- Speaker #0
Bienvenue dans Savoir, le podcast vigne-vin proposé par l'Institut français de la vigne et du vin. Bonjour avec nous dans l'Odyssée de la sélection et création variétale, une première saison où nos experts et partenaires vous dévoilent les secrets de l'innovation variétale.
- Speaker #1
L'objectif était à la base de fournir du matériel végétal sain et performant aux viticulteurs. Les exigences sanitaires ont évolué, la notion de performance aussi.
- Speaker #0
Découvrez comment la science et l'innovation façonnent la viticulture face aux défis de l'agroécologie, du changement climatique et pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs.
- Speaker #2
Nous sommes les premiers en France à s'équiper d'une serre insecte-proof et semi-fermée qui permettrait de pouvoir préserver toutes ces années de travail et toute cette richesse, ce trésor génétique viticole français.
- Speaker #0
A chaque épisode, nous explorons un thème en lien avec les variétés et les cépages de la vigne, fruit de 60 ans d'expertise de l'IFB. N'hésitez pas à vous abonner sur votre plateforme de podcast préférée pour ne manquer aucun épisode. Allez c'est parti, préparez-vous à vendanger et à laisser décanter des litres de connaissances. Pour ce premier épisode de Savoir le podcast vigne-vin, nous allons découvrir les activités du Centre international de sélection de la vigne et du vin du domaine de l'Espiguette qui se trouve dans le Gard au Gros-du-Roi. Ce premier épisode est une introduction générale qui va nous permettre de poser les bases de la sélection et de la création variétale. Tous les thèmes seront ensuite abordés plus en détail avec des experts dans les prochains épisodes. J'ai le plaisir de recevoir Anastasia Roch et Pauline Lamblin. Avec vous mesdames, nous allons présenter le travail réalisé au Centre national de la sélection et de la création variétale du domaine de l'espiguette. Bonjour à toutes les deux et merci d'être avec nous.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Anastasia Roch, vous êtes la directrice du Centre de sélection de l'IFV depuis 3 ans. Vous coordonnez le plan national d'éperissement des vignobles pour le Comité national des interprofessions viticoles. Et Pauline Lamblin, vous êtes ingénieure à l'IFV et vous travaillez essentiellement sur la création variétale. Pour mieux vous connaître, j'aimerais d'abord commencer par une question. Si vous étiez un cépage, vous seriez lequel et surtout pourquoi ? Qui veut commencer ?
- Speaker #2
Je veux bien commencer. Moi, je serais le chenin. Le chenin qui fait les meilleurs vins blancs du monde et qui est le cépage blanc majoritaire sur... le plus beau vignoble du monde qui est le vignoble du Val-de-Loire.
- Speaker #0
Et vous Pauline ?
- Speaker #1
Et moi, ça serait le Chardonnay, puisqu'il fait également le plus beau vin du monde sur le vignoble du Chablisien.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Alors, pour démarrer ce podcast, j'aimerais d'abord que vous nous parliez de cet endroit très particulier, c'est le domaine de l'Espiguette, au Gros-du-Roi, où se trouve le centre international de la vigne et du vin. Alors, il faut imaginer un domaine de 80 hectares, en plein cœur de la Camargue, avec environ 35 personnes qui y travaillent. Anastasia, est-ce que vous pouvez nous faire découvrir ces lieux ?
- Speaker #2
Alors oui, tout à fait. Il faut imaginer la mer, la mer Méditerranée, une plage de 800 mètres de long, la plage la plus longue d'Europe, la plage de l'Espiguette, après une dune, et derrière, notre domaine de l'Espiguette, c'est-à-dire une quarantaine d'hectares de vignes plantées. À côté, nous avons 4 hectares de serre. 6 hectares de pépinières viticoles où poussent les futurs plants des vignobles français. Et puis à côté, un bâtiment classé au bâtiment de France, qui a été construit par l'architecte Joseph Massota dans les années 60.
- Speaker #0
Et comment est venue l'idée de créer ce centre ?
- Speaker #2
Ce centre a été implanté en Camargue, à côté des dunes, parce qu'on est sur des sables. Donc les sables... Comme on le sait, ils protègent la vigne de pas mal de choses, notamment de certains virus, en particulier le cournoué qui est propagé par des nématodes, mais également dans les sables, nous n'avons pas de phylloxéra.
