Ralentir avec Laure, @LaGynéco cover
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Ralentir

Ralentir avec Laure, @LaGynéco

Ralentir avec Laure, @LaGynéco

51min |18/09/2024
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Ralentir avec Laure, @LaGynéco

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51min |18/09/2024
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Description

Je suis heureuse de vous retrouver aujourd’hui pour vous partager ma conversation avec Laure (qui a été enregistrée avant mon accouchement), plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme « La Gyneco ».

Elle est gynécologue-obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. Qu'est-ce qui anime Laure ? Accompagner et soigner ses patientes avec "amour et humanité", et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé, entre autres, sur la notion de « patient éclairé », sur la fertilité, et sur ce qu’elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur.

Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin, ainsi qu’à une future gynécologue.

Cela fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast pour aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j’espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi !

Je vous propose maintenant de ralentir avec Laure. Très bonne écoute !


Si vous aimez ce podcast, je vous invite à laisser un avis et 5 étoiles, c’est la meilleure façon de m’aider à faire connaître le podcast.

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Instagram : @ralentir.podcast  / @clairemondray 

Production & montage : Claire Mondray


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Ralentir, le podcast qui explore l'entrepreneuriat féminin et le bien-être avec intime et sans tabou. Je suis Claire, créatrice de contenus digitaux, professeure de Yin et Yoga Nidra et fondatrice de ce podcast. Le fil rouge des projets que j'entreprends, sensibiliser vers une vie plus consciente et semer un peu de douceur autour de moi. Dans ce podcast, seule ou avec mes invités, j'aborde et explore des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur, comme la santé mentale, le bien-être, la maternité et l'entrepreneuriat. Je vous invite à ralentir et à accueillir tout ce que ces conversations feront naître en vous. Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour vous partager ma conversation avec Laure, plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme La Gynéco. Petite précision, cet épisode a été enregistré avant mon accouchement. Laure est gynécologue obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. C'est ce qui anime Laure à accompagner et soigner ses patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé entre autres sur la notion de patient éclairé, sur la fertilité et sur ce qu'elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur. Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin ainsi qu'à une future gynécologue. Ça fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast afin d'aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j'espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi. Je vous propose maintenant de ralentir avec l'or. Très bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Laure, je suis ravie de te recevoir sur cette émission de podcast, comment vas-tu ?

  • Speaker #2

    Bonjour Claire, merci beaucoup de m'avoir invitée, je vais très bien.

  • Speaker #1

    Oui, il me semble que tu as eu un petit bébé récemment, donc j'imagine que ça doit être peut-être un peu sport.

  • Speaker #2

    Ah voilà, exactement, là pour tout te dire, je l'ai calé à la sieste et on va espérer qu'il soit coopératif pendant notre enregistrement. Il va bientôt avoir 4 mois.

  • Speaker #1

    Je suis certaine que ça va bien se passer. Est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas, s'il te plaît ? Oui,

  • Speaker #2

    bien sûr. Alors, je suis Laure Ennody, j'ai 39 ans. Je suis maman de trois petits garçons de 5 ans, 3 ans et bientôt 4 mois. Et je suis gynécologue obstétricienne, donc depuis 15 ans maintenant. J'exerce en libéral, donc je suis installée en privé, à la fois... dans un cabinet de consultation et à la fois en maternité, où je réalise des gardes en maternité, donc de 24 heures en salle d'accouchement. Et voilà, je suis passionnée par ce métier. Et également, cela fait deux ans que je suis créatrice de contenu et que j'anime une page Instagram au nom de La Gynéco. Et récemment, j'ai lancé le podcast La Gynéco avec des interviews de... de patientes, de femmes qui nous expliquent leur maternité. Merci, c'est tout nouveau pour moi.

  • Speaker #1

    C'est super, bravo pour ce projet. J'ai d'ailleurs pu écouter tes premiers épisodes que j'ai beaucoup aimés.

  • Speaker #2

    Ah,

  • Speaker #1

    merci. Je pense que c'est une émission importante. Mais tu vas nous en parler un petit peu plus, justement, ça m'offre une transition parfaite avec ma prochaine question qui est que c'est vrai que tu es une des rares gynécologues à être présente sur les réseaux. C'est encore peu commun. Est-ce que tu peux me dire justement qu'est-ce qui t'a amené à partager ton métier sur Instagram dans un premier temps et puis maintenant dans ton émission de podcast ?

  • Speaker #2

    Oui, et oui. Alors c'est vrai que ça s'est fait par étapes. Forcément, tu te doutes que je ne suis pas arrivée comme ça d'un coup. Ça a été d'abord un constat dans mon quotidien avec mes patientes qui me rapportaient ce qu'on appelle des fake news, des fausses informations ou des choses... des pensées assez construites par les images des réseaux sociaux concernant notamment le milieu de la naissance, en salle d'accouchement, des idées préconçues ou alors des fausses croyances. Donc j'ai moi-même pris le devant d'aller voir ce qui se passait sur les réseaux et j'ai été un petit peu heurtée comme... C'est un moindre mot que de dire ça, de voir tout ce qui se disait en bien et aussi en mal. Et du coup, je me suis dit, tiens, je vais créer... Ma page Instagram, au début, c'était carrément Dr Laure Ennody. Je n'étais même pas à la gynéco. Et puis, ça a pris un petit peu d'ampleur. Mes patientes, d'abord, m'ont fait des super retours. Et puis après, j'ai pris un peu goût à ça, à donner un petit peu un côté ludique.

  • Speaker #1

    C'était une manière pour toi, en plus de tout, de se sentir encore plus utile au quotidien.

  • Speaker #2

    Exactement, et j'allais y venir aussi, c'était une façon aussi pour moi de me sortir d'un isolement professionnel. Alors ça, c'est quelque chose qui ne va pas parler à beaucoup de... qui va peut-être vous paraître un peu bizarre, mais en tant que médecin, jeune femme, on se sent souvent seule derrière notre bureau de consultation ou même de garde alors qu'on voit des centaines de femmes, des dizaines de femmes dans la journée. Mais on a quand même un isolement où on peut... Moi, je suis entourée de professionnels qui sont un peu plus âgés que moi. On n'a pas les mêmes centres d'intérêt. Et franchement, ça m'a aussi sortie de cet isolement-là, le fait d'être connectée à...

  • Speaker #1

    Tu veux bien le souligner, pardon, tu vois, parce que c'est vrai que d'un point de vue extérieur, on se dit, contrairement à moi ou d'autres indépendantes qui travaillent vraiment seules chez elles, qu'on se dit que puisque tu as des échanges toute la journée... Il y a moins cet effet d'isolement, mais en fait, parce que ce n'est pas du tout les mêmes échanges, ce n'est pas la même chose.

  • Speaker #2

    Exactement. Moi, mes patientes, même si je prends du temps avec elles et qu'on crée une relation, ça enchaîne. Mes pauses déjeuner ou les pauses café, souvent, je suis seule. C'est un milieu qui est très professionnel, il n'y a pas tellement de place. En tout cas, sinon, à mon âge, je ne te dis pas, pendant mes études, c'est sûr que c'était beaucoup plus l'ambiance carabin. Mais maintenant, on est souvent seul face à son entourage.

  • Speaker #1

    Mais les journées, il faut être un peu longue et un peu lourde.

  • Speaker #2

    Mais non, finalement, oui, les journées passent. Et là, je suis en courrier maternité, mais quand je suis en activité, j'avais pris l'habitude de faire des stories pendant mes gardes. Et alors ça, c'était génial, parce que sans rien montrer, en respectant totalement le secret médical, j'arrivais à faire participer toute ma communauté. Et j'avais l'impression que j'avais 15 000 femmes qui me soutenaient. Sur mes gardes de 24 heures, à 3 heures du mat, quand je me levais pour faire une césarienne ou des spatules, j'avais l'impression qu'elles étaient tout derrière moi, genre, courage, attends, vas-y. Ça, c'était quand même quelque chose d'assez galvanisant. C'était incroyable. Bon, là, ça fait quelque temps, du coup, j'ai arrêté parce que j'ai arrêté les gardes pour ma maternité. Mais voilà, je me dis que quand je vais reprendre, je vais reprendre ça parce que ça, c'était super. Ça m'a beaucoup apporté ces derniers mois. Donc, à la fois, toutes les femmes qui me suivent, elles m'apportent énormément. Donc, c'est un bel échange.

  • Speaker #1

    C'est un échange qui te nourrit.

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et le format podcast, du coup, te permet d'aller un peu plus loin là-dedans et notamment dans la sensibilisation. Et qu'est-ce qu'a été le déclic, d'ailleurs, pour lancer le podcast ?

  • Speaker #2

    Mais oui, vraiment, là, c'est une chance que je me suis... octroyer, vraiment, j'ai pris ce temps-là pour prendre du temps avec... Bon, là, les premières femmes qui ont témoigné, ce sont mes patientes. D'avoir du temps avec elles, on a passé une heure, deux heures, voire trois heures ensemble à reprendre des points clés de leur maternité, de leur parcours de santé de femmes. Qu'est-ce qui m'a amenée à ça ? C'est que forcément, quand on voit 20, 25 patientes... Par jour, il y a des histoires qui sortent du lot, il y a des histoires qui me touchent énormément. J'ai des patientes qui me touchent en elles-mêmes, au-delà de leur parcours de maternité. J'ai commencé un carnet où j'écris, je prends des notes, juste à côté d'un prénom, je mets un mot. Et ça, ce n'est pas quelque chose qui est inné en moi, d'avoir un talent d'écrivain. Mais en revanche, faire parler mes patientes, faire parler les femmes, leur donner un peu d'autres perspectives dans leurs discours aussi, dans leurs récits, leur faire comprendre ce qu'elles ont vécu, ça, c'est mon travail au quotidien. Et le fait de m'arrêter pour ma troisième grossesse, je me suis dit, mais en fait, il faut absolument que je prenne ce temps-là. Je pouvais encore le faire. Et donc, j'ai pris un jour par semaine, je donnais rendez-vous à... à des femmes dans mon cabinet. On a enregistré jusqu'à la fin de ma grossesse. Donc c'était assez incroyable d'enregistrer alors que moi, j'étais de plus en plus enceinte. Elles me voyaient de plus en plus enceinte et toujours là à questionner et à être toujours passionnée par leur récit. Voilà, et c'est vrai que c'était une transition à la fois de m'arrêter professionnellement, de consulter, mais... à la fois tout en gardant un pied avec ces femmes et ces patientes qui me portent énormément au quotidien.

  • Speaker #1

    Et oui. Et du coup, tu dois avoir pas mal d'épisodes à l'avance.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que là, on a enregistré six mois d'épisodes. Ah oui, effectivement.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Oui, on a fait un gros travail d'enregistrement. J'ai été aidée par mon mari qui m'a aidée à tout mettre en place sur le plan technique. Et tu verras, les épisodes de conversation, on en sort un tous les 15 jours. Mais entre-temps, je sors un petit épisode où je prends la parole moi et où je reviens sur une thématique qui a été abordée dans l'épisode précédent avec ma patiente.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu que c'était un peu le format et c'est rigolo. J'ai un peu ce format-là parce que... C'est vrai que tenir le format interview toutes les semaines, c'est vraiment... Il faudrait faire ça à temps plein, en fait. Surtout quand tu montes toi-même. Après, quand tu as la possibilité et les moyens de faire monter à quelqu'un d'autre, OK, peut-être que c'est envisageable, mais sinon, c'est vraiment... Sur de l'interview, c'est très long.

  • Speaker #2

    Mais quel travail, bien sûr. On pensait... C'est un aparté, mais on pensait le faire tous les deux avec mon mari. Finalement, je l'ai mis en production. La production, c'est cette type de production, je les mentionne à chaque fois. Je suis très contente du travail, mais effectivement, c'est un investissement, c'est un enjeu qui n'est pas à moindre coût, en effet.

  • Speaker #1

    C'est du temps que tu peux investir sur autre chose.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    C'est super. J'invite tout le monde à découvrir ton podcast qui s'appelle très simplement La Gynéco.

  • Speaker #2

    La recherche du nom, elle est compliquée pour un podcast.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un très beau projet. C'est top que tu te sois lancée.

  • Speaker #2

    Merci Claire. Je te dis que les premiers épisodes, comme tu es toi-même très enceinte, je ne sais pas pourquoi c'est tombé comme ça, mais on n'est pas parti sur de la physiologie au tout début de mon podcast. Je ne veux pas faire peur aux auditrices, mais il y aura de la physiologie, il y aura de l'accouchement en voie basse, il y aura l'ensemble du panel qu'on peut retrouver dans une maternité. C'est vrai que le podcast commence par un sédan programmé et deuil périnatal. C'est comme ça, c'est tombé comme ça, mais ça fait partie du pétage aussi de ma spécialité.

  • Speaker #1

    C'est sûr, mais il n'y aura pas que ça, donc c'est bon de le stimuler, parce que c'est vrai que ça peut être anxiogène pour ça. C'est vrai que moi j'ai vu Deuil Périnatel, je t'avoue que je ne l'ai pas écouté celui-là. Je disais, c'est pas possible.

  • Speaker #2

    Non mais d'ailleurs je le dis bien, écoutez-le, enfin passez votre chemin si c'est pas bon pour vous.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais oui, c'est important, mais c'est tellement important d'en parler, donc c'est bien de le préciser.

  • Speaker #2

    On y reviendra, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu désires accompagner et soigner tes patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. C'est une volonté que tu as depuis que tu as commencé à exercer ou ça a été une prise de conscience au fur et à mesure de tes années à exercer ?

  • Speaker #2

    Écoute, oui, je pense que de manière... Je suis quelqu'un d'humaniste et assez à l'écoute depuis très longtemps. grosse prise de conscience et je me souviens très bien du moment où c'est arrivé. C'était un peu concomitant, bien entendu, avec ma première expérience de maternité quand j'étais enceinte de mon premier fils en 2018. Et c'était concomitant avec le 2017, c'était balance ton porc, hashtag tout ce qui est sorti dans la presse, balance ton gynéco, toute la enquête de Marlène Schiappa. pas sur les taux d'épisiotomie qui avaient été... C'était des photos d'épisiotomie dans la maternité, mais en tout cas, ça avait soulevé toute la question de la bientraitance en obstétrique, en tout cas des violences gynécologiques et obstétricales. Moi, j'étais jeune praticienne hospitalière, c'est-à-dire que j'avais fini vraiment mes études depuis un an. J'étais passionnée, complètement corvélable dans mon métier. Et je me souviens de cette cette prise de conscience en me disant, mais enfin, comment on peut penser que nous sommes maltraitants alors qu'on donne notre vie en salle d'accouchement, on donne notre vie en étant de garde 24 heures sur 24. Et bien sûr, j'ai commencé à regarder ce que je faisais, comment je le faisais et comment je m'adressais à mes patientes. Bon, c'est sûr que j'étais moins dans l'empathie qu'aujourd'hui et que j'étais moins... également dans le partage et surtout dans la façon d'expliquer et d'amener les choses aux patientes. Mais bon, je n'étais pas une catastrophe. J'ai regardé ce qui se passait autour de moi également en salle d'accouchement, donc les sages-femmes, comment elles s'adressaient aux patientes, ce qu'on leur disait, ce qu'on ne leur disait pas, mes collègues. Et aussi, j'ai regardé mes patientes et je me suis rendu compte qu'en effet, elles étaient... Je le savais, mais ça m'a vraiment sauté aux yeux qu'elles étaient très vulnérables à l'entrée de notre cabinet de consultation, que c'était un moment de grande anxiété de venir chez son gynéco, qu'elles n'osaient pas parler, qu'elles n'osaient rien dire. Et ça, concomitant avec ma première grossesse, où j'ai exploré, d'une manière totalement inattendue pour moi, qui était encore très technicienne, la grossesse avec le champrénat. avec tout ce qui est hypnose, avec de l'abtonomie. J'ai goûté à tout ce qu'une maman aujourd'hui fait, d'être très loin de tout ce qui est recommandé de façon scientifique. J'avais mon projet de naissance, je voulais accoucher sans péridural. Vraiment, j'ai été happée par ce côté-là. D'accord. Et voilà, mixant les deux, je suis arrivée à ce constat que ma pratique allait forcément changer, que... en changeant ma pratique, j'espérais forcément faire des vagues autour de moi et que les praticiens qui m'entourent se remettent un petit peu en question. Et rien que ça, c'était une victoire pour moi. Et que mes patientes, elles allaient rentrer dans un nouveau cabinet de l'inéco, à l'écoute et surtout qu'elles allaient m'apprendre ma nouvelle façon d'exercer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que ces valeurs et cette façon d'exercer la gynécologie, elle est encore trop rare ?

  • Speaker #2

    Bah écoute... Alors moi, j'ai une grande confiance dans la nouvelle génération parce que je discute pas mal avec eux, notamment sur Instagram, les jeunes gynéco en formation, les internes. Ils sont très sensibles à ça. Ils sont très sensibles et à la fois, ils en ont aussi peur parce que du coup, on a été tellement sous le projecteur des violences gynécologiques et obstétricales que c'est une spécialité qui n'attire plus du tout. On n'a pas du tout envie de se faire traiter de violent alors qu'on fait... pense faire simplement son métier. Donc déjà, cette génération-là prend en compte toute cette notion. Elle est formée sur le plan...

  • Speaker #1

    C'est rassurant.

  • Speaker #2

    Exactement. Et puis, c'est vrai que dans les médias, on ne parle toujours que des cas qui font la une. Donc, je pense que mes confrères, ils agissent, ils changent leur manière de consulter par... peur également du scandale. C'est clair.

  • Speaker #1

    C'est passé du tout au tout. Il doit y avoir des abus. Il y a des personnes qui malheureusement manquent d'humanité, comme tu le disais.

  • Speaker #2

    Mais oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Pour X raisons. Parce que bien sûr, vous travaillez énormément. C'est un milieu très exigeant que je ne connais pas, donc je ne peux pas parler en votre nom. Mais j'imagine que vous avez beaucoup de pression, ce qui fait qu'à un moment donné... Vous n'avez peut-être plus les moyens d'être 100% vous-même ou comme vous aimeriez être. C'est une question qui est compliquée, qui n'est ni blanche ni noire. Et c'est avec ça qu'il faut composer.

  • Speaker #2

    Oui, en revanche, la violence n'a pas lieu d'être. Ça, évidemment,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Voilà. Donc oui, c'est certain qu'il y a encore des praticiens qui sont odieux. Parce que je le sais, parce que les patientes me le disent, parce qu'à travers les réseaux sociaux, j'ai encore des témoignages qui sont affolants, qu'on va mettre, je pense, des siècles avant que les femmes soient, entre guillemets, réparées de toute cette violence médicale qu'elles ont subie pendant des années. Moi, je pense que le mal de notre siècle, ça a été ça, et qu'aujourd'hui, où on a toutes les techniques, où on est assez... performant un peu partout, notre objectif premier, c'est de remettre de l'humanité dans nos soins. Ça, c'est certain. C'est vraiment la médecine de demain.

  • Speaker #1

    Tu vois, pour l'anecdote, pour te dire qu'il m'avait vraiment profondément choquée, quand j'avais amené une fois ma mère qui était malade en consultation, le cancérologue l'avait appelée par le nom de son cancer dans la salle d'attente. Et c'est... Vraiment, ça m'a choquée. Clairement, je me suis dit, mais mon Dieu, j'espère que ce genre de médecin est très rare. Mais je me suis dit, là, on a atteint des sommets dans le...

  • Speaker #2

    Mais quelle horreur. Alors, qu'est-ce qu'on conseille aux femmes qui subissent ça ? C'est de se lever, de regarder ce médecin dans le droit des yeux et de lui dire, mais comment vous pouvez me parler de cette manière ? Regardez-vous. De le faire briquer dans sa tête, parce qu'en fait, cet homme... Ce médecin-là, il a juste une liste certainement de tâches à accomplir dans sa journée. Et une journée qui n'en finit jamais. Mais en revanche, de perdre cette humanité-là, surtout pour un cancérologue... Ah oui, c'est...

  • Speaker #1

    Ça doit pas être un cas isolé, ça doit être rare, mais un cas isolé... Et oui,

  • Speaker #2

    mais voilà, c'est à nous, c'est aux femmes, de se lever et de dire stop, là, c'est pas possible de parler comme ça. Et je suis certaine que juste en disant stop, c'est pas possible de me parler comme ça, le médecin redescend d'un cran dans sa tension, on va dire, quotidienne. Et... Et peut à la fois prendre une page blanche et ouvrir la consultation de façon différente. Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Oui. Après, c'est ce que tu disais tout à l'heure, là où la question est compliquée. Et c'est pour ça que c'est important d'en parler jusqu'à l'overdose. Mais presque, je crois qu'on n'est jamais assez sensibilisé à ça. Et surtout pour qu'il y ait le déclic et pour que vraiment ça rentre, il faut la répétition. Mais c'est que ça reste un milieu dans lequel le patient se sent vulnérable. Ah oui. Et je ne veux pas utiliser le mot inférieur, mais il y a quand même ça.

  • Speaker #2

    on est impressionné je pense par ce milieu là et ce qui fait que parfois tu peux être sidéré et du coup ne pas savoir comment réagir et ouais je sais que moi les clés que je peux donner à mes patientes ou aux femmes c'est de dire que vous êtes la personne la plus importante de votre vie et que personne ne doit quel que soit son statut même en cas de maladie ne doit venir manquer de respect ou être méprisant Surtout qu'en face, le corps médical ne l'est pas vraiment à bon escient. C'est simplement du manque de réflexion. Cette perte d'humanité-là, elle part juste du fait qu'ils ont manque d'effectifs, manque de temps. Et du coup, c'est droit au but. Et en face, on a quand même des patients qui sont très vulnérables. Du moment où le médecin se dit en face de moi, j'ai quelqu'un de vulnérable il va changer forcément ça. sa façon de parler. Encore faut-il qu'ils se le disent.

  • Speaker #1

    Mais bon, en tout cas, tu peux contribuer à tendre vers ça, en tout cas en libérant la parole sur ce sujet-là. Il y a quelque chose dont on n'avait pas parlé, tu sais, on parle de violences obstétricales. Est-ce que ça joue aussi le fait que dans certaines structures, alors je ne veux pas dire de bêtises, donc je ne précise pas, je ne sais plus si c'est dans le privé, dans le public, tu sais, il y a cette rémunération à l'acte qui fait que certains médecins sont poussés à faire des actes chirurgicaux.

  • Speaker #2

    Ah ! Alors, sur notre côté, nous, les gynégologues obstétriciens, je ne sais pas si tu sais, mais on touche autant qu'on fasse une césarène à peu près qu'un accouchement en voie basse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Mais ça, tu vois, je ne le savais pas, donc c'est important.

  • Speaker #2

    Donc ça ne va pas forcément pousser dans ce côté-là. Or, peut-être que ça va peut-être dans la programmation des naissances. qu'il y aura plus de césariennes potentiellement dans les structures privées quand c'est le gynéco qui accouche sa patiente en privé. Il y a un peu plus de taux de pourcentage de césariennes, mais c'est toujours, j'ai envie de dire, c'est en accord avec la patiente. Il me semble qu'il n'y a rien de forcé. Après, oui, il y a un peu plus de déclenchement et on le sait que c'est souvent un peu pour programmer les naissances.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #2

    C'est bien pour ça que le... pour préserver ce taux d'accouchement par voie basse, que le prix de la césarienne est quasiment équivalent.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. C'est ce que tu viens d'évoquer, ou il y a d'autres choses que tu aimerais voir particulièrement bouger dans ton secteur ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, ce que j'aimerais voir évoluer dans mon secteur, surtout dans le milieu de la naissance, le monde de la naissance, c'est effectivement plus d'écoute. Oui, la prise en compte de ces violences gynécologiques et obstétriques qui existent, qui sont présentes, qui sont présentes chez tout le monde, aussi bien le gynécologue que la sage-femme, que l'auxiliaire de Pierre, que l'anesthésiste, que l'infirmière anesthésiste, enfin vraiment tous les professionnels peuvent être violents par des mots, par des gestes, par des regards. Ça, c'est cette prise en compte-là. Ce que j'aimerais voir évoluer, c'est forcément plus de moyens. Ça, c'est dans mes rêves. plus d'humains et plus de personnel pour pouvoir accéder au suivi global d'une patiente, de A à Z, en étant une femme, une sage-femme, qu'il y ait plus de respect de la physiologie en salle de naissance également. Mais aujourd'hui, avec ce qu'on a comme moyen, c'est compliqué. Et oui. Il faut qu'il vive,

  • Speaker #1

    il manque, il manque. il y a si peu, enfin si peu, qu'il n'y a pas assez de médecins.

  • Speaker #2

    Oui, écoute, tu sais, il y a eu une politique très restrictive de former des médecins il y a 20-30 ans. Et voilà, c'est juste l'aboutissement de cette politique très restrictive avec le neumosclerose. Ils ont formé très peu de médecins. Donc déjà, il y a peu de médecins. Ensuite, les sages-femmes, elles sont de plus en plus nombreuses. En revanche, leurs conditions de travail sont tellement dégradées. dans les structures, dans les maternités, qu'elles vont souvent s'installer en cabinet libéral, et donc elles partent des maternités. Donc en fait, moi là, dans la maternité où je travaille, il y a un manque de sages-femmes. Enfin, ils n'arrivent pas à recruter l'été. Les sages-femmes qui restent, elles s'assoient sur leurs vacances. Oui, c'est des conditions difficiles.

