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Torah et société, Paracha Metsora

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24min |14/04/2024
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Description

Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim poursuit l'étude des différentes sections de la Thora et cette semaine nous allons parler de la paracha. Metsora, Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    Mais avant de parler de la paracha Metsora, on va dire un mot sur les prochaines élections présidentielles. Le premier tour aura lieu le 10 avril prochain. Et on a l'impression, Gilles Bernheim, que le religieux s'invite de plus en plus dans cette campagne avec des prises de position des différents candidats. Vous en pensez quoi ?

  • Speaker #1

    Écoutez, si l'on tient compte des principaux candidats, ceux qui sont au-dessus de 10%, on peut relever au moins trois choses. Pour ce qui concerne The Moor... On connaît son credo qui est son cheval de bataille depuis toujours, enfin depuis longtemps, à savoir que sans discriminer les musulmans, ils considèrent que l'islam en très grande partie est peu compatible avec les lois de la République. ce qui veut dire que ça rend très difficile la situation des musulmans, sauf à être très intégré, ce qui veut dire également assez assimilé. Et c'est son cheval de bataille. Sur le principe, indépendamment d'autres points, cela me trouble énormément, parce qu'il y a une logique ici qui peut ensuite s'appliquer à d'autres. Pour ce qui concerne le Rassemblement national, on peut observer que dans sa manière de parler, il y a un adoucissement certain de la candidate Marine Le Pen. Mais je dirais, évidemment, elle est candidate, donc ce n'est plus elle qui parle au nom du Rassemblement national, mais Bardella. Et on ne peut que rappeler le propos qu'il a tenu, à savoir qu'il ne peut plus y avoir, qu'il n'y aura plus d'abattage rituel sans étourdissement en France. Et il va plus loin en interdisant l'importation de ce type de viande en France. Ce qui promet des jours pour le moins difficiles, sinon douloureux pour les juifs pratiquants. Quant à Mélenchon... Son credo, c'est de dissocier la République du fait religieux, c'est-à-dire qu'il n'y aura plus de financement des lieux de culte, et le raisonnement va plus loin, il n'y aura plus de présence de représentants de l'État dans les lieux religieux et dans les cérémonies, comme par exemple à Kippour, ou en d'autres circonstances, par exemple le dimanche qui précède Rosh Hashanah, de la cérémonie de commémoration qui a lieu chaque année à la Cante Synagogue de la Victoire par rapport aux disparus de la deuxième juif de la Shoah. Ce sont trois points parmi d'autres, mais qui sont terriblement troublants, parfois, je dirais, perturbants. et qui pour certains encore mettront les communautés religieuses, et là je m'intéresse à la communauté juive, en très grande difficulté. À partir de là, il n'appartient pas à un rabbin de donner des consignes de vote, dans un sens ou dans l'autre, il est important d'informer sur ce qui est ou ce qui pourra être.

  • Speaker #0

    On va à présent parler de la paracha Metzora qui signifie une personne atteinte de tsarate. La tsarate que nous avons d'ailleurs rencontrée dans la paracha précédente, la semaine dernière, on en parlait avec vous, la paracha Tazria, est une affection par laquelle une personne contractait une impureté rituelle qui lui interdisait de pénétrer dans le temple, de participer. à ses diverses rituels ainsi qu'à la vie sociale de la communauté. Ainsi séparé du temple qui est un lieu de vie et de divinité, séparé de la vie sociale, le Metsora est, selon les paroles des sages de la Torah, une métaphore de la mort.

  • Speaker #1

    La Metsora est cette sorte, cette espèce de maladie qui ressemble à de l'hébreu mais qui n'en est pas. ressemble à de la mort pour deux raisons. au niveau de la cause et au niveau de l'effet. Au niveau de la cause, c'est une maladie qui apparaît chez des êtres d'élite, je le rappelle. Lorsqu'on regarde par exemple le choumash, les cinq livres de Moïse, il n'y a que Moïse et Myriam qui ont été atteints de cette maladie. On n'a aucun autre exemple. Ce qui veut dire que ces deux personnages bibliques, qui sont des personnages non seulement illustres, mais d'un extraordinaire niveau moral, sont les seuls à se faire punir. Alors il faut comprendre une chose, parce que si déjà eux se sont fait punir, on peut imaginer combien le peuple, nous l'avons dit la semaine dernière, dans sa facilité à médire, de qui que ce soit d'autre qu'eux-mêmes, auraient été atteints à X reprises. Il y aurait eu un fléau collectif, communautaire ou familial, mais ça n'apparaît pas dans le texte. Il faut rappeler que le prophète est quelqu'un qui donne de la vie. Je ne parle pas de la vie par la maternité, je parle de la vie par la parole. Une parole qui nourrit, une parole qui fait réfléchir, une parole qui est exigeante, une parole qui vous rend... j'allais dire à la fois plus intelligent et qui vous élève, qui vous transcende c'est cela une parole prophétique maintenant lorsque quelqu'un qui est doté ou dépositaire d'une telle parole qui donne la vie se mettent à médire, c'est-à-dire à affaiblir l'autre dans sa capacité à donner de la vie. Je rappelle que Myriam, par exemple, a médit de son frère en disant la vérité, à savoir qu'il n'était pas beaucoup à la maison et que sa femme en souffrait. Je rappelle que Moïse a été même brièvement atteint de Tzorahat du fait, on peut dire qu'il a médit d'Israël parce que Dieu lui demande de parler à Israël et lui répond, mais ils ne vont pas me croire. ils n'auront pas confiance en moi, ils sont trop atteints par la servitude, c'est au début de l'Exode, ils vivent encore dans un état de servitude, leurs facultés, je dirais leurs intuitions, leurs facultés intellectuelles, leurs capacités de discernement sont très affaiblies par ces longues années d'esclavage. Et de fait, il est prêt à renoncer à sa mission. en anticipant sur le fait que les autres ne pourront pas l'écouter. Fais confiance, peut-être, qu'ils ne sauront pas écouter, mais on ne juge pas quelqu'un avant de l'avoir mis à l'épreuve de la réalité. Sinon, c'est médire, c'est-à-dire se le réduire à l'image que tu en as, à l'idée que tu t'en fais. autrement dit tu affaiblis l'autre tu meurtris l'autre vous avez parlé de mort meurtris l'autre et à force de dire des choses qui laissent entendre que l'autre ne peut pas vous écouter l'autre finira par ne pas avoir envie de vous écouter on peut aussi le dire comme ça ce sont ces deux personnages là qui vont être atteints de cette maladie qui est associée à la médisance nous le savons, nous l'avons expliqué la semaine dernière je dirais enfin que Moïse et Myriam, oui, parce que ce sont des prophètes. Maintenant, les gens qui ne sont pas prophètes doivent médire à tour de bras, mais si en médisant à tour de bras, ils sont punis à chaque fois de Tzorahat, il n'y a plus de communauté vivante. C'est-à-dire tout un chacun dans la communauté, et donc des communautés entières seraient, je ne dis pas décimées, mais mises en quarantaine en quelque sorte. à chaque fois, et la vie du peuple ne serait plus possible, l'histoire ne se ferait plus. C'est comme ça que nos maîtres entendent et comment ils associent cette maladie. à des personnages d'élite. C'est une maladie, c'est une punition pour être d'élite, au pluriel.

  • Speaker #0

    Le Kohen ordonnera, il prendra pour celui qui se purifie deux oiseaux vivants purs, du bois de cèdre et de l'écarlate d'un verre et de l'isop. Rachid, dans son commentaire, explique, étant donné que la Tzorat, cette fameuse lèpre qui n'est pas la lèpre que nous connaissons, est engendré par la médisance, conséquence du bavardage, le texte a imposé pour la purification du fauteur des oiseaux qui passent leur temps à cacter en babillant. Et du bois de cèdre, parce que la tzorat est engendrée par l'orgueil. Mais alors comment finalement guérir cette plaie, Gilles Bernheim ?

