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Rétines & pupilles

#1- Les enjeux de la santé visuelle avec Dr Soethoudt

#1- Les enjeux de la santé visuelle avec Dr Soethoudt

28min |26/09/2025
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#1- Les enjeux de la santé visuelle avec Dr Soethoudt

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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur

l’ophtalmologie ! Pour inaugurer la saison 2 du podcast Rétines et Pupilles, nous avons décidé de nous pencher sur la question des enjeux de la filière visuelle en France. Pour l’occasion, notre invité est le Dr Mathieu Soethoudt, qui est exerce notamment au CHRU de Rennes. Le Dr Soethoudt est

également référent dans le domaine de la télé-ophtalmologie.

Dans cet EP, il nous parle de l’organisation de la filière et de son évolution ces 10 dernières

années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd’hui, et

surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soethoudt. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour inaugurer cette deuxième saison, nous avons décidé de nous pencher sur la question des enjeux de la filière visuelle en France. Pour l'occasion, notre invité est le Dr Mathieu Soutot, qui exerce notamment en CHRU de Rennes. Le Dr Soutot est également référent dans le domaine de la téléophtalmologie. Dans cet épisode, il nous parle... de l'organisation de la filière et de son évolution ces dix dernières années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd'hui et surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soutot. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans la saison 2 de Rétines et Pupilles, avec ce nouvel épisode consacré aux enjeux de la filière visuelle en France. Pour aborder ce sujet, nous recevons le docteur Mathieu Soutot, qui exerce aujourd'hui au CHRU de Rennes. Le docteur Soutot est spécialisé dans les pathologies de la cornée, dans la chirurgie réfractive et dans la chirurgie de la cataracte. Il a également été précurseur dans la téléophtalmologie, un domaine pour lequel il est aujourd'hui référent auprès du SNOF, le syndicat national. des ophtalmologistes. Bonjour Dr Soutot.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors je suis le Dr Mathieu Soutot et en effet je suis praticien hospitalier au CHU de Rennes depuis deux ans et ça fait depuis maintenant 2014 que j'ai fait mon internat, mon assistana et donc aujourd'hui praticien hospitalier. Mon activité est regroupée en 80% de mon temps en tant que praticien hospitalier à l'hôpital. et 20% sur une activité aujourd'hui de remplacement dans différents cabinets autour de Rennes. J'ai par ailleurs rejoint le syndicat national des ophtalmologistes français il y a deux ans à la demande de son président, le docteur Dédès, pour particulièrement m'intéresser au sujet de la télé-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    L'ophtalmologie, est-ce que c'était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question et je dirais un petit peu des deux, car j'ai ma maman qui est ophtalmologiste. avec une activité pendant de très longues années mixte également, puisqu'elle était praticienne hospitalière à temps partiel. Et elle a une activité libérale, médico-chirurgicale, dans une ville de moyenne densité, puisqu'elle est à Chartres. Donc, ce qui m'a aussi intéressé dans l'ophtalmologie par rapport aux autres spécialités, c'est son attrait médico-chirurgical et tout en innovante, qui nous permet aujourd'hui d'avoir un métier fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors justement, Qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ? Ce qui vous anime à pratiquer votre activité professionnelle au quotidien ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime le plus, c'est de me sentir utile. Je dirais qu'en médecine, on a beaucoup de chance, car on a effectivement un intérêt direct de notre métier pour les patients et on se sent absolument utile au quotidien. Ce qui m'anime aujourd'hui de venir pratiquer au CHU de Rennes, c'est essentiellement mes collègues qui me permettent aujourd'hui... d'avoir une activité extrêmement intéressante dans une ambiance chaleureuse.

  • Speaker #0

    On va en venir au sujet de cet épisode qui est la question des enjeux. Est-ce que vous pourriez tout d'abord nous parler des différents acteurs qui constituent la filière visuelle en France ?

  • Speaker #1

    La filière visuelle est une filière très organisée puisqu'elle est regroupée à la fois par les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens, ce qu'on appelle fréquemment les trois O. et aujourd'hui les patients grâce à cette organisation, peuvent bénéficier d'une prise en charge la meilleure possible.

  • Speaker #0

    Et comment ces acteurs collaborent aujourd'hui pour coordonner correctement les compétences et pour organiser les soins ?

  • Speaker #1

    Chacun a son rôle important dans la prise en charge des patients. L'ophtalmologiste, bien sûr, a son rôle dans la prise en charge médicale et chirurgicale des différentes pathologies et également dans le rôle de prévention. C'est quelque chose qui est extrêmement important pour nous au niveau du syndicat et des différents ophtalmologistes. C'est vraiment ce rôle de prévention qui va permettre d'avoir le moins de pathologies possibles ou de les prendre en charge le plus tôt possible. Les orthoptistes sont aujourd'hui sur une activité différente. Soit on va avoir l'activité de l'orthopsie libérale avec tout ce qui va être renouvellement, dépistage de plus en plus fréquent et aujourd'hui ils ont un accès direct pour un grand nombre de patients. Et également une activité au sein des cabinets des ophtalmologistes sur différentes activités et c'est une aide précieuse pour nous. L'opticien également, qu'on peut retrouver parfois au sein de nos cabinets et dans ce cas-là sous forme d'assistants médicaux, mais également bien sûr l'opticien dans le magasin qui va permettre aux patients de bénéficier d'une meilleure correction possible, d'avoir des informations importantes sur la qualité des verres et pour obtenir une satisfaction patient importante.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, est-ce que vous pourriez nous expliquer les défis auxquels ces professionnels de la santé visuelle sont confrontés ?

  • Speaker #1

    C'est essentiellement de plus en plus de patients. On sait que la population est vieillissante, avec notamment cette génération de baby boomers. Et donc, on va se retrouver avec une augmentation des pathologies les plus fréquentes, soit liées à l'âge, notamment avec la DMLA, la cataracte ou le glaucome, mais également chez les jeunes, avec la myopie, qui est de plus en plus fréquente, notamment avec la majoration des activités en vision de près. et pour lesquels aujourd'hui, on a la chance d'avoir justement à la fois des verres, des lentilles ou des prises en charge médicamenteuses qui nous permettent de diminuer ces impacts et donc de diminuer la future pathologie possible, mais qui, d'un côté, va nécessiter de plus en plus de rendez-vous. Et là, encore une fois, la collaboration entre les différents acteurs va permettre de mettre en place une prise en charge de qualité pour tous les patients.

  • Speaker #0

    On a parlé des défis, de plus en plus de patients. Les problèmes de déserts médicaux, de difficultés d'accès aux soins et d'un certain temps parfois pour obtenir des rendez-vous. Et le gouvernement a récemment justement suggéré d'imposer aux médecins leur lieu d'installation pour éviter ce problème des déserts médicaux. Que pensez-vous de cette proposition ? Est-ce que vous pensez que c'est une solution qui peut être efficace ?

  • Speaker #1

    Alors c'est sûr que si on s'intéresse sur le papier, c'est efficace. Si on impose un lieu d'installation aux différents médecins, par rapport à la densité des médecins pour la population donnée. On peut se dire que c'est bien, mais il faut avoir conscience qu'aujourd'hui, il faut qu'un médecin travaille, soit motivé pour venir travailler. On en parlait, qu'est-ce qui nous motive ? Et aujourd'hui, rajouter des contraintes dans l'installation, qui sont déjà extrêmement importantes au niveau administratif, au niveau de l'engagement, ça ne nous semble pas être une solution intéressante. On voit que nous, l'ophtalmologie... On est souvent pilote et un peu précurseur dans le déploiement de la médecine. Et on remarque que petit à petit, ces déserts médicaux reculent, on en a de moins en moins. Parce que tout simplement, quand vous avez une densité de médecins importante sur un territoire, on a tous envie de travailler et de travailler de manière intelligente. Et donc petit à petit, on s'organise avec notamment nous en ophtalmologie. La présence de cabinets secondaires de plus en plus fréquents dans l'activité des jeunes ophtalmologistes, et moins jeunes d'ailleurs. Mais aujourd'hui, un ophtalmologiste qui s'installe, quasiment un ophtalmologiste sur deux, va s'installer en site multiple, c'est-à-dire qu'il travaillera dans différents cabinets, et notamment dans des territoires qu'on peut appeler des aires médicaux.

  • Speaker #0

    La démographie des professions de soins visuels a changé de visage ces dernières années. On a constaté quand même de nombreux départs à la retraite, l'arrivée de jeunes médecins. quelques chiffres justement pour illustrer l'évolution démographique et peut-être aussi nous expliquer l'impact de cette évolution sur l'organisation du secteur.

  • Speaker #1

    C'est sûr que c'est plus facile aujourd'hui de vous parler de ça que si on avait fait l'interview il y a dix ans où il y a dix ans on se retrouvait avec un stress, on va dire, sur la profession des ophtalmologistes où on pensait qu'elle allait quasiment être réduite de moitié dans les perspectives, on va dire, négatives. Et grâce Merci. à notamment beaucoup de cumul emploi retraite grâce au départ en retraite plus retardé de la part d'un grand nombre d'ophtalmologistes. Également avec les ophtalmologistes de l'Union européenne ou hors Union européenne, on a vu qu'on a réussi à maintenir finalement un nombre d'ophtalmologistes relativement stable durant ces années un petit peu dites de tension. Et récemment, puisque c'est la première année où finalement on a plus d'installations aujourd'hui que de départ en retraite, et on sait que Vraiment, en 2025, c'est un peu le paradigme, c'est qu'on a passé le plus dur et aujourd'hui, on sait qu'on va avoir un nombre d'ophtalmologistes qui va croître, puisque le numeros clausus a augmenté le nombre d'ophtalmologistes par année depuis maintenant quelques années, et que le nombre d'ophtalmologistes qui représentait des ophtalmologistes de plus de 60 ans est en train de diminuer et on a complètement changé la démographie des ophtalmologistes. On avait l'habitude dans des congrès de présenter une croix de Lorraine, avec la majeure partie des ophtalmologistes, quasiment 50%, qui avaient plus de 55 ans. Finalement, aujourd'hui, on a quelque chose de beaucoup plus constant, avec presque une part des ophtalmologistes de moins de 40 ans, qui va représenter presque la moitié des ophtalmologistes. Donc, quelque chose de beaucoup plus stable, et qui nous permet au niveau de l'ophtalmologie d'avoir une perspective heureuse et pour nos patients, confiante. de l'accès aux soins. Concernant les autres spécialités, en 10 ans, le nombre d'opticiens a quasiment doublé. On est aujourd'hui à plus de 40 000 opticiens en France. Donc on voit aussi qu'ils sont présents et que sur le territoire, ils vont pouvoir drainer l'ensemble des territoires. En orthopsie, c'est quelque chose qui augmente de manière croissante. On forme en France environ plus de 500 orthoptistes par an par rapport à à peu près 200-220 ophtalmologistes par an. On voit bien qu'on forme deux fois plus d'orthopsistes que d'ophtalmologistes. C'est quelque chose qui est extrêmement intéressant également pour la profession et pour la perspective d'un accès aux soins améliorés.

  • Speaker #0

    Donc concrètement, il n'y a plus de pénurie ?

  • Speaker #1

    On ne peut pas parler qu'il n'y a plus de pénurie, puisqu'on sait bien que tous les territoires ne se valent pas. Mais si on s'intéresse au délai d'accès à un rendez-vous, notamment chez l'ophtalmologiste, ces délais ont baissé de 70% en 7 ans. Le délai médian, c'est vrai que nous en ophtalmologie, on a tendance à utiliser, en médecine de manière générale, la médiane qui va être un peu plus représentative, puisque finalement on va éliminer les extrêmes. Et on était sur un délai médian de plus de 60 jours. en 2017 et aujourd'hui, le délai médian en 2024 est de 19 jours. Et on attend pour septembre la nouvelle étude qui a été menée par le syndicat pour justement voir si ce délai se stabilise, voire diminue toujours. On espère, nous, un délai de 15 jours. Là, je vous parle des délais pour un rendez-vous non urgent, quelqu'un qui voudrait juste refaire un bilan pour un dépistage ou pour un renouvellement optique. Donc, on n'est pas du tout sur la prise en charge des urgences qui, aujourd'hui, dans la grande majorité des cas, est possible en moins de 7 jours.

  • Speaker #0

    Alors vous venez de l'évoquer, la difficulté d'accès aux soins, notamment avec des délais importants pour l'obtention de rendez-vous, c'est un problème qui a quasiment été résolu en 10 ans, notamment grâce à l'arrivée de nouveaux ophtalmologistes. Y aurait-il d'autres facteurs qui auraient contribué à cette évolution positive ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, tout n'est pas dû aujourd'hui à l'augmentation du nombre d'ophtalmologistes. C'est vraiment... l'évolution de toute la profession, notamment la grande évolution qui a été le travail aidé. On voit aujourd'hui, le nombre d'ophtalmologistes qui utilisent le travail aidé représente 85% des ophtalmologistes. Il faut savoir que tout ophtalmologiste aujourd'hui qui s'installe est en travail aidé. C'est quelque chose qui augmente de manière croissante. Si on reprend les chiffres, en 2010, à peu près, c'était 20% des ophtalmologistes qui utilisaient le travail aidé. Et moi qui ai... eu la chance encore de faire différentes pratiques lors de remplacements, on sait que le travail aidé augmente considérablement le nombre de patients qu'on est en mesure de prendre en charge, de qualité, puisque ça nous permet effectivement d'avoir une plus grande iconographie dans le suivi de nos patients. Et donc, on voit bien que ça, ça nous permet de manière considérable d'augmenter le nombre de patients par ophtalmologiste qui peuvent être pris en charge. Et on a mis en place également des protocoles. Et ça, c'est les protocoles de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes. qui permettent également, dans le cadre d'un patient qui est suivi, alors effectivement on ne parle pas de primo-prescription, on parle de suivi, permettre effectivement un renouvellement optique dans des tranches d'âge définies. Aujourd'hui on est entre 6 et 50 ans. Lorsque vous avez vu un ophtalmologiste depuis moins de 5 ans, vous pouvez aller voir un orthoptiste pour un renouvellement. Et lors de ce renouvellement, un nombre d'examens importants est réalisé, permettant en fait une analyse à distance par l'ophtalmologiste. Donc, en garantissant une sécurité de prise en charge la plus optimale possible.

  • Speaker #0

    Par rapport à la projection qui avait été faite par les syndicats, comment vous vous situez ? C'est plutôt positif ? Est-ce que c'est conforme ? Comment ça se positionne ?