  • Speaker #1

    Oui, donc forcément, c'est la conséquence. On ne peut pas tout avoir. Et à contrario de... Tu sais de ce qu'on a dit tout à l'heure, du fait que tu avais beaucoup de patientes qui venaient et qui te communiquaient de fausses croyances, des informations qu'elles avaient vues à droite à gauche. On parle aussi aujourd'hui, parce que les réseaux sociaux ont quand même ça de bien, c'est qu'il y a des informations. Ça permet d'accéder à l'information plus facilement et il y a quand même des informations qui sont fiables. On parle de plus en plus de la notion de patient éclairé et ce sont eux aussi qui vous amènent à... a évolué sur certains aspects de votre métier, comme ce que tu as fait toi finalement, quand tu as eu ta première grossesse, à t'orienter vers des solutions qui viennent en complément bien sûr de votre travail, mais qui sont plus douces. Selon toi, qu'est-ce qui explique qu'on ne soit pas encore en train de travailler de concert avec ces médecines naturelles ? Ça vient, je vois bien que petit à petit ça arrive, mais est-ce que tu sens toi que tes confrères ont un peu de frilosité à travailler avec des alternatives douces ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est vrai que quand j'ai commencé, par exemple, pour la petite anecdote, il y a une sage-femme que j'adore, qui a passé son début d'acupuncture, par exemple. On parlait de ça. Et donc, elle proposait aux patientes qui arrivaient en salle d'accouchement de les piquer pour x ou y raison. Et moi, j'étais encore interne. Et bon, moi, je viens d'un milieu où, par contre, de façon personnelle, j'avais été... traitées en homéopathie, en acupuncture. Donc, je savais tout ça. J'avais déjà un regard qui était tout à fait OK avec cette médecine alternative. Mais je regardais mes collègues et mes co-internes. Ils levaient les yeux au ciel. C'était Oh là là ! Mais elles, avec ces aiguilles d'accu. Et au final, toutes ces personnes-là, de manière personnelle, ont eu elles-mêmes recours à de l'acupuncture. à de l'homéopathie, à de l'ostéo, à tout ce que tu veux pendant leur propre grossesse. Donc oui, le regard a déjà évolué parce que de façon personnelle, tu te rends compte que tu as quand même besoin quand tu fais une énorme crise d'hémorroïdes et que le traitement médicamenteux ne marche pas, tu vas te faire une bonne séance d'acupuncture et puis ça va beaucoup mieux après. Après, ça c'est de ma génération, je pense que les gynécos aux alentours de 35-40 ans, on est tous hyper open à ce genre d'alternative. Moi, j'encourage toutes mes patientes, de toute façon, quel que soit le parcours, que ce soit infertilité ou d'endométriose ou, je ne sais pas, des problèmes de poids ou de peau, d'aller voir, déjà de faire un point avec une naturopathe, revoir pour l'alimentation, est-ce qu'il y a une alimentation un peu inflammatoire, de reprendre tout ça, parce que moi, en consultation, je n'ai pas le temps de le faire. J'ai des petits tips. Moi, personnellement, je prescris de temps en temps un peu d'homéopathie. Dès qu'il y a une patiente qui relève de l'acupuncture, je l'oriente à 100% sur de l'acupuncture. Voilà. Même, j'ai envie de te dire, ça nous aide aussi à prendre en charge une patiente. C'est vraiment, moi, ça fait partie de leur parcours de soins. Une patiente qui a mal vécu un accouchement, qui a été traumatisée par un examen gynéco ou qui a des antécédents, elle-même, de violence. forcément, je vais lui proposer une prise en charge psychologique avec de l'EMDR ou je vais l'adresser à une de mes infirmières qui fait de l'hypnose. Voilà, c'est vraiment... Moi, j'utilise toutes ces cartes-là pour que la patiente, elle soit le mieux accompagnée, le mieux préparée et puis la meilleure santé possible. Alors, autour de moi, oui, j'ai un peu de tout. J'ai un peu aussi des plus vieux gynécos, 50, 60 ans. qui vraiment ne sont pas du tout concernées par tout ça. Et je vais te dire, tu sais, on a un peu aussi les patientes qui nous ressemblent. Je pense que leurs patientes ne sont pas en demande de plus. Oui, ça paraîtra là. Tu vois, il n'y a pas de questionnement. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Il y a un autre point que j'aurais aimé aborder avec toi parce que moi, j'ai été confrontée quand j'ai eu mon projet de maternité. Je trouve qu'on est... peu sensibilisés, en amont de l'envie d'avoir un enfant autour de la fertilité. On s'aperçoit, tu sais, sur le tard, parce que moi, par exemple, j'ai eu envie tard, c'est comme ça. Et tu vois, je ne savais pas qu'on avait une réserve ovarienne, je ne savais pas qu'il y avait des examens qu'on pouvait faire en amont. Et c'est vrai que je trouve ça dommage que sur le tard, on ait certaines informations et qu'on ne soit pas un petit peu sensibilisés, tu sais, avant. Avant sur ce sujet-là, après ma gynécologue a un certain âge, peut-être qu'effectivement c'est moins le cas aujourd'hui, mais c'est quelque chose qui m'a un peu choquée parce qu'on se retrouve un peu comme ça, tu vois, confronté à une information, on ne développe pas forcément sur le sujet en plus, donc tu vas paniquer un peu en te disant oulala mais j'ai plus le temps et est-ce que ça va vraiment marcher ? Sur ce sujet-là, qu'est-ce que vous faites exactement ? Qu'est-ce que tu fais toi de ton côté ?

  • Speaker #0

    Alors on ne fait rien de particulier. C'est vrai, tu as tout à fait raison. Il n'y a pas dans notre consultation gynéco classique. Une patiente qui est en âge d'avoir des enfants, qui est sous contraception, si elle vient pour redemander une contraception qu'elle lui convient, on ne va pas forcément développer, surtout si on ne la connaît pas. Et au fait, est-ce que vous êtes au courant ? Après, j'ai envie de te dire, plus les années passent et plus les patientes, on a notre... patientelle, on les connaît et ce discours-là, cette discussion-là, peut-être vient sur la table au bout de la deuxième, troisième fois. Et je trouve aussi, là, maintenant, en réfléchissant à ce que je voulais te dire, c'est que moi, je vois de plus en plus arriver à ma consultation des patients qui sont informés, d'une part, qui connaissent bien leur cycle et surtout... qui ne veulent plus de contraception, donc qui sont en méthode d'observation. Alors, elles ont choisi la leur. Alors, ça peut être de l'asymptose, ça peut être l'observation de la glaire, ça peut être la courbe de température. Bon, elles se débrouillent quand même assez bien. Elles ont puisé à droite et gauche des informations. Il y a ce super club d'émancipés qui fait un niveau de vague. Et moi, j'ai plein de patientes qui sont formées par l'OREN d'émanciper. Mais nous, les gynécos, on est un peu nus là-dessus. C'est clair qu'autour de moi, mes collègues gynécos, ils ont encore à dire Oui, vous ovulez à J14, le cycle, c'est J28. Bon, voilà, un peu à l'ancienne. Moi, je trouve que c'est les patientes qui nous font un peu évoluer. Et effectivement, mettre ça au sujet en plus de notre consultation, c'est sûr. Mais c'est vrai que quand un couple vient... Il n'y a pas forcément de soucis.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, le but, ce n'est pas déresponsabiliser parce qu'on sait que la fertilité diminue avec l'âge. Je veux dire, ça, c'est une réalité. Mais en tout cas, on n'est pas toutes égales, par exemple, par rapport à la réserve ovarienne puisqu'elle se définit in utero, il me semble. Et c'est vrai que ça, juste de le savoir, je pense que ça peut être bien. Mais c'est vrai que c'est un sujet délicat parce qu'après, il ne faut pas que ça soit amené de sorte à ce que ça mette de la pression à la patiente qui n'aurait pas envie.

  • Speaker #0

    Et oui, oui, oui, tout à fait. Et en plus, le sujet de la réserve ovarienne, c'est un peu un sujet... Oui et non, parce que quand tu es en parcours de grossesse spontanée, c'est-à-dire que tu n'as pas besoin d'avoir recours à la PMA, en fait, on s'en fout de ta réserve ovarienne. Tant que tu as des ovulations tous les mois, le fait de savoir que tu as une réserve ovarienne faible ne va rien changer. Ce qui va changer, c'est que si tu es à ce moment-là en parcours PMA pour x ou y raisons et que là, tu as une réserve ovarienne faible... Oui, les protocoles de PMA vont évoluer, ils vont être un peu plus agressifs. Donc je ne sais pas, je suis toujours un peu aussi... Moi-même, je me questionne du bien fondé de prescrire ce test à une patiente qui n'est même pas en désir de grossesse et qui veut connaître sa réserve ovarienne. Qu'est-ce qu'on va en faire ? La réserve est faible, oui, mais tu n'as pas encore de désir de grossesse et ça ne veut pas dire que tu ne vas pas tomber enceinte spontanément dans les trois mois.

  • Speaker #1

    Non, ça c'est certain. Après, ce qui peut faire peur, c'est que je pense que, à mon avis, peut-être pas toutes, mais on se pose la question finalement quand on a envie et qu'on fait par exemple sa première fausse couche, est-ce que finalement je vais y arriver naturellement ? Et si on découvre en plus ça, qu'on se dit que les chances peuvent être diminuées dans un parcours PMA, ça n'a pas été mon cas, mais tu vois, du coup, on se dit, oh là là, j'aurais peut-être pu gagner du temps. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est plus de l'anticipation peut-être, mais je ne soulève pas ça comme une solution.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, mais c'est une réflexion. Je pense que de toute façon, tu vois, c'est comme là, la discussion qu'on a. Je pense que c'est au cas par cas avec une patiente. Bon, voilà, moi, je les connais bien, mes patientes. Si je sens qu'il y en a une, elle est hyper anxieuse, très carrée, veut tout programmer. Ben oui, OK. Une autre, elle va se laisser porter, pas besoin de savoir. Ou au contraire de savoir, ça va l'angoisser. Ben non, on ne va pas le faire. C'est vrai. Et tu vois, par contre, ce qui est vraiment le point... L'essentiel, moi je dirais, c'est de plutôt éduquer les jeunes filles, donc première consultation, mais en général je les vois vers 16-17 ans, à comment marche le cycle, et surtout les éduquer à la prévention, activité physique, alimentation saine. Tu vois, aujourd'hui dans la société, c'est vraiment la base, le nerf de la guerre, c'est que les filles, elles continuent à faire du sport, et qu'elles aient une alimentation saine, qu'elles ne soient pas en surpoignée, en obésité. Et ça, je pense que déjà, c'est la base d'une fertilité. Oui. C'est déjà la base. Après, oui, elles arrivent à un âge où il y a l'âge de la fête, de l'alcool, du tabac, tout ça. Mais rien que de savoir que le tabac, l'alcool, les mauvaises habitudes alimentaires, ça détériore aussi la réserve ovarienne et la qualité ovocitaire. Ça, elles ne le savent pas, en revanche. Oui. Elles le savent qu'une fois qu'elles sont hyper éduquées, qu'elles se sont posées des questions, qu'elles ont fait effectivement une première fausse couche. Et moi, je pense qu'il ne faut plus s'occuper sur ce genre d'informations de santé publique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est très juste. Effectivement, tu viens de me dire quelque chose qui fait sens et que je n'avais pas forcément réalisé, c'est que ça reste quand même du cas par cas et que tu ne peux pas apporter de l'information pour chacun des cas qui pourraient se présenter. Comme tu dis, tu connais tes patientes, mais effectivement, avoir un discours qui peut répondre à ces problématiques ou en tout cas les anticiper. qui comportent toute cette hygiène de vie qui, justement, va diminuer ces placées.

  • Speaker #0

    Par contre, j'encourage toutes les femmes à poser la question à leur gynéco et à attendre une réponse. Parce que pendant bien longtemps, on a répondu aux femmes, écoutez, essayez, puis vous revenez me voir dans un an. Sauf qu'à 30 ans, la femme, elle est éduquée, elle regarde partout sur les réseaux sociaux, partout dans les bouquins et sur Internet. le 1 an, ce n'est plus possible. Si le gynéco ou la sage-femme ne donne pas un peu plus de cartes ou de pistes, la patiente va la perdre. C'est sûr qu'elle va soit changer de médecin, de sage-femme, soit elle va être très déçue de la consultation. Elle ne va avoir aucune réponse.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement, une histoire, une anecdote qui t'a particulièrement marquée depuis que tu exerces ?

  • Speaker #0

    Alors bon, moi je suis gynécologue obstétricienne, donc je suis là pour les accouchements tout à fait normaux, en coulisses. Et puis je suis là quand vraiment ça ne va pas du tout. Et là, les premiers souvenirs que j'ai, c'est vraiment des gros drames auxquels j'ai eu affaire. Je pense notamment, je pense que l'épreuve la plus difficile, ça a été de... J'exerçais en centre hospitalier universitaire et j'exerçais avec une de mes collègues qui était enceinte. Elle est venue accoucher un jour où j'étais de garde. Elle a fait une hémorragie de la dévance, mais cataclysmique. Elle s'est vidée de son sang sur ma garde. Et je pense que ce jour-là, je sais ce que c'est que le mot avoir du sang froid parce que j'étais vraiment, vraiment sur le feu avec ma collègue, mon amie. qui était vraiment en train de se vider de son sang. Et j'ai eu vraiment très peur qu'elle meure. Et c'était un mot que je n'arrivais pas à prononcer pendant des années. Mais j'ai eu peur qu'elle meure sur la table d'accouchement le jour où j'étais de garde. Donc ça, c'est un souvenir très fort parce que ça fait passer des caps au fur et à mesure qu'on avance dans notre profession. On passe des caps, on passe des caps. Mais alors là, avoir la peur de la mort d'une amie, c'était plus que tout. Et puis, à contrario, j'ai des souvenirs. tellement lumineux et fort d'avoir accouché ma meilleure amie, ma belle-sœur, deux fois, d'avoir mis au monde des enfants, mais de chers, d'être si chers à mon cœur. Et puis aussi d'avoir mis au monde des enfants de mes patientes que j'adore, ou même des patientes inconnues, mais avec des liens qui se créent en une seconde. Et puis, il y a d'autres moments très, très dark qui reviennent. Mais bon, on va s'arrêter là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais pas, c'est vraiment une montagne. Mon boulot, c'est vraiment à la fois... J'ai des énormes moments de shoot d'adrénaline, de cytocine, de plaisir. Et puis, alors, des moments de gros, gros, gros stress. Oui,

  • Speaker #1

    ça, j'imagine que ça doit être les montagnes russes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'anime le plus et qui est le plus gratifiant pour toi dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui, je pense que ce qui m'anime le plus, c'est qu'une patiente me raconte son accouchement, quelle que soit l'issue, on va dire de manière générale avec un enfant en bonne santé, l'issue, voie basse ou voie haute, qu'elle ait un bon vécu de cette naissance. Alors, bon vécu parce qu'elle a bien compris, parce qu'elle a été entourée, prise en charge. Voilà, qu'elle... qu'elle était en conscience avec l'équipe médicale et confiance et conscience, je dis bien, qu'elle ait eu la sensation d'être respectée, qu'elle l'ait été effectivement. Je pense que ça, c'est vraiment... En ce moment, ce n'est pas un combat, mais c'est vraiment quelque chose qui m'anime très fort. C'est la place que peut avoir la femme au sein de sa propre santé et puis au sein de notre structure de soins, lui redonner toute sa place. Et que nous, on soit juste des acteurs externes et qu'on soit là pour la guider, pour la sécuriser, pour la guider aussi avec les avancées scientifiques, les études, mais l'écouter, l'écouter, écouter cet instinct qui est si fort, lui redonner toute cette place-là, toute la confiance.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère qu'il y aura un avenir de futur gynéco. Avec ce très bel état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un combat un peu subjectif. Il n'y a rien de... C'est quelque chose qui n'est pas palpable. Mais je suis persuadée qu'on peut y arriver. À la fois avec les femmes et à la fois avec mes collègues. qui, j'espère, ouvre au fur et à mesure un peu les yeux et les oreilles.

  • Speaker #1

    Merci, Laure. Qu'est-ce qui te permet de cultiver ton équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie personnelle au quotidien ?

  • Speaker #0

    Alors, ça tient à un mot. Un mot, mon mari. Non, je me sens... Bon, j'ai de la chance, vraiment. Enfin, de la chance. J'ai un mari qui est génialissime, qui est en backup. qui est en back-up quand le quotidien déraille un peu entre mes gardes, mes nuits à l'hôpital, mes journées en consultation, mes retards, parce que j'ai forcément beaucoup de retards accumulés dans la journée pour aller chercher les garçons, s'en occuper. Donc lui, il est en back-up, ce qui nécessite forcément d'être très... Il flexe, donc il y a des soirées où on ne se voit pas, où il travaille, parce qu'il a dû gérer un peu des SOS dans la journée. Deuxièmement, j'ai quand même ma famille qui est très proche et sur laquelle je peux compter aussi. Je pense notamment à mes allaitements. J'ai allaité mes deux fils aînés assez longtemps et avec des gardes de 24 heures, franchement, je... C'est parce que mon mari m'a amené aussi mes bébés pendant mes gardes, que ma mère l'a également fait, et que ça n'a jamais posé de soucis. Mais c'est une chance incroyable que j'ai d'avoir cet entourage-là. Et troisièmement, pour revenir à moi, c'est que j'ai trois rendez-vous dans la semaine auxquels je ne déroge jamais. C'est deux heures de renforcement musculaire. J'ai un coach où j'y vais le matin de 8 à 9. Quoi qu'il arrive, j'y vais. Et je fais une heure de marche dans la nature par semaine, toute seule, avec mes oreillettes. Et voilà, j'écoute un podcast ou j'écoute rien. Mais en gros, là, j'ai compris que depuis quelques années, si je ne faisais pas ça, je partais en cacahuète totale.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ta recharge.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ma recharge.

  • Speaker #1

    J'ai deux questions pour toi. Quel conseil donnerais-tu à une femme qui a vécu une mauvaise expérience en milieu gynéco ? Et une future gynécologue.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, pour la femme qui a été vaccinée, qui ne veut plus voir un seul gynéco, je lui dirais déjà, premièrement, qu'elle peut changer de professionnel, donc que ce soit un autre gynéco, qu'elle peut tout à fait, si elle est en bonne santé, aller voir une sage-femme, qui probablement prendra plus de temps avec elle, sera plus en... englobante, plus sécurisante dans sa démarche. Et également, je lui conseillerais tout à fait d'écrire une lettre, pourquoi pas anonyme, mais en tout cas tout à fait possible d'être signée à ce gynéco, en lui disant factuellement ce qui s'est passé, ce qui ne lui a pas convenu. Et en tout cas, si la consultation, s'il y a eu un abus ou... ou quelque chose de trop violent. Enfin, je ne sais pas ce qu'elle peut se dire, mais elle peut tout à fait contacter l'Ordre des médecins, écrire un courrier à l'Ordre des médecins et décrire factuellement ce qui s'est passé. Moi, je pense que quand on n'a pas les mots, comme tu disais tout à l'heure, on se sent un peu sidéré. L'écrit peut aussi apporter plein de solutions. Moi, j'ai reçu des courriers. J'ai reçu beaucoup de lettres de remerciements, mais j'ai aussi reçu des courriers qui m'ont remis les pendules à l'heure. et voilà, ça en est resté là et moi ça fait partie aussi de remise en question et à la future gynéco je lui dirais déjà si elle a en tout début de parcours de lire un livre qui m'a aussi bien ouvert les yeux pendant mon cursus c'était Le coeur des femmes de Martin Winkler alors c'est un médecin généraliste qui est exercé au Canada mais qui, voilà, tout n'est Il est un peu apolémique, mais en tout cas, ce livre-là, sur le parcours d'un étudiant en médecine qui fait des consultations de gynéco, ça m'a ouvert les yeux énormément sur ce que les patientes ressentaient dans nos cabinets. Sinon, je lui dirais bien sûr de prendre du temps, de prendre du temps et de respirer avant chaque consultation pour faire un break et d'être une page blanche dès que la patiente rentre dans sa salle. pouvoir l'accueillir au mieux.

  • Speaker #1

    Super, merci pour ces précieux conseils. On va terminer par le traditionnel petit quiz de cette émission. Je vais te poser des questions, tu réponds simplement du tac au tac comme tu en as envie.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Un lieu qui t'inspire.

  • Speaker #0

    Le lieu qui m'inspire, c'est une plage en Grèce où j'ai passé mes vacances d'été depuis toute petite.

  • Speaker #1

    Ok. Ta plus grande qualité ?

  • Speaker #0

    Je vais dire l'écoute.

  • Speaker #1

    Une mauvaise habitude ?

  • Speaker #0

    Le sucré. Le sucré pas contrôlé, tu vois, le truc waouh, j'ai envie de manger un fer au rocher, paf, je m'en bouffe dix dans la foulée

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un trait de caractère, enfin, est-ce qu'il y a un trait de caractère ou une qualité qui te marque particulièrement chez les autres ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est la gentillesse. Vraiment, je suis admirative des gens profondément gentils. Je trouve que ça irradie de bonté, ça me touche beaucoup.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire à la Laure enfant ?

  • Speaker #0

    C'est... Je lui dirais, fais-toi confiance dans ce que tu ressens. Est-ce que dans tes ressentis, dans ton feeling, va jusqu'au bout de ton feeling.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça ne m'a jamais déçue.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un rituel bien-être autre que ce que tu as évoqué auparavant qui te fait du bien ?

  • Speaker #0

    Oui, alors là, je vais me faire attaquer. Je prends très souvent des bains.

  • Speaker #1

    Oh, écoute. Je suis sûre qu'on ne peut pas être parfait dans tout. Je suis sûre que tu fais attention sur d'autres choses. Ça va.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. On va dire ça, tout à fait. Mais le bain, c'est vraiment un break dans ma journée aussi qui est fondamental. Je comprends. Petit bain. Je dis toujours, je prends un petit bain.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. J'ai vécu juste dans un appartement où il y en avait un. Et j'avoue que de temps en temps, quand tu te fais un bon bouquin, tu t'allumes des bougies. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Très ressentissant, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un livre, un podcast, une recommandation culturelle qui t'a particulièrement marquée, que tu aimerais partager ?

  • Speaker #0

    Oui. Écoute, je pense que tout le monde le connaît, mais le podcast qui vraiment a fait, qui donne sens à tout aussi, la prise en compte des femmes dans notre milieu médical, c'est Bliss Stories. Je ne remercierai jamais assez Clémentine Gallet d'avoir donné la parole à toutes ces femmes. Elle m'a donné la parole en tant que gynéco. Vraiment, ça a révolutionné le monde des salles de naissance. J'espère qu'il y a plein de professionnels qui écoutent.

  • Speaker #1

    C'est noté, merci.

  • Speaker #0

    La plus grande victoire ? Je vais dire mon concours de médecine. Ce qui me vient là, c'est une victoire. Ma prof de maths en terminale, elle me disait, bon, bref, médecine, tu devrais faire plutôt infirmière. Bon, ben, j'ai bien fait de ne pas l'écouter, quoi. Tu vois, ce genre de discours, comme quoi ça peut te flinguer quelqu'un. Et comme je te le disais, j'ai bien fait d'aller au feeling et de me dire que j'y arriverais bien un jour, quoi.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que sur une personne qui a moins de confiance ou moins de...

  • Speaker #0

    Exactement, ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais, mais ça peut tellement le décourager et...

  • Speaker #0

    Ouais, le freiner. J'adore les infirmières, mais en fait, moi, je voulais faire médecine, donc c'est tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. C'était ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais tu as bien fait de t'écouter. Je vais te poser une dernière question. Qui est-ce que tu aimerais que j'invite après toi ?

  • Speaker #0

    J'adore suivre sur les réseaux Instagram. J'adore suivre Charlotte Leonardi, qui est photographe et notamment qui photographie les femmes enceintes. Elle m'a fait ma séance de maternité. C'est une personnalité qui est solaire, qui est drôle, elle est fun. Elle adore à la fois parler du corps de la femme. Elle la prend en photo de façon sublime. Elle magnifie les corps. Je le vois parce que moi, elle a fait un travail de dingue sur mes photos de maternité. Je me trouve trop belle alors qu'en temps normal, je suis très critique. Et puis, sur sa page Instagram, elle est... tellement drôle avec ses conseils mode. Moi, je me régale de la suivre. Je l'ai déjà entendue sur un podcast, mais je me dis que j'aimerais bien la réécouter et passer du temps encore avec elle dans mes oreilles.

  • Speaker #1

    Ok, génial, c'est noté. Merci beaucoup, Laure. Je suis vraiment ravie qu'on ait pu avoir cette conversation ensemble et je trouve que ce que tu fais est vraiment formidable et d'utilité publique, donc vraiment bravo pour ton engagement.

  • Speaker #0

    et ton récent podcast du coup ouais merci beaucoup Claire je suis très très contente que tu m'aies invité à prendre un petit peu la parole de mon côté et puis d'être de l'autre côté du micro c'est sympa aussi quoi merci beaucoup Laura encore pour ta gentillesse merci beaucoup

  • Speaker #2

    N'hésitez pas à partager vos retours sur l'épisode et à m'envoyer vos suggestions ou questions à l'adresse ralentir.podcast.gmail.com. On se retrouve la semaine prochaine. En attendant, prenez bien soin de vous.

Description

Je suis heureuse de vous retrouver aujourd’hui pour vous partager ma conversation avec Laure (qui a été enregistrée avant mon accouchement), plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme « La Gyneco ».