  • Speaker #1

    Juste un mot sur le terme que vous avez utilisé, le verbe babiller. C'est vrai que babiller, les oiseaux... enfin c'est vrai, autant que je me le représente en tout cas, peuvent se laisser aller à chanter, à produire ces bruits que l'on appelle le mâbillage, je dirais se laisser prendre au jeu collectif, c'est-à-dire les oiseaux se répondent entre eux. On l'entend le matin très tôt lorsque le jour se lève et que les premiers oiseaux commencent à... faire signe comme quoi le jour se lève. Alors c'est vrai qu'entre une parole qui évite l'incontrôlable, ce qui conduit à la médisance, et ces oiseaux qui babillent et qui peut-être dépassent largement le cadre d'un contrôle de la parole des oiseaux, ou des bruits que produisent les oiseaux, l'association est facile à faire. Je ne sais pas si elle est très riche, mais elle est facile à faire. Et nombre de commentaires la soulignent. A savoir que là où on répare, là où on a péché. C'est un petit peu comme le principe d'un vaccin. C'est-à-dire qu'on reprend dans le rituel de purification quelque chose qui est associé à la faute. D'autres diront au mal. au dévoiement ou détournement du langage et donc du comportement. Alors on le reprend sous la forme du babillage, on prend des oiseaux comme offrandes. Et c'est logique par ailleurs que quelqu'un ou quelqu'une qui doit se soumettre aux lois de purification soit d'abord isolé du peuple. Parce que lorsqu'on est isolé, on ne communique pas, et lorsqu'on ne communique pas, on ne parle pas. Il y a une purification du langage. J'ai longtemps et souvent été sensible à ces lois de purification qui distancient quelqu'un de la communauté où on parle beaucoup et on fait beaucoup de choses ensemble. Parce qu'en fait, lorsqu'on communique mal, ou qu'on parle trop de choses que l'on ne devrait pas dire, ou que l'on fait des choses qu'on ne devrait pas faire, Il est important de s'isoler, de manière à prendre conscience de ses erreurs. Si vous restez dans le rythme communautaire ou dans le rythme collectif, vous ne pouvez pas vous distancier, vous êtes très vite dépassé par les circonstances et par la situation. Distanciation, isolement, pour se remettre en question. parce que si on n'est pas doté d'un esprit de doute et de remise en question, ces rituels ne servent pas à grand-chose. On recommence tout de suite. C'est évident également. Les rituels de purification ne sont pas des... L'impureté, ce n'est pas une souillure. Oui, ça l'apparaît puisqu'ici il y a une maladie. Il y a beaucoup d'impuretés bibliques qui ne passent pas par la souillure. qui ne passe pas par la maladie, et pourtant, il faut être très strict, obéir aux lois de purification. C'est souvent une manière de dire que l'impureté n'est pas toujours un état, mais c'est plutôt, je dirais, une confusion, parfois des amalgames, parfois, je dirais, une perception des choses qui n'est pas juste, ou un manque de conscience, de la rigueur des choses, et de la mesure des implications d'une chose, ce qu'on appelle les aboutissants par rapport aux tenants. C'est vrai. Ça, ce sont les lois d'impureté. La pureté n'est pas un état. La pureté, c'est retrouver la capacité à ne plus commettre l'erreur, c'est-à-dire retrouver cette capacité de discernement, de clairvoyance, de précaution. de distanciation et d'autres termes encore.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous seriez d'accord avec, par exemple, Manitou Léon, Ashkenazi, il parle de la tzorate comme étant une somatisation, une maladie psychosomatique, pour être plus précis.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la peau est frontière entre l'intériorité et le monde extérieur. Quand la peau est brûlée... c'est comme si la frontière était brûlée. Donc la communication entre l'intérieur et l'extérieur ne se fait plus, pour faire court. Je voudrais remarquer d'ailleurs une chose, c'est que la sorate ne touche pas que le corps.

  • Speaker #0

    Oui, elle touche aussi les maisons et les vêtements.

  • Speaker #1

    elle peut toucher les vêtements, elle peut toucher les maisons, elle peut toucher les murs des villes. Ça veut dire quoi ? Les vêtements, le vêtement, c'est ce que l'on revêt, traduit l'apparence que l'on veut donner, l'image que l'on veut que les autres aient de vous. Les murs de la maison, je dirais, le spectre s'élargit. Il s'ouvre de plus en plus, on est passé de la peau au vêtement, du vêtement au mur de la maison, voire au mur de la ville. On est toujours dans un souci de communication. Une maison c'est une famille, pas une maison à l'époque c'était une famille, aujourd'hui c'est plusieurs familles, mais c'est une ou des familles par rapport à d'autres familles. Et là il y a de la médisance au niveau d'un groupe, vis-à-vis d'un autre groupe. Et la ville c'est toute une société. vis-à-vis d'une autre société, il y a médisance, donc il y a impureté, donc il y a des rituels de purification également. Et toujours cela autour de la Tzorahat.

  • Speaker #0

    Bien que le mot Metsorah soit effectivement l'un des premiers de la paracha, le sujet du premier tiers de cette paracha évoque le processus par lequel le Metsorah est guéri de la Tzorahat, c'est-à-dire de la négation de la situation d'être un Metsorah. Le sujet du second tiers de la paracha est la tsorate qui affecte, et on en a parlé, une maison, et de quelle manière une maison peut être purifiée. Et la troisième partie de la paracha traite de deux autres formes d'impureté non liées à la tsorate et de leur purification. C'est cela ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est cela. Mais j'ajoute juste une chose sur la première partie de votre propos. La... C'est l'insigne du groupe qui est pointé du doigt par la Tzorat sur les vêtements, mais surtout sur les murs de la maison ou sur les murs de la cité. Il y a une dénonciation qui se fait dans le comportement d'un autre groupe. Vous savez, la vie intérieure des gens ne la connaît pas. On la connaît très peu. Par contre, lorsqu'on les prend la main dans le sac avoir commis cette faute de médisance, ils ne peuvent plus rien cacher. La peau atteste de la nature de leurs actes. Ça me fait penser à des gens qui rougissent. ou qui ont des réactions bizarres lorsqu'on leur dit la vérité, vérité qui nie le même, mais le corps parle à leur place. Au niveau d'une collectivité, je dirais que c'est la vie du groupe qui est en question. C'est presque un problème politique, c'est-à-dire une gestion du groupe, c'est une famille ou un peuple ou une nation ou une communauté. Mais gestion, c'est-à-dire que... Tout devient visible, y compris de loin, parce que le corps n'est visible que si il y a des gens qui le voient. Les murs de la ville, les murs d'une maison, c'est encore plus difficile à isoler du regard des autres. Il y a beaucoup de gens qui le savent et tout le monde le sait. Quand on dit que tout le monde le sait, Il y a toujours ce risque de... Oui, si tout le monde le sait, autrement dit, il n'y a plus de responsable. Il n'y a plus de coupable. Vous savez, quand il y a trop de gens, quand une collectivité est trop importante, on dit c'est la faute, comme dans une nation. Si vous dites c'est la faute à l'État, vous renvoyez une responsabilité à quelque chose d'anonyme, qui n'a pas de visage. Et donc finalement, la responsabilité, elle s'atténue. Parce que les process sont très longs, chacun trouve des arguments pour se cacher derrière son petit doigt, et finalement il n'y a presque plus de responsables, et parfois pas du tout. Donc c'est le contraire qui est visé ici. Il y a quelque chose de tout à fait surnaturel qui se passe. C'est une punition divine. Mais c'est aussi le signe que cette société est bien malade, et qu'elle a tout à fait intérêt à prendre conscience de ses dysfonctionnements. et d'essayer de guérir. Et j'imagine combien doit être difficile la prise de conscience d'une collectivité de son état d'impureté, de devoir participer à la purification de cette communauté humaine de manière à éviter désormais ces écarts de langage. Voilà.

  • Speaker #0

    Encore un mot avec vous, Gilles Bernan, compte tenu de la nature de la Tzorat, il semble étonnant qu'une paracha entière consacrée au moyen de guérir une personne de cette affliction porte le nom de celui qui est affecté, car que ce soit dans Tazria ou dans Metzora, on parle peu de celui qui est affecté, mais on parle beaucoup de la Tzorat, c'est-à-dire de cette maladie.

  • Speaker #1

    Oui, mais l'acte qui est accompli ici, que ce soit par des mots ou des actes, l'acte qui est accompli, c'est un acte réducteur. Vous savez, quand vous médisez quelqu'un, vous réduisez l'image au cliché ou au fantasme que vous développez vous-même en médisant. Et tout le monde va désormais se représenter cet individu comme quelqu'un de rétréci, si je pouvais employer ce mot. C'est-à-dire qu'on a... affecter cette dignité humaine. Et la perte de la dignité humaine est souvent une perte d'identité. Et je repense beaucoup au comportement que l'on attend dans une société digne de ce nom, des gens qui accompagnent des personnes qui sont tellement malades, on n'a plus de la sorate maintenant, qu'on n'a presque plus envie d'aller les voir. C'est très difficile de parler avec eux, de communiquer avec eux, parce que la maladie affecte leur état physique, extérieur notamment, et aussi intérieur, et leur manière d'être et de parler. Alors les visites se font de plus en plus rares, mais en fait, ou bien lorsqu'on rend visite à ces personnes qui sont malades, mais qui présentent un extérieur tellement abîmé, le regard... que l'on porte sur la personne malade est perçue par cette dernière comme, j'ai dit, un regard de... de... quelqu'un qui n'y croit plus ou quelqu'un qui est très affecté. Autrement dit, le malade a l'impression d'avoir perdu sa dignité parce que celui qui le regarde mélange... La maladie est le malade. La maladie peut être terrible à voir, mais le malade, en dépit de sa maladie, a encore une dignité tant qu'il est en vie. Et je pense que parfois, l'approche de la personne très malade est tellement difficile, parfois répugnant ou insupportable aux yeux ou à l'écoute, cette distinction entre la dignité et la personne, entre le malade et la maladie ne se fait plus. Le malade est identifié à sa seule maladie. Tellement ce qu'il montre est puissant dans le regard de l'autre. Ce n'est pas facile de distancier la maladie du malade et garder sa confiance en le malade. Parce que lorsque le malade observe qu'on ne croit plus, plutôt qu'il n'a plus de dignité aux yeux de l'accompagnant ou du soignant. Il ne croit plus en sa survie possible et parfois il demande à mourir. D'où l'importance de bien différencier la maladie du malade.

