- Speaker #0
En développant cette confiance entre nous, mon corps n'était plus un souci parce que je le voyais plus comme un physique. Je le voyais comme une possibilité de recevoir du plaisir, de donner du plaisir à quelqu'un. Et ça m'a débloqué en fait, de le voir comme ça et de décentrer la question, de me décentrer en fait, de plus voir mon corps comme, de toujours le voir comme quelque chose qui m'appartient, mais de plus le voir comme un simple objet physique, de le voir comme une occasion de ressentir. Et ça c'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec lui. Donc je pense que dans mon corps, à partir de ce moment-là, j'ai arrêté de me battre contre moi-même.
- Speaker #1
Bienvenue dans Terres intimes, le podcast qui explore la sexualité et l'intimité de personnes comme vous et moi. À chaque épisode, découvrez des témoignages authentiques et remplis d'engagement, des réflexions et des outils pour vous aider à vous sentir plus libre, apaisée et joyeuse dans votre vie intime. Parce que s'épanouir dans sa sexualité est autant une nécessité qu'un acte révolutionnaire. Si le podcast vous plaît, s'il vous fait du bien, si vous avez même envie de le partager à vos amis, alors n'hésitez pas à vous y abonner pour ne rater aucun épisode et à lui mettre 5 étoiles. C'est un petit clic pour vous et pour nous, c'est beaucoup. Je suis Juliette Cervera et vous écoutez Terres Intimes. Hello les intimes, comment allez-vous en ce mois de juin qui annonce un été bien chaud et je l'espère, joyeux et gourmand ? Je sais que le monde semble parti en vrille, absolument de tous les côtés, mais n'oublions pas de créer autour de nous des bulles de douceur, de joie, d'amitié et d'amour. En tout cas, je souhaite de tout cœur que ce soit possible pour vous et j'espère que cet épisode vous y aidera. Aujourd'hui, vous allez écouter Louison, une jeune femme que j'ai rencontrée il y a quelques années alors qu'elle était en plein milieu de son adolescence. C'est une vraie petite merveille. attachante, sensible, très smart, et en même temps pleine de questions sur l'amour, la sexualité, les relations. Je l'ai très vite adoré. C'est donc un bonheur de recevoir aujourd'hui son témoignage et de vous partager ce qui est, pour le moment, l'interview de la plus jeune invitée de Terres Intimes. 18 ans, toutes ses dents, un immense cœur et une folle maturité. Dans son studio d'étudiante de prépa Hippocagne, débordant de livres et de tasses de thé, donc clairement l'un de mes endroits préférés, nous avons donc parlé de l'éducation. transmises par ses parents sur la sexualité, de l'importance de la douceur dans son intimité, de la magie de son premier amour, de la difficulté de ses ruptures, des relations pansements, de l'influence d'un deuil vécu toute jeune sur sa vie et ses relations, et de l'importance de ses amis au féminin. Je préfère également vous prévenir, nous abordons le viol qu'elle a subi, l'impact qu'il a eu sur son corps et sa scolarité, et son chemin vers son besoin de justice et de paix. Louison parle de ces sujets avec toute sa délicatesse, sa maturité et son authenticité. Rien n'est graphique et intrusif, mais je voulais quand même vous prévenir afin que vous puissiez écouter cet épisode dans les meilleures conditions possibles. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Louison.
- Speaker #0
Bonjour.
- Speaker #1
Comment ça va ?
- Speaker #0
Très bien, très bien. Je suis très contente d'être là et de pouvoir procéder à ce petit moment.
- Speaker #1
Merci beaucoup de me recevoir chez toi, dans ce petit coin de... de paradis parce que je tiens à dire qu'il y a des choses sur Taylor Swift à peu près partout.
- Speaker #0
Absolument.
- Speaker #1
Et tellement de livres. Vraiment, merci de prendre ce temps, de cette petite tisane à la camomille, etc. C'est un plaisir de te recevoir dans Terres intimes. Tu sais que ça fait très longtemps que j'ai envie de t'interviewer, qu'on prépare ce moment.
- Speaker #0
Moi aussi, ça fait très longtemps que j'ai envie de le faire.
- Speaker #1
Donc voilà, merci de nous accueillir dans tes Terres intimes qu'on va pouvoir explorer. Pour commencer ce podcast, est-ce que tu pourrais me dire l'âge auquel tu as commencé à te poser des questions sur la sexualité ?
- Speaker #0
Alors moi, ça m'est arrivé quand même très jeune, parce que c'est vrai que j'ai reçu une éducation très libre par rapport à tout ça, que j'en ai toujours beaucoup parlé avec ma maman. Donc je dirais à l'entrée au collège, je ressentais déjà des petits trucs, mais comme personne n'en parlait autour de moi, je n'étais pas forcément très à l'aise avec le sujet. Puis je pense vers 13-14 ans, les vraies questions sont arrivées. Et là, c'était assez perturbant.
- Speaker #1
Et c'était quoi ton question ?
- Speaker #0
C'était évidemment comment ça marche, parce que c'est pas forcément très logique au début. C'était aussi avec qui, quand, quoi. Est-ce qu'il y a un mode d'emploi ? Est-ce qu'il y a des choses à suivre plus que d'autres ? C'était aussi, vu que j'avais vachement l'impression d'être en avance sur le reste de mes copines par exemple, c'était aussi est-ce que je suis pas trop jeune pour que ça m'arrive ? Après j'ai compris qu'il n'y avait pas d'âge modèle, que l'âge modèle c'était juste... le moment où, pour nous, ça allait. Et donc, voilà, c'était surtout, en fait, où sont les limites ? Quelles sont les limites et quelles sont mes limites ? C'était surtout ça.
- Speaker #1
Et tu pouvais en parler avec ta mère librement chez toi et elle te répondait sans tabou ou sans malaise ?
- Speaker #0
En fait, la première conversation que j'ai eue sur le sujet avec ma maman, c'est même elle qui est venue vers moi et qui m'a dit « viens » . Et parce qu'en fait, je lui avais posé la question une fois. Parce que j'avais vu ça dans une vitrine, je crois, de pharmacie. Qu'est-ce que c'est un préservatif ? Et ce jour-là, elle a sorti une banane. Elle a sorti son portefeuille, et dans son portefeuille, il y avait l'arme à feu, la capote plutôt, et elle m'a montré comment en servir. Et j'étais très jeune, j'étais vraiment très jeune, je devais avoir 10-11 ans, ce qui peut paraître très bizarre. Je pense qu'elle ne l'aurait pas fait si je n'avais pas posé la question, du moins pas tout de suite. Et donc elle m'avait dit, bon ça c'est le plus important, maintenant tu le sais, et pour le reste, elle m'avait dit, quand tu sentiras que la question se pose vraiment, n'hésite pas. J'étais aussi très libre, paradoxalement, parce que je sais que c'est assez rare avec mon père sur le sujet. Très, très libre. Je pense que quand j'ai fait ma première fois, je pense que la première personne au courant, c'était mon papa. C'est très rare.
- Speaker #1
Comment il a réagi ?
- Speaker #0
Très bien, très bien. Il était là, trop cool, ça s'est passé comment ? Parce qu'en fait, je pense que j'ai eu... Moi, j'étais une gamine, une jeune ado très, très angoissée. Très incertaine sur plein de choses. particulièrement par rapport à ça. Même si je pouvais beaucoup en parler, j'étais hyper je sais pas, j'étais partagée en fait. Je me posais trop de questions et mon père le sentait beaucoup et mon père est vraiment une espèce de poète refoulé et il m'en parlait avec des termes très... Par exemple, moi j'avais jamais entendu parler de porno. J'étais vraiment... C'était la douceur, le respect de l'autre, aimer l'autre avec un langage corporel. Et donc voilà, j'avais le discours très technique d'un côté, le discours très doux de l'autre. En fait, j'avais tout ce dont j'avais besoin. J'avais toutes les armes, même par rapport au consentement. Ils ont toujours été très clairs là-dessus. Bon, ça ne m'a pas empêché de tomber sur des connards, parce qu'évidemment, ça, on n'en est pas protégé, malheureusement, quelle que soit l'éducation qu'on reçoit. Mais grâce à ces conversations, c'est vrai qu'en fait, quand ça est arrivé, j'étais en mode, bah, on ne sait pas si... étranger. C'est pas si, paradoxalement, c'est pas si étranger que ça.
- Speaker #1
Comment s'est passée ta première fois ?
- Speaker #0
Alors déjà, c'était pas prévu. Enfin en fait, si, enfin non. En fait, c'était dans une période où c'était pas... Pour moi, moi je voulais... J'étais avec un garçon depuis quand même assez longtemps, ça devait faire déjà presque un an qu'on était ensemble. Et on avait... À chaque fois, on voulait planifier le truc, je me souviens. Puis en fait, ça arrivait un soir où on n'avait rien planifié. Juste on s'est dit vas-y, on essaie quoi. Au début, c'était bizarre. Puis, moi, en fait, je ne sais pas comment ça m'est arrivé, mais la première fois que je m'étais fait examiner par une gynécologue, c'était avant ma première fois et j'avais perdu mon hymène déjà. Donc, je n'avais pas, entre guillemets, de paroi. Donc, la douleur n'a pas été particulièrement forte. Ça, je me souviens que c'était un très gros soulagement sur le moment. Bon, niveau plaisir, c'est comme une première fois, quoi. c'est pas le plaisir qui est vraiment là c'est pas le premier déconcent pourquoi tout le monde dit que c'est si fou que ça parce que moi pourquoi ça fait pas ça avec moi c'était un peu les 4-5 premières fois j'étais un peu en mode mais ok d'accord et en fait je me souviens que ce que j'ai particulièrement aimé le jour de ma première fois c'était l'après l'après amour l'after care voilà là je me souviens que on s'était regardé et on était là On a passé un step dans nos vies tous les deux. Et après, j'ai appris à connaître tout ça. C'était un peu perturbant parce que comme j'avais un rapport très compliqué à mon corps, il y avait un truc qui me gênait et qui me gêne encore aujourd'hui. C'était la peur de... En fait, la sexualité, c'est génial parce que c'est un moyen de connaître son corps. Mais j'avais très peur de connaître mon corps qu'à travers quelqu'un. qui le fasse vibrer. Parce que moi, je n'ai jamais été à l'aise avec le fait de le faire vibrer toute seule. Je pense que ça m'est très rarement arrivé d'ailleurs. Comme quoi, c'est possible que ça n'arrive pas. C'est important de le rappeler, je trouve. Et donc, j'avais vraiment l'impression d'être... Enfin, j'avais peur de dépendre des hommes avec qui j'avais des relations sexuelles pour connaître mon corps. Et encore aujourd'hui, parfois, je me pose des questions. Je suis là, mais est-ce que les gens qui passent dans ma vie et dans mon intimité ne connaissent pas mieux mon corps que moi-même, alors que moi, ça fait... Ça commence à faire longtemps que j'ai mon corps, donc j'aimerais bien le connaître.
