- Speaker #0
Salut tout le monde, c'est Thomas, j'espère que vous allez bien. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, non ? J'ai envie de vous demander, quoi de neuf ? Et bien justement, rien de neuf. Plus une réponse banale à une question qui l'est tout autant, rien de neuf est une injonction, une promesse, un état d'esprit. Dans ce podcast, on va parler de tout type de fringues, de toute époque, de toute provenance, de toute matière. Mais elles ont toutes un point commun. Elles sont datées, elles sont anciennes, elles sont comme on dit volontiers aujourd'hui. Vintage. Pour aborder ce sujet aussi vaste que passionnant, nous allons justement interviewer des passionnés. A chaque épisode, nous recevrons quelqu'un qui a transformé son goût pour le vintage en son métier. D'où vient sa passion ? Comment en vit-il aujourd'hui ? Quelle est son époque et son style préféré ? Quelle est sa pièce de rêve et celle qu'il regrette d'avoir vendue ? Avec Rien de Neuf, je vous emmène à la découverte de l'histoire des vêtements et de ceux qui la font vivre. Pour ce premier épisode, je vous emmène avec moi au Puce de Saint-Ouen, à la rencontre de Christian, a.k.a. Anciennement Modern. C'est parti ! Salut Christian, merci de nous recevoir aujourd'hui, j'ai envie de dire, chez toi. On est au Puce de Saint-Ouen, au Marché Dauphine plus précisément, et chez Anciennement Modern, a.k.a. Christian.
- Speaker #1
Yes, salut Thomas. Bah écoute, oui, effectivement, moi c'est Christian, fondateur de l'enseigne Anciennement Modern, une enseigne qui... Je viens de fêter mes trois ans. Déjà ? 3 ans déjà, c'est passé très très vite. C'est passé à une vitesse phénoménale. Tout s'est très bien passé en plus. J'ai cette chance, j'ai été bien accueilli aux puces et au marché Dauphine qui m'a fait totalement confiance depuis le départ. Aujourd'hui j'ai une très belle boutique et j'en suis très heureux et très fier.
- Speaker #0
Avant de nous intéresser à Anciennement Modern à proprement parler, on va s'intéresser à Christian d'abord, un peu l'homme qui est derrière le fripier si je peux m'exprimer ainsi. C'est quoi ton parcours, Christian, avant de te retrouver dans le vintage, dans la fripe ? Alors, avant de me retrouver dans le vintage, j'ai eu un parcours un peu classique en passant par le retail et la fashion un peu classique. J'ai travaillé de nombreuses années au Citadium, au rayon sneakers. D'accord. Ça a été une bonne école, j'ai fait mes armes là-bas et puis... Après 6-7 ans là-bas,
- Speaker #1
le mouvement sneakers commençait à évoluer et à prendre une tournure qui m'intéressait un peu moins, qui était celle de la tournure un peu plus fashion bling bling, un peu moins passionnée. Et du coup, j'ai commencé petit à petit à essayer de me réorienter vers plus le vêtement finalement. Et le vêtement toujours de la fashion, j'ai travaillé pour des boîtes indépendantes, des jeunes marques de designers. Et le vintage s'est imposé presque à moi finalement.
- Speaker #0
D'accord. Et on est dans quelles années à peu près, quand tu dis que tu bosses sur Citadium ?
- Speaker #1
Citadium, j'ai commencé en 2006.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
2006, donc ça va faire presque 20 ans aujourd'hui que je travaille dans le milieu,
- Speaker #0
entre guillemets, de la mode. En tout cas, de la vente de vêtements de mode. Et ça fait 8 ans que je suis dans le vintage. D'accord. Donc c'est passé très vite. C'est passé très très vite, effectivement. Et avant le stadium, t'as fait des études déjà dans le vêtement ? Non, rien à voir. A la base, j'ai un BEP de service en salle. D'accord, oui. J'ai fait l'école Ferrandi, une grande école de cuisine. Très connue, ouais. Très connue. Mais en vérité, c'était plus un choix, on va dire stratégique, parce qu'il fallait que je fasse quelque chose de ma vie, que j'avais besoin de travailler, de faire un peu d'argent.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Mais je n'avais pas pensé au premier abord à travailler dans la mode, alors qu'en vérité, j'étais déjà fait pour ça. Mais je pense que... Tu ne le savais pas encore. Je ne le savais pas ou en tout cas, je me montais à moi-même. D'accord. Et donc, tu bascules après le Stadium, après la Sneaker, tu bascules dans le vintage, mais tu ne bascules pas tout de suite sur ta propre boutique. Non, du tout, du tout. Non, non, j'ai un parcours qui au début me paraissait un peu bizarre. J'ai même du mal à... À l'analyser et au final, ce parcours, l'ensemble de mes expériences a fait que j'ai pu aujourd'hui ouvrir ma boutique. Donc,
- Speaker #1
pour schématiser rapidement, j'ai travaillé pour Press Stadium pour une marque indépendante qui s'appelle Homecore, une marque historique française qui a plus d'une vingtaine d'années aujourd'hui. Oui,
- Speaker #0
qui est une des premières, si je ne dis pas de bêtises, du streetwear français. C'est, on va dire, la première marque de streetwear français. Oui. Effectivement. Et donc, Homecore, j'ai travaillé... pour des gens qui faisaient du discount dans des boutiques avec des bacs à 5 euros. Oui, je vois très bien. Donc, ce n'est pas la partie la plus passionnante du métier.
- Speaker #1
Par contre, c'est une partie aussi intéressante à ne pas négliger parce qu'il y a aussi beaucoup d'argent à faire dans ce secteur, même si ce n'est pas un secteur passionnant.
- Speaker #0
Pas très sexy, mais c'est peut-être intéressant au niveau du sourcing notamment, j'imagine.
- Speaker #1
Exactement, au niveau du sourcing, au niveau de plein de choses. C'est vrai que moi, j'aime les boutiques avec une belle déco bien présentée. J'aime aussi le conseil clientèle. Là, on n'était clairement pas du tout sur ce genre de choses. Mais tu vois, finalement, ce discount-là m'a amené après à travailler. J'y suis arrivé plus ou moins par hasard.
- Speaker #0
Je pense que ce n'est pas le hasard, c'est plutôt la destinée. Mais j'ai fini par arriver à travailler en tant que stockman chez Kiliwatch à Paris. Oui, que je connais très bien aussi. Une grande friperie aussi historique. Oui, avec une partie vêtements actuels et une partie... Exactement. C'est une boutique qui est considérée pour beaucoup comme étant la plus belle boutique,
- Speaker #1
la plus belle friperie de Paris. Et j'y suis arrivé presque par hasard, comme je t'ai dit, parce que je commençais à m'intéresser au vintage. Mais essentiellement au vintage que je pouvais revendre, c'est-à-dire tout ce que je connaissais moi. Tout ce qui était années 90, tout ça. Comme beaucoup de gens, il y a eu le début des plateformes de revente et Instagram aussi, bien sûr. Au début, je chinais beaucoup de choses comme ça, que je connaissais plus ou moins. J'avais la culture, on va dire, 90, puisque j'ai vécu cette époque-là. Et j'avais cette facilité à trouver des belles choses années 90, qui potentiellement avaient un potentiel commercial, tout simplement. Et via cette boutique, je suis tombé sur ce qui m'a amené aujourd'hui à avoir ma propre boutique avec mon orientation, on va dire. C'est-à-dire que je suis tombé amoureux du français presque sans me rendre compte. Au début par le militaria et puis après par le vêtement de travail. Voilà, c'était deux révélations dans ma vie récente qui ont fait que ça m'a orienté tout de suite vers le vintage un peu plus profond. C'est-à-dire tout ce qui est d'avant les années 80-90.
- Speaker #0
Ok, c'est-à-dire que tu as un premier contact avec le vintage via le streetwear, via ce que tu connaissais ?
- Speaker #1
Via le streetwear, effectivement, parce que j'en ai beaucoup parlé. Ma culture était, on va dire, ma culture ado était très hip-hop. Donc, j'avais toutes les connaissances, on va dire, de la fashion des années 90, en tout cas hip-hop. Cette facilité à pouvoir trouver des pièces style starter ou ce genre de choses, ou les champions, voilà. Mais je le faisais sans passion. C'était plus alimentaire qu'autre chose. C'était assez simple pour moi, donc pas très passionnant. Et aujourd'hui, j'aime bien avoir un peu plus de challenges, découvrir des choses, découvrir des vieux vêtements que je ne connaissais pas et en tomber amoureux, essayer de les défendre. C'est plus aujourd'hui l'orientation que j'essaye d'avoir finalement.
