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RayonNantes - le premier podcast nantais

#65 Johanna Rolland : au-delà du rôle, la femme

#65 Johanna Rolland : au-delà du rôle, la femme

36min |04/05/2025
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#65 Johanna Rolland : au-delà du rôle, la femme

36min |04/05/2025
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Description

Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Rolland, l’actuelle maire de Nantes.


Unique car cet épisode n'est pas une interview politique.

Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d’accord : nous parlerons d’elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes.


Cet épisode est unique car j’ai voulu aller au-delà de l’étiquette, pour rencontrer la femme, avec un grand F.
Une femme engagée, curieuse, ancrée, qui avance avec conviction, écoute et intuition.


Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de maire au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant.


Une conversation sincère, riche et plurielle, pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout.


Bonne écoute. 

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutions de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Rayon Nantes. Un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Roland, l'actuelle maire de Nantes. Mais ici, pas d'interview politique. Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d'accord, nous parlerons d'elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes. Dans cet épisode, j'ai voulu aller au-delà de l'étiquette pour rencontrer la femme avec un grand F. Une femme engagée, curieuse. ancrée qui avance avec conviction, écoute et intuition. Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de mère au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant. Bref, une conversation sincère, riche et plurielle pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout. Bonjour Juliana.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Ravie d'être ici.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'aimerais surtout qu'on mette l'accent sur ta personnalité plutôt que sur ton rôle. politique. J'aimerais sortir du rôle institutionnel pour comprendre qui es-tu, découvrir la femme derrière la femme politique. Quel âge as-tu aujourd'hui, Joana ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis née en 79.

  • Speaker #0

    Et bien d'ailleurs, je te propose qu'on commence par là, qu'on évoque les débuts, ton enfance, ton parcours, tes racines. Donc tu es née à Nantes en mai 79, comme tu le disais. Tu es l'aînée de trois filles. Tu as grandi à Vertoux avec une maman institutrice dans le secteur privé et un papa employé de banque et syndicaliste. Quelle petite fille étais-tu à l'époque ?

  • Speaker #1

    J'étais une petite fille heureuse, pleine de découvertes du monde qui m'entourait. J'ai la chance d'avoir grandi dans une famille très aimante, où le mot famille est quelque chose de très important, et une valeur très importante, et où famille rime à la fois avec solidarité et avec beaucoup de joie. En effet, moi je suis née à Nantes. Ensuite j'ai grandi à Vertoux, donc une des communes de la métropole. Ce qui fait d'ailleurs qu'après, quand je suis devenue mère, j'ai compris, mais vraiment avec retard, j'allais dire, c'est quoi la différence quand on habite dans le centre-ville de Nantes et quand on habite à Vertoux ? Moi, petite, j'allais à Nantes, je prenais le bus, le 28, pour aller voir mes cousines qui, elles, habitaient vraiment dans l'hypersante, puisqu'elles habitaient quartier bouffet. J'ai habité à Vertoux jusqu'à mes 20 ans, jusqu'à ce que je parte de notre beau territoire pour aller faire mes études ailleurs. travailler ailleurs avant de revenir ici.

  • Speaker #0

    Quel regard portes-tu sur cette période ? Sur la période de ton enfance, ton adolescence ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la période de l'insouciance. C'est la période des jours heureux. C'est un lien très fort avec mes deux sœurs. Moi, j'ai une première sœur, Stéphanie, qui a trois ans de moins que moi. On a un peu grandi ensemble. On a ensuite eu les mêmes cercles d'amis, etc. Et j'ai une petite sœur qui reste toujours la petite alors que maintenant, elle a grandi, mais qui a onze ans de moins que moi. mois. C'est une enfance qui grandit dans ces liens très forts, dans aussi une famille où l'engagement est quelque chose de présent, alors de manière très différente. Pour ma mère, qui était donc enseignante en premier degré, chrétienne, pour qui ça voulait dire des choses dans sa vie au quotidien, discrète, et un papa moins discret, engagé, un peu grande gueule, laïque, anticlérical, une vraie famille de l'Ouest, quoi. dans des mélanges qui donnaient des vraies belles discussions, mais avec un point commun, c'est comment tu ne fais pas ton petit bonhomme de chemin sans te soucier du monde qui t'entoure.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un souvenir, justement, assez fort qui t'a marqué, qui a façonné la femme que tu es devenue aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un seul, non, je serais bien incapable d'en citer un, mais en revanche, des rencontres, des moments. Et si, je peux peut-être dire ça, quand j'ai 18 ou 19 ans, Je décide, et c'est la première fois que je le fais, de partir en Bosnie avec une ONG qui s'occupe notamment d'enfants. On est après la guerre quelques années. J'ai vraiment ce sentiment, et je l'écris d'ailleurs, à l'époque je tiens un petit carnet de bord, le sentiment d'avoir été très gâtée au sens, moi je suis une enfant de la classe moyenne, mais gâtée au sens de beaucoup d'amour, de donner, de beaucoup de choses de transmis, et donc d'avoir envie de redonner à d'autres. finalement, ce que j'avais pu recevoir. Et ça, ça fait sans doute partie de ce qui ensuite a aussi jalonné un parcours d'engagement avec des engagements qui ensuite ont pris des formes et des natures très diverses.

  • Speaker #0

    Engagement humanitaire aussi en Afrique du Sud, j'ai vu ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est quand, deux ans après je crois, je suis étudiante à Sciences Po, j'ai un stage à faire et je pars faire mon stage en Afrique du Sud. Officiellement, je travaille au service culturel de l'ambassade à Pretoria. Je dis officiellement parce qu'in fine, je passe beaucoup plus de temps sur le terrain qu'à l'intérieur des murs et des couloirs de l'ambassade, puisque je suis missionnée pour accompagner des ONG locales qui montrent des projets de coopération en lien avec la France. Et j'en suis revenue avec conviction que je n'allais pas me lancer dans la diplomatie et les affaires étrangères, que ce n'était pas fait pour moi. Pourquoi ? Parce que j'ai été à la fois très marquée par ce pays. C'est particulier, tu sais, être dans un pays dans des années post-apartheid, où c'est encore très saignant. Moi, j'ai fait mon mémoire de Sciences Po sur les ONG de l'apartheid à la démocratie, est-ce qu'il reste des contre-pouvoirs, des oppositions, ou est-ce qu'elles contribuent à rentrer dans l'organisation de l'État ? Et en même temps, j'ai aussi vu parmi celles et ceux qui étaient expatriés, à la fois des gens très dévoués dans ce qu'ils faisaient, très engagés, et puis d'autres dans des situations où finalement j'avais l'impression qu'ils vivaient à côté. du pays dans lequel il résidait et pas totalement dans le pays. J'ai assez vite vu que ce n'était pas fait pour moi. Et qu'en revanche, cette capacité à faire des ONG, des acteurs associatifs engagés, c'est quelque chose qui me parlait beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Ensuite, tu fais un master à Grenoble et tu reviens à Nantes en 2004 parce que Jean-Marc Ayrault cherchait une attachée parlementaire. Et là, tout s'enchaîne très rapidement pour toi.

  • Speaker #1

    Alors non, tu oublies, si je peux me permettre, que tu es très importante entre les deux. Donc, on l'a dit, moi je suis nantaise, je grandis ici. Je vais au lycée aux Bourdonnières. Aujourd'hui, c'est amusant parce que ma nièce, Emma, est au lycée aux Bourdonnières. C'est drôle. C'est drôle de la voir des années après faire ce chemin-là. C'est mon lycée de secteur. J'habite à Vertoux. On va aux Bourdes, comme on disait. Ensuite, je fais Hippo-Cagne et Cagne-BL à Guistot. Ça me fait un petit changement de décor quand même.

  • Speaker #0

    Du lycée des Bourdonnières au lycée

  • Speaker #1

    Guistot. Hippocagne et Cagnes BL, donc tu sais c'est Hippocagne mais avec des maths de l'économie, de la sociologie et puis de l'histoire et de la géographie plutôt du XXe siècle. Et ensuite je passe les concours d'IEP, j'ai le concours de Lille, donc je pars à Lille, c'est là que c'est mes années à la fois d'étudiante, d'engagement, puisque c'est à cette période-là, on en parlait, que je pars en Afrique du Sud, mais aussi à ce moment-là que je commence à militer, pas dans un parti politique, mais pour des causes qui me tiennent à cœur.

  • Speaker #0

    C'était quelle cause ?

  • Speaker #1

    Je me suis à ce moment-là beaucoup investie sur la question des personnes migrantes. On est dans une période après l'évacuation de la grande église concernée à Paris. Lille-Paris, ce n'est pas très loin. Je fais partie des étudiantes qui se mobilisent beaucoup sur ces sujets à ce moment-là. Et puis, je finis mes études en me spécialisant sur les questions de politique de la ville et de démocratie locale. Quand j'ai fini cette dernière année d'études à Sciences Po Grenoble, cette fois, j'ai envie de mettre les mains dans le cambouis. J'ai envie de dire, OK, de la théorie à la pratique, qu'est-ce que je suis capable de faire concrètement ? Et donc, je postule à la ville du Creusot. Vraiment, je finis mon master à Grenoble. Je me dis, tiens, je vais essayer. C'est le premier CV que j'envoie pour un poste de chargé de mission sur un grand projet de ville, donc dans un quartier populaire. Je suis recrutée. J'ai un petit moment d'hésitation quand même parce que je me dis, OK, le Creusot, est-ce que vraiment ça va me plaire ? Et puis, j'y vais. et ça a été pour moi un moment en fait très fondateur. D'abord parce que j'ai adoré ce que j'y ai fait, travailler dans les quartiers populaires, avec notamment les mamans de ces quartiers, avec les jeunes de ces quartiers, monter des projets de démocratie locale, il n'y avait pas de conseil de quartier. J'ai contribué avec l'équipe d'élus de l'époque à les inventer. C'est aussi le moment où je me décide à passer un concours de la fonction publique, puisque quand j'étais à Sciences Po, je ne le répète pas trop maintenant, mais je disais non, la fonction publique, ce n'est pas là où on change vraiment la vie. moi je veux aller en ONG, en asso, c'est là où ça bouge le plus. Et au bout d'un moment, au creuseau, ils me disent, ben voilà, c'est bien, on voudrait que tu prennes la responsabilité du service, mais par contre, il faut passer le concours. Et pour la petite histoire, je le passe deux fois en fait. tous mes collègues du Creusot, alors qu'ils n'avaient pas du tout le même parcours que le mien, parce que c'était des gens, à l'époque, on appelait ça les grands frères, ceux qui avaient été recrutés issus des quartiers, bref. Et je le dis parce que c'est des gens qui m'ont beaucoup appris. Moi, je leur ai appris pendant quelques années ce que j'avais appris dans mes études, et eux, ce qu'ils avaient appris sur le terrain, dans leur vie, dans leur engagement, etc. Bref, je passe ce concours, tout le monde me dit, « Tu sors de Sciences Po, tu vas l'avoir tranquille. » Et j'ai 7 à l'épreuve principale avec « On ne vous demande pas votre opinion personnelle comme appréciation » . Et je le raconte parce que j'ai gardé ça ensuite. Moi, je pense qu'on a besoin, dans la fonction publique, comme dans la vie politique, d'hommes et de femmes qui ont des parcours divers, qui ont des histoires diverses. C'est aussi cette pluralité des parcours qui nourrit la France telle qu'elle est aujourd'hui et le territoire tel qu'il est aujourd'hui. Donc, je passe plusieurs années au Creusot. C'est une expérience qui m'a marquée, d'ailleurs, quand on s'est posé la question de savoir si je serais candidate ou pas au municipal, que je me suis posé la question. Dans les quelques personnes à qui j'en ai parlé, à qui j'ai demandé leur avis, il y a... un ou deux de mes collègues qui étaient devenus de mes amis parmi cette aventure au Creusot. Et c'est seulement après, en 2004, que je rentre à Nantes.

  • Speaker #0

    Donc là, on y revient, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, là tout s'enchaîne. Il te propose de conduire sa campagne pour l'élection législative, tu rejoins son équipe municipale, en 2011, tu es élu au Conseil Général et tu deviens adjoint de Patrick Rimbaird qui, lui, a remplacé Jean-Marc Ayrault qui est devenu alors Premier ministre. Bon jeu de chaise musicale. Donc, logiquement, on voit bien les thèmes d'après. Mais est-ce que toi, à ce moment-là, tu t'imaginais déjà en tant que maire de Nantes ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'abord, les choses ne se sont pas vraiment passées de cette manière-là. En fait, en 2004, je travaille donc à la ville du Creusot et il se trouve que pour des raisons familiales, ma mère est gravement malade à ce moment-là et donc je veux rentrer à Nantes. Le sujet, c'est d'abord de rentrer à Nantes. Et d'ailleurs, à l'époque, je candidate à différentes offres d'emploi qui ressemblent à ce que je faisais au Creusot. Je me souviens, je candidate pour être chef de projet Dialogue Citoyen. qui était ce que je faisais au Creusot, à la ville de Saint-Sébastien, pour la petite histoire. Et puis dans mes recherches professionnelles de ce moment-là, je l'ai dit, je suis l'aînée, j'ai une sœur qui a 3 ans de moins que moi, l'autre a 11 ans de moins que moi, donc à l'époque elle a à peine 13-14 ans. Je cherche ce qui me permet de rentrer chez moi et d'être là pour ce moment-là. Mon directeur de l'époque au Creusot me dit, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, vous devriez postuler. Et je me rappelle très bien, je lui dis, mais j'ai aucune chance, Je ne connais personne à la mairie de Nantes. je ne suis pas encartée au Parti socialiste, je suis de gauche fondamentalement, mais pas encartée, et par choix en plus. Et donc je postule, mais comme j'ai postulé à d'autres choses à cette période de ma vie. Et en effet, je suis recrutée à ce moment-là comme attachée parlementaire. Je travaille pendant plusieurs années sur cette fonction, y compris parce que c'était sur une circonscription qui était très mixte, ce qu'on appelle la troisième circonscription, qui a à la fois des quartiers, on va dire, dits résidentiels, mais aussi des quartiers populaires. comme Bellevue et les Dervalières. Et donc le double parcours, qui est le mien, je vais le dire comme ça, à la fois d'avoir fait des études type Sciences Po, mais aussi d'avoir travaillé, d'aimer et d'être à l'aise dans les quartiers populaires, ça correspond à ce que Jean-Marc Ayrault cherche à l'époque. Et puis dans les petites missions que je finis par avoir un peu en plus, il y a celle de repérer pour lui des gens issus de la société civile pour rentrer sur la liste municipale en 2008. C'est ce que je fais. C'est à cette époque d'ailleurs que je rencontre par exemple. Ali Rebou, qui est aujourd'hui mon adjoint en charge du sport, dans un moment où il y avait un collectif qui s'était monté dans les quartiers nantais autour de ces sujets. Bref, au bout d'un moment, Jean-Marc me dit « Mais est-ce que t'es OK pour toi-même intégrer la liste en 2008 ? » Ce qui était honnêtement, à ce moment-là, pas forcément ma perspective parce que j'avais accès au sujet qui me tenait à cœur, j'avais avec lui une vraie liberté, une vraie confiance, ce qui me permettait d'agir, d'influer quelque part sur les sujets qui étaient mes sujets de... prédilection et je me rappelle la première fois où il m'en parle, je lui dis écoute si c'est pour s'assurer des équilibres hommes-femmes sur la liste, franchement j'ai d'autres noms à te proposer, je peux peut-être être utile autrement. Il me dit non, si c'était que pour ça, ce serait pas la question que je te poserais. Donc l'aventure démarre comme ça en 2008 je suis adjointe à l'éducation et à la jeunesse et ensuite les choses s'élargissent j'ai sous ma responsabilité en plus la politique de la ville et le renouvellement urbain, ce qui me permet d'avoir à la fois des choses très régaliennes, parce que l'éducation, c'est du régalien, puis des choses plus pointues et ciblées avec la politique de la ville. En fait, je le dis parce qu'à aucun moment donné, dans cette période mis après, Jean-Marc Ayrault m'a dit ou a dit aux Nantais « Tu seras la prochaine maire de Nantes » . Ce n'est pas passé comme ça. Y compris, je crois, parce qu'il savait que pour que ça marche, c'est à la personne de faire ses preuves. Et ce qu'il a contribué à créer les conditions, c'est une évidence. Et je le dis aujourd'hui avec recul, honnêtement je connais aucun endroit en France où ça s'est passé comme ça. Avec à la fois cette élégance et ce respect. Et le respect je le dis parce que du jour où je suis devenue mère, pas une seule fois il a été intrusif. dans une décision ou une orientation en disant tu devrais plutôt faire comme ça ou tu devrais plutôt faire comme ça. Et donc quand il devient premier ministre, en effet, Patrick Rimbaud devient maire, je deviens première adjointe, et à ce moment-là, la question commence à se poser de la suite de l'histoire et de qui portera nos couleurs en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc là, toi, à ce moment-là, tu te projettes et tu t'imagines les porter ?

  • Speaker #1

    Au moment où je suis nommée première adjointe, je sais que la question peut se poser, à partir de là. Et donc avant d'accepter ça, oui, il y a un moment de réflexion. ... personnel avec mon mari avec mes soeurs avec mes proches de dire est ce que j'en suis capable à quoi ça engage c'est quoi les impacts sur la vie personnelle et sur la vie familiale et je me souviens je prends j'ai un week-end là tu sais il ya des moments comme ça dans ta vie un peu ternière tu pèses et je sors de ce week-end encouragé par ceux qui m'aiment de me dire On confiante,

  • Speaker #0

    sereine.

  • Speaker #1

    confiante. Je crois que je me pose pas trop la question comme ça à ce moment-là. La question que je me pose, c'est est-ce que j'en ai envie ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce que c'est possible d'être candidate, peut-être élue mère, et de cultiver une vie avec ses enfants, d'avoir aussi autre chose ? C'est plutôt ça, mes questions de ce moment-là.

  • Speaker #0

    Quels sont, selon toi, les talents, les compétences que Jean-Marc Ayrault avait repérées à l'époque, chez toi ?

  • Speaker #1

    Ah bah, faudrait lui poser la question à lui, c'est hyper présomptueux de le dire.

  • Speaker #0

    Il te les avait pas partagées.

  • Speaker #1

    Vraiment, je redis, les premiers qui m'ont parlé d'être candidate, ce n'était même pas forcément des élus. Je me souviens de quelqu'un qui a travaillé à la ville, qui était engagé par ailleurs dans la vie associative, qui est le premier qui, un jour, dans un déjeuner en tête à tête, m'a dit « tu devrais réfléchir à y aller, on a besoin de toi » . Et en fait, à un moment donné, quand tu as différentes personnes de différentes générations qui viennent te voir, qui te sollicitent, tu es face à toi-même parce que tu te dis « il y a des gens qui croient en moi, Si j'y vais... j'y vais vraiment en fait, c'est-à-dire que t'embarques aussi des gens avec toi et donc ça, ça a aussi été un moment de cristallisation.

  • Speaker #0

    Et alors en 2014 à 34 ans, tu deviens la première femme maire de Nantes et l'une des plus jeunes femmes à diriger une grande ville française. Qu'est-ce que tu ressens ce jour-là ?

  • Speaker #1

    D'abord de la joie parce que forcément c'est après la campagne, t'as bataillé, t'as porté tes idées, t'as porté tes convictions et dans le même temps d'emblée un vrai sentiment de responsabilité. Y compris parce que moi, j'avais été première adjointe pendant deux ans avant. Et donc pendant deux ans, j'avais participé à toutes les prises de décision. Donc je savais là où je mettais les pieds. Et ça m'avait permis aussi de faire les choses par étapes. Donc c'est pas d'un coup, je saute dans le grand main. Et donc je savais aussi ce à quoi je m'attendais. Est-ce que je le savais totalement ? Je pense que non. Parce que tant que tu ne l'as pas vécu, éprouvé directement, tu ne le sais pas. Mais donc il y avait ce mélange d'enthousiasme et de responsabilité.

  • Speaker #0

    Et alors aujourd'hui, ça fait 11 ans que tu exerces cette fonction. Être mère, au fond, ça consiste en quoi ?

  • Speaker #1

    C'est servir les habitants de sa ville. C'est d'abord ça. Être mère, c'est tous les jours, du lundi matin au dimanche soir, avoir une part de son esprit, une part de son cerveau importante, très importante, qui est animée d'une seule chose. Qu'est-ce qui est bien pour Nantes ? Qu'est-ce qui est bien pour les Nantais ? Après, tu le fais avec ce à quoi tu crois. Donc moi, mes convictions, elles sont connues. Mes valeurs, elles sont claires, donc je le fais à partir de ce que je suis, mais toujours rattachée à là où on est. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Toulouse. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Bordeaux. Ce n'est pas la même ville, ce n'est pas la même histoire. Et ça, c'est aussi une des choses que je mesure sans doute encore plus aujourd'hui que je mesurais hier. La singularité nantaise, ce qui fait finalement notre spécificité. Et puis être maire, c'est faire 15 choses différentes dans sa journée. C'est à la fois parler avec un entrepreneur européen qui regarde dans quelle ville il a envie d'investir, et puis dans l'heure d'après, croiser une maman qui s'inquiète parce que son gamin ne trouve pas de stage, et de regarder quels conseils on peut lui donner. Et c'est absolument ça qui est passionnant, c'est que tu navigues sur des sphères et sur des sujets qui sont d'une diversité totalement exceptionnelle.