  • Speaker #1

    C'est là où c'est extrêmement intéressant. C'est que, effectivement, c'est vraiment les perspectives qui avaient été données par les syndicats qui, finalement, étaient les plus optimistes et sont celles qui correspondent à, aujourd'hui, ce qu'on obtient. comme délai et comme accessibilité à l'ophtalmologie. Donc c'est vrai que c'est quelque chose de... Aujourd'hui, au niveau de notre tutelle, on a un poids, puisqu'on avait prédit des choses qui sont arrivées et qui sont au plus proche de la réalité. Donc oui, c'est quelque chose qui est extrêmement confiant. Et c'est vrai que nous, au niveau du syndicat, quand on voit aujourd'hui l'évolution des délais, avec aujourd'hui un accès le mieux possible, bien sûr qu'il reste des désherbes médicaux, mais le mieux possible, on reste tout à fait confiant ... avec l'arrivée des nouveaux, pour couvrir encore mieux le territoire.

  • Speaker #0

    Parmi les changements et les nouvelles pratiques, on a le travail aidé, vous l'avez évoqué, mais il y a aussi le développement de la télémédecine. Et la télémédecine, c'est justement un sujet auquel vous vous êtes beaucoup intéressé et un sujet sur lequel vous êtes aujourd'hui référent auprès du SNOF. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que ça recouvre comme pratique, ce que le terme signifie, télémédecine ?

  • Speaker #1

    La télémédecine recouvre deux grandes actions. C'est le télésoin. qu'on va dans ce cas-là plus utiliser pour les paramédicaux, notamment pour nous en orthopsie. C'est quelque chose qui est aujourd'hui possible. Et on se disait que l'orthopsie, lorsqu'on va vouloir faire du bilan ou du dépistage ou du renouvellement, on se dit bien qu'éventuellement le distanciel peut être un frein. Mais aujourd'hui, il y a de la nouvelle technologie qui permet de faire... de la rééducation orthoptique, par exemple à distance, grâce à des masques de réalité virtuelle, et qui permettent d'évoluer sur la pratique. Donc on voit qu'il n'y a pas de limite. Donc ça, c'était le télésoin. Et puis la télésanthé, qui va regrouper plusieurs actions de la télémédecine, notamment, on va dire que les plus importantes pour nous en ophtalmologie vont être la téléexpertise, la téléconsultation et la télésurveillance. Alors, pour moi, c'est effectivement une évolution qui est considérable. car elle a permis de mettre en évidence une activité qui était beaucoup pratiquée par les médecins, qui est de donner des avis entre professionnels de santé. Et nous, par exemple, au CHU, ça représentait un volume important de notre quotidien qui n'était absolument pas quantifié et rémunéré et également mis en évidence. Donc c'est vrai que cette télé-expertise va être un acte asynchrone, c'est-à-dire que lorsqu'un professionnel de santé souhaite demander un avis, on appelle ça un acte qui est requérant. Il va solliciter un médecin, qu'on va appeler médecin requis. Et aujourd'hui, l'évolution réglementaire permet de demander un avis pour tous les patients. Il n'y a plus de limite de critères, par exemple d'être en ALD ou d'être en EHPAD, pour avoir le droit de recourir à une téléexpertise. Et tous les professionnels de santé peuvent demander une téléexpertise. Donc, ça concerne en ophtalmologie, finalement, l'opticien, l'orthoptiste, une infirmière. un médecin généraliste, bien sûr, ou un autre spécialiste, et un ophtalmologiste. Et après, il y a des conditions, finalement, sur la rémunération qui, elle, n'est possible qu'entre médecins ou avec un infirmier. Mais aujourd'hui, il n'y a pas de rémunération possible entre l'opticien et l'ophtalmo, et entre l'orthoptiste et l'ophtalmologiste. Mais ça, c'est extrêmement important parce que ça va permettre, finalement, de mieux organiser la prise en charge de certains patients, de hiérarchiser les urgences, d'optimiser la prise en charge. on va orienter le patient auprès du bon professionnel grâce à un avis nécessaire. Et dans un certain nombre de cas, on va tout simplement éviter aux patients de se déplacer grâce à la téléexpertise. Pour moi, la téléexpertise est vraiment quelque chose qui a révolutionné nos pratiques. Et puis la téléconsultation en ophtalmologie, elle est un petit peu plus limitée puisqu'on a besoin effectivement de matériel le plus souvent pour examiner nos patients, pour avoir le fond d'œil, pour voir l'examen du segment antérieur. Mais on va pouvoir adapter la téléconsultation pour certains cas, et ça va être extrêmement intéressant, par exemple, pour du suivi post-opératoire, d'une chirurgie de paupières, pour informer un patient après un résultat d'imagerie ou de bilan biologique. À chaque fois qu'on va pouvoir éviter au patient, finalement, de se déplacer, ça va être une aide précieuse. Et dans certains cas d'urgence, ça va pouvoir éventuellement aider à orienter ou pas le patient vers un examen en présentiel. La télésurveillance, elle... Elle a connu un petit frein l'année dernière puisque finalement la société qui avait mis en place un outil qui nous permettait de faire de la télésurveillance n'a pas obtenu le droit au remboursement dans le droit commun, mais ce n'est pas forcément définitif. Et on pense que cette télésurveillance sera quand même un outil intéressant, encore une fois, pour rapprocher le patient de son médecin dans des maladies chroniques, comme c'était le cas par exemple dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge ou toute autre maladie. qui peuvent nécessiter une prise en charge en fonction de l'apparition de symptômes ou de nouveaux signes cliniques. Donc voilà sur les principales utilisations finalement de la télémédecine en ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Et de votre côté, depuis quand vous la pratiquez cette télémédecine ? Et aussi, comment elle va s'inscrire dans votre emploi du temps ? Comment vous la combinez avec votre activité, le reste de votre activité tout simplement ?

  • Speaker #1

    Alors moi, la télémédecine, je l'ai finalement découverte un petit peu par hasard en 2018. grâce à un collègue qui me précédait et qui avait mis en place une première expérimentation de téléconsultation en EHPAD. C'était en 2018 et puis j'approchais de la fin de mon internat et on m'a dit est-ce que ça t'intéresse de reprendre le sujet ? Et c'est là où j'ai découvert finalement un outil extrêmement intéressant qui allait permettre de rapprocher le médecin de certains patients qui n'étaient pas en mesure soit de se déplacer, soit de venir, et qui étaient souvent en position de se déplacer. en perte de prise en charge médicale et en l'occurrence dans la filière visuelle. Donc c'est vraiment 2018 qui m'a lancé dans ce sujet de télémédecine. Et puis rapidement, j'y ai pris goût parce que je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai intérêt pour les patients. Là, on parlait de patients qui n'avaient plus accès à la santé. Et grâce à ces outils-là, on allait permettre de les remettre dans une prise en charge diverse ou variée. Donc après, on a lancé différents projets. On a développé une téléexpertise en EHPAD. On s'était rendu compte que la téléconsultation n'avait pas d'intérêt dans cette prise en charge, mais qu'on pouvait le faire sous forme de téléexpertise. On a modifié notre protocole de prise en charge. On a étudié également la possibilité de réaliser des téléexpertises ou téléconsultations au sein des centres pénitentiaires. On voit bien à chaque fois qu'on parle de populations pour lesquelles c'est extrêmement difficile d'accéder aux soins. On réfléchit à savoir si la télémédecine n'est pas un levier pour leur permettre l'accès aux soins. Et puis, un sujet qui, là, je pense que ma maman y est pour beaucoup et également mon chef de service, c'est qu'on s'était toujours intéressé, et ça, moi, quelque chose de primordial, c'est comment on peut finalement faire un lien ville-hôpital de qualité, comment on peut améliorer la connexion finalement entre les différents professionnels autour d'un patient, toujours dans l'intérêt finalement d'offrir la meilleure prise en charge possible pour son patient. Et c'est là où la télé-expertise a pris tout son sens. et du coup en 2020 on a On s'est intéressé vraiment à la téléexpertise et on a mis en place une plateforme en organisant un réseau au sein du CHU pour répondre aux avis concernant bien sûr l'ophtalmologie. Donc on a mis un réseau en ophtalmologie, mais qui s'est depuis généralisé à l'ensemble des spécialités au sein du CHU pour couvrir finalement toutes les activités du CHU de Rennes. Donc là encore une fois, la téléexpertise est un levier pour améliorer l'accès aux soins sur tout le territoire. bien sûr Quand on parle de télémédecine, pour moi, elle doit être territorialisée, c'est-à-dire qu'il faut que ça soit une charge locale, le plus local possible. On va essayer de répondre à des déserts médicaux qui sont à proximité de notre centre, mais ça n'a pas de sens de faire de la télémédecine avec quelqu'un qui va être à 500 ou 600 kilomètres. Donc c'est tous ces leviers qu'on a pu mettre en place aujourd'hui. Et en ophtalmologie, on avait déjà la chance finalement d'avoir des protocoles, encore une fois, de coopération avec les orthoptistes, RNO ou Muren. qui permettait de mettre en place des prises en charge de proximité pour les patients lorsque c'était nécessaire. Et dans mon emploi du temps, c'est là où c'est vrai que même ce que je vois lorsque je remplace dans des cabinets où ils pratiquent des actes notamment de protocole de coopération, c'est que c'est souvent en plus. Donc c'est vrai que c'est une activité qui est quand même prenante parce qu'on a tendance à avoir son activité principale pour laquelle on ne diminue pas beaucoup le rythme et on a souvent une activité un petit peu à côté. Donc, c'est quelque chose à... bien faire attention pour retenir dans la durée.

  • Speaker #0

    Et concrètement, est-ce qu'il y aurait des cas dans lesquels la télémédecine est conseillée et à l'inverse, des cas dans lesquels il faut absolument privilégier une consultation en présentiel ?

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on voit naître aujourd'hui pas mal de pratiques de télémédecine, notamment chez l'opticien, avec soit des télé-expertises, soit de la téléconsultation. C'est vrai que c'est un outil qui va permettre, encore une fois, de donner un accès, mais c'est un accès un petit peu précaire puisque derrière, il n'y a pas d'accès présentiel. Et donc, c'est vrai que moi, je ne conçois pas de faire de la télémédecine sans finalement avoir une consultation présentielle et sans être en mesure de pouvoir recevoir un patient pour lequel on va essayer de donner un avis. Alors, on a le droit de dire qu'on ne sait pas, ce n'est pas parce qu'on fait de la télémédecine qu'on doit avoir une réponse à tout. Mais c'est vrai que je pense qu'il faut être en mesure de pouvoir recevoir son patient et d'avoir conscience que tout ne peut pas se traiter en distanciel. Donc ça, c'est quelque chose d'extrêmement important. Moi, j'ai plutôt comme envie de voir finalement une téléconsultation, par exemple, ou une téléexpertise qui va être réalisée à la demande du professionnel. par exemple si moi je considère que le patient que j'ai vu en consultation physique pour la prochaine fois je peux ne pas le voir parce que son dossier est normal ou parce que une téléconsultation par exemple ne va pas perdre de qualité dans la prise en charge, je pense qu'à ce moment-là, on a conscience qu'on va faire une pratique médicale qui est aussi bonne que du présentiel. Par contre, finalement, avoir recours à de la pratique en distanciel, à la demande d'un patient par exemple, et on se rend compte vite qu'on est un peu bloqué parce qu'il nous manque des éléments, il faut vraiment se rappeler que dans ce cas-là, il faut être en mesure de recevoir en présentiel le patient pour poursuivre la prise en charge et qu'elle soit également de qualité.

  • Speaker #0

    Pour finir, quel message vous aimeriez transmettre à nos auditeurs concernant la santé visuelle ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la qualité et c'est la priorité de notre prise en charge. Aujourd'hui, la filière visuelle va bien. On est en pleine évolution encore, avec une amélioration de l'accès aux soins dans cette filière visuelle qui repose sur une coordination forte entre des acteurs importants, l'ophtalmologiste, l'orthoptiste, l'opticien. Et plus cette coordination entre ces acteurs sera bonne, plus la qualité sera au rendez-vous et la satisfaction de nos patients également. En France, l'ophtalmologie, la filière visuelle, est finalement celle qui est la meilleure dans le monde, avec un taux de cécité le plus bas. Donc on a une qualité de prévention efficace et il ne faut pas vouloir tout remettre en question pour peut-être un territoire qui est plus en difficulté. L'avenir, je pense, est radieux avec une amélioration de l'accès aux soins pour tout le monde. sur tous les territoires. Et on voit bien finalement, nous, depuis quelques mois, quelques années, que vraiment cette transition est en route et qu'on devrait pouvoir en faire bénéficier le plus grand nombre le plus vite possible.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors, comme on le fait à la fin de chacun des épisodes de ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Alors, on a parlé de la filière visuelle et de ses enjeux. Donc aujourd'hui, la filière visuelle s'organise autour de plusieurs acteurs, les ophtalmologistes, les orthoptistes, les médecins généralistes et les opticiens. Aujourd'hui, ces professionnels, évidemment, collaborent. Ils collaborent de plus en plus pour optimiser les parcours de soins et la qualité de la prise en charge. La filière visuelle, c'est également une filière qui a beaucoup évolué ces dix dernières années. Il y a eu de nombreux départs en retraite, donc aussi l'arrivée d'une nouvelle génération d'ophtalmologistes. Il y a eu un fort essor du travail aidé, mais également des innovations et des nouvelles technologies qui ont un peu fait évoluer le métier. En conséquence, en dix ans, on a eu effectivement une évolution positive, notamment par rapport aux problèmes de déserts médicaux et par rapport au délai de rendez-vous. et ce sur l'ensemble du territoire, et ce également malgré un nombre de patients qui est de plus en plus important, un nombre de patients croissant. Aujourd'hui, la télémédecine fait partie des pratiques émergentes qui ont favorisé cette évolution. C'est un domaine qui est réglementé et qui, vous l'avez évoqué quand il est utilisé à bon escient, offre de nouvelles perspectives pour une prise en charge des patients de plus en plus rapide, de plus en plus performante. et de plus en plus individualisées. Alors, est-ce que cette synthèse vous semble correcte et complète, docteur Soutot ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Non, non, tout à fait. Vraiment, je partage ce qui vient d'être dit en conclusion avec une pratique qui est extrêmement intéressante sur notre territoire grâce à tous ces acteurs.