- Speaker #0
Et quand tu dis que tu n'avais pas de passion, mais j'imagine que la culture hip-hop... un peu plus jeune que toi, donc je suis arrivé un peu après. Mais c'est hyper important, l'apparence, les vêtements dans la culture hip-hop. Donc, tu avais quand même le goût de la belle sape, même si tu ne te dis pas passionné. Alors, j'ai toujours eu le goût de la belle sape. J'ai toujours aimé me saper. J'ai toujours aimé avoir des choses qui sortaient. Alors, ma stratégie, ça a toujours été d'avoir des choses qui étaient mode, esthétiquement dans la mode du moment, mais qui étaient un petit peu à côté, qui n'étaient pas forcément les marques imposées du moment ou les marques les plus fashion. J'ai toujours ce petit truc de me dire, Je ne suis pas comme tout le monde, finalement. D'accord, très bien. Le petit twist qui t'a amené finalement à cette vision un peu différente de la masse, qui t'a amené à te dire, OK, je vais lancer mon propre shop.
- Speaker #1
C'est ça, exactement. C'est-à-dire que mon shop, je l'ai ouvert il y a trois ans. Il y a trois ans, c'était juste après le Covid, donc post-Covid. C'est-à-dire que j'ai eu de la chance car j'ai ouvert une boutique en ligne six mois avant le Covid.
- Speaker #0
Je commençais déjà à avoir un petit stock de vêtements, où je commençais à chiner un peu plus sérieusement sur des pièces bien plus pointues que ce que j'avais pu vendre auparavant.
- Speaker #1
Tu commençais à accumuler, tu avais déjà en tête l'idée de te lancer ?
- Speaker #0
Non, pas du tout, du tout, du tout. Je n'y avais même jamais pensé pour te dire la vérité. Je travaillais à ce moment-là, je travaillais dans un surplus au puce, la tranchée militaire pour ceux qui connaissent. qui est aussi emblématique. Alors j'ai eu de la chance, j'ai fait que des boîtes emblématiques. Oui, c'est ce que j'allais dire quand on regarde le parcours Citadium, Kiliwalsh, la tranchée.
- Speaker #1
Ouais, Homecore. En fait, je ne me suis jamais imposé de travailler pour des gens, des sociétés qui ne m'intéressaient pas. Donc j'ai cette liberté-là de caractère qui fait que j'essaye toujours d'être plus ou moins libre dans mes choix. Et c'était très important de travailler pour des sociétés qui...
- Speaker #0
correspondait à mes valeurs ou à mes envies. Et donc,
- Speaker #1
pour en revenir après le Covid, j'ai, comme beaucoup de gens qui avaient la chance d'avoir une boutique en ligne à cette époque, pu vendre beaucoup, finalement. Je me suis retrouvé à une vente par semaine, à quasiment 5 ou 6 ventes par jour. Donc, ça fait une grosse différence. Oui,
- Speaker #0
ça fait...
- Speaker #1
Et ça monte vite. Donc, pour la première fois de ma vie, j'ai commencé à me dire que peut-être potentiellement, j'avais la possibilité d'acquérir un vrai stock et puis de mettre un peu d'argent de côté pour me lancer. Pourquoi pas ouvrir une belle boutique ? Même si à la base, je pensais ouvrir qu'un showroom. Et en fait, la boutique, c'est pareil, c'est imposé à moi car je ne trouvais pas de local de stockage propre. et assez sécurisé dans la région parisienne. Il était accessible financièrement. Tout était trop, trop cher. Et finalement, en parlant comme ça avec une collègue un soir des puces, elle m'a dit, tiens, moi, je libère mon local. Si ça t'intéresse, je sais que tu cherches quelque chose. Et je ne m'étais jamais renseigné sur le prix d'une location d'un shop aux puces.
- Speaker #0
Alors que tu y travaillais.
- Speaker #1
Alors que j'y travaillais, j'étais en plein dedans, mais tellement dedans que finalement...
- Speaker #0
Tu n'as pas considéré l'option.
- Speaker #1
Pas du tout, du tout. Et en fait, le fait qu'elles me disent ça, ça a comme assemblé le puzzle. En fait, ça a rajouté la petite pièce manquante. Et je me suis dit, mais en fait, plutôt que de chercher un local de stockage à vendre sur Internet, je peux peut-être aussi vendre en direct. Et ça s'est fait, ce n'est pas le hasard. Moi, je crois beaucoup au destin. Donc voilà, pour moi, c'est le destin. Et voilà, aujourd'hui, le destin a prouvé que, en tout cas,
- Speaker #0
c'était une bonne chose à faire parce que j'en suis très heureux. Et la boutique commence à avoir plutôt bonne réputation en plus. Oui, complètement. Elle a ouvert quand du coup ? J'ai ouvert en juin 2022. C'est ça. Donc tu as eu le temps, comme tu voulais, d'assembler ton stock. Tu as eu cette opportunité. Tu dis OK, je me lance. Et tu as skippé l'étape showroom en disant OK, on va en direct.
- Speaker #1
J'ai skippé l'étape showroom. Après, c'est vrai que le showroom, ça fait rêver beaucoup de gens. Mais c'est aussi un autre métier. Ça demande énormément plus de moyens que d'ouvrir juste sa boutique. Parce que les pièces, les plus belles pièces, celles qui sont en tout cas présentables en showroom, il ne faut pas se le rire, si on ne les a pas chinées le matin en brocante à 6h du matin au fond d'un bac, on les touche, on les achète très très cher.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Donc avoir un stock suffisamment important pour prétendre avoir un showroom, ça demande énormément de moyens, tant en location qu'en tout ça aussi, il faut penser au lieu. Donc en fait, la boutique s'est imposée à moi presque naturellement et j'en suis très heureux aujourd'hui.
- Speaker #0
Trop bien. Donc quand tu décides de lancer ta boutique, au-delà du lancement de la boutique en tant que telle, il y a aussi le lancement de la marque Anciennement Moderne. Comment tu en es venu à créer cette marque et le concept qui va avec ? Alors Anciennement Moderne, ça m'est venu un soir de beuverie, je pense. Et moi, j'ai cette chance-là, c'est que dès que je suis un peu bien, un peu éméché parfois, je peux avoir des bonnes idées.
- Speaker #1
Et j'essaie de les concrétiser ou de les mettre sur papier rapidement, dès que ça tombe. Et j'ai eu comme un flash de cet oxymore anciennement moderne. Et quand c'est venu, je me dis, c'est trop bien et tout. C'est nickel, c'est génial, ça tue comme nom. Il faudra les voir tout de suite. Et je suis parti voir sur Google s'il y avait des concordances. Et en fait, il n'y avait rien. Donc, j'étais déjà assez impressionné d'être le seul à avoir pensé à ça. Et tout de suite, j'ai posé un nom de domaine. un anciennement moderne.com et puis c'est parti, je trouvais ça tellement bien et puis en plus j'étais déjà dans un truc à me dire je veux faire du français parce que j'ai cette particularité là on en a pas parlé encore mais j'essaye d'avoir 90% de français à la boutique, plus ou moins et anciennement moderne on peut pas faire plus français même si le moderne à la fin est écrit à l'anglaise parce que j'avais déjà une clientèle internationale donc je pouvais pas faire que du...
- Speaker #0
Oui donc t'as trouvé un...
- Speaker #1
J'ai trouvé un juste milieu qui pouvait marcher partout. Je sais que la clientèle anglophone a du mal à prononcer un peu mon nom, mais ils adorent ça. Parce que pour eux, c'est tellement français, it's so Frenchy que ça donne un petit côté chic. Et puis, j'ai un beau logo qui va avec. En plus, tout a été conçu pour pouvoir développer de toute façon à long terme du merchandising. pourquoi pas faire aussi, comme beaucoup de fripiers auparavant, avant moi, lancer sa propre marque de vêtements.
- Speaker #0
D'accord, et c'est des choses que tu as en tête pour la suite ?
