- Speaker #0
Bienvenue dans Terres intimes, le podcast qui explore la sexualité et l'intimité de personnes comme vous et moi. À chaque épisode, découvrez des témoignages authentiques et remplis d'engagement, des réflexions et des outils pour vous aider à vous sentir plus libre, apaisé et joyeuse dans votre vie intime. Parce que s'épanouir dans sa sexualité est autant une nécessité qu'un acte révolutionnaire. Si le podcast vous plaît, s'il vous fait du bien, si vous avez même envie de le partager à vos amis, alors n'hésitez pas à vous y abonner. pour ne rater aucun épisode et à lui mettre 5 étoiles. C'est un petit clic pour vous et pour nous, c'est beaucoup. Je suis Juliette Cervera et vous écoutez Terres Intimes. Hello les intimes, je suis ravie de vous présenter le nouvel épisode de Terres Intimes qui n'est autre que l'épisode 40. C'est plus de 40 rencontres, interviews, tables rondes, bouts de vie et bouts d'intimité partagés avec vous. Et j'espère que ce n'est que le début. Pour l'occasion, et comme dernière interview complète avant l'été 2025, car il y a des petites surprises en préparation, j'ai l'honneur et la joie de retrouver Eleanor. Eleanor, c'est l'invité de l'épisode 15, où elle nous racontait le climat incestuel dans lequel elle a grandi et l'influence de celui-ci sur son enfance, sa vie intime, ses relations et son rapport au corps. Trois ans plus tard, autour d'un de nos nombreux dîners, j'ai dit à Eleanor que ça me plairait de la réentendre à ce micro tant sa vie a changé. et sa vision de la guérison aussi. Elle était complètement alignée avec l'idée, alors un après-midi, on s'est retrouvés chez moi, dans mon canapé, pour échanger sur ce qu'il s'est passé pour elle. Ensemble, nous avons parlé de ce que ça lui a fait de devenir maman, de ce que cela représente d'élever un garçon dans une famille où l'énergie d'inceste est présente, de comment s'est passée sa grossesse et son accouchement, de l'impact d'un accouchement traumatique sur les premiers mois de vie à trois et le manque de sommeil, et enfin, de son envie. d'avoir un deuxième. Nous avons aussi parlé d'un sujet qui lui tenait à cœur, le fait que guérir d'un trauma, c'est plus un chemin, un travail de libération avec des merveilleuses percées qu'une fin en soi. Je vous souhaite un très bel épisode et je vous invite à écouter, si ce n'est pas encore fait, l'épisode 15 de Terres intimes pour entendre le chemin de cette femme aussi intelligente que fabuleuse. Oh, et dernière chose, si vous me cherchez sur les réseaux sociaux, vous ne me trouverez plus sous le pseudonyme de Juliette fait la révolution. mais de Juliette Savard. Il était temps que je me réapproprie pleinement tout cet univers, sans pseudo, sans me cacher, même si Juliette fait la révolution. J'adorais. Allez, à tout de suite et bonne écoute. Bonjour Eleanor.
- Speaker #1
Bonjour Juliette.
- Speaker #0
Je suis tellement contente de te recevoir pour la deuxième fois dans Terres intimes. Merci beaucoup de prendre ce temps pour partager ta vie avec nous.
- Speaker #1
Plaisir partagé.
- Speaker #0
Depuis qu'on s'est rencontré, il s'est passé beaucoup de choses dans ta vie, notamment un bébé. Il y a eu plein d'autres choses, mais c'est vrai que là, c'est l'élément le plus fort qui me vient. Surtout qu'à la fin de notre épisode, on introduisait sur l'idée d'avoir un enfant. C'est une belle transition. J'ai envie de commencer par ce sujet du bébé et de la maternité, parce que c'est un sujet, comme tu sais, qui me passionne. Je voulais savoir comment s'était passée cette première grossesse.
- Speaker #1
Oui, effectivement, la dernière fois qu'on s'est vu, c'était il y a quasi deux ans et demi, puisque c'est l'âge de mon petit garçon. la grossesse s'est bien passée même si j'ai fait une petite menace d'accouchement prématurée deux mois avant le terme alors que tout se passait très bien et que moi j'étais plutôt confiante donc c'est le seul épisode un peu entre guillemets embêtant qui s'est déroulé pendant la grossesse même s'il y a eu d'autres choses, du coup je vais commencer par le début en fait ce qui a été très cool c'est que je suis tombée enceinte très rapidement notamment quand on s'est mis d'accord avec mon partenaire pour l'avoir donc ça c'est quand même une chance parce que clairement eux. Tout le monde n'a pas cette chance de pouvoir concevoir aussi vite. Moi, je crois qu'en deux mois, c'était plié. Donc ça, c'est très cool. D'autant plus que c'était une décision commune avec mon partenaire qui avait mis un peu de temps à arriver. Donc c'était chouette, finalement, d'avoir cette accélération un peu naturelle, comme si la vie nous disait « Go, vas-y, c'est open, on peut y aller » . Et donc, du coup, j'ai très bien vécu cette grossesse, parce que j'étais très heureuse de ce bébé, parce que je n'étais pas sûre de pouvoir avoir un enfant avec l'homme avec qui j'étais. Non pas parce qu'il y avait des difficultés à concevoir, mais plutôt parce que je n'étais pas sûre que lui veuille avoir cet enfant. Donc très heureuse de l'avoir et aussi du coup très anxieuse. Très anxieuse de le perdre, très anxieuse que ça ne se passe pas bien, très anxieuse que s'il y a un quelconque problème, l'autre me dise « non, on ne réessaye pas » ou « on n'a pas d'autre enfant » . Donc anxieuse pour ça, je me souviens, j'étais assez attentive à ce qui se passait dans mon ventre. J'étais contente de le sentir régulièrement parce qu'en vrai, ça me rassurait de ouf. Et j'ai quand même, ça s'est bien passé, mais j'ai quand même eu pas mal de remontées traumatiques. On ne va pas se mentir, être enceinte, ça remue beaucoup de choses. Donc ouais, psychiquement, ça a été quand même assez intense parce qu'il se passe quand même pas mal de choses, déjà physiologiquement dans le corps, dans la tête, la préparation de devenir parent, la différence entre la manière dont moi je le vis parce que j'avais mon bébé dans le ventre, donc je le sentais, mon mec qui était un peu... étranger, externe à tout ça, qu'il le voyait physiquement mais pas émotionnellement. En fait, ils le captaient, mais ce n'était pas une réalité tangible là où pour moi, ça l'était. Et puis, il y a eu quand même eu pas mal d'insomnies aussi, les petites vessies, les réveils et tout. Mais bon, ça, c'est normal. Et encore une fois, c'est une telle joie de pouvoir, c'est une chance de pouvoir vivre ça. Donc, c'est pour ça que je dis que c'était à la fois très chouette et en même temps intense à tous les niveaux, notamment parce qu'au-delà de cette menace d'accouchement prématuré qui est arrivée deux mois avant le terme, suite à une retraite, Mon garçon est né plus d'un mois avant le terme quand même. Alors je pense que c'est parce qu'il était assez volumineux. Il faisait déjà 3,1 kg plus d'un mois avant le terme. Donc c'était un bon bébé. Et je pense que mon corps n'était plus capable de le garder plus longtemps. Il était grand et lourd pour moi. Mais voilà, sinon franchement, globalement, ça s'est très bien passé. Et surtout, très heureuse de pouvoir l'avoir.
- Speaker #0
J'aimerais plonger maintenant dans le sujet, tu parles de remontée traumatique. C'est vrai que pendant la grossesse, c'est un moment où on appelle ça... En périnatalité, la dynamique psychique de la grossesse, où il y a une transparence psychique. En fait, la grossesse va faire chez la mère questionner ses représentations, ça va la faire revivre sa propre enfance, son propre bébé, le bébé qu'elle a été, le bébé qu'elle aurait aimé être, le bébé qu'elle espère avoir été, etc. Donc c'est très intense, c'est génial dans le sens que ça permet aussi de remodeler des représentations, mais ça fait remonter, quand il y a eu des traumas, tous ces éléments pour les traiter. pour l'accueil et créer du lien avec l'enfant. Qu'est-ce qui s'est passé pour toi, pour peut-être une remise en contexte aussi, pour les personnes qui n'auraient pas écouté ton premier épisode, même si il faut y aller absolument ?
- Speaker #1
Oui, oui, quand je parle de remontée traumatique, moi j'ai été victime d'un climat incestuel dans mon enfance. Voilà, alors il n'y a pas eu viol, mais il y a eu quand même agression sexuelle, et ça a été suffisamment traumatisant pour que j'en fasse des rêves et pour que ça revienne. Et ça continue encore, même longtemps après. J'en ai encore fait un récemment, c'était horrible. On me forçait à me marier avec mon père. C'était horrible. C'était horrible, mais ça date d'il y a dix jours. Et je me réveille, et en fait je me souviens dans mon rêve, j'en ai encore des frissons, j'étais en colère, et je disais à ma mère, mais à quel moment j'ai donné mon consentement pour ça ? À quel moment ? Vous l'envisagez ? À quel moment je suis là en train de me préparer à un mariage auquel je n'ai pas envie, mais avec mon putain d'aron ? Enfin genre, c'est quoi le bail ? Et en fait, elle me disait, et ma mère me disait, « Ah, mais tu dormais ! » Donc en fait, comme t'as pas répondu, on s'est dit que c'était OK. Mais à quel moment c'est OK ? À quel moment c'est OK ? Là, j'en rigole, mais en vrai, c'est quelle angoisse ! Donc oui, j'ai un rêve dont je me souviens, de mon père qui me regarde dans la voiture avec un regard qui n'est pas celui d'un regard d'un père pour sa fille, mais d'un homme pour une femme, et de dire à mon père « Arrête de me regarder comme ça ! » Enfin, genre « Je t'interdis de poser un regard comme celui-ci sur moi, c'est pas normal, c'est pas OK. » Ouais, il y a des choses qui ont bougé. ça fait plus de dix ans que je suis en thérapie que je le travaille, que je suis à l'aise d'en parler il y a des choses que je continue de travailler et encore maintenant même maman en tant que maman il y a encore des choses sur ça qui se jouent après, c'est à dire au delà même moi de mon parcours mais dans les dynamiques familiales je suis encore obligée de devoir poser le cadre du consentement avec ma mère sur des trucs qui moi me semblent évidents mais qui pour elle ne le sont pas du tout donc c'est encore un truc qui est pour le coup vraiment... en mouvement constant.
