Speaker #0Bienvenue dans Sol Qasas, et dans cette première saison que j'ai appelée Une peur, un pas. Pendant quatre semaines, j'ai partagé une peur que j'ai décidé d'affronter, une par épisode. Ce ne sont pas des peurs spectaculaires, ce sont plutôt des peurs quotidiennes, banales, sourdes, mais profondément ancrées. Et pourtant, elles conditionnent ma liberté. J'ai pris conscience que ces peurs sont ma plus grande prison mentale, et moi, je suis avide de liberté. J'aime faire disparaître tout ce qui m'en éloigne. Même si, soyons honnêtes, la liberté absolue n'existe pas. Rien que le fait d'être en vie ici, sur cette terre, nous lie. Mais il y a des zones où je peux agir. Et ce challenge, je me le suis offert pour me remettre en mouvement, pour ne plus attendre que le courage me tombe du ciel, et pour me prouver qu'il suffit parfois d'un seul pas pour faire bouger des années de blocage. Aujourd'hui, l'action, c'est ma nouvelle thérapie. Je ne suis pas là pour te motiver. Je suis là pour te raconter vrai ce que je vis, ce que je ressens, ce que ça réveille. Est-ce que je comprends, une fois passé de l'autre côté de la peur ? Parce que derrière une peur, il y a souvent un désir. Peut-être que ça fera écho en toi, que ça t'inspirera, ou que ça t'ouvrira une porte. Une peur, un pas, c'est parti ! Alors aujourd'hui, je vais te parler d'un truc qui peut paraître ridicule. C'était ma peur de monter sur un scooter. Ma peur des deux roues. Mais comme souvent, derrière une peur simple, il y a un nœud qui est assez souvent profond. Et ce n'est pas vraiment du scooter que j'avais peur, c'était plutôt de l'inconnu, de ne pas contrôler, de lâcher prise. Mais surtout, j'ai compris que cette peur, elle était liée à un souvenir d'enfance. Petite, j'ai vécu chez une nourrice. C'était une maison remplie d'amour, de rire, d'enfants. Et parmi eux, il y avait Michel, de 15 ans mon aîné. Il était un petit peu comme un dieu pour moi. Grand, beau, mystérieux. Il ne mangeait pas les mêmes repas que nous, il jouait rarement, en tout cas pas avec nous. Mais il avait une passion, c'était faire de la moto dans la cour. Et puis un jour, il est tombé violemment, je l'ai vu en sang. Et je me souviens de cette scène comme si elle était figée dans le temps. J'étais dans la cuisine, silencieuse, j'observais. Tout le monde s'est précipité vers lui. On l'a porté jusque dans la salle de bain pour le laver et le soigner. Et moi j'étais là, petite, figée, à distance. Mon cerveau d'enfant, il n'a pas cherché plus loin. Celui que j'admirais s'est effondré à cause d'un d'euros. Et c'est comme ça, je crois, que mon corps a enregistré le danger. Le deux-roues, c'est ce qui peut briser, ce qui peut faire mal, ce qui fait tomber, ce qu'on pense intouchable. Et donc, c'est comme ça que, du coup, pendant des années, j'ai refusé plein de balades en scooter. Ou alors, lorsque je disais oui, c'était que pour des trajets très, très courts, et je mettais une pression de dingue à la personne qui conduisait. Du genre, roule doucement, fais gaffe, surtout dans les virages. Mon corps, il se crispait, rien qu'à l'idée de monter derrière quelqu'un. Cette peur, du coup, elle m'a coupé de plein de moments de vie. Et je m'étais convaincue que bon, c'est pas grave, c'est rien. Sauf que je vis à Paris. Et entre la voiture et le métro, sérieux, j'en ai un petit peu marre. La voiture, c'est cool, mais dans le centre de Paris, no way. Le métro, ça dépanne. Mais les odeurs, les gens, tout ça, ça épuise. Juste le fait que ça soit en souterrain, j'en peux plus. Déjà qu'il fait pas très beau à Paris, mais alors en plus, c'était en souterrain. Voilà, si encore c'était un métro propre, épuré. Non. Métro parisien, tout le monde sait de quoi je parle. Et puis je voyais aussi toutes mes copines, les mamans d'école, en vélo. C'est stylé, c'est écolo, c'est bobo, c'est parisien. Mais non merci. Pour moi le vélo c'est campagne, sinon rien d'autre. Et puis un samedi matin, il y a trois semaines je crois, ou un mois ? Je me souviens plus bien. Mais il n'y a pas si longtemps que ça. Il y a trois semaines, exactement. J'avais rendez-vous pour