- Speaker #1
C'est des choses que j'ai en tête et qui, moi, me sont naturelles. Je pense que tous les fripiers français depuis les années 70, à un moment, ont toujours monté leur marque parce que l'envie aussi de créer, l'amour du vêtement. Et puis, il y a aussi des vêtements qui se raréfient, qu'on ne trouve plus. Donc il serait bien aussi de rééditer. Il n'y a pas de réédition qui sont super intéressantes à faire, comme pourraient le faire les Japonais sur l'Américain, par exemple. Ils font même aussi des répliques de Français, d'ailleurs. Ils se sont lancés depuis quatre ans. Mais il y a énormément de choses à faire. Et puis, c'est tellement passionnant et amusant qu'en vérité, il n'y a presque pas de limite, en fait, des con-hommes un peu créés. Moi, j'ai toujours voulu faire du design, plus ou moins. Je pense que c'est la suite logique en fait.
- Speaker #0
Oui, complètement.
- Speaker #1
Il faut une bonne base de connaissances. J'essaye d'acquérir mon savoir au fur et à mesure. J'en apprends tous les jours. J'ai cette chance-là d'avoir un métier qui fonctionne avec la passion. Donc, on en apprend tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et en plus, je suis un très mauvais élève. Donc, si je ne suis pas passionné, je n'apprends pas. Et là, j'ai trouvé finalement le compromis idéal avec ma passion du vieux, ma passion du rare.
- Speaker #0
Du quali et surtout mettre en avant le savoir-faire français qui a toujours été plus ou moins une chose importante aussi dans ma vision de vie professionnelle et tout ça. J'ai toujours voulu travailler pour des boîtes françaises et finalement, il y a encore une suite logique aujourd'hui dans cette boutique-là.
- Speaker #1
Et justement, tu l'as dit, la particularité d'Enseignement Moderne,
- Speaker #0
c'est de proposer 90% de français et 10% d'international. La plupart font un peu l'inverse. Oui,
- Speaker #1
c'est important pour moi d'avoir une boutique vintage qui ne ressemble pas à toutes celles qu'on peut trouver un petit peu partout. Puis, en vérité, j'ai le côté un peu aussi un peu chauvin. Et c'est vrai que finalement, les pièces françaises, on ne les connaissait pas. Il y en a potentiellement moins qui tournent sur le marché de la revente vintage que moins, par exemple, que n'importe quelle pièce américaine. Ils ont fabriqué des millions. Et moi, je trouve qu'avec du français, voire même de l'européen, on n'a pas besoin d'aller faire que franco-français. Il y a aussi des très belles pièces en Italie, en Allemagne, en Suède, en Angleterre. On a toujours une culture du vêtement en Europe. Et c'est vrai que les Français, nous, depuis les années 40, on va dire depuis la libération, on a toujours été très, très sur l'américain. Et ça m'a toujours posé un petit problème de me dire que finalement, on n'avait peut-être pas défendu assez notre savoir-faire. qu'on a perdu en plus maintenant justement, à force de ne pas le défendre, mais on l'a perdu et j'avais envie à mon humble niveau de défendre un petit peu ces belles choses qu'on a pu faire avec nos petites mains à nous, avec nos ouvriers. Et on a fait des pièces sans ça, sans plus que je vends très facilement. Alors souvent des étrangers, il ne faut pas se leurrer. Ma clientèle est à 80% étrangère.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Mais ça me va en fait. Moi, j'ai commencé avec Internet. Donc de toute façon, ma clientèle depuis le départ a souvent été étrangère.
- Speaker #0
Pour ceux qui ne te connaissent pas, en termes d'assortiment, tu as du workwear, du vêtement de travail français, tu as du militaire aussi français, et pas mal. C'est ça qui peut surprendre des gens qui ne connaissent pas, ça va être du vêtement de sport ou du streetwear, où tu vas avoir des marques qui ne sont pas françaises, mais du made in France.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Comme Adidas.
- Speaker #1
Comme Adidas. Adidas a produit pendant... Plus d'une vingtaine d'années en France, tout ce qui était haut de gamme chez Adidas était produit en France.
- Speaker #0
Il faut le savoir, on a eu des chaussures, on a eu des survêtements, on a eu des ballons de foot, des chaussures de foot, tout ce qui est vraiment des sacs également. Donc on a un vivier de produits Adidas Made in France incroyables en France. Alors il faut les retrouver, il faut aller dans les garages, à la campagne.
- Speaker #1
Mais on a un lien très très fort avec cette marque en France depuis toujours. Et moi, avec la culture hip-hop que j'avais, j'ai envie de te dire qu'Adidas, c'était quand même la marque un peu incontournable, surtout pour ma génération. Et je ne me voyais pas ouvrir une boutique sans avoir mes tracks jacket Adidas made in France, qui sont pour moi des produits incontournables et intemporels en plus, et qui se marient toujours très bien en plus avec le reste. Tu peux mettre un beau cargo français, l'armée. comme j'ai de temps en temps des M47, par exemple, que tu connais d'ailleurs. Et le couper comme ça, avec une espèce de sport jacket ancienne, moi, je trouve le combo magnifique. Aussi beau qu'un combo à l'américaine avec un cargo et une chemise hawaïenne, par exemple. C'est des produits, deux choses qui, à la base, tu te dis forcément, elles ne vont pas forcément aller ensemble. Et en fait, le combo est parfait. Avec le sportswear européen, finalement, je m'y retrouve aussi.
- Speaker #0
Oui, c'est chouette. Et moi, tu vois, quand... En tant que client, quand je pense à toi, ce que je vois, c'est ce petit twist, on va dire, sportswear, un peu hip-hop et français, qu'on trouve, en tout cas moi de ma connaissance, pas chez d'autres fripiers ou d'autres boutiques. Ce savant mélange que tu as fait entre workwear, militaria et un peu sportswear.
- Speaker #1
En fait, merci déjà. Merci parce que je prends ça comme un compliment. C'est important pour moi d'avoir une boutique presque unique, on va dire. En tout cas, c'est ma vision des choses. Je prétends être une personne pas unique, mais j'essaie quand même d'avoir un caractère un peu affirmé dans plein de choses, que ce soit bigots, vestimentaires ou autres. Et souvent, j'en rigole, je dis aux gens que j'ai une boutique streetwear. Je n'ai pas une boutique vintage, mais avant tout streetwear. Parce que le streetwear, si on y réfléchit bien, c'est du vêtement de travail, du vêtement militaire et du sportswear.
- Speaker #0
Non, c'est vrai.
- Speaker #1
Mélangé. Moi, j'ai une boutique streetwear avec les vrais produits d'origine qui ont inspiré tous les fashion designers depuis les années 80 dans le streetwear. On va dire que tous les produits qui ont servi de base à la fashion contemporaine sont... En tout cas, j'essaye d'avoir ces produits-là. Pour moi, c'est très important d'avoir le produit de base.
- Speaker #0
Si tu regardes un peu les origines du streetwear en Italie, je pense à Stone Island, CP Company, du designer Massimo Osti. Massimo Osti s'est directement inspiré du développement militaire. C'est vraiment cette recherche du technique, de la technicité et de la praticité qu'on retrouve.
- Speaker #1
En fait, je pense, selon moi, il n'y a aucun designer de streetwear depuis les années 80 qui ne s'est pas inspiré du militaria ou du vêtement de travail. et ça aussi Quasi obligatoire, parce que c'est des vêtements pour lesquels il y a une grosse recherche et développement. En termes de confection, c'est des vêtements qui coûtent très très cher à faire, même encore aujourd'hui. Je vous invite à vous renseigner, à essayer de refaire des repros de pantalons M47 français, vous allez voir le prix que ça coûte. C'est hallucinant. Donc c'est des beaux produits, bien foutus, intemporels, fonctionnels. Et quand je dis intemporels, c'est-à-dire que ça coûte. Ça peut durer dans le temps. C'est des vêtements qu'on peut porter 20 ans ou 30 ans quasiment sans problème.
- Speaker #0
Oui, on le voit d'ailleurs. Si on reste sur Adidas, des paires comme la Stan Smith ou la Superstar, tu as la Campus. Ce sont des paires qui reviennent de façon cyclique dans la mode parce qu'elles sont intemporelles par définition. Et les track jackets, je pense que c'est un bon exemple. Il y en avait quand toi, tu étais adolescent. Il y en avait quand moi, j'étais adolescent. Et il y en a toujours aujourd'hui.
