Description
Transcription
- Hélène Dumont
Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Bonjour, je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, formée en thérapie sexuelle positive, maman de six enfants. Dans ce podcast, je vous ouvre les portes de mon cabinet pour vous partager avec simplicité les problématiques le plus souvent accompagnées afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.
- Marie
Bonjour Hélène.
- Hélène Dumont
Bonjour Marie.
- Marie
Alors aujourd'hui, nous allons parler de la fameuse question des différences hommes-femmes. Alors puisque nous sommes dans un podcast sur la sexualité, on va évidemment parler des différences hommes-femmes dans ce domaine. Mais on va vite voir qu'il est finalement comme la caisse de résonance des différences plus larges, plus profondes.
- Hélène Dumont
Exactement, et c'est un peu ce que me dit ce couple à travers ce message de demande de rendez-vous: "Nous nous aimons depuis 17 ans, mais notre sexualité est régulièrement traversée par de grandes disputes qui nous blessent profondément. Dans ces moments de crise, nous avons du mal à renouer un dialogue serein. Nous voudrions sortir de ces malentendus et apprendre à mieux nous comprendre." En les recevant, je comprends assez vite que leur demande renvoie aux différences hommes-femmes dans la sexualité. Or, la sexualité est vraiment le champ par excellence de l'acceptation de l'autre dans tout ce qu'il a de différent, au niveau physique, au niveau physiologique, biologique, intellectuel, etc.
- Marie
On comprend donc facilement que cela puisse créer des malentendus, mais aussi des frustrations.
- Hélène Dumont
Oui, il y a donc tout un processus de maturation et de connaissance de soi et de l'autre à vivre. et à accepter pour passer d'une sexualité personnelle à une sexualité relationnelle. En tous les cas, cela nécessite au sein du couple un accordage permanent, parce que chacun évolue tout au long de la vie, et parce que le couple est lui-même en mouvement, en perpétuelle évolution. Cela veut dire qu'il va falloir partir à la rencontre de soi et de l'autre, un petit peu comme on partirait en exploration, avec l'intention de comprendre et de découvrir.
- Marie
D'accord, alors, dites-nous quelles sont ces différences ?
- Hélène Dumont
L'une des différences essentielles que l'on peut observer entre l'homme et la femme concerne l'expression du désir et de la pulsion sexuelle. Cette différence peut vraiment provoquer des désaccords à propos du rythme de chacun au moment de l'union. La femme, nous l'avons déjà vue dans un podcast précédent.
- Marie
On vous renvoie à l'épisode 2 sur le désir.
- Hélène Dumont
La femme a un côté plus cérébral dans son rapport au désir. Elle sera par exemple plus facilement envahie ou traversée par des pensées, sans compter que son désir et son excitation varient selon son cycle, du moins lorsqu'elle ne prend pas de contraception hormonale. La femme sera donc davantage invitée à faire un effort pour se relier à ce qu'elle veut vivre, laisser glisser ses pensées parasites quand il y en a, et se laisser toucher dans son corps. Alors c'est évidemment plus facile à dire qu'à faire.
- Marie
Vous donnez quand même quelques pistes dans ce fameux épisode 2 pour se connecter plus facilement à son corps.
- Hélène Dumont
Oui, c'est vrai. Alors, ce qu'il faut repérer, c'est que cet effort est parfois tellement coûteux pour certaines qu'elles en sont découragées d'avance. Ce qui finit par les éloigner de la sexualité.
- Marie
À ce point-là ?
- Hélène Dumont
Ben oui. Quand ces femmes décident de faire l'amour, elles me parlent d'une mise en route difficile. Comme si elles devaient traverser un couloir désagréable qui leur semblerait vraiment long. Et je vous partage les mots de l'une de mes clientes qui me dit « Parfois, je me sens battue d'avance. Le désir de rencontrer mon mari est bien présent parce que je l'aime. J'ai envie de passer du temps avec lui. Mais c'est comme si je n'avais plus la patience ou l'énergie pour me mettre en route. Ça va me demander un effort de concentration et cet effort me décourage. »
- Marie
Mais une fois dépassé ce couloir désagréable, est-ce que quand même au bout, ces femmes apprécient la relation sexuelle qu'elles vivent ?
