undefined cover
undefined cover
Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable. cover
Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable. cover
Raconte Media - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment.

Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable.

Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable.

56min |27/03/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable. cover
Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable. cover
Raconte Media - Des histoires qui inspirent, connectent et transforment.

Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable.

Juliet Bonhomme (The Upcycling Lab) - D'ancienne fast fashion addict à créatrice de mode durable.

56min |27/03/2025
Play

Description

Quel est le point commun entre un confinement mondial et des vieux tissus ?

Eh bien, c'est Juliet Bonhomme ! Lors du confinement lié à la pandémie de Covid-19, elle s'est découverte une passion pour la couture, une activité qu'elle n'avait presque jamais pratiquée auparavant.
Elle crée alors sa marque "The Upcycling Lab".


Par essais et erreurs, elle réussit à trouver son propre style en utilisant des tissus de récupération, souvent détournés de leur usage initial.
Sa pièce signature ? Des gilets sans manches.


Mais Juliet Bonhomme ne se contente pas de créer des vêtements. Ancienne accro au shopping et à la fast fashion, elle est devenue une femme de conviction, engagée pour l'écologie, sans pour autant sacrifier le style.

D'un vieux dessus de lit, d'une tenture, voire d'un sac en toile de jute, elle transforme tout cela en un vestiaire unique.


Comme beaucoup de membres de la génération Z, Juliet Bonhomme est une touche-à-tout : influenceuse, créatrice, formatrice et entrepreneure.
Dans cette interview, elle revient en détail sur chaque aspect de son parcours et sur la manière dont elle gère ses défis au quotidien.


L'instagram perso de Juliet Bonhomme : https://www.instagram.com/julietbonhomme/

L'instagram de "The Upcycling Lab", la marque de Juliet : https://www.instagram.com/theupcyclinglab_/

Le site web de "The Upcycling Lab" : https://theupcyclinglab.squarespace.com/?fbclid=PAZXh0bgNhZW0CMTEAAabAaDjnAE9hVKqHc7sw2uECyNt690iRaFldt0V6P-wVoFzJQIpZAXAAmRQ_aem_s88C9PZC59FWatdyLqw4aA

Les photos de l'interview sont sur https://www.raconte.media


----

Suivez Raconte.media sur Youtube et découvrez cet interview en vidéo : https://www.youtube.com/@raconte_media?sub_confirmation=1

Notre site web: https://www.raconte.media

Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ça, je suis intimement convaincue, il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être OK d'être jugé et de s'en foutre.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voix, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte. est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. Aux côtés. de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée raconte. Raconte la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Juliette Bonhomme. Bonjour. Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    On se voit aujourd'hui un peu à l'invitation d'une personne qui est passée précédemment dans Raconte, Salome de Oise. Pour info, à chaque fois on demande aux personnes à la fin, comme ça tu es déjà prévenu, d'inviter quelqu'un sur Raconte et tu as été entre autres invité par Salome de Oise. Merci à elle. Allez voir l'épisode, on mettra le lien en description. Est-ce que je pourrais te demander qui es-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je m'appelle Juliette Bonhomme, j'ai 29 ans, j'habite à Bruxelles et j'ai un peu de casquette. J'ai ma marque, mon projet, The Upcycling Lab, de revalorisation textile. Et à côté de ça, je suis aussi influenceuse sur les réseaux sociaux autour de la consommation durable. Voilà.

  • Speaker #2

    En résumé, mais parfaitement résumé. Pour contextualiser, parce que raconte, se vit, s'écoute et se regarde, pour les personnes qui ne font que nous écouter, où sommes-nous présentement ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on est dans mon atelier au Grand Hospice, dans le centre de Bruxelles. Cet atelier n'est pas une situation anodine, c'est un ancien hôpital qui a été réhabilité pour tous les projets à impact. social, culturel, environnemental, positif. Donc on reçoit une pièce qu'on doit un peu retaper et retransformer à notre image.

  • Speaker #2

    C'est un peu une suite logique par rapport à ce que tu fais finalement ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est vraiment refaire du nouveau avec du vieux, revaloriser ce qui est déjà là et lui redonner une deuxième vie finalement.

  • Speaker #2

    Tu le disais à l'instant, tu te considères entre autres comme influenceuse. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? C'est quoi une influenceuse pour toi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, je pense qu'influenceuse, il y a plein de possibilités, de façons d'être influenceuse. En gros, je suis sur les réseaux sociaux et j'essaye d'influencer les gens dans leur consommation. C'est pour ça que je garde ce terme influenceuse. Il y en a qui disent créateur de contenu. C'est aussi une façon de voir les choses. Sur cette plateforme, j'essaye de prendre les codes des influenceurs. de base, et d'adapter ça à un mode de vie plus responsable, plus conscient, plus respectueux de l'homme et de la planète. Donc je n'ai des partenariats qu'avec des projets dans la durabilité à Bruxelles, ou qui lient au social, au culturel, à l'entrepreneuriat. Et l'idée c'est vraiment d'inviter la communauté, donc les gens qui me suivent, à s'habiller durablement, à créer aussi, à prendre les choses en main et oser créer, oser transformer ce qu'ils ont. Et également, il y a le levier entrepreneurial via mon projet, où j'invite vraiment les jeunes et même des gens plus âgés à oser se lancer et croire en leurs rêves et essayer de rendre une idée concrète.

  • Speaker #2

    Tu viens de dire que tu t'es aussi lancée à un moment. Comment ça s'est fait ? Comment tu as franchi le pas ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a pris du temps. Ce n'était pas du jour au lendemain où je me suis dit, tiens, en fait, je me lance. J'ai toujours su que j'avais envie d'avoir un métier, je pense, à moi. Parce que j'avais du mal à rentrer dans le moule du 9 to 5 au bureau. J'ai du mal à me concentrer longtemps. J'aime bien vraiment faire des choses créatives. Et je ne trouvais pas de métier qui répondait à ça. J'ai quand même travaillé dans la communication suite à mes études. d'abord dans une fondation royale puis dans une ASBL. Donc c'était de la communication avec quand même un objectif social ou environnemental positif. Mais je sentais que j'avais un vrai manque de créativité et de concret parce que la communication du coup digitale que je faisais à ce moment-là était très... digital. Et j'ai commencé pendant le confinement simplement à coudre, à transformer des tissus que j'avais chez moi parce que j'étais déjà dans une démarche zéro déchet, éco-responsable à titre personnel. Et pendant le confinement, il y avait la machine à coudre de ma mère que je n'avais jamais osé toucher. Je pensais que c'était impossible, que c'était beaucoup trop compliqué pour moi. Et en fait, je me suis lancée. Elle m'a montré comment ça fonctionnait. Je l'ai appelée, je pense, 15 fois pour à chaque fois régler des choses que je ne comprenais pas. Et en fait j'ai commencé à créer, j'ai réussi à faire mon premier top à partir d'un drap que j'avais en satin. Et je me suis dit, mais en fait j'y arrive, c'est pas si compliqué de faire des vêtements. Puisque je prenais les vêtements que j'avais dans ma garde-robe, je les retournais, je copiais la forme. Et en fait de là est venu vraiment cet accomplissement de le mode de consommation durable, plus la créativité me donnait ce concept d'upcycling. Donc où j'upcyclais mes vêtements, je les revalorisais ou revalorisais les tissus. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux pour montrer en fait les avant-après des tissus parce que j'avais le temps. J'ai découvert plein de gens du coup pendant le confinement qui faisaient ça aussi en France, en Angleterre, etc. Et en fait ça m'a vraiment animée, je voyais pas les heures passer. Et du coup j'ai continué à partager ça sur les réseaux sociaux et j'ai eu des demandes en fait de magasins pour venir donner des ateliers. Ou une demande de tiens j'ai un magasin de seconde main et j'ai un stock que j'arrive pas à vendre de robes classiques, tu voudrais pas qu'on les transforme ensemble ? Et en fait, petit à petit, je me suis dit, ok, c'est là que je dois aller parce qu'il y a trop de chouettes possibilités, ça m'anime trop. Et je vais arrêter mon travail dans la communication digitale et essayer de me lancer là-dedans. Et j'ai eu de la chance parce qu'à côté de ça, j'avais des chouettes propositions de collaboration sur les réseaux sociaux. Donc j'avais un peu deux mondes. Les réseaux sociaux, ça se développait autour de la durabilité. Et puis à Bruxelles, les ateliers, les co-créations. Et donc je me suis dit, on y va, on essaye. On va se donner une chance de peut-être y arriver, de sortir un peu du moule et de créer son propre moule.

  • Speaker #2

    Tout s'est bien mis en fait de manière assez organique finalement. Oui. Tu es passée d'une période assez sinistre, tu viens de le dire, de Covid, où tout le monde s'ennuyait ou déprimait. Et toi, tu as pris un twist.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré cette période. Moi, j'ai vraiment adoré parce que je suis un être très social de base, donc je bouge beaucoup, je n'aime pas trop rester chez moi.

  • Speaker #2

    Et toi, c'était tout le contraire, tout d'un coup ?

  • Speaker #0

    J'étais forcée et en fait, j'ai adoré ce moment-là parce que j'en ai fait quelque chose qui m'a connectée à mes mains, à mon rêve, je pense. Et donc moi, j'avoue, j'ai adoré ce moment-là. Je créais sans fin, aucune contrainte sociale de devoir sortir voir des gens. Et en fait, ça a totalement débloqué une vraie passion que je n'aurais jamais pris le temps, je pense.

  • Speaker #2

    C'était juste un rêve, un rêve qui était déjà là, présent, bien avant.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, quand j'étais petite, je voulais être styliste, je voulais faire la cambre. J'ai visité cette école après mes études secondaires et je n'ai pas osé en fait, parce qu'à ce moment-là, il n'y avait pas les réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Et tant qu'il y a d'années, pour contextualiser un peu.

  • Speaker #0

    Alors, là, quand j'ai dû choisir mes études, je... Je pense qu'on était en 2013, 2014, donc il y a 10 ans. Et j'ai visité la cambre. Ça m'a fait rêver de voir les ateliers, les tissus, la créativité. Mais on m'a dit, si tu fais la cambre, soit tu deviendras costumière ou habilleuse au théâtre ou dans le cinéma. Mais donc, tu ne vas pas vraiment créer les vêtements dont tu rêves. Soit tu auras la chance d'une personne sur mille qui sera vraiment le créatif qui sortira du lot. Et donc j'ai pris peur, parce que je me suis dit je ne vais pas y arriver, c'est trop compliqué. Et donc j'ai enfermé ce rêve dans un petit tiroir à double tour, j'ai jeté la clé. Et j'ai fait communication à l'IEX, je pense que ça m'a beaucoup aidée finalement. Mais en fait j'ai vraiment mis ce rêve de la créativité sur le côté. Et du coup je suis passée plus dans le mode consommée. Donc j'ai un peu surconsommé la mode que je ne pouvais pas créer. Et donc je suis partie vraiment dans un travers de mes secondaires à mes années aussi à l'IEX. donc à mon autre école, mon université, où en fait je surconsommais la mode et la fast fashion, donc la mode jetable, parce que j'étais étudiante, donc je n'avais pas le budget pour m'acheter des pièces onéreuses, ce qui ne veut pas spécialement dire durables, mais voilà. Et en fait, j'allais tout le temps chez H&M, Zara, des énormes enseignes pour assouvir, je pense, ce besoin d'être connectée à cette mode sans la créer. Et du coup, en fait, j'étais la pire de toutes mes copines. Et dans ma famille, j'étais l'accro au shopping, au solde, au petit prix. Parce que je pense que j'avais ce rêve enfoui qui était en fait frustré. Et la frustration sortait via cette consommation, je pense.

  • Speaker #2

    Ça a bien changé.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais. Du coup, j'ai pris une grosse claque.

  • Speaker #2

    Comment est arrivée cette claque ?

  • Speaker #0

    Eh bien, dans mon avant-dernière année de l'université, je devais choisir un... Dans ma dernière année d'université, je devais choisir un stage et un sujet de mémoire. Et j'avais déjà commencé à être alerte en termes des co-responsabilités. J'avais arrêté de manger de la viande, j'utilisais une gourde, enfin un peu on va dire des basiques.

  • Speaker #2

    Et tout ça, c'est fait de manière tout à fait naturelle ou dans ta famille, avec d'autres personnes ? Je ne sais pas si tu as des connaissances.

  • Speaker #0

    Oui, en gros, ma mère nous a toujours sensibilisé beaucoup à la nourriture de saison, au gaspillage alimentaire. Elle avait demandé un compost pour Noël, donc j'étais déjà un peu venu là-dedans. Elle avait une sensibilité là. Elle avait une sensibilité. Par contre, j'étais la première de ma famille à vouloir arrêter de manger de la viande. Ça, c'était via des documentaires que j'avais vus.

  • Speaker #2

    Tu t'es embarquée.

  • Speaker #0

    Voilà. Et même un film qui n'est pas un documentaire, mais qui s'appelle Okja. O-O-K-J-A.

  • Speaker #2

    Je vois qu'il y a un personnage...

  • Speaker #0

    Qui est un animal fictif. C'est un animal,

  • Speaker #2

    oui, voilà, tout à fait.

  • Speaker #0

    Il m'a en fait vraiment transpercé le cœur. Et donc là, j'ai décidé de commencer à vraiment prendre des actions. Mais par contre, la mode restait encore, on va dire, ma bête noire. J'arrivais pas à changer. Ouais. Mon addiction, et aussi à ce moment-là, c'était pas si stylé et commun d'aller en friperie, d'acheter sur Vinted, en vide-dressing. Et en fait...

  • Speaker #2

    On était en 2015-2016, si je suis bien les années, plus ou moins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, plus ou moins. Et en fait... Mais c'est particulier parce que depuis qu'on était petite avec mes copines, dans la cour de récré, on savait très bien que la mode n'était pas faite en respect de l'homme et de la planète. On savait que les baskets Nike étaient faites à l'autre bout du monde, par des gens pas très majeurs, dans des pas très bonnes conditions. Donc, je ne vais pas dire que j'ai eu une claque ou j'ai découvert tout ça. On le savait.

  • Speaker #2

    C'est ça le paradoxe, c'est qu'on le sait. Il y a eu des informations, il y a eu des documents. Quasiment tout le monde le sait, il y a des images de ça. Et on le fait quand même.

  • Speaker #0

    Voilà, et en fait, à ma dernière année à l'IEX, j'avais fait le choix de ne pas prendre publicité, de prendre relation publique, parce que je n'avais pas envie d'être dans un mode où on vend aux gens des choses qu'ils n'ont pas besoin. mais au-delà de ça, d'être plutôt porteur de messages, de valeurs. Donc je me suis dit, là c'est le bon moment pour vraiment commencer à prendre les choses en main. Donc j'ai décidé de choisir un stage dans la mode durable et de faire mon mémoire autour de la durabilité. Et mon stage dans la mode durable s'est annulé parce que la marque dans laquelle je devais faire mon stage a fait faillite, malheureusement. Le monde, je pense, n'était pas encore prêt aux marques durables à ce moment-là.

  • Speaker #2

    C'était le début.

  • Speaker #0

    C'était le début, c'était vraiment très très... C'était vraiment...

  • Speaker #2

    Et on y est.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment une marque pionnière qui malheureusement a dû déposer le bilan. Et du coup, j'ai trouvé un autre stage dans une ASBL qui en fait était un guide en ligne de marques durables dans la nourriture, dans la cosmétique, dans la mode, dans des hôtels, etc. Donc un peu un guide et qui organisait des conférences autour de la durabilité. Et donc j'ai postulé là-dedans et en fait c'est à ce moment-là que j'ai vraiment transformé mes pensées en actions. Je me suis dit « Ok » . Là, on va arrêter d'écrire des articles pour mon stage, pour dire aux gens comment faire les courses zéro déchet, comment acheter seconde main, on va vraiment le faire. Et donc à partir de ce moment-là, j'avais complètement arrêté d'acheter en fast fashion et j'ai vraiment commencé à trouver des solutions pour continuer à être moi-même et renouer cet amour à la mode sans polluer, sans nuire. Et donc à partir de ce moment-là, de ce stage, de cette réalisation de mémoire, etc., j'ai cherché des solutions. Je suis partie en friperie sur Vinted qui venait d'arriver sur le marché en brocante et j'ai commencé à renouer totalement avec ce bonheur de la mode sans culpabiliser. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux, avant le cycling, etc. juste pour montrer qu'on peut être stylé sans trop polluer. Et donc je prenais les codes des influenceuses qui se prenaient en photo en rue et je me prenais avec des looks 100% de brocante, acheté à une amie. trouvée sur Vinted. Et je faisais vraiment comme elle, les photos en rue. Et puis, je mettais en description « Ensemble tailleur » trouvé en brocante pour 10 euros. Et en fait, c'est de là que la page a un peu, on va dire, démarré en termes de mode durable. Et puis, c'est en confinement qu'elle a pris vraiment autour de l'upcycling.

  • Speaker #2

    Quel a été l'accueil quand tu as commencé à diffuser ces photos ?

  • Speaker #0

    Hyper bon.

  • Speaker #2

    Tout de suite ?

  • Speaker #0

    Ouais, hyper bon. Les gens adoraient. Les gens étaient hyper réceptifs.

  • Speaker #2

    Quel type de personne ? Est-ce qu'il y a un... personnalité ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était concrètement des filles de mon âge.

  • Speaker #2

    Autour de la vingtaine.

  • Speaker #0

    Des jeunes filles qui avaient envie de changer, qui avaient envie d'avoir des solutions. Et du coup, je pense que je les ai présentées sur un plateau d'argent et ça leur a énormément parlé. Parce que j'essayais vraiment de ne pas culpabiliser. Je partageais les informations sur ce qui se passait. Voilà. Parce que j'avais été très loin dans cette consommation. néfaste. Mais je montrais vraiment les solutions et l'aspect fun, moderne, chouette où en fait on est stylé et sans culpabiliser. Et en fait, j'ai eu beaucoup de retours très positifs. J'ai eu des articles dans la presse. Et en fait, c'est parce qu'à ce moment-là, l'influence était vraiment... Enfin, les blogueuses étaient vraiment autour de la surconsommation. Et là, je prenais un parti pris totalement différent qui n'avait pas encore été pris à ce moment-là, en tout cas à Bruxelles.

  • Speaker #2

    T'étais pris déjà ailleurs, dans d'autres pays ?

  • Speaker #0

    Genre,

  • Speaker #2

    tu suivais ?

  • Speaker #0

    Pas encore à ce moment-là. J'avais pas encore vu, moi, vraiment d'influenceuses qui m'inspiraient. C'est pour ça que j'ai décidé de prendre ce... Voilà, de vraiment d'aller à contre-courant et de proposer autre chose, mais de prendre tous les codes des blogueuses que je voyais depuis toujours. Mais à ce moment-là, je ne connaissais pas de gens qui faisaient comme moi. Je me suis vraiment trouvée plutôt une communauté au fur et à mesure, en découvrant en fait dans d'autres pays. Et avec l'upcycling, j'ai pu voir de plus en plus de gens qui avaient la même vision que moi. Mais à ce moment-là, non, je me sentais assez seule dans cette démarche. Mais heureusement, ça a trop pris autour de mes copines, puis de la famille de mes copines, puis les amis des amis. Et en fait, ça a pris. Et puis de plus en plus de gens ont commencé aussi à le faire, à s'habiller en seconde main et à partager sur les réseaux sociaux et à vraiment enlever cette image que le seconde main, la durabilité, c'est sale, c'est vieux, c'est pas chouette, c'est pas moderne, c'est has been. Là, c'était totalement un autre parti pris. En fait, non, c'est trop stylé, c'est trop sexy, c'est trop moderne. C'est original aussi parce qu'on trouve des pièces uniques qu'on va venir mettre et qui ne sont pas par milliers vendues chez Zara et que le lendemain... Nos copines peuvent avoir les mêmes. Non, là, on prend des pièces aussi qui nous ont parlé, pas via une campagne de marketing en magasin ou un stand bien arrangé. Non, parce que ça nous a parlé nous-mêmes.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est dur d'avoir cette singularité ?

  • Speaker #0

    Non, non, je ne dirais pas. Au début, c'était dur parce que je me suis beaucoup cherchée professionnellement et que j'ai dû un peu sortir d'un moule dans lequel mon environnement était, mes copines, ma famille. Mais maintenant, non. je me sens hyper épaulée parce qu'en fait, grâce aussi aux réseaux sociaux, on voit plein de gens maintenant qui font comme nous. Et donc, ça nous permet d'avoir un lien.

  • Speaker #2

    Ça a été un peu ton moteur, en fait, d'avoir ces retours. Totalement. Des gens, des followers. Oui, totalement. Qui t'ont un peu confirmé, si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Ils m'ont élevée, en fait. Ils m'ont encouragée à continuer à faire encore plus. Et donc, c'était génial et c'est génial encore.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    À la base, tu viens d'où ? Tu viens de Bruxelles même ou d'un village ? Non,

  • Speaker #0

    je viens de Jette, donc dans le nord de Bruxelles, comme Salomé au final, c'est comme ça qu'on se connaissait.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #0

    On faisait du théâtre quand on était plus jeunes ensemble.

  • Speaker #2

    Donc tu as toujours eu envie de côté un peu sain, du côté aussi vêtement finalement, parce que dans le théâtre, le costume est très important.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #2

    Ça a été peut-être une première rencontre ?

  • Speaker #0

    Je pense, je pense que c'est le côté aussi d'oser s'assumer. Avec le théâtre, c'est se montrer un peu, incarner des personnages, même si ce n'est pas totalement nous-mêmes. C'est quand même se montrer, être vulnérable sur scène. Se mettre en danger, oui. Oui, et donc je pense que tout ça composait en fait ce vers quoi j'allais. Même les réseaux sociaux, c'est aussi une mise en scène. C'est un jeu d'acteur presque. Et en fait, oui, je pense que la créativité a toujours fait partie de ma vie, que ce soit scénique, que ce soit artistique, on va dire dans la créativité manuelle. Mes parents m'ont toujours beaucoup poussé à ça. À la maison, ça a toujours été très autour du bricolage, d'essayer des choses. Mon papa qui adorait la musique, ma maman qui était très créative.

  • Speaker #2

    Vous avez des métiers créatifs ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Pas spécialement des métiers créatifs, mais des hobbies et des passions quand même créatives. Mon papa adore la musique et tous les soirs, il était dans la cave, dans son studio, à écouter de la musique, à faire des... Des mix et à juste être dans sa passion. Ma maman, elle a toujours touché à tout, que ce soit le dessin, la couture, la céramique maintenant. Donc j'ai eu une famille qui m'a beaucoup poussée à me cultiver de plein de choses et toujours tester de nouvelles choses. Et aussi quand on aime quelque chose, y aller, se donner tous les moyens pour vraiment en profiter.

  • Speaker #2

    C'est rock, s'il le faut.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, totalement. On n'était pas une famille très télé. télé tout le temps, etc. C'est une famille qui bouge beaucoup, qui va avoir des pièces de théâtre, des expositions. Donc ça, j'ai eu de la chance. Je pense que ça m'a beaucoup aidée, même à me mettre dans des stages créatifs. Donc je pense que ça a aussi beaucoup mis sur mon parcours plein d'étapes pour arriver là où j'étais.

  • Speaker #2

    On va revenir maintenant un peu plus loin dans le temps où tu as lancé ta marque. Comment ça se met en place ? Parce que là, on a parlé de comment ça s'est fait finalement pendant le Covid. Mais quand ça devient un métier, c'est tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Ouais. Donc, j'ai eu la chance de me... Donc, j'ai arrêté mon contrat en communication digitale.

  • Speaker #2

    C'était un risque énorme, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai eu assez peur parce que mes parents avaient... Assez peur pour moi, parce que mon frère et mes deux parents sont salariés. Donc pour eux, se lancer, c'était très flou. Pourquoi pas prendre un mi-temps quand même, au cas où ? Donc quand même dans les peurs, j'ai dû quand même aller au-delà de ça, c'était dur. Parce que j'avais déjà des peurs moi-même, donc je devais aller au-delà des peurs de ma famille.

  • Speaker #2

    Quel genre de peur, si c'est pas indiscret ?

  • Speaker #0

    Peur d'échouer, je pense. Peur de manquer financièrement de quoi que ce soit. Peur de se retrouver seule face à soi-même dans un projet, peur de réaliser qu'en fait, c'est pas parce qu'on fait bien quelque chose que ça va d'office marcher aux yeux des autres, que ça va prendre, qu'on va y arriver. Et donc ça a été un peu un beau... c'est une année post-Covid qui a été vraiment charnière dans ma vie où j'ai décidé d'arrêter mon boulot. confortable. Je décide de quitter chez mes parents et d'emménager toute seule parce que je pense que j'ai besoin de ça à ce moment là pour m'envoler concrètement et de me sortir de toutes les peurs et des schémas dans lesquels j'ai peut-être grandi. Et donc je suis rentrée dans un programme d'accompagnement pour les entrepreneurs dont j'avais entendu parler. Une couveuse, c'est ça une couveuse. Et je suis rentrée dans cette couveuse sans trop savoir ce que j'allais faire. J'ai expliqué en fait toute ma... où j'en étais, qu'il y avait l'upcycling, des demandes d'ateliers, des demandes de co-création, j'avais l'influence sur les réseaux sociaux, mais j'avais des notions en communication digitale. Et j'ai eu un rendez-vous avec une personne incroyable qui m'a dit « Ok, tu as une âme d'entrepreneuse, rentre chez nous, on va t'aider à même te définir, définir ce projet dans lequel tu veux te lancer, même si tu ne le sais pas encore. » Et donc grâce à elle, je me suis dit « Ok, j'y vais. » Et donc en fait, pendant plusieurs mois, Une fois par semaine, j'avais des calls avec un groupe, parce que du coup, on était post-Covid, donc on ne pouvait pas se voir.

  • Speaker #2

    Tu étais en visio.

  • Speaker #0

    En visio, pour en fait préparer ce projet, qui était encore très flou, et qui, en deux, trois mois, s'est avéré devenir The Upscycling Lab, qui est du coup ce projet de revalorisation, qui est en fait un peu, à mon image, composé de plusieurs bras, de plusieurs casquettes. Donc il y avait les ateliers que je donne encore une fois par semaine ici.

  • Speaker #2

    Peut-être pour contextualiser, les ateliers c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Donc les ateliers c'est des cours où j'ai cinq élèves et en fonction du thème, on leur apprend à transformer des tissus. Donc la matière première ne sera que des tissus récupérés, des rideaux, des fins de rouleaux, des nappes, enfin tout ce que je trouve quand je chine ou qu'on me donne.

  • Speaker #2

    Pas forcément des tissus qui sont adaptés aux vêtements de plus à bord.

  • Speaker #0

    Non, totalement. Ça peut être des vieux jeans qu'on va transformer en bob. J'ai commencé avec ce levier atelier. Ce que je faisais dans ma chambre quand j'étais en confinement, c'était essayer de le transmettre. On avait différents thèmes, les bobs, des sacs, transformer une chemise en ensemble. Et puis, d'aujourd'hui... On s'est plus affiné sur le gilet sans manche, comme je porte.

  • Speaker #2

    Que tu portes justement, on va en parler après.

  • Speaker #0

    Voilà, donc c'est avec des thèmes. Donc l'idée, c'est un atelier où une personne même qui n'a jamais cousu peut venir faire l'atelier, va transformer un tissu et repartira avec quelque chose qu'elle a fait. L'idée, c'était vraiment d'avoir un seul cours et que la personne puisse, avec ce cours, repartir avec des compétences et une création.

  • Speaker #2

    Sans prérequis.

  • Speaker #0

    Sans prérequis. Puis on a le levier de la co-création, c'est aussi mis dans ce projet parce que j'ai reçu des demandes des petits riens par exemple ou d'un magasin de seconde main pour les aider à revaloriser des stocks d'un vendu. Donc The Upcycling Lab était aussi dans la co-création, donc on co-créait avec des projets. Puis il y a le levier aussi sensibilisation qui était très fort à ce moment-là et qu'il l'est encore parce que les réseaux sociaux sont une sensibilisation. Je vais parfois en entreprise. sur des temps de midi, parler avec des gens autour de la durabilité, en maison de jeûne aussi, en conférence sur des festivals comme la CEMO. Et donc ce projet s'est défini comme ça, petit à petit, par toutes les demandes et on a réussi à en faire quelque chose. Et je pense que la couveuse m'a vraiment aidée à avoir confiance en la vie, en moi, en le projet et en se disant « tu peux créer quelque chose qui te convient » . Parce que j'avais beaucoup de mal à me dire « je ne vais faire que des ateliers » ou « je ne vais faire que des créations » . ou je vais faire quoi de la sensibilisation, j'avais besoin d'un projet un peu hybride. Et donc, grâce à cette couveuse, The Upcycling Lab s'est développée. Et finalement, le levier marque s'est développé plus sur le tard, parce que j'étais plus dans une optique où je co-créais avec des projets. J'ai fait quelques petits marchés de Noël, donc je créais un peu pour des ventes spéciales, mais je n'osais pas encore m'établir comme vraie marque. C'est vraiment venu plus depuis l'année dernière, parce qu'en fait un projet d'entrepreneuriat, ça prend du temps et c'est ok. Et en fait j'ai d'abord développé les ateliers, puis maintenant que les ateliers étaient rodés, il y a eu les co-créations, puis la sensibilisation, et puis maintenant vient ce levier marque qui devient de plus en plus important. Parce que j'ai pris de l'expérience, j'ai pris de l'assurance, j'ai compris ce qui fonctionnait, ce qui ne fonctionnait pas. Et voilà, ce levier de marque est venu maintenant prendre une plus grande place parce que j'adore créer et maintenant je suis confiante de créer pour les gens. Et je pense qu'avant, je préférais leur donner des compétences que des produits. Et maintenant, j'arrive de plus en plus à être dans cette démarche-là. Mais ça a pris du temps et c'est ça aussi que j'ai compris dans l'entrepreneuriat, c'est que tout prend du temps et que là, ça va faire 3-4 ans que j'ai mon projet. Il n'est pas du tout le même que quand je l'ai lancé et à mon avis dans 3-4 ans il ne sera pas du tout le même non plus. Et c'est ça qui est génial, c'est qu'il se compose de plein de choses. Et donc voilà. Raconte, où chaque format donne vie à une histoire.

  • Speaker #1

    On sent que tu as ce besoin de communiquer, tu pourrais juste rester dans ton coin et faire de l'artisanat et ne voir quasiment personne, mais toi tu vas vraiment vers les gens, que ce soit de manière numérique, vers les réseaux sociaux, ou comme tu disais, via des rencontres, des événements, même dans des maisons de jeunes et tout, c'est très important, c'est un trait de ta personnalité en fait.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, créer dans mon coin, entre guillemets, Et juste délivrer un produit que des gens vont mettre, ce n'était pas mon objectif premier et ce n'est pas ce qui me nourrit. Je suis très sociale, je me nourris beaucoup des gens, de mes amis, de l'entourage. C'est déjà un challenge d'avoir un projet seul, mais si en plus je n'ai pas de lien avec les gens, pour moi ça n'aurait vraiment pas de sens. Et je respecte les artisans qui arrivent à rester dans leur atelier et créer et délivrer. Moi j'ai besoin de liens, j'ai besoin d'échanger. J'ai besoin, ok, je suis ok maintenant de vendre un produit, mais j'aime bien aussi passer des compétences pour que les gens continuent de le faire chez eux.

  • Speaker #1

    Tu n'es pas fermée à dire, moi, je détiens de savoir. Toi, tu es vraiment dans le partage à fond.

  • Speaker #0

    Oui, total. Mais c'est ça, parce qu'en fait, j'ai réalisé que, de base, ma mission était vraiment d'aider les gens à s'habiller de manière durable. Et moi, je ne vois pas, pour moi, aider des gens à s'habiller de manière durable, ce n'est pas juste en leur vendant un produit en plus de ce qu'ils ont déjà. C'est en parlant avec eux, en partageant l'expérience, en étant honnête sur moi, mon parcours et aussi en leur passant des compétences comme celle de la couture. Et que je n'avais vraiment pas envie que le projet soit juste une marque, ce qui est déjà énorme pour plein de projets, parce que je sens que j'ai besoin de cet échange, de ce lien, de transmettre des choses qui vont pouvoir se transmettre. Et un produit, ça se transmet, mais c'est un produit. C'est pas une valeur, c'est pas une information et c'est pas une compétence. Et le nombre de gens qui viennent ici apprendre à coudre et qui ont envie d'apprendre à coudre, qui n'osent pas et qui après repartent d'ici avec des compétences, c'est incroyable, ça n'a pas de prix. Parce qu'après, eux vont continuer chez eux, vont pouvoir le transmettre et ça fait perdurer ça. L'idée ici, c'est vraiment d'être quand même de la base, on est quand même dans une valeur de durabilité, d'écologie, de préservation de notre planète. Et du coup, moi, je trouve ça génial que les gens qui repartent de mes ateliers ou de mon compte, parce que je donne des tutoriels sur mon compte, arrivent à revaloriser des choses qu'ils ont chez eux plutôt qu'à aller acheter des nouvelles choses. Et voilà, je pense que c'est aussi avec cette économie de partage qu'on va avancer et j'espère sauver le monde. Mais voilà.