- Speaker #1
Il y en a toujours aujourd'hui. Les ados, les 14-15 ans, adorent ça aussi aujourd'hui. Ça fait toujours halluciner les parents quand leurs enfants rentrent dans ma boutique pour essayer ces vestes. Mais en fait, moi, je pense qu'il est difficile aujourd'hui de réinventer le vêtement. Je pense que là, depuis, on va dire les années 20, on a tellement eu d'évolution et on est arrivé à une fin de cycle en fait. Je veux dire, on ne peut pas faire mieux qu'un t-shirt, on ne peut pas faire mieux qu'un Levis 501, qu'un cargo, un bouté d'universitaire aussi, un Varsity Jacket. Il y a des produits qui sont sortis et qui ont été tellement bien conçus à la base, ils sont devenus finalement iconiques et je pense qu'on peut difficilement faire mieux. Alors maintenant, on va jouer peut-être avec les structures, avec les matériaux. Ça va être marrant parce que voilà, mais je pense que... Tant qu'on n'aura pas un bras ou une jambe en plus, le vêtement n'évoluera pas plus finalement.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est pas faux. Et en plus, comme là on est en train d'enregistrer en direct de ton shop, je vois devant moi une paire de Patrick. C'est aussi pour toi l'occasion de peut-être remettre au goût du jour des marques françaises un peu oubliées ou qui ont disparu ? Bien sûr, mais en fait on a toujours, même moi le premier d'ailleurs aussi à l'époque, même ado ou même plus jeune, mes parents m'ont racheté une paire de Patrick, j'en aurais été... dégoûté parce que forcément je voulais la chaussure à trois bandes, je voulais les Nike, je voulais tout ça.
- Speaker #1
Mais en vérité, maintenant avec le recul, je trouve que ces marques étaient quand même audacieuses. Et rien que pour ça, ça mérite un peu de respect. D'ailleurs, Patrick a été repris par un consortium japonais. Donc la marque n'est pas morte.
- Speaker #0
D'accord, ok.
- Speaker #1
Et va, à mon avis, revenir très très très rapidement sur le devant de la scène. parce que comme tout ce que font les japonais c'est toujours très très bien foutu d'ailleurs c'est que du made in Japan en plus même les chaussures ils font des chaussures, ils font des jerseys pour le championnat de football japonais donc merci aux japonais d'avoir encore cette audace et cette passion mais c'est pas la seule marque, en France on a eu plein de marques, il y a des Noël la marque n'existe à fermer définitivement ses portes il y a 4-5 ans Peut-être un peu moins aujourd'hui, mais ils ont eu des modèles extraordinaires. Alors certes, qui n'étaient pas aussi qualiques que ce que pouvait faire Adidas, par exemple. Mais des shapes extraordinaires, avec des designs. Et puis, rien que pour l'audace, franchement, ça mérite le respect.
- Speaker #0
Mais d'ailleurs, là, on parle de Patrick Rui, pas le japonais, mais c'est vrai qu'il y a des marques qui avaient disparu, comme je pense à Kawe, ou qui étaient quasi anonymes. presque comme Montclair, qui ont été reprises ensuite. Alors là, Montclair, pour le coup, c'est devenu de l'ultra luxe, c'est encore autre chose. Mais Kawe, c'est une marque qui a été rachetée, je pense, à un moment par quelqu'un de malin avec un euro symbolique et qu'on a refait quelque chose. En fait, c'est des Italiens qui ont repris Kawe, comme toutes les marques de sportswear françaises d'ailleurs, qui sont devenues aujourd'hui des marques presque luxe. Les Italiens, on sous-estime la force des Italiens, mais pour moi, les Italiens sont les meilleurs en sportswear depuis 40 ans. Parce que c'est du sportswear ultra,
- Speaker #1
ultra technique, un peu luxe parfois. Donc, il y a le petit côté un peu plus rare, un peu plus moins accessible, malheureusement. Peut-être un peu moins populaire, mais c'est ce qui fait aussi la beauté, parce qu'on arrive à avoir des pièces. Tu peux sortir un CP Compagnie des années 90, début 2000. La plupart des pièces sont extraordinaires et ce n'est pas des pièces qu'on va retrouver à chaque coin de rue. Et moi, c'est ça qui m'intéresse. Ce n'est pas la pièce unique, mais... Voilà ce petit truc où on se dit que c'est presque unique. Je suis le seul dans mon quartier à l'avoir. Et ça, franchement, j'ai toujours eu cet attrait-là, ce truc de me dire que je ne veux pas avoir la même paire de pompes que mon voisin ou le même t-shirt que mon cousin. C'était très important d'avoir un style unique. Et voilà, le Sportswear italien, franchement, c'est magnifique, c'est bien coupé. C'est des gens qui ont la culture de la sape. qui est indéniable. Je ne fais pas assez de vintage italien d'ailleurs. J'aimerais bien en avoir. J'aimerais bien avoir un plan. Mais je suis déjà tombé sur des vestes de chasse italienne par exemple. Des chasses qui restent du sportswear, même si c'est des vestes rustiques, c'est quand même des vestes sportswear qui sont très intéressantes à étudier pour n'importe quel design de streetwear d'ailleurs. J'espère que l'italien,
- Speaker #0
le suédois, il y a plein de trucs européens que j'aimerais faire aussi. Oui, il y a des belles choses. La chance, le monde est vaste et il y a plein de belles choses partout en plus. Donc peut-être que ça me donnera l'opportunité de voyager, d'aller chiner dans d'autres pays aussi quand j'aurai fait tout le tour de la France. Et ça, j'ai hâte. J'ai hâte aussi de changer de terrain.
- Speaker #1
Ça pourrait être cool aussi.
- Speaker #0
Mais justement, est-ce que ce n'est pas l'attrait d'être dans le vintage ? C'est de se plonger dans un monde, d'apprendre à le connaître, de te perfectionner. Et puis une fois que tu as fait le tour, parce qu'on n'a jamais vraiment fait le tour dans le vintage, mais une fois que t'as bien saisi ce qui se passait, de basculer sur un nouvel univers, un nouveau monde et ainsi de suite ?
- Speaker #1
Il y a ça,
- Speaker #0
mais il y a aussi le fait qu'un monde peut t'amener à un nouveau monde finalement. Je me suis rendu compte il n'y a pas longtemps, alors que ça fait longtemps que j'étudie le vêtement, que le vêtement sport des années 20 ou 30 était très proche du militaria. Et qu'en fin de compte, on se rend peut-être compte. pas forcément compte,
- Speaker #1
mais ces deux familles de vêtements se sont toujours copiées et inspirées l'une de l'autre. Parce que dans le vêtement militaire, on veut de la robustesse, mais on veut des vêtements ergonomiques aussi. Donc, sans l'étude du vêtement de sport ou sans l'évolution du vêtement dans le sport, finalement, on n'aurait pas aussi non plus ces beaux vêtements militaires.
- Speaker #0
Donc, je trouve ça cool aussi de refaire un peu l'arbre généalogique de l'évolution du vêtement. Et puis, après, le vêtement de sport, forcément, j'irais forcément voir ce qui s'est fait avant, même si on ne faisait pas forcément de sport au 19e. Mais on oublie la chasse, l'équitation, tu as tout un tas de choses qui sont dans la famille du sport, même si ça ne ressemble pas à des vêtements de sport tels que ceux qu'on porte aujourd'hui. Mais qui sont tout aussi intéressants. Moi, j'adore la technicité des vestes de chasse et l'élégance aussi, parce que ça s'adressait à un public qui était quand même relativement aisé, dans la plupart des cas. Et c'est des vêtements qui sont d'une qualité exceptionnelle. Moi, la première fois que j'ai vu une veste de chasse française des années 50, en coutil, avec ces beaux boutons qui représentent souvent des scènes de chasse ou des animaux, je suis tombé des nues. Je n'avais jamais vu ça. C'était un espèce, ça ressemblait à du velours, mais ce n'était pas du velours. Un peu denime, c'était un espèce de truc hybride. Et lorsque je l'ai passé, la coupe était parfaite. Elle avait 70 ans, il n'y avait rien à refaire. Et moi, ça m'émerveille toujours, ça m'émeut un peu toujours quand je tombe sur ce genre de pièce et tu te dis mais en fait, il n'y a rien à faire, la coupe était déjà parfaite à l'époque.
- Speaker #1
Oui, elle est intemporelle comme on disait tout à l'heure.