- Hélène Dumont
Ce qui est intéressant, c'est que presque toutes reconnaissent que quand elles sont dans une relation de couple, heureuse bien évidemment, une fois ce flottement dépassé, elles sont plutôt contentes de vivre la relation sexuelle et admettent que ce moment s'est bien passé, qu'elles ont pu avoir du plaisir et que ce moment les a rapprochées de leur conjoint.
- Marie
Ah oui, donc en fait c'est après coup qu'elles réalisent qu'elles ont passé un moment satisfaisant et de qualité.
- Hélène Dumont
Exactement, ce qui nous amène à penser que... pour ces femmes, le désir serait rétroactif. C'est dans l'après-coup qu'une femme peut dire « j'ai bien fait d'y aller » . Mais au départ, le désir, l'excitation sexuelle ne sont pas forcément au rendez-vous. Ce qui est là, c'est le désir de passer un moment avec l'autre.
- Marie
D'accord, donc c'est ça la grande différence.
- Hélène Dumont
Exactement, c'est une différence majeure avec le désir des hommes qui est beaucoup plus spontané. Quand un homme désire sa femme, souvent il en a envie sexuellement. D'un point de vue physiologique, ça se traduit par une érection qui est la plupart du temps le signe visible de son excitation sexuelle. Cela provoque une tension, pas toujours agréable et que seule l'éjaculation pourrait apaiser. Ce serait le résultat de la testostérone accompagnée d'une plus grande excitabilité aux stimuli visuels, c'est-à-dire au fait de voir leur femme.
- Marie
Alors les couples que vous recevez, ils en parlent de cette différence, de ce décalage essentiel ?
- Hélène Dumont
Alors un couple que j'ai accompagné traduit très bien ce décalage. Quand monsieur a du désir, cela ne lui pose aucun problème. Il me dit même avec humour être au garde-à-vous. Ce à quoi lui répond sa femme. Oui, mais moi je suis à 1000 km de ton désir dans ces moments-là. Ce n'est pas que je n'ai pas envie, mais il me faut un peu de temps. Cet exemple n'est pas à appliquer à toutes les femmes, ni à tous les hommes, parce que chacun est différent. Mais ce sont néanmoins des choses qui reviennent beaucoup en entretien.
- Marie
D'accord.
- Hélène Dumont
Alors la femme a donc besoin d'un temps plus long pour pouvoir se reconnecter à son désir et à son corps. Et cela peut passer par un temps de caresse, d'affection. ou de paroles bienveillantes de la part du conjoint, notamment parce que les femmes semblent plus sensibles aux stimuli tactiles et auditifs. D'ailleurs, une femme me disait en riant lors d'un entretien de couple qu'elle avait des orgasmes auditifs. C'était une façon de signifier à son mari qu'elle était ultra sensible aux timbres de sa voix et aux paroles qu'il pouvait lui murmurer.
- Marie
Donc chacun, dans ce moment-là, doit faire un effort pour se rejoindre.
- Hélène Dumont
Oui, à l'homme d'accompagner sa femme dans ce couloir qu'elle doit traverser pour l'aider à accéder à ce bien-être corporel dans lequel l'excitation pourra se mettre en place et grâce à laquelle, d'un point de vue physiologique, son corps pourra se préparer à la pénétration. Le vagin doit d'abord se lubrifier, s'assouplir, s'allonger et ça, ça prend un peu de temps, en tout cas un temps plus ou moins long selon les femmes, leur âge et la période de leur vie.
- Marie
Et que peut faire la femme ?
- Hélène Dumont
A la femme de bien prendre conscience de son fonctionnement pour ne pas se laisser envahir justement par ses petites voix négatives: "Tu vas encore mettre des plombes à te détendre, t'es trop nulle, c'est pas normal..." Ce sont vraiment des choses que les femmes me disent. Et à l'homme de ne pas incarner cette petite voix décourageante.
- Marie
Cela coule de source.
- Hélène Dumont
Oui, c'est évident. Alors ensuite, à l'homme d'apprendre à gérer son désir et son excitation sexuelle afin qu'il ne devienne pas envahissant pour la femme. À partir du moment où le désir de l'homme est ressenti comme invasif, le désir de la femme peut s'inhiber, donc elle va fuir. Et je vous rapporte les mots qu'une cliente me dit à ce propos : "Je me sens écrasée par la puissance du désir de mon mari. Cela me bloque totalement." De son côté, à la femme d'apprivoiser cette pulsion masculine.
