undefined cover
undefined cover
Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël cover
Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël cover
Sélestat au fil des histoires

Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël

Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël

13min |03/12/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël cover
Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël cover
Sélestat au fil des histoires

Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël

Ce que les pages révèlent : les origines de la tradition de l'arbre de Noël

13min |03/12/2024
Play

Description

Pour beaucoup d’entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblements. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus, le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes.

Quelque chose d’ancré dans la vie de famille. Les traditions. La nuit, le froid, les décorations, l’arbre de Noël dans la maison…

D’où vient-il ? Comment cette tradition de l’arbre de Noël est-elle née ?

C’est ici à Sélestat qu’est conservée une des clés de cette énigme


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour beaucoup d'entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblement. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus. Le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes. Quelque chose d'ancré dans la vie de famille. Les traditions, la nuit, le froid, les décorations, l'arbre de Noël dans la maison. D'où vient-il ? Comment cette tradition de l'arbre de Noël est-elle née ? C'est ici, à Célestat, qu'est conservée une des clés de cette énigme. Vous écoutez Célestat, au fil des histoires. Une série qui donne vie au patrimoine. Ce que les pages révèlent Les origines de la tradition de l'arbre de Noël à Célestin

  • Speaker #1

    En Alsace, au temps de Noël, le sapin est à l'honneur. L'arbre trône sur les places des villes et des villages. Son essence boisée parfume les foyers. Avec ses branches sont confectionnées les fameuses couronnes de l'Avent. Symbole de traditions anciennes, emblématique des fêtes de fin d'année, l'arbre de Noël tient une place particulière à Célestat. Pourquoi à Célestat ? Parce que c'est à Célestat que se trouve l'une des premières traces écrites de son histoire. Elle est précieusement conservée dans les archives de la ville et date de 1521. Que sait-on de cette tradition ? Est-ce que cela a toujours été un sapin ? Comment l'arbre était-il décoré ? Remontons le temps à la rencontre de Balthazar Beck, qui nous guide dans cette quête. Nous voici à Celesta en décembre 1600. La petite ville du Saint-Empire romain germanique prépare les fêtes de Noël. Il neige. Un homme est particulièrement occupé à cette période de l'année. C'est Balthazar Beck. Il était chanson à l'hôtel de ville, une place importante à Celesta. Sa charge ? Organiser les banquets et les réceptions. Ils sont nombreux en fin d'année. En ce moment, il est penché sur son carnet de notes. J'ai de la besogne, le temps presse. Les gardes forestiers vont livrer ce soir les arbres de Noël à l'hôtel de ville, à moins d'organiser leur décoration et le banquet. Voyons, voyons... Vérifions toutes les dépenses engagées pour la fête de Noël. Je ne veux pas que ces gaillards de garde forestier me demandent encore de l'argent. On a payé 4 shillings aux deux gardes forestiers pour frayer un chemin jusqu'aux arbres de Noël, dans la forêt de Kinsheim. C'est dans cette partie de la forêt que les arbres de Noël seront coupés cette année, et pas ailleurs. Et encore 4 shillings pour veiller sur les arbres dans la forêt depuis la Saint-Thomas. Personne ne doit couper d'arbres avant cette date. A cette époque, la Saint-Thomas est fêtée le 21 décembre, le jour du solstice d'hiver. Dans la tradition de Noël, l'arbre est coupé le jour où les jours commencent à allonger. La lumière gagne sur les ténèbres, un signe d'espoir, de renaissance. L'arbre de Noël est sans doute un sapin, essence très présente dans la forêt de Kinsheim. Dans l'hôtel de ville de Célestat, comme dans les églises et très probablement dans les chaumières, il est décoré. Les pommes de Noël sont d'une variété qui arrive à maturité à la fin du mois de novembre. Dans la religion chrétienne, ce fruit est le symbole du péché des hommes. C'est pourquoi l'arbre est aussi décoré d'hosties non consacrées, symbole du Christ sauveur des hommes. La religion et les croyances populaires se mêlent pour former la tradition de Noël. Écoutons Balthazar Beck. Ah, ce doit être les gardes forestiers qui livrent notre bel arbre. Allons l'installer et le décorer. Je viens. Balthazar Beck n'est pas né à Celesta. Originaire de Bavière, il y arrive à 17 ans et s'installe chez son oncle, hôtel du Bouc. Il travaille ensuite chez Jean Héberard à l'auberge à la Fleur, à Ribauvillé, un village à quelques kilomètres au sud de Célestat. Depuis quelques mois, il a obtenu la place de maître d'hôtel pour les magistrats de la ville. C'est une promotion rapide pour le jeune homme d'à peine 20 ans. Mais il est lettré, ce qui est un atout à l'époque moderne où moins d'un quart de la population sait lire et écrire. En 1600, Célestat