- Speaker #1
Et ces questions, tu te les posais au moment de tes premières fois en te disant « Là, je suis en train de découvrir mon corps d'une certaine manière à travers les mains et les yeux et les lèvres de quelqu'un. » Mais finalement, tu le connais tout autant ton corps. Oui. Ça a été comme des ponts qui t'ont permis de te rencontrer.
- Speaker #0
C'est exactement ça. C'était des ponts. Mais en même temps, comme j'avais très peur, il y avait des moments où j'avais l'impression de faire... un pas en avant, trois pas en arrière c'était assez perturbant mais oui c'était des ponts, c'était à chaque fois ah ça ça existe, ah ça c'est cool, ah ça j'aime pas et surtout je pense que Le meilleur des ponts, qui est un pont plutôt spirituel que physique à mes yeux, c'est de découvrir la singularité de la sexualité. En fait, au bout d'un moment, quand tu commences... Enfin, quand j'ai grandi et que j'étais plus la seule à qui ça arrivait, parce que moi, ça m'est arrivé, j'avais... Donc ça me gêne pas de le dire. J'avais 14 ans. Donc j'étais... Je crois que j'avais même pas 14 ans. Enfin, j'étais vraiment... J'étais jeune par rapport à la moyenne. Et je me souviens que quand j'ai commencé à avoir des copines... À qui ça arrivait, j'étais contente parce que je découvrais qu'on n'aimait pas forcément les mêmes choses. Et ça, j'ai trouvé ça génial parce que je pense que c'était le meilleur pont de tout. Et ça, c'est un des rares ponts que je n'ai pas passé avec un mec dans l'asexualité et dans l'apprentissage de l'asexualité. Donc ça, c'était vraiment découvrir que tous les plaisirs ne sont pas les mêmes.
- Speaker #1
Si vous entendez des petits bruits,
- Speaker #0
c'est qu'on a un petit chat à côté que je vais peut-être mettre sur mes genoux parce que sinon, il va nous faire des slaps.
- Speaker #1
Vas-y, vas-y. C'est le premier épisode de Terres intimes enregistré avec un chat. Quand tu dis que tu as découvert en communiquant avec tes amis que la sexualité était différente pour chacune, déjà, qu'est-ce qui était différent entre toi et elle ? Et quand tu dis que tu ne l'as pas découvert avec des hommes, ça veut dire quoi exactement ?
- Speaker #0
Pas découvert avec des hommes parce que déjà, je trouve que surtout dans le jeune âge, on n'a pas du tout, du tout, du tout, du tout les mêmes ressentis par rapport à la sexualité que les mecs, en fait. Moi, je le ressentais vachement comme ça. Je me sentais très différente. Parce que j'avais, avant de... Même avant que ça m'arrive, j'avais peur que ce soit un truc de... En entendant parler les garçons, j'avais peur que ce soit un truc de performance, de... J'étais pas très à l'aise avec le fait d'en parler avec des garçons, paradoxalement. Et en en parlant avec des filles, déjà, je retrouvais un langage qui m'était plus familier. Je voyais qu'il n'y avait pas forcément la gêne... que les garçons éprouvaient quand j'essayais d'en parler avec eux, du moins au début. Après, bon, c'est pas universel. Il y a des garçons qui étaient très ouverts par rapport à tout ça. Mais moi, ça m'arrivait pas proche de moi. Et donc, quand je suis arrivée au lycée, j'ai pu en parler avec des filles. Et on avait, on va dire, des goûts très différents. Par exemple, le débat qu'on trouve, je pense, le plus souvent, douceur ou sauvagerie, comme on dit. Parce que ça, c'est vrai que moi, j'ai toujours été... En fait, comme j'ai été éduquée, justement, avec ce langage de poète de mon papa, pour moi, c'était douceur et rien d'autre. Surtout au début. Après, évidemment, on évolue, on fait du chemin, voilà. Mais alors que j'avais des copines, pour qui, le doux était nul et le sauvage était beaucoup mieux. Et moi, ça, je me souviens que j'étais vraiment... Enfin, je regardais... en mode, vous êtes sûrs, mais on vous fait pas du mal. Et en fait, j'ai mis du temps à comprendre que quelque chose de plus, entre guillemets, sauvage, en fait, c'est le terme, n'était pas forcément quelque chose de douloureux ou quelque chose de désagréable. Donc voilà, en fait, l'échange, c'était déjà élargir le champ des possibles aussi. Parce que c'est bizarre à dire, mais moi, je trouve qu'il y a un truc très important dans la sexualité, c'est l'inspiration. Parce que ça, pareil, c'est des terres, justement, pour ça, terres intimes en particulier, c'est des terres inexplorées en fonction des gens, et ça mérite d'aller toujours plus loin. Et donc, par exemple, le débat classique, est-ce que t'aimes la fessée ou pas ? Ça, vraiment, pour moi, c'est le plus gros débat que j'ai eu avec mes copines. Parce que moi, pas du tout. Et elle, ah donc ! Et donc, je me souviens qu'au début, pareil, je me disais, mais pourquoi ? qu'est-ce que ça t'apporte ? Puis après, je me suis dit, mais est-ce que j'ai forcément besoin de comprendre ce que ça leur apporte ? C'est bête, en fait, parce que justement, l'intimité, c'est propre à chacun, quoi. Si elle, ça leur apporte un kiff que moi, je ressens ailleurs, bah trop cool ! Puis après, j'ai fait le test et j'ai fait, ouais, en effet, c'est pas fait pour moi. C'est pas mon délire. Mais ça ne m'a pas empêchée de prendre en compte ce qu'elle m'avait dit sur... C'est pas parce que t'as un... entre guillemets, un cliché dans la tête de faire l'amour, ça doit être doux, que tu ne peux pas découvrir. Et donc c'est vrai que ces conversations avec mes copines, et plus tard avec mes copains aussi, quand les hommes sont devenus assez matures, on va dire, dans ma bande d'amis, sans vouloir être méchante, on a pu en discuter, et c'est vrai qu'on découvre des choses, on échange, et on se permet, je pense, chacun, sans pour autant tous ensemble partager des relations physiques, Ben voilà, d'avancer quoi.
- Speaker #1
Non mais c'est pour ça que je crée Terres intimes, parce que moi je vois ce que font les gens. Hier je faisais une interview où il y avait vraiment l'idée, à partir du moment où il y a du consentement, il y a du plaisir, tu fais ce que tu veux, il n'y a pas de règles. et ça je trouve que c'est pas toujours facile à accepté, on se dit soit qu'on est bizarre de pas aimer certaines choses, soit on est bizarre d'aimer d'autres, alors que si tout le monde est content au lit, why not ? En fait, il n'y a pas de limite.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Ta première fois, tu l'as fait avec quelqu'un avec qui t'es tombée amoureuse et vous avez eu une longue relation. Qu'est-ce que cette relation t'a apporté ? Qu'est-ce que ça a fait en toi quand vous vous êtes séparées ?
- Speaker #0
La liste est longue. Je pense que j'avais jamais eu de vision de l'amour stable autour de moi, parce que Merci. J'ai grandi avec des parents, on ne s'en est plus ensemble. Et puis même, je n'observais pas forcément ces choses-là. Et j'avais une vision très sèche de l'amour. Alors que pourtant, on m'a toujours dit, mes parents m'ont toujours dit l'amour, c'est génial. On t'a eu par amour et tout. Mais j'avais une vision très sèche de ça. Et en fait, je pense que mon premier copain, j'ai accepté spirituellement de partir à l'aventure et de perdre le contrôle avec lui. Vraiment ensemble, main dans la main. Et je pense que ce que je retiens particulièrement de ce que m'a apporté cette relation, c'est un, forcément, l'amour doux, l'amour sain et surtout l'amour passionnel. Parce qu'entre nous, c'était très passionnel, parfois trop. Je pense que le respect de l'autre aussi. Le respect de l'autre parce qu'au début, savoir ce qu'il faut dire, savoir ce qu'il ne faut pas dire, ce n'est pas forcément simple. Puis aussi, forcément, il y a... il y a aussi un aspect de, on apprend ce que c'est de faire du mal à quelqu'un d'être blessé parce que c'est presque impossible surtout à des âges aussi jeunes quand tu passes deux ans avec quelqu'un, enfin nous c'était un peu moins de deux ans de ne pas se blesser à un moment ou à un autre et je pense qu'apprendre avec lui à rebondir sur ces choses là à vraiment, on était une équipe en fait.
- Speaker #1
À prendre soin de la relation même quand il y a quelque chose qui heurte.
