. Moi, dans son rap, et pourtant, je ne suis pas très fan de rap, mais son rap, j'ai toujours kiffé. Et lui, il m'a toujours aidée un peu dans ma communication, autour de mon activisme et tout ça. Et donc, je le remercie parce qu'en vrai, c'est un très, très bon pote. C'est une personne très inspirante et ses textes sont très beaux. Et tous les artistes qui nous entourent sont ceux qui nous permettent de rêver et d'avancer. Donc, il faut vraiment les mettre en avant, il faut vraiment les mettre en valeur. Il y en a beaucoup. Il faut absolument interviewer Camille Etienne, qui est une activiste incroyable en France, qui fait aussi avancer beaucoup de choses. Mais il faudrait aussi interviewer Solal, son caméraman, mais qui est une personne différée et indépendante de Camille Etienne aussi. est en fait un réalisateur incroyable qui pense à ses imaginaires qui sont nécessaires d'avoir dans nos salles de cinéma. Donc pour ça il y a aussi Cyril Dion, enfin je vais arrêter de la liste, mais Cyril Dion ça serait aussi un problème d'inclure. Bref, il y a plein de personnes, n'hésitez pas à les interviewer.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on n'a jamais eu autant de personnes, il y a des fois les gens doivent chercher longtemps, voir on fait une pause et ils trouvent quelqu'un, et toi t'es parti en mode automatique, mais c'est génial !

  • Speaker #0

    Il y en a encore plein d'autres, mais c'est ça pour le prochain épisode.

  • Speaker #1

    Épisode 2, Adélie Charrier. Eh bien, merci beaucoup Adélie Charrier d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Cela contribue réellement à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Adélaïdee Charlier

    00:00

  • Le parcours d'Adélaïdee et son engagement climatique

    01:21

  • L'importance de l'endurance dans l'activisme

    02:53

  • Définition de l'activisme et ses défis

    06:32

  • Impact des origines et parcours éducatif d'Adélaïde

    08:31

  • Les débuts de l'activisme et la grève pour le climat

    16:45

  • Réactions et soutien de l'entourage d'Adélaïde

    28:34

  • Les sacrifices et les défis de l'activisme

    42:02

  • Vision d'Adélaïde pour l'avenir et conclusion

    01:01:09

Description

« L'activisme, c'est un marathon, pas un sprint. » Cette citation d'Adélie Charlier, notre invitée de ce nouvel épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment, résume parfaitement l'essence de son engagement pour la justice climatique. À seulement 23 ans, Adélie incarne la voix d'une génération qui refuse de rester silencieuse face à l'urgence climatique. Dans cette conversation captivante, elle nous livre son parcours inspirant, ses motivations profondes et les luttes qu'elle mène pour éveiller les consciences sur les enjeux environnementaux qui nous touchent tous.


Originaire de Namur, Adélaïde nous partage comment son enfance et son expérience au Vietnam ont façonné son engagement. Elle nous rappelle que rêver grand est essentiel, mais que cela nécessite également de remettre en question nos aspirations et nos comportements. À travers son récit, elle nous montre que l'activisme est un effort collectif, une véritable communauté qui se mobilise pour un avenir meilleur. Adélaïde compare son engagement à un triathlon, illustrant la nécessité d'endurance et de persévérance dans un monde où les défis semblent parfois insurmontables.


Les critiques et les attaques sur les réseaux sociaux font également partie de son quotidien, mais sa détermination à poursuivre son combat reste inébranlable. Elle nous invite à réfléchir sur notre rôle en tant qu'individus et à prendre part à des collectifs qui œuvrent pour le changement. « Éduquez-vous, impliquez-vous, osez rêver d'un monde meilleur », nous exhorte Adélaïde. Une phrase qui résonne profondément et qui nous pousse à agir.


Dans cet épisode, nous explorons des thèmes essentiels tels que la résilience, l'engagement communautaire et l'importance de l'éducation dans la lutte pour la justice climatique. Adélaïde Charlier nous rappelle que chaque voix compte et que chaque action, aussi petite soit-elle, peut contribuer à un changement significatif. Écoutez cet épisode de Raconte - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment et laissez-vous inspirer par le parcours d'une jeune activiste qui refuse de baisser les bras face à l'adversité. Ensemble, construisons un avenir où l'espoir et la détermination prévalent sur le désespoir et l'inaction.


Adélaïde Charlier, surnommée "la meuf du climat" sur les réseaux sociaux, est devenue une figure incontournable de l'activisme climatique et des droits humains. À seulement 23 ans, elle s'impose sur la scène internationale avec un engagement sans faille. Son éveil à la cause climatique débute au Vietnam, où elle prend conscience des enjeux environnementaux. De retour en Belgique, elle rencontre Anuna De Wever et participe à l'essor du mouvement "Jeunes pour le climat", qui bouleverse rapidement la scène nationale avant de s'étendre au niveau mondial. Ce mouvement marque un tournant dans sa vie, la propulsant du quotidien d'une jeune élève aux projecteurs médiatiques en quelques jours seulement. Dans cette interview exclusive, Adélaïde partage les étapes clés de son parcours, son regard sur les enjeux actuels et futurs, ainsi que les défis majeurs de sa génération. 💡 En 2024, elle a été reconnue parmi les 30 personnalités de moins de 30 ans à suivre par Forbes. Une rencontre inspirante avec une jeune femme déterminée à faire bouger les lignes.


🔗 Retrouvez Adélaïde sur Instagram : @adelaidecha


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  • Réalisation vidéo: Anthony Dehez

  • Interview vidéo: Anthony Dehez

  • Cadre vidéo: Michel Bourgeois

  • Graphisme: Michel Bourgeois

  • Photographies: Anthony Dehez

  • Chapitrage: Annick Boidron

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#Activisme #YouthForClimate #ClimateChange #ChangementClimatique #Écologie #Interview #LeadershipJeune


Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce qui est important, c'est que je me dis qu'il faut oser, par contre, rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voie, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers Raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée Raconte. Raconte, la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Adélie Charlier.

  • Speaker #0

    Ah bonjour.

  • Speaker #2

    Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci, c'est très gentil. Je suis très contente d'être là.

  • Speaker #2

    Comment on fait ? On se vouvoie, on se tutoie ?

  • Speaker #0

    J'espère qu'on peut se tutoyer, moi ça me va.

  • Speaker #2

    Avec plaisir. Dis-moi, est-ce que je pourrais te demander de te présenter ? Qui es-tu ? Que fais-tu ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, entre vous. Alors, je m'appelle Adélaïde, Charlie du coup. J'ai 23 ans, je suis namuroise, je viens de finir mes études en politique européenne, mais surtout ça fait cinq ans que ce qui m'occupe le plus, c'est d'être activiste pour la justice climatique. Alors concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est en gros être dans l'action physiquement pour mettre un maximum de pression vers les institutions politiques et publiques pour s'assurer qu'ils n'oublient pas l'urgence climatique.

  • Speaker #2

    Et tu pourrais nous dire un peu où on est ici aujourd'hui pour ce tournage ?

  • Speaker #0

    Voilà. Alors ici, on est dans mon nouveau chez-moi, que je ne considère même pas encore vraiment comme chez-moi parce que ça fait une semaine que j'ai déménagé à Bruxelles en colocation avec beaucoup d'amis et moi.

  • Speaker #2

    Et pourquoi Bruxelles ?

  • Speaker #0

    Bruxelles, c'est presque inévitable quand on est très actif sur les questions politiques en Belgique. C'est là que se tient la majorité des institutions politiques à tous les niveaux de pouvoir. Et quand on est dans un mouvement climat qui est international et européen, c'est là qu'il se trouve aussi les institutions européennes. Et donc, pour pouvoir continuer cette pression... Pardon. Pour pouvoir continuer cette pression... physique vers ces institutions qui sont physiquement présentes à Bruxelles, c'est hyper important. Et puis c'est un lieu aussi, c'est une ville en Europe où c'est facile de bouger en train vers d'autres pays, vers Berlin, Amsterdam, vers Paris, etc. Et puis aussi personnellement, c'est là où se retrouvent tous mes amis et ma famille est pas très loin.

  • Speaker #2

    C'est là que tu te sens mieux en fait ?

  • Speaker #0

    Je me sens très bien à Bruxelles, alors je me sens encore mieux à Namur, je dois être honnête.

  • Speaker #2

    Pourquoi le côté campagne encore ? Parce que Namur, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est un peu une toute petite ville provinciale belge, assez verte encore.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une petite ville qui a tout son charme. C'est une petite ville provinciale qui est quand même la capitale de la Wallonie, il faut le préciser. Et où en fait, on est entre... On sort dans la rue et on peut rencontrer plein de gens. Et en même temps, ça reste une ville, on a vraiment accès à tout. je fais facilement accès à la gare de Namur pour aller partout. Et en même temps, il y a la Stadelle, qui est quand même un lieu historique impressionnant. Et surtout, ce qu'il y a à Namur, c'est le confluent, la confluence entre la Meuse et la Sambre. Et ce point d'eau, ces points d'eau sont pour moi hyper importants. J'ai beaucoup besoin de points d'eau. D'ailleurs, c'est quelque chose qui me manque à Bruxelles. On a malheureusement recouvert tous les points d'eau historiquement, ce qui est très triste. Un grand regret, mais là, à Namur, on a cette beauté d'un fleuve et d'une rivière qu'elle assemble et on a beaucoup de chance de les avoir.

  • Speaker #2

    On dit que c'est presque thérapeutique d'habiter près des eaux. C'est un peu ce que tu veux dire par là ?

  • Speaker #0

    Ça ne m'étonnerait vraiment pas. Que ce soit thérapeutique, je pense que ça va être les nombres d'heures que je passe le long de la Meuse pour promener mon chien, ou alors à monter la citadelle, me perdre un peu dans ces bois-là. On a une chance à Namur d'avoir ce mix de la ville qui est à tout, sans qu'elle soit dans l'excès pour que ce soit trop et désastreux, même si sur le monde, on a quand même un impact qui est présent. On a quand même cette relation avec le lien avec la nature qui est juste hyper importante, mais surtout l'eau, pour moi, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c'est hyper apoptique, mais l'eau est hyper importante. Et peut-être aussi parce qu'en vrai, je suis nageuse, et donc pour moi, la Meuse, ce n'est pas seulement que je la regarde, j'aime aussi nager beaucoup dans la Meuse. Il y a la possibilité de nager en saison d'été avec plein d'autres personnes, et on est là avec notre petite bouée orange, et on nage dans la Meuse. Ça fait plusieurs années que je fais le triad Jean de Namur aussi. et gros big up à l'organisation des triathlons de la mûre parce que je les trouve incroyables et c'est un super événement tu viens de citer,

  • Speaker #2

    tu es sportive triathlon,

  • Speaker #0

    nage c'est des sports d'endurance est-ce que on peut dire que c'est un trait de ton caractère les endurances par rapport à tes combats ce serait un privilège de pouvoir garder cette endurance et je pense que dans le sport, en effet je préfère l'endurance que le sport que le sprint. Et je pense que dans l'activisme, c'est le sport qui est de l'activisme, c'est quelque chose qui est nécessaire, la persévérance et l'endurance. On ne peut pas lâcher, c'est même pas en sprint l'activisme, c'est même pas en marathon, c'est une course relais. Et donc on ne sait pas combien de kilomètres on a encore face à nous, et quand on est fatigué, on relaie. Et puis peut-être qu'on pourra revenir dans la course. Et donc c'est cette question de l'endurance, mais surtout de la persévérance, parce que souvent on n'a pas directement l'impact, on ne peut pas voir l'impact de notre action, de notre course du coup. Et donc il ne faut jamais regarder le temps ou le timing qu'on veut voir quand on fait une course par exemple en sport, parce que dans l'activisme on n'a pas ça. checker un peu où on en est, est-ce qu'on a fait mieux que la fois dernière. C'est très difficile d'évaluer. Peut-être que c'est ce qui manque un peu de l'activisme, mais donc l'aspect de l'endurance est d'autant plus important dans l'activisme que dans le triathlon.

  • Speaker #2

    Ce serait quoi ta définition justement de l'activisme ?

  • Speaker #0

    Alors pour moi, je sais que le mot activiste fait très peur. Et il m'a fait même peur moi, au début.

  • Speaker #2

    Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que... j'ai commencé les grèves pour le climat et on m'a directement mis cette étiquette sur le front et je n'ai pas grandi dans un monde de l'activisme donc je ne connaissais pas ce terme et il n'était pas nécessairement mal vu mais il n'était pas nécessairement bien vu je ne le connaissais pas et on sait que quand on ne le connait pas souvent ça amène de la peur et donc j'étais un peu perplexe, mais je ne l'ai pas nécessairement renoncé. Et puis après, je l'ai accepté parce que j'ai vite réalisé que d'écrire une personne d'activiste, pour moi, c'est quelqu'un qui est actif face à un changement qu'on veut voir autour de soi, dans la société. Et pour moi, énormément de personnes sont activistes, sans vouloir mettre le mot activiste mais elles le sont. Et après, dans les moyens d'action à établir pour voir ce changement qui nous entoure, Il y a un panel de choses à faire qui sont énormes. Et donc, peut-être qu'on est activiste en faisant une certaine action ou une autre, mais je pense que beaucoup d'entre nous le sommes.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    On va revenir au tout début. Quand tu nais à Namur, tu nais dans quel contexte ? Qu'est-ce qu'ils étaient tes parents ?

  • Speaker #0

    Je nais à Namur en 2009, décembre, à l'hôpital Sainte-Élisabeth. Mes parents, ils avaient déjà deux enfants. mes deux grandes sœurs, qui allaient à l'école à Namur. Nous, on habitait dans un petit village en dehors de Namur. Ma maman est psychologue et mon papa travaille dans l'agence d'aide au développement ici en Belgique. Et donc, ils reviennent d'Afrique, en fait, où ils ont vécu pendant quatre ans avec mes deux grandes sœurs. Et donc, c'est un contexte où ils sont, je pense, très heureux d'être là. Et c'est toute une nouvelle vie pour eux.

  • Speaker #2

    Une nouvelle vie pour quoi ?