  • Speaker #0

    Malheureusement, on n'a plus le temps, mais il aurait été aussi intéressant de dégager un mot entre ces deux parachiotes que sont Tazria et Metzora. C'est le mot encensement qui renvoie pour bon nombre de commentaires au Mashiach. Et la Kabbalah d'ailleurs a un très beau texte sur les deux faces matricielles entre le peuple d'Israël. Et Dieu, et voilà, c'est une lecture complètement différente de celle qu'on a évoquée, mais qui mérite d'être soulignée. En tout cas, Gilles Bernheim, merci beaucoup. On se donne rendez-vous bien évidemment la semaine prochaine. On parlera de Pessar, c'est de circonstances, Torah et société, c'est tous les dimanches sur Radio Shalom, 19h30, 20h. Bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

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Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim poursuit l'étude des différentes sections de la Thora et cette semaine nous allons parler de la paracha. Metsora, Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    Mais avant de parler de la paracha Metsora, on va dire un mot sur les prochaines élections présidentielles. Le premier tour aura lieu le 10 avril prochain. Et on a l'impression, Gilles Bernheim, que le religieux s'invite de plus en plus dans cette campagne avec des prises de position des différents candidats. Vous en pensez quoi ?

  • Speaker #1

    Écoutez, si l'on tient compte des principaux candidats, ceux qui sont au-dessus de 10%, on peut relever au moins trois choses. Pour ce qui concerne The Moor... On connaît son credo qui est son cheval de bataille depuis toujours, enfin depuis longtemps, à savoir que sans discriminer les musulmans, ils considèrent que l'islam en très grande partie est peu compatible avec les lois de la République. ce qui veut dire que ça rend très difficile la situation des musulmans, sauf à être très intégré, ce qui veut dire également assez assimilé. Et c'est son cheval de bataille. Sur le principe, indépendamment d'autres points, cela me trouble énormément, parce qu'il y a une logique ici qui peut ensuite s'appliquer à d'autres. Pour ce qui concerne le Rassemblement national, on peut observer que dans sa manière de parler, il y a un adoucissement certain de la candidate Marine Le Pen. Mais je dirais, évidemment, elle est candidate, donc ce n'est plus elle qui parle au nom du Rassemblement national, mais Bardella. Et on ne peut que rappeler le propos qu'il a tenu, à savoir qu'il ne peut plus y avoir, qu'il n'y aura plus d'abattage rituel sans étourdissement en France. Et il va plus loin en interdisant l'importation de ce type de viande en France. Ce qui promet des jours pour le moins difficiles, sinon douloureux pour les juifs pratiquants. Quant à Mélenchon... Son credo, c'est de dissocier la République du fait religieux, c'est-à-dire qu'il n'y aura plus de financement des lieux de culte, et le raisonnement va plus loin, il n'y aura plus de présence de représentants de l'État dans les lieux religieux et dans les cérémonies, comme par exemple à Kippour, ou en d'autres circonstances, par exemple le dimanche qui précède Rosh Hashanah, de la cérémonie de commémoration qui a lieu chaque année à la Cante Synagogue de la Victoire par rapport aux disparus de la deuxième juif de la Shoah. Ce sont trois points parmi d'autres, mais qui sont terriblement troublants, parfois, je dirais, perturbants. et qui pour certains encore mettront les communautés religieuses, et là je m'intéresse à la communauté juive, en très grande difficulté. À partir de là, il n'appartient pas à un rabbin de donner des consignes de vote, dans un sens ou dans l'autre, il est important d'informer sur ce qui est ou ce qui pourra être.

  • Speaker #0

    On va à présent parler de la paracha Metzora qui signifie une personne atteinte de tsarate. La tsarate que nous avons d'ailleurs rencontrée dans la paracha précédente, la semaine dernière, on en parlait avec vous, la paracha Tazria, est une affection par laquelle une personne contractait une impureté rituelle qui lui interdisait de pénétrer dans le temple, de participer. à ses diverses rituels ainsi qu'à la vie sociale de la communauté. Ainsi séparé du temple qui est un lieu de vie et de divinité, séparé de la vie sociale, le Metsora est, selon les paroles des sages de la Torah, une métaphore de la mort.

  • Speaker #1

    La Metsora est cette sorte, cette espèce de maladie qui ressemble à de l'hébreu mais qui n'en est pas. ressemble à de la mort pour deux raisons. au niveau de la cause et au niveau de l'effet. Au niveau de la cause, c'est une maladie qui apparaît chez des êtres d'élite, je le rappelle. Lorsqu'on regarde par exemple le choumash, les cinq livres de Moïse, il n'y a que Moïse et Myriam qui ont été atteints de cette maladie. On n'a aucun autre exemple. Ce qui veut dire que ces deux personnages bibliques, qui sont des personnages non seulement illustres, mais d'un extraordinaire niveau moral, sont les seuls à se faire punir. Alors il faut comprendre une chose, parce que si déjà eux se sont fait punir, on peut imaginer combien le peuple, nous l'avons dit la semaine dernière, dans sa facilité à médire, de qui que ce soit d'autre qu'eux-mêmes, auraient été atteints à X reprises. Il y aurait eu un fléau collectif, communautaire ou familial, mais ça n'apparaît pas dans le texte. Il faut rappeler que le prophète est quelqu'un qui donne de la vie. Je ne parle pas de la vie par la maternité, je parle de la vie par la parole. Une parole qui nourrit, une parole qui fait réfléchir, une parole qui est exigeante, une parole qui vous rend... j'allais dire à la fois plus intelligent et qui vous élève, qui vous transcende c'est cela une parole prophétique maintenant lorsque quelqu'un qui est doté ou dépositaire d'une telle parole qui donne la vie se mettent à médire, c'est-à-dire à affaiblir l'autre dans sa capacité à donner de la vie. Je rappelle que Myriam, par exemple, a médit de son frère en disant la vérité, à savoir qu'il n'était pas beaucoup à la maison et que sa femme en souffrait. Je rappelle que Moïse a été même brièvement atteint de Tzorahat du fait, on peut dire qu'il a médit d'Israël parce que Dieu lui demande de parler à Israël et lui répond, mais ils ne vont pas me croire. ils n'auront pas confiance en moi, ils sont trop atteints par la servitude, c'est au début de l'Exode, ils vivent encore dans un état de servitude, leurs facultés, je dirais leurs intuitions, leurs facultés intellectuelles, leurs capacités de discernement sont très affaiblies par ces longues années d'esclavage. Et de fait, il est prêt à renoncer à sa mission. en anticipant sur le fait que les autres ne pourront pas l'écouter. Fais confiance, peut-être, qu'ils ne sauront pas écouter, mais on ne juge pas quelqu'un avant de l'avoir mis à l'épreuve de la réalité. Sinon, c'est médire, c'est-à-dire se le réduire à l'image que tu en as, à l'idée que tu t'en fais. autrement dit tu affaiblis l'autre tu meurtris l'autre vous avez parlé de mort meurtris l'autre et à force de dire des choses qui laissent entendre que l'autre ne peut pas vous écouter l'autre finira par ne pas avoir envie de vous écouter on peut aussi le dire comme ça ce sont ces deux personnages là qui vont être atteints de cette maladie qui est associée à la médisance nous le savons, nous l'avons expliqué la semaine dernière je dirais enfin que Moïse et Myriam, oui, parce que ce sont des prophètes. Maintenant, les gens qui ne sont pas prophètes doivent médire à tour de bras, mais si en médisant à tour de bras, ils sont punis à chaque fois de Tzorahat, il n'y a plus de communauté vivante. C'est-à-dire tout un chacun dans la communauté, et donc des communautés entières seraient, je ne dis pas décimées, mais mises en quarantaine en quelque sorte. à chaque fois, et la vie du peuple ne serait plus possible, l'histoire ne se ferait plus. C'est comme ça que nos maîtres entendent et comment ils associent cette maladie. à des personnages d'élite. C'est une maladie, c'est une punition pour être d'élite, au pluriel.

  • Speaker #0

    Le Kohen ordonnera, il prendra pour celui qui se purifie deux oiseaux vivants purs, du bois de cèdre et de l'écarlate d'un verre et de l'isop. Rachid, dans son commentaire, explique, étant donné que la Tzorat, cette fameuse lèpre qui n'est pas la lèpre que nous connaissons, est engendré par la médisance, conséquence du bavardage, le texte a imposé pour la purification du fauteur des oiseaux qui passent leur temps à cacter en babillant. Et du bois de cèdre, parce que la tzorat est engendrée par l'orgueil. Mais alors comment finalement guérir cette plaie, Gilles Bernheim ?