  • Speaker #0

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Merci pour votre disponibilité. Je vous souhaite une bonne journée.

  • Speaker #1

    Merci, vous aussi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Tout d'abord, un grand merci au Dr Soutot pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre les enjeux actuels, les progrès réalisés et les perspectives de la filière. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur... Théo-med.fr, il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien, avec l'agence Aume à la post-production.

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Dans cet EP, il nous parle de l’organisation de la filière et de son évolution ces 10 dernières

années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd’hui, et

surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soethoudt. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour inaugurer cette deuxième saison, nous avons décidé de nous pencher sur la question des enjeux de la filière visuelle en France. Pour l'occasion, notre invité est le Dr Mathieu Soutot, qui exerce notamment en CHRU de Rennes. Le Dr Soutot est également référent dans le domaine de la téléophtalmologie. Dans cet épisode, il nous parle... de l'organisation de la filière et de son évolution ces dix dernières années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd'hui et surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soutot. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans la saison 2 de Rétines et Pupilles, avec ce nouvel épisode consacré aux enjeux de la filière visuelle en France. Pour aborder ce sujet, nous recevons le docteur Mathieu Soutot, qui exerce aujourd'hui au CHRU de Rennes. Le docteur Soutot est spécialisé dans les pathologies de la cornée, dans la chirurgie réfractive et dans la chirurgie de la cataracte. Il a également été précurseur dans la téléophtalmologie, un domaine pour lequel il est aujourd'hui référent auprès du SNOF, le syndicat national. des ophtalmologistes. Bonjour Dr Soutot.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors je suis le Dr Mathieu Soutot et en effet je suis praticien hospitalier au CHU de Rennes depuis deux ans et ça fait depuis maintenant 2014 que j'ai fait mon internat, mon assistana et donc aujourd'hui praticien hospitalier. Mon activité est regroupée en 80% de mon temps en tant que praticien hospitalier à l'hôpital. et 20% sur une activité aujourd'hui de remplacement dans différents cabinets autour de Rennes. J'ai par ailleurs rejoint le syndicat national des ophtalmologistes français il y a deux ans à la demande de son président, le docteur Dédès, pour particulièrement m'intéresser au sujet de la télé-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    L'ophtalmologie, est-ce que c'était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question et je dirais un petit peu des deux, car j'ai ma maman qui est ophtalmologiste. avec une activité pendant de très longues années mixte également, puisqu'elle était praticienne hospitalière à temps partiel. Et elle a une activité libérale, médico-chirurgicale, dans une ville de moyenne densité, puisqu'elle est à Chartres. Donc, ce qui m'a aussi intéressé dans l'ophtalmologie par rapport aux autres spécialités, c'est son attrait médico-chirurgical et tout en innovante, qui nous permet aujourd'hui d'avoir un métier fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors justement, Qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ? Ce qui vous anime à pratiquer votre activité professionnelle au quotidien ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime le plus, c'est de me sentir utile. Je dirais qu'en médecine, on a beaucoup de chance, car on a effectivement un intérêt direct de notre métier pour les patients et on se sent absolument utile au quotidien. Ce qui m'anime aujourd'hui de venir pratiquer au CHU de Rennes, c'est essentiellement mes collègues qui me permettent aujourd'hui... d'avoir une activité extrêmement intéressante dans une ambiance chaleureuse.

  • Speaker #0

    On va en venir au sujet de cet épisode qui est la question des enjeux. Est-ce que vous pourriez tout d'abord nous parler des différents acteurs qui constituent la filière visuelle en France ?

  • Speaker #1

    La filière visuelle est une filière très organisée puisqu'elle est regroupée à la fois par les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens, ce qu'on appelle fréquemment les trois O. et aujourd'hui les patients grâce à cette organisation, peuvent bénéficier d'une prise en charge la meilleure possible.

  • Speaker #0

    Et comment ces acteurs collaborent aujourd'hui pour coordonner correctement les compétences et pour organiser les soins ?

  • Speaker #1

    Chacun a son rôle important dans la prise en charge des patients. L'ophtalmologiste, bien sûr, a son rôle dans la prise en charge médicale et chirurgicale des différentes pathologies et également dans le rôle de prévention. C'est quelque chose qui est extrêmement important pour nous au niveau du syndicat et des différents ophtalmologistes. C'est vraiment ce rôle de prévention qui va permettre d'avoir le moins de pathologies possibles ou de les prendre en charge le plus tôt possible. Les orthoptistes sont aujourd'hui sur une activité différente. Soit on va avoir l'activité de l'orthopsie libérale avec tout ce qui va être renouvellement, dépistage de plus en plus fréquent et aujourd'hui ils ont un accès direct pour un grand nombre de patients. Et également une activité au sein des cabinets des ophtalmologistes sur différentes activités et c'est une aide précieuse pour nous. L'opticien également, qu'on peut retrouver parfois au sein de nos cabinets et dans ce cas-là sous forme d'assistants médicaux, mais également bien sûr l'opticien dans le magasin qui va permettre aux patients de bénéficier d'une meilleure correction possible, d'avoir des informations importantes sur la qualité des verres et pour obtenir une satisfaction patient importante.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, est-ce que vous pourriez nous expliquer les défis auxquels ces professionnels de la santé visuelle sont confrontés ?

  • Speaker #1

    C'est essentiellement de plus en plus de patients. On sait que la population est vieillissante, avec notamment cette génération de baby boomers. Et donc, on va se retrouver avec une augmentation des pathologies les plus fréquentes, soit liées à l'âge, notamment avec la DMLA, la cataracte ou le glaucome, mais également chez les jeunes, avec la myopie, qui est de plus en plus fréquente, notamment avec la majoration des activités en vision de près. et pour lesquels aujourd'hui, on a la chance d'avoir justement à la fois des verres, des lentilles ou des prises en charge médicamenteuses qui nous permettent de diminuer ces impacts et donc de diminuer la future pathologie possible, mais qui, d'un côté, va nécessiter de plus en plus de rendez-vous. Et là, encore une fois, la collaboration entre les différents acteurs va permettre de mettre en place une prise en charge de qualité pour tous les patients.

  • Speaker #0

    On a parlé des défis, de plus en plus de patients. Les problèmes de déserts médicaux, de difficultés d'accès aux soins et d'un certain temps parfois pour obtenir des rendez-vous. Et le gouvernement a récemment justement suggéré d'imposer aux médecins leur lieu d'installation pour éviter ce problème des déserts médicaux. Que pensez-vous de cette proposition ? Est-ce que vous pensez que c'est une solution qui peut être efficace ?

  • Speaker #1

    Alors c'est sûr que si on s'intéresse sur le papier, c'est efficace. Si on impose un lieu d'installation aux différents médecins, par rapport à la densité des médecins pour la population donnée. On peut se dire que c'est bien, mais il faut avoir conscience qu'aujourd'hui, il faut qu'un médecin travaille, soit motivé pour venir travailler. On en parlait, qu'est-ce qui nous motive ? Et aujourd'hui, rajouter des contraintes dans l'installation, qui sont déjà extrêmement importantes au niveau administratif, au niveau de l'engagement, ça ne nous semble pas être une solution intéressante. On voit que nous, l'ophtalmologie... On est souvent pilote et un peu précurseur dans le déploiement de la médecine. Et on remarque que petit à petit, ces déserts médicaux reculent, on en a de moins en moins. Parce que tout simplement, quand vous avez une densité de médecins importante sur un territoire, on a tous envie de travailler et de travailler de manière intelligente. Et donc petit à petit, on s'organise avec notamment nous en ophtalmologie. La présence de cabinets secondaires de plus en plus fréquents dans l'activité des jeunes ophtalmologistes, et moins jeunes d'ailleurs. Mais aujourd'hui, un ophtalmologiste qui s'installe, quasiment un ophtalmologiste sur deux, va s'installer en site multiple, c'est-à-dire qu'il travaillera dans différents cabinets, et notamment dans des territoires qu'on peut appeler des aires médicaux.

  • Speaker #0

    La démographie des professions de soins visuels a changé de visage ces dernières années. On a constaté quand même de nombreux départs à la retraite, l'arrivée de jeunes médecins. quelques chiffres justement pour illustrer l'évolution démographique et peut-être aussi nous expliquer l'impact de cette évolution sur l'organisation du secteur.

  • Speaker #1

    C'est sûr que c'est plus facile aujourd'hui de vous parler de ça que si on avait fait l'interview il y a dix ans où il y a dix ans on se retrouvait avec un stress, on va dire, sur la profession des ophtalmologistes où on pensait qu'elle allait quasiment être réduite de moitié dans les perspectives, on va dire, négatives. Et grâce Merci. à notamment beaucoup de cumul emploi retraite grâce au départ en retraite plus retardé de la part d'un grand nombre d'ophtalmologistes. Également avec les ophtalmologistes de l'Union européenne ou hors Union européenne, on a vu qu'on a réussi à maintenir finalement un nombre d'ophtalmologistes relativement stable durant ces années un petit peu dites de tension. Et récemment, puisque c'est la première année où finalement on a plus d'installations aujourd'hui que de départ en retraite, et on sait que Vraiment, en 2025, c'est un peu le paradigme, c'est qu'on a passé le plus dur et aujourd'hui, on sait qu'on va avoir un nombre d'ophtalmologistes qui va croître, puisque le numeros clausus a augmenté le nombre d'ophtalmologistes par année depuis maintenant quelques années, et que le nombre d'ophtalmologistes qui représentait des ophtalmologistes de plus de 60 ans est en train de diminuer et on a complètement changé la démographie des ophtalmologistes. On avait l'habitude dans des congrès de présenter une croix de Lorraine, avec la majeure partie des ophtalmologistes, quasiment 50%, qui avaient plus de 55 ans. Finalement, aujourd'hui, on a quelque chose de beaucoup plus constant, avec presque une part des ophtalmologistes de moins de 40 ans, qui va représenter presque la moitié des ophtalmologistes. Donc, quelque chose de beaucoup plus stable, et qui nous permet au niveau de l'ophtalmologie d'avoir une perspective heureuse et pour nos patients, confiante. de l'accès aux soins. Concernant les autres spécialités, en 10 ans, le nombre d'opticiens a quasiment doublé. On est aujourd'hui à plus de 40 000 opticiens en France. Donc on voit aussi qu'ils sont présents et que sur le territoire, ils vont pouvoir drainer l'ensemble des territoires. En orthopsie, c'est quelque chose qui augmente de manière croissante. On forme en France environ plus de 500 orthoptistes par an par rapport à à peu près 200-220 ophtalmologistes par an. On voit bien qu'on forme deux fois plus d'orthopsistes que d'ophtalmologistes. C'est quelque chose qui est extrêmement intéressant également pour la profession et pour la perspective d'un accès aux soins améliorés.

  • Speaker #0

    Donc concrètement, il n'y a plus de pénurie ?

  • Speaker #1

    On ne peut pas parler qu'il n'y a plus de pénurie, puisqu'on sait bien que tous les territoires ne se valent pas. Mais si on s'intéresse au délai d'accès à un rendez-vous, notamment chez l'ophtalmologiste, ces délais ont baissé de 70% en 7 ans. Le délai médian, c'est vrai que nous en ophtalmologie, on a tendance à utiliser, en médecine de manière générale, la médiane qui va être un peu plus représentative, puisque finalement on va éliminer les extrêmes. Et on était sur un délai médian de plus de 60 jours. en 2017 et aujourd'hui, le délai médian en 2024 est de 19 jours. Et on attend pour septembre la nouvelle étude qui a été menée par le syndicat pour justement voir si ce délai se stabilise, voire diminue toujours. On espère, nous, un délai de 15 jours. Là, je vous parle des délais pour un rendez-vous non urgent, quelqu'un qui voudrait juste refaire un bilan pour un dépistage ou pour un renouvellement optique. Donc, on n'est pas du tout sur la prise en charge des urgences qui, aujourd'hui, dans la grande majorité des cas, est possible en moins de 7 jours.

  • Speaker #0

    Alors vous venez de l'évoquer, la difficulté d'accès aux soins, notamment avec des délais importants pour l'obtention de rendez-vous, c'est un problème qui a quasiment été résolu en 10 ans, notamment grâce à l'arrivée de nouveaux ophtalmologistes. Y aurait-il d'autres facteurs qui auraient contribué à cette évolution positive ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, tout n'est pas dû aujourd'hui à l'augmentation du nombre d'ophtalmologistes. C'est vraiment... l'évolution de toute la profession, notamment la grande évolution qui a été le travail aidé. On voit aujourd'hui, le nombre d'ophtalmologistes qui utilisent le travail aidé représente 85% des ophtalmologistes. Il faut savoir que tout ophtalmologiste aujourd'hui qui s'installe est en travail aidé. C'est quelque chose qui augmente de manière croissante. Si on reprend les chiffres, en 2010, à peu près, c'était 20% des ophtalmologistes qui utilisaient le travail aidé. Et moi qui ai... eu la chance encore de faire différentes pratiques lors de remplacements, on sait que le travail aidé augmente considérablement le nombre de patients qu'on est en mesure de prendre en charge, de qualité, puisque ça nous permet effectivement d'avoir une plus grande iconographie dans le suivi de nos patients. Et donc, on voit bien que ça, ça nous permet de manière considérable d'augmenter le nombre de patients par ophtalmologiste qui peuvent être pris en charge. Et on a mis en place également des protocoles. Et ça, c'est les protocoles de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes. qui permettent également, dans le cadre d'un patient qui est suivi, alors effectivement on ne parle pas de primo-prescription, on parle de suivi, permettre effectivement un renouvellement optique dans des tranches d'âge définies. Aujourd'hui on est entre 6 et 50 ans. Lorsque vous avez vu un ophtalmologiste depuis moins de 5 ans, vous pouvez aller voir un orthoptiste pour un renouvellement. Et lors de ce renouvellement, un nombre d'examens importants est réalisé, permettant en fait une analyse à distance par l'ophtalmologiste. Donc, en garantissant une sécurité de prise en charge la plus optimale possible.

  • Speaker #0

    Par rapport à la projection qui avait été faite par les syndicats, comment vous vous situez ? C'est plutôt positif ? Est-ce que c'est conforme ? Comment ça se positionne ?