- Speaker #0
Donc le sable, c'était un critère important pour ce lieu ?
- Speaker #2
C'était le critère le plus important. On peut dire aussi qu'on est éloigné des autres vignobles, puisqu'on est sur un site naturel. protéger les conservateurs du littéral. Donc les autres vignobles sont à plus de 10 km à vol de l'eau.
- Speaker #0
Mais du coup, est-ce que ça ne pose pas trop de soucis d'être si proche de la mer ?
- Speaker #2
Alors ça pourrait être un vrai problème, puisque la mer amène beaucoup d'eau salée et d'embrun salé aussi sur les vignes. Mais on a créé un système, il y a de nombreuses années, un système de ce qu'on appelle des rubines. C'est un peu des canaux qui sont disposés tout au long du vignoble. et qui permettent d'amener en permanence de l'eau douce qui vient se mélanger à l'eau salée. Donc on a un peu de l'eau saumâtre qui est sous la vigne, les racines vont tremper dans de l'eau saumâtre et donc on n'aura pas ces symptômes de sel qu'on peut observer notamment sur tous les vignobles, sur le pourtour soit méditerranéen ou de l'océan Atlantique.
- Speaker #0
Pauline, pouvez-vous nous rappeler rapidement quelles sont les missions du Centre ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Les missions du Centre sont multiples. La première est la sélection de nouvelles variétés de vignes. Il faut également conserver ces variétés, puis les diffuser aux différents pépiniéristes pour qu'ils eux-mêmes les rediffusent aux vignerons.
- Speaker #0
Et est-ce que vos missions ont évolué depuis la création du lieu ?
- Speaker #1
Alors oui et non. L'objectif était à la base de fournir du matériel végétal sain et performant aux viticulteurs. C'est toujours le cas aujourd'hui, mais les exigences sanitaires ont évolué, la notion de performance aussi. Et on doit maintenant intégrer des problématiques ou des nouveaux challenges comme la baisse des intrants phyto ou l'adaptation aux changements climatiques.
- Speaker #0
Je vous propose qu'on s'intéresse maintenant à votre première mission, la sélection des variétés. Alors comment ça se passe concrètement, Anastasia ? Vous voyagez à travers le monde ?
- Speaker #2
Oui, c'est complètement ça. Alors on se contente plutôt à la France et aussi l'Europe occidentale, par exemple l'Italie, la péninsule ibérique, la Grèce, voire l'Arménie et la Géorgie. Donc on va sélectionner, prospecter des vignobles, si possible des anciens vignobles, des vieux vignobles. et repérer des souches intéressantes. Une souche intéressante, ça peut être quelque chose qui présente des grappes caractéristiques de la variété, mais avec une plus grosse récolte, avec par exemple une palette aromatique aussi différente, qui viendra compléter la palette de clones que l'on présente déjà, ou par exemple quand on prospecte des nouvelles variétés, qu'elles soient caractéristiques de la variété dans le pays en question. Donc on réalise ça depuis maintenant les années 60 et surtout en partenaire avec ce qu'on appelle les partenaires de la sélection française. Ce sont nos partenaires qui sont répartis dans l'ensemble des vignobles français et qui ont des missions similaires aux nôtres, mais à une échelle plutôt régionale. Donc on prospecte avec eux et puis c'est aussi, on travaille en étroite collaboration avec la collection internationale de l'Inra et de Vassal qui recèle, elle, un nombre incroyable de variétés, comme on peut l'avoir également à l'espillette.
- Speaker #0
Vous parlez de vieille variété, pourquoi il faut que ce soit vieux ?
- Speaker #2
Pourquoi il faut que ce soit vieux ? Puisque plus une souche est âgée, plus elle aura subi certaines mutations, et donc elle aura des caractéristiques qui pourraient être différentes de la souche d'origine, donc une diversité bien plus importante chez vieilles vignes que les vignes récentes.
- Speaker #0
Donc une fois qu'on a sélectionné des variétés et des clones, il faut pouvoir les conserver. Et ça, c'est le rôle du vignoble conservatoire, c'est ça ? Au domaine de l'espiguette, vous avez, je crois, plus de 4500 clones. Pourquoi on les conserve et comment on les conserve du coup ?
- Speaker #1
On les conserve sur le domaine de l'espiguette, à hauteur de 10 souches par clone. On les conserve ici pour pouvoir fournir la filière viticole.