  • Speaker #1

    Juste un mot sur le terme que vous avez utilisé, le verbe babiller. C'est vrai que babiller, les oiseaux... enfin c'est vrai, autant que je me le représente en tout cas, peuvent se laisser aller à chanter, à produire ces bruits que l'on appelle le mâbillage, je dirais se laisser prendre au jeu collectif, c'est-à-dire les oiseaux se répondent entre eux. On l'entend le matin très tôt lorsque le jour se lève et que les premiers oiseaux commencent à... faire signe comme quoi le jour se lève. Alors c'est vrai qu'entre une parole qui évite l'incontrôlable, ce qui conduit à la médisance, et ces oiseaux qui babillent et qui peut-être dépassent largement le cadre d'un contrôle de la parole des oiseaux, ou des bruits que produisent les oiseaux, l'association est facile à faire. Je ne sais pas si elle est très riche, mais elle est facile à faire. Et nombre de commentaires la soulignent. A savoir que là où on répare, là où on a péché. C'est un petit peu comme le principe d'un vaccin. C'est-à-dire qu'on reprend dans le rituel de purification quelque chose qui est associé à la faute. D'autres diront au mal. au dévoiement ou détournement du langage et donc du comportement. Alors on le reprend sous la forme du babillage, on prend des oiseaux comme offrandes. Et c'est logique par ailleurs que quelqu'un ou quelqu'une qui doit se soumettre aux lois de purification soit d'abord isolé du peuple. Parce que lorsqu'on est isolé, on ne communique pas, et lorsqu'on ne communique pas, on ne parle pas. Il y a une purification du langage. J'ai longtemps et souvent été sensible à ces lois de purification qui distancient quelqu'un de la communauté où on parle beaucoup et on fait beaucoup de choses ensemble. Parce qu'en fait, lorsqu'on communique mal, ou qu'on parle trop de choses que l'on ne devrait pas dire, ou que l'on fait des choses qu'on ne devrait pas faire, Il est important de s'isoler, de manière à prendre conscience de ses erreurs. Si vous restez dans le rythme communautaire ou dans le rythme collectif, vous ne pouvez pas vous distancier, vous êtes très vite dépassé par les circonstances et par la situation. Distanciation, isolement, pour se remettre en question. parce que si on n'est pas doté d'un esprit de doute et de remise en question, ces rituels ne servent pas à grand-chose. On recommence tout de suite. C'est évident également. Les rituels de purification ne sont pas des... L'impureté, ce n'est pas une souillure. Oui, ça l'apparaît puisqu'ici il y a une maladie. Il y a beaucoup d'impuretés bibliques qui ne passent pas par la souillure. qui ne passe pas par la maladie, et pourtant, il faut être très strict, obéir aux lois de purification. C'est souvent une manière de dire que l'impureté n'est pas toujours un état, mais c'est plutôt, je dirais, une confusion, parfois des amalgames, parfois, je dirais, une perception des choses qui n'est pas juste, ou un manque de conscience, de la rigueur des choses, et de la mesure des implications d'une chose, ce qu'on appelle les aboutissants par rapport aux tenants. C'est vrai. Ça, ce sont les lois d'impureté. La pureté n'est pas un état. La pureté, c'est retrouver la capacité à ne plus commettre l'erreur, c'est-à-dire retrouver cette capacité de discernement, de clairvoyance, de précaution. de distanciation et d'autres termes encore.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous seriez d'accord avec, par exemple, Manitou Léon, Ashkenazi, il parle de la tzorate comme étant une somatisation, une maladie psychosomatique, pour être plus précis.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la peau est frontière entre l'intériorité et le monde extérieur. Quand la peau est brûlée... c'est comme si la frontière était brûlée. Donc la communication entre l'intérieur et l'extérieur ne se fait plus, pour faire court. Je voudrais remarquer d'ailleurs une chose, c'est que la sorate ne touche pas que le corps.

  • Speaker #0

    Oui, elle touche aussi les maisons et les vêtements.

  • Speaker #1

    elle peut toucher les vêtements, elle peut toucher les maisons, elle peut toucher les murs des villes. Ça veut dire quoi ? Les vêtements, le vêtement, c'est ce que l'on revêt, traduit l'apparence que l'on veut donner, l'image que l'on veut que les autres aient de vous. Les murs de la maison, je dirais, le spectre s'élargit. Il s'ouvre de plus en plus, on est passé de la peau au vêtement, du vêtement au mur de la maison, voire au mur de la ville. On est toujours dans un souci de communication. Une maison c'est une famille, pas une maison à l'époque c'était une famille, aujourd'hui c'est plusieurs familles, mais c'est une ou des familles par rapport à d'autres familles. Et là il y a de la médisance au niveau d'un groupe, vis-à-vis d'un autre groupe. Et la ville c'est toute une société. vis-à-vis d'une autre société, il y a médisance, donc il y a impureté, donc il y a des rituels de purification également. Et toujours cela autour de la Tzorahat.

  • Speaker #0

    Bien que le mot Metsorah soit effectivement l'un des premiers de la paracha, le sujet du premier tiers de cette paracha évoque le processus par lequel le Metsorah est guéri de la Tzorahat, c'est-à-dire de la négation de la situation d'être un Metsorah. Le sujet du second tiers de la paracha est la tsorate qui affecte, et on en a parlé, une maison, et de quelle manière une maison peut être purifiée. Et la troisième partie de la paracha traite de deux autres formes d'impureté non liées à la tsorate et de leur purification. C'est cela ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est cela. Mais j'ajoute juste une chose sur la première partie de votre propos. La... C'est l'insigne du groupe qui est pointé du doigt par la Tzorat sur les vêtements, mais surtout sur les murs de la maison ou sur les murs de la cité. Il y a une dénonciation qui se fait dans le comportement d'un autre groupe. Vous savez, la vie intérieure des gens ne la connaît pas. On la connaît très peu. Par contre, lorsqu'on les prend la main dans le sac avoir commis cette faute de médisance, ils ne peuvent plus rien cacher. La peau atteste de la nature de leurs actes. Ça me fait penser à des gens qui rougissent. ou qui ont des réactions bizarres lorsqu'on leur dit la vérité, vérité qui nie le même, mais le corps parle à leur place. Au niveau d'une collectivité, je dirais que c'est la vie du groupe qui est en question. C'est presque un problème politique, c'est-à-dire une gestion du groupe, c'est une famille ou un peuple ou une nation ou une communauté. Mais gestion, c'est-à-dire que... Tout devient visible, y compris de loin, parce que le corps n'est visible que si il y a des gens qui le voient. Les murs de la ville, les murs d'une maison, c'est encore plus difficile à isoler du regard des autres. Il y a beaucoup de gens qui le savent et tout le monde le sait. Quand on dit que tout le monde le sait, Il y a toujours ce risque de... Oui, si tout le monde le sait, autrement dit, il n'y a plus de responsable. Il n'y a plus de coupable. Vous savez, quand il y a trop de gens, quand une collectivité est trop importante, on dit c'est la faute, comme dans une nation. Si vous dites c'est la faute à l'État, vous renvoyez une responsabilité à quelque chose d'anonyme, qui n'a pas de visage. Et donc finalement, la responsabilité, elle s'atténue. Parce que les process sont très longs, chacun trouve des arguments pour se cacher derrière son petit doigt, et finalement il n'y a presque plus de responsables, et parfois pas du tout. Donc c'est le contraire qui est visé ici. Il y a quelque chose de tout à fait surnaturel qui se passe. C'est une punition divine. Mais c'est aussi le signe que cette société est bien malade, et qu'elle a tout à fait intérêt à prendre conscience de ses dysfonctionnements. et d'essayer de guérir. Et j'imagine combien doit être difficile la prise de conscience d'une collectivité de son état d'impureté, de devoir participer à la purification de cette communauté humaine de manière à éviter désormais ces écarts de langage. Voilà.

  • Speaker #0

    Encore un mot avec vous, Gilles Bernan, compte tenu de la nature de la Tzorat, il semble étonnant qu'une paracha entière consacrée au moyen de guérir une personne de cette affliction porte le nom de celui qui est affecté, car que ce soit dans Tazria ou dans Metzora, on parle peu de celui qui est affecté, mais on parle beaucoup de la Tzorat, c'est-à-dire de cette maladie.

  • Speaker #1

    Oui, mais l'acte qui est accompli ici, que ce soit par des mots ou des actes, l'acte qui est accompli, c'est un acte réducteur. Vous savez, quand vous médisez quelqu'un, vous réduisez l'image au cliché ou au fantasme que vous développez vous-même en médisant. Et tout le monde va désormais se représenter cet individu comme quelqu'un de rétréci, si je pouvais employer ce mot. C'est-à-dire qu'on a... affecter cette dignité humaine. Et la perte de la dignité humaine est souvent une perte d'identité. Et je repense beaucoup au comportement que l'on attend dans une société digne de ce nom, des gens qui accompagnent des personnes qui sont tellement malades, on n'a plus de la sorate maintenant, qu'on n'a presque plus envie d'aller les voir. C'est très difficile de parler avec eux, de communiquer avec eux, parce que la maladie affecte leur état physique, extérieur notamment, et aussi intérieur, et leur manière d'être et de parler. Alors les visites se font de plus en plus rares, mais en fait, ou bien lorsqu'on rend visite à ces personnes qui sont malades, mais qui présentent un extérieur tellement abîmé, le regard... que l'on porte sur la personne malade est perçue par cette dernière comme, j'ai dit, un regard de... de... quelqu'un qui n'y croit plus ou quelqu'un qui est très affecté. Autrement dit, le malade a l'impression d'avoir perdu sa dignité parce que celui qui le regarde mélange... La maladie est le malade. La maladie peut être terrible à voir, mais le malade, en dépit de sa maladie, a encore une dignité tant qu'il est en vie. Et je pense que parfois, l'approche de la personne très malade est tellement difficile, parfois répugnant ou insupportable aux yeux ou à l'écoute, cette distinction entre la dignité et la personne, entre le malade et la maladie ne se fait plus. Le malade est identifié à sa seule maladie. Tellement ce qu'il montre est puissant dans le regard de l'autre. Ce n'est pas facile de distancier la maladie du malade et garder sa confiance en le malade. Parce que lorsque le malade observe qu'on ne croit plus, plutôt qu'il n'a plus de dignité aux yeux de l'accompagnant ou du soignant. Il ne croit plus en sa survie possible et parfois il demande à mourir. D'où l'importance de bien différencier la maladie du malade.