Taoba, rue Charonne, dans le 11e. J'étais encore au lit et je me suis dit, ça serait vraiment cool d'y aller en scooter. Sauf que, bah, j'en ai jamais conduit. Jamais. Enfin, presque jamais. Parce qu'une fois, lorsque j'avais 15 ans, quand je vivais à côté d'Avignon, un pote m'avait demandé de tenir son chapitre. Et moi, innocente, curieuse, j'ai voulu accélérer pour voir. Résultat, j'ai foncé direct dans un mur. Pas un virage, pas une embardée, droit dans le mur. Du coup, je n'étais pas blessée, mais choquée. Et surtout, j'avais honte. Alors voilà, mon corps, mon inconscient, tout était d'accord pour dire, le scooter, c'est trop dangereux, ce n'est pas pour moi. Mais bon, bref, revenons donc à ce fameux samedi. J'ai un énième rendez-vous pour accompagner ma fille Tao Bar, un rendez-vous important. prochainement j'en parlerai et je suis encore dans mon lit sous la couette un peu fatigué un peu en mode ouais j'ai envie de chiller c'est samedi matin et puis je me dis franchement ça serait top d'essayer d'aller faire un tour de scooter dans mon quartier avec un yego yego tu sais c'est les scooters en location à la minute dans paris c'est pratique ils sont électriques en plus ils sont archi stylé et surtout c'est accessible en un clic tu installes l'application tu rentres tous tes coordonnées et tu peux louer n'importe quel scooter qui est à côté de chez toi donc en fait à ce moment là soit je reste dans mon lit et puis je me décide à prendre ma voiture ou partir en métro mais je sens qu'il y a quelque chose en moi qui veut bouger donc je me lève je vais voir Tao Bai et je lui dis viens on va faire notre première tour de scooter ensemble et si j'y arrive on va à ton rendez-vous en scooter et elle me regarde genre t'es sûre Et en même temps, je vois ses petits yeux briller. Moi, je ne suis pas vraiment sûre, mais j'ai envie d'essayer. Et le fait d'emmener ma fille avec moi, je me dis que je dois être encore plus prudente. Et j'ai aussi envie de lui faire plaisir. Donc, c'est vraiment le combo parfait, le juste équilibre pour me lancer. Donc, on se prépare, on descend, on se met à la recherche du scooter le plus proche. On en trouve un à deux rues de chez nous. Et à ce moment-là, le soleil, il tape, mais doucement. Les rues sont calmes, presque vides même. Et oui, c'était pendant, c'était au mois du coup de mai, pendant les week-ends, les ponts. Du coup, tous les Parisiens sont pratiquement partis. Donc je suis à la fois excitée et je réalise que je ne sais pas du tout comment ça marche. Mais bon, c'est assez intuitif. Je déverrouille le scooter via l'application. Le coffre s'ouvre. Le scooter, il est vraiment propre. Bon, un petit peu plus lourd que ce que j'imaginais. Donc je mets mon casque, il me serre un peu les joues, l'intérieur ça sent le neuf et la ville en même temps. Je tends l'autre casque à Taoba, elle le met sans dire un mot, je monte. La selle, nickel, elle a une largeur parfaite, je me penche un petit peu pour faire manœuvrer le scooter. Taoba, elle grimpe derrière moi, elle passe ses tours autour de ma taille, je sens son petit corps contre mon dos, tout léger, tout confiant. Et du coup j'allume, le tableau de bord s'allume aussi, tout est silencieux. Vraiment, ils font absolument pas de bruit ces scooters, on sait pas s'ils marchent, s'ils sont éteints. Et là je sens un battement dans ma poitrine, je souffle et je me dis allez on y va, j'avance. Je suis partagée entre l'excitation, la peur et l'adrénaline. Mon cœur il bat fort mais je suis là, je tiens. On avance, j'entends le frottement des pneus sur la route, mon casque qui résonne à l'intérieur et mes mains qui sont déjà moites sur les poignets. Premier feu, je freine doucement, le guidon qui tremble un petit peu, mon genou aussi mais ça va. je tiens, je maîtrise puis le févre arrive, allez je tourne je roule et là on passe dans une rue et le vent caresse mon visage, il est tiède c'est agréable, je sens l'air qui rentre sous ma chemise, mes mains sont un peu crispées sur les poignets mais ça va bon, je roule qu'à 10 km mais j'avance, je respire, on fait le tour de notre quartier pas de chute, juste le