- Marie
C'est-à-dire ?
- Hélène Dumont
L'étreinte n'appelle pas forcément à la relation sexuelle. Une érection ne signifie pas forcément Je veux te pénétrer. Et à ce propos, petite parenthèse, les érections nocturnes ou matinales ne sont pas le signe d'un désir sexuel ou le résultat d'une excitation. Elles sont tout simplement la marque d'une détente corporelle. C'est donc un signe de bonne santé.
- Marie
Oui, il s'agit en fait de connaître comment fonctionne tout simplement le corps de l'autre.
- Hélène Dumont
Oui, et une femme me disait à ce propos qu'elle n'osait plus toucher ou étreindre son mari depuis une érection. Elle l'interprétait comme une demande de rapport sexuel à laquelle elle s'obligeait de répondre même quand elle n'en avait pas envie.
- Marie
Ah oui.
- Hélène Dumont
Alors, il faut remettre ça dans le contexte de son histoire. Elle avait été élevée dans cette croyance que les hommes ne pouvaient pas dépasser leur excitation et qu'il fallait, je la cite, « terminer le travail » . Si la femme en provoquait une, d'excitation.
- Marie
Ça manque cruellement de poésie.
- Hélène Dumont
Alors, cette croyance est d'une très grande violence et cette expression est profondément blessante. Elle donne une mauvaise image de la pulsion sexuelle masculine, comme si l'homme en était esclave, comme s'il ne pouvait pas la dépasser.
- Marie
En fait, c'est un esclavage qui emprisonne finalement aussi bien l'homme que la femme.
- Hélène Dumont
Tout à fait. En fait, elle dévalorise la femme en la rendant responsable du désir de l'homme et en la rendant coupable de ne pas y répondre.
- Marie
Mais est-ce que tout de même il n'est pas très frustrant pour l'homme de ne pas avoir de réponse à son excitation sexuelle ?
- Hélène Dumont
Alors c'est vrai, en entretien, certains hommes reconnaissent tout à fait que leur excitation sexuelle peut être très inconfortable quand elle est trop forte et qu'elle ne trouve pas de réponse. Certains me disent même avoir de la difficulté à s'endormir tant qu'elle est là et qu'il leur faut un peu de temps pour que la pression redescende. D'autres finiront par ne plus oser se rapprocher de leur femme pour ne pas être confrontés à cette éventuelle frustration. Bien entendu, c'est à eux de gérer cette tension, mais j'invite toujours les femmes à accueillir le fait que cela puisse être difficile pour eux. Non pas pour les culpabiliser, mais pour que l'homme se sente entendu dans son fonctionnement. Ce fonctionnement qui peut aussi provoquer une difficulté. Donc qu'ils se sentent entendus et non pas jugés.
- Marie
Alors, il y a une différence de rythme avant même la relation sexuelle. Et qu'en est-il lors de celle-ci ?
- Hélène Dumont
Une fois que la relation sexuelle a commencé, ces différences de rythme doivent à nouveau être considérées. Une femme sera attentive à ne pas exciter son époux trop vite, par exemple en n'allant pas tout de suite le caresser sur le sexe. Et l'homme sera attentif à accompagner sa femme dans son tempo. Ces attitudes rassurent tout le monde. Si l'homme sent que son excitation monte trop vite, à lui de le dire à sa femme pour que les caresses soient différentes, moins excitantes, moins appuyées, ou à sa femme de le comprendre par un ensemble de codes. Et si l'homme devient pressé avec sa femme, à elle de le guider autrement.
- Marie
Alors ça, c'est quand tout va bien, mais quand c'est compliqué ou difficile à cause d'un dysfonctionnement sexuel, est-ce que c'est réaliste et applicable ?