est la troisième ville d'Alsace. Ses terres sont riches. Même si la ville n'est plus le foyer intellectuel qu'elle a été au siècle précédent, elle est toujours prospère et à fière allure, avec les églises Sainte-Foy et Saint-Georges, ses façades peintes. De nombreuses corporations sont présentes, les boulangers, les cordonniers, les serruriers, les tanneurs et tant d'autres. Chacune décore aussi sa shtoub, sa salle commune d'un arbre de Noël. La vie de Célestat est rythmée par les nombreuses fêtes religieuses. Écoutons Balthazar Beck. C'est grâce à lui que nous connaissons la vie de Célestat au XVIIe siècle. Je suis connu pour mes chroniques de la ville de Célestat. Depuis que je suis maître d'hôtel du magistrat, je raconte par écrit ma vie familiale et aussi ce que je vois dans Célestat, ma ville d'adoption, ses traditions, ses événements, les heureux et les malheureux. Imaginez un manuscrit de la taille d'un grand cahier. Sa couverture est faite d'un vieux parchemin du Moyen-Âge qui a été réutilisé. Les pages, dont beaucoup sont encore blanches, ont été fabriquées à partir de vieux chiffons. C'est dans ce grand livre que Balthazar Beck écrit ses chroniques. Il est précieusement conservé à la bibliothèque humaniste de Celesta. En particulier, il raconte la tradition de l'arbre de Noël qui a traversé les époques. En plus de la chronique de Balthazar Beck, les historiens ont découvert dans les livres de contes de la ville de Celesta des traces des dépenses liées aux arbres de Noël, qu'on appelle arbres de mai Ces traces comptables sont des mines d'or pour les historiens et traduisent des pratiques populaires. À Celesta, la plus ancienne trace de la tradition de l'arbre de Noël date de 1521. Déjà à cette époque, la tradition de l'arbre de Noël est bien ancrée dans la célébration de la fête, puisqu'il faut réglementer la coupe des arbres et empêcher que les habitants coupent les arbres à la sauvageonne. On en trouve encore des traces dans des archives de 1546, 1555, 1557. Les historiens ont relevé dans les archives l'argent dépensé pour ouvrir un chemin dans la forêt, garder les arbres contre les vols. Coupez les arbres et les livrez à l'hôtel de ville. Mais revenons en cette soirée du 24 décembre 1600. Ce soir, Balthazar Beck est occupé à décorer l'arbre de Noël. Il se tient dans la grande salle de l'hôtel de ville. Parfait, posez-le ici. Attention, il est bien haut cette année, il touche presque le plafond. Cela sera facile de le suspendre. Bien, installons les pommes et les hosties. Elles sont ici. Mettez-en beaucoup, les enfants se régaleront quand ils viendront chercher leur récompense pour l'épiphanie. Plus on met de pommes et d'hosties, plus il en tombera dans leur escarcelle quand ils secourront l'arbre. Soyez généreux mes amis. Oui, comme ceci. Revenons aux chroniques de Balthazar Meek. Dans ces chroniques, qui s'étalent entre 1600 et 1641, il témoigne aussi des conflits qui bouleversent la vie de Célestat. Vous parlez de la guerre de 30 ans. Je me souviens encore du bruit des canons, des cris des soldats, des destructions, des enfants affamés. Je me souviens de l'occupation suédoise en 1632 et de l'entrée des troupes françaises en 1634. A ma façon, j'ai témoigné de ce que la population de Celesta a enduré, quelle que soit sa religion. Cette guerre est la pire qu'a connue l'Alsace. A partir de 1618, l'Europe se déchire, opposant catholiques et protestants. Mais les tensions politiques et religieuses sont palpables bien avant. À la frontière ouest du Saint-Empire romain germanique, l'Alsace se retrouve au cœur du conflit. Toutes les nations engagées dans le conflit déferlent sur la plaine d'Alsace. Les Suédois, les Espagnols, les Allemands, les Français, pillages, destructions se succèdent. À Célestat, la population est surtout catholique. On y croise des jésuites, des capucins, des récollets. Les ordres monastiques sont nombreux pour contrer le développement de la religion protestante. On estime que près du tiers de la population alsacienne a péri ou fuit durant cette guerre. Écrire les chroniques m'a permis de conserver la mémoire de ceux qui m'étaient chers et qui ont péri pendant cette effroyable guerre. J'espère qu'elles me survivront. Oh que oui ! Les chroniques de Balthazar Beck lui ont survécu. Il est mort en 1641, mais son carnet a continué d'être rempli par d'autres mains inconnues, et devient presque un document officiel de la ville. Et surtout, la tradition des arbres de Noël, vieille de plus de 500 ans en Alsace, est toujours bien vivante à Célestat. À Noël, des sapins ornent les églises, et même la stube de la Corporation des Boulangers que l'on peut toujours visiter aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Célestat, au fil des histoires. Nos remerciements vont à Chloé Carré et Cyril Leclerc, qui ont initié cette série. Anne-Laure Fabre, Camille Véron, Laurent Nass, Philippe Roel, pour la richesse des savoirs partagés. Un podcast original de Célestat, ville d'art et d'histoire. Avec la voix de Laurent Jaquet. Texte Marion Augustin Réalisation Caroline Lebossé Un podcast produit par le studio OZ A bientôt pour plonger dans de nouvelles histoires oubliées.