  • Speaker #1

    C'est là où c'est extrêmement intéressant. C'est que, effectivement, c'est vraiment les perspectives qui avaient été données par les syndicats qui, finalement, étaient les plus optimistes et sont celles qui correspondent à, aujourd'hui, ce qu'on obtient. comme délai et comme accessibilité à l'ophtalmologie. Donc c'est vrai que c'est quelque chose de... Aujourd'hui, au niveau de notre tutelle, on a un poids, puisqu'on avait prédit des choses qui sont arrivées et qui sont au plus proche de la réalité. Donc oui, c'est quelque chose qui est extrêmement confiant. Et c'est vrai que nous, au niveau du syndicat, quand on voit aujourd'hui l'évolution des délais, avec aujourd'hui un accès le mieux possible, bien sûr qu'il reste des désherbes médicaux, mais le mieux possible, on reste tout à fait confiant ... avec l'arrivée des nouveaux, pour couvrir encore mieux le territoire.

  • Speaker #0

    Parmi les changements et les nouvelles pratiques, on a le travail aidé, vous l'avez évoqué, mais il y a aussi le développement de la télémédecine. Et la télémédecine, c'est justement un sujet auquel vous vous êtes beaucoup intéressé et un sujet sur lequel vous êtes aujourd'hui référent auprès du SNOF. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que ça recouvre comme pratique, ce que le terme signifie, télémédecine ?

  • Speaker #1

    La télémédecine recouvre deux grandes actions. C'est le télésoin. qu'on va dans ce cas-là plus utiliser pour les paramédicaux, notamment pour nous en orthopsie. C'est quelque chose qui est aujourd'hui possible. Et on se disait que l'orthopsie, lorsqu'on va vouloir faire du bilan ou du dépistage ou du renouvellement, on se dit bien qu'éventuellement le distanciel peut être un frein. Mais aujourd'hui, il y a de la nouvelle technologie qui permet de faire... de la rééducation orthoptique, par exemple à distance, grâce à des masques de réalité virtuelle, et qui permettent d'évoluer sur la pratique. Donc on voit qu'il n'y a pas de limite. Donc ça, c'était le télésoin. Et puis la télésanthé, qui va regrouper plusieurs actions de la télémédecine, notamment, on va dire que les plus importantes pour nous en ophtalmologie vont être la téléexpertise, la téléconsultation et la télésurveillance. Alors, pour moi, c'est effectivement une évolution qui est considérable. car elle a permis de mettre en évidence une activité qui était beaucoup pratiquée par les médecins, qui est de donner des avis entre professionnels de santé. Et nous, par exemple, au CHU, ça représentait un volume important de notre quotidien qui n'était absolument pas quantifié et rémunéré et également mis en évidence. Donc c'est vrai que cette télé-expertise va être un acte asynchrone, c'est-à-dire que lorsqu'un professionnel de santé souhaite demander un avis, on appelle ça un acte qui est requérant. Il va solliciter un médecin, qu'on va appeler médecin requis. Et aujourd'hui, l'évolution réglementaire permet de demander un avis pour tous les patients. Il n'y a plus de limite de critères, par exemple d'être en ALD ou d'être en EHPAD, pour avoir le droit de recourir à une téléexpertise. Et tous les professionnels de santé peuvent demander une téléexpertise. Donc, ça concerne en ophtalmologie, finalement, l'opticien, l'orthoptiste, une infirmière. un médecin généraliste, bien sûr, ou un autre spécialiste, et un ophtalmologiste. Et après, il y a des conditions, finalement, sur la rémunération qui, elle, n'est possible qu'entre médecins ou avec un infirmier. Mais aujourd'hui, il n'y a pas de rémunération possible entre l'opticien et l'ophtalmo, et entre l'orthoptiste et l'ophtalmologiste. Mais ça, c'est extrêmement important parce que ça va permettre, finalement, de mieux organiser la prise en charge de certains patients, de hiérarchiser les urgences, d'optimiser la prise en charge. on va orienter le patient auprès du bon professionnel grâce à un avis nécessaire. Et dans un certain nombre de cas, on va tout simplement éviter aux patients de se déplacer grâce à la téléexpertise. Pour moi, la téléexpertise est vraiment quelque chose qui a révolutionné nos pratiques. Et puis la téléconsultation en ophtalmologie, elle est un petit peu plus limitée puisqu'on a besoin effectivement de matériel le plus souvent pour examiner nos patients, pour avoir le fond d'œil, pour voir l'examen du segment antérieur. Mais on va pouvoir adapter la téléconsultation pour certains cas, et ça va être extrêmement intéressant, par exemple, pour du suivi post-opératoire, d'une chirurgie de paupières, pour informer un patient après un résultat d'imagerie ou de bilan biologique. À chaque fois qu'on va pouvoir éviter au patient, finalement, de se déplacer, ça va être une aide précieuse. Et dans certains cas d'urgence, ça va pouvoir éventuellement aider à orienter ou pas le patient vers un examen en présentiel. La télésurveillance, elle... Elle a connu un petit frein l'année dernière puisque finalement la société qui avait mis en place un outil qui nous permettait de faire de la télésurveillance n'a pas obtenu le droit au remboursement dans le droit commun, mais ce n'est pas forcément définitif. Et on pense que cette télésurveillance sera quand même un outil intéressant, encore une fois, pour rapprocher le patient de son médecin dans des maladies chroniques, comme c'était le cas par exemple dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge ou toute autre maladie. qui peuvent nécessiter une prise en charge en fonction de l'apparition de symptômes ou de nouveaux signes cliniques. Donc voilà sur les principales utilisations finalement de la télémédecine en ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Et de votre côté, depuis quand vous la pratiquez cette télémédecine ? Et aussi, comment elle va s'inscrire dans votre emploi du temps ? Comment vous la combinez avec votre activité, le reste de votre activité tout simplement ?

  • Speaker #1

    Alors moi, la télémédecine, je l'ai finalement découverte un petit peu par hasard en 2018. grâce à un collègue qui me précédait et qui avait mis en place une première expérimentation de téléconsultation en EHPAD. C'était en 2018 et puis j'approchais de la fin de mon internat et on m'a dit est-ce que ça t'intéresse de reprendre le sujet ? Et c'est là où j'ai découvert finalement un outil extrêmement intéressant qui allait permettre de rapprocher le médecin de certains patients qui n'étaient pas en mesure soit de se déplacer, soit de venir, et qui étaient souvent en position de se déplacer. en perte de prise en charge médicale et en l'occurrence dans la filière visuelle. Donc c'est vraiment 2018 qui m'a lancé dans ce sujet de télémédecine. Et puis rapidement, j'y ai pris goût parce que je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai intérêt pour les patients. Là, on parlait de patients qui n'avaient plus accès à la santé. Et grâce à ces outils-là, on allait permettre de les remettre dans une prise en charge diverse ou variée. Donc après, on a lancé différents projets. On a développé une téléexpertise en EHPAD. On s'était rendu compte que la téléconsultation n'avait pas d'intérêt dans cette prise en charge, mais qu'on pouvait le faire sous forme de téléexpertise. On a modifié notre protocole de prise en charge. On a étudié également la possibilité de réaliser des téléexpertises ou téléconsultations au sein des centres pénitentiaires. On voit bien à chaque fois qu'on parle de populations pour lesquelles c'est extrêmement difficile d'accéder aux soins. On réfléchit à savoir si la télémédecine n'est pas un levier pour leur permettre l'accès aux soins. Et puis, un sujet qui, là, je pense que ma maman y est pour beaucoup et également mon chef de service, c'est qu'on s'était toujours intéressé, et ça, moi, quelque chose de primordial, c'est comment on peut finalement faire un lien ville-hôpital de qualité, comment on peut améliorer la connexion finalement entre les différents professionnels autour d'un patient, toujours dans l'intérêt finalement d'offrir la meilleure prise en charge possible pour son patient. Et c'est là où la télé-expertise a pris tout son sens. et du coup en 2020 on a On s'est intéressé vraiment à la téléexpertise et on a mis en place une plateforme en organisant un réseau au sein du CHU pour répondre aux avis concernant bien sûr l'ophtalmologie. Donc on a mis un réseau en ophtalmologie, mais qui s'est depuis généralisé à l'ensemble des spécialités au sein du CHU pour couvrir finalement toutes les activités du CHU de Rennes. Donc là encore une fois, la téléexpertise est un levier pour améliorer l'accès aux soins sur tout le territoire. bien sûr Quand on parle de télémédecine, pour moi, elle doit être territorialisée, c'est-à-dire qu'il faut que ça soit une charge locale, le plus local possible. On va essayer de répondre à des déserts médicaux qui sont à proximité de notre centre, mais ça n'a pas de sens de faire de la télémédecine avec quelqu'un qui va être à 500 ou 600 kilomètres. Donc c'est tous ces leviers qu'on a pu mettre en place aujourd'hui. Et en ophtalmologie, on avait déjà la chance finalement d'avoir des protocoles, encore une fois, de coopération avec les orthoptistes, RNO ou Muren. qui permettait de mettre en place des prises en charge de proximité pour les patients lorsque c'était nécessaire. Et dans mon emploi du temps, c'est là où c'est vrai que même ce que je vois lorsque je remplace dans des cabinets où ils pratiquent des actes notamment de protocole de coopération, c'est que c'est souvent en plus. Donc c'est vrai que c'est une activité qui est quand même prenante parce qu'on a tendance à avoir son activité principale pour laquelle on ne diminue pas beaucoup le rythme et on a souvent une activité un petit peu à côté. Donc, c'est quelque chose à... bien faire attention pour retenir dans la durée.

  • Speaker #0

    Et concrètement, est-ce qu'il y aurait des cas dans lesquels la télémédecine est conseillée et à l'inverse, des cas dans lesquels il faut absolument privilégier une consultation en présentiel ?

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on voit naître aujourd'hui pas mal de pratiques de télémédecine, notamment chez l'opticien, avec soit des télé-expertises, soit de la téléconsultation. C'est vrai que c'est un outil qui va permettre, encore une fois, de donner un accès, mais c'est un accès un petit peu précaire puisque derrière, il n'y a pas d'accès présentiel. Et donc, c'est vrai que moi, je ne conçois pas de faire de la télémédecine sans finalement avoir une consultation présentielle et sans être en mesure de pouvoir recevoir un patient pour lequel on va essayer de donner un avis. Alors, on a le droit de dire qu'on ne sait pas, ce n'est pas parce qu'on fait de la télémédecine qu'on doit avoir une réponse à tout. Mais c'est vrai que je pense qu'il faut être en mesure de pouvoir recevoir son patient et d'avoir conscience que tout ne peut pas se traiter en distanciel. Donc ça, c'est quelque chose d'extrêmement important. Moi, j'ai plutôt comme envie de voir finalement une téléconsultation, par exemple, ou une téléexpertise qui va être réalisée à la demande du professionnel. par exemple si moi je considère que le patient que j'ai vu en consultation physique pour la prochaine fois je peux ne pas le voir parce que son dossier est normal ou parce que une téléconsultation par exemple ne va pas perdre de qualité dans la prise en charge, je pense qu'à ce moment-là, on a conscience qu'on va faire une pratique médicale qui est aussi bonne que du présentiel. Par contre, finalement, avoir recours à de la pratique en distanciel, à la demande d'un patient par exemple, et on se rend compte vite qu'on est un peu bloqué parce qu'il nous manque des éléments, il faut vraiment se rappeler que dans ce cas-là, il faut être en mesure de recevoir en présentiel le patient pour poursuivre la prise en charge et qu'elle soit également de qualité.

  • Speaker #0

    Pour finir, quel message vous aimeriez transmettre à nos auditeurs concernant la santé visuelle ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la qualité et c'est la priorité de notre prise en charge. Aujourd'hui, la filière visuelle va bien. On est en pleine évolution encore, avec une amélioration de l'accès aux soins dans cette filière visuelle qui repose sur une coordination forte entre des acteurs importants, l'ophtalmologiste, l'orthoptiste, l'opticien. Et plus cette coordination entre ces acteurs sera bonne, plus la qualité sera au rendez-vous et la satisfaction de nos patients également. En France, l'ophtalmologie, la filière visuelle, est finalement celle qui est la meilleure dans le monde, avec un taux de cécité le plus bas. Donc on a une qualité de prévention efficace et il ne faut pas vouloir tout remettre en question pour peut-être un territoire qui est plus en difficulté. L'avenir, je pense, est radieux avec une amélioration de l'accès aux soins pour tout le monde. sur tous les territoires. Et on voit bien finalement, nous, depuis quelques mois, quelques années, que vraiment cette transition est en route et qu'on devrait pouvoir en faire bénéficier le plus grand nombre le plus vite possible.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors, comme on le fait à la fin de chacun des épisodes de ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Alors, on a parlé de la filière visuelle et de ses enjeux. Donc aujourd'hui, la filière visuelle s'organise autour de plusieurs acteurs, les ophtalmologistes, les orthoptistes, les médecins généralistes et les opticiens. Aujourd'hui, ces professionnels, évidemment, collaborent. Ils collaborent de plus en plus pour optimiser les parcours de soins et la qualité de la prise en charge. La filière visuelle, c'est également une filière qui a beaucoup évolué ces dix dernières années. Il y a eu de nombreux départs en retraite, donc aussi l'arrivée d'une nouvelle génération d'ophtalmologistes. Il y a eu un fort essor du travail aidé, mais également des innovations et des nouvelles technologies qui ont un peu fait évoluer le métier. En conséquence, en dix ans, on a eu effectivement une évolution positive, notamment par rapport aux problèmes de déserts médicaux et par rapport au délai de rendez-vous. et ce sur l'ensemble du territoire, et ce également malgré un nombre de patients qui est de plus en plus important, un nombre de patients croissant. Aujourd'hui, la télémédecine fait partie des pratiques émergentes qui ont favorisé cette évolution. C'est un domaine qui est réglementé et qui, vous l'avez évoqué quand il est utilisé à bon escient, offre de nouvelles perspectives pour une prise en charge des patients de plus en plus rapide, de plus en plus performante. et de plus en plus individualisées. Alors, est-ce que cette synthèse vous semble correcte et complète, docteur Soutot ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Non, non, tout à fait. Vraiment, je partage ce qui vient d'être dit en conclusion avec une pratique qui est extrêmement intéressante sur notre territoire grâce à tous ces acteurs.

  • Speaker #0

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Merci pour votre disponibilité. Je vous souhaite une bonne journée.

  • Speaker #1

    Merci, vous aussi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Tout d'abord, un grand merci au Dr Soutot pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre les enjeux actuels, les progrès réalisés et les perspectives de la filière. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur... Théo-med.fr, il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien, avec l'agence Aume à la post-production.

