- Speaker #0
Hello everybody ! Bienvenue dans ce nouvel épisode de Memory Lane, secret de scène et de studio. Aujourd'hui, 31 juillet, on finit le mois avec une dernière histoire de scène que je voulais vous partager depuis un petit moment déjà. Et cette histoire prend place à Fourvière. Question ! Qui était au nid de Fourvière pour voir Jar Jar Smith cet été ? Tout Lyon était à Fourvière, dans le Grand Théâtre, ce 4 juillet dernier. Anne-Sophie, notre photographe, elle aussi, on aurait manqué cela pour rien au monde, même si on y était également présents au show de Georgia ou à Radio Bellevue. Et d'ailleurs, si vous voulez voir nos images exclusives du concert de Georgia au Nuit de Fourvière, elles sont à présent disponibles sur Instagram, Facebook et également sur le site internet de SandsBeautiful.net. Maintenant, je souligne un point. Si vous remarquez... Pour celles et ceux qui viennent au concert de Georgia, à chaque fois, les artistes qui jouent en première partie sont vraiment bien choisis. La dernière fois, c'était Demaé de Londres. Et ce 4 juillet dernier, encore, ça n'a pas manqué. Tout le grand théâtre de Fourvière se souviendra de cette harpiste et chef de chœur et de son sextet, j'ai nommé Sophie Solivo. Ah mais quel concert ! Les reins ont été brisés, les larmes ont été versées... Bref... Sophie Soulivo, ce n'était pas sa première fois à Fourvière en plus. Elle y a déjà joué en première partie de MC Solar, c'était en trio. Et cette année, c'est la première fois qu'elle peut proposer son spectacle en grand format, en full band. Et en plus dans le cadre d'une tournée à l'international, à savoir The Last Initiation Tour. Suisse, Canada, Belgique, Amsterdam, Italie, toute la France et bientôt la Réunion. Ses performances en plus sont transmises en direct sur Arte Concert avec TSF Jazz. Et elle continue d'écrire sa légende en jouant notamment en première partie, là c'était pour Georgia Smith, mais elle a plus tard joué en première partie de Herbie Hancock à Jazz à Jouan. Son projet lui vaut même une nomination victoire du jazz pour artiste vocal, aux côtés d'artistes incroyables comme Celia Kamini. Maintenant, pour ceux qui le savent déjà, Saint-Sibuilifo suit le développement de son projet depuis 2021. Rappelez-vous ce concert à la Cité des Halles. Elle était en solo. Et quatre ans plus tard, moi-même personnellement, je suis heureux d'assister à une telle évolution et ce, aux premières loges. Dans cet épisode, avec Sophie, on prend le temps de revenir sur cette tournée, de revenir sur son projet. Et ensemble, on revit son concert, consécration à Fourvière, en partenariat avec la SACEM, qui plus est. Et on parle de plein de choses. un temps de... respiration, ce qui est très important, prendre le temps de respirer, de vivre le moment présent, surtout pour une tournée aussi importante et aussi intense. On parle de la mise en scène et de l'écriture de son spectacle, que j'apprécie énormément, et on pourra revenir en détail dessus. On parle de la complicité de son équipe, comment est-ce qu'elle l'entretient, comment est-ce que ça se gère tout ça, comment est-ce qu'on manage un groupe. et comment est-ce qu'on gère ses énergies avec notamment l'intervention d'une coach vocale lyonnaise Isabello. On évoque également l'importance de ses racines en Guadeloupe, la réalité des touring artists, donc les artistes en tournée, versus recording artists, les artistes de studio, et comment est-ce qu'on peut préserver son essence créative dans cette industrie. Et enfin, comme on s'est aussi rencontré sur un atelier d'écriture, et que je sais à quel point Sophie aime la poésie. Aime des artistes comme Aja Monette par exemple, on échange quelques poèmes. Merci à l'équipe presse du Festival de Nune Fourvière de nous avoir permis de photographier son show, le show de Sophie, le show de Georgia. D'ailleurs, je crois que SSB est le seul partenaire média accrédité pour cette soirée-là. En tout cas, merci. Merci pour la confiance, Sophie, Inès, Omuchi, au management, l'équipe Giant Steps, les premiers à promouvoir le meilleur du jazz et de la soul en France, avec l'agence Donali. Et enfin, humble salutation aux personnes qui composent ce sextet, à savoir Rosane Joseph, David Chimanga, Sly Timetrel au chœur, Eric Turpot à la basse, Jafet Boristen à la batterie. On écoute.
- Speaker #1
Alors, inspirons et expirons. Une dernière petite fois, inspirons et expirons. Ça me paraissait important de le faire parce que déjà, tu le fais souvent sur scène. Je voulais insister aussi dessus car j'ai vu que vous avez sorti un single en version live, donc le morceau Breathe. Why is it so hard to breathe ? Pourquoi est-ce que tu voulais partager spécifiquement ce morceau-là en version live cette année ?
- Speaker #2
C'est marrant que tu commences par ce morceau parce que c'est celui qu'on avait vu ensemble dans l'atelier d'écriture justement, je ne sais pas si tu te souviens.
- Speaker #1
Ok, alors je me rappelais qu'on avait vu des choses ensemble et il me semblait que c'était Can't Sleep mais c'était Breathe du coup.
- Speaker #2
Ouais, c'était... Après, peut-être que j'avais ramené Can't Sleep aussi. Mais sur Breeze, j'avais vraiment un truc où j'étais bloquée. J'arrivais pas à continuer le texte. Et au final, j'ai juste fait avec ce que j'avais. Parce que je me rends compte qu'en fait, je fais un jet. Et en tout cas, pour l'écriture, tu vois, enfin, genre du texte, je fais un jet. Et dans le jet, il faut qu'il y ait tout ce que je vais utiliser. Tu vois ce que je veux dire ? Si après, je reviens et je... Ah,
- Speaker #1
OK. Faut que ce soit spontané, quoi.