  • Speaker #1

    Participer à son sauvetage, en tout cas.

  • Speaker #0

    En tout cas.

  • Speaker #1

    Tu le disais précédemment, tu es suivi par environ 30 000 personnes, c'est ça, sur les réseaux sociaux, Instagram notamment. Ça c'est fait, tu as très bien expliqué sur le temps et à une période donnée. Est-ce que ça serait possible de le refaire aujourd'hui, en début 2020 ? 2025, selon toi, qui connaît bien les réseaux.

  • Speaker #0

    Que quelqu'un, par exemple, se lance...

  • Speaker #1

    Partir de zéro.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Ça, je suis intimement convaincue.

  • Speaker #1

    Il y a encore de la place.

  • Speaker #0

    Oui, il y a de la place. Et c'est dingue parce que sur les réseaux, tout le monde peut percer, entre guillemets, ou composer, enfin, cultiver une communauté. Ça, je suis intimement convaincue. Il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut... Être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être ok d'être jugé et de s'en foutre. Oui,

  • Speaker #1

    parce qu'on a beaucoup de gens qui ont beaucoup de followers dans Raconte. Parfois, ça se passe mal.

  • Speaker #0

    C'est vrai, moi j'ai énormément de chance, j'ai pas eu une expérience négative.

  • Speaker #1

    Et ton message est très positif aussi.

  • Speaker #0

    Oui, mais dès qu'on parle de durabilité, on peut très vite être la cible de critique parce que les gens se sentent du coup piqués dans leur consommation.

  • Speaker #1

    Qui sait, c'est de nous deux le sont.

  • Speaker #0

    Exactement, et c'est pour ça que j'ai toujours gardé ce ton léger, fun, pas se prendre trop au sérieux, je trouve ça important ça dans la vie. Les gens se prennent trop au sérieux, oublient de rire, oublient de se dire, ils sont en fait là... On a tellement de chance où on en est, on va se calmer. Et oui, pas donner des leçons. C'est vraiment, j'essaie juste de montrer ce que je fais avec humilité, de montrer mes solutions sans pointer du doigt les gens qui ont... Évidemment, je dénonce des choses, mais j'essaie de ne pas pointer du doigt le consommateur parce que le consommateur peut changer les choses, mais est aussi une première victime, comme j'ai été, et qu'on est tous tellement différents de part. nos familles, ce qu'on nous a transmis, mais aussi de par nos... Comment dire ça ?

  • Speaker #1

    D'où on vient, notre sociologie ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Et on n'est pas tous nés à la même enseigne, on n'a pas tous les mêmes chances. Et quand je parle avec des jeunes de Maisons de Jeunes, pour eux, avoir la dernière Nike à la mode ou le dernier pull Lacoste, c'est un moyen de... C'est un sens...

  • Speaker #1

    C'est un marqueur social.

  • Speaker #0

    C'est un marqueur social, c'est pour avoir un sentiment d'appartenance à un groupe. Et qui sommes-nous pour juger ça ? Sachant que eux, c'est souvent des familles où il se passe déjà les vêtements de frères en... frères, entre cousins, donc la seconde main et le fait de reporter des choses qu'on a déjà, est déjà ancrée. Donc comment communiquer avec eux pour avoir du coup ce levier de durabilité, mais d'un autre œil. Donc c'est hyper intéressant de se cultiver en fait de tous ces différents mondes, horizons, mais de ne pas juger et je pense que c'est ça le plus important. Et aussi je m'en fous du regard des gens en fait. Et donc du coup...

  • Speaker #1

    C'est dur de s'en foutre.

  • Speaker #0

    C'est dur et en même temps c'est une protection, ça me permet du coup de faire tout ce que je fais sans me prendre la tête, sans me rendre folle, sans me torturer. Je m'en fous du regard des gens parce que moi depuis que j'ai commencé ça, depuis que je suis devenue on va dire influenceuse, mes amis sont restés les mêmes, ma famille est restée la même. Donc j'ai pas eu de changement où je me disais zut là je prends un mauvais tournant, je suis plus moi-même, je tombe dans des travers. Non j'ai toujours été... entourée pareil avec le même soutien et je suis très ouverte à la critique aussi même si je suis vachement susceptible mais par contre voilà le jugement je m'en fous parce que dans tous les cas tout le monde juge tout le monde tout le temps donc du coup autant s'en foutre le média game changer multiples thématiques

  • Speaker #1

    On peut dire que tu es un pur produit de la génération Z, génération très portée sur l'entrepreneuriat. Quel est ton regard par rapport à la génération Z et les autres ? Est-ce que tu sens de grandes différences avec les interactions que tu as avec, par exemple, je ne sais pas, moi, les millenials, les boomers ou d'autres, ou même les alphas peut-être qui arrivent maintenant ?

  • Speaker #0

    Je ne sens pas vraiment de décalage ou de grand clivage. Mais... Pour notre génération Z, je pense que ce n'est pas simple. Parce que comme tu le dis, je suis vraiment le pur produit de la génération dans l'écologie, l'entrepreneuriat, etc. Mais parfois, c'est une pression sociale, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire en fait, on est un peu une génération start-upper, on doit avoir nos projets, ou alors il faut voyager, il faut s'émanciper, se lancer. Tout le monde n'est pas fait pour se lancer et avoir un projet sur les épaules, et c'est OK.

  • Speaker #1

    C'est une forme de pression.

  • Speaker #0

    C'est une pression sociale parce que ça veut dire « Waouh, t'as réussi, t'as ton projet. » Ben non, et puis peut-être que si j'ai ce projet-là encore cinq ans, et après je prends un travail et dans un projet qui existe déjà, il n'y a aucun souci. Mais c'est quand même un critère social qui devient, je trouve, pas toujours facile à porter quand on est dedans ou quand on n'est pas dedans. Donc c'est marrant un peu, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire « Voilà, c'est à la mode de se lancer. » Mais en fait, c'est pas pour tout le monde, ça convient pas à tout le monde. Et peut-être que moi, à un moment, ça me conviendra plus non plus. Mais par contre, je pense que les générations plus jeunes voient ça, sont fort influencées par ça. Et nous, je pense qu'on est encore dans la génération recul, parce qu'on a grandi sans les réseaux. Ils sont arrivés plus tard. Et je pense que ce n'est pas facile pour eux, parce que notamment les jeunes avec qui je parle en maison de jeunes, qui du coup sont les jeunes avec qui j'ai le plus de contacts, sont des jeunes qui se sont baignés dans la génération d'influenceurs, que c'est ça, réussir sa vie, aller à Dubaï. pour ne pas payer ses impôts et vivre la fast life. Et c'est ça qui me fait parfois un peu peur. J'utilise ce levier des réseaux sociaux pour parler aux jeunes, parce qu'ils disent, un, elle a plein d'abonnés sur les réseaux sociaux, c'est stylé, donc au moins ça fait un point d'accroche. Mais j'essaye de leur montrer que ce n'est pas un travail pour tout le monde, ce n'est pas une fin en soi, et que la réussite sur les réseaux sociaux n'a rien à voir avec le bonheur. Et ça qui est un peu effrayant, c'est qu'eux grandissent là-dedans et se disent « Bah oui, en fait, moi plus tard, moi je veux être influenceur. »

  • Speaker #1

    Ils prennent tout pour un agent content alors que c'est fake. C'est énormément... C'est fake ! Peut-être pour deux ou trois, mais la majorité c'est fake.

  • Speaker #0

    C'est fake et aussi je leur dis « Pourquoi tu veux être influenceur ? » Comme ça je gagne de l'argent, on m'envoie des messages et je suis connue et tout. Je me dis « Mais pour être influenceur, c'est chouette d'avoir un projet, d'avoir quelque chose. Pourquoi les gens te suivraient ? Qu'est-ce qui peut te différencier ? » ou qu'est-ce qui va faire qu'on a envie de t'écouter. Et j'essayais de leur faire avoir un peu ce chiffre, de se dire, ok, tu veux être influenceur, pourquoi ? Qu'est-ce que tu veux partager au monde, au lieu de juste vivre ta vie sur des gros bateaux, etc. Et donc, c'est essayer de se dire, en fait, oui, influenceur, pourquoi pas ? Je le suis, donc je ne vais pas me jeter la pierre à ce monde-là. Pourquoi ? Quel message tu veux véhiculer ? Quelles valeurs tu veux transmettre ? Et c'est en ayant des valeurs, un message ou une façon de voir la vie différente ou innovante ou dire tout haut ce qu'on pense tout bas, que ça peut marcher. Mais pas... En fait, j'essaie de vraiment revenir à la source de... En tout cas, moi, comment le projet a fonctionné. C'est parce que j'ai écouté mon rêve et que j'ai commencé à faire des choses concrètes.

  • Speaker #1

    Sincère aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On en parlait un peu en trame de l'argent ici, de ces influenceurs. Comment toi, tu gagnes ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est vraiment comme si j'avais deux mi-temps. J'ai mon mi-temps influenceuse et mon mi-temps The Upcycling Lab où j'ai les ateliers, les ventes, la sensibilisation. Donc dans ma semaine, c'est un peu moitié-moitié. Après, ce qui est génial, c'est que grâce au projet, j'ai des collabs sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Ce sont des marques. Des institutions qui viennent vers toi pour des postes sponsorisés ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, ce sont comme des campagnes publicitaires. Après, moi, je suis très exigeante sur les marques.

  • Speaker #1

    Tout le monde ne peut pas venir te trouver ?

  • Speaker #0

    Non. Je suis dans une agence maintenant qui m'aide à gérer ça parce qu'en fait, j'ai envie d'avoir du temps pour mon projet textile. Donc, l'agence, elle va filtrer les choix de collaboration, me les proposer et en fait, faire tout le travail qu'avant, je n'avais plus le temps de faire. La négociation, vérifier des contrats, la facturation, en fait, chose que je ne maîtrisais pas bien. Et il va me proposer des collaborations qui ne sont qu'en valeur avec ce que je veux. Donc aujourd'hui, je suis hyper fière de me dire qu'en fait, je travaille avec très peu finalement de marques. Je mets peu en avant des produits. Je suis un vecteur pour toucher une cible peut-être plus jeune autour de problématiques comme par exemple, enfin de problématiques ou de sujets tout simplement. Là par exemple, pour la fin d'année, je travaille avec... Je travaille sur une campagne autour de l'artisanat bruxellois. Je suis sur deux campagnes, une avec Hub Brussels, qui est un levier d'entrepreneuriat bruxellois, et Artisans Bruxelles, lesartisans.be et Local Guide. Ce sont tous des leviers que la ville active pour faire vivre l'artisanat et les commerces bruxellois. C'est génial, mon compte permet de mettre en avant l'artisanat bruxellois. Chose que j'essaye aussi de mettre en avant dans mon projet, donc en fait je me dis mais c'est génial, enfin je suis comme un vecteur, un média dans une campagne publicitaire. Et je peux, avec mes propres mots et mon propre style, communiquer aux gens qui me suivent ce qui se passe, comment faire des cadeaux de Noël plus durables, comment soutenir des artisans, pourquoi faire des ateliers chez des artisans, aller à la rencontre. Je travaille aussi avec la Croix Rouge notamment, je suis ambassadrice pour eux, Oxfam. Également les vestiboutiques de la Croix-Rouge et les boutiques seconde-main d'Oxfam. J'y travaille avec les Petits Riens. Donc en fait, c'est génial.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plusieurs fois que tu en parles, mais je rebondis là-dessus. Les Petits Riens. Oui. C'est horrible, toi qui as fait de la communication, enfin qui étudies la communication, appeler une entreprise comme ça, c'est déjà se tirer une balle dans le pied. Parce qu'à l'époque, ces petits riens et cette image de gens, t'allais aux petits riens, c'est parce que tu ne pouvais pas aller ailleurs, financièrement parlant. Et toi, par ton travail, tu changes un peu cette image-là, où on en fait un truc à la mode, sympa.

  • Speaker #0

    C'est ça. En fait, l'idée que ce soit pour les petits riens, les vestiboutiques de la Croix-Rouge, ou les magasins de Oxfam seconde main. Ce sont en fait trois projets qui se font vraiment écho parce qu'on achète de la seconde main, mais pour soutenir une ASBL derrière qui fait travailler, qui met en œuvre de la réinsertion sociale. Donc, c'est génial. Et en fait, l'idée, c'est de vraiment casser les idées reçues, de se dire, parce que si j'ai des questions parfois, de mettre les petits riens, c'est pour les gens qui n'ont pas de sous. Donc, si tu vas là-bas, tu voles un peu les vêtements pour ces gens-là. Donc déjà casser cette image là que non en fait. En allant dans des vestiboutiques, les petits riens chez Oxfam, on soutient une ASBL qui a besoin de fonds pour pouvoir faire de la réinsertion sociale et financer leurs autres missions. On montre, en fait j'adore montrer l'année passée pour Noël, j'ai dû faire des looks de fête chez Oxfam. C'est génial, je montrais ce que j'avais trouvé chez Oxfam avec des pièces vraiment qu'on n'aurait jamais pu dire ou croix rouge. Et je montrais comment faire des looks avec des pièces comme ça. certes pas cher, mais surtout de seconde main et qui finançait derrière une ASBL. Donc c'est vraiment venir casser ces idées reçues, aller à la rencontre de projets différents qu'on ne voit pas toujours dans l'influence. C'est peut-être moins glamour, c'est moins luxuriant, mais en fait ça a tellement plus de sens.

  • Speaker #1

    Toujours en parlant d'argent, est-ce que selon toi il faudrait une taxe sur le fast fashion ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ce qu'ils essaient de mettre en place, mais oui. Parce que c'est pas normal qu'une artisane bruxelloise qui fait des vêtements, parce que j'ai eu plein de copines là-dedans, qui fasse des vêtements payent les mêmes taxes qu'un vêtement fait à l'autre bout du monde, dans des conditions horribles, avec un impact horrible, et fait dans des conditions horribles, qu'on paye les mêmes taxes, voire plus. Ça n'a aucun sens. Chaque pays devrait pouvoir soutenir leur propre artisan. et cautionner et taxer beaucoup plus des produits qui viennent de beaucoup plus loin, d'entreprises multimillionnaires qui ont totalement l'argent de faire les choses différemment, qui ont juste un business model qui est impensable dans la durabilité.

  • Speaker #1

    Et à contrario, est-ce qu'il faudrait en mettre une sur le luxe, les vêtements de luxe ?

  • Speaker #0

    Je pense aussi. Après, ce qui est un peu compliqué, je trouve, avec le luxe, c'est qu'on a le luxe qui est un vrai luxe parce qu'on a derrière des... Un savoir-faire qui est inestimable, etc. Mais en fait, maintenant, on a un luxe où des sacs Yves Saint Laurent, ils sont aussi faits en Chine. Donc, au final, maintenant, c'est quoi le luxe ? Et donc, c'est ça qui est un peu particulier et paradoxal. Hier, je suis passée devant chez Prada. Je n'avais jamais fait ça. J'ai regardé le prix d'une veste en vitrine, 2950 euros. J'étais là, ah quoi ? Elle est faite à Bruxelles, dans l'atelier juste au-dessus, avec des tissus de luxe. Enfin, non, j'imagine que non. Donc oui, évidemment aussi taxer le luxe, mais aussi c'est quoi, quel luxe finalement ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as déjà eu, comment dire, une espèce de syndrome de l'imposteur ? Parce que tu disais, tu as voulu faire des études de mode à Cambres ou autre chose, tu n'as pas fait. Et quand tu es arrivé dans le vêtement, tu t'es dit... Tu as trouvé assez vite ta place ? Comment ça s'est mis en place ?

  • Speaker #0

    J'avais un énorme syndrome de l'imposteur et je l'ai encore tous les jours. Je pense à un peu la bête noire de l'entrepreneur ou de l'artisan. Et je pense même que c'est encore plus fort chez la femme. Oui, ce syndrome est encore là. Et c'est pour ça aussi que j'ai mis du temps à lancer vraiment ma marque, que je co-créais ou que je transmettais des compétences. C'était plus facile que de se positionner en tant que marque. Mais en fait, je pars vraiment du principe qu'on est tous capables de tout faire. Il n'y a pas de limite. Et donc, je me suis un peu décollée de cette peur que je me mettais à moi-même, que personne ne pense au final.

  • Speaker #1

    Comment tu déconnes de ça ?

  • Speaker #0

    C'est dur. C'est de nouveau cette question. Parce qu'au final, le syndrome de l'imposteur vient de la peur d'être jugé, la peur d'être critiqué, la peur de ne pas être très sérieux. Mais en fait, si toi, tu te juges déjà, si tu t'estimes imposteur, pas assez fort, pas assez qualifié. Déjà, soit on commence à se qualifier. Moi, j'ai pris des cours de couture pour vraiment pouvoir aller un step plus loin dans mon expérience. J'ai beaucoup pratiqué. Tous les jours, presque, je couds. Et en fait, à partir d'un moment, j'étais là, soit tu y vas, soit tu n'y vas pas, mais arrête de te poser mille questions. Et en fait, moi, c'est ça qui m'a sortie de ce syndrome de l'imposteur où j'ai mis des mois à faire un site Internet. J'ai un site internet, mais de faire un e-shop, je n'y arrivais pas. Je me disais comment je vais me positionner comme marque aux yeux de tous. Parce que c'était facile de vendre en pop-up à des petits marchés de Noël, ce n'était pas trop vu. Mais être en tant que marque qui vend en ligne, c'est assurer et assumer. Et en fait, je me suis fait suivre par un deuxième programme d'entrepreneuriat que j'ai pris, qui était entrepreneuriat féminin. Et j'ai eu un workshop qui m'a beaucoup parlé autour des objectifs et des OKR, donc Objective Key Results. Et en fait, je suis sortie de ce... de ce workshop en disant « Ok, en fait, semaine prochaine, je fais mon site et j'arrête de me poser trop de questions. » Et moi, c'est vraiment ça qui me paralyse et qui, je pense, paralyse énormément de gens. C'est la remise en question permanente qui, en fait, nous paralyse et nous empêche de faire. En fait, je me suis dit « Tu sais quoi ? On fait. On fait, on va voir. Essaye, fais des tests, vois comment on fait un site. Renseigne-toi. Fais-toi une liste de tout ce qu'il faut faire et arrête de te poser mille questions. Fais-le. Au pire, t'aimes pas, tu le désactiveras. » Et en fait, c'est ça, moi, qui m'aide à chaque fois dès que je suis paralysée, dès que j'ai peur, syndrome de l'imposteur, etc. C'est on se pose pas trop de questions, on y va et au pire, on verra après. Et j'ai jamais eu de moment où je me dis purée, j'aurais pas dû faire ça.

  • Speaker #1

    C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ouais. Pas de regrets ? Vraiment.

  • Speaker #1

    Génial.

  • Speaker #0

    Ouais, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Ça serait quoi la prochaine étape ? Tu as ta marque, tes ateliers ?

  • Speaker #0

    En gros, la prochaine étape... En fait, j'ai déjà fait trois défilés autour de co-créations qu'on faisait avec des projets et on les présentait avec des défilés, c'était génial. Cette année, j'avais décidé de ne pas en faire parce que je me suis dit je vais me focus sur ma marque, arrêter un peu de rigoler là et de se prendre un peu plus au sérieux. Et en fait, ça m'a trop manqué. Donc là, le prochain objectif en mai, c'est de refaire un nouveau défilé à taille plus grande parce qu'en fait, à chaque fois, de nouveau, au syndrome de l'imposteur, je fais des défilés, mais dans des lieux pas énormes. Et en fait, il y a plein de gens qui viennent parce que c'est gratuit et en fait, on s'amuse trop. Et ce sont des amis à moi qui défilent parce que j'ai envie que ce soit des vrais gens, pas des faux gens qui font 1m80. qui pèse pas le poids qu'on pèse toutes, on va dire.

  • Speaker #1

    La fameuse taille mannequin.

  • Speaker #0

    Voilà, la taille mannequin dont je n'ai rien contre, mais c'est pas dans les...

  • Speaker #1

    C'est pas représentatif de tout le monde.

  • Speaker #0

    Voilà. Et moi, j'ai envie de faire une mode qui parle à tout le monde, qui est accessible, qui est portable. Et donc là, en mai 2025, l'objectif, c'est un défilé toute seule, donc pas en co-création avec un projet. Et c'est un défilé autour de tissus que j'adore travailler, c'est à dire la dentelle, le napperon, le drap brodé. Et donc ça, c'est le prochain objectif. Donc j'ai hyper hâte de me remettre dans une dimension plus artistique, moins produit à vendre, moins peut-être marque, mais plus artistique. Parce que je sens qu'il y a encore des consciences à élever et que ce genre d'événements sont très artistiques, mais aussi montrent aux gens ce qu'on peut faire avec des tissus. Et ça aborde le sujet de la question environnementale d'une hyper chouette manière. Donc ça, c'est le prochain objectif.

  • Speaker #1

    En parlant du travail du tissu, on va peut-être en venir à ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il est particulier, ce gilet.

  • Speaker #0

    Oui. Ce gilet, il est vraiment à l'image de ce que j'adore faire. C'est prendre des tissus qui n'ont rien à voir, qui n'ont pas du tout à être cousus ou à être portés, et de les transformer. Donc ça, c'est un...

  • Speaker #1

    C'est un sac de café. Donc pour les gens qui nous écoutent, allez voir un petit peu la vidéo. C'est bien aussi.

  • Speaker #0

    C'est une veste sans manche réalisée à partir de sacs de jute qui contiennent de base du café de la marque de Torrefactor, Torrefactory, qui est une marque belge de torréfaction. Et en fait, ils sont hyper investis dans la durabilité de leur café, de leurs grains, qui font venir de plantations durables où les agriculteurs sont correctement payés, correctement employés, engagés, etc. Et donc j'ai été leur rendre visite, on s'est trop bien entendus, et ils avaient ces sacs, et je leur ai demandé si je pouvais partir avec un sac, parce qu'ils me faisaient trop de l'œil, et que j'avais trop envie de le transformer. Et donc j'ai fait cette petite veste. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    pour le sac, pourquoi faire ? Pour mettre des choses ? Bah non, faire une veste.

  • Speaker #0

    Bah ouais, mais eux, ils étaient trop contents. Et du coup, je leur ai montré en vidéo, parce que leur entreprise, leur usine, elle est près d'Anvers. Donc du coup, voilà, je leur ai montré plutôt en vidéo.

  • Speaker #1

    Et quelle était la réaction ?

  • Speaker #0

    Ils étaient trop contents.

  • Speaker #1

    Ils ne s'attendaient pas à ça ?

  • Speaker #0

    Ben non, ils sont fans et moi j'adore le produit parce qu'en fait il est métable. Il est doublé, il y a des petits boutons. Et pour moi, j'adore utiliser des tissus qui de base, tout le monde me dit « mais tu ne vas pas coudre ça » . Et ça j'adore, et ça c'est mon plus beau challenge.

  • Speaker #1

    C'est attention légère si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Quand des fois j'achète des plaids de crocheté. pour couper dedans et en faire des pièces, les vendeuses elles sont là « Vous n'allez pas couper là-dedans, c'est pas possible de coudre ! » Je suis là « Regardez-moi bien ! » Et je pense que là c'est pour ça que j'ai envie de faire ce nouveau défilé, ce nouveau challenger, utiliser tout ce qui, dans tel, apprend des choses très compliquées à transformer, parce que moi dès que j'ai envie de transformer, j'y arrive et je me dis...

  • Speaker #1

    C'est le challenge technique aussi qui te motive ?

  • Speaker #0

    À fond, parce que du coup à chaque fois j'apprends des nouvelles compétences. Et c'est en faisant que j'apprends les nouvelles compétences. Donc de nouveau, cette idée d'arrêter de trop réfléchir et de faire, parce que moi vraiment, c'est l'essai-erreur qui me fait avancer.

  • Speaker #1

    Quand tu vois toutes ces immenses marques qui ont des moyens de marketing considérables, c'est des groupes mondiaux, ils font un peu ce qu'on appelle du greenwashing, ils vendent plus blanc que blanc, plus vert que vert. Est-ce que ça ne te décourage pas ?

  • Speaker #0

    Ça ne me décourage pas parce que j'ai toujours des gens aux ateliers, des gens qui viennent au pop-up et qui soutiennent le projet. Donc je me dis, ça va, le projet n'est pas en péril. Mais parfois, ça me fait peur parce que je me dis, purée, on est là, on se bat comme on peut dans nos petits ateliers puisqu'on est plein à essayer de faire changer les choses. Je me dis, est-ce qu'à terme, ça va vraiment fonctionner ou est-ce qu'en fait, le monde ne va pas changer ? Donc ça me fait peur, mais par contre, ça ne me décourage pas. Ça va peut-être même plus me driller et me donner envie de mettre les bouchées doubles et de toujours continuer à développer le compte, de toucher encore des gens.

  • Speaker #1

    Un mode combatif en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que ça me drille. plus que ça me décourage. Mais par contre, ça me fait un peu peur. Ça, je ne vais pas mentir, c'est quand même un peu effrayant. Surtout que je vois aussi de plus en plus de marques du rap qui mettent la clé sous la porte, parce qu'en fait, ça n'a pas fonctionné. Et c'est ça qui me fait peur, parce que je me dis, putain, ils peuvent peut-être gagner et on va peut-être perdre, et c'est ça qui fait peur. Et donc je pense que ça c'est important en tant qu'entrepreneur dans la durabilité et la mode actuelle, c'est de toujours quand même remettre notre business en question pour être sûr qu'il puisse perdurer dans le temps et de toujours quand même être à l'écoute de ce que le consommateur final, on va quand même parler en termes comme ça, veut. Parce que c'est super de faire des produits incroyables, j'allais dire incroyaux. horrible. C'est super de faire des produits incroyables qui sont faits à Bruxelles ou dans les ateliers d'autres artisans avec des matières récupérées. Mais si ce n'est pas portable ou trop cher ou pas au goût du jour, si personne n'achète ces produits, le projet ne vivra pas et la mode ne va pas changer. C'est quand même important parce qu'on va pas se leurrer. On doit tous payer notre loyer, notre nourriture et on est quand même dans un système comme ça. Après je pense que de plus en plus, moi en tout cas je le vois avec le projet et c'est comme ça aussi que je m'en sors. Je trouve ça assez génial, ça va de nouveau avec cette économie de partage, les échanges. Où en fait moi je te fais venir à cet atelier là, toi en échange tu me donnes des tissus, tu me fais de la visibilité. Où en fait même ce week-end j'étais à un marché de créateurs, un marché de Noël où je vendais. Il y a une créatrice qui m'a fait une petite œuvre, moi en échange je lui ai donné un de mes produits qu'elle voulait, et en fait on est de plus en plus dans cet échange qu'il y avait au final avant.

  • Speaker #1

    Du troc.

  • Speaker #0

    Du troc. Et ça je trouve ça génial, ça évolue quand même de plus en plus, et c'est chouette de sortir de cette société un peu plus capitaliste, avec le capital, et d'être plus dans ce troc, parce qu'en fait ça marche hyper bien, et donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    En parlant de choses qui peuvent bien marcher, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    Vous pouvez me souhaiter quoi ? Que les ateliers et que le e-shop continuent de fonctionner, comme ça, ça me motive.

  • Speaker #1

    Et de rêves ultimes, de trucs...

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi j'ai un rêve ultime en vrai. Ce serait que Beyoncé porte une de mes créations.

  • Speaker #1

    Eh bien j'espère qu'elle va regarder Raconte, comme ça je serai encore mieux.

  • Speaker #0

    On l'attaquera, on sait jamais.

  • Speaker #1

    On l'attaquera, oui. Bonne idée, on va essayer ça.

  • Speaker #0

    On va essayer.

  • Speaker #1

    Et en parlant de musique, ça serait quoi la bande originale de ta vie ? Si tu devais en trouver une ?

  • Speaker #0

    La bande originale de ma vie. Donc une chanson qui pourrait...

  • Speaker #1

    Présumerait ta vie.

  • Speaker #0

    Oh, ma vie.

  • Speaker #1

    Si ta vie était un film.

  • Speaker #0

    Si ma vie était un film. Il y en a tellement. Il y en a hyper dynamiques. Il y en a des plus mélancoliques. Je vais en prendre une qui, en ce moment, m'accompagne beaucoup dans mon quotidien, on va dire. Et qui me... qui me... Ah j'en ai deux.

  • Speaker #1

    On m'a dit il y a deux, Ada.

  • Speaker #0

    Il y en a une qui est vraiment belle, que j'adore, et j'adore les paroles et la mélodie, c'est Can I Call You Rose ? Et il y en a une qui est beaucoup plus drôle, mais qui m'a beaucoup donné du punch quand j'étais plus jeune, et je pense que je l'écoute encore, elle pourra encore me faire beaucoup rire. C'est Fuck You de CeeLo Green. Elle est hyper joyeuse, et en même temps j'adore, enfin les paroles me font rire aussi, c'est un peu un... ça illustre un peu ce qui se passe avec le projet.

  • Speaker #1

    Et pas se prendre au sérieux finalement d'en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Bien. Écoute, il me reste à te poser la dernière question. On en avait déjà parlé un peu tout à l'heure. Qui voudrais-tu voir, lire, entendre dans Raconte à ta classe ?

  • Speaker #0

    Attends, je réfléchis deux minutes parce que je n'avais pas encore réfléchi à cette question. Et j'ai envie de...

  • Speaker #1

    Qui tu veux mettre un peu madanaise pour répondre à tout un tas de questions ? On est gentils.

  • Speaker #0

    Oui, j'imagine. Non, mais par exemple, qui j'aimerais bien raconte son histoire. Oui. De nouveau, j'en ai deux, mais je peux donner la première.

  • Speaker #1

    Tu peux donner deux ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a Maëté Méus de Balance ton bar, qui est très inspirante.

  • Speaker #1

    Elle est à Bruxelles il y a un an ou deux, suite des affaires.

  • Speaker #0

    Exactement, mais elle va au-delà de ça. Elle est hyper intéressante et j'adorais plus connaître son histoire, puisque je connais ce qu'elle fait. Et son histoire doit être très intéressante. Et sinon, j'ai aussi... Good Morning Law, elle s'appelle sur les réseaux sociaux. Ah oui,

  • Speaker #1

    je ne connais pas.

  • Speaker #0

    Ou Lori Pazienza, si je dis bien son nom de famille, j'ai peur de l'écorcher. Elle, c'est une activiste bruxelloise qui est très inspirante, qui est une vraie activiste en fait, donc très intéressante.

  • Speaker #1

    Activiste dans qu'est-ce ?

  • Speaker #0

    Dans l'écologie, dans la durabilité. Elle travaille beaucoup aussi avec Adélaïde Charlier, qui peut être aussi hyper intéressante à écouter. Trop de femmes !

  • Speaker #1

    C'est déjà fait.

  • Speaker #0

    Ah, voilà !

  • Speaker #1

    C'est pas encore diffusé à l'heure où on enregistre, mais c'est déjà fait. C'était super intéressant. Ah ben trop chouette. Une heure quarante, mais il n'y a pas une minute en trop.

  • Speaker #0

    Ah ben génial. Ben voilà, du coup.

  • Speaker #1

    Et une toute dernière question subsidiaire, tu leur poserais quoi comme question ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'aurais envie de savoir tout leur parcours parce que je le connais moins bien. Je connais surtout leur présent. Et peut-être ce que j'aurais besoin de savoir, c'est qu'est-ce qui les motive à continuer au jour le jour pour les moments où je suis quand même un peu en baisse de motivation ou que j'ai peur.

  • Speaker #1

    Garder le feu sacré.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Et bien sur ce, merci beaucoup, Juliette Bonhomme.

  • Speaker #0

    Merci, Raconte.

  • Speaker #2

    Raconte,

  • Speaker #3

    s'écoute,

  • Speaker #2

    se lit et se requerde. Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte. est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographie. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement à la visibilité de Raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous !

Chapters

  • Introduction à Raconte Media et Juliet Bonhomme

    00:00

  • Présentation de Juliet et de son projet "The Upcycling Lab"

    01:08

  • Contexte et lieu de l'entretien : l'atelier à Bruxelles

    02:04

  • Transition vers l'entrepreneuriat et défis rencontrés

    04:06

  • Le processus créatif et l'importance de l'upcycling

    05:03

  • Développement de la marque et des ateliers

    06:32

  • Réflexions sur la durabilité et l'impact social

    07:59

  • Interaction avec la communauté et retour sur les réseaux sociaux

    09:10

  • Conclusion et aspirations futures de Juliet Bonhomme

    10:00

Description

Quel est le point commun entre un confinement mondial et des vieux tissus ?