Description

Pour beaucoup d’entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblements. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus, le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes.

Quelque chose d’ancré dans la vie de famille. Les traditions. La nuit, le froid, les décorations, l’arbre de Noël dans la maison…

D’où vient-il ? Comment cette tradition de l’arbre de Noël est-elle née ?

C’est ici à Sélestat qu’est conservée une des clés de cette énigme


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour beaucoup d'entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblement. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus. Le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes. Quelque chose d'ancré dans la vie de famille. Les traditions, la nuit, le froid, les décorations, l'arbre de Noël dans la maison. D'où vient-il ? Comment cette tradition de l'arbre de Noël est-elle née ? C'est ici, à Célestat, qu'est conservée une des clés de cette énigme. Vous écoutez Célestat, au fil des histoires. Une série qui donne vie au patrimoine. Ce que les pages révèlent Les origines de la tradition de l'arbre de Noël à Célestin

  • Speaker #1

    En Alsace, au temps de Noël, le sapin est à l'honneur. L'arbre trône sur les places des villes et des villages. Son essence boisée parfume les foyers. Avec ses branches sont confectionnées les fameuses couronnes de l'Avent. Symbole de traditions anciennes, emblématique des fêtes de fin d'année, l'arbre de Noël tient une place particulière à Célestat. Pourquoi à Célestat ? Parce que c'est à Célestat que se trouve l'une des premières traces écrites de son histoire. Elle est précieusement conservée dans les archives de la ville et date de 1521. Que sait-on de cette tradition ? Est-ce que cela a toujours été un sapin ? Comment l'arbre était-il décoré ? Remontons le temps à la rencontre de Balthazar Beck, qui nous guide dans cette quête. Nous voici à Celesta en décembre 1600. La petite ville du Saint-Empire romain germanique prépare les fêtes de Noël. Il neige. Un homme est particulièrement occupé à cette période de l'année. C'est Balthazar Beck. Il était chanson à l'hôtel de ville, une place importante à Celesta. Sa charge ? Organiser les banquets et les réceptions. Ils sont nombreux en fin d'année. En ce moment, il est penché sur son carnet de notes. J'ai de la besogne, le temps presse. Les gardes forestiers vont livrer ce soir les arbres de Noël à l'hôtel de ville, à moins d'organiser leur décoration et le banquet. Voyons, voyons... Vérifions toutes les dépenses engagées pour la fête de Noël. Je ne veux pas que ces gaillards de garde forestier me demandent encore de l'argent. On a payé 4 shillings aux deux gardes forestiers pour frayer un chemin jusqu'aux arbres de Noël, dans la forêt de Kinsheim. C'est dans cette partie de la forêt que les arbres de Noël seront coupés cette année, et pas ailleurs. Et encore 4 shillings pour veiller sur les arbres dans la forêt depuis la Saint-Thomas. Personne ne doit couper d'arbres avant cette date. A cette époque, la Saint-Thomas est fêtée le 21 décembre, le jour du solstice d'hiver. Dans la tradition de Noël, l'arbre est coupé le jour où les jours commencent à allonger. La lumière gagne sur les ténèbres, un signe d'espoir, de renaissance. L'arbre de Noël est sans doute un sapin, essence très présente dans la forêt de Kinsheim. Dans l'hôtel de ville de Célestat, comme dans les églises et très probablement dans les chaumières, il est décoré. Les pommes de Noël sont d'une variété qui arrive à maturité à la fin du mois de novembre. Dans la religion chrétienne, ce fruit est le symbole du péché des hommes. C'est pourquoi l'arbre est aussi décoré d'hosties non consacrées, symbole du Christ sauveur des hommes. La religion et les croyances populaires se mêlent pour former la tradition de Noël. Écoutons Balthazar Beck. Ah, ce doit être les gardes forestiers qui livrent notre bel arbre. Allons l'installer et le décorer. Je viens. Balthazar Beck n'est pas né à Celesta. Originaire de Bavière, il y arrive à 17 ans et s'installe chez son oncle, hôtel du Bouc. Il travaille ensuite chez Jean Héberard à l'auberge à la Fleur, à Ribauvillé, un village à quelques kilomètres au sud de Célestat. Depuis quelques mois, il a obtenu la place de maître d'hôtel pour les magistrats de la ville. C'est une promotion rapide pour le jeune homme d'à peine 20 ans. Mais il est lettré, ce qui est un atout à l'époque moderne où moins d'un quart de la population sait lire et écrire. En 1600, Célestat est la troisième ville d'Alsace. Ses terres sont riches. Même si la ville n'est plus le foyer intellectuel qu'elle a été au siècle précédent, elle est toujours prospère et à fière allure, avec les églises Sainte-Foy et Saint-Georges, ses façades peintes. De nombreuses corporations sont présentes, les boulangers, les