- Speaker #2
Ouais. Et après, je vais retravailler dedans, couper des choses, etc. Mais rajouter des choses, pas trop, tu vois. C'est plutôt genre, il y a tout qui sort. La composition, c'est pas pareil, mais c'est vrai que pour le texte, c'est un peu comme ça. Et au bout d'un moment, j'ai un peu lâché prise. Je me suis dit, ce morceau, en vrai, je l'aime bien, il me fait du bien. J'ai envie de le mettre en valeur. Et pour le sextet, en fait, au Trabendo, c'est la version du Trabendo qu'on a.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #2
Non, de la Boule Noire, pardon. Mais on l'a refait aussi au Trabendo, parce que c'est les deux fois où on l'a fait avec Laure Sanchez à la basse. Alors qu'à d'habitude, c'est Eric, parce que justement, à la Boule Noire, c'était Laure. Et du coup, on a bossé cette version avec elle, et c'est pour ça qu'elle est revenue au Trabendo aussi, la faire. Mais en fait, la version, elle n'a rien à voir avec la version de l'album.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
c'est différent. Il n'y a pas de harp. C'est une guitare ? C'est une guitare basse.
- Speaker #0
Ok,
- Speaker #1
d'accord. Ah, d'accord. Donc douleur, d'accord.
- Speaker #2
C'est ça. Et c'est pour ça que je trouvais ça intéressant en la sortant. Et puis ça m'était... Avec les voix aussi de Rosane et Sly T, ça aussi, c'est nouveau, tu vois, parce qu'il n'y a pas de... Après, sur l'album, il n'y a pas trop de voix de... Il y a juste sur Initiation 2, Gondoroy, il y a un moment que j'ai invité une chorale, mais en réalité, il n'y a pas beaucoup de voix de chœur. Et là, d'avoir justement d'autres voix, c'est rafraîchissant. J'avais envie de garder une trace de ça.
- Speaker #1
Incroyable cette histoire quand même. Parce que oui, effectivement, j'ai forcément aussi cette vision de quand tu étais encore en train d'écrire l'EP qui est devenu l'album. Donc c'est assez fascinant. Tu parles en plus des musiciens qui t'accompagnent, des choristes. Une des choses sur lesquelles je voulais aussi échanger avec toi, c'était sur l'écriture de ton show, je trouvais. Pour ma propre appréciation, tu me posais la question en backstage à Fourvière, où tu me demandais si j'avais apprécié le show. C'était encore trop à chaud, je préférais vraiment que les énergies se retombent, avant de reparler de la chose. Mais moi, j'ai vraiment apprécié ta performance.
- Speaker #0
Ce que j'ai apprécié,
- Speaker #1
c'est l'écriture du spectacle. Et comment cette écriture-là met en avant tout ce qui est notable dans ta musique, que ce soit La harpe, bien sûr, c'est le centre, mais la voix, que ce soit toi en tant que lead ou toi en tant que directeur, que ce soit tes équipiers, tu vois. Du coup, qu'est-ce que tu peux me dire sur cette écriture du spectacle ? Comment est-ce que tu l'apprends, cette performance ?
- Speaker #2
Merci beaucoup. Et oui, je comprends de ouf parce que moi, je fonctionne aussi comme ça. Je ne peux pas débriefer des films, des pièces de théâtre, des concerts directement en sortant. Parce que ce que tu dis tout de suite à chaud, ce n'est pas ce que tu vas dire, ne serait-ce que le lendemain. Et en général, c'est quand même plus équilibré, et plus fidèle à vraiment ressentir le temps de mettre les mots sur les choses parfois. Donc je capte de ouf. Et je pense que ça a commencé... En fait, ça s'est fait vraiment petit à petit. Et moi je dis tout le temps j'ai vraiment du mal avec les setlist à savoir genre dans quel ordre il faut faire les morceaux ou même genre en soirée je vais être la personne qui met un morceau après un morceau qui a pas trop de sens mais parce que je veux trop écouter ce morceau là et dans ma tête il est trop bien mais comment je le mets dans la playlist en fait c'est pas le bon moment et du coup ça va peut-être un peu casser l'ambiance je suis un peu cette personne tu vois Et du coup, depuis le début, quand j'étais solo, je faisais beaucoup de transitions à la harpe. Les choses glissaient, c'était facile seule. Mais quand j'ai commencé à avoir des musiciens qui avaient certains morceaux, il n'y a que la harpe. Certains morceaux, il n'y a que basse batterie, harpe. Ça change comme ça. Et du coup, il faut arriver à trouver un Tetris qui fonctionne. Et en fait, on en a beaucoup parlé avec Eric, le bassiste.
- Speaker #1
Eric Segal, c'est ça.
- Speaker #2
Exactement, qui est là depuis 4 ans, et en fait il y a plein de conversations où je suis en mode... Toutes les fois je suis allée voir Eric en se disant, répète en mode, t'as quel ordre c'est les morceaux ? Et Eric il me disait, ok alors celui-là il faut qu'on le mette à cet endroit-là, parce que juste avant on se prend une patate, il faut qu'on puisse redescendre, ça dépend, est-ce que tu veux les choquer, est-ce que tu veux les calmer ? Et du coup il est très fort à ça, donc sur l'ordre des morceaux c'est une conversation que j'ai eu beaucoup avec lui, déjà. Et ensuite, une fois que cet ordre-là, on l'avait vraiment rodé, parce qu'on a beaucoup travaillé, on a fait beaucoup de concerts. On a eu l'occasion de voir aussi en fonction des circonstances. Par exemple, l'année dernière, au Nuit de Fourvière, je m'étais encore initiation arpe seule au tout début de mon set. Au Nuit de Fourvière, en première partie de MC Solar, ça n'a pas marché du tout. Mais genre pas du tout, c'est à dire je suis arrivée, les gens ils parlaient tellement fort Ah ouais Et c'était en mode after work, bière, post taf Et moi je viens faire de la half solo, enfin tout le monde s'en foutait tu vois
- Speaker #1
Comment capter l'attention quoi du coup
- Speaker #2
Exactement, et du coup cette année on a commencé plutôt avec directement l'intro sextet Ouais Bon après faut savoir que l'année dernière on était en TKO, on avait pas les choristes Donc c'était une autre, c'est une autre setlist en fait mais qui ressemble quand même pas mal au... au sextet parce que du coup j'ai réarrangé l'intro l'intro sextet pour qu'elle puisse aussi être être fonctionnelle en trio c'est différent mais ça garde la même fonction d'ouverture tu vois de spectacles entre guillemets Et voilà et en gros ce qui s'est passé c'est que pour la boule noire je me suis dit j'ai vraiment envie de parce que tu vois l'intro qu'il y a dans l'album Je voulais trop le mettre en... comment dire... Je voulais trop en faire quelque chose, ça faisait un peu petite idée fin de carnet, bord de page, tu vois. Dans comment je l'ai posé genre dans l'album. Et je me suis dit je vais en faire une version où je veux que ce soit un peu à l'américaine et tout. Ça envoie de ouf. et pouvoir arriver dans ça et que ça pose quelque chose. Mais je veux quand même garder un peu le côté intimiste où j'arrive quand même avec ma harpe avant, je fais quand même un morceau tout en douceur, après je quitte le plateau et là bam, t'as l'échoriste qui envoie Bénère et une tournoubaine d'un coup. Et du coup j'ai écrit une base de ça, genre l'échoriste fait ça, ensuite il y a ça comme un mot, ensuite silence, ensuite là après...