Eh bien, c'est Juliet Bonhomme ! Lors du confinement lié à la pandémie de Covid-19, elle s'est découverte une passion pour la couture, une activité qu'elle n'avait presque jamais pratiquée auparavant.
Elle crée alors sa marque "The Upcycling Lab".


Par essais et erreurs, elle réussit à trouver son propre style en utilisant des tissus de récupération, souvent détournés de leur usage initial.
Sa pièce signature ? Des gilets sans manches.


Mais Juliet Bonhomme ne se contente pas de créer des vêtements. Ancienne accro au shopping et à la fast fashion, elle est devenue une femme de conviction, engagée pour l'écologie, sans pour autant sacrifier le style.

D'un vieux dessus de lit, d'une tenture, voire d'un sac en toile de jute, elle transforme tout cela en un vestiaire unique.


Comme beaucoup de membres de la génération Z, Juliet Bonhomme est une touche-à-tout : influenceuse, créatrice, formatrice et entrepreneure.
Dans cette interview, elle revient en détail sur chaque aspect de son parcours et sur la manière dont elle gère ses défis au quotidien.


L'instagram perso de Juliet Bonhomme : https://www.instagram.com/julietbonhomme/

L'instagram de "The Upcycling Lab", la marque de Juliet : https://www.instagram.com/theupcyclinglab_/

Le site web de "The Upcycling Lab" : https://theupcyclinglab.squarespace.com/?fbclid=PAZXh0bgNhZW0CMTEAAabAaDjnAE9hVKqHc7sw2uECyNt690iRaFldt0V6P-wVoFzJQIpZAXAAmRQ_aem_s88C9PZC59FWatdyLqw4aA

Les photos de l'interview sont sur https://www.raconte.media


----

Suivez Raconte.media sur Youtube et découvrez cet interview en vidéo : https://www.youtube.com/@raconte_media?sub_confirmation=1

Notre site web: https://www.raconte.media

Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ça, je suis intimement convaincue, il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être OK d'être jugé et de s'en foutre.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voix, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte. est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. Aux côtés. de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée raconte. Raconte la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Juliette Bonhomme. Bonjour. Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    On se voit aujourd'hui un peu à l'invitation d'une personne qui est passée précédemment dans Raconte, Salome de Oise. Pour info, à chaque fois on demande aux personnes à la fin, comme ça tu es déjà prévenu, d'inviter quelqu'un sur Raconte et tu as été entre autres invité par Salome de Oise. Merci à elle. Allez voir l'épisode, on mettra le lien en description. Est-ce que je pourrais te demander qui es-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je m'appelle Juliette Bonhomme, j'ai 29 ans, j'habite à Bruxelles et j'ai un peu de casquette. J'ai ma marque, mon projet, The Upcycling Lab, de revalorisation textile. Et à côté de ça, je suis aussi influenceuse sur les réseaux sociaux autour de la consommation durable. Voilà.

  • Speaker #2

    En résumé, mais parfaitement résumé. Pour contextualiser, parce que raconte, se vit, s'écoute et se regarde, pour les personnes qui ne font que nous écouter, où sommes-nous présentement ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on est dans mon atelier au Grand Hospice, dans le centre de Bruxelles. Cet atelier n'est pas une situation anodine, c'est un ancien hôpital qui a été réhabilité pour tous les projets à impact. social, culturel, environnemental, positif. Donc on reçoit une pièce qu'on doit un peu retaper et retransformer à notre image.

  • Speaker #2

    C'est un peu une suite logique par rapport à ce que tu fais finalement ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est vraiment refaire du nouveau avec du vieux, revaloriser ce qui est déjà là et lui redonner une deuxième vie finalement.

  • Speaker #2

    Tu le disais à l'instant, tu te considères entre autres comme influenceuse. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? C'est quoi une influenceuse pour toi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, je pense qu'influenceuse, il y a plein de possibilités, de façons d'être influenceuse. En gros, je suis sur les réseaux sociaux et j'essaye d'influencer les gens dans leur consommation. C'est pour ça que je garde ce terme influenceuse. Il y en a qui disent créateur de contenu. C'est aussi une façon de voir les choses. Sur cette plateforme, j'essaye de prendre les codes des influenceurs. de base, et d'adapter ça à un mode de vie plus responsable, plus conscient, plus respectueux de l'homme et de la planète. Donc je n'ai des partenariats qu'avec des projets dans la durabilité à Bruxelles, ou qui lient au social, au culturel, à l'entrepreneuriat. Et l'idée c'est vraiment d'inviter la communauté, donc les gens qui me suivent, à s'habiller durablement, à créer aussi, à prendre les choses en main et oser créer, oser transformer ce qu'ils ont. Et également, il y a le levier entrepreneurial via mon projet, où j'invite vraiment les jeunes et même des gens plus âgés à oser se lancer et croire en leurs rêves et essayer de rendre une idée concrète.

  • Speaker #2

    Tu viens de dire que tu t'es aussi lancée à un moment. Comment ça s'est fait ? Comment tu as franchi le pas ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a pris du temps. Ce n'était pas du jour au lendemain où je me suis dit, tiens, en fait, je me lance. J'ai toujours su que j'avais envie d'avoir un métier, je pense, à moi. Parce que j'avais du mal à rentrer dans le moule du 9 to 5 au bureau. J'ai du mal à me concentrer longtemps. J'aime bien vraiment faire des choses créatives. Et je ne trouvais pas de métier qui répondait à ça. J'ai quand même travaillé dans la communication suite à mes études. d'abord dans une fondation royale puis dans une ASBL. Donc c'était de la communication avec quand même un objectif social ou environnemental positif. Mais je sentais que j'avais un vrai manque de créativité et de concret parce que la communication du coup digitale que je faisais à ce moment-là était très... digital. Et j'ai commencé pendant le confinement simplement à coudre, à transformer des tissus que j'avais chez moi parce que j'étais déjà dans une démarche zéro déchet, éco-responsable à titre personnel. Et pendant le confinement, il y avait la machine à coudre de ma mère que je n'avais jamais osé toucher. Je pensais que c'était impossible, que c'était beaucoup trop compliqué pour moi. Et en fait, je me suis lancée. Elle m'a montré comment ça fonctionnait. Je l'ai appelée, je pense, 15 fois pour à chaque fois régler des choses que je ne comprenais pas. Et en fait j'ai commencé à créer, j'ai réussi à faire mon premier top à partir d'un drap que j'avais en satin. Et je me suis dit, mais en fait j'y arrive, c'est pas si compliqué de faire des vêtements. Puisque je prenais les vêtements que j'avais dans ma garde-robe, je les retournais, je copiais la forme. Et en fait de là est venu vraiment cet accomplissement de le mode de consommation durable, plus la créativité me donnait ce concept d'upcycling. Donc où j'upcyclais mes vêtements, je les revalorisais ou revalorisais les tissus. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux pour montrer en fait les avant-après des tissus parce que j'avais le temps. J'ai découvert plein de gens du coup pendant le confinement qui faisaient ça aussi en France, en Angleterre, etc. Et en fait ça m'a vraiment animée, je voyais pas les heures passer. Et du coup j'ai continué à partager ça sur les réseaux sociaux et j'ai eu des demandes en fait de magasins pour venir donner des ateliers. Ou une demande de tiens j'ai un magasin de seconde main et j'ai un stock que j'arrive pas à vendre de robes classiques, tu voudrais pas qu'on les transforme ensemble ? Et en fait, petit à petit, je me suis dit, ok, c'est là que je dois aller parce qu'il y a trop de chouettes possibilités, ça m'anime trop. Et je vais arrêter mon travail dans la communication digitale et essayer de me lancer là-dedans. Et j'ai eu de la chance parce qu'à côté de ça, j'avais des chouettes propositions de collaboration sur les réseaux sociaux. Donc j'avais un peu deux mondes. Les réseaux sociaux, ça se développait autour de la durabilité. Et puis à Bruxelles, les ateliers, les co-créations. Et donc je me suis dit, on y va, on essaye. On va se donner une chance de peut-être y arriver, de sortir un peu du moule et de créer son propre moule.

  • Speaker #2

    Tout s'est bien mis en fait de manière assez organique finalement. Oui. Tu es passée d'une période assez sinistre, tu viens de le dire, de Covid, où tout le monde s'ennuyait ou déprimait. Et toi, tu as pris un twist.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré cette période. Moi, j'ai vraiment adoré parce que je suis un être très social de base, donc je bouge beaucoup, je n'aime pas trop rester chez moi.

  • Speaker #2

    Et toi, c'était tout le contraire, tout d'un coup ?

  • Speaker #0

    J'étais forcée et en fait, j'ai adoré ce moment-là parce que j'en ai fait quelque chose qui m'a connectée à mes mains, à mon rêve, je pense. Et donc moi, j'avoue, j'ai adoré ce moment-là. Je créais sans fin, aucune contrainte sociale de devoir sortir voir des gens. Et en fait, ça a totalement débloqué une vraie passion que je n'aurais jamais pris le temps, je pense.

  • Speaker #2

    C'était juste un rêve, un rêve qui était déjà là, présent, bien avant.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, quand j'étais petite, je voulais être styliste, je voulais faire la cambre. J'ai visité cette école après mes études secondaires et je n'ai pas osé en fait, parce qu'à ce moment-là, il n'y avait pas les réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Et tant qu'il y a d'années, pour contextualiser un peu.

  • Speaker #0

    Alors, là, quand j'ai dû choisir mes études, je... Je pense qu'on était en 2013, 2014, donc il y a 10 ans. Et j'ai visité la cambre. Ça m'a fait rêver de voir les ateliers, les tissus, la créativité. Mais on m'a dit, si tu fais la cambre, soit tu deviendras costumière ou habilleuse au théâtre ou dans le cinéma. Mais donc, tu ne vas pas vraiment créer les vêtements dont tu rêves. Soit tu auras la chance d'une personne sur mille qui sera vraiment le créatif qui sortira du lot. Et donc j'ai pris peur, parce que je me suis dit je ne vais pas y arriver, c'est trop compliqué. Et donc j'ai enfermé ce rêve dans un petit tiroir à double tour, j'ai jeté la clé. Et j'ai fait communication à l'IEX, je pense que ça m'a beaucoup aidée finalement. Mais en fait j'ai vraiment mis ce rêve de la créativité sur le côté. Et du coup je suis passée plus dans le mode consommée. Donc j'ai un peu surconsommé la mode que je ne pouvais pas créer. Et donc je suis partie vraiment dans un travers de mes secondaires à mes années aussi à l'IEX. donc à mon autre école, mon université, où en fait je surconsommais la mode et la fast fashion, donc la mode jetable, parce que j'étais étudiante, donc je n'avais pas le budget pour m'acheter des pièces onéreuses, ce qui ne veut pas spécialement dire durables, mais voilà. Et en fait, j'allais tout le temps chez H&M, Zara, des énormes enseignes pour assouvir, je pense, ce besoin d'être connectée à cette mode sans la créer. Et du coup, en fait, j'étais la pire de toutes mes copines. Et dans ma famille, j'étais l'accro au shopping, au solde, au petit prix. Parce que je pense que j'avais ce rêve enfoui qui était en fait frustré. Et la frustration sortait via cette consommation, je pense.

  • Speaker #2

    Ça a bien changé.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais. Du coup, j'ai pris une grosse claque.

  • Speaker #2

    Comment est arrivée cette claque ?

  • Speaker #0

    Eh bien, dans mon avant-dernière année de l'université, je devais choisir un... Dans ma dernière année d'université, je devais choisir un stage et un sujet de mémoire. Et j'avais déjà commencé à être alerte en termes des co-responsabilités. J'avais arrêté de manger de la viande, j'utilisais une gourde, enfin un peu on va dire des basiques.

  • Speaker #2

    Et tout ça, c'est fait de manière tout à fait naturelle ou dans ta famille, avec d'autres personnes ? Je ne sais pas si tu as des connaissances.

  • Speaker #0

    Oui, en gros, ma mère nous a toujours sensibilisé beaucoup à la nourriture de saison, au gaspillage alimentaire. Elle avait demandé un compost pour Noël, donc j'étais déjà un peu venu là-dedans. Elle avait une sensibilité là. Elle avait une sensibilité. Par contre, j'étais la première de ma famille à vouloir arrêter de manger de la viande. Ça, c'était via des documentaires que j'avais vus.

  • Speaker #2

    Tu t'es embarquée.

  • Speaker #0

    Voilà. Et même un film qui n'est pas un documentaire, mais qui s'appelle Okja. O-O-K-J-A.

  • Speaker #2

    Je vois qu'il y a un personnage...

  • Speaker #0

    Qui est un animal fictif. C'est un animal,

  • Speaker #2

    oui, voilà, tout à fait.

  • Speaker #0

    Il m'a en fait vraiment transpercé le cœur. Et donc là, j'ai décidé de commencer à vraiment prendre des actions. Mais par contre, la mode restait encore, on va dire, ma bête noire. J'arrivais pas à changer. Ouais. Mon addiction, et aussi à ce moment-là, c'était pas si stylé et commun d'aller en friperie, d'acheter sur Vinted, en vide-dressing. Et en fait...

  • Speaker #2

    On était en 2015-2016, si je suis bien les années, plus ou moins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, plus ou moins. Et en fait... Mais c'est particulier parce que depuis qu'on était petite avec mes copines, dans la cour de récré, on savait très bien que la mode n'était pas faite en respect de l'homme et de la planète. On savait que les baskets Nike étaient faites à l'autre bout du monde, par des gens pas très majeurs, dans des pas très bonnes conditions. Donc, je ne vais pas dire que j'ai eu une claque ou j'ai découvert tout ça. On le savait.

  • Speaker #2

    C'est ça le paradoxe, c'est qu'on le sait. Il y a eu des informations, il y a eu des documents. Quasiment tout le monde le sait, il y a des images de ça. Et on le fait quand même.

  • Speaker #0

    Voilà, et en fait, à ma dernière année à l'IEX, j'avais fait le choix de ne pas prendre publicité, de prendre relation publique, parce que je n'avais pas envie d'être dans un mode où on vend aux gens des choses qu'ils n'ont pas besoin. mais au-delà de ça, d'être plutôt porteur de messages, de valeurs. Donc je me suis dit, là c'est le bon moment pour vraiment commencer à prendre les choses en main. Donc j'ai décidé de choisir un stage dans la mode durable et de faire mon mémoire autour de la durabilité. Et mon stage dans la mode durable s'est annulé parce que la marque dans laquelle je devais faire mon stage a fait faillite, malheureusement. Le monde, je pense, n'était pas encore prêt aux marques durables à ce moment-là.

  • Speaker #2

    C'était le début.

  • Speaker #0

    C'était le début, c'était vraiment très très... C'était vraiment...

  • Speaker #2

    Et on y est.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment une marque pionnière qui malheureusement a dû déposer le bilan. Et du coup, j'ai trouvé un autre stage dans une ASBL qui en fait était un guide en ligne de marques durables dans la nourriture, dans la cosmétique, dans la mode, dans des hôtels, etc. Donc un peu un guide et qui organisait des conférences autour de la durabilité. Et donc j'ai postulé là-dedans et en fait c'est à ce moment-là que j'ai vraiment transformé mes pensées en actions. Je me suis dit « Ok » . Là, on va arrêter d'écrire des articles pour mon stage, pour dire aux gens comment faire les courses zéro déchet, comment acheter seconde main, on va vraiment le faire. Et donc à partir de ce moment-là, j'avais complètement arrêté d'acheter en fast fashion et j'ai vraiment commencé à trouver des solutions pour continuer à être moi-même et renouer cet amour à la mode sans polluer, sans nuire. Et donc à partir de ce moment-là, de ce stage, de cette réalisation de mémoire, etc., j'ai cherché des solutions. Je suis partie en friperie sur Vinted qui venait d'arriver sur le marché en brocante et j'ai commencé à renouer totalement avec ce bonheur de la mode sans culpabiliser. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux, avant le cycling, etc. juste pour montrer qu'on peut être stylé sans trop polluer. Et donc je prenais les codes des influenceuses qui se prenaient en photo en rue et je me prenais avec des looks 100% de brocante, acheté à une amie. trouvée sur Vinted. Et je faisais vraiment comme elle, les photos en rue. Et puis, je mettais en description « Ensemble tailleur » trouvé en brocante pour 10 euros. Et en fait, c'est de là que la page a un peu, on va dire, démarré en termes de mode durable. Et puis, c'est en confinement qu'elle a pris vraiment autour de l'upcycling.

  • Speaker #2

    Quel a été l'accueil quand tu as commencé à diffuser ces photos ?

  • Speaker #0

    Hyper bon.

  • Speaker #2

    Tout de suite ?

  • Speaker #0

    Ouais, hyper bon. Les gens adoraient. Les gens étaient hyper réceptifs.

  • Speaker #2

    Quel type de personne ? Est-ce qu'il y a un... personnalité ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était concrètement des filles de mon âge.

  • Speaker #2

    Autour de la vingtaine.

  • Speaker #0

    Des jeunes filles qui avaient envie de changer, qui avaient envie d'avoir des solutions. Et du coup, je pense que je les ai présentées sur un plateau d'argent et ça leur a énormément parlé. Parce que j'essayais vraiment de ne pas culpabiliser. Je partageais les informations sur ce qui se passait. Voilà. Parce que j'avais été très loin dans cette consommation. néfaste. Mais je montrais vraiment les solutions et l'aspect fun, moderne, chouette où en fait on est stylé et sans culpabiliser. Et en fait, j'ai eu beaucoup de retours très positifs. J'ai eu des articles dans la presse. Et en fait, c'est parce qu'à ce moment-là, l'influence était vraiment... Enfin, les blogueuses étaient vraiment autour de la surconsommation. Et là, je prenais un parti pris totalement différent qui n'avait pas encore été pris à ce moment-là, en tout cas à Bruxelles.

  • Speaker #2

    T'étais pris déjà ailleurs, dans d'autres pays ?

  • Speaker #0

    Genre,

  • Speaker #2

    tu suivais ?

  • Speaker #0

    Pas encore à ce moment-là. J'avais pas encore vu, moi, vraiment d'influenceuses qui m'inspiraient. C'est pour ça que j'ai décidé de prendre ce... Voilà, de vraiment d'aller à contre-courant et de proposer autre chose, mais de prendre tous les codes des blogueuses que je voyais depuis toujours. Mais à ce moment-là, je ne connaissais pas de gens qui faisaient comme moi. Je me suis vraiment trouvée plutôt une communauté au fur et à mesure, en découvrant en fait dans d'autres pays. Et avec l'upcycling, j'ai pu voir de plus en plus de gens qui avaient la même vision que moi. Mais à ce moment-là, non, je me sentais assez seule dans cette démarche. Mais heureusement, ça a trop pris autour de mes copines, puis de la famille de mes copines, puis les amis des amis. Et en fait, ça a pris. Et puis de plus en plus de gens ont commencé aussi à le faire, à s'habiller en seconde main et à partager sur les réseaux sociaux et à vraiment enlever cette image que le seconde main, la durabilité, c'est sale, c'est vieux, c'est pas chouette, c'est pas moderne, c'est has been. Là, c'était totalement un autre parti pris. En fait, non, c'est trop stylé, c'est trop sexy, c'est trop moderne. C'est original aussi parce qu'on trouve des pièces uniques qu'on va venir mettre et qui ne sont pas par milliers vendues chez Zara et que le lendemain... Nos copines peuvent avoir les mêmes. Non, là, on prend des pièces aussi qui nous ont parlé, pas via une campagne de marketing en magasin ou un stand bien arrangé. Non, parce que ça nous a parlé nous-mêmes.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est dur d'avoir cette singularité ?

  • Speaker #0

    Non, non, je ne dirais pas. Au début, c'était dur parce que je me suis beaucoup cherchée professionnellement et que j'ai dû un peu sortir d'un moule dans lequel mon environnement était, mes copines, ma famille. Mais maintenant, non. je me sens hyper épaulée parce qu'en fait, grâce aussi aux réseaux sociaux, on voit plein de gens maintenant qui font comme nous. Et donc, ça nous permet d'avoir un lien.

  • Speaker #2

    Ça a été un peu ton moteur, en fait, d'avoir ces retours. Totalement. Des gens, des followers. Oui, totalement. Qui t'ont un peu confirmé, si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Ils m'ont élevée, en fait. Ils m'ont encouragée à continuer à faire encore plus. Et donc, c'était génial et c'est génial encore.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    À la base, tu viens d'où ? Tu viens de Bruxelles même ou d'un village ? Non,

  • Speaker #0

    je viens de Jette, donc dans le nord de Bruxelles, comme Salomé au final, c'est comme ça qu'on se connaissait.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #0

    On faisait du théâtre quand on était plus jeunes ensemble.

  • Speaker #2

    Donc tu as toujours eu envie de côté un peu sain, du côté aussi vêtement finalement, parce que dans le théâtre, le costume est très important.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #2

    Ça a été peut-être une première rencontre ?

  • Speaker #0

    Je pense, je pense que c'est le côté aussi d'oser s'assumer. Avec le théâtre, c'est se montrer un peu, incarner des personnages, même si ce n'est pas totalement nous-mêmes. C'est quand même se montrer, être vulnérable sur scène. Se mettre en danger, oui. Oui, et donc je pense que tout ça composait en fait ce vers quoi j'allais. Même les réseaux sociaux, c'est aussi une mise en scène. C'est un jeu d'acteur presque. Et en fait, oui, je pense que la créativité a toujours fait partie de ma vie, que ce soit scénique, que ce soit artistique, on va dire dans la créativité manuelle. Mes parents m'ont toujours beaucoup poussé à ça. À la maison, ça a toujours été très autour du bricolage, d'essayer des choses. Mon papa qui adorait la musique, ma maman qui était très créative.

  • Speaker #2

    Vous avez des métiers créatifs ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Pas spécialement des métiers créatifs, mais des hobbies et des passions quand même créatives. Mon papa adore la musique et tous les soirs, il était dans la cave, dans son studio, à écouter de la musique, à faire des... Des mix et à juste être dans sa passion. Ma maman, elle a toujours touché à tout, que ce soit le dessin, la couture, la céramique maintenant. Donc j'ai eu une famille qui m'a beaucoup poussée à me cultiver de plein de choses et toujours tester de nouvelles choses. Et aussi quand on aime quelque chose, y aller, se donner tous les moyens pour vraiment en profiter.

  • Speaker #2

    C'est rock, s'il le faut.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, totalement. On n'était pas une famille très télé. télé tout le temps, etc. C'est une famille qui bouge beaucoup, qui va avoir des pièces de théâtre, des expositions. Donc ça, j'ai eu de la chance. Je pense que ça m'a beaucoup aidée, même à me mettre dans des stages créatifs. Donc je pense que ça a aussi beaucoup mis sur mon parcours plein d'étapes pour arriver là où j'étais.

  • Speaker #2

    On va revenir maintenant un peu plus loin dans le temps où tu as lancé ta marque. Comment ça se met en place ? Parce que là, on a parlé de comment ça s'est fait finalement pendant le Covid. Mais quand ça devient un métier, c'est tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Ouais. Donc, j'ai eu la chance de me... Donc, j'ai arrêté mon contrat en communication digitale.

  • Speaker #2

    C'était un risque énorme, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai eu assez peur parce que mes parents avaient... Assez peur pour moi, parce que mon frère et mes deux parents sont salariés. Donc pour eux, se lancer, c'était très flou. Pourquoi pas prendre un mi-temps quand même, au cas où ? Donc quand même dans les peurs, j'ai dû quand même aller au-delà de ça, c'était dur. Parce que j'avais déjà des peurs moi-même, donc je devais aller au-delà des peurs de ma famille.

  • Speaker #2

    Quel genre de peur, si c'est pas indiscret ?

  • Speaker #0

    Peur d'échouer, je pense. Peur de manquer financièrement de quoi que ce soit. Peur de se retrouver seule face à soi-même dans un projet, peur de réaliser qu'en fait, c'est pas parce qu'on fait bien quelque chose que ça va d'office marcher aux yeux des autres, que ça va prendre, qu'on va y arriver. Et donc ça a été un peu un beau... c'est une année post-Covid qui a été vraiment charnière dans ma vie où j'ai décidé d'arrêter mon boulot. confortable. Je décide de quitter chez mes parents et d'emménager toute seule parce que je pense que j'ai besoin de ça à ce moment là pour m'envoler concrètement et de me sortir de toutes les peurs et des schémas dans lesquels j'ai peut-être grandi. Et donc je suis rentrée dans un programme d'accompagnement pour les entrepreneurs dont j'avais entendu parler. Une couveuse, c'est ça une couveuse. Et je suis rentrée dans cette couveuse sans trop savoir ce que j'allais faire. J'ai expliqué en fait toute ma... où j'en étais, qu'il y avait l'upcycling, des demandes d'ateliers, des demandes de co-création, j'avais l'influence sur les réseaux sociaux, mais j'avais des notions en communication digitale. Et j'ai eu un rendez-vous avec une personne incroyable qui m'a dit « Ok, tu as une âme d'entrepreneuse, rentre chez nous, on va t'aider à même te définir, définir ce projet dans lequel tu veux te lancer, même si tu ne le sais pas encore. » Et donc grâce à elle, je me suis dit « Ok, j'y vais. » Et donc en fait, pendant plusieurs mois, Une fois par semaine, j'avais des calls avec un groupe, parce que du coup, on était post-Covid, donc on ne pouvait pas se voir.

  • Speaker #2

    Tu étais en visio.

  • Speaker #0

    En visio, pour en fait préparer ce projet, qui était encore très flou, et qui, en deux, trois mois, s'est avéré devenir The Upscycling Lab, qui est du coup ce projet de revalorisation, qui est en fait un peu, à mon image, composé de plusieurs bras, de plusieurs casquettes. Donc il y avait les ateliers que je donne encore une fois par semaine ici.

  • Speaker #2

    Peut-être pour contextualiser, les ateliers c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Donc les ateliers c'est des cours où j'ai cinq élèves et en fonction du thème, on leur apprend à transformer des tissus. Donc la matière première ne sera que des tissus récupérés, des rideaux, des fins de rouleaux, des nappes, enfin tout ce que je trouve quand je chine ou qu'on me donne.

  • Speaker #2

    Pas forcément des tissus qui sont adaptés aux vêtements de plus à bord.

  • Speaker #0

    Non, totalement. Ça peut être des vieux jeans qu'on va transformer en bob. J'ai commencé avec ce levier atelier. Ce que je faisais dans ma chambre quand j'étais en confinement, c'était essayer de le transmettre. On avait différents thèmes, les bobs, des sacs, transformer une chemise en ensemble. Et puis, d'aujourd'hui... On s'est plus affiné sur le gilet sans manche, comme je porte.

  • Speaker #2

    Que tu portes justement, on va en parler après.

  • Speaker #0

    Voilà, donc c'est avec des thèmes. Donc l'idée, c'est un atelier où une personne même qui n'a jamais cousu peut venir faire l'atelier, va transformer un tissu et repartira avec quelque chose qu'elle a fait. L'idée, c'était vraiment d'avoir un seul cours et que la personne puisse, avec ce cours, repartir avec des compétences et une création.

  • Speaker #2

    Sans prérequis.

  • Speaker #0

    Sans prérequis. Puis on a le levier de la co-création, c'est aussi mis dans ce projet parce que j'ai reçu des demandes des petits riens par exemple ou d'un magasin de seconde main pour les aider à revaloriser des stocks d'un vendu. Donc The Upcycling Lab était aussi dans la co-création, donc on co-créait avec des projets. Puis il y a le levier aussi sensibilisation qui était très fort à ce moment-là et qu'il l'est encore parce que les réseaux sociaux sont une sensibilisation. Je vais parfois en entreprise. sur des temps de midi, parler avec des gens autour de la durabilité, en maison de jeûne aussi, en conférence sur des festivals comme la CEMO. Et donc ce projet s'est défini comme ça, petit à petit, par toutes les demandes et on a réussi à en faire quelque chose. Et je pense que la couveuse m'a vraiment aidée à avoir confiance en la vie, en moi, en le projet et en se disant « tu peux créer quelque chose qui te convient » . Parce que j'avais beaucoup de mal à me dire « je ne vais faire que des ateliers » ou « je ne vais faire que des créations » . ou je vais faire quoi de la sensibilisation, j'avais besoin d'un projet un peu hybride. Et donc, grâce à cette couveuse, The Upcycling Lab s'est développée. Et finalement, le levier marque s'est développé plus sur le tard, parce que j'étais plus dans une optique où je co-créais avec des projets. J'ai fait quelques petits marchés de Noël, donc je créais un peu pour des ventes spéciales, mais je n'osais pas encore m'établir comme vraie marque. C'est vraiment venu plus depuis l'année dernière, parce qu'en fait un projet d'entrepreneuriat, ça prend du temps et c'est ok. Et en fait j'ai d'abord développé les ateliers, puis maintenant que les ateliers étaient rodés, il y a eu les co-créations, puis la sensibilisation, et puis maintenant vient ce levier marque qui devient de plus en plus important. Parce que j'ai pris de l'expérience, j'ai pris de l'assurance, j'ai compris ce qui fonctionnait, ce qui ne fonctionnait pas. Et voilà, ce levier de marque est venu maintenant prendre une plus grande place parce que j'adore créer et maintenant je suis confiante de créer pour les gens. Et je pense qu'avant, je préférais leur donner des compétences que des produits. Et maintenant, j'arrive de plus en plus à être dans cette démarche-là. Mais ça a pris du temps et c'est ça aussi que j'ai compris dans l'entrepreneuriat, c'est que tout prend du temps et que là, ça va faire 3-4 ans que j'ai mon projet. Il n'est pas du tout le même que quand je l'ai lancé et à mon avis dans 3-4 ans il ne sera pas du tout le même non plus. Et c'est ça qui est génial, c'est qu'il se compose de plein de choses. Et donc voilà. Raconte, où chaque format donne vie à une histoire.

  • Speaker #1

    On sent que tu as ce besoin de communiquer, tu pourrais juste rester dans ton coin et faire de l'artisanat et ne voir quasiment personne, mais toi tu vas vraiment vers les gens, que ce soit de manière numérique, vers les réseaux sociaux, ou comme tu disais, via des rencontres, des événements, même dans des maisons de jeunes et tout, c'est très important, c'est un trait de ta personnalité en fait.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, créer dans mon coin, entre guillemets, Et juste délivrer un produit que des gens vont mettre, ce n'était pas mon objectif premier et ce n'est pas ce qui me nourrit. Je suis très sociale, je me nourris beaucoup des gens, de mes amis, de l'entourage. C'est déjà un challenge d'avoir un projet seul, mais si en plus je n'ai pas de lien avec les gens, pour moi ça n'aurait vraiment pas de sens. Et je respecte les artisans qui arrivent à rester dans leur atelier et créer et délivrer. Moi j'ai besoin de liens, j'ai besoin d'échanger. J'ai besoin, ok, je suis ok maintenant de vendre un produit, mais j'aime bien aussi passer des compétences pour que les gens continuent de le faire chez eux.

  • Speaker #1

    Tu n'es pas fermée à dire, moi, je détiens de savoir. Toi, tu es vraiment dans le partage à fond.

  • Speaker #0

    Oui, total. Mais c'est ça, parce qu'en fait, j'ai réalisé que, de base, ma mission était vraiment d'aider les gens à s'habiller de manière durable. Et moi, je ne vois pas, pour moi, aider des gens à s'habiller de manière durable, ce n'est pas juste en leur vendant un produit en plus de ce qu'ils ont déjà. C'est en parlant avec eux, en partageant l'expérience, en étant honnête sur moi, mon parcours et aussi en leur passant des compétences comme celle de la couture. Et que je n'avais vraiment pas envie que le projet soit juste une marque, ce qui est déjà énorme pour plein de projets, parce que je sens que j'ai besoin de cet échange, de ce lien, de transmettre des choses qui vont pouvoir se transmettre. Et un produit, ça se transmet, mais c'est un produit. C'est pas une valeur, c'est pas une information et c'est pas une compétence. Et le nombre de gens qui viennent ici apprendre à coudre et qui ont envie d'apprendre à coudre, qui n'osent pas et qui après repartent d'ici avec des compétences, c'est incroyable, ça n'a pas de prix. Parce qu'après, eux vont continuer chez eux, vont pouvoir le transmettre et ça fait perdurer ça. L'idée ici, c'est vraiment d'être quand même de la base, on est quand même dans une valeur de durabilité, d'écologie, de préservation de notre planète. Et du coup, moi, je trouve ça génial que les gens qui repartent de mes ateliers ou de mon compte, parce que je donne des tutoriels sur mon compte, arrivent à revaloriser des choses qu'ils ont chez eux plutôt qu'à aller acheter des nouvelles choses. Et voilà, je pense que c'est aussi avec cette économie de partage qu'on va avancer et j'espère sauver le monde. Mais voilà.

  • Speaker #1

    Participer à son sauvetage, en tout cas.