  • Speaker #0

    Malheureusement, on n'a plus le temps, mais il aurait été aussi intéressant de dégager un mot entre ces deux parachiotes que sont Tazria et Metzora. C'est le mot encensement qui renvoie pour bon nombre de commentaires au Mashiach. Et la Kabbalah d'ailleurs a un très beau texte sur les deux faces matricielles entre le peuple d'Israël. Et Dieu, et voilà, c'est une lecture complètement différente de celle qu'on a évoquée, mais qui mérite d'être soulignée. En tout cas, Gilles Bernheim, merci beaucoup. On se donne rendez-vous bien évidemment la semaine prochaine. On parlera de Pessar, c'est de circonstances, Torah et société, c'est tous les dimanches sur Radio Shalom, 19h30, 20h. Bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

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Description

Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim poursuit l'étude des différentes sections de la Thora et cette semaine nous allons parler de la paracha. Metsora, Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    Mais avant de parler de la paracha Metsora, on va dire un mot sur les prochaines élections présidentielles. Le premier tour aura lieu le 10 avril prochain. Et on a l'impression, Gilles Bernheim, que le religieux s'invite de plus en plus dans cette campagne avec des prises de position des différents candidats. Vous en pensez quoi ?

  • Speaker #1

    Écoutez, si l'on tient compte des principaux candidats, ceux qui sont au-dessus de 10%, on peut relever au moins trois choses. Pour ce qui concerne The Moor... On connaît son credo qui est son cheval de bataille depuis toujours, enfin depuis longtemps, à savoir que sans discriminer les musulmans, ils considèrent que l'islam en très grande partie est peu compatible avec les lois de la République. ce qui veut dire que ça rend très difficile la situation des musulmans, sauf à être très intégré, ce qui veut dire également assez assimilé. Et c'est son cheval de bataille. Sur le principe, indépendamment d'autres points, cela me trouble énormément, parce qu'il y a une logique ici qui peut ensuite s'appliquer à d'autres. Pour ce qui concerne le Rassemblement national, on peut observer que dans sa manière de parler, il y a un adoucissement certain de la candidate Marine Le Pen. Mais je dirais, évidemment, elle est candidate, donc ce n'est plus elle qui parle au nom du Rassemblement national, mais Bardella. Et on ne peut que rappeler le propos qu'il a tenu, à savoir qu'il ne peut plus y avoir, qu'il n'y aura plus d'abattage rituel sans étourdissement en France. Et il va plus loin en interdisant l'importation de ce type de viande en France. Ce qui promet des jours pour le moins difficiles, sinon douloureux pour les juifs pratiquants. Quant à Mélenchon... Son credo, c'est de dissocier la République du fait religieux, c'est-à-dire qu'il n'y aura plus de financement des lieux de culte, et le raisonnement va plus loin, il n'y aura plus de présence de représentants de l'État dans les lieux religieux et dans les cérémonies, comme par exemple à Kippour, ou en d'autres circonstances, par exemple le dimanche qui précède Rosh Hashanah, de la cérémonie de commémoration qui a lieu chaque année à la Cante Synagogue de la Victoire par rapport aux disparus de la deuxième juif de la Shoah. Ce sont trois points parmi d'autres, mais qui sont terriblement troublants, parfois, je dirais, perturbants. et qui pour certains encore mettront les communautés religieuses, et là je m'intéresse à la communauté juive, en très grande difficulté. À partir de là, il n'appartient pas à un rabbin de donner des consignes de vote, dans un sens ou dans l'autre, il est important d'informer sur ce qui est ou ce qui pourra être.

  • Speaker #0

    On va à présent parler de la paracha Metzora qui signifie une personne atteinte de tsarate. La tsarate que nous avons d'ailleurs rencontrée dans la paracha précédente, la semaine dernière, on en parlait avec vous, la paracha Tazria, est une affection par laquelle une personne contractait une impureté rituelle qui lui interdisait de pénétrer dans le temple, de participer. à ses diverses rituels ainsi qu'à la vie sociale de la communauté. Ainsi séparé du temple qui est un lieu de vie et de divinité, séparé de la vie sociale, le Metsora est, selon les paroles des sages de la Torah, une métaphore de la mort.

  • Speaker #1

    La Metsora est cette sorte, cette espèce de maladie qui ressemble à de l'hébreu mais qui n'en est pas. ressemble à de la mort pour deux raisons. au niveau de la cause et au niveau de l'effet. Au niveau de la cause, c'est une maladie qui apparaît chez des êtres d'élite, je le rappelle. Lorsqu'on regarde par exemple le choumash, les cinq livres de Moïse, il n'y a que Moïse et Myriam qui ont été atteints de cette maladie. On n'a aucun autre exemple. Ce qui veut dire que ces deux personnages bibliques, qui sont des personnages non seulement illustres, mais d'un extraordinaire niveau moral, sont les seuls à se faire punir. Alors il faut comprendre une chose, parce que si déjà eux se sont fait punir, on peut imaginer combien le peuple, nous l'avons dit la semaine dernière, dans sa facilité à médire, de qui que ce soit d'autre qu'eux-mêmes, auraient été atteints à X reprises. Il y aurait eu un fléau collectif, communautaire ou familial, mais ça n'apparaît pas dans le texte. Il faut rappeler que le prophète est quelqu'un qui donne de la vie. Je ne parle pas de la vie par la maternité, je parle de la vie par la parole. Une parole qui nourrit, une parole qui fait réfléchir, une parole qui est exigeante, une parole qui vous rend... j'allais dire à la fois plus intelligent et qui vous élève, qui vous transcende c'est cela une parole prophétique maintenant lorsque quelqu'un qui est doté ou dépositaire d'une telle parole qui donne la vie se mettent à médire, c'est-à-dire à affaiblir l'autre dans sa capacité à donner de la vie. Je rappelle que Myriam, par exemple, a médit de son frère en disant la vérité, à savoir qu'il n'était pas beaucoup à la maison et que sa femme en souffrait. Je rappelle que Moïse a été même brièvement atteint de Tzorahat du fait, on peut dire qu'il a médit d'Israël parce que Dieu lui demande de parler à Israël et lui répond, mais ils ne vont pas me croire. ils n'auront pas confiance en moi, ils sont trop atteints par la servitude, c'est au début de l'Exode, ils vivent encore dans un état de servitude, leurs facultés, je dirais leurs intuitions, leurs facultés intellectuelles, leurs capacités de discernement sont très affaiblies par ces longues années d'esclavage. Et de fait, il est prêt à renoncer à sa mission. en anticipant sur le fait que les autres ne pourront pas l'écouter. Fais confiance, peut-être, qu'ils ne sauront pas écouter, mais on ne juge pas quelqu'un avant de l'avoir mis à l'épreuve de la réalité. Sinon, c'est médire, c'est-à-dire se le réduire à l'image que tu en as, à l'idée que tu t'en fais. autrement dit tu affaiblis l'autre tu meurtris l'autre vous avez parlé de mort meurtris l'autre et à force de dire des choses qui laissent entendre que l'autre ne peut pas vous écouter l'autre finira par ne pas avoir envie de vous écouter on peut aussi le dire comme ça ce sont ces deux personnages là qui vont être atteints de cette maladie qui est associée à la médisance nous le savons, nous l'avons expliqué la semaine dernière je dirais enfin que Moïse et Myriam, oui, parce que ce sont des prophètes. Maintenant, les gens qui ne sont pas prophètes doivent médire à tour de bras, mais si en médisant à tour de bras, ils sont punis à chaque fois de Tzorahat, il n'y a plus de communauté vivante. C'est-à-dire tout un chacun dans la communauté, et donc des communautés entières seraient, je ne dis pas décimées, mais mises en quarantaine en quelque sorte. à chaque fois, et la vie du peuple ne serait plus possible, l'histoire ne se ferait plus. C'est comme ça que nos maîtres entendent et comment ils associent cette maladie. à des personnages d'élite. C'est une maladie, c'est une punition pour être d'élite, au pluriel.