- Speaker #1
Exact, exact. Non mais en tout cas, ça je te l'ai vraiment vraiment envoyé. Certainement on serait toujours très critiques et c'est le rôle de collaborateurs. Donc c'est une bonne chose et puis c'est bien d'avoir des conseils venant d'une section rythmique tu vois. Eric Sega du coup c'est le bassiste donc c'est hyper pertinent tu vois. Donc c'est top. En tout cas,
- Speaker #2
c'est assez... Bah même là, sur l'extriture de cette partie-là, genre le basse-battre, ils étaient aussi ultra nécessaires. Ouais, c'est clair. Parce que pour moi, c'est encore nouveau, tu vois, de bosser avec un basse-battre. Donc je leur propose des choses. Parfois, ça ne fonctionne pas du tout, tu vois. Et c'est Flo, le batteur qui était à la boule noire et qui a fait aussi le trabendo, qui m'a dit « Mais en fait, on fait ça, tu n'es pas sur le plateau, Sophie. Tu cries, on t'entend crier, on ne te voit pas. » Maintenant on le fait un peu différemment, c'est-à-dire que je rentre d'abord sur scène. Ça, c'est un truc dont on avait reparlé avec Martin Dust en mise en scène. Il m'a dit « Rentre d'abord sur scène dans un silence de mort et là, tu fais ton cri. » Du coup, on l'a changé un petit peu. On le fait comme ça en ce moment. Mais ouais, c'est plein d'échanges. Voilà.
- Speaker #1
All right. Je reparlerai un petit peu de ton équipe parce que vous avez une super complicité. C'est ça qui m'avait agréablement surpris. Par exemple, tu vois, je… Je connais très bien Jafet et il est toujours sourire, donc il donne une bonne énergie. Mais ici, ce n'est pas que Jafet, soit Eric ou que ce soit Rosane et Stati et David. Ça donne l'impression que même si vous ne jouez pas très souvent ensemble, vous avez quand même une bonne compréhension, une bonne complicité ensemble. Et je ne sais pas comment est-ce que la magie s'opère, comment est-ce que vous se faites la rencontre, le fait d'avoir des références culturelles en commun, que ce soit musical ou que ce soit par rapport aux îles aussi, parce que tu joues beaucoup avec des personnes qui viennent aussi de la Guadeloupe. Je ne sais pas s'il y a une compréhension qui se fait aussi naturellement. Comment est-ce qu'en tout cas vous entretenez cette complicité ensemble ?
- Speaker #2
En tout cas, il y a un truc qui est sûr, c'est que ce n'est pas de la magie. C'est quelque chose qui est hyper intentionnel et qui est structuré dans nos temps de travail. Ce truc-là, moi j'en ai besoin pour quand on fait le rappel et qu'on chante a cappella tous les six ensemble. On y survient devant 4000 personnes, on a besoin de sentir qu'on est... Qu'on est soudés, tu vois, et qu'on est ensemble, qu'on va se porter, etc. Et du coup ça passe par un taf qui à certains endroits est aussi extra-musical et qui permet en fait qu'il y ait à la fois cette unité qui du coup se ressent sur scène mais que déjà même nous pour nous on puisse ressentir ça en dehors de scène quand on arrive quelque part. Parce qu'en fait cet été là on va être, et on a déjà été pas mal hein, dans des villes différentes, t'arrives, tu connais pas les gens. C'est Gérard qui t'accueille. Gérard peut-être, il a une dent contre toi parce que t'as un utérus. C'est vrai. Tu vois, tu sens que...
- Speaker #1
C'est réel. Ouais, c'est réel.
- Speaker #2
Donc, comment est-ce que tu vois, genre, ces attaques-là de l'extérieur, elles ne nous...
- Speaker #1
Comment ça se prend ?