- Speaker #0
Voilà c'était c'était, on était vraiment une équipe tous les deux, on était un vrai binôme de vie Merci. Et encore aujourd'hui, je pense à lui comme la personne qui m'a le mieux compris dans ma vie. Il a toujours été très très très très présent. Maintenant, la vie a fait que forcément, il n'y a plus de contact entre nous. Parfois, quand j'y pense, je me dis que c'est dommage, mais bon, je me dis aussi que la vie est longue. Mais ouais, donc il y a l'aspect construire quelque chose à deux, c'est possible. Il y a l'aspect la douleur, même avec quelqu'un que tu aimes du plus profond de ton âme, c'est possible. Toutes les relations ne sont pas faites pour durer, même si parfois ça paraît très cruel. Donc par rapport à la rupture, en plus c'est moi qui étais à l'origine de la rupture. Mais j'étais très jeune, donc je l'ai fait d'une manière que je ne reproduirais plus. Parce que j'étais très jeune et que je n'ai pas beaucoup réfléchi. Je pense que j'en garde un souvenir, encore aujourd'hui, je suis très émue quand j'en parle, parce que très très douloureux. Très très très douloureux, j'avais l'impression.
- Speaker #1
Mais c'est il n'y a pas si longtemps.
- Speaker #0
C'est il y a trois ans.
- Speaker #1
Mais c'est pas long.
- Speaker #0
Non, c'est pas long.
- Speaker #1
C'est pas très long. De se remettre de son premier amour. Je trouve que trois ans, c'est pas très long.
- Speaker #0
C'est pas très long. Honnêtement, il y a encore des aspects où je sens que j'ai peur de m'attacher. Parce que la première fois que j'ai perdu quelqu'un, c'était lui. Et je me souviens d'avoir écrit dans un carnet. Parce qu'en fait, ce que je faisais après, comme c'était la seule personne. Il y a ça aussi que j'ai beaucoup appris durant cette relation. C'est la seule personne avec qui j'arrivais à extérioriser mes sentiments. Vraiment la seule. Je n'arrivais pas avec d'autres gens à mettre des mots. Et donc forcément, une fois qu'il n'était plus là, je n'avais plus l'occasion de mettre des mots et je n'arrivais pas à en mettre juste pour moi. C'était pour moi, sans conversation avec lui, c'était impossible. Et donc ce que je faisais, c'est que tous les soirs, je lui écrivais une petite lettre qu'il n'a jamais pu lire. Mais c'était des lettres parfois très égocentrées de ma journée, c'était ça, mon truc, c'était ça. Mais juste en fait, le fait de s'adresser. de penser et s'adresser à lui, ça m'aidait à tout libérer. Je me souviens d'un jour avoir écrit « J'ai l'impression que tu ne fais plus partie de ce monde, que tu es mort, alors qu'au fond, le seul monde duquel tu ne fais plus partie, c'est le mien. » Et réaliser ça, ça c'était, je pense, le plus dur. Parce que réaliser qu'il s'est parti encore du monde de plein d'autres gens et que moi non, qu'on n'était plus dans le monde d'un autre. C'était, franchement, la douleur de mon adolescence. C'était particulièrement difficile. Et il m'a manqué pendant très longtemps. Et encore aujourd'hui, je pense que notre relation est bien sûr derrière nous. Et que je sais qu'il a retrouvé l'amour. Et j'en suis très heureuse pour lui. Et moi aussi. Mais malgré ça, je sais que ça restera vraiment un souvenir. extrêmement intense et je pense, the douleur de ma vie.
- Speaker #1
T'es encore jeune.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
J'espère que ce sera the douleur de ta vie de toute façon. C'était un peu indélicat mais encore aujourd'hui, je pense à mon premier amour comme une... Comme une sorte de ressource ou comme une sorte de boussole, ça joue. Hier, je faisais un interview avec une personne qui disait qu'à 40 ans, elle a vraiment pleinement guéri du deuil de son premier amour.
- Speaker #0
Oui, ça met du temps.
- Speaker #1
Parce qu'il a découvert tellement de choses, c'est tellement de premières fois. Et comme tu dis, on crée un lien hyper fort avec une personne. Et en fait, les liens qu'on avait aussi forts avant, c'était presque nos parents. Donc c'est les premiers émois qui sont puissants. J'aime bien parce que tu en parles comme si c'était il y a 5 ans. C'était à 3 ans, c'est normal.
- Speaker #0
C'était beaucoup de choses. On est tellement formatrices.
- Speaker #1
Au moment de cette relation et à ta rupture, comment tu te sentais dans ton corps ? Parce que c'est quand même l'adolescence, il y a tellement de changements. En plus, la sexualité vient, comme tu disais, nous faire découvrir des choses de notre corps, notre intérieur, qu'on ne découvre moins facilement qu'un garçon avec son sexe, etc. Comment tu te sentais ?
- Speaker #0
Déjà, je pense que quand on... On s'est rencontrés, enfin on s'était déjà rencontrés depuis très longtemps, mais quand on a commencé à développer quelque chose d'amoureux, il m'a trouvé à un moment où j'étais... Il fallait mettre de la colle quoi, j'étais sacrément mal en point dans ma confiance en moi, dans tout. Et en plus, encore une fois, comme j'étais très en avance, j'étais la seule à vivre ce combat à l'époque, en termes de confiance, de confiance dans mon corps. Et je me souviens qu'au début, du coup, c'était un énorme frein pour moi, ce manque de confiance. Et le fait d'être avec lui n'a pas forcément directement agi là-dessus. Je pense que ce qui a agi, c'est l'écoute qu'il avait. Il était très, très à l'écoute, mais très à l'écoute par rapport à ces questions-là. Il me posait beaucoup de questions, justement. Il s'intéressait beaucoup à ce que je ressentais par rapport à mon corps. Et par exemple, moi, je me souviens que durant les premières relations intimes, c'est bête, mais je sais qu'après, après en avoir parlé avec eux. des copines ou des gens ou des gens de ma famille. Je sais que ça arrive à pas mal de femmes et pas mal d'hommes. Moi, j'avais besoin de découvrir mon intimité dans le noir. Il fallait que la lumière soit éteinte. C'était très important pour moi. Et je me souviens qu'au début, je n'osais pas lui dire. Et quand il a compris que c'était un peu la condition à ce que je ressens du plaisir, c'était devenu un automatisme pour lui. C'est-à-dire que je n'avais jamais besoin de le demander. À chaque fois qu'il y avait un petit échange un peu plus intime, il allait éteindre la lumière. Et c'est un signe tout con. Mais à partir de ce moment-là, je me suis dit, c'est quelqu'un en qui je peux avoir confiance. Et en fait, en développant cette confiance entre nous, mon corps n'était plus un souci parce que je le voyais plus comme un physique. Je le voyais comme une possibilité de recevoir du plaisir, de donner du plaisir à quelqu'un. Et ça m'a débloqué, en fait, de le voir comme ça et de plus me... Enfin, en fait, de décentrer la question, de me décentrer, en fait, de plus voir mon corps comme... Évidemment, de toujours le voir comme quelque chose qui m'appartient. Mais de plus le voir comme un simple objet physique, de le voir comme une occasion de ressentir. Et ça, c'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec lui. Donc, je pense que dans mon corps, à partir de ce moment-là, en fait, juste, j'ai arrêté de me battre contre moi-même grâce à cette relation, enfin, au moins durant cette relation. Et justement, je pense que je me suis tellement reposée sur lui, sur ces questions-là, tellement trop. Et d'ailleurs, je pense que ça l'a beaucoup pesé aussi. Parce que c'est pas facile, je pense, pour... Même parce que lui, il était pas forcément beaucoup plus avancé dans la vie que moi. Et je pense que ça devait pas être facile pour lui de... Parce qu'il était très... Il avait vachement la tête sur les épaules. De réaliser qu'il avait autant, justement, sur les épaules. Parce que j'étais... Enfin, je... Je lui disais, quoi. Vraiment, c'était... C'était, purée, grâce à toi, grâce à toi, grâce à toi. Je pense qu'il y a une grosse pression qui s'est formée. Et donc, forcément, quand nous deux, ça s'est terminé...
- Speaker #1
Oh là là là là là !
- Speaker #0
Le socle est tombé. Ah, le socle est tombé. Je pense qu'aujourd'hui, avec le recul, je me dis que ça ne doit pas être un socle. Et ça m'a appris d'ailleurs à mieux gérer mes relations après sur ce plan-là. J'ai mis du temps quand même. Et donc, quand on s'est séparés, là, c'était par rapport à mon corps. Je me souviens, je venais de rentrer au lycée en plus. Donc, l'époque où tu te compares à toutes les autres filles, l'époque où tu trouves que tout est de la merde chez toi. Je pleurais en écoutant du Taylor Swift dans ma chambre à longueur de nuit. C'était vraiment fou. Je me souviens que c'était vraiment descente aux enfers sur mon corps. Je ne supportais plus rien. Et surtout, c'était tellement que lui, et c'est rare quand même à cet âge-là d'avoir des relations longues. On n'est pas très nombreuses dans ce cas-là. Après avoir passé autant de temps avec lui et m'être tellement projetée avec lui, pour moi c'était impossible de confier mon corps à travers un rapport sexuel à quelqu'un d'autre. Je ne me voyais pas du tout le faire avec quelqu'un d'autre. C'était ça qui était perturbant. Et pour moi, hyper drama queen. Mais j'avais 15 piges et j'avais perdu l'amour de ma vie. Et je ne ferai plus jamais l'amour dans ma vie. À 15 ans, je voulais redevenir la vierge. C'était vraiment... Non, je n'aurais pas d'enfant. Je me souviens, je dirais à mon père. De toute façon, moi, je n'aurais pas d'enfant. Parce que je ne veux pas montrer mon corps à quelqu'un d'autre. Alors que le pire, c'est qu'il y avait ça. Il y avait la culpabilité. Parce que c'était moi qui étais à l'origine de la rupture. Et je savais que lui, il souffrait aussi. Mais qu'il n'a pas voulu me laisser revenir pour autant. et aujourd'hui je... Je l'en remercie parce que je pense que c'était la meilleure chose à faire. Mais donc voilà, c'était vraiment... J'avais l'impression d'avoir perdu tous mes repères. Et ça a mis du temps à revenir. Et je me souviens que quand ça a commencé à aller mieux, je me suis dit, mais meuf, dans quelle merde tu t'étais mise ? Genre, tu peux pas considérer la personne de qui t'es amoureuse ou amoureux comme... le socle de ta confiance en toi, de ton intimité. Parfois, ça fait du bien de la passer à travers.