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  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour inaugurer cette deuxième saison, nous avons décidé de nous pencher sur la question des enjeux de la filière visuelle en France. Pour l'occasion, notre invité est le Dr Mathieu Soutot, qui exerce notamment en CHRU de Rennes. Le Dr Soutot est également référent dans le domaine de la téléophtalmologie. Dans cet épisode, il nous parle... de l'organisation de la filière et de son évolution ces dix dernières années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd'hui et surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soutot. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans la saison 2 de Rétines et Pupilles, avec ce nouvel épisode consacré aux enjeux de la filière visuelle en France. Pour aborder ce sujet, nous recevons le docteur Mathieu Soutot, qui exerce aujourd'hui au CHRU de Rennes. Le docteur Soutot est spécialisé dans les pathologies de la cornée, dans la chirurgie réfractive et dans la chirurgie de la cataracte. Il a également été précurseur dans la téléophtalmologie, un domaine pour lequel il est aujourd'hui référent auprès du SNOF, le syndicat national. des ophtalmologistes. Bonjour Dr Soutot.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors je suis le Dr Mathieu Soutot et en effet je suis praticien hospitalier au CHU de Rennes depuis deux ans et ça fait depuis maintenant 2014 que j'ai fait mon internat, mon assistana et donc aujourd'hui praticien hospitalier. Mon activité est regroupée en 80% de mon temps en tant que praticien hospitalier à l'hôpital. et 20% sur une activité aujourd'hui de remplacement dans différents cabinets autour de Rennes. J'ai par ailleurs rejoint le syndicat national des ophtalmologistes français il y a deux ans à la demande de son président, le docteur Dédès, pour particulièrement m'intéresser au sujet de la télé-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    L'ophtalmologie, est-ce que c'était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question et je dirais un petit peu des deux, car j'ai ma maman qui est ophtalmologiste. avec une activité pendant de très longues années mixte également, puisqu'elle était praticienne hospitalière à temps partiel. Et elle a une activité libérale, médico-chirurgicale, dans une ville de moyenne densité, puisqu'elle est à Chartres. Donc, ce qui m'a aussi intéressé dans l'ophtalmologie par rapport aux autres spécialités, c'est son attrait médico-chirurgical et tout en innovante, qui nous permet aujourd'hui d'avoir un métier fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors justement, Qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ? Ce qui vous anime à pratiquer votre activité professionnelle au quotidien ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime le plus, c'est de me sentir utile. Je dirais qu'en médecine, on a beaucoup de chance, car on a effectivement un intérêt direct de notre métier pour les patients et on se sent absolument utile au quotidien. Ce qui m'anime aujourd'hui de venir pratiquer au CHU de Rennes, c'est essentiellement mes collègues qui me permettent aujourd'hui... d'avoir une activité extrêmement intéressante dans une ambiance chaleureuse.

  • Speaker #0

    On va en venir au sujet de cet épisode qui est la question des enjeux. Est-ce que vous pourriez tout d'abord nous parler des différents acteurs qui constituent la filière visuelle en France ?

  • Speaker #1

    La filière visuelle est une filière très organisée puisqu'elle est regroupée à la fois par les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens, ce qu'on appelle fréquemment les trois O. et aujourd'hui les patients grâce à cette organisation, peuvent bénéficier d'une prise en charge la meilleure possible.

  • Speaker #0

    Et comment ces acteurs collaborent aujourd'hui pour coordonner correctement les compétences et pour organiser les soins ?

  • Speaker #1

    Chacun a son rôle important dans la prise en charge des patients. L'ophtalmologiste, bien sûr, a son rôle dans la prise en charge médicale et chirurgicale des différentes pathologies et également dans le rôle de prévention. C'est quelque chose qui est extrêmement important pour nous au niveau du syndicat et des différents ophtalmologistes. C'est vraiment ce rôle de prévention qui va permettre d'avoir le moins de pathologies possibles ou de les prendre en charge le plus tôt possible. Les orthoptistes sont aujourd'hui sur une activité différente. Soit on va avoir l'activité de l'orthopsie libérale avec tout ce qui va être renouvellement, dépistage de plus en plus fréquent et aujourd'hui ils ont un accès direct pour un grand nombre de patients. Et également une activité au sein des cabinets des ophtalmologistes sur différentes activités et c'est une aide précieuse pour nous. L'opticien également, qu'on peut retrouver parfois au sein de nos cabinets et dans ce cas-là sous forme d'assistants médicaux, mais également bien sûr l'opticien dans le magasin qui va permettre aux patients de bénéficier d'une meilleure correction possible, d'avoir des informations importantes sur la qualité des verres et pour obtenir une satisfaction patient importante.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, est-ce que vous pourriez nous expliquer les défis auxquels ces professionnels de la santé visuelle sont confrontés ?

  • Speaker #1

    C'est essentiellement de plus en plus de patients. On sait que la population est vieillissante, avec notamment cette génération de baby boomers. Et donc, on va se retrouver avec une augmentation des pathologies les plus fréquentes, soit liées à l'âge, notamment avec la DMLA, la cataracte ou le glaucome, mais également chez les jeunes, avec la myopie, qui est de plus en plus fréquente, notamment avec la majoration des activités en vision de près. et pour lesquels aujourd'hui, on a la chance d'avoir justement à la fois des verres, des lentilles ou des prises en charge médicamenteuses qui nous permettent de diminuer ces impacts et donc de diminuer la future pathologie possible, mais qui, d'un côté, va nécessiter de plus en plus de rendez-vous. Et là, encore une fois, la collaboration entre les différents acteurs va permettre de mettre en place une prise en charge de qualité pour tous les patients.

  • Speaker #0

    On a parlé des défis, de plus en plus de patients. Les problèmes de déserts médicaux, de difficultés d'accès aux soins et d'un certain temps parfois pour obtenir des rendez-vous. Et le gouvernement a récemment justement suggéré d'imposer aux médecins leur lieu d'installation pour éviter ce problème des déserts médicaux. Que pensez-vous de cette proposition ? Est-ce que vous pensez que c'est une solution qui peut être efficace ?

  • Speaker #1

    Alors c'est sûr que si on s'intéresse sur le papier, c'est efficace. Si on impose un lieu d'installation aux différents médecins, par rapport à la densité des médecins pour la population donnée. On peut se dire que c'est bien, mais il faut avoir conscience qu'aujourd'hui, il faut qu'un médecin travaille, soit motivé pour venir travailler. On en parlait, qu'est-ce qui nous motive ? Et aujourd'hui, rajouter des contraintes dans l'installation, qui sont déjà extrêmement importantes au niveau administratif, au niveau de l'engagement, ça ne nous semble pas être une solution intéressante. On voit que nous, l'ophtalmologie... On est souvent pilote et un peu précurseur dans le déploiement de la médecine. Et on remarque que petit à petit, ces déserts médicaux reculent, on en a de moins en moins. Parce que tout simplement, quand vous avez une densité de médecins importante sur un territoire, on a tous envie de travailler et de travailler de manière intelligente. Et donc petit à petit, on s'organise avec notamment nous en ophtalmologie. La présence de cabinets secondaires de plus en plus fréquents dans l'activité des jeunes ophtalmologistes, et moins jeunes d'ailleurs. Mais aujourd'hui, un ophtalmologiste qui s'installe, quasiment un ophtalmologiste sur deux, va s'installer en site multiple, c'est-à-dire qu'il travaillera dans différents cabinets, et notamment dans des territoires qu'on peut appeler des aires médicaux.

  • Speaker #0

    La démographie des professions de soins visuels a changé de visage ces dernières années. On a constaté quand même de nombreux départs à la retraite, l'arrivée de jeunes médecins. quelques chiffres justement pour illustrer l'évolution démographique et peut-être aussi nous expliquer l'impact de cette évolution sur l'organisation du secteur.

  • Speaker #1

    C'est sûr que c'est plus facile aujourd'hui de vous parler de ça que si on avait fait l'interview il y a dix ans où il y a dix ans on se retrouvait avec un stress, on va dire, sur la profession des ophtalmologistes où on pensait qu'elle allait quasiment être réduite de moitié dans les perspectives, on va dire, négatives. Et grâce Merci. à notamment beaucoup de cumul emploi retraite grâce au départ en retraite plus retardé de la part d'un grand nombre d'ophtalmologistes. Également avec les ophtalmologistes de l'Union européenne ou hors Union européenne, on a vu qu'on a réussi à maintenir finalement un nombre d'ophtalmologistes relativement stable durant ces années un petit peu dites de tension. Et récemment, puisque c'est la première année où finalement on a plus d'installations aujourd'hui que de départ en retraite, et on sait que Vraiment, en 2025, c'est un peu le paradigme, c'est qu'on a passé le plus dur et aujourd'hui, on sait qu'on va avoir un nombre d'ophtalmologistes qui va croître, puisque le numeros clausus a augmenté le nombre d'ophtalmologistes par année depuis maintenant quelques années, et que le nombre d'ophtalmologistes qui représentait des ophtalmologistes de plus de 60 ans est en train de diminuer et on a complètement changé la démographie des ophtalmologistes. On avait l'habitude dans des congrès de présenter une croix de Lorraine, avec la majeure partie des ophtalmologistes, quasiment 50%, qui avaient plus de 55 ans. Finalement, aujourd'hui, on a quelque chose de beaucoup plus constant, avec presque une part des ophtalmologistes de moins de 40 ans, qui va représenter presque la moitié des ophtalmologistes. Donc, quelque chose de beaucoup plus stable, et qui nous permet au niveau de l'ophtalmologie d'avoir une perspective heureuse et pour nos patients, confiante. de l'accès aux soins. Concernant les autres spécialités, en 10 ans, le nombre d'opticiens a quasiment doublé. On est aujourd'hui à plus de 40 000 opticiens en France. Donc on voit aussi qu'ils sont présents et que sur le territoire, ils vont pouvoir drainer l'ensemble des territoires. En orthopsie, c'est quelque chose qui augmente de manière croissante. On forme en France environ plus de 500 orthoptistes par an par rapport à à peu près 200-220 ophtalmologistes par an. On voit bien qu'on forme deux fois plus d'orthopsistes que d'ophtalmologistes. C'est quelque chose qui est extrêmement intéressant également pour la profession et pour la perspective d'un accès aux soins améliorés.

  • Speaker #0

    Donc concrètement, il n'y a plus de pénurie ?

  • Speaker #1

    On ne peut pas parler qu'il n'y a plus de pénurie, puisqu'on sait bien que tous les territoires ne se valent pas. Mais si on s'intéresse au délai d'accès à un rendez-vous, notamment chez l'ophtalmologiste, ces délais ont baissé de 70% en 7 ans. Le délai médian, c'est vrai que nous en ophtalmologie, on a tendance à utiliser, en médecine de manière générale, la médiane qui va être un peu plus représentative, puisque finalement on va éliminer les extrêmes. Et on était sur un délai médian de plus de 60 jours. en 2017 et aujourd'hui, le délai médian en 2024 est de 19 jours. Et on attend pour septembre la nouvelle étude qui a été menée par le syndicat pour justement voir si ce délai se stabilise, voire diminue toujours. On espère, nous, un délai de 15 jours. Là, je vous parle des délais pour un rendez-vous non urgent, quelqu'un qui voudrait juste refaire un bilan pour un dépistage ou pour un renouvellement optique. Donc, on n'est pas du tout sur la prise en charge des urgences qui, aujourd'hui, dans la grande majorité des cas, est possible en moins de 7 jours.

  • Speaker #0

    Alors vous venez de l'évoquer, la difficulté d'accès aux soins, notamment avec des délais importants pour l'obtention de rendez-vous, c'est un problème qui a quasiment été résolu en 10 ans, notamment grâce à l'arrivée de nouveaux ophtalmologistes. Y aurait-il d'autres facteurs qui auraient contribué à cette évolution positive ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, tout n'est pas dû aujourd'hui à l'augmentation du nombre d'ophtalmologistes. C'est vraiment... l'évolution de toute la profession, notamment la grande évolution qui a été le travail aidé. On voit aujourd'hui, le nombre d'ophtalmologistes qui utilisent le travail aidé représente 85% des ophtalmologistes. Il faut savoir que tout ophtalmologiste aujourd'hui qui s'installe est en travail aidé. C'est quelque chose qui augmente de manière croissante. Si on reprend les chiffres, en 2010, à peu près, c'était 20% des ophtalmologistes qui utilisaient le travail aidé. Et moi qui ai... eu la chance encore de faire différentes pratiques lors de remplacements, on sait que le travail aidé augmente considérablement le nombre de patients qu'on est en mesure de prendre en charge, de qualité, puisque ça nous permet effectivement d'avoir une plus grande iconographie dans le suivi de nos patients. Et donc, on voit bien que ça, ça nous permet de manière considérable d'augmenter le nombre de patients par ophtalmologiste qui peuvent être pris en charge. Et on a mis en place également des protocoles. Et ça, c'est les protocoles de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes. qui permettent également, dans le cadre d'un patient qui est suivi, alors effectivement on ne parle pas de primo-prescription, on parle de suivi, permettre effectivement un renouvellement optique dans des tranches d'âge définies. Aujourd'hui on est entre 6 et 50 ans. Lorsque vous avez vu un ophtalmologiste depuis moins de 5 ans, vous pouvez aller voir un orthoptiste pour un renouvellement. Et lors de ce renouvellement, un nombre d'examens importants est réalisé, permettant en fait une analyse à distance par l'ophtalmologiste. Donc, en garantissant une sécurité de prise en charge la plus optimale possible.

  • Speaker #0

    Par rapport à la projection qui avait été faite par les syndicats, comment vous vous situez ? C'est plutôt positif ? Est-ce que c'est conforme ? Comment ça se positionne ?

  • Speaker #1

    C'est là où c'est extrêmement intéressant. C'est que, effectivement, c'est vraiment les perspectives qui avaient été données par les syndicats qui, finalement, étaient les plus optimistes et sont celles qui correspondent à, aujourd'hui, ce qu'on obtient. comme délai et comme accessibilité à l'ophtalmologie. Donc c'est vrai que c'est quelque chose de... Aujourd'hui, au niveau de notre tutelle, on a un poids, puisqu'on avait prédit des choses qui sont arrivées et qui sont au plus proche de la réalité. Donc oui, c'est quelque chose qui est extrêmement confiant. Et c'est vrai que nous, au niveau du syndicat, quand on voit aujourd'hui l'évolution des délais, avec aujourd'hui un accès le mieux possible, bien sûr qu'il reste des désherbes médicaux, mais le mieux possible, on reste tout à fait confiant ... avec l'arrivée des nouveaux, pour couvrir encore mieux le territoire.

