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Rétines & pupilles

#2- L'innovation & IA en santé visuelle avec Dr Assouline

#2- L'innovation & IA en santé visuelle avec Dr Assouline

35min |06/11/2025
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#2- L'innovation & IA en santé visuelle avec Dr Assouline

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35min |06/11/2025
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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur

l’ophtalmologie ! Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l’innovation et plus particulièrement de l’IA, avec le DR Assouline. Le Dr Assouline est Fondateur et directeur médical du centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l’association Innovations et lasers ophtalmologiques, ainsi que Co-fondateur et membre du Conseil de surveillance de la clinique de la vision à Paris.

Dans cet EP, le Dr Assouline nous explique comment l’innovation a fait évoluer la pratique

ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d’années. Il nous parle IA, technologies, pratiques

médicales et évolution des métiers. Et il évoque l’impact de l’innovation sur le parcours de soin

dans sa globalité, et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l'innovation et plus particulièrement de l'IA avec le Dr. Assouline. Le Dr. Assouline est fondateur et directeur médical du Centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l'association Innovation et laser ophtalmologique. ainsi que cofondateur et membre du conseil de surveillance de la Clinique de la Vision à Paris. Dans cet épisode, le Dr Hassouline nous explique comment l'innovation a fait évoluer la pratique ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d'années. Il nous parle d'IA, technologie, pratique médicale et évolution des métiers. Il évoque également l'impact de l'innovation sur le parcours de soins dans sa globalité et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr. Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de la saison 2 consacré aux innovations en ophtalmologie. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le Dr. Assouline, formé à la chirurgie réfractive, à la biologie cellulaire, aux droits et à l'ingénierie, le Dr. Assouline. et spécialisé dans les corrections chirurgicales de la vision, dans la chirurgie de la cataracte et dans la chirurgie de la greffe. Il exerce aujourd'hui au centre Iéna Vision à Paris. Bonjour docteur Assouline.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis donc avant tout un chirurgien ophtalmologiste assez actif, exerçant à Paris, mais j'ai été également impliqué. de par mon cursus dans de nombreux projets d'innovation en chirurgie et en medical device, en ophtalmologie, donc tout ce qui concerne les implants, et également en pharmacologie. Donc au cours de mes études, j'ai eu l'opportunité de faire un doctorat en sciences aux États-Unis, et donc ça m'a ouvert pas mal de portes pour participer en tant que consultant, et maintenant en tant qu'entrepreneur, au développement d'innovations utiles pour mon métier. Et donc, notamment, j'ai participé... participé à des développements pionniers dans le domaine de la chirurgie au laser pour la correction de la myopie, dans le développement des implants multifocaux pour la correction de la presbytie au cours de la chirurgie de la cataracte. J'ai fait pas mal de projets en pharmacologie pour l'œil sec, pour l'inflammation, pour la douleur. Et puis, tout récemment, je me suis lancé dans une entreprise un peu ambitieuse et nous avons mis au point un robot qui permet de faire tous les diagnostics. en ophtalmologie de façon très efficace, avec notamment l'assistance de l'intelligence artificielle et d'agents virtuels. Donc c'est une petite révolution à laquelle j'ai donné l'impulsion initiale et maintenant j'ai toute une équipe d'ingénieurs qui m'aident à réaliser ce projet, qui a eu déjà un certain succès puisque nous sommes déjà dans 11 pays et que nous avons remporté l'année dernière le concours de l'innovation digitale du ministère de la Santé en France au travers des ARS.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'à la base, l'ophtalmologie était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une excellente question. Dans le cursus des étudiants en médecine, après l'externat, on passe le concours national de l'internat et à cette occasion on doit choisir sa spécialité. A l'origine je voulais faire de la cardiologie, un petit peu comme beaucoup de mes collègues, et puis j'ai découvert l'ophtalmologie lors d'un stage d'anesthésie dans un grand hôpital en région parisienne. et c'est une spécialité qui m'a séduit immédiatement parce qu'elle combine à la fois... Une chirurgie de haut niveau, une chirurgie d'excellence, très jolie à regarder, très jolie et très intéressante à pratiquer. Et en même temps, des aspects médicaux très sophistiqués. L'œil, c'est un organe encapsulé, on est un petit peu indépendant du reste des spécialités médicales, mais il s'y passe beaucoup de choses sur le plan neurologique, sur le plan optique, sur le plan anatomique. Et donc, le champ d'application de l'optomologie est très vaste, très varié, et c'est une spécialité passionnante qui a énormément évolué en 30 ans. J'ai eu la chance de pouvoir participer à toutes ces évolutions. Je peux dire aujourd'hui que j'ai une carrière merveilleuse.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous fait justement vous lever chaque matin après plusieurs dizaines d'années de pratique ? Qu'est-ce qui vous anime en fait dans votre activité au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai trois principales raisons d'être très heureux d'aller au travail le matin. La première, c'est que j'ai des conditions d'exercice très agréables. J'ai un cabinet avec une équipe que j'aime bien et avec laquelle je suis en confiance. Et on fait ça au service des patients et le contact avec les patients est vraiment une récompense de chaque instant. L'ophtalmologie est une spécialité dans laquelle on peut apporter vraiment un changement de vie pour les patients et il nous témoigne d'une gratitude qui est souvent une récompense pour nous. La deuxième chose, c'est que j'adore opérer. La chirurgie, c'est un métier très plaisant. C'est une forme d'artisanat un peu sophistiqué, dans lequel on essaie toujours de s'améliorer toute sa vie. Et ça, c'est très stimulant. Et puis, la troisième chose, c'est que chaque jour est une occasion de constater qu'il y a des progrès à faire. Donc, il y a un champ d'application pour l'innovation qui est très important. Et donc, une journée, c'est toujours l'occasion d'avoir une idée nouvelle. Et ça, c'est ce qui maintient la passion pour ce métier.

  • Speaker #0

    Alors, vous parlez justement de progrès, d'innovation, et c'est bien le sujet de notre épisode. Sur ce sujet, je souhaiterais justement partir d'un constat. Aujourd'hui, on parle beaucoup d'innovation et surtout, on parle beaucoup d'IA, notamment dans le domaine de l'ophtalmologie. Certains s'en inquiètent. Selon vous, est-ce que c'est plutôt un risque ou une opportunité pour le métier ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'intéresse beaucoup à l'IA depuis une dizaine d'années. On a été très précurseurs dans le développement de ce qu'on appelle l'IA multimodale. Aujourd'hui, on a une position de leadership dans ce domaine dans le monde. Il y a énormément de projets en ophtalmologie sur l'IA. Au cours des différentes conférences auxquelles j'ai participé ou assisté, je me rappelle d'une phrase qui m'avait beaucoup marqué, dans laquelle on posait la question à une de mes collègues américaines qui faisait de la recherche et développement dans ce domaine. On lui dit « Est-ce que vous ne pensez pas que l'IA va voler le métier des professionnels de l'œil ou de la santé oculaire ? » Et elle dit « Écoutez, dans l'avenir, ceux qui auront l'IA auront encore un métier, mais ceux qui l'utiliseront plein n'en auront plus. Et je crois que c'est tout à fait ça. En médecine, il y a une dynamique pour améliorer sans cesse le service médical rendu. Et aujourd'hui, on est à peu près certain que sans l'IA, on n'est pas capable de faire autant et aussi bien. Donc l'IA fait des progrès pratiquement tous les mois ou tous les six mois. Il y a des choses vraiment très impressionnantes qui arrivent sur le marché. Et ça enrichit notre métier, ça permet de faciliter l'accès aux meilleurs soins pour les patients, aux meilleurs diagnostics. Et aussi, ce que j'ai remarqué récemment en ce qui me concerne, c'est que ça permet d'upgrader la fonction de chacun des acteurs de la santé oculaire. Aujourd'hui, on ne parle pas de médecins et de patients, on parle d'une chaîne de soins dans laquelle tout le monde participe aux résultats finaux que l'on peut offrir aux patients. Ça tient compte de l'équipe soignante, que ce soit dans un établissement privé ou public, les infirmières. Aujourd'hui, on est aidé dans notre travail par des orthoptistes. Dans beaucoup de pays, ce sont des optopétristes. C'est une formation intermédiaire entre les opticiens et les infirmiers. Et on voit bien que chacun de ces acteurs de la santé oculaire, y compris les ingénieurs qui sont invisibles pour les patients et pour beaucoup de médecins, mais les ingénieurs qui fabriquent les machines et les implants que nous utilisons ou les pharmaciens qui développent des nouveaux produits, tout cela utilise l'IA de façon quotidienne pour beaucoup de choses. Donc on peut dire qu'aujourd'hui, l'IA s'intègre à toutes les étapes du processus. parcours de soins, c'est un terme qui est très à la mode mais qui a du sens, et la façon de communiquer avec les patients au travers d'assistants virtuels qui vont être pilotés par l'IA, la façon de recueillir leur satisfaction ou leur insatisfaction après les traitements que l'on leur a proposés, tout ça maintenant va être très dépendant de notre capacité à mettre en œuvre des moyens efficaces avec l'IA.

  • Speaker #0

    Alors vous avez parlé des métiers et également vous évoquez le parcours de soins. Justement, dans le parcours de soins, est-ce que vous pourriez préciser les domaines, les aspects sur lesquels l'innovation a un impact fort ?

  • Speaker #1

    Le parcours de soins n'a pas vraiment changé depuis l'Antiquité. Le rôle d'une équipe médicale ou d'un médecin, c'est d'abord de savoir de quoi le patient a besoin. Donc ça, c'est le diagnostic. Si on peut le faire, ce qui n'est pas toujours possible, c'est de fixer un pronostic, c'est-à-dire comment les choses vont évoluer si on ne fait rien. Et en fonction de ce pronostic, de donner des recommandations thérapeutiques, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut faire. pour améliorer le pronostic. Alors donc, aujourd'hui, l'innovation que l'on constate dans notre domaine de l'ophtalmologie, elle impacte ces trois domaines, diagnostic, pronostic et thérapeutique, de façon très importante. L'IA, aujourd'hui, joue un rôle majeur pour faciliter le diagnostic. On peut dire que c'est une sorte d'assistant médical qui va interpréter les chiffres ou les images. En ophtalmologie, on a un organe qui se prête beaucoup aux mesures, puisque c'est avant tout une sorte d'appareil optique, l'œil. Et donc, les mesures en optique sont très importantes. Et ces mesures, on peut les intégrer avec des algorithmes d'intelligence artificielle pour savoir, par exemple, quelles lunettes prescrire ou quel implant utiliser pour la change de la cataracte, afin de se passer de lunettes après l'opération. Alors, le pronostic, c'est un sujet un peu différent, plus sophistiqué. On en parlait un petit peu plus en détail tout à l'heure. et la thérapeutique. c'est surtout de savoir quelle est la meilleure stratégie de traitement à proposer. Aujourd'hui, un ophtalmologiste, par exemple, il a une quarantaine de chirurgies possibles pour chacun des patients qu'il voit, et ce n'est pas toujours facile de décider quelle est la meilleure stratégie ou quelle est la meilleure intervention à proposer pour une maladie particulière. Et l'IA, en fait, est capable d'analyser des très grands volumes de données pour indiquer aux médecins et à son patient qui est la meilleure conduite à tenir.

  • Speaker #0

    On a évoqué ces trois dimensions du parcours du patient. Est-ce que vous pourriez rentrer dans le détail de la partie diagnostique pour expliquer tous les impacts de l'innovation et notamment de l'IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est mon domaine électif actuellement, puisque c'est le cœur de métier de la petite société que j'ai développée qui s'appelle Mikajaki, et qui utilise toutes les dernières innovations disponibles. au service du diagnostic. Donc il faut savoir qu'en ophtalmologie, le diagnostic traditionnel se fait avec des étapes plutôt simples. On commence par mesurer la vue du patient, ensuite on examine son œil à l'aide de ce qu'on appelle un microscope, un biomicroscope, c'est ce qu'on appelle la lampe à fente dans notre métier, et puis ensuite on peut éventuellement regarder le fond de l'œil. Donc ça c'était vraiment la façon traditionnelle de traiter l'ophtalmologie depuis pratiquement un siècle, et aujourd'hui les choses ont beaucoup changé. Aujourd'hui, on peut utiliser jusqu'à 20 ou 30 machines dans chaque cabinet d'ophtalmologie pour prendre des mesures de l'œil du patient, à la fois des mesures optiques, c'est-à-dire qu'on va mesurer les différents paramètres optiques de l'œil, des mesures fonctionnelles, on va faire des tests visuels, et puis des mesures anatomiques, on va faire des images de l'œil pour savoir un petit peu comment c'est structuré et qu'est-ce qui ne va pas à l'intérieur du globe. Alors aujourd'hui, toutes ces données, qu'on appelle les données objectives, Donc, toutes les mesures qu'on peut faire chez un patient, toutes les images qu'on peut acquérir à partir de son œil, elles vont être traitées par l'IA à travers des algorithmes. Alors, il y a des algorithmes, par exemple, d'analyse d'images. On va prendre une photo de la rétine, et l'algorithme d'intelligence artificielle va être capable de reconnaître les différentes maladies de la rétine, que ce soit la rétinopathie diabétique, la dégénérescence maculaire, la dégénérescence myopique, etc. On va prendre, par exemple... des photos de la rétine avec ce qu'on appelle un topographe. Et l'IA va être capable de détecter les maladies de la cornée, par exemple le keratocone. Et l'avantage de cette façon de faire, c'est qu'on peut structurer la chaîne de soins de façon plus efficace. C'est-à-dire qu'au lieu de demander à l'ophtalmologiste de faire toutes les mesures, celles-ci sont faites en amont de sa consultation, soit par un robot, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, soit par des assistants, ce sont des orthoptistes. Et puis, on peut intégrer dans la chaîne de soins des algorithmes d'aide au diagnostic qui vont finalement éditer un rapport dont l'ophtalmologiste va pouvoir se servir immédiatement au lieu d'être lui-même obligé d'analyser chaque mesure et de faire tous les calculs nécessaires pour savoir qu'est-ce que le patient a et qu'est-ce qu'on peut faire pour lui. Donc, l'IA, c'est quelque chose qui permet de rendre plus puissant le travail aidé en segmentant les différentes missions des différents intervenants de la chaîne de soins. Ça va de la personne qui va accueillir le patient, à l'orthoptiste, l'orthoptiste, l'opticien, l'infirmière, la secrétaire. Et toutes ces personnes-là vont pouvoir préparer le travail de l'ophtalmologiste de façon beaucoup plus efficace parce que chacune des étapes sera assistée par l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, dans la solution que nous avons mise au point, nous avons une trentaine d'algorithmes et nous sommes en train d'intégrer d'autres, pas forcément des choses que nous avons faites nous-mêmes, mais des choses qui sont disponibles sur le marché. Et on peut donc assembler tous ces algorithmes. pour rendre un service médical plus sophistiqué, plus rapide et plus efficace à chaque patient.

  • Speaker #0

    Petite question, vous parlez d'intégrer les algorithmes, les algorithmes du marché. Est-ce que vous avez aussi intégré de nouveaux métiers pour pouvoir gérer toute cette partie innovation et IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est vraiment une question passionnante. Quel est l'avenir de la médecine ? Est-ce que les médecins seront toujours des médecins dans l'avenir ? Ou est-ce qu'ils seront devenus des ingénieurs ? Ou est-ce qu'ils auront un métier un peu hybride entre l'ingénierie ? les mathématiques par exemple, et le soin, c'est-à-dire le métier médical traditionnel. Je pense qu'aujourd'hui, une équipe qui essaye d'innover dans le domaine médical qui nous concerne, qui est l'automogie, ne peut pas se passer d'ingénieur. À chaque étape, si on veut faire des progrès dans la qualité des soins que l'on pratique, il faut que des ingénieurs nous aident à comprendre qu'est-ce qu'on a obtenu et qu'est-ce qu'on peut faire de mieux. Et donc, les équipes pluridisciplinaires maintenant deviennent pratiquement la norme. Dans la plupart des établissements publics, il y a des ingénieurs biomédicaux qui s'occupent du fonctionnement et de la maintenance des matériels que les médecins et les opérateurs de soins utilisent. Mais en fait, ça va se développer beaucoup plus. Aujourd'hui, dans mon cabinet, qui est un cabinet privé classique, j'ai un assistant qui ne s'occupe que d'ingénierie et d'IA. Donc ça fait partie de la chaîne de soins au même titre que l'orthoptiste ou l'infirmière qui m'aide à travailler.

  • Speaker #0

    Alors là, on vient de... Passons en détail la partie diagnostique. Est-ce que maintenant vous pourriez évoquer la partie pronostique, à savoir justement quel est l'impact de toutes ces innovations sur la capacité à effectuer un pronostic fiable et pertinent ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est un domaine intellectuellement un petit peu sophistiqué pour les non-spécialistes. Faire un pronostic sur le plan médical, c'est connaître l'évolution moyenne d'une maladie pour les patients en général, donc ça c'est au sens collectif, et c'est essayer d'extrapoler ce qui peut arriver à chaque patient sur le plan individuel. On sait bien que chaque patient n'est pas représentatif de la moyenne, les gens sont différents, et donc ce qui fait que... patient va évoluer dans un sens ou dans un autre dépend de variables individuelles. Alors, pendant des années, je dirais un siècle ou deux, les médecins ont utilisé des statistiques. C'est-à-dire qu'ils ont dit, en moyenne, ça se passe comme ça et statistiquement, voilà les chances, par exemple, de survivre à un cancer ou les chances d'avoir une cataracte qui s'aggrave au point de ne plus permettre la conduite automobile, ce genre de choses. Alors, le grand avantage de l'IA, c'est qu'elle permet de faire un saut qualitatif et quantitatifs dans l'évaluation individuelle. C'est-à-dire que l'IA peut brasser des quantités de données très importantes, beaucoup plus importantes que celles que l'on obtient avec des statistiques classiques. Et donc, au lieu de se reposer sur des essais cliniques où on va comparer un traitement A et un traitement B pour savoir quel traitement est le meilleur pour améliorer le pronostic du patient, en faisant par exemple un tirage au sort, on appelle ça l'essai randomisé, l'IA va travailler sur des populations entières Et ça va lui permettre non pas de dégager une tendance moyenne, mais d'avoir une évolution quasi individuelle, parce qu'elle va identifier des profils de patients qui ont un ensemble de variables similaires, et elle va pouvoir créer ce qu'on appelle des avatars digitaux, digital twins en anglais, qui vont permettre d'étudier l'évolution des datas pour chacun des patients d'après des statistiques obtenues sur des grandes cohortes. Donc vous voyez que... tout ce langage est assez complexe. La plupart des gens n'utilisent pas ces termes et ne les comprennent pas toujours. Mais disons qu'au lieu de regarder a priori ce qui peut se passer sur le plan du pronostic, on va faire des analyses a posteriori pour voir ce qui s'est passé dans des grandes populations et on va pouvoir beaucoup mieux extrapoler ce qui risque d'arriver à un patient donné à titre individuel en essayant de trouver dans ces cohortes immenses de patients des patients qui lui ressemblent. et qui ont déjà eu une évolution connue. Et donc ça, c'est vraiment extrêmement prometteur pour l'aspect pronostic. Et qui dit pronostic dit prévention, puisque finalement tout l'intérêt de la médecine maintenant, c'est d'arriver tôt pour éviter que les maladies en arrivent à des stades difficiles à traiter, voire impossibles à prendre en charge. Et donc tout cet aspect de prévention et d'individualisation du pronostic, vont connaître des progrès immenses grâce aux capacités numériques de la médecine digitale. et leur application avec l'intelligence artificielle. Alors, on peut prendre des exemples très simples. Quand on opère une chirurgie de la cataracte, par exemple, environ 1% des patients développent une complication au niveau de la rétine qui s'appelle l'œdème maculaire. En général, ce n'est pas une complication très grave, mais elle peut avoir des conséquences très pénibles pour le patient. Et il est utile de pouvoir la prévenir en utilisant un traitement anti-inflammatoire un peu plus prolongé chez les patients à risque. L'identification de ce risque est quelque chose d'assez difficile à faire a priori, mais si on bénéficie de grandes cohortes qui permettent d'identifier dans des grandes populations quels sont les facteurs de risque de cette population, de façon préventive, on pourra, à titre individuel, prescrire à un patient un traitement plus efficace et plus prolongé pour lui éviter de souffrir de cette complication. Ça permet de donner un petit exemple pratique, ça concerne en France un million de patients par an. Donc c'est quand même quelque chose... d'assez important.