  • Speaker #0

    En tout cas.

  • Speaker #1

    Tu le disais précédemment, tu es suivi par environ 30 000 personnes, c'est ça, sur les réseaux sociaux, Instagram notamment. Ça c'est fait, tu as très bien expliqué sur le temps et à une période donnée. Est-ce que ça serait possible de le refaire aujourd'hui, en début 2020 ? 2025, selon toi, qui connaît bien les réseaux.

  • Speaker #0

    Que quelqu'un, par exemple, se lance...

  • Speaker #1

    Partir de zéro.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Ça, je suis intimement convaincue.

  • Speaker #1

    Il y a encore de la place.

  • Speaker #0

    Oui, il y a de la place. Et c'est dingue parce que sur les réseaux, tout le monde peut percer, entre guillemets, ou composer, enfin, cultiver une communauté. Ça, je suis intimement convaincue. Il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut... Être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être ok d'être jugé et de s'en foutre. Oui,

  • Speaker #1

    parce qu'on a beaucoup de gens qui ont beaucoup de followers dans Raconte. Parfois, ça se passe mal.

  • Speaker #0

    C'est vrai, moi j'ai énormément de chance, j'ai pas eu une expérience négative.

  • Speaker #1

    Et ton message est très positif aussi.

  • Speaker #0

    Oui, mais dès qu'on parle de durabilité, on peut très vite être la cible de critique parce que les gens se sentent du coup piqués dans leur consommation.

  • Speaker #1

    Qui sait, c'est de nous deux le sont.

  • Speaker #0

    Exactement, et c'est pour ça que j'ai toujours gardé ce ton léger, fun, pas se prendre trop au sérieux, je trouve ça important ça dans la vie. Les gens se prennent trop au sérieux, oublient de rire, oublient de se dire, ils sont en fait là... On a tellement de chance où on en est, on va se calmer. Et oui, pas donner des leçons. C'est vraiment, j'essaie juste de montrer ce que je fais avec humilité, de montrer mes solutions sans pointer du doigt les gens qui ont... Évidemment, je dénonce des choses, mais j'essaie de ne pas pointer du doigt le consommateur parce que le consommateur peut changer les choses, mais est aussi une première victime, comme j'ai été, et qu'on est tous tellement différents de part. nos familles, ce qu'on nous a transmis, mais aussi de par nos... Comment dire ça ?

  • Speaker #1

    D'où on vient, notre sociologie ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Et on n'est pas tous nés à la même enseigne, on n'a pas tous les mêmes chances. Et quand je parle avec des jeunes de Maisons de Jeunes, pour eux, avoir la dernière Nike à la mode ou le dernier pull Lacoste, c'est un moyen de... C'est un sens...

  • Speaker #1

    C'est un marqueur social.

  • Speaker #0

    C'est un marqueur social, c'est pour avoir un sentiment d'appartenance à un groupe. Et qui sommes-nous pour juger ça ? Sachant que eux, c'est souvent des familles où il se passe déjà les vêtements de frères en... frères, entre cousins, donc la seconde main et le fait de reporter des choses qu'on a déjà, est déjà ancrée. Donc comment communiquer avec eux pour avoir du coup ce levier de durabilité, mais d'un autre œil. Donc c'est hyper intéressant de se cultiver en fait de tous ces différents mondes, horizons, mais de ne pas juger et je pense que c'est ça le plus important. Et aussi je m'en fous du regard des gens en fait. Et donc du coup...

  • Speaker #1

    C'est dur de s'en foutre.

  • Speaker #0

    C'est dur et en même temps c'est une protection, ça me permet du coup de faire tout ce que je fais sans me prendre la tête, sans me rendre folle, sans me torturer. Je m'en fous du regard des gens parce que moi depuis que j'ai commencé ça, depuis que je suis devenue on va dire influenceuse, mes amis sont restés les mêmes, ma famille est restée la même. Donc j'ai pas eu de changement où je me disais zut là je prends un mauvais tournant, je suis plus moi-même, je tombe dans des travers. Non j'ai toujours été... entourée pareil avec le même soutien et je suis très ouverte à la critique aussi même si je suis vachement susceptible mais par contre voilà le jugement je m'en fous parce que dans tous les cas tout le monde juge tout le monde tout le temps donc du coup autant s'en foutre le média game changer multiples thématiques

  • Speaker #1

    On peut dire que tu es un pur produit de la génération Z, génération très portée sur l'entrepreneuriat. Quel est ton regard par rapport à la génération Z et les autres ? Est-ce que tu sens de grandes différences avec les interactions que tu as avec, par exemple, je ne sais pas, moi, les millenials, les boomers ou d'autres, ou même les alphas peut-être qui arrivent maintenant ?

  • Speaker #0

    Je ne sens pas vraiment de décalage ou de grand clivage. Mais... Pour notre génération Z, je pense que ce n'est pas simple. Parce que comme tu le dis, je suis vraiment le pur produit de la génération dans l'écologie, l'entrepreneuriat, etc. Mais parfois, c'est une pression sociale, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire en fait, on est un peu une génération start-upper, on doit avoir nos projets, ou alors il faut voyager, il faut s'émanciper, se lancer. Tout le monde n'est pas fait pour se lancer et avoir un projet sur les épaules, et c'est OK.

  • Speaker #1

    C'est une forme de pression.

  • Speaker #0

    C'est une pression sociale parce que ça veut dire « Waouh, t'as réussi, t'as ton projet. » Ben non, et puis peut-être que si j'ai ce projet-là encore cinq ans, et après je prends un travail et dans un projet qui existe déjà, il n'y a aucun souci. Mais c'est quand même un critère social qui devient, je trouve, pas toujours facile à porter quand on est dedans ou quand on n'est pas dedans. Donc c'est marrant un peu, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire « Voilà, c'est à la mode de se lancer. » Mais en fait, c'est pas pour tout le monde, ça convient pas à tout le monde. Et peut-être que moi, à un moment, ça me conviendra plus non plus. Mais par contre, je pense que les générations plus jeunes voient ça, sont fort influencées par ça. Et nous, je pense qu'on est encore dans la génération recul, parce qu'on a grandi sans les réseaux. Ils sont arrivés plus tard. Et je pense que ce n'est pas facile pour eux, parce que notamment les jeunes avec qui je parle en maison de jeunes, qui du coup sont les jeunes avec qui j'ai le plus de contacts, sont des jeunes qui se sont baignés dans la génération d'influenceurs, que c'est ça, réussir sa vie, aller à Dubaï. pour ne pas payer ses impôts et vivre la fast life. Et c'est ça qui me fait parfois un peu peur. J'utilise ce levier des réseaux sociaux pour parler aux jeunes, parce qu'ils disent, un, elle a plein d'abonnés sur les réseaux sociaux, c'est stylé, donc au moins ça fait un point d'accroche. Mais j'essaye de leur montrer que ce n'est pas un travail pour tout le monde, ce n'est pas une fin en soi, et que la réussite sur les réseaux sociaux n'a rien à voir avec le bonheur. Et ça qui est un peu effrayant, c'est qu'eux grandissent là-dedans et se disent « Bah oui, en fait, moi plus tard, moi je veux être influenceur. »

  • Speaker #1

    Ils prennent tout pour un agent content alors que c'est fake. C'est énormément... C'est fake ! Peut-être pour deux ou trois, mais la majorité c'est fake.

  • Speaker #0

    C'est fake et aussi je leur dis « Pourquoi tu veux être influenceur ? » Comme ça je gagne de l'argent, on m'envoie des messages et je suis connue et tout. Je me dis « Mais pour être influenceur, c'est chouette d'avoir un projet, d'avoir quelque chose. Pourquoi les gens te suivraient ? Qu'est-ce qui peut te différencier ? » ou qu'est-ce qui va faire qu'on a envie de t'écouter. Et j'essayais de leur faire avoir un peu ce chiffre, de se dire, ok, tu veux être influenceur, pourquoi ? Qu'est-ce que tu veux partager au monde, au lieu de juste vivre ta vie sur des gros bateaux, etc. Et donc, c'est essayer de se dire, en fait, oui, influenceur, pourquoi pas ? Je le suis, donc je ne vais pas me jeter la pierre à ce monde-là. Pourquoi ? Quel message tu veux véhiculer ? Quelles valeurs tu veux transmettre ? Et c'est en ayant des valeurs, un message ou une façon de voir la vie différente ou innovante ou dire tout haut ce qu'on pense tout bas, que ça peut marcher. Mais pas... En fait, j'essaie de vraiment revenir à la source de... En tout cas, moi, comment le projet a fonctionné. C'est parce que j'ai écouté mon rêve et que j'ai commencé à faire des choses concrètes.

  • Speaker #1

    Sincère aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On en parlait un peu en trame de l'argent ici, de ces influenceurs. Comment toi, tu gagnes ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est vraiment comme si j'avais deux mi-temps. J'ai mon mi-temps influenceuse et mon mi-temps The Upcycling Lab où j'ai les ateliers, les ventes, la sensibilisation. Donc dans ma semaine, c'est un peu moitié-moitié. Après, ce qui est génial, c'est que grâce au projet, j'ai des collabs sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Ce sont des marques. Des institutions qui viennent vers toi pour des postes sponsorisés ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, ce sont comme des campagnes publicitaires. Après, moi, je suis très exigeante sur les marques.

  • Speaker #1

    Tout le monde ne peut pas venir te trouver ?

  • Speaker #0

    Non. Je suis dans une agence maintenant qui m'aide à gérer ça parce qu'en fait, j'ai envie d'avoir du temps pour mon projet textile. Donc, l'agence, elle va filtrer les choix de collaboration, me les proposer et en fait, faire tout le travail qu'avant, je n'avais plus le temps de faire. La négociation, vérifier des contrats, la facturation, en fait, chose que je ne maîtrisais pas bien. Et il va me proposer des collaborations qui ne sont qu'en valeur avec ce que je veux. Donc aujourd'hui, je suis hyper fière de me dire qu'en fait, je travaille avec très peu finalement de marques. Je mets peu en avant des produits. Je suis un vecteur pour toucher une cible peut-être plus jeune autour de problématiques comme par exemple, enfin de problématiques ou de sujets tout simplement. Là par exemple, pour la fin d'année, je travaille avec... Je travaille sur une campagne autour de l'artisanat bruxellois. Je suis sur deux campagnes, une avec Hub Brussels, qui est un levier d'entrepreneuriat bruxellois, et Artisans Bruxelles, lesartisans.be et Local Guide. Ce sont tous des leviers que la ville active pour faire vivre l'artisanat et les commerces bruxellois. C'est génial, mon compte permet de mettre en avant l'artisanat bruxellois. Chose que j'essaye aussi de mettre en avant dans mon projet, donc en fait je me dis mais c'est génial, enfin je suis comme un vecteur, un média dans une campagne publicitaire. Et je peux, avec mes propres mots et mon propre style, communiquer aux gens qui me suivent ce qui se passe, comment faire des cadeaux de Noël plus durables, comment soutenir des artisans, pourquoi faire des ateliers chez des artisans, aller à la rencontre. Je travaille aussi avec la Croix Rouge notamment, je suis ambassadrice pour eux, Oxfam. Également les vestiboutiques de la Croix-Rouge et les boutiques seconde-main d'Oxfam. J'y travaille avec les Petits Riens. Donc en fait, c'est génial.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plusieurs fois que tu en parles, mais je rebondis là-dessus. Les Petits Riens. Oui. C'est horrible, toi qui as fait de la communication, enfin qui étudies la communication, appeler une entreprise comme ça, c'est déjà se tirer une balle dans le pied. Parce qu'à l'époque, ces petits riens et cette image de gens, t'allais aux petits riens, c'est parce que tu ne pouvais pas aller ailleurs, financièrement parlant. Et toi, par ton travail, tu changes un peu cette image-là, où on en fait un truc à la mode, sympa.

  • Speaker #0

    C'est ça. En fait, l'idée que ce soit pour les petits riens, les vestiboutiques de la Croix-Rouge, ou les magasins de Oxfam seconde main. Ce sont en fait trois projets qui se font vraiment écho parce qu'on achète de la seconde main, mais pour soutenir une ASBL derrière qui fait travailler, qui met en œuvre de la réinsertion sociale. Donc, c'est génial. Et en fait, l'idée, c'est de vraiment casser les idées reçues, de se dire, parce que si j'ai des questions parfois, de mettre les petits riens, c'est pour les gens qui n'ont pas de sous. Donc, si tu vas là-bas, tu voles un peu les vêtements pour ces gens-là. Donc déjà casser cette image là que non en fait. En allant dans des vestiboutiques, les petits riens chez Oxfam, on soutient une ASBL qui a besoin de fonds pour pouvoir faire de la réinsertion sociale et financer leurs autres missions. On montre, en fait j'adore montrer l'année passée pour Noël, j'ai dû faire des looks de fête chez Oxfam. C'est génial, je montrais ce que j'avais trouvé chez Oxfam avec des pièces vraiment qu'on n'aurait jamais pu dire ou croix rouge. Et je montrais comment faire des looks avec des pièces comme ça. certes pas cher, mais surtout de seconde main et qui finançait derrière une ASBL. Donc c'est vraiment venir casser ces idées reçues, aller à la rencontre de projets différents qu'on ne voit pas toujours dans l'influence. C'est peut-être moins glamour, c'est moins luxuriant, mais en fait ça a tellement plus de sens.

  • Speaker #1

    Toujours en parlant d'argent, est-ce que selon toi il faudrait une taxe sur le fast fashion ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ce qu'ils essaient de mettre en place, mais oui. Parce que c'est pas normal qu'une artisane bruxelloise qui fait des vêtements, parce que j'ai eu plein de copines là-dedans, qui fasse des vêtements payent les mêmes taxes qu'un vêtement fait à l'autre bout du monde, dans des conditions horribles, avec un impact horrible, et fait dans des conditions horribles, qu'on paye les mêmes taxes, voire plus. Ça n'a aucun sens. Chaque pays devrait pouvoir soutenir leur propre artisan. et cautionner et taxer beaucoup plus des produits qui viennent de beaucoup plus loin, d'entreprises multimillionnaires qui ont totalement l'argent de faire les choses différemment, qui ont juste un business model qui est impensable dans la durabilité.

  • Speaker #1

    Et à contrario, est-ce qu'il faudrait en mettre une sur le luxe, les vêtements de luxe ?

  • Speaker #0

    Je pense aussi. Après, ce qui est un peu compliqué, je trouve, avec le luxe, c'est qu'on a le luxe qui est un vrai luxe parce qu'on a derrière des... Un savoir-faire qui est inestimable, etc. Mais en fait, maintenant, on a un luxe où des sacs Yves Saint Laurent, ils sont aussi faits en Chine. Donc, au final, maintenant, c'est quoi le luxe ? Et donc, c'est ça qui est un peu particulier et paradoxal. Hier, je suis passée devant chez Prada. Je n'avais jamais fait ça. J'ai regardé le prix d'une veste en vitrine, 2950 euros. J'étais là, ah quoi ? Elle est faite à Bruxelles, dans l'atelier juste au-dessus, avec des tissus de luxe. Enfin, non, j'imagine que non. Donc oui, évidemment aussi taxer le luxe, mais aussi c'est quoi, quel luxe finalement ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as déjà eu, comment dire, une espèce de syndrome de l'imposteur ? Parce que tu disais, tu as voulu faire des études de mode à Cambres ou autre chose, tu n'as pas fait. Et quand tu es arrivé dans le vêtement, tu t'es dit... Tu as trouvé assez vite ta place ? Comment ça s'est mis en place ?

  • Speaker #0

    J'avais un énorme syndrome de l'imposteur et je l'ai encore tous les jours. Je pense à un peu la bête noire de l'entrepreneur ou de l'artisan. Et je pense même que c'est encore plus fort chez la femme. Oui, ce syndrome est encore là. Et c'est pour ça aussi que j'ai mis du temps à lancer vraiment ma marque, que je co-créais ou que je transmettais des compétences. C'était plus facile que de se positionner en tant que marque. Mais en fait, je pars vraiment du principe qu'on est tous capables de tout faire. Il n'y a pas de limite. Et donc, je me suis un peu décollée de cette peur que je me mettais à moi-même, que personne ne pense au final.

  • Speaker #1

    Comment tu déconnes de ça ?

  • Speaker #0

    C'est dur. C'est de nouveau cette question. Parce qu'au final, le syndrome de l'imposteur vient de la peur d'être jugé, la peur d'être critiqué, la peur de ne pas être très sérieux. Mais en fait, si toi, tu te juges déjà, si tu t'estimes imposteur, pas assez fort, pas assez qualifié. Déjà, soit on commence à se qualifier. Moi, j'ai pris des cours de couture pour vraiment pouvoir aller un step plus loin dans mon expérience. J'ai beaucoup pratiqué. Tous les jours, presque, je couds. Et en fait, à partir d'un moment, j'étais là, soit tu y vas, soit tu n'y vas pas, mais arrête de te poser mille questions. Et en fait, moi, c'est ça qui m'a sortie de ce syndrome de l'imposteur où j'ai mis des mois à faire un site Internet. J'ai un site internet, mais de faire un e-shop, je n'y arrivais pas. Je me disais comment je vais me positionner comme marque aux yeux de tous. Parce que c'était facile de vendre en pop-up à des petits marchés de Noël, ce n'était pas trop vu. Mais être en tant que marque qui vend en ligne, c'est assurer et assumer. Et en fait, je me suis fait suivre par un deuxième programme d'entrepreneuriat que j'ai pris, qui était entrepreneuriat féminin. Et j'ai eu un workshop qui m'a beaucoup parlé autour des objectifs et des OKR, donc Objective Key Results. Et en fait, je suis sortie de ce... de ce workshop en disant « Ok, en fait, semaine prochaine, je fais mon site et j'arrête de me poser trop de questions. » Et moi, c'est vraiment ça qui me paralyse et qui, je pense, paralyse énormément de gens. C'est la remise en question permanente qui, en fait, nous paralyse et nous empêche de faire. En fait, je me suis dit « Tu sais quoi ? On fait. On fait, on va voir. Essaye, fais des tests, vois comment on fait un site. Renseigne-toi. Fais-toi une liste de tout ce qu'il faut faire et arrête de te poser mille questions. Fais-le. Au pire, t'aimes pas, tu le désactiveras. » Et en fait, c'est ça, moi, qui m'aide à chaque fois dès que je suis paralysée, dès que j'ai peur, syndrome de l'imposteur, etc. C'est on se pose pas trop de questions, on y va et au pire, on verra après. Et j'ai jamais eu de moment où je me dis purée, j'aurais pas dû faire ça.

  • Speaker #1

    C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ouais. Pas de regrets ? Vraiment.

  • Speaker #1

    Génial.

  • Speaker #0

    Ouais, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Ça serait quoi la prochaine étape ? Tu as ta marque, tes ateliers ?

  • Speaker #0

    En gros, la prochaine étape... En fait, j'ai déjà fait trois défilés autour de co-créations qu'on faisait avec des projets et on les présentait avec des défilés, c'était génial. Cette année, j'avais décidé de ne pas en faire parce que je me suis dit je vais me focus sur ma marque, arrêter un peu de rigoler là et de se prendre un peu plus au sérieux. Et en fait, ça m'a trop manqué. Donc là, le prochain objectif en mai, c'est de refaire un nouveau défilé à taille plus grande parce qu'en fait, à chaque fois, de nouveau, au syndrome de l'imposteur, je fais des défilés, mais dans des lieux pas énormes. Et en fait, il y a plein de gens qui viennent parce que c'est gratuit et en fait, on s'amuse trop. Et ce sont des amis à moi qui défilent parce que j'ai envie que ce soit des vrais gens, pas des faux gens qui font 1m80. qui pèse pas le poids qu'on pèse toutes, on va dire.

  • Speaker #1

    La fameuse taille mannequin.

  • Speaker #0

    Voilà, la taille mannequin dont je n'ai rien contre, mais c'est pas dans les...

  • Speaker #1

    C'est pas représentatif de tout le monde.

  • Speaker #0

    Voilà. Et moi, j'ai envie de faire une mode qui parle à tout le monde, qui est accessible, qui est portable. Et donc là, en mai 2025, l'objectif, c'est un défilé toute seule, donc pas en co-création avec un projet. Et c'est un défilé autour de tissus que j'adore travailler, c'est à dire la dentelle, le napperon, le drap brodé. Et donc ça, c'est le prochain objectif. Donc j'ai hyper hâte de me remettre dans une dimension plus artistique, moins produit à vendre, moins peut-être marque, mais plus artistique. Parce que je sens qu'il y a encore des consciences à élever et que ce genre d'événements sont très artistiques, mais aussi montrent aux gens ce qu'on peut faire avec des tissus. Et ça aborde le sujet de la question environnementale d'une hyper chouette manière. Donc ça, c'est le prochain objectif.

  • Speaker #1

    En parlant du travail du tissu, on va peut-être en venir à ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il est particulier, ce gilet.

  • Speaker #0

    Oui. Ce gilet, il est vraiment à l'image de ce que j'adore faire. C'est prendre des tissus qui n'ont rien à voir, qui n'ont pas du tout à être cousus ou à être portés, et de les transformer. Donc ça, c'est un...

  • Speaker #1

    C'est un sac de café. Donc pour les gens qui nous écoutent, allez voir un petit peu la vidéo. C'est bien aussi.

  • Speaker #0

    C'est une veste sans manche réalisée à partir de sacs de jute qui contiennent de base du café de la marque de Torrefactor, Torrefactory, qui est une marque belge de torréfaction. Et en fait, ils sont hyper investis dans la durabilité de leur café, de leurs grains, qui font venir de plantations durables où les agriculteurs sont correctement payés, correctement employés, engagés, etc. Et donc j'ai été leur rendre visite, on s'est trop bien entendus, et ils avaient ces sacs, et je leur ai demandé si je pouvais partir avec un sac, parce qu'ils me faisaient trop de l'œil, et que j'avais trop envie de le transformer. Et donc j'ai fait cette petite veste. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    pour le sac, pourquoi faire ? Pour mettre des choses ? Bah non, faire une veste.

  • Speaker #0

    Bah ouais, mais eux, ils étaient trop contents. Et du coup, je leur ai montré en vidéo, parce que leur entreprise, leur usine, elle est près d'Anvers. Donc du coup, voilà, je leur ai montré plutôt en vidéo.

  • Speaker #1

    Et quelle était la réaction ?

  • Speaker #0

    Ils étaient trop contents.

  • Speaker #1

    Ils ne s'attendaient pas à ça ?

  • Speaker #0

    Ben non, ils sont fans et moi j'adore le produit parce qu'en fait il est métable. Il est doublé, il y a des petits boutons. Et pour moi, j'adore utiliser des tissus qui de base, tout le monde me dit « mais tu ne vas pas coudre ça » . Et ça j'adore, et ça c'est mon plus beau challenge.

  • Speaker #1

    C'est attention légère si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Quand des fois j'achète des plaids de crocheté. pour couper dedans et en faire des pièces, les vendeuses elles sont là « Vous n'allez pas couper là-dedans, c'est pas possible de coudre ! » Je suis là « Regardez-moi bien ! » Et je pense que là c'est pour ça que j'ai envie de faire ce nouveau défilé, ce nouveau challenger, utiliser tout ce qui, dans tel, apprend des choses très compliquées à transformer, parce que moi dès que j'ai envie de transformer, j'y arrive et je me dis...

  • Speaker #1

    C'est le challenge technique aussi qui te motive ?

  • Speaker #0

    À fond, parce que du coup à chaque fois j'apprends des nouvelles compétences. Et c'est en faisant que j'apprends les nouvelles compétences. Donc de nouveau, cette idée d'arrêter de trop réfléchir et de faire, parce que moi vraiment, c'est l'essai-erreur qui me fait avancer.

  • Speaker #1

    Quand tu vois toutes ces immenses marques qui ont des moyens de marketing considérables, c'est des groupes mondiaux, ils font un peu ce qu'on appelle du greenwashing, ils vendent plus blanc que blanc, plus vert que vert. Est-ce que ça ne te décourage pas ?

  • Speaker #0

    Ça ne me décourage pas parce que j'ai toujours des gens aux ateliers, des gens qui viennent au pop-up et qui soutiennent le projet. Donc je me dis, ça va, le projet n'est pas en péril. Mais parfois, ça me fait peur parce que je me dis, purée, on est là, on se bat comme on peut dans nos petits ateliers puisqu'on est plein à essayer de faire changer les choses. Je me dis, est-ce qu'à terme, ça va vraiment fonctionner ou est-ce qu'en fait, le monde ne va pas changer ? Donc ça me fait peur, mais par contre, ça ne me décourage pas. Ça va peut-être même plus me driller et me donner envie de mettre les bouchées doubles et de toujours continuer à développer le compte, de toucher encore des gens.

  • Speaker #1

    Un mode combatif en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que ça me drille. plus que ça me décourage. Mais par contre, ça me fait un peu peur. Ça, je ne vais pas mentir, c'est quand même un peu effrayant. Surtout que je vois aussi de plus en plus de marques du rap qui mettent la clé sous la porte, parce qu'en fait, ça n'a pas fonctionné. Et c'est ça qui me fait peur, parce que je me dis, putain, ils peuvent peut-être gagner et on va peut-être perdre, et c'est ça qui fait peur. Et donc je pense que ça c'est important en tant qu'entrepreneur dans la durabilité et la mode actuelle, c'est de toujours quand même remettre notre business en question pour être sûr qu'il puisse perdurer dans le temps et de toujours quand même être à l'écoute de ce que le consommateur final, on va quand même parler en termes comme ça, veut. Parce que c'est super de faire des produits incroyables, j'allais dire incroyaux. horrible. C'est super de faire des produits incroyables qui sont faits à Bruxelles ou dans les ateliers d'autres artisans avec des matières récupérées. Mais si ce n'est pas portable ou trop cher ou pas au goût du jour, si personne n'achète ces produits, le projet ne vivra pas et la mode ne va pas changer. C'est quand même important parce qu'on va pas se leurrer. On doit tous payer notre loyer, notre nourriture et on est quand même dans un système comme ça. Après je pense que de plus en plus, moi en tout cas je le vois avec le projet et c'est comme ça aussi que je m'en sors. Je trouve ça assez génial, ça va de nouveau avec cette économie de partage, les échanges. Où en fait moi je te fais venir à cet atelier là, toi en échange tu me donnes des tissus, tu me fais de la visibilité. Où en fait même ce week-end j'étais à un marché de créateurs, un marché de Noël où je vendais. Il y a une créatrice qui m'a fait une petite œuvre, moi en échange je lui ai donné un de mes produits qu'elle voulait, et en fait on est de plus en plus dans cet échange qu'il y avait au final avant.

  • Speaker #1

    Du troc.

  • Speaker #0

    Du troc. Et ça je trouve ça génial, ça évolue quand même de plus en plus, et c'est chouette de sortir de cette société un peu plus capitaliste, avec le capital, et d'être plus dans ce troc, parce qu'en fait ça marche hyper bien, et donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    En parlant de choses qui peuvent bien marcher, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    Vous pouvez me souhaiter quoi ? Que les ateliers et que le e-shop continuent de fonctionner, comme ça, ça me motive.

  • Speaker #1

    Et de rêves ultimes, de trucs...

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi j'ai un rêve ultime en vrai. Ce serait que Beyoncé porte une de mes créations.

  • Speaker #1

    Eh bien j'espère qu'elle va regarder Raconte, comme ça je serai encore mieux.

  • Speaker #0

    On l'attaquera, on sait jamais.

  • Speaker #1

    On l'attaquera, oui. Bonne idée, on va essayer ça.

  • Speaker #0

    On va essayer.

  • Speaker #1

    Et en parlant de musique, ça serait quoi la bande originale de ta vie ? Si tu devais en trouver une ?

  • Speaker #0

    La bande originale de ma vie. Donc une chanson qui pourrait...

  • Speaker #1

    Présumerait ta vie.

  • Speaker #0

    Oh, ma vie.

  • Speaker #1

    Si ta vie était un film.

  • Speaker #0

    Si ma vie était un film. Il y en a tellement. Il y en a hyper dynamiques. Il y en a des plus mélancoliques. Je vais en prendre une qui, en ce moment, m'accompagne beaucoup dans mon quotidien, on va dire. Et qui me... qui me... Ah j'en ai deux.

  • Speaker #1

    On m'a dit il y a deux, Ada.

  • Speaker #0

    Il y en a une qui est vraiment belle, que j'adore, et j'adore les paroles et la mélodie, c'est Can I Call You Rose ? Et il y en a une qui est beaucoup plus drôle, mais qui m'a beaucoup donné du punch quand j'étais plus jeune, et je pense que je l'écoute encore, elle pourra encore me faire beaucoup rire. C'est Fuck You de CeeLo Green. Elle est hyper joyeuse, et en même temps j'adore, enfin les paroles me font rire aussi, c'est un peu un... ça illustre un peu ce qui se passe avec le projet.

  • Speaker #1

    Et pas se prendre au sérieux finalement d'en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Bien. Écoute, il me reste à te poser la dernière question. On en avait déjà parlé un peu tout à l'heure. Qui voudrais-tu voir, lire, entendre dans Raconte à ta classe ?

  • Speaker #0

    Attends, je réfléchis deux minutes parce que je n'avais pas encore réfléchi à cette question. Et j'ai envie de...

  • Speaker #1

    Qui tu veux mettre un peu madanaise pour répondre à tout un tas de questions ? On est gentils.

  • Speaker #0

    Oui, j'imagine. Non, mais par exemple, qui j'aimerais bien raconte son histoire. Oui. De nouveau, j'en ai deux, mais je peux donner la première.

  • Speaker #1

    Tu peux donner deux ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a Maëté Méus de Balance ton bar, qui est très inspirante.

  • Speaker #1

    Elle est à Bruxelles il y a un an ou deux, suite des affaires.

  • Speaker #0

    Exactement, mais elle va au-delà de ça. Elle est hyper intéressante et j'adorais plus connaître son histoire, puisque je connais ce qu'elle fait. Et son histoire doit être très intéressante. Et sinon, j'ai aussi... Good Morning Law, elle s'appelle sur les réseaux sociaux. Ah oui,

  • Speaker #1

    je ne connais pas.

  • Speaker #0

    Ou Lori Pazienza, si je dis bien son nom de famille, j'ai peur de l'écorcher. Elle, c'est une activiste bruxelloise qui est très inspirante, qui est une vraie activiste en fait, donc très intéressante.

  • Speaker #1

    Activiste dans qu'est-ce ?

  • Speaker #0

    Dans l'écologie, dans la durabilité. Elle travaille beaucoup aussi avec Adélaïde Charlier, qui peut être aussi hyper intéressante à écouter. Trop de femmes !

  • Speaker #1

    C'est déjà fait.

  • Speaker #0

    Ah, voilà !

  • Speaker #1

    C'est pas encore diffusé à l'heure où on enregistre, mais c'est déjà fait. C'était super intéressant. Ah ben trop chouette. Une heure quarante, mais il n'y a pas une minute en trop.

  • Speaker #0

    Ah ben génial. Ben voilà, du coup.

  • Speaker #1

    Et une toute dernière question subsidiaire, tu leur poserais quoi comme question ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'aurais envie de savoir tout leur parcours parce que je le connais moins bien. Je connais surtout leur présent. Et peut-être ce que j'aurais besoin de savoir, c'est qu'est-ce qui les motive à continuer au jour le jour pour les moments où je suis quand même un peu en baisse de motivation ou que j'ai peur.

  • Speaker #1

    Garder le feu sacré.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Et bien sur ce, merci beaucoup, Juliette Bonhomme.

  • Speaker #0

    Merci, Raconte.

  • Speaker #2

    Raconte,

  • Speaker #3

    s'écoute,

  • Speaker #2

    se lit et se requerde. Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte. est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographie. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement à la visibilité de Raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous !

Chapters

  • Introduction à Raconte Media et Juliet Bonhomme

    00:00

  • Présentation de Juliet et de son projet "The Upcycling Lab"

    01:08

  • Contexte et lieu de l'entretien : l'atelier à Bruxelles

    02:04

  • Transition vers l'entrepreneuriat et défis rencontrés

    04:06

  • Le processus créatif et l'importance de l'upcycling

    05:03

  • Développement de la marque et des ateliers

    06:32

  • Réflexions sur la durabilité et l'impact social

    07:59

  • Interaction avec la communauté et retour sur les réseaux sociaux

    09:10

  • Conclusion et aspirations futures de Juliet Bonhomme

    10:00

Share

Embed

You may also like

Description

Quel est le point commun entre un confinement mondial et des vieux tissus ?

Eh bien, c'est Juliet Bonhomme ! Lors du confinement lié à la pandémie de Covid-19, elle s'est découverte une passion pour la couture, une activité qu'elle n'avait presque jamais pratiquée auparavant.
Elle crée alors sa marque "The Upcycling Lab".