  • Speaker #0

    J'imagine d'avoir un troisième enfant qui vient un peu plus tard. Il y a un écart quand même entre mes deux grandes sœurs et moi de plus ou moins 6-7 ans. Et puis eux, ils ont eu cette pause un peu où ils ont vécu ailleurs. Puis ils sont revenus en Belgique. Et donc voilà, c'est un point de goût monde. Ils sont toujours, pour le moment... dans un village un peu plus loin de Namur. Un peu plus tard, quand j'ai grandi et que ma petite sœur aussi est arrivée, on a déménagé plutôt dans le centre de Namur. Mais bref, un peu d'échangement pour eux. Mais je pense qu'ils aiment le changement, ce qui est rare chez les humains quand même.

  • Speaker #2

    D'aimer le changement, c'est vrai, c'est toujours un défi. Quand tu es enfant, la nature c'est déjà important pour toi ? Tu vas souvent dedans ? Tu joues dans la nature ? Quelle a été ta première rencontre avec la nature ?

  • Speaker #0

    J'ai la chance de grandir dans un espace quand même assez vert, où on avait deux chevaux, on avait en cochon beaucoup de poules, même si aujourd'hui j'ai la phobie des poules. Mais du coup, en environnement, on a vraiment la chance de pouvoir jouer beaucoup dehors. J'ai trois sœurs, donc on est... Beaucoup de l'aura ensemble et avec des animaux hyper random, d'un cheval à un cochon, et qu'on considère vraiment comme nos animaux de compagnie. Parce qu'en fait, une de mes grandes sœurs est allergique aux poils, donc tout ce qui était chien, chat et un peu les animaux traditionnels qu'on pourrait voir à la maison, nous on n'avait pas du tout. Donc c'est un autre style de relation déjà que peut-être on a établi avec les animaux. Et j'ai adoré ça, vraiment.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y avait une conscience climatique, écologiste, etc. dans ta famille ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y avait une conscience écologique de la part de mes deux parents, qu'ils l'ont peut-être eux eu différemment, parce que je pense qu'ils reçoivent cette conscience différemment, mais ils sont bien conscients. Ils agissent de manière différemment, mais par contre, ils ne sont pas des grands activistes. Avec mes parents, on n'a jamais été à une marche pour le climat. C'était rare, je pense qu'on avait fait notre toute première avec un tout petit groupe d'amis au Vietnam, quand j'habitais là-bas. Mais ce n'est pas du tout dans ce monde de l'activisme que j'ai grandi. Mais de temps en temps, on se disait, OK, aujourd'hui, on va à l'école à vélo. Donc c'était plutôt un petit truc qui était là. Mais moi, ça ne m'a jamais vraiment marqué dans mon enfance. C'était plutôt la chance de vivre dans un cadre où on était toujours dehors, peut-être qui m'a impactée, mais ce n'était pas du tout, à ce moment-là, en tout cas, le message de mes parents autour du climat. Pas du tout.

  • Speaker #2

    Mais tu viens de dire que tu es passée du temps à Hanoi, au Vietnam. Oui. Comment tu t'es retrouvée là-bas ?

  • Speaker #0

    Alors, je me suis retrouvée à 11 ans, 11 ans et demi. À Hanoï, avec mes parents et ma petite sœur, pour le travail de mon père, qui travaille dans l'agence de développement de l'histoire magique. On arrive là, à cet âge-là, c'est un peu bizarre avec ma petite sœur, parce qu'on quitte le seul monde qu'on connaît, Namur. Ce n'est pas pour monter à Bruxelles, ou en Allemagne, ou dans le nord de l'Europe, dans le sud, peu importe, c'est vraiment où on quitte. Le seul monde que l'on peut connaître aux yeux d'une jeune fille de 11 ans. Et donc, c'est un moment un peu difficile de dire au revoir à nos amis qui, eux, vont vivre des expériences qu'on vit quand on a 11 ans, finir notre primaire et faire nos anniversaires. C'est une rupture. Pardon ?

  • Speaker #2

    C'est une rupture.

  • Speaker #0

    C'était un peu une rupture. Au début, j'ai râlé sur mes parents pendant quelques mois. C'est pas seulement une rupture... pays, de continents, culturels, mais aussi de langues. On arrive sur place et on apprend qu'on ne va pas pouvoir parler français, en tout cas seulement à la maison, et que ce soit à l'école ou dans la rue, si on veut pouvoir communiquer avec le monde extérieur, il va falloir apprendre en tout cas une autre langue. Et donc, c'est un peu difficile à cet âge-là, mais en même temps, vraiment, quand je regarde mon nom, je me dis, mais quelle chance ! Et merci à mes parents, parce que je pense que le Vietnam a changé ma vie. parce que j'ai eu la chance là-bas de vivre cinq ans à Hanoï, d'aller à l'école des Nations Unies à Hanoï, où notre éducation était basée sur les objectifs des Nations Unies, déjà à ce moment-là. Et donc, on était vraiment sur, à 12 ans, c'est pas grave, on parle de, je ne sais pas, qu'est-ce qu'on devrait mettre en place une fois qu'un pays a été touché par des catastrophes naturelles. C'était très clairement un travail, d'ailleurs, que j'ai retrouvé il y a... quelques semaines. Et il y a aussi des travaux sur la question de la pauvreté dans le monde, des inégalités. Donc il y avait déjà, en tout cas, une éducation qui était très présente sur les objectifs pour 2015, à ce moment-là, des Nations Unies. Et en plus de ça, on est dans un pays qui est déjà touché par les conséquences climatiques. On parle des typhons qui deviennent de plus en plus forts. Cette année, en 2024, le Vietnam a encore fait face à un des plus grands typhons auxquels l'Asie n'a jamais fait face. Donc il y a vraiment cette intensification qui est là. Hanoï est touchée fortement, un peu moins que les côtes du Mekong. Il y a la côte du Vietnam, je pensais, plus de 3500 km de long. Donc quand on parle de montée des eaux, pour eux, c'est quelque chose qui les concerne littéralement. Et il y a aussi la montée des eaux du Mekong. Donc on est vraiment sur... Tout ce que peut-être nous, on lit dans les rapports...

  • Speaker #2

    Mais c'est extrêmement lointain pour nous,

  • Speaker #0

    aux Occidentaux. Un jour, ça arrivera, ou ça arrive de temps en temps. Là-bas, c'est vraiment réel. Ça a un impact direct sur beaucoup de populations, enfin, sur la population. Et à ce moment-là, évidemment, ça ne me rend pas encore activiste, mais il y a un terrain fertile qui est en train de se créer.

  • Speaker #2

    La graine se met en place.

  • Speaker #0

    Et il y a quelque chose qui arrive. Il y a quelque chose qui se prépare. Et c'est sûr qu'on ne peut pas revenir du Vietnam. Avec cette éducation, dans ce contexte-là, avec les rencontres que j'ai pu faire, en ayant vécu dans un monde hyper multiculturel où on est obligé de vivre avec nos différences. Ce n'est pas du tout une question où on n'a pas du tout les mêmes religions, on n'a pas du tout nos parents qui font le même travail, on a tous des nationalités différentes. Je pense qu'on était cinq Belges dans mon école. Et donc, on grandit, on est juste différents. et de pouvoir l'accepter déjà à l'âge de 11 ans, je pense que ça m'a beaucoup changé. Donc, je reviens de Vietnam avec...

  • Speaker #2

    Tu reviens à quel âge ?

  • Speaker #0

    Ah oui, pardon. Je reviens à 16 ans, je pense. Et je reviens, donc je dois encore faire quelques années avant de finir ma réto, ma dernière année scolaire ici en Belgique. Et je vais dans une école à Namur. Et là, je me sens très bien que j'étais, encore une fois, je râlais sur mes parents. Parce que je n'avais aucune envie de revenir. Je n'avais aucune envie de changer d'école. C'était... Je pense que j'ai réalisé mon privilège quand je suis rentrée, d'avoir eu la chance d'aller là-bas. Et donc, il y a un peu une première claque pour moi, déjà de juste revenir à Namur, et puis une deuxième claque d'aller à l'école et de réaliser que l'enseignement que j'avais, ou que je recevais, par exemple, était hyper décalé de ce que je recevais au Vietnam. C'était un peu comme vivre dans un autre monde, une autre réalité, d'autres importances, d'autres priorités. Et donc ça m'a très vite frustrée parce que je sentais que je n'apprenais pas ce dont j'avais aussi envie d'apprendre. Évidemment, il y a les maths, il y a les sciences, il y a le français, il y a l'anglais, etc. Mais il n'y avait pas en cours sur qu'est-ce qu'on fait, par exemple, quand un pays est impacté directement par une catastrophe naturelle. Qu'est-ce qu'on met en place ? Comment les politiques gèrent ça ? Évidemment, ce n'était pas un cours de politique qu'on avait à l'école, mais c'était un peu OK. Ils nous testaient dans notre créativité aussi à penser ça, à faire des recherches. Il y avait beaucoup, beaucoup de recherches à l'âge de 12 à 16 ans. C'est quand même assez jeune. Et donc, on est dans une manière de travailler qui est très différente que l'étude par cœur. Et donc, surtout, je pense que ce qu'il y avait en fait là-bas, c'était du sens dans l'éducation qu'on me donnait. Et donc, je comprenais pourquoi. On me demandait de travailler pendant des heures pour écrire un texte sur, je vais garder un exemple, sur un typhon qui s'est passé. Parfois, ce n'était pas du tout en Asie, ça pouvait être n'importe où dans le monde. Mais ça avait un peu plus de sens parce que je sentais que ça pourrait nous toucher à n'importe quel moment. Et donc, ce manque, je pense que j'ai voulu le compléter inconsciemment plutôt par vouloir m'engager par autre chose qu'il y avait à l'école. Il y avait un groupe Amnesty, il y avait un groupe Oxfam. il y avait un peu le groupe Eco Team, un peu genre Climat et tout et je me suis inscrite dans les trois et j'étais en mode ok go et je passais mes temps de midi à manger dans ces groupes là je vendais des trucs pour Oxfam, pour Amnesty, on pensait à des actions que vous pouviez faire, des signatures faire signer toute l'école et je commençais vraiment à aimer ça, de me dire ok, toute l'école doit signer y'a pas de soucis, on va faire en sorte que toute l'école signe

  • Speaker #2

    Là t'es en marche quoi

  • Speaker #0

    Là y'a une première étape ouais et c'est là Et c'est à ce moment-là que je réalise maintenant que le Vietnam a eu un impact énorme pour moi. Parce que si je n'avais pas eu ce manque de me dire, mais là, je sens que mon éducation n'est pas complète, qu'il me manque un truc. En tout cas, j'ai besoin d'être nourrie par autre chose aussi et d'avoir un peu de sens dans ce que je fais, un peu plus. Je ne dis pas du tout que notre enseignement est complètement en manque de sens, mais il manque quelque chose. Et je l'ai pu retrouver grâce à ces orgues et à ces professeurs incroyables qui passent leur temps. de midi, leur temps après l'école, à se dire, OK, je ne rentre pas, je reste avec ces élèves motivés pour essayer de faire un peu bouger les choses dans mon école. Et donc, merci à tous ces professeurs qui font ça.

  • Speaker #2

    Et c'est à ce moment-là que ton champ de vision s'ouvre vers toutes ces possibilités de se faire entendre, finalement, de faire entendre des choses qui manquent à ce moment-là, selon toi.

  • Speaker #0

    Me faire entendre à ce moment-là, déjà dans mon école. le directeur, aujourd'hui, c'est un peu le président.

  • Speaker #2

    Tu avais quel âge à ce moment ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai entre mes 16 et mes 18, les dernières années à l'école. Donc, je grandis un peu, etc. Et ça fait deux ans, je pense, que je suis dans l'équipe Amnesty. Je me souviens très bien qu'il y a une de mes profs qui vient vers moi en mode Ah, Amnesty cherche un jeune qui pourrait représenter la Belgique, etc. Tu veux postuler ? Tu devrais tester, etc. Je me dis En vrai, why not ? J'ai postulé, j'ai eu la chance de l'avoir. Et donc, ça m'a permis d'avoir la première étape de l'engagement en dehors.

  • Speaker #2

    Des murs de l'école.

  • Speaker #0

    Et ça, c'était énorme. Je dois vraiment remercier cette prof, en fait.

  • Speaker #2

    Peut-être qu'elle verra la vidéo.

  • Speaker #0

    Je la remercie vraiment.

  • Speaker #2

    Oui, on verra éventuellement.

  • Speaker #0

    Et aussi remercier Amnesty d'avoir cru en moi. Parce que grâce à ça, je commence à tester quelque chose de nouveau. Mais c'est cette année-là, donc c'est l'année de Marito, où aussi, j'ai un peu le goût d'Amnesty. Ça, c'est en septembre. Et en fait, en... Décembre, janvier, je commence l'activité. Donc c'est vraiment, il y a eu très peu de temps entre le goût de l'engagement, que je commençais à toucher un peu à 16 ans à l'école, et au début de ma réto, à 17 ans, je commençais à toucher un peu en dehors de l'école, et à 17 ans et demi, 18 ans, je commence l'activité.

  • Speaker #2

    C'est un peu la révélation, c'est ça que je veux faire.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est pas ça que je veux faire, parce que pour moi ça n'est pas...

  • Speaker #2

    C'est ça qu'il faut faire peut-être.