  • Speaker #0

    Les talents que tu as, et sûrement qu'il faut aujourd'hui pour être mère, Est-ce que finalement, c'est des talents d'un bon gestionnaire, d'un bon manager ? Ou est-ce que c'est la créativité qu'il faut cultiver ? Ou est-ce que c'est tout ça à la fois ? Moi,

  • Speaker #1

    je pense que d'abord, il faut des convictions. Et il en fout sans doute encore plus dans le monde d'aujourd'hui que dans celui d'hier. Au sens où, dans un monde quand même brouillé, où il y a du vacarme, du tumulte, de la brutalité, savoir où l'on habite, au sens de à quoi on croit, c'est quoi tes valeurs, c'est quoi ton référentiel, c'est quoi tes repères, c'est quoi ta boussole, pourquoi tu te bats ? finalement, ça moi je pense que c'est la première chose nécessaire, parce que le reste ça s'apprend mais les convictions c'est dans l'écrit en fait, je crois pas que ça s'apprend ça se transmet, on le transmet à nos enfants, on le transmet à ceux qui nous entourent donc un, les convictions de deux, du sang froid Je le dis aussi parce qu'être maire, et particulièrement là dans le mandat qu'on a traversé, c'est aussi traverser des crises. Et donc je pense que cette question du sang-froid, elle est importante. La troisième chose, c'est d'être capable de fédérer et d'animer. Parce qu'être maire, c'est aussi diriger une équipe. Alors c'est à la fois diriger une équipe d'élus, c'est aussi être un employeur. La ville de Nantes et la métropole, c'est 10 000 agents. C'est pas tout à fait rien comme organisation. Et puis c'est animer le collectif nantais au sens large. parce qu'à Nantes, on sait faire avec les acteurs culturels, les acteurs sociaux, les acteurs économiques. Donc cette capacité de fédérer et d'animer, je pense que ça compte aussi. Et puis quand on est maire à Nantes, il faut rajouter un peu beaucoup d'audace et de créativité. Mais parce que ça, c'est à Nantes.

  • Speaker #0

    Tu les prends seules, tes décisions ?

  • Speaker #1

    Non, mais quand même. Je m'explique. Non, parce que d'abord, les décisions, elles ne viennent pas de nulle part. Il y a un contrat démocratique que j'ai passé avec les Nantais. En 2014, si je prends cet exemple, ou en 2020, j'ai fait des propositions aux Nantais. C'est sur cette base qu'ils ont voté sur un projet. Donc je me tiens d'abord au contrat que j'ai passé avec eux. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est qu'être maire de la 6e de France, c'est jamais se mettre en pilotage automatique. Tu aurais une feuille de route et puis après, tu déroulerais tranquille. Donc tes décisions, tu les prends avec ton équipe, au sens où tu les prends avec tes adjoints, au sens où tu as aussi des services, un cabinet, et tu t'appuies sur le regard des uns et des autres pour prendre le temps de se dire In fine, au fond, quelle est la meilleure décision pour Nantes ? Donc c'est à la fois un exercice très collectif, et dans le même temps, l'expérience m'a montré que dans les moments les plus compliqués, oui, il y a une part de décision qui t'incombe à toi, et d'abord parce que tu seras la première à la portée devant les Nantaises et les Nantais, que ça se passe bien ou que ça se passe moins bien.

  • Speaker #0

    Quand on devient mère aussi jeune, d'une aussi grande ville, est-ce que quelque part, c'est un peu s'oublier soi-même ?

  • Speaker #1

    Je crois pas. En tout cas, moi quand j'ai... décidé de l'être, le défi que je m'étais fixé c'est comment on peut être mère M.I.R.E et mère M.E.R.E. Mes enfants avaient deux ans et quatre ans à ce moment là. Est-ce que c'est très exigeant ? Oui. Est-ce que tu acceptes des choix sur ton temps personnel et familial ? Oui. Est-ce que tu peux être amené à n'importe quel moment du jour ou de la nuit à être sur le terrain parce qu'il y a une nécessité ? Oui. Donc si tu veux faire 8h, 18h ou même 8h, 20h, il faut faire autre chose. En revanche, j'ai toujours pensé que c'était important de continuer à cultiver aussi autre chose, d'autres espaces. D'abord, ça te donne de la respiration, ça te donne de la liberté. Je crois que ça t'aide aussi à garder, quand c'est nécessaire, un peu de recul sur les choses. Est-ce qu'on y arrive toujours ? Pas forcément, mais en tout cas, pour moi, c'est quelque chose d'important.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu fais pour préserver cette vie de famille ?

  • Speaker #1

    D'abord, je ne le fais pas de la même manière aujourd'hui que je le faisais il y a quelques années. Quand j'ai été l'humeur, mes enfants avaient 2 et 4 ans. C'est petit. Aujourd'hui, ils sont ados. Donc, il n'y a pas de réponse intangible. Les réponses bougent. Quand ils étaient petits, ce que j'avais trouvé, c'est que tous les matins, avant de venir en mairie, je les amenais à l'école. D'ailleurs, ils disaient de manière très simple, le matin, c'est maman et le soir, c'est papa. Mais comme plein de femmes qui travaillent, qui s'organisent... décidé que non, en 2025, personne n'avait le droit de nous demander de choisir entre une vie professionnelle épanouie et une vie de mère qui a envie aussi de pouvoir se consacrer à ses enfants. Après, les choses, elles se sont faites avec temps, avec des évolutions. Et tu vois, sur ce truc d'amener mes enfants à l'école le matin, j'en ai jamais fait un étendard. Et encore, j'en parle aujourd'hui. À cette époque-là, je n'en parlais pas du tout. Mais je me suis rendu compte que ça se savait et que, par exemple, en mairie, ça avait aidé un certain nombre de femmes. à dire, moi, je m'organise pour pouvoir faire ça, et ensuite, je suis là. Et cette question aussi de l'exemplarité dans ce qu'on fait et dans ce que ça permet de bouger comme ligne, c'est aussi une chose dont j'ai pris conscience, mais au fur et à mesure, que je ne mesurais pas sans doute initialement.

  • Speaker #0

    Peut-être que la parole aussi s'est beaucoup plus libérée sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, la libération de la parole, évidemment, et là, dans ces dernières années, quand je dis en 2020, je veux faire de Nantes la première ville non sexiste à 10 ans, La vérité, c'est qu'au début, ça sourit, ça rigole un peu, ça se moque aussi un peu. Dans certains secteurs, j'entends des gens qui me disent « c'est bizarre, avant, Jeanna Roland, on croyait que c'était une fille sérieuse, elle nous parlait économie, réindustrialisation, emploi sur la métropole, et maintenant, elle nous parle de trucs de nana » . J'ai entendu ça, y compris dans certaines sphères de décideurs. Les conservatismes, ils sont à plein d'endroits de la société. Et finalement, quand on explique, qu'on dit que concrètement, c'est quoi ? C'est formé. nos agents en matière de petite enfance, parce que ça aide à détecter les violences intrafamiliales quand il y en a, que c'est former les agents de la police municipale, mettre en place des séances de négo-training, parce que dans notre pays, les femmes ne négocient pas leur salaire comme les hommes, que c'est ouvrir Citadel, ce lieu absolument incroyable pour accueillir les femmes victimes de violences, mais que c'est aussi lutter contre la précarité menstruelle et installer des distributeurs pour les protections hygiéniques sur l'espace public, mais que c'est aussi rebaptiser les noms de rue. tu te rends compte que depuis que je suis mère, on a donné... plus de noms de à des femmes que dans toute l'histoire de Nantes avant. Pourquoi c'est important ? Pas dans une espèce de logique de compétition qui n'aurait aucun sens, pas uniquement pour une question de symboles, mais parce que moi ce que je veux c'est que nos filles, elles puissent se dire demain j'ai envie d'être boulangère, j'ai envie d'être astronaute, j'ai envie d'être scientifique, j'ai envie d'être chercheuse en littérature, peu importe, je veux pouvoir choisir mon parcours de vie. Et quand on fait le choix de donner des noms de rue par exemple à des femmes, C'est ça en fait ce qu'on essaie de transmettre.

  • Speaker #0

    C'est facile de faire bouger les lignes sur ces domaines-là ?

  • Speaker #1

    C'est sans doute un des domaines où il faut beaucoup, beaucoup de détermination.

  • Speaker #0

    Et tu disais, tu es une personnalité publique, politique, donc tu es exposée aux critiques, aux moqueries. Comment est-ce que toi, tu réagis personnellement par rapport à tout ça ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux quand même apprendre à laisser couler, parce que sinon, tu as des journées qui peuvent être difficiles. Non, moi, les seuls moments où ça a pu m'atteindre ou me toucher, c'est quand ça me concerne, pas moi, mais mes proches. Parce que toi, tu t'engages, tu sais à quoi tu t'exposes. Tu veux être mère de Nantes, tu te bats pour ça, tu acceptes la part d'exposition publique qui va avec. Mais tes enfants, tes proches, eux, c'est différent. Donc ma limite à moi, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et c'est un choix que vous avez fait à deux, avec ton mari ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. On parle beaucoup d'ailleurs de résilience, de burn-out, chez les soignants, les artistes, les entrepreneurs. On n'en parle pas chez les élus. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça commence un peu. Il y a une maire là qui a pris la parole il n'y a pas longtemps, c'est pas bien d'ailleurs, j'ai omis à l'instant le nom de sa commune et qui le raconte assez bien, qui parle de l'enchevêtrement, des questions administratives, des questions juridiques. Moi j'ai aussi beaucoup vu au moment du Covid, je me souviens d'une réunion que j'ai faite avec des maires de la métropole qui disaient, comme c'était difficile, comme aussi l'attente de la société et de leurs concitoyens à leur égard, parfois c'était... trop et je pense notamment aux maires de petites communes qui se retrouvent parfois quasiment seuls et en première ligne sur la totalité des sujets.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui, toi, t'aide à tenir ?

  • Speaker #1

    J'adore ce que je fais.

  • Speaker #0

    La passion ?

  • Speaker #1

    Ouais, je crois qu'il n'y a pas de mystère en fait, dans la vie, quand t'es animée par ce que tu fais, quand tu y crois, quand ça te passionne. Et puis les Nantais, enfin vraiment. C'est-à-dire que est-ce qu'il peut y avoir des noms ? de fatigue, je ne suis pas un robot, donc tout le monde...

  • Speaker #0

    Mais tu te les autorises justement ces moments de fatigue ?

  • Speaker #1

    D'abord des fois tu les choisis pas quoi, ils sont là, s'il y avait une recette magique pour que ça n'existe pas je crois que ça se saurait, mais moi dans ces cas là mon meilleur remontant c'est en vrai une heure sur le terrain avec des habitants, enfin c'est pour ça que je fais ce que je fais aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Justement il y a une rencontre récente qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Oui, mais elle n'est pas très... Elle n'est pas très joyeuse. Moi, je suis quand même très soucieuse de la montée des questions de pouvoir d'achat dans notre pays. Et Nantes n'est pas non plus une bulle qui est isolée du reste du monde. Et j'ai en tête une dame au Breil, il n'y a pas très très longtemps, qui me racontait par le menu détail comment tout son quotidien, mais tout son quotidien, était impacté, cadré par ces questions de pouvoir d'achat. Comment quand tu comptes à l'euro près, mais vraiment... à l'heure près, quand tu bosses, cette femme elle travaille, et que elle me dit, je ne peux jamais faire plaisir à mes enfants, jamais, que chaque chose, j'allais dire oppressante, parce que c'est ça qu'elle raconte en fait. Ça pour moi c'est vraiment une question.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais réinventer ton rôle de mère demain, qu'est-ce que tu changerais ?

  • Speaker #1

    Je changerais un état qui arrête de changer les règles du jeu tous les quatre minutes.

  • Speaker #0

    Mais encore on n'est pas aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    Un état qui respecte totalement... La décentralisation et donc l'autonomie des collectivités locales, une capacité à aller un peu plus vite sur certaines questions. Et puis un sujet auquel je suis attachée, c'est comment, mais ça ce n'est pas dans le rôle de maire, c'est finalement dans le contexte démocratique dans lequel on est. Qu'est-ce qu'on fait pour éviter l'invective, la polarisation des débats, c'est blanc, c'est noir, le manichéisme, derrière une forme de populisme, c'est pratique, ça tient à un tweet, ça passe bien dans les chaînes d'info, on continue, mais la vie ce n'est pas ça. la vie, c'est plus nuancé. Et la démocratie, elle mérite mieux que cette part de polarisation et parfois de brutalisation du débat public.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que femme, qu'est-ce qui te rend fière au-delà de la politique ?

  • Speaker #1

    Tout ce qui existe comme couleur dans un tableau un peu sombre. On est dans un moment qui est compliqué quand même. La situation géopolitique mondiale, la pandémie crème, ce qui se passe à Gaza. On peut faire la liste comme ça pendant des heures et des heures. Et pour autant, je vois à plein d'endroits, mais vraiment à plein d'endroits, des gens qui s'engagent, des gens qui font des choses. Je te prends un exemple, ça va paraître tout bête. Une des dernières inaugurations que je fais, inauguration de sport, avec Ali Rebou, on inaugure un terrain de rugby à côté de la Durentière. Et là, je vois une jeune présidente. Je la connais pas. C'est la première fois que je la rencontre. Elle fait son discours, il y avait trois clubs. Je vois cette jeune nana et je fais « Ouais » .

  • Speaker #0

    Son discours est super clair, super impactant. Elle se bat pour le rugby au féminin. On voit qu'elle adore son truc. Je prends cet exemple, je pourrais en prendre 45. C'est toutes celles et tous ceux qui, là où ils sont, font des choses, montent des projets et donc contribuent finalement. Le fait de faire une société plus belle, tout simplement, ça peut paraître naïf de le dire comme ça, mais je pense qu'il n'y a pas grand-chose de plus noble au final. Toi,

  • Speaker #1

    cette porte, du coup, de les entendre, de les voir.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu es mère, il y a ce que tu fais toi-même, les décisions que tu prends. Je te prends un exemple, quand je décide la gratuité des transports en commun le week-end, tu la décides, elle se met en œuvre, tu contribues à changer le quotidien des gens, là, maintenant, tout de suite. C'est tangible, c'est efficace. Et puis il y a ensuite ce que tu aides d'autres à faire. Ça c'est aussi une part très intéressante.

  • Speaker #1

    Quel serait le plus beau compliment qu'on pourrait te faire ?

  • Speaker #0

    Aucune idée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as encore des rêves à accomplir ? Plein. Ce serait quoi dans l'ordre ?

  • Speaker #0

    Là, je ne suis pas sûre que j'aurais assez...

  • Speaker #1

    Et c'est de temps ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai à la fois plein de rêves pour notre ville, plein de rêves pour la gauche aussi, qui a bien besoin de faire des choses, et puis plein de rêves aussi en dehors de tout ça.

  • Speaker #1

    Et justement, notre ville, est-ce que tu te sens parfois habitante de Nantes avant d'être mère ?

  • Speaker #0

    Tout le temps. Moi, j'habite à Nantes, j'y vis, j'y travaille, j'y circule. Mes enfants vont pour l'une au collège ici, pour l'autre au lycée. pas en commun tous les jours. En fait, je suis totalement les deux. Je suis totalement les deux parce que je suis d'abord habitante dans ce qui fait ma vie quotidienne, mais je suis aussi totalement mère parce que quand t'es mère, il n'y a pas une minute dans ta vie où tu n'es pas responsable de ce qui se fait dans la vie.

  • Speaker #1

    L'un va avec l'autre.

  • Speaker #0

    C'est deux facettes différentes. Mais quand t'es mère, t'as pas un moment où tu te dis « Ok, là, je me pose trois heures et pendant trois heures, je vais pas être responsable s'il se passe quelque chose. » Ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Et elle t'évoque quoi, cette vie-là ?

  • Speaker #0

    Je crois, et je le crois de plus en plus, que le fait qu'on soit une ville historiquement qui est un port, qui est une ville d'estuaire, qui est une ville tournée vers le large, ça compte dans ce qu'on peut appeler la grande histoire des villes, celle qui dépasse les hommes et les femmes, celle qui dépasse les générations. Moi je crois en fait que ça façonne pas seulement notre géographie et notre histoire, mais que ça façonne notre identité nantaise en fait. Et dans cette dimension de l'ouverture à l'autre, je pense qu'il y a quelque chose de très très nantaise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as le sentiment que Nantes compte aujourd'hui sur la scène nationale et sur la scène internationale ?

  • Speaker #0

    Oui, à Nantes. Tu sais, moi, je préside France Urbaine, qui est l'association qui regroupe toutes les grandes villes et les grandes métropoles du pays, donc en gros la moitié des Françaises et des Français. Je peux te dire que quand on dit Nantes, ça compte. Nantes est la culture. On est identifié comme une grande classe de culture. Ça fait vraiment partie de ce que les autres regardent et identifient chez nous, et les Nantais aussi, sur la question des mobilités et des transports en commun. Ça fait aussi partie des sujets qui sont très fortement regardés. Et puis, c'est cette capacité que j'évoquais coopérative, la tradition mutualiste de l'Ouest, la tradition d'économie sociale et solidaire. Tout ça, c'est des choses qui sont très repérées à l'échelle nationale.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut encore dire que Nantes est une ville de culture ?

  • Speaker #0

    Plus que jamais. D'abord, parce qu'on a ici des talents extrêmement nombreux. Il suffit de regarder sur la scène nationale d'aujourd'hui le nombre de celles et ceux qui sont passés par Nantes. Parce qu'on a fait des choix aussi, que j'ai fait des choix. Dire que je ne ferai pas, nous ne ferons pas de la culture une variable d'ajustement, y compris dans des moments qui sont complexes, d'un point de vue budgétaire, pour les collectivités. Parce que l'engouement des Nantais le démontre. Je ne sais pas si tu as eu l'occasion, par exemple, de voir la grande expo hypersensible qui avait lieu au musée d'art. Avant, il suffisait de passer la porte du musée pour voir à la fois qu'il y avait là des gens spécialistes de culture féru, mais aussi des familles qui venaient. parfois pour la première fois au musée. Et je suis sûre que là, l'expo au Coussaille, qu'on va avoir au château, c'est pareil. Je parie que ça va être un sujet et un succès. Et puis, on a plein de projets pour demain. Le futur Grand Musée Jules Verne et la Cité des Imaginaires. Un nouveau muséum réinventé. Alors, le muséum dans le cœur des Nantais, c'est aussi un muséum important, parce que c'est là qu'on emmène les enfants quand il pleut.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Pour vous dire facilement les Nantaises et les Nantais. Nous, on va en faire... vraiment un muséum de son siècle. On l'évoquait dans un monde de fake news, de relativisme qui va s'appuyer sur la culture scientifique et technique. Des projets de culture, nous en avons. Nous allons continuer à en avoir. Et c'est un vrai choix politique avec un grand P au sens de la culture, en fait, dans le moment dans lequel on est, on en a besoin pour faire société. C'est un des ferments de la République. Et donc, ce n'est vraiment pas le moment d'aller tout couper, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te touche, toi, t'émeut quand tu regardes cette ville aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je devais répondre peut-être sur le... Très sensible, qui... Moi j'habite dans le quartier Chantenay, enfin entre Chantenay et Croix-Monnaie plutôt. Tout le rapport à la Loire qu'on a, à la couleur du fleuve, à comment ça baigne des journées, c'est pas du tout pareil au mois de novembre ou au mois d'avril, bref, cette question de rapport aux couleurs est une chose qui peut nous toucher. Et la deuxième que j'aurais envie de citer, de nature très différente, tous les ans à Nantes, il y a une soirée qui s'appelle la soirée de la fraternité. C'est des assos qui accompagnent celles et ceux qui sont en grande précarité, qui au-delà... Je fallait dire des chapelles parce que c'est des assautes qui ont des histoires diverses, se retrouvent pour ça. Et ça, c'est toujours un moment qui me touche.

  • Speaker #1

    J'aime bien demander à mes invités de partager des adresses qu'ils affectionnent. Est-ce que tu nous en partagerais quelques-unes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors non, parce que moi, comme je suis la mère, si j'en partage...

  • Speaker #1

    Tout le monde va venir te voir.

  • Speaker #0

    Non, je crois que vraiment une des choses qui est exceptionnelle à Nantes, d'abord, c'est qu'on a une vraie ébullition de la scène gastronomique nantaise. moi je suis très attachée à ce qu'on puisse l'avoir à des prix très divers et accessibles à tous et tu vois un des derniers moments perso que j'ai eu le temps de m'offrir dans ma vie de mère c'est un brunch avec ma soeur et deux copines dans un petit établissement juste à côté de la cathédrale je vais pas citer le nom pour pas faire la publicité mais voilà le fait qu'il y en ait pour tous les goûts pour toutes les bourses ça je trouve que c'est un truc super important dans notre vie

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, en tout cas, Johanna, pour le temps que tu m'as accordé aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et c'est un plaisir de te rencontrer et de t'écouter.

  • Speaker #0

    Et merci à toi pour tes podcasts et pour la manière dont tu contribues à raconter Nantes. Je t'en prie.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous en l'envoyant à vos proches ou en le relayant sur vos réseaux sociaux. Et si jamais vous écoutez cet épisode sur Apple Podcasts et Spotify et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire. en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots... Abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci.

Description

Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Rolland, l’actuelle maire de Nantes.


Unique car cet épisode n'est pas une interview politique.

Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d’accord : nous parlerons d’elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes.


Cet épisode est unique car j’ai voulu aller au-delà de l’étiquette, pour rencontrer la femme, avec un grand F.
Une femme engagée, curieuse, ancrée, qui avance avec conviction, écoute et intuition.


Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de maire au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant.


Une conversation sincère, riche et plurielle, pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout.


Bonne écoute. 

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutions de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Rayon Nantes. Un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Roland, l'actuelle maire de Nantes. Mais ici, pas d'interview politique. Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d'accord, nous parlerons d'elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes. Dans cet épisode, j'ai voulu aller au-delà de l'étiquette pour rencontrer la femme avec un grand F. Une femme engagée, curieuse. ancrée qui avance avec conviction, écoute et intuition. Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de mère au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant. Bref, une conversation sincère, riche et plurielle pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout. Bonjour Juliana.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Ravie d'être ici.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'aimerais surtout qu'on mette l'accent sur ta personnalité plutôt que sur ton rôle. politique. J'aimerais sortir du rôle institutionnel pour comprendre qui es-tu, découvrir la femme derrière la femme politique. Quel âge as-tu aujourd'hui, Joana ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis née en 79.

  • Speaker #0

    Et bien d'ailleurs, je te propose qu'on commence par là, qu'on évoque les débuts, ton enfance, ton parcours, tes racines. Donc tu es née à Nantes en mai 79, comme tu le disais. Tu es l'aînée de trois filles. Tu as grandi à Vertoux avec une maman institutrice dans le secteur privé et un papa employé de banque et syndicaliste. Quelle petite fille étais-tu à l'époque ?

  • Speaker #1

    J'étais une petite fille heureuse, pleine de découvertes du monde qui m'entourait. J'ai la chance d'avoir grandi dans une famille très aimante, où le mot famille est quelque chose de très important, et une valeur très importante, et où famille rime à la fois avec solidarité et avec beaucoup de joie. En effet, moi je suis née à Nantes. Ensuite j'ai grandi à Vertoux, donc une des communes de la métropole. Ce qui fait d'ailleurs qu'après, quand je suis devenue mère, j'ai compris, mais vraiment avec retard, j'allais dire, c'est quoi la différence quand on habite dans le centre-ville de Nantes et quand on habite à Vertoux ? Moi, petite, j'allais à Nantes, je prenais le bus, le 28, pour aller voir mes cousines qui, elles, habitaient vraiment dans l'hypersante, puisqu'elles habitaient quartier bouffet. J'ai habité à Vertoux jusqu'à mes 20 ans, jusqu'à ce que je parte de notre beau territoire pour aller faire mes études ailleurs. travailler ailleurs avant de revenir ici.

  • Speaker #0

    Quel regard portes-tu sur cette période ? Sur la période de ton enfance, ton adolescence ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la période de l'insouciance. C'est la période des jours heureux. C'est un lien très fort avec mes deux sœurs. Moi, j'ai une première sœur, Stéphanie, qui a trois ans de moins que moi. On a un peu grandi ensemble. On a ensuite eu les mêmes cercles d'amis, etc. Et j'ai une petite sœur qui reste toujours la petite alors que maintenant, elle a grandi, mais qui a onze ans de moins que moi. mois. C'est une enfance qui grandit dans ces liens très forts, dans aussi une famille où l'engagement est quelque chose de présent, alors de manière très différente. Pour ma mère, qui était donc enseignante en premier degré, chrétienne, pour qui ça voulait dire des choses dans sa vie au quotidien, discrète, et un papa moins discret, engagé, un peu grande gueule, laïque, anticlérical, une vraie famille de l'Ouest, quoi. dans des mélanges qui donnaient des vraies belles discussions, mais avec un point commun, c'est comment tu ne fais pas ton petit bonhomme de chemin sans te soucier du monde qui t'entoure.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un souvenir, justement, assez fort qui t'a marqué, qui a façonné la femme que tu es devenue aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un seul, non, je serais bien incapable d'en citer un, mais en revanche, des rencontres, des moments. Et si, je peux peut-être dire ça, quand j'ai 18 ou 19 ans, Je décide, et c'est la première fois que je le fais, de partir en Bosnie avec une ONG qui s'occupe notamment d'enfants. On est après la guerre quelques années. J'ai vraiment ce sentiment, et je l'écris d'ailleurs, à l'époque je tiens un petit carnet de bord, le sentiment d'avoir été très gâtée au sens, moi je suis une enfant de la classe moyenne, mais gâtée au sens de beaucoup d'amour, de donner, de beaucoup de choses de transmis, et donc d'avoir envie de redonner à d'autres. finalement, ce que j'avais pu recevoir. Et ça, ça fait sans doute partie de ce qui ensuite a aussi jalonné un parcours d'engagement avec des engagements qui ensuite ont pris des formes et des natures très diverses.

  • Speaker #0

    Engagement humanitaire aussi en Afrique du Sud, j'ai vu ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est quand, deux ans après je crois, je suis étudiante à Sciences Po, j'ai un stage à faire et je pars faire mon stage en Afrique du Sud. Officiellement, je travaille au service culturel de l'ambassade à Pretoria. Je dis officiellement parce qu'in fine, je passe beaucoup plus de temps sur le terrain qu'à l'intérieur des murs et des couloirs de l'ambassade, puisque je suis missionnée pour accompagner des ONG locales qui montrent des projets de coopération en lien avec la France. Et j'en suis revenue avec conviction que je n'allais pas me lancer dans la diplomatie et les affaires étrangères, que ce n'était pas fait pour moi. Pourquoi ? Parce que j'ai été à la fois très marquée par ce pays. C'est particulier, tu sais, être dans un pays dans des années post-apartheid, où c'est encore très saignant. Moi, j'ai fait mon mémoire de Sciences Po sur les ONG de l'apartheid à la démocratie, est-ce qu'il reste des contre-pouvoirs, des oppositions, ou est-ce qu'elles contribuent à rentrer dans l'organisation de l'État ? Et en même temps, j'ai aussi vu parmi celles et ceux qui étaient expatriés, à la fois des gens très dévoués dans ce qu'ils faisaient, très engagés, et puis d'autres dans des situations où finalement j'avais l'impression qu'ils vivaient à côté. du pays dans lequel il résidait et pas totalement dans le pays. J'ai assez vite vu que ce n'était pas fait pour moi. Et qu'en revanche, cette capacité à faire des ONG, des acteurs associatifs engagés, c'est quelque chose qui me parlait beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Ensuite, tu fais un master à Grenoble et tu reviens à Nantes en 2004 parce que Jean-Marc Ayrault cherchait une attachée parlementaire. Et là, tout s'enchaîne très rapidement pour toi.

  • Speaker #1

    Alors non, tu oublies, si je peux me permettre, que tu es très importante entre les deux. Donc, on l'a dit, moi je suis nantaise, je grandis ici. Je vais au lycée aux Bourdonnières. Aujourd'hui, c'est amusant parce que ma nièce, Emma, est au lycée aux Bourdonnières. C'est drôle. C'est drôle de la voir des années après faire ce chemin-là. C'est mon lycée de secteur. J'habite à Vertoux. On va aux Bourdes, comme on disait. Ensuite, je fais Hippo-Cagne et Cagne-BL à Guistot. Ça me fait un petit changement de décor quand même.

  • Speaker #0

    Du lycée des Bourdonnières au lycée

  • Speaker #1

    Guistot. Hippocagne et Cagnes BL, donc tu sais c'est Hippocagne mais avec des maths de l'économie, de la sociologie et puis de l'histoire et de la géographie plutôt du XXe siècle. Et ensuite je passe les concours d'IEP, j'ai le concours de Lille, donc je pars à Lille, c'est là que c'est mes années à la fois d'étudiante, d'engagement, puisque c'est à cette période-là, on en parlait, que je pars en Afrique du Sud, mais aussi à ce moment-là que je commence à militer, pas dans un parti politique, mais pour des causes qui me tiennent à cœur.

  • Speaker #0

    C'était quelle cause ?

  • Speaker #1

    Je me suis à ce moment-là beaucoup investie sur la question des personnes migrantes. On est dans une période après l'évacuation de la grande église concernée à Paris. Lille-Paris, ce n'est pas très loin. Je fais partie des étudiantes qui se mobilisent beaucoup sur ces sujets à ce moment-là. Et puis, je finis mes études en me spécialisant sur les questions de politique de la ville et de démocratie locale. Quand j'ai fini cette dernière année d'études à Sciences Po Grenoble, cette fois, j'ai envie de mettre les mains dans le cambouis. J'ai envie de dire, OK, de la théorie à la pratique, qu'est-ce que je suis capable de faire concrètement ? Et donc, je postule à la ville du Creusot. Vraiment, je finis mon master à Grenoble. Je me dis, tiens, je vais essayer. C'est le premier CV que j'envoie pour un poste de chargé de mission sur un grand projet de ville, donc dans un quartier populaire. Je suis recrutée. J'ai un petit moment d'hésitation quand même parce que je me dis, OK, le Creusot, est-ce que vraiment ça va me plaire ? Et puis, j'y vais. et ça a été pour moi un moment en fait très fondateur. D'abord parce que j'ai adoré ce que j'y ai fait, travailler dans les quartiers populaires, avec notamment les mamans de ces quartiers, avec les jeunes de ces quartiers, monter des projets de démocratie locale, il n'y avait pas de conseil de quartier. J'ai contribué avec l'équipe d'élus de l'époque à les inventer. C'est aussi le moment où je me décide à passer un concours de la fonction publique, puisque quand j'étais à Sciences Po, je ne le répète pas trop maintenant, mais je disais non, la fonction publique, ce n'est pas là où on change vraiment la vie. moi je veux aller en ONG, en asso, c'est là où ça bouge le plus. Et au bout d'un moment, au creuseau, ils me disent, ben voilà, c'est bien, on voudrait que tu prennes la responsabilité du service, mais par contre, il faut passer le concours. Et pour la petite histoire, je le passe deux fois en fait. tous mes collègues du Creusot, alors qu'ils n'avaient pas du tout le même parcours que le mien, parce que c'était des gens, à l'époque, on appelait ça les grands frères, ceux qui avaient été recrutés issus des quartiers, bref. Et je le dis parce que c'est des gens qui m'ont beaucoup appris. Moi, je leur ai appris pendant quelques années ce que j'avais appris dans mes études, et eux, ce qu'ils avaient appris sur le terrain, dans leur vie, dans leur engagement, etc. Bref, je passe ce concours, tout le monde me dit, « Tu sors de Sciences Po, tu vas l'avoir tranquille. » Et j'ai 7 à l'épreuve principale avec « On ne vous demande pas votre opinion personnelle comme appréciation » . Et je le raconte parce que j'ai gardé ça ensuite. Moi, je pense qu'on a besoin, dans la fonction publique, comme dans la vie politique, d'hommes et de femmes qui ont des parcours divers, qui ont des histoires diverses. C'est aussi cette pluralité des parcours qui nourrit la France telle qu'elle est aujourd'hui et le territoire tel qu'il est aujourd'hui. Donc, je passe plusieurs années au Creusot. C'est une expérience qui m'a marquée, d'ailleurs, quand on s'est posé la question de savoir si je serais candidate ou pas au municipal, que je me suis posé la question. Dans les quelques personnes à qui j'en ai parlé, à qui j'ai demandé leur avis, il y a... un ou deux de mes collègues qui étaient devenus de mes amis parmi cette aventure au Creusot. Et c'est seulement après, en 2004, que je rentre à Nantes.

  • Speaker #0

    Donc là, on y revient, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, là tout s'enchaîne. Il te propose de conduire sa campagne pour l'élection législative, tu rejoins son équipe municipale, en 2011, tu es élu au Conseil Général et tu deviens adjoint de Patrick Rimbaird qui, lui, a remplacé Jean-Marc Ayrault qui est devenu alors Premier ministre. Bon jeu de chaise musicale. Donc, logiquement, on voit bien les thèmes d'après. Mais est-ce que toi, à ce moment-là, tu t'imaginais déjà en tant que maire de Nantes ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'abord, les choses ne se sont pas vraiment passées de cette manière-là. En fait, en 2004, je travaille donc à la ville du Creusot et il se trouve que pour des raisons familiales, ma mère est gravement malade à ce moment-là et donc je veux rentrer à Nantes. Le sujet, c'est d'abord de rentrer à Nantes. Et d'ailleurs, à l'époque, je candidate à différentes offres d'emploi qui ressemblent à ce que je faisais au Creusot. Je me souviens, je candidate pour être chef de projet Dialogue Citoyen. qui était ce que je faisais au Creusot, à la ville de Saint-Sébastien, pour la petite histoire. Et puis dans mes recherches professionnelles de ce moment-là, je l'ai dit, je suis l'aînée, j'ai une sœur qui a 3 ans de moins que moi, l'autre a 11 ans de moins que moi, donc à l'époque elle a à peine 13-14 ans. Je cherche ce qui me permet de rentrer chez moi et d'être là pour ce moment-là. Mon directeur de l'époque au Creusot me dit, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, vous devriez postuler. Et je me rappelle très bien, je lui dis, mais j'ai aucune chance, Je ne connais personne à la mairie de Nantes. je ne suis pas encartée au Parti socialiste, je suis de gauche fondamentalement, mais pas encartée, et par choix en plus. Et donc je postule, mais comme j'ai postulé à d'autres choses à cette période de ma vie. Et en effet, je suis recrutée à ce moment-là comme attachée parlementaire. Je travaille pendant plusieurs années sur cette fonction, y compris parce que c'était sur une circonscription qui était très mixte, ce qu'on appelle la troisième circonscription, qui a à la fois des quartiers, on va dire, dits résidentiels, mais aussi des quartiers populaires. comme Bellevue et les Dervalières. Et donc le double parcours, qui est le mien, je vais le dire comme ça, à la fois d'avoir fait des études type Sciences Po, mais aussi d'avoir travaillé, d'aimer et d'être à l'aise dans les quartiers populaires, ça correspond à ce que Jean-Marc Ayrault cherche à l'époque. Et puis dans les petites missions que je finis par avoir un peu en plus, il y a celle de repérer pour lui des gens issus de la société civile pour rentrer sur la liste municipale en 2008. C'est ce que je fais. C'est à cette époque d'ailleurs que je rencontre par exemple. Ali Rebou, qui est aujourd'hui mon adjoint en charge du sport, dans un moment où il y avait un collectif qui s'était monté dans les quartiers nantais autour de ces sujets. Bref, au bout d'un moment, Jean-Marc me dit « Mais est-ce que t'es OK pour toi-même intégrer la liste en 2008 ? » Ce qui était honnêtement, à ce moment-là, pas forcément ma perspective parce que j'avais accès au sujet qui me tenait à cœur, j'avais avec lui une vraie liberté, une vraie confiance, ce qui me permettait d'agir, d'influer quelque part sur les sujets qui étaient mes sujets de... prédilection et je me rappelle la première fois où il m'en parle, je lui dis écoute si c'est pour s'assurer des équilibres hommes-femmes sur la liste, franchement j'ai d'autres noms à te proposer, je peux peut-être être utile autrement. Il me dit non, si c'était que pour ça, ce serait pas la question que je te poserais. Donc l'aventure démarre comme ça en 2008 je suis adjointe à l'éducation et à la jeunesse et ensuite les choses s'élargissent j'ai sous ma responsabilité en plus la politique de la ville et le renouvellement urbain, ce qui me permet d'avoir à la fois des choses très régaliennes, parce que l'éducation, c'est du régalien, puis des choses plus pointues et ciblées avec la politique de la ville. En fait, je le dis parce qu'à aucun moment donné, dans cette période mis après, Jean-Marc Ayrault m'a dit ou a dit aux Nantais « Tu seras la prochaine maire de Nantes » . Ce n'est pas passé comme ça. Y compris, je crois, parce qu'il savait que pour que ça marche, c'est à la personne de faire ses preuves. Et ce qu'il a contribué à créer les conditions, c'est une évidence. Et je le dis aujourd'hui avec recul, honnêtement je connais aucun endroit en France où ça s'est passé comme ça. Avec à la fois cette élégance et ce respect. Et le respect je le dis parce que du jour où je suis devenue mère, pas une seule fois il a été intrusif. dans une décision ou une orientation en disant tu devrais plutôt faire comme ça ou tu devrais plutôt faire comme ça. Et donc quand il devient premier ministre, en effet, Patrick Rimbaud devient maire, je deviens première adjointe, et à ce moment-là, la question commence à se poser de la suite de l'histoire et de qui portera nos couleurs en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc là, toi, à ce moment-là, tu te projettes et tu t'imagines les porter ?

  • Speaker #1

    Au moment où je suis nommée première adjointe, je sais que la question peut se poser, à partir de là. Et donc avant d'accepter ça, oui, il y a un moment de réflexion. ... personnel avec mon mari avec mes soeurs avec mes proches de dire est ce que j'en suis capable à quoi ça engage c'est quoi les impacts sur la vie personnelle et sur la vie familiale et je me souviens je prends j'ai un week-end là tu sais il ya des moments comme ça dans ta vie un peu ternière tu pèses et je sors de ce week-end encouragé par ceux qui m'aiment de me dire On confiante,

  • Speaker #0

    sereine.

  • Speaker #1

    confiante. Je crois que je me pose pas trop la question comme ça à ce moment-là. La question que je me pose, c'est est-ce que j'en ai envie ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce que c'est possible d'être candidate, peut-être élue mère, et de cultiver une vie avec ses enfants, d'avoir aussi autre chose ? C'est plutôt ça, mes questions de ce moment-là.

  • Speaker #0

    Quels sont, selon toi, les talents, les compétences que Jean-Marc Ayrault avait repérées à l'époque, chez toi ?

  • Speaker #1

    Ah bah, faudrait lui poser la question à lui, c'est hyper présomptueux de le dire.

  • Speaker #0

    Il te les avait pas partagées.

  • Speaker #1

    Vraiment, je redis, les premiers qui m'ont parlé d'être candidate, ce n'était même pas forcément des élus. Je me souviens de quelqu'un qui a travaillé à la ville, qui était engagé par ailleurs dans la vie associative, qui est le premier qui, un jour, dans un déjeuner en tête à tête, m'a dit « tu devrais réfléchir à y aller, on a besoin de toi » . Et en fait, à un moment donné, quand tu as différentes personnes de différentes générations qui viennent te voir, qui te sollicitent, tu es face à toi-même parce que tu te dis « il y a des gens qui croient en moi, Si j'y vais... j'y vais vraiment en fait, c'est-à-dire que t'embarques aussi des gens avec toi et donc ça, ça a aussi été un moment de cristallisation.

  • Speaker #0

    Et alors en 2014 à 34 ans, tu deviens la première femme maire de Nantes et l'une des plus jeunes femmes à diriger une grande ville française. Qu'est-ce que tu ressens ce jour-là ?

  • Speaker #1

    D'abord de la joie parce que forcément c'est après la campagne, t'as bataillé, t'as porté tes idées, t'as porté tes convictions et dans le même temps d'emblée un vrai sentiment de responsabilité. Y compris parce que moi, j'avais été première adjointe pendant deux ans avant. Et donc pendant deux ans, j'avais participé à toutes les prises de décision. Donc je savais là où je mettais les pieds. Et ça m'avait permis aussi de faire les choses par étapes. Donc c'est pas d'un coup, je saute dans le grand main. Et donc je savais aussi ce à quoi je m'attendais. Est-ce que je le savais totalement ? Je pense que non. Parce que tant que tu ne l'as pas vécu, éprouvé directement, tu ne le sais pas. Mais donc il y avait ce mélange d'enthousiasme et de responsabilité.

  • Speaker #0

    Et alors aujourd'hui, ça fait 11 ans que tu exerces cette fonction. Être mère, au fond, ça consiste en quoi ?

  • Speaker #1

    C'est servir les habitants de sa ville. C'est d'abord ça. Être mère, c'est tous les jours, du lundi matin au dimanche soir, avoir une part de son esprit, une part de son cerveau importante, très importante, qui est animée d'une seule chose. Qu'est-ce qui est bien pour Nantes ? Qu'est-ce qui est bien pour les Nantais ? Après, tu le fais avec ce à quoi tu crois. Donc moi, mes convictions, elles sont connues. Mes valeurs, elles sont claires, donc je le fais à partir de ce que je suis, mais toujours rattachée à là où on est. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Toulouse. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Bordeaux. Ce n'est pas la même ville, ce n'est pas la même histoire. Et ça, c'est aussi une des choses que je mesure sans doute encore plus aujourd'hui que je mesurais hier. La singularité nantaise, ce qui fait finalement notre spécificité. Et puis être maire, c'est faire 15 choses différentes dans sa journée. C'est à la fois parler avec un entrepreneur européen qui regarde dans quelle ville il a envie d'investir, et puis dans l'heure d'après, croiser une maman qui s'inquiète parce que son gamin ne trouve pas de stage, et de regarder quels conseils on peut lui donner. Et c'est absolument ça qui est passionnant, c'est que tu navigues sur des sphères et sur des sujets qui sont d'une diversité totalement exceptionnelle.