Par essais et erreurs, elle réussit à trouver son propre style en utilisant des tissus de récupération, souvent détournés de leur usage initial.
Sa pièce signature ? Des gilets sans manches.


Mais Juliet Bonhomme ne se contente pas de créer des vêtements. Ancienne accro au shopping et à la fast fashion, elle est devenue une femme de conviction, engagée pour l'écologie, sans pour autant sacrifier le style.

D'un vieux dessus de lit, d'une tenture, voire d'un sac en toile de jute, elle transforme tout cela en un vestiaire unique.


Comme beaucoup de membres de la génération Z, Juliet Bonhomme est une touche-à-tout : influenceuse, créatrice, formatrice et entrepreneure.
Dans cette interview, elle revient en détail sur chaque aspect de son parcours et sur la manière dont elle gère ses défis au quotidien.


L'instagram perso de Juliet Bonhomme : https://www.instagram.com/julietbonhomme/

L'instagram de "The Upcycling Lab", la marque de Juliet : https://www.instagram.com/theupcyclinglab_/

Le site web de "The Upcycling Lab" : https://theupcyclinglab.squarespace.com/?fbclid=PAZXh0bgNhZW0CMTEAAabAaDjnAE9hVKqHc7sw2uECyNt690iRaFldt0V6P-wVoFzJQIpZAXAAmRQ_aem_s88C9PZC59FWatdyLqw4aA

Les photos de l'interview sont sur https://www.raconte.media


----

Suivez Raconte.media sur Youtube et découvrez cet interview en vidéo : https://www.youtube.com/@raconte_media?sub_confirmation=1

Notre site web: https://www.raconte.media

Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ça, je suis intimement convaincue, il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être OK d'être jugé et de s'en foutre.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voix, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte. est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. Aux côtés. de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée raconte. Raconte la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Juliette Bonhomme. Bonjour. Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    On se voit aujourd'hui un peu à l'invitation d'une personne qui est passée précédemment dans Raconte, Salome de Oise. Pour info, à chaque fois on demande aux personnes à la fin, comme ça tu es déjà prévenu, d'inviter quelqu'un sur Raconte et tu as été entre autres invité par Salome de Oise. Merci à elle. Allez voir l'épisode, on mettra le lien en description. Est-ce que je pourrais te demander qui es-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je m'appelle Juliette Bonhomme, j'ai 29 ans, j'habite à Bruxelles et j'ai un peu de casquette. J'ai ma marque, mon projet, The Upcycling Lab, de revalorisation textile. Et à côté de ça, je suis aussi influenceuse sur les réseaux sociaux autour de la consommation durable. Voilà.

  • Speaker #2

    En résumé, mais parfaitement résumé. Pour contextualiser, parce que raconte, se vit, s'écoute et se regarde, pour les personnes qui ne font que nous écouter, où sommes-nous présentement ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on est dans mon atelier au Grand Hospice, dans le centre de Bruxelles. Cet atelier n'est pas une situation anodine, c'est un ancien hôpital qui a été réhabilité pour tous les projets à impact. social, culturel, environnemental, positif. Donc on reçoit une pièce qu'on doit un peu retaper et retransformer à notre image.

  • Speaker #2

    C'est un peu une suite logique par rapport à ce que tu fais finalement ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est vraiment refaire du nouveau avec du vieux, revaloriser ce qui est déjà là et lui redonner une deuxième vie finalement.

  • Speaker #2

    Tu le disais à l'instant, tu te considères entre autres comme influenceuse. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? C'est quoi une influenceuse pour toi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, je pense qu'influenceuse, il y a plein de possibilités, de façons d'être influenceuse. En gros, je suis sur les réseaux sociaux et j'essaye d'influencer les gens dans leur consommation. C'est pour ça que je garde ce terme influenceuse. Il y en a qui disent créateur de contenu. C'est aussi une façon de voir les choses. Sur cette plateforme, j'essaye de prendre les codes des influenceurs. de base, et d'adapter ça à un mode de vie plus responsable, plus conscient, plus respectueux de l'homme et de la planète. Donc je n'ai des partenariats qu'avec des projets dans la durabilité à Bruxelles, ou qui lient au social, au culturel, à l'entrepreneuriat. Et l'idée c'est vraiment d'inviter la communauté, donc les gens qui me suivent, à s'habiller durablement, à créer aussi, à prendre les choses en main et oser créer, oser transformer ce qu'ils ont. Et également, il y a le levier entrepreneurial via mon projet, où j'invite vraiment les jeunes et même des gens plus âgés à oser se lancer et croire en leurs rêves et essayer de rendre une idée concrète.

  • Speaker #2

    Tu viens de dire que tu t'es aussi lancée à un moment. Comment ça s'est fait ? Comment tu as franchi le pas ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a pris du temps. Ce n'était pas du jour au lendemain où je me suis dit, tiens, en fait, je me lance. J'ai toujours su que j'avais envie d'avoir un métier, je pense, à moi. Parce que j'avais du mal à rentrer dans le moule du 9 to 5 au bureau. J'ai du mal à me concentrer longtemps. J'aime bien vraiment faire des choses créatives. Et je ne trouvais pas de métier qui répondait à ça. J'ai quand même travaillé dans la communication suite à mes études. d'abord dans une fondation royale puis dans une ASBL. Donc c'était de la communication avec quand même un objectif social ou environnemental positif. Mais je sentais que j'avais un vrai manque de créativité et de concret parce que la communication du coup digitale que je faisais à ce moment-là était très... digital. Et j'ai commencé pendant le confinement simplement à coudre, à transformer des tissus que j'avais chez moi parce que j'étais déjà dans une démarche zéro déchet, éco-responsable à titre personnel. Et pendant le confinement, il y avait la machine à coudre de ma mère que je n'avais jamais osé toucher. Je pensais que c'était impossible, que c'était beaucoup trop compliqué pour moi. Et en fait, je me suis lancée. Elle m'a montré comment ça fonctionnait. Je l'ai appelée, je pense, 15 fois pour à chaque fois régler des choses que je ne comprenais pas. Et en fait j'ai commencé à créer, j'ai réussi à faire mon premier top à partir d'un drap que j'avais en satin. Et je me suis dit, mais en fait j'y arrive, c'est pas si compliqué de faire des vêtements. Puisque je prenais les vêtements que j'avais dans ma garde-robe, je les retournais, je copiais la forme. Et en fait de là est venu vraiment cet accomplissement de le mode de consommation durable, plus la créativité me donnait ce concept d'upcycling. Donc où j'upcyclais mes vêtements, je les revalorisais ou revalorisais les tissus. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux pour montrer en fait les avant-après des tissus parce que j'avais le temps. J'ai découvert plein de gens du coup pendant le confinement qui faisaient ça aussi en France, en Angleterre, etc. Et en fait ça m'a vraiment animée, je voyais pas les heures passer. Et du coup j'ai continué à partager ça sur les réseaux sociaux et j'ai eu des demandes en fait de magasins pour venir donner des ateliers. Ou une demande de tiens j'ai un magasin de seconde main et j'ai un stock que j'arrive pas à vendre de robes classiques, tu voudrais pas qu'on les transforme ensemble ? Et en fait, petit à petit, je me suis dit, ok, c'est là que je dois aller parce qu'il y a trop de chouettes possibilités, ça m'anime trop. Et je vais arrêter mon travail dans la communication digitale et essayer de me lancer là-dedans. Et j'ai eu de la chance parce qu'à côté de ça, j'avais des chouettes propositions de collaboration sur les réseaux sociaux. Donc j'avais un peu deux mondes. Les réseaux sociaux, ça se développait autour de la durabilité. Et puis à Bruxelles, les ateliers, les co-créations. Et donc je me suis dit, on y va, on essaye. On va se donner une chance de peut-être y arriver, de sortir un peu du moule et de créer son propre moule.

  • Speaker #2

    Tout s'est bien mis en fait de manière assez organique finalement. Oui. Tu es passée d'une période assez sinistre, tu viens de le dire, de Covid, où tout le monde s'ennuyait ou déprimait. Et toi, tu as pris un twist.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré cette période. Moi, j'ai vraiment adoré parce que je suis un être très social de base, donc je bouge beaucoup, je n'aime pas trop rester chez moi.

  • Speaker #2

    Et toi, c'était tout le contraire, tout d'un coup ?

  • Speaker #0

    J'étais forcée et en fait, j'ai adoré ce moment-là parce que j'en ai fait quelque chose qui m'a connectée à mes mains, à mon rêve, je pense. Et donc moi, j'avoue, j'ai adoré ce moment-là. Je créais sans fin, aucune contrainte sociale de devoir sortir voir des gens. Et en fait, ça a totalement débloqué une vraie passion que je n'aurais jamais pris le temps, je pense.

  • Speaker #2

    C'était juste un rêve, un rêve qui était déjà là, présent, bien avant.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, quand j'étais petite, je voulais être styliste, je voulais faire la cambre. J'ai visité cette école après mes études secondaires et je n'ai pas osé en fait, parce qu'à ce moment-là, il n'y avait pas les réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Et tant qu'il y a d'années, pour contextualiser un peu.

  • Speaker #0

    Alors, là, quand j'ai dû choisir mes études, je... Je pense qu'on était en 2013, 2014, donc il y a 10 ans. Et j'ai visité la cambre. Ça m'a fait rêver de voir les ateliers, les tissus, la créativité. Mais on m'a dit, si tu fais la cambre, soit tu deviendras costumière ou habilleuse au théâtre ou dans le cinéma. Mais donc, tu ne vas pas vraiment créer les vêtements dont tu rêves. Soit tu auras la chance d'une personne sur mille qui sera vraiment le créatif qui sortira du lot. Et donc j'ai pris peur, parce que je me suis dit je ne vais pas y arriver, c'est trop compliqué. Et donc j'ai enfermé ce rêve dans un petit tiroir à double tour, j'ai jeté la clé. Et j'ai fait communication à l'IEX, je pense que ça m'a beaucoup aidée finalement. Mais en fait j'ai vraiment mis ce rêve de la créativité sur le côté. Et du coup je suis passée plus dans le mode consommée. Donc j'ai un peu surconsommé la mode que je ne pouvais pas créer. Et donc je suis partie vraiment dans un travers de mes secondaires à mes années aussi à l'IEX. donc à mon autre école, mon université, où en fait je surconsommais la mode et la fast fashion, donc la mode jetable, parce que j'étais étudiante, donc je n'avais pas le budget pour m'acheter des pièces onéreuses, ce qui ne veut pas spécialement dire durables, mais voilà. Et en fait, j'allais tout le temps chez H&M, Zara, des énormes enseignes pour assouvir, je pense, ce besoin d'être connectée à cette mode sans la créer. Et du coup, en fait, j'étais la pire de toutes mes copines. Et dans ma famille, j'étais l'accro au shopping, au solde, au petit prix. Parce que je pense que j'avais ce rêve enfoui qui était en fait frustré. Et la frustration sortait via cette consommation, je pense.

  • Speaker #2

    Ça a bien changé.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais. Du coup, j'ai pris une grosse claque.

  • Speaker #2

    Comment est arrivée cette claque ?

  • Speaker #0

    Eh bien, dans mon avant-dernière année de l'université, je devais choisir un... Dans ma dernière année d'université, je devais choisir un stage et un sujet de mémoire. Et j'avais déjà commencé à être alerte en termes des co-responsabilités. J'avais arrêté de manger de la viande, j'utilisais une gourde, enfin un peu on va dire des basiques.

  • Speaker #2

    Et tout ça, c'est fait de manière tout à fait naturelle ou dans ta famille, avec d'autres personnes ? Je ne sais pas si tu as des connaissances.

  • Speaker #0

    Oui, en gros, ma mère nous a toujours sensibilisé beaucoup à la nourriture de saison, au gaspillage alimentaire. Elle avait demandé un compost pour Noël, donc j'étais déjà un peu venu là-dedans. Elle avait une sensibilité là. Elle avait une sensibilité. Par contre, j'étais la première de ma famille à vouloir arrêter de manger de la viande. Ça, c'était via des documentaires que j'avais vus.

  • Speaker #2

    Tu t'es embarquée.

  • Speaker #0

    Voilà. Et même un film qui n'est pas un documentaire, mais qui s'appelle Okja. O-O-K-J-A.

  • Speaker #2

    Je vois qu'il y a un personnage...

  • Speaker #0

    Qui est un animal fictif. C'est un animal,

  • Speaker #2

    oui, voilà, tout à fait.

  • Speaker #0

    Il m'a en fait vraiment transpercé le cœur. Et donc là, j'ai décidé de commencer à vraiment prendre des actions. Mais par contre, la mode restait encore, on va dire, ma bête noire. J'arrivais pas à changer. Ouais. Mon addiction, et aussi à ce moment-là, c'était pas si stylé et commun d'aller en friperie, d'acheter sur Vinted, en vide-dressing. Et en fait...

  • Speaker #2

    On était en 2015-2016, si je suis bien les années, plus ou moins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, plus ou moins. Et en fait... Mais c'est particulier parce que depuis qu'on était petite avec mes copines, dans la cour de récré, on savait très bien que la mode n'était pas faite en respect de l'homme et de la planète. On savait que les baskets Nike étaient faites à l'autre bout du monde, par des gens pas très majeurs, dans des pas très bonnes conditions. Donc, je ne vais pas dire que j'ai eu une claque ou j'ai découvert tout ça. On le savait.

  • Speaker #2

    C'est ça le paradoxe, c'est qu'on le sait. Il y a eu des informations, il y a eu des documents. Quasiment tout le monde le sait, il y a des images de ça. Et on le fait quand même.

  • Speaker #0

    Voilà, et en fait, à ma dernière année à l'IEX, j'avais fait le choix de ne pas prendre publicité, de prendre relation publique, parce que je n'avais pas envie d'être dans un mode où on vend aux gens des choses qu'ils n'ont pas besoin. mais au-delà de ça, d'être plutôt porteur de messages, de valeurs. Donc je me suis dit, là c'est le bon moment pour vraiment commencer à prendre les choses en main. Donc j'ai décidé de choisir un stage dans la mode durable et de faire mon mémoire autour de la durabilité. Et mon stage dans la mode durable s'est annulé parce que la marque dans laquelle je devais faire mon stage a fait faillite, malheureusement. Le monde, je pense, n'était pas encore prêt aux marques durables à ce moment-là.

  • Speaker #2

    C'était le début.

  • Speaker #0

    C'était le début, c'était vraiment très très... C'était vraiment...

  • Speaker #2

    Et on y est.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment une marque pionnière qui malheureusement a dû déposer le bilan. Et du coup, j'ai trouvé un autre stage dans une ASBL qui en fait était un guide en ligne de marques durables dans la nourriture, dans la cosmétique, dans la mode, dans des hôtels, etc. Donc un peu un guide et qui organisait des conférences autour de la durabilité. Et donc j'ai postulé là-dedans et en fait c'est à ce moment-là que j'ai vraiment transformé mes pensées en actions. Je me suis dit « Ok » . Là, on va arrêter d'écrire des articles pour mon stage, pour dire aux gens comment faire les courses zéro déchet, comment acheter seconde main, on va vraiment le faire. Et donc à partir de ce moment-là, j'avais complètement arrêté d'acheter en fast fashion et j'ai vraiment commencé à trouver des solutions pour continuer à être moi-même et renouer cet amour à la mode sans polluer, sans nuire. Et donc à partir de ce moment-là, de ce stage, de cette réalisation de mémoire, etc., j'ai cherché des solutions. Je suis partie en friperie sur Vinted qui venait d'arriver sur le marché en brocante et j'ai commencé à renouer totalement avec ce bonheur de la mode sans culpabiliser. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux, avant le cycling, etc. juste pour montrer qu'on peut être stylé sans trop polluer. Et donc je prenais les codes des influenceuses qui se prenaient en photo en rue et je me prenais avec des looks 100% de brocante, acheté à une amie. trouvée sur Vinted. Et je faisais vraiment comme elle, les photos en rue. Et puis, je mettais en description « Ensemble tailleur » trouvé en brocante pour 10 euros. Et en fait, c'est de là que la page a un peu, on va dire, démarré en termes de mode durable. Et puis, c'est en confinement qu'elle a pris vraiment autour de l'upcycling.

  • Speaker #2

    Quel a été l'accueil quand tu as commencé à diffuser ces photos ?

  • Speaker #0

    Hyper bon.

  • Speaker #2

    Tout de suite ?

  • Speaker #0

    Ouais, hyper bon. Les gens adoraient. Les gens étaient hyper réceptifs.

  • Speaker #2

    Quel type de personne ? Est-ce qu'il y a un... personnalité ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était concrètement des filles de mon âge.

  • Speaker #2

    Autour de la vingtaine.

  • Speaker #0

    Des jeunes filles qui avaient envie de changer, qui avaient envie d'avoir des solutions. Et du coup, je pense que je les ai présentées sur un plateau d'argent et ça leur a énormément parlé. Parce que j'essayais vraiment de ne pas culpabiliser. Je partageais les informations sur ce qui se passait. Voilà. Parce que j'avais été très loin dans cette consommation. néfaste. Mais je montrais vraiment les solutions et l'aspect fun, moderne, chouette où en fait on est stylé et sans culpabiliser. Et en fait, j'ai eu beaucoup de retours très positifs. J'ai eu des articles dans la presse. Et en fait, c'est parce qu'à ce moment-là, l'influence était vraiment... Enfin, les blogueuses étaient vraiment autour de la surconsommation. Et là, je prenais un parti pris totalement différent qui n'avait pas encore été pris à ce moment-là, en tout cas à Bruxelles.

  • Speaker #2

    T'étais pris déjà ailleurs, dans d'autres pays ?

  • Speaker #0

    Genre,

  • Speaker #2

    tu suivais ?

  • Speaker #0

    Pas encore à ce moment-là. J'avais pas encore vu, moi, vraiment d'influenceuses qui m'inspiraient. C'est pour ça que j'ai décidé de prendre ce... Voilà, de vraiment d'aller à contre-courant et de proposer autre chose, mais de prendre tous les codes des blogueuses que je voyais depuis toujours. Mais à ce moment-là, je ne connaissais pas de gens qui faisaient comme moi. Je me suis vraiment trouvée plutôt une communauté au fur et à mesure, en découvrant en fait dans d'autres pays. Et avec l'upcycling, j'ai pu voir de plus en plus de gens qui avaient la même vision que moi. Mais à ce moment-là, non, je me sentais assez seule dans cette démarche. Mais heureusement, ça a trop pris autour de mes copines, puis de la famille de mes copines, puis les amis des amis. Et en fait, ça a pris. Et puis de plus en plus de gens ont commencé aussi à le faire, à s'habiller en seconde main et à partager sur les réseaux sociaux et à vraiment enlever cette image que le seconde main, la durabilité, c'est sale, c'est vieux, c'est pas chouette, c'est pas moderne, c'est has been. Là, c'était totalement un autre parti pris. En fait, non, c'est trop stylé, c'est trop sexy, c'est trop moderne. C'est original aussi parce qu'on trouve des pièces uniques qu'on va venir mettre et qui ne sont pas par milliers vendues chez Zara et que le lendemain... Nos copines peuvent avoir les mêmes. Non, là, on prend des pièces aussi qui nous ont parlé, pas via une campagne de marketing en magasin ou un stand bien arrangé. Non, parce que ça nous a parlé nous-mêmes.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est dur d'avoir cette singularité ?

  • Speaker #0

    Non, non, je ne dirais pas. Au début, c'était dur parce que je me suis beaucoup cherchée professionnellement et que j'ai dû un peu sortir d'un moule dans lequel mon environnement était, mes copines, ma famille. Mais maintenant, non. je me sens hyper épaulée parce qu'en fait, grâce aussi aux réseaux sociaux, on voit plein de gens maintenant qui font comme nous. Et donc, ça nous permet d'avoir un lien.

  • Speaker #2

    Ça a été un peu ton moteur, en fait, d'avoir ces retours. Totalement. Des gens, des followers. Oui, totalement. Qui t'ont un peu confirmé, si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Ils m'ont élevée, en fait. Ils m'ont encouragée à continuer à faire encore plus. Et donc, c'était génial et c'est génial encore.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    À la base, tu viens d'où ? Tu viens de Bruxelles même ou d'un village ? Non,

  • Speaker #0

    je viens de Jette, donc dans le nord de Bruxelles, comme Salomé au final, c'est comme ça qu'on se connaissait.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #0

    On faisait du théâtre quand on était plus jeunes ensemble.

  • Speaker #2

    Donc tu as toujours eu envie de côté un peu sain, du côté aussi vêtement finalement, parce que dans le théâtre, le costume est très important.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #2

    Ça a été peut-être une première rencontre ?

  • Speaker #0

    Je pense, je pense que c'est le côté aussi d'oser s'assumer. Avec le théâtre, c'est se montrer un peu, incarner des personnages, même si ce n'est pas totalement nous-mêmes. C'est quand même se montrer, être vulnérable sur scène. Se mettre en danger, oui. Oui, et donc je pense que tout ça composait en fait ce vers quoi j'allais. Même les réseaux sociaux, c'est aussi une mise en scène. C'est un jeu d'acteur presque. Et en fait, oui, je pense que la créativité a toujours fait partie de ma vie, que ce soit scénique, que ce soit artistique, on va dire dans la créativité manuelle. Mes parents m'ont toujours beaucoup poussé à ça. À la maison, ça a toujours été très autour du bricolage, d'essayer des choses. Mon papa qui adorait la musique, ma maman qui était très créative.

  • Speaker #2

    Vous avez des métiers créatifs ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Pas spécialement des métiers créatifs, mais des hobbies et des passions quand même créatives. Mon papa adore la musique et tous les soirs, il était dans la cave, dans son studio, à écouter de la musique, à faire des... Des mix et à juste être dans sa passion. Ma maman, elle a toujours touché à tout, que ce soit le dessin, la couture, la céramique maintenant. Donc j'ai eu une famille qui m'a beaucoup poussée à me cultiver de plein de choses et toujours tester de nouvelles choses. Et aussi quand on aime quelque chose, y aller, se donner tous les moyens pour vraiment en profiter.

  • Speaker #2

    C'est rock, s'il le faut.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, totalement. On n'était pas une famille très télé. télé tout le temps, etc. C'est une famille qui bouge beaucoup, qui va avoir des pièces de théâtre, des expositions. Donc ça, j'ai eu de la chance. Je pense que ça m'a beaucoup aidée, même à me mettre dans des stages créatifs. Donc je pense que ça a aussi beaucoup mis sur mon parcours plein d'étapes pour arriver là où j'étais.

  • Speaker #2

    On va revenir maintenant un peu plus loin dans le temps où tu as lancé ta marque. Comment ça se met en place ? Parce que là, on a parlé de comment ça s'est fait finalement pendant le Covid. Mais quand ça devient un métier, c'est tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Ouais. Donc, j'ai eu la chance de me... Donc, j'ai arrêté mon contrat en communication digitale.

  • Speaker #2

    C'était un risque énorme, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai eu assez peur parce que mes parents avaient... Assez peur pour moi, parce que mon frère et mes deux parents sont salariés. Donc pour eux, se lancer, c'était très flou. Pourquoi pas prendre un mi-temps quand même, au cas où ? Donc quand même dans les peurs, j'ai dû quand même aller au-delà de ça, c'était dur. Parce que j'avais déjà des peurs moi-même, donc je devais aller au-delà des peurs de ma famille.

  • Speaker #2

    Quel genre de peur, si c'est pas indiscret ?

  • Speaker #0

    Peur d'échouer, je pense. Peur de manquer financièrement de quoi que ce soit. Peur de se retrouver seule face à soi-même dans un projet, peur de réaliser qu'en fait, c'est pas parce qu'on fait bien quelque chose que ça va d'office marcher aux yeux des autres, que ça va prendre, qu'on va y arriver. Et donc ça a été un peu un beau... c'est une année post-Covid qui a été vraiment charnière dans ma vie où j'ai décidé d'arrêter mon boulot. confortable. Je décide de quitter chez mes parents et d'emménager toute seule parce que je pense que j'ai besoin de ça à ce moment là pour m'envoler concrètement et de me sortir de toutes les peurs et des schémas dans lesquels j'ai peut-être grandi. Et donc je suis rentrée dans un programme d'accompagnement pour les entrepreneurs dont j'avais entendu parler. Une couveuse, c'est ça une couveuse. Et je suis rentrée dans cette couveuse sans trop savoir ce que j'allais faire. J'ai expliqué en fait toute ma... où j'en étais, qu'il y avait l'upcycling, des demandes d'ateliers, des demandes de co-création, j'avais l'influence sur les réseaux sociaux, mais j'avais des notions en communication digitale. Et j'ai eu un rendez-vous avec une personne incroyable qui m'a dit « Ok, tu as une âme d'entrepreneuse, rentre chez nous, on va t'aider à même te définir, définir ce projet dans lequel tu veux te lancer, même si tu ne le sais pas encore. » Et donc grâce à elle, je me suis dit « Ok, j'y vais. » Et donc en fait, pendant plusieurs mois, Une fois par semaine, j'avais des calls avec un groupe, parce que du coup, on était post-Covid, donc on ne pouvait pas se voir.

  • Speaker #2

    Tu étais en visio.

  • Speaker #0

    En visio, pour en fait préparer ce projet, qui était encore très flou, et qui, en deux, trois mois, s'est avéré devenir The Upscycling Lab, qui est du coup ce projet de revalorisation, qui est en fait un peu, à mon image, composé de plusieurs bras, de plusieurs casquettes. Donc il y avait les ateliers que je donne encore une fois par semaine ici.

  • Speaker #2

    Peut-être pour contextualiser, les ateliers c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Donc les ateliers c'est des cours où j'ai cinq élèves et en fonction du thème, on leur apprend à transformer des tissus. Donc la matière première ne sera que des tissus récupérés, des rideaux, des fins de rouleaux, des nappes, enfin tout ce que je trouve quand je chine ou qu'on me donne.

  • Speaker #2

    Pas forcément des tissus qui sont adaptés aux vêtements de plus à bord.

  • Speaker #0

    Non, totalement. Ça peut être des vieux jeans qu'on va transformer en bob. J'ai commencé avec ce levier atelier. Ce que je faisais dans ma chambre quand j'étais en confinement, c'était essayer de le transmettre. On avait différents thèmes, les bobs, des sacs, transformer une chemise en ensemble. Et puis, d'aujourd'hui... On s'est plus affiné sur le gilet sans manche, comme je porte.

  • Speaker #2

    Que tu portes justement, on va en parler après.

  • Speaker #0

    Voilà, donc c'est avec des thèmes. Donc l'idée, c'est un atelier où une personne même qui n'a jamais cousu peut venir faire l'atelier, va transformer un tissu et repartira avec quelque chose qu'elle a fait. L'idée, c'était vraiment d'avoir un seul cours et que la personne puisse, avec ce cours, repartir avec des compétences et une création.

  • Speaker #2

    Sans prérequis.

  • Speaker #0

    Sans prérequis. Puis on a le levier de la co-création, c'est aussi mis dans ce projet parce que j'ai reçu des demandes des petits riens par exemple ou d'un magasin de seconde main pour les aider à revaloriser des stocks d'un vendu. Donc The Upcycling Lab était aussi dans la co-création, donc on co-créait avec des projets. Puis il y a le levier aussi sensibilisation qui était très fort à ce moment-là et qu'il l'est encore parce que les réseaux sociaux sont une sensibilisation. Je vais parfois en entreprise. sur des temps de midi, parler avec des gens autour de la durabilité, en maison de jeûne aussi, en conférence sur des festivals comme la CEMO. Et donc ce projet s'est défini comme ça, petit à petit, par toutes les demandes et on a réussi à en faire quelque chose. Et je pense que la couveuse m'a vraiment aidée à avoir confiance en la vie, en moi, en le projet et en se disant « tu peux créer quelque chose qui te convient » . Parce que j'avais beaucoup de mal à me dire « je ne vais faire que des ateliers » ou « je ne vais faire que des créations » . ou je vais faire quoi de la sensibilisation, j'avais besoin d'un projet un peu hybride. Et donc, grâce à cette couveuse, The Upcycling Lab s'est développée. Et finalement, le levier marque s'est développé plus sur le tard, parce que j'étais plus dans une optique où je co-créais avec des projets. J'ai fait quelques petits marchés de Noël, donc je créais un peu pour des ventes spéciales, mais je n'osais pas encore m'établir comme vraie marque. C'est vraiment venu plus depuis l'année dernière, parce qu'en fait un projet d'entrepreneuriat, ça prend du temps et c'est ok. Et en fait j'ai d'abord développé les ateliers, puis maintenant que les ateliers étaient rodés, il y a eu les co-créations, puis la sensibilisation, et puis maintenant vient ce levier marque qui devient de plus en plus important. Parce que j'ai pris de l'expérience, j'ai pris de l'assurance, j'ai compris ce qui fonctionnait, ce qui ne fonctionnait pas. Et voilà, ce levier de marque est venu maintenant prendre une plus grande place parce que j'adore créer et maintenant je suis confiante de créer pour les gens. Et je pense qu'avant, je préférais leur donner des compétences que des produits. Et maintenant, j'arrive de plus en plus à être dans cette démarche-là. Mais ça a pris du temps et c'est ça aussi que j'ai compris dans l'entrepreneuriat, c'est que tout prend du temps et que là, ça va faire 3-4 ans que j'ai mon projet. Il n'est pas du tout le même que quand je l'ai lancé et à mon avis dans 3-4 ans il ne sera pas du tout le même non plus. Et c'est ça qui est génial, c'est qu'il se compose de plein de choses. Et donc voilà. Raconte, où chaque format donne vie à une histoire.

  • Speaker #1

    On sent que tu as ce besoin de communiquer, tu pourrais juste rester dans ton coin et faire de l'artisanat et ne voir quasiment personne, mais toi tu vas vraiment vers les gens, que ce soit de manière numérique, vers les réseaux sociaux, ou comme tu disais, via des rencontres, des événements, même dans des maisons de jeunes et tout, c'est très important, c'est un trait de ta personnalité en fait.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, créer dans mon coin, entre guillemets, Et juste délivrer un produit que des gens vont mettre, ce n'était pas mon objectif premier et ce n'est pas ce qui me nourrit. Je suis très sociale, je me nourris beaucoup des gens, de mes amis, de l'entourage. C'est déjà un challenge d'avoir un projet seul, mais si en plus je n'ai pas de lien avec les gens, pour moi ça n'aurait vraiment pas de sens. Et je respecte les artisans qui arrivent à rester dans leur atelier et créer et délivrer. Moi j'ai besoin de liens, j'ai besoin d'échanger. J'ai besoin, ok, je suis ok maintenant de vendre un produit, mais j'aime bien aussi passer des compétences pour que les gens continuent de le faire chez eux.

  • Speaker #1

    Tu n'es pas fermée à dire, moi, je détiens de savoir. Toi, tu es vraiment dans le partage à fond.

  • Speaker #0

    Oui, total. Mais c'est ça, parce qu'en fait, j'ai réalisé que, de base, ma mission était vraiment d'aider les gens à s'habiller de manière durable. Et moi, je ne vois pas, pour moi, aider des gens à s'habiller de manière durable, ce n'est pas juste en leur vendant un produit en plus de ce qu'ils ont déjà. C'est en parlant avec eux, en partageant l'expérience, en étant honnête sur moi, mon parcours et aussi en leur passant des compétences comme celle de la couture. Et que je n'avais vraiment pas envie que le projet soit juste une marque, ce qui est déjà énorme pour plein de projets, parce que je sens que j'ai besoin de cet échange, de ce lien, de transmettre des choses qui vont pouvoir se transmettre. Et un produit, ça se transmet, mais c'est un produit. C'est pas une valeur, c'est pas une information et c'est pas une compétence. Et le nombre de gens qui viennent ici apprendre à coudre et qui ont envie d'apprendre à coudre, qui n'osent pas et qui après repartent d'ici avec des compétences, c'est incroyable, ça n'a pas de prix. Parce qu'après, eux vont continuer chez eux, vont pouvoir le transmettre et ça fait perdurer ça. L'idée ici, c'est vraiment d'être quand même de la base, on est quand même dans une valeur de durabilité, d'écologie, de préservation de notre planète. Et du coup, moi, je trouve ça génial que les gens qui repartent de mes ateliers ou de mon compte, parce que je donne des tutoriels sur mon compte, arrivent à revaloriser des choses qu'ils ont chez eux plutôt qu'à aller acheter des nouvelles choses. Et voilà, je pense que c'est aussi avec cette économie de partage qu'on va avancer et j'espère sauver le monde. Mais voilà.

  • Speaker #1

    Participer à son sauvetage, en tout cas.

  • Speaker #0

    En tout cas.

  • Speaker #1

    Tu le disais précédemment, tu es suivi par environ 30 000 personnes, c'est ça, sur les réseaux sociaux, Instagram notamment. Ça c'est fait, tu as très bien expliqué sur le temps et à une période donnée. Est-ce que ça serait possible de le refaire aujourd'hui, en début 2020 ? 2025, selon toi, qui connaît bien les réseaux.