  • Speaker #0

    C'est ça qu'il fallait faire à ce moment-là. Mais pour moi, ça allait durer une semaine, cet engagement-là. Le premier jour où... Comment ça s'est passé ? C'est que je descends en matin avec des amis à moi. On avait des bandes verts, on est rentrés dormir. Le matin, je me réveille, je descends. Et là, il y a mon père qui me dit Ah, t'as vu cette meuf ou pas ? Tu la connais ? Et c'était Anna de Wever, qui avait lancé la première grève pour le climat en Belgique, qui faisait une interview en néerlandais. J'étais en mode Ah, j'avais pas vu, Nantes, c'était trop cool. Et il me dit Bah écoute, en vrai, via via, j'ai vu qu'elle cherchait de l'aide de la partie francophone, parce qu'en fait, pour le moment, c'est vraiment que flamand. Et j'étais en mode Ah, ok, bah ouais, je peux aider, y a pas de souci. Enfin, je veux bien aider pour une fois, s'ils ont besoin d'aide, en vrai, why not ? Et donc, grâce à ça, j'ai reçu un numéro d'Anouna, je lui ai envoyé un message, je lui ai dit Ok, apparemment, t'as besoin d'aide. Et en mode, OK, ouais, viens sur Bruxelles, il faut que je te raconte ce qui se passe. Et donc, je débarque à Bruxelles, en mardi, je suis en mode, OK, qu'est-ce qui se passe ? On boit un verre avec Ausha, elle m'explique, OK, voilà pourquoi j'ai lancé des grèves, voilà pourquoi on est dans la merde sur les questions de l'urgence climatique. Et j'ai un peu un cours hyper rapide de gens, en une heure, qui essaient de comprendre pourquoi elle a lancé ce mouvement. Et qui, à ce moment-là, en fait, c'est juste un groupe de jeunes, de potes en verse qui sont en mode, il faut qu'on fasse quelque chose, quoi.

  • Speaker #2

    Ils ne sont pas beaucoup, à ce moment-là, ils sont...

  • Speaker #0

    Je pense qu'ils sont dans l'orga, aujourd'hui on appelle ça un orga, mais en fait dans le groupe de potes qu'ils lançaient, c'était 5-6. Mais ils ont fait une vidéo, ils avaient été la première fois, la vidéo avait tourné beaucoup en Flandre, mais pas du tout en Wallonie, puisque la vidéo était en flamande. Et donc il fallait vraiment briser cette frontière linguistique, cette frontière culturelle presque. Et donc ça on était prêts à le faire, j'étais en mode web, bien sûr, on le fait. Donc au tout début c'est un peu dur pour moi parce que... tout se passe en flamand, que c'est un groupe d'amis qui se connaissent, que moi je ne connais pas du tout, que c'est vraiment le début pour moi, les questions climatiques. Donc il faut un peu que je me mette à la une. Mais là, on est mardi quand je la rencontre et elle me dit, ok, jeudi matin, 9h, on se retrouve à la gare centrale. Et ramène un maximum de personnes de Wallonie. J'étais en mode, ok, donc je rentre à Namur et je me dis, j'ai 24h. pour trouver un maximum de personnes qui sont prêtes à rater l'école jeudi pour revenir dans les rues pour le climat. Et du coup, c'était un peu un challenge comme ça, parce que de base, je suis une bonne élève. J'ai un peu peur, donc je me souviens que je ne dis pas à mes profs que je rate l'école pour ça. Mais en attendant, sur Facebook, je crée plein de groupes avec l'aide de mes amis et je suis en mode OK, les gars, il faut que toutes les écoles où on connaît des gens, il faut qu'ils créent un groupe, il faut qu'ils savent que jeudi matin, on prend le train et qu'on va en fait à Bruxelles. Et ça prend vraiment de l'ampleur, avec l'aide aussi qu'en Flandre, ça avait bien fonctionné. Et en fait, les Wallons, ils réagissent. Et donc, je me souviens que le jeudi matin, c'était le 23 janvier 2019, je pense. Je me souviens parce que c'était l'anniversaire de ma mère. Le 24, du coup. Et bref, on est sur ce quai, et en fait, le quai est rempli. On monte dans le train, il est rempli. C'était incroyable. Donc j'imaginais... Mais les classes vides, c'était en mode trop bien. Et puis, on débarque à Bruxelles. Et là, directement, je perds mes amis parce qu'il y a tellement de monde. Je dois retrouver ce fameux groupe d'Anversois qui avait décidé de lancer cette folie. Et j'ai rejoint en mode Ok, j'ai ramené des gens Et ils sont en mode Ok, ben t'es prête ? Je suis en mode Prête, pourquoi ? Parce que là, il y a déjà beaucoup de monde. Ils sont en mode Ben oui, mais en fait, t'es la seule francophone, donc tu vas devoir gérer tout ce qui est français, quoi. Et là, il faut imaginer qu'on est dans un contexte où en fait, c'est assez nouveau, les grèves pour le climat, qu'on est vraiment, après la Suède où il y a Greta, on est vraiment le premier pays à être massivement présent dans les rues. Donc, il y a un intérêt des médias en dehors de la Belgique. clairement européens. Et donc, dès qu'ils veulent poser une question en français, c'est moi qui dois gérer le truc. Moi, ça fait quelques jours que je suis là, je suis vraiment tombée dans les rues. Et en même temps, ça a énormément de sens, parce qu'il y avait 35 000 jeunes dans les rues ce jour-là à Bruxelles, il y en avait des milliers d'autres dans plein d'autres villes. Et je me suis dit, il faut dire pourquoi ils sont là, il faut partager ça. Et donc, on avait eu, heureusement, avec les Flamands, on avait parlé des points qu'ils voulaient mettre en avant. pourquoi eux avaient lancé ça, je le dis en français. Et le soir, après, une fois que la marche a hyper bien réussi, c'est un peu la folie, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me souviens, il y a RTL qui me dit, est-ce que ça te chauffe de venir ce soir sur le plateau du JT ? Et moi, je suis en mode, en fait, ce soir, c'est l'anniversaire de ma mère. Du coup, on va au restaurant à la mûre. Je ne connais pas le monde de la presse du tout. Donc voilà, c'est chaud. Non, mais non. qui propose le plateau du JT, l'ouverture du JT. Je suis un peu en mode, je ne sais pas. Et donc, je ne sais pas, je l'appelle ma maman en mode, je ne sais pas quoi faire, genre. Et donc, ce soir-là, pour moi, c'est un peu un soir important. La raison pour laquelle je suis allée dans les détails, c'est parce que j'avais décidé de mettre cette importance, d'aller délivrer le message de pourquoi il y avait eu 35 000 jeunes aujourd'hui et pas rejoindre ma famille au resto pour l'anniversaire de ma mère. Parce que pour moi, c'était exceptionnel. Enfin, c'était un soir. Et en fait, je n'ai pas réalisé qu'après, ça allait continuer, ça a continué. Et encore aujourd'hui, je mets beaucoup la priorité sur cet engagement, sur le partage de la voix de ces jeunes qui s'engagent à travers la Belgique et toute l'Europe. Parce qu'en fait, il y a un manque de personnes qui font ça.

  • Speaker #2

    C'est fou parce qu'en moins d'une semaine, tu es une étudiante tout à fait anonyme à Namur. Et en quelques jours, on pourrait même dire quelques heures, tu ouvres un JT national en Belgique. Et tu es repris par les titres européens. Oui,

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens. Et c'est vraiment pour dire que ça aurait pu être moi, que ça aurait pu être n'importe quel autre jeune qui était là ce jour-là. C'est hyper important que ça n'a aucune importance que ce soit moi. Ce qui était important, c'est que ce qui était fort, c'était qu'il y avait les 35 000 jeunes. Et que ce jour-là, on m'a un peu donné la responsabilité de passer le message.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu refuser ?

  • Speaker #0

    J'aurais pu refuser, mais j'étais en mode, il y a une nuit et demie, je suis là, il n'y a pas de souci. En vrai, j'ai beaucoup hésité, j'avais très peur. Le matin, le jeudi matin, quand je devais rater l'école, j'avais une boule dans l'estomac. Même le mercredi soir, je me sentais hyper mal de ne pas aller à l'école. Le lendemain, je me souviens, face à la presse, je tremblais. Quand j'étais sur le JT de RTL, j'avais les jambes en dessous qui étaient comme ça. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. Mais c'est juste qu'à ce moment-là, tout allait tellement vite. Et vraiment, ce groupe flamand qui avait besoin de moi à ce moment-là, moi, je sentais quand même qu'il y avait un projet qui avait beaucoup de sens. J'étais en mode ok, mais je suis vraiment prête à vous aider cette semaine Sauf que le jour où on a fait cette grève, Ausha de Weaver a annoncé à toute la presse qu'on allait continuer jusqu'aux élections. Et donc, quand ça, c'était le titre de tous les journaux, on était en mode mais ouais, il faut qu'on fasse, en fait, c'est logique Et du coup, on était en mode ok, on continue, on lâche pas Du coup, à ce moment-là, je me suis dit, OK, je fais ça jusqu'aux élections. Sauf que rater l'école jusqu'aux élections, ça faisait rater plus de jours que tu peux rater à l'école. Donc, ça donnait tout un challenge. Je me souviens, avec ma prof de français, on calculait le nombre d'heures que je pourrais rater pour avoir mon diplôme. C'était un casse-tête jusqu'à ce que... La ministre de l'Enseignement se positionne enfin, avec beaucoup de pression évidemment de notre part, mais de dire, ok, les jours, j'ai oublié le terme exact, mais sans explications, sans en grosse note du docteur, on va les laisser tomber cette année, parce qu'en vue des grèves, sinon il y a vraiment trop de jeunes qui ne vont pas avoir leur diplôme. Et donc, on doit quand même réussir nos examens, mais ça ne s'est plus compté. Donc ça, c'était vraiment important parce que ça m'a permis de complètement me concentrer sur l'activisme cette année-là. Mes professeurs ne me voyaient plus du tout. Je n'étais plus trop là à l'école. Et j'étais surtout dans les réunions à Anvers, à préparer. Je devais aller voir Alié, je commençais à aller se passer pour la prochaine marche, à rencontrer des experts, des scientifiques, parce que comme vous avez pu le voir, vous avez vu l'explication que je vous donne. Les premiers jours, j'en sais très peu. Je sais juste qu'encore c'est de la merde. Mais concrètement, à part les quelques articles rapides que j'ai pu lire, j'ai 18 ans, on n'a jamais dit qu'on était des experts, mais ce serait quand même cool de savoir un peu plus ce qui se passe. Et donc on a vraiment la chance d'être entouré d'experts, de scientifiques belges qui nous expliquent et qui prennent le temps de vraiment décrypter avec nous cette urgence climatique.

  • Speaker #1

    Ils vous rejoignent assez vite, les scientifiques, les experts ?

  • Speaker #0

    Directement. Ils ont été là.

  • Speaker #1

    Ils ont vu le mouvement se mettre en place. Ils se sont greffés. C'était attendu, j'imagine, depuis longtemps.

  • Speaker #0

    Pas attendu.

  • Speaker #1

    Espéré.

  • Speaker #0

    Ils ont pu enfin souffler, respirer. Parce que, de ce que j'ai compris des experts, et de plus en plus aujourd'hui, c'est qu'ils décrivent ce qu'ont crié dans les rues depuis les années 70, 30 ans avant ma naissance. Eux, c'est le travail de leur vie. d'alerter sur le fait que, eh oh, en fait, on est dans le rouge, ça serait cool de mettre quelques politiques pour nous orienter vers le vert. Et en fait, personne ne les écoute. Et comme le dit très bien Jean-Pascal Vanipurzil, qui est un expert belge, un scientifique belge, qui a travaillé pour le GIEC, donc vraiment un peu les experts reconnus au niveau international, qui analyse l'évolution du dérèglement climatique, ce qu'il dit, c'est qu'en rapport du GIEC, ça se met facilement dans un tiroir et ça s'oublie. des milliers de jeunes qui cruent dans la rue, ça, c'est pas possible. Et c'est ça qu'on a fait. Et donc, pour les experts, c'était merci. Et d'ailleurs, nous, ce qu'on disait, c'est qu'on n'est pas nécessairement... On n'est pas des experts, on n'est pas des scientifiques. On est légitimes parce qu'on est jeunes de s'inquiéter, parce que c'est notre future, mais c'est vous qui savez, entre guillemets. Donc, c'est eux qui avaient le message légitime de la science. Donc, c'était hyper important pour nous que ça soit avec les scientifiques parce que c'était leur message qu'on voulait mettre en avant.

  • Speaker #1

    Comment vous êtes accueillis aussi bien par, tu l'as dit, tes profs, tes parents, ta famille, tes proches, comment eux vivent le truc, ils te voient devenir d'une inconnue, presque une superstar médiatique, en quelques jours ?

  • Speaker #0

    C'était pas superstar, d'ailleurs ça a jamais vraiment été superstar, ça a plutôt été... En fait il y a eu un shift qui dépassait que, il n'y avait pas que le fait que j'étais présente dans les médias, il y a eu un shift pour mon milieu... personnel, privé, entre guillemets, où on ne savait pas que c'était aussi touché par les questions climatiques, et on ne savait pas que c'était aussi une urgence, et on ne savait pas qu'on pouvait mobiliser autant de personnes, et qu'en fait, maintenant, je me retrouvais dans... C'était plus que la présence climatique, c'était vraiment... Je me retrouve au centre d'une organisation de jeunes qui sont en mode on va organiser des grèves pour le climat et du coup, c'était vraiment... Ok, c'est sérieux, genre... C'est pas juste que... qu'elle est dans la presse, c'est qu'il y a... il y a Adélaïde, là, il y a un tournant. Et il n'y a pas qu'un tournant chez Adélaïde. Elle, c'est peut-être celle qui va le représenter aux yeux des Belges, mais en fait, c'est un tournant pour énormément de jeunes qui se passent à ce moment-là. Et donc, pour mon entourage, c'est... C'est en mode, OK. Du coup, je devrais leur en parler, parce que moi, il y avait tellement de choses qui se passaient dans ma vie que j'étais un peu aveugle aussi de tout ce qui se passait dans mon entourage. J'étais beaucoup moins là, du coup. L'exemple de rater l'anniversaire de ma mère. Et donc... Heureusement, j'ai des parents qui m'ont soutenue depuis jour 1, même les jours avant, parce que quand j'avais la boule dans le ventre de vouloir rater l'école, ils étaient en mode mais si ça a du sens Ce n'est pas la chance de beaucoup de jeunes qui ont le soutien de leurs parents de rater les cours, mais ce n'était pas rater les cours pour aller traîner sur mon sofa, regarder Netflix. Donc bref, le fait qu'ils aient un sens, ça les a motivés, ça les a surtout... Ça les a permis de me soutenir à ce moment-là, dans cette démarche-là. Aujourd'hui, ils me soutiennent encore. Je leur en remercie parce que je ne sais pas si j'aurais pu devenir l'activiste que je suis aujourd'hui sans eux. Et j'en remercie aussi mes amis qui ont été là, qui m'ont soutenu. J'ai remercié ma prof de français qui, au tout début, m'a permis de calculer si je n'allais pas rater trop de cours pour quand même avoir mon diplôme. Qui, à la fin, j'avais raté tellement de cours qu'en fait, je demandais à tous mes potes pour leur note. Puis je demandais un peu au professeur, désolé, j'ai raté. Est-ce que vous pouvez un peu m'aider ?