- Hélène Dumont
Non seulement c'est applicable, mais c'est essentiel. Ce respect et cette compréhension mutuelle du fonctionnement de chacun est justement d'autant plus important quand l'un des deux souffre d'un dysfonctionnement sexuel. Quand l'homme souffre d'éjaculation prématurée par exemple, ou lorsque la femme souffre de problèmes de lubrification, ou encore lorsqu'elle a des douleurs. Si je comprends le fonctionnement de la sexualité et que je le travaille, je vais pouvoir embellir ma sexualité.
- Marie
Alors vous n'avez pas parlé de la fréquence des unions, est-ce qu'il y a une règle à observer en ce domaine ?
- Hélène Dumont
La question de la fréquence des unions n'est problématique que quand l'homme et la femme ne sont pas d'accord. Mais en fait, il n'y a pas de normes. Ce qu'il faut repérer, c'est la plainte quand il y en a une, et tenter de comprendre pourquoi ce décalage s'est immiscé au sein du couple. Le plus souvent, c'est l'homme qui est demandeur. Mais ce n'est pas systématique. Aujourd'hui, de plus en plus d'hommes connaissent des baisses de désir, et certaines femmes en souffrent. Elles se sentent d'ailleurs très seules, car les femmes osent peu partager avec d'autres femmes cette dernière situation.
- Marie
De peur d'être mal jugée. Oui. Alors, que faire en cas de plainte de souffrance alors ?
- Hélène Dumont
La première chose à vérifier avec le couple est la relation. On ne peut pas remettre au lit un couple qui ne parvient plus à se prendre dans les bras ou qui n'en a plus le temps.
- Marie
Oui, c'est évident.
- Hélène Dumont
C'est évident, mais c'est bien de le redire et de le retravailler si besoin pour désamorcer les jeux de pouvoir qui, au sein du couple, se rejouent dans la sexualité. Tu ne me laisses pas donner mon avis pour cette série des travaux ? Eh bien, tu n'auras pas ton petit câlin ce soir. C'est un petit peu ce que je peux entendre en entretien. On appelle de façon familière cette technique "à l'auberge du cul tourné", comme me l'a fait découvrir un couple que j'ai suivi.
- Marie
Je ne connaissais pas cette expression fleurie.
- Hélène Dumont
Elle est rigolote. On vérifie également l'hygiène de vie du couple, éventuellement les problèmes de santé, les douleurs, les représentations de chacun sur la sexualité, etc. Et là, je vous renvoie à certains podcasts précédents.
- Marie
Oui, on vous renvoie par exemple au tout premier pour les représentations de la sexualité ou au numéro 5 pour les douleurs, mais il y a aussi tous les autres.
- Hélène Dumont
Ensuite, on s'interroge sur leur façon de faire l'amour et sur la compréhension que chacun a de soi et de l'autre. Et pour cela, je vous renvoie à ce que nous avons déjà pu évoquer plus haut. Enfin, j'invite le couple à réfléchir sur leur point de reliance et leur point de rupture dans le langage des corps.
- Marie
C'est-à-dire ?
- Hélène Dumont
Je leur demande. Qu'est-ce qui, dans votre façon de faire l'amour, va venir vous nourrir, vous épanouir ? Quelles sont les caresses que vous aimez recevoir et donner ? Quels sont vos freins ou vos peurs ? Qu'est-ce qui vous met en insécurité ? Est-ce qu'il y a de la joie et de l'humour dans votre intimité ? Et c'est là que ça devient intéressant. Parce qu'on arrive toujours à élaborer des réponses. Mais aussi parce que quand la sexualité est harmonieuse pour soi comme pour l'autre, on a envie d'y retourner.
- Marie
Ça paraît logique. Alors pour résumer concrètement, que faire alors ?
- Hélène Dumont
Il y a vraiment un accordage à faire en amont en termes de communication pour une sexualité épanouie. Le B.A.B.A. étant de reconnaître et d'accueillir ce langage du corps dans la différence des sexes et de composer avec ce langage. C'est ce que je vous propose de découvrir de façon plus concrète dans le prochain podcast.
- Marie
La suite donc au prochain épisode. Merci beaucoup Hélène.
- Hélène Dumont
Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à vos soeurs, vos amis, pour qu'elles puissent en bénéficier. Vous pouvez aussi mettre une note de 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast ou iTunes si vous écoutez l'épisode grâce à cette plateforme afin que le podcast soit connu par le plus de femmes possible. Et si vous êtes branché réseau sociaux, Rejoignez-nous sur le compte Instagram des podcasts de Famille Chrétienne et sur le groupe dédié aux podcasts sur la page Facebook de Famille Chrétienne. N'hésitez pas à faire part de vos interrogations, de vos remarques et suggestions. Et à la semaine prochaine !