  • Speaker #0

    Que quelqu'un, par exemple, se lance...

  • Speaker #1

    Partir de zéro.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Ça, je suis intimement convaincue.

  • Speaker #1

    Il y a encore de la place.

  • Speaker #0

    Oui, il y a de la place. Et c'est dingue parce que sur les réseaux, tout le monde peut percer, entre guillemets, ou composer, enfin, cultiver une communauté. Ça, je suis intimement convaincue. Il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut... Être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être ok d'être jugé et de s'en foutre. Oui,

  • Speaker #1

    parce qu'on a beaucoup de gens qui ont beaucoup de followers dans Raconte. Parfois, ça se passe mal.

  • Speaker #0

    C'est vrai, moi j'ai énormément de chance, j'ai pas eu une expérience négative.

  • Speaker #1

    Et ton message est très positif aussi.

  • Speaker #0

    Oui, mais dès qu'on parle de durabilité, on peut très vite être la cible de critique parce que les gens se sentent du coup piqués dans leur consommation.

  • Speaker #1

    Qui sait, c'est de nous deux le sont.

  • Speaker #0

    Exactement, et c'est pour ça que j'ai toujours gardé ce ton léger, fun, pas se prendre trop au sérieux, je trouve ça important ça dans la vie. Les gens se prennent trop au sérieux, oublient de rire, oublient de se dire, ils sont en fait là... On a tellement de chance où on en est, on va se calmer. Et oui, pas donner des leçons. C'est vraiment, j'essaie juste de montrer ce que je fais avec humilité, de montrer mes solutions sans pointer du doigt les gens qui ont... Évidemment, je dénonce des choses, mais j'essaie de ne pas pointer du doigt le consommateur parce que le consommateur peut changer les choses, mais est aussi une première victime, comme j'ai été, et qu'on est tous tellement différents de part. nos familles, ce qu'on nous a transmis, mais aussi de par nos... Comment dire ça ?

  • Speaker #1

    D'où on vient, notre sociologie ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Et on n'est pas tous nés à la même enseigne, on n'a pas tous les mêmes chances. Et quand je parle avec des jeunes de Maisons de Jeunes, pour eux, avoir la dernière Nike à la mode ou le dernier pull Lacoste, c'est un moyen de... C'est un sens...

  • Speaker #1

    C'est un marqueur social.

  • Speaker #0

    C'est un marqueur social, c'est pour avoir un sentiment d'appartenance à un groupe. Et qui sommes-nous pour juger ça ? Sachant que eux, c'est souvent des familles où il se passe déjà les vêtements de frères en... frères, entre cousins, donc la seconde main et le fait de reporter des choses qu'on a déjà, est déjà ancrée. Donc comment communiquer avec eux pour avoir du coup ce levier de durabilité, mais d'un autre œil. Donc c'est hyper intéressant de se cultiver en fait de tous ces différents mondes, horizons, mais de ne pas juger et je pense que c'est ça le plus important. Et aussi je m'en fous du regard des gens en fait. Et donc du coup...

  • Speaker #1

    C'est dur de s'en foutre.

  • Speaker #0

    C'est dur et en même temps c'est une protection, ça me permet du coup de faire tout ce que je fais sans me prendre la tête, sans me rendre folle, sans me torturer. Je m'en fous du regard des gens parce que moi depuis que j'ai commencé ça, depuis que je suis devenue on va dire influenceuse, mes amis sont restés les mêmes, ma famille est restée la même. Donc j'ai pas eu de changement où je me disais zut là je prends un mauvais tournant, je suis plus moi-même, je tombe dans des travers. Non j'ai toujours été... entourée pareil avec le même soutien et je suis très ouverte à la critique aussi même si je suis vachement susceptible mais par contre voilà le jugement je m'en fous parce que dans tous les cas tout le monde juge tout le monde tout le temps donc du coup autant s'en foutre le média game changer multiples thématiques

  • Speaker #1

    On peut dire que tu es un pur produit de la génération Z, génération très portée sur l'entrepreneuriat. Quel est ton regard par rapport à la génération Z et les autres ? Est-ce que tu sens de grandes différences avec les interactions que tu as avec, par exemple, je ne sais pas, moi, les millenials, les boomers ou d'autres, ou même les alphas peut-être qui arrivent maintenant ?

  • Speaker #0

    Je ne sens pas vraiment de décalage ou de grand clivage. Mais... Pour notre génération Z, je pense que ce n'est pas simple. Parce que comme tu le dis, je suis vraiment le pur produit de la génération dans l'écologie, l'entrepreneuriat, etc. Mais parfois, c'est une pression sociale, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire en fait, on est un peu une génération start-upper, on doit avoir nos projets, ou alors il faut voyager, il faut s'émanciper, se lancer. Tout le monde n'est pas fait pour se lancer et avoir un projet sur les épaules, et c'est OK.

  • Speaker #1

    C'est une forme de pression.

  • Speaker #0

    C'est une pression sociale parce que ça veut dire « Waouh, t'as réussi, t'as ton projet. » Ben non, et puis peut-être que si j'ai ce projet-là encore cinq ans, et après je prends un travail et dans un projet qui existe déjà, il n'y a aucun souci. Mais c'est quand même un critère social qui devient, je trouve, pas toujours facile à porter quand on est dedans ou quand on n'est pas dedans. Donc c'est marrant un peu, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire « Voilà, c'est à la mode de se lancer. » Mais en fait, c'est pas pour tout le monde, ça convient pas à tout le monde. Et peut-être que moi, à un moment, ça me conviendra plus non plus. Mais par contre, je pense que les générations plus jeunes voient ça, sont fort influencées par ça. Et nous, je pense qu'on est encore dans la génération recul, parce qu'on a grandi sans les réseaux. Ils sont arrivés plus tard. Et je pense que ce n'est pas facile pour eux, parce que notamment les jeunes avec qui je parle en maison de jeunes, qui du coup sont les jeunes avec qui j'ai le plus de contacts, sont des jeunes qui se sont baignés dans la génération d'influenceurs, que c'est ça, réussir sa vie, aller à Dubaï. pour ne pas payer ses impôts et vivre la fast life. Et c'est ça qui me fait parfois un peu peur. J'utilise ce levier des réseaux sociaux pour parler aux jeunes, parce qu'ils disent, un, elle a plein d'abonnés sur les réseaux sociaux, c'est stylé, donc au moins ça fait un point d'accroche. Mais j'essaye de leur montrer que ce n'est pas un travail pour tout le monde, ce n'est pas une fin en soi, et que la réussite sur les réseaux sociaux n'a rien à voir avec le bonheur. Et ça qui est un peu effrayant, c'est qu'eux grandissent là-dedans et se disent « Bah oui, en fait, moi plus tard, moi je veux être influenceur. »

  • Speaker #1

    Ils prennent tout pour un agent content alors que c'est fake. C'est énormément... C'est fake ! Peut-être pour deux ou trois, mais la majorité c'est fake.

  • Speaker #0

    C'est fake et aussi je leur dis « Pourquoi tu veux être influenceur ? » Comme ça je gagne de l'argent, on m'envoie des messages et je suis connue et tout. Je me dis « Mais pour être influenceur, c'est chouette d'avoir un projet, d'avoir quelque chose. Pourquoi les gens te suivraient ? Qu'est-ce qui peut te différencier ? » ou qu'est-ce qui va faire qu'on a envie de t'écouter. Et j'essayais de leur faire avoir un peu ce chiffre, de se dire, ok, tu veux être influenceur, pourquoi ? Qu'est-ce que tu veux partager au monde, au lieu de juste vivre ta vie sur des gros bateaux, etc. Et donc, c'est essayer de se dire, en fait, oui, influenceur, pourquoi pas ? Je le suis, donc je ne vais pas me jeter la pierre à ce monde-là. Pourquoi ? Quel message tu veux véhiculer ? Quelles valeurs tu veux transmettre ? Et c'est en ayant des valeurs, un message ou une façon de voir la vie différente ou innovante ou dire tout haut ce qu'on pense tout bas, que ça peut marcher. Mais pas... En fait, j'essaie de vraiment revenir à la source de... En tout cas, moi, comment le projet a fonctionné. C'est parce que j'ai écouté mon rêve et que j'ai commencé à faire des choses concrètes.

  • Speaker #1

    Sincère aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On en parlait un peu en trame de l'argent ici, de ces influenceurs. Comment toi, tu gagnes ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est vraiment comme si j'avais deux mi-temps. J'ai mon mi-temps influenceuse et mon mi-temps The Upcycling Lab où j'ai les ateliers, les ventes, la sensibilisation. Donc dans ma semaine, c'est un peu moitié-moitié. Après, ce qui est génial, c'est que grâce au projet, j'ai des collabs sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Ce sont des marques. Des institutions qui viennent vers toi pour des postes sponsorisés ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, ce sont comme des campagnes publicitaires. Après, moi, je suis très exigeante sur les marques.

  • Speaker #1

    Tout le monde ne peut pas venir te trouver ?

  • Speaker #0

    Non. Je suis dans une agence maintenant qui m'aide à gérer ça parce qu'en fait, j'ai envie d'avoir du temps pour mon projet textile. Donc, l'agence, elle va filtrer les choix de collaboration, me les proposer et en fait, faire tout le travail qu'avant, je n'avais plus le temps de faire. La négociation, vérifier des contrats, la facturation, en fait, chose que je ne maîtrisais pas bien. Et il va me proposer des collaborations qui ne sont qu'en valeur avec ce que je veux. Donc aujourd'hui, je suis hyper fière de me dire qu'en fait, je travaille avec très peu finalement de marques. Je mets peu en avant des produits. Je suis un vecteur pour toucher une cible peut-être plus jeune autour de problématiques comme par exemple, enfin de problématiques ou de sujets tout simplement. Là par exemple, pour la fin d'année, je travaille avec... Je travaille sur une campagne autour de l'artisanat bruxellois. Je suis sur deux campagnes, une avec Hub Brussels, qui est un levier d'entrepreneuriat bruxellois, et Artisans Bruxelles, lesartisans.be et Local Guide. Ce sont tous des leviers que la ville active pour faire vivre l'artisanat et les commerces bruxellois. C'est génial, mon compte permet de mettre en avant l'artisanat bruxellois. Chose que j'essaye aussi de mettre en avant dans mon projet, donc en fait je me dis mais c'est génial, enfin je suis comme un vecteur, un média dans une campagne publicitaire. Et je peux, avec mes propres mots et mon propre style, communiquer aux gens qui me suivent ce qui se passe, comment faire des cadeaux de Noël plus durables, comment soutenir des artisans, pourquoi faire des ateliers chez des artisans, aller à la rencontre. Je travaille aussi avec la Croix Rouge notamment, je suis ambassadrice pour eux, Oxfam. Également les vestiboutiques de la Croix-Rouge et les boutiques seconde-main d'Oxfam. J'y travaille avec les Petits Riens. Donc en fait, c'est génial.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plusieurs fois que tu en parles, mais je rebondis là-dessus. Les Petits Riens. Oui. C'est horrible, toi qui as fait de la communication, enfin qui étudies la communication, appeler une entreprise comme ça, c'est déjà se tirer une balle dans le pied. Parce qu'à l'époque, ces petits riens et cette image de gens, t'allais aux petits riens, c'est parce que tu ne pouvais pas aller ailleurs, financièrement parlant. Et toi, par ton travail, tu changes un peu cette image-là, où on en fait un truc à la mode, sympa.

  • Speaker #0

    C'est ça. En fait, l'idée que ce soit pour les petits riens, les vestiboutiques de la Croix-Rouge, ou les magasins de Oxfam seconde main. Ce sont en fait trois projets qui se font vraiment écho parce qu'on achète de la seconde main, mais pour soutenir une ASBL derrière qui fait travailler, qui met en œuvre de la réinsertion sociale. Donc, c'est génial. Et en fait, l'idée, c'est de vraiment casser les idées reçues, de se dire, parce que si j'ai des questions parfois, de mettre les petits riens, c'est pour les gens qui n'ont pas de sous. Donc, si tu vas là-bas, tu voles un peu les vêtements pour ces gens-là. Donc déjà casser cette image là que non en fait. En allant dans des vestiboutiques, les petits riens chez Oxfam, on soutient une ASBL qui a besoin de fonds pour pouvoir faire de la réinsertion sociale et financer leurs autres missions. On montre, en fait j'adore montrer l'année passée pour Noël, j'ai dû faire des looks de fête chez Oxfam. C'est génial, je montrais ce que j'avais trouvé chez Oxfam avec des pièces vraiment qu'on n'aurait jamais pu dire ou croix rouge. Et je montrais comment faire des looks avec des pièces comme ça. certes pas cher, mais surtout de seconde main et qui finançait derrière une ASBL. Donc c'est vraiment venir casser ces idées reçues, aller à la rencontre de projets différents qu'on ne voit pas toujours dans l'influence. C'est peut-être moins glamour, c'est moins luxuriant, mais en fait ça a tellement plus de sens.

  • Speaker #1

    Toujours en parlant d'argent, est-ce que selon toi il faudrait une taxe sur le fast fashion ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ce qu'ils essaient de mettre en place, mais oui. Parce que c'est pas normal qu'une artisane bruxelloise qui fait des vêtements, parce que j'ai eu plein de copines là-dedans, qui fasse des vêtements payent les mêmes taxes qu'un vêtement fait à l'autre bout du monde, dans des conditions horribles, avec un impact horrible, et fait dans des conditions horribles, qu'on paye les mêmes taxes, voire plus. Ça n'a aucun sens. Chaque pays devrait pouvoir soutenir leur propre artisan. et cautionner et taxer beaucoup plus des produits qui viennent de beaucoup plus loin, d'entreprises multimillionnaires qui ont totalement l'argent de faire les choses différemment, qui ont juste un business model qui est impensable dans la durabilité.

  • Speaker #1

    Et à contrario, est-ce qu'il faudrait en mettre une sur le luxe, les vêtements de luxe ?

  • Speaker #0

    Je pense aussi. Après, ce qui est un peu compliqué, je trouve, avec le luxe, c'est qu'on a le luxe qui est un vrai luxe parce qu'on a derrière des... Un savoir-faire qui est inestimable, etc. Mais en fait, maintenant, on a un luxe où des sacs Yves Saint Laurent, ils sont aussi faits en Chine. Donc, au final, maintenant, c'est quoi le luxe ? Et donc, c'est ça qui est un peu particulier et paradoxal. Hier, je suis passée devant chez Prada. Je n'avais jamais fait ça. J'ai regardé le prix d'une veste en vitrine, 2950 euros. J'étais là, ah quoi ? Elle est faite à Bruxelles, dans l'atelier juste au-dessus, avec des tissus de luxe. Enfin, non, j'imagine que non. Donc oui, évidemment aussi taxer le luxe, mais aussi c'est quoi, quel luxe finalement ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as déjà eu, comment dire, une espèce de syndrome de l'imposteur ? Parce que tu disais, tu as voulu faire des études de mode à Cambres ou autre chose, tu n'as pas fait. Et quand tu es arrivé dans le vêtement, tu t'es dit... Tu as trouvé assez vite ta place ? Comment ça s'est mis en place ?

  • Speaker #0

    J'avais un énorme syndrome de l'imposteur et je l'ai encore tous les jours. Je pense à un peu la bête noire de l'entrepreneur ou de l'artisan. Et je pense même que c'est encore plus fort chez la femme. Oui, ce syndrome est encore là. Et c'est pour ça aussi que j'ai mis du temps à lancer vraiment ma marque, que je co-créais ou que je transmettais des compétences. C'était plus facile que de se positionner en tant que marque. Mais en fait, je pars vraiment du principe qu'on est tous capables de tout faire. Il n'y a pas de limite. Et donc, je me suis un peu décollée de cette peur que je me mettais à moi-même, que personne ne pense au final.

  • Speaker #1

    Comment tu déconnes de ça ?

  • Speaker #0

    C'est dur. C'est de nouveau cette question. Parce qu'au final, le syndrome de l'imposteur vient de la peur d'être jugé, la peur d'être critiqué, la peur de ne pas être très sérieux. Mais en fait, si toi, tu te juges déjà, si tu t'estimes imposteur, pas assez fort, pas assez qualifié. Déjà, soit on commence à se qualifier. Moi, j'ai pris des cours de couture pour vraiment pouvoir aller un step plus loin dans mon expérience. J'ai beaucoup pratiqué. Tous les jours, presque, je couds. Et en fait, à partir d'un moment, j'étais là, soit tu y vas, soit tu n'y vas pas, mais arrête de te poser mille questions. Et en fait, moi, c'est ça qui m'a sortie de ce syndrome de l'imposteur où j'ai mis des mois à faire un site Internet. J'ai un site internet, mais de faire un e-shop, je n'y arrivais pas. Je me disais comment je vais me positionner comme marque aux yeux de tous. Parce que c'était facile de vendre en pop-up à des petits marchés de Noël, ce n'était pas trop vu. Mais être en tant que marque qui vend en ligne, c'est assurer et assumer. Et en fait, je me suis fait suivre par un deuxième programme d'entrepreneuriat que j'ai pris, qui était entrepreneuriat féminin. Et j'ai eu un workshop qui m'a beaucoup parlé autour des objectifs et des OKR, donc Objective Key Results. Et en fait, je suis sortie de ce... de ce workshop en disant « Ok, en fait, semaine prochaine, je fais mon site et j'arrête de me poser trop de questions. » Et moi, c'est vraiment ça qui me paralyse et qui, je pense, paralyse énormément de gens. C'est la remise en question permanente qui, en fait, nous paralyse et nous empêche de faire. En fait, je me suis dit « Tu sais quoi ? On fait. On fait, on va voir. Essaye, fais des tests, vois comment on fait un site. Renseigne-toi. Fais-toi une liste de tout ce qu'il faut faire et arrête de te poser mille questions. Fais-le. Au pire, t'aimes pas, tu le désactiveras. » Et en fait, c'est ça, moi, qui m'aide à chaque fois dès que je suis paralysée, dès que j'ai peur, syndrome de l'imposteur, etc. C'est on se pose pas trop de questions, on y va et au pire, on verra après. Et j'ai jamais eu de moment où je me dis purée, j'aurais pas dû faire ça.

  • Speaker #1

    C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ouais. Pas de regrets ? Vraiment.

  • Speaker #1

    Génial.

  • Speaker #0

    Ouais, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Ça serait quoi la prochaine étape ? Tu as ta marque, tes ateliers ?

  • Speaker #0

    En gros, la prochaine étape... En fait, j'ai déjà fait trois défilés autour de co-créations qu'on faisait avec des projets et on les présentait avec des défilés, c'était génial. Cette année, j'avais décidé de ne pas en faire parce que je me suis dit je vais me focus sur ma marque, arrêter un peu de rigoler là et de se prendre un peu plus au sérieux. Et en fait, ça m'a trop manqué. Donc là, le prochain objectif en mai, c'est de refaire un nouveau défilé à taille plus grande parce qu'en fait, à chaque fois, de nouveau, au syndrome de l'imposteur, je fais des défilés, mais dans des lieux pas énormes. Et en fait, il y a plein de gens qui viennent parce que c'est gratuit et en fait, on s'amuse trop. Et ce sont des amis à moi qui défilent parce que j'ai envie que ce soit des vrais gens, pas des faux gens qui font 1m80. qui pèse pas le poids qu'on pèse toutes, on va dire.

  • Speaker #1

    La fameuse taille mannequin.

  • Speaker #0

    Voilà, la taille mannequin dont je n'ai rien contre, mais c'est pas dans les...

  • Speaker #1

    C'est pas représentatif de tout le monde.

  • Speaker #0

    Voilà. Et moi, j'ai envie de faire une mode qui parle à tout le monde, qui est accessible, qui est portable. Et donc là, en mai 2025, l'objectif, c'est un défilé toute seule, donc pas en co-création avec un projet. Et c'est un défilé autour de tissus que j'adore travailler, c'est à dire la dentelle, le napperon, le drap brodé. Et donc ça, c'est le prochain objectif. Donc j'ai hyper hâte de me remettre dans une dimension plus artistique, moins produit à vendre, moins peut-être marque, mais plus artistique. Parce que je sens qu'il y a encore des consciences à élever et que ce genre d'événements sont très artistiques, mais aussi montrent aux gens ce qu'on peut faire avec des tissus. Et ça aborde le sujet de la question environnementale d'une hyper chouette manière. Donc ça, c'est le prochain objectif.

  • Speaker #1

    En parlant du travail du tissu, on va peut-être en venir à ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il est particulier, ce gilet.

  • Speaker #0

    Oui. Ce gilet, il est vraiment à l'image de ce que j'adore faire. C'est prendre des tissus qui n'ont rien à voir, qui n'ont pas du tout à être cousus ou à être portés, et de les transformer. Donc ça, c'est un...

  • Speaker #1

    C'est un sac de café. Donc pour les gens qui nous écoutent, allez voir un petit peu la vidéo. C'est bien aussi.

  • Speaker #0

    C'est une veste sans manche réalisée à partir de sacs de jute qui contiennent de base du café de la marque de Torrefactor, Torrefactory, qui est une marque belge de torréfaction. Et en fait, ils sont hyper investis dans la durabilité de leur café, de leurs grains, qui font venir de plantations durables où les agriculteurs sont correctement payés, correctement employés, engagés, etc. Et donc j'ai été leur rendre visite, on s'est trop bien entendus, et ils avaient ces sacs, et je leur ai demandé si je pouvais partir avec un sac, parce qu'ils me faisaient trop de l'œil, et que j'avais trop envie de le transformer. Et donc j'ai fait cette petite veste. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    pour le sac, pourquoi faire ? Pour mettre des choses ? Bah non, faire une veste.

  • Speaker #0

    Bah ouais, mais eux, ils étaient trop contents. Et du coup, je leur ai montré en vidéo, parce que leur entreprise, leur usine, elle est près d'Anvers. Donc du coup, voilà, je leur ai montré plutôt en vidéo.

  • Speaker #1

    Et quelle était la réaction ?

  • Speaker #0

    Ils étaient trop contents.

  • Speaker #1

    Ils ne s'attendaient pas à ça ?

  • Speaker #0

    Ben non, ils sont fans et moi j'adore le produit parce qu'en fait il est métable. Il est doublé, il y a des petits boutons. Et pour moi, j'adore utiliser des tissus qui de base, tout le monde me dit « mais tu ne vas pas coudre ça » . Et ça j'adore, et ça c'est mon plus beau challenge.

  • Speaker #1

    C'est attention légère si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Quand des fois j'achète des plaids de crocheté. pour couper dedans et en faire des pièces, les vendeuses elles sont là « Vous n'allez pas couper là-dedans, c'est pas possible de coudre ! » Je suis là « Regardez-moi bien ! » Et je pense que là c'est pour ça que j'ai envie de faire ce nouveau défilé, ce nouveau challenger, utiliser tout ce qui, dans tel, apprend des choses très compliquées à transformer, parce que moi dès que j'ai envie de transformer, j'y arrive et je me dis...

  • Speaker #1

    C'est le challenge technique aussi qui te motive ?

  • Speaker #0

    À fond, parce que du coup à chaque fois j'apprends des nouvelles compétences. Et c'est en faisant que j'apprends les nouvelles compétences. Donc de nouveau, cette idée d'arrêter de trop réfléchir et de faire, parce que moi vraiment, c'est l'essai-erreur qui me fait avancer.

  • Speaker #1

    Quand tu vois toutes ces immenses marques qui ont des moyens de marketing considérables, c'est des groupes mondiaux, ils font un peu ce qu'on appelle du greenwashing, ils vendent plus blanc que blanc, plus vert que vert. Est-ce que ça ne te décourage pas ?

  • Speaker #0

    Ça ne me décourage pas parce que j'ai toujours des gens aux ateliers, des gens qui viennent au pop-up et qui soutiennent le projet. Donc je me dis, ça va, le projet n'est pas en péril. Mais parfois, ça me fait peur parce que je me dis, purée, on est là, on se bat comme on peut dans nos petits ateliers puisqu'on est plein à essayer de faire changer les choses. Je me dis, est-ce qu'à terme, ça va vraiment fonctionner ou est-ce qu'en fait, le monde ne va pas changer ? Donc ça me fait peur, mais par contre, ça ne me décourage pas. Ça va peut-être même plus me driller et me donner envie de mettre les bouchées doubles et de toujours continuer à développer le compte, de toucher encore des gens.

  • Speaker #1

    Un mode combatif en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que ça me drille. plus que ça me décourage. Mais par contre, ça me fait un peu peur. Ça, je ne vais pas mentir, c'est quand même un peu effrayant. Surtout que je vois aussi de plus en plus de marques du rap qui mettent la clé sous la porte, parce qu'en fait, ça n'a pas fonctionné. Et c'est ça qui me fait peur, parce que je me dis, putain, ils peuvent peut-être gagner et on va peut-être perdre, et c'est ça qui fait peur. Et donc je pense que ça c'est important en tant qu'entrepreneur dans la durabilité et la mode actuelle, c'est de toujours quand même remettre notre business en question pour être sûr qu'il puisse perdurer dans le temps et de toujours quand même être à l'écoute de ce que le consommateur final, on va quand même parler en termes comme ça, veut. Parce que c'est super de faire des produits incroyables, j'allais dire incroyaux. horrible. C'est super de faire des produits incroyables qui sont faits à Bruxelles ou dans les ateliers d'autres artisans avec des matières récupérées. Mais si ce n'est pas portable ou trop cher ou pas au goût du jour, si personne n'achète ces produits, le projet ne vivra pas et la mode ne va pas changer. C'est quand même important parce qu'on va pas se leurrer. On doit tous payer notre loyer, notre nourriture et on est quand même dans un système comme ça. Après je pense que de plus en plus, moi en tout cas je le vois avec le projet et c'est comme ça aussi que je m'en sors. Je trouve ça assez génial, ça va de nouveau avec cette économie de partage, les échanges. Où en fait moi je te fais venir à cet atelier là, toi en échange tu me donnes des tissus, tu me fais de la visibilité. Où en fait même ce week-end j'étais à un marché de créateurs, un marché de Noël où je vendais. Il y a une créatrice qui m'a fait une petite œuvre, moi en échange je lui ai donné un de mes produits qu'elle voulait, et en fait on est de plus en plus dans cet échange qu'il y avait au final avant.

  • Speaker #1

    Du troc.

  • Speaker #0

    Du troc. Et ça je trouve ça génial, ça évolue quand même de plus en plus, et c'est chouette de sortir de cette société un peu plus capitaliste, avec le capital, et d'être plus dans ce troc, parce qu'en fait ça marche hyper bien, et donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    En parlant de choses qui peuvent bien marcher, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    Vous pouvez me souhaiter quoi ? Que les ateliers et que le e-shop continuent de fonctionner, comme ça, ça me motive.

  • Speaker #1

    Et de rêves ultimes, de trucs...

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi j'ai un rêve ultime en vrai. Ce serait que Beyoncé porte une de mes créations.

  • Speaker #1

    Eh bien j'espère qu'elle va regarder Raconte, comme ça je serai encore mieux.

  • Speaker #0

    On l'attaquera, on sait jamais.

  • Speaker #1

    On l'attaquera, oui. Bonne idée, on va essayer ça.

  • Speaker #0

    On va essayer.

  • Speaker #1

    Et en parlant de musique, ça serait quoi la bande originale de ta vie ? Si tu devais en trouver une ?

  • Speaker #0

    La bande originale de ma vie. Donc une chanson qui pourrait...

  • Speaker #1

    Présumerait ta vie.

  • Speaker #0

    Oh, ma vie.

  • Speaker #1

    Si ta vie était un film.

  • Speaker #0

    Si ma vie était un film. Il y en a tellement. Il y en a hyper dynamiques. Il y en a des plus mélancoliques. Je vais en prendre une qui, en ce moment, m'accompagne beaucoup dans mon quotidien, on va dire. Et qui me... qui me... Ah j'en ai deux.

  • Speaker #1

    On m'a dit il y a deux, Ada.

  • Speaker #0

    Il y en a une qui est vraiment belle, que j'adore, et j'adore les paroles et la mélodie, c'est Can I Call You Rose ? Et il y en a une qui est beaucoup plus drôle, mais qui m'a beaucoup donné du punch quand j'étais plus jeune, et je pense que je l'écoute encore, elle pourra encore me faire beaucoup rire. C'est Fuck You de CeeLo Green. Elle est hyper joyeuse, et en même temps j'adore, enfin les paroles me font rire aussi, c'est un peu un... ça illustre un peu ce qui se passe avec le projet.

  • Speaker #1

    Et pas se prendre au sérieux finalement d'en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Bien. Écoute, il me reste à te poser la dernière question. On en avait déjà parlé un peu tout à l'heure. Qui voudrais-tu voir, lire, entendre dans Raconte à ta classe ?

  • Speaker #0

    Attends, je réfléchis deux minutes parce que je n'avais pas encore réfléchi à cette question. Et j'ai envie de...

  • Speaker #1

    Qui tu veux mettre un peu madanaise pour répondre à tout un tas de questions ? On est gentils.

  • Speaker #0

    Oui, j'imagine. Non, mais par exemple, qui j'aimerais bien raconte son histoire. Oui. De nouveau, j'en ai deux, mais je peux donner la première.

  • Speaker #1

    Tu peux donner deux ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a Maëté Méus de Balance ton bar, qui est très inspirante.

  • Speaker #1

    Elle est à Bruxelles il y a un an ou deux, suite des affaires.

  • Speaker #0

    Exactement, mais elle va au-delà de ça. Elle est hyper intéressante et j'adorais plus connaître son histoire, puisque je connais ce qu'elle fait. Et son histoire doit être très intéressante. Et sinon, j'ai aussi... Good Morning Law, elle s'appelle sur les réseaux sociaux. Ah oui,

  • Speaker #1

    je ne connais pas.

  • Speaker #0

    Ou Lori Pazienza, si je dis bien son nom de famille, j'ai peur de l'écorcher. Elle, c'est une activiste bruxelloise qui est très inspirante, qui est une vraie activiste en fait, donc très intéressante.

  • Speaker #1

    Activiste dans qu'est-ce ?

  • Speaker #0

    Dans l'écologie, dans la durabilité. Elle travaille beaucoup aussi avec Adélaïde Charlier, qui peut être aussi hyper intéressante à écouter. Trop de femmes !

  • Speaker #1

    C'est déjà fait.

  • Speaker #0

    Ah, voilà !

  • Speaker #1

    C'est pas encore diffusé à l'heure où on enregistre, mais c'est déjà fait. C'était super intéressant. Ah ben trop chouette. Une heure quarante, mais il n'y a pas une minute en trop.

  • Speaker #0

    Ah ben génial. Ben voilà, du coup.

  • Speaker #1

    Et une toute dernière question subsidiaire, tu leur poserais quoi comme question ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'aurais envie de savoir tout leur parcours parce que je le connais moins bien. Je connais surtout leur présent. Et peut-être ce que j'aurais besoin de savoir, c'est qu'est-ce qui les motive à continuer au jour le jour pour les moments où je suis quand même un peu en baisse de motivation ou que j'ai peur.

  • Speaker #1

    Garder le feu sacré.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Et bien sur ce, merci beaucoup, Juliette Bonhomme.

  • Speaker #0

    Merci, Raconte.

  • Speaker #2

    Raconte,

  • Speaker #3

    s'écoute,

  • Speaker #2

    se lit et se requerde. Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte. est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographie. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement à la visibilité de Raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous !

Chapters

  • Introduction à Raconte Media et Juliet Bonhomme

    00:00

  • Présentation de Juliet et de son projet "The Upcycling Lab"

    01:08

  • Contexte et lieu de l'entretien : l'atelier à Bruxelles

    02:04

  • Transition vers l'entrepreneuriat et défis rencontrés

    04:06

  • Le processus créatif et l'importance de l'upcycling

    05:03

  • Développement de la marque et des ateliers

    06:32

  • Réflexions sur la durabilité et l'impact social

    07:59

  • Interaction avec la communauté et retour sur les réseaux sociaux

    09:10

  • Conclusion et aspirations futures de Juliet Bonhomme

    10:00

Description

Quel est le point commun entre un confinement mondial et des vieux tissus ?

Eh bien, c'est Juliet Bonhomme ! Lors du confinement lié à la pandémie de Covid-19, elle s'est découverte une passion pour la couture, une activité qu'elle n'avait presque jamais pratiquée auparavant.
Elle crée alors sa marque "The Upcycling Lab".


Par essais et erreurs, elle réussit à trouver son propre style en utilisant des tissus de récupération, souvent détournés de leur usage initial.
Sa pièce signature ? Des gilets sans manches.


Mais Juliet Bonhomme ne se contente pas de créer des vêtements. Ancienne accro au shopping et à la fast fashion, elle est devenue une femme de conviction, engagée pour l'écologie, sans pour autant sacrifier le style.

D'un vieux dessus de lit, d'une tenture, voire d'un sac en toile de jute, elle transforme tout cela en un vestiaire unique.