  • Speaker #0

    Parmi les changements et les nouvelles pratiques, on a le travail aidé, vous l'avez évoqué, mais il y a aussi le développement de la télémédecine. Et la télémédecine, c'est justement un sujet auquel vous vous êtes beaucoup intéressé et un sujet sur lequel vous êtes aujourd'hui référent auprès du SNOF. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que ça recouvre comme pratique, ce que le terme signifie, télémédecine ?

  • Speaker #1

    La télémédecine recouvre deux grandes actions. C'est le télésoin. qu'on va dans ce cas-là plus utiliser pour les paramédicaux, notamment pour nous en orthopsie. C'est quelque chose qui est aujourd'hui possible. Et on se disait que l'orthopsie, lorsqu'on va vouloir faire du bilan ou du dépistage ou du renouvellement, on se dit bien qu'éventuellement le distanciel peut être un frein. Mais aujourd'hui, il y a de la nouvelle technologie qui permet de faire... de la rééducation orthoptique, par exemple à distance, grâce à des masques de réalité virtuelle, et qui permettent d'évoluer sur la pratique. Donc on voit qu'il n'y a pas de limite. Donc ça, c'était le télésoin. Et puis la télésanthé, qui va regrouper plusieurs actions de la télémédecine, notamment, on va dire que les plus importantes pour nous en ophtalmologie vont être la téléexpertise, la téléconsultation et la télésurveillance. Alors, pour moi, c'est effectivement une évolution qui est considérable. car elle a permis de mettre en évidence une activité qui était beaucoup pratiquée par les médecins, qui est de donner des avis entre professionnels de santé. Et nous, par exemple, au CHU, ça représentait un volume important de notre quotidien qui n'était absolument pas quantifié et rémunéré et également mis en évidence. Donc c'est vrai que cette télé-expertise va être un acte asynchrone, c'est-à-dire que lorsqu'un professionnel de santé souhaite demander un avis, on appelle ça un acte qui est requérant. Il va solliciter un médecin, qu'on va appeler médecin requis. Et aujourd'hui, l'évolution réglementaire permet de demander un avis pour tous les patients. Il n'y a plus de limite de critères, par exemple d'être en ALD ou d'être en EHPAD, pour avoir le droit de recourir à une téléexpertise. Et tous les professionnels de santé peuvent demander une téléexpertise. Donc, ça concerne en ophtalmologie, finalement, l'opticien, l'orthoptiste, une infirmière. un médecin généraliste, bien sûr, ou un autre spécialiste, et un ophtalmologiste. Et après, il y a des conditions, finalement, sur la rémunération qui, elle, n'est possible qu'entre médecins ou avec un infirmier. Mais aujourd'hui, il n'y a pas de rémunération possible entre l'opticien et l'ophtalmo, et entre l'orthoptiste et l'ophtalmologiste. Mais ça, c'est extrêmement important parce que ça va permettre, finalement, de mieux organiser la prise en charge de certains patients, de hiérarchiser les urgences, d'optimiser la prise en charge. on va orienter le patient auprès du bon professionnel grâce à un avis nécessaire. Et dans un certain nombre de cas, on va tout simplement éviter aux patients de se déplacer grâce à la téléexpertise. Pour moi, la téléexpertise est vraiment quelque chose qui a révolutionné nos pratiques. Et puis la téléconsultation en ophtalmologie, elle est un petit peu plus limitée puisqu'on a besoin effectivement de matériel le plus souvent pour examiner nos patients, pour avoir le fond d'œil, pour voir l'examen du segment antérieur. Mais on va pouvoir adapter la téléconsultation pour certains cas, et ça va être extrêmement intéressant, par exemple, pour du suivi post-opératoire, d'une chirurgie de paupières, pour informer un patient après un résultat d'imagerie ou de bilan biologique. À chaque fois qu'on va pouvoir éviter au patient, finalement, de se déplacer, ça va être une aide précieuse. Et dans certains cas d'urgence, ça va pouvoir éventuellement aider à orienter ou pas le patient vers un examen en présentiel. La télésurveillance, elle... Elle a connu un petit frein l'année dernière puisque finalement la société qui avait mis en place un outil qui nous permettait de faire de la télésurveillance n'a pas obtenu le droit au remboursement dans le droit commun, mais ce n'est pas forcément définitif. Et on pense que cette télésurveillance sera quand même un outil intéressant, encore une fois, pour rapprocher le patient de son médecin dans des maladies chroniques, comme c'était le cas par exemple dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge ou toute autre maladie. qui peuvent nécessiter une prise en charge en fonction de l'apparition de symptômes ou de nouveaux signes cliniques. Donc voilà sur les principales utilisations finalement de la télémédecine en ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Et de votre côté, depuis quand vous la pratiquez cette télémédecine ? Et aussi, comment elle va s'inscrire dans votre emploi du temps ? Comment vous la combinez avec votre activité, le reste de votre activité tout simplement ?

  • Speaker #1

    Alors moi, la télémédecine, je l'ai finalement découverte un petit peu par hasard en 2018. grâce à un collègue qui me précédait et qui avait mis en place une première expérimentation de téléconsultation en EHPAD. C'était en 2018 et puis j'approchais de la fin de mon internat et on m'a dit est-ce que ça t'intéresse de reprendre le sujet ? Et c'est là où j'ai découvert finalement un outil extrêmement intéressant qui allait permettre de rapprocher le médecin de certains patients qui n'étaient pas en mesure soit de se déplacer, soit de venir, et qui étaient souvent en position de se déplacer. en perte de prise en charge médicale et en l'occurrence dans la filière visuelle. Donc c'est vraiment 2018 qui m'a lancé dans ce sujet de télémédecine. Et puis rapidement, j'y ai pris goût parce que je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai intérêt pour les patients. Là, on parlait de patients qui n'avaient plus accès à la santé. Et grâce à ces outils-là, on allait permettre de les remettre dans une prise en charge diverse ou variée. Donc après, on a lancé différents projets. On a développé une téléexpertise en EHPAD. On s'était rendu compte que la téléconsultation n'avait pas d'intérêt dans cette prise en charge, mais qu'on pouvait le faire sous forme de téléexpertise. On a modifié notre protocole de prise en charge. On a étudié également la possibilité de réaliser des téléexpertises ou téléconsultations au sein des centres pénitentiaires. On voit bien à chaque fois qu'on parle de populations pour lesquelles c'est extrêmement difficile d'accéder aux soins. On réfléchit à savoir si la télémédecine n'est pas un levier pour leur permettre l'accès aux soins. Et puis, un sujet qui, là, je pense que ma maman y est pour beaucoup et également mon chef de service, c'est qu'on s'était toujours intéressé, et ça, moi, quelque chose de primordial, c'est comment on peut finalement faire un lien ville-hôpital de qualité, comment on peut améliorer la connexion finalement entre les différents professionnels autour d'un patient, toujours dans l'intérêt finalement d'offrir la meilleure prise en charge possible pour son patient. Et c'est là où la télé-expertise a pris tout son sens. et du coup en 2020 on a On s'est intéressé vraiment à la téléexpertise et on a mis en place une plateforme en organisant un réseau au sein du CHU pour répondre aux avis concernant bien sûr l'ophtalmologie. Donc on a mis un réseau en ophtalmologie, mais qui s'est depuis généralisé à l'ensemble des spécialités au sein du CHU pour couvrir finalement toutes les activités du CHU de Rennes. Donc là encore une fois, la téléexpertise est un levier pour améliorer l'accès aux soins sur tout le territoire. bien sûr Quand on parle de télémédecine, pour moi, elle doit être territorialisée, c'est-à-dire qu'il faut que ça soit une charge locale, le plus local possible. On va essayer de répondre à des déserts médicaux qui sont à proximité de notre centre, mais ça n'a pas de sens de faire de la télémédecine avec quelqu'un qui va être à 500 ou 600 kilomètres. Donc c'est tous ces leviers qu'on a pu mettre en place aujourd'hui. Et en ophtalmologie, on avait déjà la chance finalement d'avoir des protocoles, encore une fois, de coopération avec les orthoptistes, RNO ou Muren. qui permettait de mettre en place des prises en charge de proximité pour les patients lorsque c'était nécessaire. Et dans mon emploi du temps, c'est là où c'est vrai que même ce que je vois lorsque je remplace dans des cabinets où ils pratiquent des actes notamment de protocole de coopération, c'est que c'est souvent en plus. Donc c'est vrai que c'est une activité qui est quand même prenante parce qu'on a tendance à avoir son activité principale pour laquelle on ne diminue pas beaucoup le rythme et on a souvent une activité un petit peu à côté. Donc, c'est quelque chose à... bien faire attention pour retenir dans la durée.

  • Speaker #0

    Et concrètement, est-ce qu'il y aurait des cas dans lesquels la télémédecine est conseillée et à l'inverse, des cas dans lesquels il faut absolument privilégier une consultation en présentiel ?

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on voit naître aujourd'hui pas mal de pratiques de télémédecine, notamment chez l'opticien, avec soit des télé-expertises, soit de la téléconsultation. C'est vrai que c'est un outil qui va permettre, encore une fois, de donner un accès, mais c'est un accès un petit peu précaire puisque derrière, il n'y a pas d'accès présentiel. Et donc, c'est vrai que moi, je ne conçois pas de faire de la télémédecine sans finalement avoir une consultation présentielle et sans être en mesure de pouvoir recevoir un patient pour lequel on va essayer de donner un avis. Alors, on a le droit de dire qu'on ne sait pas, ce n'est pas parce qu'on fait de la télémédecine qu'on doit avoir une réponse à tout. Mais c'est vrai que je pense qu'il faut être en mesure de pouvoir recevoir son patient et d'avoir conscience que tout ne peut pas se traiter en distanciel. Donc ça, c'est quelque chose d'extrêmement important. Moi, j'ai plutôt comme envie de voir finalement une téléconsultation, par exemple, ou une téléexpertise qui va être réalisée à la demande du professionnel. par exemple si moi je considère que le patient que j'ai vu en consultation physique pour la prochaine fois je peux ne pas le voir parce que son dossier est normal ou parce que une téléconsultation par exemple ne va pas perdre de qualité dans la prise en charge, je pense qu'à ce moment-là, on a conscience qu'on va faire une pratique médicale qui est aussi bonne que du présentiel. Par contre, finalement, avoir recours à de la pratique en distanciel, à la demande d'un patient par exemple, et on se rend compte vite qu'on est un peu bloqué parce qu'il nous manque des éléments, il faut vraiment se rappeler que dans ce cas-là, il faut être en mesure de recevoir en présentiel le patient pour poursuivre la prise en charge et qu'elle soit également de qualité.

  • Speaker #0

    Pour finir, quel message vous aimeriez transmettre à nos auditeurs concernant la santé visuelle ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la qualité et c'est la priorité de notre prise en charge. Aujourd'hui, la filière visuelle va bien. On est en pleine évolution encore, avec une amélioration de l'accès aux soins dans cette filière visuelle qui repose sur une coordination forte entre des acteurs importants, l'ophtalmologiste, l'orthoptiste, l'opticien. Et plus cette coordination entre ces acteurs sera bonne, plus la qualité sera au rendez-vous et la satisfaction de nos patients également. En France, l'ophtalmologie, la filière visuelle, est finalement celle qui est la meilleure dans le monde, avec un taux de cécité le plus bas. Donc on a une qualité de prévention efficace et il ne faut pas vouloir tout remettre en question pour peut-être un territoire qui est plus en difficulté. L'avenir, je pense, est radieux avec une amélioration de l'accès aux soins pour tout le monde. sur tous les territoires. Et on voit bien finalement, nous, depuis quelques mois, quelques années, que vraiment cette transition est en route et qu'on devrait pouvoir en faire bénéficier le plus grand nombre le plus vite possible.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors, comme on le fait à la fin de chacun des épisodes de ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Alors, on a parlé de la filière visuelle et de ses enjeux. Donc aujourd'hui, la filière visuelle s'organise autour de plusieurs acteurs, les ophtalmologistes, les orthoptistes, les médecins généralistes et les opticiens. Aujourd'hui, ces professionnels, évidemment, collaborent. Ils collaborent de plus en plus pour optimiser les parcours de soins et la qualité de la prise en charge. La filière visuelle, c'est également une filière qui a beaucoup évolué ces dix dernières années. Il y a eu de nombreux départs en retraite, donc aussi l'arrivée d'une nouvelle génération d'ophtalmologistes. Il y a eu un fort essor du travail aidé, mais également des innovations et des nouvelles technologies qui ont un peu fait évoluer le métier. En conséquence, en dix ans, on a eu effectivement une évolution positive, notamment par rapport aux problèmes de déserts médicaux et par rapport au délai de rendez-vous. et ce sur l'ensemble du territoire, et ce également malgré un nombre de patients qui est de plus en plus important, un nombre de patients croissant. Aujourd'hui, la télémédecine fait partie des pratiques émergentes qui ont favorisé cette évolution. C'est un domaine qui est réglementé et qui, vous l'avez évoqué quand il est utilisé à bon escient, offre de nouvelles perspectives pour une prise en charge des patients de plus en plus rapide, de plus en plus performante. et de plus en plus individualisées. Alors, est-ce que cette synthèse vous semble correcte et complète, docteur Soutot ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Non, non, tout à fait. Vraiment, je partage ce qui vient d'être dit en conclusion avec une pratique qui est extrêmement intéressante sur notre territoire grâce à tous ces acteurs.

  • Speaker #0

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Merci pour votre disponibilité. Je vous souhaite une bonne journée.

  • Speaker #1

    Merci, vous aussi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Tout d'abord, un grand merci au Dr Soutot pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre les enjeux actuels, les progrès réalisés et les perspectives de la filière. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur... Théo-med.fr, il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien, avec l'agence Aume à la post-production.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur

l’ophtalmologie ! Pour inaugurer la saison 2 du podcast Rétines et Pupilles, nous avons décidé de nous pencher sur la question des enjeux de la filière visuelle en France. Pour l’occasion, notre invité est le Dr Mathieu Soethoudt, qui est exerce notamment au CHRU de Rennes. Le Dr Soethoudt est

également référent dans le domaine de la télé-ophtalmologie.