- Speaker #0
Tu parles de la dynamique familiale et tu parles de ta maman. Est-ce que tu t'es posé la question, je sais que tu t'es posé la question, mais du fait de la rencontre de ton enfant avec ton père ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr, je me suis posé la question. D'ailleurs, je n'ai pas dit à mon père que j'étais enceinte. En fait, j'ai peu de relations avec lui, ça fait cinq ans que je ne l'ai pas vu. J'évite le plus possible les contacts avec lui parce que dès qu'on échange, j'ai l'impression de me faire violer. En fait, c'est comme s'il cherchait à rentrer, à forcer mon intimité, mais juste même verbale. mais c'est le ressenti que j'ai donc je lui donne le petit doigt il me prend le bras il faut toujours qu'il en sache plus donc je lui ai dit que j'étais maman le jour où j'ai accouché ou deux jours après il l'a découvert comme ça le seul relation qu'on a c'est qu'il envoie un cadeau pour son anniversaire et pour Noël puisque les dates sont assez proches pour mon père il a jamais rencontré mon garçon et je vais éviter le plus possible qu'il le rencontre et pour ma mère si il y avait pour le coup l'envie de de lui présenter mon petit et qu'elle puisse faire part de cette vie-là, mais je me rends compte que c'est un peu une bataille au quotidien. Je vais donner deux exemples pour illustrer ça. La première, c'est mon garçon avait 6-7 mois, et donc je m'en vais pour le mettre à la sieste. Et là, je le porte, son dos était contre moi, et donc son visage était face à ma mère. Et donc je dis à mon fils, on va dire au revoir à grand-mère, avant la sieste. Et là, ma mère prend ses pieds. qui était nue parce que c'était l'été et donc elle prend ses pieds, elle va faire des bisous à ses petits-filles en mode bonne nuit, bonne nuit et puis là elle se met à lui lécher le gros doigt de pied et là je lui dis mais qu'est-ce que tu fais ? genre qu'est-ce qui se passe là ? genre c'est dégueu mais à quel moment tu fais un truc pareil ? mais elle me regarde, je lui dis bah je sais pas, c'est une agression Moi, je le vis comme une agression. Je trouve qu'il y a un truc hyper sensuel qui n'a pas lieu d'être entre un adulte et un enfant. Je me dis, mais... Bref, j'étais là en mode, à quel moment ? Donc ça, c'est pour illustrer ça. Et l'autre moment, c'est là, récemment, on était au parc avec ma mère. Donc mon petit garçon, maintenant, a quasi deux ans et demi. Donc on joue au parc. Et à un moment donné, il s'en va du parc. Et on était avec d'autres parents qui avaient une petite fille du même âge. Et cette petite fille était très câlin. et en fait d'ailleurs elle était venue me voir pour faire un câlin et donc moi j'avais regardé les parents en disant est-ce que c'est ok moi je veux bien lui donner un câlin mais est-ce qu'elle est d'accord, si vous les parents je veux pas, elle me dit oui oui elle est comme ça avec tout le monde avec les gens qu'elle sent, elle va chercher des câlins, ok très bien bon forcément mon petit garçon était un peu jaloux mais je lui ai dit mais il y a de la place pour tout le monde, viens mais bon je pense qu'il était sorti du parc parce qu'il était un peu jaloux et que en fait ça l'emmerdait qu'il doive partager sa maman en sachant qu'il est pas du tout dans la phase de partage il doit l'apprendre vraiment et donc là je cours le chercher en dehors du parc. Et là, je vois ma mère en train de discuter, parce que ma mère était là, et je la vois en train de discuter avec les parents, en train de faire un geste comme si elle avait les boules. Donc elle met ses mains sous sa gorge en mode « je suis vénère » . Et là, j'entends ma mère dire un truc du style « moi, je peux pas avoir de relation avec mon petit-fils, je peux pas faire de câlins, on m'en empêche, toute cette histoire du consentement, je comprends pas, c'est de la merde, on est en train de faire du drama. » Et là, je la regarde, je fais « mais à quel moment, alors que toi-même, t'en étais victime, Tu sais ce qui nous est arrivé, parce qu'il n'y a pas qu'à moi que c'est arrivé. Enfin, genre, à quel moment tu peux tenir un tel propos ? » Et elle me dit « Oui, mais moi, mes grands-parents, ils me forçaient à m'embrasser, ça ne me dérangeait pas. » Je dis « Mais comment on peut être à ce point non conscient ou dans le déni ? »
- Speaker #0
Ouais, c'est du déni, un peu de voir sa réalité,
- Speaker #1
quoi. Mais oui, sachant que deux secondes avant, elle me disait qu'elle était en surpoids à cause de l'inceste qu'elle a elle-même vécu. Je dis « Non, mais en fait, il y a une dissociation, enfin, il y a une déconnexion totale. » Et donc moi, je sens que vraiment, ça me tend, parce que je trouve que c'est un truc sur lequel je ne voulais pas passer. Et donc, on sort du parc, parce qu'in fine, mon petit garçon allait manger. Et donc, je reviens, on traverse la rue, et je reviens, je redis à ma mère, écoute, je voudrais quand même revenir sur ce sujet, le consentement est essentiel, je ne veux pas qu'il y ait un quelconque forcing vis-à-vis de lui, sur de l'affection. Son nom est un nom, et je voudrais que tu le respectes. Elle dit, oui, mais je respecte, mais je ne suis pas d'accord. Je lui dis, alors tu as le droit d'être pas d'accord, mais moi je te demande, c'est la règle de conduite Et c'est pas fini. On rentre à la maison. Mon garçon mange. On va le coucher à la sieste. Ma mère lui lit une histoire. On fait le rituel du sommeil. Ma mère lui lit une histoire. Et là, elle lui dit, est-ce que je peux te faire un bisou ? Et là, mon fils dit non. Et là, elle se met à faire comme le bébé qui pleure. Ouah ! Ouah ! Ouah ! Je suis super triste, tu veux pas me faire de bisous ? J'étais là, mais chantage affectif. Mais à quel moment ? À quel moment qui est l'adulte et qui est l'enfant, en fait ? Et du coup, elle a redemandé une fois. Mon garçon était sur mes genoux, donc il est revenu vers moi. Moi, j'étais en frise de me dire, mais à quel... J'étais choquée, en fait, de l'intensité du truc. Et donc, finalement, ma mère commence à sortir de la chambre et on dit au revoir, grand-mère. Et là, elle revient, elle dit, t'es sûre, je peux pas te faire de bisous ? Je vais être super triste si je pars alors que je t'ai pas fait de bisous. Tu veux me rendre triste ? Et vraiment, j'étais en colère. Et je me suis dit, non, mais en fait, je vais dire un truc en sortant. Et donc, là, j'ai déjà couché mon fils et je lui ai dit, t'as raison. si t'as pas envie. C'est ton droit, ton choix, ton corps, ton intégrité. Moi, je suis fière de toi. Et sur le coup, je n'ai pas été capable de le dire à ma mère parce qu'en fait, j'étais tellement choquée. En fait, j'étais tellement démunie et j'étais tellement surprise à la fois par le chantage affectif, par le déni. Et en fait, surtout que ce soit tellement loin de mes valeurs. En fait, je me suis dit, mais à quel moment il faut que je fasse la police sur un truc si évident ? Enfin, juste, c'est du bon sens, quoi. Et donc, du coup, je lui ai quand même envoyé un texto après pour pour poser le cadre, parce que quand j'en ai débriefé avec ma thérapeute, elle me dit « mais est-ce que toi, t'as posé le cadre aussi explicitement vis-à-vis de ta mère ? » Et donc, je lui ai dit « non » . Et je pense que c'est ça aussi qui fait que parfois, je peux être démunie, c'est que, au fond, comme j'ai pas posé le cadre hyper clairement, je peux pas lui en vouloir de respecter un cadre que je n'ai pas énoncé, quelque part. Même si pour moi, c'est du bon sens, mais quand je vois... De toute façon, s'il m'est arrivé ce qui est arrivé alors que ma mère était au courant, c'est que de toute façon cette notion de cadre elle est pas claire pour elle tu crées un truc très très très solide exactement Donc du coup, c'est ce que j'ai fait, je lui ai envoyé un message hyper clair que je ne vais pas relire là, mais en disant, je ne t'interdis pas d'avoir une relation affective avec lui, en revanche, je te demande de respecter son consentement, c'est-à-dire ne pas forcer, s'il dit non physiquement, verbalement, ne pas faire de chantage affectif, ne pas forcer, ne pas lui faire peser sur lui la responsabilité de tes émotions. Et cette règle de conduite, elle est valable pour tout le monde, pour toi, pour moi, pour tout le monde, parce que je sais qu'elle est drama, je sais qu'elle prend les choses personnellement. Je sais que... Voilà, je vois bien que j'ai une enfant en face de moi, donc je me suis dit je vais être hyper claire. Moi ça m'a fait du bien de poser le cadre mais ça m'a coûté parce que je me suis dit mais à quel moment je dois revenir sur des choses qui sont si... essentielles, et si limpides, et si basiques, qui sont pour moi du sens commun. Mais je vois bien que ça ne l'est pas. Mais faire la police là-dessus, et d'avoir encore une fois quelqu'un qui est autant dans le déni de tout, en vrai, ça me fait vriller. Elle ne m'a pas répondu. J'ai envoyé ce texto et elle ne m'a pas répondu là-dessus.
- Speaker #0
Parce qu'en plus, tu as discuté de ton histoire avec ta mère. Elle est au courant de tout ce qui se passe. Donc c'est une forme de refus. C'est comme si à chaque fois, elle oubliait ce qui s'était passé.
- Speaker #1
Complètement. C'est pour ça qu'on parle de déni. Je pense qu'elle est dans une forme de déni traumatique et je te promets, alors qu'elle me disait sur le banc deux minutes avant cet épisode, elle me dit « si je suis en surpoids, c'est à cause de ce que j'ai vécu » . Alors que bon, peut-être, peut-être pas, c'est une grosse gourmande. Donc là aussi, on est dans le déni de tellement de choses. Je pense qu'il y a une telle dissonance dans sa tête qu'elle ne se rend même plus compte. Et le pire, c'est que quelques jours après, donc je n'ai pas de nouvelles, on a eu un décès dans notre famille. J'appelle ma mère et mon fils me demandent à la voir en visio, donc je mets la caméra. Et ma mère, dès qu'elle voit mon fils, elle nous dit « Ah, j'ai envie de t'embrasser, j'ai envie de t'embrasser » . Je me suis dit « Putain, elle cherche quoi ! Elle cherche ! »
- Speaker #0
Je ne sais pas ce qu'il se passe pour elle là, mais...