  • Speaker #0

    Les talents que tu as, et sûrement qu'il faut aujourd'hui pour être mère, Est-ce que finalement, c'est des talents d'un bon gestionnaire, d'un bon manager ? Ou est-ce que c'est la créativité qu'il faut cultiver ? Ou est-ce que c'est tout ça à la fois ? Moi,

  • Speaker #1

    je pense que d'abord, il faut des convictions. Et il en fout sans doute encore plus dans le monde d'aujourd'hui que dans celui d'hier. Au sens où, dans un monde quand même brouillé, où il y a du vacarme, du tumulte, de la brutalité, savoir où l'on habite, au sens de à quoi on croit, c'est quoi tes valeurs, c'est quoi ton référentiel, c'est quoi tes repères, c'est quoi ta boussole, pourquoi tu te bats ? finalement, ça moi je pense que c'est la première chose nécessaire, parce que le reste ça s'apprend mais les convictions c'est dans l'écrit en fait, je crois pas que ça s'apprend ça se transmet, on le transmet à nos enfants, on le transmet à ceux qui nous entourent donc un, les convictions de deux, du sang froid Je le dis aussi parce qu'être maire, et particulièrement là dans le mandat qu'on a traversé, c'est aussi traverser des crises. Et donc je pense que cette question du sang-froid, elle est importante. La troisième chose, c'est d'être capable de fédérer et d'animer. Parce qu'être maire, c'est aussi diriger une équipe. Alors c'est à la fois diriger une équipe d'élus, c'est aussi être un employeur. La ville de Nantes et la métropole, c'est 10 000 agents. C'est pas tout à fait rien comme organisation. Et puis c'est animer le collectif nantais au sens large. parce qu'à Nantes, on sait faire avec les acteurs culturels, les acteurs sociaux, les acteurs économiques. Donc cette capacité de fédérer et d'animer, je pense que ça compte aussi. Et puis quand on est maire à Nantes, il faut rajouter un peu beaucoup d'audace et de créativité. Mais parce que ça, c'est à Nantes.

  • Speaker #0

    Tu les prends seules, tes décisions ?

  • Speaker #1

    Non, mais quand même. Je m'explique. Non, parce que d'abord, les décisions, elles ne viennent pas de nulle part. Il y a un contrat démocratique que j'ai passé avec les Nantais. En 2014, si je prends cet exemple, ou en 2020, j'ai fait des propositions aux Nantais. C'est sur cette base qu'ils ont voté sur un projet. Donc je me tiens d'abord au contrat que j'ai passé avec eux. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est qu'être maire de la 6e de France, c'est jamais se mettre en pilotage automatique. Tu aurais une feuille de route et puis après, tu déroulerais tranquille. Donc tes décisions, tu les prends avec ton équipe, au sens où tu les prends avec tes adjoints, au sens où tu as aussi des services, un cabinet, et tu t'appuies sur le regard des uns et des autres pour prendre le temps de se dire In fine, au fond, quelle est la meilleure décision pour Nantes ? Donc c'est à la fois un exercice très collectif, et dans le même temps, l'expérience m'a montré que dans les moments les plus compliqués, oui, il y a une part de décision qui t'incombe à toi, et d'abord parce que tu seras la première à la portée devant les Nantaises et les Nantais, que ça se passe bien ou que ça se passe moins bien.

  • Speaker #0

    Quand on devient mère aussi jeune, d'une aussi grande ville, est-ce que quelque part, c'est un peu s'oublier soi-même ?

  • Speaker #1

    Je crois pas. En tout cas, moi quand j'ai... décidé de l'être, le défi que je m'étais fixé c'est comment on peut être mère M.I.R.E et mère M.E.R.E. Mes enfants avaient deux ans et quatre ans à ce moment là. Est-ce que c'est très exigeant ? Oui. Est-ce que tu acceptes des choix sur ton temps personnel et familial ? Oui. Est-ce que tu peux être amené à n'importe quel moment du jour ou de la nuit à être sur le terrain parce qu'il y a une nécessité ? Oui. Donc si tu veux faire 8h, 18h ou même 8h, 20h, il faut faire autre chose. En revanche, j'ai toujours pensé que c'était important de continuer à cultiver aussi autre chose, d'autres espaces. D'abord, ça te donne de la respiration, ça te donne de la liberté. Je crois que ça t'aide aussi à garder, quand c'est nécessaire, un peu de recul sur les choses. Est-ce qu'on y arrive toujours ? Pas forcément, mais en tout cas, pour moi, c'est quelque chose d'important.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu fais pour préserver cette vie de famille ?

  • Speaker #1

    D'abord, je ne le fais pas de la même manière aujourd'hui que je le faisais il y a quelques années. Quand j'ai été l'humeur, mes enfants avaient 2 et 4 ans. C'est petit. Aujourd'hui, ils sont ados. Donc, il n'y a pas de réponse intangible. Les réponses bougent. Quand ils étaient petits, ce que j'avais trouvé, c'est que tous les matins, avant de venir en mairie, je les amenais à l'école. D'ailleurs, ils disaient de manière très simple, le matin, c'est maman et le soir, c'est papa. Mais comme plein de femmes qui travaillent, qui s'organisent... décidé que non, en 2025, personne n'avait le droit de nous demander de choisir entre une vie professionnelle épanouie et une vie de mère qui a envie aussi de pouvoir se consacrer à ses enfants. Après, les choses, elles se sont faites avec temps, avec des évolutions. Et tu vois, sur ce truc d'amener mes enfants à l'école le matin, j'en ai jamais fait un étendard. Et encore, j'en parle aujourd'hui. À cette époque-là, je n'en parlais pas du tout. Mais je me suis rendu compte que ça se savait et que, par exemple, en mairie, ça avait aidé un certain nombre de femmes. à dire, moi, je m'organise pour pouvoir faire ça, et ensuite, je suis là. Et cette question aussi de l'exemplarité dans ce qu'on fait et dans ce que ça permet de bouger comme ligne, c'est aussi une chose dont j'ai pris conscience, mais au fur et à mesure, que je ne mesurais pas sans doute initialement.

  • Speaker #0

    Peut-être que la parole aussi s'est beaucoup plus libérée sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, la libération de la parole, évidemment, et là, dans ces dernières années, quand je dis en 2020, je veux faire de Nantes la première ville non sexiste à 10 ans, La vérité, c'est qu'au début, ça sourit, ça rigole un peu, ça se moque aussi un peu. Dans certains secteurs, j'entends des gens qui me disent « c'est bizarre, avant, Jeanna Roland, on croyait que c'était une fille sérieuse, elle nous parlait économie, réindustrialisation, emploi sur la métropole, et maintenant, elle nous parle de trucs de nana » . J'ai entendu ça, y compris dans certaines sphères de décideurs. Les conservatismes, ils sont à plein d'endroits de la société. Et finalement, quand on explique, qu'on dit que concrètement, c'est quoi ? C'est formé. nos agents en matière de petite enfance, parce que ça aide à détecter les violences intrafamiliales quand il y en a, que c'est former les agents de la police municipale, mettre en place des séances de négo-training, parce que dans notre pays, les femmes ne négocient pas leur salaire comme les hommes, que c'est ouvrir Citadel, ce lieu absolument incroyable pour accueillir les femmes victimes de violences, mais que c'est aussi lutter contre la précarité menstruelle et installer des distributeurs pour les protections hygiéniques sur l'espace public, mais que c'est aussi rebaptiser les noms de rue. tu te rends compte que depuis que je suis mère, on a donné... plus de noms de à des femmes que dans toute l'histoire de Nantes avant. Pourquoi c'est important ? Pas dans une espèce de logique de compétition qui n'aurait aucun sens, pas uniquement pour une question de symboles, mais parce que moi ce que je veux c'est que nos filles, elles puissent se dire demain j'ai envie d'être boulangère, j'ai envie d'être astronaute, j'ai envie d'être scientifique, j'ai envie d'être chercheuse en littérature, peu importe, je veux pouvoir choisir mon parcours de vie. Et quand on fait le choix de donner des noms de rue par exemple à des femmes, C'est ça en fait ce qu'on essaie de transmettre.

  • Speaker #0

    C'est facile de faire bouger les lignes sur ces domaines-là ?

  • Speaker #1

    C'est sans doute un des domaines où il faut beaucoup, beaucoup de détermination.

  • Speaker #0

    Et tu disais, tu es une personnalité publique, politique, donc tu es exposée aux critiques, aux moqueries. Comment est-ce que toi, tu réagis personnellement par rapport à tout ça ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux quand même apprendre à laisser couler, parce que sinon, tu as des journées qui peuvent être difficiles. Non, moi, les seuls moments où ça a pu m'atteindre ou me toucher, c'est quand ça me concerne, pas moi, mais mes proches. Parce que toi, tu t'engages, tu sais à quoi tu t'exposes. Tu veux être mère de Nantes, tu te bats pour ça, tu acceptes la part d'exposition publique qui va avec. Mais tes enfants, tes proches, eux, c'est différent. Donc ma limite à moi, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et c'est un choix que vous avez fait à deux, avec ton mari ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. On parle beaucoup d'ailleurs de résilience, de burn-out, chez les soignants, les artistes, les entrepreneurs. On n'en parle pas chez les élus. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça commence un peu. Il y a une maire là qui a pris la parole il n'y a pas longtemps, c'est pas bien d'ailleurs, j'ai omis à l'instant le nom de sa commune et qui le raconte assez bien, qui parle de l'enchevêtrement, des questions administratives, des questions juridiques. Moi j'ai aussi beaucoup vu au moment du Covid, je me souviens d'une réunion que j'ai faite avec des maires de la métropole qui disaient, comme c'était difficile, comme aussi l'attente de la société et de leurs concitoyens à leur égard, parfois c'était... trop et je pense notamment aux maires de petites communes qui se retrouvent parfois quasiment seuls et en première ligne sur la totalité des sujets.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui, toi, t'aide à tenir ?

  • Speaker #1

    J'adore ce que je fais.

  • Speaker #0

    La passion ?

  • Speaker #1

    Ouais, je crois qu'il n'y a pas de mystère en fait, dans la vie, quand t'es animée par ce que tu fais, quand tu y crois, quand ça te passionne. Et puis les Nantais, enfin vraiment. C'est-à-dire que est-ce qu'il peut y avoir des noms ? de fatigue, je ne suis pas un robot, donc tout le monde...

  • Speaker #0

    Mais tu te les autorises justement ces moments de fatigue ?

  • Speaker #1

    D'abord des fois tu les choisis pas quoi, ils sont là, s'il y avait une recette magique pour que ça n'existe pas je crois que ça se saurait, mais moi dans ces cas là mon meilleur remontant c'est en vrai une heure sur le terrain avec des habitants, enfin c'est pour ça que je fais ce que je fais aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Justement il y a une rencontre récente qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Oui, mais elle n'est pas très... Elle n'est pas très joyeuse. Moi, je suis quand même très soucieuse de la montée des questions de pouvoir d'achat dans notre pays. Et Nantes n'est pas non plus une bulle qui est isolée du reste du monde. Et j'ai en tête une dame au Breil, il n'y a pas très très longtemps, qui me racontait par le menu détail comment tout son quotidien, mais tout son quotidien, était impacté, cadré par ces questions de pouvoir d'achat. Comment quand tu comptes à l'euro près, mais vraiment... à l'heure près, quand tu bosses, cette femme elle travaille, et que elle me dit, je ne peux jamais faire plaisir à mes enfants, jamais, que chaque chose, j'allais dire oppressante, parce que c'est ça qu'elle raconte en fait. Ça pour moi c'est vraiment une question.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais réinventer ton rôle de mère demain, qu'est-ce que tu changerais ?

  • Speaker #1

    Je changerais un état qui arrête de changer les règles du jeu tous les quatre minutes.

  • Speaker #0

    Mais encore on n'est pas aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    Un état qui respecte totalement... La décentralisation et donc l'autonomie des collectivités locales, une capacité à aller un peu plus vite sur certaines questions. Et puis un sujet auquel je suis attachée, c'est comment, mais ça ce n'est pas dans le rôle de maire, c'est finalement dans le contexte démocratique dans lequel on est. Qu'est-ce qu'on fait pour éviter l'invective, la polarisation des débats, c'est blanc, c'est noir, le manichéisme, derrière une forme de populisme, c'est pratique, ça tient à un tweet, ça passe bien dans les chaînes d'info, on continue, mais la vie ce n'est pas ça. la vie, c'est plus nuancé. Et la démocratie, elle mérite mieux que cette part de polarisation et parfois de brutalisation du débat public.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que femme, qu'est-ce qui te rend fière au-delà de la politique ?

  • Speaker #1

    Tout ce qui existe comme couleur dans un tableau un peu sombre. On est dans un moment qui est compliqué quand même. La situation géopolitique mondiale, la pandémie crème, ce qui se passe à Gaza. On peut faire la liste comme ça pendant des heures et des heures. Et pour autant, je vois à plein d'endroits, mais vraiment à plein d'endroits, des gens qui s'engagent, des gens qui font des choses. Je te prends un exemple, ça va paraître tout bête. Une des dernières inaugurations que je fais, inauguration de sport, avec Ali Rebou, on inaugure un terrain de rugby à côté de la Durentière. Et là, je vois une jeune présidente. Je la connais pas. C'est la première fois que je la rencontre. Elle fait son discours, il y avait trois clubs. Je vois cette jeune nana et je fais « Ouais » .

  • Speaker #0

    Son discours est super clair, super impactant. Elle se bat pour le rugby au féminin. On voit qu'elle adore son truc. Je prends cet exemple, je pourrais en prendre 45. C'est toutes celles et tous ceux qui, là où ils sont, font des choses, montent des projets et donc contribuent finalement. Le fait de faire une société plus belle, tout simplement, ça peut paraître naïf de le dire comme ça, mais je pense qu'il n'y a pas grand-chose de plus noble au final. Toi,

  • Speaker #1

    cette porte, du coup, de les entendre, de les voir.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu es mère, il y a ce que tu fais toi-même, les décisions que tu prends. Je te prends un exemple, quand je décide la gratuité des transports en commun le week-end, tu la décides, elle se met en œuvre, tu contribues à changer le quotidien des gens, là, maintenant, tout de suite. C'est tangible, c'est efficace. Et puis il y a ensuite ce que tu aides d'autres à faire. Ça c'est aussi une part très intéressante.

  • Speaker #1

    Quel serait le plus beau compliment qu'on pourrait te faire ?

  • Speaker #0

    Aucune idée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as encore des rêves à accomplir ? Plein. Ce serait quoi dans l'ordre ?

  • Speaker #0

    Là, je ne suis pas sûre que j'aurais assez...

  • Speaker #1

    Et c'est de temps ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai à la fois plein de rêves pour notre ville, plein de rêves pour la gauche aussi, qui a bien besoin de faire des choses, et puis plein de rêves aussi en dehors de tout ça.

  • Speaker #1

    Et justement, notre ville, est-ce que tu te sens parfois habitante de Nantes avant d'être mère ?

  • Speaker #0

    Tout le temps. Moi, j'habite à Nantes, j'y vis, j'y travaille, j'y circule. Mes enfants vont pour l'une au collège ici, pour l'autre au lycée. pas en commun tous les jours. En fait, je suis totalement les deux. Je suis totalement les deux parce que je suis d'abord habitante dans ce qui fait ma vie quotidienne, mais je suis aussi totalement mère parce que quand t'es mère, il n'y a pas une minute dans ta vie où tu n'es pas responsable de ce qui se fait dans la vie.

  • Speaker #1

    L'un va avec l'autre.

  • Speaker #0

    C'est deux facettes différentes. Mais quand t'es mère, t'as pas un moment où tu te dis « Ok, là, je me pose trois heures et pendant trois heures, je vais pas être responsable s'il se passe quelque chose. » Ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Et elle t'évoque quoi, cette vie-là ?

  • Speaker #0

    Je crois, et je le crois de plus en plus, que le fait qu'on soit une ville historiquement qui est un port, qui est une ville d'estuaire, qui est une ville tournée vers le large, ça compte dans ce qu'on peut appeler la grande histoire des villes, celle qui dépasse les hommes et les femmes, celle qui dépasse les générations. Moi je crois en fait que ça façonne pas seulement notre géographie et notre histoire, mais que ça façonne notre identité nantaise en fait. Et dans cette dimension de l'ouverture à l'autre, je pense qu'il y a quelque chose de très très nantaise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as le sentiment que Nantes compte aujourd'hui sur la scène nationale et sur la scène internationale ?

  • Speaker #0

    Oui, à Nantes. Tu sais, moi, je préside France Urbaine, qui est l'association qui regroupe toutes les grandes villes et les grandes métropoles du pays, donc en gros la moitié des Françaises et des Français. Je peux te dire que quand on dit Nantes, ça compte. Nantes est la culture. On est identifié comme une grande classe de culture. Ça fait vraiment partie de ce que les autres regardent et identifient chez nous, et les Nantais aussi, sur la question des mobilités et des transports en commun. Ça fait aussi partie des sujets qui sont très fortement regardés. Et puis, c'est cette capacité que j'évoquais coopérative, la tradition mutualiste de l'Ouest, la tradition d'économie sociale et solidaire. Tout ça, c'est des choses qui sont très repérées à l'échelle nationale.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut encore dire que Nantes est une ville de culture ?

  • Speaker #0

    Plus que jamais. D'abord, parce qu'on a ici des talents extrêmement nombreux. Il suffit de regarder sur la scène nationale d'aujourd'hui le nombre de celles et ceux qui sont passés par Nantes. Parce qu'on a fait des choix aussi, que j'ai fait des choix. Dire que je ne ferai pas, nous ne ferons pas de la culture une variable d'ajustement, y compris dans des moments qui sont complexes, d'un point de vue budgétaire, pour les collectivités. Parce que l'engouement des Nantais le démontre. Je ne sais pas si tu as eu l'occasion, par exemple, de voir la grande expo hypersensible qui avait lieu au musée d'art. Avant, il suffisait de passer la porte du musée pour voir à la fois qu'il y avait là des gens spécialistes de culture féru, mais aussi des familles qui venaient. parfois pour la première fois au musée. Et je suis sûre que là, l'expo au Coussaille, qu'on va avoir au château, c'est pareil. Je parie que ça va être un sujet et un succès. Et puis, on a plein de projets pour demain. Le futur Grand Musée Jules Verne et la Cité des Imaginaires. Un nouveau muséum réinventé. Alors, le muséum dans le cœur des Nantais, c'est aussi un muséum important, parce que c'est là qu'on emmène les enfants quand il pleut.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Pour vous dire facilement les Nantaises et les Nantais. Nous, on va en faire... vraiment un muséum de son siècle. On l'évoquait dans un monde de fake news, de relativisme qui va s'appuyer sur la culture scientifique et technique. Des projets de culture, nous en avons. Nous allons continuer à en avoir. Et c'est un vrai choix politique avec un grand P au sens de la culture, en fait, dans le moment dans lequel on est, on en a besoin pour faire société. C'est un des ferments de la République. Et donc, ce n'est vraiment pas le moment d'aller tout couper, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te touche, toi, t'émeut quand tu regardes cette ville aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je devais répondre peut-être sur le... Très sensible, qui... Moi j'habite dans le quartier Chantenay, enfin entre Chantenay et Croix-Monnaie plutôt. Tout le rapport à la Loire qu'on a, à la couleur du fleuve, à comment ça baigne des journées, c'est pas du tout pareil au mois de novembre ou au mois d'avril, bref, cette question de rapport aux couleurs est une chose qui peut nous toucher. Et la deuxième que j'aurais envie de citer, de nature très différente, tous les ans à Nantes, il y a une soirée qui s'appelle la soirée de la fraternité. C'est des assos qui accompagnent celles et ceux qui sont en grande précarité, qui au-delà... Je fallait dire des chapelles parce que c'est des assautes qui ont des histoires diverses, se retrouvent pour ça. Et ça, c'est toujours un moment qui me touche.

  • Speaker #1

    J'aime bien demander à mes invités de partager des adresses qu'ils affectionnent. Est-ce que tu nous en partagerais quelques-unes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors non, parce que moi, comme je suis la mère, si j'en partage...

  • Speaker #1

    Tout le monde va venir te voir.

  • Speaker #0

    Non, je crois que vraiment une des choses qui est exceptionnelle à Nantes, d'abord, c'est qu'on a une vraie ébullition de la scène gastronomique nantaise. moi je suis très attachée à ce qu'on puisse l'avoir à des prix très divers et accessibles à tous et tu vois un des derniers moments perso que j'ai eu le temps de m'offrir dans ma vie de mère c'est un brunch avec ma soeur et deux copines dans un petit établissement juste à côté de la cathédrale je vais pas citer le nom pour pas faire la publicité mais voilà le fait qu'il y en ait pour tous les goûts pour toutes les bourses ça je trouve que c'est un truc super important dans notre vie

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, en tout cas, Johanna, pour le temps que tu m'as accordé aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et c'est un plaisir de te rencontrer et de t'écouter.

  • Speaker #0

    Et merci à toi pour tes podcasts et pour la manière dont tu contribues à raconter Nantes. Je t'en prie.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous en l'envoyant à vos proches ou en le relayant sur vos réseaux sociaux. Et si jamais vous écoutez cet épisode sur Apple Podcasts et Spotify et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire. en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots... Abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci.

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Description

Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Rolland, l’actuelle maire de Nantes.


Unique car cet épisode n'est pas une interview politique.

Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d’accord : nous parlerons d’elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes.


Cet épisode est unique car j’ai voulu aller au-delà de l’étiquette, pour rencontrer la femme, avec un grand F.
Une femme engagée, curieuse, ancrée, qui avance avec conviction, écoute et intuition.


Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de maire au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant.


Une conversation sincère, riche et plurielle, pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout.


Bonne écoute. 