  • Speaker #0

    Cela fait une très bonne transition pour la partie traitement et thérapeutique. Maintenant, la question sur cette troisième dimension, comment l'innovation permet-elle de faire évoluer cette partie thérapeutique et la prise en charge concrète de chaque patient ?

  • Speaker #1

    Dans l'innovation, il y a ce qui est déjà acquis ou qui est en train de se faire. C'est ce qui est concret, qui est déjà obtenu et qu'on essaie de perfectionner. Et puis, il y a les espoirs que l'on place dans des voies de recherche qui sont prometteuses. Donc, on va parler essentiellement aujourd'hui de ce qui est concret, et puis on dira peut-être un petit mot de ce qui est prometteur et ce qui est en train de se faire. Donc, en ophtalmologie, sur les 30 dernières années de ma carrière, j'ai vu arriver trois révolutions très importantes. La première, c'est clairement l'imagerie. Pendant un siècle, les ophtalmologistes étaient uniquement dépendants de leurs yeux. pour examiner l'œil des patients. Ils ne pouvaient comprendre que ce qu'ils voyaient avec l'œil du médecin à travers des systèmes optiques comme des microscopes. Mais aujourd'hui, en fait, on peut faire un bilan très complet, approfondi pour chaque patient avec des mesures et des images. Donc, par exemple, l'imagerie de la rétine a fait des progrès invraisemblables grâce à une technologie qui s'appelle l'OCT. C'est la tomographie de cohérence optique. C'est un peu l'équivalent d'un scanner de la rétine. La rétine, c'est le feuillet sensible qui tapisse l'intérieur de l'œil, grâce auquel on peut convertir la lumière en un flux nerveux. Donc, c'est un élément critique dans la vision des patients. Et la rétine est un feuillet extrêmement délicat, qui est comme une petite couche de cerveau qui tapisse l'intérieur de l'œil. Et aujourd'hui, on est capable d'analyser cette couche neurologique quasiment à l'échelon cellulaire, à pratiquement un ou deux microns près avec les derniers OCT. Donc c'est dire qu'on est arrivé à un niveau de précision dans l'examen de la rétine des patients qui permet d'abord de diagnostiquer les maladies de façon beaucoup plus précoce, même avant qu'elles surviennent, et de bien comprendre comment elles évoluent avec les traitements qu'on peut proposer. On a d'autres techniques d'imagerie qui ont fait des progrès fantastiques. Par exemple, on peut parler de l'interforométrie qui a permis de mesurer l'œil avec une précision incroyable en dessous du micron, notamment pour le calcul des implants d'achat et d'acataracte, ce qu'on appelle les biomètres optiques. Et puis on a une autre technique d'imagerie qu'on utilise quotidiennement, qui est la mesure de la forme de la cornée par ce qu'on appelle la topographie d'élévation. C'est un petit peu comme si on faisait une cartographie des reliefs de la surface de l'œil, qui permet de comprendre à la fois les maladies qui déforment la cornée, comme le keratocone, et aussi de comprendre quelles sont les modifications apportées par les lasers pour traiter les défauts optiques de l'œil, comme la myopie ou l'astigmatisme, ou par exemple des cicatrices de la cornée qui ont rendu la cornée irrégulière. Donc ces techniques d'imagerie permettent de faire un bilan beaucoup plus complet et approfondi pour chaque patient. La deuxième catégorie d'innovation qui a vraiment changé la donne pour les médecins et les patients, ce sont les lasers. Les lasers sont apparus il y a de nombreuses années, pratiquement dans les années 50, mais les lasers thérapeutiques pour l'œil se sont perfectionnés de façon incroyable, et parfois à très grande vitesse. Je peux citer par exemple le laser femtoseconde, qui sert aujourd'hui à découper la cornée, comme un outil de grande précision, c'est ce qu'on utilise pour la chirurgie de la myopie, ou la chirurgie des greffes de la cornée par exemple. Ce laser femtoseconde, entre le moment où il a été découvert sur le plan physique, dans les universités de sciences fondamentales. Et le moment où on a utilisé la première fois ce laser sur un œil de patient, il s'est passé seulement quatre ans. Donc on voit qu'il y a une accélération des applications en recherche-développement qui est tout à fait extraordinaire. Alors ces lasers, ils ont servi aujourd'hui à traiter la rétine pour les maladies, comme ce qu'on fait. Donc on fait par exemple la prévention du décollement de rétine en essayant de traiter les déchirures de la rétine avant qu'elle ne décolle la rétine. On peut utiliser les lasers aussi pour traiter les dégénérescences maculaires. Et puis, on peut traiter aussi la cornée pour remodeler la cornée et lui donner une forme idéale pour la correction des défauts de vision comme la myopie, l'astigmatisme, la presbytie ou l'hypermétropie. Cette correction des défauts de la vision par le laser cornéen existe depuis une trentaine d'années. On a fait les premiers cas en 1990. On a fait maintenant, on estime qu'on a fait plus de 100 millions de cas dans le monde. On voit bien que ça a été une révolution massive, bien qu'un petit peu silencieuse. Voilà, le dernier chapitre d'innovation qui a été très, très important dans la pratique quotidienne, c'est évidemment la pharmacologie, les nouveaux médicaments. Donc, une catégorie de médicaments tout à fait exceptionnelle qu'on utilise aujourd'hui couramment dans le cancer, mais également pour le traitement de la dégénérescence maculaire, qui est la maladie des personnes âgées qui détruit progressivement le centre de la rétine. Ce sont les fragments monoclonaux. Ce sont aujourd'hui des injections intraoculaires qu'on utilise pour empêcher le développement de nouveaux vaisseaux qui ont des fuites ou des hémorragies au niveau de la rétine. Et ça, ça marche de façon remarquable. C'est une maladie qui faisait perdre la vue avant. Et on traite les gens de façon très efficace. Le traitement du glaucome a également révolutionné la pathologie. Je rappelle que la diagnose maculaire et le glaucome sont les deux principales causes de ces sites. dans le monde occidental. Et aujourd'hui, on utilise des médicaments qui sont de plus en plus efficaces, au point qu'on fait de moins en moins de chirurgie. Quand j'étais interne dans les années 90, 85, 90, on opérait énormément de glauco, mais maintenant les traitements sont devenus très efficaces et avec quelques gouttes, on arrive à traiter cette maladie et empêcher la perte de la vue. Voilà, il y a un dernier sujet qui est assez intéressant, qui ne relève pas de la pharmacologie, c'est la freination de la myopie. Il faut savoir, et peu de gens en ont pris... conscience aujourd'hui que la myopie qui concernait seulement 15 à 20 % de la population il y a 30 ans concerne aujourd'hui 50 % des moins de 25 ans en Europe et 85 % en Asie. Donc, on a une pandémie de myopie mondiale qui est très préoccupante parce que 10% des myopes sont porteurs de fortes myopies qui peuvent exposer à des risques majorés de décommandatine, de cataracte, de glaucome et de dégénérescence maculaire. Donc, ce sont des risques de perte de la vision à cause d'une myopie extrême. Donc, c'est un problème de santé publique majeur qui a été identifié comme tel par l'OMS. Dans tous les pays, on voit se mettre en place des stratégies de freination de la myopie et de prévention de la myopie chez les enfants. On utilise pour cela maintenant des moyens très sophistiqués, par exemple des verres de lunettes spéciaux, freinateurs de la myopie, qui optimisent la répartition de la lumière dans l'œil de l'enfant qui est en croissance. On peut utiliser aussi des lentilles de clore d'acte ou des agents pharmacologiques comme la tropine. Mais aujourd'hui, il faut bien se rendre compte que l'urbanisation, le fait que les enfants passent de plus en plus de temps, sur des interfaces digitales en lumière artificielle n'est pas du tout favorable pour le développement de leur vision normale et donc il faut mettre en place des stratégies de freination de la myopie notamment dire aux enfants d'aller jouer dehors au moins une heure ou deux par jour et puis lorsqu'on constate une myopie sur un enfant il s'agit d'un problème sérieux il faut absolument éviter que cette myopie devienne trop importante à l'adolescence et à l'âge adulte. Alors, les implants. C'est le dernier chapitre des innovations qu'on a enregistré aujourd'hui. Tout le monde connaît les implants maintenant de chirurgie de la cataracte. Comme je l'ai dit, on fait environ un million de chirurgie de la cataracte par an. Ça veut dire qu'on enlève le cristallin et on le remplace par une lentille intraoculaire en matériaux artificiels, on appelle ça un cristallin artificiel. Alors à l'origine, les premiers implants ne corrigeaient qu'à une seule distance, par exemple la vision de loin. Et aujourd'hui, les ingénieurs ont fait des progrès incroyables. pour que ces implants puissent corriger à toutes les distances, à la fois de loin, de près, et donner une meilleure qualité de vision au patient, notamment une meilleure qualité de vision nocturne, en corrigeant l'astigmatisme, en corrigeant les imperfections optiques de l'œil. Et donc, ces implants ultra-oculaires pour la cataracte sont maintenant très diffusés dans le monde entier, et on utilise maintenant de plus en plus ces implants premium qui corrigent la totalité des défauts visuels en même temps, de façon à ce que les patients n'aient plus besoin de lutter après l'opération de la cataracte. Il y a beaucoup d'autres implants qui sont utilisés en ophtalmologie, notamment on a aujourd'hui des lentilles intraoculaires qui corrigent la myopie forte, quand on ne peut pas être opéré au laser, on appelle ça les implants FAC de chambre postérieure, le prototype c'est ce qu'on appelle l'ICL, lentilles de contact implantables, et on a d'autres implants, par exemple pour le traitement du glaucome, ou pour d'autres applications plus spécifiques.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait un bon tour d'horizon des innovations et de leurs impacts. On l'a bien compris au travers de votre parcours, au travers de tout ce que vous venez d'expliquer. Vous êtes assez précurseur sur le sujet. Quel est, selon vous, justement le niveau de maturité du domaine de l'ophtalmologie en France sur ces sujets de l'innovation et de l'intégration de l'IA ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on constate aujourd'hui quand on regarde un peu le panorama de ce qui se fait en intelligence artificielle dans le monde, On voit qu'il y a à peu près une soixantaine de projets construits avec des équipes de recherche dédiées. Et ce qui est frappant, c'est que ces 60 projets sont pour la plupart monomodaux. C'est-à-dire que la plupart des équipes de recherche utilisent l'IA pour une seule fonctionnalité, par exemple en intégrant une seule image. Il y a énormément de projets, par exemple, sur l'analyse de l'image de la rétine, qu'on appelle la rétinographie. En tant que médecin, j'ai tendance à avoir une approche plus classique en disant Pour savoir ce qu'un patient a et pour savoir qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, il faut faire feu de tout boire. Il faut utiliser toutes les sources de données et d'informations qu'on a à sa disposition. Autrement dit, un patient, par exemple, il peut vous raconter ses symptômes, il peut vous parler des antécédents personnels ou familiaux qu'il présente par rapport à d'autres patients. Il peut vous parler de l'évolution de sa maladie ou de ses symptômes. Il peut faire des tests visuels, soit en ligne maintenant, soit au cabinet du médecin. Donc, ça, c'est ce qu'on appelle les données subjectives. Eh bien, ce qui est frappant, c'est de voir qu'il n'y a pratiquement aucun algorithme qui interprète les données subjectives dans le monde en ophtalmologie. En dehors de ces données subjectives, il y a toutes les mesures dont on a parlé avec les appareils médicaux. Et là, ce qui est frappant, c'est qu'on a une trentaine d'appareils qui font des mesures différentes. Par exemple, notre robot fait une centaine de mesures différentes sur chaque œil du patient, en 6 à 7 minutes. Et donc, ça paraît un petit peu idiot de n'utiliser qu'une seule de ces mesures pour faire de l'intelligence artificielle. Et donc nous, on s'est orientés vers quelque chose qui est assez original aujourd'hui, mais on voit que c'est en train de bouger très très vite, et qu'il y a d'autres projets qui apparaissent de même nature.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle l'IA multimodal, donc l'intelligence artificielle, qui va utiliser non pas une seule source de données, mais des sources variées qui vont combiner des données pour essayer d'avoir un meilleur rendement sur le plan diagnostique ou pronostic. Et donc, on voit que cette approche est assez fructueuse. Par exemple, nous avons mis au point un algorithme de décision chirurgicale qui utilise 25 données différentes. pour essayer de prédire quelle est la meilleure des 39 chirurgies possibles pour chaque patient. Et on voit que cette approche, qui est pour l'instant assez originale et unique, est très efficace, puisque lorsqu'on compare la prédiction qu'a faite l'algorithme de la meilleure chirurgie pour le patient à ce que peut donner comme avis un chirurgien expérimenté, il n'y a pratiquement aucune différence.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dr Assouline. Alors, je pense qu'on a un peu fait le tour du sujet. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Pour résumer notre échange, l'ophtalmologie, c'est un domaine dans lequel l'innovation a eu de gros impacts ces 30 dernières années. On a eu des progrès à la fois dans le matériel, dans les techniques exploratoires, dans les méthodes de prise en charge, et de façon plus générale, dans l'optimisation de l'accès aux soins et de la prise en charge individuelle de chaque patient. L'innovation a fait progresser la partie diagnostique, notamment avec l'imagerie et l'IA. On a également eu des évolutions sur la partie pronostique, puisque vous venez de le dire, aujourd'hui on a en capacité d'intégrer les données objectives, mais aussi les données subjectives de chaque patient. Et on va pouvoir aller confronter ces données à des bases statistiques pour effectuer un pronostic qui soit le plus fiable possible. Les bénéfices de l'innovation ont également impacté la partie thérapeutique. L'imagerie, le laser, la pharmacologie et les implants apportent des solutions aujourd'hui nouvelles et efficaces pour la prise en charge des pathologies. Donc on le voit bien, l'innovation fait vraiment bouger les lignes. On a une modification des techniques, des pratiques et même, vous l'avez dit, des métiers, puisqu'il y a de nouveaux métiers qui vont être intégrés dans les équipes d'ophtalmologie. Au final... Évidemment, l'intérêt, c'est d'apporter à chaque patient une meilleure prise en charge, c'est-à-dire d'être plus efficace et plus pertinent dans la prise en charge des pathologies pour chaque individu. Mais également, l'innovation a permis un gros progrès sur la partie préventive. Alors, je pense avoir fait le tour, mais est-ce qu'il y aurait des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ? Est-ce que ce résumé vous paraît complet ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, on a fait un tour très complet et j'espère que ce sera assez clair pour nos auditeurs. Je voudrais rajouter quelque chose qui est peut-être l'application la plus spectaculaire de l'intelligence artificielle et de la technologie innovante dans le domaine de la médecine en général et de l'ophtalmologie en particulier, c'est les progrès de la télémédecine. Aujourd'hui, d'après l'OMS, il manque un million de professionnels de la santé de l'œil dans le monde et on ne va pas pouvoir former tous ces médecins, ces orthoptistes, ces optométristes. En revanche, la télémédecine est une opportunité de donner accès à chaque patient dans le monde, à la possibilité d'interagir avec des professionnels de santé, grâce à des technologies qu'on a évoquées, et on voit que ça marche déjà. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en France, on a des protocoles de télémédecine qui ont été mis en place pour l'ophtalmologie, qui fonctionnent déjà. Et ces protocoles sont pour l'instant assez rudimentaires, puisque le médecin et le patient interagissent par des vidéoconférences. Et parfois, un technicien est disponible sur place pour aider le patient à faire des mesures de l'œil dont le médecin va pouvoir se servir. Mais aujourd'hui, on a fait tellement de progrès en robotique, en imagerie et en mesure de l'œil que l'intelligence artificielle va permettre probablement d'examiner un patient à distance de façon aussi efficace et aussi performante que si le patient était dans votre cabinet. Voilà, ça je crois que c'est une révolution qu'on est en train de voir arriver. et qui va être probablement très spectaculaire et utile.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour ce complément d'informations et surtout pour l'éclairage complet que vous nous avez apporté sur l'innovation, qui est un éclairage à la fois rassurant et optimiste, je trouve, et qui permet aussi aux professionnels de santé de bien appréhender toutes les évolutions en cours dans le domaine de l'ophtalmologie. Donc, merci beaucoup, Dr. Assouly. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Fleur, de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    À bientôt. Au revoir. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt. Au revoir.

  • Speaker #2

    Tout d'abord, un grand merci au Dr. Assouline pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de comprendre les défis et perspectives offertes par l'IA dans le domaine de l'ophtalmologie et également de mieux appréhender les évolutions en cours et à venir. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur theo-med.fr. Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aume à la post-production.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur

l’ophtalmologie ! Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l’innovation et plus particulièrement de l’IA, avec le DR Assouline. Le Dr Assouline est Fondateur et directeur médical du centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l’association Innovations et lasers ophtalmologiques, ainsi que Co-fondateur et membre du Conseil de surveillance de la clinique de la vision à Paris.