- Speaker #1
Ça peut être une aide.
- Speaker #0
Ça peut être une aide.
- Speaker #1
Un soutien, mais ça ne doit pas être la fondation. Comment tu as retrouvé ce chemin vers la confiance en toi ? Est-ce que c'est par des rencontres ? Est-ce que c'est par des réflexions ou des amitiés ?
- Speaker #0
Honnêtement, je ne saurais pas trop répondre clairement parce que je pense que j'ai retrouvé un rapport sain à tout ça. à la seconde où j'ai un peu arrêté de m'en préoccuper autant. À force d'y réfléchir, d'y réfléchir, d'y réfléchir, je m'en faisais une montagne. Et je pense que j'avais juste besoin de plus considérer ça pareil comme un élément central de ma vie. Que ce soit la rupture d'ailleurs, la rupture ou la rupture, la sexualité, tout ça, j'avais besoin de prendre de la distance avec ça. Et c'est aussi une année où j'ai rencontré énormément de gens, beaucoup d'amis.
- Speaker #1
C'est l'année où on s'est rencontrés ?
- Speaker #0
C'est l'année où on s'est rencontrés. C'est Juliette qui a changé ma vie en fait. Pas du tout. Non mais par contre c'est vrai que le moment où on s'est rencontré, la période où on s'est rencontré, ces dix jours-là, vraiment je me souviens qu'il y a eu... Ça, ça a changé ma vie. Ça par rapport à mon rapport à moi, parce que je me souviens que j'étais arrivée au moment où on s'est rencontré dans un down, et que j'étais repartie dans un hop ! Vraiment c'était... Ça, ça a été vachement un tremplin.
- Speaker #1
Et c'était l'effet... Juste pour les auditeurs, c'est l'effet... C'était un moment avec un groupe, un moment assez spécial, au soleil, sans donner trop de détails. Donc, ce n'est pas moi. C'est vrai que c'est un groupe où il y a beaucoup d'amitié, beaucoup de soutien, très peu de jugement. Et donc, c'est vrai que ça fait du bien.
- Speaker #0
Et pourtant, beaucoup de différence.
- Speaker #1
Énormément de différence. Mais tout le monde s'accueille comme il est.
- Speaker #0
C'est vachement, c'est un peu la Swifties Community, mais sans Swifties. Et donc, après ça... J'ai formé, enfin non, je n'ai pas formé, mais je me souviens que c'est vraiment l'époque où j'ai découvert l'entourage que je voulais avoir. C'était beaucoup plus clair. Et donc, je pense que c'est à travers des discussions, à travers des réflexions, à travers des lectures aussi. Parce que ça me rassurait, en fait, je lisais beaucoup de romances, des trucs comme ça. Et ça me rassurait de lire une histoire similaire à la mienne, mais qui n'était pas la mienne. Et j'écoutais beaucoup mes copines en parler. Je pense que voilà, c'est le temps, en fait, surtout. En fait, moi, je déteste dire ça. Parce que je me souviens que je ne supportais pas l'entendre. C'est insupportable quand tu vas hyper mal et que ta ou ton meilleur ami te dit « Non mais seulement le temps te guérira. » Sur le moment, ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre. Parce que tu es là « Non mais là, je souffre trop. Je veux que ça passe, donc trouve-moi autre chose. » Sauf qu'en fait, il n'y a pas autre chose. Enfin, il y a des choses. Mais la vérité, c'est que la plaie se referme vraiment seulement avec du temps. Et moi, je pense que quand j'ai accepté ça, j'ai fait un bond. J'ai vraiment fait un bond dans ma vie, dans mon intimité, quand j'ai accepté que bah je pouvais continuer à avancer sans être pour autant complètement guérie et que ça viendrait avec en fait. Donc voilà, je pense que c'est ça.
- Speaker #1
Comment s'est passée la relation, la première relation que tu as vécue ensuite ?
- Speaker #0
Déjà, c'était beaucoup moins simple parce que forcément je comparais tout, mais tout, tout avec ma première relation. Et donc forcément, dans ma tête, tout était moins bien. Donc je sais que la personne en face en a beaucoup souffert d'ailleurs. Et je me suis fait encore une fois beaucoup souffrir. Mais par contre... ça m'a permis de découvrir un autre aspect de ma sexualité parce que justement comme pour moi je ne ferai plus jamais l'amour avec quelqu'un complètement débile d'ailleurs ne faites jamais ça parce que voilà c'est trop bien, je me souviens que j'étais vraiment dans un mood où je voulais le faire mais je voulais pas avoir un rapport amoureux à ça, enfin c'était kiffant parce que bon c'était quand même quelqu'un que j'appréciais beaucoup, je pense pas que c'est quelqu'un pour qui j'ai ressenti de l'amour, je pense pas, aujourd'hui avec le recul, j'étais encore très jeune aussi, donc j'avais vachement besoin de considérer la sexualité, ma sexualité, nos rapports sous un autre angle, parce que pour moi c'était impossible que ce soit un élément de comparaison supplémentaire avec ma première relation. Je voulais pas que ce soit similaire, je voulais pas le remplacer en fait, je l'ai encore moins sur ce plan-là. Vu que c'était lui qui m'avait débloqué, c'était très compliqué. et donc je me souviens qu'un jour je me suis posé avec mon papa, qu'on en a discuté, à l'armès lunaire. Et qu'en fait, je lui ai dit, mais en fait, j'ai envie de voir ça comme tous les gens de ma génération, enfin, en tout cas, de ma génération du début lycée, le voient. C'est-à-dire que je voyais beaucoup de gens qui avaient des relations sans se prendre la tête, sans forcément être amoureux. Et j'enviais ça. J'enviais ça parce que je pense que j'avais besoin de découvrir ce rapport-là à la sexualité. Et donc, j'ai commencé à le voir comme quelque chose de beaucoup plus physique que spirituel, comme je l'avais découvert. Parce que je pense que, enfin moi je fais partie des personnes qui soutiennent la thèse selon laquelle il y a un aspect vachement spirituel dans la sexualité, je trouve. Et donc là, j'ai découvert l'aspect entièrement physique. Et bah franchement, c'était pas mal. C'était un autre aspect, une autre face du dé, on va dire. Et c'était un bel apprentissage au fond parce que ça m'a apporté autre chose. C'est pas quantitatif, ça m'a pas apporté plus ou moins, mais voilà, j'ai découvert. Je pense qu'en fait, la relation que j'ai eue après m'a permis de découvrir autre chose.
- Speaker #1
Et vous êtes sorties ensemble combien de temps ? Et en fait, lui, il était OK avec le fait que ce soit une relation où toi, t'avais pas de sentiments, où il y avait un décalage entre les deux ?
- Speaker #0
On est sorties ensemble presque un an quand même.
- Speaker #1
Quand même ? Ouais,
- Speaker #0
quand même.
- Speaker #1
J'adore parce que toi, tes relations légères en mode plan, c'est un an.
- Speaker #0
Non, non. Non, ça c'est après, encore. Non, après, un peu moins dans le manque. Allez, dix mois, neuf mois.
- Speaker #1
Ouais, pour les pécassiers, c'était beaucoup.
- Speaker #0
C'était un peu trop, honnêtement, d'ailleurs. Avec le recul, j'ai pas honte de le dire, parce que je pense qu'il faut désacraliser ça, et ça fait pas de nous un monstre. C'était une relation de pansement. Et quand j'ai réalisé ça au début, je me suis vachement considérée comme un monstre. Parce que je sais que lui, il était amoureux.
- Speaker #1
On fait ce qu'on peut aussi.
- Speaker #0
Oui, aussi. Je vais chier à tous ces amoureux-là. Voilà !
- Speaker #1
Louison. Moi, je suis très belle.
- Speaker #0
Alors non, c'est pas ce que je voulais dire.
- Speaker #1
Non, mais parfois, tu fais ce que tu peux avec les émotions. Tu as des belles rencontres qui te font du bien. Et c'est délicat de trier entre je suis amoureuse, je ne suis pas amoureuse. Est-ce que je l'aime parce qu'il me fait du bien ? Est-ce que je l'aime parce que je l'aime ?
- Speaker #0
Et aussi, parfois, tu as tellement douillé. Justement, je me souviens que j'avais tellement douillé qu'en fait, j'avais besoin d'être un peu égoïste. J'avais besoin de kiffer simplement. Ce qui était très dur à gérer, c'est que vu que je voulais tellement, je pense, me guérir avec quelqu'un, cette relation pensement arrivait très rapidement après ma rupture. C'est-à-dire que j'ai guéri, en fait, de ma première relation...
- Speaker #1
Avec lui.
- Speaker #0
Avec lui. Dans une relation pensement. Connerie. Ne faites jamais ça. Vraiment.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
tout le monde fait ça.
- Speaker #1
Pas tout le monde,
- Speaker #0
mais...
- Speaker #1
Comme tu dis,
- Speaker #0
on fait ce qu'on peut. Du coup, la douleur, elle s'étend sur un temps beaucoup plus long, parce que tu la gères pas seule. Parce qu'à côté, tu dois gérer une autre relation, tu dois gérer le fait de recevoir de l'amour. Et le fait de recevoir de l'amour, ça peut être très beau, mais il y a des gens pour qui ce n'est pas facile. Et on n'en parle pas assez, en fait, de ça. Du fait que ce n'est pas facile pour tout le monde de t'accepter d'être aimé, quoi. Et moi, ça n'a jamais été facile pour moi. Donc là, de devoir gérer le fait d'être aimé, le fait de penser aimer quelqu'un, qu'en réalité, malheureusement, oui, malheureusement, je n'aimais pas réellement. Et à côté de devoir gérer le deuil d'une relation, c'était too much. C'était un peu le burn-out émotionné.
- Speaker #1
Est-ce que la rupture avec ce deuxième jeune homme, c'est le moment où tu as vraiment pu vivre le deuil de ta première relation avec le deuil de cette deuxième relation ?
