Speaker #0Surprises interculturelles Intercultural surprises Surprises interculturelles Surprises interculturelles Bonjour et bienvenue dans Surprises interculturelles, le podcast qui vous fait voyager et mieux comprendre les cultures du monde. Je suis Charlotte Courtois, conférencière en diversité culturelle et fondatrice de l'ONG Konstelacio. Je vous propose de vous raconter des histoires et anecdotes de voyages où j'ai été surprise par des réactions ou des coutumes d'ici et d'ailleurs. Le but ? Découvrir ensemble ce qui est à la base de ces surprises pour savoir comment décoder, comment réagir et comment anticiper tout ça. Allez, je vous laisse découvrir l'épisode du jour. Bonne écoute ! L'anecdote que je vais vous raconter aujourd'hui se passe en Tunisie où j'ai développé un hobby un peu particulier. Bon, je vais pas vous rechanter les louanges de mon pays de coeur, à force vous allez finir par vous lasser du podcast. Ou alors peut-être que vous allez prendre un billet d'avion pour déménager là-bas en fait. Pour ceux qui n'ont pas encore entendu mes lettres d'amour à la Tunisie, je vous mets les liens en description du podcast. Et puis bon, je vous explique un peu quand même. J'ai une relation particulière avec la Tunisie. J'appellerais ça une relation d'évidence. Un coup de foudre que j'ai jamais eu ailleurs. C'est pas faute d'adorer l'Australie, d'aimer la Colombie d'amour, mais la Tunisie, c'est autre chose. J'en ai entendu parler toute mon enfance. Il faut dire que mes parents y ont habité pendant deux ans avant ma naissance, que ma maman est tombée enceinte de moi là-bas, mais que je suis née en France. Pour tout vous dire, je devais même avoir un prénom arabe. Et même si je m'appelle finalement Charlotte, mes amis tunisiens m'appellent tous Alia. Mon enfance a été bercée par les photos de Tunisie, les histoires de mes parents qui se sont retrouvés coincés en voiture au milieu d'un Oued, de la douceur des îles Karkena, de la plongée à Tabarka, du fameux chameau du Saf Saf à la Marsa, du thé aux pignons au café des Nath à Sidibou, et l'odeur du jasmin qu'ils tenaient dans ses mains. Non, c'est pas ça. En 2006, mes parents nous ont emmenés en Tunisie, mon frère, mes soeurs et moi. Un 4x4, tous les 6, pendant 10 jours, pour faire le tour du pays et de toutes ses merveilles. De Sidi Bou Saïd au Sahara, de Kerkennah au Cap-Bon. Et là, il s'est passé un truc. Un truc qui ne m'est jamais arrivé ailleurs. Une évidence. C'était comme si je rentrais chez moi en fait. Je me souviens à l'aéroport le jour du retour, je passais la douane en pleurs comme si je quittais mon pays. Je me souviendrai toujours de ce douanier qui m'a regardé. Pas de question, pas de jugement, juste cette petite phrase. "Mais vous inquiétez pas. Vous allez revenir." Et comme il avait raison. Je suis revenue de nombreuses fois. J'y ai même habité. Bref, la Tunisie est aujourd'hui tatouée sur ma peau et dans mon cœur. Zut, j'avais dit que j'arrêtais avec les déclarations d'amour à la Tunisie. Bon, bah, loupé. Alors ce dont je vais vous parler, c'est de quelque chose de très connu. Le fameux marchandage. Je suis fana des souks de Tunis. Prenez-moi dans vos bagages quand vous irez en Tunisie. Promis, je vous fais une visite guidée. Allez. J'en profite pour faire une petite dédicace à mes bijoutiers préférés dans le monde entier, la famille Mnouchi. La toute première fois où nous sommes donc allés en Tunisie en famille, j'ai découvert ébahie, l'art du marchandage que pratiquaient mes parents, et particulièrement ma maman. Combien de personnes se plaignent de devoir marchander dans les souks ? C'est de l'arnaque aux touristes, disent-ils, c'est inadmissible, et puis c'est long. Eh ben moi, je suis comme ma maman, j'adore marchander. C'est un de mes hobbies préférés. J'ai même une technique bien ficelée. Je vais toujours dans les souks le matin. Alors pas forcément parce que c'est plus facile d'avoir un bon prix le matin, mais surtout parce que dire bonjour le matin en Tunisie, c'est beaucoup plus difficile que dire bonjour l'après-midi. L'après-midi, on