Comme beaucoup de membres de la génération Z, Juliet Bonhomme est une touche-à-tout : influenceuse, créatrice, formatrice et entrepreneure.
Dans cette interview, elle revient en détail sur chaque aspect de son parcours et sur la manière dont elle gère ses défis au quotidien.


L'instagram perso de Juliet Bonhomme : https://www.instagram.com/julietbonhomme/

L'instagram de "The Upcycling Lab", la marque de Juliet : https://www.instagram.com/theupcyclinglab_/

Le site web de "The Upcycling Lab" : https://theupcyclinglab.squarespace.com/?fbclid=PAZXh0bgNhZW0CMTEAAabAaDjnAE9hVKqHc7sw2uECyNt690iRaFldt0V6P-wVoFzJQIpZAXAAmRQ_aem_s88C9PZC59FWatdyLqw4aA

Les photos de l'interview sont sur https://www.raconte.media


----

Suivez Raconte.media sur Youtube et découvrez cet interview en vidéo : https://www.youtube.com/@raconte_media?sub_confirmation=1

Notre site web: https://www.raconte.media

Raconte est un média produit par le studio dbcreation, sous la direction d'Anthony Dehez et Michel Bourgeois.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ça, je suis intimement convaincue, il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être OK d'être jugé et de s'en foutre.

  • Speaker #1

    Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voix, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte. est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus. Aux côtés. de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée raconte. Raconte la rencontre.

  • Speaker #2

    Bonjour Juliette Bonhomme. Bonjour. Bienvenue sur Raconte.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    On se voit aujourd'hui un peu à l'invitation d'une personne qui est passée précédemment dans Raconte, Salome de Oise. Pour info, à chaque fois on demande aux personnes à la fin, comme ça tu es déjà prévenu, d'inviter quelqu'un sur Raconte et tu as été entre autres invité par Salome de Oise. Merci à elle. Allez voir l'épisode, on mettra le lien en description. Est-ce que je pourrais te demander qui es-tu ?

  • Speaker #0

    Alors, je m'appelle Juliette Bonhomme, j'ai 29 ans, j'habite à Bruxelles et j'ai un peu de casquette. J'ai ma marque, mon projet, The Upcycling Lab, de revalorisation textile. Et à côté de ça, je suis aussi influenceuse sur les réseaux sociaux autour de la consommation durable. Voilà.

  • Speaker #2

    En résumé, mais parfaitement résumé. Pour contextualiser, parce que raconte, se vit, s'écoute et se regarde, pour les personnes qui ne font que nous écouter, où sommes-nous présentement ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, on est dans mon atelier au Grand Hospice, dans le centre de Bruxelles. Cet atelier n'est pas une situation anodine, c'est un ancien hôpital qui a été réhabilité pour tous les projets à impact. social, culturel, environnemental, positif. Donc on reçoit une pièce qu'on doit un peu retaper et retransformer à notre image.

  • Speaker #2

    C'est un peu une suite logique par rapport à ce que tu fais finalement ?

  • Speaker #0

    Oui, totalement. C'est vraiment refaire du nouveau avec du vieux, revaloriser ce qui est déjà là et lui redonner une deuxième vie finalement.

  • Speaker #2

    Tu le disais à l'instant, tu te considères entre autres comme influenceuse. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? C'est quoi une influenceuse pour toi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, je pense qu'influenceuse, il y a plein de possibilités, de façons d'être influenceuse. En gros, je suis sur les réseaux sociaux et j'essaye d'influencer les gens dans leur consommation. C'est pour ça que je garde ce terme influenceuse. Il y en a qui disent créateur de contenu. C'est aussi une façon de voir les choses. Sur cette plateforme, j'essaye de prendre les codes des influenceurs. de base, et d'adapter ça à un mode de vie plus responsable, plus conscient, plus respectueux de l'homme et de la planète. Donc je n'ai des partenariats qu'avec des projets dans la durabilité à Bruxelles, ou qui lient au social, au culturel, à l'entrepreneuriat. Et l'idée c'est vraiment d'inviter la communauté, donc les gens qui me suivent, à s'habiller durablement, à créer aussi, à prendre les choses en main et oser créer, oser transformer ce qu'ils ont. Et également, il y a le levier entrepreneurial via mon projet, où j'invite vraiment les jeunes et même des gens plus âgés à oser se lancer et croire en leurs rêves et essayer de rendre une idée concrète.

  • Speaker #2

    Tu viens de dire que tu t'es aussi lancée à un moment. Comment ça s'est fait ? Comment tu as franchi le pas ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça a pris du temps. Ce n'était pas du jour au lendemain où je me suis dit, tiens, en fait, je me lance. J'ai toujours su que j'avais envie d'avoir un métier, je pense, à moi. Parce que j'avais du mal à rentrer dans le moule du 9 to 5 au bureau. J'ai du mal à me concentrer longtemps. J'aime bien vraiment faire des choses créatives. Et je ne trouvais pas de métier qui répondait à ça. J'ai quand même travaillé dans la communication suite à mes études. d'abord dans une fondation royale puis dans une ASBL. Donc c'était de la communication avec quand même un objectif social ou environnemental positif. Mais je sentais que j'avais un vrai manque de créativité et de concret parce que la communication du coup digitale que je faisais à ce moment-là était très... digital. Et j'ai commencé pendant le confinement simplement à coudre, à transformer des tissus que j'avais chez moi parce que j'étais déjà dans une démarche zéro déchet, éco-responsable à titre personnel. Et pendant le confinement, il y avait la machine à coudre de ma mère que je n'avais jamais osé toucher. Je pensais que c'était impossible, que c'était beaucoup trop compliqué pour moi. Et en fait, je me suis lancée. Elle m'a montré comment ça fonctionnait. Je l'ai appelée, je pense, 15 fois pour à chaque fois régler des choses que je ne comprenais pas. Et en fait j'ai commencé à créer, j'ai réussi à faire mon premier top à partir d'un drap que j'avais en satin. Et je me suis dit, mais en fait j'y arrive, c'est pas si compliqué de faire des vêtements. Puisque je prenais les vêtements que j'avais dans ma garde-robe, je les retournais, je copiais la forme. Et en fait de là est venu vraiment cet accomplissement de le mode de consommation durable, plus la créativité me donnait ce concept d'upcycling. Donc où j'upcyclais mes vêtements, je les revalorisais ou revalorisais les tissus. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux pour montrer en fait les avant-après des tissus parce que j'avais le temps. J'ai découvert plein de gens du coup pendant le confinement qui faisaient ça aussi en France, en Angleterre, etc. Et en fait ça m'a vraiment animée, je voyais pas les heures passer. Et du coup j'ai continué à partager ça sur les réseaux sociaux et j'ai eu des demandes en fait de magasins pour venir donner des ateliers. Ou une demande de tiens j'ai un magasin de seconde main et j'ai un stock que j'arrive pas à vendre de robes classiques, tu voudrais pas qu'on les transforme ensemble ? Et en fait, petit à petit, je me suis dit, ok, c'est là que je dois aller parce qu'il y a trop de chouettes possibilités, ça m'anime trop. Et je vais arrêter mon travail dans la communication digitale et essayer de me lancer là-dedans. Et j'ai eu de la chance parce qu'à côté de ça, j'avais des chouettes propositions de collaboration sur les réseaux sociaux. Donc j'avais un peu deux mondes. Les réseaux sociaux, ça se développait autour de la durabilité. Et puis à Bruxelles, les ateliers, les co-créations. Et donc je me suis dit, on y va, on essaye. On va se donner une chance de peut-être y arriver, de sortir un peu du moule et de créer son propre moule.

  • Speaker #2

    Tout s'est bien mis en fait de manière assez organique finalement. Oui. Tu es passée d'une période assez sinistre, tu viens de le dire, de Covid, où tout le monde s'ennuyait ou déprimait. Et toi, tu as pris un twist.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré cette période. Moi, j'ai vraiment adoré parce que je suis un être très social de base, donc je bouge beaucoup, je n'aime pas trop rester chez moi.

  • Speaker #2

    Et toi, c'était tout le contraire, tout d'un coup ?

  • Speaker #0

    J'étais forcée et en fait, j'ai adoré ce moment-là parce que j'en ai fait quelque chose qui m'a connectée à mes mains, à mon rêve, je pense. Et donc moi, j'avoue, j'ai adoré ce moment-là. Je créais sans fin, aucune contrainte sociale de devoir sortir voir des gens. Et en fait, ça a totalement débloqué une vraie passion que je n'aurais jamais pris le temps, je pense.

  • Speaker #2

    C'était juste un rêve, un rêve qui était déjà là, présent, bien avant.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, quand j'étais petite, je voulais être styliste, je voulais faire la cambre. J'ai visité cette école après mes études secondaires et je n'ai pas osé en fait, parce qu'à ce moment-là, il n'y avait pas les réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Et tant qu'il y a d'années, pour contextualiser un peu.

  • Speaker #0

    Alors, là, quand j'ai dû choisir mes études, je... Je pense qu'on était en 2013, 2014, donc il y a 10 ans. Et j'ai visité la cambre. Ça m'a fait rêver de voir les ateliers, les tissus, la créativité. Mais on m'a dit, si tu fais la cambre, soit tu deviendras costumière ou habilleuse au théâtre ou dans le cinéma. Mais donc, tu ne vas pas vraiment créer les vêtements dont tu rêves. Soit tu auras la chance d'une personne sur mille qui sera vraiment le créatif qui sortira du lot. Et donc j'ai pris peur, parce que je me suis dit je ne vais pas y arriver, c'est trop compliqué. Et donc j'ai enfermé ce rêve dans un petit tiroir à double tour, j'ai jeté la clé. Et j'ai fait communication à l'IEX, je pense que ça m'a beaucoup aidée finalement. Mais en fait j'ai vraiment mis ce rêve de la créativité sur le côté. Et du coup je suis passée plus dans le mode consommée. Donc j'ai un peu surconsommé la mode que je ne pouvais pas créer. Et donc je suis partie vraiment dans un travers de mes secondaires à mes années aussi à l'IEX. donc à mon autre école, mon université, où en fait je surconsommais la mode et la fast fashion, donc la mode jetable, parce que j'étais étudiante, donc je n'avais pas le budget pour m'acheter des pièces onéreuses, ce qui ne veut pas spécialement dire durables, mais voilà. Et en fait, j'allais tout le temps chez H&M, Zara, des énormes enseignes pour assouvir, je pense, ce besoin d'être connectée à cette mode sans la créer. Et du coup, en fait, j'étais la pire de toutes mes copines. Et dans ma famille, j'étais l'accro au shopping, au solde, au petit prix. Parce que je pense que j'avais ce rêve enfoui qui était en fait frustré. Et la frustration sortait via cette consommation, je pense.

  • Speaker #2

    Ça a bien changé.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais, ouais. Du coup, j'ai pris une grosse claque.

  • Speaker #2

    Comment est arrivée cette claque ?

  • Speaker #0

    Eh bien, dans mon avant-dernière année de l'université, je devais choisir un... Dans ma dernière année d'université, je devais choisir un stage et un sujet de mémoire. Et j'avais déjà commencé à être alerte en termes des co-responsabilités. J'avais arrêté de manger de la viande, j'utilisais une gourde, enfin un peu on va dire des basiques.

  • Speaker #2

    Et tout ça, c'est fait de manière tout à fait naturelle ou dans ta famille, avec d'autres personnes ? Je ne sais pas si tu as des connaissances.

  • Speaker #0

    Oui, en gros, ma mère nous a toujours sensibilisé beaucoup à la nourriture de saison, au gaspillage alimentaire. Elle avait demandé un compost pour Noël, donc j'étais déjà un peu venu là-dedans. Elle avait une sensibilité là. Elle avait une sensibilité. Par contre, j'étais la première de ma famille à vouloir arrêter de manger de la viande. Ça, c'était via des documentaires que j'avais vus.

  • Speaker #2

    Tu t'es embarquée.

  • Speaker #0

    Voilà. Et même un film qui n'est pas un documentaire, mais qui s'appelle Okja. O-O-K-J-A.

  • Speaker #2

    Je vois qu'il y a un personnage...

  • Speaker #0

    Qui est un animal fictif. C'est un animal,

  • Speaker #2

    oui, voilà, tout à fait.

  • Speaker #0

    Il m'a en fait vraiment transpercé le cœur. Et donc là, j'ai décidé de commencer à vraiment prendre des actions. Mais par contre, la mode restait encore, on va dire, ma bête noire. J'arrivais pas à changer. Ouais. Mon addiction, et aussi à ce moment-là, c'était pas si stylé et commun d'aller en friperie, d'acheter sur Vinted, en vide-dressing. Et en fait...

  • Speaker #2

    On était en 2015-2016, si je suis bien les années, plus ou moins.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, plus ou moins. Et en fait... Mais c'est particulier parce que depuis qu'on était petite avec mes copines, dans la cour de récré, on savait très bien que la mode n'était pas faite en respect de l'homme et de la planète. On savait que les baskets Nike étaient faites à l'autre bout du monde, par des gens pas très majeurs, dans des pas très bonnes conditions. Donc, je ne vais pas dire que j'ai eu une claque ou j'ai découvert tout ça. On le savait.

  • Speaker #2

    C'est ça le paradoxe, c'est qu'on le sait. Il y a eu des informations, il y a eu des documents. Quasiment tout le monde le sait, il y a des images de ça. Et on le fait quand même.

  • Speaker #0

    Voilà, et en fait, à ma dernière année à l'IEX, j'avais fait le choix de ne pas prendre publicité, de prendre relation publique, parce que je n'avais pas envie d'être dans un mode où on vend aux gens des choses qu'ils n'ont pas besoin. mais au-delà de ça, d'être plutôt porteur de messages, de valeurs. Donc je me suis dit, là c'est le bon moment pour vraiment commencer à prendre les choses en main. Donc j'ai décidé de choisir un stage dans la mode durable et de faire mon mémoire autour de la durabilité. Et mon stage dans la mode durable s'est annulé parce que la marque dans laquelle je devais faire mon stage a fait faillite, malheureusement. Le monde, je pense, n'était pas encore prêt aux marques durables à ce moment-là.

  • Speaker #2

    C'était le début.

  • Speaker #0

    C'était le début, c'était vraiment très très... C'était vraiment...

  • Speaker #2

    Et on y est.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment une marque pionnière qui malheureusement a dû déposer le bilan. Et du coup, j'ai trouvé un autre stage dans une ASBL qui en fait était un guide en ligne de marques durables dans la nourriture, dans la cosmétique, dans la mode, dans des hôtels, etc. Donc un peu un guide et qui organisait des conférences autour de la durabilité. Et donc j'ai postulé là-dedans et en fait c'est à ce moment-là que j'ai vraiment transformé mes pensées en actions. Je me suis dit « Ok » . Là, on va arrêter d'écrire des articles pour mon stage, pour dire aux gens comment faire les courses zéro déchet, comment acheter seconde main, on va vraiment le faire. Et donc à partir de ce moment-là, j'avais complètement arrêté d'acheter en fast fashion et j'ai vraiment commencé à trouver des solutions pour continuer à être moi-même et renouer cet amour à la mode sans polluer, sans nuire. Et donc à partir de ce moment-là, de ce stage, de cette réalisation de mémoire, etc., j'ai cherché des solutions. Je suis partie en friperie sur Vinted qui venait d'arriver sur le marché en brocante et j'ai commencé à renouer totalement avec ce bonheur de la mode sans culpabiliser. Et j'ai commencé à partager ça sur les réseaux sociaux, avant le cycling, etc. juste pour montrer qu'on peut être stylé sans trop polluer. Et donc je prenais les codes des influenceuses qui se prenaient en photo en rue et je me prenais avec des looks 100% de brocante, acheté à une amie. trouvée sur Vinted. Et je faisais vraiment comme elle, les photos en rue. Et puis, je mettais en description « Ensemble tailleur » trouvé en brocante pour 10 euros. Et en fait, c'est de là que la page a un peu, on va dire, démarré en termes de mode durable. Et puis, c'est en confinement qu'elle a pris vraiment autour de l'upcycling.

  • Speaker #2

    Quel a été l'accueil quand tu as commencé à diffuser ces photos ?

  • Speaker #0

    Hyper bon.

  • Speaker #2

    Tout de suite ?

  • Speaker #0

    Ouais, hyper bon. Les gens adoraient. Les gens étaient hyper réceptifs.

  • Speaker #2

    Quel type de personne ? Est-ce qu'il y a un... personnalité ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'était concrètement des filles de mon âge.

  • Speaker #2

    Autour de la vingtaine.

  • Speaker #0

    Des jeunes filles qui avaient envie de changer, qui avaient envie d'avoir des solutions. Et du coup, je pense que je les ai présentées sur un plateau d'argent et ça leur a énormément parlé. Parce que j'essayais vraiment de ne pas culpabiliser. Je partageais les informations sur ce qui se passait. Voilà. Parce que j'avais été très loin dans cette consommation. néfaste. Mais je montrais vraiment les solutions et l'aspect fun, moderne, chouette où en fait on est stylé et sans culpabiliser. Et en fait, j'ai eu beaucoup de retours très positifs. J'ai eu des articles dans la presse. Et en fait, c'est parce qu'à ce moment-là, l'influence était vraiment... Enfin, les blogueuses étaient vraiment autour de la surconsommation. Et là, je prenais un parti pris totalement différent qui n'avait pas encore été pris à ce moment-là, en tout cas à Bruxelles.

  • Speaker #2

    T'étais pris déjà ailleurs, dans d'autres pays ?

  • Speaker #0

    Genre,

  • Speaker #2

    tu suivais ?

  • Speaker #0

    Pas encore à ce moment-là. J'avais pas encore vu, moi, vraiment d'influenceuses qui m'inspiraient. C'est pour ça que j'ai décidé de prendre ce... Voilà, de vraiment d'aller à contre-courant et de proposer autre chose, mais de prendre tous les codes des blogueuses que je voyais depuis toujours. Mais à ce moment-là, je ne connaissais pas de gens qui faisaient comme moi. Je me suis vraiment trouvée plutôt une communauté au fur et à mesure, en découvrant en fait dans d'autres pays. Et avec l'upcycling, j'ai pu voir de plus en plus de gens qui avaient la même vision que moi. Mais à ce moment-là, non, je me sentais assez seule dans cette démarche. Mais heureusement, ça a trop pris autour de mes copines, puis de la famille de mes copines, puis les amis des amis. Et en fait, ça a pris. Et puis de plus en plus de gens ont commencé aussi à le faire, à s'habiller en seconde main et à partager sur les réseaux sociaux et à vraiment enlever cette image que le seconde main, la durabilité, c'est sale, c'est vieux, c'est pas chouette, c'est pas moderne, c'est has been. Là, c'était totalement un autre parti pris. En fait, non, c'est trop stylé, c'est trop sexy, c'est trop moderne. C'est original aussi parce qu'on trouve des pièces uniques qu'on va venir mettre et qui ne sont pas par milliers vendues chez Zara et que le lendemain... Nos copines peuvent avoir les mêmes. Non, là, on prend des pièces aussi qui nous ont parlé, pas via une campagne de marketing en magasin ou un stand bien arrangé. Non, parce que ça nous a parlé nous-mêmes.

  • Speaker #2

    Est-ce que c'est dur d'avoir cette singularité ?

  • Speaker #0

    Non, non, je ne dirais pas. Au début, c'était dur parce que je me suis beaucoup cherchée professionnellement et que j'ai dû un peu sortir d'un moule dans lequel mon environnement était, mes copines, ma famille. Mais maintenant, non. je me sens hyper épaulée parce qu'en fait, grâce aussi aux réseaux sociaux, on voit plein de gens maintenant qui font comme nous. Et donc, ça nous permet d'avoir un lien.

  • Speaker #2

    Ça a été un peu ton moteur, en fait, d'avoir ces retours. Totalement. Des gens, des followers. Oui, totalement. Qui t'ont un peu confirmé, si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Ils m'ont élevée, en fait. Ils m'ont encouragée à continuer à faire encore plus. Et donc, c'était génial et c'est génial encore.

  • Speaker #1

    Raconte la forme avec le fond.

  • Speaker #2

    À la base, tu viens d'où ? Tu viens de Bruxelles même ou d'un village ? Non,

  • Speaker #0

    je viens de Jette, donc dans le nord de Bruxelles, comme Salomé au final, c'est comme ça qu'on se connaissait.

  • Speaker #2

    Ok.

  • Speaker #0

    On faisait du théâtre quand on était plus jeunes ensemble.

  • Speaker #2

    Donc tu as toujours eu envie de côté un peu sain, du côté aussi vêtement finalement, parce que dans le théâtre, le costume est très important.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #2

    Ça a été peut-être une première rencontre ?

  • Speaker #0

    Je pense, je pense que c'est le côté aussi d'oser s'assumer. Avec le théâtre, c'est se montrer un peu, incarner des personnages, même si ce n'est pas totalement nous-mêmes. C'est quand même se montrer, être vulnérable sur scène. Se mettre en danger, oui. Oui, et donc je pense que tout ça composait en fait ce vers quoi j'allais. Même les réseaux sociaux, c'est aussi une mise en scène. C'est un jeu d'acteur presque. Et en fait, oui, je pense que la créativité a toujours fait partie de ma vie, que ce soit scénique, que ce soit artistique, on va dire dans la créativité manuelle. Mes parents m'ont toujours beaucoup poussé à ça. À la maison, ça a toujours été très autour du bricolage, d'essayer des choses. Mon papa qui adorait la musique, ma maman qui était très créative.

  • Speaker #2

    Vous avez des métiers créatifs ou pas du tout ?

  • Speaker #0

    Pas spécialement des métiers créatifs, mais des hobbies et des passions quand même créatives. Mon papa adore la musique et tous les soirs, il était dans la cave, dans son studio, à écouter de la musique, à faire des... Des mix et à juste être dans sa passion. Ma maman, elle a toujours touché à tout, que ce soit le dessin, la couture, la céramique maintenant. Donc j'ai eu une famille qui m'a beaucoup poussée à me cultiver de plein de choses et toujours tester de nouvelles choses. Et aussi quand on aime quelque chose, y aller, se donner tous les moyens pour vraiment en profiter.

  • Speaker #2

    C'est rock, s'il le faut.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, totalement. On n'était pas une famille très télé. télé tout le temps, etc. C'est une famille qui bouge beaucoup, qui va avoir des pièces de théâtre, des expositions. Donc ça, j'ai eu de la chance. Je pense que ça m'a beaucoup aidée, même à me mettre dans des stages créatifs. Donc je pense que ça a aussi beaucoup mis sur mon parcours plein d'étapes pour arriver là où j'étais.

  • Speaker #2

    On va revenir maintenant un peu plus loin dans le temps où tu as lancé ta marque. Comment ça se met en place ? Parce que là, on a parlé de comment ça s'est fait finalement pendant le Covid. Mais quand ça devient un métier, c'est tout à fait autre chose.

  • Speaker #0

    Ouais. Donc, j'ai eu la chance de me... Donc, j'ai arrêté mon contrat en communication digitale.

  • Speaker #2

    C'était un risque énorme, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai eu assez peur parce que mes parents avaient... Assez peur pour moi, parce que mon frère et mes deux parents sont salariés. Donc pour eux, se lancer, c'était très flou. Pourquoi pas prendre un mi-temps quand même, au cas où ? Donc quand même dans les peurs, j'ai dû quand même aller au-delà de ça, c'était dur. Parce que j'avais déjà des peurs moi-même, donc je devais aller au-delà des peurs de ma famille.

  • Speaker #2

    Quel genre de peur, si c'est pas indiscret ?

  • Speaker #0

    Peur d'échouer, je pense. Peur de manquer financièrement de quoi que ce soit. Peur de se retrouver seule face à soi-même dans un projet, peur de réaliser qu'en fait, c'est pas parce qu'on fait bien quelque chose que ça va d'office marcher aux yeux des autres, que ça va prendre, qu'on va y arriver. Et donc ça a été un peu un beau... c'est une année post-Covid qui a été vraiment charnière dans ma vie où j'ai décidé d'arrêter mon boulot. confortable. Je décide de quitter chez mes parents et d'emménager toute seule parce que je pense que j'ai besoin de ça à ce moment là pour m'envoler concrètement et de me sortir de toutes les peurs et des schémas dans lesquels j'ai peut-être grandi. Et donc je suis rentrée dans un programme d'accompagnement pour les entrepreneurs dont j'avais entendu parler. Une couveuse, c'est ça une couveuse. Et je suis rentrée dans cette couveuse sans trop savoir ce que j'allais faire. J'ai expliqué en fait toute ma... où j'en étais, qu'il y avait l'upcycling, des demandes d'ateliers, des demandes de co-création, j'avais l'influence sur les réseaux sociaux, mais j'avais des notions en communication digitale. Et j'ai eu un rendez-vous avec une personne incroyable qui m'a dit « Ok, tu as une âme d'entrepreneuse, rentre chez nous, on va t'aider à même te définir, définir ce projet dans lequel tu veux te lancer, même si tu ne le sais pas encore. » Et donc grâce à elle, je me suis dit « Ok, j'y vais. » Et donc en fait, pendant plusieurs mois, Une fois par semaine, j'avais des calls avec un groupe, parce que du coup, on était post-Covid, donc on ne pouvait pas se voir.

  • Speaker #2

    Tu étais en visio.

  • Speaker #0

    En visio, pour en fait préparer ce projet, qui était encore très flou, et qui, en deux, trois mois, s'est avéré devenir The Upscycling Lab, qui est du coup ce projet de revalorisation, qui est en fait un peu, à mon image, composé de plusieurs bras, de plusieurs casquettes. Donc il y avait les ateliers que je donne encore une fois par semaine ici.

  • Speaker #2

    Peut-être pour contextualiser, les ateliers c'est quoi ?

  • Speaker #0

    Donc les ateliers c'est des cours où j'ai cinq élèves et en fonction du thème, on leur apprend à transformer des tissus. Donc la matière première ne sera que des tissus récupérés, des rideaux, des fins de rouleaux, des nappes, enfin tout ce que je trouve quand je chine ou qu'on me donne.

  • Speaker #2

    Pas forcément des tissus qui sont adaptés aux vêtements de plus à bord.

  • Speaker #0

    Non, totalement. Ça peut être des vieux jeans qu'on va transformer en bob. J'ai commencé avec ce levier atelier. Ce que je faisais dans ma chambre quand j'étais en confinement, c'était essayer de le transmettre. On avait différents thèmes, les bobs, des sacs, transformer une chemise en ensemble. Et puis, d'aujourd'hui... On s'est plus affiné sur le gilet sans manche, comme je porte.

  • Speaker #2

    Que tu portes justement, on va en parler après.

  • Speaker #0

    Voilà, donc c'est avec des thèmes. Donc l'idée, c'est un atelier où une personne même qui n'a jamais cousu peut venir faire l'atelier, va transformer un tissu et repartira avec quelque chose qu'elle a fait. L'idée, c'était vraiment d'avoir un seul cours et que la personne puisse, avec ce cours, repartir avec des compétences et une création.

  • Speaker #2

    Sans prérequis.

  • Speaker #0

    Sans prérequis. Puis on a le levier de la co-création, c'est aussi mis dans ce projet parce que j'ai reçu des demandes des petits riens par exemple ou d'un magasin de seconde main pour les aider à revaloriser des stocks d'un vendu. Donc The Upcycling Lab était aussi dans la co-création, donc on co-créait avec des projets. Puis il y a le levier aussi sensibilisation qui était très fort à ce moment-là et qu'il l'est encore parce que les réseaux sociaux sont une sensibilisation. Je vais parfois en entreprise. sur des temps de midi, parler avec des gens autour de la durabilité, en maison de jeûne aussi, en conférence sur des festivals comme la CEMO. Et donc ce projet s'est défini comme ça, petit à petit, par toutes les demandes et on a réussi à en faire quelque chose. Et je pense que la couveuse m'a vraiment aidée à avoir confiance en la vie, en moi, en le projet et en se disant « tu peux créer quelque chose qui te convient » . Parce que j'avais beaucoup de mal à me dire « je ne vais faire que des ateliers » ou « je ne vais faire que des créations » . ou je vais faire quoi de la sensibilisation, j'avais besoin d'un projet un peu hybride. Et donc, grâce à cette couveuse, The Upcycling Lab s'est développée. Et finalement, le levier marque s'est développé plus sur le tard, parce que j'étais plus dans une optique où je co-créais avec des projets. J'ai fait quelques petits marchés de Noël, donc je créais un peu pour des ventes spéciales, mais je n'osais pas encore m'établir comme vraie marque. C'est vraiment venu plus depuis l'année dernière, parce qu'en fait un projet d'entrepreneuriat, ça prend du temps et c'est ok. Et en fait j'ai d'abord développé les ateliers, puis maintenant que les ateliers étaient rodés, il y a eu les co-créations, puis la sensibilisation, et puis maintenant vient ce levier marque qui devient de plus en plus important. Parce que j'ai pris de l'expérience, j'ai pris de l'assurance, j'ai compris ce qui fonctionnait, ce qui ne fonctionnait pas. Et voilà, ce levier de marque est venu maintenant prendre une plus grande place parce que j'adore créer et maintenant je suis confiante de créer pour les gens. Et je pense qu'avant, je préférais leur donner des compétences que des produits. Et maintenant, j'arrive de plus en plus à être dans cette démarche-là. Mais ça a pris du temps et c'est ça aussi que j'ai compris dans l'entrepreneuriat, c'est que tout prend du temps et que là, ça va faire 3-4 ans que j'ai mon projet. Il n'est pas du tout le même que quand je l'ai lancé et à mon avis dans 3-4 ans il ne sera pas du tout le même non plus. Et c'est ça qui est génial, c'est qu'il se compose de plein de choses. Et donc voilà. Raconte, où chaque format donne vie à une histoire.

  • Speaker #1

    On sent que tu as ce besoin de communiquer, tu pourrais juste rester dans ton coin et faire de l'artisanat et ne voir quasiment personne, mais toi tu vas vraiment vers les gens, que ce soit de manière numérique, vers les réseaux sociaux, ou comme tu disais, via des rencontres, des événements, même dans des maisons de jeunes et tout, c'est très important, c'est un trait de ta personnalité en fait.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, créer dans mon coin, entre guillemets, Et juste délivrer un produit que des gens vont mettre, ce n'était pas mon objectif premier et ce n'est pas ce qui me nourrit. Je suis très sociale, je me nourris beaucoup des gens, de mes amis, de l'entourage. C'est déjà un challenge d'avoir un projet seul, mais si en plus je n'ai pas de lien avec les gens, pour moi ça n'aurait vraiment pas de sens. Et je respecte les artisans qui arrivent à rester dans leur atelier et créer et délivrer. Moi j'ai besoin de liens, j'ai besoin d'échanger. J'ai besoin, ok, je suis ok maintenant de vendre un produit, mais j'aime bien aussi passer des compétences pour que les gens continuent de le faire chez eux.

  • Speaker #1

    Tu n'es pas fermée à dire, moi, je détiens de savoir. Toi, tu es vraiment dans le partage à fond.

  • Speaker #0

    Oui, total. Mais c'est ça, parce qu'en fait, j'ai réalisé que, de base, ma mission était vraiment d'aider les gens à s'habiller de manière durable. Et moi, je ne vois pas, pour moi, aider des gens à s'habiller de manière durable, ce n'est pas juste en leur vendant un produit en plus de ce qu'ils ont déjà. C'est en parlant avec eux, en partageant l'expérience, en étant honnête sur moi, mon parcours et aussi en leur passant des compétences comme celle de la couture. Et que je n'avais vraiment pas envie que le projet soit juste une marque, ce qui est déjà énorme pour plein de projets, parce que je sens que j'ai besoin de cet échange, de ce lien, de transmettre des choses qui vont pouvoir se transmettre. Et un produit, ça se transmet, mais c'est un produit. C'est pas une valeur, c'est pas une information et c'est pas une compétence. Et le nombre de gens qui viennent ici apprendre à coudre et qui ont envie d'apprendre à coudre, qui n'osent pas et qui après repartent d'ici avec des compétences, c'est incroyable, ça n'a pas de prix. Parce qu'après, eux vont continuer chez eux, vont pouvoir le transmettre et ça fait perdurer ça. L'idée ici, c'est vraiment d'être quand même de la base, on est quand même dans une valeur de durabilité, d'écologie, de préservation de notre planète. Et du coup, moi, je trouve ça génial que les gens qui repartent de mes ateliers ou de mon compte, parce que je donne des tutoriels sur mon compte, arrivent à revaloriser des choses qu'ils ont chez eux plutôt qu'à aller acheter des nouvelles choses. Et voilà, je pense que c'est aussi avec cette économie de partage qu'on va avancer et j'espère sauver le monde. Mais voilà.

  • Speaker #1

    Participer à son sauvetage, en tout cas.

  • Speaker #0

    En tout cas.