- Speaker #0
Complètement. Après, j'avais fait une grosse partie du travail déjà, quand même. Et puis, j'avais appris qu'il avait retrouvé quelqu'un. Et pour moi, ça...
- Speaker #1
Là, tu parles de ton premier mec qui avait trouvé quelqu'un.
- Speaker #0
Voilà, je pense qu'à ce moment-là, je pense que j'ai été très surprise, je me souviens, j'étais très surprise de ma propre réaction, parce que je pensais vraiment que... Quel que soit le temps qui s'était coulé depuis la rupture, ça me ferait très mal. Et en fait, je me souviens qu'en plus, je n'étais pas trop censée le savoir. C'était un peu... Je pense que mes copines ne voulaient pas trop m'en parler parce qu'elles ne voulaient pas me faire de mal. Et en fait, je les ai croisées dans un supermarché tous les deux. Et ils ne m'ont pas vue et je les ai vues s'embrasser.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu es allée faire dans ce supermarché ?
- Speaker #0
Le problème, c'est que tu connais cet environnement. Tout le monde se connaît. Tout le monde va aux mêmes endroits en même temps. Qu'est-ce que c'est que ça ? Donc forcément pas. Et en plus, sur le moment, il y avait d'autres gens que je connaissais et il ne fallait absolument pas que je montre que ça me faisait du mal parce que j'étais avec quelqu'un d'autre. Et j'étais actuellement, enfin à ce moment-là, j'étais en plus avec les potes de ce quelqu'un d'autre. Donc c'était vraiment caca situation quoi. Et je me souviens que je suis sortie, je suis rentrée chez moi et j'ai pas pleuré. Et j'étais vachement surprise parce qu'en plus moi je pleure pour rien. Mais c'est-à-dire vraiment que ce soit dans la joie, dans le malheur, dans tout ce que tu veux, je pleure. C'est mon moyen de défense. Vraiment et pas forcément des grosses larmes mais juste j'ai besoin de lâcher ma petite larme quoi. C'est mon truc à moi ou à plein de gens mais moi j'ai besoin de réagir comme ça. et là je me souviens que j'étais en train de dire pleure pleure pleure, pourquoi tu pleures pas ? Et en fait, je me suis posée et j'étais là, mais peut-être que t'es guérie, meuf, et c'est bien. Et je me souviens m'être dit, elle lui correspond. Et le fait de dire ça de quelqu'un qui n'était pas moi, et de dire ça toute seule, sans mentir, que vraiment c'était quelque chose qui était aussi dans une conversation avec mon père, en fait, qui était sorti hyper spontanément. Et donc là, je me suis dit, t'as le droit d'avancer toi aussi, en fait, ça y est. et en plus je pense que j'ai compris que le fait qu'il soit avec quelqu'un d'autre ne changeait rien à la valeur de notre relation et je pense que j'avais peur que ce soit le cas mais c'est quelqu'un de beaucoup trop respectable pour que ce soit le cas et donc voilà ça c'était très dur et après je pense que ça aussi fait un déclic dans ma relation pansement je pense que c'est un peu à ce moment là parce que c'était durant les derniers mois que j'ai découvert que ce premier garçon avait retrouvé quelqu'un c'est à ce moment là que j'ai réalisé que j'étais pas dans cette relation pour les bonnes raisons C'est vachement à ce moment-là. Et donc après, quand je me suis détachée de ce deuxième garçon, c'était pas forcément physique, c'était plus mental. Déjà, je culpabilisais beaucoup des trois dernières années, parce qu'en fait, j'avais pas été seule durant trois ans, quoi. Donc forcément, tu te retrouves seule, tu remets tout en question. En plus, j'étais encore à l'origine de la rupture.
- Speaker #1
Pourquoi de la culpabilité ?
- Speaker #0
De la culpabilité envers ce deuxième garçon de l'avoir pris pour un pansement. La culpabilité envers mon premier amour de ne pas avoir respecté le deuil comme lui l'a fait. Encore une fois, malgré le fait qu'on fasse comme on peut, bien entendu. Mais moi, j'avais vachement cherché à le cacher et ça, c'était dur à assumer après. Et la culpabilité envers moi-même, en fait. Je réalisais que je m'étais fait subir beaucoup, pour rien, pour pas grand-chose. Et que je n'avais pas à souffrir comme ça.
- Speaker #1
Que tu t'étais créée des situations dans lesquelles tu étais malheureuse. Et que tu voyais presque la part de responsabilité de toi qui te créait ces situations. Oui,
- Speaker #0
parce que je me créais des situations où je me mettais dans la mouise, en fait. Mais vraiment. Et là, je me souviens, je me suis dit, ok, maintenant, l'amour, c'est terminé. Il n'y a que des coups d'un soir, on est solo et tout. Et donc là, cette année-là, je me suis un peu effondrée de tous les côtés, je me souviens. Mais en même temps, je pense que j'ai été surprise de ma réaction à cette rupture. C'est-à-dire que je me souviens, ça a été très dur pendant un mois, mais après, ça allait mieux. Alors que ma première rupture, ça a traîné.
- Speaker #1
Pourquoi tu t'es effondrée ? C'est un mot fort, quand même.
- Speaker #0
Oui, je me souviens d'un truc encore une fois. Quand je pleurais par rapport à ma première rupture, donc toute l'année où j'étais dans cette relation, je pleurais tous les soirs, mais par rapport à ma première rupture. Je me souviens que c'était très difficile à gérer pour ma maman qui se sentait très impuissante, forcément. Et un jour, elle est venue me voir. Pour ne pas dire le prénom du premier garçon, on va l'appeler Ausha Choups. C'est le premier truc qui me vient. Ce n'est pas très sérieux, mais ce n'est pas grave. et Ma mère vient me voir et elle me dit, bon, j'ai réfléchi aujourd'hui. Et tu ne penses pas que Ausha Choups est la couverture de beaucoup d'autres choses dans ta vie qui ne vont pas ? Et en fait, c'est vrai. Je pense que je mettais beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses sur cette histoire. Qui n'avaient rien à voir avec lui. Et donc là où je me suis effondrée, c'est quand j'ai réalisé, à la fin de cette relation pansement, que le nom de mon premier amour était en réalité la couverture de beaucoup de choses. Et quand j'ai réalisé ça... Donc j'ai réalisé que j'avais mis beaucoup, beaucoup de choses sous le tapis. Et là, ça a été un trop-plein, en fait. Ça a été un trop-plein dans mon adolescence, quoi. Et donc je me souviens que la question physique, à ce moment-là, se posait plus du tout, quoi. J'étais vraiment dans un passage de ma vie où j'avais besoin de recoller les morceaux, mais pas dans... En fait, c'est marrant parce qu'on en voit souvent l'expression « recoller les morceaux dans des relations entre deux personnes » . Moi, c'était vraiment recoller les morceaux entre... Entre moi et moi, quoi. C'était vraiment, j'avais besoin de me recomprendre. Parce que là, je comprenais plus rien, quoi, à ce moment-là.
- Speaker #1
Mais ta mère, elle dit ça, elle a une idée de ce qu'il y a derrière ces mots, parce qu'elle t'a pas élevé, donc elle voit les blessures qu'il y a. Est-ce que tu veux parler de ces éléments qui étaient délicats, ou est-ce que tu veux qu'on passe ?
- Speaker #0
Non, bien sûr. Enfin, je pense que c'est aussi important. Et puis, encore une fois, c'est encore l'aspect très spirituel de la question que moi, je trouve très intéressant aussi. Moi j'avais eu une enfance très compliquée. J'étais une enfant assez triste parce qu'il nous arrivait pas mal de choses. J'ai vécu un deuil très très jeune, très fort, quand j'avais 5-6 ans. Je pense que jusqu'à mon premier amour, j'ai jamais réalisé combien le deuil prenait de la place dans mes relations. Dans le sens où pour moi c'était impossible de laisser partir quelqu'un de ma vie s'il n'était pas mort. Parce que c'était trop précieux en fait. Vu que j'avais été privée de ces personnes pour des raisons qui m'échappaient justement, que j'avais vraiment été privée de ces personnes, que ces personnes étaient vraiment parties. enfin, parti, parti, décédé, je ne pouvais pas conscientiser le fait qu'on puisse partir sans mourir. Pour moi, faire partir quelqu'un de ma vie ou laisser partir quelqu'un, c'était comme le tuer. Et j'avais peur de ça. J'avais peur parce que je ne voulais pas accepter de revivre des deuils. C'était trop dur, c'était trop lourd. Et donc, je m'enfermais dans toutes les relations qui tombaient, qu'elles soient amicales ou amoureuses. Et c'est ça qui s'est passé. C'est en fait ce que ma mère me disait. C'est quand il est parti, C'était la première personne que j'acceptais de laisser partir, alors qu'il faisait encore partie de ce monde. Il ne montait pas au ciel, juste il partait. Et c'était ça qui était très très dur à accepter à l'époque. Et donc en fait, je pense que c'était ça que ça cachait. C'était une partie de mon enfance avec laquelle je n'avais pas encore fait le point. J'avais pas fait le prix.
- Speaker #1
Mais c'est fou parce que par rapport à la phrase que tu as écrite, j'ai l'impression qu'il est parti de ce monde. Et en fait, il est juste parti de mon monde. effectivement ça a été ta décision donc c'est très fort de reprendre le pouvoir entre guillemets de moi aujourd'hui je décide de le laisser partir donc merci pour ce partage parce que je trouve que ça éclaire plein de choses sur ce qui a pu se passer comment s'est passé la suite ? Donc ensuite t'as été au lycée comment t'as vécu ton lycée et quelles ont été les relations qui ont compté pour toi ou qui ont changé quelque chose dans ton rapport à l'intime ?