  • Speaker #0

    Le Kohen ordonnera, il prendra pour celui qui se purifie deux oiseaux vivants purs, du bois de cèdre et de l'écarlate d'un verre et de l'isop. Rachid, dans son commentaire, explique, étant donné que la Tzorat, cette fameuse lèpre qui n'est pas la lèpre que nous connaissons, est engendré par la médisance, conséquence du bavardage, le texte a imposé pour la purification du fauteur des oiseaux qui passent leur temps à cacter en babillant. Et du bois de cèdre, parce que la tzorat est engendrée par l'orgueil. Mais alors comment finalement guérir cette plaie, Gilles Bernheim ?

  • Speaker #1

    Juste un mot sur le terme que vous avez utilisé, le verbe babiller. C'est vrai que babiller, les oiseaux... enfin c'est vrai, autant que je me le représente en tout cas, peuvent se laisser aller à chanter, à produire ces bruits que l'on appelle le mâbillage, je dirais se laisser prendre au jeu collectif, c'est-à-dire les oiseaux se répondent entre eux. On l'entend le matin très tôt lorsque le jour se lève et que les premiers oiseaux commencent à... faire signe comme quoi le jour se lève. Alors c'est vrai qu'entre une parole qui évite l'incontrôlable, ce qui conduit à la médisance, et ces oiseaux qui babillent et qui peut-être dépassent largement le cadre d'un contrôle de la parole des oiseaux, ou des bruits que produisent les oiseaux, l'association est facile à faire. Je ne sais pas si elle est très riche, mais elle est facile à faire. Et nombre de commentaires la soulignent. A savoir que là où on répare, là où on a péché. C'est un petit peu comme le principe d'un vaccin. C'est-à-dire qu'on reprend dans le rituel de purification quelque chose qui est associé à la faute. D'autres diront au mal. au dévoiement ou détournement du langage et donc du comportement. Alors on le reprend sous la forme du babillage, on prend des oiseaux comme offrandes. Et c'est logique par ailleurs que quelqu'un ou quelqu'une qui doit se soumettre aux lois de purification soit d'abord isolé du peuple. Parce que lorsqu'on est isolé, on ne communique pas, et lorsqu'on ne communique pas, on ne parle pas. Il y a une purification du langage. J'ai longtemps et souvent été sensible à ces lois de purification qui distancient quelqu'un de la communauté où on parle beaucoup et on fait beaucoup de choses ensemble. Parce qu'en fait, lorsqu'on communique mal, ou qu'on parle trop de choses que l'on ne devrait pas dire, ou que l'on fait des choses qu'on ne devrait pas faire, Il est important de s'isoler, de manière à prendre conscience de ses erreurs. Si vous restez dans le rythme communautaire ou dans le rythme collectif, vous ne pouvez pas vous distancier, vous êtes très vite dépassé par les circonstances et par la situation. Distanciation, isolement, pour se remettre en question. parce que si on n'est pas doté d'un esprit de doute et de remise en question, ces rituels ne servent pas à grand-chose. On recommence tout de suite. C'est évident également. Les rituels de purification ne sont pas des... L'impureté, ce n'est pas une souillure. Oui, ça l'apparaît puisqu'ici il y a une maladie. Il y a beaucoup d'impuretés bibliques qui ne passent pas par la souillure. qui ne passe pas par la maladie, et pourtant, il faut être très strict, obéir aux lois de purification. C'est souvent une manière de dire que l'impureté n'est pas toujours un état, mais c'est plutôt, je dirais, une confusion, parfois des amalgames, parfois, je dirais, une perception des choses qui n'est pas juste, ou un manque de conscience, de la rigueur des choses, et de la mesure des implications d'une chose, ce qu'on appelle les aboutissants par rapport aux tenants. C'est vrai. Ça, ce sont les lois d'impureté. La pureté n'est pas un état. La pureté, c'est retrouver la capacité à ne plus commettre l'erreur, c'est-à-dire retrouver cette capacité de discernement, de clairvoyance, de précaution. de distanciation et d'autres termes encore.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous seriez d'accord avec, par exemple, Manitou Léon, Ashkenazi, il parle de la tzorate comme étant une somatisation, une maladie psychosomatique, pour être plus précis.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la peau est frontière entre l'intériorité et le monde extérieur. Quand la peau est brûlée... c'est comme si la frontière était brûlée. Donc la communication entre l'intérieur et l'extérieur ne se fait plus, pour faire court. Je voudrais remarquer d'ailleurs une chose, c'est que la sorate ne touche pas que le corps.

  • Speaker #0

    Oui, elle touche aussi les maisons et les vêtements.

  • Speaker #1

    elle peut toucher les vêtements, elle peut toucher les maisons, elle peut toucher les murs des villes. Ça veut dire quoi ? Les vêtements, le vêtement, c'est ce que l'on revêt, traduit l'apparence que l'on veut donner, l'image que l'on veut que les autres aient de vous. Les murs de la maison, je dirais, le spectre s'élargit. Il s'ouvre de plus en plus, on est passé de la peau au vêtement, du vêtement au mur de la maison, voire au mur de la ville. On est toujours dans un souci de communication. Une maison c'est une famille, pas une maison à l'époque c'était une famille, aujourd'hui c'est plusieurs familles, mais c'est une ou des familles par rapport à d'autres familles. Et là il y a de la médisance au niveau d'un groupe, vis-à-vis d'un autre groupe. Et la ville c'est toute une société. vis-à-vis d'une autre société, il y a médisance, donc il y a impureté, donc il y a des rituels de purification également. Et toujours cela autour de la Tzorahat.

  • Speaker #0

    Bien que le mot Metsorah soit effectivement l'un des premiers de la paracha, le sujet du premier tiers de cette paracha évoque le processus par lequel le Metsorah est guéri de la Tzorahat, c'est-à-dire de la négation de la situation d'être un Metsorah. Le sujet du second tiers de la paracha est la tsorate qui affecte, et on en a parlé, une maison, et de quelle manière une maison peut être purifiée. Et la troisième partie de la paracha traite de deux autres formes d'impureté non liées à la tsorate et de leur purification. C'est cela ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est cela. Mais j'ajoute juste une chose sur la première partie de votre propos. La... C'est l'insigne du groupe qui est pointé du doigt par la Tzorat sur les vêtements, mais surtout sur les murs de la maison ou sur les murs de la cité. Il y a une dénonciation qui se fait dans le comportement d'un autre groupe. Vous savez, la vie intérieure des gens ne la connaît pas. On la connaît très peu. Par contre, lorsqu'on les prend la main dans le sac avoir commis cette faute de médisance, ils ne peuvent plus rien cacher. La peau atteste de la nature de leurs actes. Ça me fait penser à des gens qui rougissent. ou qui ont des réactions bizarres lorsqu'on leur dit la vérité, vérité qui nie le même, mais le corps parle à leur place. Au niveau d'une collectivité, je dirais que c'est la vie du groupe qui est en question. C'est presque un problème politique, c'est-à-dire une gestion du groupe, c'est une famille ou un peuple ou une nation ou une communauté. Mais gestion, c'est-à-dire que... Tout devient visible, y compris de loin, parce que le corps n'est visible que si il y a des gens qui le voient. Les murs de la ville, les murs d'une maison, c'est encore plus difficile à isoler du regard des autres. Il y a beaucoup de gens qui le savent et tout le monde le sait. Quand on dit que tout le monde le sait, Il y a toujours ce risque de... Oui, si tout le monde le sait, autrement dit, il n'y a plus de responsable. Il n'y a plus de coupable. Vous savez, quand il y a trop de gens, quand une collectivité est trop importante, on dit c'est la faute, comme dans une nation. Si vous dites c'est la faute à l'État, vous renvoyez une responsabilité à quelque chose d'anonyme, qui n'a pas de visage. Et donc finalement, la responsabilité, elle s'atténue. Parce que les process sont très longs, chacun trouve des arguments pour se cacher derrière son petit doigt, et finalement il n'y a presque plus de responsables, et parfois pas du tout. Donc c'est le contraire qui est visé ici. Il y a quelque chose de tout à fait surnaturel qui se passe. C'est une punition divine. Mais c'est aussi le signe que cette société est bien malade, et qu'elle a tout à fait intérêt à prendre conscience de ses dysfonctionnements. et d'essayer de guérir. Et j'imagine combien doit être difficile la prise de conscience d'une collectivité de son état d'impureté, de devoir participer à la purification de cette communauté humaine de manière à éviter désormais ces écarts de langage. Voilà.

  • Speaker #0

    Encore un mot avec vous, Gilles Bernan, compte tenu de la nature de la Tzorat, il semble étonnant qu'une paracha entière consacrée au moyen de guérir une personne de cette affliction porte le nom de celui qui est affecté, car que ce soit dans Tazria ou dans Metzora, on parle peu de celui qui est affecté, mais on parle beaucoup de la Tzorat, c'est-à-dire de cette maladie.