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Pensez à vous abonner au podcast pour être au courant avant tout le monde de la sortie des épisodes.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutions de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Rayon Nantes. Un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Roland, l'actuelle maire de Nantes. Mais ici, pas d'interview politique. Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d'accord, nous parlerons d'elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes. Dans cet épisode, j'ai voulu aller au-delà de l'étiquette pour rencontrer la femme avec un grand F. Une femme engagée, curieuse. ancrée qui avance avec conviction, écoute et intuition. Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de mère au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant. Bref, une conversation sincère, riche et plurielle pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout. Bonjour Juliana.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Ravie d'être ici.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'aimerais surtout qu'on mette l'accent sur ta personnalité plutôt que sur ton rôle. politique. J'aimerais sortir du rôle institutionnel pour comprendre qui es-tu, découvrir la femme derrière la femme politique. Quel âge as-tu aujourd'hui, Joana ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis née en 79.

  • Speaker #0

    Et bien d'ailleurs, je te propose qu'on commence par là, qu'on évoque les débuts, ton enfance, ton parcours, tes racines. Donc tu es née à Nantes en mai 79, comme tu le disais. Tu es l'aînée de trois filles. Tu as grandi à Vertoux avec une maman institutrice dans le secteur privé et un papa employé de banque et syndicaliste. Quelle petite fille étais-tu à l'époque ?

  • Speaker #1

    J'étais une petite fille heureuse, pleine de découvertes du monde qui m'entourait. J'ai la chance d'avoir grandi dans une famille très aimante, où le mot famille est quelque chose de très important, et une valeur très importante, et où famille rime à la fois avec solidarité et avec beaucoup de joie. En effet, moi je suis née à Nantes. Ensuite j'ai grandi à Vertoux, donc une des communes de la métropole. Ce qui fait d'ailleurs qu'après, quand je suis devenue mère, j'ai compris, mais vraiment avec retard, j'allais dire, c'est quoi la différence quand on habite dans le centre-ville de Nantes et quand on habite à Vertoux ? Moi, petite, j'allais à Nantes, je prenais le bus, le 28, pour aller voir mes cousines qui, elles, habitaient vraiment dans l'hypersante, puisqu'elles habitaient quartier bouffet. J'ai habité à Vertoux jusqu'à mes 20 ans, jusqu'à ce que je parte de notre beau territoire pour aller faire mes études ailleurs. travailler ailleurs avant de revenir ici.

  • Speaker #0

    Quel regard portes-tu sur cette période ? Sur la période de ton enfance, ton adolescence ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la période de l'insouciance. C'est la période des jours heureux. C'est un lien très fort avec mes deux sœurs. Moi, j'ai une première sœur, Stéphanie, qui a trois ans de moins que moi. On a un peu grandi ensemble. On a ensuite eu les mêmes cercles d'amis, etc. Et j'ai une petite sœur qui reste toujours la petite alors que maintenant, elle a grandi, mais qui a onze ans de moins que moi. mois. C'est une enfance qui grandit dans ces liens très forts, dans aussi une famille où l'engagement est quelque chose de présent, alors de manière très différente. Pour ma mère, qui était donc enseignante en premier degré, chrétienne, pour qui ça voulait dire des choses dans sa vie au quotidien, discrète, et un papa moins discret, engagé, un peu grande gueule, laïque, anticlérical, une vraie famille de l'Ouest, quoi. dans des mélanges qui donnaient des vraies belles discussions, mais avec un point commun, c'est comment tu ne fais pas ton petit bonhomme de chemin sans te soucier du monde qui t'entoure.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un souvenir, justement, assez fort qui t'a marqué, qui a façonné la femme que tu es devenue aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un seul, non, je serais bien incapable d'en citer un, mais en revanche, des rencontres, des moments. Et si, je peux peut-être dire ça, quand j'ai 18 ou 19 ans, Je décide, et c'est la première fois que je le fais, de partir en Bosnie avec une ONG qui s'occupe notamment d'enfants. On est après la guerre quelques années. J'ai vraiment ce sentiment, et je l'écris d'ailleurs, à l'époque je tiens un petit carnet de bord, le sentiment d'avoir été très gâtée au sens, moi je suis une enfant de la classe moyenne, mais gâtée au sens de beaucoup d'amour, de donner, de beaucoup de choses de transmis, et donc d'avoir envie de redonner à d'autres. finalement, ce que j'avais pu recevoir. Et ça, ça fait sans doute partie de ce qui ensuite a aussi jalonné un parcours d'engagement avec des engagements qui ensuite ont pris des formes et des natures très diverses.

  • Speaker #0

    Engagement humanitaire aussi en Afrique du Sud, j'ai vu ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est quand, deux ans après je crois, je suis étudiante à Sciences Po, j'ai un stage à faire et je pars faire mon stage en Afrique du Sud. Officiellement, je travaille au service culturel de l'ambassade à Pretoria. Je dis officiellement parce qu'in fine, je passe beaucoup plus de temps sur le terrain qu'à l'intérieur des murs et des couloirs de l'ambassade, puisque je suis missionnée pour accompagner des ONG locales qui montrent des projets de coopération en lien avec la France. Et j'en suis revenue avec conviction que je n'allais pas me lancer dans la diplomatie et les affaires étrangères, que ce n'était pas fait pour moi. Pourquoi ? Parce que j'ai été à la fois très marquée par ce pays. C'est particulier, tu sais, être dans un pays dans des années post-apartheid, où c'est encore très saignant. Moi, j'ai fait mon mémoire de Sciences Po sur les ONG de l'apartheid à la démocratie, est-ce qu'il reste des contre-pouvoirs, des oppositions, ou est-ce qu'elles contribuent à rentrer dans l'organisation de l'État ? Et en même temps, j'ai aussi vu parmi celles et ceux qui étaient expatriés, à la fois des gens très dévoués dans ce qu'ils faisaient, très engagés, et puis d'autres dans des situations où finalement j'avais l'impression qu'ils vivaient à côté. du pays dans lequel il résidait et pas totalement dans le pays. J'ai assez vite vu que ce n'était pas fait pour moi. Et qu'en revanche, cette capacité à faire des ONG, des acteurs associatifs engagés, c'est quelque chose qui me parlait beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Ensuite, tu fais un master à Grenoble et tu reviens à Nantes en 2004 parce que Jean-Marc Ayrault cherchait une attachée parlementaire. Et là, tout s'enchaîne très rapidement pour toi.

  • Speaker #1

    Alors non, tu oublies, si je peux me permettre, que tu es très importante entre les deux. Donc, on l'a dit, moi je suis nantaise, je grandis ici. Je vais au lycée aux Bourdonnières. Aujourd'hui, c'est amusant parce que ma nièce, Emma, est au lycée aux Bourdonnières. C'est drôle. C'est drôle de la voir des années après faire ce chemin-là. C'est mon lycée de secteur. J'habite à Vertoux. On va aux Bourdes, comme on disait. Ensuite, je fais Hippo-Cagne et Cagne-BL à Guistot. Ça me fait un petit changement de décor quand même.

  • Speaker #0

    Du lycée des Bourdonnières au lycée

  • Speaker #1

    Guistot. Hippocagne et Cagnes BL, donc tu sais c'est Hippocagne mais avec des maths de l'économie, de la sociologie et puis de l'histoire et de la géographie plutôt du XXe siècle. Et ensuite je passe les concours d'IEP, j'ai le concours de Lille, donc je pars à Lille, c'est là que c'est mes années à la fois d'étudiante, d'engagement, puisque c'est à cette période-là, on en parlait, que je pars en Afrique du Sud, mais aussi à ce moment-là que je commence à militer, pas dans un parti politique, mais pour des causes qui me tiennent à cœur.

  • Speaker #0

    C'était quelle cause ?

  • Speaker #1

    Je me suis à ce moment-là beaucoup investie sur la question des personnes migrantes. On est dans une période après l'évacuation de la grande église concernée à Paris. Lille-Paris, ce n'est pas très loin. Je fais partie des étudiantes qui se mobilisent beaucoup sur ces sujets à ce moment-là. Et puis, je finis mes études en me spécialisant sur les questions de politique de la ville et de démocratie locale. Quand j'ai fini cette dernière année d'études à Sciences Po Grenoble, cette fois, j'ai envie de mettre les mains dans le cambouis. J'ai envie de dire, OK, de la théorie à la pratique, qu'est-ce que je suis capable de faire concrètement ? Et donc, je postule à la ville du Creusot. Vraiment, je finis mon master à Grenoble. Je me dis, tiens, je vais essayer. C'est le premier CV que j'envoie pour un poste de chargé de mission sur un grand projet de ville, donc dans un quartier populaire. Je suis recrutée. J'ai un petit moment d'hésitation quand même parce que je me dis, OK, le Creusot, est-ce que vraiment ça va me plaire ? Et puis, j'y vais. et ça a été pour moi un moment en fait très fondateur. D'abord parce que j'ai adoré ce que j'y ai fait, travailler dans les quartiers populaires, avec notamment les mamans de ces quartiers, avec les jeunes de ces quartiers, monter des projets de démocratie locale, il n'y avait pas de conseil de quartier. J'ai contribué avec l'équipe d'élus de l'époque à les inventer. C'est aussi le moment où je me décide à passer un concours de la fonction publique, puisque quand j'étais à Sciences Po, je ne le répète pas trop maintenant, mais je disais non, la fonction publique, ce n'est pas là où on change vraiment la vie. moi je veux aller en ONG, en asso, c'est là où ça bouge le plus. Et au bout d'un moment, au creuseau, ils me disent, ben voilà, c'est bien, on voudrait que tu prennes la responsabilité du service, mais par contre, il faut passer le concours. Et pour la petite histoire, je le passe deux fois en fait. tous mes collègues du Creusot, alors qu'ils n'avaient pas du tout le même parcours que le mien, parce que c'était des gens, à l'époque, on appelait ça les grands frères, ceux qui avaient été recrutés issus des quartiers, bref. Et je le dis parce que c'est des gens qui m'ont beaucoup appris. Moi, je leur ai appris pendant quelques années ce que j'avais appris dans mes études, et eux, ce qu'ils avaient appris sur le terrain, dans leur vie, dans leur engagement, etc. Bref, je passe ce concours, tout le monde me dit, « Tu sors de Sciences Po, tu vas l'avoir tranquille. » Et j'ai 7 à l'épreuve principale avec « On ne vous demande pas votre opinion personnelle comme appréciation » . Et je le raconte parce que j'ai gardé ça ensuite. Moi, je pense qu'on a besoin, dans la fonction publique, comme dans la vie politique, d'hommes et de femmes qui ont des parcours divers, qui ont des histoires diverses. C'est aussi cette pluralité des parcours qui nourrit la France telle qu'elle est aujourd'hui et le territoire tel qu'il est aujourd'hui. Donc, je passe plusieurs années au Creusot. C'est une expérience qui m'a marquée, d'ailleurs, quand on s'est posé la question de savoir si je serais candidate ou pas au municipal, que je me suis posé la question. Dans les quelques personnes à qui j'en ai parlé, à qui j'ai demandé leur avis, il y a... un ou deux de mes collègues qui étaient devenus de mes amis parmi cette aventure au Creusot. Et c'est seulement après, en 2004, que je rentre à Nantes.

  • Speaker #0

    Donc là, on y revient, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, là tout s'enchaîne. Il te propose de conduire sa campagne pour l'élection législative, tu rejoins son équipe municipale, en 2011, tu es élu au Conseil Général et tu deviens adjoint de Patrick Rimbaird qui, lui, a remplacé Jean-Marc Ayrault qui est devenu alors Premier ministre. Bon jeu de chaise musicale. Donc, logiquement, on voit bien les thèmes d'après. Mais est-ce que toi, à ce moment-là, tu t'imaginais déjà en tant que maire de Nantes ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'abord, les choses ne se sont pas vraiment passées de cette manière-là. En fait, en 2004, je travaille donc à la ville du Creusot et il se trouve que pour des raisons familiales, ma mère est gravement malade à ce moment-là et donc je veux rentrer à Nantes. Le sujet, c'est d'abord de rentrer à Nantes. Et d'ailleurs, à l'époque, je candidate à différentes offres d'emploi qui ressemblent à ce que je faisais au Creusot. Je me souviens, je candidate pour être chef de projet Dialogue Citoyen. qui était ce que je faisais au Creusot, à la ville de Saint-Sébastien, pour la petite histoire. Et puis dans mes recherches professionnelles de ce moment-là, je l'ai dit, je suis l'aînée, j'ai une sœur qui a 3 ans de moins que moi, l'autre a 11 ans de moins que moi, donc à l'époque elle a à peine 13-14 ans. Je cherche ce qui me permet de rentrer chez moi et d'être là pour ce moment-là. Mon directeur de l'époque au Creusot me dit, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, vous devriez postuler. Et je me rappelle très bien, je lui dis, mais j'ai aucune chance, Je ne connais personne à la mairie de Nantes. je ne suis pas encartée au Parti socialiste, je suis de gauche fondamentalement, mais pas encartée, et par choix en plus. Et donc je postule, mais comme j'ai postulé à d'autres choses à cette période de ma vie. Et en effet, je suis recrutée à ce moment-là comme attachée parlementaire. Je travaille pendant plusieurs années sur cette fonction, y compris parce que c'était sur une circonscription qui était très mixte, ce qu'on appelle la troisième circonscription, qui a à la fois des quartiers, on va dire, dits résidentiels, mais aussi des quartiers populaires. comme Bellevue et les Dervalières. Et donc le double parcours, qui est le mien, je vais le dire comme ça, à la fois d'avoir fait des études type Sciences Po, mais aussi d'avoir travaillé, d'aimer et d'être à l'aise dans les quartiers populaires, ça correspond à ce que Jean-Marc Ayrault cherche à l'époque. Et puis dans les petites missions que je finis par avoir un peu en plus, il y a celle de repérer pour lui des gens issus de la société civile pour rentrer sur la liste municipale en 2008. C'est ce que je fais. C'est à cette époque d'ailleurs que je rencontre par exemple. Ali Rebou, qui est aujourd'hui mon adjoint en charge du sport, dans un moment où il y avait un collectif qui s'était monté dans les quartiers nantais autour de ces sujets. Bref, au bout d'un moment, Jean-Marc me dit « Mais est-ce que t'es OK pour toi-même intégrer la liste en 2008 ? » Ce qui était honnêtement, à ce moment-là, pas forcément ma perspective parce que j'avais accès au sujet qui me tenait à cœur, j'avais avec lui une vraie liberté, une vraie confiance, ce qui me permettait d'agir, d'influer quelque part sur les sujets qui étaient mes sujets de... prédilection et je me rappelle la première fois où il m'en parle, je lui dis écoute si c'est pour s'assurer des équilibres hommes-femmes sur la liste, franchement j'ai d'autres noms à te proposer, je peux peut-être être utile autrement. Il me dit non, si c'était que pour ça, ce serait pas la question que je te poserais. Donc l'aventure démarre comme ça en 2008 je suis adjointe à l'éducation et à la jeunesse et ensuite les choses s'élargissent j'ai sous ma responsabilité en plus la politique de la ville et le renouvellement urbain, ce qui me permet d'avoir à la fois des choses très régaliennes, parce que l'éducation, c'est du régalien, puis des choses plus pointues et ciblées avec la politique de la ville. En fait, je le dis parce qu'à aucun moment donné, dans cette période mis après, Jean-Marc Ayrault m'a dit ou a dit aux Nantais « Tu seras la prochaine maire de Nantes » . Ce n'est pas passé comme ça. Y compris, je crois, parce qu'il savait que pour que ça marche, c'est à la personne de faire ses preuves. Et ce qu'il a contribué à créer les conditions, c'est une évidence. Et je le dis aujourd'hui avec recul, honnêtement je connais aucun endroit en France où ça s'est passé comme ça. Avec à la fois cette élégance et ce respect. Et le respect je le dis parce que du jour où je suis devenue mère, pas une seule fois il a été intrusif. dans une décision ou une orientation en disant tu devrais plutôt faire comme ça ou tu devrais plutôt faire comme ça. Et donc quand il devient premier ministre, en effet, Patrick Rimbaud devient maire, je deviens première adjointe, et à ce moment-là, la question commence à se poser de la suite de l'histoire et de qui portera nos couleurs en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc là, toi, à ce moment-là, tu te projettes et tu t'imagines les porter ?

  • Speaker #1

    Au moment où je suis nommée première adjointe, je sais que la question peut se poser, à partir de là. Et donc avant d'accepter ça, oui, il y a un moment de réflexion. ... personnel avec mon mari avec mes soeurs avec mes proches de dire est ce que j'en suis capable à quoi ça engage c'est quoi les impacts sur la vie personnelle et sur la vie familiale et je me souviens je prends j'ai un week-end là tu sais il ya des moments comme ça dans ta vie un peu ternière tu pèses et je sors de ce week-end encouragé par ceux qui m'aiment de me dire On confiante,

  • Speaker #0

    sereine.

  • Speaker #1

    confiante. Je crois que je me pose pas trop la question comme ça à ce moment-là. La question que je me pose, c'est est-ce que j'en ai envie ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce que c'est possible d'être candidate, peut-être élue mère, et de cultiver une vie avec ses enfants, d'avoir aussi autre chose ? C'est plutôt ça, mes questions de ce moment-là.

  • Speaker #0

    Quels sont, selon toi, les talents, les compétences que Jean-Marc Ayrault avait repérées à l'époque, chez toi ?

  • Speaker #1

    Ah bah, faudrait lui poser la question à lui, c'est hyper présomptueux de le dire.

  • Speaker #0

    Il te les avait pas partagées.

  • Speaker #1

    Vraiment, je redis, les premiers qui m'ont parlé d'être candidate, ce n'était même pas forcément des élus. Je me souviens de quelqu'un qui a travaillé à la ville, qui était engagé par ailleurs dans la vie associative, qui est le premier qui, un jour, dans un déjeuner en tête à tête, m'a dit « tu devrais réfléchir à y aller, on a besoin de toi » . Et en fait, à un moment donné, quand tu as différentes personnes de différentes générations qui viennent te voir, qui te sollicitent, tu es face à toi-même parce que tu te dis « il y a des gens qui croient en moi, Si j'y vais... j'y vais vraiment en fait, c'est-à-dire que t'embarques aussi des gens avec toi et donc ça, ça a aussi été un moment de cristallisation.

  • Speaker #0

    Et alors en 2014 à 34 ans, tu deviens la première femme maire de Nantes et l'une des plus jeunes femmes à diriger une grande ville française. Qu'est-ce que tu ressens ce jour-là ?

  • Speaker #1

    D'abord de la joie parce que forcément c'est après la campagne, t'as bataillé, t'as porté tes idées, t'as porté tes convictions et dans le même temps d'emblée un vrai sentiment de responsabilité. Y compris parce que moi, j'avais été première adjointe pendant deux ans avant. Et donc pendant deux ans, j'avais participé à toutes les prises de décision. Donc je savais là où je mettais les pieds. Et ça m'avait permis aussi de faire les choses par étapes. Donc c'est pas d'un coup, je saute dans le grand main. Et donc je savais aussi ce à quoi je m'attendais. Est-ce que je le savais totalement ? Je pense que non. Parce que tant que tu ne l'as pas vécu, éprouvé directement, tu ne le sais pas. Mais donc il y avait ce mélange d'enthousiasme et de responsabilité.

  • Speaker #0

    Et alors aujourd'hui, ça fait 11 ans que tu exerces cette fonction. Être mère, au fond, ça consiste en quoi ?

  • Speaker #1

    C'est servir les habitants de sa ville. C'est d'abord ça. Être mère, c'est tous les jours, du lundi matin au dimanche soir, avoir une part de son esprit, une part de son cerveau importante, très importante, qui est animée d'une seule chose. Qu'est-ce qui est bien pour Nantes ? Qu'est-ce qui est bien pour les Nantais ? Après, tu le fais avec ce à quoi tu crois. Donc moi, mes convictions, elles sont connues. Mes valeurs, elles sont claires, donc je le fais à partir de ce que je suis, mais toujours rattachée à là où on est. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Toulouse. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Bordeaux. Ce n'est pas la même ville, ce n'est pas la même histoire. Et ça, c'est aussi une des choses que je mesure sans doute encore plus aujourd'hui que je mesurais hier. La singularité nantaise, ce qui fait finalement notre spécificité. Et puis être maire, c'est faire 15 choses différentes dans sa journée. C'est à la fois parler avec un entrepreneur européen qui regarde dans quelle ville il a envie d'investir, et puis dans l'heure d'après, croiser une maman qui s'inquiète parce que son gamin ne trouve pas de stage, et de regarder quels conseils on peut lui donner. Et c'est absolument ça qui est passionnant, c'est que tu navigues sur des sphères et sur des sujets qui sont d'une diversité totalement exceptionnelle.