  • Speaker #1

    Il acceptait facilement ou pas ?

  • Speaker #0

    J'avais vraiment la chance d'avoir... Tout le monde n'était pas...

  • Speaker #1

    Dans les profs, il y avait un peu des réfractaires ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de tout. Il y en a beaucoup qui m'ont... Il y en a qui m'ont challengé aussi un peu de pouvoir comprendre pourquoi je faisais ça, pourquoi je ratais les cours. Et donc, j'avais un prof d'anglais qui me challengeait sur ça et qui, au début du cours, arrêtait pas de me poser des questions. OK, mais pourquoi tu fais ça ? Est-ce que l'urgence automatique, c'est vraiment vrai ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que j'ai eu le gêne de faire ça ?

  • Speaker #1

    C'est du méga-training presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais en mode, tant mieux. Parce que demain, je vais avoir les mêmes questions, donc ça m'arrange. Je préfère répondre ici devant mes potes que devant les journalistes.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas du tout mal pris. Tu te retrouves aussi énormément dans la presse. Comment ça se passe, les rapports avec les journalistes ? Comment ça s'installe ? Parce que des interviews de toi, on en trouve des centaines, je crois.

  • Speaker #0

    Au tout début, parce que je suis vraiment concentrée sur le début. C'est très bizarre. En fait, je ne connais pas tout ce monde. Je ne connaissais que le monde de mon école et du Vietnam. Et donc, le monde de la presse, je ne connaissais pas. Mais donc, on peut imaginer qu'à l'école, c'est interdit d'avoir son téléphone. C'était presque impossible pour moi de ne pas être sur mon téléphone. Alors, parfois, je passais durant les récrés, je pouvais sortir mon téléphone juste le temps dans l'appel pour dire ce qu'on peut s'appeler après 15h30.

  • Speaker #1

    On pourrait bien être journaliste.

  • Speaker #0

    Pour rappeler un journaliste, pour rappeler des experts, ou pour rappeler, je ne sais pas, peu importe tout ce qui se passait à ce moment-là, c'était pour rappeler parfois la police, oui, c'était juste pour prévenir qu'on aimerait bien en fait faire une grève jeudi matin. Est-ce que c'est possible de vous envoyer par mail ? Puis dire, ok, je vous envoie le mail, mais seulement après 15h30. Et donc, ouais, c'était un peu what the fuck, ça n'avait aucun sens à ce moment-là. Mais heureusement, il y avait la compréhension d'assez de professeurs pour que ça se passe bien. J'avais le soutien de mes potes, de mes amis. Et puis, j'étais pas seule. Je suis pas la seule à gérer tout ça. Il y avait tout le groupe flamand qui, ensuite, commence à s'élargir vers des francophones. Donc, je suis pas un peu soufflée aussi. Je suis pas celle qui gère tout. Il y a clairement... C'est un travail d'équipe.

  • Speaker #1

    Vous mettez en place une hiérarchie ?

  • Speaker #0

    Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Il fait quoi ? Toi, tu étais un peu porte-parole au début, par défaut. Ça a pris d'un coup.

  • Speaker #0

    Ça a pris d'un coup. Et ça, c'est un peu la question qui fâche dans les mouvements. C'est la part de la traite. très difficile et qu'on essaye d'établir, mais qui est vraiment... C'est difficile. C'est-à-dire qu'on veut être... Déjà, c'est un mouvement qui s'est créé après en momentum. Pas un mouvement qui a créé en momentum. Donc tout ce qui se passe, on doit ensuite... C'est seulement dans les prochaines semaines qu'on se dit, OK, en fait, comment on s'organise ? Qui fait quoi ? Et du coup, on avait quelqu'un qui était plus responsable des questions de la police, quelqu'un qui était plus responsable des relations avec les politiciens, d'autres avec les experts. À ce moment-là, vu qu'à nous, on allait moins, on était plus dans la presse, c'était relation avec la presse et les médias. Mais évidemment, tout ça, on veut essayer que ça change, mais en même temps, le monde de la presse, ce n'est pas un monde qui aime changer de visage comme ça. Et donc, la question du visage, c'est encore aujourd'hui. C'est un grand débat et un questionnement au sein des mouvements. Est-ce qu'on personnalise ou pas en mouvement ? Ça, c'est la grande difficulté. Et on peut analyser, il y a des sociologues qui l'ont fait, les différences dans les mouvements en Europe, même dans le monde, mais en Europe, de certains mouvements qui avaient des visages et d'autres non. En Belgique, il y a eu Anouna et moi.

  • Speaker #1

    Est-ce que parfois ça a été dur, insurmontable ? Trop.

  • Speaker #0

    L'activisme en général. Ouais, au début, ça a été. Même si je pouvais rentrer quand même en pleurs. La difficulté aussi du jour au lendemain, je deviens très, très, très proche d'un groupe que je connais en réalité pas trop. J'ai cette question d'être présente dans la presse, mais il faut dire ce que les jeunes veulent dire. Mais en même temps, on n'a pas été... élu au début, vu que ces jeunes sont sortis dans la rue, mais après, écoute les interviews que nous on donne. Donc ça, ça a amené beaucoup de tensions. Et j'ai très vite compris que gérer un mouvement, c'était très, très, très difficile. Donc c'était... Beaucoup de fois, j'étais... J'étais dans des moments très difficiles, en fait. Je sentais la tension et c'était pas facile à gérer. Et en même temps, heureusement, on est toujours plein. Et puis après, juste l'activisme, ça a toujours été très, très, très présent. Donc ça a souvent été trop. Mais après, il fallait gérer ça, gérer ces réactions. Là, c'est beaucoup d'émotions parce que je suis en train de parler à des experts qui sont vraiment en train de me décrire la réalité de la science qui fait peur. Et en fait, ça m'impressionne les experts qui travaillent sur ça quotidiennement, parce que je pense qu'humainement, pour ne pas être en dissonance cognitive, on ne peut pas prendre toutes les informations dans le mot. Et donc, de se driller à 18 ans d'abord, d'enchaîner les rendez-vous avec les experts pour bien comprendre, c'est aussi un coup émotionnel. Et encore aujourd'hui, il faut continuer à s'éduquer, je continue à avoir ces experts, et maintenant j'ai développé un peu des mécanismes de défense pour m'assurer de... de ne pas tomber en dépression et de ne pas être toujours triste. Mais d'ailleurs, j'expliquerai mon mécanisme de défense bizarre, mais c'est quelque chose que j'ai développé à travers les années. Ce qui a été trop, c'est qu'au final, du jour au lendemain, c'est devenu le centre de ma vie. Et depuis, quand on réalise que, un, il y a une urgence et que c'est vraiment la merde, que, deux, on peut avoir un impact en s'engageant collectivement, c'est une recette. où c'est impossible de vouloir rentrer dans le déni ou de plus vouloir s'activer, parce qu'on réalise qu'on a une recette ici qui fonctionne et qui peut vraiment permettre de changer des choses. Et c'est une recette que je pense énormément de personnes aimeraient toucher et avoir. Quand j'étais dans ce bol, je me dis, mais jamais de la vie, je me sens de là. Je continuerai toujours. Donc oui, à plein de moments, ça a été trop, et c'était intense, et j'ai raté ces 50 ans d'année. énormément de soirées, de moments importants. J'ai eu une jeunesse qui est hyper différente peut-être que d'autres, mais j'ai eu une jeunesse qui a eu tellement de sens et qui a tellement de sens aujourd'hui et qui m'a amenée tellement et j'ai eu la chance d'apprendre énormément et ça m'a fait grandir beaucoup. Donc pour rien au monde je change, mais oui ça a été des moments durs.

  • Speaker #1

    Tu recommencerais tout pareil ?

  • Speaker #0

    En réalité je recommencerais tout pareil. Parce que même quand on a fait des erreurs, par exemple dans des décisions au sein du mouvement, quand on a réalisé qu'en fait, je ne sais pas, on aurait dû créer une charte éthique dès le début, qu'on aurait dû s'éduquer beaucoup plus, pas seulement sur les questions climatiques, mais intersectionnelles, comment unir les luttes beaucoup plus rapidement, etc. C'est quelque chose que j'ai appris seulement après deux, trois, quatre, cinq ans, quand aujourd'hui je suis en plein éducation de tout ça. Donc toutes les erreurs qu'on a commises, Elles m'ont permis aujourd'hui de me dire, en fait je vais m'éduquer sur ces questions. En fait, quand j'ai fait ça, quand on a pris ces décisions avec le mouvement, c'est mal passé, donc tant mieux en fait. Enfin non, c'était pas drôle du tout à ce moment-là, c'était à coup de pleurs ou à coup de ruptures amicales, etc. Mais ça a été des moments où ça nous a fait grandir, ça a fait grandir le mouvement, ça m'a fait grandir personnellement. Et je pense que ces erreurs qu'on a commises, entre guillemets, par exemple, si je prends l'exemple d'une vision beaucoup plus intersectionnelle dans le mouvement qui est nécessaire, dans le mouvement climat, avoir eu quelques claques, ça nous permet peut-être enfin aujourd'hui de réaliser que le mouvement climat, il doit évoluer. Et j'espère qu'il y a eu le mouvement des jeunes pour le climat et qu'aujourd'hui, il est clairement en train d'évoluer. En tout cas, moi, je vais tout faire pour.

  • Speaker #1

    Tu voudrais qu'il évolue comment ?

  • Speaker #0

    Je pense que le mouvement climat... il doit évoluer pour s'assurer que dans notre message, on ne parle pas seulement de climat. C'est-à-dire que le climat, c'est une conséquence d'un système qui va mal, et les conséquences, elles sont multiples. C'est-à-dire que le climat, c'est une oppression des hommes avec un grand H vers la planète Terre, la Terre, les autres espèces sur Terre qu'on oublie trop souvent. crise multiple, on est en train de dépasser toutes les limites de la terre, mais il y a d'autres oppressions. Il y a l'oppression des hommes avec un petit H vers les femmes, les questions féministes, il y a l'oppression des blancs envers les noirs, et ça c'est la question raciale, et donc il y a tellement de luttes, en fait, qu'on peut retrouver où on va se dire mais en fait ce sont des conséquences. D'une manière qu'on a décidé de vivre, d'accepter une oppression envers une autre, elle devrait être refusée, condamnée. Pour toutes ces luttes, c'est la même condamnation. Et donc, il faut qu'on se retrouve. Parce que si demain, on est dans un monde neutre en carbone, mais qu'on est encore dans un monde où on doit lutter pour les droits des femmes, lutter pour les injustices raciales, etc., on a un problème. Et donc... Tout est lié. Et tant qu'on est en train de changer structurellement le monde, d'ailleurs, ce n'est pas possible d'atteindre, par exemple, la neutralité carbone en Belgique sans changer nos habitudes, sans changer de manière structurelle la manière dont on vit en Belgique. Ça a été prouvé par plusieurs rapports. Si on change tout jusqu'à la racine, la racine, elle va ramener la manière dont on a décidé de vivre. C'est-à-dire qu'on doit prendre en compte l'histoire qui nous a amenés ici. Et pour ça aussi, l'urgence climatique, pour donner un autre exemple, est ancrée dans les inégalités. On ne peut pas parler de climat sans parler de l'inégalité, vu que le climat, ceux qui contribuent le plus aux dérèglements climatiques, donc ceux qui polluent le plus, sont les personnes, souvent, ou les groupes de personnes qui ont le plus de capital économique. Ça a été prouvé par différents rapports, entre autres le rapport d'Oxfam. Tandis que ceux qui polluent le moins, entre guillemets, sont ceux qui ont plus de capital économique, mais surtout aussi qui subissent directement les conséquences climatiques. Donc c'est-à-dire qu'on est en train d'avoir… Une courbe d'injustice. Ou genre, en fait, par exemple, je ne sais pas, dites-moi si le Vietnam a été un pays majoritairement émetteur historiquement de CO2, beaucoup d'experts vous diront, non, c'est majoritairement les pays occidentaux, pendant la révolution industrielle. Aujourd'hui, la tendance se change, mais il ne faut pas oublier l'histoire. Parce que si on oblige l'histoire, on crée des tensions internationales déjà premièrement, mais aussi, c'est pas égal. Enfin bref, il y a beaucoup de choses dont on devrait parler sur tout ça, mais en gros, on a une responsabilité qui dépasse le fait qu'aujourd'hui, il y a trop de CO2 dans l'atmosphère. Le problème est beaucoup plus profond, et donc chez Star, et les mouvements climat le réalisent, c'est juste qu'on doit continuer à faire de mieux en mieux. Le média intimiste, mais pas indiscret.

  • Speaker #1

    Pour en revenir à tes actions, tout prend un volet international avec des figures majeures, dont tu as cité Anuna de Weaver, toi, Camille Etienne en France, Greta Thunberg, mondialement connue depuis sa Suède. Vous vous rencontrez. Comment ça se met en place ?

  • Speaker #0

    Oui, il y en a plein d'autres. Il y a Vanessa Nakate qui vient du Uganda. Il y a aussi Luisa qui vient de... D'Allemagne, il y en a plein, plein, plein, plein qu'on pourrait énumérer. On se rencontre. Au début, ça se faisait parce qu'on allait un peu dans les grèves, les grèves à Paris, les grèves à Berlin, les grèves en Suède, etc. Et puis maintenant, c'est juste que la coalition a été créée grâce, entre autres, aux réseaux sociaux, qui nous permettent d'être internationalement connectés. Et donc, on se rencontre aussi à des grands événements parce qu'on essaye d'être présents au COP. donc grande conférence annuelle sur le dérèglement climatique. On essaie d'être présents à des moments clés, mais c'est surtout qu'on se voit grâce aux réseaux sociaux et qu'on reste connectés pour avoir une stratégie qui est alignée.