- Speaker #1
Ouais, elle cherche. Et en fait, je me suis dit « Mais je sais que ce n'est pas quelqu'un de mal intentionné. Tu vois, ce n'est pas une méchante. » Mais là, je me suis dit « J'ai l'impression que c'est son inconscient qui a pris le pouvoir et je ne sais pas ce qu'elle veut exprimer. Mais putain, elle cherche ! » Et donc moi, ça m'a encore tendue à l'intérieur de me dire, mais tu le fais exprès ou quoi ? T'es genre... Bref. Donc c'est encore des sujets et sachant que, petite précision, l'inceste était à la fois... Enfin, moi j'ai vécu l'inceste vis-à-vis de mon père, mais ma mère était au courant de ce qui se passait et qu'elle n'a rien fait. Et elle-même a été victime. Donc j'ai vraiment des deux côtés. Donc ce climat incestuel, en fait, il est présent partout et je le vois même au-delà de ma mère, dans ma famille. Il y a des comportements des oncles vis-à-vis des petites cousines. Enfin, il y a des choses, des mots qui sont pas normaux et sur lesquels moi je suis choquée et je vois bien que... Elle est victime d'un système qui la transcende et qui la dépasse. Et un de mes thérapeutes m'a dit, mais le problème de l'inceste, c'est que c'est un peu comme un poison. En fait, il s'infuse et il se diffuse. Et en fait, c'est là sans être là. C'est à la fois présent et flou, c'est pernicieux. Et c'est très dur, surtout quand il n'y a pas eu viol et agression physique pure. C'est qu'il y a tous les effets de l'inceste. Et on le voit, ça purule. Il y a du dégoût de partout. C'est là, il y a un côté hyper sale. Et en même temps, c'est flou parce que comme il n'y a pas eu d'actes d'agression pur, mais que c'est une somme de mini-agressions qui sont quand même subtiles, donc tu pourrais les prendre, tu pourrais dire « c'est de la maladresse » . En fait, tu peux vite trouver des excuses comme il n'y a pas eu un acte fort fondateur. Et donc du coup, c'est vachement dur de se dépêtrer de ce truc-là. Moi, je compare ça un peu à une marée noire, quoi. Ça a été englué dans quelque chose. Et donc c'est ça. Et en fait, c'est là où moi, je décide de faire aussi attention aux détails, et notamment aux détails symboliques, parce que je trouve que c'est mon rôle de mère. Et puis je me dis, je nettoie aussi. Mais putain, il y a des choses à nettoyer de deux côtés. Donc ouais, du coup, je fais vachement gaffe. Et pour le coup, je ne fais pas du tout confiance en ma mère. Alors pas parce qu'elle va maltraiter, mais encore une fois, dans cette notion de chantage affectif, de forcer les bisous, les câlins, les trucs, les machins. Voilà, en tout cas, moi, dans mon truc de valeur, dans mon code de valeur, c'est pas du tout OK. Je me dis, c'est mon rôle en tant que parent, justement, de remettre un cadre là où il n'y en a pas eu, de notre côté en fait
- Speaker #0
Elles sont cadre de sexualité, sensualité, famille, tout est poreux.
- Speaker #1
Oui, exactement. Il y a des mélanges des genres. On mélange l'adulte avec l'enfant et ce changement de rôle, effectivement, il est constant, il est poreux, il est permanent.
- Speaker #0
Est-ce que dans le premier épisode, on va revenir après à ta grossesse, ton accouchement, parce que je suis passionnée et je sais que j'ai envie que tu nous racontes tout. mais vu qu'on est dans ce sujet, tu m'avais dit que dans le... Dans l'épisode qu'on a fait avant, avec le recul, tu m'avais dit j'ai l'impression d'avoir été peut-être un peu trop gentille ou d'avoir laissé passer certaines choses. Qu'est-ce que tu aimerais dire aujourd'hui par rapport à ce qui s'est passé avec l'expérience que tu as eue ces dernières années ?
- Speaker #1
Oui, effectivement, je me souviens très bien de t'avoir dit ça. En fait, je pense que j'ai un caractère très optimiste, très joyeux, très vivant, tu vois, quelque part. Et je pense qu'à ce stade-là, j'avais l'impression d'avoir déjà nettoyé beaucoup de choses et donc j'étais un peu dans cette joie, tu vois, et je pense un peu du coup aussi un peu cette illusion. que c'était derrière moi. Sauf que, non. en fait, et il y a encore des choses qui reviennent et qui remontent et tout, et donc en fait l'idée n'est pas de cesser d'être optimiste parce que je trouve que se sentir aller mieux traiter le trauma, s'en libérer est hyper nécessaire mais ce que je voulais dire c'est qu'on peut être je pense que j'ai peut-être manqué de réalisme réalisme au sens de c'est pas si facile que ça de se libérer que c'est pas parce que je suis partagée entre être optimiste et il faut faire le travail enfin il faut, il n'y a aucune injonction, chacun fait quand il veut et comme il peut, et au moment où il peut Merci. Mais d'être aussi dans ce réalisme, de dire en fait, de dire putain ouais c'est dur, c'est dur, c'est un putain fucking travail, je suis désolée il y a beaucoup de putains. Mais en vrai c'est un vrai travail, on peut être réaliste et optimiste, mais ouais il y a des moments où c'est dur. Donc j'avais envie en fait de donner de l'espoir, mais aussi de revenir sur, réalistiquement parlant, c'est aussi une bataille de tous les jours sur la sexualité, sur l'intimité, sur le rapport au corps, le rapport à l'autre. et qu'en fait il y a une phrase que j'ai entendue sur le trauma qui m'a fait beaucoup de bien en me disant l'idée c'est peut-être une illusion de croire qu'on peut s'en libérer, en revanche c'est apprendre à vivre avec, et en fait je trouve ça plus juste là où moi quand je me suis réécoutée j'avais l'impression de dire ah c'est bon c'est fini on claque des doigts, c'est terminé et non en fait et t'apprends à vivre avec, le travail que je fais aujourd'hui il est pas du même ordre du travail que j'ai fait de manière passée mais il y a encore travail en fait et je voulais être plus comment dire Je crois que le bon mot, c'est réaliste, en fait. Plus objectif, peut-être, même si on est toujours dans une forme de subjectivité, mais d'être plus réaliste sur ce qui s'est vraiment passé et de dire, mais non, en fait, le travail ne s'arrête pas. Il continue, il continue de plein de manières différentes. Et en même temps, je le vois un peu comme une maison qui ne finit jamais de se construire. Tu peux toujours améliorer un intérieur, colmater une brèche. Et même si tu as bien fait tes tuyaux, tu peux avoir une fuite pour une raison X, Y, Z. Et voilà. Et en fait, c'est un peu cette notion de travail continu. qui, je trouve, ne transparaissaient pas, en tout cas dans ma mémoire émotionnelle, ne transparaissaient pas dans l'épisode.
- Speaker #0
On va parler de tout ce qui est justement ces questions de rapport au corps, d'intimité, etc. Mais notamment parce qu'on ne peut pas mettre de côté l'accouchement et le postpartum, qui sont des éléments qui vont énormément influencer tout ça. Est-ce que tu pourrais nous raconter ton accouchement ?
- Speaker #1
L'accouchement a été compliqué pour moi, alors que moi, j'étais encore une fois très optimiste. Je me suis dit, mais tout va bien se passer, il n'y a aucune raison, ce n'est pas une grossesse à risque. J'ai perdu les os à 5h du mat, donc plus d'un mois avant. Donc mon garçon est un prématuré, pas un grand prématuré, mais prématuré quand même. Et en fait, ce qui a été très dur, c'est que j'ai eu 10 heures de contraction. Alors que moi j'avais demandé une péridurale, donc j'en ai un peu chié sa mère. C'est le cas de le dire. Parce qu'en fait, il y a eu beaucoup de naissances ce jour-là. Et d'ailleurs, je crois que je suis la dernière à avoir été acceptée à la maternité. Et après, ils ont toutes retransférées les autres nanas qui sont arrivées. Donc, dix heures de travail. Heureusement qu'on avait fait des séances d'hypnose avec mon conjoint pour préparer l'accouchement et que même si je voulais une péridurale pour qu'il puisse être un soutien efficace pour moi, avec un travail de respiration, etc. pour m'aider. Le fait de savoir que les contractions, ça durait deux minutes et qu'il n'y avait qu'un pic, il y avait un pic et qu'après, ça allait mieux et que c'était vraiment un phénomène de vague et que ça allait passer à chaque fois. Sauf que moi, j'en étais arrivée à une dilatation à neuf. quand on m'a posé la pérille. Donc vraiment, c'était très, très, très intense. Ah ouais, non, c'était très intense. J'ai eu très, très mal. Quand on m'a posé la pérille, donc dans le dos, on t'assied, j'étais incapable de tenir assise tellement j'avais mal. En fait, la seule manière pour moi de gérer, c'était de debout et de marcher parce que c'est une manière de diluer la...
- Speaker #0
Mais surtout, t'étais pas du tout dans un accouchement physiologique. T'avais demandé la pérille dès le début. Et tu l'as eue à 9.
- Speaker #1
Oui, oui. c'est pour ça qu'on dit oh on oublie non non moi j'ai pas oublié Quand on me l'a posé, ça a été un soulagement intense. Mais donc, du coup, on me l'a posé à 15h. Donc, sachant que ça commence à 5h. Donc, j'ai eu 10h de travail dur. Sachant que les sages-femmes, mais très gentiment, venaient me voir. En me disant, ouais, dans une demi-heure, elle arrive. Dans une demi-heure, elle arrive. Sauf que dans les nuits plus tard, elle était toujours pas là, quoi. Donc, t'as aussi un peu ce truc de, ouais, c'est fini dans 5 mètres. Mais non, et 5 mètres après, on dit, ouais, non, c'est fini dans 5 mètres. Et là, tu pètes un pont, en fait. parce que c'est espoir-désespoir, espoir-désespoir, quoi. Et toi, tu gères la douleur en même temps. Bref, on m'a posé la pérille à 15h30. J'ai commencé à pousser. Quatre heures plus tard... Ça a été très long, en fait, d'être allongée et tout machin. Parce qu'on attendait... En fait, le problème de la pérille, c'est que ça ralentit l'ouverture du col. Et en plus, comme j'en avais... C'était dur. J'avais mis le max, tu vois, des doses. Donnez-moi la pérille. Non, mais en vrai, ouais. Mais je crois que j'étais en mode survie, là. En fait, j'avais besoin de me reposer. Parce que c'était trop intense physiquement. Je revois les photos, j'étais grise, je pense. Et donc, en fait, ouais, j'ai commencé à pousser. Il était 19h. Et on me disait, pousse quand tu sens... Non, j'ai accouché. Il est sorti à 22h. Ouais, j'ai poussé de 20h à 21h30. Et en fait, on a dû attendre que... Et en fait, il sortait pas. J'arrivais pas à le faire descendre. Et en fait, on a dû... Là aussi, pénurie de médecins, mais on était le 28 décembre. Donc forcément, entre Noël et Jour de l'An, je comprends. T'avais le droit de prendre des vacances. Mais bien sûr, mais bien sûr. Ouais, bien sûr. Et en fait, du coup, le travail de pousse... pendant aussi longtemps. Du coup, en fait, on a dû attendre le médecin, parce que je voyais bien que la sage-femme, elle galérait, moi aussi. Et donc, en fait, ça a été... Mon petit garçon est sorti au forceps. Et en fait, dès qu'il est sorti, j'ai su qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Je ne l'ai pas eu sur mon ventre. En fait, il a eu fait une détresse respiratoire. Ce qui est apparemment assez commun, je le dis. C'est assez commun de faire une détresse respiratoire, surtout sur un bébé préma, parce qu'en fait, du coup, les poumons ne sont pas assez pré-préparés. Du coup, il a été... En fait, ce qui a été compliqué, c'est que je ne l'ai pas eu dans les bras. mis directement sous assistance, sous ventilation un peu forcée pour obliger les poumons c'est comme si on t'injectait de l'air avec un masque pour obliger les poumons, les