- Speaker #0
Intemporelle et puis moi, je fais du made in France parce qu'il y a aussi le truc de me dire en fait, c'est presque plus logique de chiner du made in France en France. que de chiner des vieilles pièces américaines. Je trouvais ça plus facile au début. Lorsque j'ai commencé, maintenant j'ai un peu plus de concurrents, un peu plus de gens qui se sont intéressés au truc. Je n'ai pas lancé le truc, je me suis intéressé à un moment parce qu'il y a eu Internet, il y a eu les Japonais, tout ça. Je pense qu'on a été une petite dizaine de Français à tomber amoureux du français au même moment. Maintenant, il y en a un peu plus. Il y en a qui sont un peu moins amoureux et qui vendent aussi du français parce que... parce qu'il y a une manne financière. Mais je salue tous mes collègues et concurrents amateurs, amoureux du français, parce qu'on n'est pas beaucoup et qu'on n'a pas d'archives surtout. Donc, c'est à nous de refaire l'historique de nos productions, peut-être un jour de les mettre sur papier, même s'il y a eu déjà avant Magazine, qui avait fait un spécial Workwear français, d'ailleurs qui a permis Workwear français d'être... promu un peu partout parce que grâce à ce magazine aujourd'hui on vend du workwear partout aux Etats-Unis au Japon même avant le magazine ça a vachement démocratisé le truc et surtout les américains qui s'intéressent à ça alors qu'eux sont très pour le coup chauvins, très pro américains tout ça petit à petit ils y arrivent aux français je trouve ça super cool aussi d'avoir nos belles pièces qui circulent aussi dans la fashion américaine Il trône à côté d'une belle veste 50's en denim américaine, une belle mollet skin aussi des mêmes époques. Moi, je trouve que je trouve ça génial.
- Speaker #1
C'est ce que j'allais dire, c'est que là, j'ai vu récemment sur Instagram des photos d'Austin Butler avec une veste de travail française des années 40, probablement, ou 50. Et tout à l'heure, on parlait des Japonais. Et il y a eu, dans le vintage, il y a eu des tendances, comme dans n'importe quel cercle de la mode. Et à un moment, le French workwear, notamment sous l'impulsion des Japonais, est vraiment arrivé sur le devant de la scène. Comme si les japonais, si je caricature un peu, ils s'étaient un peu lassés de l'américain. Ils ont découvert le vêtement de travail français, on va dire, des années 20 aux années 50. Et là, il y a eu un gros boom du vêtement français, notamment de la fameuse veste de travail en mollet skin ou en coton.
- Speaker #0
Alors moi, je pense que c'est dû à deux choses. C'est dû déjà au fait que le vêtement français, de toute façon, est plus élégant au niveau des coupes que n'importe quelle veste américaine. Une veste de workwear américain, c'est souvent très brut.
- Speaker #1
Ouais, très large, assez long.
- Speaker #0
larges, fonctionnelles, mais pas élégants. Le vêtement européen, en tout cas, parce qu'il ne faut pas dire que le français, il y a des vestes anglaises, allemandes, tout ça, ou même italiennes, qui sont sublimes. Mais on avait ce côté un peu plus... On ne se rendait pas compte à l'époque, je pense, que les ouvriers qui achetaient leurs vestes ne se rendaient pas compte à quel point ils étaient élégants. Mais si tu tombes sur les photos d'ouvriers des années 40-50, les mecs en Afrique, ils ont quasiment trois pièces sur eux. C'est-à-dire qu'ils ont des... Ils ont des gros pantalons molleskins ou des velours côtelés, le petit gilet en velours côtelé en dessous ou en poutille, la veste bleue de travail ou le gros velours aussi, pareil. C'est des vêtements... Aujourd'hui, tu verrais quelqu'un habillé comme ça, tu dirais que le mec, c'est un châtelain.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr.
- Speaker #0
Alors qu'en fait, c'était vraiment la tenue de monsieur tout le monde. Et le fait qu'il y ait des petits boutons en bois, tout ça, les cols retombants, je pense qu'on peut faire difficilement plus élégant que... Les vestes des années 30, 40, 50.
- Speaker #1
Non, c'est vrai. Et c'est fou. Moi, j'ai eu la chance d'avoir retrouvé des vestes de mon arrière-grand-père et de mon grand-père. Et j'ai des photos de mon grand-père qui était soudeur à l'usine. Et déjà, il y avait une fierté à l'époque du travail. Il était très fier de bosser en usine, etc. Et en plus, ils sont tous beaux et élégants avec les codes d'aujourd'hui. C'est-à-dire même le fait qu'il y ait trois poches, les boutons souvent fermés en haut. C'est vrai que le col circulaire, il y avait vraiment, comme tu dis, une espèce d'élégance à la française jusque dans l'école bleue, jusque dans les... Bien sûr,
- Speaker #0
mais ça, je pense que jamais ils ne s'en sont rendus compte à l'époque. C'était honteux, enfin ce n'était pas honteux pour un ouvrier, mais je veux dire, le mec qui n'était pas ouvrier ne porterait jamais de bleu de travail. Aujourd'hui, du bleu de travail, j'en vends à tout le monde et notamment aussi à des gens qui ne sont pas du tout de la culture ouvrière. Et je trouve que c'est une belle petite revanche aussi de pouvoir faire porter nos belles vestes d'ouvriers. De la même manière qu'on a porté du denim. En se disant, ouais, c'est génial, c'est James Dean et tout ça, alors qu'en fait, c'était déjà des vêtements d'ouvriers aussi. Oui, c'est ça aussi. C'est pour ça que j'ai toujours ce petit truc avec les gens, les Français qui disent, ouais, c'est du bloc de travail, machin, il y a des gens qui ont souffert. Alors souvent, je leur sors l'exemple du denim parce que ceux qui me disent ça, c'est des gens qui portent du denim. alors c'est pareil je leur dis que les cow-boys ou les mineurs américains n'avaient pas forcément la belle vie non plus non oui Et qu'il n'y a pas de raison d'idolâtrer plus le vêtement américain que le vêtement français ou européen, du coup. Et puis voilà, moi aujourd'hui, je ne porte quasiment plus de workwear américain. J'ai une ou deux pièces, j'ai un ou deux trucs militaires. Mais c'est vrai que j'essaie de m'axer un peu plus sur ce qui est plus rare. De toute façon, ça a toujours été mon leitmotiv. Et donc, l'européen... Il y a plein de choses qui m'intéressent. Je m'intéresse au camouflage aussi. J'adore tout ce qui est camouflage. Je trouve que c'est de l'art. Et des camos, il y en a dans le monde entier. On en découvre tout le temps. C'est extraordinaire. C'est sans fin. Vraiment, j'espère que dans 20 ans ou 30 ans, j'arriverai encore à trouver de la marchandise et j'arriverai encore à m'émouvoir sur des produits que je ne connaissais pas, peut-être. On en découvre encore un petit peu. Et encore, je suis relativement jeune, entre guillemets. Dans ce milieu, il y en a qui chinent depuis 20 ou 30 ans. Ça fait 8 ans que je chine du français, enfin du vintage en tout cas, de façon professionnelle. Donc j'ai encore, bien entendu, énormément de choses à découvrir et à apprendre.
- Speaker #1
Justement, qu'est-ce que tu préfères dans ton métier ? Est-ce que c'est la chine,
- Speaker #0
c'est le moment où tu fouilles et tu trouves une pépite ? Où c'est aussi le moment où tu es dans ta boutique et que tu mets tout en place et que tu crées ton univers et que tu rencontres les gens et que tu transmets ta passion ? Où c'est un peu tout ça ? En vérité,
- Speaker #1
j'aime tout, tout ça. Mais le premier truc chez un shiner, c'est de toute façon trouver la pièce ultime, fin fond d'un tas de merde, comme on peut dire vulgairement. Un côté un peu chercheur de trésors, tu vois. Là, je reviens de deux jours,
- Speaker #0
je suis parti en week-end. Avec ma chérie à la campagne, on est parti dans le Nord-Pas-de-Calais. On a fait deux jours de Chine, j'étais de repos, mais en fait c'est plus fort que moi. Un Emmaüs, un stock militaire sur la route. Je me suis arrêté dans des restaurants pour manger. J'ai même demandé aux tenanciers du restaurant s'ils n'avaient pas quelque chose dans les greniers. C'est un peu une seconde nature. Il y a toujours cette petite montée d'adrénaline quand on a trouvé une pièce exceptionnelle. perdu au fond d'un truc. Moi, j'ai déjà retrouvé un pantalon derrière une bassine de fioul dans un garage. C'était un pantalon Moleskine des années 30. Le truc était en boule. Il y avait eu 50 ans de fioul et de combi qui étaient tombés dessus. Le mec m'a pris complètement pour un fou quand je lui ai dit que je le voulais absolument. Et lui, je me suis dit, mais pourquoi il veut d'un bout de chiffon comme ça dégueulasse ? Et ce pantalon, en fait, il était sale, il était dégoûtant, il était puant. Mais j'ai vu tout de suite le potentiel. Donc, je l'ai ramené, je l'ai laissé tremper, je crois, un truc comme deux semaines dans différents bas que je changeais régulièrement avec du savon, du bicarbonate de soude et tout ça. Et c'est un des plus beaux pantalons que j'ai jamais trouvé encore jusqu'à aujourd'hui.