  • Speaker #0

    Les talents que tu as, et sûrement qu'il faut aujourd'hui pour être mère, Est-ce que finalement, c'est des talents d'un bon gestionnaire, d'un bon manager ? Ou est-ce que c'est la créativité qu'il faut cultiver ? Ou est-ce que c'est tout ça à la fois ? Moi,

  • Speaker #1

    je pense que d'abord, il faut des convictions. Et il en fout sans doute encore plus dans le monde d'aujourd'hui que dans celui d'hier. Au sens où, dans un monde quand même brouillé, où il y a du vacarme, du tumulte, de la brutalité, savoir où l'on habite, au sens de à quoi on croit, c'est quoi tes valeurs, c'est quoi ton référentiel, c'est quoi tes repères, c'est quoi ta boussole, pourquoi tu te bats ? finalement, ça moi je pense que c'est la première chose nécessaire, parce que le reste ça s'apprend mais les convictions c'est dans l'écrit en fait, je crois pas que ça s'apprend ça se transmet, on le transmet à nos enfants, on le transmet à ceux qui nous entourent donc un, les convictions de deux, du sang froid Je le dis aussi parce qu'être maire, et particulièrement là dans le mandat qu'on a traversé, c'est aussi traverser des crises. Et donc je pense que cette question du sang-froid, elle est importante. La troisième chose, c'est d'être capable de fédérer et d'animer. Parce qu'être maire, c'est aussi diriger une équipe. Alors c'est à la fois diriger une équipe d'élus, c'est aussi être un employeur. La ville de Nantes et la métropole, c'est 10 000 agents. C'est pas tout à fait rien comme organisation. Et puis c'est animer le collectif nantais au sens large. parce qu'à Nantes, on sait faire avec les acteurs culturels, les acteurs sociaux, les acteurs économiques. Donc cette capacité de fédérer et d'animer, je pense que ça compte aussi. Et puis quand on est maire à Nantes, il faut rajouter un peu beaucoup d'audace et de créativité. Mais parce que ça, c'est à Nantes.

  • Speaker #0

    Tu les prends seules, tes décisions ?

  • Speaker #1

    Non, mais quand même. Je m'explique. Non, parce que d'abord, les décisions, elles ne viennent pas de nulle part. Il y a un contrat démocratique que j'ai passé avec les Nantais. En 2014, si je prends cet exemple, ou en 2020, j'ai fait des propositions aux Nantais. C'est sur cette base qu'ils ont voté sur un projet. Donc je me tiens d'abord au contrat que j'ai passé avec eux. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est qu'être maire de la 6e de France, c'est jamais se mettre en pilotage automatique. Tu aurais une feuille de route et puis après, tu déroulerais tranquille. Donc tes décisions, tu les prends avec ton équipe, au sens où tu les prends avec tes adjoints, au sens où tu as aussi des services, un cabinet, et tu t'appuies sur le regard des uns et des autres pour prendre le temps de se dire In fine, au fond, quelle est la meilleure décision pour Nantes ? Donc c'est à la fois un exercice très collectif, et dans le même temps, l'expérience m'a montré que dans les moments les plus compliqués, oui, il y a une part de décision qui t'incombe à toi, et d'abord parce que tu seras la première à la portée devant les Nantaises et les Nantais, que ça se passe bien ou que ça se passe moins bien.

  • Speaker #0

    Quand on devient mère aussi jeune, d'une aussi grande ville, est-ce que quelque part, c'est un peu s'oublier soi-même ?

  • Speaker #1

    Je crois pas. En tout cas, moi quand j'ai... décidé de l'être, le défi que je m'étais fixé c'est comment on peut être mère M.I.R.E et mère M.E.R.E. Mes enfants avaient deux ans et quatre ans à ce moment là. Est-ce que c'est très exigeant ? Oui. Est-ce que tu acceptes des choix sur ton temps personnel et familial ? Oui. Est-ce que tu peux être amené à n'importe quel moment du jour ou de la nuit à être sur le terrain parce qu'il y a une nécessité ? Oui. Donc si tu veux faire 8h, 18h ou même 8h, 20h, il faut faire autre chose. En revanche, j'ai toujours pensé que c'était important de continuer à cultiver aussi autre chose, d'autres espaces. D'abord, ça te donne de la respiration, ça te donne de la liberté. Je crois que ça t'aide aussi à garder, quand c'est nécessaire, un peu de recul sur les choses. Est-ce qu'on y arrive toujours ? Pas forcément, mais en tout cas, pour moi, c'est quelque chose d'important.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu fais pour préserver cette vie de famille ?

  • Speaker #1

    D'abord, je ne le fais pas de la même manière aujourd'hui que je le faisais il y a quelques années. Quand j'ai été l'humeur, mes enfants avaient 2 et 4 ans. C'est petit. Aujourd'hui, ils sont ados. Donc, il n'y a pas de réponse intangible. Les réponses bougent. Quand ils étaient petits, ce que j'avais trouvé, c'est que tous les matins, avant de venir en mairie, je les amenais à l'école. D'ailleurs, ils disaient de manière très simple, le matin, c'est maman et le soir, c'est papa. Mais comme plein de femmes qui travaillent, qui s'organisent... décidé que non, en 2025, personne n'avait le droit de nous demander de choisir entre une vie professionnelle épanouie et une vie de mère qui a envie aussi de pouvoir se consacrer à ses enfants. Après, les choses, elles se sont faites avec temps, avec des évolutions. Et tu vois, sur ce truc d'amener mes enfants à l'école le matin, j'en ai jamais fait un étendard. Et encore, j'en parle aujourd'hui. À cette époque-là, je n'en parlais pas du tout. Mais je me suis rendu compte que ça se savait et que, par exemple, en mairie, ça avait aidé un certain nombre de femmes. à dire, moi, je m'organise pour pouvoir faire ça, et ensuite, je suis là. Et cette question aussi de l'exemplarité dans ce qu'on fait et dans ce que ça permet de bouger comme ligne, c'est aussi une chose dont j'ai pris conscience, mais au fur et à mesure, que je ne mesurais pas sans doute initialement.

  • Speaker #0

    Peut-être que la parole aussi s'est beaucoup plus libérée sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, la libération de la parole, évidemment, et là, dans ces dernières années, quand je dis en 2020, je veux faire de Nantes la première ville non sexiste à 10 ans, La vérité, c'est qu'au début, ça sourit, ça rigole un peu, ça se moque aussi un peu. Dans certains secteurs, j'entends des gens qui me disent « c'est bizarre, avant, Jeanna Roland, on croyait que c'était une fille sérieuse, elle nous parlait économie, réindustrialisation, emploi sur la métropole, et maintenant, elle nous parle de trucs de nana » . J'ai entendu ça, y compris dans certaines sphères de décideurs. Les conservatismes, ils sont à plein d'endroits de la société. Et finalement, quand on explique, qu'on dit que concrètement, c'est quoi ? C'est formé. nos agents en matière de petite enfance, parce que ça aide à détecter les violences intrafamiliales quand il y en a, que c'est former les agents de la police municipale, mettre en place des séances de négo-training, parce que dans notre pays, les femmes ne négocient pas leur salaire comme les hommes, que c'est ouvrir Citadel, ce lieu absolument incroyable pour accueillir les femmes victimes de violences, mais que c'est aussi lutter contre la précarité menstruelle et installer des distributeurs pour les protections hygiéniques sur l'espace public, mais que c'est aussi rebaptiser les noms de rue. tu te rends compte que depuis que je suis mère, on a donné... plus de noms de à des femmes que dans toute l'histoire de Nantes avant. Pourquoi c'est important ? Pas dans une espèce de logique de compétition qui n'aurait aucun sens, pas uniquement pour une question de symboles, mais parce que moi ce que je veux c'est que nos filles, elles puissent se dire demain j'ai envie d'être boulangère, j'ai envie d'être astronaute, j'ai envie d'être scientifique, j'ai envie d'être chercheuse en littérature, peu importe, je veux pouvoir choisir mon parcours de vie. Et quand on fait le choix de donner des noms de rue par exemple à des femmes, C'est ça en fait ce qu'on essaie de transmettre.

  • Speaker #0

    C'est facile de faire bouger les lignes sur ces domaines-là ?

  • Speaker #1

    C'est sans doute un des domaines où il faut beaucoup, beaucoup de détermination.

  • Speaker #0

    Et tu disais, tu es une personnalité publique, politique, donc tu es exposée aux critiques, aux moqueries. Comment est-ce que toi, tu réagis personnellement par rapport à tout ça ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux quand même apprendre à laisser couler, parce que sinon, tu as des journées qui peuvent être difficiles. Non, moi, les seuls moments où ça a pu m'atteindre ou me toucher, c'est quand ça me concerne, pas moi, mais mes proches. Parce que toi, tu t'engages, tu sais à quoi tu t'exposes. Tu veux être mère de Nantes, tu te bats pour ça, tu acceptes la part d'exposition publique qui va avec. Mais tes enfants, tes proches, eux, c'est différent. Donc ma limite à moi, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et c'est un choix que vous avez fait à deux, avec ton mari ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. On parle beaucoup d'ailleurs de résilience, de burn-out, chez les soignants, les artistes, les entrepreneurs. On n'en parle pas chez les élus. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça commence un peu. Il y a une maire là qui a pris la parole il n'y a pas longtemps, c'est pas bien d'ailleurs, j'ai omis à l'instant le nom de sa commune et qui le raconte assez bien, qui parle de l'enchevêtrement, des questions administratives, des questions juridiques. Moi j'ai aussi beaucoup vu au moment du Covid, je me souviens d'une réunion que j'ai faite avec des maires de la métropole qui disaient, comme c'était difficile, comme aussi l'attente de la société et de leurs concitoyens à leur égard, parfois c'était... trop et je pense notamment aux maires de petites communes qui se retrouvent parfois quasiment seuls et en première ligne sur la totalité des sujets.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui, toi, t'aide à tenir ?

  • Speaker #1

    J'adore ce que je fais.

  • Speaker #0

    La passion ?

  • Speaker #1

    Ouais, je crois qu'il n'y a pas de mystère en fait, dans la vie, quand t'es animée par ce que tu fais, quand tu y crois, quand ça te passionne. Et puis les Nantais, enfin vraiment. C'est-à-dire que est-ce qu'il peut y avoir des noms ? de fatigue, je ne suis pas un robot, donc tout le monde...

  • Speaker #0

    Mais tu te les autorises justement ces moments de fatigue ?

  • Speaker #1

    D'abord des fois tu les choisis pas quoi, ils sont là, s'il y avait une recette magique pour que ça n'existe pas je crois que ça se saurait, mais moi dans ces cas là mon meilleur remontant c'est en vrai une heure sur le terrain avec des habitants, enfin c'est pour ça que je fais ce que je fais aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Justement il y a une rencontre récente qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Oui, mais elle n'est pas très... Elle n'est pas très joyeuse. Moi, je suis quand même très soucieuse de la montée des questions de pouvoir d'achat dans notre pays. Et Nantes n'est pas non plus une bulle qui est isolée du reste du monde. Et j'ai en tête une dame au Breil, il n'y a pas très très longtemps, qui me racontait par le menu détail comment tout son quotidien, mais tout son quotidien, était impacté, cadré par ces questions de pouvoir d'achat. Comment quand tu comptes à l'euro près, mais vraiment... à l'heure près, quand tu bosses, cette femme elle travaille, et que elle me dit, je ne peux jamais faire plaisir à mes enfants, jamais, que chaque chose, j'allais dire oppressante, parce que c'est ça qu'elle raconte en fait. Ça pour moi c'est vraiment une question.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais réinventer ton rôle de mère demain, qu'est-ce que tu changerais ?

  • Speaker #1

    Je changerais un état qui arrête de changer les règles du jeu tous les quatre minutes.

  • Speaker #0

    Mais encore on n'est pas aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    Un état qui respecte totalement... La décentralisation et donc l'autonomie des collectivités locales, une capacité à aller un peu plus vite sur certaines questions. Et puis un sujet auquel je suis attachée, c'est comment, mais ça ce n'est pas dans le rôle de maire, c'est finalement dans le contexte démocratique dans lequel on est. Qu'est-ce qu'on fait pour éviter l'invective, la polarisation des débats, c'est blanc, c'est noir, le manichéisme, derrière une forme de populisme, c'est pratique, ça tient à un tweet, ça passe bien dans les chaînes d'info, on continue, mais la vie ce n'est pas ça. la vie, c'est plus nuancé. Et la démocratie, elle mérite mieux que cette part de polarisation et parfois de brutalisation du débat public.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que femme, qu'est-ce qui te rend fière au-delà de la politique ?

  • Speaker #1

    Tout ce qui existe comme couleur dans un tableau un peu sombre. On est dans un moment qui est compliqué quand même. La situation géopolitique mondiale, la pandémie crème, ce qui se passe à Gaza. On peut faire la liste comme ça pendant des heures et des heures. Et pour autant, je vois à plein d'endroits, mais vraiment à plein d'endroits, des gens qui s'engagent, des gens qui font des choses. Je te prends un exemple, ça va paraître tout bête. Une des dernières inaugurations que je fais, inauguration de sport, avec Ali Rebou, on inaugure un terrain de rugby à côté de la Durentière. Et là, je vois une jeune présidente. Je la connais pas. C'est la première fois que je la rencontre. Elle fait son discours, il y avait trois clubs. Je vois cette jeune nana et je fais « Ouais » .

  • Speaker #0

    Son discours est super clair, super impactant. Elle se bat pour le rugby au féminin. On voit qu'elle adore son truc. Je prends cet exemple, je pourrais en prendre 45. C'est toutes celles et tous ceux qui, là où ils sont, font des choses, montent des projets et donc contribuent finalement. Le fait de faire une société plus belle, tout simplement, ça peut paraître naïf de le dire comme ça, mais je pense qu'il n'y a pas grand-chose de plus noble au final. Toi,

  • Speaker #1

    cette porte, du coup, de les entendre, de les voir.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu es mère, il y a ce que tu fais toi-même, les décisions que tu prends. Je te prends un exemple, quand je décide la gratuité des transports en commun le week-end, tu la décides, elle se met en œuvre, tu contribues à changer le quotidien des gens, là, maintenant, tout de suite. C'est tangible, c'est efficace. Et puis il y a ensuite ce que tu aides d'autres à faire. Ça c'est aussi une part très intéressante.

  • Speaker #1

    Quel serait le plus beau compliment qu'on pourrait te faire ?

  • Speaker #0

    Aucune idée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as encore des rêves à accomplir ? Plein. Ce serait quoi dans l'ordre ?

  • Speaker #0

    Là, je ne suis pas sûre que j'aurais assez...

  • Speaker #1

    Et c'est de temps ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai à la fois plein de rêves pour notre ville, plein de rêves pour la gauche aussi, qui a bien besoin de faire des choses, et puis plein de rêves aussi en dehors de tout ça.

  • Speaker #1

    Et justement, notre ville, est-ce que tu te sens parfois habitante de Nantes avant d'être mère ?

  • Speaker #0

    Tout le temps. Moi, j'habite à Nantes, j'y vis, j'y travaille, j'y circule. Mes enfants vont pour l'une au collège ici, pour l'autre au lycée. pas en commun tous les jours. En fait, je suis totalement les deux. Je suis totalement les deux parce que je suis d'abord habitante dans ce qui fait ma vie quotidienne, mais je suis aussi totalement mère parce que quand t'es mère, il n'y a pas une minute dans ta vie où tu n'es pas responsable de ce qui se fait dans la vie.

  • Speaker #1

    L'un va avec l'autre.

  • Speaker #0

    C'est deux facettes différentes. Mais quand t'es mère, t'as pas un moment où tu te dis « Ok, là, je me pose trois heures et pendant trois heures, je vais pas être responsable s'il se passe quelque chose. » Ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Et elle t'évoque quoi, cette vie-là ?

  • Speaker #0

    Je crois, et je le crois de plus en plus, que le fait qu'on soit une ville historiquement qui est un port, qui est une ville d'estuaire, qui est une ville tournée vers le large, ça compte dans ce qu'on peut appeler la grande histoire des villes, celle qui dépasse les hommes et les femmes, celle qui dépasse les générations. Moi je crois en fait que ça façonne pas seulement notre géographie et notre histoire, mais que ça façonne notre identité nantaise en fait. Et dans cette dimension de l'ouverture à l'autre, je pense qu'il y a quelque chose de très très nantaise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as le sentiment que Nantes compte aujourd'hui sur la scène nationale et sur la scène internationale ?

  • Speaker #0

    Oui, à Nantes. Tu sais, moi, je préside France Urbaine, qui est l'association qui regroupe toutes les grandes villes et les grandes métropoles du pays, donc en gros la moitié des Françaises et des Français. Je peux te dire que quand on dit Nantes, ça compte. Nantes est la culture. On est identifié comme une grande classe de culture. Ça fait vraiment partie de ce que les autres regardent et identifient chez nous, et les Nantais aussi, sur la question des mobilités et des transports en commun. Ça fait aussi partie des sujets qui sont très fortement regardés. Et puis, c'est cette capacité que j'évoquais coopérative, la tradition mutualiste de l'Ouest, la tradition d'économie sociale et solidaire. Tout ça, c'est des choses qui sont très repérées à l'échelle nationale.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut encore dire que Nantes est une ville de culture ?

  • Speaker #0

    Plus que jamais. D'abord, parce qu'on a ici des talents extrêmement nombreux. Il suffit de regarder sur la scène nationale d'aujourd'hui le nombre de celles et ceux qui sont passés par Nantes. Parce qu'on a fait des choix aussi, que j'ai fait des choix. Dire que je ne ferai pas, nous ne ferons pas de la culture une variable d'ajustement, y compris dans des moments qui sont complexes, d'un point de vue budgétaire, pour les collectivités. Parce que l'engouement des Nantais le démontre. Je ne sais pas si tu as eu l'occasion, par exemple, de voir la grande expo hypersensible qui avait lieu au musée d'art. Avant, il suffisait de passer la porte du musée pour voir à la fois qu'il y avait là des gens spécialistes de culture féru, mais aussi des familles qui venaient. parfois pour la première fois au musée. Et je suis sûre que là, l'expo au Coussaille, qu'on va avoir au château, c'est pareil. Je parie que ça va être un sujet et un succès. Et puis, on a plein de projets pour demain. Le futur Grand Musée Jules Verne et la Cité des Imaginaires. Un nouveau muséum réinventé. Alors, le muséum dans le cœur des Nantais, c'est aussi un muséum important, parce que c'est là qu'on emmène les enfants quand il pleut.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Pour vous dire facilement les Nantaises et les Nantais. Nous, on va en faire... vraiment un muséum de son siècle. On l'évoquait dans un monde de fake news, de relativisme qui va s'appuyer sur la culture scientifique et technique. Des projets de culture, nous en avons. Nous allons continuer à en avoir. Et c'est un vrai choix politique avec un grand P au sens de la culture, en fait, dans le moment dans lequel on est, on en a besoin pour faire société. C'est un des ferments de la République. Et donc, ce n'est vraiment pas le moment d'aller tout couper, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te touche, toi, t'émeut quand tu regardes cette ville aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je devais répondre peut-être sur le... Très sensible, qui... Moi j'habite dans le quartier Chantenay, enfin entre Chantenay et Croix-Monnaie plutôt. Tout le rapport à la Loire qu'on a, à la couleur du fleuve, à comment ça baigne des journées, c'est pas du tout pareil au mois de novembre ou au mois d'avril, bref, cette question de rapport aux couleurs est une chose qui peut nous toucher. Et la deuxième que j'aurais envie de citer, de nature très différente, tous les ans à Nantes, il y a une soirée qui s'appelle la soirée de la fraternité. C'est des assos qui accompagnent celles et ceux qui sont en grande précarité, qui au-delà... Je fallait dire des chapelles parce que c'est des assautes qui ont des histoires diverses, se retrouvent pour ça. Et ça, c'est toujours un moment qui me touche.

  • Speaker #1

    J'aime bien demander à mes invités de partager des adresses qu'ils affectionnent. Est-ce que tu nous en partagerais quelques-unes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors non, parce que moi, comme je suis la mère, si j'en partage...

  • Speaker #1

    Tout le monde va venir te voir.

  • Speaker #0

    Non, je crois que vraiment une des choses qui est exceptionnelle à Nantes, d'abord, c'est qu'on a une vraie ébullition de la scène gastronomique nantaise. moi je suis très attachée à ce qu'on puisse l'avoir à des prix très divers et accessibles à tous et tu vois un des derniers moments perso que j'ai eu le temps de m'offrir dans ma vie de mère c'est un brunch avec ma soeur et deux copines dans un petit établissement juste à côté de la cathédrale je vais pas citer le nom pour pas faire la publicité mais voilà le fait qu'il y en ait pour tous les goûts pour toutes les bourses ça je trouve que c'est un truc super important dans notre vie

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, en tout cas, Johanna, pour le temps que tu m'as accordé aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et c'est un plaisir de te rencontrer et de t'écouter.

  • Speaker #0

    Et merci à toi pour tes podcasts et pour la manière dont tu contribues à raconter Nantes. Je t'en prie.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous en l'envoyant à vos proches ou en le relayant sur vos réseaux sociaux. Et si jamais vous écoutez cet épisode sur Apple Podcasts et Spotify et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire. en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots... Abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci.

Description

Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Rolland, l’actuelle maire de Nantes.


Unique car cet épisode n'est pas une interview politique.

Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d’accord : nous parlerons d’elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes.


Cet épisode est unique car j’ai voulu aller au-delà de l’étiquette, pour rencontrer la femme, avec un grand F.
Une femme engagée, curieuse, ancrée, qui avance avec conviction, écoute et intuition.


Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de maire au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant.


Une conversation sincère, riche et plurielle, pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout.


Bonne écoute. 