cordonniers, les serruriers, les tanneurs et tant d'autres. Chacune décore aussi sa shtoub, sa salle commune d'un arbre de Noël. La vie de Célestat est rythmée par les nombreuses fêtes religieuses. Écoutons Balthazar Beck. C'est grâce à lui que nous connaissons la vie de Célestat au XVIIe siècle. Je suis connu pour mes chroniques de la ville de Célestat. Depuis que je suis maître d'hôtel du magistrat, je raconte par écrit ma vie familiale et aussi ce que je vois dans Célestat, ma ville d'adoption, ses traditions, ses événements, les heureux et les malheureux. Imaginez un manuscrit de la taille d'un grand cahier. Sa couverture est faite d'un vieux parchemin du Moyen-Âge qui a été réutilisé. Les pages, dont beaucoup sont encore blanches, ont été fabriquées à partir de vieux chiffons. C'est dans ce grand livre que Balthazar Beck écrit ses chroniques. Il est précieusement conservé à la bibliothèque humaniste de Celesta. En particulier, il raconte la tradition de l'arbre de Noël qui a traversé les époques. En plus de la chronique de Balthazar Beck, les historiens ont découvert dans les livres de contes de la ville de Celesta des traces des dépenses liées aux arbres de Noël, qu'on appelle arbres de mai Ces traces comptables sont des mines d'or pour les historiens et traduisent des pratiques populaires. À Celesta, la plus ancienne trace de la tradition de l'arbre de Noël date de 1521. Déjà à cette époque, la tradition de l'arbre de Noël est bien ancrée dans la célébration de la fête, puisqu'il faut réglementer la coupe des arbres et empêcher que les habitants coupent les arbres à la sauvageonne. On en trouve encore des traces dans des archives de 1546, 1555, 1557. Les historiens ont relevé dans les archives l'argent dépensé pour ouvrir un chemin dans la forêt, garder les arbres contre les vols. Coupez les arbres et les livrez à l'hôtel de ville. Mais revenons en cette soirée du 24 décembre 1600. Ce soir, Balthazar Beck est occupé à décorer l'arbre de Noël. Il se tient dans la grande salle de l'hôtel de ville. Parfait, posez-le ici. Attention, il est bien haut cette année, il touche presque le plafond. Cela sera facile de le suspendre. Bien, installons les pommes et les hosties. Elles sont ici. Mettez-en beaucoup, les enfants se régaleront quand ils viendront chercher leur récompense pour l'épiphanie. Plus on met de pommes et d'hosties, plus il en tombera dans leur escarcelle quand ils secourront l'arbre. Soyez généreux mes amis. Oui, comme ceci. Revenons aux chroniques de Balthazar Meek. Dans ces chroniques, qui s'étalent entre 1600 et 1641, il témoigne aussi des conflits qui bouleversent la vie de Célestat. Vous parlez de la guerre de 30 ans. Je me souviens encore du bruit des canons, des cris des soldats, des destructions, des enfants affamés. Je me souviens de l'occupation suédoise en 1632 et de l'entrée des troupes françaises en 1634. A ma façon, j'ai témoigné de ce que la population de Celesta a enduré, quelle que soit sa religion. Cette guerre est la pire qu'a connue l'Alsace. A partir de 1618, l'Europe se déchire, opposant catholiques et protestants. Mais les tensions politiques et religieuses sont palpables bien avant. À la frontière ouest du Saint-Empire romain germanique, l'Alsace se retrouve au cœur du conflit. Toutes les nations engagées dans le conflit déferlent sur la plaine d'Alsace. Les Suédois, les Espagnols, les Allemands, les Français, pillages, destructions se succèdent. À Célestat, la population est surtout catholique. On y croise des jésuites, des capucins, des récollets. Les ordres monastiques sont nombreux pour contrer le développement de la religion protestante. On estime que près du tiers de la population alsacienne a péri ou fuit durant cette guerre. Écrire les chroniques m'a permis de conserver la mémoire de ceux qui m'étaient chers et qui ont péri pendant cette effroyable guerre. J'espère qu'elles me survivront. Oh que oui ! Les chroniques de Balthazar Beck lui ont survécu. Il est mort en 1641, mais son carnet a continué d'être rempli par d'autres mains inconnues, et devient presque un document officiel de la ville. Et surtout, la tradition des arbres de Noël, vieille de plus de 500 ans en Alsace, est toujours bien vivante à Célestat. À Noël, des sapins ornent les églises, et même la stube de la Corporation des Boulangers que l'on peut toujours visiter aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Célestat, au fil des histoires. Nos remerciements vont à Chloé Carré et Cyril Leclerc, qui ont initié cette série. Anne-Laure Fabre, Camille Véron, Laurent Nass, Philippe Roel, pour la richesse des savoirs partagés. Un podcast original de Célestat, ville d'art et d'histoire. Avec la voix de Laurent Jaquet. Texte Marion Augustin Réalisation Caroline Lebossé Un podcast produit par le studio OZ A bientôt pour plonger dans de nouvelles histoires oubliées.