  • Speaker #1

    Tu le disais précédemment, tu es suivi par environ 30 000 personnes, c'est ça, sur les réseaux sociaux, Instagram notamment. Ça c'est fait, tu as très bien expliqué sur le temps et à une période donnée. Est-ce que ça serait possible de le refaire aujourd'hui, en début 2020 ? 2025, selon toi, qui connaît bien les réseaux.

  • Speaker #0

    Que quelqu'un, par exemple, se lance...

  • Speaker #1

    Partir de zéro.

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Ça, je suis intimement convaincue.

  • Speaker #1

    Il y a encore de la place.

  • Speaker #0

    Oui, il y a de la place. Et c'est dingue parce que sur les réseaux, tout le monde peut percer, entre guillemets, ou composer, enfin, cultiver une communauté. Ça, je suis intimement convaincue. Il y a de la place pour tout le monde. C'est juste qu'il faut... Être assez à l'aise avec une vulnérabilité, une exposition et être ok d'être jugé et de s'en foutre. Oui,

  • Speaker #1

    parce qu'on a beaucoup de gens qui ont beaucoup de followers dans Raconte. Parfois, ça se passe mal.

  • Speaker #0

    C'est vrai, moi j'ai énormément de chance, j'ai pas eu une expérience négative.

  • Speaker #1

    Et ton message est très positif aussi.

  • Speaker #0

    Oui, mais dès qu'on parle de durabilité, on peut très vite être la cible de critique parce que les gens se sentent du coup piqués dans leur consommation.

  • Speaker #1

    Qui sait, c'est de nous deux le sont.

  • Speaker #0

    Exactement, et c'est pour ça que j'ai toujours gardé ce ton léger, fun, pas se prendre trop au sérieux, je trouve ça important ça dans la vie. Les gens se prennent trop au sérieux, oublient de rire, oublient de se dire, ils sont en fait là... On a tellement de chance où on en est, on va se calmer. Et oui, pas donner des leçons. C'est vraiment, j'essaie juste de montrer ce que je fais avec humilité, de montrer mes solutions sans pointer du doigt les gens qui ont... Évidemment, je dénonce des choses, mais j'essaie de ne pas pointer du doigt le consommateur parce que le consommateur peut changer les choses, mais est aussi une première victime, comme j'ai été, et qu'on est tous tellement différents de part. nos familles, ce qu'on nous a transmis, mais aussi de par nos... Comment dire ça ?

  • Speaker #1

    D'où on vient, notre sociologie ?

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. Et on n'est pas tous nés à la même enseigne, on n'a pas tous les mêmes chances. Et quand je parle avec des jeunes de Maisons de Jeunes, pour eux, avoir la dernière Nike à la mode ou le dernier pull Lacoste, c'est un moyen de... C'est un sens...

  • Speaker #1

    C'est un marqueur social.

  • Speaker #0

    C'est un marqueur social, c'est pour avoir un sentiment d'appartenance à un groupe. Et qui sommes-nous pour juger ça ? Sachant que eux, c'est souvent des familles où il se passe déjà les vêtements de frères en... frères, entre cousins, donc la seconde main et le fait de reporter des choses qu'on a déjà, est déjà ancrée. Donc comment communiquer avec eux pour avoir du coup ce levier de durabilité, mais d'un autre œil. Donc c'est hyper intéressant de se cultiver en fait de tous ces différents mondes, horizons, mais de ne pas juger et je pense que c'est ça le plus important. Et aussi je m'en fous du regard des gens en fait. Et donc du coup...

  • Speaker #1

    C'est dur de s'en foutre.

  • Speaker #0

    C'est dur et en même temps c'est une protection, ça me permet du coup de faire tout ce que je fais sans me prendre la tête, sans me rendre folle, sans me torturer. Je m'en fous du regard des gens parce que moi depuis que j'ai commencé ça, depuis que je suis devenue on va dire influenceuse, mes amis sont restés les mêmes, ma famille est restée la même. Donc j'ai pas eu de changement où je me disais zut là je prends un mauvais tournant, je suis plus moi-même, je tombe dans des travers. Non j'ai toujours été... entourée pareil avec le même soutien et je suis très ouverte à la critique aussi même si je suis vachement susceptible mais par contre voilà le jugement je m'en fous parce que dans tous les cas tout le monde juge tout le monde tout le temps donc du coup autant s'en foutre le média game changer multiples thématiques

  • Speaker #1

    On peut dire que tu es un pur produit de la génération Z, génération très portée sur l'entrepreneuriat. Quel est ton regard par rapport à la génération Z et les autres ? Est-ce que tu sens de grandes différences avec les interactions que tu as avec, par exemple, je ne sais pas, moi, les millenials, les boomers ou d'autres, ou même les alphas peut-être qui arrivent maintenant ?

  • Speaker #0

    Je ne sens pas vraiment de décalage ou de grand clivage. Mais... Pour notre génération Z, je pense que ce n'est pas simple. Parce que comme tu le dis, je suis vraiment le pur produit de la génération dans l'écologie, l'entrepreneuriat, etc. Mais parfois, c'est une pression sociale, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire en fait, on est un peu une génération start-upper, on doit avoir nos projets, ou alors il faut voyager, il faut s'émanciper, se lancer. Tout le monde n'est pas fait pour se lancer et avoir un projet sur les épaules, et c'est OK.

  • Speaker #1

    C'est une forme de pression.

  • Speaker #0

    C'est une pression sociale parce que ça veut dire « Waouh, t'as réussi, t'as ton projet. » Ben non, et puis peut-être que si j'ai ce projet-là encore cinq ans, et après je prends un travail et dans un projet qui existe déjà, il n'y a aucun souci. Mais c'est quand même un critère social qui devient, je trouve, pas toujours facile à porter quand on est dedans ou quand on n'est pas dedans. Donc c'est marrant un peu, on en parle beaucoup avec mes amis, de se dire « Voilà, c'est à la mode de se lancer. » Mais en fait, c'est pas pour tout le monde, ça convient pas à tout le monde. Et peut-être que moi, à un moment, ça me conviendra plus non plus. Mais par contre, je pense que les générations plus jeunes voient ça, sont fort influencées par ça. Et nous, je pense qu'on est encore dans la génération recul, parce qu'on a grandi sans les réseaux. Ils sont arrivés plus tard. Et je pense que ce n'est pas facile pour eux, parce que notamment les jeunes avec qui je parle en maison de jeunes, qui du coup sont les jeunes avec qui j'ai le plus de contacts, sont des jeunes qui se sont baignés dans la génération d'influenceurs, que c'est ça, réussir sa vie, aller à Dubaï. pour ne pas payer ses impôts et vivre la fast life. Et c'est ça qui me fait parfois un peu peur. J'utilise ce levier des réseaux sociaux pour parler aux jeunes, parce qu'ils disent, un, elle a plein d'abonnés sur les réseaux sociaux, c'est stylé, donc au moins ça fait un point d'accroche. Mais j'essaye de leur montrer que ce n'est pas un travail pour tout le monde, ce n'est pas une fin en soi, et que la réussite sur les réseaux sociaux n'a rien à voir avec le bonheur. Et ça qui est un peu effrayant, c'est qu'eux grandissent là-dedans et se disent « Bah oui, en fait, moi plus tard, moi je veux être influenceur. »

  • Speaker #1

    Ils prennent tout pour un agent content alors que c'est fake. C'est énormément... C'est fake ! Peut-être pour deux ou trois, mais la majorité c'est fake.

  • Speaker #0

    C'est fake et aussi je leur dis « Pourquoi tu veux être influenceur ? » Comme ça je gagne de l'argent, on m'envoie des messages et je suis connue et tout. Je me dis « Mais pour être influenceur, c'est chouette d'avoir un projet, d'avoir quelque chose. Pourquoi les gens te suivraient ? Qu'est-ce qui peut te différencier ? » ou qu'est-ce qui va faire qu'on a envie de t'écouter. Et j'essayais de leur faire avoir un peu ce chiffre, de se dire, ok, tu veux être influenceur, pourquoi ? Qu'est-ce que tu veux partager au monde, au lieu de juste vivre ta vie sur des gros bateaux, etc. Et donc, c'est essayer de se dire, en fait, oui, influenceur, pourquoi pas ? Je le suis, donc je ne vais pas me jeter la pierre à ce monde-là. Pourquoi ? Quel message tu veux véhiculer ? Quelles valeurs tu veux transmettre ? Et c'est en ayant des valeurs, un message ou une façon de voir la vie différente ou innovante ou dire tout haut ce qu'on pense tout bas, que ça peut marcher. Mais pas... En fait, j'essaie de vraiment revenir à la source de... En tout cas, moi, comment le projet a fonctionné. C'est parce que j'ai écouté mon rêve et que j'ai commencé à faire des choses concrètes.

  • Speaker #1

    Sincère aussi.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est vrai.

  • Speaker #1

    On en parlait un peu en trame de l'argent ici, de ces influenceurs. Comment toi, tu gagnes ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est vraiment comme si j'avais deux mi-temps. J'ai mon mi-temps influenceuse et mon mi-temps The Upcycling Lab où j'ai les ateliers, les ventes, la sensibilisation. Donc dans ma semaine, c'est un peu moitié-moitié. Après, ce qui est génial, c'est que grâce au projet, j'ai des collabs sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    Ce sont des marques. Des institutions qui viennent vers toi pour des postes sponsorisés ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, ce sont comme des campagnes publicitaires. Après, moi, je suis très exigeante sur les marques.

  • Speaker #1

    Tout le monde ne peut pas venir te trouver ?

  • Speaker #0

    Non. Je suis dans une agence maintenant qui m'aide à gérer ça parce qu'en fait, j'ai envie d'avoir du temps pour mon projet textile. Donc, l'agence, elle va filtrer les choix de collaboration, me les proposer et en fait, faire tout le travail qu'avant, je n'avais plus le temps de faire. La négociation, vérifier des contrats, la facturation, en fait, chose que je ne maîtrisais pas bien. Et il va me proposer des collaborations qui ne sont qu'en valeur avec ce que je veux. Donc aujourd'hui, je suis hyper fière de me dire qu'en fait, je travaille avec très peu finalement de marques. Je mets peu en avant des produits. Je suis un vecteur pour toucher une cible peut-être plus jeune autour de problématiques comme par exemple, enfin de problématiques ou de sujets tout simplement. Là par exemple, pour la fin d'année, je travaille avec... Je travaille sur une campagne autour de l'artisanat bruxellois. Je suis sur deux campagnes, une avec Hub Brussels, qui est un levier d'entrepreneuriat bruxellois, et Artisans Bruxelles, lesartisans.be et Local Guide. Ce sont tous des leviers que la ville active pour faire vivre l'artisanat et les commerces bruxellois. C'est génial, mon compte permet de mettre en avant l'artisanat bruxellois. Chose que j'essaye aussi de mettre en avant dans mon projet, donc en fait je me dis mais c'est génial, enfin je suis comme un vecteur, un média dans une campagne publicitaire. Et je peux, avec mes propres mots et mon propre style, communiquer aux gens qui me suivent ce qui se passe, comment faire des cadeaux de Noël plus durables, comment soutenir des artisans, pourquoi faire des ateliers chez des artisans, aller à la rencontre. Je travaille aussi avec la Croix Rouge notamment, je suis ambassadrice pour eux, Oxfam. Également les vestiboutiques de la Croix-Rouge et les boutiques seconde-main d'Oxfam. J'y travaille avec les Petits Riens. Donc en fait, c'est génial.

  • Speaker #1

    Parce que c'est plusieurs fois que tu en parles, mais je rebondis là-dessus. Les Petits Riens. Oui. C'est horrible, toi qui as fait de la communication, enfin qui étudies la communication, appeler une entreprise comme ça, c'est déjà se tirer une balle dans le pied. Parce qu'à l'époque, ces petits riens et cette image de gens, t'allais aux petits riens, c'est parce que tu ne pouvais pas aller ailleurs, financièrement parlant. Et toi, par ton travail, tu changes un peu cette image-là, où on en fait un truc à la mode, sympa.

  • Speaker #0

    C'est ça. En fait, l'idée que ce soit pour les petits riens, les vestiboutiques de la Croix-Rouge, ou les magasins de Oxfam seconde main. Ce sont en fait trois projets qui se font vraiment écho parce qu'on achète de la seconde main, mais pour soutenir une ASBL derrière qui fait travailler, qui met en œuvre de la réinsertion sociale. Donc, c'est génial. Et en fait, l'idée, c'est de vraiment casser les idées reçues, de se dire, parce que si j'ai des questions parfois, de mettre les petits riens, c'est pour les gens qui n'ont pas de sous. Donc, si tu vas là-bas, tu voles un peu les vêtements pour ces gens-là. Donc déjà casser cette image là que non en fait. En allant dans des vestiboutiques, les petits riens chez Oxfam, on soutient une ASBL qui a besoin de fonds pour pouvoir faire de la réinsertion sociale et financer leurs autres missions. On montre, en fait j'adore montrer l'année passée pour Noël, j'ai dû faire des looks de fête chez Oxfam. C'est génial, je montrais ce que j'avais trouvé chez Oxfam avec des pièces vraiment qu'on n'aurait jamais pu dire ou croix rouge. Et je montrais comment faire des looks avec des pièces comme ça. certes pas cher, mais surtout de seconde main et qui finançait derrière une ASBL. Donc c'est vraiment venir casser ces idées reçues, aller à la rencontre de projets différents qu'on ne voit pas toujours dans l'influence. C'est peut-être moins glamour, c'est moins luxuriant, mais en fait ça a tellement plus de sens.

  • Speaker #1

    Toujours en parlant d'argent, est-ce que selon toi il faudrait une taxe sur le fast fashion ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ce qu'ils essaient de mettre en place, mais oui. Parce que c'est pas normal qu'une artisane bruxelloise qui fait des vêtements, parce que j'ai eu plein de copines là-dedans, qui fasse des vêtements payent les mêmes taxes qu'un vêtement fait à l'autre bout du monde, dans des conditions horribles, avec un impact horrible, et fait dans des conditions horribles, qu'on paye les mêmes taxes, voire plus. Ça n'a aucun sens. Chaque pays devrait pouvoir soutenir leur propre artisan. et cautionner et taxer beaucoup plus des produits qui viennent de beaucoup plus loin, d'entreprises multimillionnaires qui ont totalement l'argent de faire les choses différemment, qui ont juste un business model qui est impensable dans la durabilité.

  • Speaker #1

    Et à contrario, est-ce qu'il faudrait en mettre une sur le luxe, les vêtements de luxe ?

  • Speaker #0

    Je pense aussi. Après, ce qui est un peu compliqué, je trouve, avec le luxe, c'est qu'on a le luxe qui est un vrai luxe parce qu'on a derrière des... Un savoir-faire qui est inestimable, etc. Mais en fait, maintenant, on a un luxe où des sacs Yves Saint Laurent, ils sont aussi faits en Chine. Donc, au final, maintenant, c'est quoi le luxe ? Et donc, c'est ça qui est un peu particulier et paradoxal. Hier, je suis passée devant chez Prada. Je n'avais jamais fait ça. J'ai regardé le prix d'une veste en vitrine, 2950 euros. J'étais là, ah quoi ? Elle est faite à Bruxelles, dans l'atelier juste au-dessus, avec des tissus de luxe. Enfin, non, j'imagine que non. Donc oui, évidemment aussi taxer le luxe, mais aussi c'est quoi, quel luxe finalement ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as déjà eu, comment dire, une espèce de syndrome de l'imposteur ? Parce que tu disais, tu as voulu faire des études de mode à Cambres ou autre chose, tu n'as pas fait. Et quand tu es arrivé dans le vêtement, tu t'es dit... Tu as trouvé assez vite ta place ? Comment ça s'est mis en place ?

  • Speaker #0

    J'avais un énorme syndrome de l'imposteur et je l'ai encore tous les jours. Je pense à un peu la bête noire de l'entrepreneur ou de l'artisan. Et je pense même que c'est encore plus fort chez la femme. Oui, ce syndrome est encore là. Et c'est pour ça aussi que j'ai mis du temps à lancer vraiment ma marque, que je co-créais ou que je transmettais des compétences. C'était plus facile que de se positionner en tant que marque. Mais en fait, je pars vraiment du principe qu'on est tous capables de tout faire. Il n'y a pas de limite. Et donc, je me suis un peu décollée de cette peur que je me mettais à moi-même, que personne ne pense au final.

  • Speaker #1

    Comment tu déconnes de ça ?

  • Speaker #0

    C'est dur. C'est de nouveau cette question. Parce qu'au final, le syndrome de l'imposteur vient de la peur d'être jugé, la peur d'être critiqué, la peur de ne pas être très sérieux. Mais en fait, si toi, tu te juges déjà, si tu t'estimes imposteur, pas assez fort, pas assez qualifié. Déjà, soit on commence à se qualifier. Moi, j'ai pris des cours de couture pour vraiment pouvoir aller un step plus loin dans mon expérience. J'ai beaucoup pratiqué. Tous les jours, presque, je couds. Et en fait, à partir d'un moment, j'étais là, soit tu y vas, soit tu n'y vas pas, mais arrête de te poser mille questions. Et en fait, moi, c'est ça qui m'a sortie de ce syndrome de l'imposteur où j'ai mis des mois à faire un site Internet. J'ai un site internet, mais de faire un e-shop, je n'y arrivais pas. Je me disais comment je vais me positionner comme marque aux yeux de tous. Parce que c'était facile de vendre en pop-up à des petits marchés de Noël, ce n'était pas trop vu. Mais être en tant que marque qui vend en ligne, c'est assurer et assumer. Et en fait, je me suis fait suivre par un deuxième programme d'entrepreneuriat que j'ai pris, qui était entrepreneuriat féminin. Et j'ai eu un workshop qui m'a beaucoup parlé autour des objectifs et des OKR, donc Objective Key Results. Et en fait, je suis sortie de ce... de ce workshop en disant « Ok, en fait, semaine prochaine, je fais mon site et j'arrête de me poser trop de questions. » Et moi, c'est vraiment ça qui me paralyse et qui, je pense, paralyse énormément de gens. C'est la remise en question permanente qui, en fait, nous paralyse et nous empêche de faire. En fait, je me suis dit « Tu sais quoi ? On fait. On fait, on va voir. Essaye, fais des tests, vois comment on fait un site. Renseigne-toi. Fais-toi une liste de tout ce qu'il faut faire et arrête de te poser mille questions. Fais-le. Au pire, t'aimes pas, tu le désactiveras. » Et en fait, c'est ça, moi, qui m'aide à chaque fois dès que je suis paralysée, dès que j'ai peur, syndrome de l'imposteur, etc. C'est on se pose pas trop de questions, on y va et au pire, on verra après. Et j'ai jamais eu de moment où je me dis purée, j'aurais pas dû faire ça.

  • Speaker #1

    C'est vrai ?

  • Speaker #0

    Ouais. Pas de regrets ? Vraiment.

  • Speaker #1

    Génial.

  • Speaker #0

    Ouais, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Ça serait quoi la prochaine étape ? Tu as ta marque, tes ateliers ?

  • Speaker #0

    En gros, la prochaine étape... En fait, j'ai déjà fait trois défilés autour de co-créations qu'on faisait avec des projets et on les présentait avec des défilés, c'était génial. Cette année, j'avais décidé de ne pas en faire parce que je me suis dit je vais me focus sur ma marque, arrêter un peu de rigoler là et de se prendre un peu plus au sérieux. Et en fait, ça m'a trop manqué. Donc là, le prochain objectif en mai, c'est de refaire un nouveau défilé à taille plus grande parce qu'en fait, à chaque fois, de nouveau, au syndrome de l'imposteur, je fais des défilés, mais dans des lieux pas énormes. Et en fait, il y a plein de gens qui viennent parce que c'est gratuit et en fait, on s'amuse trop. Et ce sont des amis à moi qui défilent parce que j'ai envie que ce soit des vrais gens, pas des faux gens qui font 1m80. qui pèse pas le poids qu'on pèse toutes, on va dire.

  • Speaker #1

    La fameuse taille mannequin.

  • Speaker #0

    Voilà, la taille mannequin dont je n'ai rien contre, mais c'est pas dans les...

  • Speaker #1

    C'est pas représentatif de tout le monde.

  • Speaker #0

    Voilà. Et moi, j'ai envie de faire une mode qui parle à tout le monde, qui est accessible, qui est portable. Et donc là, en mai 2025, l'objectif, c'est un défilé toute seule, donc pas en co-création avec un projet. Et c'est un défilé autour de tissus que j'adore travailler, c'est à dire la dentelle, le napperon, le drap brodé. Et donc ça, c'est le prochain objectif. Donc j'ai hyper hâte de me remettre dans une dimension plus artistique, moins produit à vendre, moins peut-être marque, mais plus artistique. Parce que je sens qu'il y a encore des consciences à élever et que ce genre d'événements sont très artistiques, mais aussi montrent aux gens ce qu'on peut faire avec des tissus. Et ça aborde le sujet de la question environnementale d'une hyper chouette manière. Donc ça, c'est le prochain objectif.

  • Speaker #1

    En parlant du travail du tissu, on va peut-être en venir à ce que tu portes.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il est particulier, ce gilet.

  • Speaker #0

    Oui. Ce gilet, il est vraiment à l'image de ce que j'adore faire. C'est prendre des tissus qui n'ont rien à voir, qui n'ont pas du tout à être cousus ou à être portés, et de les transformer. Donc ça, c'est un...

  • Speaker #1

    C'est un sac de café. Donc pour les gens qui nous écoutent, allez voir un petit peu la vidéo. C'est bien aussi.

  • Speaker #0

    C'est une veste sans manche réalisée à partir de sacs de jute qui contiennent de base du café de la marque de Torrefactor, Torrefactory, qui est une marque belge de torréfaction. Et en fait, ils sont hyper investis dans la durabilité de leur café, de leurs grains, qui font venir de plantations durables où les agriculteurs sont correctement payés, correctement employés, engagés, etc. Et donc j'ai été leur rendre visite, on s'est trop bien entendus, et ils avaient ces sacs, et je leur ai demandé si je pouvais partir avec un sac, parce qu'ils me faisaient trop de l'œil, et que j'avais trop envie de le transformer. Et donc j'ai fait cette petite veste. Je ne sais pas,

  • Speaker #1

    pour le sac, pourquoi faire ? Pour mettre des choses ? Bah non, faire une veste.

  • Speaker #0

    Bah ouais, mais eux, ils étaient trop contents. Et du coup, je leur ai montré en vidéo, parce que leur entreprise, leur usine, elle est près d'Anvers. Donc du coup, voilà, je leur ai montré plutôt en vidéo.

  • Speaker #1

    Et quelle était la réaction ?

  • Speaker #0

    Ils étaient trop contents.

  • Speaker #1

    Ils ne s'attendaient pas à ça ?

  • Speaker #0

    Ben non, ils sont fans et moi j'adore le produit parce qu'en fait il est métable. Il est doublé, il y a des petits boutons. Et pour moi, j'adore utiliser des tissus qui de base, tout le monde me dit « mais tu ne vas pas coudre ça » . Et ça j'adore, et ça c'est mon plus beau challenge.

  • Speaker #1

    C'est attention légère si je puis dire.

  • Speaker #0

    Totalement. Quand des fois j'achète des plaids de crocheté. pour couper dedans et en faire des pièces, les vendeuses elles sont là « Vous n'allez pas couper là-dedans, c'est pas possible de coudre ! » Je suis là « Regardez-moi bien ! » Et je pense que là c'est pour ça que j'ai envie de faire ce nouveau défilé, ce nouveau challenger, utiliser tout ce qui, dans tel, apprend des choses très compliquées à transformer, parce que moi dès que j'ai envie de transformer, j'y arrive et je me dis...

  • Speaker #1

    C'est le challenge technique aussi qui te motive ?

  • Speaker #0

    À fond, parce que du coup à chaque fois j'apprends des nouvelles compétences. Et c'est en faisant que j'apprends les nouvelles compétences. Donc de nouveau, cette idée d'arrêter de trop réfléchir et de faire, parce que moi vraiment, c'est l'essai-erreur qui me fait avancer.

  • Speaker #1

    Quand tu vois toutes ces immenses marques qui ont des moyens de marketing considérables, c'est des groupes mondiaux, ils font un peu ce qu'on appelle du greenwashing, ils vendent plus blanc que blanc, plus vert que vert. Est-ce que ça ne te décourage pas ?

  • Speaker #0

    Ça ne me décourage pas parce que j'ai toujours des gens aux ateliers, des gens qui viennent au pop-up et qui soutiennent le projet. Donc je me dis, ça va, le projet n'est pas en péril. Mais parfois, ça me fait peur parce que je me dis, purée, on est là, on se bat comme on peut dans nos petits ateliers puisqu'on est plein à essayer de faire changer les choses. Je me dis, est-ce qu'à terme, ça va vraiment fonctionner ou est-ce qu'en fait, le monde ne va pas changer ? Donc ça me fait peur, mais par contre, ça ne me décourage pas. Ça va peut-être même plus me driller et me donner envie de mettre les bouchées doubles et de toujours continuer à développer le compte, de toucher encore des gens.

  • Speaker #1

    Un mode combatif en fait.

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que ça me drille. plus que ça me décourage. Mais par contre, ça me fait un peu peur. Ça, je ne vais pas mentir, c'est quand même un peu effrayant. Surtout que je vois aussi de plus en plus de marques du rap qui mettent la clé sous la porte, parce qu'en fait, ça n'a pas fonctionné. Et c'est ça qui me fait peur, parce que je me dis, putain, ils peuvent peut-être gagner et on va peut-être perdre, et c'est ça qui fait peur. Et donc je pense que ça c'est important en tant qu'entrepreneur dans la durabilité et la mode actuelle, c'est de toujours quand même remettre notre business en question pour être sûr qu'il puisse perdurer dans le temps et de toujours quand même être à l'écoute de ce que le consommateur final, on va quand même parler en termes comme ça, veut. Parce que c'est super de faire des produits incroyables, j'allais dire incroyaux. horrible. C'est super de faire des produits incroyables qui sont faits à Bruxelles ou dans les ateliers d'autres artisans avec des matières récupérées. Mais si ce n'est pas portable ou trop cher ou pas au goût du jour, si personne n'achète ces produits, le projet ne vivra pas et la mode ne va pas changer. C'est quand même important parce qu'on va pas se leurrer. On doit tous payer notre loyer, notre nourriture et on est quand même dans un système comme ça. Après je pense que de plus en plus, moi en tout cas je le vois avec le projet et c'est comme ça aussi que je m'en sors. Je trouve ça assez génial, ça va de nouveau avec cette économie de partage, les échanges. Où en fait moi je te fais venir à cet atelier là, toi en échange tu me donnes des tissus, tu me fais de la visibilité. Où en fait même ce week-end j'étais à un marché de créateurs, un marché de Noël où je vendais. Il y a une créatrice qui m'a fait une petite œuvre, moi en échange je lui ai donné un de mes produits qu'elle voulait, et en fait on est de plus en plus dans cet échange qu'il y avait au final avant.

  • Speaker #1

    Du troc.

  • Speaker #0

    Du troc. Et ça je trouve ça génial, ça évolue quand même de plus en plus, et c'est chouette de sortir de cette société un peu plus capitaliste, avec le capital, et d'être plus dans ce troc, parce qu'en fait ça marche hyper bien, et donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    En parlant de choses qui peuvent bien marcher, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #0

    Vous pouvez me souhaiter quoi ? Que les ateliers et que le e-shop continuent de fonctionner, comme ça, ça me motive.

  • Speaker #1

    Et de rêves ultimes, de trucs...

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi j'ai un rêve ultime en vrai. Ce serait que Beyoncé porte une de mes créations.

  • Speaker #1

    Eh bien j'espère qu'elle va regarder Raconte, comme ça je serai encore mieux.

  • Speaker #0

    On l'attaquera, on sait jamais.

  • Speaker #1

    On l'attaquera, oui. Bonne idée, on va essayer ça.

  • Speaker #0

    On va essayer.

  • Speaker #1

    Et en parlant de musique, ça serait quoi la bande originale de ta vie ? Si tu devais en trouver une ?

  • Speaker #0

    La bande originale de ma vie. Donc une chanson qui pourrait...

  • Speaker #1

    Présumerait ta vie.

  • Speaker #0

    Oh, ma vie.

  • Speaker #1

    Si ta vie était un film.

  • Speaker #0

    Si ma vie était un film. Il y en a tellement. Il y en a hyper dynamiques. Il y en a des plus mélancoliques. Je vais en prendre une qui, en ce moment, m'accompagne beaucoup dans mon quotidien, on va dire. Et qui me... qui me... Ah j'en ai deux.

  • Speaker #1

    On m'a dit il y a deux, Ada.

  • Speaker #0

    Il y en a une qui est vraiment belle, que j'adore, et j'adore les paroles et la mélodie, c'est Can I Call You Rose ? Et il y en a une qui est beaucoup plus drôle, mais qui m'a beaucoup donné du punch quand j'étais plus jeune, et je pense que je l'écoute encore, elle pourra encore me faire beaucoup rire. C'est Fuck You de CeeLo Green. Elle est hyper joyeuse, et en même temps j'adore, enfin les paroles me font rire aussi, c'est un peu un... ça illustre un peu ce qui se passe avec le projet.

  • Speaker #1

    Et pas se prendre au sérieux finalement d'en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Bien. Écoute, il me reste à te poser la dernière question. On en avait déjà parlé un peu tout à l'heure. Qui voudrais-tu voir, lire, entendre dans Raconte à ta classe ?

  • Speaker #0

    Attends, je réfléchis deux minutes parce que je n'avais pas encore réfléchi à cette question. Et j'ai envie de...

  • Speaker #1

    Qui tu veux mettre un peu madanaise pour répondre à tout un tas de questions ? On est gentils.

  • Speaker #0

    Oui, j'imagine. Non, mais par exemple, qui j'aimerais bien raconte son histoire. Oui. De nouveau, j'en ai deux, mais je peux donner la première.

  • Speaker #1

    Tu peux donner deux ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a Maëté Méus de Balance ton bar, qui est très inspirante.

  • Speaker #1

    Elle est à Bruxelles il y a un an ou deux, suite des affaires.

  • Speaker #0

    Exactement, mais elle va au-delà de ça. Elle est hyper intéressante et j'adorais plus connaître son histoire, puisque je connais ce qu'elle fait. Et son histoire doit être très intéressante. Et sinon, j'ai aussi... Good Morning Law, elle s'appelle sur les réseaux sociaux. Ah oui,

  • Speaker #1

    je ne connais pas.

  • Speaker #0

    Ou Lori Pazienza, si je dis bien son nom de famille, j'ai peur de l'écorcher. Elle, c'est une activiste bruxelloise qui est très inspirante, qui est une vraie activiste en fait, donc très intéressante.

  • Speaker #1

    Activiste dans qu'est-ce ?

  • Speaker #0

    Dans l'écologie, dans la durabilité. Elle travaille beaucoup aussi avec Adélaïde Charlier, qui peut être aussi hyper intéressante à écouter. Trop de femmes !

  • Speaker #1

    C'est déjà fait.

  • Speaker #0

    Ah, voilà !

  • Speaker #1

    C'est pas encore diffusé à l'heure où on enregistre, mais c'est déjà fait. C'était super intéressant. Ah ben trop chouette. Une heure quarante, mais il n'y a pas une minute en trop.

  • Speaker #0

    Ah ben génial. Ben voilà, du coup.

  • Speaker #1

    Et une toute dernière question subsidiaire, tu leur poserais quoi comme question ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'aurais envie de savoir tout leur parcours parce que je le connais moins bien. Je connais surtout leur présent. Et peut-être ce que j'aurais besoin de savoir, c'est qu'est-ce qui les motive à continuer au jour le jour pour les moments où je suis quand même un peu en baisse de motivation ou que j'ai peur.

  • Speaker #1

    Garder le feu sacré.

  • Speaker #0

    Ouais, exactement.

  • Speaker #1

    Et bien sur ce, merci beaucoup, Juliette Bonhomme.

  • Speaker #0

    Merci, Raconte.

  • Speaker #2

    Raconte,

  • Speaker #3

    s'écoute,

  • Speaker #2

    se lit et se requerde. Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte. est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois, du studio DB Création, spécialisé en design de marques et photographie. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement à la visibilité de Raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous !

Chapters

  • Introduction à Raconte Media et Juliet Bonhomme

    00:00

  • Présentation de Juliet et de son projet "The Upcycling Lab"

    01:08

  • Contexte et lieu de l'entretien : l'atelier à Bruxelles

    02:04

  • Transition vers l'entrepreneuriat et défis rencontrés

    04:06

  • Le processus créatif et l'importance de l'upcycling

    05:03

  • Développement de la marque et des ateliers

    06:32

  • Réflexions sur la durabilité et l'impact social

    07:59

  • Interaction avec la communauté et retour sur les réseaux sociaux

    09:10

  • Conclusion et aspirations futures de Juliet Bonhomme

    10:00

Share

Embed

You may also like