Dans cet EP, il nous parle de l’organisation de la filière et de son évolution ces 10 dernières

années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd’hui, et

surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soethoudt. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Pour inaugurer cette deuxième saison, nous avons décidé de nous pencher sur la question des enjeux de la filière visuelle en France. Pour l'occasion, notre invité est le Dr Mathieu Soutot, qui exerce notamment en CHRU de Rennes. Le Dr Soutot est également référent dans le domaine de la téléophtalmologie. Dans cet épisode, il nous parle... de l'organisation de la filière et de son évolution ces dix dernières années. Il nous explique pourquoi et comment la télémédecine se développe aujourd'hui et surtout en quoi elle permet de faire progresser la profession. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Soutot. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans la saison 2 de Rétines et Pupilles, avec ce nouvel épisode consacré aux enjeux de la filière visuelle en France. Pour aborder ce sujet, nous recevons le docteur Mathieu Soutot, qui exerce aujourd'hui au CHRU de Rennes. Le docteur Soutot est spécialisé dans les pathologies de la cornée, dans la chirurgie réfractive et dans la chirurgie de la cataracte. Il a également été précurseur dans la téléophtalmologie, un domaine pour lequel il est aujourd'hui référent auprès du SNOF, le syndicat national. des ophtalmologistes. Bonjour Dr Soutot.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Alors je suis le Dr Mathieu Soutot et en effet je suis praticien hospitalier au CHU de Rennes depuis deux ans et ça fait depuis maintenant 2014 que j'ai fait mon internat, mon assistana et donc aujourd'hui praticien hospitalier. Mon activité est regroupée en 80% de mon temps en tant que praticien hospitalier à l'hôpital. et 20% sur une activité aujourd'hui de remplacement dans différents cabinets autour de Rennes. J'ai par ailleurs rejoint le syndicat national des ophtalmologistes français il y a deux ans à la demande de son président, le docteur Dédès, pour particulièrement m'intéresser au sujet de la télé-ophtalmologie.

  • Speaker #0

    L'ophtalmologie, est-ce que c'était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    C'est une excellente question et je dirais un petit peu des deux, car j'ai ma maman qui est ophtalmologiste. avec une activité pendant de très longues années mixte également, puisqu'elle était praticienne hospitalière à temps partiel. Et elle a une activité libérale, médico-chirurgicale, dans une ville de moyenne densité, puisqu'elle est à Chartres. Donc, ce qui m'a aussi intéressé dans l'ophtalmologie par rapport aux autres spécialités, c'est son attrait médico-chirurgical et tout en innovante, qui nous permet aujourd'hui d'avoir un métier fabuleux.

  • Speaker #0

    Alors justement, Qu'est-ce qui vous fait vous lever chaque matin ? Ce qui vous anime à pratiquer votre activité professionnelle au quotidien ?

  • Speaker #1

    Ce qui m'anime le plus, c'est de me sentir utile. Je dirais qu'en médecine, on a beaucoup de chance, car on a effectivement un intérêt direct de notre métier pour les patients et on se sent absolument utile au quotidien. Ce qui m'anime aujourd'hui de venir pratiquer au CHU de Rennes, c'est essentiellement mes collègues qui me permettent aujourd'hui... d'avoir une activité extrêmement intéressante dans une ambiance chaleureuse.

  • Speaker #0

    On va en venir au sujet de cet épisode qui est la question des enjeux. Est-ce que vous pourriez tout d'abord nous parler des différents acteurs qui constituent la filière visuelle en France ?

  • Speaker #1

    La filière visuelle est une filière très organisée puisqu'elle est regroupée à la fois par les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens, ce qu'on appelle fréquemment les trois O. et aujourd'hui les patients grâce à cette organisation, peuvent bénéficier d'une prise en charge la meilleure possible.

  • Speaker #0

    Et comment ces acteurs collaborent aujourd'hui pour coordonner correctement les compétences et pour organiser les soins ?

  • Speaker #1

    Chacun a son rôle important dans la prise en charge des patients. L'ophtalmologiste, bien sûr, a son rôle dans la prise en charge médicale et chirurgicale des différentes pathologies et également dans le rôle de prévention. C'est quelque chose qui est extrêmement important pour nous au niveau du syndicat et des différents ophtalmologistes. C'est vraiment ce rôle de prévention qui va permettre d'avoir le moins de pathologies possibles ou de les prendre en charge le plus tôt possible. Les orthoptistes sont aujourd'hui sur une activité différente. Soit on va avoir l'activité de l'orthopsie libérale avec tout ce qui va être renouvellement, dépistage de plus en plus fréquent et aujourd'hui ils ont un accès direct pour un grand nombre de patients. Et également une activité au sein des cabinets des ophtalmologistes sur différentes activités et c'est une aide précieuse pour nous. L'opticien également, qu'on peut retrouver parfois au sein de nos cabinets et dans ce cas-là sous forme d'assistants médicaux, mais également bien sûr l'opticien dans le magasin qui va permettre aux patients de bénéficier d'une meilleure correction possible, d'avoir des informations importantes sur la qualité des verres et pour obtenir une satisfaction patient importante.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, est-ce que vous pourriez nous expliquer les défis auxquels ces professionnels de la santé visuelle sont confrontés ?

  • Speaker #1

    C'est essentiellement de plus en plus de patients. On sait que la population est vieillissante, avec notamment cette génération de baby boomers. Et donc, on va se retrouver avec une augmentation des pathologies les plus fréquentes, soit liées à l'âge, notamment avec la DMLA, la cataracte ou le glaucome, mais également chez les jeunes, avec la myopie, qui est de plus en plus fréquente, notamment avec la majoration des activités en vision de près. et pour lesquels aujourd'hui, on a la chance d'avoir justement à la fois des verres, des lentilles ou des prises en charge médicamenteuses qui nous permettent de diminuer ces impacts et donc de diminuer la future pathologie possible, mais qui, d'un côté, va nécessiter de plus en plus de rendez-vous. Et là, encore une fois, la collaboration entre les différents acteurs va permettre de mettre en place une prise en charge de qualité pour tous les patients.

  • Speaker #0

    On a parlé des défis, de plus en plus de patients. Les problèmes de déserts médicaux, de difficultés d'accès aux soins et d'un certain temps parfois pour obtenir des rendez-vous. Et le gouvernement a récemment justement suggéré d'imposer aux médecins leur lieu d'installation pour éviter ce problème des déserts médicaux. Que pensez-vous de cette proposition ? Est-ce que vous pensez que c'est une solution qui peut être efficace ?

  • Speaker #1

    Alors c'est sûr que si on s'intéresse sur le papier, c'est efficace. Si on impose un lieu d'installation aux différents médecins, par rapport à la densité des médecins pour la population donnée. On peut se dire que c'est bien, mais il faut avoir conscience qu'aujourd'hui, il faut qu'un médecin travaille, soit motivé pour venir travailler. On en parlait, qu'est-ce qui nous motive ? Et aujourd'hui, rajouter des contraintes dans l'installation, qui sont déjà extrêmement importantes au niveau administratif, au niveau de l'engagement, ça ne nous semble pas être une solution intéressante. On voit que nous, l'ophtalmologie... On est souvent pilote et un peu précurseur dans le déploiement de la médecine. Et on remarque que petit à petit, ces déserts médicaux reculent, on en a de moins en moins. Parce que tout simplement, quand vous avez une densité de médecins importante sur un territoire, on a tous envie de travailler et de travailler de manière intelligente. Et donc petit à petit, on s'organise avec notamment nous en ophtalmologie. La présence de cabinets secondaires de plus en plus fréquents dans l'activité des jeunes ophtalmologistes, et moins jeunes d'ailleurs. Mais aujourd'hui, un ophtalmologiste qui s'installe, quasiment un ophtalmologiste sur deux, va s'installer en site multiple, c'est-à-dire qu'il travaillera dans différents cabinets, et notamment dans des territoires qu'on peut appeler des aires médicaux.

  • Speaker #0

    La démographie des professions de soins visuels a changé de visage ces dernières années. On a constaté quand même de nombreux départs à la retraite, l'arrivée de jeunes médecins. quelques chiffres justement pour illustrer l'évolution démographique et peut-être aussi nous expliquer l'impact de cette évolution sur l'organisation du secteur.

  • Speaker #1

    C'est sûr que c'est plus facile aujourd'hui de vous parler de ça que si on avait fait l'interview il y a dix ans où il y a dix ans on se retrouvait avec un stress, on va dire, sur la profession des ophtalmologistes où on pensait qu'elle allait quasiment être réduite de moitié dans les perspectives, on va dire, négatives. Et grâce Merci. à notamment beaucoup de cumul emploi retraite grâce au départ en retraite plus retardé de la part d'un grand nombre d'ophtalmologistes. Également avec les ophtalmologistes de l'Union européenne ou hors Union européenne, on a vu qu'on a réussi à maintenir finalement un nombre d'ophtalmologistes relativement stable durant ces années un petit peu dites de tension. Et récemment, puisque c'est la première année où finalement on a plus d'installations aujourd'hui que de départ en retraite, et on sait que Vraiment, en 2025, c'est un peu le paradigme, c'est qu'on a passé le plus dur et aujourd'hui, on sait qu'on va avoir un nombre d'ophtalmologistes qui va croître, puisque le numeros clausus a augmenté le nombre d'ophtalmologistes par année depuis maintenant quelques années, et que le nombre d'ophtalmologistes qui représentait des ophtalmologistes de plus de 60 ans est en train de diminuer et on a complètement changé la démographie des ophtalmologistes. On avait l'habitude dans des congrès de présenter une croix de Lorraine, avec la majeure partie des ophtalmologistes, quasiment 50%, qui avaient plus de 55 ans. Finalement, aujourd'hui, on a quelque chose de beaucoup plus constant, avec presque une part des ophtalmologistes de moins de 40 ans, qui va représenter presque la moitié des ophtalmologistes. Donc, quelque chose de beaucoup plus stable, et qui nous permet au niveau de l'ophtalmologie d'avoir une perspective heureuse et pour nos patients, confiante. de l'accès aux soins. Concernant les autres spécialités, en 10 ans, le nombre d'opticiens a quasiment doublé. On est aujourd'hui à plus de 40 000 opticiens en France. Donc on voit aussi qu'ils sont présents et que sur le territoire, ils vont pouvoir drainer l'ensemble des territoires. En orthopsie, c'est quelque chose qui augmente de manière croissante. On forme en France environ plus de 500 orthoptistes par an par rapport à à peu près 200-220 ophtalmologistes par an. On voit bien qu'on forme deux fois plus d'orthopsistes que d'ophtalmologistes. C'est quelque chose qui est extrêmement intéressant également pour la profession et pour la perspective d'un accès aux soins améliorés.

  • Speaker #0

    Donc concrètement, il n'y a plus de pénurie ?

  • Speaker #1

    On ne peut pas parler qu'il n'y a plus de pénurie, puisqu'on sait bien que tous les territoires ne se valent pas. Mais si on s'intéresse au délai d'accès à un rendez-vous, notamment chez l'ophtalmologiste, ces délais ont baissé de 70% en 7 ans. Le délai médian, c'est vrai que nous en ophtalmologie, on a tendance à utiliser, en médecine de manière générale, la médiane qui va être un peu plus représentative, puisque finalement on va éliminer les extrêmes. Et on était sur un délai médian de plus de 60 jours. en 2017 et aujourd'hui, le délai médian en 2024 est de 19 jours. Et on attend pour septembre la nouvelle étude qui a été menée par le syndicat pour justement voir si ce délai se stabilise, voire diminue toujours. On espère, nous, un délai de 15 jours. Là, je vous parle des délais pour un rendez-vous non urgent, quelqu'un qui voudrait juste refaire un bilan pour un dépistage ou pour un renouvellement optique. Donc, on n'est pas du tout sur la prise en charge des urgences qui, aujourd'hui, dans la grande majorité des cas, est possible en moins de 7 jours.

  • Speaker #0

    Alors vous venez de l'évoquer, la difficulté d'accès aux soins, notamment avec des délais importants pour l'obtention de rendez-vous, c'est un problème qui a quasiment été résolu en 10 ans, notamment grâce à l'arrivée de nouveaux ophtalmologistes. Y aurait-il d'autres facteurs qui auraient contribué à cette évolution positive ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, tout n'est pas dû aujourd'hui à l'augmentation du nombre d'ophtalmologistes. C'est vraiment... l'évolution de toute la profession, notamment la grande évolution qui a été le travail aidé. On voit aujourd'hui, le nombre d'ophtalmologistes qui utilisent le travail aidé représente 85% des ophtalmologistes. Il faut savoir que tout ophtalmologiste aujourd'hui qui s'installe est en travail aidé. C'est quelque chose qui augmente de manière croissante. Si on reprend les chiffres, en 2010, à peu près, c'était 20% des ophtalmologistes qui utilisaient le travail aidé. Et moi qui ai... eu la chance encore de faire différentes pratiques lors de remplacements, on sait que le travail aidé augmente considérablement le nombre de patients qu'on est en mesure de prendre en charge, de qualité, puisque ça nous permet effectivement d'avoir une plus grande iconographie dans le suivi de nos patients. Et donc, on voit bien que ça, ça nous permet de manière considérable d'augmenter le nombre de patients par ophtalmologiste qui peuvent être pris en charge. Et on a mis en place également des protocoles. Et ça, c'est les protocoles de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes. qui permettent également, dans le cadre d'un patient qui est suivi, alors effectivement on ne parle pas de primo-prescription, on parle de suivi, permettre effectivement un renouvellement optique dans des tranches d'âge définies. Aujourd'hui on est entre 6 et 50 ans. Lorsque vous avez vu un ophtalmologiste depuis moins de 5 ans, vous pouvez aller voir un orthoptiste pour un renouvellement. Et lors de ce renouvellement, un nombre d'examens importants est réalisé, permettant en fait une analyse à distance par l'ophtalmologiste. Donc, en garantissant une sécurité de prise en charge la plus optimale possible.

  • Speaker #0

    Par rapport à la projection qui avait été faite par les syndicats, comment vous vous situez ? C'est plutôt positif ? Est-ce que c'est conforme ? Comment ça se positionne ?