Share

Embed

You may also like

Description

Pour beaucoup d’entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblements. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus, le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes.

Quelque chose d’ancré dans la vie de famille. Les traditions. La nuit, le froid, les décorations, l’arbre de Noël dans la maison…

D’où vient-il ? Comment cette tradition de l’arbre de Noël est-elle née ?

C’est ici à Sélestat qu’est conservée une des clés de cette énigme


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour beaucoup d'entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblement. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus. Le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes. Quelque chose d'ancré dans la vie de famille. Les traditions, la nuit, le froid, les décorations, l'arbre de Noël dans la maison. D'où vient-il ? Comment cette tradition de l'arbre de Noël est-elle née ? C'est ici, à Célestat, qu'est conservée une des clés de cette énigme. Vous écoutez Célestat, au fil des histoires. Une série qui donne vie au patrimoine. Ce que les pages révèlent Les origines de la tradition de l'arbre de Noël à Célestin

  • Speaker #1

    En Alsace, au temps de Noël, le sapin est à l'honneur. L'arbre trône sur les places des villes et des villages. Son essence boisée parfume les foyers. Avec ses branches sont confectionnées les fameuses couronnes de l'Avent. Symbole de traditions anciennes, emblématique des fêtes de fin d'année, l'arbre de Noël tient une place particulière à Célestat. Pourquoi à Célestat ? Parce que c'est à Célestat que se trouve l'une des premières traces écrites de son histoire. Elle est précieusement conservée dans les archives de la ville et date de 1521. Que sait-on de cette tradition ? Est-ce que cela a toujours été un sapin ? Comment l'arbre était-il décoré ? Remontons le temps à la rencontre de Balthazar Beck, qui nous guide dans cette quête. Nous voici à Celesta en décembre 1600. La petite ville du Saint-Empire romain germanique prépare les fêtes de Noël. Il neige. Un homme est particulièrement occupé à cette période de l'année. C'est Balthazar Beck. Il était chanson à l'hôtel de ville, une place importante à Celesta. Sa charge ? Organiser les banquets et les réceptions. Ils sont nombreux en fin d'année. En ce moment, il est penché sur son carnet de notes. J'ai de la besogne, le temps presse. Les gardes forestiers vont livrer ce soir les arbres de Noël à l'hôtel de ville, à moins d'organiser leur décoration et le banquet. Voyons, voyons... Vérifions toutes les dépenses engagées pour la fête de Noël. Je ne veux pas que ces gaillards de garde forestier me demandent encore de l'argent. On a payé 4 shillings aux deux gardes forestiers pour frayer un chemin jusqu'aux arbres de Noël, dans la forêt de Kinsheim. C'est dans cette partie de la forêt que les arbres de Noël seront coupés cette année, et pas ailleurs. Et encore 4 shillings pour veiller sur les arbres dans la forêt depuis la Saint-Thomas. Personne ne doit couper d'arbres avant cette date. A cette époque, la Saint-Thomas est fêtée le 21 décembre, le jour du solstice d'hiver. Dans la tradition de Noël, l'arbre est coupé le jour où les jours commencent à allonger. La lumière gagne sur les ténèbres, un signe d'espoir, de renaissance. L'arbre de Noël est sans doute un sapin, essence très présente dans la forêt de Kinsheim. Dans l'hôtel de ville de Célestat, comme dans les églises et très probablement dans les chaumières, il est décoré. Les pommes de Noël sont d'une variété qui arrive à maturité à la fin du mois de novembre. Dans la religion chrétienne, ce fruit est le symbole du péché des hommes. C'est pourquoi l'arbre est aussi décoré d'hosties non consacrées, symbole du Christ sauveur des hommes. La religion et les croyances populaires se mêlent pour former la tradition de Noël. Écoutons Balthazar Beck. Ah, ce doit être les gardes forestiers qui livrent notre bel arbre. Allons l'installer et le décorer. Je viens. Balthazar Beck n'est pas né à Celesta. Originaire de Bavière, il y arrive à 17 ans et s'installe chez son oncle, hôtel du Bouc. Il travaille ensuite chez Jean Héberard à l'auberge à la Fleur, à Ribauvillé, un village à quelques kilomètres au sud de Célestat. Depuis quelques mois, il a obtenu la place de maître d'hôtel pour les magistrats de la ville. C'est une promotion rapide pour le jeune homme d'à peine 20 ans. Mais il est lettré, ce qui est un atout à l'époque moderne où moins d'un quart de la population sait lire et écrire. En 1600, Célestat est la troisième ville d'Alsace. Ses terres sont riches. Même si la ville n'est plus le foyer intellectuel qu'elle a été au siècle précédent, elle est toujours prospère et à fière allure, avec les églises Sainte-Foy et Saint-Georges, ses façades peintes. De nombreuses corporations sont présentes, les boulangers, les cordonniers, les serruriers, les tanneurs et tant d'autres. Chacune décore aussi sa