- Speaker #2
J'ai quoi ? Ouais, exactement. Et collectivement. En fonction des personnes, ça touche plus ou moins. Je sais que moi, ça m'impacte beaucoup. Et du coup, j'essayais de faire un travail pour ne pas amener chez moi les choses difficiles que j'entends quand il y a en date. Et je pense que j'avais aussi besoin, parce que je me sentais très seule ces derniers mois par rapport à ces questions-là. Et je n'arrivais pas très bien à comprendre pourquoi. Je me focalisais un peu, j'étais un peu en mode, Sophie, qu'est-ce que t'as ? Les gens, tu les as rassemblés toi-même, ils ne se connaissaient pas. Pourquoi est-ce que tu as ce sentiment de solitude ? C'est quand on progresse un peu, tu vois. Et en fait, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a quelques jours, quand on est rentrés du Canada, on se tapait une déterre de ouf. On est descendus de l'avion à 8h. Ça, on était à la Dynamo, c'est l'espace où on répète habituellement. Et on a pris une douche et on a fait des douches à la Dynamo. Ne vous inquiétez pas. Et là, il y a Marie Da Silva qui est arrivée. Je ne sais pas si tu vois, Marida Silva, c'est une femme incroyable, hyper inspirante, qui a écrit un bouquin qui s'appelle Survivre au taf. J'ai dit à mes icos, préparation à la tournée, je vous demande tous de lire Survivre au taf. Ok. C'est important et tout, et on a eu des conversations justement là-dessus, mais le mieux, c'était quand même de la rencontrer, et en fait, la seule date qui était dispo, c'était celle-là. Et quand elle est arrivée, elle nous a fait faire un jeu qui est hyper intéressant, elle nous a mis dans le hall de la salle. Elle nous a mis en ligne. Elle nous a posé des questions par rapport à des... Enfin, un exercice, disons. Par rapport à des situations de discrimination qu'on aurait vécues ou non. Que ce soit sur des trucs de racisme, d'homophobie, de validisme, de sexisme. Voilà, c'est ça. Elle sait ce qu'elle fait, c'est son métier. Elle l'a fait beaucoup dans le milieu de l'entreprise. Donc des situations de harcèlement, de licenciements abusifs, des trucs comme ça. ou même juste des gens qui passent des entretiens, qui ont besoin d'être préparés psychologiquement. Des choses de pas prendre. Exactement. Tous ces trucs-là. Et du coup, quand elle est venue intervenir dans notre contexte, elle nous a mis face à... C'était quoi ce groupe en fait ? Parce qu'on s'est retrouvés avec toutes les personnes qui avaient la peau foncée in the back, et genre tous les gens qui avaient la peau tière loin là-bas. Tu vois ce que je veux dire ? Et c'est hyper intéressant parce que ça a révélé des choses aussi de dynamique de groupe, dont on a pu parler dans ce cadre-là, dont je pense personnellement qu'on n'aurait jamais pu parler si on n'avait pas eu quelqu'un qui était venu faciliter ce temps de travail-là. Et le lendemain, on a fait un débrief juste entre nous avant de se mettre à répéter le sextet. Et il y a deux membres du groupe qui ont dit, c'est ouf parce qu'en faisant cet atelier, sans même que cette personne et moi en ayons parlé, on s'est senti tout de suite plus proches, plus complices. Parce qu'en fait, il y a plein de choses que j'ai compris d'où vient cette personne, de comment est-ce qu'elle se situe dans la vie. On a mis en place un code de quand on n'est pas bien avec quelqu'un dans un lieu, soit il y a quelqu'un qui nous colle, parce que c'est des choses qui arrivent. Il y a quelqu'un qui nous colle, il y a quelqu'un qui nous pressurise, qui nous met mal. On a un code, il n'y a que nous, on sait. Tu vois ce que je veux dire ? C'est fort, ouais. Et ça aussi, ça crée une complicité. Ce code-là, quand il y a quelqu'un qui dit ça, c'est tout de suite, tu agis. Il n'y a pas de « je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire » . Il y a forcément quelqu'un qui intervient et qui va retirer la personne de ton espace. Peu importe, on n'a pas le temps de se justifier, on n'a pas… exactement. Et ça, ça crée aussi, tu vois, une complicité. Pour moi, c'est important de ne se faire... Au début du mois de juillet, avant la salve de date qu'on allait faire, pour que quand on arrive, on est préparé, et qu'en fait, on garde l'énergie, le peu d'énergie qui nous reste, pour la mettre dans la musique, justement. Là où ça peut donner l'impression qu'on perd un peu du temps, qu'on passe moins de temps à répéter, et plus de temps à faire certaines petites réunions comme ça. En fait, c'est un investissement.
- Speaker #1
Ça conditionne après votre esprit, votre énergie. et te permettre en parallèle avec les autres exercices. Tu vois, c'est hyper intéressant ce que tu me partages parce que je pensais que tu allais me parler plutôt d'autres exercices. Je te dis ça parce que j'ai eu un échange avec Isabelle Loup pendant du coup le festival au Nuit de Fourvière et m'expliquer un autre conditionnement pour faciliter la dynamique de groupe aussi qui est du coup le circle song. Absolument. On a fait le circle song,
- Speaker #3
on travaille aussi un peu la technique.
- Speaker #2
On travaille sur... sur le sous,
- Speaker #3
sur la résonance, en faisant du twang, sur la sous-glaise de la voix, en faisant du yodel. Voilà. Et tout à l'heure, c'était très génial, parce qu'on a fait ça sur le cycle sang, et c'était vraiment trop chouette. Donc, on a travaillé sur le soutien, l'ouverture des côtes,
- Speaker #2
tu vois, sur...
- Speaker #1
Ok. Ah ouais, vraiment. Ouais, ouais. Physique, physique, quoi. Ouais.
- Speaker #3
C'est juste... C'est ce que m'a dit Slytip. Elle m'a dit, mais en fait, il suffit de prendre conscience. on le fait déjà ? mais tu viens de mettre des mots sur un truc qu'on fait tout seul, mais on ne sait pas ce qui se passe. Donc, tu leur expliques comment fonctionnent les corps, comment les côtes soudent, les tendances de saut sur les côtés, comment ça élargit la cage thoracique et comment ça te permet d'avoir une meilleure amplitude respiratoire.
- Speaker #1
Parce qu'il y a une musique de trance, etc. Du coup, moi, ce qui m'a fasciné aussi, c'est que malgré les difficultés de la vie de tournée, quand je te vois en balance ou quand je te vois sur scène, tu as une capacité à rentrer dans la zone et à l'occuper. En tout cas, c'est ce que ça me projette. Je ne sais pas, toi, ce qui se passe dans ta tête ?
- Speaker #2
J'essaie, à chaque fois, j'essaie.
- Speaker #1
Et c'est ce qui se projette. Du coup, elle m'a longuement parlé de comment équilibrer les énergies entre les choristes, par exemple, qui n'ont pas forcément la même énergie. David, Slaty et Rosane, comment les aligner ensemble, comment créer de la confiance entre tout le monde aussi, pour bien sûr protéger l'extérieur, mais aussi protéger l'intérieur. Du coup, est-ce que tu peux me parler ? Absolument. l'intérêt des circonstances pour toi et le groupe ?