Dans cet EP, le Dr Assouline nous explique comment l’innovation a fait évoluer la pratique

ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d’années. Il nous parle IA, technologies, pratiques

médicales et évolution des métiers. Et il évoque l’impact de l’innovation sur le parcours de soin

dans sa globalité, et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l'innovation et plus particulièrement de l'IA avec le Dr. Assouline. Le Dr. Assouline est fondateur et directeur médical du Centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l'association Innovation et laser ophtalmologique. ainsi que cofondateur et membre du conseil de surveillance de la Clinique de la Vision à Paris. Dans cet épisode, le Dr Hassouline nous explique comment l'innovation a fait évoluer la pratique ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d'années. Il nous parle d'IA, technologie, pratique médicale et évolution des métiers. Il évoque également l'impact de l'innovation sur le parcours de soins dans sa globalité et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr. Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de la saison 2 consacré aux innovations en ophtalmologie. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le Dr. Assouline, formé à la chirurgie réfractive, à la biologie cellulaire, aux droits et à l'ingénierie, le Dr. Assouline. et spécialisé dans les corrections chirurgicales de la vision, dans la chirurgie de la cataracte et dans la chirurgie de la greffe. Il exerce aujourd'hui au centre Iéna Vision à Paris. Bonjour docteur Assouline.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis donc avant tout un chirurgien ophtalmologiste assez actif, exerçant à Paris, mais j'ai été également impliqué. de par mon cursus dans de nombreux projets d'innovation en chirurgie et en medical device, en ophtalmologie, donc tout ce qui concerne les implants, et également en pharmacologie. Donc au cours de mes études, j'ai eu l'opportunité de faire un doctorat en sciences aux États-Unis, et donc ça m'a ouvert pas mal de portes pour participer en tant que consultant, et maintenant en tant qu'entrepreneur, au développement d'innovations utiles pour mon métier. Et donc, notamment, j'ai participé... participé à des développements pionniers dans le domaine de la chirurgie au laser pour la correction de la myopie, dans le développement des implants multifocaux pour la correction de la presbytie au cours de la chirurgie de la cataracte. J'ai fait pas mal de projets en pharmacologie pour l'œil sec, pour l'inflammation, pour la douleur. Et puis, tout récemment, je me suis lancé dans une entreprise un peu ambitieuse et nous avons mis au point un robot qui permet de faire tous les diagnostics. en ophtalmologie de façon très efficace, avec notamment l'assistance de l'intelligence artificielle et d'agents virtuels. Donc c'est une petite révolution à laquelle j'ai donné l'impulsion initiale et maintenant j'ai toute une équipe d'ingénieurs qui m'aident à réaliser ce projet, qui a eu déjà un certain succès puisque nous sommes déjà dans 11 pays et que nous avons remporté l'année dernière le concours de l'innovation digitale du ministère de la Santé en France au travers des ARS.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'à la base, l'ophtalmologie était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une excellente question. Dans le cursus des étudiants en médecine, après l'externat, on passe le concours national de l'internat et à cette occasion on doit choisir sa spécialité. A l'origine je voulais faire de la cardiologie, un petit peu comme beaucoup de mes collègues, et puis j'ai découvert l'ophtalmologie lors d'un stage d'anesthésie dans un grand hôpital en région parisienne. et c'est une spécialité qui m'a séduit immédiatement parce qu'elle combine à la fois... Une chirurgie de haut niveau, une chirurgie d'excellence, très jolie à regarder, très jolie et très intéressante à pratiquer. Et en même temps, des aspects médicaux très sophistiqués. L'œil, c'est un organe encapsulé, on est un petit peu indépendant du reste des spécialités médicales, mais il s'y passe beaucoup de choses sur le plan neurologique, sur le plan optique, sur le plan anatomique. Et donc, le champ d'application de l'optomologie est très vaste, très varié, et c'est une spécialité passionnante qui a énormément évolué en 30 ans. J'ai eu la chance de pouvoir participer à toutes ces évolutions. Je peux dire aujourd'hui que j'ai une carrière merveilleuse.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous fait justement vous lever chaque matin après plusieurs dizaines d'années de pratique ? Qu'est-ce qui vous anime en fait dans votre activité au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai trois principales raisons d'être très heureux d'aller au travail le matin. La première, c'est que j'ai des conditions d'exercice très agréables. J'ai un cabinet avec une équipe que j'aime bien et avec laquelle je suis en confiance. Et on fait ça au service des patients et le contact avec les patients est vraiment une récompense de chaque instant. L'ophtalmologie est une spécialité dans laquelle on peut apporter vraiment un changement de vie pour les patients et il nous témoigne d'une gratitude qui est souvent une récompense pour nous. La deuxième chose, c'est que j'adore opérer. La chirurgie, c'est un métier très plaisant. C'est une forme d'artisanat un peu sophistiqué, dans lequel on essaie toujours de s'améliorer toute sa vie. Et ça, c'est très stimulant. Et puis, la troisième chose, c'est que chaque jour est une occasion de constater qu'il y a des progrès à faire. Donc, il y a un champ d'application pour l'innovation qui est très important. Et donc, une journée, c'est toujours l'occasion d'avoir une idée nouvelle. Et ça, c'est ce qui maintient la passion pour ce métier.

  • Speaker #0

    Alors, vous parlez justement de progrès, d'innovation, et c'est bien le sujet de notre épisode. Sur ce sujet, je souhaiterais justement partir d'un constat. Aujourd'hui, on parle beaucoup d'innovation et surtout, on parle beaucoup d'IA, notamment dans le domaine de l'ophtalmologie. Certains s'en inquiètent. Selon vous, est-ce que c'est plutôt un risque ou une opportunité pour le métier ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'intéresse beaucoup à l'IA depuis une dizaine d'années. On a été très précurseurs dans le développement de ce qu'on appelle l'IA multimodale. Aujourd'hui, on a une position de leadership dans ce domaine dans le monde. Il y a énormément de projets en ophtalmologie sur l'IA. Au cours des différentes conférences auxquelles j'ai participé ou assisté, je me rappelle d'une phrase qui m'avait beaucoup marqué, dans laquelle on posait la question à une de mes collègues américaines qui faisait de la recherche et développement dans ce domaine. On lui dit « Est-ce que vous ne pensez pas que l'IA va voler le métier des professionnels de l'œil ou de la santé oculaire ? » Et elle dit « Écoutez, dans l'avenir, ceux qui auront l'IA auront encore un métier, mais ceux qui l'utiliseront plein n'en auront plus. Et je crois que c'est tout à fait ça. En médecine, il y a une dynamique pour améliorer sans cesse le service médical rendu. Et aujourd'hui, on est à peu près certain que sans l'IA, on n'est pas capable de faire autant et aussi bien. Donc l'IA fait des progrès pratiquement tous les mois ou tous les six mois. Il y a des choses vraiment très impressionnantes qui arrivent sur le marché. Et ça enrichit notre métier, ça permet de faciliter l'accès aux meilleurs soins pour les patients, aux meilleurs diagnostics. Et aussi, ce que j'ai remarqué récemment en ce qui me concerne, c'est que ça permet d'upgrader la fonction de chacun des acteurs de la santé oculaire. Aujourd'hui, on ne parle pas de médecins et de patients, on parle d'une chaîne de soins dans laquelle tout le monde participe aux résultats finaux que l'on peut offrir aux patients. Ça tient compte de l'équipe soignante, que ce soit dans un établissement privé ou public, les infirmières. Aujourd'hui, on est aidé dans notre travail par des orthoptistes. Dans beaucoup de pays, ce sont des optopétristes. C'est une formation intermédiaire entre les opticiens et les infirmiers. Et on voit bien que chacun de ces acteurs de la santé oculaire, y compris les ingénieurs qui sont invisibles pour les patients et pour beaucoup de médecins, mais les ingénieurs qui fabriquent les machines et les implants que nous utilisons ou les pharmaciens qui développent des nouveaux produits, tout cela utilise l'IA de façon quotidienne pour beaucoup de choses. Donc on peut dire qu'aujourd'hui, l'IA s'intègre à toutes les étapes du processus. parcours de soins, c'est un terme qui est très à la mode mais qui a du sens, et la façon de communiquer avec les patients au travers d'assistants virtuels qui vont être pilotés par l'IA, la façon de recueillir leur satisfaction ou leur insatisfaction après les traitements que l'on leur a proposés, tout ça maintenant va être très dépendant de notre capacité à mettre en œuvre des moyens efficaces avec l'IA.

  • Speaker #0

    Alors vous avez parlé des métiers et également vous évoquez le parcours de soins. Justement, dans le parcours de soins, est-ce que vous pourriez préciser les domaines, les aspects sur lesquels l'innovation a un impact fort ?

  • Speaker #1

    Le parcours de soins n'a pas vraiment changé depuis l'Antiquité. Le rôle d'une équipe médicale ou d'un médecin, c'est d'abord de savoir de quoi le patient a besoin. Donc ça, c'est le diagnostic. Si on peut le faire, ce qui n'est pas toujours possible, c'est de fixer un pronostic, c'est-à-dire comment les choses vont évoluer si on ne fait rien. Et en fonction de ce pronostic, de donner des recommandations thérapeutiques, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut faire. pour améliorer le pronostic. Alors donc, aujourd'hui, l'innovation que l'on constate dans notre domaine de l'ophtalmologie, elle impacte ces trois domaines, diagnostic, pronostic et thérapeutique, de façon très importante. L'IA, aujourd'hui, joue un rôle majeur pour faciliter le diagnostic. On peut dire que c'est une sorte d'assistant médical qui va interpréter les chiffres ou les images. En ophtalmologie, on a un organe qui se prête beaucoup aux mesures, puisque c'est avant tout une sorte d'appareil optique, l'œil. Et donc, les mesures en optique sont très importantes. Et ces mesures, on peut les intégrer avec des algorithmes d'intelligence artificielle pour savoir, par exemple, quelles lunettes prescrire ou quel implant utiliser pour la change de la cataracte, afin de se passer de lunettes après l'opération. Alors, le pronostic, c'est un sujet un peu différent, plus sophistiqué. On en parlait un petit peu plus en détail tout à l'heure. et la thérapeutique. c'est surtout de savoir quelle est la meilleure stratégie de traitement à proposer. Aujourd'hui, un ophtalmologiste, par exemple, il a une quarantaine de chirurgies possibles pour chacun des patients qu'il voit, et ce n'est pas toujours facile de décider quelle est la meilleure stratégie ou quelle est la meilleure intervention à proposer pour une maladie particulière. Et l'IA, en fait, est capable d'analyser des très grands volumes de données pour indiquer aux médecins et à son patient qui est la meilleure conduite à tenir.

  • Speaker #0

    On a évoqué ces trois dimensions du parcours du patient. Est-ce que vous pourriez rentrer dans le détail de la partie diagnostique pour expliquer tous les impacts de l'innovation et notamment de l'IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est mon domaine électif actuellement, puisque c'est le cœur de métier de la petite société que j'ai développée qui s'appelle Mikajaki, et qui utilise toutes les dernières innovations disponibles. au service du diagnostic. Donc il faut savoir qu'en ophtalmologie, le diagnostic traditionnel se fait avec des étapes plutôt simples. On commence par mesurer la vue du patient, ensuite on examine son œil à l'aide de ce qu'on appelle un microscope, un biomicroscope, c'est ce qu'on appelle la lampe à fente dans notre métier, et puis ensuite on peut éventuellement regarder le fond de l'œil. Donc ça c'était vraiment la façon traditionnelle de traiter l'ophtalmologie depuis pratiquement un siècle, et aujourd'hui les choses ont beaucoup changé. Aujourd'hui, on peut utiliser jusqu'à 20 ou 30 machines dans chaque cabinet d'ophtalmologie pour prendre des mesures de l'œil du patient, à la fois des mesures optiques, c'est-à-dire qu'on va mesurer les différents paramètres optiques de l'œil, des mesures fonctionnelles, on va faire des tests visuels, et puis des mesures anatomiques, on va faire des images de l'œil pour savoir un petit peu comment c'est structuré et qu'est-ce qui ne va pas à l'intérieur du globe. Alors aujourd'hui, toutes ces données, qu'on appelle les données objectives, Donc, toutes les mesures qu'on peut faire chez un patient, toutes les images qu'on peut acquérir à partir de son œil, elles vont être traitées par l'IA à travers des algorithmes. Alors, il y a des algorithmes, par exemple, d'analyse d'images. On va prendre une photo de la rétine, et l'algorithme d'intelligence artificielle va être capable de reconnaître les différentes maladies de la rétine, que ce soit la rétinopathie diabétique, la dégénérescence maculaire, la dégénérescence myopique, etc. On va prendre, par exemple... des photos de la rétine avec ce qu'on appelle un topographe. Et l'IA va être capable de détecter les maladies de la cornée, par exemple le keratocone. Et l'avantage de cette façon de faire, c'est qu'on peut structurer la chaîne de soins de façon plus efficace. C'est-à-dire qu'au lieu de demander à l'ophtalmologiste de faire toutes les mesures, celles-ci sont faites en amont de sa consultation, soit par un robot, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, soit par des assistants, ce sont des orthoptistes. Et puis, on peut intégrer dans la chaîne de soins des algorithmes d'aide au diagnostic qui vont finalement éditer un rapport dont l'ophtalmologiste va pouvoir se servir immédiatement au lieu d'être lui-même obligé d'analyser chaque mesure et de faire tous les calculs nécessaires pour savoir qu'est-ce que le patient a et qu'est-ce qu'on peut faire pour lui. Donc, l'IA, c'est quelque chose qui permet de rendre plus puissant le travail aidé en segmentant les différentes missions des différents intervenants de la chaîne de soins. Ça va de la personne qui va accueillir le patient, à l'orthoptiste, l'orthoptiste, l'opticien, l'infirmière, la secrétaire. Et toutes ces personnes-là vont pouvoir préparer le travail de l'ophtalmologiste de façon beaucoup plus efficace parce que chacune des étapes sera assistée par l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, dans la solution que nous avons mise au point, nous avons une trentaine d'algorithmes et nous sommes en train d'intégrer d'autres, pas forcément des choses que nous avons faites nous-mêmes, mais des choses qui sont disponibles sur le marché. Et on peut donc assembler tous ces algorithmes. pour rendre un service médical plus sophistiqué, plus rapide et plus efficace à chaque patient.

  • Speaker #0

    Petite question, vous parlez d'intégrer les algorithmes, les algorithmes du marché. Est-ce que vous avez aussi intégré de nouveaux métiers pour pouvoir gérer toute cette partie innovation et IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est vraiment une question passionnante. Quel est l'avenir de la médecine ? Est-ce que les médecins seront toujours des médecins dans l'avenir ? Ou est-ce qu'ils seront devenus des ingénieurs ? Ou est-ce qu'ils auront un métier un peu hybride entre l'ingénierie ? les mathématiques par exemple, et le soin, c'est-à-dire le métier médical traditionnel. Je pense qu'aujourd'hui, une équipe qui essaye d'innover dans le domaine médical qui nous concerne, qui est l'automogie, ne peut pas se passer d'ingénieur. À chaque étape, si on veut faire des progrès dans la qualité des soins que l'on pratique, il faut que des ingénieurs nous aident à comprendre qu'est-ce qu'on a obtenu et qu'est-ce qu'on peut faire de mieux. Et donc, les équipes pluridisciplinaires maintenant deviennent pratiquement la norme. Dans la plupart des établissements publics, il y a des ingénieurs biomédicaux qui s'occupent du fonctionnement et de la maintenance des matériels que les médecins et les opérateurs de soins utilisent. Mais en fait, ça va se développer beaucoup plus. Aujourd'hui, dans mon cabinet, qui est un cabinet privé classique, j'ai un assistant qui ne s'occupe que d'ingénierie et d'IA. Donc ça fait partie de la chaîne de soins au même titre que l'orthoptiste ou l'infirmière qui m'aide à travailler.

  • Speaker #0

    Alors là, on vient de... Passons en détail la partie diagnostique. Est-ce que maintenant vous pourriez évoquer la partie pronostique, à savoir justement quel est l'impact de toutes ces innovations sur la capacité à effectuer un pronostic fiable et pertinent ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est un domaine intellectuellement un petit peu sophistiqué pour les non-spécialistes. Faire un pronostic sur le plan médical, c'est connaître l'évolution moyenne d'une maladie pour les patients en général, donc ça c'est au sens collectif, et c'est essayer d'extrapoler ce qui peut arriver à chaque patient sur le plan individuel. On sait bien que chaque patient n'est pas représentatif de la moyenne, les gens sont différents, et donc ce qui fait que... patient va évoluer dans un sens ou dans un autre dépend de variables individuelles. Alors, pendant des années, je dirais un siècle ou deux, les médecins ont utilisé des statistiques. C'est-à-dire qu'ils ont dit, en moyenne, ça se passe comme ça et statistiquement, voilà les chances, par exemple, de survivre à un cancer ou les chances d'avoir une cataracte qui s'aggrave au point de ne plus permettre la conduite automobile, ce genre de choses. Alors, le grand avantage de l'IA, c'est qu'elle permet de faire un saut qualitatif et quantitatifs dans l'évaluation individuelle. C'est-à-dire que l'IA peut brasser des quantités de données très importantes, beaucoup plus importantes que celles que l'on obtient avec des statistiques classiques. Et donc, au lieu de se reposer sur des essais cliniques où on va comparer un traitement A et un traitement B pour savoir quel traitement est le meilleur pour améliorer le pronostic du patient, en faisant par exemple un tirage au sort, on appelle ça l'essai randomisé, l'IA va travailler sur des populations entières Et ça va lui permettre non pas de dégager une tendance moyenne, mais d'avoir une évolution quasi individuelle, parce qu'elle va identifier des profils de patients qui ont un ensemble de variables similaires, et elle va pouvoir créer ce qu'on appelle des avatars digitaux, digital twins en anglais, qui vont permettre d'étudier l'évolution des datas pour chacun des patients d'après des statistiques obtenues sur des grandes cohortes. Donc vous voyez que... tout ce langage est assez complexe. La plupart des gens n'utilisent pas ces termes et ne les comprennent pas toujours. Mais disons qu'au lieu de regarder a priori ce qui peut se passer sur le plan du pronostic, on va faire des analyses a posteriori pour voir ce qui s'est passé dans des grandes populations et on va pouvoir beaucoup mieux extrapoler ce qui risque d'arriver à un patient donné à titre individuel en essayant de trouver dans ces cohortes immenses de patients des patients qui lui ressemblent. et qui ont déjà eu une évolution connue. Et donc ça, c'est vraiment extrêmement prometteur pour l'aspect pronostic. Et qui dit pronostic dit prévention, puisque finalement tout l'intérêt de la médecine maintenant, c'est d'arriver tôt pour éviter que les maladies en arrivent à des stades difficiles à traiter, voire impossibles à prendre en charge. Et donc tout cet aspect de prévention et d'individualisation du pronostic, vont connaître des progrès immenses grâce aux capacités numériques de la médecine digitale. et leur application avec l'intelligence artificielle. Alors, on peut prendre des exemples très simples. Quand on opère une chirurgie de la cataracte, par exemple, environ 1% des patients développent une complication au niveau de la rétine qui s'appelle l'œdème maculaire. En général, ce n'est pas une complication très grave, mais elle peut avoir des conséquences très pénibles pour le patient. Et il est utile de pouvoir la prévenir en utilisant un traitement anti-inflammatoire un peu plus prolongé chez les patients à risque. L'identification de ce risque est quelque chose d'assez difficile à faire a priori, mais si on bénéficie de grandes cohortes qui permettent d'identifier dans des grandes populations quels sont les facteurs de risque de cette population, de façon préventive, on pourra, à titre individuel, prescrire à un patient un traitement plus efficace et plus prolongé pour lui éviter de souffrir de cette complication. Ça permet de donner un petit exemple pratique, ça concerne en France un million de patients par an. Donc c'est quand même quelque chose... d'assez important.