alvéoles des poumons à s'ouvrir sauf qu'en parallèle de ça, tout le système de la maternité était en PLS parce qu'il y avait une femme qui a fait une séquence ton utérus explose c'était horrible j'ai plus le terme, peut-être qu'il me reviendra tout à l'heure mais en fait, pour le coup, elle était en pronostic vital engagé, elle et son enfant et donc du coup, comme j'étais dans une maternité de niveau 1 et pas de niveau 3. En fait, il y a toutes les urgences de Trousseau qui ont débarqué et tout. Et en fait, mon conjoint n'a pas pu... Qui est médecin, en fait, n'a pas pu accompagner très peu mon fils qui était en ventilation, donc qui restait seul. Et en fait, ce qui a été très dur, c'est qu'on ne pouvait pas rester avec lui. Il y avait toutes ces urgences et tout, même si on lui a fait une fleur de pouvoir quand même le voir un peu et de le suivre. Et donc, moi, je ne pouvais pas bouger parce que j'étais anesthésiée. Et en fait, on a mis une heure et demie à revenir vers moi. je savais pas comment allait mon fils et là ça a été les montagnes russes parce qu'on m'a dit ah ça va mieux on va pouvoir lui retirer le truc et une demi-heure plus tard ah non ça va pas mieux ah mais ça va mieux, ah ça va pas mieux enfin voilà on avait des signaux contradictoires moi je me suis retrouvée à prier parce qu'en fait on m'a dit alors on va lui retirer le masque d'oxygénation un peu forcé, en gros soit ça passe soit ça casse, s'il arrive à respirer tout seul très bien mais s'il n'y arrive pas en fait il n'y a plus de place à Paris, je devrais l'emmener, vous pourrez pas le suivre et ce sera à mien, et là j'ai l'air mais mon dieu et là je pense que vraiment j'étais en détresse enfin vraiment j'ai prié Marie, j'ai prié toute la vie, j'ai prié tous mes anges gardiens, mes guides, en disant s'il vous plaît, s'il vous plaît, faites qu'il respire, faites qu'il aille bien, faites qu'il puisse rester à côté de moi, faites qu'il soit pas transféré. Et fort heureusement, ça a été le cas et on a eu beaucoup de chance dans notre malheur parce que la pédiatre était aussi une pédiatrie animatrice, donc elle a très bien fait son taf alors qu'il y en a 80 en France. Donc là encore, merci de la vie. Ça a été dur, mais on a été quand même, tu vois, dans des conditions qui ont permis de faire ça. Et du coup, moi j'ai accouché à 22h17 et j'ai pu le retrouver à 3h30 du matin. Donc ça a été super long, en fait. Puis moi, j'étais recousue. Et du coup, je me vois, j'avais à peine retrouvé ma capacité de marche que je suis allée le voir dans l'espèce de nurserie, la pouponnière. Et là, j'ai pu le prendre dans mes bras. Il était intubé de partout. Il n'était plus intubé au niveau de la bouche, mais il était sondé. Et voilà, on l'a injecté de médicaments parce qu'on se demandait ce qui avait provoqué la menace d'accouchement prématuré. Enfin, l'accouchement prématuré, du coup, est-ce que c'était... une infection quelconque et tout. Et donc, on est restés cinq jours à l'hôpital pour faire ses explorations. Et il s'avère que, je pense juste qu'il était trop gros pour moi, en fait, et qu'il avait besoin de sortir. Et que, voilà. Non, en vrai, ça a été un peu traumatisant. Et ce qui a été dur après, c'est qu'une fois qu'on s'est retrouvés, on ne pouvait plus se quitter. Et je n'ai pas pu poser mon garçon pendant quatre mois. En fait, pendant quatre mois, on a dû le porter dans les bras parce que, en fait, c'était je pense que la séparation... Enfin, moi, j'ai été traumatisée, déjà. J'ai eu besoin d'en parler avec la psy de la maternité une fois, deux fois, trois fois, parce qu'en vrai, ça aurait pu basculer quand même.
- Speaker #0
Et de comprendre ce qui s'était passé, en vrai, c'était hyper violent. Et je pense que pour lui, pour Petit Baby, toute cette photo qu'ont les mamans et les babas de leur enfant dans les bras, moi, je ne l'ai pas, en fait. Déjà parce que mon conjoint s'est effondré de fatigue après. Et je pense que mon petit garçon, il ne supportait pas d'être seul. Je le voyais, il avait le réflexe de Moreau qui s'activait tout le temps. Je pense qu'il était en vigilance constante. et peut-être en peur de séparation aussi. Donc, porter un bébé à 24 pendant 4 mois, sachant qu'il a fait du reflux. Donc, moi, j'ai dormi sur le canapé en position assise avant que je l'allaitais.
- Speaker #1
Tu dormais avec lui dans les bras parce que sinon, il ne pouvait pas dormir. Non. Donc, tu n'as pas dormi pendant 4 mois.
- Speaker #0
Non, non, c'était dur. Après, au bout de 4 mois, ça allait un peu mieux. Mais oui, en fait, on dormait constamment l'un à côté de l'autre. Je pense qu'il y avait un besoin de se retrouver, tu vois, vraiment. Et puis ouais le reflux n'a pas aidé c'est à dire qu'on pouvait pas dormir de manière allongée toute façon donc j'étais obligée de dormir assise moi je la laitais parce que sinon en fait le risque du reflux c'est que ça acidifie, traché, j'allais dire corde vocale non mais bon bref la gorge ce qui se passe à l'intérieur quoi. Le problème c'est que c'est quelque chose qui s'auto-alimente c'est à dire que plus c'est acide plus c'est irrité plus tu recraches ce que tu manges plus t'as besoin de manger plus tu recraches enfin c'est un peu un emballement quoi. Donc, c'est hyper important de le traiter assez rapidement. Et donc, la posture assise, nous, on l'avait en porte-bébé tout le temps. Sauf qu'on se dit, c'est bon quand il est devant soi, on peut faire ses choses. Sauf qu'étendre son linge, ses draps avec un espèce de grand truc devant soi tout le temps, et puis ne pas pouvoir dormir de manière assise tout le temps, en vrai, ce n'est pas vraiment reposant. Donc, je trouve que c'est... Et on a essayé plein de trucs. On a essayé les réflexes primitifs. Je ne sais pas si tu connais. Non. Alors, c'est une autre explication. Les réflexes primitifs, apparemment. C'est très connu au Canada, dans les pays de l'organisation, c'est de dire que tout bébé, quelle que soit sa culture, a tous les mêmes réflexes. Le réflexe de sucion, de déglutition, la marche, on passe tous par le quatre pattes, puis le debout. Enfin, tu nais en Mongolie, en France, en Espagne, ça se passe de la même manière. Sauf que, donc il y a 80 réflexes, sauf que l'acquisition de ces réflexes primitifs, si tu as certains réflexes qui manquent ou qui sautent, ça peut avoir des incidences émotionnelles, verbales, comportementales. Et notamment, nous, on avait essayé de traiter ça, on a essayé avec la micro-kiné, pour aider au sommeil, à la réassurance et recréer une sécurité intérieure. On a essayé la micro-kiné et on a essayé aussi, du coup, les réflexes primitifs pour recréer, en fait, un sentiment de re-sécurité intérieure, en fait, de ne pas être toujours dans un état de vigilance et de pouvoir se laisser aller, se laisser porter, se laisser poser, et de pouvoir, entre guillemets, un peu être seule, même si on restait là, mais du coup, de ne pas être collée, serrée tout le temps. Est-ce que ça a marché ? Est-ce que ça n'a pas marché ? Est-ce que c'est la pluralité de ce qu'on a essayé ? Est-ce que c'est juste le temps qui a fait son œuvre ? Je ne sais pas. Mais à ce moment-là, on a un peu tout essayé parce qu'on était fatigué. Le postpartum, il a été à la fois source de grandes, grandes joies et effectivement d'épuisement. Et puis l'épuisement, ça met à mal le couple, ça met à mal plein de choses. Ça a été intense, mais en même temps, je parle des difficultés, mais aussi... Quelle source de joie, quelle source de kiff, quelle source de consentement, on revient à de contentement, de pouvoir avoir la vie. Il y a tellement de femmes qui n'ont pas la possibilité, ou c'est tellement galère, ou c'est encore plus dur que ce que je vis, et puis ça reste quand même une joie intense. C'est extraordinaire, même si c'est dur, c'est extraordinaire. Mais c'est vrai que le sommeil notamment, je trouve que c'est la souffrance la plus dure qui soit à traiter et à gérer, je trouve.
- Speaker #1
Je ne peux pas passer à côté de ce lapsus du consentement.
- Speaker #0
Excuse-moi. Tu as bien raison. Ma psy serait très contente.
- Speaker #1
Est-ce que tu as l'impression qu'en lui donnant ce cadre de consentement, ça guérit un peu la petite Eleanor qui aurait aimé l'avoir ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Je pense qu'il y a une dimension symbolique de remettre du cadre là où je n'en ai pas eu. Et en fait, pour moi, je le dis toujours en coaching, parce que je suis coach en développement personnel, j'aide des femmes à s'épanouir au travail. Poser le cadre, c'est créer de la sécurité. Un contrat de travail, c'est poser un cadre pour permettre une sécurité dans... voilà ce que je donne, voilà ce que je reçois en retour poser un cadre de relation de coaching c'est créer de la sécurité à la fois pour le coach et pour la coacher idem pour la thérapie donc pour moi poser un cadre c'est créer de la sécurité et du coup moi j'ai terriblement manqué de sécurité parce qu'il n'y avait pas de cadre en fait il n'y avait pas de cadre d'intégrité physique de sécurité même affective quand je vois ma mère à quel point elle n'a pas pu nous protéger Elle n'a pas su, elle n'a pas pu, elle est incapable de se protéger elle-même. Elle n'a même pas fait le... Donc du coup, oui, est-ce que ça guérit ? Probablement, en tout cas... Je pense que j'ai le mot plutôt affirmation qui me vient, tu vois, de s'affirmer, de se dire never again, d'être vigilante, attentive. Et un peu dans ce mouvement aussi du me too, du corps, de libération de la parole sur ces sujets. Moi, quand j'ai appris que j'allais avoir un garçon, ma première réaction, c'était d'avoir peur. parce que mes images masculines dans ma famille ne sont pas des images de virilité. bienveillantes, douces, chaleureuses, constructives. C'est plutôt des schémas de domination, de violence, de masculinité, de masochisme, pour certains. Donc du coup, c'était un peu dur. Et donc, ce qui m'a réconciliée avec ça, en tout cas, ce qui m'a apaisée, c'est de me dire, mais en fait, tu vas pouvoir l'éduquer dans des valeurs d'humanité, d'universalisme, qui va autant dans l'intégrité du corps de l'homme que du corps de la femme, parce que tu ne peux pas respecter le corps d'une femme si tu ne te respectes pas dans ton corps d'homme et si tu n'as pas été respectée en retour. donc il y a un peu pour moi cette notion de cercle vertueux de de réparer symboliquement, en tout cas, les choses et de donner un cadre très clair. Et voilà, sans tomber dans la rigidité, ce que je disais à ma mère, tu as le droit d'avoir une relation affective avec lui à partir du moment où il en exprime l'envie, le besoin, le désir. Ou en tout cas, qu'il ne te fait pas comprendre qu'il n'est pas intéressé, qu'il n'en a pas envie, qu'il n'est pas disponible. Et en fait, ce qui pour moi est la base de tout, c'est cette notion finalement de respect et d'intégrité et de liberté aussi. de liberté de l'autre dans son choix, dans son nom. Donc, ouais, pour moi, ça fait partie des valeurs d'éducation. Et du coup, c'est aussi intéressant de qu'est-ce que j'offre à mon fils. Et du coup, le step d'après, c'est aussi qu'est-ce que je m'offre à moi par cet intermédiaire et de le faire. Et d'où le fait d'avoir écrit ce message à ma mère aussi. C'est de me dire, je le fais pas juste pour mon fils, je le fais aussi pour moi, en tout cas symboliquement.