- Speaker #0
Quels sont les exemples des dernières variétés que vous avez pu sélectionner ?
- Speaker #1
Alors on a... On conserve ici des variétés françaises, comme le gros-le-gris ou des cépages un peu plus connus, le chardonnay, le grenache, de toutes les régions françaises. Et aussi, on peut conserver des cépages d'origine étrangère, comme l'acier-articot, par exemple, qui est grec.
- Speaker #0
L'idée, c'est d'avoir le plus large panel possible, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est de conserver tous les cépages français.
- Speaker #0
Pour en savoir plus sur ce travail de sélection, on aura un épisode numéro 2. entièrement consacré à ce travail qui permettra de voir ça plus en détail. Je vous propose maintenant de poursuivre notre découverte du domaine en parlant de création par rébridation, de sécurité sanitaire, de tout le travail réalisé par le laboratoire de l'IFV. Mais avant, une petite pause avec un quiz préparé par nos soins autour de la vigne et du vin. Et vous aussi qui nous écoutez, n'hésitez pas à jouer. Alors mesdames, je vous pose une question. Vous avez trois choix de réponses et je vous laisse répondre chacune à votre tour. Alors première question, d'où vient le phylloxéra ? Du continent nord-américain, c'est la mutation d'un insecte indigène européen ou bien d'Europe de l'Est ? Anastasia, je vous laisse répondre.
- Speaker #2
Du continent nord-américain.
- Speaker #0
Pauline ?
- Speaker #1
Pareil, du continent nord-américain.
- Speaker #0
Brave à vous, c'est la bonne réponse. La deuxième question. Pourquoi le site du Gros du Roi a-t-il été choisi pour accueillir le Centre international de la vigne et du vin ? Pour son cadre de travail agréable, proche de la mer et sa proximité historique avec l'école de Montpellier. Pour l'absence de phylloxéra dans sa partie souterraine, pour l'absence de nématodes vecteurs du cournoué, ou pour son isolement ? Pauline ?
- Speaker #1
Alors le cadre de travail est agréable, effectivement, mais je pense qu'on va, je vais plutôt dire une des réponses, qui est l'absence de phylloxéra dans sa partie souterraine. mais également aussi de l'absence de nématodes et du fait de son isolement.
- Speaker #2
Moi, j'aurais toutes les réponses. Ce que vient de dire Pauline est vrai, mais c'est aussi un cadre de travail forcément très agréable. C'est une bonne réponse aussi.
- Speaker #0
Exactement. Toutes les réponses sont valides et vous avez la chance d'avoir un cadre de travail assez incroyable. Et sur la dernière question, quelle est la différence entre une variété et un cépage ? Réponse 1, aucune. Réponse 2, un cépage est une variété. mais une variété n'est pas un cépage. Réponse 3. Un cépage appartient obligatoirement à l'espèce vitis vinifera. Je vous laisse répondre.
- Speaker #2
Alors, un cépage est une variété, mais une variété n'est pas un cépage, puisque la variété, c'est toutes les espèces vitis de la vigne, tandis que les cépages sont obligatoirement de l'espèce vitis vinifera.
- Speaker #0
Donc, vous validez la réponse 2 et la réponse 3. Bien ça ?
- Speaker #2
Absolument.
- Speaker #0
Parfait. Tout le monde est d'accord là-dessus ? Très bien. Écoutez, merci beaucoup de vous être prêté à l'exercice. On va maintenant passer plus sérieusement à une autre mission de l'IFV, qui est la création de nouvelles variétés. Anastasia, est-ce qu'on peut rappeler pourquoi c'est important de créer justement ces nouvelles variétés ?
- Speaker #2
Alors aujourd'hui, puisqu'on a des cépages, on vient de l'évoquer, des cépages vitifs, viniférins, qui sont dans tous les vignobles français. Malheureusement, ces cépages ne peuvent pas... pas répondre à toutes les préoccupations actuelles du vignoble, qu'elles soient environnementales et sociétales, puisque à quelques nuances près, l'ensemble des cépages vitis vinifera sont sensibles au milieu et à l'oïdium. Donc il est important d'engager des travaux pour essayer d'avoir des nouvelles variétés qui pourraient répondre à cette problématique liée aux champignons comme le milieu et l'oïdium. Si on souhaite notamment réduire l'empreinte phytosanitaire des principaux vignobles français.