  • Speaker #0

    Cela fait une très bonne transition pour la partie traitement et thérapeutique. Maintenant, la question sur cette troisième dimension, comment l'innovation permet-elle de faire évoluer cette partie thérapeutique et la prise en charge concrète de chaque patient ?

  • Speaker #1

    Dans l'innovation, il y a ce qui est déjà acquis ou qui est en train de se faire. C'est ce qui est concret, qui est déjà obtenu et qu'on essaie de perfectionner. Et puis, il y a les espoirs que l'on place dans des voies de recherche qui sont prometteuses. Donc, on va parler essentiellement aujourd'hui de ce qui est concret, et puis on dira peut-être un petit mot de ce qui est prometteur et ce qui est en train de se faire. Donc, en ophtalmologie, sur les 30 dernières années de ma carrière, j'ai vu arriver trois révolutions très importantes. La première, c'est clairement l'imagerie. Pendant un siècle, les ophtalmologistes étaient uniquement dépendants de leurs yeux. pour examiner l'œil des patients. Ils ne pouvaient comprendre que ce qu'ils voyaient avec l'œil du médecin à travers des systèmes optiques comme des microscopes. Mais aujourd'hui, en fait, on peut faire un bilan très complet, approfondi pour chaque patient avec des mesures et des images. Donc, par exemple, l'imagerie de la rétine a fait des progrès invraisemblables grâce à une technologie qui s'appelle l'OCT. C'est la tomographie de cohérence optique. C'est un peu l'équivalent d'un scanner de la rétine. La rétine, c'est le feuillet sensible qui tapisse l'intérieur de l'œil, grâce auquel on peut convertir la lumière en un flux nerveux. Donc, c'est un élément critique dans la vision des patients. Et la rétine est un feuillet extrêmement délicat, qui est comme une petite couche de cerveau qui tapisse l'intérieur de l'œil. Et aujourd'hui, on est capable d'analyser cette couche neurologique quasiment à l'échelon cellulaire, à pratiquement un ou deux microns près avec les derniers OCT. Donc c'est dire qu'on est arrivé à un niveau de précision dans l'examen de la rétine des patients qui permet d'abord de diagnostiquer les maladies de façon beaucoup plus précoce, même avant qu'elles surviennent, et de bien comprendre comment elles évoluent avec les traitements qu'on peut proposer. On a d'autres techniques d'imagerie qui ont fait des progrès fantastiques. Par exemple, on peut parler de l'interforométrie qui a permis de mesurer l'œil avec une précision incroyable en dessous du micron, notamment pour le calcul des implants d'achat et d'acataracte, ce qu'on appelle les biomètres optiques. Et puis on a une autre technique d'imagerie qu'on utilise quotidiennement, qui est la mesure de la forme de la cornée par ce qu'on appelle la topographie d'élévation. C'est un petit peu comme si on faisait une cartographie des reliefs de la surface de l'œil, qui permet de comprendre à la fois les maladies qui déforment la cornée, comme le keratocone, et aussi de comprendre quelles sont les modifications apportées par les lasers pour traiter les défauts optiques de l'œil, comme la myopie ou l'astigmatisme, ou par exemple des cicatrices de la cornée qui ont rendu la cornée irrégulière. Donc ces techniques d'imagerie permettent de faire un bilan beaucoup plus complet et approfondi pour chaque patient. La deuxième catégorie d'innovation qui a vraiment changé la donne pour les médecins et les patients, ce sont les lasers. Les lasers sont apparus il y a de nombreuses années, pratiquement dans les années 50, mais les lasers thérapeutiques pour l'œil se sont perfectionnés de façon incroyable, et parfois à très grande vitesse. Je peux citer par exemple le laser femtoseconde, qui sert aujourd'hui à découper la cornée, comme un outil de grande précision, c'est ce qu'on utilise pour la chirurgie de la myopie, ou la chirurgie des greffes de la cornée par exemple. Ce laser femtoseconde, entre le moment où il a été découvert sur le plan physique, dans les universités de sciences fondamentales. Et le moment où on a utilisé la première fois ce laser sur un œil de patient, il s'est passé seulement quatre ans. Donc on voit qu'il y a une accélération des applications en recherche-développement qui est tout à fait extraordinaire. Alors ces lasers, ils ont servi aujourd'hui à traiter la rétine pour les maladies, comme ce qu'on fait. Donc on fait par exemple la prévention du décollement de rétine en essayant de traiter les déchirures de la rétine avant qu'elle ne décolle la rétine. On peut utiliser les lasers aussi pour traiter les dégénérescences maculaires. Et puis, on peut traiter aussi la cornée pour remodeler la cornée et lui donner une forme idéale pour la correction des défauts de vision comme la myopie, l'astigmatisme, la presbytie ou l'hypermétropie. Cette correction des défauts de la vision par le laser cornéen existe depuis une trentaine d'années. On a fait les premiers cas en 1990. On a fait maintenant, on estime qu'on a fait plus de 100 millions de cas dans le monde. On voit bien que ça a été une révolution massive, bien qu'un petit peu silencieuse. Voilà, le dernier chapitre d'innovation qui a été très, très important dans la pratique quotidienne, c'est évidemment la pharmacologie, les nouveaux médicaments. Donc, une catégorie de médicaments tout à fait exceptionnelle qu'on utilise aujourd'hui couramment dans le cancer, mais également pour le traitement de la dégénérescence maculaire, qui est la maladie des personnes âgées qui détruit progressivement le centre de la rétine. Ce sont les fragments monoclonaux. Ce sont aujourd'hui des injections intraoculaires qu'on utilise pour empêcher le développement de nouveaux vaisseaux qui ont des fuites ou des hémorragies au niveau de la rétine. Et ça, ça marche de façon remarquable. C'est une maladie qui faisait perdre la vue avant. Et on traite les gens de façon très efficace. Le traitement du glaucome a également révolutionné la pathologie. Je rappelle que la diagnose maculaire et le glaucome sont les deux principales causes de ces sites. dans le monde occidental. Et aujourd'hui, on utilise des médicaments qui sont de plus en plus efficaces, au point qu'on fait de moins en moins de chirurgie. Quand j'étais interne dans les années 90, 85, 90, on opérait énormément de glauco, mais maintenant les traitements sont devenus très efficaces et avec quelques gouttes, on arrive à traiter cette maladie et empêcher la perte de la vue. Voilà, il y a un dernier sujet qui est assez intéressant, qui ne relève pas de la pharmacologie, c'est la freination de la myopie. Il faut savoir, et peu de gens en ont pris... conscience aujourd'hui que la myopie qui concernait seulement 15 à 20 % de la population il y a 30 ans concerne aujourd'hui 50 % des moins de 25 ans en Europe et 85 % en Asie. Donc, on a une pandémie de myopie mondiale qui est très préoccupante parce que 10% des myopes sont porteurs de fortes myopies qui peuvent exposer à des risques majorés de décommandatine, de cataracte, de glaucome et de dégénérescence maculaire. Donc, ce sont des risques de perte de la vision à cause d'une myopie extrême. Donc, c'est un problème de santé publique majeur qui a été identifié comme tel par l'OMS. Dans tous les pays, on voit se mettre en place des stratégies de freination de la myopie et de prévention de la myopie chez les enfants. On utilise pour cela maintenant des moyens très sophistiqués, par exemple des verres de lunettes spéciaux, freinateurs de la myopie, qui optimisent la répartition de la lumière dans l'œil de l'enfant qui est en croissance. On peut utiliser aussi des lentilles de clore d'acte ou des agents pharmacologiques comme la tropine. Mais aujourd'hui, il faut bien se rendre compte que l'urbanisation, le fait que les enfants passent de plus en plus de temps, sur des interfaces digitales en lumière artificielle n'est pas du tout favorable pour le développement de leur vision normale et donc il faut mettre en place des stratégies de freination de la myopie notamment dire aux enfants d'aller jouer dehors au moins une heure ou deux par jour et puis lorsqu'on constate une myopie sur un enfant il s'agit d'un problème sérieux il faut absolument éviter que cette myopie devienne trop importante à l'adolescence et à l'âge adulte. Alors, les implants. C'est le dernier chapitre des innovations qu'on a enregistré aujourd'hui. Tout le monde connaît les implants maintenant de chirurgie de la cataracte. Comme je l'ai dit, on fait environ un million de chirurgie de la cataracte par an. Ça veut dire qu'on enlève le cristallin et on le remplace par une lentille intraoculaire en matériaux artificiels, on appelle ça un cristallin artificiel. Alors à l'origine, les premiers implants ne corrigeaient qu'à une seule distance, par exemple la vision de loin. Et aujourd'hui, les ingénieurs ont fait des progrès incroyables. pour que ces implants puissent corriger à toutes les distances, à la fois de loin, de près, et donner une meilleure qualité de vision au patient, notamment une meilleure qualité de vision nocturne, en corrigeant l'astigmatisme, en corrigeant les imperfections optiques de l'œil. Et donc, ces implants ultra-oculaires pour la cataracte sont maintenant très diffusés dans le monde entier, et on utilise maintenant de plus en plus ces implants premium qui corrigent la totalité des défauts visuels en même temps, de façon à ce que les patients n'aient plus besoin de lutter après l'opération de la cataracte. Il y a beaucoup d'autres implants qui sont utilisés en ophtalmologie, notamment on a aujourd'hui des lentilles intraoculaires qui corrigent la myopie forte, quand on ne peut pas être opéré au laser, on appelle ça les implants FAC de chambre postérieure, le prototype c'est ce qu'on appelle l'ICL, lentilles de contact implantables, et on a d'autres implants, par exemple pour le traitement du glaucome, ou pour d'autres applications plus spécifiques.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait un bon tour d'horizon des innovations et de leurs impacts. On l'a bien compris au travers de votre parcours, au travers de tout ce que vous venez d'expliquer. Vous êtes assez précurseur sur le sujet. Quel est, selon vous, justement le niveau de maturité du domaine de l'ophtalmologie en France sur ces sujets de l'innovation et de l'intégration de l'IA ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on constate aujourd'hui quand on regarde un peu le panorama de ce qui se fait en intelligence artificielle dans le monde, On voit qu'il y a à peu près une soixantaine de projets construits avec des équipes de recherche dédiées. Et ce qui est frappant, c'est que ces 60 projets sont pour la plupart monomodaux. C'est-à-dire que la plupart des équipes de recherche utilisent l'IA pour une seule fonctionnalité, par exemple en intégrant une seule image. Il y a énormément de projets, par exemple, sur l'analyse de l'image de la rétine, qu'on appelle la rétinographie. En tant que médecin, j'ai tendance à avoir une approche plus classique en disant Pour savoir ce qu'un patient a et pour savoir qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, il faut faire feu de tout boire. Il faut utiliser toutes les sources de données et d'informations qu'on a à sa disposition. Autrement dit, un patient, par exemple, il peut vous raconter ses symptômes, il peut vous parler des antécédents personnels ou familiaux qu'il présente par rapport à d'autres patients. Il peut vous parler de l'évolution de sa maladie ou de ses symptômes. Il peut faire des tests visuels, soit en ligne maintenant, soit au cabinet du médecin. Donc, ça, c'est ce qu'on appelle les données subjectives. Eh bien, ce qui est frappant, c'est de voir qu'il n'y a pratiquement aucun algorithme qui interprète les données subjectives dans le monde en ophtalmologie. En dehors de ces données subjectives, il y a toutes les mesures dont on a parlé avec les appareils médicaux. Et là, ce qui est frappant, c'est qu'on a une trentaine d'appareils qui font des mesures différentes. Par exemple, notre robot fait une centaine de mesures différentes sur chaque œil du patient, en 6 à 7 minutes. Et donc, ça paraît un petit peu idiot de n'utiliser qu'une seule de ces mesures pour faire de l'intelligence artificielle. Et donc nous, on s'est orientés vers quelque chose qui est assez original aujourd'hui, mais on voit que c'est en train de bouger très très vite, et qu'il y a d'autres projets qui apparaissent de même nature.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle l'IA multimodal, donc l'intelligence artificielle, qui va utiliser non pas une seule source de données, mais des sources variées qui vont combiner des données pour essayer d'avoir un meilleur rendement sur le plan diagnostique ou pronostic. Et donc, on voit que cette approche est assez fructueuse. Par exemple, nous avons mis au point un algorithme de décision chirurgicale qui utilise 25 données différentes. pour essayer de prédire quelle est la meilleure des 39 chirurgies possibles pour chaque patient. Et on voit que cette approche, qui est pour l'instant assez originale et unique, est très efficace, puisque lorsqu'on compare la prédiction qu'a faite l'algorithme de la meilleure chirurgie pour le patient à ce que peut donner comme avis un chirurgien expérimenté, il n'y a pratiquement aucune différence.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dr Assouline. Alors, je pense qu'on a un peu fait le tour du sujet. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Pour résumer notre échange, l'ophtalmologie, c'est un domaine dans lequel l'innovation a eu de gros impacts ces 30 dernières années. On a eu des progrès à la fois dans le matériel, dans les techniques exploratoires, dans les méthodes de prise en charge, et de façon plus générale, dans l'optimisation de l'accès aux soins et de la prise en charge individuelle de chaque patient. L'innovation a fait progresser la partie diagnostique, notamment avec l'imagerie et l'IA. On a également eu des évolutions sur la partie pronostique, puisque vous venez de le dire, aujourd'hui on a en capacité d'intégrer les données objectives, mais aussi les données subjectives de chaque patient. Et on va pouvoir aller confronter ces données à des bases statistiques pour effectuer un pronostic qui soit le plus fiable possible. Les bénéfices de l'innovation ont également impacté la partie thérapeutique. L'imagerie, le laser, la pharmacologie et les implants apportent des solutions aujourd'hui nouvelles et efficaces pour la prise en charge des pathologies. Donc on le voit bien, l'innovation fait vraiment bouger les lignes. On a une modification des techniques, des pratiques et même, vous l'avez dit, des métiers, puisqu'il y a de nouveaux métiers qui vont être intégrés dans les équipes d'ophtalmologie. Au final... Évidemment, l'intérêt, c'est d'apporter à chaque patient une meilleure prise en charge, c'est-à-dire d'être plus efficace et plus pertinent dans la prise en charge des pathologies pour chaque individu. Mais également, l'innovation a permis un gros progrès sur la partie préventive. Alors, je pense avoir fait le tour, mais est-ce qu'il y aurait des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ? Est-ce que ce résumé vous paraît complet ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, on a fait un tour très complet et j'espère que ce sera assez clair pour nos auditeurs. Je voudrais rajouter quelque chose qui est peut-être l'application la plus spectaculaire de l'intelligence artificielle et de la technologie innovante dans le domaine de la médecine en général et de l'ophtalmologie en particulier, c'est les progrès de la télémédecine. Aujourd'hui, d'après l'OMS, il manque un million de professionnels de la santé de l'œil dans le monde et on ne va pas pouvoir former tous ces médecins, ces orthoptistes, ces optométristes. En revanche, la télémédecine est une opportunité de donner accès à chaque patient dans le monde, à la possibilité d'interagir avec des professionnels de santé, grâce à des technologies qu'on a évoquées, et on voit que ça marche déjà. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en France, on a des protocoles de télémédecine qui ont été mis en place pour l'ophtalmologie, qui fonctionnent déjà. Et ces protocoles sont pour l'instant assez rudimentaires, puisque le médecin et le patient interagissent par des vidéoconférences. Et parfois, un technicien est disponible sur place pour aider le patient à faire des mesures de l'œil dont le médecin va pouvoir se servir. Mais aujourd'hui, on a fait tellement de progrès en robotique, en imagerie et en mesure de l'œil que l'intelligence artificielle va permettre probablement d'examiner un patient à distance de façon aussi efficace et aussi performante que si le patient était dans votre cabinet. Voilà, ça je crois que c'est une révolution qu'on est en train de voir arriver. et qui va être probablement très spectaculaire et utile.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour ce complément d'informations et surtout pour l'éclairage complet que vous nous avez apporté sur l'innovation, qui est un éclairage à la fois rassurant et optimiste, je trouve, et qui permet aussi aux professionnels de santé de bien appréhender toutes les évolutions en cours dans le domaine de l'ophtalmologie. Donc, merci beaucoup, Dr. Assouly. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Fleur, de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    À bientôt. Au revoir. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt. Au revoir.

  • Speaker #2

    Tout d'abord, un grand merci au Dr. Assouline pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de comprendre les défis et perspectives offertes par l'IA dans le domaine de l'ophtalmologie et également de mieux appréhender les évolutions en cours et à venir. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur theo-med.fr. Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aume à la post-production.

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Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur

l’ophtalmologie ! Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l’innovation et plus particulièrement de l’IA, avec le DR Assouline. Le Dr Assouline est Fondateur et directeur médical du centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l’association Innovations et lasers ophtalmologiques, ainsi que Co-fondateur et membre du Conseil de surveillance de la clinique de la vision à Paris.