- Speaker #2
À un moment juste, tu as dit protéger de l'extérieur et protéger de l'intérieur. Justement, dans cette conversation, dans cette première partie de journée, le premier, en fait, on a abordé ces sujets-là, sachant que ces choses-là, ces agressions, elles peuvent aussi intervenir à l'intérieur du groupe. Ce n'est pas en mode... On est les victimes.
- Speaker #1
C'est du management aussi.
- Speaker #2
On répète aussi le système dans lequel on a été façonné. Et ça, c'est important d'en être conscient et d'être responsable aussi. Bien sûr. Et justement, on a fait la matinée avec Marie et l'après-midi avec Isabelle. Et c'est là qu'on a retravaillé les circles songs. Sachant que... Moi, je fais des Circleson depuis longtemps, j'aime beaucoup ça. Mais c'est hyper intéressant de ne pas être soit en train de, entre guillemets, de diriger la séance, d'avoir une autre personne, une autre énergie. Parce que je me rendais compte que c'était frustrant pour moi d'être dans ce rôle-là parce que ça me plaçait à un endroit de pédagogie avec mon groupe. Alors que je trouve que cet endroit de pédagogie, il demande beaucoup de rondeur. beaucoup d'écoute, d'empathie, de bienveillance, etc. Et ce n'est pas que je ne veux pas aller dans cette direction-là, mais c'est que moi, j'ai aussi besoin d'être dans un endroit d'exigence.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #2
Et du coup, ça me mettait un peu une sorte de double casquette sur la tête. Et en vrai, ça me surchargeait le cerveau, tu vois, de fonctions différentes. Ouais, c'est ça. Ça surcharge, oui. Et du coup... Là, quand il y avait Isabelle, moi, ça me permettait d'être aussi en horizontalité. On était tous les élèves d'Isabelle. Et moi aussi, je peux travailler des choses. Je n'ai pas besoin d'être dans la maîtrise. Je suis aussi là pour apprendre. Et en fait, on partage ce moment-là ensemble. Et tout le monde prend des risques. Et ça, c'est important de le faire, je trouve, régulièrement. avec Eric ça a changé complètement notre relation quand il est venu pour la première fois un stage que j'avais fait que j'avais mis dans le crowdfunding j'avais fait deux jours de stage de chant improvisation et tout ouais c'est ça et en fait il y avait cinq personnes qui avaient pris ça je me suis dit ça c'est pas beaucoup pour faire sonner du coup j'ai invité des meufs de la chorale Marie Mananga et j'en ai parlé à Eric aussi parce qu'il m'avait toujours dit qu'il aimait chanter, qu'il avait envie de développer ça mais qu'il était un peu timide et tout Entre temps, il n'est plus smith du tout. Il fait des infos voix basse à la bazaine et tout. Ce n'est pas par rapport à ça, mais il chante. Il multiplie de plus en plus les endroits où il chante. Et du coup, ça se sent de ouf. Et oui, ça change grave les relations, parce que je me sens que ces deux jours de stage, on les avait terminés déjà en pleurant. Et ensuite, on avait fait la fermeture de la salle à 18h. On s'était foutus sous un pont. et on avait chanté jusqu'à genre 21h30 avec et moi je dirais j'ai plus tu vois alors j'étais à l'initiative de cet atelier initialement et c'était trop beau de voir le truc juste voguer comme ça mais c'est vrai que c'est un rapport quand même il y a de la pédagogie de l'accompagnement et moi ça m'a fait du bien aussi de déléguer ça à Isabelle sachant qu'en plus j'aime beaucoup sa façon de formuler les choses, de mettre les choses en mots. Et juste, elle me dit, en une phrase, tu vois.
- Speaker #3
Je leur ai expliqué ce que générait le stress. Elle nous fait l'accélération du rythme, l'aspiration qui s'accélère et tout. Aussi, toutes les petites idées qui viennent, les petites voix qui nous parlent pendant qu'on chante. Et du coup, elles m'ont confirmé que pendant qu'elles chantaient, pendant qu'elles improvisaient, il n'y avait pas plus de voix qui leur disaient « Ouais, c'est nul, machin » et tout. Donc déjà, on a bossé là-dessus. C'est traversé par les petits voix, ne pas y faire attention. Notre cerveau qui fonctionne ainsi, tu vois, et que si elle se laisse traverser et qu'elle juste kiffe, ça le fait, quoi. Et donc, pour kiffer, on a fait un circle song. Je les ai fait improviser les uns après les autres. Et je leur ai demandé après comment les petites voix s'étaient manifestées pendant qu'elles... Je crois que c'est Slighty qui m'a dit ça Et elle m'a dit Mais c'est marrant parce qu'au bout d'un moment Elles se sont tues
- Speaker #1
Et j'ai juste kiffé Les petites voix justement se sont tues dans leur tête Et elles ont pu kiffer
- Speaker #3
Donc ce moment là où t'as kiffé Ça devient ta Madeleine de Proust en fait Il faut que ça devienne ton élément de visualisation Quand t'improvises, rappelle-toi ce que tu as vécu là
- Speaker #0
C'est assez admirable comment est-ce que tu continues à être dans une posture d'apprentissage et à te nourrir. Et je trouve que c'est une super mentalité que beaucoup de musiciens et musiciennes peuvent prendre pour évoluer dans leur carrière, pour évoluer dans leur projet, mais juste personnellement. Et en plus, au final, c'est quelque chose qui était là dès l'essence, cette posture d'apprentissage. Elle était là dès le début quand tu as lancé ton crowdfunding pour l'EP qui est devenu l'album. d'apprentissage de légèreté. Tu parlais déjà de tout ce qui est retour vers soi, tout ce qui est liberté de soi, etc. Et apprendre à arriver à ça, tu vois. C'est une bonne continuité en soi.
- Speaker #1
Ouais, je suis loin encore.
- Speaker #0
C'est un process. C'est initiatique. Mais en parlant en tout cas de cette genèse par rapport à l'album, euh euh J'ai longuement écouté, surtout regardé les différents sujets que tu adresses, tu vois, dedans. Il y a des phrases que tu cites aussi sur la scène, quand, par exemple, tu introduis Liv, ou tu dédicaces à ceux qui partent ou qui restent parce qu'ils n'ont pas le choix. Liv, ça ne vous arrive pas,
- Speaker #2
c'est pour survivre.