- Speaker #0
L'objectif principal, c'est donc de trouver des réponses à ces enjeux sanitaires, c'est bien ça ?
- Speaker #2
Complètement, oui. La création de ces nouvelles variétés intervient à un moment où les enjeux sociétaux, environnementaux sont de plus en plus forts. Et la création variétale permet, en tout cas la création de nouvelles variétés résistantes aux principales maladies, permet de répondre à la première réponse. à ces enjeux.
- Speaker #0
Alors Pauline, le travail de création s'effectue essentiellement au mois de mai, au moment de la floraison. Pour quelles raisons ce moment-là de l'année ? Et surtout, concrètement, quelles techniques vous utilisez et comment vous travaillez ?
- Speaker #1
Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que la création végétale, elle se réalise par croisement ou par hybridation. Les fleurs de vignes sont hermaphrodites. C'est-à-dire que la fleur est composée à la fois d'une partie femelle et d'une partie mâle. En fait, c'est la partie mâle d'une fleur qu'on vient retirer au moment de la floraison par castration. Donc en fait, il faut s'imaginer, au mois de mai, on est dans des souches de vignes, la tête dans des souches de vignes, plus exactement. Alors on fait tout ce travail à la main, on a donc juste une pince à épiler. Et c'est très artisanal, on met environ trois quarts d'heure en moyenne pour castrer une grappe de raisin.
- Speaker #0
Oui, donc votre mois de mai est très occupé, vous êtes combien travaillé à ce moment-là ?
- Speaker #1
Ça dépend des années, mais on est trois ou quatre personnes qui castrent.
- Speaker #0
Combien de temps dure cette saison en fait, où vous pouvez le faire ?
- Speaker #1
On fait ça, donc la période de la floraison est très limitée, ça passe très vite selon les conditions météo. Donc on va faire ça une quinzaine de jours, grosso modo.
- Speaker #0
D'accord, donc vous avez 15 jours pour faire ce travail sur quasiment l'intégralité de vos variétés ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Effectivement, c'est une période clé. Si on perd ces 15 jours, on perd une année, grosso modo, de travail.
- Speaker #0
L'enjeu, on l'a dit, c'est de créer des variétés résistantes. Combien de variétés résistantes sont inscrites à l'heure actuelle ? Alors,
- Speaker #1
à l'heure actuelle, les nouvelles variétés... qui ont été créés et sont issus de programmes initiés par l'INRAE et il y a 12 variétés qui ont été créées jusqu'à présent. On peut citer le Floreal ou encore le Voltiste, qui ont des résistances polygéniques au milieu et au idiome.
- Speaker #0
D'accord. Et sur quel nouveau programme vous êtes actuellement en train de travailler ?
- Speaker #1
Alors, on travaille en étroite collaboration avec les grandes interprofessions françaises. Donc, on peut citer la Champagne ou encore l'Alsace ou le Bordelais. Et on crée des variétés résistantes à typicité régionale, donc toujours résistantes au milieu et à l'oïdium. Alors, pourquoi à typicité régionale ? C'est parce qu'on va sélectionner... le cépage emblématique sur lequel on va réaliser les croisements. Ça peut être le pinot ou le chardonnay, si on parle de la bourgogne ou de la champagne, en le croisant avec des variétés qui ont les résistances au mildiou et à l'oïdium.
- Speaker #0
Ces variétés sont déjà dans les vignes à l'heure actuelle, pas celles sur lesquelles vous travaillez, mais celles que vous avez déjà créées. On va dire que les objectifs sont globalement atteints ? Ça fonctionne ?
- Speaker #1
Alors, on a créé, par hybridation, 2600 variétés qui sont à l'étude dans les diverses régions.
- Speaker #0
Ces variétés, pour l'instant, est-ce qu'elles sont disponibles pour les vignerons ou encore à l'étude ?
- Speaker #1
Alors, elles ne sont pas encore disponibles pour les vignerons. Elles sont actuellement à l'étude chez, justement, les grandes interprofessions, à hauteur de 5 souches par ce qu'on appelle génotype, parce qu'elles n'ont même pas encore de petit nom. Donc, les interprofessions. pro regardent les caractéristiques agronomiques et également il y a les premières dégustations qui sont en cours.
- Speaker #0
Et si les études se passent bien on pourrait se projeter sur une mise à disposition à quel moment pour les vignerons ?