Dans cet EP, le Dr Assouline nous explique comment l’innovation a fait évoluer la pratique

ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d’années. Il nous parle IA, technologies, pratiques

médicales et évolution des métiers. Et il évoque l’impact de l’innovation sur le parcours de soin

dans sa globalité, et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l'innovation et plus particulièrement de l'IA avec le Dr. Assouline. Le Dr. Assouline est fondateur et directeur médical du Centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l'association Innovation et laser ophtalmologique. ainsi que cofondateur et membre du conseil de surveillance de la Clinique de la Vision à Paris. Dans cet épisode, le Dr Hassouline nous explique comment l'innovation a fait évoluer la pratique ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d'années. Il nous parle d'IA, technologie, pratique médicale et évolution des métiers. Il évoque également l'impact de l'innovation sur le parcours de soins dans sa globalité et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr. Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de la saison 2 consacré aux innovations en ophtalmologie. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le Dr. Assouline, formé à la chirurgie réfractive, à la biologie cellulaire, aux droits et à l'ingénierie, le Dr. Assouline. et spécialisé dans les corrections chirurgicales de la vision, dans la chirurgie de la cataracte et dans la chirurgie de la greffe. Il exerce aujourd'hui au centre Iéna Vision à Paris. Bonjour docteur Assouline.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis donc avant tout un chirurgien ophtalmologiste assez actif, exerçant à Paris, mais j'ai été également impliqué. de par mon cursus dans de nombreux projets d'innovation en chirurgie et en medical device, en ophtalmologie, donc tout ce qui concerne les implants, et également en pharmacologie. Donc au cours de mes études, j'ai eu l'opportunité de faire un doctorat en sciences aux États-Unis, et donc ça m'a ouvert pas mal de portes pour participer en tant que consultant, et maintenant en tant qu'entrepreneur, au développement d'innovations utiles pour mon métier. Et donc, notamment, j'ai participé... participé à des développements pionniers dans le domaine de la chirurgie au laser pour la correction de la myopie, dans le développement des implants multifocaux pour la correction de la presbytie au cours de la chirurgie de la cataracte. J'ai fait pas mal de projets en pharmacologie pour l'œil sec, pour l'inflammation, pour la douleur. Et puis, tout récemment, je me suis lancé dans une entreprise un peu ambitieuse et nous avons mis au point un robot qui permet de faire tous les diagnostics. en ophtalmologie de façon très efficace, avec notamment l'assistance de l'intelligence artificielle et d'agents virtuels. Donc c'est une petite révolution à laquelle j'ai donné l'impulsion initiale et maintenant j'ai toute une équipe d'ingénieurs qui m'aident à réaliser ce projet, qui a eu déjà un certain succès puisque nous sommes déjà dans 11 pays et que nous avons remporté l'année dernière le concours de l'innovation digitale du ministère de la Santé en France au travers des ARS.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'à la base, l'ophtalmologie était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une excellente question. Dans le cursus des étudiants en médecine, après l'externat, on passe le concours national de l'internat et à cette occasion on doit choisir sa spécialité. A l'origine je voulais faire de la cardiologie, un petit peu comme beaucoup de mes collègues, et puis j'ai découvert l'ophtalmologie lors d'un stage d'anesthésie dans un grand hôpital en région parisienne. et c'est une spécialité qui m'a séduit immédiatement parce qu'elle combine à la fois... Une chirurgie de haut niveau, une chirurgie d'excellence, très jolie à regarder, très jolie et très intéressante à pratiquer. Et en même temps, des aspects médicaux très sophistiqués. L'œil, c'est un organe encapsulé, on est un petit peu indépendant du reste des spécialités médicales, mais il s'y passe beaucoup de choses sur le plan neurologique, sur le plan optique, sur le plan anatomique. Et donc, le champ d'application de l'optomologie est très vaste, très varié, et c'est une spécialité passionnante qui a énormément évolué en 30 ans. J'ai eu la chance de pouvoir participer à toutes ces évolutions. Je peux dire aujourd'hui que j'ai une carrière merveilleuse.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous fait justement vous lever chaque matin après plusieurs dizaines d'années de pratique ? Qu'est-ce qui vous anime en fait dans votre activité au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai trois principales raisons d'être très heureux d'aller au travail le matin. La première, c'est que j'ai des conditions d'exercice très agréables. J'ai un cabinet avec une équipe que j'aime bien et avec laquelle je suis en confiance. Et on fait ça au service des patients et le contact avec les patients est vraiment une récompense de chaque instant. L'ophtalmologie est une spécialité dans laquelle on peut apporter vraiment un changement de vie pour les patients et il nous témoigne d'une gratitude qui est souvent une récompense pour nous. La deuxième chose, c'est que j'adore opérer. La chirurgie, c'est un métier très plaisant. C'est une forme d'artisanat un peu sophistiqué, dans lequel on essaie toujours de s'améliorer toute sa vie. Et ça, c'est très stimulant. Et puis, la troisième chose, c'est que chaque jour est une occasion de constater qu'il y a des progrès à faire. Donc, il y a un champ d'application pour l'innovation qui est très important. Et donc, une journée, c'est toujours l'occasion d'avoir une idée nouvelle. Et ça, c'est ce qui maintient la passion pour ce métier.

  • Speaker #0

    Alors, vous parlez justement de progrès, d'innovation, et c'est bien le sujet de notre épisode. Sur ce sujet, je souhaiterais justement partir d'un constat. Aujourd'hui, on parle beaucoup d'innovation et surtout, on parle beaucoup d'IA, notamment dans le domaine de l'ophtalmologie. Certains s'en inquiètent. Selon vous, est-ce que c'est plutôt un risque ou une opportunité pour le métier ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'intéresse beaucoup à l'IA depuis une dizaine d'années. On a été très précurseurs dans le développement de ce qu'on appelle l'IA multimodale. Aujourd'hui, on a une position de leadership dans ce domaine dans le monde. Il y a énormément de projets en ophtalmologie sur l'IA. Au cours des différentes conférences auxquelles j'ai participé ou assisté, je me rappelle d'une phrase qui m'avait beaucoup marqué, dans laquelle on posait la question à une de mes collègues américaines qui faisait de la recherche et développement dans ce domaine. On lui dit « Est-ce que vous ne pensez pas que l'IA va voler le métier des professionnels de l'œil ou de la santé oculaire ? » Et elle dit « Écoutez, dans l'avenir, ceux qui auront l'IA auront encore un métier, mais ceux qui l'utiliseront plein n'en auront plus. Et je crois que c'est tout à fait ça. En médecine, il y a une dynamique pour améliorer sans cesse le service médical rendu. Et aujourd'hui, on est à peu près certain que sans l'IA, on n'est pas capable de faire autant et aussi bien. Donc l'IA fait des progrès pratiquement tous les mois ou tous les six mois. Il y a des choses vraiment très impressionnantes qui arrivent sur le marché. Et ça enrichit notre métier, ça permet de faciliter l'accès aux meilleurs soins pour les patients, aux meilleurs diagnostics. Et aussi, ce que j'ai remarqué récemment en ce qui me concerne, c'est que ça permet d'upgrader la fonction de chacun des acteurs de la santé oculaire. Aujourd'hui, on ne parle pas de médecins et de patients, on parle d'une chaîne de soins dans laquelle tout le monde participe aux résultats finaux que l'on peut offrir aux patients. Ça tient compte de l'équipe soignante, que ce soit dans un établissement privé ou public, les infirmières. Aujourd'hui, on est aidé dans notre travail par des orthoptistes. Dans beaucoup de pays, ce sont des optopétristes. C'est une formation intermédiaire entre les opticiens et les infirmiers. Et on voit bien que chacun de ces acteurs de la santé oculaire, y compris les ingénieurs qui sont invisibles pour les patients et pour beaucoup de médecins, mais les ingénieurs qui fabriquent les machines et les implants que nous utilisons ou les pharmaciens qui développent des nouveaux produits, tout cela utilise l'IA de façon quotidienne pour beaucoup de choses. Donc on peut dire qu'aujourd'hui, l'IA s'intègre à toutes les étapes du processus. parcours de soins, c'est un terme qui est très à la mode mais qui a du sens, et la façon de communiquer avec les patients au travers d'assistants virtuels qui vont être pilotés par l'IA, la façon de recueillir leur satisfaction ou leur insatisfaction après les traitements que l'on leur a proposés, tout ça maintenant va être très dépendant de notre capacité à mettre en œuvre des moyens efficaces avec l'IA.

  • Speaker #0

    Alors vous avez parlé des métiers et également vous évoquez le parcours de soins. Justement, dans le parcours de soins, est-ce que vous pourriez préciser les domaines, les aspects sur lesquels l'innovation a un impact fort ?

  • Speaker #1

    Le parcours de soins n'a pas vraiment changé depuis l'Antiquité. Le rôle d'une équipe médicale ou d'un médecin, c'est d'abord de savoir de quoi le patient a besoin. Donc ça, c'est le diagnostic. Si on peut le faire, ce qui n'est pas toujours possible, c'est de fixer un pronostic, c'est-à-dire comment les choses vont évoluer si on ne fait rien. Et en fonction de ce pronostic, de donner des recommandations thérapeutiques, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut faire. pour améliorer le pronostic. Alors donc, aujourd'hui, l'innovation que l'on constate dans notre domaine de l'ophtalmologie, elle impacte ces trois domaines, diagnostic, pronostic et thérapeutique, de façon très importante. L'IA, aujourd'hui, joue un rôle majeur pour faciliter le diagnostic. On peut dire que c'est une sorte d'assistant médical qui va interpréter les chiffres ou les images. En ophtalmologie, on a un organe qui se prête beaucoup aux mesures, puisque c'est avant tout une sorte d'appareil optique, l'œil. Et donc, les mesures en optique sont très importantes. Et ces mesures, on peut les intégrer avec des algorithmes d'intelligence artificielle pour savoir, par exemple, quelles lunettes prescrire ou quel implant utiliser pour la change de la cataracte, afin de se passer de lunettes après l'opération. Alors, le pronostic, c'est un sujet un peu différent, plus sophistiqué. On en parlait un petit peu plus en détail tout à l'heure. et la thérapeutique. c'est surtout de savoir quelle est la meilleure stratégie de traitement à proposer. Aujourd'hui, un ophtalmologiste, par exemple, il a une quarantaine de chirurgies possibles pour chacun des patients qu'il voit, et ce n'est pas toujours facile de décider quelle est la meilleure stratégie ou quelle est la meilleure intervention à proposer pour une maladie particulière. Et l'IA, en fait, est capable d'analyser des très grands volumes de données pour indiquer aux médecins et à son patient qui est la meilleure conduite à tenir.

  • Speaker #0

    On a évoqué ces trois dimensions du parcours du patient. Est-ce que vous pourriez rentrer dans le détail de la partie diagnostique pour expliquer tous les impacts de l'innovation et notamment de l'IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est mon domaine électif actuellement, puisque c'est le cœur de métier de la petite société que j'ai développée qui s'appelle Mikajaki, et qui utilise toutes les dernières innovations disponibles. au service du diagnostic. Donc il faut savoir qu'en ophtalmologie, le diagnostic traditionnel se fait avec des étapes plutôt simples. On commence par mesurer la vue du patient, ensuite on examine son œil à l'aide de ce qu'on appelle un microscope, un biomicroscope, c'est ce qu'on appelle la lampe à fente dans notre métier, et puis ensuite on peut éventuellement regarder le fond de l'œil. Donc ça c'était vraiment la façon traditionnelle de traiter l'ophtalmologie depuis pratiquement un siècle, et aujourd'hui les choses ont beaucoup changé. Aujourd'hui, on peut utiliser jusqu'à 20 ou 30 machines dans chaque cabinet d'ophtalmologie pour prendre des mesures de l'œil du patient, à la fois des mesures optiques, c'est-à-dire qu'on va mesurer les différents paramètres optiques de l'œil, des mesures fonctionnelles, on va faire des tests visuels, et puis des mesures anatomiques, on va faire des images de l'œil pour savoir un petit peu comment c'est structuré et qu'est-ce qui ne va pas à l'intérieur du globe. Alors aujourd'hui, toutes ces données, qu'on appelle les données objectives, Donc, toutes les mesures qu'on peut faire chez un patient, toutes les images qu'on peut acquérir à partir de son œil, elles vont être traitées par l'IA à travers des algorithmes. Alors, il y a des algorithmes, par exemple, d'analyse d'images. On va prendre une photo de la rétine, et l'algorithme d'intelligence artificielle va être capable de reconnaître les différentes maladies de la rétine, que ce soit la rétinopathie diabétique, la dégénérescence maculaire, la dégénérescence myopique, etc. On va prendre, par exemple... des photos de la rétine avec ce qu'on appelle un topographe. Et l'IA va être capable de détecter les maladies de la cornée, par exemple le keratocone. Et l'avantage de cette façon de faire, c'est qu'on peut structurer la chaîne de soins de façon plus efficace. C'est-à-dire qu'au lieu de demander à l'ophtalmologiste de faire toutes les mesures, celles-ci sont faites en amont de sa consultation, soit par un robot, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, soit par des assistants, ce sont des orthoptistes. Et puis, on peut intégrer dans la chaîne de soins des algorithmes d'aide au diagnostic qui vont finalement éditer un rapport dont l'ophtalmologiste va pouvoir se servir immédiatement au lieu d'être lui-même obligé d'analyser chaque mesure et de faire tous les calculs nécessaires pour savoir qu'est-ce que le patient a et qu'est-ce qu'on peut faire pour lui. Donc, l'IA, c'est quelque chose qui permet de rendre plus puissant le travail aidé en segmentant les différentes missions des différents intervenants de la chaîne de soins. Ça va de la personne qui va accueillir le patient, à l'orthoptiste, l'orthoptiste, l'opticien, l'infirmière, la secrétaire. Et toutes ces personnes-là vont pouvoir préparer le travail de l'ophtalmologiste de façon beaucoup plus efficace parce que chacune des étapes sera assistée par l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, dans la solution que nous avons mise au point, nous avons une trentaine d'algorithmes et nous sommes en train d'intégrer d'autres, pas forcément des choses que nous avons faites nous-mêmes, mais des choses qui sont disponibles sur le marché. Et on peut donc assembler tous ces algorithmes. pour rendre un service médical plus sophistiqué, plus rapide et plus efficace à chaque patient.

  • Speaker #0

    Petite question, vous parlez d'intégrer les algorithmes, les algorithmes du marché. Est-ce que vous avez aussi intégré de nouveaux métiers pour pouvoir gérer toute cette partie innovation et IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est vraiment une question passionnante. Quel est l'avenir de la médecine ? Est-ce que les médecins seront toujours des médecins dans l'avenir ? Ou est-ce qu'ils seront devenus des ingénieurs ? Ou est-ce qu'ils auront un métier un peu hybride entre l'ingénierie ? les mathématiques par exemple, et le soin, c'est-à-dire le métier médical traditionnel. Je pense qu'aujourd'hui, une équipe qui essaye d'innover dans le domaine médical qui nous concerne, qui est l'automogie, ne peut pas se passer d'ingénieur. À chaque étape, si on veut faire des progrès dans la qualité des soins que l'on pratique, il faut que des ingénieurs nous aident à comprendre qu'est-ce qu'on a obtenu et qu'est-ce qu'on peut faire de mieux. Et donc, les équipes pluridisciplinaires maintenant deviennent pratiquement la norme. Dans la plupart des établissements publics, il y a des ingénieurs biomédicaux qui s'occupent du fonctionnement et de la maintenance des matériels que les médecins et les opérateurs de soins utilisent. Mais en fait, ça va se développer beaucoup plus. Aujourd'hui, dans mon cabinet, qui est un cabinet privé classique, j'ai un assistant qui ne s'occupe que d'ingénierie et d'IA. Donc ça fait partie de la chaîne de soins au même titre que l'orthoptiste ou l'infirmière qui m'aide à travailler.

  • Speaker #0

    Alors là, on vient de... Passons en détail la partie diagnostique. Est-ce que maintenant vous pourriez évoquer la partie pronostique, à savoir justement quel est l'impact de toutes ces innovations sur la capacité à effectuer un pronostic fiable et pertinent ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est un domaine intellectuellement un petit peu sophistiqué pour les non-spécialistes. Faire un pronostic sur le plan médical, c'est connaître l'évolution moyenne d'une maladie pour les patients en général, donc ça c'est au sens collectif, et c'est essayer d'extrapoler ce qui peut arriver à chaque patient sur le plan individuel. On sait bien que chaque patient n'est pas représentatif de la moyenne, les gens sont différents, et donc ce qui fait que... patient va évoluer dans un sens ou dans un autre dépend de variables individuelles. Alors, pendant des années, je dirais un siècle ou deux, les médecins ont utilisé des statistiques. C'est-à-dire qu'ils ont dit, en moyenne, ça se passe comme ça et statistiquement, voilà les chances, par exemple, de survivre à un cancer ou les chances d'avoir une cataracte qui s'aggrave au point de ne plus permettre la conduite automobile, ce genre de choses. Alors, le grand avantage de l'IA, c'est qu'elle permet de faire un saut qualitatif et quantitatifs dans l'évaluation individuelle. C'est-à-dire que l'IA peut brasser des quantités de données très importantes, beaucoup plus importantes que celles que l'on obtient avec des statistiques classiques. Et donc, au lieu de se reposer sur des essais cliniques où on va comparer un traitement A et un traitement B pour savoir quel traitement est le meilleur pour améliorer le pronostic du patient, en faisant par exemple un tirage au sort, on appelle ça l'essai randomisé, l'IA va travailler sur des populations entières Et ça va lui permettre non pas de dégager une tendance moyenne, mais d'avoir une évolution quasi individuelle, parce qu'elle va identifier des profils de patients qui ont un ensemble de variables similaires, et elle va pouvoir créer ce qu'on appelle des avatars digitaux, digital twins en anglais, qui vont permettre d'étudier l'évolution des datas pour chacun des patients d'après des statistiques obtenues sur des grandes cohortes. Donc vous voyez que... tout ce langage est assez complexe. La plupart des gens n'utilisent pas ces termes et ne les comprennent pas toujours. Mais disons qu'au lieu de regarder a priori ce qui peut se passer sur le plan du pronostic, on va faire des analyses a posteriori pour voir ce qui s'est passé dans des grandes populations et on va pouvoir beaucoup mieux extrapoler ce qui risque d'arriver à un patient donné à titre individuel en essayant de trouver dans ces cohortes immenses de patients des patients qui lui ressemblent. et qui ont déjà eu une évolution connue. Et donc ça, c'est vraiment extrêmement prometteur pour l'aspect pronostic. Et qui dit pronostic dit prévention, puisque finalement tout l'intérêt de la médecine maintenant, c'est d'arriver tôt pour éviter que les maladies en arrivent à des stades difficiles à traiter, voire impossibles à prendre en charge. Et donc tout cet aspect de prévention et d'individualisation du pronostic, vont connaître des progrès immenses grâce aux capacités numériques de la médecine digitale. et leur application avec l'intelligence artificielle. Alors, on peut prendre des exemples très simples. Quand on opère une chirurgie de la cataracte, par exemple, environ 1% des patients développent une complication au niveau de la rétine qui s'appelle l'œdème maculaire. En général, ce n'est pas une complication très grave, mais elle peut avoir des conséquences très pénibles pour le patient. Et il est utile de pouvoir la prévenir en utilisant un traitement anti-inflammatoire un peu plus prolongé chez les patients à risque. L'identification de ce risque est quelque chose d'assez difficile à faire a priori, mais si on bénéficie de grandes cohortes qui permettent d'identifier dans des grandes populations quels sont les facteurs de risque de cette population, de façon préventive, on pourra, à titre individuel, prescrire à un patient un traitement plus efficace et plus prolongé pour lui éviter de souffrir de cette complication. Ça permet de donner un petit exemple pratique, ça concerne en France un million de patients par an. Donc c'est quand même quelque chose... d'assez important.