- Speaker #0
Moi j'ai vécu Honnêtement, à part ma dernière année de lycée, j'ai très mal vécu mon lycée. J'étais très malheureuse, parce que j'étais dans une période de changement, même corporel, hormonal, et je n'aimais pas mon corps. Et surtout après ces deux relations, quand je me suis retrouvée seule, et que j'avais tellement placé ma confiance à travers les garçons, que je n'avais plus rien pour la placer. Donc là, il n'y avait vraiment plus de confiance. Et comme je n'avais pas confiance en moi, je n'avais confiance en personne autour de moi, donc je me renfermais beaucoup. Et c'est à ce moment-là que j'ai rencontré mes deux meilleures copines. qui sont encore mes deux meilleures amies. Enfin, je parle comme une vieille, certes. Sinon.
- Speaker #1
C'est trop marrant. On dirait que t'as 45 ans. Ouais,
- Speaker #0
j'en ai 45. Bah grave. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré mes deux meilleures copines. Honnêtement, elles m'ont sauvé la mise. En fait, on s'est rencontrés à un moment où on était toutes les trois très cabossées. Vraiment très, très cabossées. Et malgré le fait qu'on était cabossées, on s'aidait beaucoup. Sans pour autant se tirer vers le bas. On ne s'est jamais tiré vers le bas, alors qu'on allait toutes les trois pas très bien, mais on se tirait vers le haut. Et donc, je pense que ces deux copines-là, dans les relations avec les gens de mon âge, c'est ça qui a compté particulièrement. Parce que j'ai pas eu... Après, j'ai pas eu de relation amoureuse. Après ça, j'ai pas eu de relation amoureuse sérieuse durant le lycée. Et aussi mes parents. Mes parents ont joué un rôle très très important dans ce chemin. Et mes grands-parents. Ouais, encore un truc encore plus bizarre. Ma grand-mère maternelle, elle a vachement, elle a vraiment, c'est à ce moment-là qu'en fait j'ai découvert que je pouvais être aussi proche de ma grand-mère. Durant l'enfance, c'était ma mamie quoi, je l'aimais beaucoup, mais là je lui ai parlé de sexe en fait, voilà, pour poser les termes. Et donc voilà, je pense que c'est ma maman, ma grand-mère et ses deux copines, ça a vraiment été des pieds. Et en plus c'était quatre figures, quatre femmes que j'admirais énormément, pour des raisons différentes. partie de mon idéal. Après, l'idéal, ce n'est pas une bonne chose non plus. Mais voilà. Donc, je me souviens qu'elle m'ont motivée. C'est à partir de ces discussions, vraiment, on discutait beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. En fait, on intellectualisait tout ce qu'on ressentait sur tous les sujets. Amoureusement, amicalement, sexuellement, surtout. On mettait des mots sur tout. Et je pense que c'est particulièrement grâce à ça que j'ai fait du chemin sur ces questions-là durant le lycée.
- Speaker #1
Je trouve que la place des amis, de la famille et des femmes, quand tu t'es créé ton propre cercle de femmes et de soutien autour de toi, je voulais savoir si tu voulais parler de ce qui avait pu se passer au lycée, du fait que tu as été agressée au lycée. Et donc tu as dû faire face à ça, je crois que tu as changé de lycée aussi. Donc quand tu dis que tu as vécu un lycée compliqué, c'est l'une des raisons entre tout ce que tu viens d'expliquer. Comment, si tu as eu la sensation de guérir, qu'est-ce qui t'a aidée dans la guérison pour aller au-delà ? Et c'est aussi que t'as eu des rencontres après qui ont fait que t'as pu aller en procès. Donc, c'était OK pour raconter ? Bien sûr,
- Speaker #0
oui. Je pense que c'est important en plus. On t'écoute. Cette agression, elle a eu lieu avant le lycée. Elle a eu lieu au collège. Ah, OK. Elle a eu lieu au collège. La réalisation de cette agression a eu lieu au lycée. Exactement pendant la période dont on parlait là. Parce que cette personne... est arrivé dans mon environnement, alors que c'était pas forcément prévu, et que pour moi c'était derrière moi. Il y avait seulement ma maman au courant de ce qui s'était passé à l'époque. Et pour moi c'était quelque chose qui était derrière moi, je le considérais même pas comme un viol, parce qu'on va mettre le mot, c'est le cas, je le considérais pas comme un viol parce que je pense que c'était trop dur de le voir comme ça, de mettre un mot pareil, alors que c'est ce qu'on voit dans les séries, dans les actualités, et que c'est vachement catalogué comme quelque chose de violent en plus. Et puis en plus comme c'était mes premières expériences Parce que ça arrive avant mon premier amour ça Donc pour moi c'était impossible d'en reparler Enfin de considérer la chose Sauf que on sous-estime beaucoup Le syndrome post-traumatique Du viol Qui est énorme, qui est immense Et qui se manifeste extrêmement différemment En fonction des femmes, comme tout traumatisme d'ailleurs Et moi en fait ça s'est manifesté Quand il est arrivé Enfin quand il a redébarqué dans mon environnement Je suis tombée malade Ça aussi, je pense que c'est bien en vrai d'en discuter parce que ça arrive à beaucoup plus de femmes que ce qu'on imagine. Je suis tombée malade et je suis tombée dans une spirale infernale qui s'appelle l'anorexie. En fait, le moment où j'ai su que c'était une anorexie, c'est parce qu'on me l'a dit, on m'a diagnostiqué. Je déteste utiliser ce mot parce que pour moi, ça regroupe toutes les anorexies. Enfin, ça regroupe toutes les femmes en un paquet ou même tous les hommes parce qu'il y a aussi des hommes anorexiques. Il y en a moins, mais il y en a. Ça regroupe tout le monde en un même paquet. Alors que l'anorexie, c'est important de déconstruire un stéréotype qui est extrêmement propagé dans notre société. L'anorexie, c'est une maladie mentale, ce n'est pas une maladie physique. C'est souvent un syndrome d'une dépression, souvent un syndrome d'une dépression post-traumatique. Il n'existe pas deux anorexies similaires. L'anorexie, en fonction de chaque femme, est une maladie extrêmement différente. Pour moi, il n'y a pas une anorexie universelle, il n'y a que... plein de petites anorexies et c'est le terme physique qu'on met. C'est important aussi de re-rappeler encore une fois que l'anorexie ce n'est pas être maigre. L'anorexie ça commence à partir du moment où tu ne veux plus manger. Même quand c'est juste une volonté, tu es malade. Et c'est important de le rappeler parce que il y a des filles qui ne choisissent pas d'être maigres et il y a des filles qui se rendent malades pour l'être et c'est très injuste et c'est très difficile à gérer. Et les ranger dans une case universelle c'est juste... Tant que... Moi, je le dis parce que j'ai été dans ce cas-là, c'est très dur à vivre. Et surtout que moi, c'était la conséquence directe de ce traumatisme sexuel. Quand je suis tombée malade, c'est à ce moment-là que j'ai, entre guillemets, accepté de réouvrir ce dossier. Je l'avais laissé sous le tapis pendant presque trois ans. Et là, quand il a fallu vraiment me soigner, comme ça passait par énormément de soins mentaux, et que forcément, c'est des moments où... Les médicaments sont un accompagnement, mais les médicaments ne règlent pas tout et qu'il faut beaucoup beaucoup parler pour que ça passe. Donc là j'ai réouvert le dossier avec beaucoup d'aide, beaucoup beaucoup d'aide de la part de professionnels de santé et de la part de mes parents, parce que je pense que pour mes parents c'était, en tant que parents je pense que c'est quelque chose qui est très difficile à vivre aussi. Comme je n'avais pas réouvert le dossier, tout me revenait en flashback. et ça, c'était très difficile à gérer parce qu'en plus, pour moi... Ma première expérience de la sexualité, c'était mon premier amour. Alors qu'en vérité, il y avait eu ça avant. Mais je ne voulais pas le voir parce que je me disais « Mais si c'est ça ma première expérience, mais qu'est-ce que je vais dire à mes gosses ? » C'était pas possible quand c'était vieilli. Et surtout que je dédramatisais comme jamais. Donc j'ai réouvert le dossier. Et là, j'ai ressenti un soulagement énorme. Parce que j'ai pu mettre le mot « viol » dessus déjà. qui est un mot qui fait très peur à employer, mais une fois que tu l'as mis, tu l'as mis. Et tu te l'appropries. Il est en ta possession. Et il est là, quoi. Et en fait, à partir du moment où j'ai laissé aux effets du viol la place qu'il devait prendre en moi pour guérir, j'ai fait un travail énorme dessus. Et je pense qu'aujourd'hui, même si, évidemment, j'aurais préféré que ça ne m'arrive jamais et que je ne le souhaite à aucune femme, je pense qu'aujourd'hui, ça... Ça m'a aidée à devenir qui je suis, cette guérison, parce que j'ai réalisé beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses à travers ce chemin, et puis même accepté de changer de lycée.