- Speaker #1
On pourrait se projeter pour avoir des nouvelles variétés environ 2030.
- Speaker #0
Je vous propose maintenant d'aborder un autre sujet, on en a déjà un petit peu parlé, mais c'est celle des enjeux sanitaires. On a parlé du milieu, du cournoué, de la phylloxéra. Est-ce qu'on peut rappeler pourquoi c'est important d'avoir un plan sain dès le départ ?
- Speaker #2
C'est plus qu'important, c'est essentiel d'avoir un plan sain, puisque par exemple, on a certaines viroses qui sont des viroses graves, comme le cournoué ou l'enroulement, et elles sont surtout incurables. Une fois qu'on a planté un plan de vigne avec cette virose, on ne peut rien faire. Les plants sont porteurs à vie de ces virus qui ont des conséquences importantes, notamment sur la qualité et la quantité de raisins.
- Speaker #0
L'un des rôles du centre, c'est justement de pouvoir proposer des plants sains. Comment vous faites pour les obtenir, pour les fabriquer, j'allais dire ? Et donc, quel est le processus de sélection que vous utilisez ?
- Speaker #1
Le centre de l'IAV à l'Espiguette est équipé d'un laboratoire qui permet la détection des virus. par différentes techniques, que ce soit l'ELISA ou la PCR.
- Speaker #0
Vous testez ces plantes pour être sûr qu'ils soient sains, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement. Mes collègues réalisent les différents tests sur tout ce qui est notre vignoble et tout ce qui est envoyé de manière externe sur ces virus qui sont réglementaires.
- Speaker #0
Alors du coup, si vous avez une variété de vignes qui vous intéresse, mais qui est infectée, contaminée, on dit par un virus, comment vous procédez ? Vous jetez la vigne ou vous avez des techniques qui permettent de la saignir ?
- Speaker #1
Si la vigne est agronomiquement intéressante, on a des méthodes ici qui permettent de la saignir et de la rendre saine à tout virus. Ça permet de préserver et de garder certaines variétés qui peuvent être intéressantes pour la profession.
- Speaker #0
Au centre de l'espiguette, vous avez une serre semi-fermée de production de matériel initial. Je crois que c'est une exclusivité, un équipement de haut niveau technologique. Est-ce que vous pouvez nous la présenter et nous en dire plus ?
- Speaker #2
Oui, nous sommes les premiers en France à s'équiper d'une serre insecte-proof et semi-fermée. Cette serre a été mise en place suite à une concertation de l'ensemble des vignobles français, l'ensemble des producteurs de matériel végétal, notamment pour sécuriser encore un peu plus tout ce qu'on vient de vous expliquer, toute cette partie sanitaire. C'est très important, voire essentiel, d'avoir des plans sains. Notre travail, c'est d'aller augmenter ce niveau de sécurité sanitaire, et notamment vis-à-vis de maladies ou de virus émergents. Avec le changement climatique, on a vu approcher, et même aujourd'hui c'est aux portes de notre territoire, des maladies, des bactéries, des insectes qu'on n'avait pas auparavant, mais qui pourraient être très préjudiciables pour la vigne. Donc on a pris cette décision de se dire, ce patrimoine génétique qu'on conservait depuis maintenant. plus de 50 ans au domaine de l'espiguette, de le conserver, mais de rajouter un niveau de sécurité. Et ce niveau de sécurité, c'est une serre insecte-proof, cette serre semi-fermée, qui est insecte-proof, qui ne permet le passage d'aucun insecte, aucun insecte vecteur de maladie, et qui permettrait, notamment en cas de maladie émergente qui arriverait sur notre territoire, de pouvoir préserver. toutes ces années de travail et toute cette richesse, ce trésor génétique viticole français.
- Speaker #0
Cette serre, si on doit se l'imaginer, combien de variétés sont dedans et quelle dimension à peu près elle peut avoir ?
- Speaker #2
Pour l'instant, c'est une seule serre, c'est une serre de 1500 m². On a achevé la construction de cette serre en 2021 et aujourd'hui, dans cette serre, on trouve environ 600 variétés. 600 clones de variétés. C'est un processus qui est en cours. On n'a pas encore tout mis dans cette serre. Il va falloir qu'on construise une seconde serre pour vraiment protéger l'intégralité des clones et de notre patrimoine génétique. C'est tout récent et c'est en cours.