- Speaker #1
Mais sinon, je vais aussi les laisser à ceux qui restent pour vous soutenir. Vous aurez le choix. Merci à tous.
- Speaker #0
Ça c'est encore ancré dans le temps, mais dans le reste de l'album, dans ce que tu as voulu exprimer, est-ce que c'est toujours actuel pour toi aujourd'hui, sachant que peut-être que tu dois penser à vouloir créer de nouvelles choses ? Donc à quel point est-ce que c'est toujours actuel pour toi et ce que ça veut dire encore pour toi aujourd'hui, ce projet qui est à la base très cathartique ?
- Speaker #1
Eh mais je crois qu'on m'a jamais posé cette question Marcus !
- Speaker #0
Sérieux ?
- Speaker #1
Je te promets ! Même moi je suis choquée ! Mais même moi je me suis... Bah t'sais évidemment faut que je pose la question, mais je me laisse pas formuler comme ça tu vois. Je pense que y'a un moment où je me suis sentie un peu une sorte de satisfaction à rechanter ces morceaux sur scène et à pas subir le poids de ce que ça voulait dire pour moi, premier degré au moment où je les ai écrits. J'ai eu l'impression d'avoir gagné un peu contre moi-même, d'avoir un peu passé l'étape d'après. Du coup, je pouvais juste kiffer que j'avais réussi à m'exprimer pour moi-même, à dire quelque chose qui me semblait être proche de comment je me sentais à un moment donné. Mais en fait, je n'étais plus là. Et ça voulait dire du bien pour moi, tu vois,
- Speaker #0
c'était positif.
- Speaker #1
À un moment, j'ai grave ressenti ça. Et après... Je suis partie en Guadeloupe.
- Speaker #0
On y revient, on rasse.
- Speaker #1
On y revient.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui se passe en Guadeloupe ?
- Speaker #1
Je ne peux même pas te dire. Je ne peux même pas te dire. Je suis partie en Guadeloupe et j'ai eu l'impression de rentrer dans le ventre de ma mère. J'ai eu l'impression que tous les trucs... Tu as des moments de la vie comme ça. Tu vas chez le psy. Tu essaies de te motiver. Tu sais ce que je veux dire ? Les choses, elles évoluent. Tu te dis, bon, lentement, mais sûrement. Et puis, de temps en temps, les jours sont beaux, comme ça, comme par hasard. Et ensuite, il se passe un événement et tu as l'impression que tu reviens des années en arrière et qu'en fait, il ne s'est rien passé. Il n'y a pas eu de travail, il n'y a pas eu d'avancée, rien du tout. Tu redeviens, tu vois l'enfant. Voilà. Et je pense que c'est ça qui s'est passé. Et du coup, quand je suis rentrée, ça m'a permis aussi de me rendre compte que les choses sur lesquelles je travaillais à ce moment-là, Oui. En fait, que les racines,
- Speaker #0
c'était plus profond que ce que je pensais. C'est incroyable. Mais c'est hyper intéressant parce que tu vas être choqué de comment est-ce que je comptais conclure l'interview. On a encore dix minutes. Mais j'avais choisi, en fait, à la base, j'aime bien commencer les interviews par un poème. Mais là, je vais terminer par un poème. Et je n'ai pas choisi n'importe lequel. Et plus la conversation avance, et plus je me rends compte que ça coïncide bien, finalement, avec ton évolution. Je laisse le suspense peser.
- Speaker #1
J'adore le suspense.
- Speaker #0
Mais juste pour revenir sur la phase Guadeloupe, je voulais justement y venir parce que j'ai vu dans une interview que tu voulais, dans tes prochaines créations, incorporer davantage, embrasser davantage tes influences, ta culture guadeloupinienne. dans la musique, dans l'antisonorité. Et j'ai regardé un bout de ton concert sur Arte, avec le TSF Jazz, et ton batteur, du coup, tu jouais pour la première fois avec Arnaud Dolmen, qui est européen, et sur lequel tu as fait un featuring dans ton projet Poets of Forest, et c'était le morceau, ça a eu Whispers, quelque chose ? C'était comment dire ?
- Speaker #1
On en a fait plusieurs, il y a eu... C'est quoi Whispers ? Sweet Canopy, Secret Whispers et un autre, je ne sais plus du monde, parce que les titres les ont changés.
- Speaker #0
Est-ce que cette collaboration, tu me parles du fait que ton voyage en Gold Loop a déclenché beaucoup de choses, il voulait savoir si cette collaboration avec ce batteur goldoopéen dans son album participe à cette réflexion, à cette évolution-là ?
- Speaker #1
Oui et non. Tout est un peu lié. Je suis à cette étape. J'ai l'impression d'être retournée en 2018. Ma consultation s'est sortie en 2024. Et en 2018, j'avais la même confusion dans la tête que j'ai aujourd'hui. Avec le temps, les choses se sont « clarifiées » . Je suis rentrée dans un travail et ça m'a aidée à être plus au clair sur où j'en suis, ce que je veux, pourquoi je fais les choses. Il y a quand même des choses qui se sont, tu vois, décomptées. Et en fait, là, j'ai l'impression de revenir au début de la boucle. Et du coup, il y a plein de questions où j'ai du mal à y répondre parce que j'ai juste l'impression d'être dans un magma qui est un peu incohérent.
- Speaker #0
Ah,
- Speaker #1
d'accord. Et où, tu vois, j'ai du mal à prendre des décisions simples dans ma vie, tu vois.
- Speaker #0
Ouais, je...
- Speaker #1
Tu sais, je suis vraiment dans un truc... Ouais, un petit peu. Et je me rends compte, en fait, que j'ai mis trop mes oeufs, genre... Pas trop, parce que les choses, elles sont faites et puis il ne faut pas les regretter, tu vois. Mais j'ai grave mis mes œufs dans ce projet. J'ai mis tous mes œufs dans l'initiation parce que c'était ce qui me restait, tu vois. C'était un petit quelque chose d'échappatoire et en même temps de rentrer en intériorité et tout. Ça me parlait de faire ça, tu vois. J'étais bien dedans. et aujourd'hui J'essaye de trouver comment est-ce que je vais continuer à faire de la musique parce qu'on a aussi découvert... Quand je faisais Initiation, je ne savais pas c'était quoi, tu vois, trop l'industrie, enfin même encore aujourd'hui, tu vois. Mais là, on a eu des conversations avec des partenaires professionnels. Parfois, tu as une conversation avec un partenaire professionnel, tu termines le visio et puis tu as envie d'aller te pendre chez toi,
- Speaker #0
tu vois. Ah oui, ok. Et...