- Speaker #1
Est-ce que tu te sens en sécurité dans ton couple ?
- Speaker #0
Ouais, de ouf. La personne avec qui je suis, Je me sens très en sécurité avec lui parce que, comme tu peux l'imaginer, ce trauma a quand même une incidence sur notre intimité. J'ai du mal à me laisser aller, à faire l'amour avec lui parce que, en fait, pour moi, j'ai peur. Faire l'amour, se dévoiler, être intime avec quelqu'un, c'est prendre le risque d'être agressée, d'être violée. Même si je sais, rationnellement, qu'il ne me fera jamais de mal, mais je sens que j'ai une stratégie d'évitement et de fuite et de peur à la perspective de l'intimité. parce que pour moi ça a été violentant. Et pour autant, mon conjoint il est hyper à l'écoute, il m'a déjà proposé une période d'abstinence longue justement pour que je me sente en sécurité parce que j'avais peur en fait de me mettre nue devant lui, de me déshabiller, de peur que ça réveille son désir. Alors que moi je n'en ai pas forcément l'envie, j'en ai plus pas envie que envie d'ailleurs. Même si j'aimerais avoir une sexualité plus libre, bah en fait c'est une des incidences quand même, on va pas se mentir. Donc j'ai vu un sexothérapeute. homme mais j'ai pas aimé, j'ai trouvé ça aussi violent sa manière d'être, il y avait une injonction à avoir des rapports dans l'intimité enfin voilà c'était pas... en tout cas moi ça sonnait pas juste et en fait là ce que je remarque, parce que du coup on fait une thérapie de couple avec mon conjoint aussi pour ce sujet là, ce sujet de l'intimité dire quelle est la part du trauma quelle est la part de moi d'un désir, non désir en fait qu'est-ce qui appartient à l'un, à l'autre pour essayer de retrouver une sexualité qui nous ressemble un peu épanouissante Et je sais que pour le coup, mon partenaire est quelqu'un à qui je peux tout dire, qu'il l'entend, qu'il l'écoute, il le respecte. Pour autant, ça ne suffit pas pour créer le désir chez moi, parce que j'ai l'impression d'être un peu... Ça m'est arrivé, je peux ressentir des orgasmes, je peux ressentir du désir pour quelqu'un. je sais pas si c'est le fait d'être dans un couple depuis longtemps parce que ça fait 6 ans qu'on est ensemble mais c'est vrai que, est-ce que c'est le quotidien qui fait que le désir est dur à retrouver parce qu'il y a un enfant au milieu parce qu'il y a d'autres de problématiques, pros, persos qui viennent se greffer. Donc, essayer de mettre un peu tout ça à sa juste place, en fait, de qu'est-ce qui est de l'ordre du trauma, qu'est-ce qui est de l'ordre du quotidien, qu'est-ce qui est de l'ordre du désir, Mais dans tous les cas, lui, il est toujours... à l'écoute, compréhensif, dans le consentement. Il m'est hyper à l'aise en mode je ne te force à rien si tu n'as pas envie. Tu peux me le dire et moi je me sens hyper libre de lui dire, je me sens hyper libre de lui dire non. Mais ce qui n'est pas facile, ce que je dis, c'est que ce n'est pas cool d'être toute sans celle qui dit non, de porter cette responsabilité-là. Alors qu'au fond, j'aimerais que ce soit plus fluide, j'aimerais que ce soit plus simple, j'aimerais que ce soit plus évident. Mais je lui dis, j'ai l'impression de devoir faire un mud day intérieur. c'est à dire moi mon mouvement interne quand il s'agit de la proximité, c'est de la répulsion, c'est mettre de la distance par répulsion au sens des goûts, même si le mot répulsion n'est pas anodin, il y a quand même cette forme de répulsion, de je mets à distance et je me protège, et donc pour pouvoir me laisser, entre guillemets, toucher tant émotionnellement, physiquement, par le désir dans le corps, moi mon premier réflexe corporel, c'est de me crisper en fait, c'est de me refermer, donc du coup pour inverser la vapeur, un peu comme le Titanic, quand il voulait, tu vois, quand tu prends une direction, le temps d'inverser les machines pour aller dans l'autre. bah t'as une inertie de ouf et du coup moi je dois, ce mode d'aise c'est cette inertie, j'ai l'impression de devoir d'être dans la boue encore une fois, décidément c'est le thème d'aujourd'hui, mais tu vois de devoir vraiment faire ce travail intérieur de ça peut être cool parce qu'une fois que j'y suis c'est cool et donc je me rattache à ça ça peut être cool, ça peut être chouette ça peut être sympa, ça peut être un moment de connexion, en fait ça passe par le mental donc du coup c'est quelque part même antinomique avec la sensualité avec la sexualité, avec le désir Merci. Et puis on va pas se mentir, en tant que femme, il y a aussi toutes les injonctions de « il faut faire l'amour » , « c'est important dans le couple » , « il faut, il faut, nanana » . Et du coup, j'essaye moi aussi de retrouver la part des choses entre ce que je veux, ce que la société dicte, ce que mon trauma me dicte. Du coup, il y a un peu une cacophonie parfois intérieure, qui est un peu dure à gérer parfois. Mais pour autant, pour répondre à ta question initiale, je me sens très en sécurité et je me demande si quelque part, tout ça n'a pas émergé aussi parce que j'étais autant en sécurité avec lui. et que si j'étais pas autant en sécurité avec lui je serais peut-être restée un peu en mode pilote automatique entre guillemets, pas sans conscience mais à faire les choses automatiquement sans tout ce travail associé intérieur et aussi un travail de libération mais du coup c'est pas évident pour lui non plus parce que il a l'impression de marcher sur des oeufs parce que lui il a aussi son désir et en même temps il veut pas me brusquer en même temps il en a envie et moi je lui ai dit je lui dis écoute voilà si vraiment moi Ça m'est arrivé d'avoir des phases vraiment de désert, de coït et de dire vraiment j'en ai pas du tout envie. Et de lui avoir dit écoute, si t'en as envie, pour moi faire l'amour c'est une envie, un désir mais aussi un besoin. Donc je lui ai dit si t'as soif, je vais pas t'interdire de boire. Donc à un moment donné, si c'est pas avec moi, je peux pas t'interdire d'aller éventuellement voir ailleurs si t'en as envie. Je lui ai dit moi la seule règle c'est que j'ai pas forcément envie de le savoir. Sauf si ça devient sérieux et que tu vois t'as envie de quelque chose. Mais bon, là je sais que... ce serait ouvrir un autre chapitre qui serait probablement très intéressant d'ailleurs mais je pense que moi c'est socialisation féminine, je me sentirais pas assez tu vois, et du coup je porterais la culpabilité alors que je lui ai donné l'autorisation d'aller voir ailleurs donc je pense que c'est un autre chemin et puis lui il me dit écoute j'ai pas assez de temps dans ma vie pour aller cultiver autre chose parce que clairement entre le boulot enfin voilà, la vie et tout, il me dit moi je veux pas juste du coït pour le plaisir du coït en fait j'ai besoin de relationner avec la personne avec qui je suis Merci. parce que je comprends très bien parce que moi c'est pareil donc il me dit j'ai pas forcément envie d'aller voir rien mais après ça c'est son choix du coup voilà on essaye d'évoluer là-dedans en sécurité mais sécurité veut pas dire que c'est toujours source d'épanouissement et source de satisfaction d'où le fait aussi d'aller en thérapie tous les deux et d'en parler pour que parce que parfois même si on a une communication de ouf, on peut tout se dire et c'est entendu, écouté, accepté mais parfois on a pas les clés et donc on peut pas être joueur et arbitre il y a besoin aussi de quelqu'un à qui se confier pour aider à résoudre tout ça la présence d'un tiers permet d'entendre aussi les choses autrement,
- Speaker #1
d'avoir d'autres perspectives etc je trouve ça très beau ce que tu dis sur le fait d'être en sécurité t'as permis d'aller dans le deep parce que j'ai eu une conversation avec Master il y a quelque temps en disant, on parlait de polyamour ou de personnes qui vivent cette liberté dans le sens de liberté d'être avec plein de personnes sans s'engager Merci. on parlait de ce que ça pouvait nous apporter dans la vie. Bref, on était... Tu connais ma sœur, on parle beaucoup. Et en fait, je lui ai dit... Mais en fait, j'ai l'impression aussi que dans une relation exclusive, il y a cette idée où, sans jugement pour le polyamour, que je n'ai pas vécu. Donc vraiment, je dis ça avec des pincettes. L'idée de... Tu crées une sécurité qui n'est pas dans le drama, le machin. Mais dans cette sécurité-là, parfois, tu vas toucher des choses qui sont très, très, très deep. Et je trouve que ça peut aussi faire peur dans cette idée d'engagement. Donc j'aime bien avoir ton regard sur ça. Ouais, ouais,
- Speaker #0
mais j'adore. Alors j'ai une nana que j'ai rencontrée aussi en retraite qui s'appelle Vanessa, que j'aime beaucoup et qui, elle, vit en relation libre avec son conjoint. Et en fait, j'adore sa manière de voir les choses qu'elle, déjà, elle dit. En fait, pour elle, il y a plein de couples. Dès qu'on est dans un duo, on est en couple. Tu vois, donc pour elle, elle a des couples amicaux. Elle a des couples amoureux. En fait, j'adore parce qu'il y a une liberté derrière tout ça. Et en fait, donc ils ont tous les deux choisi. Ils ont trois enfants, ils ont une maison en commun. Enfin, voilà quoi. Ils ont tous les deux choisi d'expérimenter le polyamour. En tout cas, l'union, tu vois, la possibilité d'avoir d'autres rapports avec d'autres personnes. Et en fait, ils le font en sécurité. Pourquoi ? Parce que du coup, ils se retrouvent tous les deux. Ils se questionnent sur est-ce que tu es en sécurité de faire ça ? Qu'est-ce que ça réveille chez toi ? Et en fait, elle fait ce qu'ils appellent régulièrement, je n'ai pas le mot exact, mais des séances de radar où en fait, s'ils se check l'un l'autre, en fait, ils se créent les règles pour pouvoir explorer en sécurité. Mais un peu comme un enfant, plus il se sent en sécurité, plus il peut explorer le monde, plus il peut marcher loin. Mais eux, ils font un peu pareil. C'est-à-dire qu'ils reviennent à la maison, entre guillemets, leur maison intime tous les deux régulièrement. Et elles, elles adorent, enfin, ils s'adorent tous les deux. Ils ne veulent pas du tout faire péter leur couple. Ils veulent juste vivre, enfin, s'ouvrir à d'autres choses parce que c'est source d'épanouissement, c'est source de... de nourrissement intellectuel, physique, amoureux, émotionnel. Mais ils vont se retrouver toujours pour en discuter, pour s'assurer que c'est safe pour l'un et l'autre. Et moi, je trouve ça merveilleux. Parce que ça m'est déjà arrivé, moi, d'avoir du polyamour. Ah oui, j'ai eu des expériences avec des jumeaux et tout, c'était assez cool. Et c'est vrai que j'ai déjà été amoureuse de plusieurs personnes en même temps. Et d'ailleurs, plusieurs fois dans ma vie. Et je trouve ça assez incroyable. Parce qu'effectivement, je pense qu'il y a peut-être un désert affectif intérieur, mais c'est comme si le fait d'avoir deux personnes, ça nourrissait enfin tous les besoins d'amour que j'ai, comme si un ne suffisait pas. Alors ça ne veut pas dire qu'aujourd'hui, je cherche quelqu'un du tout, pas du tout. Je trouve ça très chouette de s'autoriser et de se donner la liberté de trouver le modèle de couple d'amour dans lequel toi-même tu as envie d'être et pas celui qui est dicté par la société. Et que finalement, in fine, il soit conforme. ou qu'il soit pas conforme, c'est-à-dire en dehors de la norme, eh bien, très bien, tant que c'est un choix conscient. Et j'adore, moi, cette démarche de se questionner et de se dire, tiens, moi, j'ai déjà été amoureuse de deux autres personnes, ça voudrait pas dire que je suis plus amoureuse de mon partenaire, alors qu'à l'inverse, si lui le faisait, je me sentirais insuffisante. Donc, je vois bien que ça vient travailler des trucs. Donc, ouais, je trouve ça hyper cool d'avoir cette phase d'exploration dans l'intime.