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutions de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Rayon Nantes. Un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Aujourd'hui, je vous propose un épisode particulier, unique, puisque je retrouve Johanna Roland, l'actuelle maire de Nantes. Mais ici, pas d'interview politique. Après échange avec son équipe, nous nous sommes mis d'accord, nous parlerons d'elle, de son parcours, de son quotidien, de son lien profond avec Nantes. Dans cet épisode, j'ai voulu aller au-delà de l'étiquette pour rencontrer la femme avec un grand F. Une femme engagée, curieuse. ancrée qui avance avec conviction, écoute et intuition. Nous avons parlé de son enfance nantaise, de ses premiers engagements, de son métier de mère au quotidien, de la manière dont elle prend ses décisions, mais aussi de l'importance de préserver son équilibre personnel, sa santé mentale avec un rythme aussi exigeant. Bref, une conversation sincère, riche et plurielle pour découvrir celle qui, derrière la fonction, reste une femme avant tout. Bonjour Juliana.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Ravie d'être ici.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, j'aimerais surtout qu'on mette l'accent sur ta personnalité plutôt que sur ton rôle. politique. J'aimerais sortir du rôle institutionnel pour comprendre qui es-tu, découvrir la femme derrière la femme politique. Quel âge as-tu aujourd'hui, Joana ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis née en 79.

  • Speaker #0

    Et bien d'ailleurs, je te propose qu'on commence par là, qu'on évoque les débuts, ton enfance, ton parcours, tes racines. Donc tu es née à Nantes en mai 79, comme tu le disais. Tu es l'aînée de trois filles. Tu as grandi à Vertoux avec une maman institutrice dans le secteur privé et un papa employé de banque et syndicaliste. Quelle petite fille étais-tu à l'époque ?

  • Speaker #1

    J'étais une petite fille heureuse, pleine de découvertes du monde qui m'entourait. J'ai la chance d'avoir grandi dans une famille très aimante, où le mot famille est quelque chose de très important, et une valeur très importante, et où famille rime à la fois avec solidarité et avec beaucoup de joie. En effet, moi je suis née à Nantes. Ensuite j'ai grandi à Vertoux, donc une des communes de la métropole. Ce qui fait d'ailleurs qu'après, quand je suis devenue mère, j'ai compris, mais vraiment avec retard, j'allais dire, c'est quoi la différence quand on habite dans le centre-ville de Nantes et quand on habite à Vertoux ? Moi, petite, j'allais à Nantes, je prenais le bus, le 28, pour aller voir mes cousines qui, elles, habitaient vraiment dans l'hypersante, puisqu'elles habitaient quartier bouffet. J'ai habité à Vertoux jusqu'à mes 20 ans, jusqu'à ce que je parte de notre beau territoire pour aller faire mes études ailleurs. travailler ailleurs avant de revenir ici.

  • Speaker #0

    Quel regard portes-tu sur cette période ? Sur la période de ton enfance, ton adolescence ?

  • Speaker #1

    C'est vraiment la période de l'insouciance. C'est la période des jours heureux. C'est un lien très fort avec mes deux sœurs. Moi, j'ai une première sœur, Stéphanie, qui a trois ans de moins que moi. On a un peu grandi ensemble. On a ensuite eu les mêmes cercles d'amis, etc. Et j'ai une petite sœur qui reste toujours la petite alors que maintenant, elle a grandi, mais qui a onze ans de moins que moi. mois. C'est une enfance qui grandit dans ces liens très forts, dans aussi une famille où l'engagement est quelque chose de présent, alors de manière très différente. Pour ma mère, qui était donc enseignante en premier degré, chrétienne, pour qui ça voulait dire des choses dans sa vie au quotidien, discrète, et un papa moins discret, engagé, un peu grande gueule, laïque, anticlérical, une vraie famille de l'Ouest, quoi. dans des mélanges qui donnaient des vraies belles discussions, mais avec un point commun, c'est comment tu ne fais pas ton petit bonhomme de chemin sans te soucier du monde qui t'entoure.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un souvenir, justement, assez fort qui t'a marqué, qui a façonné la femme que tu es devenue aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Un seul, non, je serais bien incapable d'en citer un, mais en revanche, des rencontres, des moments. Et si, je peux peut-être dire ça, quand j'ai 18 ou 19 ans, Je décide, et c'est la première fois que je le fais, de partir en Bosnie avec une ONG qui s'occupe notamment d'enfants. On est après la guerre quelques années. J'ai vraiment ce sentiment, et je l'écris d'ailleurs, à l'époque je tiens un petit carnet de bord, le sentiment d'avoir été très gâtée au sens, moi je suis une enfant de la classe moyenne, mais gâtée au sens de beaucoup d'amour, de donner, de beaucoup de choses de transmis, et donc d'avoir envie de redonner à d'autres. finalement, ce que j'avais pu recevoir. Et ça, ça fait sans doute partie de ce qui ensuite a aussi jalonné un parcours d'engagement avec des engagements qui ensuite ont pris des formes et des natures très diverses.

  • Speaker #0

    Engagement humanitaire aussi en Afrique du Sud, j'ai vu ça.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est quand, deux ans après je crois, je suis étudiante à Sciences Po, j'ai un stage à faire et je pars faire mon stage en Afrique du Sud. Officiellement, je travaille au service culturel de l'ambassade à Pretoria. Je dis officiellement parce qu'in fine, je passe beaucoup plus de temps sur le terrain qu'à l'intérieur des murs et des couloirs de l'ambassade, puisque je suis missionnée pour accompagner des ONG locales qui montrent des projets de coopération en lien avec la France. Et j'en suis revenue avec conviction que je n'allais pas me lancer dans la diplomatie et les affaires étrangères, que ce n'était pas fait pour moi. Pourquoi ? Parce que j'ai été à la fois très marquée par ce pays. C'est particulier, tu sais, être dans un pays dans des années post-apartheid, où c'est encore très saignant. Moi, j'ai fait mon mémoire de Sciences Po sur les ONG de l'apartheid à la démocratie, est-ce qu'il reste des contre-pouvoirs, des oppositions, ou est-ce qu'elles contribuent à rentrer dans l'organisation de l'État ? Et en même temps, j'ai aussi vu parmi celles et ceux qui étaient expatriés, à la fois des gens très dévoués dans ce qu'ils faisaient, très engagés, et puis d'autres dans des situations où finalement j'avais l'impression qu'ils vivaient à côté. du pays dans lequel il résidait et pas totalement dans le pays. J'ai assez vite vu que ce n'était pas fait pour moi. Et qu'en revanche, cette capacité à faire des ONG, des acteurs associatifs engagés, c'est quelque chose qui me parlait beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Ensuite, tu fais un master à Grenoble et tu reviens à Nantes en 2004 parce que Jean-Marc Ayrault cherchait une attachée parlementaire. Et là, tout s'enchaîne très rapidement pour toi.

  • Speaker #1

    Alors non, tu oublies, si je peux me permettre, que tu es très importante entre les deux. Donc, on l'a dit, moi je suis nantaise, je grandis ici. Je vais au lycée aux Bourdonnières. Aujourd'hui, c'est amusant parce que ma nièce, Emma, est au lycée aux Bourdonnières. C'est drôle. C'est drôle de la voir des années après faire ce chemin-là. C'est mon lycée de secteur. J'habite à Vertoux. On va aux Bourdes, comme on disait. Ensuite, je fais Hippo-Cagne et Cagne-BL à Guistot. Ça me fait un petit changement de décor quand même.

  • Speaker #0

    Du lycée des Bourdonnières au lycée

  • Speaker #1

    Guistot. Hippocagne et Cagnes BL, donc tu sais c'est Hippocagne mais avec des maths de l'économie, de la sociologie et puis de l'histoire et de la géographie plutôt du XXe siècle. Et ensuite je passe les concours d'IEP, j'ai le concours de Lille, donc je pars à Lille, c'est là que c'est mes années à la fois d'étudiante, d'engagement, puisque c'est à cette période-là, on en parlait, que je pars en Afrique du Sud, mais aussi à ce moment-là que je commence à militer, pas dans un parti politique, mais pour des causes qui me tiennent à cœur.

  • Speaker #0

    C'était quelle cause ?

  • Speaker #1

    Je me suis à ce moment-là beaucoup investie sur la question des personnes migrantes. On est dans une période après l'évacuation de la grande église concernée à Paris. Lille-Paris, ce n'est pas très loin. Je fais partie des étudiantes qui se mobilisent beaucoup sur ces sujets à ce moment-là. Et puis, je finis mes études en me spécialisant sur les questions de politique de la ville et de démocratie locale. Quand j'ai fini cette dernière année d'études à Sciences Po Grenoble, cette fois, j'ai envie de mettre les mains dans le cambouis. J'ai envie de dire, OK, de la théorie à la pratique, qu'est-ce que je suis capable de faire concrètement ? Et donc, je postule à la ville du Creusot. Vraiment, je finis mon master à Grenoble. Je me dis, tiens, je vais essayer. C'est le premier CV que j'envoie pour un poste de chargé de mission sur un grand projet de ville, donc dans un quartier populaire. Je suis recrutée. J'ai un petit moment d'hésitation quand même parce que je me dis, OK, le Creusot, est-ce que vraiment ça va me plaire ? Et puis, j'y vais. et ça a été pour moi un moment en fait très fondateur. D'abord parce que j'ai adoré ce que j'y ai fait, travailler dans les quartiers populaires, avec notamment les mamans de ces quartiers, avec les jeunes de ces quartiers, monter des projets de démocratie locale, il n'y avait pas de conseil de quartier. J'ai contribué avec l'équipe d'élus de l'époque à les inventer. C'est aussi le moment où je me décide à passer un concours de la fonction publique, puisque quand j'étais à Sciences Po, je ne le répète pas trop maintenant, mais je disais non, la fonction publique, ce n'est pas là où on change vraiment la vie. moi je veux aller en ONG, en asso, c'est là où ça bouge le plus. Et au bout d'un moment, au creuseau, ils me disent, ben voilà, c'est bien, on voudrait que tu prennes la responsabilité du service, mais par contre, il faut passer le concours. Et pour la petite histoire, je le passe deux fois en fait. tous mes collègues du Creusot, alors qu'ils n'avaient pas du tout le même parcours que le mien, parce que c'était des gens, à l'époque, on appelait ça les grands frères, ceux qui avaient été recrutés issus des quartiers, bref. Et je le dis parce que c'est des gens qui m'ont beaucoup appris. Moi, je leur ai appris pendant quelques années ce que j'avais appris dans mes études, et eux, ce qu'ils avaient appris sur le terrain, dans leur vie, dans leur engagement, etc. Bref, je passe ce concours, tout le monde me dit, « Tu sors de Sciences Po, tu vas l'avoir tranquille. » Et j'ai 7 à l'épreuve principale avec « On ne vous demande pas votre opinion personnelle comme appréciation » . Et je le raconte parce que j'ai gardé ça ensuite. Moi, je pense qu'on a besoin, dans la fonction publique, comme dans la vie politique, d'hommes et de femmes qui ont des parcours divers, qui ont des histoires diverses. C'est aussi cette pluralité des parcours qui nourrit la France telle qu'elle est aujourd'hui et le territoire tel qu'il est aujourd'hui. Donc, je passe plusieurs années au Creusot. C'est une expérience qui m'a marquée, d'ailleurs, quand on s'est posé la question de savoir si je serais candidate ou pas au municipal, que je me suis posé la question. Dans les quelques personnes à qui j'en ai parlé, à qui j'ai demandé leur avis, il y a... un ou deux de mes collègues qui étaient devenus de mes amis parmi cette aventure au Creusot. Et c'est seulement après, en 2004, que je rentre à Nantes.

  • Speaker #0

    Donc là, on y revient, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, là tout s'enchaîne. Il te propose de conduire sa campagne pour l'élection législative, tu rejoins son équipe municipale, en 2011, tu es élu au Conseil Général et tu deviens adjoint de Patrick Rimbaird qui, lui, a remplacé Jean-Marc Ayrault qui est devenu alors Premier ministre. Bon jeu de chaise musicale. Donc, logiquement, on voit bien les thèmes d'après. Mais est-ce que toi, à ce moment-là, tu t'imaginais déjà en tant que maire de Nantes ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. D'abord, les choses ne se sont pas vraiment passées de cette manière-là. En fait, en 2004, je travaille donc à la ville du Creusot et il se trouve que pour des raisons familiales, ma mère est gravement malade à ce moment-là et donc je veux rentrer à Nantes. Le sujet, c'est d'abord de rentrer à Nantes. Et d'ailleurs, à l'époque, je candidate à différentes offres d'emploi qui ressemblent à ce que je faisais au Creusot. Je me souviens, je candidate pour être chef de projet Dialogue Citoyen. qui était ce que je faisais au Creusot, à la ville de Saint-Sébastien, pour la petite histoire. Et puis dans mes recherches professionnelles de ce moment-là, je l'ai dit, je suis l'aînée, j'ai une sœur qui a 3 ans de moins que moi, l'autre a 11 ans de moins que moi, donc à l'époque elle a à peine 13-14 ans. Je cherche ce qui me permet de rentrer chez moi et d'être là pour ce moment-là. Mon directeur de l'époque au Creusot me dit, Jean-Marc Ayrault cherche une attachée parlementaire, vous devriez postuler. Et je me rappelle très bien, je lui dis, mais j'ai aucune chance, Je ne connais personne à la mairie de Nantes. je ne suis pas encartée au Parti socialiste, je suis de gauche fondamentalement, mais pas encartée, et par choix en plus. Et donc je postule, mais comme j'ai postulé à d'autres choses à cette période de ma vie. Et en effet, je suis recrutée à ce moment-là comme attachée parlementaire. Je travaille pendant plusieurs années sur cette fonction, y compris parce que c'était sur une circonscription qui était très mixte, ce qu'on appelle la troisième circonscription, qui a à la fois des quartiers, on va dire, dits résidentiels, mais aussi des quartiers populaires. comme Bellevue et les Dervalières. Et donc le double parcours, qui est le mien, je vais le dire comme ça, à la fois d'avoir fait des études type Sciences Po, mais aussi d'avoir travaillé, d'aimer et d'être à l'aise dans les quartiers populaires, ça correspond à ce que Jean-Marc Ayrault cherche à l'époque. Et puis dans les petites missions que je finis par avoir un peu en plus, il y a celle de repérer pour lui des gens issus de la société civile pour rentrer sur la liste municipale en 2008. C'est ce que je fais. C'est à cette époque d'ailleurs que je rencontre par exemple. Ali Rebou, qui est aujourd'hui mon adjoint en charge du sport, dans un moment où il y avait un collectif qui s'était monté dans les quartiers nantais autour de ces sujets. Bref, au bout d'un moment, Jean-Marc me dit « Mais est-ce que t'es OK pour toi-même intégrer la liste en 2008 ? » Ce qui était honnêtement, à ce moment-là, pas forcément ma perspective parce que j'avais accès au sujet qui me tenait à cœur, j'avais avec lui une vraie liberté, une vraie confiance, ce qui me permettait d'agir, d'influer quelque part sur les sujets qui étaient mes sujets de... prédilection et je me rappelle la première fois où il m'en parle, je lui dis écoute si c'est pour s'assurer des équilibres hommes-femmes sur la liste, franchement j'ai d'autres noms à te proposer, je peux peut-être être utile autrement. Il me dit non, si c'était que pour ça, ce serait pas la question que je te poserais. Donc l'aventure démarre comme ça en 2008 je suis adjointe à l'éducation et à la jeunesse et ensuite les choses s'élargissent j'ai sous ma responsabilité en plus la politique de la ville et le renouvellement urbain, ce qui me permet d'avoir à la fois des choses très régaliennes, parce que l'éducation, c'est du régalien, puis des choses plus pointues et ciblées avec la politique de la ville. En fait, je le dis parce qu'à aucun moment donné, dans cette période mis après, Jean-Marc Ayrault m'a dit ou a dit aux Nantais « Tu seras la prochaine maire de Nantes » . Ce n'est pas passé comme ça. Y compris, je crois, parce qu'il savait que pour que ça marche, c'est à la personne de faire ses preuves. Et ce qu'il a contribué à créer les conditions, c'est une évidence. Et je le dis aujourd'hui avec recul, honnêtement je connais aucun endroit en France où ça s'est passé comme ça. Avec à la fois cette élégance et ce respect. Et le respect je le dis parce que du jour où je suis devenue mère, pas une seule fois il a été intrusif. dans une décision ou une orientation en disant tu devrais plutôt faire comme ça ou tu devrais plutôt faire comme ça. Et donc quand il devient premier ministre, en effet, Patrick Rimbaud devient maire, je deviens première adjointe, et à ce moment-là, la question commence à se poser de la suite de l'histoire et de qui portera nos couleurs en 2014.

  • Speaker #0

    Et donc là, toi, à ce moment-là, tu te projettes et tu t'imagines les porter ?

  • Speaker #1

    Au moment où je suis nommée première adjointe, je sais que la question peut se poser, à partir de là. Et donc avant d'accepter ça, oui, il y a un moment de réflexion. ... personnel avec mon mari avec mes soeurs avec mes proches de dire est ce que j'en suis capable à quoi ça engage c'est quoi les impacts sur la vie personnelle et sur la vie familiale et je me souviens je prends j'ai un week-end là tu sais il ya des moments comme ça dans ta vie un peu ternière tu pèses et je sors de ce week-end encouragé par ceux qui m'aiment de me dire On confiante,

  • Speaker #0

    sereine.

  • Speaker #1

    confiante. Je crois que je me pose pas trop la question comme ça à ce moment-là. La question que je me pose, c'est est-ce que j'en ai envie ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce que c'est possible d'être candidate, peut-être élue mère, et de cultiver une vie avec ses enfants, d'avoir aussi autre chose ? C'est plutôt ça, mes questions de ce moment-là.

  • Speaker #0

    Quels sont, selon toi, les talents, les compétences que Jean-Marc Ayrault avait repérées à l'époque, chez toi ?

  • Speaker #1

    Ah bah, faudrait lui poser la question à lui, c'est hyper présomptueux de le dire.

  • Speaker #0

    Il te les avait pas partagées.

  • Speaker #1

    Vraiment, je redis, les premiers qui m'ont parlé d'être candidate, ce n'était même pas forcément des élus. Je me souviens de quelqu'un qui a travaillé à la ville, qui était engagé par ailleurs dans la vie associative, qui est le premier qui, un jour, dans un déjeuner en tête à tête, m'a dit « tu devrais réfléchir à y aller, on a besoin de toi » . Et en fait, à un moment donné, quand tu as différentes personnes de différentes générations qui viennent te voir, qui te sollicitent, tu es face à toi-même parce que tu te dis « il y a des gens qui croient en moi, Si j'y vais... j'y vais vraiment en fait, c'est-à-dire que t'embarques aussi des gens avec toi et donc ça, ça a aussi été un moment de cristallisation.

  • Speaker #0

    Et alors en 2014 à 34 ans, tu deviens la première femme maire de Nantes et l'une des plus jeunes femmes à diriger une grande ville française. Qu'est-ce que tu ressens ce jour-là ?

  • Speaker #1

    D'abord de la joie parce que forcément c'est après la campagne, t'as bataillé, t'as porté tes idées, t'as porté tes convictions et dans le même temps d'emblée un vrai sentiment de responsabilité. Y compris parce que moi, j'avais été première adjointe pendant deux ans avant. Et donc pendant deux ans, j'avais participé à toutes les prises de décision. Donc je savais là où je mettais les pieds. Et ça m'avait permis aussi de faire les choses par étapes. Donc c'est pas d'un coup, je saute dans le grand main. Et donc je savais aussi ce à quoi je m'attendais. Est-ce que je le savais totalement ? Je pense que non. Parce que tant que tu ne l'as pas vécu, éprouvé directement, tu ne le sais pas. Mais donc il y avait ce mélange d'enthousiasme et de responsabilité.

  • Speaker #0

    Et alors aujourd'hui, ça fait 11 ans que tu exerces cette fonction. Être mère, au fond, ça consiste en quoi ?

  • Speaker #1

    C'est servir les habitants de sa ville. C'est d'abord ça. Être mère, c'est tous les jours, du lundi matin au dimanche soir, avoir une part de son esprit, une part de son cerveau importante, très importante, qui est animée d'une seule chose. Qu'est-ce qui est bien pour Nantes ? Qu'est-ce qui est bien pour les Nantais ? Après, tu le fais avec ce à quoi tu crois. Donc moi, mes convictions, elles sont connues. Mes valeurs, elles sont claires, donc je le fais à partir de ce que je suis, mais toujours rattachée à là où on est. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Toulouse. Être maire de Nantes, ce n'est pas être maire de Bordeaux. Ce n'est pas la même ville, ce n'est pas la même histoire. Et ça, c'est aussi une des choses que je mesure sans doute encore plus aujourd'hui que je mesurais hier. La singularité nantaise, ce qui fait finalement notre spécificité. Et puis être maire, c'est faire 15 choses différentes dans sa journée. C'est à la fois parler avec un entrepreneur européen qui regarde dans quelle ville il a envie d'investir, et puis dans l'heure d'après, croiser une maman qui s'inquiète parce que son gamin ne trouve pas de stage, et de regarder quels conseils on peut lui donner. Et c'est absolument ça qui est passionnant, c'est que tu navigues sur des sphères et sur des sujets qui sont d'une diversité totalement exceptionnelle.