- Speaker #1
Et du coup, ça fait un peu une crise de sens, tu vois. Mais est-ce que du coup, je suis vraiment pour ce milieu-là ? Est-ce que c'est là que je vais faire, tu vois, continuer ma vie ? J'étais là en mode, est-ce que je deviens prof de badisute ? Ah oui, d'accord. Est-ce que je deviens masseuse ? Est-ce que je deviens restaurante ?
- Speaker #0
Tu en es déjà à la question de la reconversion ?
- Speaker #1
En fait, j'aime bien l'avoir parce que ça me... Déjà, ça me fait marrer, tu vois. OK. Ça me soulage. Je me dis, mais Sophie, tu vois. pourras continuer à vivre et travailler. Bien sûr. Personne ne te force à faire de la musique, tu vois. Détends-toi.
- Speaker #0
Déjà.
- Speaker #1
J'aime bien avoir ça en tête, tu vois, pour un peu la soupape. Mais oui, ça pose un peu des questions. Et en fait, ça crée aussi des interférences dans la création. Genre,
- Speaker #2
je ne sais pas,
- Speaker #1
à un moment, on parlait de l'édition et je demandais à Inès, du coup, qui est au management. Est-ce que l'éditeur, il peut dire, non, ce morceau-là, on ne peut pas l'éditer ? Elle m'a dit, bah oui, carrément, tu vois. Donc moi, je suis là, je viens avec genre un organe de mon corps et la personne va me dire, ça m'a... Cette impression de devoir, à certains moments, être dans une dépendance avec ce genre d'interlocuteur, à certains moments... pour pouvoir continuer à faire quelque chose qui a du sens. Pour pouvoir continuer à faire quelque chose qui a du sens, pour moi, je veux aller dans une direction peut-être de quelque chose qui n'a pas de sens. C'est une question à laquelle, pour l'instant, je n'ai pas encore répondu.
- Speaker #0
Et du coup,
- Speaker #1
je ne suis pas sûre.
- Speaker #0
C'est un intérêt que je me demandais parce que finalement, pour un premier projet, la croissance est assez exponentielle, elle est assez forte. Je ne sais pas si tu t'y attendais ou si tu avais déjà cette ambition-là avec Inès quand vous avez fait le crowdfunding à l'époque. Et c'est beau, on est super fiers de toi quand on t'associe avec les Prix Joséphine ou avec les Victoires du Jazz, etc. C'était des choses, toi, que tu ambitionnais, que tu voulais atteindre ? Je ne sais pas,
- Speaker #1
je n'arrive pas trop à me remettre dans le mindset dans lequel j'étais. Je ne sais pas, c'est très étrange. C'est un double truc où il y a des moments où j'étais... Je ne sais pas comment expliquer, c'est un mélange de... C'est un mélange de plein de choses. Je comprends. Mais tu vois, juste pour répondre à ta question d'avant, où là je commence à avoir des trucs qui montent, il y a d'un côté cette envie, puisque du coup j'ai récupéré un tambourka, et j'aimerais bien apprendre un petit peu,
- Speaker #0
tu vois. Ok.
- Speaker #1
La tradition et tout. Mais en même temps, j'ai aussi découvert... Enfin, on a vu, on a entendu parler un petit peu au conservatoire, mais on n'avait pas fait beaucoup. J'ai vu toutes les techniques de harpe irlandaise, celtique,
- Speaker #0
etc. Ok, yes.
- Speaker #1
Et du coup, là, on chantille. Le jour où on a fait la vidéo d'Arte, il y a un artiste qui est venu me voir, qui fait de la harpe bretonne. Et on s'est maquillées et tout. Elle m'envoie des trucs à écouter et tout. Et j'ai le moindre de m'envoyer des partitions, tout ça. J'ai envie de faire de la musique, tu vois. Oui,
- Speaker #0
j'ai envie de faire de la musique.
- Speaker #1
Et puis, il y a des trucs autour. Genre, là, je suis trop contente de faire l'interview avec toi. Parce qu'en vrai, il y a des interviews comme elles ont été lourdes.
- Speaker #0
Ce n'est pas facile. Il faut avoir un discours pour comprendre où le journaliste veut aller. Parfois, c'est...
- Speaker #1
Faire ce que tu veux, la personne refuse ta parole. La personne, elle te fait dire ce qu'elle, elle veut.
- Speaker #0
Ah oui, d'accord.
- Speaker #1
Genre, moi, j'ai eu un échange une fois avec un monsieur qui m'a dit... Non, d'ailleurs, j'ai dit que je racontais plus d'anecdotes. Parce que les anecdotes, ça me met dans la rumination.
- Speaker #0
Oui, c'est bien. Ah, bien, bien. C'est un bon réflexe. Ça, c'est un bon réflexe d'autodéfense. C'est un autre contexte, pour le coup. Mais c'est bien, se protéger comme ça.
- Speaker #1
Non mais c'est important, de l'intérieur aussi.
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Mais il faut aller vers...
- Speaker #1
Pardon, vas-y.