  • Speaker #1

    Vous vous trouvez vite, vous tombez vite d'accord ?

  • Speaker #0

    Non. Non ? On est loin d'être toujours d'accord. Ce n'est pas toujours facile. On a été toujours beaucoup d'accord au début, mais quand je dis qu'il faut faire évoluer, par exemple, le mouvement... Le climat, ce n'est pas facile toujours de voir comment on fait ça mieux. Et donc aujourd'hui, non, il y a aussi des désaccords profonds entre, par exemple, ces figures-là, mais aussi dans les différents mouvements nationaux, parce que nos pays ont aussi différentes histoires. Donc plus on va profond dans la manière dont on doit amener ce changement structurel, plus c'est difficile de savoir que ça doit se faire différemment dans certains pays. Parfois avec différentes communications, donc on ne peut pas toujours coopérer avec ce qu'on va dire en France aujourd'hui, peut-être pas être dit au Bouganda aujourd'hui, c'est différent. Mais on est d'accord parfois aussi souvent que c'est différent. Mais c'est vraiment très fort parce que c'est avec elle, souvent, qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies, qu'on évolue bien, j'espère qu'on évolue bien, qu'on établit ses stratégies et après qu'on puisse abonner. avoir une coordination internationale, ce qui est quand même assez rare pour des jeunes aujourd'hui, de déjà être en contact, plus qu'en contact, être en coordination de stratégie pour avoir un impact sur le monde politique et privé. Parfois, on attaque les mêmes compagnies privées au même moment, au même endroit, enfin pas au même endroit du coup, mais partout dans le monde, au même moment, avec le même message. Tout ça, c'est très fort et c'est un peu notre force.

  • Speaker #1

    On vient de citer le nom de différentes de tes codex. Je ne sais pas si on peut dire codex ou... ou consœurs, je ne sais pas quel terme vous avez dit. Autres militantes. Militantes. Il n'y a pas d'hommes.

  • Speaker #0

    Il y a des hommes aussi.

  • Speaker #1

    Mais ils sont moins connus. Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a plein de raisons pour ça. Plein de raisons pour lesquelles ce sont surtout des figures féminines qui ont émergé de ce mouvement climat. On va commencer peut-être par la positive. L'hypothèse positive, c'est que peut-être que... Parce qu'il y a des hommes dans le mouvement. Il y en a. C'est peut-être que le monde a évolué et qu'il laisse aussi, enfin, la place à la femme de prendre le lead. Voilà. Ça, comme ça, c'est la positive qui est passée, mais tout le monde ne sera pas d'accord avec moi. Mais je me dis, ça n'a pas toujours dérangé les mecs, que ce soit nous qui prenons la parole, ce qui est hyper important et vraiment... Enfin, quoi. Et puis, d'autres raisons, c'est que politiquement, dans les sphères politiques, mais dans les sphères privées, là où les décisions sont prises, là où il y a beaucoup de pouvoir, ça, on peut le regarder dans les faits, il y a moins de femmes. Je pense qu'il y a aujourd'hui 9 femmes qui sont chefs d'État sur 139, 140 pays. Il y en a beaucoup plus, je ne sais pas. Il y en a combien ? Il y en a... honnêtement je ne sais pas c'est dans les 193 quelque chose reconnu par l'ONU mais il y en a un peu plus ceux qui ne sont pas reconnus bon on va dire 200 prendre ceux qui ne sont pas reconnus dans les 200 pays donc c'est enfin bref c'est rien du tout 9 femmes sur 193 200 donc on a vraiment un manque de représentation de femmes ou même de place pour la femme dans ses rôles importants que ce soit chef d'état ministre mais aussi CEO dans des boards etc parfois on est obligé d'imposer le quota pour qu'il y ait des femmes. Et donc, c'est une évidence. Et ce que certains sociologues ont remarqué, c'est que du coup, la femme va trouver un autre endroit pour pouvoir s'exprimer et trouver ce empowerment comme on dit en anglais, mais cet endroit où on peut avoir du pouvoir, pour pouvoir s'exprimer, tout simplement. Et donc, l'utilisation de la rue, l'utilisation des mouvements sociaux va être très, très importante parce que ça va être l'outil le plus accessible pour la femme. Et donc, en général, on va retrouver énormément de femmes dans les mouvements sociaux, dans les mouvements du climat, parce que c'est ces moyens d'action qui sont accessibles. Donc ça, c'est aussi pour moi quelque chose qui, je pense, est évident et qui ne m'étonnerait pas non plus. Il y a énormément d'autres explications, je pense, qui peuvent découler de ça. Mais pour moi, c'est ces deux-là qui sont un peu les clés et les raisons pour lesquelles je pense qu'on s'est retrouvées là.

  • Speaker #1

    On vient de dire que vous avez eu une médiatisation mondiale. Notamment, on a pu connu d'entre vous Greta Thunberg, mais vous êtes aussi, pour beaucoup, une cible. Comment on vit un truc pareil ? Parce qu'il y a des fois des attaques extrêmement virulentes contre vous. C'est dur.

  • Speaker #0

    Oui, et on vient de parler de l'action de la femme. Donc je vais commencer par là. Les attaques qu'il y a sur Greta ou d'autres figures. que ce soit dans le monde climatique ou de l'activisme en général, ce que j'ai remarqué, c'est que c'est majoritairement des attaques qui sont liées au physique de la personne que nous sommes et pas au contenu qu'on amène. Et donc, on a vraiment beaucoup d'attaques sur le fait qu'on est des femmes. Mais des attaques misogyniques, c'est incroyable que les gens osent dire ça. Peut-être parce qu'ils sont cachés derrière leur écran, parce que c'est rare. qu'on me les dit ça face à face, mais je pense jamais. Mais donc les attaques qui sont majoritairement présentes, ce sont des attaques comme rentrer à la cuisine, retourner à l'école, ça c'est aussi parce qu'on est jeune. Donc jeune femme, c'est vraiment pas top. On a quand même le privilège d'être blonde, donc c'est pour ça qu'on a pu épargner toutes les remarques racistes. Mais dès qu'on pouvait trouver quelque chose, c'était le fait que c'était ça. après moi j'étais ok mais parlons du fond oui jamais sur les faits ou sur les plans et là peut-être qu'on aurait pas pu avoir un débat mais donc il y a des attaques très présentes sur les réseaux sociaux j'ai un fichier sur mon téléphone ce que je garde tout parce que c'est continu de 2019 jusqu'à aujourd'hui où on pourrait dire il y a peut-être un peu moins de médias wow pardon il y a un peu moins de

  • Speaker #1

    Médiatisation.

  • Speaker #0

    Médiatisation, oui. On est quand même sur les réseaux sociaux, mais les réseaux sociaux, peu importe l'impact qu'on a, on va se faire attaquer. Au point où, en 2019, ça, au tout début, pour Anna et celles qui les entouraient, entre autres moi, il y a eu des attaques, des menaces de mort, et où on a dû commencer des dossiers. Donc, c'est très réel, les attaques qu'il y a eu et qu'il y a encore aujourd'hui. Et c'est très triste. C'est très misogyne. Et j'en ai... Il y en a une qui me dérange beaucoup, mais je pense que je vais la dire juste parce que pour réaliser un peu le niveau de ce qu'on pourrait attendre, c'est juste que mon problème, c'est que... Je n'ai pas une grosse bite entre les jambes et que du coup, je ne suis pas relax. Il y a plein, plein, plein, plein d'attaques comme ça, complètement inacceptables et qui sont très dérangeantes. Et donc, ça, c'est la réalité des réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Mais avec tout ça, quand on reçoit ça toute sa journée, j'imagine que c'est assez fréquent ?

  • Speaker #0

    Dès qu'on poste, en fait.

  • Speaker #1

    Dès que tu postes, donc c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça va dépendre aussi des réseaux, parce qu'il y a des réseaux qui... qui ont une certaine...

  • Speaker #1

    Monétisation.

  • Speaker #0

    Oui. Ils ont des gens qui checkent. Enfin, pas des gens, mais il y a quand même un minimum de choses qui ne peuvent pas être faites. Une politique, quoi, de sécurité. Et il y en a qui n'en ont pas du tout pour ne pas les citer. Et c'est là qu'on ressent vraiment beaucoup plus d'attaques. Après, il y a des analyses à faire. Par exemple, je remarque qu'il y a quand même des gens qui reviennent constamment. Ils sont peut-être... addicts à moi et je sais pas, ils ont envie de rester là. Et il y en a, des nouveaux de temps en temps.

  • Speaker #1

    Mais ça t'a jamais empêché de continuer ?

  • Speaker #0

    Non, non, pour rien au monde, parce que sinon, ils gagnent. Et ça, pour rien au monde, ils gagnent.

  • Speaker #1

    On a rien à ce qu'on disait au début, l'endurance, par rapport au sport, triathlon, tout ça, marche de fond.

  • Speaker #0

    Si on se casse la gueule, on s'enlève. Parce que, ou si quelqu'un veut nous tirer... Ou mentalement nous dire en fait t'es trop nulle, tu vas jamais finir la course. C'est un enjeu sportif, tu peux jamais écouter les gens qui sont sur le côté et qui te regardent performer. Tu leur demandes de courir et d'essayer de faire le triathlon, alors on verra si eux ils arrivent à persévérer. Et en fait c'est beaucoup dans le mental aussi, comme dans le sport. Mais c'est aussi parce qu'au-delà du sport qui est un dépassement souvent quand même personnel et individuel, ici on est dans un enjeu collectif. C'est-à-dire que ce n'est pas bon, est-ce que je ne peux continuer pas ? Non, c'est en fait, on a besoin de ça. Alors moi, personnellement, je peux me retirer un peu parce qu'il faut quand même que je reste zen et que je puisse me reposer quand il faut. C'est pour ça que je dis que c'est un relais, c'est une course relais. Parfois, je passe le bâton, je prends le temps de souffler. Parfois, j'ai envie de boire un peu autre chose. Et après, je reprends le bâton et je continue la course.

  • Speaker #1

    Tu fais quoi dans ces moments-là, des moments un peu plus de repos ?

  • Speaker #0

    Je passe beaucoup de temps avec ma famille. Mes amis, un peu déconnectés.

  • Speaker #1

    Tu as un noyau dur comme ça autour de toi.

  • Speaker #0

    Eux vont dire que je ne me déconnecte jamais, mais j'essaie vraiment. Et puis, des moments où on part, là où il n'y a pas de wifi, et on s'isole près de Pando ou dans la montagne ou à la mer, peu importe. Et ça, c'est hyper important. Et puis, il y a des moments aussi où j'ai donné le bâton, comme l'année dernière, où j'ai voulu me concentrer sur un master. et je savais qu'il allait me demander énormément de temps. Et donc là, j'ai un peu donné le relais. Et si maintenant, je reprends le bateau, ça ne veut pas dire que je ne cours pas, mais je cours un peu plus lentement.

  • Speaker #1

    Ton master que tu viens de faire, c'est dans le but... Tu as déjà un but très précis dans ton carrière ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais... Enfin, je ne prends pas mes décisions pour une carrière ou pour une vision long terme, même si je prends une vision long terme.

  • Speaker #1

    Pour le climat, mais pas pour toi. On fera distinction.

  • Speaker #0

    Mais personnellement, l'évolution s'est un peu faite. Je suis en réto quand je commence les grèves pour le climat, donc c'est logique que j'essaie de comprendre les institutions politiques. Au début, c'est vraiment que focus politique. Du coup, je veux vraiment comprendre qui j'attaque, qui je pointe du doigt. J'étais beaucoup entourée de scientifiques qui me disaient que les informations scientifiques, on les a. Donc, ça ne m'a pas poussée notamment à étudier de la science parce que je réalisais qu'en fait, on était en train de... passer un message de scientifique qui n'est même pas encore entendu. Donc, si c'est pour devenir un scientifique qui n'est pas écouté, ça sert à quoi ?

  • Speaker #1

    Donc,

  • Speaker #0

    ce n'est pas pour dire qu'il y a un manque de science, elle est là. Mais j'avais besoin de comprendre ces institutions politiques pour me dire, OK, comment on continue ? Qui je prends de doigt ? À travers mon bachelier ici à Bruxelles en sciences politiques et sociales, à la VUB à UGent. J'ai continué mon activisme, c'était vraiment le centre de mon activité. Et basée à Bruxelles, un peu indirectement, on est devenu un peu la base du mouvement pour l'Europe à Bruxelles, vu les institutions. Et donc, je commence à avoir de plus en plus de responsabilités au niveau des campagnes européennes. Et là, je suis encore en mode, ok, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Et donc, à la fin de mon bachelier, c'est très logique pour moi de me dire, il faut vraiment... que je comprenne les institutions européennes, ce monde-là. Si je veux rester basée à Bruxelles, il faut que je comprenne tout. Et donc, maintenant, j'ai fait mes études, mon master en politique de l'Union européenne.

  • Speaker #1

    Tu voudrais les intégrer, les institutions européennes ou onusiennes ou autres ?

  • Speaker #0

    Du coup, je n'ai vraiment pas fait ça pour les intégrer. Alors, une fois qu'on les étudie, on a un mode. Et que tous mes potes de mon master rentrent dans ces institutions, c'est impressionnant. C'est un peu les grands... Mais franchement, pas.

  • Speaker #1

    C'est un peu une forme d'édit, on peut dire, je crois. C'est le Collège de Bruges, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    Le Collège de l'Europe à Bruges, c'est clairement l'idée d'aller chercher ceux qui vont créer d'abord une bulle pour rentrer dans la bulle européenne. Et donc, c'est assez ironique parce que le monde de la bulle européenne veut absolument casser la bulle européenne, mais il y a une école qui est là pour s'assurer que les gens aillent dans cette bulle. Mais il faut quand même dire que l'école existait avant que l'Union européenne existe. C'était les futurs penseurs de l'Europe qui se réunissaient à Bruges. Bref, ça c'est l'histoire de Bruges. J'ai pas très d'interessants, mais si c'est intéressant, bref. Mais ça reste très élitiste. Néanmoins, ça a été une force pour moi de vraiment me dire Ok, c'est comme ça que ça se passe. Et aujourd'hui, je peux vraiment comprendre tout le système de l'Union européenne. Je peux jouer sur cette carte du collège pour assurer que la voix des jeunes qui sont engagés à travers l'Europe soit entendue ici dans les institutions, soit entendue à Bruxelles. Et donc maintenant, c'est un mot de pied. Comment est-ce qu'on coordonne tout ça ? C'est un peu la prochaine étape.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu voudrais jouer un rôle politique, en dehors du fait que ton action est déjà politique, mais si demain on te propose un mandat, par exemple ? Bon, politique-fiction. On te propose premier ministre.