Elle est gynécologue-obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. Qu'est-ce qui anime Laure ? Accompagner et soigner ses patientes avec "amour et humanité", et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé, entre autres, sur la notion de « patient éclairé », sur la fertilité, et sur ce qu’elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur.

Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin, ainsi qu’à une future gynécologue.

Cela fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast pour aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j’espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi !

Je vous propose maintenant de ralentir avec Laure. Très bonne écoute !


Si vous aimez ce podcast, je vous invite à laisser un avis et 5 étoiles, c’est la meilleure façon de m’aider à faire connaître le podcast.

Si vous souhaitez récompenser cette création de contenu, remercier le podcast pour ce qu'il vous apporte et le soutenir pour l'aider à perdurer, vous avez la possibilité de faire un don du montant que vous souhaitez, pour lequel je vous serais infiniment reconnaissante !


Instagram : @ralentir.podcast  / @clairemondray 

Production & montage : Claire Mondray


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Ralentir, le podcast qui explore l'entrepreneuriat féminin et le bien-être avec intime et sans tabou. Je suis Claire, créatrice de contenus digitaux, professeure de Yin et Yoga Nidra et fondatrice de ce podcast. Le fil rouge des projets que j'entreprends, sensibiliser vers une vie plus consciente et semer un peu de douceur autour de moi. Dans ce podcast, seule ou avec mes invités, j'aborde et explore des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur, comme la santé mentale, le bien-être, la maternité et l'entrepreneuriat. Je vous invite à ralentir et à accueillir tout ce que ces conversations feront naître en vous. Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour vous partager ma conversation avec Laure, plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme La Gynéco. Petite précision, cet épisode a été enregistré avant mon accouchement. Laure est gynécologue obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. C'est ce qui anime Laure à accompagner et soigner ses patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé entre autres sur la notion de patient éclairé, sur la fertilité et sur ce qu'elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur. Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin ainsi qu'à une future gynécologue. Ça fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast afin d'aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j'espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi. Je vous propose maintenant de ralentir avec l'or. Très bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Laure, je suis ravie de te recevoir sur cette émission de podcast, comment vas-tu ?

  • Speaker #2

    Bonjour Claire, merci beaucoup de m'avoir invitée, je vais très bien.

  • Speaker #1

    Oui, il me semble que tu as eu un petit bébé récemment, donc j'imagine que ça doit être peut-être un peu sport.

  • Speaker #2

    Ah voilà, exactement, là pour tout te dire, je l'ai calé à la sieste et on va espérer qu'il soit coopératif pendant notre enregistrement. Il va bientôt avoir 4 mois.

  • Speaker #1

    Je suis certaine que ça va bien se passer. Est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas, s'il te plaît ? Oui,

  • Speaker #2

    bien sûr. Alors, je suis Laure Ennody, j'ai 39 ans. Je suis maman de trois petits garçons de 5 ans, 3 ans et bientôt 4 mois. Et je suis gynécologue obstétricienne, donc depuis 15 ans maintenant. J'exerce en libéral, donc je suis installée en privé, à la fois... dans un cabinet de consultation et à la fois en maternité, où je réalise des gardes en maternité, donc de 24 heures en salle d'accouchement. Et voilà, je suis passionnée par ce métier. Et également, cela fait deux ans que je suis créatrice de contenu et que j'anime une page Instagram au nom de La Gynéco. Et récemment, j'ai lancé le podcast La Gynéco avec des interviews de... de patientes, de femmes qui nous expliquent leur maternité. Merci, c'est tout nouveau pour moi.

  • Speaker #1

    C'est super, bravo pour ce projet. J'ai d'ailleurs pu écouter tes premiers épisodes que j'ai beaucoup aimés.

  • Speaker #2

    Ah,

  • Speaker #1

    merci. Je pense que c'est une émission importante. Mais tu vas nous en parler un petit peu plus, justement, ça m'offre une transition parfaite avec ma prochaine question qui est que c'est vrai que tu es une des rares gynécologues à être présente sur les réseaux. C'est encore peu commun. Est-ce que tu peux me dire justement qu'est-ce qui t'a amené à partager ton métier sur Instagram dans un premier temps et puis maintenant dans ton émission de podcast ?

  • Speaker #2

    Oui, et oui. Alors c'est vrai que ça s'est fait par étapes. Forcément, tu te doutes que je ne suis pas arrivée comme ça d'un coup. Ça a été d'abord un constat dans mon quotidien avec mes patientes qui me rapportaient ce qu'on appelle des fake news, des fausses informations ou des choses... des pensées assez construites par les images des réseaux sociaux concernant notamment le milieu de la naissance, en salle d'accouchement, des idées préconçues ou alors des fausses croyances. Donc j'ai moi-même pris le devant d'aller voir ce qui se passait sur les réseaux et j'ai été un petit peu heurtée comme... C'est un moindre mot que de dire ça, de voir tout ce qui se disait en bien et aussi en mal. Et du coup, je me suis dit, tiens, je vais créer... Ma page Instagram, au début, c'était carrément Dr Laure Ennody. Je n'étais même pas à la gynéco. Et puis, ça a pris un petit peu d'ampleur. Mes patientes, d'abord, m'ont fait des super retours. Et puis après, j'ai pris un peu goût à ça, à donner un petit peu un côté ludique.

  • Speaker #1

    C'était une manière pour toi, en plus de tout, de se sentir encore plus utile au quotidien.

  • Speaker #2

    Exactement, et j'allais y venir aussi, c'était une façon aussi pour moi de me sortir d'un isolement professionnel. Alors ça, c'est quelque chose qui ne va pas parler à beaucoup de... qui va peut-être vous paraître un peu bizarre, mais en tant que médecin, jeune femme, on se sent souvent seule derrière notre bureau de consultation ou même de garde alors qu'on voit des centaines de femmes, des dizaines de femmes dans la journée. Mais on a quand même un isolement où on peut... Moi, je suis entourée de professionnels qui sont un peu plus âgés que moi. On n'a pas les mêmes centres d'intérêt. Et franchement, ça m'a aussi sortie de cet isolement-là, le fait d'être connectée à...

  • Speaker #1

    Tu veux bien le souligner, pardon, tu vois, parce que c'est vrai que d'un point de vue extérieur, on se dit, contrairement à moi ou d'autres indépendantes qui travaillent vraiment seules chez elles, qu'on se dit que puisque tu as des échanges toute la journée... Il y a moins cet effet d'isolement, mais en fait, parce que ce n'est pas du tout les mêmes échanges, ce n'est pas la même chose.

  • Speaker #2

    Exactement. Moi, mes patientes, même si je prends du temps avec elles et qu'on crée une relation, ça enchaîne. Mes pauses déjeuner ou les pauses café, souvent, je suis seule. C'est un milieu qui est très professionnel, il n'y a pas tellement de place. En tout cas, sinon, à mon âge, je ne te dis pas, pendant mes études, c'est sûr que c'était beaucoup plus l'ambiance carabin. Mais maintenant, on est souvent seul face à son entourage.

  • Speaker #1

    Mais les journées, il faut être un peu longue et un peu lourde.

  • Speaker #2

    Mais non, finalement, oui, les journées passent. Et là, je suis en courrier maternité, mais quand je suis en activité, j'avais pris l'habitude de faire des stories pendant mes gardes. Et alors ça, c'était génial, parce que sans rien montrer, en respectant totalement le secret médical, j'arrivais à faire participer toute ma communauté. Et j'avais l'impression que j'avais 15 000 femmes qui me soutenaient. Sur mes gardes de 24 heures, à 3 heures du mat, quand je me levais pour faire une césarienne ou des spatules, j'avais l'impression qu'elles étaient tout derrière moi, genre, courage, attends, vas-y. Ça, c'était quand même quelque chose d'assez galvanisant. C'était incroyable. Bon, là, ça fait quelque temps, du coup, j'ai arrêté parce que j'ai arrêté les gardes pour ma maternité. Mais voilà, je me dis que quand je vais reprendre, je vais reprendre ça parce que ça, c'était super. Ça m'a beaucoup apporté ces derniers mois. Donc, à la fois, toutes les femmes qui me suivent, elles m'apportent énormément. Donc, c'est un bel échange.

  • Speaker #1

    C'est un échange qui te nourrit.

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et le format podcast, du coup, te permet d'aller un peu plus loin là-dedans et notamment dans la sensibilisation. Et qu'est-ce qu'a été le déclic, d'ailleurs, pour lancer le podcast ?

  • Speaker #2

    Mais oui, vraiment, là, c'est une chance que je me suis... octroyer, vraiment, j'ai pris ce temps-là pour prendre du temps avec... Bon, là, les premières femmes qui ont témoigné, ce sont mes patientes. D'avoir du temps avec elles, on a passé une heure, deux heures, voire trois heures ensemble à reprendre des points clés de leur maternité, de leur parcours de santé de femmes. Qu'est-ce qui m'a amenée à ça ? C'est que forcément, quand on voit 20, 25 patientes... Par jour, il y a des histoires qui sortent du lot, il y a des histoires qui me touchent énormément. J'ai des patientes qui me touchent en elles-mêmes, au-delà de leur parcours de maternité. J'ai commencé un carnet où j'écris, je prends des notes, juste à côté d'un prénom, je mets un mot. Et ça, ce n'est pas quelque chose qui est inné en moi, d'avoir un talent d'écrivain. Mais en revanche, faire parler mes patientes, faire parler les femmes, leur donner un peu d'autres perspectives dans leurs discours aussi, dans leurs récits, leur faire comprendre ce qu'elles ont vécu, ça, c'est mon travail au quotidien. Et le fait de m'arrêter pour ma troisième grossesse, je me suis dit, mais en fait, il faut absolument que je prenne ce temps-là. Je pouvais encore le faire. Et donc, j'ai pris un jour par semaine, je donnais rendez-vous à... à des femmes dans mon cabinet. On a enregistré jusqu'à la fin de ma grossesse. Donc c'était assez incroyable d'enregistrer alors que moi, j'étais de plus en plus enceinte. Elles me voyaient de plus en plus enceinte et toujours là à questionner et à être toujours passionnée par leur récit. Voilà, et c'est vrai que c'était une transition à la fois de m'arrêter professionnellement, de consulter, mais... à la fois tout en gardant un pied avec ces femmes et ces patientes qui me portent énormément au quotidien.

  • Speaker #1

    Et oui. Et du coup, tu dois avoir pas mal d'épisodes à l'avance.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que là, on a enregistré six mois d'épisodes. Ah oui, effectivement.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Oui, on a fait un gros travail d'enregistrement. J'ai été aidée par mon mari qui m'a aidée à tout mettre en place sur le plan technique. Et tu verras, les épisodes de conversation, on en sort un tous les 15 jours. Mais entre-temps, je sors un petit épisode où je prends la parole moi et où je reviens sur une thématique qui a été abordée dans l'épisode précédent avec ma patiente.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu que c'était un peu le format et c'est rigolo. J'ai un peu ce format-là parce que... C'est vrai que tenir le format interview toutes les semaines, c'est vraiment... Il faudrait faire ça à temps plein, en fait. Surtout quand tu montes toi-même. Après, quand tu as la possibilité et les moyens de faire monter à quelqu'un d'autre, OK, peut-être que c'est envisageable, mais sinon, c'est vraiment... Sur de l'interview, c'est très long.

  • Speaker #2

    Mais quel travail, bien sûr. On pensait... C'est un aparté, mais on pensait le faire tous les deux avec mon mari. Finalement, je l'ai mis en production. La production, c'est cette type de production, je les mentionne à chaque fois. Je suis très contente du travail, mais effectivement, c'est un investissement, c'est un enjeu qui n'est pas à moindre coût, en effet.

  • Speaker #1

    C'est du temps que tu peux investir sur autre chose.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    C'est super. J'invite tout le monde à découvrir ton podcast qui s'appelle très simplement La Gynéco.

  • Speaker #2

    La recherche du nom, elle est compliquée pour un podcast.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un très beau projet. C'est top que tu te sois lancée.

  • Speaker #2

    Merci Claire. Je te dis que les premiers épisodes, comme tu es toi-même très enceinte, je ne sais pas pourquoi c'est tombé comme ça, mais on n'est pas parti sur de la physiologie au tout début de mon podcast. Je ne veux pas faire peur aux auditrices, mais il y aura de la physiologie, il y aura de l'accouchement en voie basse, il y aura l'ensemble du panel qu'on peut retrouver dans une maternité. C'est vrai que le podcast commence par un sédan programmé et deuil périnatal. C'est comme ça, c'est tombé comme ça, mais ça fait partie du pétage aussi de ma spécialité.

  • Speaker #1

    C'est sûr, mais il n'y aura pas que ça, donc c'est bon de le stimuler, parce que c'est vrai que ça peut être anxiogène pour ça. C'est vrai que moi j'ai vu Deuil Périnatel, je t'avoue que je ne l'ai pas écouté celui-là. Je disais, c'est pas possible.

  • Speaker #2

    Non mais d'ailleurs je le dis bien, écoutez-le, enfin passez votre chemin si c'est pas bon pour vous.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais oui, c'est important, mais c'est tellement important d'en parler, donc c'est bien de le préciser.

  • Speaker #2

    On y reviendra, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu désires accompagner et soigner tes patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. C'est une volonté que tu as depuis que tu as commencé à exercer ou ça a été une prise de conscience au fur et à mesure de tes années à exercer ?

  • Speaker #2

    Écoute, oui, je pense que de manière... Je suis quelqu'un d'humaniste et assez à l'écoute depuis très longtemps. grosse prise de conscience et je me souviens très bien du moment où c'est arrivé. C'était un peu concomitant, bien entendu, avec ma première expérience de maternité quand j'étais enceinte de mon premier fils en 2018. Et c'était concomitant avec le 2017, c'était balance ton porc, hashtag tout ce qui est sorti dans la presse, balance ton gynéco, toute la enquête de Marlène Schiappa. pas sur les taux d'épisiotomie qui avaient été... C'était des photos d'épisiotomie dans la maternité, mais en tout cas, ça avait soulevé toute la question de la bientraitance en obstétrique, en tout cas des violences gynécologiques et obstétricales. Moi, j'étais jeune praticienne hospitalière, c'est-à-dire que j'avais fini vraiment mes études depuis un an. J'étais passionnée, complètement corvélable dans mon métier. Et je me souviens de cette cette prise de conscience en me disant, mais enfin, comment on peut penser que nous sommes maltraitants alors qu'on donne notre vie en salle d'accouchement, on donne notre vie en étant de garde 24 heures sur 24. Et bien sûr, j'ai commencé à regarder ce que je faisais, comment je le faisais et comment je m'adressais à mes patientes. Bon, c'est sûr que j'étais moins dans l'empathie qu'aujourd'hui et que j'étais moins... également dans le partage et surtout dans la façon d'expliquer et d'amener les choses aux patientes. Mais bon, je n'étais pas une catastrophe. J'ai regardé ce qui se passait autour de moi également en salle d'accouchement, donc les sages-femmes, comment elles s'adressaient aux patientes, ce qu'on leur disait, ce qu'on ne leur disait pas, mes collègues. Et aussi, j'ai regardé mes patientes et je me suis rendu compte qu'en effet, elles étaient... Je le savais, mais ça m'a vraiment sauté aux yeux qu'elles étaient très vulnérables à l'entrée de notre cabinet de consultation, que c'était un moment de grande anxiété de venir chez son gynéco, qu'elles n'osaient pas parler, qu'elles n'osaient rien dire. Et ça, concomitant avec ma première grossesse, où j'ai exploré, d'une manière totalement inattendue pour moi, qui était encore très technicienne, la grossesse avec le champrénat. avec tout ce qui est hypnose, avec de l'abtonomie. J'ai goûté à tout ce qu'une maman aujourd'hui fait, d'être très loin de tout ce qui est recommandé de façon scientifique. J'avais mon projet de naissance, je voulais accoucher sans péridural. Vraiment, j'ai été happée par ce côté-là. D'accord. Et voilà, mixant les deux, je suis arrivée à ce constat que ma pratique allait forcément changer, que... en changeant ma pratique, j'espérais forcément faire des vagues autour de moi et que les praticiens qui m'entourent se remettent un petit peu en question. Et rien que ça, c'était une victoire pour moi. Et que mes patientes, elles allaient rentrer dans un nouveau cabinet de l'inéco, à l'écoute et surtout qu'elles allaient m'apprendre ma nouvelle façon d'exercer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que ces valeurs et cette façon d'exercer la gynécologie, elle est encore trop rare ?

  • Speaker #2

    Bah écoute... Alors moi, j'ai une grande confiance dans la nouvelle génération parce que je discute pas mal avec eux, notamment sur Instagram, les jeunes gynéco en formation, les internes. Ils sont très sensibles à ça. Ils sont très sensibles et à la fois, ils en ont aussi peur parce que du coup, on a été tellement sous le projecteur des violences gynécologiques et obstétricales que c'est une spécialité qui n'attire plus du tout. On n'a pas du tout envie de se faire traiter de violent alors qu'on fait... pense faire simplement son métier. Donc déjà, cette génération-là prend en compte toute cette notion. Elle est formée sur le plan...

  • Speaker #1

    C'est rassurant.

  • Speaker #2

    Exactement. Et puis, c'est vrai que dans les médias, on ne parle toujours que des cas qui font la une. Donc, je pense que mes confrères, ils agissent, ils changent leur manière de consulter par... peur également du scandale. C'est clair.

  • Speaker #1

    C'est passé du tout au tout. Il doit y avoir des abus. Il y a des personnes qui malheureusement manquent d'humanité, comme tu le disais.

  • Speaker #2

    Mais oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Pour X raisons. Parce que bien sûr, vous travaillez énormément. C'est un milieu très exigeant que je ne connais pas, donc je ne peux pas parler en votre nom. Mais j'imagine que vous avez beaucoup de pression, ce qui fait qu'à un moment donné... Vous n'avez peut-être plus les moyens d'être 100% vous-même ou comme vous aimeriez être. C'est une question qui est compliquée, qui n'est ni blanche ni noire. Et c'est avec ça qu'il faut composer.

  • Speaker #2

    Oui, en revanche, la violence n'a pas lieu d'être. Ça, évidemment,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Voilà. Donc oui, c'est certain qu'il y a encore des praticiens qui sont odieux. Parce que je le sais, parce que les patientes me le disent, parce qu'à travers les réseaux sociaux, j'ai encore des témoignages qui sont affolants, qu'on va mettre, je pense, des siècles avant que les femmes soient, entre guillemets, réparées de toute cette violence médicale qu'elles ont subie pendant des années. Moi, je pense que le mal de notre siècle, ça a été ça, et qu'aujourd'hui, où on a toutes les techniques, où on est assez... performant un peu partout, notre objectif premier, c'est de remettre de l'humanité dans nos soins. Ça, c'est certain. C'est vraiment la médecine de demain.

  • Speaker #1

    Tu vois, pour l'anecdote, pour te dire qu'il m'avait vraiment profondément choquée, quand j'avais amené une fois ma mère qui était malade en consultation, le cancérologue l'avait appelée par le nom de son cancer dans la salle d'attente. Et c'est... Vraiment, ça m'a choquée. Clairement, je me suis dit, mais mon Dieu, j'espère que ce genre de médecin est très rare. Mais je me suis dit, là, on a atteint des sommets dans le...

  • Speaker #2

    Mais quelle horreur. Alors, qu'est-ce qu'on conseille aux femmes qui subissent ça ? C'est de se lever, de regarder ce médecin dans le droit des yeux et de lui dire, mais comment vous pouvez me parler de cette manière ? Regardez-vous. De le faire briquer dans sa tête, parce qu'en fait, cet homme... Ce médecin-là, il a juste une liste certainement de tâches à accomplir dans sa journée. Et une journée qui n'en finit jamais. Mais en revanche, de perdre cette humanité-là, surtout pour un cancérologue... Ah oui, c'est...

  • Speaker #1

    Ça doit pas être un cas isolé, ça doit être rare, mais un cas isolé... Et oui,

  • Speaker #2

    mais voilà, c'est à nous, c'est aux femmes, de se lever et de dire stop, là, c'est pas possible de parler comme ça. Et je suis certaine que juste en disant stop, c'est pas possible de me parler comme ça, le médecin redescend d'un cran dans sa tension, on va dire, quotidienne. Et... Et peut à la fois prendre une page blanche et ouvrir la consultation de façon différente. Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Oui. Après, c'est ce que tu disais tout à l'heure, là où la question est compliquée. Et c'est pour ça que c'est important d'en parler jusqu'à l'overdose. Mais presque, je crois qu'on n'est jamais assez sensibilisé à ça. Et surtout pour qu'il y ait le déclic et pour que vraiment ça rentre, il faut la répétition. Mais c'est que ça reste un milieu dans lequel le patient se sent vulnérable. Ah oui. Et je ne veux pas utiliser le mot inférieur, mais il y a quand même ça.

  • Speaker #2

    on est impressionné je pense par ce milieu là et ce qui fait que parfois tu peux être sidéré et du coup ne pas savoir comment réagir et ouais je sais que moi les clés que je peux donner à mes patientes ou aux femmes c'est de dire que vous êtes la personne la plus importante de votre vie et que personne ne doit quel que soit son statut même en cas de maladie ne doit venir manquer de respect ou être méprisant Surtout qu'en face, le corps médical ne l'est pas vraiment à bon escient. C'est simplement du manque de réflexion. Cette perte d'humanité-là, elle part juste du fait qu'ils ont manque d'effectifs, manque de temps. Et du coup, c'est droit au but. Et en face, on a quand même des patients qui sont très vulnérables. Du moment où le médecin se dit en face de moi, j'ai quelqu'un de vulnérable il va changer forcément ça. sa façon de parler. Encore faut-il qu'ils se le disent.

  • Speaker #1

    Mais bon, en tout cas, tu peux contribuer à tendre vers ça, en tout cas en libérant la parole sur ce sujet-là. Il y a quelque chose dont on n'avait pas parlé, tu sais, on parle de violences obstétricales. Est-ce que ça joue aussi le fait que dans certaines structures, alors je ne veux pas dire de bêtises, donc je ne précise pas, je ne sais plus si c'est dans le privé, dans le public, tu sais, il y a cette rémunération à l'acte qui fait que certains médecins sont poussés à faire des actes chirurgicaux.

  • Speaker #2

    Ah ! Alors, sur notre côté, nous, les gynégologues obstétriciens, je ne sais pas si tu sais, mais on touche autant qu'on fasse une césarène à peu près qu'un accouchement en voie basse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Mais ça, tu vois, je ne le savais pas, donc c'est important.

  • Speaker #2

    Donc ça ne va pas forcément pousser dans ce côté-là. Or, peut-être que ça va peut-être dans la programmation des naissances. qu'il y aura plus de césariennes potentiellement dans les structures privées quand c'est le gynéco qui accouche sa patiente en privé. Il y a un peu plus de taux de pourcentage de césariennes, mais c'est toujours, j'ai envie de dire, c'est en accord avec la patiente. Il me semble qu'il n'y a rien de forcé. Après, oui, il y a un peu plus de déclenchement et on le sait que c'est souvent un peu pour programmer les naissances.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #2

    C'est bien pour ça que le... pour préserver ce taux d'accouchement par voie basse, que le prix de la césarienne est quasiment équivalent.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. C'est ce que tu viens d'évoquer, ou il y a d'autres choses que tu aimerais voir particulièrement bouger dans ton secteur ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, ce que j'aimerais voir évoluer dans mon secteur, surtout dans le milieu de la naissance, le monde de la naissance, c'est effectivement plus d'écoute. Oui, la prise en compte de ces violences gynécologiques et obstétriques qui existent, qui sont présentes, qui sont présentes chez tout le monde, aussi bien le gynécologue que la sage-femme, que l'auxiliaire de Pierre, que l'anesthésiste, que l'infirmière anesthésiste, enfin vraiment tous les professionnels peuvent être violents par des mots, par des gestes, par des regards. Ça, c'est cette prise en compte-là. Ce que j'aimerais voir évoluer, c'est forcément plus de moyens. Ça, c'est dans mes rêves. plus d'humains et plus de personnel pour pouvoir accéder au suivi global d'une patiente, de A à Z, en étant une femme, une sage-femme, qu'il y ait plus de respect de la physiologie en salle de naissance également. Mais aujourd'hui, avec ce qu'on a comme moyen, c'est compliqué. Et oui. Il faut qu'il vive,

  • Speaker #1

    il manque, il manque. il y a si peu, enfin si peu, qu'il n'y a pas assez de médecins.

  • Speaker #2

    Oui, écoute, tu sais, il y a eu une politique très restrictive de former des médecins il y a 20-30 ans. Et voilà, c'est juste l'aboutissement de cette politique très restrictive avec le neumosclerose. Ils ont formé très peu de médecins. Donc déjà, il y a peu de médecins. Ensuite, les sages-femmes, elles sont de plus en plus nombreuses. En revanche, leurs conditions de travail sont tellement dégradées. dans les structures, dans les maternités, qu'elles vont souvent s'installer en cabinet libéral, et donc elles partent des maternités. Donc en fait, moi là, dans la maternité où je travaille, il y a un manque de sages-femmes. Enfin, ils n'arrivent pas à recruter l'été. Les sages-femmes qui restent, elles s'assoient sur leurs vacances. Oui, c'est des conditions difficiles.