shtoub, sa salle commune d'un arbre de Noël. La vie de Célestat est rythmée par les nombreuses fêtes religieuses. Écoutons Balthazar Beck. C'est grâce à lui que nous connaissons la vie de Célestat au XVIIe siècle. Je suis connu pour mes chroniques de la ville de Célestat. Depuis que je suis maître d'hôtel du magistrat, je raconte par écrit ma vie familiale et aussi ce que je vois dans Célestat, ma ville d'adoption, ses traditions, ses événements, les heureux et les malheureux. Imaginez un manuscrit de la taille d'un grand cahier. Sa couverture est faite d'un vieux parchemin du Moyen-Âge qui a été réutilisé. Les pages, dont beaucoup sont encore blanches, ont été fabriquées à partir de vieux chiffons. C'est dans ce grand livre que Balthazar Beck écrit ses chroniques. Il est précieusement conservé à la bibliothèque humaniste de Celesta. En particulier, il raconte la tradition de l'arbre de Noël qui a traversé les époques. En plus de la chronique de Balthazar Beck, les historiens ont découvert dans les livres de contes de la ville de Celesta des traces des dépenses liées aux arbres de Noël, qu'on appelle arbres de mai Ces traces comptables sont des mines d'or pour les historiens et traduisent des pratiques populaires. À Celesta, la plus ancienne trace de la tradition de l'arbre de Noël date de 1521. Déjà à cette époque, la tradition de l'arbre de Noël est bien ancrée dans la célébration de la fête, puisqu'il faut réglementer la coupe des arbres et empêcher que les habitants coupent les arbres à la sauvageonne. On en trouve encore des traces dans des archives de 1546, 1555, 1557. Les historiens ont relevé dans les archives l'argent dépensé pour ouvrir un chemin dans la forêt, garder les arbres contre les vols. Coupez les arbres et les livrez à l'hôtel de ville. Mais revenons en cette soirée du 24 décembre 1600. Ce soir, Balthazar Beck est occupé à décorer l'arbre de Noël. Il se tient dans la grande salle de l'hôtel de ville. Parfait, posez-le ici. Attention, il est bien haut cette année, il touche presque le plafond. Cela sera facile de le suspendre. Bien, installons les pommes et les hosties. Elles sont ici. Mettez-en beaucoup, les enfants se régaleront quand ils viendront chercher leur récompense pour l'épiphanie. Plus on met de pommes et d'hosties, plus il en tombera dans leur escarcelle quand ils secourront l'arbre. Soyez généreux mes amis. Oui, comme ceci. Revenons aux chroniques de Balthazar Meek. Dans ces chroniques, qui s'étalent entre 1600 et 1641, il témoigne aussi des conflits qui bouleversent la vie de Célestat. Vous parlez de la guerre de 30 ans. Je me souviens encore du bruit des canons, des cris des soldats, des destructions, des enfants affamés. Je me souviens de l'occupation suédoise en 1632 et de l'entrée des troupes françaises en 1634. A ma façon, j'ai témoigné de ce que la population de Celesta a enduré, quelle que soit sa religion. Cette guerre est la pire qu'a connue l'Alsace. A partir de 1618, l'Europe se déchire, opposant catholiques et protestants. Mais les tensions politiques et religieuses sont palpables bien avant. À la frontière ouest du Saint-Empire romain germanique, l'Alsace se retrouve au cœur du conflit. Toutes les nations engagées dans le conflit déferlent sur la plaine d'Alsace. Les Suédois, les Espagnols, les Allemands, les Français, pillages, destructions se succèdent. À Célestat, la population est surtout catholique. On y croise des jésuites, des capucins, des récollets. Les ordres monastiques sont nombreux pour contrer le développement de la religion protestante. On estime que près du tiers de la population alsacienne a péri ou fuit durant cette guerre. Écrire les chroniques m'a permis de conserver la mémoire de ceux qui m'étaient chers et qui ont péri pendant cette effroyable guerre. J'espère qu'elles me survivront. Oh que oui ! Les chroniques de Balthazar Beck lui ont survécu. Il est mort en 1641, mais son carnet a continué d'être rempli par d'autres mains inconnues, et devient presque un document officiel de la ville. Et surtout, la tradition des arbres de Noël, vieille de plus de 500 ans en Alsace, est toujours bien vivante à Célestat. À Noël, des sapins ornent les églises, et même la stube de la Corporation des Boulangers que l'on peut toujours visiter aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Célestat, au fil des histoires. Nos remerciements vont à Chloé Carré et Cyril Leclerc, qui ont initié cette série. Anne-Laure Fabre, Camille Véron, Laurent Nass, Philippe Roel, pour la richesse des savoirs partagés. Un podcast original de Célestat, ville d'art et d'histoire. Avec la voix de Laurent Jaquet. Texte Marion Augustin Réalisation Caroline Lebossé Un podcast produit par le studio OZ A bientôt pour plonger dans de nouvelles histoires oubliées.

Description

Pour beaucoup d’entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblements. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus, le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes.