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- Hélène Dumont
Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Bonjour, je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, formée en thérapie sexuelle positive, maman de six enfants. Dans ce podcast, je vous ouvre les portes de mon cabinet pour vous partager avec simplicité les problématiques le plus souvent accompagnées afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.
- Marie
Bonjour Hélène.
- Hélène Dumont
Bonjour Marie.
- Marie
Alors aujourd'hui, nous allons parler de la fameuse question des différences hommes-femmes. Alors puisque nous sommes dans un podcast sur la sexualité, on va évidemment parler des différences hommes-femmes dans ce domaine. Mais on va vite voir qu'il est finalement comme la caisse de résonance des différences plus larges, plus profondes.
- Hélène Dumont
Exactement, et c'est un peu ce que me dit ce couple à travers ce message de demande de rendez-vous: "Nous nous aimons depuis 17 ans, mais notre sexualité est régulièrement traversée par de grandes disputes qui nous blessent profondément. Dans ces moments de crise, nous avons du mal à renouer un dialogue serein. Nous voudrions sortir de ces malentendus et apprendre à mieux nous comprendre." En les recevant, je comprends assez vite que leur demande renvoie aux différences hommes-femmes dans la sexualité. Or, la sexualité est vraiment le champ par excellence de l'acceptation de l'autre dans tout ce qu'il a de différent, au niveau physique, au niveau physiologique, biologique, intellectuel, etc.
- Marie
On comprend donc facilement que cela puisse créer des malentendus, mais aussi des frustrations.
- Hélène Dumont
Oui, il y a donc tout un processus de maturation et de connaissance de soi et de l'autre à vivre. et à accepter pour passer d'une sexualité personnelle à une sexualité relationnelle. En tous les cas, cela nécessite au sein du couple un accordage permanent, parce que chacun évolue tout au long de la vie, et parce que le couple est lui-même en mouvement, en perpétuelle évolution. Cela veut dire qu'il va falloir partir à la rencontre de soi et de l'autre, un petit peu comme on partirait en exploration, avec l'intention de comprendre et de découvrir.
- Marie
D'accord, alors, dites-nous quelles sont ces différences ?
- Hélène Dumont
L'une des différences essentielles que l'on peut observer entre l'homme et la femme concerne l'expression du désir et de la pulsion sexuelle. Cette différence peut vraiment provoquer des désaccords à propos du rythme de chacun au moment de l'union. La femme, nous l'avons déjà vue dans un podcast précédent.
- Marie
On vous renvoie à l'épisode 2 sur le désir.
- Hélène Dumont
La femme a un côté plus cérébral dans son rapport au désir. Elle sera par exemple plus facilement envahie ou traversée par des pensées, sans compter que son désir et son excitation varient selon son cycle, du moins lorsqu'elle ne prend pas de contraception hormonale. La femme sera donc davantage invitée à faire un effort pour se relier à ce qu'elle veut vivre, laisser glisser ses pensées parasites quand il y en a, et se laisser toucher dans son corps. Alors c'est évidemment plus facile à dire qu'à faire.
- Marie
Vous donnez quand même quelques pistes dans ce fameux épisode 2 pour se connecter plus facilement à son corps.
- Hélène Dumont
Oui, c'est vrai. Alors, ce qu'il faut repérer, c'est que cet effort est parfois tellement coûteux pour certaines qu'elles en sont découragées d'avance. Ce qui finit par les éloigner de la sexualité.
- Marie
À ce point-là ?
- Hélène Dumont
Ben oui. Quand ces femmes décident de faire l'amour, elles me parlent d'une mise en route difficile. Comme si elles devaient traverser un couloir désagréable qui leur semblerait vraiment long. Et je vous partage les mots de l'une de mes clientes qui me dit « Parfois, je me sens battue d'avance. Le désir de rencontrer mon mari est bien présent parce que je l'aime. J'ai envie de passer du temps avec lui. Mais c'est comme si je n'avais plus la patience ou l'énergie pour me mettre en route. Ça va me demander un effort de concentration et cet effort me décourage. »
- Marie
Mais une fois dépassé ce couloir désagréable, est-ce que quand même au bout, ces femmes apprécient la relation sexuelle qu'elles vivent ?