- Speaker #1
Et tu l'as gardé, du coup ?
- Speaker #0
Je ne l'ai pas gardé. Je ne l'ai pas gardé parce que ce n'était pas ma taille. Aujourd'hui, je pourrais quasiment tout garder de ce que je trouve, mais ce n'est clairement pas raisonnable. Je n'ai pas la place et puis ça ne sert à rien. Il ne faut pas être égoïste non plus. Ce que j'aime aussi, justement, c'est la finalité, c'est de trouver un nouvel acquéreur, un nouveau propriétaire de ces pièces qui va le chérir, pour qui ça va aller à la perfection, qui va savoir le mettre en valeur. moi c'est Quand je trouve le client qui match le mieux, le client idéal, c'est aussi une grande satisfaction. Et puis, il ne faut pas se leurrer. Moi aussi, je vends pour pouvoir vivre de ma passion. C'est-à-dire qu'il faut continuer à chercher. Il faut continuer à acheter de la marchandise. La marchandise est de plus en plus chère, il faut le savoir. Parce que notre rêve à tous, c'est d'acheter le moins cher, comme si on était dans un tas de merde. Mais dans la réalité des choses aujourd'hui, le Google Lens, le Vinted et tout ça fait que tout est tout de suite beaucoup plus cher parce que tout le monde a besoin d'argent, ce qui est normal.
- Speaker #1
Ceux qui avaient jeté les bleus de leur grand-père,
- Speaker #0
maintenant, savent qu'avec Internet, ils savent qu'il y a une valeur. Clairement, c'est des trucs, ils disent, mais ça, c'était au grand-père, ça vaut rien, c'était sa veste d'ouvrier. Limite, il te l'a donnée, tu vois, quand il ne voulait pas te la donner, il te l'a jetée direct. Tu vas dire, mais non, je ne vais pas te donner ça, c'est de la merde, tu vois, ça arrivait. Eh bien, maintenant, n'importe qui, on veut 80, 100, 200 euros.
- Speaker #1
Oui, des fois, avec des prix déraisonnables.
- Speaker #0
Des fois, des prix déraisonnables parce que les gens mettent tout de suite un gros prix, déjà en se disant parce que ça va négocier, mais aussi parce que les gens n'ont pas forcément la culture. Moi, j'essaie d'avoir un... Sur mes prix, mes prix sont basés sur l'état et aussi l'ancienneté. C'est-à-dire qu'un bleu de travail en Moleskine des années 60 n'aura pas le même prix qu'un bleu de travail en Moleskine des années 30. Il y a la rareté, il y a l'ancienneté, il y a la coupe, il y a tout ça. qui rentrent en jeu. Et voilà, moi, j'essaie d'avoir des prix fers par rapport à la proposition au marché, à la rareté. Et des gens, forcément, qui n'ont pas la culture, vont commencer tout de suite à mettre des prix très, très chers pour des produits qui, moi, ne valent pas du tout ce que ça vaut. Mais ce n'est pas grave, c'est comme ça. C'est l'évolution du métier qui veut ça. Là, il faut savoir que j'ai fait deux jours de chine, mais je n'ai rien chiné.
- Speaker #1
Oui, oui. C'est beaucoup ça justement la Chine. Il y a beaucoup de déceptions ou d'espoirs frustrés pour un peu un miracle qui tombe de temps en temps.
- Speaker #0
Oui, justement, ça permet d'apprécier encore plus la pièce lorsque tu la trouves, forcément. Je n'en suis pas à verser une larme encore, mais d'ici peu, je pense que la moindre pièce qu'on va trouver, il va falloir verser sa petite larme parce que ça devient très compliqué. Ça fait... 30 ans, 40 ans que les Français consomment de la fast fashion en vérité. Et les centres de tri aujourd'hui sont inondés de fast fashion. Tous les Emmaüs, tout ça. Chez Emmaüs aussi, c'est pareil, ils font du tri. Donc les gens qui font du tri, ils essaient de mettre des choses qui ont un potentiel intérêt pour les gens qui vont consommer chez Emmaüs. Il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas des boutiques qui sont faites pour les collectionneurs. C'est des magasins qui sont faits pour les gens qui sont dans le besoin. Mais on ne va pas non plus les déguiser. Donc, je comprends que les gens qui se retrouvent chez Emmaüs ne mettent pas les bleus de travail des années 50. Oui,
- Speaker #1
bien sûr.
- Speaker #0
Mais oui, c'est frustrant. C'est frustrant parce que quand ce n'est pas jeté, c'est peut-être perdu dans un coin. Moi, je déteste le gâchis. Je déteste... J'ai des gens toutes les semaines qui me disent « J'avais ça, on l'a balancé. » Là, pour le coup, ça me donne envie. pleurait vraiment.
- Speaker #1
Ah bah ça, oui, c'est même sur des pièces, justement, le M47 qui est le pantalon qui est quand même bien recherché maintenant. Je pense que dans les années 80, ça se trouve, il y a eu des containers entiers de M47 jetés. C'était jeté,
- Speaker #0
mais ça valait, ici au puce, un M47, ça valait 5 balles il y a 15 ans. Personne n'en voulait.
- Speaker #1
Aujourd'hui, on est quoi, entre 80 et 120, ça dépend des...
- Speaker #0
Moi, je fais en neuf, en deadstock, je l'ai fait à 150. dans le quartier ici il y en a qui les font même plus cher encore la seconde main ça dépend de l'état mais je vais être entre 100 et 120 balles avec de la très bonne seconde main j'essaye d'avoir les bonnes mais c'est fou mais ici
- Speaker #1
dans le quartier il y en a qui les vendent à plus de 200 euros et c'est un bon exemple je trouve que c'est un bon exemple les M41 parce que c'est français donc pendant longtemps on ne s'intéressait que à l'américain et tu le sais tu me connais un peu moi je suis rentré dans le vintage par l'américain ... De par une fascination par les US, aussi ma génération, je pense, le cinéma, comme beaucoup de monde. Et après, tu te mets à regarder et tu te dis, en fait, moi, je suis français. Et là, tu découvres l'M47, tu te dis, est-ce que ce serait pas le pantalon cargo un peu idéal, quand même, ce pantalon ? Et du coup, tu vois la qualité, tu touches et quand tu commences... Après, l'américain m'a permis de m'ouvrir à la qualité des tissus, etc. Donc après, tu transposes ton regard et tu te dis, ah mais attends, il est super, ce truc. Et du coup, l'M47, comme tu dis, qui valait pas grand-chose avant, qui était même pas considéré. Vaut aujourd'hui ?