souffle court et un éclat un petit peu de fierté dans le creux du ventre C'est donc décidé, on va aller à ce rendez-vous en scooter. Donc on remonte chez nous pour prendre toutes les affaires dont on avait besoin. Et moi d'habitude je suis tout le temps en retard, c'est simple. J'ai rendez-vous à 15h, tu peux être pratiquement sûr que je sors de chez moi à 15h. Je ne sais pas si toi aussi tu es comme ça, mais c'est un vrai problème. Un vrai problème d'organisation et souvent en plus je tombe sur des personnes qui pensent que c'est un manque de respect, alors qu'absolument pas, c'est juste une mauvaise organisation et gestion de mon temps. Donc, vu que je suis tout le temps en retard, là je me dis, on va pas jouer avec le feu, j'ai pas envie d'être en stress parce qu'en plus quand je suis en retard, je suis stressée. Donc là je me dis, on part une heure en avance. Et là, sur ce trajet, du coup, je découvre quelque chose de tout nouveau. Un sentiment de liberté, le vent qui effleure mon visage, le corps de ma fille qui s'agrippe à moi, et on commence à descendre toute la rue de Belleville. Les devantures s'ouvrent, les passants qui se promènent, les feux qui clignotent, et moi... Je me sens libre, je souris sans m'en rendre compte. Un vrai sourire, enfin même limite je rigole, les gens doivent se dire « mais elle rigole toute seule celle-là » . Mais je me sens vivante, heureuse. Comme si à ce moment-là, en fait, j'aurais pu aller au bout du monde avec ce scooter et ma fille derrière moi. J'en profite même un stop pour faire une photo de nous deux, pour la mettre en story, ou j'écrirai plus tard même « peur numéro XXXX débloqué » . Bon, sinon, je dois avouer qu'au moment de freiner, c'est pas encore tout à fait ça. débarré non plus, j'ai un petit peu du mal à trouver mon équilibre, mais ça va, je rigole, je me sens libre. Bon, je roule quand même doucement, mais un petit peu plus vite que 10 km heure, mais il y a Tao Ba qui me dit allez Oumy, roule plus vite ! Moi je lui dis, tranquille, t'es pas sur un circuit de formulaire ma fille. Du coup, je ne sais même pas si ces scooters dépassent les 30 km heure. Bon, en même temps à Paris c'est limité à cette vitesse. Je remercie Hidalgo, ça me permet de rester à un rythme qui me rassure, en tout cas en scooter. En voiture, c'est une autre chose. Bon, et finalement, on fait le trajet. Tout se passe bien. On arrive même 20 minutes en avance. Et je réalise en fait que pendant tout le trajet, je me suis surprise à sourire sans raison, juste parce que j'étais en train de faire quelque chose en fait que j'avais toujours fui. Mais surtout j'ai kiffé. On arrive, je coupe le contact, tout s'arrête, j'ai un petit peu les mains engournies, engourdie mais j'ai le cœur léger, je reste là une seconde. Casque encore sur la tête, juste pour savourer ce que je viens de réaliser. Non mais franchement, franchement les gars, il fallait le dire que c'était ça la vie en scooter. Et impulsive que je suis. J'étais à deux doigts de me dire, allez, j'achète tout de suite un scooter. Puis je reprends mes esprits et je me dis, bon, allez, calme-moi, Célène, fais déjà plusieurs trajets, parce que là, c'est bien beau, mais c'est les beaux jours, tout est doux, tout est simple, c'est agréable. Mais en automne, en hiver, je ne suis pas sûre que je sois aussi motivée à monter sur un euro. L'idéal, ça serait d'abord une Smart pour l'hiver. Scooter, printemps-été, Smart, automne-hiver. Donc, clairement, pour l'instant, la solution de location, ça me convient parfaitement. Yégo franchement, super business model trop intelligent d'avoir fait ça c'est accessible, pratique, économique et puis surtout t'as pas d'engagement tu galères pas à garer ton scooter mettre des antivols s'il y a une panne ou quoi que ce soit tu le prends, tu le reposes, c'est un petit peu comme les Vélib donc voilà j'accompagne Taoba et il se met à pleuvoir ah oui c'est le jour où il y a eu une grêle mais infernale dans l'après-midi. Du coup, on prend Uber pour rentrer. Et quand je rentre, j'ai mon autre fille, ma fille aînée, Safia, qui est invitée chez une de ses amies. Donc je me dis, c'est