- Speaker #1
C'est de ça, c'est que je pense vraiment, j'en discutais avec Camille Bataillon, c'est une sexologue, et l'idée de ces personnes qui se posent des questions, qui veulent le polyamour, elles viennent, entre guillemets, attaquer, le mot attaquer est un peu trop brutal, la norme, pour que chacun se dise en fait qu'est-ce que moi je veux. La société m'impose ça, mais qu'est-ce que moi je veux.
- Speaker #0
Comment je me positionne,
- Speaker #1
ouais. J'aimerais qu'on parle du corps, parce que tu nous as dit rapidement que tu avais été recousue après ton accouchement, il y a eu toute la fatigue, etc. Comment tu te sens dans ton corps ? aujourd'hui et quel a été ce cheminement ?
- Speaker #0
Alors, comment je me sens dans mon corps aujourd'hui ? Le mot qui me vient, c'est en friche. Parce que c'est un chantier un peu constant. Non, en fait, en gros, j'ai pas pris beaucoup de poids. Enfin, j'ai pris un poids classique pendant ma grossesse, mais c'est contrairement à ce qu'on pourrait croire. Moi, j'ai pris du poids pendant l'allaitement. Parce que je pense que la fatigue, on se dit que l'allaitement fait perdre du poids. Alors, peut-être que j'en aurais plus pris si j'avais pas allaité. Mais le fait d'être fatiguée et tout a fait que... j'ai moins bougé, moi je fais beaucoup de sport au moins 3 fois par semaine la fatigue elle fait peut-être que j'ai pas assimilé les aliments comme je le faisais avant mais en tout cas j'ai pris du poids après et je me souviens de chercher des fringues et d'avoir vu alors que je me fais du 36-38 de mettre du 42 je me suis dit mais qu'est-ce qu'il s'est passé et là ça a été très dur même si en même temps je m'en foutais parce que j'avais d'autres choses à foutre j'avais mon petit garçon à gérer mon couple à gérer donc je savais que quand j'allais reprendre le sport et tout ça allait mieux ce qui a été un sujet pour moi c'est quand même le périnée parce que j'ai fait un an de rééducation parce que je pense que c'est quand même pas mal distendu tout ça à force de pousser, d'avoir un petit garçon qui était quand même conséquent, d'avoir été déchiré plus recousu, ça c'est quand même un élastique qui se distend quoi c'est quand tu dis le mot déchiré là mais en même temps moi j'ai rien senti puisque j'étais alors attends, petite fun fact mon mec est médecin et donc il a vérifié que les points étaient bien faits Merci. Il me dit, t'as quand même été sauvée par tes hémorroïdes. Sous-entendu, s'il n'y avait pas eu ça, ils ont quand même fait barrage et ça aurait pu être pire. T'aurais pu avoir un déchirement pire s'ils n'avaient pas été là.
- Speaker #1
Les hémorroïdes peuvent barrer la déchirure, bloquer. C'est ce qu'il me dit. Tu n'as pas été déchirée jusqu'à l'anus, etc. Non,
- Speaker #0
exactement. Je pense que ça aurait pu être... Mais voilà, ça peut être cool. Ce qui me frustre plus aujourd'hui, C'est effectivement, malgré la rééducation, le périnée, la pratique du sport, j'ai toujours des fuites. Et ça, c'est méga chiant. Déjà parce que ça pue et puis c'est pas agréable. Donc quand j'éternue, je suis obligée de croiser mes jambes. Je peux pas faire de jumping jack. Tu sais, le jumping jack, c'est quand tu ouvres les pieds en sautant à pieds joints et tu ouvres et tu refermes. Ça, je peux pas faire. Je pense qu'il y a une pesanteur. Je peux faire l'un puis l'autre, mais les deux. Ou si je peux sauter, c'est vraiment tout petit à pieds joints. Donc voilà, et en fait ce qui est chiant c'est que du coup dans le sport je peux plus me laisser aller en totale liberté parce que j'ai toujours peur de ça. Surtout si ça arrive en début de course, c'est un peu chiant quoi. Après sur le poids, je vais retrouver à peu près mon poids de forme. Bon j'ai vendu plein de pantalons parce que tes hanches s'élargissent, on va pas se mentir. J'ai perdu de la poitrine parce que quand tu allaites, tu perds aussi de la poitrine. Donc il y a quand même des choses qui bougent. Je sais que ça c'est ce qui te fait peur, c'est un truc... Obis, j'aime tant. Non mais c'est clair, mais moi aussi. et en même temps En fait, à la fois, c'est un sujet, à la fois, c'est un non-sujet, parce que, tu vois, si t'as à refaire, je le referais. Enfin, tu vois, c'est tellement beau de vivre ça que, franchement, tu vois, c'est à la fois chiant et en même temps, ça fait partie de la vie, c'est partie des, tu vois, du vieillissement, du fait de, voilà, tu vois, de vieillir et tout. là où j'ai plus quand je dis en friche c'est plutôt parce que du coup j'ai pas de douleur aujourd'hui quand il y a un acte donc ça c'est tout va bien de ce côté là C'est plutôt sur le style alimentaire. Le style alimentaire, c'est marrant. C'est vraiment la série des lapsus. Le style vestimentaire. Qu'est-ce qu'a voulu dire mon inconscient ? Je ne sais pas. Mais c'est en plus sur le style vestimentaire où le fait d'être... Je ne peux pas tout mettre ça sur le dos d'être maman, mais le fait d'être à mon compte, de travailler de chez moi, de faire que du sport le midi et pas le soir pour pouvoir être là pour mon garçon, fait que je m'habille beaucoup en sport. Parce que c'est pratique. Je n'ai pas de trucs corporate de ouf, tu vois, où je dois hyper bien m'habiller. Donc, je fais un peu moins attention. Et donc là aujourd'hui en friche c'est plutôt j'ai envie de retrouver un style dans lequel je me sens bien mais que j'ai un peu de galère à retrouver du temps et à retrouver un style qui correspond à la femme que je suis aujourd'hui parce que j'ai à la fois envie de confort et d'élégance je trouve que c'est pas toujours facile de réussir à allier les deux et puis en friche aussi parce qu'il ya quand même la question du deuxième qui est en train d'émerger de mon côté et pas que de mon côté d'ailleurs et donc du coup il ya ce truc de est ce que maintenant est ce que plus tard je vais repasser par tout ça et en même temps c'est cool et en même temps il ya des peur. Donc, c'est un peu le maelstrom de tous ces trucs-là, d'où cette notion d'enfriche aussi, parce qu'il y a plein de questions. Et alors, tu vas peut-être trouver ça curieux, mais là, ça fait, je trouve, trois semaines où j'ai une conscience aiguë, alors de mon utérus ou en tout cas de ce qui se passe dans cette zone-là. Un peu comme une courbature, tu sais. La courbature, c'est un peu douloureux. Ça ne fait pas méga mal, sauf quand tu es méga courbaturé, mais tu le sens. Et du coup, tu en as hyper conscience.
- Speaker #1
Mais ça fait trois semaines que ton mec a dit qu'il était chaud pour un deuxième ?
- Speaker #0
Non, ça fait plus longtemps que ça, mais je sens un espèce de... Je sais pas, il y a un truc qui se met en route, je ne sais pas lequel c'est, mais en tout cas, il y a une... L'esprit part. Ouais, il y a quelque chose, je sens qu'il se prépare à ce niveau-là, très clairement.
- Speaker #1
Avant de parler de cette envie du deuxième, comment t'as fait rien qu'avec le premier pour équilibrer ta vie de femme, de mère, d'amante, de pro ? Comment tu jongles ? Est-ce que ça a changé des choses fondamentales ?
- Speaker #0
Ah oui, bien sûr. Parce qu'au début, t'es plus trop libre de ton temps. Parce que t'as un baby dont sa survie, il dépend de toi. Nous, je dirais que ce qui nous a sauvés, parce qu'on a notre compte tous les deux, c'est d'avoir la crèche, d'avoir une solution de garde. On a eu une chance de ouf. Et ça, ça nous a déjà permis de retrouver du temps et de l'espace. On a aussi décidé... Dans cette notion de liberté, tout à l'heure, il y a un truc pour lequel je trouve qu'on a un peu défié les codes, c'est qu'on fait beaucoup appel à des babysitters. Tous les week-ends, le garçon est gardé l'après-midi de 14h30 à 18h30, samedi et dimanche. Donc il est gardé la semaine et il est gardé le week-end. Alors, on pourrait se dire, parents indignes, vous avez des enfants mais vous n'en occupez pas. Mais en fait, si on s'en occupe, et en fait, quelque part, on est encore plus présent et plus aimant avec ce système. En gros, là, il est gardé de, on va dire, 8h30, 9h. à 17h30, mais il se réveille entre 6h30 et 7h30, donc on a bien deux heures le matin avec lui, on joue, on parle, on lit les livres, on fait plein de trucs, et le soir, quand on le récupère à 17h30, 17h45, et bah jusqu'à 20h, 20h15, on est ensemble, on joue, on va se balader dans la rue, on va jouer au parc, on va jouer au ballon dans le couloir, on fait plein de trucs.
- Speaker #1
Et c'est des temps de très bonne qualité avec une très bonne attention.