- Speaker #0
Il vaut son pesant d'or, comme on dit. C'est vrai que potentiellement, j'ai toujours aussi ce truc-là de me dire avec les Américains, par exemple dans le militaire, les Américains ont toujours fait la guerre. Ça fait 80 ans qu'ils font la guerre tout le temps, constamment. Donc ils produisent constamment du vêtement militaire. Et en fait, dans le marché de la revente du vintage, de l'américain, il y en a des millions et des millions de pièces. Alors que le cargo M47, finalement, comme on est un tout petit pays, même si on en a eu beaucoup, on en trouve encore un petit peu aujourd'hui, mais on en a fabriqué aussi des millions, mais beaucoup déjà n'ont pas servi parce que pendant un moment, on avait énormément de deadstock. Même si depuis deux ans, ça commence à être très compliqué. Mais je pense que potentiellement, sur le marché de la revente, il y a quand même moins de pièces. Donc, il n'y a pas de raison qu'un pantalon qui soit moins répandu soit moins cher qu'un truc qu'on trouve ultra facilement partout. Ou avec des repro, des repro DM47. Moi, je me suis renseigné, j'ai essayé d'en faire en France. C'est hors de prix, j'ai lâché l'affaire. Clairement, j'ai lâché l'affaire. Parce que ça me ferait sortir un pantalon, comme les japonais, un pantalon à 400 balles derrière. Et il ne faut pas se le rire, on est en France, je ne suis pas une marque cotée et tout. Donc pour l'instant, en tout cas, on n'y pense pas. Peut-être ailleurs si je trouve un bon plan au Portugal ou ce genre de choses, mais même c'est tellement exorbitant, on ne s'en rend pas compte. Le budget de l'armée pour les vêtements, il faut se dire que dans un vêtement qui est confectionné, il n'y a pas de budget pub. Il n'y a pas de marketing, il n'y a pas de plastique, il n'y a pas d'étiquette, il n'y a rien pour l'emballer. C'est 100% du prix et mis dans la confection. Et ça, ça fait des vêtements qui sont exceptionnels à la fin, forcément. Avec les meilleures matériaux possibles, les meilleurs tissus, les meilleurs zips, les meilleurs boutons. Et puis voilà, moi je trouve ça aussi intelligent de reporter ces vêtements qui ont coûté très très cher à la fabrication. Et surtout, c'est nos impôts qui les ont payés, en tout cas ceux de nos parents. Donc aujourd'hui, avoir un petit retour de leur investissement, moi, je trouve ça toujours plutôt cool.
- Speaker #1
C'est bienvenu.
- Speaker #0
Et puis, on ne fait pas la guerre avec, surtout. On les porte aujourd'hui pour la vie de tous les jours. C'est plutôt cool aussi.
- Speaker #1
Oui, c'est mieux. C'est plus sympa.
- Speaker #0
C'est plus sympa. On est d'accord.
- Speaker #1
Là, on parle de pièces, on parle du M47. Est-ce que toi, tu as une pièce, un modèle coup de cœur, un truc qui te plaît plus que d'autres ?
- Speaker #0
En vérité, les deux pantalons que je porte le plus depuis 4 ou 5 ans aujourd'hui, c'est le cargo français des années 50, le M47, et son équivalent en chino, années 50. C'est vraiment les deux pantalons que je porte au quotidien. Si je n'ai pas un bermuda ou un autre pantalon camouflé, enfin d'un camouflage, parce qu'il y a du M47 aussi camouflé. Mais ouais, je porte quasiment que ça. Je n'arrive plus à porter. Je peux te dire, je n'arrive plus à porter de denim aujourd'hui à cause de ça. Parce que c'est moins ample. Moi, j'ai un truc avec le mouvement aussi qui est très important. Et puis, j'aime bien l'amplitude de nos vêtements et ceux des années 50. La coupe ? Ouais, j'adore. Moi, je trouve ça, même quand quelqu'un marche et tout, je trouve ça beaucoup plus beau qu'un pantalon skinny ou un truc un peu plus raide, un peu plus brut. Pour moi, c'est mes meilleurs vêtements. Après, si je dois choisir en haut, je dirais peut-être les vestes de parachutiste français des années 50 avec les boutons de pression. La 47-51 ?
- Speaker #1
La 47-52,
- Speaker #0
53, 56. Toutes ces vestes-là, c'est pareil, c'est des qualités. Les coupes sont extraordinaires et c'est des produits très, très rares.
- Speaker #1
Pour le coup, j'ai pu en voir quelques-unes, mais c'est relativement rare.
- Speaker #0
C'est rare, c'est la 47-52, la camouflée, celle qui correspond à la période Vietnam, coûte extrêmement cher aujourd'hui. Moi, je n'en ai pas. Même moi, je n'ai même pas les moyens de m'en acheter une et je n'en ai jamais trouvé. Alors, ça fait cinq ou six ans que je chine tous les jours. Et aussi, je travaille aussi avec beaucoup de chineurs parce que je ne peux pas faire tout ça tout seul. Je travaille aussi avec beaucoup de chineurs qui sont en province. Parce que les plus belles pièces sont en province, sont dans les greniers, dans les caves des vieilles maisons, des grands-parents, tout ça. C'est eux qui ont encore des trésors. À Paris, c'est plus compliqué. Donc, merci à mes amis chineurs aussi, et passionnés, qui veulent bien de temps en temps me céder des pièces à prix sympathique pour que je puisse les revendre. Merci, les amis.
- Speaker #1
C'est important de dédicacer.
- Speaker #0
Tu sais, moi, je ne peux rien faire tout seul. En vérité, j'ai... Je n'ai jamais eu de mentor dans ce métier, il n'y a jamais personne qui ne m'a rien appris, j'ai dû tout apprendre tout seul on va dire, mais on n'est jamais vraiment tout seul. Moi je bosse avec des chineurs, je bosse avec un petit vieux que tout le monde connaît à Paris, qui a 75 ans, c'est quelqu'un qui m'apprend énormément de choses, il a tout vu, il connaît quasiment tout, dès que je tombe sur un truc un peu obscur et tout, tout de suite, même s'il n'a pas vu, ben... Il arrive à me donner des indices quand même par rapport au coût, par rapport au bouton ou ce genre de choses. Et puis mes chineurs de province, il y a des gars que je n'ai jamais vus physiquement, avec qui je bosse depuis 5-6 ans. Ça m'envoie des photos, ça me dit j'ai trouvé ça ce week-end, bam, Paypal et c'est fini. C'est très important d'avoir... Il faut un réseau. De toute façon, on n'a pas le choix. De plus en plus d'ailleurs, parce que comme le vintage est de plus en plus compliqué à trouver, il faut du réseau. C'est très important.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Ça ne se fait pas tout seul.
- Speaker #0
Non, ça ne se fait pas tout seul. De toute façon, personne ne peut travailler tout seul. La France est un petit pays, mais si tu dois bouger, tout ça... Moi, pour l'instant, je suis tout seul à la boutique. Je fais tout tout seul. J'aimerais bien... Si un jour, le business le permet, embaucher quelqu'un pour la boutique. Et là, pour le coup, je pourrais retourner faire mes brocs le week-end et arriver à 6h du matin en province. Ça me manque un petit peu. Ça, c'est la partie du métier qui me manque le plus. Mais on ne peut pas jouer sur tous les tableaux, malheureusement. Et puis, j'aime aussi tenir ma boutique le week-end, avoir mes habitués, mes nouveaux clients. J'ai toujours voulu être designer. Moi, je ne l'ai jamais été. Mais aujourd'hui, je travaille beaucoup de designer. Et ça, c'est quand même une grande satisfaction, une belle revanche sur...
- Speaker #1
Oui, qu'ils viennent acheter des pièces pour s'inspirer, pour le coup, pour les marques. Oui, oui,
- Speaker #0
j'ai vraiment... J'ai de la chance. Je pense que j'ai honnêtement la meilleure clientèle que j'ai jamais eue et qu'on puisse avoir. J'ai une clientèle de gens enthousiastes, curieux, qui ont un peu la culture du vêtement pour la plupart. Même si de temps en temps, je suis un peu... à l'initiative peut-être de leur future culture ou leur futur engouement pour le vintage. Mais la plupart savent déjà ou connaissent déjà. Et ça, il n'y a rien de mieux pour un vendeur spécialisé d'avoir une clientèle aussi spécialisée.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr. Et puis, en plus, tu as fait un nom sur la place du vintage. Tu as parlé dans des magazines, dans des livres, on t'a recommandé. Donc, je pense que voilà, trois ans après le lancement de ta boutique, tu es aussi fier, j'imagine, du chemin parcouru.