  • Speaker #0

    Premier ministre ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu acceptes ?

  • Speaker #0

    Alors là, je n'ai pas les compétences de premier ministre aujourd'hui. Je suis beaucoup trop jeune et je pense que ce n'est pas un rôle facile du tout. Donc, je n'accepterai pas aujourd'hui. Et je n'accepte pas aujourd'hui, du coup, en fait, de rôle au sein de cette politique qui est... Parce que je fais de la politique. qui est plutôt dans la démarche démocratique vers les institutions telles que le Parlement ou devenir ministre et autres.

  • Speaker #1

    Tu préfères une politique, on peut dire, d'influence par rapport à une politique exécutive.

  • Speaker #0

    Exactement, mais je vais aller en plein nuance dans ça. La raison pour laquelle j'ai cette position aujourd'hui, c'est parce qu'à travers mon activisme, j'ai réalisé qu'on est constamment exclu. en tant que jeunes alors qu'on n'a jamais été aussi actifs. En tout cas, une partie de ma génération, parce que c'est impossible de généraliser ça à toute ma génération, mais une partie de ma génération n'a jamais été aussi active dans l'envie de participer, dans l'envie d'être présente, d'être autour de la table, de parler et ensuite même de pouvoir décider. C'est quelque chose qui est hyper important pour les jeunes aujourd'hui, surtout sur les questions climatiques. Il faut se battre, littéralement, pour avoir accès à une demi-chaise entre deux personnes pour parfois lever la main et peut-être avoir la parole. Donc c'est très, très compliqué, en fait. Alors qu'on est hyper actifs, genre. Donc je me dis, il y a un problème d'inclusion de certaines communautés. Et je veux dire, je ne suis pas la première à le découvrir, évidemment. Tous les sociologues et politologues l'avaient déjà vu. Mais là, je l'ai vraiment vécu. Et donc, ce n'est pas possible pour moi de me dire, OK, je suis ministre, je vais résoudre le problème. Non. Déjà, on ne peut pas le résoudre seul. Donc, ce ne serait pas possible pour moi de venir et je vais résoudre le problème climatique en devenant ministre du climat. Il y a un problème beaucoup plus profond. Déjà, le climat, c'est beaucoup plus profond, mais il y a un problème beaucoup plus profond de démocratie en Belgique et même en Europe, où on doit pouvoir beaucoup plus inclure le citoyen. Quand il a une énergie folle, c'est quand même fou de l'exclure. Alors que quand on est dans le monde de la politique, je l'entends très bien, on est en mode, comment on s'assure d'écouter les citoyens ? Mais ils sont là, ils crient. Mais évidemment qu'après cinq ans, ils sont fatigués de s'organiser pour se mobiliser sous la pluie, à huit heures du matin, de rater le boulot, de voir, je ne sais pas, rater les cours. Enfin, ça demande beaucoup d'énergie. Et il y a énormément de personnes qui le font. Donc, pour moi, il y a un problème plus profond où je me dis, pour le moment, mon rôle est à l'extérieur de ces institutions parce que, ces institutions politiques, en tout cas, il y aura toujours un pied pour moi. hyper important dans l'organisation externe pour se dire comment on s'assure qu'on puisse être beaucoup plus inclus et qu'on inclut ceux qui ont l'énergie. Et donc, pour ça, je suis très intéressée par la démocratie beaucoup plus délibérative, la démocratie participative, qui, je suis persuadée... est la démocratie de demain qu'on doit établir aujourd'hui. Parce que pour moi, c'est juste essentiel pour résoudre énormément d'autres problèmes qui dépassent les questions climatiques. Et tant qu'on est dans un changement de système, ça doit passer aussi par là.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas une forme de lutte d'épuisement ?

  • Speaker #0

    Une lutte d'épuisement ?

  • Speaker #1

    Oui, de la part des gens qui sont en face de toi, de dire on ne va pas trop bouger, on va attendre que ça passe. Ce n'est pas un peu l'idée ? Comme tu le ressens ?

  • Speaker #0

    Pour ceux qui entendent le message qu'on essaie de faire passer ?

  • Speaker #1

    Ou qui devraient l'entendre.

  • Speaker #0

    Ah oui ! Alors, je pense qu'on est entendus parce que c'est pas possible vraiment de... Alors, il faut vraiment se boucher les oreilles. Mais on n'est pas toujours écoutés attentivement. Une écoute active aussi, et une écoute qui ensuite passe de l'écoute à l'action, de l'inclusion. C'est vraiment des dabs qui demandent beaucoup de courage, apparemment, politiques. Et donc, non, on... C'est vrai qu'au tout début, il y avait un peu l'impossibilité de ne pas inclure les jeunes. Ce n'était pas possible à ce moment-là de ne pas sortir dans la presse et dire Le climat, c'est notre priorité Et comme aujourd'hui, on n'est pas 40 milliards devant leur porte comme ça, enfin plutôt comme ça, ils ne suivent pas, ce n'est plus leur priorité. Et donc, c'est hyper frustrant de se dire que si on n'est pas les pancartes à la main, Déjà, la première chose qui est entendue, c'est que si on n'est pas les pancartes à la main, on n'est pas engagé, on n'est plus présent, c'est plus notre priorité à nous en tant que citoyens, ça ne nous touche plus trop. C'est fou, c'est un narratif ça. Parce qu'énormément d'entre nous sommes engagés, on a trouvé d'autres moyens d'accent qui sont encore plus critiqués aujourd'hui. Et en plus de ça, ce n'est pas la priorité politique parce qu'il y a un bon aveuglement du fait que c'est aussi une... une priorité publique. Donc, oui, ça nous a, ils nous ont bien fatigués et ils ont un peu réussi, mais vraiment en persévérance depuis le début.

  • Speaker #1

    Oui, parce que tu, on a l'impression en voyant ça de l'extérieur, il y a eu vraiment une espèce de climax, un moment très, très fort avant la pandémie, enfin, les pandémies de Covid où vraiment, c'était extrêmement visible avec les figures dont on a parlé précédemment et on a l'impression que Sans jugement, ça s'essouffle un petit peu. Alors, est-ce que c'est parce que vous avez grandi en termes des études ou en termes d'une vie active, ou il y a vraiment un essoufflement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est vraiment une autre explication. Enfin,

  • Speaker #1

    je vois vraiment que... Que d'avoir, Anne.

  • Speaker #0

    Et c'est normal que... En fait, ce qui s'est essoufflé, c'est le moyen d'action de la grève.

  • Speaker #1

    Ce qui est visible.

  • Speaker #0

    Ce qui est la visibilité massive présente dans les rues de Bruxelles. C'est hyper spécifique, en vrai, comme moyen d'action. Et à travers l'activisme ou l'engagement, tout ça s'est démultiplié. à travers d'autres choses. Il y a énormément de jeunes qui sont en mode, OK, j'ai marché pendant un an et demi, j'ai raté tellement de cours, j'ai donné ma vie, maintenant je vais continuer à donner ma vie pour cet engagement, mais différemment. J'ai dû trouver un truc qui soit plus direct, donc les mains dans la terre, littéralement, ou les mains dans un projet concret où je vois l'impact de demain, ou quelque chose de complètement différent, beaucoup plus large encore, quelque chose de peut-être plus artistique. En fait, ce qui s'est passé, c'est que les jeunes sont engagés. Et ils ont trouvé leur talent à mettre un peu à travers leur engagement, afin que ça soit durable. Parce que, évidemment, faire la grève sous la pluie, ce n'est pas durable. Et il n'y a aucun mouvement qui a tenu 15 ans en faisant la grève sous la pluie. Mais ils se transforment, et les mouvements, leurs moyens d'action se transforment. Ça ne veut pas dire que l'engagement a disparu. Et ça se reflète quand on voit que les jeunes aujourd'hui, par exemple, refusent de... De plus en plus de jeunes refusent de travailler pour des grosses boîtes qui contribuent au dérèglement climatique. On voit de plus en plus de jeunes qui ont besoin d'être dans un concret et pas dans un projet un peu luphoque, on ne comprend pas trop ce que les gens font, ils ont besoin d'être littéralement dans un concret. Donc ça se traduit à travers ça, il y a énormément d'initiatives. Et puis il faut le dire, il y a eu la claque du Covid, et du coup l'aspect média c'est ce qui nous a fait grandir aussi. Et donc quand on n'a plus les médias pour nous faire grandir... visiblement, parce qu'on était en train de grandir. Et pendant le Covid, c'est le moment où on a eu le plus de recrutements.

  • Speaker #1

    C'était énorme.

  • Speaker #0

    Parce que c'était en mode Ah shit, what do I do with my life ? Comme on a beaucoup eu aussi, à ce moment-là, on a eu cette quête de sens générale. Donc, il y a eu beaucoup de jeunes qui ont fait ça aussi et donc qui l'ont retrouvé à travers le mouvement. Mais par contre, les médias étaient très focus sur le Covid. Seulement focus sur le Covid. Après, seulement focus sur la guerre en Ukraine. Après, seulement focus sur les problèmes de l'énergie. Et ça s'accumule et ça s'accumule et ça s'accumule. Et donc, il y a... Je pense que ce qui manque peut-être dans le côté médiatique, c'est de pouvoir traiter plusieurs urgences et crises en même temps, ce qui est évidemment un travail très difficile, mais dans un monde où on est vraiment dans un stade de multi-crises, ça ne va que s'accumuler. L'urgence climatique n'est pas une crise parce qu'elle ne pourra pas se résoudre, il n'y aura pas un avant et un après pour revenir à une norme, comme on l'a eu un peu avec le Covid. Donc ce n'est pas une crise, c'est vraiment une urgence dans le changement structurel. il faut pouvoir constamment la traiter même quand on fait face à des multiples crises parce que là jusque dans les toutes ces prochaines années je pense que toute ma vie on fera face à toutes ces crises donc c'est un vrai travail très difficile médiatique il y a les réseaux sociaux qui peuvent peut-être aider ou ne pas aider est-ce

  • Speaker #1

    que tu vas voir de temps en temps maintenant des plus jeunes ceux qui ont 15 ans est-ce que tu fais une forme de mentorat,

  • Speaker #0

    de relève il y a beaucoup de moments où je vais dans les écoles... Je dis jeunes, mais on est plusieurs à le faire aussi. Et on parle à des plus jeunes. Et le mouvement Youth for Climate, lui, évolue, que je suis en train de quitter. Parce que pour moi, c'est la prochaine étape. Maintenant, j'ai ma fille et mes études. Donc, ça doit rester un mouvement des jeunes, universitaire et secondaire. Mais oui, j'en rencontre. Je ne suis pas encore créée de formation, mais par contre, c'est une bonne idée.

  • Speaker #1

    Si on peut aider.

  • Speaker #0

    Go, créez une formation. Si quelqu'un veut financer la formation...

  • Speaker #1

    Vous y serez dans la vidéo, promis.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    À pieds d'un.

  • Speaker #0

    Un petit teaser.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui pourrait te faire arrêter ? Est-ce qu'il y aurait la goutte qui fait déborder le vase ? Est-ce qu'il y aurait quelque chose ? Est-ce que cette goutte existe ? Ou pourrait exister ?

  • Speaker #0

    Je ne pense pas que cette goutte existe. Je ne pourrais pas arrêter parce qu'il y a eu énormément de choses qui se sont passées ces dernières années, surtout de rencontres qui ont fait que ça m'a touchée dans les tripes. Ce n'est plus une question de calcul, de rapport, de chiffres que j'ai en tête. Du coup, j'ai un peu peur. Non, c'est quelque chose qui m'a vraiment touchée dans les tripes, des histoires qui m'ont touchée personnellement, des rencontres aujourd'hui qui sont devenues des amitiés et que je ne pourrais jamais lâcher l'action. Mais par contre, ce qui peut changer et ce qui change déjà maintenant, c'est la manière dont je prends l'action. La manière dont je décide de faire action, le message que je vais mettre en avant, ma vision du monde de demain, tout ça, ça peut évoluer. Mais être dans cette idée qu'on va devoir changer, qu'on est en train d'établir ça, que je vais faire partie, j'espère, et que je fais partie d'une manière ou d'une autre à essayer de faire changer les choses dans mon entourage, et au-delà, ça, ça ne changera jamais. Mon engagement ne changera. Mon engagement ne disparaîtra pas. Il sera toujours là. Il pourra, par contre, changer. Et je pense qu'il va évoluer constamment. Mais il n'y aura rien au monde, rien, qui me fera arrêter d'être engagée.

  • Speaker #1

    C'est ton ADN.

  • Speaker #0

    Ça a touché mon ADN, mon nom.

  • Speaker #1

    Ça l'a modifié ? Ça l'a fait évoluer ?

  • Speaker #0

    Ça l'a beaucoup fait évoluer. Ça l'a complètement modifié. L'ADN d'Adelaide Charlie d'avant, c'était une ADN très capitaliste. J'avais envie de travailler pour Google. une grosse boîte, j'avais envie d'avoir une grosse 4x4, j'avais envie d'habiter à New York, j'avais envie de voyager le monde entier en avion. Il y a même eu un moment où je voulais être pilote. Enfin, je veux dire, j'ai eu des envies, des rêves qui sont très différents de mes rêves d'aujourd'hui. Et c'est des rêves qui sont un peu évidents, enfin, qui sont un peu logiques pour une jeune fille qui grandit dans le monde dans lequel on est aujourd'hui, les publicités qui m'entouraient, les rêves que je vois dans tous les films américains que j'ai regardés. J'avais envie de vivre ça, en fait, comme toutes les histoires qu'on me racontait. Et heureusement, aujourd'hui, il y a énormément d'artistes qui me font découvrir d'autres histoires et donc d'autres rêves. J'ai complètement changé de rêve. Donc oui, ça a touché mon ADN.