  • Speaker #1

    Oui, donc forcément, c'est la conséquence. On ne peut pas tout avoir. Et à contrario de... Tu sais de ce qu'on a dit tout à l'heure, du fait que tu avais beaucoup de patientes qui venaient et qui te communiquaient de fausses croyances, des informations qu'elles avaient vues à droite à gauche. On parle aussi aujourd'hui, parce que les réseaux sociaux ont quand même ça de bien, c'est qu'il y a des informations. Ça permet d'accéder à l'information plus facilement et il y a quand même des informations qui sont fiables. On parle de plus en plus de la notion de patient éclairé et ce sont eux aussi qui vous amènent à... a évolué sur certains aspects de votre métier, comme ce que tu as fait toi finalement, quand tu as eu ta première grossesse, à t'orienter vers des solutions qui viennent en complément bien sûr de votre travail, mais qui sont plus douces. Selon toi, qu'est-ce qui explique qu'on ne soit pas encore en train de travailler de concert avec ces médecines naturelles ? Ça vient, je vois bien que petit à petit ça arrive, mais est-ce que tu sens toi que tes confrères ont un peu de frilosité à travailler avec des alternatives douces ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est vrai que quand j'ai commencé, par exemple, pour la petite anecdote, il y a une sage-femme que j'adore, qui a passé son début d'acupuncture, par exemple. On parlait de ça. Et donc, elle proposait aux patientes qui arrivaient en salle d'accouchement de les piquer pour x ou y raison. Et moi, j'étais encore interne. Et bon, moi, je viens d'un milieu où, par contre, de façon personnelle, j'avais été... traitées en homéopathie, en acupuncture. Donc, je savais tout ça. J'avais déjà un regard qui était tout à fait OK avec cette médecine alternative. Mais je regardais mes collègues et mes co-internes. Ils levaient les yeux au ciel. C'était Oh là là ! Mais elles, avec ces aiguilles d'accu. Et au final, toutes ces personnes-là, de manière personnelle, ont eu elles-mêmes recours à de l'acupuncture. à de l'homéopathie, à de l'ostéo, à tout ce que tu veux pendant leur propre grossesse. Donc oui, le regard a déjà évolué parce que de façon personnelle, tu te rends compte que tu as quand même besoin quand tu fais une énorme crise d'hémorroïdes et que le traitement médicamenteux ne marche pas, tu vas te faire une bonne séance d'acupuncture et puis ça va beaucoup mieux après. Après, ça c'est de ma génération, je pense que les gynécos aux alentours de 35-40 ans, on est tous hyper open à ce genre d'alternative. Moi, j'encourage toutes mes patientes, de toute façon, quel que soit le parcours, que ce soit infertilité ou d'endométriose ou, je ne sais pas, des problèmes de poids ou de peau, d'aller voir, déjà de faire un point avec une naturopathe, revoir pour l'alimentation, est-ce qu'il y a une alimentation un peu inflammatoire, de reprendre tout ça, parce que moi, en consultation, je n'ai pas le temps de le faire. J'ai des petits tips. Moi, personnellement, je prescris de temps en temps un peu d'homéopathie. Dès qu'il y a une patiente qui relève de l'acupuncture, je l'oriente à 100% sur de l'acupuncture. Voilà. Même, j'ai envie de te dire, ça nous aide aussi à prendre en charge une patiente. C'est vraiment, moi, ça fait partie de leur parcours de soins. Une patiente qui a mal vécu un accouchement, qui a été traumatisée par un examen gynéco ou qui a des antécédents, elle-même, de violence. forcément, je vais lui proposer une prise en charge psychologique avec de l'EMDR ou je vais l'adresser à une de mes infirmières qui fait de l'hypnose. Voilà, c'est vraiment... Moi, j'utilise toutes ces cartes-là pour que la patiente, elle soit le mieux accompagnée, le mieux préparée et puis la meilleure santé possible. Alors, autour de moi, oui, j'ai un peu de tout. J'ai un peu aussi des plus vieux gynécos, 50, 60 ans. qui vraiment ne sont pas du tout concernées par tout ça. Et je vais te dire, tu sais, on a un peu aussi les patientes qui nous ressemblent. Je pense que leurs patientes ne sont pas en demande de plus. Oui, ça paraîtra là. Tu vois, il n'y a pas de questionnement. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Il y a un autre point que j'aurais aimé aborder avec toi parce que moi, j'ai été confrontée quand j'ai eu mon projet de maternité. Je trouve qu'on est... peu sensibilisés, en amont de l'envie d'avoir un enfant autour de la fertilité. On s'aperçoit, tu sais, sur le tard, parce que moi, par exemple, j'ai eu envie tard, c'est comme ça. Et tu vois, je ne savais pas qu'on avait une réserve ovarienne, je ne savais pas qu'il y avait des examens qu'on pouvait faire en amont. Et c'est vrai que je trouve ça dommage que sur le tard, on ait certaines informations et qu'on ne soit pas un petit peu sensibilisés, tu sais, avant. Avant sur ce sujet-là, après ma gynécologue a un certain âge, peut-être qu'effectivement c'est moins le cas aujourd'hui, mais c'est quelque chose qui m'a un peu choquée parce qu'on se retrouve un peu comme ça, tu vois, confronté à une information, on ne développe pas forcément sur le sujet en plus, donc tu vas paniquer un peu en te disant oulala mais j'ai plus le temps et est-ce que ça va vraiment marcher ? Sur ce sujet-là, qu'est-ce que vous faites exactement ? Qu'est-ce que tu fais toi de ton côté ?

  • Speaker #0

    Alors on ne fait rien de particulier. C'est vrai, tu as tout à fait raison. Il n'y a pas dans notre consultation gynéco classique. Une patiente qui est en âge d'avoir des enfants, qui est sous contraception, si elle vient pour redemander une contraception qu'elle lui convient, on ne va pas forcément développer, surtout si on ne la connaît pas. Et au fait, est-ce que vous êtes au courant ? Après, j'ai envie de te dire, plus les années passent et plus les patientes, on a notre... patientelle, on les connaît et ce discours-là, cette discussion-là, peut-être vient sur la table au bout de la deuxième, troisième fois. Et je trouve aussi, là, maintenant, en réfléchissant à ce que je voulais te dire, c'est que moi, je vois de plus en plus arriver à ma consultation des patients qui sont informés, d'une part, qui connaissent bien leur cycle et surtout... qui ne veulent plus de contraception, donc qui sont en méthode d'observation. Alors, elles ont choisi la leur. Alors, ça peut être de l'asymptose, ça peut être l'observation de la glaire, ça peut être la courbe de température. Bon, elles se débrouillent quand même assez bien. Elles ont puisé à droite et gauche des informations. Il y a ce super club d'émancipés qui fait un niveau de vague. Et moi, j'ai plein de patientes qui sont formées par l'OREN d'émanciper. Mais nous, les gynécos, on est un peu nus là-dessus. C'est clair qu'autour de moi, mes collègues gynécos, ils ont encore à dire Oui, vous ovulez à J14, le cycle, c'est J28. Bon, voilà, un peu à l'ancienne. Moi, je trouve que c'est les patientes qui nous font un peu évoluer. Et effectivement, mettre ça au sujet en plus de notre consultation, c'est sûr. Mais c'est vrai que quand un couple vient... Il n'y a pas forcément de soucis.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, le but, ce n'est pas déresponsabiliser parce qu'on sait que la fertilité diminue avec l'âge. Je veux dire, ça, c'est une réalité. Mais en tout cas, on n'est pas toutes égales, par exemple, par rapport à la réserve ovarienne puisqu'elle se définit in utero, il me semble. Et c'est vrai que ça, juste de le savoir, je pense que ça peut être bien. Mais c'est vrai que c'est un sujet délicat parce qu'après, il ne faut pas que ça soit amené de sorte à ce que ça mette de la pression à la patiente qui n'aurait pas envie.

  • Speaker #0

    Et oui, oui, oui, tout à fait. Et en plus, le sujet de la réserve ovarienne, c'est un peu un sujet... Oui et non, parce que quand tu es en parcours de grossesse spontanée, c'est-à-dire que tu n'as pas besoin d'avoir recours à la PMA, en fait, on s'en fout de ta réserve ovarienne. Tant que tu as des ovulations tous les mois, le fait de savoir que tu as une réserve ovarienne faible ne va rien changer. Ce qui va changer, c'est que si tu es à ce moment-là en parcours PMA pour x ou y raisons et que là, tu as une réserve ovarienne faible... Oui, les protocoles de PMA vont évoluer, ils vont être un peu plus agressifs. Donc je ne sais pas, je suis toujours un peu aussi... Moi-même, je me questionne du bien fondé de prescrire ce test à une patiente qui n'est même pas en désir de grossesse et qui veut connaître sa réserve ovarienne. Qu'est-ce qu'on va en faire ? La réserve est faible, oui, mais tu n'as pas encore de désir de grossesse et ça ne veut pas dire que tu ne vas pas tomber enceinte spontanément dans les trois mois.

  • Speaker #1

    Non, ça c'est certain. Après, ce qui peut faire peur, c'est que je pense que, à mon avis, peut-être pas toutes, mais on se pose la question finalement quand on a envie et qu'on fait par exemple sa première fausse couche, est-ce que finalement je vais y arriver naturellement ? Et si on découvre en plus ça, qu'on se dit que les chances peuvent être diminuées dans un parcours PMA, ça n'a pas été mon cas, mais tu vois, du coup, on se dit, oh là là, j'aurais peut-être pu gagner du temps. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est plus de l'anticipation peut-être, mais je ne soulève pas ça comme une solution.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, mais c'est une réflexion. Je pense que de toute façon, tu vois, c'est comme là, la discussion qu'on a. Je pense que c'est au cas par cas avec une patiente. Bon, voilà, moi, je les connais bien, mes patientes. Si je sens qu'il y en a une, elle est hyper anxieuse, très carrée, veut tout programmer. Ben oui, OK. Une autre, elle va se laisser porter, pas besoin de savoir. Ou au contraire de savoir, ça va l'angoisser. Ben non, on ne va pas le faire. C'est vrai. Et tu vois, par contre, ce qui est vraiment le point... L'essentiel, moi je dirais, c'est de plutôt éduquer les jeunes filles, donc première consultation, mais en général je les vois vers 16-17 ans, à comment marche le cycle, et surtout les éduquer à la prévention, activité physique, alimentation saine. Tu vois, aujourd'hui dans la société, c'est vraiment la base, le nerf de la guerre, c'est que les filles, elles continuent à faire du sport, et qu'elles aient une alimentation saine, qu'elles ne soient pas en surpoignée, en obésité. Et ça, je pense que déjà, c'est la base d'une fertilité. Oui. C'est déjà la base. Après, oui, elles arrivent à un âge où il y a l'âge de la fête, de l'alcool, du tabac, tout ça. Mais rien que de savoir que le tabac, l'alcool, les mauvaises habitudes alimentaires, ça détériore aussi la réserve ovarienne et la qualité ovocitaire. Ça, elles ne le savent pas, en revanche. Oui. Elles le savent qu'une fois qu'elles sont hyper éduquées, qu'elles se sont posées des questions, qu'elles ont fait effectivement une première fausse couche. Et moi, je pense qu'il ne faut plus s'occuper sur ce genre d'informations de santé publique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est très juste. Effectivement, tu viens de me dire quelque chose qui fait sens et que je n'avais pas forcément réalisé, c'est que ça reste quand même du cas par cas et que tu ne peux pas apporter de l'information pour chacun des cas qui pourraient se présenter. Comme tu dis, tu connais tes patientes, mais effectivement, avoir un discours qui peut répondre à ces problématiques ou en tout cas les anticiper. qui comportent toute cette hygiène de vie qui, justement, va diminuer ces placées.

  • Speaker #0

    Par contre, j'encourage toutes les femmes à poser la question à leur gynéco et à attendre une réponse. Parce que pendant bien longtemps, on a répondu aux femmes, écoutez, essayez, puis vous revenez me voir dans un an. Sauf qu'à 30 ans, la femme, elle est éduquée, elle regarde partout sur les réseaux sociaux, partout dans les bouquins et sur Internet. le 1 an, ce n'est plus possible. Si le gynéco ou la sage-femme ne donne pas un peu plus de cartes ou de pistes, la patiente va la perdre. C'est sûr qu'elle va soit changer de médecin, de sage-femme, soit elle va être très déçue de la consultation. Elle ne va avoir aucune réponse.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement, une histoire, une anecdote qui t'a particulièrement marquée depuis que tu exerces ?

  • Speaker #0

    Alors bon, moi je suis gynécologue obstétricienne, donc je suis là pour les accouchements tout à fait normaux, en coulisses. Et puis je suis là quand vraiment ça ne va pas du tout. Et là, les premiers souvenirs que j'ai, c'est vraiment des gros drames auxquels j'ai eu affaire. Je pense notamment, je pense que l'épreuve la plus difficile, ça a été de... J'exerçais en centre hospitalier universitaire et j'exerçais avec une de mes collègues qui était enceinte. Elle est venue accoucher un jour où j'étais de garde. Elle a fait une hémorragie de la dévance, mais cataclysmique. Elle s'est vidée de son sang sur ma garde. Et je pense que ce jour-là, je sais ce que c'est que le mot avoir du sang froid parce que j'étais vraiment, vraiment sur le feu avec ma collègue, mon amie. qui était vraiment en train de se vider de son sang. Et j'ai eu vraiment très peur qu'elle meure. Et c'était un mot que je n'arrivais pas à prononcer pendant des années. Mais j'ai eu peur qu'elle meure sur la table d'accouchement le jour où j'étais de garde. Donc ça, c'est un souvenir très fort parce que ça fait passer des caps au fur et à mesure qu'on avance dans notre profession. On passe des caps, on passe des caps. Mais alors là, avoir la peur de la mort d'une amie, c'était plus que tout. Et puis, à contrario, j'ai des souvenirs. tellement lumineux et fort d'avoir accouché ma meilleure amie, ma belle-sœur, deux fois, d'avoir mis au monde des enfants, mais de chers, d'être si chers à mon cœur. Et puis aussi d'avoir mis au monde des enfants de mes patientes que j'adore, ou même des patientes inconnues, mais avec des liens qui se créent en une seconde. Et puis, il y a d'autres moments très, très dark qui reviennent. Mais bon, on va s'arrêter là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais pas, c'est vraiment une montagne. Mon boulot, c'est vraiment à la fois... J'ai des énormes moments de shoot d'adrénaline, de cytocine, de plaisir. Et puis, alors, des moments de gros, gros, gros stress. Oui,

  • Speaker #1

    ça, j'imagine que ça doit être les montagnes russes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'anime le plus et qui est le plus gratifiant pour toi dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui, je pense que ce qui m'anime le plus, c'est qu'une patiente me raconte son accouchement, quelle que soit l'issue, on va dire de manière générale avec un enfant en bonne santé, l'issue, voie basse ou voie haute, qu'elle ait un bon vécu de cette naissance. Alors, bon vécu parce qu'elle a bien compris, parce qu'elle a été entourée, prise en charge. Voilà, qu'elle... qu'elle était en conscience avec l'équipe médicale et confiance et conscience, je dis bien, qu'elle ait eu la sensation d'être respectée, qu'elle l'ait été effectivement. Je pense que ça, c'est vraiment... En ce moment, ce n'est pas un combat, mais c'est vraiment quelque chose qui m'anime très fort. C'est la place que peut avoir la femme au sein de sa propre santé et puis au sein de notre structure de soins, lui redonner toute sa place. Et que nous, on soit juste des acteurs externes et qu'on soit là pour la guider, pour la sécuriser, pour la guider aussi avec les avancées scientifiques, les études, mais l'écouter, l'écouter, écouter cet instinct qui est si fort, lui redonner toute cette place-là, toute la confiance.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère qu'il y aura un avenir de futur gynéco. Avec ce très bel état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un combat un peu subjectif. Il n'y a rien de... C'est quelque chose qui n'est pas palpable. Mais je suis persuadée qu'on peut y arriver. À la fois avec les femmes et à la fois avec mes collègues. qui, j'espère, ouvre au fur et à mesure un peu les yeux et les oreilles.

  • Speaker #1

    Merci, Laure. Qu'est-ce qui te permet de cultiver ton équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie personnelle au quotidien ?

  • Speaker #0

    Alors, ça tient à un mot. Un mot, mon mari. Non, je me sens... Bon, j'ai de la chance, vraiment. Enfin, de la chance. J'ai un mari qui est génialissime, qui est en backup. qui est en back-up quand le quotidien déraille un peu entre mes gardes, mes nuits à l'hôpital, mes journées en consultation, mes retards, parce que j'ai forcément beaucoup de retards accumulés dans la journée pour aller chercher les garçons, s'en occuper. Donc lui, il est en back-up, ce qui nécessite forcément d'être très... Il flexe, donc il y a des soirées où on ne se voit pas, où il travaille, parce qu'il a dû gérer un peu des SOS dans la journée. Deuxièmement, j'ai quand même ma famille qui est très proche et sur laquelle je peux compter aussi. Je pense notamment à mes allaitements. J'ai allaité mes deux fils aînés assez longtemps et avec des gardes de 24 heures, franchement, je... C'est parce que mon mari m'a amené aussi mes bébés pendant mes gardes, que ma mère l'a également fait, et que ça n'a jamais posé de soucis. Mais c'est une chance incroyable que j'ai d'avoir cet entourage-là. Et troisièmement, pour revenir à moi, c'est que j'ai trois rendez-vous dans la semaine auxquels je ne déroge jamais. C'est deux heures de renforcement musculaire. J'ai un coach où j'y vais le matin de 8 à 9. Quoi qu'il arrive, j'y vais. Et je fais une heure de marche dans la nature par semaine, toute seule, avec mes oreillettes. Et voilà, j'écoute un podcast ou j'écoute rien. Mais en gros, là, j'ai compris que depuis quelques années, si je ne faisais pas ça, je partais en cacahuète totale.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ta recharge.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ma recharge.

  • Speaker #1

    J'ai deux questions pour toi. Quel conseil donnerais-tu à une femme qui a vécu une mauvaise expérience en milieu gynéco ? Et une future gynécologue.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, pour la femme qui a été vaccinée, qui ne veut plus voir un seul gynéco, je lui dirais déjà, premièrement, qu'elle peut changer de professionnel, donc que ce soit un autre gynéco, qu'elle peut tout à fait, si elle est en bonne santé, aller voir une sage-femme, qui probablement prendra plus de temps avec elle, sera plus en... englobante, plus sécurisante dans sa démarche. Et également, je lui conseillerais tout à fait d'écrire une lettre, pourquoi pas anonyme, mais en tout cas tout à fait possible d'être signée à ce gynéco, en lui disant factuellement ce qui s'est passé, ce qui ne lui a pas convenu. Et en tout cas, si la consultation, s'il y a eu un abus ou... ou quelque chose de trop violent. Enfin, je ne sais pas ce qu'elle peut se dire, mais elle peut tout à fait contacter l'Ordre des médecins, écrire un courrier à l'Ordre des médecins et décrire factuellement ce qui s'est passé. Moi, je pense que quand on n'a pas les mots, comme tu disais tout à l'heure, on se sent un peu sidéré. L'écrit peut aussi apporter plein de solutions. Moi, j'ai reçu des courriers. J'ai reçu beaucoup de lettres de remerciements, mais j'ai aussi reçu des courriers qui m'ont remis les pendules à l'heure. et voilà, ça en est resté là et moi ça fait partie aussi de remise en question et à la future gynéco je lui dirais déjà si elle a en tout début de parcours de lire un livre qui m'a aussi bien ouvert les yeux pendant mon cursus c'était Le coeur des femmes de Martin Winkler alors c'est un médecin généraliste qui est exercé au Canada mais qui, voilà, tout n'est Il est un peu apolémique, mais en tout cas, ce livre-là, sur le parcours d'un étudiant en médecine qui fait des consultations de gynéco, ça m'a ouvert les yeux énormément sur ce que les patientes ressentaient dans nos cabinets. Sinon, je lui dirais bien sûr de prendre du temps, de prendre du temps et de respirer avant chaque consultation pour faire un break et d'être une page blanche dès que la patiente rentre dans sa salle. pouvoir l'accueillir au mieux.

  • Speaker #1

    Super, merci pour ces précieux conseils. On va terminer par le traditionnel petit quiz de cette émission. Je vais te poser des questions, tu réponds simplement du tac au tac comme tu en as envie.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Un lieu qui t'inspire.

  • Speaker #0

    Le lieu qui m'inspire, c'est une plage en Grèce où j'ai passé mes vacances d'été depuis toute petite.

  • Speaker #1

    Ok. Ta plus grande qualité ?

  • Speaker #0

    Je vais dire l'écoute.

  • Speaker #1

    Une mauvaise habitude ?

  • Speaker #0

    Le sucré. Le sucré pas contrôlé, tu vois, le truc waouh, j'ai envie de manger un fer au rocher, paf, je m'en bouffe dix dans la foulée

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un trait de caractère, enfin, est-ce qu'il y a un trait de caractère ou une qualité qui te marque particulièrement chez les autres ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est la gentillesse. Vraiment, je suis admirative des gens profondément gentils. Je trouve que ça irradie de bonté, ça me touche beaucoup.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire à la Laure enfant ?

  • Speaker #0

    C'est... Je lui dirais, fais-toi confiance dans ce que tu ressens. Est-ce que dans tes ressentis, dans ton feeling, va jusqu'au bout de ton feeling.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça ne m'a jamais déçue.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un rituel bien-être autre que ce que tu as évoqué auparavant qui te fait du bien ?

  • Speaker #0

    Oui, alors là, je vais me faire attaquer. Je prends très souvent des bains.

  • Speaker #1

    Oh, écoute. Je suis sûre qu'on ne peut pas être parfait dans tout. Je suis sûre que tu fais attention sur d'autres choses. Ça va.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. On va dire ça, tout à fait. Mais le bain, c'est vraiment un break dans ma journée aussi qui est fondamental. Je comprends. Petit bain. Je dis toujours, je prends un petit bain.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. J'ai vécu juste dans un appartement où il y en avait un. Et j'avoue que de temps en temps, quand tu te fais un bon bouquin, tu t'allumes des bougies. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Très ressentissant, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un livre, un podcast, une recommandation culturelle qui t'a particulièrement marquée, que tu aimerais partager ?

  • Speaker #0

    Oui. Écoute, je pense que tout le monde le connaît, mais le podcast qui vraiment a fait, qui donne sens à tout aussi, la prise en compte des femmes dans notre milieu médical, c'est Bliss Stories. Je ne remercierai jamais assez Clémentine Gallet d'avoir donné la parole à toutes ces femmes. Elle m'a donné la parole en tant que gynéco. Vraiment, ça a révolutionné le monde des salles de naissance. J'espère qu'il y a plein de professionnels qui écoutent.

  • Speaker #1

    C'est noté, merci.

  • Speaker #0

    La plus grande victoire ? Je vais dire mon concours de médecine. Ce qui me vient là, c'est une victoire. Ma prof de maths en terminale, elle me disait, bon, bref, médecine, tu devrais faire plutôt infirmière. Bon, ben, j'ai bien fait de ne pas l'écouter, quoi. Tu vois, ce genre de discours, comme quoi ça peut te flinguer quelqu'un. Et comme je te le disais, j'ai bien fait d'aller au feeling et de me dire que j'y arriverais bien un jour, quoi.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que sur une personne qui a moins de confiance ou moins de...

  • Speaker #0

    Exactement, ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais, mais ça peut tellement le décourager et...

  • Speaker #0

    Ouais, le freiner. J'adore les infirmières, mais en fait, moi, je voulais faire médecine, donc c'est tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. C'était ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais tu as bien fait de t'écouter. Je vais te poser une dernière question. Qui est-ce que tu aimerais que j'invite après toi ?

  • Speaker #0

    J'adore suivre sur les réseaux Instagram. J'adore suivre Charlotte Leonardi, qui est photographe et notamment qui photographie les femmes enceintes. Elle m'a fait ma séance de maternité. C'est une personnalité qui est solaire, qui est drôle, elle est fun. Elle adore à la fois parler du corps de la femme. Elle la prend en photo de façon sublime. Elle magnifie les corps. Je le vois parce que moi, elle a fait un travail de dingue sur mes photos de maternité. Je me trouve trop belle alors qu'en temps normal, je suis très critique. Et puis, sur sa page Instagram, elle est... tellement drôle avec ses conseils mode. Moi, je me régale de la suivre. Je l'ai déjà entendue sur un podcast, mais je me dis que j'aimerais bien la réécouter et passer du temps encore avec elle dans mes oreilles.

  • Speaker #1

    Ok, génial, c'est noté. Merci beaucoup, Laure. Je suis vraiment ravie qu'on ait pu avoir cette conversation ensemble et je trouve que ce que tu fais est vraiment formidable et d'utilité publique, donc vraiment bravo pour ton engagement.

  • Speaker #0

    et ton récent podcast du coup ouais merci beaucoup Claire je suis très très contente que tu m'aies invité à prendre un petit peu la parole de mon côté et puis d'être de l'autre côté du micro c'est sympa aussi quoi merci beaucoup Laura encore pour ta gentillesse merci beaucoup

  • Speaker #2

    N'hésitez pas à partager vos retours sur l'épisode et à m'envoyer vos suggestions ou questions à l'adresse ralentir.podcast.gmail.com. On se retrouve la semaine prochaine. En attendant, prenez bien soin de vous.

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Description

Je suis heureuse de vous retrouver aujourd’hui pour vous partager ma conversation avec Laure (qui a été enregistrée avant mon accouchement), plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme « La Gyneco ».

Elle est gynécologue-obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. Qu'est-ce qui anime Laure ? Accompagner et soigner ses patientes avec "amour et humanité", et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé, entre autres, sur la notion de « patient éclairé », sur la fertilité, et sur ce qu’elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur.

Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin, ainsi qu’à une future gynécologue.

Cela fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast pour aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j’espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi !

Je vous propose maintenant de ralentir avec Laure. Très bonne écoute !