Quelque chose d’ancré dans la vie de famille. Les traditions. La nuit, le froid, les décorations, l’arbre de Noël dans la maison…

D’où vient-il ? Comment cette tradition de l’arbre de Noël est-elle née ?

C’est ici à Sélestat qu’est conservée une des clés de cette énigme


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour beaucoup d'entre nous, la période de Noël est synonyme de rassemblement. Avec la famille, les amis, avec les nouveaux venus. Le souvenir des absents, avec son lot de réjouissances et de disputes. Quelque chose d'ancré dans la vie de famille. Les traditions, la nuit, le froid, les décorations, l'arbre de Noël dans la maison. D'où vient-il ? Comment cette tradition de l'arbre de Noël est-elle née ? C'est ici, à Célestat, qu'est conservée une des clés de cette énigme. Vous écoutez Célestat, au fil des histoires. Une série qui donne vie au patrimoine. Ce que les pages révèlent Les origines de la tradition de l'arbre de Noël à Célestin

  • Speaker #1

    En Alsace, au temps de Noël, le sapin est à l'honneur. L'arbre trône sur les places des villes et des villages. Son essence boisée parfume les foyers. Avec ses branches sont confectionnées les fameuses couronnes de l'Avent. Symbole de traditions anciennes, emblématique des fêtes de fin d'année, l'arbre de Noël tient une place particulière à Célestat. Pourquoi à Célestat ? Parce que c'est à Célestat que se trouve l'une des premières traces écrites de son histoire. Elle est précieusement conservée dans les archives de la ville et date de 1521. Que sait-on de cette tradition ? Est-ce que cela a toujours été un sapin ? Comment l'arbre était-il décoré ? Remontons le temps à la rencontre de Balthazar Beck, qui nous guide dans cette quête. Nous voici à Celesta en décembre 1600. La petite ville du Saint-Empire romain germanique prépare les fêtes de Noël. Il neige. Un homme est particulièrement occupé à cette période de l'année. C'est Balthazar Beck. Il était chanson à l'hôtel de ville, une place importante à Celesta. Sa charge ? Organiser les banquets et les réceptions. Ils sont nombreux en fin d'année. En ce moment, il est penché sur son carnet de notes. J'ai de la besogne, le temps presse. Les gardes forestiers vont livrer ce soir les arbres de Noël à l'hôtel de ville, à moins d'organiser leur décoration et le banquet. Voyons, voyons... Vérifions toutes les dépenses engagées pour la fête de Noël. Je ne veux pas que ces gaillards de garde forestier me demandent encore de l'argent. On a payé 4 shillings aux deux gardes forestiers pour frayer un chemin jusqu'aux arbres de Noël, dans la forêt de Kinsheim. C'est dans cette partie de la forêt que les arbres de Noël seront coupés cette année, et pas ailleurs. Et encore 4 shillings pour veiller sur les arbres dans la forêt depuis la Saint-Thomas. Personne ne doit couper d'arbres avant cette date. A cette époque, la Saint-Thomas est fêtée le 21 décembre, le jour du solstice d'hiver. Dans la tradition de Noël, l'arbre est coupé le jour où les jours commencent à allonger. La lumière gagne sur les ténèbres, un signe d'espoir, de renaissance. L'arbre de Noël est sans doute un sapin, essence très présente dans la forêt de Kinsheim. Dans l'hôtel de ville de Célestat, comme dans les églises et très probablement dans les chaumières, il est décoré. Les pommes de Noël sont d'une variété qui arrive à maturité à la fin du mois de novembre. Dans la religion chrétienne, ce fruit est le symbole du péché des hommes. C'est pourquoi l'arbre est aussi décoré d'hosties non consacrées, symbole du Christ sauveur des hommes. La religion et les croyances populaires se mêlent pour former la tradition de Noël. Écoutons Balthazar Beck. Ah, ce doit être les gardes forestiers qui livrent notre bel arbre. Allons l'installer et le décorer. Je viens. Balthazar Beck n'est pas né à Celesta. Originaire de Bavière, il y arrive à 17 ans et s'installe chez son oncle, hôtel du Bouc. Il travaille ensuite chez Jean Héberard à l'auberge à la Fleur, à Ribauvillé, un village à quelques kilomètres au sud de Célestat. Depuis quelques mois, il a obtenu la place de maître d'hôtel pour les magistrats de la ville. C'est une promotion rapide pour le jeune homme d'à peine 20 ans. Mais il est lettré, ce qui est un atout à l'époque moderne où moins d'un quart de la population sait lire et écrire. En 1600, Célestat est la troisième ville d'Alsace. Ses terres sont riches. Même si la ville n'est plus le foyer intellectuel qu'elle a été au siècle précédent, elle est toujours prospère et à fière allure, avec les églises Sainte-Foy et Saint-Georges, ses façades peintes. De nombreuses corporations sont présentes, les boulangers, les cordonniers, les serruriers, les tanneurs et tant d'autres. Chacune décore aussi sa shtoub, sa salle commune d'un