- Speaker #0
Ah ouais, je suis d'autant plus fier que, comme je t'ai dit, je n'ai pas eu forcément de mentor, on ne m'a pas aidé. Mais j'ai une forte capacité de persévérance. Et c'est vrai que lorsque j'ai une idée en tête, en fait, j'essaie de m'y tenir et d'aller jusqu'au bout des choses. Sinon, j'arrête très rapidement. Mais une fois que c'est lancé, tu ne peux plus m'arrêter. Moi, j'ai une vision. Alors là, la boutique dans laquelle on est, anciennement moderne, a trois ans. Mais j'ai doublé la surface il y a seulement un an. J'ai commencé avec 14 mètres carrés, ce qui est tout petit, mais ce qui est très bien pour un premier business à commencer. Et puis, j'ai doublé il y a un an. La boutique a une belle taille aujourd'hui. Moi, ça reste ultra fonctionnel pour moi. Je peux encore la gérer tout seul et les clients sont aussi beaucoup plus à l'aise. Mais on ne sait pas, peut-être que j'aurai une autre boutique plus tard. On pense à plein de choses. Il y a Sky is the limit, comme dirait un mec qui n'est plus là aujourd'hui. Mais oui, il n'y a pas longtemps, comme tout le monde, comme beaucoup de gens à Paris, ou si vous ne l'avez pas fait, je vous invite à y aller à la boutique Ralph Lauren qui est à Paris. C'est extraordinaire. Je n'avais jamais vu une boutique aussi belle de toute ma vie.
- Speaker #1
Surtout,
- Speaker #0
au dernier étage, l'espace WRL, qui est inspiré du vintage. Moi, quand je suis rentré dedans pour la première fois, je me suis dit, mais je suis dans une boutique vintage tellement elle est bien faite, en fait. C'est extraordinaire. Je pense que le rêve de tous les amoureux comme moi, c'est d'avoir un équivalent de cette boutique-là, par exemple. Ouais, non, c'est... Là, c'est carrément, c'est un bâtiment entier, donc je n'ai pas forcément cette envie, mais ouais, d'arriver à un niveau de perfection et de beauté aussi bien foutu. Moi, ça serait l'idéal. Toujours Opus, je suis vraiment amoureux de ce quartier. J'aimerais rester là à vie, on verra comment les choses évoluent. Mais je considère que je suis dans le plus beau quartier du monde pour faire du vintage.
- Speaker #1
Oui, c'est...
- Speaker #0
Je suis férue. J'aime l'histoire, j'aime le design, j'aime... Il n'y a pas mieux qu'on aime... D'ailleurs, je profite de ce podcast pour passer un message. Les plus belles boutiques de vintage sont Opus. Arrêtez de croire que c'est dans le marais, que ça république. Vous cherchez du vintage en termes de choix, de prix et d'offres, c'est les puces de Saint-Ouen le meilleur. Quand on aime le design, le disque, la seconde main de vêtement, le meuble, l'art, venez les années. Oui, ça reste un endroit incontournable depuis des années.
- Speaker #1
Disons que c'est un endroit qui a toujours été centré sur le vintage, même quand le vintage n'était pas à la mode. Ce qui est peut-être la différence avec le Marais.
- Speaker #0
Certainement, certainement. Là-bas, c'est le quartier qui a été conçu pour ça. Mais ici, on a encore des familles. Alors, il y a un gros turnover. Moi, j'ai ouvert il y a trois ans, mais j'ai vu plein de gens ouvrir et fermer aussi rapidement que... qu'ils arrivaient, c'est aussi la force de ce quartier, c'est qu'en fait, on peut quand même... Moi, je dis souvent aux gens que c'est un peu le Las Vegas à la française. C'est-à-dire que si tu n'as pas de moyens, mais que tu as des grosses envies, une grosse motivation, ici, tu peux avoir l'opportunité de faire quand même un petit quelque chose. Vous commencez petit. Et moi, je connais des mecs qui ont commencé sur le trottoir et qui ont aujourd'hui deux, trois boutiques. Et il y a des familles qui ont des empires qui sont là depuis trois générations. C'est possible. Par contre, il ne faut pas se leurrer. Moi, j'ai travaillé 7 jours sur 7 pendant 2 ans à Chigny, à développer l'image de marque de la boutique, à travailler le concept.
- Speaker #1
C'est ça, oui.
- Speaker #0
J'ai fait énormément de sacrifices pendant 2 ans. Je n'ai pas eu de vie sociale. J'étais tous les jours ici dans la boutique. Alors, je n'habite pas à Saint-Ouen, pas encore. J'aimerais bien.
- Speaker #1
Oui, ce serait plus pratique.
- Speaker #0
Mais ce serait plus pratique. jamais j'aurais pensé un jour que je m'investirais autant dans un job mais en fait comme c'est pas mon job c'est ma passion j'ai même pas besoin de compter les heures j'ai jamais travaillé autant de toute ma vie et je suis en bonne santé, je suis heureux dans ma vie moi je souhaite à tout le monde de le faire par contre il faut travailler faut pas se leurrer,
- Speaker #1
internet est très important aujourd'hui dans la vente de vêtements vintage, une fraîprise sur internet
- Speaker #0
Je ne suis pas sûr qu'elle puisse tourner réellement. Et ce n'est pas facile de trouver de la marchandise, croyez-moi. Justement, c'était un peu... On va arriver, je pense, à la conclusion de l'épisode.
- Speaker #1
Si tu avais un conseil à donner à quelqu'un qui est passionné de vintage et qui se tâte à faire le grand saut comme toi, tu as pu le faire, à se lancer, à en faire son métier. Quel est le conseil que tu donnerais ?
- Speaker #0
Le seul conseil, c'est de ne pas faire ça pour l'argent, c'est tout. parce que si vous faites pour l'argent, vous n'en aurez pas et vous serez très déçu. Voilà, c'est tout. Après, si vous êtes passionné, si vous aimez vraiment ça, je ne peux que vous inviter à le faire parce que c'est le plus beau métier du monde. Moi, je rencontre des gens extraordinaires tous les week-ends, de n'importe quelle origine ou n'importe quelle expérience. J'ai des gens, entre les artistes, les designers, les sapeurs, les espèces d'historiens, les gens qui aiment bien s'habiller, vraiment qui s'habillent, mais pour l'histoire, moi, j'adore ça. J'ai quasiment que des gens. farfelus à leur manière. Et c'est passionnant. C'est passionnant d'avoir des gens qui restent enthousiastes, qui ont les yeux qui brillent lorsqu'ils vous achètent un truc. Moi, c'est très important. J'ai fait longtemps du retail, comme je t'ai dit, au Stadium. J'étais arrivé à la fin où je vendais des paires à 140 balles et les mecs partaient en faisant la gueule. Et moi, ça m'a supporté parce que si tu consommes juste pour consommer et pas pour te faire plaisir, je ne comprends pas. Le vintage, c'est que du plaisir normalement parce que c'est quasiment que du coup de cœur. À part, il y a quelques années, j'avais des gens qui arrivaient avec des captures d'écran qui me disaient « Ouais, je veux m'habiller comme ça » . Ça me pose toujours un problème, même si je trouve que la démarche est logique. Mais c'est bien d'essayer de se trouver son style dans le style. Alors les mecs, ceux dont je te parle, arrivaient avec des captures d'écran de Peaky Blinders. Oui,
- Speaker #1
quand il y avait la grande mode il y a quelques années.
- Speaker #0
C'était marrant parce que je serais chez Kiliwatch et j'avais des jeunes qui disaient… une idée du prix que coûtait ce genre de vêtements donc à chaque fois j'étais obligé de leur dire que ouais c'était possible mais qu'il fallait débourser beaucoup d'argent que si c'est beau en image c'est qu'il y a une raison c'est que de base c'est très très cher parce qu'un vêtement mal coupé ou pas beau même en image on verra que c'est un vêtement pas beau ou mal coupé donc ouais faites le avec passion calculez pas vos heures et puis voilà faites le honnêtement franchement et puis tout se passera bien
- Speaker #1
Trop bien, je pense que c'est le meilleur conseil. Et pour ceux qui veulent te trouver, ceux qui écoutent ce podcast, on a dit donc Puces de Saint-Ouen, Marché Dauphine.
- Speaker #0
Premier étage, stand 262-263, à l'entrée de la rue Fabre, si vous venez de la rue Fabre, ou tout au fond, si vous venez de la rue des Rosiers, tout au fond, premier étage.
- Speaker #1
Voilà, et ouvert...
- Speaker #0
Ouvert de samedi à lundi, même si la plupart du temps, je suis là le vendredi, quand même, jusqu'à
- Speaker #1
15-16h. Et pour te suivre, c'est Anciennement Moderne, sans E à la fin.
- Speaker #0
Exactement. Précise. Très important. Sur Instagram. Sur Insta, ouais.
- Speaker #1
Trop bien. Merci Christian et puis à très vite.
- Speaker #0
Merci Thomas. À bientôt. Ciao, ciao.