Si vous aimez ce podcast, je vous invite à laisser un avis et 5 étoiles, c’est la meilleure façon de m’aider à faire connaître le podcast.

Si vous souhaitez récompenser cette création de contenu, remercier le podcast pour ce qu'il vous apporte et le soutenir pour l'aider à perdurer, vous avez la possibilité de faire un don du montant que vous souhaitez, pour lequel je vous serais infiniment reconnaissante !


Instagram : @ralentir.podcast  / @clairemondray 

Production & montage : Claire Mondray


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Ralentir, le podcast qui explore l'entrepreneuriat féminin et le bien-être avec intime et sans tabou. Je suis Claire, créatrice de contenus digitaux, professeure de Yin et Yoga Nidra et fondatrice de ce podcast. Le fil rouge des projets que j'entreprends, sensibiliser vers une vie plus consciente et semer un peu de douceur autour de moi. Dans ce podcast, seule ou avec mes invités, j'aborde et explore des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur, comme la santé mentale, le bien-être, la maternité et l'entrepreneuriat. Je vous invite à ralentir et à accueillir tout ce que ces conversations feront naître en vous. Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour vous partager ma conversation avec Laure, plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme La Gynéco. Petite précision, cet épisode a été enregistré avant mon accouchement. Laure est gynécologue obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. C'est ce qui anime Laure à accompagner et soigner ses patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé entre autres sur la notion de patient éclairé, sur la fertilité et sur ce qu'elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur. Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin ainsi qu'à une future gynécologue. Ça fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast afin d'aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j'espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi. Je vous propose maintenant de ralentir avec l'or. Très bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Laure, je suis ravie de te recevoir sur cette émission de podcast, comment vas-tu ?

  • Speaker #2

    Bonjour Claire, merci beaucoup de m'avoir invitée, je vais très bien.

  • Speaker #1

    Oui, il me semble que tu as eu un petit bébé récemment, donc j'imagine que ça doit être peut-être un peu sport.

  • Speaker #2

    Ah voilà, exactement, là pour tout te dire, je l'ai calé à la sieste et on va espérer qu'il soit coopératif pendant notre enregistrement. Il va bientôt avoir 4 mois.

  • Speaker #1

    Je suis certaine que ça va bien se passer. Est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas, s'il te plaît ? Oui,

  • Speaker #2

    bien sûr. Alors, je suis Laure Ennody, j'ai 39 ans. Je suis maman de trois petits garçons de 5 ans, 3 ans et bientôt 4 mois. Et je suis gynécologue obstétricienne, donc depuis 15 ans maintenant. J'exerce en libéral, donc je suis installée en privé, à la fois... dans un cabinet de consultation et à la fois en maternité, où je réalise des gardes en maternité, donc de 24 heures en salle d'accouchement. Et voilà, je suis passionnée par ce métier. Et également, cela fait deux ans que je suis créatrice de contenu et que j'anime une page Instagram au nom de La Gynéco. Et récemment, j'ai lancé le podcast La Gynéco avec des interviews de... de patientes, de femmes qui nous expliquent leur maternité. Merci, c'est tout nouveau pour moi.

  • Speaker #1

    C'est super, bravo pour ce projet. J'ai d'ailleurs pu écouter tes premiers épisodes que j'ai beaucoup aimés.

  • Speaker #2

    Ah,

  • Speaker #1

    merci. Je pense que c'est une émission importante. Mais tu vas nous en parler un petit peu plus, justement, ça m'offre une transition parfaite avec ma prochaine question qui est que c'est vrai que tu es une des rares gynécologues à être présente sur les réseaux. C'est encore peu commun. Est-ce que tu peux me dire justement qu'est-ce qui t'a amené à partager ton métier sur Instagram dans un premier temps et puis maintenant dans ton émission de podcast ?

  • Speaker #2

    Oui, et oui. Alors c'est vrai que ça s'est fait par étapes. Forcément, tu te doutes que je ne suis pas arrivée comme ça d'un coup. Ça a été d'abord un constat dans mon quotidien avec mes patientes qui me rapportaient ce qu'on appelle des fake news, des fausses informations ou des choses... des pensées assez construites par les images des réseaux sociaux concernant notamment le milieu de la naissance, en salle d'accouchement, des idées préconçues ou alors des fausses croyances. Donc j'ai moi-même pris le devant d'aller voir ce qui se passait sur les réseaux et j'ai été un petit peu heurtée comme... C'est un moindre mot que de dire ça, de voir tout ce qui se disait en bien et aussi en mal. Et du coup, je me suis dit, tiens, je vais créer... Ma page Instagram, au début, c'était carrément Dr Laure Ennody. Je n'étais même pas à la gynéco. Et puis, ça a pris un petit peu d'ampleur. Mes patientes, d'abord, m'ont fait des super retours. Et puis après, j'ai pris un peu goût à ça, à donner un petit peu un côté ludique.

  • Speaker #1

    C'était une manière pour toi, en plus de tout, de se sentir encore plus utile au quotidien.

  • Speaker #2

    Exactement, et j'allais y venir aussi, c'était une façon aussi pour moi de me sortir d'un isolement professionnel. Alors ça, c'est quelque chose qui ne va pas parler à beaucoup de... qui va peut-être vous paraître un peu bizarre, mais en tant que médecin, jeune femme, on se sent souvent seule derrière notre bureau de consultation ou même de garde alors qu'on voit des centaines de femmes, des dizaines de femmes dans la journée. Mais on a quand même un isolement où on peut... Moi, je suis entourée de professionnels qui sont un peu plus âgés que moi. On n'a pas les mêmes centres d'intérêt. Et franchement, ça m'a aussi sortie de cet isolement-là, le fait d'être connectée à...

  • Speaker #1

    Tu veux bien le souligner, pardon, tu vois, parce que c'est vrai que d'un point de vue extérieur, on se dit, contrairement à moi ou d'autres indépendantes qui travaillent vraiment seules chez elles, qu'on se dit que puisque tu as des échanges toute la journée... Il y a moins cet effet d'isolement, mais en fait, parce que ce n'est pas du tout les mêmes échanges, ce n'est pas la même chose.

  • Speaker #2

    Exactement. Moi, mes patientes, même si je prends du temps avec elles et qu'on crée une relation, ça enchaîne. Mes pauses déjeuner ou les pauses café, souvent, je suis seule. C'est un milieu qui est très professionnel, il n'y a pas tellement de place. En tout cas, sinon, à mon âge, je ne te dis pas, pendant mes études, c'est sûr que c'était beaucoup plus l'ambiance carabin. Mais maintenant, on est souvent seul face à son entourage.

  • Speaker #1

    Mais les journées, il faut être un peu longue et un peu lourde.

  • Speaker #2

    Mais non, finalement, oui, les journées passent. Et là, je suis en courrier maternité, mais quand je suis en activité, j'avais pris l'habitude de faire des stories pendant mes gardes. Et alors ça, c'était génial, parce que sans rien montrer, en respectant totalement le secret médical, j'arrivais à faire participer toute ma communauté. Et j'avais l'impression que j'avais 15 000 femmes qui me soutenaient. Sur mes gardes de 24 heures, à 3 heures du mat, quand je me levais pour faire une césarienne ou des spatules, j'avais l'impression qu'elles étaient tout derrière moi, genre, courage, attends, vas-y. Ça, c'était quand même quelque chose d'assez galvanisant. C'était incroyable. Bon, là, ça fait quelque temps, du coup, j'ai arrêté parce que j'ai arrêté les gardes pour ma maternité. Mais voilà, je me dis que quand je vais reprendre, je vais reprendre ça parce que ça, c'était super. Ça m'a beaucoup apporté ces derniers mois. Donc, à la fois, toutes les femmes qui me suivent, elles m'apportent énormément. Donc, c'est un bel échange.

  • Speaker #1

    C'est un échange qui te nourrit.

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et le format podcast, du coup, te permet d'aller un peu plus loin là-dedans et notamment dans la sensibilisation. Et qu'est-ce qu'a été le déclic, d'ailleurs, pour lancer le podcast ?

  • Speaker #2

    Mais oui, vraiment, là, c'est une chance que je me suis... octroyer, vraiment, j'ai pris ce temps-là pour prendre du temps avec... Bon, là, les premières femmes qui ont témoigné, ce sont mes patientes. D'avoir du temps avec elles, on a passé une heure, deux heures, voire trois heures ensemble à reprendre des points clés de leur maternité, de leur parcours de santé de femmes. Qu'est-ce qui m'a amenée à ça ? C'est que forcément, quand on voit 20, 25 patientes... Par jour, il y a des histoires qui sortent du lot, il y a des histoires qui me touchent énormément. J'ai des patientes qui me touchent en elles-mêmes, au-delà de leur parcours de maternité. J'ai commencé un carnet où j'écris, je prends des notes, juste à côté d'un prénom, je mets un mot. Et ça, ce n'est pas quelque chose qui est inné en moi, d'avoir un talent d'écrivain. Mais en revanche, faire parler mes patientes, faire parler les femmes, leur donner un peu d'autres perspectives dans leurs discours aussi, dans leurs récits, leur faire comprendre ce qu'elles ont vécu, ça, c'est mon travail au quotidien. Et le fait de m'arrêter pour ma troisième grossesse, je me suis dit, mais en fait, il faut absolument que je prenne ce temps-là. Je pouvais encore le faire. Et donc, j'ai pris un jour par semaine, je donnais rendez-vous à... à des femmes dans mon cabinet. On a enregistré jusqu'à la fin de ma grossesse. Donc c'était assez incroyable d'enregistrer alors que moi, j'étais de plus en plus enceinte. Elles me voyaient de plus en plus enceinte et toujours là à questionner et à être toujours passionnée par leur récit. Voilà, et c'est vrai que c'était une transition à la fois de m'arrêter professionnellement, de consulter, mais... à la fois tout en gardant un pied avec ces femmes et ces patientes qui me portent énormément au quotidien.

  • Speaker #1

    Et oui. Et du coup, tu dois avoir pas mal d'épisodes à l'avance.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que là, on a enregistré six mois d'épisodes. Ah oui, effectivement.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Oui, on a fait un gros travail d'enregistrement. J'ai été aidée par mon mari qui m'a aidée à tout mettre en place sur le plan technique. Et tu verras, les épisodes de conversation, on en sort un tous les 15 jours. Mais entre-temps, je sors un petit épisode où je prends la parole moi et où je reviens sur une thématique qui a été abordée dans l'épisode précédent avec ma patiente.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu que c'était un peu le format et c'est rigolo. J'ai un peu ce format-là parce que... C'est vrai que tenir le format interview toutes les semaines, c'est vraiment... Il faudrait faire ça à temps plein, en fait. Surtout quand tu montes toi-même. Après, quand tu as la possibilité et les moyens de faire monter à quelqu'un d'autre, OK, peut-être que c'est envisageable, mais sinon, c'est vraiment... Sur de l'interview, c'est très long.

  • Speaker #2

    Mais quel travail, bien sûr. On pensait... C'est un aparté, mais on pensait le faire tous les deux avec mon mari. Finalement, je l'ai mis en production. La production, c'est cette type de production, je les mentionne à chaque fois. Je suis très contente du travail, mais effectivement, c'est un investissement, c'est un enjeu qui n'est pas à moindre coût, en effet.

  • Speaker #1

    C'est du temps que tu peux investir sur autre chose.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    C'est super. J'invite tout le monde à découvrir ton podcast qui s'appelle très simplement La Gynéco.

  • Speaker #2

    La recherche du nom, elle est compliquée pour un podcast.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un très beau projet. C'est top que tu te sois lancée.

  • Speaker #2

    Merci Claire. Je te dis que les premiers épisodes, comme tu es toi-même très enceinte, je ne sais pas pourquoi c'est tombé comme ça, mais on n'est pas parti sur de la physiologie au tout début de mon podcast. Je ne veux pas faire peur aux auditrices, mais il y aura de la physiologie, il y aura de l'accouchement en voie basse, il y aura l'ensemble du panel qu'on peut retrouver dans une maternité. C'est vrai que le podcast commence par un sédan programmé et deuil périnatal. C'est comme ça, c'est tombé comme ça, mais ça fait partie du pétage aussi de ma spécialité.

  • Speaker #1

    C'est sûr, mais il n'y aura pas que ça, donc c'est bon de le stimuler, parce que c'est vrai que ça peut être anxiogène pour ça. C'est vrai que moi j'ai vu Deuil Périnatel, je t'avoue que je ne l'ai pas écouté celui-là. Je disais, c'est pas possible.

  • Speaker #2

    Non mais d'ailleurs je le dis bien, écoutez-le, enfin passez votre chemin si c'est pas bon pour vous.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais oui, c'est important, mais c'est tellement important d'en parler, donc c'est bien de le préciser.

  • Speaker #2

    On y reviendra, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu désires accompagner et soigner tes patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. C'est une volonté que tu as depuis que tu as commencé à exercer ou ça a été une prise de conscience au fur et à mesure de tes années à exercer ?

  • Speaker #2

    Écoute, oui, je pense que de manière... Je suis quelqu'un d'humaniste et assez à l'écoute depuis très longtemps. grosse prise de conscience et je me souviens très bien du moment où c'est arrivé. C'était un peu concomitant, bien entendu, avec ma première expérience de maternité quand j'étais enceinte de mon premier fils en 2018. Et c'était concomitant avec le 2017, c'était balance ton porc, hashtag tout ce qui est sorti dans la presse, balance ton gynéco, toute la enquête de Marlène Schiappa. pas sur les taux d'épisiotomie qui avaient été... C'était des photos d'épisiotomie dans la maternité, mais en tout cas, ça avait soulevé toute la question de la bientraitance en obstétrique, en tout cas des violences gynécologiques et obstétricales. Moi, j'étais jeune praticienne hospitalière, c'est-à-dire que j'avais fini vraiment mes études depuis un an. J'étais passionnée, complètement corvélable dans mon métier. Et je me souviens de cette cette prise de conscience en me disant, mais enfin, comment on peut penser que nous sommes maltraitants alors qu'on donne notre vie en salle d'accouchement, on donne notre vie en étant de garde 24 heures sur 24. Et bien sûr, j'ai commencé à regarder ce que je faisais, comment je le faisais et comment je m'adressais à mes patientes. Bon, c'est sûr que j'étais moins dans l'empathie qu'aujourd'hui et que j'étais moins... également dans le partage et surtout dans la façon d'expliquer et d'amener les choses aux patientes. Mais bon, je n'étais pas une catastrophe. J'ai regardé ce qui se passait autour de moi également en salle d'accouchement, donc les sages-femmes, comment elles s'adressaient aux patientes, ce qu'on leur disait, ce qu'on ne leur disait pas, mes collègues. Et aussi, j'ai regardé mes patientes et je me suis rendu compte qu'en effet, elles étaient... Je le savais, mais ça m'a vraiment sauté aux yeux qu'elles étaient très vulnérables à l'entrée de notre cabinet de consultation, que c'était un moment de grande anxiété de venir chez son gynéco, qu'elles n'osaient pas parler, qu'elles n'osaient rien dire. Et ça, concomitant avec ma première grossesse, où j'ai exploré, d'une manière totalement inattendue pour moi, qui était encore très technicienne, la grossesse avec le champrénat. avec tout ce qui est hypnose, avec de l'abtonomie. J'ai goûté à tout ce qu'une maman aujourd'hui fait, d'être très loin de tout ce qui est recommandé de façon scientifique. J'avais mon projet de naissance, je voulais accoucher sans péridural. Vraiment, j'ai été happée par ce côté-là. D'accord. Et voilà, mixant les deux, je suis arrivée à ce constat que ma pratique allait forcément changer, que... en changeant ma pratique, j'espérais forcément faire des vagues autour de moi et que les praticiens qui m'entourent se remettent un petit peu en question. Et rien que ça, c'était une victoire pour moi. Et que mes patientes, elles allaient rentrer dans un nouveau cabinet de l'inéco, à l'écoute et surtout qu'elles allaient m'apprendre ma nouvelle façon d'exercer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que ces valeurs et cette façon d'exercer la gynécologie, elle est encore trop rare ?

  • Speaker #2

    Bah écoute... Alors moi, j'ai une grande confiance dans la nouvelle génération parce que je discute pas mal avec eux, notamment sur Instagram, les jeunes gynéco en formation, les internes. Ils sont très sensibles à ça. Ils sont très sensibles et à la fois, ils en ont aussi peur parce que du coup, on a été tellement sous le projecteur des violences gynécologiques et obstétricales que c'est une spécialité qui n'attire plus du tout. On n'a pas du tout envie de se faire traiter de violent alors qu'on fait... pense faire simplement son métier. Donc déjà, cette génération-là prend en compte toute cette notion. Elle est formée sur le plan...

  • Speaker #1

    C'est rassurant.

  • Speaker #2

    Exactement. Et puis, c'est vrai que dans les médias, on ne parle toujours que des cas qui font la une. Donc, je pense que mes confrères, ils agissent, ils changent leur manière de consulter par... peur également du scandale. C'est clair.

  • Speaker #1

    C'est passé du tout au tout. Il doit y avoir des abus. Il y a des personnes qui malheureusement manquent d'humanité, comme tu le disais.

  • Speaker #2

    Mais oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Pour X raisons. Parce que bien sûr, vous travaillez énormément. C'est un milieu très exigeant que je ne connais pas, donc je ne peux pas parler en votre nom. Mais j'imagine que vous avez beaucoup de pression, ce qui fait qu'à un moment donné... Vous n'avez peut-être plus les moyens d'être 100% vous-même ou comme vous aimeriez être. C'est une question qui est compliquée, qui n'est ni blanche ni noire. Et c'est avec ça qu'il faut composer.

  • Speaker #2

    Oui, en revanche, la violence n'a pas lieu d'être. Ça, évidemment,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Voilà. Donc oui, c'est certain qu'il y a encore des praticiens qui sont odieux. Parce que je le sais, parce que les patientes me le disent, parce qu'à travers les réseaux sociaux, j'ai encore des témoignages qui sont affolants, qu'on va mettre, je pense, des siècles avant que les femmes soient, entre guillemets, réparées de toute cette violence médicale qu'elles ont subie pendant des années. Moi, je pense que le mal de notre siècle, ça a été ça, et qu'aujourd'hui, où on a toutes les techniques, où on est assez... performant un peu partout, notre objectif premier, c'est de remettre de l'humanité dans nos soins. Ça, c'est certain. C'est vraiment la médecine de demain.

  • Speaker #1

    Tu vois, pour l'anecdote, pour te dire qu'il m'avait vraiment profondément choquée, quand j'avais amené une fois ma mère qui était malade en consultation, le cancérologue l'avait appelée par le nom de son cancer dans la salle d'attente. Et c'est... Vraiment, ça m'a choquée. Clairement, je me suis dit, mais mon Dieu, j'espère que ce genre de médecin est très rare. Mais je me suis dit, là, on a atteint des sommets dans le...

  • Speaker #2

    Mais quelle horreur. Alors, qu'est-ce qu'on conseille aux femmes qui subissent ça ? C'est de se lever, de regarder ce médecin dans le droit des yeux et de lui dire, mais comment vous pouvez me parler de cette manière ? Regardez-vous. De le faire briquer dans sa tête, parce qu'en fait, cet homme... Ce médecin-là, il a juste une liste certainement de tâches à accomplir dans sa journée. Et une journée qui n'en finit jamais. Mais en revanche, de perdre cette humanité-là, surtout pour un cancérologue... Ah oui, c'est...

  • Speaker #1

    Ça doit pas être un cas isolé, ça doit être rare, mais un cas isolé... Et oui,

  • Speaker #2

    mais voilà, c'est à nous, c'est aux femmes, de se lever et de dire stop, là, c'est pas possible de parler comme ça. Et je suis certaine que juste en disant stop, c'est pas possible de me parler comme ça, le médecin redescend d'un cran dans sa tension, on va dire, quotidienne. Et... Et peut à la fois prendre une page blanche et ouvrir la consultation de façon différente. Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Oui. Après, c'est ce que tu disais tout à l'heure, là où la question est compliquée. Et c'est pour ça que c'est important d'en parler jusqu'à l'overdose. Mais presque, je crois qu'on n'est jamais assez sensibilisé à ça. Et surtout pour qu'il y ait le déclic et pour que vraiment ça rentre, il faut la répétition. Mais c'est que ça reste un milieu dans lequel le patient se sent vulnérable. Ah oui. Et je ne veux pas utiliser le mot inférieur, mais il y a quand même ça.

  • Speaker #2

    on est impressionné je pense par ce milieu là et ce qui fait que parfois tu peux être sidéré et du coup ne pas savoir comment réagir et ouais je sais que moi les clés que je peux donner à mes patientes ou aux femmes c'est de dire que vous êtes la personne la plus importante de votre vie et que personne ne doit quel que soit son statut même en cas de maladie ne doit venir manquer de respect ou être méprisant Surtout qu'en face, le corps médical ne l'est pas vraiment à bon escient. C'est simplement du manque de réflexion. Cette perte d'humanité-là, elle part juste du fait qu'ils ont manque d'effectifs, manque de temps. Et du coup, c'est droit au but. Et en face, on a quand même des patients qui sont très vulnérables. Du moment où le médecin se dit en face de moi, j'ai quelqu'un de vulnérable il va changer forcément ça. sa façon de parler. Encore faut-il qu'ils se le disent.

  • Speaker #1

    Mais bon, en tout cas, tu peux contribuer à tendre vers ça, en tout cas en libérant la parole sur ce sujet-là. Il y a quelque chose dont on n'avait pas parlé, tu sais, on parle de violences obstétricales. Est-ce que ça joue aussi le fait que dans certaines structures, alors je ne veux pas dire de bêtises, donc je ne précise pas, je ne sais plus si c'est dans le privé, dans le public, tu sais, il y a cette rémunération à l'acte qui fait que certains médecins sont poussés à faire des actes chirurgicaux.

  • Speaker #2

    Ah ! Alors, sur notre côté, nous, les gynégologues obstétriciens, je ne sais pas si tu sais, mais on touche autant qu'on fasse une césarène à peu près qu'un accouchement en voie basse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Mais ça, tu vois, je ne le savais pas, donc c'est important.

  • Speaker #2

    Donc ça ne va pas forcément pousser dans ce côté-là. Or, peut-être que ça va peut-être dans la programmation des naissances. qu'il y aura plus de césariennes potentiellement dans les structures privées quand c'est le gynéco qui accouche sa patiente en privé. Il y a un peu plus de taux de pourcentage de césariennes, mais c'est toujours, j'ai envie de dire, c'est en accord avec la patiente. Il me semble qu'il n'y a rien de forcé. Après, oui, il y a un peu plus de déclenchement et on le sait que c'est souvent un peu pour programmer les naissances.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #2

    C'est bien pour ça que le... pour préserver ce taux d'accouchement par voie basse, que le prix de la césarienne est quasiment équivalent.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. C'est ce que tu viens d'évoquer, ou il y a d'autres choses que tu aimerais voir particulièrement bouger dans ton secteur ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, ce que j'aimerais voir évoluer dans mon secteur, surtout dans le milieu de la naissance, le monde de la naissance, c'est effectivement plus d'écoute. Oui, la prise en compte de ces violences gynécologiques et obstétriques qui existent, qui sont présentes, qui sont présentes chez tout le monde, aussi bien le gynécologue que la sage-femme, que l'auxiliaire de Pierre, que l'anesthésiste, que l'infirmière anesthésiste, enfin vraiment tous les professionnels peuvent être violents par des mots, par des gestes, par des regards. Ça, c'est cette prise en compte-là. Ce que j'aimerais voir évoluer, c'est forcément plus de moyens. Ça, c'est dans mes rêves. plus d'humains et plus de personnel pour pouvoir accéder au suivi global d'une patiente, de A à Z, en étant une femme, une sage-femme, qu'il y ait plus de respect de la physiologie en salle de naissance également. Mais aujourd'hui, avec ce qu'on a comme moyen, c'est compliqué. Et oui. Il faut qu'il vive,

  • Speaker #1

    il manque, il manque. il y a si peu, enfin si peu, qu'il n'y a pas assez de médecins.

  • Speaker #2

    Oui, écoute, tu sais, il y a eu une politique très restrictive de former des médecins il y a 20-30 ans. Et voilà, c'est juste l'aboutissement de cette politique très restrictive avec le neumosclerose. Ils ont formé très peu de médecins. Donc déjà, il y a peu de médecins. Ensuite, les sages-femmes, elles sont de plus en plus nombreuses. En revanche, leurs conditions de travail sont tellement dégradées. dans les structures, dans les maternités, qu'elles vont souvent s'installer en cabinet libéral, et donc elles partent des maternités. Donc en fait, moi là, dans la maternité où je travaille, il y a un manque de sages-femmes. Enfin, ils n'arrivent pas à recruter l'été. Les sages-femmes qui restent, elles s'assoient sur leurs vacances. Oui, c'est des conditions difficiles.