- Hélène Dumont
Ce qui est intéressant, c'est que presque toutes reconnaissent que quand elles sont dans une relation de couple, heureuse bien évidemment, une fois ce flottement dépassé, elles sont plutôt contentes de vivre la relation sexuelle et admettent que ce moment s'est bien passé, qu'elles ont pu avoir du plaisir et que ce moment les a rapprochées de leur conjoint.
- Marie
Ah oui, donc en fait c'est après coup qu'elles réalisent qu'elles ont passé un moment satisfaisant et de qualité.
- Hélène Dumont
Exactement, ce qui nous amène à penser que... pour ces femmes, le désir serait rétroactif. C'est dans l'après-coup qu'une femme peut dire « j'ai bien fait d'y aller » . Mais au départ, le désir, l'excitation sexuelle ne sont pas forcément au rendez-vous. Ce qui est là, c'est le désir de passer un moment avec l'autre.
- Marie
D'accord, donc c'est ça la grande différence.
- Hélène Dumont
Exactement, c'est une différence majeure avec le désir des hommes qui est beaucoup plus spontané. Quand un homme désire sa femme, souvent il en a envie sexuellement. D'un point de vue physiologique, ça se traduit par une érection qui est la plupart du temps le signe visible de son excitation sexuelle. Cela provoque une tension, pas toujours agréable et que seule l'éjaculation pourrait apaiser. Ce serait le résultat de la testostérone accompagnée d'une plus grande excitabilité aux stimuli visuels, c'est-à-dire au fait de voir leur femme.
- Marie
Alors les couples que vous recevez, ils en parlent de cette différence, de ce décalage essentiel ?
- Hélène Dumont
Alors un couple que j'ai accompagné traduit très bien ce décalage. Quand monsieur a du désir, cela ne lui pose aucun problème. Il me dit même avec humour être au garde-à-vous. Ce à quoi lui répond sa femme. Oui, mais moi je suis à 1000 km de ton désir dans ces moments-là. Ce n'est pas que je n'ai pas envie, mais il me faut un peu de temps. Cet exemple n'est pas à appliquer à toutes les femmes, ni à tous les hommes, parce que chacun est différent. Mais ce sont néanmoins des choses qui reviennent beaucoup en entretien.
- Marie
D'accord.
- Hélène Dumont
Alors la femme a donc besoin d'un temps plus long pour pouvoir se reconnecter à son désir et à son corps. Et cela peut passer par un temps de caresse, d'affection. ou de paroles bienveillantes de la part du conjoint, notamment parce que les femmes semblent plus sensibles aux stimuli tactiles et auditifs. D'ailleurs, une femme me disait en riant lors d'un entretien de couple qu'elle avait des orgasmes auditifs. C'était une façon de signifier à son mari qu'elle était ultra sensible aux timbres de sa voix et aux paroles qu'il pouvait lui murmurer.
- Marie
Donc chacun, dans ce moment-là, doit faire un effort pour se rejoindre.
- Hélène Dumont
Oui, à l'homme d'accompagner sa femme dans ce couloir qu'elle doit traverser pour l'aider à accéder à ce bien-être corporel dans lequel l'excitation pourra se mettre en place et grâce à laquelle, d'un point de vue physiologique, son corps pourra se préparer à la pénétration. Le vagin doit d'abord se lubrifier, s'assouplir, s'allonger et ça, ça prend un peu de temps, en tout cas un temps plus ou moins long selon les femmes, leur âge et la période de leur vie.
- Marie
Et que peut faire la femme ?
- Hélène Dumont
A la femme de bien prendre conscience de son fonctionnement pour ne pas se laisser envahir justement par ses petites voix négatives: "Tu vas encore mettre des plombes à te détendre, t'es trop nulle, c'est pas normal..." Ce sont vraiment des choses que les femmes me disent. Et à l'homme de ne pas incarner cette petite voix décourageante.
- Marie
Cela coule de source.