se contente de dire Aslem, fastoche, à peu près accessible à tout le monde. Alors que le matin, on dit Sabah al-Khir. Et ça, c'est beaucoup moins facile. Et mon petit jeu avec les langues, c'est de jouer avec la prononciation. Alors quand j'arrive dans les souks le matin, Je lance un sbarrir. Ça, déjà, ça fait passer le message que je ne suis pas une touriste. Ensuite, je demande kadèche, combien ? Si j'ai de la chance, le commerçant me donne le prix en français. Alors là, je peux répondre ouf, barcha, c'est beaucoup ou c'est trop. Et s'il me répond en arabe, alors là, je lâche le morceau et je dis que je suis Française. Mais que j'habite là, que je connais les prix. D'ailleurs, le truc à savoir, je me renseigne. toujours auprès d'une Tunisienne pour connaître le vrai prix avant d'aller dans les souks. Et puis en général, on discute de ce que je fais en Tunisie. Et puis, je demande au vendeur d'où il vient. Si je suis allée là-bas, je raconte une anecdote. Et puis, on revient au prix. Et on repapote. Et alors, mon astuce ultime, c'est une expression très typique qui fait beaucoup rire les Tunisiens. Je me souviens avoir fait exactement ce que je viens de vous décrire avec un vendeur de fouta. Vous savez, les serviettes en coton qui sont tellement à la mode en ce moment. Et je négocie, Et le monsieur me dit Oh, vous êtes dur en affaires ! Et là, je le regarde et je lui dis Enatayara c'est-à-dire littéralement Je suis un avion et qui signifie en arabe tunisien Je suis une flèche, je suis maligne Et là, le monsieur éclate de rire et me donne le prix que je lui demande. Petite victoire. Alors, je voulais vous en parler parce que je pense que le marchandage, ça en dit long sur la mentalité tunisienne. Mais pas comme on le pense habituellement. À mes yeux, la plupart du temps... Ça ne veut pas dire le Tunisien est un arnaqueur, il se moque de moi, il veut m'emmobiner. Bien sûr, ça dépend de la personne qu'on a en face. Mais je pense que c'est vraiment, vraiment important de mettre ceci sur la table, de l'annoncer clairement. Marchander, c'est accorder aux vendeurs du temps, de l'énergie, de l'intérêt. C'est faire l'effort de créer une connexion. Et ce temps, cette énergie, ils ont une valeur. Si ça vous agace vraiment de faire cet effort, en fait, il n'y a pas de problème. Vous pouvez toujours aller dans une chaîne de magasins où les prix sont fixes. ou alors payer le prix fort. Mais si vous jouez le jeu, non seulement vous paierez moins cher, mais en plus vous découvrirez la culture locale que les Tunisiens partagent toujours avec une grande générosité et une jolie fierté, scène qui va droit au cœur. À mes yeux, le temps et l'énergie que j'investis à faire la discussion, à jouer au chat et à la souris, à changer de sujet pour ensuite revenir sur mon marchandage, souvent autour d'un petit thé à la menthe offert par le vendeur, ça vaut tout l'or du monde. Je ne le dirai jamais assez. Prenez le temps, jouez le jeu, amusez-vous de ces différences. Et si vous n'avez pas le temps, pas l'énergie ou pas l'envie, comme je le disais, il y a toujours l'option des magasins classiques ou de payer le prix annoncé par le vendeur. Comme dit mon papa, c'est toi qui choises ! Et vous, c'est quoi votre expérience du marchandage ? Vous êtes plutôt doué ou vous avez la flemme ? Venez me raconter vos anecdotes sur Insta ou sur LinkedIn. Allez, après ce petit tour dans les souks avec la douce odeur de l'ambre grise et du jasmin, je vous donne rendez-vous jeudi pour un super numéro hors série qui va vous emmener au Japon. J'ai hâte ! Et dans deux semaines, je vous raconterai une nouvelle anecdote qui m'est arrivée en Colombie. A très vite ! Merci d'avoir écouté cet épisode. Si vous ne voulez pas rater les prochains, pensez à vous abonner. Et si vous voulez me soutenir, laissez-moi 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast ou sur Spotify. Et bien sûr, partagez le podcast avec les voyageurs, les expats ou les curieux autour de vous. A dans deux semaines pour un nouvel épisode de surprises interculturelles.