  • Speaker #1

    Oui, donc forcément, c'est la conséquence. On ne peut pas tout avoir. Et à contrario de... Tu sais de ce qu'on a dit tout à l'heure, du fait que tu avais beaucoup de patientes qui venaient et qui te communiquaient de fausses croyances, des informations qu'elles avaient vues à droite à gauche. On parle aussi aujourd'hui, parce que les réseaux sociaux ont quand même ça de bien, c'est qu'il y a des informations. Ça permet d'accéder à l'information plus facilement et il y a quand même des informations qui sont fiables. On parle de plus en plus de la notion de patient éclairé et ce sont eux aussi qui vous amènent à... a évolué sur certains aspects de votre métier, comme ce que tu as fait toi finalement, quand tu as eu ta première grossesse, à t'orienter vers des solutions qui viennent en complément bien sûr de votre travail, mais qui sont plus douces. Selon toi, qu'est-ce qui explique qu'on ne soit pas encore en train de travailler de concert avec ces médecines naturelles ? Ça vient, je vois bien que petit à petit ça arrive, mais est-ce que tu sens toi que tes confrères ont un peu de frilosité à travailler avec des alternatives douces ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est vrai que quand j'ai commencé, par exemple, pour la petite anecdote, il y a une sage-femme que j'adore, qui a passé son début d'acupuncture, par exemple. On parlait de ça. Et donc, elle proposait aux patientes qui arrivaient en salle d'accouchement de les piquer pour x ou y raison. Et moi, j'étais encore interne. Et bon, moi, je viens d'un milieu où, par contre, de façon personnelle, j'avais été... traitées en homéopathie, en acupuncture. Donc, je savais tout ça. J'avais déjà un regard qui était tout à fait OK avec cette médecine alternative. Mais je regardais mes collègues et mes co-internes. Ils levaient les yeux au ciel. C'était Oh là là ! Mais elles, avec ces aiguilles d'accu. Et au final, toutes ces personnes-là, de manière personnelle, ont eu elles-mêmes recours à de l'acupuncture. à de l'homéopathie, à de l'ostéo, à tout ce que tu veux pendant leur propre grossesse. Donc oui, le regard a déjà évolué parce que de façon personnelle, tu te rends compte que tu as quand même besoin quand tu fais une énorme crise d'hémorroïdes et que le traitement médicamenteux ne marche pas, tu vas te faire une bonne séance d'acupuncture et puis ça va beaucoup mieux après. Après, ça c'est de ma génération, je pense que les gynécos aux alentours de 35-40 ans, on est tous hyper open à ce genre d'alternative. Moi, j'encourage toutes mes patientes, de toute façon, quel que soit le parcours, que ce soit infertilité ou d'endométriose ou, je ne sais pas, des problèmes de poids ou de peau, d'aller voir, déjà de faire un point avec une naturopathe, revoir pour l'alimentation, est-ce qu'il y a une alimentation un peu inflammatoire, de reprendre tout ça, parce que moi, en consultation, je n'ai pas le temps de le faire. J'ai des petits tips. Moi, personnellement, je prescris de temps en temps un peu d'homéopathie. Dès qu'il y a une patiente qui relève de l'acupuncture, je l'oriente à 100% sur de l'acupuncture. Voilà. Même, j'ai envie de te dire, ça nous aide aussi à prendre en charge une patiente. C'est vraiment, moi, ça fait partie de leur parcours de soins. Une patiente qui a mal vécu un accouchement, qui a été traumatisée par un examen gynéco ou qui a des antécédents, elle-même, de violence. forcément, je vais lui proposer une prise en charge psychologique avec de l'EMDR ou je vais l'adresser à une de mes infirmières qui fait de l'hypnose. Voilà, c'est vraiment... Moi, j'utilise toutes ces cartes-là pour que la patiente, elle soit le mieux accompagnée, le mieux préparée et puis la meilleure santé possible. Alors, autour de moi, oui, j'ai un peu de tout. J'ai un peu aussi des plus vieux gynécos, 50, 60 ans. qui vraiment ne sont pas du tout concernées par tout ça. Et je vais te dire, tu sais, on a un peu aussi les patientes qui nous ressemblent. Je pense que leurs patientes ne sont pas en demande de plus. Oui, ça paraîtra là. Tu vois, il n'y a pas de questionnement. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Il y a un autre point que j'aurais aimé aborder avec toi parce que moi, j'ai été confrontée quand j'ai eu mon projet de maternité. Je trouve qu'on est... peu sensibilisés, en amont de l'envie d'avoir un enfant autour de la fertilité. On s'aperçoit, tu sais, sur le tard, parce que moi, par exemple, j'ai eu envie tard, c'est comme ça. Et tu vois, je ne savais pas qu'on avait une réserve ovarienne, je ne savais pas qu'il y avait des examens qu'on pouvait faire en amont. Et c'est vrai que je trouve ça dommage que sur le tard, on ait certaines informations et qu'on ne soit pas un petit peu sensibilisés, tu sais, avant. Avant sur ce sujet-là, après ma gynécologue a un certain âge, peut-être qu'effectivement c'est moins le cas aujourd'hui, mais c'est quelque chose qui m'a un peu choquée parce qu'on se retrouve un peu comme ça, tu vois, confronté à une information, on ne développe pas forcément sur le sujet en plus, donc tu vas paniquer un peu en te disant oulala mais j'ai plus le temps et est-ce que ça va vraiment marcher ? Sur ce sujet-là, qu'est-ce que vous faites exactement ? Qu'est-ce que tu fais toi de ton côté ?

  • Speaker #0

    Alors on ne fait rien de particulier. C'est vrai, tu as tout à fait raison. Il n'y a pas dans notre consultation gynéco classique. Une patiente qui est en âge d'avoir des enfants, qui est sous contraception, si elle vient pour redemander une contraception qu'elle lui convient, on ne va pas forcément développer, surtout si on ne la connaît pas. Et au fait, est-ce que vous êtes au courant ? Après, j'ai envie de te dire, plus les années passent et plus les patientes, on a notre... patientelle, on les connaît et ce discours-là, cette discussion-là, peut-être vient sur la table au bout de la deuxième, troisième fois. Et je trouve aussi, là, maintenant, en réfléchissant à ce que je voulais te dire, c'est que moi, je vois de plus en plus arriver à ma consultation des patients qui sont informés, d'une part, qui connaissent bien leur cycle et surtout... qui ne veulent plus de contraception, donc qui sont en méthode d'observation. Alors, elles ont choisi la leur. Alors, ça peut être de l'asymptose, ça peut être l'observation de la glaire, ça peut être la courbe de température. Bon, elles se débrouillent quand même assez bien. Elles ont puisé à droite et gauche des informations. Il y a ce super club d'émancipés qui fait un niveau de vague. Et moi, j'ai plein de patientes qui sont formées par l'OREN d'émanciper. Mais nous, les gynécos, on est un peu nus là-dessus. C'est clair qu'autour de moi, mes collègues gynécos, ils ont encore à dire Oui, vous ovulez à J14, le cycle, c'est J28. Bon, voilà, un peu à l'ancienne. Moi, je trouve que c'est les patientes qui nous font un peu évoluer. Et effectivement, mettre ça au sujet en plus de notre consultation, c'est sûr. Mais c'est vrai que quand un couple vient... Il n'y a pas forcément de soucis.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, le but, ce n'est pas déresponsabiliser parce qu'on sait que la fertilité diminue avec l'âge. Je veux dire, ça, c'est une réalité. Mais en tout cas, on n'est pas toutes égales, par exemple, par rapport à la réserve ovarienne puisqu'elle se définit in utero, il me semble. Et c'est vrai que ça, juste de le savoir, je pense que ça peut être bien. Mais c'est vrai que c'est un sujet délicat parce qu'après, il ne faut pas que ça soit amené de sorte à ce que ça mette de la pression à la patiente qui n'aurait pas envie.

  • Speaker #0

    Et oui, oui, oui, tout à fait. Et en plus, le sujet de la réserve ovarienne, c'est un peu un sujet... Oui et non, parce que quand tu es en parcours de grossesse spontanée, c'est-à-dire que tu n'as pas besoin d'avoir recours à la PMA, en fait, on s'en fout de ta réserve ovarienne. Tant que tu as des ovulations tous les mois, le fait de savoir que tu as une réserve ovarienne faible ne va rien changer. Ce qui va changer, c'est que si tu es à ce moment-là en parcours PMA pour x ou y raisons et que là, tu as une réserve ovarienne faible... Oui, les protocoles de PMA vont évoluer, ils vont être un peu plus agressifs. Donc je ne sais pas, je suis toujours un peu aussi... Moi-même, je me questionne du bien fondé de prescrire ce test à une patiente qui n'est même pas en désir de grossesse et qui veut connaître sa réserve ovarienne. Qu'est-ce qu'on va en faire ? La réserve est faible, oui, mais tu n'as pas encore de désir de grossesse et ça ne veut pas dire que tu ne vas pas tomber enceinte spontanément dans les trois mois.

  • Speaker #1

    Non, ça c'est certain. Après, ce qui peut faire peur, c'est que je pense que, à mon avis, peut-être pas toutes, mais on se pose la question finalement quand on a envie et qu'on fait par exemple sa première fausse couche, est-ce que finalement je vais y arriver naturellement ? Et si on découvre en plus ça, qu'on se dit que les chances peuvent être diminuées dans un parcours PMA, ça n'a pas été mon cas, mais tu vois, du coup, on se dit, oh là là, j'aurais peut-être pu gagner du temps. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est plus de l'anticipation peut-être, mais je ne soulève pas ça comme une solution.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, mais c'est une réflexion. Je pense que de toute façon, tu vois, c'est comme là, la discussion qu'on a. Je pense que c'est au cas par cas avec une patiente. Bon, voilà, moi, je les connais bien, mes patientes. Si je sens qu'il y en a une, elle est hyper anxieuse, très carrée, veut tout programmer. Ben oui, OK. Une autre, elle va se laisser porter, pas besoin de savoir. Ou au contraire de savoir, ça va l'angoisser. Ben non, on ne va pas le faire. C'est vrai. Et tu vois, par contre, ce qui est vraiment le point... L'essentiel, moi je dirais, c'est de plutôt éduquer les jeunes filles, donc première consultation, mais en général je les vois vers 16-17 ans, à comment marche le cycle, et surtout les éduquer à la prévention, activité physique, alimentation saine. Tu vois, aujourd'hui dans la société, c'est vraiment la base, le nerf de la guerre, c'est que les filles, elles continuent à faire du sport, et qu'elles aient une alimentation saine, qu'elles ne soient pas en surpoignée, en obésité. Et ça, je pense que déjà, c'est la base d'une fertilité. Oui. C'est déjà la base. Après, oui, elles arrivent à un âge où il y a l'âge de la fête, de l'alcool, du tabac, tout ça. Mais rien que de savoir que le tabac, l'alcool, les mauvaises habitudes alimentaires, ça détériore aussi la réserve ovarienne et la qualité ovocitaire. Ça, elles ne le savent pas, en revanche. Oui. Elles le savent qu'une fois qu'elles sont hyper éduquées, qu'elles se sont posées des questions, qu'elles ont fait effectivement une première fausse couche. Et moi, je pense qu'il ne faut plus s'occuper sur ce genre d'informations de santé publique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est très juste. Effectivement, tu viens de me dire quelque chose qui fait sens et que je n'avais pas forcément réalisé, c'est que ça reste quand même du cas par cas et que tu ne peux pas apporter de l'information pour chacun des cas qui pourraient se présenter. Comme tu dis, tu connais tes patientes, mais effectivement, avoir un discours qui peut répondre à ces problématiques ou en tout cas les anticiper. qui comportent toute cette hygiène de vie qui, justement, va diminuer ces placées.

  • Speaker #0

    Par contre, j'encourage toutes les femmes à poser la question à leur gynéco et à attendre une réponse. Parce que pendant bien longtemps, on a répondu aux femmes, écoutez, essayez, puis vous revenez me voir dans un an. Sauf qu'à 30 ans, la femme, elle est éduquée, elle regarde partout sur les réseaux sociaux, partout dans les bouquins et sur Internet. le 1 an, ce n'est plus possible. Si le gynéco ou la sage-femme ne donne pas un peu plus de cartes ou de pistes, la patiente va la perdre. C'est sûr qu'elle va soit changer de médecin, de sage-femme, soit elle va être très déçue de la consultation. Elle ne va avoir aucune réponse.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement, une histoire, une anecdote qui t'a particulièrement marquée depuis que tu exerces ?

  • Speaker #0

    Alors bon, moi je suis gynécologue obstétricienne, donc je suis là pour les accouchements tout à fait normaux, en coulisses. Et puis je suis là quand vraiment ça ne va pas du tout. Et là, les premiers souvenirs que j'ai, c'est vraiment des gros drames auxquels j'ai eu affaire. Je pense notamment, je pense que l'épreuve la plus difficile, ça a été de... J'exerçais en centre hospitalier universitaire et j'exerçais avec une de mes collègues qui était enceinte. Elle est venue accoucher un jour où j'étais de garde. Elle a fait une hémorragie de la dévance, mais cataclysmique. Elle s'est vidée de son sang sur ma garde. Et je pense que ce jour-là, je sais ce que c'est que le mot avoir du sang froid parce que j'étais vraiment, vraiment sur le feu avec ma collègue, mon amie. qui était vraiment en train de se vider de son sang. Et j'ai eu vraiment très peur qu'elle meure. Et c'était un mot que je n'arrivais pas à prononcer pendant des années. Mais j'ai eu peur qu'elle meure sur la table d'accouchement le jour où j'étais de garde. Donc ça, c'est un souvenir très fort parce que ça fait passer des caps au fur et à mesure qu'on avance dans notre profession. On passe des caps, on passe des caps. Mais alors là, avoir la peur de la mort d'une amie, c'était plus que tout. Et puis, à contrario, j'ai des souvenirs. tellement lumineux et fort d'avoir accouché ma meilleure amie, ma belle-sœur, deux fois, d'avoir mis au monde des enfants, mais de chers, d'être si chers à mon cœur. Et puis aussi d'avoir mis au monde des enfants de mes patientes que j'adore, ou même des patientes inconnues, mais avec des liens qui se créent en une seconde. Et puis, il y a d'autres moments très, très dark qui reviennent. Mais bon, on va s'arrêter là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais pas, c'est vraiment une montagne. Mon boulot, c'est vraiment à la fois... J'ai des énormes moments de shoot d'adrénaline, de cytocine, de plaisir. Et puis, alors, des moments de gros, gros, gros stress. Oui,

  • Speaker #1

    ça, j'imagine que ça doit être les montagnes russes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'anime le plus et qui est le plus gratifiant pour toi dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui, je pense que ce qui m'anime le plus, c'est qu'une patiente me raconte son accouchement, quelle que soit l'issue, on va dire de manière générale avec un enfant en bonne santé, l'issue, voie basse ou voie haute, qu'elle ait un bon vécu de cette naissance. Alors, bon vécu parce qu'elle a bien compris, parce qu'elle a été entourée, prise en charge. Voilà, qu'elle... qu'elle était en conscience avec l'équipe médicale et confiance et conscience, je dis bien, qu'elle ait eu la sensation d'être respectée, qu'elle l'ait été effectivement. Je pense que ça, c'est vraiment... En ce moment, ce n'est pas un combat, mais c'est vraiment quelque chose qui m'anime très fort. C'est la place que peut avoir la femme au sein de sa propre santé et puis au sein de notre structure de soins, lui redonner toute sa place. Et que nous, on soit juste des acteurs externes et qu'on soit là pour la guider, pour la sécuriser, pour la guider aussi avec les avancées scientifiques, les études, mais l'écouter, l'écouter, écouter cet instinct qui est si fort, lui redonner toute cette place-là, toute la confiance.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère qu'il y aura un avenir de futur gynéco. Avec ce très bel état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un combat un peu subjectif. Il n'y a rien de... C'est quelque chose qui n'est pas palpable. Mais je suis persuadée qu'on peut y arriver. À la fois avec les femmes et à la fois avec mes collègues. qui, j'espère, ouvre au fur et à mesure un peu les yeux et les oreilles.

  • Speaker #1

    Merci, Laure. Qu'est-ce qui te permet de cultiver ton équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie personnelle au quotidien ?

  • Speaker #0

    Alors, ça tient à un mot. Un mot, mon mari. Non, je me sens... Bon, j'ai de la chance, vraiment. Enfin, de la chance. J'ai un mari qui est génialissime, qui est en backup. qui est en back-up quand le quotidien déraille un peu entre mes gardes, mes nuits à l'hôpital, mes journées en consultation, mes retards, parce que j'ai forcément beaucoup de retards accumulés dans la journée pour aller chercher les garçons, s'en occuper. Donc lui, il est en back-up, ce qui nécessite forcément d'être très... Il flexe, donc il y a des soirées où on ne se voit pas, où il travaille, parce qu'il a dû gérer un peu des SOS dans la journée. Deuxièmement, j'ai quand même ma famille qui est très proche et sur laquelle je peux compter aussi. Je pense notamment à mes allaitements. J'ai allaité mes deux fils aînés assez longtemps et avec des gardes de 24 heures, franchement, je... C'est parce que mon mari m'a amené aussi mes bébés pendant mes gardes, que ma mère l'a également fait, et que ça n'a jamais posé de soucis. Mais c'est une chance incroyable que j'ai d'avoir cet entourage-là. Et troisièmement, pour revenir à moi, c'est que j'ai trois rendez-vous dans la semaine auxquels je ne déroge jamais. C'est deux heures de renforcement musculaire. J'ai un coach où j'y vais le matin de 8 à 9. Quoi qu'il arrive, j'y vais. Et je fais une heure de marche dans la nature par semaine, toute seule, avec mes oreillettes. Et voilà, j'écoute un podcast ou j'écoute rien. Mais en gros, là, j'ai compris que depuis quelques années, si je ne faisais pas ça, je partais en cacahuète totale.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ta recharge.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ma recharge.

  • Speaker #1

    J'ai deux questions pour toi. Quel conseil donnerais-tu à une femme qui a vécu une mauvaise expérience en milieu gynéco ? Et une future gynécologue.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, pour la femme qui a été vaccinée, qui ne veut plus voir un seul gynéco, je lui dirais déjà, premièrement, qu'elle peut changer de professionnel, donc que ce soit un autre gynéco, qu'elle peut tout à fait, si elle est en bonne santé, aller voir une sage-femme, qui probablement prendra plus de temps avec elle, sera plus en... englobante, plus sécurisante dans sa démarche. Et également, je lui conseillerais tout à fait d'écrire une lettre, pourquoi pas anonyme, mais en tout cas tout à fait possible d'être signée à ce gynéco, en lui disant factuellement ce qui s'est passé, ce qui ne lui a pas convenu. Et en tout cas, si la consultation, s'il y a eu un abus ou... ou quelque chose de trop violent. Enfin, je ne sais pas ce qu'elle peut se dire, mais elle peut tout à fait contacter l'Ordre des médecins, écrire un courrier à l'Ordre des médecins et décrire factuellement ce qui s'est passé. Moi, je pense que quand on n'a pas les mots, comme tu disais tout à l'heure, on se sent un peu sidéré. L'écrit peut aussi apporter plein de solutions. Moi, j'ai reçu des courriers. J'ai reçu beaucoup de lettres de remerciements, mais j'ai aussi reçu des courriers qui m'ont remis les pendules à l'heure. et voilà, ça en est resté là et moi ça fait partie aussi de remise en question et à la future gynéco je lui dirais déjà si elle a en tout début de parcours de lire un livre qui m'a aussi bien ouvert les yeux pendant mon cursus c'était Le coeur des femmes de Martin Winkler alors c'est un médecin généraliste qui est exercé au Canada mais qui, voilà, tout n'est Il est un peu apolémique, mais en tout cas, ce livre-là, sur le parcours d'un étudiant en médecine qui fait des consultations de gynéco, ça m'a ouvert les yeux énormément sur ce que les patientes ressentaient dans nos cabinets. Sinon, je lui dirais bien sûr de prendre du temps, de prendre du temps et de respirer avant chaque consultation pour faire un break et d'être une page blanche dès que la patiente rentre dans sa salle. pouvoir l'accueillir au mieux.

  • Speaker #1

    Super, merci pour ces précieux conseils. On va terminer par le traditionnel petit quiz de cette émission. Je vais te poser des questions, tu réponds simplement du tac au tac comme tu en as envie.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Un lieu qui t'inspire.

  • Speaker #0

    Le lieu qui m'inspire, c'est une plage en Grèce où j'ai passé mes vacances d'été depuis toute petite.

  • Speaker #1

    Ok. Ta plus grande qualité ?

  • Speaker #0

    Je vais dire l'écoute.

  • Speaker #1

    Une mauvaise habitude ?

  • Speaker #0

    Le sucré. Le sucré pas contrôlé, tu vois, le truc waouh, j'ai envie de manger un fer au rocher, paf, je m'en bouffe dix dans la foulée

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un trait de caractère, enfin, est-ce qu'il y a un trait de caractère ou une qualité qui te marque particulièrement chez les autres ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est la gentillesse. Vraiment, je suis admirative des gens profondément gentils. Je trouve que ça irradie de bonté, ça me touche beaucoup.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire à la Laure enfant ?

  • Speaker #0

    C'est... Je lui dirais, fais-toi confiance dans ce que tu ressens. Est-ce que dans tes ressentis, dans ton feeling, va jusqu'au bout de ton feeling.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça ne m'a jamais déçue.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un rituel bien-être autre que ce que tu as évoqué auparavant qui te fait du bien ?

  • Speaker #0

    Oui, alors là, je vais me faire attaquer. Je prends très souvent des bains.

  • Speaker #1

    Oh, écoute. Je suis sûre qu'on ne peut pas être parfait dans tout. Je suis sûre que tu fais attention sur d'autres choses. Ça va.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. On va dire ça, tout à fait. Mais le bain, c'est vraiment un break dans ma journée aussi qui est fondamental. Je comprends. Petit bain. Je dis toujours, je prends un petit bain.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. J'ai vécu juste dans un appartement où il y en avait un. Et j'avoue que de temps en temps, quand tu te fais un bon bouquin, tu t'allumes des bougies. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Très ressentissant, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un livre, un podcast, une recommandation culturelle qui t'a particulièrement marquée, que tu aimerais partager ?

  • Speaker #0

    Oui. Écoute, je pense que tout le monde le connaît, mais le podcast qui vraiment a fait, qui donne sens à tout aussi, la prise en compte des femmes dans notre milieu médical, c'est Bliss Stories. Je ne remercierai jamais assez Clémentine Gallet d'avoir donné la parole à toutes ces femmes. Elle m'a donné la parole en tant que gynéco. Vraiment, ça a révolutionné le monde des salles de naissance. J'espère qu'il y a plein de professionnels qui écoutent.

  • Speaker #1

    C'est noté, merci.

  • Speaker #0

    La plus grande victoire ? Je vais dire mon concours de médecine. Ce qui me vient là, c'est une victoire. Ma prof de maths en terminale, elle me disait, bon, bref, médecine, tu devrais faire plutôt infirmière. Bon, ben, j'ai bien fait de ne pas l'écouter, quoi. Tu vois, ce genre de discours, comme quoi ça peut te flinguer quelqu'un. Et comme je te le disais, j'ai bien fait d'aller au feeling et de me dire que j'y arriverais bien un jour, quoi.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que sur une personne qui a moins de confiance ou moins de...

  • Speaker #0

    Exactement, ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais, mais ça peut tellement le décourager et...

  • Speaker #0

    Ouais, le freiner. J'adore les infirmières, mais en fait, moi, je voulais faire médecine, donc c'est tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. C'était ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais tu as bien fait de t'écouter. Je vais te poser une dernière question. Qui est-ce que tu aimerais que j'invite après toi ?

  • Speaker #0

    J'adore suivre sur les réseaux Instagram. J'adore suivre Charlotte Leonardi, qui est photographe et notamment qui photographie les femmes enceintes. Elle m'a fait ma séance de maternité. C'est une personnalité qui est solaire, qui est drôle, elle est fun. Elle adore à la fois parler du corps de la femme. Elle la prend en photo de façon sublime. Elle magnifie les corps. Je le vois parce que moi, elle a fait un travail de dingue sur mes photos de maternité. Je me trouve trop belle alors qu'en temps normal, je suis très critique. Et puis, sur sa page Instagram, elle est... tellement drôle avec ses conseils mode. Moi, je me régale de la suivre. Je l'ai déjà entendue sur un podcast, mais je me dis que j'aimerais bien la réécouter et passer du temps encore avec elle dans mes oreilles.

  • Speaker #1

    Ok, génial, c'est noté. Merci beaucoup, Laure. Je suis vraiment ravie qu'on ait pu avoir cette conversation ensemble et je trouve que ce que tu fais est vraiment formidable et d'utilité publique, donc vraiment bravo pour ton engagement.

  • Speaker #0

    et ton récent podcast du coup ouais merci beaucoup Claire je suis très très contente que tu m'aies invité à prendre un petit peu la parole de mon côté et puis d'être de l'autre côté du micro c'est sympa aussi quoi merci beaucoup Laura encore pour ta gentillesse merci beaucoup

  • Speaker #2

    N'hésitez pas à partager vos retours sur l'épisode et à m'envoyer vos suggestions ou questions à l'adresse ralentir.podcast.gmail.com. On se retrouve la semaine prochaine. En attendant, prenez bien soin de vous.

Description

Je suis heureuse de vous retrouver aujourd’hui pour vous partager ma conversation avec Laure (qui a été enregistrée avant mon accouchement), plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme « La Gyneco ».

Elle est gynécologue-obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. Qu'est-ce qui anime Laure ? Accompagner et soigner ses patientes avec "amour et humanité", et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé, entre autres, sur la notion de « patient éclairé », sur la fertilité, et sur ce qu’elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur.

Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin, ainsi qu’à une future gynécologue.

Cela fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast pour aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j’espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi !

Je vous propose maintenant de ralentir avec Laure. Très bonne écoute !


Si vous aimez ce podcast, je vous invite à laisser un avis et 5 étoiles, c’est la meilleure façon de m’aider à faire connaître le podcast.

Si vous souhaitez récompenser cette création de contenu, remercier le podcast pour ce qu'il vous apporte et le soutenir pour l'aider à perdurer, vous avez la possibilité de faire un don du montant que vous souhaitez, pour lequel je vous serais infiniment reconnaissante !