- Hélène Dumont
Oui, c'est évident. Alors ensuite, à l'homme d'apprendre à gérer son désir et son excitation sexuelle afin qu'il ne devienne pas envahissant pour la femme. À partir du moment où le désir de l'homme est ressenti comme invasif, le désir de la femme peut s'inhiber, donc elle va fuir. Et je vous rapporte les mots qu'une cliente me dit à ce propos : "Je me sens écrasée par la puissance du désir de mon mari. Cela me bloque totalement." De son côté, à la femme d'apprivoiser cette pulsion masculine.
- Marie
C'est-à-dire ?
- Hélène Dumont
L'étreinte n'appelle pas forcément à la relation sexuelle. Une érection ne signifie pas forcément Je veux te pénétrer. Et à ce propos, petite parenthèse, les érections nocturnes ou matinales ne sont pas le signe d'un désir sexuel ou le résultat d'une excitation. Elles sont tout simplement la marque d'une détente corporelle. C'est donc un signe de bonne santé.
- Marie
Oui, il s'agit en fait de connaître comment fonctionne tout simplement le corps de l'autre.
- Hélène Dumont
Oui, et une femme me disait à ce propos qu'elle n'osait plus toucher ou étreindre son mari depuis une érection. Elle l'interprétait comme une demande de rapport sexuel à laquelle elle s'obligeait de répondre même quand elle n'en avait pas envie.
- Marie
Ah oui.
- Hélène Dumont
Alors, il faut remettre ça dans le contexte de son histoire. Elle avait été élevée dans cette croyance que les hommes ne pouvaient pas dépasser leur excitation et qu'il fallait, je la cite, « terminer le travail » . Si la femme en provoquait une, d'excitation.
- Marie
Ça manque cruellement de poésie.
- Hélène Dumont
Alors, cette croyance est d'une très grande violence et cette expression est profondément blessante. Elle donne une mauvaise image de la pulsion sexuelle masculine, comme si l'homme en était esclave, comme s'il ne pouvait pas la dépasser.
- Marie
En fait, c'est un esclavage qui emprisonne finalement aussi bien l'homme que la femme.
- Hélène Dumont
Tout à fait. En fait, elle dévalorise la femme en la rendant responsable du désir de l'homme et en la rendant coupable de ne pas y répondre.
- Marie
Mais est-ce que tout de même il n'est pas très frustrant pour l'homme de ne pas avoir de réponse à son excitation sexuelle ?
- Hélène Dumont
Alors c'est vrai, en entretien, certains hommes reconnaissent tout à fait que leur excitation sexuelle peut être très inconfortable quand elle est trop forte et qu'elle ne trouve pas de réponse. Certains me disent même avoir de la difficulté à s'endormir tant qu'elle est là et qu'il leur faut un peu de temps pour que la pression redescende. D'autres finiront par ne plus oser se rapprocher de leur femme pour ne pas être confrontés à cette éventuelle frustration. Bien entendu, c'est à eux de gérer cette tension, mais j'invite toujours les femmes à accueillir le fait que cela puisse être difficile pour eux. Non pas pour les culpabiliser, mais pour que l'homme se sente entendu dans son fonctionnement. Ce fonctionnement qui peut aussi provoquer une difficulté. Donc qu'ils se sentent entendus et non pas jugés.
- Marie
Alors, il y a une différence de rythme avant même la relation sexuelle. Et qu'en est-il lors de celle-ci ?
- Hélène Dumont
Une fois que la relation sexuelle a commencé, ces différences de rythme doivent à nouveau être considérées. Une femme sera attentive à ne pas exciter son époux trop vite, par exemple en n'allant pas tout de suite le caresser sur le sexe. Et l'homme sera attentif à accompagner sa femme dans son tempo. Ces attitudes rassurent tout le monde. Si l'homme sent que son excitation monte trop vite, à lui de le dire à sa femme pour que les caresses soient différentes, moins excitantes, moins appuyées, ou à sa femme de le comprendre par un ensemble de codes. Et si l'homme devient pressé avec sa femme, à elle de le guider autrement.
- Marie
Alors ça, c'est quand tout va bien, mais quand c'est compliqué ou difficile à cause d'un dysfonctionnement sexuel, est-ce que c'est réaliste et applicable ?