- Speaker #0
Exactement, exactement. Et en fait, ce que je me suis rendue compte, c'est que Ce dont j'ai manqué un peu, je pense, dans les premiers mois de vie de mon bébé, enfin de mon garçon maintenant, c'est que du coup, en fait, comme on l'avait tout le temps dans les bras, on avait zéro temps pour nous. Donc dès que l'autre prenait du temps pour lui, moi ça créait de la colère parce que je me disais mais moi j'en ai pas. Et donc c'est pas tant le fait que l'autre en prenne, c'est le fait que moi j'en avais pas. Et là où en fait avec les babysitters et le fait de faire garder notre garçon, à la fois ça permet un temps de qualité et de présence. hyper grand. Enfin, moi, je suis d'autant plus présente à lui que je sais, par exemple, le week-end, on est ensemble, comme je disais, allez, de 7h du mat à 12h30, le moment où on met la sieste. Et on va au marché, on fait plein de trucs, on va faire du vélo, on va au parc, on joue, etc. Il dort de 12h30 à 14h30. Et à 14h30, c'est le relais de la baby-sitter. Et quand on rentre à 18h30, mais qu'elle kiffe de se retrouver. Moi, j'ai eu du temps pour moi. J'ai eu du temps de couple. Je peux faire des temps de potes. je peux faire ce que je veux enregistrer un podcast. Et quel plaisir ! Et même lui, mon petit garçon, je trouve qu'il est content parce qu'on choisit nos baby-sitters vraiment avec beaucoup d'attention et on leur fait intimement confiance et moi j'ai des nouvelles régulièrement, etc. Mais même mon petit garçon, je pense qu'il y a des moments où il est content de ne pas avoir ses parents et de faire autre chose. Et d'ailleurs, quand on est dans un couple où j'ai un partenaire qui a besoin de voyager beaucoup, quand il voyage, souvent c'est sur le conjoint que tout reporte. Les enfants, le quotidien et tout. Moi, le fait de savoir que même si mon conjoint part, Bah j'ai du relais que oui, ça va être un peu plus intense pour moi, mais ça ne veut pas dire sacrifier mon temps. Ce n'est pas synonyme de je dois tout compenser, en fait. Et donc, d'en vouloir à l'autre, de partir et de prendre du temps pour lui, alors qu'en fait, il en a besoin et tout le monde en a besoin. Et du coup, moi, je suis de temps en plus libre de faire la même chose, que je sais qu'il aura un baby-sitter, relais, etc. Et que oui, ça reposera plus sur lui. On aura aussi du temps pour soi. Donc ça, moi, vraiment, les baby-sitters et tous les week-ends, je ne reviendrai pas en arrière parce qu'en vrai, c'est un kiff total à tous les niveaux. Et oui, c'est un challenge de gérer son temps. quand on a un enfant, mais encore une fois, la crèche est quand même assez extraordinaire comme solution, puis en plus, nous, on a une chance de ouf parce que la crèche, elle est extraordinaire. J'ai dit à l'été parce que ça va s'arrêter là en fin juillet parce qu'il y a l'entrée à l'école déjà, en septembre. Mais oui, ça challenge de trouver du temps de couple. En fait, de pas juste exister dans la logistique, l'opérationnel, être parent, mais aussi être soi et être avec l'autre. Et moi, j'ai besoin de plus de temps pour moi, là où mon partenaire plus envie de temps à deux. Donc ce qu'on fait parfois, c'est qu'on fait durer un peu plus longtemps la babysitter, par exemple la samedi soir, pour se faire un dîner en amoureux et on se fixe comme règle de ne pas parler logistique, quotidien, mais de parler d'autres choses et quand on a du mal à trouver des sujets de discussion, il y a des cartes de conversation que je trouve super. En fait, du coup, on tire des cartes de conversation où on joue à des jeux de société. On est très jeux de société. Et en fait, du coup, on adore. Parce que je trouve que dans le jeu de société, t'as toujours des souvenirs, des mémoires qui te... qui te reviennent et t'as toujours des discussions différentes. Moi j'aime pas tourner en rond. J'adore avoir des discussions nouvelles et de découvrir l'autre d'une autre facette et je trouve que c'est une manière aussi de connecter autrement et dans les jeux de société ou dans les cartes de conversation, puis t'as des trucs très légers comme c'est quoi ton meilleur souvenir d'enfance ou contre quoi t'es en colère aujourd'hui enfin y'a plein de trucs, y'a plein de sujets de discussion qu'est-ce que tu penses de la religion et je trouve que c'est parce que c'est des espaces, en fait c'est chouette parce que c'est des espaces d'évasion ... Et là, on a fait récemment, on a profité de la babysitter. Moi, je suis une fan de Laser Game. J'ai proposé à mon mec de nous faire une session de Laser Game. On était bien évidemment les plus vieux. C'était trop drôle. C'était qu'avec des jeunes qui nous appelaient Monsieur et Madame. Deux parties, on avait réservé. Donc, on était une vingtaine dans le truc, dans le bazar. En vrai, c'était trop marrant. La première fois, on est arrivés onzième et treizième avec mon mec. Et la deuxième fois, on est arrivés premier et troisième. C'était notre petite vie.
- Speaker #1
La dévotion !
- Speaker #0
En vrai, c'est trop bien parce que là aussi, je trouve que reconnecter à son âme d'enfant dans un quotidien, justement, professionnel, de responsabilité, de parent. Nous, on a notre compte, donc on a la responsabilité de notre business d'avoir des espaces de légèreté. Et en fait, c'était un thérapeute que j'avais vu qui disait, en fait, c'est regarder la télé, c'est pas une activité de couple parce que tu le vis isolément. Alors que faire un jeu de société, visiter une expo, faire un laser game, faire un escape game, ce que tu veux, c'est vivre une expérience à deux. C'est une expérience partagée. Et ça, je trouve que c'est hyper important et nécessaire dans le couple. Parce que je pense que les couples qui s'oublient, les femmes qui se sacrifient, les hommes qui fuient dans le boulot, où il n'y a plus ces temps de couple, c'est quand même le ciment de plein de choses. Et surtout face à l'adversité d'avoir un enfant et de toutes les difficultés que ça génère, de tout ce que ça vient faire bouger, réveiller, dans les valeurs, dans ce que tu veux inculquer, dans la gestion des émotions des uns des autres. Et d'avoir des espaces où on se retrouve en tant qu'adulte et pas en tant que parent, et à la fois individuellement, là parfois on fait des activités à deux, et puis parfois on fait des choses chacun de son côté, et on est si content de se retrouver, je pense que la distance dans le couple, avoir de l'espace c'est hyper important, parce que c'est ce qui fait la tristesse du départ, de la séparation et la joie des retrouvailles. Donc du coup, quand mon partenaire me dit « j'ai besoin de partir en vacances, est-ce que je peux partir une semaine avec des potes ? » Je dis « mais bien sûr ! » Et je suis d'autant plus sereine. D'ailleurs, je me dis que trop cool, je vais avoir du temps pour moi. Trop cool, je vais avoir du temps pour moi avec la baby-sitter le soir avant de me coucher. Enfin, ce n'est pas un sujet.
- Speaker #1
On va terminer ce podcast avec le sujet du deuxième. Où est-ce que ça en est dans tes réflexions, dans vos réflexions ? Et qu'est-ce que tu changerais dans la grossesse ou le postpartum ?
- Speaker #0
Alors, je vais répondre par la deuxième d'abord. Qu'est-ce que je changerais ? Je pense que ce serait encore plus d'aide dès le départ. Plus de relais. Parce que j'ai un mec, on n'a pas du tout le même niveau d'énergie. Il a moins d'énergie en quantité que moi. Donc du coup, mécaniquement, je fais plus de choses parce que j'ai plus d'énergie. Et donc du coup, pour que ce ne soit pas moi qui compense, l'idée c'est de demander plus d'aide. Mais bon, ça demande aussi un peu plus de moyens. Même s'il y a des solutions, compléments, modes de garde, etc. qui existent. Mais je pense que c'est ça que je ferais différemment, parce que notre situation d'entrepreneur, tous les deux, elle n'a pas changé, elle n'a pas bougé. Sauf si je décide d'essayer de me faire salariée, de changer vraiment drastiquement de job. Mais bon, je pense que c'est d'autres contraintes. Donc je pense que c'est ça qui changerait, parce qu'on ne va pas changer nos parents. Ils sont toujours aussi défaillants des deux côtés. Je ne sais pas si on va pouvoir en peu de temps changer notre situation pro. Donc je me dis en fait la seule solution qu'on ait c'est d'avoir plus d'aide et effectivement aussi de faire le travail thérapeutique qu'on a fait et de peut-être penser aussi les blessures, les souffrances associées au premier parce que ce qu'on a compris en thérapie c'est que le tunnel du premier et les difficultés qu'il y a eu, en fait on a vécu nos souffrances un peu en silo l'un en parallèle de l'autre sans vraiment se serrer les coudes, sans vraiment être en équipe en fait. L'idée, c'était parce qu'on n'avait pas... psychiquement aussi les ressources pour le faire. Mais du coup, l'idée, c'est de se dire, si demain, il y en a un qui est plus fatigué que l'autre, qui n'arrive pas à gérer, au lieu de lui reprocher, c'est de dire, ok, comment on fait autrement ? Tu n'as pas les ressources, je ne vais pas te reprocher de ne pas avoir la ressource. Comment on peut retrouver la ressource autrement et le faire en meilleure intelligence ? Mais bon, c'est dur de le faire quand tu es fatigué, d'avoir le recul et tout, mais d'où le fait de faire ce travail aussi en thérapie de coupe, de recul, d'analyse, pour dire, voilà, quelle, entre guillemets, erreurs, et je mets des guillemets, on a fait et comment on peut faire mieux, comment on peut faire autrement. en prenant en compte que le contexte général il n'a pas changé si ce n'est notre niveau de conscience finalement et notre expérience donc comment on capitalise un peu sur ça et où est-ce qu'on en est de la réflexion du deuxième en fait c'est marrant parce que la réflexion du deuxième c'est un peu fait de la même manière que le premier c'est à dire que pour le premier moi ça a toujours été une évidence d'être maman, pour mon partenaire pas du tout et donc je lui avais proposé de faire un cheminement thérapeutique pour voir si c'était une option pour lui et le deuxième au même titre que ça a été le même process pour le premier Merci. Et en fait, les choses se sont passées de la même manière, c'est qu'à la fois, moi, je lui en parlais, en même temps, je lui laissais de l'espace pour pas forcer. Et puis là, avant deux ans et demi, je trouvais que l'écart d'âge, il est trop rapproché pour que... C'est déjà difficile, mais alors quand t'as vraiment deux enfants en bas d'âge, je crois que c'est encore beaucoup plus dur, quoi. Là, si je tombais enceinte aujourd'hui, mon premier, il aurait trois ans, où déjà, t'as des enjeux de propreté. Enfin, j'aime pas ce mot propreté, parce que c'est pas parce que tu mets une couche que t'es pas propre. enfin plutôt de continence parce que c'est pas sale c'est naturel enfin bref ou en tout cas d'autonomie ouais qui sont plus grands, de marge de parole, qui fait que du coup, t'as pas vraiment deux petits Z qui sont 100% dépendants de toi. Et du coup, là, pareil, ça a été un cheminement pour mon partenaire, et il m'a dit, là, en