arbre de Noël. La vie de Célestat est rythmée par les nombreuses fêtes religieuses. Écoutons Balthazar Beck. C'est grâce à lui que nous connaissons la vie de Célestat au XVIIe siècle. Je suis connu pour mes chroniques de la ville de Célestat. Depuis que je suis maître d'hôtel du magistrat, je raconte par écrit ma vie familiale et aussi ce que je vois dans Célestat, ma ville d'adoption, ses traditions, ses événements, les heureux et les malheureux. Imaginez un manuscrit de la taille d'un grand cahier. Sa couverture est faite d'un vieux parchemin du Moyen-Âge qui a été réutilisé. Les pages, dont beaucoup sont encore blanches, ont été fabriquées à partir de vieux chiffons. C'est dans ce grand livre que Balthazar Beck écrit ses chroniques. Il est précieusement conservé à la bibliothèque humaniste de Celesta. En particulier, il raconte la tradition de l'arbre de Noël qui a traversé les époques. En plus de la chronique de Balthazar Beck, les historiens ont découvert dans les livres de contes de la ville de Celesta des traces des dépenses liées aux arbres de Noël, qu'on appelle arbres de mai Ces traces comptables sont des mines d'or pour les historiens et traduisent des pratiques populaires. À Celesta, la plus ancienne trace de la tradition de l'arbre de Noël date de 1521. Déjà à cette époque, la tradition de l'arbre de Noël est bien ancrée dans la célébration de la fête, puisqu'il faut réglementer la coupe des arbres et empêcher que les habitants coupent les arbres à la sauvageonne. On en trouve encore des traces dans des archives de 1546, 1555, 1557. Les historiens ont relevé dans les archives l'argent dépensé pour ouvrir un chemin dans la forêt, garder les arbres contre les vols. Coupez les arbres et les livrez à l'hôtel de ville. Mais revenons en cette soirée du 24 décembre 1600. Ce soir, Balthazar Beck est occupé à décorer l'arbre de Noël. Il se tient dans la grande salle de l'hôtel de ville. Parfait, posez-le ici. Attention, il est bien haut cette année, il touche presque le plafond. Cela sera facile de le suspendre. Bien, installons les pommes et les hosties. Elles sont ici. Mettez-en beaucoup, les enfants se régaleront quand ils viendront chercher leur récompense pour l'épiphanie. Plus on met de pommes et d'hosties, plus il en tombera dans leur escarcelle quand ils secourront l'arbre. Soyez généreux mes amis. Oui, comme ceci. Revenons aux chroniques de Balthazar Meek. Dans ces chroniques, qui s'étalent entre 1600 et 1641, il témoigne aussi des conflits qui bouleversent la vie de Célestat. Vous parlez de la guerre de 30 ans. Je me souviens encore du bruit des canons, des cris des soldats, des destructions, des enfants affamés. Je me souviens de l'occupation suédoise en 1632 et de l'entrée des troupes françaises en 1634. A ma façon, j'ai témoigné de ce que la population de Celesta a enduré, quelle que soit sa religion. Cette guerre est la pire qu'a connue l'Alsace. A partir de 1618, l'Europe se déchire, opposant catholiques et protestants. Mais les tensions politiques et religieuses sont palpables bien avant. À la frontière ouest du Saint-Empire romain germanique, l'Alsace se retrouve au cœur du conflit. Toutes les nations engagées dans le conflit déferlent sur la plaine d'Alsace. Les Suédois, les Espagnols, les Allemands, les Français, pillages, destructions se succèdent. À Célestat, la population est surtout catholique. On y croise des jésuites, des capucins, des récollets. Les ordres monastiques sont nombreux pour contrer le développement de la religion protestante. On estime que près du tiers de la population alsacienne a péri ou fuit durant cette guerre. Écrire les chroniques m'a permis de conserver la mémoire de ceux qui m'étaient chers et qui ont péri pendant cette effroyable guerre. J'espère qu'elles me survivront. Oh que oui ! Les chroniques de Balthazar Beck lui ont survécu. Il est mort en 1641, mais son carnet a continué d'être rempli par d'autres mains inconnues, et devient presque un document officiel de la ville. Et surtout, la tradition des arbres de Noël, vieille de plus de 500 ans en Alsace, est toujours bien vivante à Célestat. À Noël, des sapins ornent les églises, et même la stube de la Corporation des Boulangers que l'on peut toujours visiter aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter Célestat, au fil des histoires. Nos remerciements vont à Chloé Carré et Cyril Leclerc, qui ont initié cette série. Anne-Laure Fabre, Camille Véron, Laurent Nass, Philippe Roel, pour la richesse des savoirs partagés. Un podcast original de Célestat, ville d'art et d'histoire. Avec la voix de Laurent Jaquet. Texte Marion Augustin Réalisation Caroline Lebossé Un podcast produit par le studio OZ A bientôt pour plonger dans de nouvelles histoires oubliées.

Share

Embed

You may also like