  • Speaker #0

    Cela fait une très bonne transition pour la partie traitement et thérapeutique. Maintenant, la question sur cette troisième dimension, comment l'innovation permet-elle de faire évoluer cette partie thérapeutique et la prise en charge concrète de chaque patient ?

  • Speaker #1

    Dans l'innovation, il y a ce qui est déjà acquis ou qui est en train de se faire. C'est ce qui est concret, qui est déjà obtenu et qu'on essaie de perfectionner. Et puis, il y a les espoirs que l'on place dans des voies de recherche qui sont prometteuses. Donc, on va parler essentiellement aujourd'hui de ce qui est concret, et puis on dira peut-être un petit mot de ce qui est prometteur et ce qui est en train de se faire. Donc, en ophtalmologie, sur les 30 dernières années de ma carrière, j'ai vu arriver trois révolutions très importantes. La première, c'est clairement l'imagerie. Pendant un siècle, les ophtalmologistes étaient uniquement dépendants de leurs yeux. pour examiner l'œil des patients. Ils ne pouvaient comprendre que ce qu'ils voyaient avec l'œil du médecin à travers des systèmes optiques comme des microscopes. Mais aujourd'hui, en fait, on peut faire un bilan très complet, approfondi pour chaque patient avec des mesures et des images. Donc, par exemple, l'imagerie de la rétine a fait des progrès invraisemblables grâce à une technologie qui s'appelle l'OCT. C'est la tomographie de cohérence optique. C'est un peu l'équivalent d'un scanner de la rétine. La rétine, c'est le feuillet sensible qui tapisse l'intérieur de l'œil, grâce auquel on peut convertir la lumière en un flux nerveux. Donc, c'est un élément critique dans la vision des patients. Et la rétine est un feuillet extrêmement délicat, qui est comme une petite couche de cerveau qui tapisse l'intérieur de l'œil. Et aujourd'hui, on est capable d'analyser cette couche neurologique quasiment à l'échelon cellulaire, à pratiquement un ou deux microns près avec les derniers OCT. Donc c'est dire qu'on est arrivé à un niveau de précision dans l'examen de la rétine des patients qui permet d'abord de diagnostiquer les maladies de façon beaucoup plus précoce, même avant qu'elles surviennent, et de bien comprendre comment elles évoluent avec les traitements qu'on peut proposer. On a d'autres techniques d'imagerie qui ont fait des progrès fantastiques. Par exemple, on peut parler de l'interforométrie qui a permis de mesurer l'œil avec une précision incroyable en dessous du micron, notamment pour le calcul des implants d'achat et d'acataracte, ce qu'on appelle les biomètres optiques. Et puis on a une autre technique d'imagerie qu'on utilise quotidiennement, qui est la mesure de la forme de la cornée par ce qu'on appelle la topographie d'élévation. C'est un petit peu comme si on faisait une cartographie des reliefs de la surface de l'œil, qui permet de comprendre à la fois les maladies qui déforment la cornée, comme le keratocone, et aussi de comprendre quelles sont les modifications apportées par les lasers pour traiter les défauts optiques de l'œil, comme la myopie ou l'astigmatisme, ou par exemple des cicatrices de la cornée qui ont rendu la cornée irrégulière. Donc ces techniques d'imagerie permettent de faire un bilan beaucoup plus complet et approfondi pour chaque patient. La deuxième catégorie d'innovation qui a vraiment changé la donne pour les médecins et les patients, ce sont les lasers. Les lasers sont apparus il y a de nombreuses années, pratiquement dans les années 50, mais les lasers thérapeutiques pour l'œil se sont perfectionnés de façon incroyable, et parfois à très grande vitesse. Je peux citer par exemple le laser femtoseconde, qui sert aujourd'hui à découper la cornée, comme un outil de grande précision, c'est ce qu'on utilise pour la chirurgie de la myopie, ou la chirurgie des greffes de la cornée par exemple. Ce laser femtoseconde, entre le moment où il a été découvert sur le plan physique, dans les universités de sciences fondamentales. Et le moment où on a utilisé la première fois ce laser sur un œil de patient, il s'est passé seulement quatre ans. Donc on voit qu'il y a une accélération des applications en recherche-développement qui est tout à fait extraordinaire. Alors ces lasers, ils ont servi aujourd'hui à traiter la rétine pour les maladies, comme ce qu'on fait. Donc on fait par exemple la prévention du décollement de rétine en essayant de traiter les déchirures de la rétine avant qu'elle ne décolle la rétine. On peut utiliser les lasers aussi pour traiter les dégénérescences maculaires. Et puis, on peut traiter aussi la cornée pour remodeler la cornée et lui donner une forme idéale pour la correction des défauts de vision comme la myopie, l'astigmatisme, la presbytie ou l'hypermétropie. Cette correction des défauts de la vision par le laser cornéen existe depuis une trentaine d'années. On a fait les premiers cas en 1990. On a fait maintenant, on estime qu'on a fait plus de 100 millions de cas dans le monde. On voit bien que ça a été une révolution massive, bien qu'un petit peu silencieuse. Voilà, le dernier chapitre d'innovation qui a été très, très important dans la pratique quotidienne, c'est évidemment la pharmacologie, les nouveaux médicaments. Donc, une catégorie de médicaments tout à fait exceptionnelle qu'on utilise aujourd'hui couramment dans le cancer, mais également pour le traitement de la dégénérescence maculaire, qui est la maladie des personnes âgées qui détruit progressivement le centre de la rétine. Ce sont les fragments monoclonaux. Ce sont aujourd'hui des injections intraoculaires qu'on utilise pour empêcher le développement de nouveaux vaisseaux qui ont des fuites ou des hémorragies au niveau de la rétine. Et ça, ça marche de façon remarquable. C'est une maladie qui faisait perdre la vue avant. Et on traite les gens de façon très efficace. Le traitement du glaucome a également révolutionné la pathologie. Je rappelle que la diagnose maculaire et le glaucome sont les deux principales causes de ces sites. dans le monde occidental. Et aujourd'hui, on utilise des médicaments qui sont de plus en plus efficaces, au point qu'on fait de moins en moins de chirurgie. Quand j'étais interne dans les années 90, 85, 90, on opérait énormément de glauco, mais maintenant les traitements sont devenus très efficaces et avec quelques gouttes, on arrive à traiter cette maladie et empêcher la perte de la vue. Voilà, il y a un dernier sujet qui est assez intéressant, qui ne relève pas de la pharmacologie, c'est la freination de la myopie. Il faut savoir, et peu de gens en ont pris... conscience aujourd'hui que la myopie qui concernait seulement 15 à 20 % de la population il y a 30 ans concerne aujourd'hui 50 % des moins de 25 ans en Europe et 85 % en Asie. Donc, on a une pandémie de myopie mondiale qui est très préoccupante parce que 10% des myopes sont porteurs de fortes myopies qui peuvent exposer à des risques majorés de décommandatine, de cataracte, de glaucome et de dégénérescence maculaire. Donc, ce sont des risques de perte de la vision à cause d'une myopie extrême. Donc, c'est un problème de santé publique majeur qui a été identifié comme tel par l'OMS. Dans tous les pays, on voit se mettre en place des stratégies de freination de la myopie et de prévention de la myopie chez les enfants. On utilise pour cela maintenant des moyens très sophistiqués, par exemple des verres de lunettes spéciaux, freinateurs de la myopie, qui optimisent la répartition de la lumière dans l'œil de l'enfant qui est en croissance. On peut utiliser aussi des lentilles de clore d'acte ou des agents pharmacologiques comme la tropine. Mais aujourd'hui, il faut bien se rendre compte que l'urbanisation, le fait que les enfants passent de plus en plus de temps, sur des interfaces digitales en lumière artificielle n'est pas du tout favorable pour le développement de leur vision normale et donc il faut mettre en place des stratégies de freination de la myopie notamment dire aux enfants d'aller jouer dehors au moins une heure ou deux par jour et puis lorsqu'on constate une myopie sur un enfant il s'agit d'un problème sérieux il faut absolument éviter que cette myopie devienne trop importante à l'adolescence et à l'âge adulte. Alors, les implants. C'est le dernier chapitre des innovations qu'on a enregistré aujourd'hui. Tout le monde connaît les implants maintenant de chirurgie de la cataracte. Comme je l'ai dit, on fait environ un million de chirurgie de la cataracte par an. Ça veut dire qu'on enlève le cristallin et on le remplace par une lentille intraoculaire en matériaux artificiels, on appelle ça un cristallin artificiel. Alors à l'origine, les premiers implants ne corrigeaient qu'à une seule distance, par exemple la vision de loin. Et aujourd'hui, les ingénieurs ont fait des progrès incroyables. pour que ces implants puissent corriger à toutes les distances, à la fois de loin, de près, et donner une meilleure qualité de vision au patient, notamment une meilleure qualité de vision nocturne, en corrigeant l'astigmatisme, en corrigeant les imperfections optiques de l'œil. Et donc, ces implants ultra-oculaires pour la cataracte sont maintenant très diffusés dans le monde entier, et on utilise maintenant de plus en plus ces implants premium qui corrigent la totalité des défauts visuels en même temps, de façon à ce que les patients n'aient plus besoin de lutter après l'opération de la cataracte. Il y a beaucoup d'autres implants qui sont utilisés en ophtalmologie, notamment on a aujourd'hui des lentilles intraoculaires qui corrigent la myopie forte, quand on ne peut pas être opéré au laser, on appelle ça les implants FAC de chambre postérieure, le prototype c'est ce qu'on appelle l'ICL, lentilles de contact implantables, et on a d'autres implants, par exemple pour le traitement du glaucome, ou pour d'autres applications plus spécifiques.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait un bon tour d'horizon des innovations et de leurs impacts. On l'a bien compris au travers de votre parcours, au travers de tout ce que vous venez d'expliquer. Vous êtes assez précurseur sur le sujet. Quel est, selon vous, justement le niveau de maturité du domaine de l'ophtalmologie en France sur ces sujets de l'innovation et de l'intégration de l'IA ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on constate aujourd'hui quand on regarde un peu le panorama de ce qui se fait en intelligence artificielle dans le monde, On voit qu'il y a à peu près une soixantaine de projets construits avec des équipes de recherche dédiées. Et ce qui est frappant, c'est que ces 60 projets sont pour la plupart monomodaux. C'est-à-dire que la plupart des équipes de recherche utilisent l'IA pour une seule fonctionnalité, par exemple en intégrant une seule image. Il y a énormément de projets, par exemple, sur l'analyse de l'image de la rétine, qu'on appelle la rétinographie. En tant que médecin, j'ai tendance à avoir une approche plus classique en disant Pour savoir ce qu'un patient a et pour savoir qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, il faut faire feu de tout boire. Il faut utiliser toutes les sources de données et d'informations qu'on a à sa disposition. Autrement dit, un patient, par exemple, il peut vous raconter ses symptômes, il peut vous parler des antécédents personnels ou familiaux qu'il présente par rapport à d'autres patients. Il peut vous parler de l'évolution de sa maladie ou de ses symptômes. Il peut faire des tests visuels, soit en ligne maintenant, soit au cabinet du médecin. Donc, ça, c'est ce qu'on appelle les données subjectives. Eh bien, ce qui est frappant, c'est de voir qu'il n'y a pratiquement aucun algorithme qui interprète les données subjectives dans le monde en ophtalmologie. En dehors de ces données subjectives, il y a toutes les mesures dont on a parlé avec les appareils médicaux. Et là, ce qui est frappant, c'est qu'on a une trentaine d'appareils qui font des mesures différentes. Par exemple, notre robot fait une centaine de mesures différentes sur chaque œil du patient, en 6 à 7 minutes. Et donc, ça paraît un petit peu idiot de n'utiliser qu'une seule de ces mesures pour faire de l'intelligence artificielle. Et donc nous, on s'est orientés vers quelque chose qui est assez original aujourd'hui, mais on voit que c'est en train de bouger très très vite, et qu'il y a d'autres projets qui apparaissent de même nature.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle l'IA multimodal, donc l'intelligence artificielle, qui va utiliser non pas une seule source de données, mais des sources variées qui vont combiner des données pour essayer d'avoir un meilleur rendement sur le plan diagnostique ou pronostic. Et donc, on voit que cette approche est assez fructueuse. Par exemple, nous avons mis au point un algorithme de décision chirurgicale qui utilise 25 données différentes. pour essayer de prédire quelle est la meilleure des 39 chirurgies possibles pour chaque patient. Et on voit que cette approche, qui est pour l'instant assez originale et unique, est très efficace, puisque lorsqu'on compare la prédiction qu'a faite l'algorithme de la meilleure chirurgie pour le patient à ce que peut donner comme avis un chirurgien expérimenté, il n'y a pratiquement aucune différence.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dr Assouline. Alors, je pense qu'on a un peu fait le tour du sujet. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Pour résumer notre échange, l'ophtalmologie, c'est un domaine dans lequel l'innovation a eu de gros impacts ces 30 dernières années. On a eu des progrès à la fois dans le matériel, dans les techniques exploratoires, dans les méthodes de prise en charge, et de façon plus générale, dans l'optimisation de l'accès aux soins et de la prise en charge individuelle de chaque patient. L'innovation a fait progresser la partie diagnostique, notamment avec l'imagerie et l'IA. On a également eu des évolutions sur la partie pronostique, puisque vous venez de le dire, aujourd'hui on a en capacité d'intégrer les données objectives, mais aussi les données subjectives de chaque patient. Et on va pouvoir aller confronter ces données à des bases statistiques pour effectuer un pronostic qui soit le plus fiable possible. Les bénéfices de l'innovation ont également impacté la partie thérapeutique. L'imagerie, le laser, la pharmacologie et les implants apportent des solutions aujourd'hui nouvelles et efficaces pour la prise en charge des pathologies. Donc on le voit bien, l'innovation fait vraiment bouger les lignes. On a une modification des techniques, des pratiques et même, vous l'avez dit, des métiers, puisqu'il y a de nouveaux métiers qui vont être intégrés dans les équipes d'ophtalmologie. Au final... Évidemment, l'intérêt, c'est d'apporter à chaque patient une meilleure prise en charge, c'est-à-dire d'être plus efficace et plus pertinent dans la prise en charge des pathologies pour chaque individu. Mais également, l'innovation a permis un gros progrès sur la partie préventive. Alors, je pense avoir fait le tour, mais est-ce qu'il y aurait des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ? Est-ce que ce résumé vous paraît complet ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, on a fait un tour très complet et j'espère que ce sera assez clair pour nos auditeurs. Je voudrais rajouter quelque chose qui est peut-être l'application la plus spectaculaire de l'intelligence artificielle et de la technologie innovante dans le domaine de la médecine en général et de l'ophtalmologie en particulier, c'est les progrès de la télémédecine. Aujourd'hui, d'après l'OMS, il manque un million de professionnels de la santé de l'œil dans le monde et on ne va pas pouvoir former tous ces médecins, ces orthoptistes, ces optométristes. En revanche, la télémédecine est une opportunité de donner accès à chaque patient dans le monde, à la possibilité d'interagir avec des professionnels de santé, grâce à des technologies qu'on a évoquées, et on voit que ça marche déjà. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en France, on a des protocoles de télémédecine qui ont été mis en place pour l'ophtalmologie, qui fonctionnent déjà. Et ces protocoles sont pour l'instant assez rudimentaires, puisque le médecin et le patient interagissent par des vidéoconférences. Et parfois, un technicien est disponible sur place pour aider le patient à faire des mesures de l'œil dont le médecin va pouvoir se servir. Mais aujourd'hui, on a fait tellement de progrès en robotique, en imagerie et en mesure de l'œil que l'intelligence artificielle va permettre probablement d'examiner un patient à distance de façon aussi efficace et aussi performante que si le patient était dans votre cabinet. Voilà, ça je crois que c'est une révolution qu'on est en train de voir arriver. et qui va être probablement très spectaculaire et utile.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour ce complément d'informations et surtout pour l'éclairage complet que vous nous avez apporté sur l'innovation, qui est un éclairage à la fois rassurant et optimiste, je trouve, et qui permet aussi aux professionnels de santé de bien appréhender toutes les évolutions en cours dans le domaine de l'ophtalmologie. Donc, merci beaucoup, Dr. Assouly. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Fleur, de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    À bientôt. Au revoir. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt. Au revoir.

  • Speaker #2

    Tout d'abord, un grand merci au Dr. Assouline pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de comprendre les défis et perspectives offertes par l'IA dans le domaine de l'ophtalmologie et également de mieux appréhender les évolutions en cours et à venir. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur theo-med.fr. Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aume à la post-production.

Description

Bienvenue dans Rétines et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur

l’ophtalmologie ! Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l’innovation et plus particulièrement de l’IA, avec le DR Assouline. Le Dr Assouline est Fondateur et directeur médical du centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l’association Innovations et lasers ophtalmologiques, ainsi que Co-fondateur et membre du Conseil de surveillance de la clinique de la vision à Paris.