- Hélène Dumont
Non seulement c'est applicable, mais c'est essentiel. Ce respect et cette compréhension mutuelle du fonctionnement de chacun est justement d'autant plus important quand l'un des deux souffre d'un dysfonctionnement sexuel. Quand l'homme souffre d'éjaculation prématurée par exemple, ou lorsque la femme souffre de problèmes de lubrification, ou encore lorsqu'elle a des douleurs. Si je comprends le fonctionnement de la sexualité et que je le travaille, je vais pouvoir embellir ma sexualité.
- Marie
Alors vous n'avez pas parlé de la fréquence des unions, est-ce qu'il y a une règle à observer en ce domaine ?
- Hélène Dumont
La question de la fréquence des unions n'est problématique que quand l'homme et la femme ne sont pas d'accord. Mais en fait, il n'y a pas de normes. Ce qu'il faut repérer, c'est la plainte quand il y en a une, et tenter de comprendre pourquoi ce décalage s'est immiscé au sein du couple. Le plus souvent, c'est l'homme qui est demandeur. Mais ce n'est pas systématique. Aujourd'hui, de plus en plus d'hommes connaissent des baisses de désir, et certaines femmes en souffrent. Elles se sentent d'ailleurs très seules, car les femmes osent peu partager avec d'autres femmes cette dernière situation.
- Marie
De peur d'être mal jugée. Oui. Alors, que faire en cas de plainte de souffrance alors ?
- Hélène Dumont
La première chose à vérifier avec le couple est la relation. On ne peut pas remettre au lit un couple qui ne parvient plus à se prendre dans les bras ou qui n'en a plus le temps.
- Marie
Oui, c'est évident.
- Hélène Dumont
C'est évident, mais c'est bien de le redire et de le retravailler si besoin pour désamorcer les jeux de pouvoir qui, au sein du couple, se rejouent dans la sexualité. Tu ne me laisses pas donner mon avis pour cette série des travaux ? Eh bien, tu n'auras pas ton petit câlin ce soir. C'est un petit peu ce que je peux entendre en entretien. On appelle de façon familière cette technique "à l'auberge du cul tourné", comme me l'a fait découvrir un couple que j'ai suivi.
- Marie
Je ne connaissais pas cette expression fleurie.
- Hélène Dumont
Elle est rigolote. On vérifie également l'hygiène de vie du couple, éventuellement les problèmes de santé, les douleurs, les représentations de chacun sur la sexualité, etc. Et là, je vous renvoie à certains podcasts précédents.
- Marie
Oui, on vous renvoie par exemple au tout premier pour les représentations de la sexualité ou au numéro 5 pour les douleurs, mais il y a aussi tous les autres.
- Hélène Dumont
Ensuite, on s'interroge sur leur façon de faire l'amour et sur la compréhension que chacun a de soi et de l'autre. Et pour cela, je vous renvoie à ce que nous avons déjà pu évoquer plus haut. Enfin, j'invite le couple à réfléchir sur leur point de reliance et leur point de rupture dans le langage des corps.
- Marie
C'est-à-dire ?
- Hélène Dumont
Je leur demande. Qu'est-ce qui, dans votre façon de faire l'amour, va venir vous nourrir, vous épanouir ? Quelles sont les caresses que vous aimez recevoir et donner ? Quels sont vos freins ou vos peurs ? Qu'est-ce qui vous met en insécurité ? Est-ce qu'il y a de la joie et de l'humour dans votre intimité ? Et c'est là que ça devient intéressant. Parce qu'on arrive toujours à élaborer des réponses. Mais aussi parce que quand la sexualité est harmonieuse pour soi comme pour l'autre, on a envie d'y retourner.
- Marie
Ça paraît logique. Alors pour résumer concrètement, que faire alors ?
- Hélène Dumont
Il y a vraiment un accordage à faire en amont en termes de communication pour une sexualité épanouie. Le B.A.B.A. étant de reconnaître et d'accueillir ce langage du corps dans la différence des sexes et de composer avec ce langage. C'est ce que je vous propose de découvrir de façon plus concrète dans le prochain podcast.
- Marie
La suite donc au prochain épisode. Merci beaucoup Hélène.
- Hélène Dumont
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