  • Speaker #0

    Les talents que tu as, et sûrement qu'il faut aujourd'hui pour être mère, Est-ce que finalement, c'est des talents d'un bon gestionnaire, d'un bon manager ? Ou est-ce que c'est la créativité qu'il faut cultiver ? Ou est-ce que c'est tout ça à la fois ? Moi,

  • Speaker #1

    je pense que d'abord, il faut des convictions. Et il en fout sans doute encore plus dans le monde d'aujourd'hui que dans celui d'hier. Au sens où, dans un monde quand même brouillé, où il y a du vacarme, du tumulte, de la brutalité, savoir où l'on habite, au sens de à quoi on croit, c'est quoi tes valeurs, c'est quoi ton référentiel, c'est quoi tes repères, c'est quoi ta boussole, pourquoi tu te bats ? finalement, ça moi je pense que c'est la première chose nécessaire, parce que le reste ça s'apprend mais les convictions c'est dans l'écrit en fait, je crois pas que ça s'apprend ça se transmet, on le transmet à nos enfants, on le transmet à ceux qui nous entourent donc un, les convictions de deux, du sang froid Je le dis aussi parce qu'être maire, et particulièrement là dans le mandat qu'on a traversé, c'est aussi traverser des crises. Et donc je pense que cette question du sang-froid, elle est importante. La troisième chose, c'est d'être capable de fédérer et d'animer. Parce qu'être maire, c'est aussi diriger une équipe. Alors c'est à la fois diriger une équipe d'élus, c'est aussi être un employeur. La ville de Nantes et la métropole, c'est 10 000 agents. C'est pas tout à fait rien comme organisation. Et puis c'est animer le collectif nantais au sens large. parce qu'à Nantes, on sait faire avec les acteurs culturels, les acteurs sociaux, les acteurs économiques. Donc cette capacité de fédérer et d'animer, je pense que ça compte aussi. Et puis quand on est maire à Nantes, il faut rajouter un peu beaucoup d'audace et de créativité. Mais parce que ça, c'est à Nantes.

  • Speaker #0

    Tu les prends seules, tes décisions ?

  • Speaker #1

    Non, mais quand même. Je m'explique. Non, parce que d'abord, les décisions, elles ne viennent pas de nulle part. Il y a un contrat démocratique que j'ai passé avec les Nantais. En 2014, si je prends cet exemple, ou en 2020, j'ai fait des propositions aux Nantais. C'est sur cette base qu'ils ont voté sur un projet. Donc je me tiens d'abord au contrat que j'ai passé avec eux. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est qu'être maire de la 6e de France, c'est jamais se mettre en pilotage automatique. Tu aurais une feuille de route et puis après, tu déroulerais tranquille. Donc tes décisions, tu les prends avec ton équipe, au sens où tu les prends avec tes adjoints, au sens où tu as aussi des services, un cabinet, et tu t'appuies sur le regard des uns et des autres pour prendre le temps de se dire In fine, au fond, quelle est la meilleure décision pour Nantes ? Donc c'est à la fois un exercice très collectif, et dans le même temps, l'expérience m'a montré que dans les moments les plus compliqués, oui, il y a une part de décision qui t'incombe à toi, et d'abord parce que tu seras la première à la portée devant les Nantaises et les Nantais, que ça se passe bien ou que ça se passe moins bien.

  • Speaker #0

    Quand on devient mère aussi jeune, d'une aussi grande ville, est-ce que quelque part, c'est un peu s'oublier soi-même ?

  • Speaker #1

    Je crois pas. En tout cas, moi quand j'ai... décidé de l'être, le défi que je m'étais fixé c'est comment on peut être mère M.I.R.E et mère M.E.R.E. Mes enfants avaient deux ans et quatre ans à ce moment là. Est-ce que c'est très exigeant ? Oui. Est-ce que tu acceptes des choix sur ton temps personnel et familial ? Oui. Est-ce que tu peux être amené à n'importe quel moment du jour ou de la nuit à être sur le terrain parce qu'il y a une nécessité ? Oui. Donc si tu veux faire 8h, 18h ou même 8h, 20h, il faut faire autre chose. En revanche, j'ai toujours pensé que c'était important de continuer à cultiver aussi autre chose, d'autres espaces. D'abord, ça te donne de la respiration, ça te donne de la liberté. Je crois que ça t'aide aussi à garder, quand c'est nécessaire, un peu de recul sur les choses. Est-ce qu'on y arrive toujours ? Pas forcément, mais en tout cas, pour moi, c'est quelque chose d'important.

  • Speaker #0

    Et comment est-ce que tu fais pour préserver cette vie de famille ?

  • Speaker #1

    D'abord, je ne le fais pas de la même manière aujourd'hui que je le faisais il y a quelques années. Quand j'ai été l'humeur, mes enfants avaient 2 et 4 ans. C'est petit. Aujourd'hui, ils sont ados. Donc, il n'y a pas de réponse intangible. Les réponses bougent. Quand ils étaient petits, ce que j'avais trouvé, c'est que tous les matins, avant de venir en mairie, je les amenais à l'école. D'ailleurs, ils disaient de manière très simple, le matin, c'est maman et le soir, c'est papa. Mais comme plein de femmes qui travaillent, qui s'organisent... décidé que non, en 2025, personne n'avait le droit de nous demander de choisir entre une vie professionnelle épanouie et une vie de mère qui a envie aussi de pouvoir se consacrer à ses enfants. Après, les choses, elles se sont faites avec temps, avec des évolutions. Et tu vois, sur ce truc d'amener mes enfants à l'école le matin, j'en ai jamais fait un étendard. Et encore, j'en parle aujourd'hui. À cette époque-là, je n'en parlais pas du tout. Mais je me suis rendu compte que ça se savait et que, par exemple, en mairie, ça avait aidé un certain nombre de femmes. à dire, moi, je m'organise pour pouvoir faire ça, et ensuite, je suis là. Et cette question aussi de l'exemplarité dans ce qu'on fait et dans ce que ça permet de bouger comme ligne, c'est aussi une chose dont j'ai pris conscience, mais au fur et à mesure, que je ne mesurais pas sans doute initialement.

  • Speaker #0

    Peut-être que la parole aussi s'est beaucoup plus libérée sur ces sujets-là.

  • Speaker #1

    Oui, alors en plus, la libération de la parole, évidemment, et là, dans ces dernières années, quand je dis en 2020, je veux faire de Nantes la première ville non sexiste à 10 ans, La vérité, c'est qu'au début, ça sourit, ça rigole un peu, ça se moque aussi un peu. Dans certains secteurs, j'entends des gens qui me disent « c'est bizarre, avant, Jeanna Roland, on croyait que c'était une fille sérieuse, elle nous parlait économie, réindustrialisation, emploi sur la métropole, et maintenant, elle nous parle de trucs de nana » . J'ai entendu ça, y compris dans certaines sphères de décideurs. Les conservatismes, ils sont à plein d'endroits de la société. Et finalement, quand on explique, qu'on dit que concrètement, c'est quoi ? C'est formé. nos agents en matière de petite enfance, parce que ça aide à détecter les violences intrafamiliales quand il y en a, que c'est former les agents de la police municipale, mettre en place des séances de négo-training, parce que dans notre pays, les femmes ne négocient pas leur salaire comme les hommes, que c'est ouvrir Citadel, ce lieu absolument incroyable pour accueillir les femmes victimes de violences, mais que c'est aussi lutter contre la précarité menstruelle et installer des distributeurs pour les protections hygiéniques sur l'espace public, mais que c'est aussi rebaptiser les noms de rue. tu te rends compte que depuis que je suis mère, on a donné... plus de noms de à des femmes que dans toute l'histoire de Nantes avant. Pourquoi c'est important ? Pas dans une espèce de logique de compétition qui n'aurait aucun sens, pas uniquement pour une question de symboles, mais parce que moi ce que je veux c'est que nos filles, elles puissent se dire demain j'ai envie d'être boulangère, j'ai envie d'être astronaute, j'ai envie d'être scientifique, j'ai envie d'être chercheuse en littérature, peu importe, je veux pouvoir choisir mon parcours de vie. Et quand on fait le choix de donner des noms de rue par exemple à des femmes, C'est ça en fait ce qu'on essaie de transmettre.

  • Speaker #0

    C'est facile de faire bouger les lignes sur ces domaines-là ?

  • Speaker #1

    C'est sans doute un des domaines où il faut beaucoup, beaucoup de détermination.

  • Speaker #0

    Et tu disais, tu es une personnalité publique, politique, donc tu es exposée aux critiques, aux moqueries. Comment est-ce que toi, tu réagis personnellement par rapport à tout ça ?

  • Speaker #1

    Il vaut mieux quand même apprendre à laisser couler, parce que sinon, tu as des journées qui peuvent être difficiles. Non, moi, les seuls moments où ça a pu m'atteindre ou me toucher, c'est quand ça me concerne, pas moi, mais mes proches. Parce que toi, tu t'engages, tu sais à quoi tu t'exposes. Tu veux être mère de Nantes, tu te bats pour ça, tu acceptes la part d'exposition publique qui va avec. Mais tes enfants, tes proches, eux, c'est différent. Donc ma limite à moi, c'est ça.

  • Speaker #0

    Et c'est un choix que vous avez fait à deux, avec ton mari ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    tout à fait. On parle beaucoup d'ailleurs de résilience, de burn-out, chez les soignants, les artistes, les entrepreneurs. On n'en parle pas chez les élus. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Ça commence un peu. Il y a une maire là qui a pris la parole il n'y a pas longtemps, c'est pas bien d'ailleurs, j'ai omis à l'instant le nom de sa commune et qui le raconte assez bien, qui parle de l'enchevêtrement, des questions administratives, des questions juridiques. Moi j'ai aussi beaucoup vu au moment du Covid, je me souviens d'une réunion que j'ai faite avec des maires de la métropole qui disaient, comme c'était difficile, comme aussi l'attente de la société et de leurs concitoyens à leur égard, parfois c'était... trop et je pense notamment aux maires de petites communes qui se retrouvent parfois quasiment seuls et en première ligne sur la totalité des sujets.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui, toi, t'aide à tenir ?

  • Speaker #1

    J'adore ce que je fais.

  • Speaker #0

    La passion ?

  • Speaker #1

    Ouais, je crois qu'il n'y a pas de mystère en fait, dans la vie, quand t'es animée par ce que tu fais, quand tu y crois, quand ça te passionne. Et puis les Nantais, enfin vraiment. C'est-à-dire que est-ce qu'il peut y avoir des noms ? de fatigue, je ne suis pas un robot, donc tout le monde...

  • Speaker #0

    Mais tu te les autorises justement ces moments de fatigue ?

  • Speaker #1

    D'abord des fois tu les choisis pas quoi, ils sont là, s'il y avait une recette magique pour que ça n'existe pas je crois que ça se saurait, mais moi dans ces cas là mon meilleur remontant c'est en vrai une heure sur le terrain avec des habitants, enfin c'est pour ça que je fais ce que je fais aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Justement il y a une rencontre récente qui t'a marqué ?

  • Speaker #1

    Oui, mais elle n'est pas très... Elle n'est pas très joyeuse. Moi, je suis quand même très soucieuse de la montée des questions de pouvoir d'achat dans notre pays. Et Nantes n'est pas non plus une bulle qui est isolée du reste du monde. Et j'ai en tête une dame au Breil, il n'y a pas très très longtemps, qui me racontait par le menu détail comment tout son quotidien, mais tout son quotidien, était impacté, cadré par ces questions de pouvoir d'achat. Comment quand tu comptes à l'euro près, mais vraiment... à l'heure près, quand tu bosses, cette femme elle travaille, et que elle me dit, je ne peux jamais faire plaisir à mes enfants, jamais, que chaque chose, j'allais dire oppressante, parce que c'est ça qu'elle raconte en fait. Ça pour moi c'est vraiment une question.

  • Speaker #0

    Si tu pouvais réinventer ton rôle de mère demain, qu'est-ce que tu changerais ?

  • Speaker #1

    Je changerais un état qui arrête de changer les règles du jeu tous les quatre minutes.

  • Speaker #0

    Mais encore on n'est pas aux Etats-Unis.

  • Speaker #1

    Un état qui respecte totalement... La décentralisation et donc l'autonomie des collectivités locales, une capacité à aller un peu plus vite sur certaines questions. Et puis un sujet auquel je suis attachée, c'est comment, mais ça ce n'est pas dans le rôle de maire, c'est finalement dans le contexte démocratique dans lequel on est. Qu'est-ce qu'on fait pour éviter l'invective, la polarisation des débats, c'est blanc, c'est noir, le manichéisme, derrière une forme de populisme, c'est pratique, ça tient à un tweet, ça passe bien dans les chaînes d'info, on continue, mais la vie ce n'est pas ça. la vie, c'est plus nuancé. Et la démocratie, elle mérite mieux que cette part de polarisation et parfois de brutalisation du débat public.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que femme, qu'est-ce qui te rend fière au-delà de la politique ?

  • Speaker #1

    Tout ce qui existe comme couleur dans un tableau un peu sombre. On est dans un moment qui est compliqué quand même. La situation géopolitique mondiale, la pandémie crème, ce qui se passe à Gaza. On peut faire la liste comme ça pendant des heures et des heures. Et pour autant, je vois à plein d'endroits, mais vraiment à plein d'endroits, des gens qui s'engagent, des gens qui font des choses. Je te prends un exemple, ça va paraître tout bête. Une des dernières inaugurations que je fais, inauguration de sport, avec Ali Rebou, on inaugure un terrain de rugby à côté de la Durentière. Et là, je vois une jeune présidente. Je la connais pas. C'est la première fois que je la rencontre. Elle fait son discours, il y avait trois clubs. Je vois cette jeune nana et je fais « Ouais » .

  • Speaker #0

    Son discours est super clair, super impactant. Elle se bat pour le rugby au féminin. On voit qu'elle adore son truc. Je prends cet exemple, je pourrais en prendre 45. C'est toutes celles et tous ceux qui, là où ils sont, font des choses, montent des projets et donc contribuent finalement. Le fait de faire une société plus belle, tout simplement, ça peut paraître naïf de le dire comme ça, mais je pense qu'il n'y a pas grand-chose de plus noble au final. Toi,

  • Speaker #1

    cette porte, du coup, de les entendre, de les voir.

  • Speaker #0

    Oui, parce que quand tu es mère, il y a ce que tu fais toi-même, les décisions que tu prends. Je te prends un exemple, quand je décide la gratuité des transports en commun le week-end, tu la décides, elle se met en œuvre, tu contribues à changer le quotidien des gens, là, maintenant, tout de suite. C'est tangible, c'est efficace. Et puis il y a ensuite ce que tu aides d'autres à faire. Ça c'est aussi une part très intéressante.

  • Speaker #1

    Quel serait le plus beau compliment qu'on pourrait te faire ?

  • Speaker #0

    Aucune idée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as encore des rêves à accomplir ? Plein. Ce serait quoi dans l'ordre ?

  • Speaker #0

    Là, je ne suis pas sûre que j'aurais assez...

  • Speaker #1

    Et c'est de temps ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai à la fois plein de rêves pour notre ville, plein de rêves pour la gauche aussi, qui a bien besoin de faire des choses, et puis plein de rêves aussi en dehors de tout ça.

  • Speaker #1

    Et justement, notre ville, est-ce que tu te sens parfois habitante de Nantes avant d'être mère ?

  • Speaker #0

    Tout le temps. Moi, j'habite à Nantes, j'y vis, j'y travaille, j'y circule. Mes enfants vont pour l'une au collège ici, pour l'autre au lycée. pas en commun tous les jours. En fait, je suis totalement les deux. Je suis totalement les deux parce que je suis d'abord habitante dans ce qui fait ma vie quotidienne, mais je suis aussi totalement mère parce que quand t'es mère, il n'y a pas une minute dans ta vie où tu n'es pas responsable de ce qui se fait dans la vie.

  • Speaker #1

    L'un va avec l'autre.

  • Speaker #0

    C'est deux facettes différentes. Mais quand t'es mère, t'as pas un moment où tu te dis « Ok, là, je me pose trois heures et pendant trois heures, je vais pas être responsable s'il se passe quelque chose. » Ça n'existe pas.

  • Speaker #1

    Et elle t'évoque quoi, cette vie-là ?

  • Speaker #0

    Je crois, et je le crois de plus en plus, que le fait qu'on soit une ville historiquement qui est un port, qui est une ville d'estuaire, qui est une ville tournée vers le large, ça compte dans ce qu'on peut appeler la grande histoire des villes, celle qui dépasse les hommes et les femmes, celle qui dépasse les générations. Moi je crois en fait que ça façonne pas seulement notre géographie et notre histoire, mais que ça façonne notre identité nantaise en fait. Et dans cette dimension de l'ouverture à l'autre, je pense qu'il y a quelque chose de très très nantaise.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as le sentiment que Nantes compte aujourd'hui sur la scène nationale et sur la scène internationale ?

  • Speaker #0

    Oui, à Nantes. Tu sais, moi, je préside France Urbaine, qui est l'association qui regroupe toutes les grandes villes et les grandes métropoles du pays, donc en gros la moitié des Françaises et des Français. Je peux te dire que quand on dit Nantes, ça compte. Nantes est la culture. On est identifié comme une grande classe de culture. Ça fait vraiment partie de ce que les autres regardent et identifient chez nous, et les Nantais aussi, sur la question des mobilités et des transports en commun. Ça fait aussi partie des sujets qui sont très fortement regardés. Et puis, c'est cette capacité que j'évoquais coopérative, la tradition mutualiste de l'Ouest, la tradition d'économie sociale et solidaire. Tout ça, c'est des choses qui sont très repérées à l'échelle nationale.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut encore dire que Nantes est une ville de culture ?

  • Speaker #0

    Plus que jamais. D'abord, parce qu'on a ici des talents extrêmement nombreux. Il suffit de regarder sur la scène nationale d'aujourd'hui le nombre de celles et ceux qui sont passés par Nantes. Parce qu'on a fait des choix aussi, que j'ai fait des choix. Dire que je ne ferai pas, nous ne ferons pas de la culture une variable d'ajustement, y compris dans des moments qui sont complexes, d'un point de vue budgétaire, pour les collectivités. Parce que l'engouement des Nantais le démontre. Je ne sais pas si tu as eu l'occasion, par exemple, de voir la grande expo hypersensible qui avait lieu au musée d'art. Avant, il suffisait de passer la porte du musée pour voir à la fois qu'il y avait là des gens spécialistes de culture féru, mais aussi des familles qui venaient. parfois pour la première fois au musée. Et je suis sûre que là, l'expo au Coussaille, qu'on va avoir au château, c'est pareil. Je parie que ça va être un sujet et un succès. Et puis, on a plein de projets pour demain. Le futur Grand Musée Jules Verne et la Cité des Imaginaires. Un nouveau muséum réinventé. Alors, le muséum dans le cœur des Nantais, c'est aussi un muséum important, parce que c'est là qu'on emmène les enfants quand il pleut.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Pour vous dire facilement les Nantaises et les Nantais. Nous, on va en faire... vraiment un muséum de son siècle. On l'évoquait dans un monde de fake news, de relativisme qui va s'appuyer sur la culture scientifique et technique. Des projets de culture, nous en avons. Nous allons continuer à en avoir. Et c'est un vrai choix politique avec un grand P au sens de la culture, en fait, dans le moment dans lequel on est, on en a besoin pour faire société. C'est un des ferments de la République. Et donc, ce n'est vraiment pas le moment d'aller tout couper, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te touche, toi, t'émeut quand tu regardes cette ville aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je devais répondre peut-être sur le... Très sensible, qui... Moi j'habite dans le quartier Chantenay, enfin entre Chantenay et Croix-Monnaie plutôt. Tout le rapport à la Loire qu'on a, à la couleur du fleuve, à comment ça baigne des journées, c'est pas du tout pareil au mois de novembre ou au mois d'avril, bref, cette question de rapport aux couleurs est une chose qui peut nous toucher. Et la deuxième que j'aurais envie de citer, de nature très différente, tous les ans à Nantes, il y a une soirée qui s'appelle la soirée de la fraternité. C'est des assos qui accompagnent celles et ceux qui sont en grande précarité, qui au-delà... Je fallait dire des chapelles parce que c'est des assautes qui ont des histoires diverses, se retrouvent pour ça. Et ça, c'est toujours un moment qui me touche.

  • Speaker #1

    J'aime bien demander à mes invités de partager des adresses qu'ils affectionnent. Est-ce que tu nous en partagerais quelques-unes aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Alors non, parce que moi, comme je suis la mère, si j'en partage...

  • Speaker #1

    Tout le monde va venir te voir.

  • Speaker #0

    Non, je crois que vraiment une des choses qui est exceptionnelle à Nantes, d'abord, c'est qu'on a une vraie ébullition de la scène gastronomique nantaise. moi je suis très attachée à ce qu'on puisse l'avoir à des prix très divers et accessibles à tous et tu vois un des derniers moments perso que j'ai eu le temps de m'offrir dans ma vie de mère c'est un brunch avec ma soeur et deux copines dans un petit établissement juste à côté de la cathédrale je vais pas citer le nom pour pas faire la publicité mais voilà le fait qu'il y en ait pour tous les goûts pour toutes les bourses ça je trouve que c'est un truc super important dans notre vie

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, en tout cas, Johanna, pour le temps que tu m'as accordé aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et c'est un plaisir de te rencontrer et de t'écouter.

  • Speaker #0

    Et merci à toi pour tes podcasts et pour la manière dont tu contribues à raconter Nantes. Je t'en prie.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #2

    Merci pour votre écoute. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous en l'envoyant à vos proches ou en le relayant sur vos réseaux sociaux. Et si jamais vous écoutez cet épisode sur Apple Podcasts et Spotify et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire. en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots... Abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci.

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