Dans cet EP, le Dr Assouline nous explique comment l’innovation a fait évoluer la pratique

ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d’années. Il nous parle IA, technologies, pratiques

médicales et évolution des métiers. Et il évoque l’impact de l’innovation sur le parcours de soin

dans sa globalité, et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l’ophtalmologie.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rétine et Pupilles, le podcast dédié à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'ophtalmologie. Dans ce nouvel épisode, nous abordons le sujet de l'innovation et plus particulièrement de l'IA avec le Dr. Assouline. Le Dr. Assouline est fondateur et directeur médical du Centre Iéna Vision à Paris, au sein duquel il exerce en tant que chirurgien ophtalmologiste. Il est également fondateur et président de l'association Innovation et laser ophtalmologique. ainsi que cofondateur et membre du conseil de surveillance de la Clinique de la Vision à Paris. Dans cet épisode, le Dr Hassouline nous explique comment l'innovation a fait évoluer la pratique ophtalmologique depuis plusieurs dizaines d'années. Il nous parle d'IA, technologie, pratique médicale et évolution des métiers. Il évoque également l'impact de l'innovation sur le parcours de soins dans sa globalité et sur la prise en charge de chaque patient. Sans tarder, je laisse donc la parole au Dr. Assouline. Je vous souhaite une bonne écoute et une bonne immersion dans le monde passionnant de l'ophtalmologie. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de la saison 2 consacré aux innovations en ophtalmologie. Pour évoquer ce sujet, nous recevons le Dr. Assouline, formé à la chirurgie réfractive, à la biologie cellulaire, aux droits et à l'ingénierie, le Dr. Assouline. et spécialisé dans les corrections chirurgicales de la vision, dans la chirurgie de la cataracte et dans la chirurgie de la greffe. Il exerce aujourd'hui au centre Iéna Vision à Paris. Bonjour docteur Assouline.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis donc avant tout un chirurgien ophtalmologiste assez actif, exerçant à Paris, mais j'ai été également impliqué. de par mon cursus dans de nombreux projets d'innovation en chirurgie et en medical device, en ophtalmologie, donc tout ce qui concerne les implants, et également en pharmacologie. Donc au cours de mes études, j'ai eu l'opportunité de faire un doctorat en sciences aux États-Unis, et donc ça m'a ouvert pas mal de portes pour participer en tant que consultant, et maintenant en tant qu'entrepreneur, au développement d'innovations utiles pour mon métier. Et donc, notamment, j'ai participé... participé à des développements pionniers dans le domaine de la chirurgie au laser pour la correction de la myopie, dans le développement des implants multifocaux pour la correction de la presbytie au cours de la chirurgie de la cataracte. J'ai fait pas mal de projets en pharmacologie pour l'œil sec, pour l'inflammation, pour la douleur. Et puis, tout récemment, je me suis lancé dans une entreprise un peu ambitieuse et nous avons mis au point un robot qui permet de faire tous les diagnostics. en ophtalmologie de façon très efficace, avec notamment l'assistance de l'intelligence artificielle et d'agents virtuels. Donc c'est une petite révolution à laquelle j'ai donné l'impulsion initiale et maintenant j'ai toute une équipe d'ingénieurs qui m'aident à réaliser ce projet, qui a eu déjà un certain succès puisque nous sommes déjà dans 11 pays et que nous avons remporté l'année dernière le concours de l'innovation digitale du ministère de la Santé en France au travers des ARS.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'à la base, l'ophtalmologie était pour vous une vocation ou un choix de raison ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une excellente question. Dans le cursus des étudiants en médecine, après l'externat, on passe le concours national de l'internat et à cette occasion on doit choisir sa spécialité. A l'origine je voulais faire de la cardiologie, un petit peu comme beaucoup de mes collègues, et puis j'ai découvert l'ophtalmologie lors d'un stage d'anesthésie dans un grand hôpital en région parisienne. et c'est une spécialité qui m'a séduit immédiatement parce qu'elle combine à la fois... Une chirurgie de haut niveau, une chirurgie d'excellence, très jolie à regarder, très jolie et très intéressante à pratiquer. Et en même temps, des aspects médicaux très sophistiqués. L'œil, c'est un organe encapsulé, on est un petit peu indépendant du reste des spécialités médicales, mais il s'y passe beaucoup de choses sur le plan neurologique, sur le plan optique, sur le plan anatomique. Et donc, le champ d'application de l'optomologie est très vaste, très varié, et c'est une spécialité passionnante qui a énormément évolué en 30 ans. J'ai eu la chance de pouvoir participer à toutes ces évolutions. Je peux dire aujourd'hui que j'ai une carrière merveilleuse.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui vous fait justement vous lever chaque matin après plusieurs dizaines d'années de pratique ? Qu'est-ce qui vous anime en fait dans votre activité au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai trois principales raisons d'être très heureux d'aller au travail le matin. La première, c'est que j'ai des conditions d'exercice très agréables. J'ai un cabinet avec une équipe que j'aime bien et avec laquelle je suis en confiance. Et on fait ça au service des patients et le contact avec les patients est vraiment une récompense de chaque instant. L'ophtalmologie est une spécialité dans laquelle on peut apporter vraiment un changement de vie pour les patients et il nous témoigne d'une gratitude qui est souvent une récompense pour nous. La deuxième chose, c'est que j'adore opérer. La chirurgie, c'est un métier très plaisant. C'est une forme d'artisanat un peu sophistiqué, dans lequel on essaie toujours de s'améliorer toute sa vie. Et ça, c'est très stimulant. Et puis, la troisième chose, c'est que chaque jour est une occasion de constater qu'il y a des progrès à faire. Donc, il y a un champ d'application pour l'innovation qui est très important. Et donc, une journée, c'est toujours l'occasion d'avoir une idée nouvelle. Et ça, c'est ce qui maintient la passion pour ce métier.

  • Speaker #0

    Alors, vous parlez justement de progrès, d'innovation, et c'est bien le sujet de notre épisode. Sur ce sujet, je souhaiterais justement partir d'un constat. Aujourd'hui, on parle beaucoup d'innovation et surtout, on parle beaucoup d'IA, notamment dans le domaine de l'ophtalmologie. Certains s'en inquiètent. Selon vous, est-ce que c'est plutôt un risque ou une opportunité pour le métier ?

  • Speaker #1

    Alors, je m'intéresse beaucoup à l'IA depuis une dizaine d'années. On a été très précurseurs dans le développement de ce qu'on appelle l'IA multimodale. Aujourd'hui, on a une position de leadership dans ce domaine dans le monde. Il y a énormément de projets en ophtalmologie sur l'IA. Au cours des différentes conférences auxquelles j'ai participé ou assisté, je me rappelle d'une phrase qui m'avait beaucoup marqué, dans laquelle on posait la question à une de mes collègues américaines qui faisait de la recherche et développement dans ce domaine. On lui dit « Est-ce que vous ne pensez pas que l'IA va voler le métier des professionnels de l'œil ou de la santé oculaire ? » Et elle dit « Écoutez, dans l'avenir, ceux qui auront l'IA auront encore un métier, mais ceux qui l'utiliseront plein n'en auront plus. Et je crois que c'est tout à fait ça. En médecine, il y a une dynamique pour améliorer sans cesse le service médical rendu. Et aujourd'hui, on est à peu près certain que sans l'IA, on n'est pas capable de faire autant et aussi bien. Donc l'IA fait des progrès pratiquement tous les mois ou tous les six mois. Il y a des choses vraiment très impressionnantes qui arrivent sur le marché. Et ça enrichit notre métier, ça permet de faciliter l'accès aux meilleurs soins pour les patients, aux meilleurs diagnostics. Et aussi, ce que j'ai remarqué récemment en ce qui me concerne, c'est que ça permet d'upgrader la fonction de chacun des acteurs de la santé oculaire. Aujourd'hui, on ne parle pas de médecins et de patients, on parle d'une chaîne de soins dans laquelle tout le monde participe aux résultats finaux que l'on peut offrir aux patients. Ça tient compte de l'équipe soignante, que ce soit dans un établissement privé ou public, les infirmières. Aujourd'hui, on est aidé dans notre travail par des orthoptistes. Dans beaucoup de pays, ce sont des optopétristes. C'est une formation intermédiaire entre les opticiens et les infirmiers. Et on voit bien que chacun de ces acteurs de la santé oculaire, y compris les ingénieurs qui sont invisibles pour les patients et pour beaucoup de médecins, mais les ingénieurs qui fabriquent les machines et les implants que nous utilisons ou les pharmaciens qui développent des nouveaux produits, tout cela utilise l'IA de façon quotidienne pour beaucoup de choses. Donc on peut dire qu'aujourd'hui, l'IA s'intègre à toutes les étapes du processus. parcours de soins, c'est un terme qui est très à la mode mais qui a du sens, et la façon de communiquer avec les patients au travers d'assistants virtuels qui vont être pilotés par l'IA, la façon de recueillir leur satisfaction ou leur insatisfaction après les traitements que l'on leur a proposés, tout ça maintenant va être très dépendant de notre capacité à mettre en œuvre des moyens efficaces avec l'IA.

  • Speaker #0

    Alors vous avez parlé des métiers et également vous évoquez le parcours de soins. Justement, dans le parcours de soins, est-ce que vous pourriez préciser les domaines, les aspects sur lesquels l'innovation a un impact fort ?

  • Speaker #1

    Le parcours de soins n'a pas vraiment changé depuis l'Antiquité. Le rôle d'une équipe médicale ou d'un médecin, c'est d'abord de savoir de quoi le patient a besoin. Donc ça, c'est le diagnostic. Si on peut le faire, ce qui n'est pas toujours possible, c'est de fixer un pronostic, c'est-à-dire comment les choses vont évoluer si on ne fait rien. Et en fonction de ce pronostic, de donner des recommandations thérapeutiques, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on peut faire. pour améliorer le pronostic. Alors donc, aujourd'hui, l'innovation que l'on constate dans notre domaine de l'ophtalmologie, elle impacte ces trois domaines, diagnostic, pronostic et thérapeutique, de façon très importante. L'IA, aujourd'hui, joue un rôle majeur pour faciliter le diagnostic. On peut dire que c'est une sorte d'assistant médical qui va interpréter les chiffres ou les images. En ophtalmologie, on a un organe qui se prête beaucoup aux mesures, puisque c'est avant tout une sorte d'appareil optique, l'œil. Et donc, les mesures en optique sont très importantes. Et ces mesures, on peut les intégrer avec des algorithmes d'intelligence artificielle pour savoir, par exemple, quelles lunettes prescrire ou quel implant utiliser pour la change de la cataracte, afin de se passer de lunettes après l'opération. Alors, le pronostic, c'est un sujet un peu différent, plus sophistiqué. On en parlait un petit peu plus en détail tout à l'heure. et la thérapeutique. c'est surtout de savoir quelle est la meilleure stratégie de traitement à proposer. Aujourd'hui, un ophtalmologiste, par exemple, il a une quarantaine de chirurgies possibles pour chacun des patients qu'il voit, et ce n'est pas toujours facile de décider quelle est la meilleure stratégie ou quelle est la meilleure intervention à proposer pour une maladie particulière. Et l'IA, en fait, est capable d'analyser des très grands volumes de données pour indiquer aux médecins et à son patient qui est la meilleure conduite à tenir.

  • Speaker #0

    On a évoqué ces trois dimensions du parcours du patient. Est-ce que vous pourriez rentrer dans le détail de la partie diagnostique pour expliquer tous les impacts de l'innovation et notamment de l'IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est mon domaine électif actuellement, puisque c'est le cœur de métier de la petite société que j'ai développée qui s'appelle Mikajaki, et qui utilise toutes les dernières innovations disponibles. au service du diagnostic. Donc il faut savoir qu'en ophtalmologie, le diagnostic traditionnel se fait avec des étapes plutôt simples. On commence par mesurer la vue du patient, ensuite on examine son œil à l'aide de ce qu'on appelle un microscope, un biomicroscope, c'est ce qu'on appelle la lampe à fente dans notre métier, et puis ensuite on peut éventuellement regarder le fond de l'œil. Donc ça c'était vraiment la façon traditionnelle de traiter l'ophtalmologie depuis pratiquement un siècle, et aujourd'hui les choses ont beaucoup changé. Aujourd'hui, on peut utiliser jusqu'à 20 ou 30 machines dans chaque cabinet d'ophtalmologie pour prendre des mesures de l'œil du patient, à la fois des mesures optiques, c'est-à-dire qu'on va mesurer les différents paramètres optiques de l'œil, des mesures fonctionnelles, on va faire des tests visuels, et puis des mesures anatomiques, on va faire des images de l'œil pour savoir un petit peu comment c'est structuré et qu'est-ce qui ne va pas à l'intérieur du globe. Alors aujourd'hui, toutes ces données, qu'on appelle les données objectives, Donc, toutes les mesures qu'on peut faire chez un patient, toutes les images qu'on peut acquérir à partir de son œil, elles vont être traitées par l'IA à travers des algorithmes. Alors, il y a des algorithmes, par exemple, d'analyse d'images. On va prendre une photo de la rétine, et l'algorithme d'intelligence artificielle va être capable de reconnaître les différentes maladies de la rétine, que ce soit la rétinopathie diabétique, la dégénérescence maculaire, la dégénérescence myopique, etc. On va prendre, par exemple... des photos de la rétine avec ce qu'on appelle un topographe. Et l'IA va être capable de détecter les maladies de la cornée, par exemple le keratocone. Et l'avantage de cette façon de faire, c'est qu'on peut structurer la chaîne de soins de façon plus efficace. C'est-à-dire qu'au lieu de demander à l'ophtalmologiste de faire toutes les mesures, celles-ci sont faites en amont de sa consultation, soit par un robot, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, soit par des assistants, ce sont des orthoptistes. Et puis, on peut intégrer dans la chaîne de soins des algorithmes d'aide au diagnostic qui vont finalement éditer un rapport dont l'ophtalmologiste va pouvoir se servir immédiatement au lieu d'être lui-même obligé d'analyser chaque mesure et de faire tous les calculs nécessaires pour savoir qu'est-ce que le patient a et qu'est-ce qu'on peut faire pour lui. Donc, l'IA, c'est quelque chose qui permet de rendre plus puissant le travail aidé en segmentant les différentes missions des différents intervenants de la chaîne de soins. Ça va de la personne qui va accueillir le patient, à l'orthoptiste, l'orthoptiste, l'opticien, l'infirmière, la secrétaire. Et toutes ces personnes-là vont pouvoir préparer le travail de l'ophtalmologiste de façon beaucoup plus efficace parce que chacune des étapes sera assistée par l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, dans la solution que nous avons mise au point, nous avons une trentaine d'algorithmes et nous sommes en train d'intégrer d'autres, pas forcément des choses que nous avons faites nous-mêmes, mais des choses qui sont disponibles sur le marché. Et on peut donc assembler tous ces algorithmes. pour rendre un service médical plus sophistiqué, plus rapide et plus efficace à chaque patient.

  • Speaker #0

    Petite question, vous parlez d'intégrer les algorithmes, les algorithmes du marché. Est-ce que vous avez aussi intégré de nouveaux métiers pour pouvoir gérer toute cette partie innovation et IA ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est vraiment une question passionnante. Quel est l'avenir de la médecine ? Est-ce que les médecins seront toujours des médecins dans l'avenir ? Ou est-ce qu'ils seront devenus des ingénieurs ? Ou est-ce qu'ils auront un métier un peu hybride entre l'ingénierie ? les mathématiques par exemple, et le soin, c'est-à-dire le métier médical traditionnel. Je pense qu'aujourd'hui, une équipe qui essaye d'innover dans le domaine médical qui nous concerne, qui est l'automogie, ne peut pas se passer d'ingénieur. À chaque étape, si on veut faire des progrès dans la qualité des soins que l'on pratique, il faut que des ingénieurs nous aident à comprendre qu'est-ce qu'on a obtenu et qu'est-ce qu'on peut faire de mieux. Et donc, les équipes pluridisciplinaires maintenant deviennent pratiquement la norme. Dans la plupart des établissements publics, il y a des ingénieurs biomédicaux qui s'occupent du fonctionnement et de la maintenance des matériels que les médecins et les opérateurs de soins utilisent. Mais en fait, ça va se développer beaucoup plus. Aujourd'hui, dans mon cabinet, qui est un cabinet privé classique, j'ai un assistant qui ne s'occupe que d'ingénierie et d'IA. Donc ça fait partie de la chaîne de soins au même titre que l'orthoptiste ou l'infirmière qui m'aide à travailler.

  • Speaker #0

    Alors là, on vient de... Passons en détail la partie diagnostique. Est-ce que maintenant vous pourriez évoquer la partie pronostique, à savoir justement quel est l'impact de toutes ces innovations sur la capacité à effectuer un pronostic fiable et pertinent ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est un domaine intellectuellement un petit peu sophistiqué pour les non-spécialistes. Faire un pronostic sur le plan médical, c'est connaître l'évolution moyenne d'une maladie pour les patients en général, donc ça c'est au sens collectif, et c'est essayer d'extrapoler ce qui peut arriver à chaque patient sur le plan individuel. On sait bien que chaque patient n'est pas représentatif de la moyenne, les gens sont différents, et donc ce qui fait que... patient va évoluer dans un sens ou dans un autre dépend de variables individuelles. Alors, pendant des années, je dirais un siècle ou deux, les médecins ont utilisé des statistiques. C'est-à-dire qu'ils ont dit, en moyenne, ça se passe comme ça et statistiquement, voilà les chances, par exemple, de survivre à un cancer ou les chances d'avoir une cataracte qui s'aggrave au point de ne plus permettre la conduite automobile, ce genre de choses. Alors, le grand avantage de l'IA, c'est qu'elle permet de faire un saut qualitatif et quantitatifs dans l'évaluation individuelle. C'est-à-dire que l'IA peut brasser des quantités de données très importantes, beaucoup plus importantes que celles que l'on obtient avec des statistiques classiques. Et donc, au lieu de se reposer sur des essais cliniques où on va comparer un traitement A et un traitement B pour savoir quel traitement est le meilleur pour améliorer le pronostic du patient, en faisant par exemple un tirage au sort, on appelle ça l'essai randomisé, l'IA va travailler sur des populations entières Et ça va lui permettre non pas de dégager une tendance moyenne, mais d'avoir une évolution quasi individuelle, parce qu'elle va identifier des profils de patients qui ont un ensemble de variables similaires, et elle va pouvoir créer ce qu'on appelle des avatars digitaux, digital twins en anglais, qui vont permettre d'étudier l'évolution des datas pour chacun des patients d'après des statistiques obtenues sur des grandes cohortes. Donc vous voyez que... tout ce langage est assez complexe. La plupart des gens n'utilisent pas ces termes et ne les comprennent pas toujours. Mais disons qu'au lieu de regarder a priori ce qui peut se passer sur le plan du pronostic, on va faire des analyses a posteriori pour voir ce qui s'est passé dans des grandes populations et on va pouvoir beaucoup mieux extrapoler ce qui risque d'arriver à un patient donné à titre individuel en essayant de trouver dans ces cohortes immenses de patients des patients qui lui ressemblent. et qui ont déjà eu une évolution connue. Et donc ça, c'est vraiment extrêmement prometteur pour l'aspect pronostic. Et qui dit pronostic dit prévention, puisque finalement tout l'intérêt de la médecine maintenant, c'est d'arriver tôt pour éviter que les maladies en arrivent à des stades difficiles à traiter, voire impossibles à prendre en charge. Et donc tout cet aspect de prévention et d'individualisation du pronostic, vont connaître des progrès immenses grâce aux capacités numériques de la médecine digitale. et leur application avec l'intelligence artificielle. Alors, on peut prendre des exemples très simples. Quand on opère une chirurgie de la cataracte, par exemple, environ 1% des patients développent une complication au niveau de la rétine qui s'appelle l'œdème maculaire. En général, ce n'est pas une complication très grave, mais elle peut avoir des conséquences très pénibles pour le patient. Et il est utile de pouvoir la prévenir en utilisant un traitement anti-inflammatoire un peu plus prolongé chez les patients à risque. L'identification de ce risque est quelque chose d'assez difficile à faire a priori, mais si on bénéficie de grandes cohortes qui permettent d'identifier dans des grandes populations quels sont les facteurs de risque de cette population, de façon préventive, on pourra, à titre individuel, prescrire à un patient un traitement plus efficace et plus prolongé pour lui éviter de souffrir de cette complication. Ça permet de donner un petit exemple pratique, ça concerne en France un million de patients par an. Donc c'est quand même quelque chose... d'assez important.