  • Speaker #1

    C'est là où c'est extrêmement intéressant. C'est que, effectivement, c'est vraiment les perspectives qui avaient été données par les syndicats qui, finalement, étaient les plus optimistes et sont celles qui correspondent à, aujourd'hui, ce qu'on obtient. comme délai et comme accessibilité à l'ophtalmologie. Donc c'est vrai que c'est quelque chose de... Aujourd'hui, au niveau de notre tutelle, on a un poids, puisqu'on avait prédit des choses qui sont arrivées et qui sont au plus proche de la réalité. Donc oui, c'est quelque chose qui est extrêmement confiant. Et c'est vrai que nous, au niveau du syndicat, quand on voit aujourd'hui l'évolution des délais, avec aujourd'hui un accès le mieux possible, bien sûr qu'il reste des désherbes médicaux, mais le mieux possible, on reste tout à fait confiant ... avec l'arrivée des nouveaux, pour couvrir encore mieux le territoire.

  • Speaker #0

    Parmi les changements et les nouvelles pratiques, on a le travail aidé, vous l'avez évoqué, mais il y a aussi le développement de la télémédecine. Et la télémédecine, c'est justement un sujet auquel vous vous êtes beaucoup intéressé et un sujet sur lequel vous êtes aujourd'hui référent auprès du SNOF. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que ça recouvre comme pratique, ce que le terme signifie, télémédecine ?

  • Speaker #1

    La télémédecine recouvre deux grandes actions. C'est le télésoin. qu'on va dans ce cas-là plus utiliser pour les paramédicaux, notamment pour nous en orthopsie. C'est quelque chose qui est aujourd'hui possible. Et on se disait que l'orthopsie, lorsqu'on va vouloir faire du bilan ou du dépistage ou du renouvellement, on se dit bien qu'éventuellement le distanciel peut être un frein. Mais aujourd'hui, il y a de la nouvelle technologie qui permet de faire... de la rééducation orthoptique, par exemple à distance, grâce à des masques de réalité virtuelle, et qui permettent d'évoluer sur la pratique. Donc on voit qu'il n'y a pas de limite. Donc ça, c'était le télésoin. Et puis la télésanthé, qui va regrouper plusieurs actions de la télémédecine, notamment, on va dire que les plus importantes pour nous en ophtalmologie vont être la téléexpertise, la téléconsultation et la télésurveillance. Alors, pour moi, c'est effectivement une évolution qui est considérable. car elle a permis de mettre en évidence une activité qui était beaucoup pratiquée par les médecins, qui est de donner des avis entre professionnels de santé. Et nous, par exemple, au CHU, ça représentait un volume important de notre quotidien qui n'était absolument pas quantifié et rémunéré et également mis en évidence. Donc c'est vrai que cette télé-expertise va être un acte asynchrone, c'est-à-dire que lorsqu'un professionnel de santé souhaite demander un avis, on appelle ça un acte qui est requérant. Il va solliciter un médecin, qu'on va appeler médecin requis. Et aujourd'hui, l'évolution réglementaire permet de demander un avis pour tous les patients. Il n'y a plus de limite de critères, par exemple d'être en ALD ou d'être en EHPAD, pour avoir le droit de recourir à une téléexpertise. Et tous les professionnels de santé peuvent demander une téléexpertise. Donc, ça concerne en ophtalmologie, finalement, l'opticien, l'orthoptiste, une infirmière. un médecin généraliste, bien sûr, ou un autre spécialiste, et un ophtalmologiste. Et après, il y a des conditions, finalement, sur la rémunération qui, elle, n'est possible qu'entre médecins ou avec un infirmier. Mais aujourd'hui, il n'y a pas de rémunération possible entre l'opticien et l'ophtalmo, et entre l'orthoptiste et l'ophtalmologiste. Mais ça, c'est extrêmement important parce que ça va permettre, finalement, de mieux organiser la prise en charge de certains patients, de hiérarchiser les urgences, d'optimiser la prise en charge. on va orienter le patient auprès du bon professionnel grâce à un avis nécessaire. Et dans un certain nombre de cas, on va tout simplement éviter aux patients de se déplacer grâce à la téléexpertise. Pour moi, la téléexpertise est vraiment quelque chose qui a révolutionné nos pratiques. Et puis la téléconsultation en ophtalmologie, elle est un petit peu plus limitée puisqu'on a besoin effectivement de matériel le plus souvent pour examiner nos patients, pour avoir le fond d'œil, pour voir l'examen du segment antérieur. Mais on va pouvoir adapter la téléconsultation pour certains cas, et ça va être extrêmement intéressant, par exemple, pour du suivi post-opératoire, d'une chirurgie de paupières, pour informer un patient après un résultat d'imagerie ou de bilan biologique. À chaque fois qu'on va pouvoir éviter au patient, finalement, de se déplacer, ça va être une aide précieuse. Et dans certains cas d'urgence, ça va pouvoir éventuellement aider à orienter ou pas le patient vers un examen en présentiel. La télésurveillance, elle... Elle a connu un petit frein l'année dernière puisque finalement la société qui avait mis en place un outil qui nous permettait de faire de la télésurveillance n'a pas obtenu le droit au remboursement dans le droit commun, mais ce n'est pas forcément définitif. Et on pense que cette télésurveillance sera quand même un outil intéressant, encore une fois, pour rapprocher le patient de son médecin dans des maladies chroniques, comme c'était le cas par exemple dans la dégénérescence maculaire liée à l'âge ou toute autre maladie. qui peuvent nécessiter une prise en charge en fonction de l'apparition de symptômes ou de nouveaux signes cliniques. Donc voilà sur les principales utilisations finalement de la télémédecine en ophtalmologie.

  • Speaker #0

    Et de votre côté, depuis quand vous la pratiquez cette télémédecine ? Et aussi, comment elle va s'inscrire dans votre emploi du temps ? Comment vous la combinez avec votre activité, le reste de votre activité tout simplement ?

  • Speaker #1

    Alors moi, la télémédecine, je l'ai finalement découverte un petit peu par hasard en 2018. grâce à un collègue qui me précédait et qui avait mis en place une première expérimentation de téléconsultation en EHPAD. C'était en 2018 et puis j'approchais de la fin de mon internat et on m'a dit est-ce que ça t'intéresse de reprendre le sujet ? Et c'est là où j'ai découvert finalement un outil extrêmement intéressant qui allait permettre de rapprocher le médecin de certains patients qui n'étaient pas en mesure soit de se déplacer, soit de venir, et qui étaient souvent en position de se déplacer. en perte de prise en charge médicale et en l'occurrence dans la filière visuelle. Donc c'est vraiment 2018 qui m'a lancé dans ce sujet de télémédecine. Et puis rapidement, j'y ai pris goût parce que je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai intérêt pour les patients. Là, on parlait de patients qui n'avaient plus accès à la santé. Et grâce à ces outils-là, on allait permettre de les remettre dans une prise en charge diverse ou variée. Donc après, on a lancé différents projets. On a développé une téléexpertise en EHPAD. On s'était rendu compte que la téléconsultation n'avait pas d'intérêt dans cette prise en charge, mais qu'on pouvait le faire sous forme de téléexpertise. On a modifié notre protocole de prise en charge. On a étudié également la possibilité de réaliser des téléexpertises ou téléconsultations au sein des centres pénitentiaires. On voit bien à chaque fois qu'on parle de populations pour lesquelles c'est extrêmement difficile d'accéder aux soins. On réfléchit à savoir si la télémédecine n'est pas un levier pour leur permettre l'accès aux soins. Et puis, un sujet qui, là, je pense que ma maman y est pour beaucoup et également mon chef de service, c'est qu'on s'était toujours intéressé, et ça, moi, quelque chose de primordial, c'est comment on peut finalement faire un lien ville-hôpital de qualité, comment on peut améliorer la connexion finalement entre les différents professionnels autour d'un patient, toujours dans l'intérêt finalement d'offrir la meilleure prise en charge possible pour son patient. Et c'est là où la télé-expertise a pris tout son sens. et du coup en 2020 on a On s'est intéressé vraiment à la téléexpertise et on a mis en place une plateforme en organisant un réseau au sein du CHU pour répondre aux avis concernant bien sûr l'ophtalmologie. Donc on a mis un réseau en ophtalmologie, mais qui s'est depuis généralisé à l'ensemble des spécialités au sein du CHU pour couvrir finalement toutes les activités du CHU de Rennes. Donc là encore une fois, la téléexpertise est un levier pour améliorer l'accès aux soins sur tout le territoire. bien sûr Quand on parle de télémédecine, pour moi, elle doit être territorialisée, c'est-à-dire qu'il faut que ça soit une charge locale, le plus local possible. On va essayer de répondre à des déserts médicaux qui sont à proximité de notre centre, mais ça n'a pas de sens de faire de la télémédecine avec quelqu'un qui va être à 500 ou 600 kilomètres. Donc c'est tous ces leviers qu'on a pu mettre en place aujourd'hui. Et en ophtalmologie, on avait déjà la chance finalement d'avoir des protocoles, encore une fois, de coopération avec les orthoptistes, RNO ou Muren. qui permettait de mettre en place des prises en charge de proximité pour les patients lorsque c'était nécessaire. Et dans mon emploi du temps, c'est là où c'est vrai que même ce que je vois lorsque je remplace dans des cabinets où ils pratiquent des actes notamment de protocole de coopération, c'est que c'est souvent en plus. Donc c'est vrai que c'est une activité qui est quand même prenante parce qu'on a tendance à avoir son activité principale pour laquelle on ne diminue pas beaucoup le rythme et on a souvent une activité un petit peu à côté. Donc, c'est quelque chose à... bien faire attention pour retenir dans la durée.

  • Speaker #0

    Et concrètement, est-ce qu'il y aurait des cas dans lesquels la télémédecine est conseillée et à l'inverse, des cas dans lesquels il faut absolument privilégier une consultation en présentiel ?

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on voit naître aujourd'hui pas mal de pratiques de télémédecine, notamment chez l'opticien, avec soit des télé-expertises, soit de la téléconsultation. C'est vrai que c'est un outil qui va permettre, encore une fois, de donner un accès, mais c'est un accès un petit peu précaire puisque derrière, il n'y a pas d'accès présentiel. Et donc, c'est vrai que moi, je ne conçois pas de faire de la télémédecine sans finalement avoir une consultation présentielle et sans être en mesure de pouvoir recevoir un patient pour lequel on va essayer de donner un avis. Alors, on a le droit de dire qu'on ne sait pas, ce n'est pas parce qu'on fait de la télémédecine qu'on doit avoir une réponse à tout. Mais c'est vrai que je pense qu'il faut être en mesure de pouvoir recevoir son patient et d'avoir conscience que tout ne peut pas se traiter en distanciel. Donc ça, c'est quelque chose d'extrêmement important. Moi, j'ai plutôt comme envie de voir finalement une téléconsultation, par exemple, ou une téléexpertise qui va être réalisée à la demande du professionnel. par exemple si moi je considère que le patient que j'ai vu en consultation physique pour la prochaine fois je peux ne pas le voir parce que son dossier est normal ou parce que une téléconsultation par exemple ne va pas perdre de qualité dans la prise en charge, je pense qu'à ce moment-là, on a conscience qu'on va faire une pratique médicale qui est aussi bonne que du présentiel. Par contre, finalement, avoir recours à de la pratique en distanciel, à la demande d'un patient par exemple, et on se rend compte vite qu'on est un peu bloqué parce qu'il nous manque des éléments, il faut vraiment se rappeler que dans ce cas-là, il faut être en mesure de recevoir en présentiel le patient pour poursuivre la prise en charge et qu'elle soit également de qualité.

  • Speaker #0

    Pour finir, quel message vous aimeriez transmettre à nos auditeurs concernant la santé visuelle ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la qualité et c'est la priorité de notre prise en charge. Aujourd'hui, la filière visuelle va bien. On est en pleine évolution encore, avec une amélioration de l'accès aux soins dans cette filière visuelle qui repose sur une coordination forte entre des acteurs importants, l'ophtalmologiste, l'orthoptiste, l'opticien. Et plus cette coordination entre ces acteurs sera bonne, plus la qualité sera au rendez-vous et la satisfaction de nos patients également. En France, l'ophtalmologie, la filière visuelle, est finalement celle qui est la meilleure dans le monde, avec un taux de cécité le plus bas. Donc on a une qualité de prévention efficace et il ne faut pas vouloir tout remettre en question pour peut-être un territoire qui est plus en difficulté. L'avenir, je pense, est radieux avec une amélioration de l'accès aux soins pour tout le monde. sur tous les territoires. Et on voit bien finalement, nous, depuis quelques mois, quelques années, que vraiment cette transition est en route et qu'on devrait pouvoir en faire bénéficier le plus grand nombre le plus vite possible.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Alors, comme on le fait à la fin de chacun des épisodes de ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Alors, on a parlé de la filière visuelle et de ses enjeux. Donc aujourd'hui, la filière visuelle s'organise autour de plusieurs acteurs, les ophtalmologistes, les orthoptistes, les médecins généralistes et les opticiens. Aujourd'hui, ces professionnels, évidemment, collaborent. Ils collaborent de plus en plus pour optimiser les parcours de soins et la qualité de la prise en charge. La filière visuelle, c'est également une filière qui a beaucoup évolué ces dix dernières années. Il y a eu de nombreux départs en retraite, donc aussi l'arrivée d'une nouvelle génération d'ophtalmologistes. Il y a eu un fort essor du travail aidé, mais également des innovations et des nouvelles technologies qui ont un peu fait évoluer le métier. En conséquence, en dix ans, on a eu effectivement une évolution positive, notamment par rapport aux problèmes de déserts médicaux et par rapport au délai de rendez-vous. et ce sur l'ensemble du territoire, et ce également malgré un nombre de patients qui est de plus en plus important, un nombre de patients croissant. Aujourd'hui, la télémédecine fait partie des pratiques émergentes qui ont favorisé cette évolution. C'est un domaine qui est réglementé et qui, vous l'avez évoqué quand il est utilisé à bon escient, offre de nouvelles perspectives pour une prise en charge des patients de plus en plus rapide, de plus en plus performante. et de plus en plus individualisées. Alors, est-ce que cette synthèse vous semble correcte et complète, docteur Soutot ?

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Non, non, tout à fait. Vraiment, je partage ce qui vient d'être dit en conclusion avec une pratique qui est extrêmement intéressante sur notre territoire grâce à tous ces acteurs.

  • Speaker #0

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Merci pour votre disponibilité. Je vous souhaite une bonne journée.

  • Speaker #1

    Merci, vous aussi.

  • Speaker #0

    Au revoir.

  • Speaker #1

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Tout d'abord, un grand merci au Dr Soutot pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de mieux comprendre les enjeux actuels, les progrès réalisés et les perspectives de la filière. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétine et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur... Théo-med.fr, il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien, avec l'agence Aume à la post-production.

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