- Speaker #0
Non, je veux dire, je suis juste content que tu sois à l'aise à faire l'interview avec moi, parce que c'est un plaisir partagé. Et je sais que ce n'est pas forcément un exercice qui est simple, surtout quand il y a plein d'autres choses à côté. Et là, le temps va nous manquer, donc je vais bientôt devoir conclure, mais il y a tellement de choses avec lesquelles je voulais partager sur la différence entre être un touring artiste et un recording artiste, tu vois. Et je vois que ça te manque, du coup, d'être... à nouveau comme tu pouvais être peut-être au conservatoire, à créer, challenger la création, faire des choses avec... Alors, je parle de l'époque, pas du rythme du conservatoire, l'époque où tu pouvais juste réfléchir à faire de la musique pour la musique et pas forcément le côté management et le côté commercialisation, etc. Mais bon, ça sera dans un autre chapitre. Sache qu'en tout cas, je suis très fier de toi. Je serai très heureux pour toi. Je pense que c'est, même si ce n'était pas des choses auxquelles je m'imaginais dès le début, c'est des choses qui sont, pour moi, à mon sens, méritées d'avoir ce niveau de reconnaissance-là. Et je pense qu'il y a une vraie profondeur derrière. Ce n'est pas juste pour la musique, c'est aussi pour tout. Ce que j'ai beaucoup aimé avec ton groupe, avec les choristes, etc., c'est que vous avez aussi un mindset orienté vers cette culture que vous chantez. Et donc j'apprécie beaucoup ça. Le poème. La fonction de la musique. La fonction de la musique, c'est ça. Le poème que je voulais te partager, c'est un poème qui vient d'un album d'une de mes chanteuses préférées, qui a fait une collaboration avec une artiste, je crois que tu as rencontré quand tu étais aux Etats-Unis.
- Speaker #1
Oh non, c'est un poème d'Ajamone ? Allez,
- Speaker #0
voilà. J'ai failli le dire tout à l'heure,
- Speaker #1
je me suis dit non, retiens-toi, c'est pas ça. Ce que je sais... Alors, je vais essayer de deviner.
- Speaker #0
Vas-y.
- Speaker #1
J'ai deux options. Ouais. Soit c'est un en trois.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Why My Love.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Mais je pense que t'aurais pas choisi celui-là parce que c'est le premier.
- Speaker #0
Non, non. De l'album. C'est pas celui-là.
- Speaker #1
Soit c'est For The Kids.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Parce que celui-là, il est nécessaire et heartbreaking. Soit c'est Hurt.
- Speaker #0
OK, ben, il y en a d'autres. J'ai hésité de prendre un poème de cet album-là, pardon. J'ai hésité à prendre I Am, par exemple. ou Black Joy. Mais je suis allé plus loin que ça. Je suis allé dans la bande d'Erin Allen-Kane. Tu vois qui c'est ? Erin Allen-Kane. Deux noms. Deux noms ?
- Speaker #1
C'est une... J'ai écouté une fois.
- Speaker #0
C'est une tempus soliste. Elle fait aussi des choeurs dans beaucoup de projets hip-hop. Elle a fait la direction vocale dans les albums de rappeurs comme... Killer Mike ou Big Chan, etc. Et elle a un album solo qui s'appelle A Tree Planted By Water. Et en fait, c'est un album où à chaque fois, il y a une chanson, et à chaque fois, il y a Aja Monette qui fait une intervention, un spoken word, tu vois. Et là, elle a un projet du concept d'album et le poème s'appelle Deeply Rooted.
- Speaker #3
C'est pour ça que... Je ne sais pas si tu peux entendre le son ou pas. Loyal only to raspy resurrecting remnants of cigarette smoke soaring. Low lit, dim dirty dancing. Juke joint type jazz. Dive like ain't you no better mind your business. Until everybody's business is your mind. Pay attention. We're connected like a good chorus. Can't remember the words ? Mumble like you know. At the very least.
- Speaker #0
Love your voice more than you fear and be free. C'était un poème qui me faisait pas mal penser du coup à l'ensemble de ton œuvre, ta démarche, ta grand-berge. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #1
Waouh ! Alors moi, je suis mauvaise pour faire de la... C'est pas sur ça qu'on s'associe. Je n'ai pas l'habitude et j'ai tout de suite une panique quand il faut analyser un poème.
- Speaker #0
Ah, mais pas d'analyse !
- Speaker #1
C'est vrai qu'il me fait très peur. Je trouve ça agréable à entendre. Je trouve que ça glisse bien en bouche. J'aime beaucoup... Incroyable, Finchland, incroyable.
- Speaker #0
Et ça me faisait penser aussi... C'est ça.
- Speaker #1
C'est ça,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
J'aime beaucoup la couverture de cet album. Je l'ai enregistrée, je vais l'écouter. C'est beau.
- Speaker #0
Je me disais que ça pourrait te faire du bien vu les épéphéniques que tu as et vu les racines que tu cultives aussi. Donc voilà, je te laisse l'écouter. Et je t'en remercie. Je t'en remercie Sophie. Merci aussi pour la dédicace. On est tous pour hier. Ça m'a beaucoup touché. Avec Anne-Sophie, on s'est regardé, on s'est dit « Waouh ! » Bon concert. Tu joues ce soir ou tu joues demain ? Je joue ce soir. Tu joues ce soir, ok. Avec qui ?
- Speaker #1
Le Sextet.
- Speaker #0
Le Sextet, ok. Et bien, à bientôt. Bonjour à tout le monde, au Sextet, et merci encore. Est-ce que tu veux en donner un mot de la fin ? En fait,
- Speaker #1
j'ai envie de partager, j'ai envie de recommander un morceau.
- Speaker #0
Je t'écoute.
- Speaker #1
En fait, c'est un album, alors ouais, j'ai envie de parler de cet album, enfin, je vais en parler une minute, mais c'est un gars qui s'appelle Ryan
- Speaker #0
Bitty. Ryan Bitty.
- Speaker #1
B-E-A-T-Y. OK. Et ce gars-là a fait un album qui s'appelle Calico. Ça s'écrit comme ça s'entend. C-A-L-I-C-O. Et c'est magnifique. J'écoute ça tous les matins depuis bientôt six mois.
- Speaker #0
J'aime bien sa pochette.
- Speaker #1
Ouais. C'est de la soul top avec des désharmonies vocales. C'est trop, trop doux. J'ai eu un crush sur White Teeth au début et puis après j'ai tout écouté. Et franchement, c'est trop, trop beau.
- Speaker #0
Je pense que ça va. Je vais checker ça avec Cinnamon Blade et puis le reste.
- Speaker #1
Exactement. Les textes sont magnifiques, je pense que ça va te plaire. Tu me diras ce que tu en penses.
- Speaker #0
Ah, ben là, tu parles à mon cœur, là, si tu parles à mon cœur.