Instagram : @ralentir.podcast  / @clairemondray 

Production & montage : Claire Mondray


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Ralentir, le podcast qui explore l'entrepreneuriat féminin et le bien-être avec intime et sans tabou. Je suis Claire, créatrice de contenus digitaux, professeure de Yin et Yoga Nidra et fondatrice de ce podcast. Le fil rouge des projets que j'entreprends, sensibiliser vers une vie plus consciente et semer un peu de douceur autour de moi. Dans ce podcast, seule ou avec mes invités, j'aborde et explore des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur, comme la santé mentale, le bien-être, la maternité et l'entrepreneuriat. Je vous invite à ralentir et à accueillir tout ce que ces conversations feront naître en vous. Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour vous partager ma conversation avec Laure, plus connue sur les réseaux sous le pseudonyme La Gynéco. Petite précision, cet épisode a été enregistré avant mon accouchement. Laure est gynécologue obstétricienne et l'une des rares à être présente sur les réseaux. C'est ce qui anime Laure à accompagner et soigner ses patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. Ensemble, nous avons échangé entre autres sur la notion de patient éclairé, sur la fertilité et sur ce qu'elle souhaiterait voir évoluer dans son secteur. Enfin, je lui ai demandé quels conseils elle souhaiterait transmettre à une femme ayant vécu une mauvaise expérience avec un médecin ainsi qu'à une future gynécologue. Ça fait longtemps que je souhaitais interviewer une gynécologue sur le podcast afin d'aborder ces sujets qui me tiennent à cœur, alors j'espère que cette conversation vous plaira autant qu'à moi. Je vous propose maintenant de ralentir avec l'or. Très bonne écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Laure, je suis ravie de te recevoir sur cette émission de podcast, comment vas-tu ?

  • Speaker #2

    Bonjour Claire, merci beaucoup de m'avoir invitée, je vais très bien.

  • Speaker #1

    Oui, il me semble que tu as eu un petit bébé récemment, donc j'imagine que ça doit être peut-être un peu sport.

  • Speaker #2

    Ah voilà, exactement, là pour tout te dire, je l'ai calé à la sieste et on va espérer qu'il soit coopératif pendant notre enregistrement. Il va bientôt avoir 4 mois.

  • Speaker #1

    Je suis certaine que ça va bien se passer. Est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas, s'il te plaît ? Oui,

  • Speaker #2

    bien sûr. Alors, je suis Laure Ennody, j'ai 39 ans. Je suis maman de trois petits garçons de 5 ans, 3 ans et bientôt 4 mois. Et je suis gynécologue obstétricienne, donc depuis 15 ans maintenant. J'exerce en libéral, donc je suis installée en privé, à la fois... dans un cabinet de consultation et à la fois en maternité, où je réalise des gardes en maternité, donc de 24 heures en salle d'accouchement. Et voilà, je suis passionnée par ce métier. Et également, cela fait deux ans que je suis créatrice de contenu et que j'anime une page Instagram au nom de La Gynéco. Et récemment, j'ai lancé le podcast La Gynéco avec des interviews de... de patientes, de femmes qui nous expliquent leur maternité. Merci, c'est tout nouveau pour moi.

  • Speaker #1

    C'est super, bravo pour ce projet. J'ai d'ailleurs pu écouter tes premiers épisodes que j'ai beaucoup aimés.

  • Speaker #2

    Ah,

  • Speaker #1

    merci. Je pense que c'est une émission importante. Mais tu vas nous en parler un petit peu plus, justement, ça m'offre une transition parfaite avec ma prochaine question qui est que c'est vrai que tu es une des rares gynécologues à être présente sur les réseaux. C'est encore peu commun. Est-ce que tu peux me dire justement qu'est-ce qui t'a amené à partager ton métier sur Instagram dans un premier temps et puis maintenant dans ton émission de podcast ?

  • Speaker #2

    Oui, et oui. Alors c'est vrai que ça s'est fait par étapes. Forcément, tu te doutes que je ne suis pas arrivée comme ça d'un coup. Ça a été d'abord un constat dans mon quotidien avec mes patientes qui me rapportaient ce qu'on appelle des fake news, des fausses informations ou des choses... des pensées assez construites par les images des réseaux sociaux concernant notamment le milieu de la naissance, en salle d'accouchement, des idées préconçues ou alors des fausses croyances. Donc j'ai moi-même pris le devant d'aller voir ce qui se passait sur les réseaux et j'ai été un petit peu heurtée comme... C'est un moindre mot que de dire ça, de voir tout ce qui se disait en bien et aussi en mal. Et du coup, je me suis dit, tiens, je vais créer... Ma page Instagram, au début, c'était carrément Dr Laure Ennody. Je n'étais même pas à la gynéco. Et puis, ça a pris un petit peu d'ampleur. Mes patientes, d'abord, m'ont fait des super retours. Et puis après, j'ai pris un peu goût à ça, à donner un petit peu un côté ludique.

  • Speaker #1

    C'était une manière pour toi, en plus de tout, de se sentir encore plus utile au quotidien.

  • Speaker #2

    Exactement, et j'allais y venir aussi, c'était une façon aussi pour moi de me sortir d'un isolement professionnel. Alors ça, c'est quelque chose qui ne va pas parler à beaucoup de... qui va peut-être vous paraître un peu bizarre, mais en tant que médecin, jeune femme, on se sent souvent seule derrière notre bureau de consultation ou même de garde alors qu'on voit des centaines de femmes, des dizaines de femmes dans la journée. Mais on a quand même un isolement où on peut... Moi, je suis entourée de professionnels qui sont un peu plus âgés que moi. On n'a pas les mêmes centres d'intérêt. Et franchement, ça m'a aussi sortie de cet isolement-là, le fait d'être connectée à...

  • Speaker #1

    Tu veux bien le souligner, pardon, tu vois, parce que c'est vrai que d'un point de vue extérieur, on se dit, contrairement à moi ou d'autres indépendantes qui travaillent vraiment seules chez elles, qu'on se dit que puisque tu as des échanges toute la journée... Il y a moins cet effet d'isolement, mais en fait, parce que ce n'est pas du tout les mêmes échanges, ce n'est pas la même chose.

  • Speaker #2

    Exactement. Moi, mes patientes, même si je prends du temps avec elles et qu'on crée une relation, ça enchaîne. Mes pauses déjeuner ou les pauses café, souvent, je suis seule. C'est un milieu qui est très professionnel, il n'y a pas tellement de place. En tout cas, sinon, à mon âge, je ne te dis pas, pendant mes études, c'est sûr que c'était beaucoup plus l'ambiance carabin. Mais maintenant, on est souvent seul face à son entourage.

  • Speaker #1

    Mais les journées, il faut être un peu longue et un peu lourde.

  • Speaker #2

    Mais non, finalement, oui, les journées passent. Et là, je suis en courrier maternité, mais quand je suis en activité, j'avais pris l'habitude de faire des stories pendant mes gardes. Et alors ça, c'était génial, parce que sans rien montrer, en respectant totalement le secret médical, j'arrivais à faire participer toute ma communauté. Et j'avais l'impression que j'avais 15 000 femmes qui me soutenaient. Sur mes gardes de 24 heures, à 3 heures du mat, quand je me levais pour faire une césarienne ou des spatules, j'avais l'impression qu'elles étaient tout derrière moi, genre, courage, attends, vas-y. Ça, c'était quand même quelque chose d'assez galvanisant. C'était incroyable. Bon, là, ça fait quelque temps, du coup, j'ai arrêté parce que j'ai arrêté les gardes pour ma maternité. Mais voilà, je me dis que quand je vais reprendre, je vais reprendre ça parce que ça, c'était super. Ça m'a beaucoup apporté ces derniers mois. Donc, à la fois, toutes les femmes qui me suivent, elles m'apportent énormément. Donc, c'est un bel échange.

  • Speaker #1

    C'est un échange qui te nourrit.

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et le format podcast, du coup, te permet d'aller un peu plus loin là-dedans et notamment dans la sensibilisation. Et qu'est-ce qu'a été le déclic, d'ailleurs, pour lancer le podcast ?

  • Speaker #2

    Mais oui, vraiment, là, c'est une chance que je me suis... octroyer, vraiment, j'ai pris ce temps-là pour prendre du temps avec... Bon, là, les premières femmes qui ont témoigné, ce sont mes patientes. D'avoir du temps avec elles, on a passé une heure, deux heures, voire trois heures ensemble à reprendre des points clés de leur maternité, de leur parcours de santé de femmes. Qu'est-ce qui m'a amenée à ça ? C'est que forcément, quand on voit 20, 25 patientes... Par jour, il y a des histoires qui sortent du lot, il y a des histoires qui me touchent énormément. J'ai des patientes qui me touchent en elles-mêmes, au-delà de leur parcours de maternité. J'ai commencé un carnet où j'écris, je prends des notes, juste à côté d'un prénom, je mets un mot. Et ça, ce n'est pas quelque chose qui est inné en moi, d'avoir un talent d'écrivain. Mais en revanche, faire parler mes patientes, faire parler les femmes, leur donner un peu d'autres perspectives dans leurs discours aussi, dans leurs récits, leur faire comprendre ce qu'elles ont vécu, ça, c'est mon travail au quotidien. Et le fait de m'arrêter pour ma troisième grossesse, je me suis dit, mais en fait, il faut absolument que je prenne ce temps-là. Je pouvais encore le faire. Et donc, j'ai pris un jour par semaine, je donnais rendez-vous à... à des femmes dans mon cabinet. On a enregistré jusqu'à la fin de ma grossesse. Donc c'était assez incroyable d'enregistrer alors que moi, j'étais de plus en plus enceinte. Elles me voyaient de plus en plus enceinte et toujours là à questionner et à être toujours passionnée par leur récit. Voilà, et c'est vrai que c'était une transition à la fois de m'arrêter professionnellement, de consulter, mais... à la fois tout en gardant un pied avec ces femmes et ces patientes qui me portent énormément au quotidien.

  • Speaker #1

    Et oui. Et du coup, tu dois avoir pas mal d'épisodes à l'avance.

  • Speaker #2

    Oui, je pense que là, on a enregistré six mois d'épisodes. Ah oui, effectivement.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Oui, on a fait un gros travail d'enregistrement. J'ai été aidée par mon mari qui m'a aidée à tout mettre en place sur le plan technique. Et tu verras, les épisodes de conversation, on en sort un tous les 15 jours. Mais entre-temps, je sors un petit épisode où je prends la parole moi et où je reviens sur une thématique qui a été abordée dans l'épisode précédent avec ma patiente.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu que c'était un peu le format et c'est rigolo. J'ai un peu ce format-là parce que... C'est vrai que tenir le format interview toutes les semaines, c'est vraiment... Il faudrait faire ça à temps plein, en fait. Surtout quand tu montes toi-même. Après, quand tu as la possibilité et les moyens de faire monter à quelqu'un d'autre, OK, peut-être que c'est envisageable, mais sinon, c'est vraiment... Sur de l'interview, c'est très long.

  • Speaker #2

    Mais quel travail, bien sûr. On pensait... C'est un aparté, mais on pensait le faire tous les deux avec mon mari. Finalement, je l'ai mis en production. La production, c'est cette type de production, je les mentionne à chaque fois. Je suis très contente du travail, mais effectivement, c'est un investissement, c'est un enjeu qui n'est pas à moindre coût, en effet.

  • Speaker #1

    C'est du temps que tu peux investir sur autre chose.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    C'est super. J'invite tout le monde à découvrir ton podcast qui s'appelle très simplement La Gynéco.

  • Speaker #2

    La recherche du nom, elle est compliquée pour un podcast.

  • Speaker #1

    C'est vraiment un très beau projet. C'est top que tu te sois lancée.

  • Speaker #2

    Merci Claire. Je te dis que les premiers épisodes, comme tu es toi-même très enceinte, je ne sais pas pourquoi c'est tombé comme ça, mais on n'est pas parti sur de la physiologie au tout début de mon podcast. Je ne veux pas faire peur aux auditrices, mais il y aura de la physiologie, il y aura de l'accouchement en voie basse, il y aura l'ensemble du panel qu'on peut retrouver dans une maternité. C'est vrai que le podcast commence par un sédan programmé et deuil périnatal. C'est comme ça, c'est tombé comme ça, mais ça fait partie du pétage aussi de ma spécialité.

  • Speaker #1

    C'est sûr, mais il n'y aura pas que ça, donc c'est bon de le stimuler, parce que c'est vrai que ça peut être anxiogène pour ça. C'est vrai que moi j'ai vu Deuil Périnatel, je t'avoue que je ne l'ai pas écouté celui-là. Je disais, c'est pas possible.

  • Speaker #2

    Non mais d'ailleurs je le dis bien, écoutez-le, enfin passez votre chemin si c'est pas bon pour vous.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais oui, c'est important, mais c'est tellement important d'en parler, donc c'est bien de le préciser.

  • Speaker #2

    On y reviendra, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu désires accompagner et soigner tes patientes avec amour et humanité et contribuer à remettre la femme au cœur des soins et de sa santé. C'est une volonté que tu as depuis que tu as commencé à exercer ou ça a été une prise de conscience au fur et à mesure de tes années à exercer ?

  • Speaker #2

    Écoute, oui, je pense que de manière... Je suis quelqu'un d'humaniste et assez à l'écoute depuis très longtemps. grosse prise de conscience et je me souviens très bien du moment où c'est arrivé. C'était un peu concomitant, bien entendu, avec ma première expérience de maternité quand j'étais enceinte de mon premier fils en 2018. Et c'était concomitant avec le 2017, c'était balance ton porc, hashtag tout ce qui est sorti dans la presse, balance ton gynéco, toute la enquête de Marlène Schiappa. pas sur les taux d'épisiotomie qui avaient été... C'était des photos d'épisiotomie dans la maternité, mais en tout cas, ça avait soulevé toute la question de la bientraitance en obstétrique, en tout cas des violences gynécologiques et obstétricales. Moi, j'étais jeune praticienne hospitalière, c'est-à-dire que j'avais fini vraiment mes études depuis un an. J'étais passionnée, complètement corvélable dans mon métier. Et je me souviens de cette cette prise de conscience en me disant, mais enfin, comment on peut penser que nous sommes maltraitants alors qu'on donne notre vie en salle d'accouchement, on donne notre vie en étant de garde 24 heures sur 24. Et bien sûr, j'ai commencé à regarder ce que je faisais, comment je le faisais et comment je m'adressais à mes patientes. Bon, c'est sûr que j'étais moins dans l'empathie qu'aujourd'hui et que j'étais moins... également dans le partage et surtout dans la façon d'expliquer et d'amener les choses aux patientes. Mais bon, je n'étais pas une catastrophe. J'ai regardé ce qui se passait autour de moi également en salle d'accouchement, donc les sages-femmes, comment elles s'adressaient aux patientes, ce qu'on leur disait, ce qu'on ne leur disait pas, mes collègues. Et aussi, j'ai regardé mes patientes et je me suis rendu compte qu'en effet, elles étaient... Je le savais, mais ça m'a vraiment sauté aux yeux qu'elles étaient très vulnérables à l'entrée de notre cabinet de consultation, que c'était un moment de grande anxiété de venir chez son gynéco, qu'elles n'osaient pas parler, qu'elles n'osaient rien dire. Et ça, concomitant avec ma première grossesse, où j'ai exploré, d'une manière totalement inattendue pour moi, qui était encore très technicienne, la grossesse avec le champrénat. avec tout ce qui est hypnose, avec de l'abtonomie. J'ai goûté à tout ce qu'une maman aujourd'hui fait, d'être très loin de tout ce qui est recommandé de façon scientifique. J'avais mon projet de naissance, je voulais accoucher sans péridural. Vraiment, j'ai été happée par ce côté-là. D'accord. Et voilà, mixant les deux, je suis arrivée à ce constat que ma pratique allait forcément changer, que... en changeant ma pratique, j'espérais forcément faire des vagues autour de moi et que les praticiens qui m'entourent se remettent un petit peu en question. Et rien que ça, c'était une victoire pour moi. Et que mes patientes, elles allaient rentrer dans un nouveau cabinet de l'inéco, à l'écoute et surtout qu'elles allaient m'apprendre ma nouvelle façon d'exercer.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais que ces valeurs et cette façon d'exercer la gynécologie, elle est encore trop rare ?

  • Speaker #2

    Bah écoute... Alors moi, j'ai une grande confiance dans la nouvelle génération parce que je discute pas mal avec eux, notamment sur Instagram, les jeunes gynéco en formation, les internes. Ils sont très sensibles à ça. Ils sont très sensibles et à la fois, ils en ont aussi peur parce que du coup, on a été tellement sous le projecteur des violences gynécologiques et obstétricales que c'est une spécialité qui n'attire plus du tout. On n'a pas du tout envie de se faire traiter de violent alors qu'on fait... pense faire simplement son métier. Donc déjà, cette génération-là prend en compte toute cette notion. Elle est formée sur le plan...

  • Speaker #1

    C'est rassurant.

  • Speaker #2

    Exactement. Et puis, c'est vrai que dans les médias, on ne parle toujours que des cas qui font la une. Donc, je pense que mes confrères, ils agissent, ils changent leur manière de consulter par... peur également du scandale. C'est clair.

  • Speaker #1

    C'est passé du tout au tout. Il doit y avoir des abus. Il y a des personnes qui malheureusement manquent d'humanité, comme tu le disais.

  • Speaker #2

    Mais oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Pour X raisons. Parce que bien sûr, vous travaillez énormément. C'est un milieu très exigeant que je ne connais pas, donc je ne peux pas parler en votre nom. Mais j'imagine que vous avez beaucoup de pression, ce qui fait qu'à un moment donné... Vous n'avez peut-être plus les moyens d'être 100% vous-même ou comme vous aimeriez être. C'est une question qui est compliquée, qui n'est ni blanche ni noire. Et c'est avec ça qu'il faut composer.

  • Speaker #2

    Oui, en revanche, la violence n'a pas lieu d'être. Ça, évidemment,

  • Speaker #1

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Voilà. Donc oui, c'est certain qu'il y a encore des praticiens qui sont odieux. Parce que je le sais, parce que les patientes me le disent, parce qu'à travers les réseaux sociaux, j'ai encore des témoignages qui sont affolants, qu'on va mettre, je pense, des siècles avant que les femmes soient, entre guillemets, réparées de toute cette violence médicale qu'elles ont subie pendant des années. Moi, je pense que le mal de notre siècle, ça a été ça, et qu'aujourd'hui, où on a toutes les techniques, où on est assez... performant un peu partout, notre objectif premier, c'est de remettre de l'humanité dans nos soins. Ça, c'est certain. C'est vraiment la médecine de demain.

  • Speaker #1

    Tu vois, pour l'anecdote, pour te dire qu'il m'avait vraiment profondément choquée, quand j'avais amené une fois ma mère qui était malade en consultation, le cancérologue l'avait appelée par le nom de son cancer dans la salle d'attente. Et c'est... Vraiment, ça m'a choquée. Clairement, je me suis dit, mais mon Dieu, j'espère que ce genre de médecin est très rare. Mais je me suis dit, là, on a atteint des sommets dans le...

  • Speaker #2

    Mais quelle horreur. Alors, qu'est-ce qu'on conseille aux femmes qui subissent ça ? C'est de se lever, de regarder ce médecin dans le droit des yeux et de lui dire, mais comment vous pouvez me parler de cette manière ? Regardez-vous. De le faire briquer dans sa tête, parce qu'en fait, cet homme... Ce médecin-là, il a juste une liste certainement de tâches à accomplir dans sa journée. Et une journée qui n'en finit jamais. Mais en revanche, de perdre cette humanité-là, surtout pour un cancérologue... Ah oui, c'est...

  • Speaker #1

    Ça doit pas être un cas isolé, ça doit être rare, mais un cas isolé... Et oui,

  • Speaker #2

    mais voilà, c'est à nous, c'est aux femmes, de se lever et de dire stop, là, c'est pas possible de parler comme ça. Et je suis certaine que juste en disant stop, c'est pas possible de me parler comme ça, le médecin redescend d'un cran dans sa tension, on va dire, quotidienne. Et... Et peut à la fois prendre une page blanche et ouvrir la consultation de façon différente. Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Oui. Après, c'est ce que tu disais tout à l'heure, là où la question est compliquée. Et c'est pour ça que c'est important d'en parler jusqu'à l'overdose. Mais presque, je crois qu'on n'est jamais assez sensibilisé à ça. Et surtout pour qu'il y ait le déclic et pour que vraiment ça rentre, il faut la répétition. Mais c'est que ça reste un milieu dans lequel le patient se sent vulnérable. Ah oui. Et je ne veux pas utiliser le mot inférieur, mais il y a quand même ça.

  • Speaker #2

    on est impressionné je pense par ce milieu là et ce qui fait que parfois tu peux être sidéré et du coup ne pas savoir comment réagir et ouais je sais que moi les clés que je peux donner à mes patientes ou aux femmes c'est de dire que vous êtes la personne la plus importante de votre vie et que personne ne doit quel que soit son statut même en cas de maladie ne doit venir manquer de respect ou être méprisant Surtout qu'en face, le corps médical ne l'est pas vraiment à bon escient. C'est simplement du manque de réflexion. Cette perte d'humanité-là, elle part juste du fait qu'ils ont manque d'effectifs, manque de temps. Et du coup, c'est droit au but. Et en face, on a quand même des patients qui sont très vulnérables. Du moment où le médecin se dit en face de moi, j'ai quelqu'un de vulnérable il va changer forcément ça. sa façon de parler. Encore faut-il qu'ils se le disent.

  • Speaker #1

    Mais bon, en tout cas, tu peux contribuer à tendre vers ça, en tout cas en libérant la parole sur ce sujet-là. Il y a quelque chose dont on n'avait pas parlé, tu sais, on parle de violences obstétricales. Est-ce que ça joue aussi le fait que dans certaines structures, alors je ne veux pas dire de bêtises, donc je ne précise pas, je ne sais plus si c'est dans le privé, dans le public, tu sais, il y a cette rémunération à l'acte qui fait que certains médecins sont poussés à faire des actes chirurgicaux.

  • Speaker #2

    Ah ! Alors, sur notre côté, nous, les gynégologues obstétriciens, je ne sais pas si tu sais, mais on touche autant qu'on fasse une césarène à peu près qu'un accouchement en voie basse.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Mais ça, tu vois, je ne le savais pas, donc c'est important.

  • Speaker #2

    Donc ça ne va pas forcément pousser dans ce côté-là. Or, peut-être que ça va peut-être dans la programmation des naissances. qu'il y aura plus de césariennes potentiellement dans les structures privées quand c'est le gynéco qui accouche sa patiente en privé. Il y a un peu plus de taux de pourcentage de césariennes, mais c'est toujours, j'ai envie de dire, c'est en accord avec la patiente. Il me semble qu'il n'y a rien de forcé. Après, oui, il y a un peu plus de déclenchement et on le sait que c'est souvent un peu pour programmer les naissances.

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #2

    C'est bien pour ça que le... pour préserver ce taux d'accouchement par voie basse, que le prix de la césarienne est quasiment équivalent.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. C'est ce que tu viens d'évoquer, ou il y a d'autres choses que tu aimerais voir particulièrement bouger dans ton secteur ?

  • Speaker #2

    Alors, moi, ce que j'aimerais voir évoluer dans mon secteur, surtout dans le milieu de la naissance, le monde de la naissance, c'est effectivement plus d'écoute. Oui, la prise en compte de ces violences gynécologiques et obstétriques qui existent, qui sont présentes, qui sont présentes chez tout le monde, aussi bien le gynécologue que la sage-femme, que l'auxiliaire de Pierre, que l'anesthésiste, que l'infirmière anesthésiste, enfin vraiment tous les professionnels peuvent être violents par des mots, par des gestes, par des regards. Ça, c'est cette prise en compte-là. Ce que j'aimerais voir évoluer, c'est forcément plus de moyens. Ça, c'est dans mes rêves. plus d'humains et plus de personnel pour pouvoir accéder au suivi global d'une patiente, de A à Z, en étant une femme, une sage-femme, qu'il y ait plus de respect de la physiologie en salle de naissance également. Mais aujourd'hui, avec ce qu'on a comme moyen, c'est compliqué. Et oui. Il faut qu'il vive,

  • Speaker #1

    il manque, il manque. il y a si peu, enfin si peu, qu'il n'y a pas assez de médecins.

  • Speaker #2

    Oui, écoute, tu sais, il y a eu une politique très restrictive de former des médecins il y a 20-30 ans. Et voilà, c'est juste l'aboutissement de cette politique très restrictive avec le neumosclerose. Ils ont formé très peu de médecins. Donc déjà, il y a peu de médecins. Ensuite, les sages-femmes, elles sont de plus en plus nombreuses. En revanche, leurs conditions de travail sont tellement dégradées. dans les structures, dans les maternités, qu'elles vont souvent s'installer en cabinet libéral, et donc elles partent des maternités. Donc en fait, moi là, dans la maternité où je travaille, il y a un manque de sages-femmes. Enfin, ils n'arrivent pas à recruter l'été. Les sages-femmes qui restent, elles s'assoient sur leurs vacances. Oui, c'est des conditions difficiles.