  • Speaker #1

    Oui, mais l'acte qui est accompli ici, que ce soit par des mots ou des actes, l'acte qui est accompli, c'est un acte réducteur. Vous savez, quand vous médisez quelqu'un, vous réduisez l'image au cliché ou au fantasme que vous développez vous-même en médisant. Et tout le monde va désormais se représenter cet individu comme quelqu'un de rétréci, si je pouvais employer ce mot. C'est-à-dire qu'on a... affecter cette dignité humaine. Et la perte de la dignité humaine est souvent une perte d'identité. Et je repense beaucoup au comportement que l'on attend dans une société digne de ce nom, des gens qui accompagnent des personnes qui sont tellement malades, on n'a plus de la sorate maintenant, qu'on n'a presque plus envie d'aller les voir. C'est très difficile de parler avec eux, de communiquer avec eux, parce que la maladie affecte leur état physique, extérieur notamment, et aussi intérieur, et leur manière d'être et de parler. Alors les visites se font de plus en plus rares, mais en fait, ou bien lorsqu'on rend visite à ces personnes qui sont malades, mais qui présentent un extérieur tellement abîmé, le regard... que l'on porte sur la personne malade est perçue par cette dernière comme, j'ai dit, un regard de... de... quelqu'un qui n'y croit plus ou quelqu'un qui est très affecté. Autrement dit, le malade a l'impression d'avoir perdu sa dignité parce que celui qui le regarde mélange... La maladie est le malade. La maladie peut être terrible à voir, mais le malade, en dépit de sa maladie, a encore une dignité tant qu'il est en vie. Et je pense que parfois, l'approche de la personne très malade est tellement difficile, parfois répugnant ou insupportable aux yeux ou à l'écoute, cette distinction entre la dignité et la personne, entre le malade et la maladie ne se fait plus. Le malade est identifié à sa seule maladie. Tellement ce qu'il montre est puissant dans le regard de l'autre. Ce n'est pas facile de distancier la maladie du malade et garder sa confiance en le malade. Parce que lorsque le malade observe qu'on ne croit plus, plutôt qu'il n'a plus de dignité aux yeux de l'accompagnant ou du soignant. Il ne croit plus en sa survie possible et parfois il demande à mourir. D'où l'importance de bien différencier la maladie du malade.

  • Speaker #0

    Malheureusement, on n'a plus le temps, mais il aurait été aussi intéressant de dégager un mot entre ces deux parachiotes que sont Tazria et Metzora. C'est le mot encensement qui renvoie pour bon nombre de commentaires au Mashiach. Et la Kabbalah d'ailleurs a un très beau texte sur les deux faces matricielles entre le peuple d'Israël. Et Dieu, et voilà, c'est une lecture complètement différente de celle qu'on a évoquée, mais qui mérite d'être soulignée. En tout cas, Gilles Bernheim, merci beaucoup. On se donne rendez-vous bien évidemment la semaine prochaine. On parlera de Pessar, c'est de circonstances, Torah et société, c'est tous les dimanches sur Radio Shalom, 19h30, 20h. Bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

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Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim poursuit l'étude des différentes sections de la Thora et cette semaine nous allons parler de la paracha. Metsora, Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    Mais avant de parler de la paracha Metsora, on va dire un mot sur les prochaines élections présidentielles. Le premier tour aura lieu le 10 avril prochain. Et on a l'impression, Gilles Bernheim, que le religieux s'invite de plus en plus dans cette campagne avec des prises de position des différents candidats. Vous en pensez quoi ?

  • Speaker #1

    Écoutez, si l'on tient compte des principaux candidats, ceux qui sont au-dessus de 10%, on peut relever au moins trois choses. Pour ce qui concerne The Moor... On connaît son credo qui est son cheval de bataille depuis toujours, enfin depuis longtemps, à savoir que sans discriminer les musulmans, ils considèrent que l'islam en très grande partie est peu compatible avec les lois de la République. ce qui veut dire que ça rend très difficile la situation des musulmans, sauf à être très intégré, ce qui veut dire également assez assimilé. Et c'est son cheval de bataille. Sur le principe, indépendamment d'autres points, cela me trouble énormément, parce qu'il y a une logique ici qui peut ensuite s'appliquer à d'autres. Pour ce qui concerne le Rassemblement national, on peut observer que dans sa manière de parler, il y a un adoucissement certain de la candidate Marine Le Pen. Mais je dirais, évidemment, elle est candidate, donc ce n'est plus elle qui parle au nom du Rassemblement national, mais Bardella. Et on ne peut que rappeler le propos qu'il a tenu, à savoir qu'il ne peut plus y avoir, qu'il n'y aura plus d'abattage rituel sans étourdissement en France. Et il va plus loin en interdisant l'importation de ce type de viande en France. Ce qui promet des jours pour le moins difficiles, sinon douloureux pour les juifs pratiquants. Quant à Mélenchon... Son credo, c'est de dissocier la République du fait religieux, c'est-à-dire qu'il n'y aura plus de financement des lieux de culte, et le raisonnement va plus loin, il n'y aura plus de présence de représentants de l'État dans les lieux religieux et dans les cérémonies, comme par exemple à Kippour, ou en d'autres circonstances, par exemple le dimanche qui précède Rosh Hashanah, de la cérémonie de commémoration qui a lieu chaque année à la Cante Synagogue de la Victoire par rapport aux disparus de la deuxième juif de la Shoah. Ce sont trois points parmi d'autres, mais qui sont terriblement troublants, parfois, je dirais, perturbants. et qui pour certains encore mettront les communautés religieuses, et là je m'intéresse à la communauté juive, en très grande difficulté. À partir de là, il n'appartient pas à un rabbin de donner des consignes de vote, dans un sens ou dans l'autre, il est important d'informer sur ce qui est ou ce qui pourra être.

  • Speaker #0

    On va à présent parler de la paracha Metzora qui signifie une personne atteinte de tsarate. La tsarate que nous avons d'ailleurs rencontrée dans la paracha précédente, la semaine dernière, on en parlait avec vous, la paracha Tazria, est une affection par laquelle une personne contractait une impureté rituelle qui lui interdisait de pénétrer dans le temple, de participer. à ses diverses rituels ainsi qu'à la vie sociale de la communauté. Ainsi séparé du temple qui est un lieu de vie et de divinité, séparé de la vie sociale, le Metsora est, selon les paroles des sages de la Torah, une métaphore de la mort.

  • Speaker #1

    La Metsora est cette sorte, cette espèce de maladie qui ressemble à de l'hébreu mais qui n'en est pas. ressemble à de la mort pour deux raisons. au niveau de la cause et au niveau de l'effet. Au niveau de la cause, c'est une maladie qui apparaît chez des êtres d'élite, je le rappelle. Lorsqu'on regarde par exemple le choumash, les cinq livres de Moïse, il n'y a que Moïse et Myriam qui ont été atteints de cette maladie. On n'a aucun autre exemple. Ce qui veut dire que ces deux personnages bibliques, qui sont des personnages non seulement illustres, mais d'un extraordinaire niveau moral, sont les seuls à se faire punir. Alors il faut comprendre une chose, parce que si déjà eux se sont fait punir, on peut imaginer combien le peuple, nous l'avons dit la semaine dernière, dans sa facilité à médire, de qui que ce soit d'autre qu'eux-mêmes, auraient été atteints à X reprises. Il y aurait eu un fléau collectif, communautaire ou familial, mais ça n'apparaît pas dans le texte. Il faut rappeler que le prophète est quelqu'un qui donne de la vie. Je ne parle pas de la vie par la maternité, je parle de la vie par la parole. Une parole qui nourrit, une parole qui fait réfléchir, une parole qui est exigeante, une parole qui vous rend... j'allais dire à la fois plus intelligent et qui vous élève, qui vous transcende c'est cela une parole prophétique maintenant lorsque quelqu'un qui est doté ou dépositaire d'une telle parole qui donne la vie se mettent à médire, c'est-à-dire à affaiblir l'autre dans sa capacité à donner de la vie. Je rappelle que Myriam, par exemple, a médit de son frère en disant la vérité, à savoir qu'il n'était pas beaucoup à la maison et que sa femme en souffrait. Je rappelle que Moïse a été même brièvement atteint de Tzorahat du fait, on peut dire qu'il a médit d'Israël parce que Dieu lui demande de parler à Israël et lui répond, mais ils ne vont pas me croire. ils n'auront pas confiance en moi, ils sont trop atteints par la servitude, c'est au début de l'Exode, ils vivent encore dans un état de servitude, leurs facultés, je dirais leurs intuitions, leurs facultés intellectuelles, leurs capacités de discernement sont très affaiblies par ces longues années d'esclavage. Et de fait, il est prêt à renoncer à sa mission. en anticipant sur le fait que les autres ne pourront pas l'écouter. Fais confiance, peut-être, qu'ils ne sauront pas écouter, mais on ne juge pas quelqu'un avant de l'avoir mis à l'épreuve de la réalité. Sinon, c'est médire, c'est-à-dire se le réduire à l'image que tu en as, à l'idée que tu t'en fais. autrement dit tu affaiblis l'autre tu meurtris l'autre vous avez parlé de mort meurtris l'autre et à force de dire des choses qui laissent entendre que l'autre ne peut pas vous écouter l'autre finira par ne pas avoir envie de vous écouter on peut aussi le dire comme ça ce sont ces deux personnages là qui vont être atteints de cette maladie qui est associée à la médisance nous le savons, nous l'avons expliqué la semaine dernière je dirais enfin que Moïse et Myriam, oui, parce que ce sont des prophètes. Maintenant, les gens qui ne sont pas prophètes doivent médire à tour de bras, mais si en médisant à tour de bras, ils sont punis à chaque fois de Tzorahat, il n'y a plus de communauté vivante. C'est-à-dire tout un chacun dans la communauté, et donc des communautés entières seraient, je ne dis pas décimées, mais mises en quarantaine en quelque sorte. à chaque fois, et la vie du peuple ne serait plus possible, l'histoire ne se ferait plus. C'est comme ça que nos maîtres entendent et comment ils associent cette maladie. à des personnages d'élite. C'est une maladie, c'est une punition pour être d'élite, au pluriel.