- Speaker #1
Justement, qu'il ne soit plus dans ton environnement. Voilà,
- Speaker #0
pour moi, au début, c'était inconcevable, parce que c'était perdre. C'était le laisser gagner. Et surtout, en plus, au lycée, les gens parlent, les gens racontent ta vie. Et moi, je devais supporter le fait d'être traitée de menteuse en permanence. Voilà, ça c'était heureusement après la roue a tourné. Et ça c'est ce que je souhaite à toutes les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Parce que la roue qui tourne, je pense que la reconnaissance dans le processus de guérison, c'est quelque chose qui est vraiment très important. Et donc au début, il fallait gérer le fait de guérir alors que personne ne me croyait. Donc il y avait aussi la culpabilisation de soi-même. Est-ce que je suis légitime ? Est-ce que c'est réellement ça ? Est-ce que je ne me suis pas fait un film ? Est-ce que je ne suis pas en train de détruire la vie du concerné ? Alors que c'est lui qui m'avait... Il avait détruit toute ma vie à ce moment-là. Et je me pensais être celle qui détruisait la vie de quelqu'un. Pour dire combien le délire va loin. Parce que dans ces moments-là, en fait, c'est... Quand tu sombres, c'est très difficile de faire la part des choses. Et moi, je n'arrivais plus à faire la part des choses du tout. Donc voilà, il fallait gérer la culpabilisation de soi-même. Et un jour, je suis en voiture avec ma maman. C'est fou parce que toutes les discussions les plus importantes que j'ai eues avec ma mère arrivent en voiture, ce qui n'est pas forcément très rassurant. Voilà, c'est notre safe place à toutes les deux. Elle se reconnaîtra parce que je pense qu'elle sera ravie d'en entendre parler. Un jour, on est dans la voiture et elle me dit « Pourquoi tu ne changerais pas le lycée ? » Et je me suis dit « Mais maman, t'es folle, j'ai des amis dans ce lycée. » Alors en plus, franchement, les amis en question, je n'étais pas non plus. Et puis les seuls amis que j'avais allaient partir de ce lycée. J'ai des amis dans ce lycée, et puis partir, c'est lui laisser gagner, partir, c'est perdre, partir, c'est s'avouer vaincu, partir, c'est donner raison à tous ceux qui disent que je mente. Et je me souviens que vraiment, j'étais en larmes, j'étais en mode, mais maman, tu ne peux pas me penser capable de faire ça. Et elle m'a répondu, mais qu'est-ce qui te retient là-bas ? Et je me souviens que là, il y a eu un blanc. Un blanc, parce qu'en fait, je cherchais dans ma tête, et puis au bout d'un moment, j'ai fait rien. Il n'y avait rien qui me retenait. Le seul truc qui me retenait, c'était la souffrance. et si je restais, je pense sincèrement que ça a été quelque chose qui a été un tournant majeur dans ma vie parce que je pense que si j'étais restée dans ce lycée, j'aurais pas guéri mon anorexie, enfin aujourd'hui je pense que je serais encore dans une phase très difficile par rapport à tout ça et en fait elle m'a dit ça et j'ai fait bah c'est vrai, il n'y a pas grand chose qui me retient, donc là la conversation s'est arrêtée et j'ai commencé à me poser la question et le lendemain, je me souviens que j'étais au conservatoire et que j'appelle ma mère et que je lui dis maman on fait les démarches. Vraiment, le déclic, c'est fait en 24 heures. Parce qu'en fait, j'ai réalisé et pareil, il faut le dire aux victimes, partir, ce n'est pas laisser gagner le connard qui nous a fait ça. Partir, c'est se choisir soi. Partir, c'est choisir de prioriser sa guérison, malgré tout. Et quand j'ai réalisé ça, réalisé qu'en fait, partir, c'était ma victoire personnelle. Je savais aussi qu'en étant loin de cet environnement, je pourrais plus facilement un... choisir d'agir contre lui, d'avancer par rapport à ça, parce qu'à l'époque, c'était encore inenvisageable pour moi de rentrer dans une quelconque procédure. Donc, voilà, déjà. Et surtout, je pense que j'avais besoin d'un nouveau départ. Et même, enfin, sur tous les plans dans ma vie à ce moment-là. Et donc, voilà, on a... On a choisi le fait de partir, parce que c'est vrai que c'était une décision quand même assez collective. Parce que je pense que j'avais besoin qu'elle soit collective, si je ne pouvais pas prendre ça toute seule sur mes épaules. Et c'est pour ça, même encore aujourd'hui, on voit, c'est très important, même dans les affaires les plus connues, il faut que les victimes soient entourées, parce que c'est un vrai atout dans un processus de guérison. Et donc à ce moment-là, on a choisi de partir. Et en fait, surtout de partir sans faire du bruit. C'était vraiment partir sur la pointe des pieds. C'était, bon, le rectorat savait que c'était pour cette raison, etc. Moi, le personnel de santé qui me suivait savait aussi. Mais je n'ai pas voulu donner de nom. Je n'ai pas voulu l'accuser. En fait, j'ai vraiment voulu juste faire genre que je partais parce que je déménageais, parce que je n'étais pas prête. Et ça aussi... Le fait qu'on respecte enfin mon envie de respecter moi-même le fait que j'étais pas prête, c'était fort pour moi. J'avais juste besoin de quitter tout ça comme une petite souris, de devenir une petite souris et de ré-éclore ailleurs. C'est un peu bizarre pour une souris d'éclore, mais... Et après, je suis arrivée, j'ai fait ma dernière année de lycée dans un autre endroit. Et là, j'ai littéralement revécu, vraiment. Et quand tu vis une agression, tu as... Généralement, l'impression de survivre pendant très longtemps au lieu de vivre et redécouvrir ce que c'est de juste vivre, c'est un soulagement extrême, que ce soit physique ou mental. Et je pense que vraiment, ça, ça a été... Encore une fois, je ne veux pas parler comme une vieille, mais pour le peu d'existence faite, ça a été le tournant majeur dans ma vie. Parce que je pense que c'est la première fois que je me suis choisie moi.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui a fait que tu as voulu rentrer dans une procédure à un moment donné ?
- Speaker #0
C'est d'abord le fait de ne pas être la seule. Parce que je n'étais pas la seule. Enfin, ça, je l'ai découvert tardivement. Et puis, en fait, j'ai aussi réalisé que rentrer dans une procédure ne voulait pas dire vengeance, ne voulait pas dire lui détruire sa vie. Parce que de toute façon, je pense que les pervers narcissiques sont malheureusement des individus extrêmement intelligents. Et ils sont largement intelligents pour être conscients de leurs actes, en fait. Je savais qu'il serait très intelligent face à tout ça. Et je n'avais pas du tout confiance en plus en la justice française. À ce moment-là, je ne l'ai pas du tout fait. Quand j'ai décidé de le faire, ce n'était vraiment pas dans un but de « je vais l'envoyer en dos, il va croupir » . Pas du tout. Parce que déjà, je savais que c'était presque impossible. Et je me souviens que la raison que j'ai donnée, quand on m'a demandé « pourquoi vous faites ça ? » Parce qu'en fait, c'est vrai que ce n'est quand même pas facile. comme processus, c'est encore... C'est même complètement... Ce que Taylor Swift dit, d'ailleurs, de son agression à elle, c'est un processus qui est complètement déshumanisant. Complètement. C'est vraiment... C'est des sagouins. T'as l'impression, justement, d'être le criminel. Et en fait, je me souviens avoir dit « Mais moi, je ne le fais pas pour me venger. Je ne le fais pas... » pour moi. Déjà, je le fais pour toutes les autres femmes à qui ça risque d'arriver, si on ne fait rien. Et aussi, je le fais parce que je pense qu'il a besoin d'être soigné, que je veux lui donner l'opportunité d'être soigné et de réaliser le mal qu'il a fait, mais pour autant d'être soigné. Jamais je n'ai voulu l'envoyer en détention, pas du tout. Si la justice avait décidé ça, la justice aurait décidé ça, mais pour moi, le... le plus important, c'était vraiment qu'il reçoive une obligation de soin, en fait. J'avais besoin qu'il soit traité comme un vrai malade mental. Et pas comme un malade mental dans le sens une maladie mentale comme on l'emploie, comme un vrai malade comme un fou, quoi. J'avais besoin qu'il soit traité comme ça. J'avais besoin qu'il soit considéré à la hauteur de la gravité de ses actes, en fait. Et j'avais besoin qu'il reçoive le traitement nécessaire pour que ça ne se produise plus jamais.
- Speaker #1
Il l'a reçu ?
- Speaker #0
Pas encore. Moi, j'ai aussi fait du chemin par rapport à tout ça, parce que je sais que peu de procédures parviennent à leur but, entre guillemets. Et j'ai accepté que la vie serait telle qu'elle sera par rapport à tout ça. Mais pour moi, j'ai fait ma part du job, en fait. Dans le sens où, même si la justice ne tranche pas en ma faveur, ce qui risque d'arriver, parce que c'est ce qui arrive tout le temps dans ces situations-là, parce que... non on n'a pas enregistré nos viols non on n'a pas de preuves malgré ça avoir eu la capacité qu'on a eu tout ensemble d'y aller, de se tenir pendant des heures face caméra avec des questions complètement délirantes très intimes qui n'ont évidemment rien à voir avec les podcasts rien à voir avec la douceur des podcasts et ça d'ailleurs je me souviens que ça a été pareil très dur à gérer dans mon intimité juste avoir réussi à faire ça, à se tenir là et à dire, il s'est passé ça, waouh quoi, c'est déjà beaucoup. Donc je pense qu'aujourd'hui, quoi qu'il advienne, j'ai fait ma part du boulot. Et l'important c'est de me dire que si dans 20 ans, dans 30 ans, dans 40 ans, j'ai besoin d'y revenir, il y aura une trace de ça en fait. Et donc voilà, c'est un chapitre qui est désormais, et je pense derrière moi, mais que évidemment je ne... Je ne sous-estimerai jamais les effets que ce chapitre de ma vie a eu sur tous mes apprentissages. Parce que les effets sont là, les effets sont gros et ça arrive, ça arrive à beaucoup trop de femmes. Et je pense qu'accepter de faire quelque chose face à ça, ça ne veut pas dire que toutes les femmes doivent le faire. Ça c'est très important aussi, c'est pas parce qu'il y en a qui y arrivent que d'autres doivent le faire, parce que ça ne correspond pas à tout le monde, parce qu'il y a des gens qui n'arrivent pas à l'affronter de cette manière-là et qui l'affrontent autrement et c'est complètement respectable aussi. L'important c'est avant tout de guérir quoi, peu importe la manière dont tu guéris face à ça.
- Speaker #1
Avec tout ce parcours, parce que finalement c'était il y a un an où tu as changé de lycée, avec tout ce parcours, cette procédure, mais aussi les rencontres que tu as pu faire dernièrement, comment tu te sens aujourd'hui dans ton intimité ?