  • Speaker #1

    Mais c'est quoi ton message pour ceux qui rêvent encore de ça ? Comment peut-être les convertir d'une façon ou d'une autre ?

  • Speaker #0

    Merde, le monde du dark !

  • Speaker #1

    Parce qu'ils sont encore nombreux et nombreuses à rêver de ça.

  • Speaker #0

    Mais oui, et c'est normal déjà. Il ne faut pas se sentir coupable de remettre ça. Et c'est comme se sentir coupable de prendre l'avion et de faire des actions comme ça, qui sont néfastes pour l'urgence climatique. Tout ce qu'on fait en impact, c'est différent. Mais ce que je peux dire, c'est que je ne vais jamais dire à un individu ou à quelqu'un qui regarde ça, écoute, tu devrais vraiment arrêter de manger de la viande et prendre l'avion et renseigne-toi en lisant le rapport du GIEC. En vrai, ça devrait le faire. Mais c'est quelque chose de tellement beaucoup plus large que toi individuellement, que j'ai envie de dire, la première chose que tu peux faire, c'est de rejoindre des collectifs qui ont pensé à ça, qui pensent à ça, et qui sont toujours prêts d'accueillir des gens pour la réflexion. Et il n'y a pas de jugement à avoir sur soi, il n'y a pas de jugement à avoir sur les autres. Surtout, il faut arrêter de se juger, sinon on ne va vraiment jamais y arriver. Il ne faut pas se tirer dans les pattes. Chacun va prendre son temps d'évoluer individuellement, mais par contre, chacun a la responsabilité d'essayer quand même d'évoluer. Donc, ça veut dire qu'on a chacun une responsabilité quand même de s'éduquer sur la réalité du monde qui nous entoure. Parce que si on veut vivre en collectivité, il faut qu'on comprenne ce qui se passe à l'extérieur de chez nous. On ne peut pas rester chez nous. D'ailleurs, personne ne peut vivre seule aujourd'hui, c'est très rare, des gens qui vivent seuls, autonomes. Donc, vu qu'on dépend des autres, il faut qu'on s'éduque, il faut qu'on se renseigne sur ce qui se passe à l'extérieur, quel est l'impact quand je décide de prendre cette barquette-là ou cette barquette-là, c'est quoi la différence ? En fait, quand j'achète ce t-shirt ou un autre, est-ce qu'il y a une différence ? Et ça ne veut pas dire que du jour au lendemain, vous allez réussir à tout changer. Moi, ça me prend du temps de m'éduquer sur comment je dois agir. Mais surtout, on va se dire, se renseigner, c'est tellement plus important. Et rejoindre un collectif, c'est tellement plus important. Parce que c'est un projet qu'on est en train de mettre en place là, qui nous dépasse complètement individuellement. Ça dépasse ce que tu décides de faire, comment tu décides d'aller au travail. Ça dépasse comment tu décides de manger ce soir et dans quelle maison tu habites.

  • Speaker #1

    C'est partout, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus gros que ça. C'est un projet beaucoup plus profond, mais un projet qu'on est en train de mettre en place qui va nécessiter qu'un jour, par contre, tu ne pourras plus ou tu auras pris le temps de te renseigner qu'en fait, cette barquette-là, tu ne vas plus la prendre. Ça devrait être illégal parce qu'elle a un impact non seulement sur le climat, mais sur peut-être certains fermiers, sur des communautés autochtones, mais auxquelles on n'entend jamais parler parce qu'on n'arrive jamais à... Ça ne dépasse jamais, soit même leurs médias locaux ou juste leur manière de communiquer de leur côté. Enfin bref, du coup, ce qui est important, c'est que je me dis, il faut oser par contre rêver plus et changer de rêve. Et se questionner de pourquoi on a ces rêves. Et surtout, le plus dur, c'est d'abord renoncer à ces rêves. Et ça ?

  • Speaker #1

    Ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Ouais, parce qu'en réalité, c'est facile en tant que jeune fille privilégiée qui peut, je pourrais très bien ignorer la réalité du monde. Je peux vivre dans mon bunker, dans un... à New York, dans une grosse boîte pour travailler pour une grosse boîte, acheter la plus grosse voiture. Enfin, j'ai pas l'argent aujourd'hui, mais si je voulais, on me le ferait en gros tas. Mais ça serait ignorer le monde. Et plus que ça, ça serait contribuer à un désastre et c'est inacceptable. Ça devrait être illégal. Du coup, c'est normal qu'au début, il faut renoncer à ça. Et c'est dur par contre. Parce qu'on renonce à un rêve parfois sans savoir c'est quoi notre autre rêve. D'ailleurs aujourd'hui, je n'ai jamais été aussi perdue dans la vie, genre de savoir, OK, complètement, je rêve de faire quoi quotidiennement ? Ouais, je veux avoir de l'impact, ouais, je veux m'engager, mais quotidiennement, à quoi ça ressemble ?

  • Speaker #1

    Mais justement, c'est quoi une journée d'ADHR ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas une journée type. Il y a plein de journées très, très différentes parce qu'en fait, je décide de prendre l'action sur... tellement d'angles très différents. Il y a des moments où ça va être des moments de plus de renseignements, où je vais passer des journées avec des scientifiques, ou quelques heures par-ci, par-là, pour essayer de mieux comprendre quelque chose. Je vais passer des heures à lire des rapports. Il y a beaucoup de temps de documentation qui est essentiel pour constamment être au point de ce qui se passe dans la réalité du monde, qui est tellement grande. Il y a l'éducation qui dépasse sur les questions climatiques. Je l'adhérais énormément sur les autres luttes. Et ce n'est pas seulement à travers la lecture, c'est à travers les rencontres aussi. Donc la plupart du temps, je suis avec des gens. Ça, c'est des réunions avec d'autres mouvements, des réunions avec des experts, des réunions politiques ou alors des réunions à travers l'Europe, des réunions avec d'autres ONG aussi, parce qu'on veut savoir comment on peut coopérer ensemble. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'organisations. peu d'impact. Enfin, pas d'impact, l'impact est énorme, je pense, mais à l'extérieur, la visibilité qu'il y a est comme ça aujourd'hui. Mais on travaille plein d'ayées sur se dire, OK, si on veut lancer une campagne, qu'est-ce qui serait important, par exemple, aujourd'hui ? La plupart de mes journées ressemblent à réfléchir avec d'autres à c'est quoi comment on a un impact maintenant sur les institutions et tout le monde politique qui est en train de se créer, comment on s'assure que le climat reste à l'actualité, concrètement, c'est quoi les priorités. En sachant que ces prochaines années, on ne va parler que de défense et d'énergie. Est-ce qu'on sera en fait présent ? Comment est-ce qu'on est présent ? Donc il y a tout un moment de stratégie. Mais j'en ai l'impression d'avoir rencontré des gens aussi pour trouver des fonds pour pouvoir payer notre travail. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais j'espère un jour ça sera un de mes rêves. Un rêve que j'ai développé à travers l'activisme.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton rapport à l'argent ?

  • Speaker #0

    Mon rapport à l'argent ? Oui. Aujourd'hui ? Oui. Mon rapport à l'argent, c'est que je n'ai pas de job pour le moment. C'est de l'activisme. Et grâce à mon Lice Bell que j'ai créé, on peut se financer deux jours semaine avec une de mes collègues amies. Et mon rêve serait de pouvoir payer toute une équipe, qu'on puisse être hyper actifs. Le fait qu'on ait déjà eu tellement d'impact sans être payés, je me dis, mais le jour où on est payés, et ce n'est pas parce que j'ai besoin, c'est tous en dehors du profit, je trouve ça, pour rien au monde, je travaillerais un jour. pour quelque chose qui a comme but seulement de gagner du profit, vraiment ça je m'en fous, mais par contre avoir du sens et d'impact, si je peux payer mon loyer et ma nourriture grâce à ça, le rêve, le rêve. En attendant, j'ai la chance d'être une jeune fille privilégiée comme d'autres en Belgique, où à travers nos études, nos parents nous aident à payer notre cote et payer notre bouffe, parfois avec quand même un job d'étudiant, mais moi mon job d'étudiant, c'était l'activisme. Et donc, de temps en temps, j'avais un peu d'aide grâce à du crowdfunding pour pouvoir payer certains trains, etc. Ou alors, un peu de babysitting par là. Bref, ou alors de temps en temps, une conférence qui paye un peu.

  • Speaker #1

    C'est de la débrouille, en fait.

  • Speaker #0

    Ah ouais, je suis constamment en mode... Mais tant que je peux vivre, c'est plus important. Le média Game Changer, multiples thématiques.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y aurait un sacrifice ultime que tu serais prête à faire ?

  • Speaker #0

    Quoi ? Si il y a un sacrifice ultime que je serais prête à faire ? Oui.

  • Speaker #1

    Tu peux le choisir.

  • Speaker #0

    Mais genre un sacrifice... Je donnerais quoi ? J'ai déjà tout donné. Non, je n'ai pas tout dit, mais il y a le sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose.

  • Speaker #0

    Je vais sortir la définition du sacrifice.

  • Speaker #1

    Quelque chose dont tu te prives. On peut prendre cette définition.

  • Speaker #0

    Que je devrais me priver.

  • Speaker #1

    Que tu devrais, que tu n'as pas encore fait.

  • Speaker #0

    Beaucoup de privilèges auxquels j'ai encore. À travers mon éducation sur la lutte qui est nécessaire, qui doit être beaucoup plus intersectionnelle, je réalise de plus en plus de privilèges que j'ai.

  • Speaker #1

    De par ton milieu social, tu veux dire. De par mon milieu social,

  • Speaker #0

    que j'ai eu grâce au milieu où je suis née. Et donc, tout ça, il faut pouvoir d'abord questionner, on se renseigne, puis se questionner, et puis il faut les lâcher pour vivre dans une société un peu plus égale. Et donc, ça, c'est un truc que je devrais lâcher. Mais pour être honnête, comme je suis encore en plein moment d'éducation, sur ces questions-là, je dois encore savoir concrètement. Comment on fait ? Et pourquoi ? Et comment ? Enfin bref, ça c'est un sacrifice que je dois faire, mais je ne sais pas si le mot sacrifice est le bon terme. Je n'aime pas trop ce mot en fait, parce qu'il y a aussi beaucoup de gens qui étaient en mode Vous avez sacrifié votre jeunesse à travers votre activisme ? J'étais en mode What ? Ma jeunesse a été enrichie quoi. Et donc je pense que ce qui peut être vu par l'extérieur peut-être comme des sacrifices, c'est pour moi un enrichissement énorme. Sacrifier de ne pas manger chez McDo avec mes potes et je les attends devant parce que je refuse de rentrer dans le McDo, c'est pas un sacré, je suis hyper fière. Je les regarde manger leurs trucs, je suis en mode... On le fout, genre, mangez vos trucs, je vais ailleurs. Et ça s'est beaucoup passé ces derniers temps avec mes potes parce que j'ai pas que des potes activistes. Et voilà. Et c'est ma manière d'être cohérente avec moi et je me sens hyper bien et... Enfin, c'est pour donner un exemple comme ça, mais des sacrifices de... De, non, je ne vais pas... Enfin, cet été, j'aurais beaucoup aimé aller voir une de mes meilleures amies qui a eu son diplôme à UCLA aux États-Unis. Mais non, je ne vais pas la voir. Enfin, je ne vais pas prendre l'avion pour lui taper la gueule.

  • Speaker #1

    Elle a déjà été en bateau une fois.

  • Speaker #0

    Elle a été en bateau une fois, oui. Peut-être que j'irai une deuxième fois, j'espère. Teaser.

  • Speaker #1

    Peut-être. Épisode 2.

  • Speaker #0

    Épisode 2, oui. J'aimerais beaucoup en ce cas.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes amis, tu viens de dire que tu n'avais pas que des amis activistes ou sensibles à la cause. Comment ça se passe ? C'est tendu parfois ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai beaucoup d'amis. On se respecte énormément, donc ce n'est pas tendu. Et puis parfois, souvent, c'est un sujet qui ne vient pas. et que je décide de ne pas mettre parce que j'ai beaucoup d'amis d'avant le moment où j'ai eu tout le rendement dans ma vie. Et en fait, elles sont tellement importantes pour moi, ces amitiés, que pour rien au monde, je veux les détruire ou les impacter. Mais néanmoins, je sais très bien qu'avec ma vie du quotidien, indirectement, il y a un impact sur mes amis. Moi, je fais ce qui a du sens pour moi et peut-être que ça aura du sens. vous aussi un jour, de vous laisser sur ça. Et puis, j'ai plein d'amis qui, du coup, me posent plein de questions. Et puis, j'ai quand même des amis qui me confondent un peu avec des trucs. Mais ces amitiés sont hyper importantes. C'est aussi parce que j'apprends aussi beaucoup de mes amis. Je veux dire, j'ai de loin la vérité absolue et de loin, parfois, en restant trop dans mes documents, en restant trop dans le monde politique, je vous gagne la réalité du terrain, entre guillemets, si on peut le dire comme ça. Mais du coup, ces amitiés, elles sont... aussi hyper importante pour moi, mais aussi parce que pour rien au monde, je lâcherai ses amis, que j'aime énormément.

  • Speaker #1

    On se rappelle, tu as eu un documentaire qui t'a été consacré à 52 minutes nommé La Meuf du Climat. Et dedans, à un moment, tu apprends une décision, je ne sais plus exactement au contexte, mais comme quoi une partie, je crois, de l'Alaska va être sacrifiée. On peut dire sacrifiée. Justement, par mon sacrifice, ça revient.

  • Speaker #0

    Un sacrifice que je ne ferai pas, moi.

  • Speaker #1

    Et vient d'être légué à des compagnies pétrolières ou quelque chose, dans cette vannage, je n'ai plus d'informations exactes, et tu en es émue aux larmes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Tu souffres d'éco-anxiété ?

  • Speaker #0

    Alors, à ce moment-là, c'était les 5 derniers pourcents d'Alaska qui étaient donnés à la campagne pétrolière, alors qu'ils avaient déjà eu les 95 autres pourcents. Et pour moi, c'était en fait un moment où je me dis mais en fait...