  • Speaker #1

    Oui, donc forcément, c'est la conséquence. On ne peut pas tout avoir. Et à contrario de... Tu sais de ce qu'on a dit tout à l'heure, du fait que tu avais beaucoup de patientes qui venaient et qui te communiquaient de fausses croyances, des informations qu'elles avaient vues à droite à gauche. On parle aussi aujourd'hui, parce que les réseaux sociaux ont quand même ça de bien, c'est qu'il y a des informations. Ça permet d'accéder à l'information plus facilement et il y a quand même des informations qui sont fiables. On parle de plus en plus de la notion de patient éclairé et ce sont eux aussi qui vous amènent à... a évolué sur certains aspects de votre métier, comme ce que tu as fait toi finalement, quand tu as eu ta première grossesse, à t'orienter vers des solutions qui viennent en complément bien sûr de votre travail, mais qui sont plus douces. Selon toi, qu'est-ce qui explique qu'on ne soit pas encore en train de travailler de concert avec ces médecines naturelles ? Ça vient, je vois bien que petit à petit ça arrive, mais est-ce que tu sens toi que tes confrères ont un peu de frilosité à travailler avec des alternatives douces ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est vrai que quand j'ai commencé, par exemple, pour la petite anecdote, il y a une sage-femme que j'adore, qui a passé son début d'acupuncture, par exemple. On parlait de ça. Et donc, elle proposait aux patientes qui arrivaient en salle d'accouchement de les piquer pour x ou y raison. Et moi, j'étais encore interne. Et bon, moi, je viens d'un milieu où, par contre, de façon personnelle, j'avais été... traitées en homéopathie, en acupuncture. Donc, je savais tout ça. J'avais déjà un regard qui était tout à fait OK avec cette médecine alternative. Mais je regardais mes collègues et mes co-internes. Ils levaient les yeux au ciel. C'était Oh là là ! Mais elles, avec ces aiguilles d'accu. Et au final, toutes ces personnes-là, de manière personnelle, ont eu elles-mêmes recours à de l'acupuncture. à de l'homéopathie, à de l'ostéo, à tout ce que tu veux pendant leur propre grossesse. Donc oui, le regard a déjà évolué parce que de façon personnelle, tu te rends compte que tu as quand même besoin quand tu fais une énorme crise d'hémorroïdes et que le traitement médicamenteux ne marche pas, tu vas te faire une bonne séance d'acupuncture et puis ça va beaucoup mieux après. Après, ça c'est de ma génération, je pense que les gynécos aux alentours de 35-40 ans, on est tous hyper open à ce genre d'alternative. Moi, j'encourage toutes mes patientes, de toute façon, quel que soit le parcours, que ce soit infertilité ou d'endométriose ou, je ne sais pas, des problèmes de poids ou de peau, d'aller voir, déjà de faire un point avec une naturopathe, revoir pour l'alimentation, est-ce qu'il y a une alimentation un peu inflammatoire, de reprendre tout ça, parce que moi, en consultation, je n'ai pas le temps de le faire. J'ai des petits tips. Moi, personnellement, je prescris de temps en temps un peu d'homéopathie. Dès qu'il y a une patiente qui relève de l'acupuncture, je l'oriente à 100% sur de l'acupuncture. Voilà. Même, j'ai envie de te dire, ça nous aide aussi à prendre en charge une patiente. C'est vraiment, moi, ça fait partie de leur parcours de soins. Une patiente qui a mal vécu un accouchement, qui a été traumatisée par un examen gynéco ou qui a des antécédents, elle-même, de violence. forcément, je vais lui proposer une prise en charge psychologique avec de l'EMDR ou je vais l'adresser à une de mes infirmières qui fait de l'hypnose. Voilà, c'est vraiment... Moi, j'utilise toutes ces cartes-là pour que la patiente, elle soit le mieux accompagnée, le mieux préparée et puis la meilleure santé possible. Alors, autour de moi, oui, j'ai un peu de tout. J'ai un peu aussi des plus vieux gynécos, 50, 60 ans. qui vraiment ne sont pas du tout concernées par tout ça. Et je vais te dire, tu sais, on a un peu aussi les patientes qui nous ressemblent. Je pense que leurs patientes ne sont pas en demande de plus. Oui, ça paraîtra là. Tu vois, il n'y a pas de questionnement. Bien sûr.

  • Speaker #1

    Écoute, merci beaucoup. Il y a un autre point que j'aurais aimé aborder avec toi parce que moi, j'ai été confrontée quand j'ai eu mon projet de maternité. Je trouve qu'on est... peu sensibilisés, en amont de l'envie d'avoir un enfant autour de la fertilité. On s'aperçoit, tu sais, sur le tard, parce que moi, par exemple, j'ai eu envie tard, c'est comme ça. Et tu vois, je ne savais pas qu'on avait une réserve ovarienne, je ne savais pas qu'il y avait des examens qu'on pouvait faire en amont. Et c'est vrai que je trouve ça dommage que sur le tard, on ait certaines informations et qu'on ne soit pas un petit peu sensibilisés, tu sais, avant. Avant sur ce sujet-là, après ma gynécologue a un certain âge, peut-être qu'effectivement c'est moins le cas aujourd'hui, mais c'est quelque chose qui m'a un peu choquée parce qu'on se retrouve un peu comme ça, tu vois, confronté à une information, on ne développe pas forcément sur le sujet en plus, donc tu vas paniquer un peu en te disant oulala mais j'ai plus le temps et est-ce que ça va vraiment marcher ? Sur ce sujet-là, qu'est-ce que vous faites exactement ? Qu'est-ce que tu fais toi de ton côté ?

  • Speaker #0

    Alors on ne fait rien de particulier. C'est vrai, tu as tout à fait raison. Il n'y a pas dans notre consultation gynéco classique. Une patiente qui est en âge d'avoir des enfants, qui est sous contraception, si elle vient pour redemander une contraception qu'elle lui convient, on ne va pas forcément développer, surtout si on ne la connaît pas. Et au fait, est-ce que vous êtes au courant ? Après, j'ai envie de te dire, plus les années passent et plus les patientes, on a notre... patientelle, on les connaît et ce discours-là, cette discussion-là, peut-être vient sur la table au bout de la deuxième, troisième fois. Et je trouve aussi, là, maintenant, en réfléchissant à ce que je voulais te dire, c'est que moi, je vois de plus en plus arriver à ma consultation des patients qui sont informés, d'une part, qui connaissent bien leur cycle et surtout... qui ne veulent plus de contraception, donc qui sont en méthode d'observation. Alors, elles ont choisi la leur. Alors, ça peut être de l'asymptose, ça peut être l'observation de la glaire, ça peut être la courbe de température. Bon, elles se débrouillent quand même assez bien. Elles ont puisé à droite et gauche des informations. Il y a ce super club d'émancipés qui fait un niveau de vague. Et moi, j'ai plein de patientes qui sont formées par l'OREN d'émanciper. Mais nous, les gynécos, on est un peu nus là-dessus. C'est clair qu'autour de moi, mes collègues gynécos, ils ont encore à dire Oui, vous ovulez à J14, le cycle, c'est J28. Bon, voilà, un peu à l'ancienne. Moi, je trouve que c'est les patientes qui nous font un peu évoluer. Et effectivement, mettre ça au sujet en plus de notre consultation, c'est sûr. Mais c'est vrai que quand un couple vient... Il n'y a pas forcément de soucis.

  • Speaker #1

    Après, tu vois, le but, ce n'est pas déresponsabiliser parce qu'on sait que la fertilité diminue avec l'âge. Je veux dire, ça, c'est une réalité. Mais en tout cas, on n'est pas toutes égales, par exemple, par rapport à la réserve ovarienne puisqu'elle se définit in utero, il me semble. Et c'est vrai que ça, juste de le savoir, je pense que ça peut être bien. Mais c'est vrai que c'est un sujet délicat parce qu'après, il ne faut pas que ça soit amené de sorte à ce que ça mette de la pression à la patiente qui n'aurait pas envie.

  • Speaker #0

    Et oui, oui, oui, tout à fait. Et en plus, le sujet de la réserve ovarienne, c'est un peu un sujet... Oui et non, parce que quand tu es en parcours de grossesse spontanée, c'est-à-dire que tu n'as pas besoin d'avoir recours à la PMA, en fait, on s'en fout de ta réserve ovarienne. Tant que tu as des ovulations tous les mois, le fait de savoir que tu as une réserve ovarienne faible ne va rien changer. Ce qui va changer, c'est que si tu es à ce moment-là en parcours PMA pour x ou y raisons et que là, tu as une réserve ovarienne faible... Oui, les protocoles de PMA vont évoluer, ils vont être un peu plus agressifs. Donc je ne sais pas, je suis toujours un peu aussi... Moi-même, je me questionne du bien fondé de prescrire ce test à une patiente qui n'est même pas en désir de grossesse et qui veut connaître sa réserve ovarienne. Qu'est-ce qu'on va en faire ? La réserve est faible, oui, mais tu n'as pas encore de désir de grossesse et ça ne veut pas dire que tu ne vas pas tomber enceinte spontanément dans les trois mois.

  • Speaker #1

    Non, ça c'est certain. Après, ce qui peut faire peur, c'est que je pense que, à mon avis, peut-être pas toutes, mais on se pose la question finalement quand on a envie et qu'on fait par exemple sa première fausse couche, est-ce que finalement je vais y arriver naturellement ? Et si on découvre en plus ça, qu'on se dit que les chances peuvent être diminuées dans un parcours PMA, ça n'a pas été mon cas, mais tu vois, du coup, on se dit, oh là là, j'aurais peut-être pu gagner du temps. Oui,

  • Speaker #0

    c'est vrai.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est plus de l'anticipation peut-être, mais je ne soulève pas ça comme une solution.

  • Speaker #0

    Non, c'est vrai, mais c'est une réflexion. Je pense que de toute façon, tu vois, c'est comme là, la discussion qu'on a. Je pense que c'est au cas par cas avec une patiente. Bon, voilà, moi, je les connais bien, mes patientes. Si je sens qu'il y en a une, elle est hyper anxieuse, très carrée, veut tout programmer. Ben oui, OK. Une autre, elle va se laisser porter, pas besoin de savoir. Ou au contraire de savoir, ça va l'angoisser. Ben non, on ne va pas le faire. C'est vrai. Et tu vois, par contre, ce qui est vraiment le point... L'essentiel, moi je dirais, c'est de plutôt éduquer les jeunes filles, donc première consultation, mais en général je les vois vers 16-17 ans, à comment marche le cycle, et surtout les éduquer à la prévention, activité physique, alimentation saine. Tu vois, aujourd'hui dans la société, c'est vraiment la base, le nerf de la guerre, c'est que les filles, elles continuent à faire du sport, et qu'elles aient une alimentation saine, qu'elles ne soient pas en surpoignée, en obésité. Et ça, je pense que déjà, c'est la base d'une fertilité. Oui. C'est déjà la base. Après, oui, elles arrivent à un âge où il y a l'âge de la fête, de l'alcool, du tabac, tout ça. Mais rien que de savoir que le tabac, l'alcool, les mauvaises habitudes alimentaires, ça détériore aussi la réserve ovarienne et la qualité ovocitaire. Ça, elles ne le savent pas, en revanche. Oui. Elles le savent qu'une fois qu'elles sont hyper éduquées, qu'elles se sont posées des questions, qu'elles ont fait effectivement une première fausse couche. Et moi, je pense qu'il ne faut plus s'occuper sur ce genre d'informations de santé publique, en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est très juste. Effectivement, tu viens de me dire quelque chose qui fait sens et que je n'avais pas forcément réalisé, c'est que ça reste quand même du cas par cas et que tu ne peux pas apporter de l'information pour chacun des cas qui pourraient se présenter. Comme tu dis, tu connais tes patientes, mais effectivement, avoir un discours qui peut répondre à ces problématiques ou en tout cas les anticiper. qui comportent toute cette hygiène de vie qui, justement, va diminuer ces placées.

  • Speaker #0

    Par contre, j'encourage toutes les femmes à poser la question à leur gynéco et à attendre une réponse. Parce que pendant bien longtemps, on a répondu aux femmes, écoutez, essayez, puis vous revenez me voir dans un an. Sauf qu'à 30 ans, la femme, elle est éduquée, elle regarde partout sur les réseaux sociaux, partout dans les bouquins et sur Internet. le 1 an, ce n'est plus possible. Si le gynéco ou la sage-femme ne donne pas un peu plus de cartes ou de pistes, la patiente va la perdre. C'est sûr qu'elle va soit changer de médecin, de sage-femme, soit elle va être très déçue de la consultation. Elle ne va avoir aucune réponse.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un événement, une histoire, une anecdote qui t'a particulièrement marquée depuis que tu exerces ?

  • Speaker #0

    Alors bon, moi je suis gynécologue obstétricienne, donc je suis là pour les accouchements tout à fait normaux, en coulisses. Et puis je suis là quand vraiment ça ne va pas du tout. Et là, les premiers souvenirs que j'ai, c'est vraiment des gros drames auxquels j'ai eu affaire. Je pense notamment, je pense que l'épreuve la plus difficile, ça a été de... J'exerçais en centre hospitalier universitaire et j'exerçais avec une de mes collègues qui était enceinte. Elle est venue accoucher un jour où j'étais de garde. Elle a fait une hémorragie de la dévance, mais cataclysmique. Elle s'est vidée de son sang sur ma garde. Et je pense que ce jour-là, je sais ce que c'est que le mot avoir du sang froid parce que j'étais vraiment, vraiment sur le feu avec ma collègue, mon amie. qui était vraiment en train de se vider de son sang. Et j'ai eu vraiment très peur qu'elle meure. Et c'était un mot que je n'arrivais pas à prononcer pendant des années. Mais j'ai eu peur qu'elle meure sur la table d'accouchement le jour où j'étais de garde. Donc ça, c'est un souvenir très fort parce que ça fait passer des caps au fur et à mesure qu'on avance dans notre profession. On passe des caps, on passe des caps. Mais alors là, avoir la peur de la mort d'une amie, c'était plus que tout. Et puis, à contrario, j'ai des souvenirs. tellement lumineux et fort d'avoir accouché ma meilleure amie, ma belle-sœur, deux fois, d'avoir mis au monde des enfants, mais de chers, d'être si chers à mon cœur. Et puis aussi d'avoir mis au monde des enfants de mes patientes que j'adore, ou même des patientes inconnues, mais avec des liens qui se créent en une seconde. Et puis, il y a d'autres moments très, très dark qui reviennent. Mais bon, on va s'arrêter là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je sais pas, c'est vraiment une montagne. Mon boulot, c'est vraiment à la fois... J'ai des énormes moments de shoot d'adrénaline, de cytocine, de plaisir. Et puis, alors, des moments de gros, gros, gros stress. Oui,

  • Speaker #1

    ça, j'imagine que ça doit être les montagnes russes.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'anime le plus et qui est le plus gratifiant pour toi dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui, je pense que ce qui m'anime le plus, c'est qu'une patiente me raconte son accouchement, quelle que soit l'issue, on va dire de manière générale avec un enfant en bonne santé, l'issue, voie basse ou voie haute, qu'elle ait un bon vécu de cette naissance. Alors, bon vécu parce qu'elle a bien compris, parce qu'elle a été entourée, prise en charge. Voilà, qu'elle... qu'elle était en conscience avec l'équipe médicale et confiance et conscience, je dis bien, qu'elle ait eu la sensation d'être respectée, qu'elle l'ait été effectivement. Je pense que ça, c'est vraiment... En ce moment, ce n'est pas un combat, mais c'est vraiment quelque chose qui m'anime très fort. C'est la place que peut avoir la femme au sein de sa propre santé et puis au sein de notre structure de soins, lui redonner toute sa place. Et que nous, on soit juste des acteurs externes et qu'on soit là pour la guider, pour la sécuriser, pour la guider aussi avec les avancées scientifiques, les études, mais l'écouter, l'écouter, écouter cet instinct qui est si fort, lui redonner toute cette place-là, toute la confiance.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère qu'il y aura un avenir de futur gynéco. Avec ce très bel état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un combat un peu subjectif. Il n'y a rien de... C'est quelque chose qui n'est pas palpable. Mais je suis persuadée qu'on peut y arriver. À la fois avec les femmes et à la fois avec mes collègues. qui, j'espère, ouvre au fur et à mesure un peu les yeux et les oreilles.

  • Speaker #1

    Merci, Laure. Qu'est-ce qui te permet de cultiver ton équilibre entre ta vie professionnelle et ta vie personnelle au quotidien ?

  • Speaker #0

    Alors, ça tient à un mot. Un mot, mon mari. Non, je me sens... Bon, j'ai de la chance, vraiment. Enfin, de la chance. J'ai un mari qui est génialissime, qui est en backup. qui est en back-up quand le quotidien déraille un peu entre mes gardes, mes nuits à l'hôpital, mes journées en consultation, mes retards, parce que j'ai forcément beaucoup de retards accumulés dans la journée pour aller chercher les garçons, s'en occuper. Donc lui, il est en back-up, ce qui nécessite forcément d'être très... Il flexe, donc il y a des soirées où on ne se voit pas, où il travaille, parce qu'il a dû gérer un peu des SOS dans la journée. Deuxièmement, j'ai quand même ma famille qui est très proche et sur laquelle je peux compter aussi. Je pense notamment à mes allaitements. J'ai allaité mes deux fils aînés assez longtemps et avec des gardes de 24 heures, franchement, je... C'est parce que mon mari m'a amené aussi mes bébés pendant mes gardes, que ma mère l'a également fait, et que ça n'a jamais posé de soucis. Mais c'est une chance incroyable que j'ai d'avoir cet entourage-là. Et troisièmement, pour revenir à moi, c'est que j'ai trois rendez-vous dans la semaine auxquels je ne déroge jamais. C'est deux heures de renforcement musculaire. J'ai un coach où j'y vais le matin de 8 à 9. Quoi qu'il arrive, j'y vais. Et je fais une heure de marche dans la nature par semaine, toute seule, avec mes oreillettes. Et voilà, j'écoute un podcast ou j'écoute rien. Mais en gros, là, j'ai compris que depuis quelques années, si je ne faisais pas ça, je partais en cacahuète totale.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ta recharge.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ma recharge.

  • Speaker #1

    J'ai deux questions pour toi. Quel conseil donnerais-tu à une femme qui a vécu une mauvaise expérience en milieu gynéco ? Et une future gynécologue.

  • Speaker #0

    D'accord. Alors, pour la femme qui a été vaccinée, qui ne veut plus voir un seul gynéco, je lui dirais déjà, premièrement, qu'elle peut changer de professionnel, donc que ce soit un autre gynéco, qu'elle peut tout à fait, si elle est en bonne santé, aller voir une sage-femme, qui probablement prendra plus de temps avec elle, sera plus en... englobante, plus sécurisante dans sa démarche. Et également, je lui conseillerais tout à fait d'écrire une lettre, pourquoi pas anonyme, mais en tout cas tout à fait possible d'être signée à ce gynéco, en lui disant factuellement ce qui s'est passé, ce qui ne lui a pas convenu. Et en tout cas, si la consultation, s'il y a eu un abus ou... ou quelque chose de trop violent. Enfin, je ne sais pas ce qu'elle peut se dire, mais elle peut tout à fait contacter l'Ordre des médecins, écrire un courrier à l'Ordre des médecins et décrire factuellement ce qui s'est passé. Moi, je pense que quand on n'a pas les mots, comme tu disais tout à l'heure, on se sent un peu sidéré. L'écrit peut aussi apporter plein de solutions. Moi, j'ai reçu des courriers. J'ai reçu beaucoup de lettres de remerciements, mais j'ai aussi reçu des courriers qui m'ont remis les pendules à l'heure. et voilà, ça en est resté là et moi ça fait partie aussi de remise en question et à la future gynéco je lui dirais déjà si elle a en tout début de parcours de lire un livre qui m'a aussi bien ouvert les yeux pendant mon cursus c'était Le coeur des femmes de Martin Winkler alors c'est un médecin généraliste qui est exercé au Canada mais qui, voilà, tout n'est Il est un peu apolémique, mais en tout cas, ce livre-là, sur le parcours d'un étudiant en médecine qui fait des consultations de gynéco, ça m'a ouvert les yeux énormément sur ce que les patientes ressentaient dans nos cabinets. Sinon, je lui dirais bien sûr de prendre du temps, de prendre du temps et de respirer avant chaque consultation pour faire un break et d'être une page blanche dès que la patiente rentre dans sa salle. pouvoir l'accueillir au mieux.

  • Speaker #1

    Super, merci pour ces précieux conseils. On va terminer par le traditionnel petit quiz de cette émission. Je vais te poser des questions, tu réponds simplement du tac au tac comme tu en as envie.

  • Speaker #0

    D'accord, ok.

  • Speaker #1

    Un lieu qui t'inspire.

  • Speaker #0

    Le lieu qui m'inspire, c'est une plage en Grèce où j'ai passé mes vacances d'été depuis toute petite.

  • Speaker #1

    Ok. Ta plus grande qualité ?

  • Speaker #0

    Je vais dire l'écoute.

  • Speaker #1

    Une mauvaise habitude ?

  • Speaker #0

    Le sucré. Le sucré pas contrôlé, tu vois, le truc waouh, j'ai envie de manger un fer au rocher, paf, je m'en bouffe dix dans la foulée

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un trait de caractère, enfin, est-ce qu'il y a un trait de caractère ou une qualité qui te marque particulièrement chez les autres ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est la gentillesse. Vraiment, je suis admirative des gens profondément gentils. Je trouve que ça irradie de bonté, ça me touche beaucoup.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire à la Laure enfant ?

  • Speaker #0

    C'est... Je lui dirais, fais-toi confiance dans ce que tu ressens. Est-ce que dans tes ressentis, dans ton feeling, va jusqu'au bout de ton feeling.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ça ne m'a jamais déçue.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un rituel bien-être autre que ce que tu as évoqué auparavant qui te fait du bien ?

  • Speaker #0

    Oui, alors là, je vais me faire attaquer. Je prends très souvent des bains.

  • Speaker #1

    Oh, écoute. Je suis sûre qu'on ne peut pas être parfait dans tout. Je suis sûre que tu fais attention sur d'autres choses. Ça va.

  • Speaker #0

    Oui, exactement. On va dire ça, tout à fait. Mais le bain, c'est vraiment un break dans ma journée aussi qui est fondamental. Je comprends. Petit bain. Je dis toujours, je prends un petit bain.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. J'ai vécu juste dans un appartement où il y en avait un. Et j'avoue que de temps en temps, quand tu te fais un bon bouquin, tu t'allumes des bougies. C'est vraiment...

  • Speaker #0

    Très ressentissant, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un livre, un podcast, une recommandation culturelle qui t'a particulièrement marquée, que tu aimerais partager ?

  • Speaker #0

    Oui. Écoute, je pense que tout le monde le connaît, mais le podcast qui vraiment a fait, qui donne sens à tout aussi, la prise en compte des femmes dans notre milieu médical, c'est Bliss Stories. Je ne remercierai jamais assez Clémentine Gallet d'avoir donné la parole à toutes ces femmes. Elle m'a donné la parole en tant que gynéco. Vraiment, ça a révolutionné le monde des salles de naissance. J'espère qu'il y a plein de professionnels qui écoutent.

  • Speaker #1

    C'est noté, merci.

  • Speaker #0

    La plus grande victoire ? Je vais dire mon concours de médecine. Ce qui me vient là, c'est une victoire. Ma prof de maths en terminale, elle me disait, bon, bref, médecine, tu devrais faire plutôt infirmière. Bon, ben, j'ai bien fait de ne pas l'écouter, quoi. Tu vois, ce genre de discours, comme quoi ça peut te flinguer quelqu'un. Et comme je te le disais, j'ai bien fait d'aller au feeling et de me dire que j'y arriverais bien un jour, quoi.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que sur une personne qui a moins de confiance ou moins de...

  • Speaker #0

    Exactement, ouais.

  • Speaker #1

    Ah ouais, mais ça peut tellement le décourager et...

  • Speaker #0

    Ouais, le freiner. J'adore les infirmières, mais en fait, moi, je voulais faire médecine, donc c'est tout.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. C'était ton rêve à toi.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais tu as bien fait de t'écouter. Je vais te poser une dernière question. Qui est-ce que tu aimerais que j'invite après toi ?

  • Speaker #0

    J'adore suivre sur les réseaux Instagram. J'adore suivre Charlotte Leonardi, qui est photographe et notamment qui photographie les femmes enceintes. Elle m'a fait ma séance de maternité. C'est une personnalité qui est solaire, qui est drôle, elle est fun. Elle adore à la fois parler du corps de la femme. Elle la prend en photo de façon sublime. Elle magnifie les corps. Je le vois parce que moi, elle a fait un travail de dingue sur mes photos de maternité. Je me trouve trop belle alors qu'en temps normal, je suis très critique. Et puis, sur sa page Instagram, elle est... tellement drôle avec ses conseils mode. Moi, je me régale de la suivre. Je l'ai déjà entendue sur un podcast, mais je me dis que j'aimerais bien la réécouter et passer du temps encore avec elle dans mes oreilles.

  • Speaker #1

    Ok, génial, c'est noté. Merci beaucoup, Laure. Je suis vraiment ravie qu'on ait pu avoir cette conversation ensemble et je trouve que ce que tu fais est vraiment formidable et d'utilité publique, donc vraiment bravo pour ton engagement.

  • Speaker #0

    et ton récent podcast du coup ouais merci beaucoup Claire je suis très très contente que tu m'aies invité à prendre un petit peu la parole de mon côté et puis d'être de l'autre côté du micro c'est sympa aussi quoi merci beaucoup Laura encore pour ta gentillesse merci beaucoup

  • Speaker #2

    N'hésitez pas à partager vos retours sur l'épisode et à m'envoyer vos suggestions ou questions à l'adresse ralentir.podcast.gmail.com. On se retrouve la semaine prochaine. En attendant, prenez bien soin de vous.

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