début d'année, que finalement, il était OK pour un deuxième, là où c'était pendant deux ans et demi, ça n'a pas du tout été sûr, quoi. Et donc, moi, j'avais un peu cette angoisse de me dire, je me suis toujours vue mom of two, est-ce que c'est possible ? Et s'il me dit non, qu'est-ce que je fais, en fait ? Est-ce que je reste ? Est-ce que je pars ? Est-ce que c'est mon couple ou le deuxième ? c'était dur et en même temps je comprends déjà que pour lui, un c'est beaucoup donc parfois je me dis mais est-ce que ça vaut le coup de pousser le bouchon un peu plus loin est-ce que ça va pas se faire au détriment de notre couple est-ce que notre couple va être assez solide assez machin et en même temps je me dis j'ai envie de faire cet acte de foi parce qu'aujourd'hui ça se passe très bien mon conjoint c'est un super papa et il fait du mieux qu'il peut et même s'il a moins d'énergie que moi je sais qu'il donne tout ce qu'il a Donc la décision d'en avoir un deuxième est très récente. On n'essaye pas encore. Je pense que bientôt, je vais lui poser la question de lui, à quelle échéance il voit les choses et quand est-ce qu'il envisage qu'on commence à essayer. Mais ouais, en gros, c'est un process. Mais je pense qu'effectivement, tant qu'on n'aura pas aussi adressé ses peurs et ses angoisses, moi, je suis un peu dans un avance-recul intérieur de j'en ai très envie. Et en même temps, je vais me dire, oh là là, repasser par... Par les petites nuits, le zéro autonomie. Et en fait, ce qui m'est venu récemment, c'est de me dire, ouais, mais ce sera la dernière. Parce que j'en veux pas plus. Et du coup, il y a cette joie de la célébration qui est arrivée de dire, ça va pas être l'enfer, c'est que tu vas pouvoir clore ce chapitre. Tu vas pouvoir finir le truc et tu vas pouvoir le vivre avec joie parce que ce sera la dernière fois. La dernière fois que tu auras un bébé dans le ventre. Bon, après, il faut jamais dire dernier, mais en tout cas, j'ai pas l'envie d'en avoir trois. Deux, c'est déjà très bien. Mais de me dire, en fait, tu vas pouvoir le célébrer parce que déjà, tu sais que tout a une fin, enfin, tout passe, que c'est des phases et des périodes, que oui, tu vas capitaliser sur ce que tu as appris. Donc du coup, puis tu sais ce que c'est, tu l'as déjà vécu. Et puis tu vas mettre des choses en place pour que ce soit mieux, pour mieux le vivre. Et puis surtout, ce sera la dernière fois. Et ça, je trouve que ça, moi, ça m'a un peu libérée quand j'en ai pris conscience en me disant... Ouais, ça a mis des émotions de joie et de célébration que j'avais pas là où j'étais un peu dans l'anxiété, la peur et petite anecdote finale. Cette envie du deuxième, déjà, elle était présente dès l'accouchement, mais bon, je pense que c'était les hormones. Le mec m'a regardé et il m'a dit « ça va pas la tête d'en vouloir un deuxième tout de suite ? » Mais ce qui est drôle, c'est que, petit épisode mystique, mon garçon avait, je pense, peut-être un an ou deux ans, je sais plus, je sais plus si c'était un an ou deux ans, bref. Et vraiment, j'ai eu une espèce de montée intérieure de « il faut que j'ai un deuxième, il faut que j'ai un deuxième » , et quelque chose qui me transcendait totalement. Et en fait, dans ma tête, c'est il faut que j'ai un deuxième parce que si un jour il y a la guerre, il faut au moins qu'il y en a un qui me revienne. Et je me suis dit mais qui ? Tu vois ? D'où ça vient ce truc-là ?
- Speaker #1
Est-ce que c'est une bonne raison de faire un bébé ?
- Speaker #0
Ouais. Et puis vraiment, il y avait cette espèce d'urgence en fait à l'intérieur. C'est genre il faut, il faut, c'est now. Mais je sentais que c'était quelque chose qui me dépassait total. Limite qui ne m'appartenait pas. Et donc j'en ai parlé avec ma thérapeute qui est quand même assez ouverte. Elle me dit non, non, non, il y a eu... probablement qu'il y a des choses qui se rejouent parce qu'elle me dit, il y a eu des décès, de guerres dans ta famille. J'ai dit oui, il y en a beaucoup, parce que mon père est anglais, donc côté anglais, je sais que j'ai onze oncles et tantes qui sont décédés, ils étaient treize, et il y en a onze qui sont décédés de la seconde guerre mondiale. Et en fait, je sentais que je portais un truc qui ne m'appartenait pas, parce que vraiment, c'était cette peur-là. Et donc, du coup, elle m'a proposé de faire un peu une méditation de libération transgénérationnelle, Je sais plus si t'es karmique ou autre. que j'ai faite. Et clairement, il y a un truc qui est parti. Il y a vraiment un truc qui s'est envolé à ce moment-là.
- Speaker #1
Le truc d'urgence, quoi. Ouais,
- Speaker #0
d'urgence. Exactement. D'urgence, de survie, de nécessité, de besoin impérieux. C'était ça. C'était une nécessité absolue d'avoir un deuxième. C'était vital. C'était vital. Et du coup, c'est cool parce que ça m'a permis de remettre ce désir de deuxième bébé à sa juste place. Justement, pas dans cette logique de survie, dans un truc qui ne m'appartient pas. mais plutôt dans quelque chose de plus, comment dire, de plus juste, de plus, quelque part, de plus neutre, qui n'est pas ça. Et je me souviens, il y a vraiment eu un avant-après cette méditation, où ça m'a fait du bien de me libérer de ce truc-là, parce que, émotionnellement, j'avais plus du tout, ça n'a pas remis en question le deuxième, mais l'approche du deuxième était très différente, et du coup, beaucoup plus apaisée, beaucoup plus sereine. Donc voilà, c'était la petite anecdote mystique.
- Speaker #1
C'est mystique et aussi très... psychanalytique, transgénérationnelle, psychologique. En fait, c'est juste on est influencé par des constructions, des gènes. Et puis ces traumas, on voit que les traumas se transmettent de génération en génération. Il y a l'épigénétique qui commence à montrer. C'est quand même un énorme trauma du côté de la famille de ton père. Entre autres.
- Speaker #0
Oui, et puis il y a une suspicion d'origine juive qui n'est pas du tout dite. Il y a ça aussi. Et un autre truc que je suis en train de mettre en... En lumière, c'est que ma mère a eu deux grossesses, une grossesse extra-utérine et un œuf clair avant moi. Et il y a un peu aussi, je sais que quand l'enfant d'après, il vient avec en gros un taux de morbidité qui peut freiner l'an vital du fait de ces deux trucs d'avant. Et je me demande s'il n'y a pas ça, parce que moi j'étais un peu l'enfant tellement désiré après ces deux décès, même si ça arrivait tôt. Et donc il y a aussi peut-être quelque chose qui se joue de cet ordre-là. à la fois moi dans le vide d'avoir deux et ou dans la peur de perdre parce que j'en ai parlé dans la première grossesse j'avais aussi très très peur de perdre mon bébé donc je pense qu'il y a des choses qui m'appartenaient pas et je suis contente là aussi de libérer ça pour remettre les choses à leur juste place pour pas être dans une optique de réaction quelque part aussi de subir mais plutôt de retrouver un peu, pas la maîtrise parce qu'on maîtrise rien quand il s'agit d'avoir des enfants mais une optique de comment dire Merci. Je dirais d'alignement, plutôt. De remettre les choses à sa juste place, je pense que c'est cette notion d'alignement et de ne pas faire les choses par réaction, par défaut, mais plus peut-être en conscience ou en liberté, en tout cas.
- Speaker #1
J'ai une dernière question. Comment tu décrirais tes terres intimes aujourd'hui ? Ton intimité ou ton intériorité ? Je sais que tu travailles quand même beaucoup sur toi, donc ton intériorité est riche.
- Speaker #0
Ouais, écoute, merci. Non, non, c'est un peu le chaos en ce moment, parce que je me pose beaucoup de questions aussi à titre pro. Il y a le deuxième, il y a l'intimité-sexualité, il y a le couple, il y a le boulot. Donc non, c'est un peu... En vrai, là, je pense qu'on aurait fait cet épisode il y a trois mois ou on le ferait dans six mois. Je pense que je ne te dirais pas la même chose. Mais ouais, non, c'est un peu... Je crois que j'ai une phase de remise en question où il y a beaucoup de choses qui bougent. et j'ai le mot friche encore qui me vient et ce que j'aime bien avec la notion de friche c'est laisser les choses pousser décanter pour permettre à d'autres choses d'émerger et avec ce deuxième non business je sens que je suis un peu dans une évolution intérieure et en fait pour moi en tant qu'aidant que tu sois coach ou thérapeute il y a aussi la notion de posture intérieure pour bien accompagner l'autre il faut être bien avec soi et pour être bien avec soi je trouve qu'il faut avoir aussi travailler avec soi et travailler sur soi parce que du coup il y a encore une fois plus d'éclairage, plus de liberté, plus de conscience et je trouve que cette conscience elle sert le processus thérapeutique, de coaching ou autre, parce que du coup, il génère pour moi plus d'empathie. Non pas que t'as besoin de vivre ce que l'autre a vécu pour pouvoir l'accompagner, mais parce que tu fais ce travail de libération émotionnelle, de connexion émotionnelle, d'acceptation de tes émotions, de comprendre ton passé, tout ça crée cette ouverture du cœur, le fait de le traiter, le guérir, te soulager, ça crée un apaisement qui crée une meilleure disponibilité, qui crée une meilleure écoute. Et du coup, il y a aussi ce truc de tu attires à toi ce que tu es ou qui tu es, donc Merci. Moi, je le vois un peu comme un processus d'élévation intérieure. Et quand je dis élévation, ce n'est pas supériorité, intériorité, c'est encore une fois de se libérer, de devenir soi. Et moi, du coup, je pense dans cette phase un peu charnière de je suis en train de passer à l'étape supérieure. Et donc, du coup, il y a un peu ce travail intermédiaire qui suppose de se libérer de certains trucs, de faire un travail aussi sur soi pour être encore plus peut-être consciente. présentes, précises, soit demain. C'est ma croyance, peut-être que j'ai raison, que je ne sais pas. En tout cas, c'est le chemin que je prends. Donc oui ou non, il y a un bon travail de friche en ce moment. Rendez-vous dans quelques mois pour l'épisode 3. Non, je déconne.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Eléa. J'étais tellement heureuse de te recevoir une deuxième fois à l'Intérieur d'Anti. Merci pour ton temps.
- Speaker #0
Merci, Juliette. Non, mais non, trop cool. Merci pour tes questions qui sont toujours un plaisir et j'adore. Enfin, c'est vraiment un moment extrêmement agréable et même d'utile à soi parce que c'est un moment d'introspection. et en plus il est partagé donc j'espère qu'il sera utile à d'autres qui soient vecteurs de prise de conscience ou d'apaisement de légèreté je ne sais pas mais en tout cas merci de m'avoir écouté j'espère
- Speaker #1
que cet épisode vous a plu si c'est le cas n'hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner au podcast merci à Eleanor pour son temps ses mots si clairs et sa douceur merci à Alice Des belles fréquences pour le montage son. à Didier Bénetti pour la musique de Terres Intimes et à vous tous et toutes pour votre écoute à très vite sur le podcast ou sur l'Instagram Juliette Savara