- Speaker #0
Aujourd'hui j'ai accepté que déjà c'était pas une part dominante de mon être, j'ai accepté que mon intimité c'était qu'une petite part de moi au fond, enfin que mon intimité dans le sens de ma sexualité plutôt. Mais à l'inverse, j'ai laissé justement libre cours aux besoins de mon corps en fait. Dans le sens où par exemple, aujourd'hui j'ai guéri de ce trouble alimentaire, je... Je me laisse tranquille en fait, je pense que c'est particulièrement ça, je me laisse tranquille, je suis paisible par rapport à mon corps, je suis paisible par rapport à mon rapport à la sexualité parce que je sais que j'ai un rapport pas très, comment dire, commun à tout ça, que je fais pas partie des filles qui couchent le plus, que je fais pas partie des filles qui aiment le plus ça, même si, bon, c'est pas désagréable, mais justement je culpabilise plus de ça par rapport à moi-même. plus l'impression de me priver de quoi que ce soit. J'ai plus l'impression de faire marche arrière quand j'ai pas envie de faire l'amour. J'ai plus l'impression de devoir quelque chose à quelqu'un, qui que ce soit sur ce plan-là. J'ai enfin réalisé que ça m'appartenait. Et parce que c'est une chose de le dire, mais de l'appliquer c'en est vraiment une autre. Donc voilà, je pense qu'aujourd'hui je respire par rapport à tout ça. Je me pose toujours autant de questions. Mais j'accepte de prendre le temps d'y répondre et de ne pas avoir la réponse tout de suite.
- Speaker #1
C'est quoi la différence pour toi entre sexualité et intimité ?
- Speaker #0
Je pense que l'intimité englobe beaucoup plus que la sexualité. L'intimité, c'est se lever le matin et découvrir qu'on a un grain de beauté qu'on ne pensait pas avoir. Par exemple, ça, c'est une forme d'intimité. L'intimité, ça peut être découvrir soi-même une zone érogène qu'on n'a pas envie de partager avec quelqu'un d'autre. L'intimité, ça peut être tellement de choses, même ça s'étend largement au-delà de la sexualité. C'est comme les goûts et les couleurs, c'est quelque chose qui t'est propre. Et c'est ça pour moi la plus grande richesse de l'intimité. C'est ta richesse à toi. Et la sexualité, c'est une part de cette intimité qui t'appartient. Pour moi, c'est une terre encore plus inexplorée que l'intimité dans sa globalité, on va dire. Et c'est important pour moi de différencier les deux. Parce que surtout, je trouve qu'on associe de plus en plus sexualité à binôme, entre guillemets. On ne voit plus la sexualité comme quelque chose qu'on peut vivre seul. Alors, c'est pour ça que je pense que c'est en partie pour ça que je différencie les deux aussi.
- Speaker #1
Ça me fait penser juste au fait que tu disais que toi, tu ne te faisais pas vibrer toute seule. Où est-ce que tu en es par rapport à ça aujourd'hui ?
- Speaker #0
Ça, ça a été un complexe pendant très longtemps. Parce que...
- Speaker #1
Ça a été un complexe de ne pas te masturber ? Ouais.
- Speaker #0
Pourquoi ? Parce que ce n'était pas commun. C'était pas commun, autour de moi c'était pas commun, les filles autour de moi elles le faisaient toutes quoi, moi j'étais en mode mais moi non, j'ai jamais fait, et encore aujourd'hui j'ai pas honte de le dire, je pense que vraiment ça a dû m'arriver une fois quoi, parce que c'est pas quelque chose, en fait j'ai rien dit que c'était pas quelque chose, au début je pensais que c'était quelque chose avec quoi j'étais pas à l'aise, aujourd'hui je pense que c'est quelque chose juste que je n'aime pas, et c'est pas grave. et pendant des années, je n'osais pas le dire je m'en cachais, moi aussi tous les jours parce que j'avais honte de ne pas aimer ça parce que ça sortait du commun et justement par rapport à tout ce que je vivais intérieurement j'avais tellement besoin de me faire petite sur ces questions-là que le nier, c'était une manière de passer partout et justement de ne pas se prendre des questions en mode ah bon, tu ne te touches pas, c'est vrai, tu ne t'es jamais touchée ah bon, tu ne l'as jamais fait et ce n'est pas des questions méchantes ... Mais c'est des questions que tu n'as pas envie de recevoir quand tu es déjà toi-même tout seul gêné par rapport à ça. Et donc, c'était plus facile de mentir en mode meuf. Oui, moi aussi,
- Speaker #1
ça m'arrive. C'est fou parce que les questions de la sexualité ne t'ont jamais vraiment gêné. Enfin, tu as eu des épouses jeunes au collège quand tes amis, justement, étaient gênés par ça. Mais la masturbation, c'était vraiment l'espace dans lequel tu sentais que ce n'était pas pour toi. Ça te mettait mal à l'aise par rapport à toi. Oui,
- Speaker #0
et c'est fou ce dualisme entre les deux. C'est hyper perturbant. Parce que j'étais... Non mais c'est vrai, quoi. J'étais limite Madame Irma de la sexualité. J'en parlais à tout va, avec toutes mes copines. Mais par contre, la masturbation, ça m'était étranger. Ça me faisait peur. C'était complètement peur. Je n'ai jamais vu de vidéo... pornographiques, moi. Jamais, quoi. Donc, c'est... Et pourtant, je trouve ça... Je trouve que toute cette libération sexuelle est géniale, quoi. Moi, j'admire les gens qui sont à l'aise avec ça, encore aujourd'hui. Même si je me laisse tranquille par rapport à ça, moi, j'ai vraiment... Enfin, j'admire toutes les personnes qui m'entourent qui sont à l'aise avec ça. Évidemment, ce n'est pas du snobisme. C'est ça que je veux dire.
- Speaker #1
Non, mais en plus, la libération sexuelle, c'est pour faire ce que t'as envie de faire. Si t'as pas envie, t'as pas envie. on arrive à la dernière question de Terres intimes Qu'est-ce que tu dirais à la toile d'il y a dix ans si elle était en face de toi ? D'il y a 5 ans.
- Speaker #0
D'il y a 5 ans ? Ouais. Moi, d'il y a 5 ans, je me dirais déjà, avant tout, ne te laisse pas faire. Pas forcément que physiquement, on ne te laisse pas faire. Enfin, crois en toi. Crois en toi sur tous les plans, mais surtout sur le plan de l'intimité, en fait. Et de la sexualité, crois en toi parce que ça va aller. Ça va se débloquer et que ce n'est pas une fatalité. Ce n'est pas parce que tu as vécu ça à un moment que demain, ça n'ira pas mieux. Ça prendra le temps, ça prendra, mais ça ira mieux, en fait. Je pense que c'est ce que j'avais besoin d'entendre. J'avais besoin d'entendre. que quoi qu'il se passe, ça irait. Et surtout, toutes les questions sont légitimes d'être posées avec soi-même. Ça, c'est hyper important. Toutes les questions sont très importantes. Il n'y a pas de bonne question, il n'y a pas de bonne réponse. Il n'y a pas de réponse universelle. C'est pour ça qu'on dit souvent, vraiment, on l'a beaucoup répété, et je dégestais pareil qu'on me dise ça, parce que je suis une vraie tête de mule. On me disait, non, mais tu trouveras la réponse par toi-même, parce que c'est une réponse qui t'est propre. sur les sujets de sexe. Et j'aimais pas ça, parce que je me disais, mais non, mais il devrait y avoir un mode d'emploi universel pour réagir face à cette situation. Mais en fait, c'est tellement bien, au fond, qu'il n'y en ait pas. Parce que c'est bien l'authenticité, c'est bien la singularité, c'est bien de réagir tous différemment. Donc je pense que, ouais, la moindre, il y a cinq ans, je dirais, fais-toi confiance, laisse-toi vivre, sois paisible. Enfin, parce que je pense que la sérénité, c'est quelque chose que j'aurais aimé acquérir un peu plus tôt. Ouais, bah juste vis ta vie et... Laisse-toi vivre, c'est vachement ça en fait, c'est vraiment laisse-toi vivre, laisse-toi apprendre, laisse-toi faire des erreurs, laisse-toi mettre les pieds dans le plat, enfin faire des conneries c'est pas grave, on se relève, on apprend, mais par contre ne laisse personne te faire du mal, c'est désagréable.
- Speaker #1
Ce que je trouve fou c'est que quand tu parles de ton parcours, tu parles comme si tu étais loin de ton corps, et en fait avec ton premier amour tu étais quand même assez proche de ton corps, ça t'a permis de te reconnecter. malgré ce qui s'était passé. Et en fait, ton chemin, ça a toujours été connexion, déconnexion, connexion. Jusqu'à aujourd'hui où t'es en toi, quoi. En toi et avec toi.
- Speaker #0
C'est vrai que c'est marrant parce que c'est vrai que j'ai souvent considéré mon âme, on va dire, comme extérieure à mon corps. Pour moi, c'était comme si je regardais mon physique de l'extérieur. Et j'ai jamais eu une pleine synthèse des deux, quoi. J'ai jamais eu une vraie symbiose entre mon corps et mon cerveau. Enfin, jamais je... Parce qu'il y avait trop de réflexions, c'était trop compliqué. Et je pense que c'est ça particulièrement qui a tout changé dans ma vie depuis que j'ai eu mon bac, que je suis dans le début de l'âge adulte. Non mais j'en ai marre de parler comme une vieille. Je suis connectée. Il n'y a plus de séparation entre les deux et ça fait du bien.
- Speaker #1
Mais c'est la prépa ça.
- Speaker #0
Oui c'est la prépa. Allez en prépa, vous ne souffrirez pas trop. C'est faux.
- Speaker #1
En tout cas, merci beaucoup, Louison, pour cet épisode et pour ton partenaire.
- Speaker #0
Merci beaucoup et courage à tous.
- Speaker #1
J'espère que cet échange vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à vous abonner au podcast pour ne rater aucun épisode. Un grand merci à Louison et à son chat pour leur accueil et leur douceur. Merci au studio Les Belles Fréquences pour le montage son et à Didier Bénetti pour la musique de Terres Intimes. Je vous dis à très vite pour le prochain épisode.