- Speaker #0
Et l'objectif à terme, c'est d'avoir, j'imagine, l'intégralité des plantes des variétés sous des serres qui puissent les protéger.
- Speaker #2
Exactement. Le but, c'est de rentrer l'ensemble de ce patrimoine. Et puis, les 4 700 clones que vous avez cités au début, le but, c'est de pouvoir tous les protéger, et notamment vis-à-vis de ces maladies émergentes.
- Speaker #0
Alors, nous arrivons maintenant lentement, mais sûrement, vers la dernière partie de ce premier épisode. Et cette fois-ci, on va parler de la diffusion du matériel, puisque c'est aussi une des missions essentielles du Centre. Pour cela, la première étape, c'est d'abord la multiplication. Est-ce que vous pouvez nous rappeler les enjeux ?
- Speaker #2
et les techniques utilisées. Oui, alors on est obligé de passer par plusieurs étapes de multiplication. Pauline vous l'a dit, on conserve ici à l'espiguette 10 souches par variété de vignes. Donc à partir de 10 souches, on ne pourrait pas fournir le vignoble français. On ne l'a pas dit, mais c'est 95% aujourd'hui du vignoble français qui est planté chaque année avec des plants de vignes issus du domaine de l'espiguette, de notre matériel initial. Donc c'est beaucoup de plants de vignes. Mais à partir de 10 souches, on ne pourrait pas fournir l'ensemble des plants. Donc en fait, il y a des étapes intermédiaires. C'est les pépiniéristes viticoles qui jouent ce rôle charnière majeur entre nous, qui sélectionnons le vigne, et le viticulteur. Donc à partir de nos souches, nous, on va faire des plants de vigne, qu'on appellera des plants de base, destinés aux pépiniéristes. Et le pépiniériste, à partir de ces plants de base qu'il aura plantés, il va récolter ses bois. À partir de ces bois, lui, il fera à nouveau des plants, donc là, des plants dits certifiés. pourra vendre directement aux vignerons et qu'il les installera chez lui pour derrière pouvoir faire des raisins et ensuite du vin.
- Speaker #0
Et j'imagine que la traçabilité est assurée tout au long de ce processus ?
- Speaker #2
Il y a une traçabilité importante qui est réalisée de chez nous jusqu'à chez le viticulteur et tout ce processus est l'objet d'une réglementation d'un cadre réglementaire assez strict dont français. les maires sur la pili technique et un des garants du respect de cette traçabilité jusqu'à ce que le vigneron.
- Speaker #0
Voilà, c'est la fin de ce premier épisode de Savoir le podcast Vignevin. J'aimerais remercier nos deux invités, Anastasia Roch et Pauline Lamblin, d'avoir partagé leur connaissance avec nous. Mesdames, je vous laisse conclure ce premier épisode. Qu'est-ce que vous aimeriez nous dire sur le sens, sur votre travail, sur le travail de toutes les équipes sur place ?
- Speaker #2
On pourrait dire que... nos activités qu'on vient de vous présenter, ce sont des activités qui s'inscrivent sur le temps long. On vient de vous le dire, quand on commence un schéma de sélection ou une création variétale, le vigneron, on aura la variété que dans 5 ans, voire 10 ans, l'accès à cette variété. Donc on a besoin d'être au plus près des enjeux des vignerons pour réellement prendre en compte leurs problématiques et être toujours dans l'anticipation, dans l'anticipation de ces besoins et de ces problématiques. de vignerons pour vraiment créer les plants de vignes et les variétés de vignes du futur et créer la viticulture du futur.
- Speaker #0
Merci à toutes les deux de nous avoir fait découvrir l'incroyable travail de votre équipe et tout le domaine de l'espiguette autour de l'innovation variétale. Si vous souhaitez en savoir plus sur les sujets abordés dans cet épisode, n'hésitez pas à regarder la vidéo de présentation du Centre de Sélection sur la chaîne YouTube. de l'Institut français de la vigne et du vin. Vous pouvez également télécharger le document L'Odyssée de la sélection et de la création variétale disponible également sur le site de l'IFV, www.vignevin.com et naturellement, suivre l'IFV sur les réseaux sociaux. Tous les autres épisodes de Savoir le podcast Vignevin sont disponibles sur toutes les plateformes de podcast. À très bientôt pour un prochain épisode.