bon. J'ai réussi à faire un long trajet. L'amie de ma fille, elle habite vers Ménilmontant, c'est pas très loin. Donc je dis à ma fille, allez, vas-y, viens, je t'emmène en scooter. Et donc pareil, on redescend la rue de Belleville. Et au moment de tourner à gauche sur la rue Pia, pour ceux qui connaissent ce trajet, je ne sais pas ce qui se passe. Je vois trois gars et je pense que ça m'a perturbée. Au lieu de regarder là où je voulais aller, je vois ces trois gars. Et du coup, je perds le contrôle du scooter. Et là, il y a deux gars qui viennent, qui retiennent mon scooter. Et je suis totalement déstabilisée. Et du coup, je rigole. Je dis, mais c'est notre premier jour en scooter. Je ne maîtrise pas bien et tout. Et ils me disent... Non mais attends, t'es avec ton enfant et tout ! Et en fait, je ne prends même pas le temps de les écouter. Je reprends le contrôle de mon scooter et je fonce. Et j'accompagne Safia jusqu'à chez son ami, mais sans encombre. Après, je rentre chez moi et tout ça. Et donc, le bilan de cette journée. c'est que j'ai affronté une de mes peurs. Et je sens que j'ai vraiment tout gagné. Une liberté, des fourrures, la preuve que je peux, que je suis capable d'accomplir plus que ce que je fais déjà. Et ce jour-là, j'ai vraiment compris que la peur, c'est souvent juste un souvenir qu'on n'a pas encore réécrit, on est resté bloqué sur quelque chose, qu'on a laissé bloqué à l'intérieur de notre corps, de notre cerveau. Je ne vais pas dire que j'ai gagné contre elle, je pense que j'ai plutôt marché avec elle, main dans la main. J'ai décidé Que je n'aurais plus un rapport de dominante-dominée avec mes peurs, mais une relation plus saine, plus consciente, presque complice. Parce que cette peur-là, je l'ai transmutée en kiff. Et à ce moment-là, je me dis, mais si j'ai réussi à faire ça avec cette peur, est-ce que ça pourrait s'appliquer à toutes mes autres peurs ? Donc, c'est à partir de ce jour-là, où j'ai envoyé un message dans le groupe WhatsApp de mes copines, mes copines du café du vendredi matin, pour leur partager ma joie d'avoir fait du scooter dans Paris. et c'est en fait à ce moment là que l'idée m'est venue et si chaque semaine j'ai décidé d'affronter une peur juste une peur, un pas bon pas un challenge sur 12 semaines parce que je sais que j'allais pas tenir mais je me suis dit allez j'en fais 4 et pourquoi pas le faire une fois par trimestre ou deux fois par an peu importe et c'est comme ça en fait que ce challenge est né c'est un challenge avec moi même et s'il peut t'aider à toi aussi surmonter tes peurs C'est magnifique parce que derrière une peur, je le répète, se cache un vrai désir. Alors voilà, c'est comme ça que ce challenge est né. Et cette peur-là, elle n'a peut-être pas changé ma vie, mais elle m'a rappelé que chaque micro-victoire, ou même chaque victoire, elle réécrit ma perception de moi-même et qu'à force de marcher à côté de soi, parce que quand on ne fait pas des choses par peur, on n'est pas pleinement soi-même. Donc je me dis que si, grâce à ça, je peux me rattraper et devenir... toujours, d'affronter ses peurs et d'agir sans peur je parle des peurs irrationnelles je parle pas des peurs qui vont nous protéger si il y a un crocodile, bien sûr qu'il faut fuir là je parle vraiment de quelque chose qui est safe et que c'est juste par rapport au parcours qu'on a eu, on a des peurs comme les gens qui ont peur de monter dans l'avion etc Donc si toi aussi, t'as une peur, entre guillemets, un peu bête qui te limite, bah regarde-la, pas pour la dominer, mais juste pour la privoiser, pour la comprendre, pour te poser la question, d'où elle vient cette peur ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui m'empêche de faire ça ? Alors voilà, on se retrouve du coup pour la semaine prochaine, pour un nouveau pas, et pour une nouvelle peur. Et si t'as aimé ce petit podcast... entièrement naturel, qui pose les fondations du lancement de mon podcast et de la saison Une Peur, Un Pas, eh bien, écris-moi en commentaire, dis-moi ce que tu en as pensé, ça me fera très plaisir et je te répondrai. A bientôt, à la semaine prochaine !