  • Speaker #1

    Tu craques.

  • Speaker #0

    En fait, on n'y arrivera jamais. Si 95% on a déjà tout donné aux compagnies pétrolières et qu'on leur donne les 5 derniers pauvres pourcents là qui nous ont permis de garder peut-être quelques espèces sur Terre. Ouais, j'ai craqué et je craque beaucoup. Et je ne pense pas que je souffre d'éco-anxiété parce que l'éco-anxiété est... je pense qu'on pourrait dire maladie, mais une souffrance qu'on a intérieurement, surtout quand on vit des moments durs comme ceux-là, la réalité scientifique, et qu'il y a un écart énorme qui est créé avec la réalité du monde politique où en fait il n'y a pas de réaction. Et donc l'écart entre la science, l'urgence et l'action est tellement énorme qu'on tombe dans une éco-anxiété. Et grâce au moment où, quand je me suis... J'ai commencé à me renseigner sur les questions climatiques, j'ai directement commencé à m'engager et aujourd'hui, comme je vous ai dit, pour rien au monde, j'arrête l'engagement, mais aussi parce que le jour où j'arrête, je tombe dans l'éco-anxiété. Parce que le jour où on continue à se renseigner mais qu'on n'est pas dans une action, c'est hyper logique, parce que c'est hyper anxiogène, c'est triste aussi cette réalité. Elle est horrible. Et donc si on reste dans cette réalité-là, ben ouais, je pleure. Et comme beaucoup de gens, je pense que c'est humain. C'est très bizarre de ne pas pleurer, je pense. C'est très bizarre de ne pas pleurer quand on réalise qu'on est dans la sixième extinction de Naas, qu'on est en train de voir des gens littéralement là au moment où on parle, où les gens voient cette vidéo, qui sont en train de souffrir ou de mourir. Qu'en attendant, on rentre, je ne sais pas, dans des moments où je suis dans des réunions politiques où on rigole presque. Tout pour peut-être un peu créer de la distance entre cette réalité de l'urgence et la nôtre, parce que l'écouter sérieusement, ça nous ferait peur, et ça nous ferait peut-être sentir mal, bizarre. Et donc pour moi, dans l'étape de l'engagement, il y a d'abord l'étape de la tristesse, ou en tout cas du ressenti. Pas besoin d'être triste, mais il y a besoin que ça nous touche. Parce que si ça ne touche pas, on n'est pas humain, on est robot, évidemment que ça va nous toucher. Donc il y a des moments de tristesse, comme il y avait dans le documentaire, où je pleure, et ils sont très présents, et c'est normal. Mais pour en sortir, une fois que je sens que ça m'a touché les tripes et que ça m'a vraiment un peu détruit pendant au moins, on va dire, une soirée ou max deux jours, il faut que je fasse un truc. Et je suis en mode, OK, c'est la merde, mais c'est pas grave. Genre, qu'est-ce que je peux faire ? Je suis pas seule. En vrai, c'est la merde pour tout le monde. Genre, la question de l'urgence climatique, c'est autant la merde pour vous que pour moi, finalement. Donc, moi, en tout cas, j'ai envie d'en faire quelque chose parce que sinon, je vais rester au fond de mon lit en train de pleurer. Donc, je me lève et je suis en mode, OK, ça a touché qui d'autre, les gars ? Cette news. Genre, il n'y a que moi qui ressent ça. Souvent, il n'y a pas que moi. On est beaucoup déjà. Il y en a déjà qui ont même déjà souvent travaillé sur des trucs comme ça. Donc, je les rejoins. Je suis en mode, OK, comment je peux aider ? Je vous donne tout. Je fais tout. Genre, je suis prête à organiser les gens, mobiliser les gens. Je suis prête à créer des campagnes. Je suis prête à faire des vidéos. Je suis prête à tout ce qu'il faut faire. Je suis là. Et donc, je donne tout mon temps. Et franchement, là, aller se rendormir, c'est en mode OK.

  • Speaker #1

    c'est trop chiant de lui donner par exemple les 50% de la mascarpone mais ils vont pas le faire sans bruit ils vont pas le faire sans pression et ça c'est le maximum déjà qu'on peut faire j'adore parce qu'il y a un point de bascule dans ton discours où on a senti l'énergie mais remonté d'un coup le rythme cardiaque s'est accéléré c'était génial racontez autant en vidéo qu'en podcast allez voir la vidéo vous verrez c'est deux personnes différentes C'est génial.

  • Speaker #0

    C'est vraiment ce qui se passe dans mon quotidien.

  • Speaker #1

    Un coup comme ça d'adrénaline ou je ne sais pas quoi qui revient. Est-ce que malgré tout ça, tu restes optimiste ? Parce que c'est quand même lourd.

  • Speaker #0

    C'est quand même quoi, pardon ? Lourd,

  • Speaker #1

    dur.

  • Speaker #0

    Oui, lourd, dur. Oui, oui, oui. Mais ce qui est lourd et dur, c'est les faits, c'est la science, c'est tous ces racontes. Donc, le port qui s'accumule, c'est les inégalités sociales qui sont derrière. Tout ça, c'est très, très dur. La deuxième partie qui est très, très dure et lourde, c'est l'inaction ou l'action qui n'est pas suffisante. C'est aussi très pesant. Et donc, quand on est dans ce carré-là d'information, c'est pas possible d'être optimiste. Il n'y a pas d'optimisme là-dedans. Ça me fait rire, je me dis, OK, c'est une opportunité. Non, c'est triste, OK ? Genre, c'est vraiment... Non, c'est pas drôle. Et là, on ne peut pas être optimiste. Mais ce qui me donne de l'optimisme, et ce qui me fait sourire, c'est de voir la réaction de certaines communautés, de certaines personnes, de certains groupes. Et ça, on peut en retrouver partout, dans le monde privé, dans le monde politique, dans les citoyens, les initiatives citoyennes, chez des profs, chez des ingénieurs, même certains économistes, des écrivains, des artistes, tous ceux qui nous font rêver, parce que quotidiennement, ils nous montrent, ou à travers leurs initiatives, qu'en fait, ouais, c'est la merde, mais regarde ce qu'on va en faire. Et ça, c'est magique. Parce que... Je ne sais pas, je suis trop fière de ceux qui réalisent la ceinture énergétique autour de Namur, parce que c'est l'énergie de demain. Ceux qui ont réalisé la ceinture alimentaire à Liège, c'est incroyable, parce que ça, c'est l'agriculture de demain. Et toutes ces initiatives à travers la Belgique qui s'accumulent, qui ont d'ailleurs besoin d'un peu plus de soutien financier pour ceux qui veulent aider, mais tout ça qui s'accumule, ça par contre, c'est optimiste. Parce qu'ils nous montrent, regardez, c'est possible. En notre narratif, notre vision du monde est possible. justement ce fameux rêve dont je parlais. Le rêve qu'on a parce qu'on a les pubs Ryanair, les pubs de Coca dans les yeux, les pubs de Google, parce qu'on a les gros films américains qui nous disent qu'en fait quand t'es milliardaire c'est trop bien. Ben non, parce qu'eux ils te montrent qu'il y a un rêve qui peut se faire sentir complet, heureux, sain et pourtant c'est pas du tout volé en jet privé. Et donc, merci à eux. Et eux, ils me rendent optimiste. Et donc, oui, évidemment que je suis optimiste quand je regarde. Mais évidemment aussi que je suis très pessimiste sur la réalité des choses. Et je pense qu'être les deux, c'est être réaliste.

  • Speaker #1

    Où seras-tu demain ? Où voudrais-tu être demain ?

  • Speaker #0

    C'est très difficile pour moi de me projeter à cause de ce côté quand même pessimiste. Parce que je ne sais pas quel sera le nombre d'initiatives citoyennes qui pourront me faire vibrer encore. Et je l'espère qu'elles ne vont que s'accumuler, s'agrandir et que demain je pourrai contribuer. Ces personnes qui devront être là pour aider à coordonner un peu tout ça, à se dire Ok, il y a toutes ces initiatives sur l'énergie, toutes ces initiatives sur l'agriculture, et puis il y en aura d'autres sur l'aspect éducatif et beaucoup d'autres. Et donc, comment est-ce qu'on s'assure que tout le monde est bien là et que, tu vois, ça, c'est un peu cette stratégie de comment on peut évoluer, tout ça. Et aussi... Pardon ?

  • Speaker #1

    De coordination.

  • Speaker #0

    De coordination. Ça, ça me passionne et je trouve ça trop, trop, trop cool. Donc, j'espère que demain, je pourrai aider avec ça. Mais avant d'arriver à cette étape-là, demain, je vais devoir continuer, comme maintenant, à me joindre à ceux qui ont le courage. C'est pas toujours facile de dire des choses tout haut qui parfois ça dérange un petit peu et d'être un peu le parti poubloir quoi. Et d'arriver dans des grandes salles remplies de politiciens ou de personnes importantes qui disent ok donc notre plan maintenant ça va être ça, ça, ça et puis en fait on va dire ça et puis on réalise qu'on va avoir autant d'impact. De dire bah écoutez les gars en vrai c'est tellement plus profond. que si là, vous restez dans le silo climat, on ne va pas y arriver, si on n'arrive pas à clure telle et telle chose. Si on n'est pas prêt à re-questionner notre vision économique, parce qu'aujourd'hui, on a comme seul intérêt la croissance économique, le PIB, la croissance du PIB, merci, en fait, c'est aujourd'hui, des économistes prouvent que cette seule fixette qu'on ne s'est pas lâchée, qu'on ne s'est pas lâchée, a pour impact. a un impact colossal dans les pays occidentaux, mais quand même, a un impact colossal sur notre environnement et on doit pouvoir changer d'objectif pour pouvoir être aligné à l'accord de Paris, respecter les limites planétaires, mais les limites sociales aussi. On les oublie trop souvent, et moi d'ailleurs, je suis désolée, je les mets toujours à la fin, mais clairement, c'est au centre aussi de la tension. Donc bref, ce courage-là de demain, continuer à oser la confrontation, et c'est quelque chose qui me fait très très très très peur. la confrontation, c'est jamais un sentiment agréable mais il faut le faire et je pense qu'on va avoir demain on aura besoin d'encore beaucoup de moments de confrontation si on veut un jour arriver à ce rôle plus fun,

  • Speaker #1

    on coordonne toutes les initiatives incroyables il me reste à te poser la dernière question que je pose à tout le monde dans Raconte qui voudrais-tu voir, entendre lire dans Raconte ? à ta place

  • Speaker #0

    Tellement de personnes !

  • Speaker #1

    Tu peux en citer plusieurs si tu veux.

  • Speaker #0

    Féris Bakar, qui est le co-créateur de Banlieue Climat en France, qui a vraiment donné un nouveau souffle aux mouvements climat qui sont très nécessaires. Dans Raconte, je pense qu'il faudrait... Hmm... Sandrine Dixon de Clèves, qui est la co-présidente du club de Rome, un peu ma maman du climat. Elle m'a beaucoup inspirée dans tout. Et aujourd'hui, quand on me dit un peu à quoi je ressemble demain, j'espère que j'aurai encore son énergie pour me battre et être très forte. Esmeralda de Belgique, qui reconnaît ses privilèges et qui, depuis toujours, est présente dans le combat du climat, mais la reconnaissance aussi des peuples indigènes et leur présence publique dans des éléments importants. Et c'est un peu grâce à elle aussi que j'ai été très proche de ces communautés-là et qu'aujourd'hui, je trouve que la question des droits humains est tout aussi importante que la question du climat aussi. Donc, c'est sûr. Après, je pense que mon pote Youssef Swatz aussi, qui fait du rap, ça n'a rien à voir, on change de registre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est bien justement.

  • Speaker #0

    Ok. Lui, je le connais depuis 3-4 ans et directement, on a cru mutuellement à nos projets. Moi, dans son rap, et pourtant, je ne suis pas très fan de rap, mais son rap, j'ai toujours kiffé. Et lui, il m'a toujours aidée un peu dans ma communication, autour de mon activisme et tout ça. Et donc, je le remercie parce qu'en vrai, c'est un très, très bon pote. C'est une personne très inspirante et ses textes sont très beaux. Et tous les artistes qui nous entourent sont ceux qui nous permettent de rêver et d'avancer. Donc, il faut vraiment les mettre en avant, il faut vraiment les mettre en valeur. Il y en a beaucoup. Il faut absolument interviewer Camille Etienne, qui est une activiste incroyable en France, qui fait aussi avancer beaucoup de choses. Mais il faudrait aussi interviewer Solal, son caméraman, mais qui est une personne différée et indépendante de Camille Etienne aussi. est en fait un réalisateur incroyable qui pense à ses imaginaires qui sont nécessaires d'avoir dans nos salles de cinéma. Donc pour ça il y a aussi Cyril Dion, enfin je vais arrêter de la liste, mais Cyril Dion ça serait aussi un problème d'inclure. Bref, il y a plein de personnes, n'hésitez pas à les interviewer.

  • Speaker #1

    Je crois qu'on n'a jamais eu autant de personnes, il y a des fois les gens doivent chercher longtemps, voir on fait une pause et ils trouvent quelqu'un, et toi t'es parti en mode automatique, mais c'est génial !

  • Speaker #0

    Il y en a encore plein d'autres, mais c'est ça pour le prochain épisode.

  • Speaker #1

    Épisode 2, Adélie Charrier. Eh bien, merci beaucoup Adélie Charrier d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #2

    Cela contribue réellement à la visibilité de raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.

Chapters

  • Introduction et présentation d'Adélaïdee Charlier

    00:00

  • Le parcours d'Adélaïdee et son engagement climatique

    01:21

  • L'importance de l'endurance dans l'activisme

    02:53

  • Définition de l'activisme et ses défis

    06:32

  • Impact des origines et parcours éducatif d'Adélaïde

    08:31

  • Les débuts de l'activisme et la grève pour le climat

    16:45

  • Réactions et soutien de l'entourage d'Adélaïde

    28:34

  • Les sacrifices et les défis de l'activisme

    42:02

  • Vision d'Adélaïde pour l'avenir et conclusion

    01:01:09

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