  • Speaker #0

    Cela fait une très bonne transition pour la partie traitement et thérapeutique. Maintenant, la question sur cette troisième dimension, comment l'innovation permet-elle de faire évoluer cette partie thérapeutique et la prise en charge concrète de chaque patient ?

  • Speaker #1

    Dans l'innovation, il y a ce qui est déjà acquis ou qui est en train de se faire. C'est ce qui est concret, qui est déjà obtenu et qu'on essaie de perfectionner. Et puis, il y a les espoirs que l'on place dans des voies de recherche qui sont prometteuses. Donc, on va parler essentiellement aujourd'hui de ce qui est concret, et puis on dira peut-être un petit mot de ce qui est prometteur et ce qui est en train de se faire. Donc, en ophtalmologie, sur les 30 dernières années de ma carrière, j'ai vu arriver trois révolutions très importantes. La première, c'est clairement l'imagerie. Pendant un siècle, les ophtalmologistes étaient uniquement dépendants de leurs yeux. pour examiner l'œil des patients. Ils ne pouvaient comprendre que ce qu'ils voyaient avec l'œil du médecin à travers des systèmes optiques comme des microscopes. Mais aujourd'hui, en fait, on peut faire un bilan très complet, approfondi pour chaque patient avec des mesures et des images. Donc, par exemple, l'imagerie de la rétine a fait des progrès invraisemblables grâce à une technologie qui s'appelle l'OCT. C'est la tomographie de cohérence optique. C'est un peu l'équivalent d'un scanner de la rétine. La rétine, c'est le feuillet sensible qui tapisse l'intérieur de l'œil, grâce auquel on peut convertir la lumière en un flux nerveux. Donc, c'est un élément critique dans la vision des patients. Et la rétine est un feuillet extrêmement délicat, qui est comme une petite couche de cerveau qui tapisse l'intérieur de l'œil. Et aujourd'hui, on est capable d'analyser cette couche neurologique quasiment à l'échelon cellulaire, à pratiquement un ou deux microns près avec les derniers OCT. Donc c'est dire qu'on est arrivé à un niveau de précision dans l'examen de la rétine des patients qui permet d'abord de diagnostiquer les maladies de façon beaucoup plus précoce, même avant qu'elles surviennent, et de bien comprendre comment elles évoluent avec les traitements qu'on peut proposer. On a d'autres techniques d'imagerie qui ont fait des progrès fantastiques. Par exemple, on peut parler de l'interforométrie qui a permis de mesurer l'œil avec une précision incroyable en dessous du micron, notamment pour le calcul des implants d'achat et d'acataracte, ce qu'on appelle les biomètres optiques. Et puis on a une autre technique d'imagerie qu'on utilise quotidiennement, qui est la mesure de la forme de la cornée par ce qu'on appelle la topographie d'élévation. C'est un petit peu comme si on faisait une cartographie des reliefs de la surface de l'œil, qui permet de comprendre à la fois les maladies qui déforment la cornée, comme le keratocone, et aussi de comprendre quelles sont les modifications apportées par les lasers pour traiter les défauts optiques de l'œil, comme la myopie ou l'astigmatisme, ou par exemple des cicatrices de la cornée qui ont rendu la cornée irrégulière. Donc ces techniques d'imagerie permettent de faire un bilan beaucoup plus complet et approfondi pour chaque patient. La deuxième catégorie d'innovation qui a vraiment changé la donne pour les médecins et les patients, ce sont les lasers. Les lasers sont apparus il y a de nombreuses années, pratiquement dans les années 50, mais les lasers thérapeutiques pour l'œil se sont perfectionnés de façon incroyable, et parfois à très grande vitesse. Je peux citer par exemple le laser femtoseconde, qui sert aujourd'hui à découper la cornée, comme un outil de grande précision, c'est ce qu'on utilise pour la chirurgie de la myopie, ou la chirurgie des greffes de la cornée par exemple. Ce laser femtoseconde, entre le moment où il a été découvert sur le plan physique, dans les universités de sciences fondamentales. Et le moment où on a utilisé la première fois ce laser sur un œil de patient, il s'est passé seulement quatre ans. Donc on voit qu'il y a une accélération des applications en recherche-développement qui est tout à fait extraordinaire. Alors ces lasers, ils ont servi aujourd'hui à traiter la rétine pour les maladies, comme ce qu'on fait. Donc on fait par exemple la prévention du décollement de rétine en essayant de traiter les déchirures de la rétine avant qu'elle ne décolle la rétine. On peut utiliser les lasers aussi pour traiter les dégénérescences maculaires. Et puis, on peut traiter aussi la cornée pour remodeler la cornée et lui donner une forme idéale pour la correction des défauts de vision comme la myopie, l'astigmatisme, la presbytie ou l'hypermétropie. Cette correction des défauts de la vision par le laser cornéen existe depuis une trentaine d'années. On a fait les premiers cas en 1990. On a fait maintenant, on estime qu'on a fait plus de 100 millions de cas dans le monde. On voit bien que ça a été une révolution massive, bien qu'un petit peu silencieuse. Voilà, le dernier chapitre d'innovation qui a été très, très important dans la pratique quotidienne, c'est évidemment la pharmacologie, les nouveaux médicaments. Donc, une catégorie de médicaments tout à fait exceptionnelle qu'on utilise aujourd'hui couramment dans le cancer, mais également pour le traitement de la dégénérescence maculaire, qui est la maladie des personnes âgées qui détruit progressivement le centre de la rétine. Ce sont les fragments monoclonaux. Ce sont aujourd'hui des injections intraoculaires qu'on utilise pour empêcher le développement de nouveaux vaisseaux qui ont des fuites ou des hémorragies au niveau de la rétine. Et ça, ça marche de façon remarquable. C'est une maladie qui faisait perdre la vue avant. Et on traite les gens de façon très efficace. Le traitement du glaucome a également révolutionné la pathologie. Je rappelle que la diagnose maculaire et le glaucome sont les deux principales causes de ces sites. dans le monde occidental. Et aujourd'hui, on utilise des médicaments qui sont de plus en plus efficaces, au point qu'on fait de moins en moins de chirurgie. Quand j'étais interne dans les années 90, 85, 90, on opérait énormément de glauco, mais maintenant les traitements sont devenus très efficaces et avec quelques gouttes, on arrive à traiter cette maladie et empêcher la perte de la vue. Voilà, il y a un dernier sujet qui est assez intéressant, qui ne relève pas de la pharmacologie, c'est la freination de la myopie. Il faut savoir, et peu de gens en ont pris... conscience aujourd'hui que la myopie qui concernait seulement 15 à 20 % de la population il y a 30 ans concerne aujourd'hui 50 % des moins de 25 ans en Europe et 85 % en Asie. Donc, on a une pandémie de myopie mondiale qui est très préoccupante parce que 10% des myopes sont porteurs de fortes myopies qui peuvent exposer à des risques majorés de décommandatine, de cataracte, de glaucome et de dégénérescence maculaire. Donc, ce sont des risques de perte de la vision à cause d'une myopie extrême. Donc, c'est un problème de santé publique majeur qui a été identifié comme tel par l'OMS. Dans tous les pays, on voit se mettre en place des stratégies de freination de la myopie et de prévention de la myopie chez les enfants. On utilise pour cela maintenant des moyens très sophistiqués, par exemple des verres de lunettes spéciaux, freinateurs de la myopie, qui optimisent la répartition de la lumière dans l'œil de l'enfant qui est en croissance. On peut utiliser aussi des lentilles de clore d'acte ou des agents pharmacologiques comme la tropine. Mais aujourd'hui, il faut bien se rendre compte que l'urbanisation, le fait que les enfants passent de plus en plus de temps, sur des interfaces digitales en lumière artificielle n'est pas du tout favorable pour le développement de leur vision normale et donc il faut mettre en place des stratégies de freination de la myopie notamment dire aux enfants d'aller jouer dehors au moins une heure ou deux par jour et puis lorsqu'on constate une myopie sur un enfant il s'agit d'un problème sérieux il faut absolument éviter que cette myopie devienne trop importante à l'adolescence et à l'âge adulte. Alors, les implants. C'est le dernier chapitre des innovations qu'on a enregistré aujourd'hui. Tout le monde connaît les implants maintenant de chirurgie de la cataracte. Comme je l'ai dit, on fait environ un million de chirurgie de la cataracte par an. Ça veut dire qu'on enlève le cristallin et on le remplace par une lentille intraoculaire en matériaux artificiels, on appelle ça un cristallin artificiel. Alors à l'origine, les premiers implants ne corrigeaient qu'à une seule distance, par exemple la vision de loin. Et aujourd'hui, les ingénieurs ont fait des progrès incroyables. pour que ces implants puissent corriger à toutes les distances, à la fois de loin, de près, et donner une meilleure qualité de vision au patient, notamment une meilleure qualité de vision nocturne, en corrigeant l'astigmatisme, en corrigeant les imperfections optiques de l'œil. Et donc, ces implants ultra-oculaires pour la cataracte sont maintenant très diffusés dans le monde entier, et on utilise maintenant de plus en plus ces implants premium qui corrigent la totalité des défauts visuels en même temps, de façon à ce que les patients n'aient plus besoin de lutter après l'opération de la cataracte. Il y a beaucoup d'autres implants qui sont utilisés en ophtalmologie, notamment on a aujourd'hui des lentilles intraoculaires qui corrigent la myopie forte, quand on ne peut pas être opéré au laser, on appelle ça les implants FAC de chambre postérieure, le prototype c'est ce qu'on appelle l'ICL, lentilles de contact implantables, et on a d'autres implants, par exemple pour le traitement du glaucome, ou pour d'autres applications plus spécifiques.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on a fait un bon tour d'horizon des innovations et de leurs impacts. On l'a bien compris au travers de votre parcours, au travers de tout ce que vous venez d'expliquer. Vous êtes assez précurseur sur le sujet. Quel est, selon vous, justement le niveau de maturité du domaine de l'ophtalmologie en France sur ces sujets de l'innovation et de l'intégration de l'IA ?

  • Speaker #1

    Ce qu'on constate aujourd'hui quand on regarde un peu le panorama de ce qui se fait en intelligence artificielle dans le monde, On voit qu'il y a à peu près une soixantaine de projets construits avec des équipes de recherche dédiées. Et ce qui est frappant, c'est que ces 60 projets sont pour la plupart monomodaux. C'est-à-dire que la plupart des équipes de recherche utilisent l'IA pour une seule fonctionnalité, par exemple en intégrant une seule image. Il y a énormément de projets, par exemple, sur l'analyse de l'image de la rétine, qu'on appelle la rétinographie. En tant que médecin, j'ai tendance à avoir une approche plus classique en disant Pour savoir ce qu'un patient a et pour savoir qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, il faut faire feu de tout boire. Il faut utiliser toutes les sources de données et d'informations qu'on a à sa disposition. Autrement dit, un patient, par exemple, il peut vous raconter ses symptômes, il peut vous parler des antécédents personnels ou familiaux qu'il présente par rapport à d'autres patients. Il peut vous parler de l'évolution de sa maladie ou de ses symptômes. Il peut faire des tests visuels, soit en ligne maintenant, soit au cabinet du médecin. Donc, ça, c'est ce qu'on appelle les données subjectives. Eh bien, ce qui est frappant, c'est de voir qu'il n'y a pratiquement aucun algorithme qui interprète les données subjectives dans le monde en ophtalmologie. En dehors de ces données subjectives, il y a toutes les mesures dont on a parlé avec les appareils médicaux. Et là, ce qui est frappant, c'est qu'on a une trentaine d'appareils qui font des mesures différentes. Par exemple, notre robot fait une centaine de mesures différentes sur chaque œil du patient, en 6 à 7 minutes. Et donc, ça paraît un petit peu idiot de n'utiliser qu'une seule de ces mesures pour faire de l'intelligence artificielle. Et donc nous, on s'est orientés vers quelque chose qui est assez original aujourd'hui, mais on voit que c'est en train de bouger très très vite, et qu'il y a d'autres projets qui apparaissent de même nature.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle l'IA multimodal, donc l'intelligence artificielle, qui va utiliser non pas une seule source de données, mais des sources variées qui vont combiner des données pour essayer d'avoir un meilleur rendement sur le plan diagnostique ou pronostic. Et donc, on voit que cette approche est assez fructueuse. Par exemple, nous avons mis au point un algorithme de décision chirurgicale qui utilise 25 données différentes. pour essayer de prédire quelle est la meilleure des 39 chirurgies possibles pour chaque patient. Et on voit que cette approche, qui est pour l'instant assez originale et unique, est très efficace, puisque lorsqu'on compare la prédiction qu'a faite l'algorithme de la meilleure chirurgie pour le patient à ce que peut donner comme avis un chirurgien expérimenté, il n'y a pratiquement aucune différence.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Dr Assouline. Alors, je pense qu'on a un peu fait le tour du sujet. Comme nous avons l'habitude de le faire dans ce podcast, je vais me prêter à l'exercice de la synthèse. Pour résumer notre échange, l'ophtalmologie, c'est un domaine dans lequel l'innovation a eu de gros impacts ces 30 dernières années. On a eu des progrès à la fois dans le matériel, dans les techniques exploratoires, dans les méthodes de prise en charge, et de façon plus générale, dans l'optimisation de l'accès aux soins et de la prise en charge individuelle de chaque patient. L'innovation a fait progresser la partie diagnostique, notamment avec l'imagerie et l'IA. On a également eu des évolutions sur la partie pronostique, puisque vous venez de le dire, aujourd'hui on a en capacité d'intégrer les données objectives, mais aussi les données subjectives de chaque patient. Et on va pouvoir aller confronter ces données à des bases statistiques pour effectuer un pronostic qui soit le plus fiable possible. Les bénéfices de l'innovation ont également impacté la partie thérapeutique. L'imagerie, le laser, la pharmacologie et les implants apportent des solutions aujourd'hui nouvelles et efficaces pour la prise en charge des pathologies. Donc on le voit bien, l'innovation fait vraiment bouger les lignes. On a une modification des techniques, des pratiques et même, vous l'avez dit, des métiers, puisqu'il y a de nouveaux métiers qui vont être intégrés dans les équipes d'ophtalmologie. Au final... Évidemment, l'intérêt, c'est d'apporter à chaque patient une meilleure prise en charge, c'est-à-dire d'être plus efficace et plus pertinent dans la prise en charge des pathologies pour chaque individu. Mais également, l'innovation a permis un gros progrès sur la partie préventive. Alors, je pense avoir fait le tour, mais est-ce qu'il y aurait des choses à ajouter par rapport à cette synthèse ? Est-ce que ce résumé vous paraît complet ?

  • Speaker #0

    Alors effectivement, on a fait un tour très complet et j'espère que ce sera assez clair pour nos auditeurs. Je voudrais rajouter quelque chose qui est peut-être l'application la plus spectaculaire de l'intelligence artificielle et de la technologie innovante dans le domaine de la médecine en général et de l'ophtalmologie en particulier, c'est les progrès de la télémédecine. Aujourd'hui, d'après l'OMS, il manque un million de professionnels de la santé de l'œil dans le monde et on ne va pas pouvoir former tous ces médecins, ces orthoptistes, ces optométristes. En revanche, la télémédecine est une opportunité de donner accès à chaque patient dans le monde, à la possibilité d'interagir avec des professionnels de santé, grâce à des technologies qu'on a évoquées, et on voit que ça marche déjà. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, en France, on a des protocoles de télémédecine qui ont été mis en place pour l'ophtalmologie, qui fonctionnent déjà. Et ces protocoles sont pour l'instant assez rudimentaires, puisque le médecin et le patient interagissent par des vidéoconférences. Et parfois, un technicien est disponible sur place pour aider le patient à faire des mesures de l'œil dont le médecin va pouvoir se servir. Mais aujourd'hui, on a fait tellement de progrès en robotique, en imagerie et en mesure de l'œil que l'intelligence artificielle va permettre probablement d'examiner un patient à distance de façon aussi efficace et aussi performante que si le patient était dans votre cabinet. Voilà, ça je crois que c'est une révolution qu'on est en train de voir arriver. et qui va être probablement très spectaculaire et utile.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour ce complément d'informations et surtout pour l'éclairage complet que vous nous avez apporté sur l'innovation, qui est un éclairage à la fois rassurant et optimiste, je trouve, et qui permet aussi aux professionnels de santé de bien appréhender toutes les évolutions en cours dans le domaine de l'ophtalmologie. Donc, merci beaucoup, Dr. Assouly. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Fleur, de m'avoir reçu.

  • Speaker #1

    À bientôt. Au revoir. Merci.

  • Speaker #0

    À bientôt. Au revoir.

  • Speaker #2

    Tout d'abord, un grand merci au Dr. Assouline pour son partage d'expertise. Nous espérons que cet épisode vous a permis de comprendre les défis et perspectives offertes par l'IA dans le domaine de l'ophtalmologie et également de mieux appréhender les évolutions en cours et à venir. Pour ne pas manquer le prochain épisode, n'hésitez pas à vous abonner à Rétines et Pupilles. Sinon, retrouvez-nous sur vos applis et plateformes de podcast. Ce podcast vous est proposé par Théo, opérateur de cabinet d'ophtalmologie partout sur le territoire. Pour plus d'infos, retrouvez-nous sur theo-med.fr. Il a été conçu et réalisé par Fleur Chrétien avec l'agence Aume à la post-production.

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