  • Speaker #0

    Le Kohen ordonnera, il prendra pour celui qui se purifie deux oiseaux vivants purs, du bois de cèdre et de l'écarlate d'un verre et de l'isop. Rachid, dans son commentaire, explique, étant donné que la Tzorat, cette fameuse lèpre qui n'est pas la lèpre que nous connaissons, est engendré par la médisance, conséquence du bavardage, le texte a imposé pour la purification du fauteur des oiseaux qui passent leur temps à cacter en babillant. Et du bois de cèdre, parce que la tzorat est engendrée par l'orgueil. Mais alors comment finalement guérir cette plaie, Gilles Bernheim ?

  • Speaker #1

    Juste un mot sur le terme que vous avez utilisé, le verbe babiller. C'est vrai que babiller, les oiseaux... enfin c'est vrai, autant que je me le représente en tout cas, peuvent se laisser aller à chanter, à produire ces bruits que l'on appelle le mâbillage, je dirais se laisser prendre au jeu collectif, c'est-à-dire les oiseaux se répondent entre eux. On l'entend le matin très tôt lorsque le jour se lève et que les premiers oiseaux commencent à... faire signe comme quoi le jour se lève. Alors c'est vrai qu'entre une parole qui évite l'incontrôlable, ce qui conduit à la médisance, et ces oiseaux qui babillent et qui peut-être dépassent largement le cadre d'un contrôle de la parole des oiseaux, ou des bruits que produisent les oiseaux, l'association est facile à faire. Je ne sais pas si elle est très riche, mais elle est facile à faire. Et nombre de commentaires la soulignent. A savoir que là où on répare, là où on a péché. C'est un petit peu comme le principe d'un vaccin. C'est-à-dire qu'on reprend dans le rituel de purification quelque chose qui est associé à la faute. D'autres diront au mal. au dévoiement ou détournement du langage et donc du comportement. Alors on le reprend sous la forme du babillage, on prend des oiseaux comme offrandes. Et c'est logique par ailleurs que quelqu'un ou quelqu'une qui doit se soumettre aux lois de purification soit d'abord isolé du peuple. Parce que lorsqu'on est isolé, on ne communique pas, et lorsqu'on ne communique pas, on ne parle pas. Il y a une purification du langage. J'ai longtemps et souvent été sensible à ces lois de purification qui distancient quelqu'un de la communauté où on parle beaucoup et on fait beaucoup de choses ensemble. Parce qu'en fait, lorsqu'on communique mal, ou qu'on parle trop de choses que l'on ne devrait pas dire, ou que l'on fait des choses qu'on ne devrait pas faire, Il est important de s'isoler, de manière à prendre conscience de ses erreurs. Si vous restez dans le rythme communautaire ou dans le rythme collectif, vous ne pouvez pas vous distancier, vous êtes très vite dépassé par les circonstances et par la situation. Distanciation, isolement, pour se remettre en question. parce que si on n'est pas doté d'un esprit de doute et de remise en question, ces rituels ne servent pas à grand-chose. On recommence tout de suite. C'est évident également. Les rituels de purification ne sont pas des... L'impureté, ce n'est pas une souillure. Oui, ça l'apparaît puisqu'ici il y a une maladie. Il y a beaucoup d'impuretés bibliques qui ne passent pas par la souillure. qui ne passe pas par la maladie, et pourtant, il faut être très strict, obéir aux lois de purification. C'est souvent une manière de dire que l'impureté n'est pas toujours un état, mais c'est plutôt, je dirais, une confusion, parfois des amalgames, parfois, je dirais, une perception des choses qui n'est pas juste, ou un manque de conscience, de la rigueur des choses, et de la mesure des implications d'une chose, ce qu'on appelle les aboutissants par rapport aux tenants. C'est vrai. Ça, ce sont les lois d'impureté. La pureté n'est pas un état. La pureté, c'est retrouver la capacité à ne plus commettre l'erreur, c'est-à-dire retrouver cette capacité de discernement, de clairvoyance, de précaution. de distanciation et d'autres termes encore.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous seriez d'accord avec, par exemple, Manitou Léon, Ashkenazi, il parle de la tzorate comme étant une somatisation, une maladie psychosomatique, pour être plus précis.

  • Speaker #1

    Oui, parce que la peau est frontière entre l'intériorité et le monde extérieur. Quand la peau est brûlée... c'est comme si la frontière était brûlée. Donc la communication entre l'intérieur et l'extérieur ne se fait plus, pour faire court. Je voudrais remarquer d'ailleurs une chose, c'est que la sorate ne touche pas que le corps.

  • Speaker #0

    Oui, elle touche aussi les maisons et les vêtements.

  • Speaker #1

    elle peut toucher les vêtements, elle peut toucher les maisons, elle peut toucher les murs des villes. Ça veut dire quoi ? Les vêtements, le vêtement, c'est ce que l'on revêt, traduit l'apparence que l'on veut donner, l'image que l'on veut que les autres aient de vous. Les murs de la maison, je dirais, le spectre s'élargit. Il s'ouvre de plus en plus, on est passé de la peau au vêtement, du vêtement au mur de la maison, voire au mur de la ville. On est toujours dans un souci de communication. Une maison c'est une famille, pas une maison à l'époque c'était une famille, aujourd'hui c'est plusieurs familles, mais c'est une ou des familles par rapport à d'autres familles. Et là il y a de la médisance au niveau d'un groupe, vis-à-vis d'un autre groupe. Et la ville c'est toute une société. vis-à-vis d'une autre société, il y a médisance, donc il y a impureté, donc il y a des rituels de purification également. Et toujours cela autour de la Tzorahat.

  • Speaker #0

    Bien que le mot Metsorah soit effectivement l'un des premiers de la paracha, le sujet du premier tiers de cette paracha évoque le processus par lequel le Metsorah est guéri de la Tzorahat, c'est-à-dire de la négation de la situation d'être un Metsorah. Le sujet du second tiers de la paracha est la tsorate qui affecte, et on en a parlé, une maison, et de quelle manière une maison peut être purifiée. Et la troisième partie de la paracha traite de deux autres formes d'impureté non liées à la tsorate et de leur purification. C'est cela ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est cela. Mais j'ajoute juste une chose sur la première partie de votre propos. La... C'est l'insigne du groupe qui est pointé du doigt par la Tzorat sur les vêtements, mais surtout sur les murs de la maison ou sur les murs de la cité. Il y a une dénonciation qui se fait dans le comportement d'un autre groupe. Vous savez, la vie intérieure des gens ne la connaît pas. On la connaît très peu. Par contre, lorsqu'on les prend la main dans le sac avoir commis cette faute de médisance, ils ne peuvent plus rien cacher. La peau atteste de la nature de leurs actes. Ça me fait penser à des gens qui rougissent. ou qui ont des réactions bizarres lorsqu'on leur dit la vérité, vérité qui nie le même, mais le corps parle à leur place. Au niveau d'une collectivité, je dirais que c'est la vie du groupe qui est en question. C'est presque un problème politique, c'est-à-dire une gestion du groupe, c'est une famille ou un peuple ou une nation ou une communauté. Mais gestion, c'est-à-dire que... Tout devient visible, y compris de loin, parce que le corps n'est visible que si il y a des gens qui le voient. Les murs de la ville, les murs d'une maison, c'est encore plus difficile à isoler du regard des autres. Il y a beaucoup de gens qui le savent et tout le monde le sait. Quand on dit que tout le monde le sait, Il y a toujours ce risque de... Oui, si tout le monde le sait, autrement dit, il n'y a plus de responsable. Il n'y a plus de coupable. Vous savez, quand il y a trop de gens, quand une collectivité est trop importante, on dit c'est la faute, comme dans une nation. Si vous dites c'est la faute à l'État, vous renvoyez une responsabilité à quelque chose d'anonyme, qui n'a pas de visage. Et donc finalement, la responsabilité, elle s'atténue. Parce que les process sont très longs, chacun trouve des arguments pour se cacher derrière son petit doigt, et finalement il n'y a presque plus de responsables, et parfois pas du tout. Donc c'est le contraire qui est visé ici. Il y a quelque chose de tout à fait surnaturel qui se passe. C'est une punition divine. Mais c'est aussi le signe que cette société est bien malade, et qu'elle a tout à fait intérêt à prendre conscience de ses dysfonctionnements. et d'essayer de guérir. Et j'imagine combien doit être difficile la prise de conscience d'une collectivité de son état d'impureté, de devoir participer à la purification de cette communauté humaine de manière à éviter désormais ces écarts de langage. Voilà.

  • Speaker #0

    Encore un mot avec vous, Gilles Bernan, compte tenu de la nature de la Tzorat, il semble étonnant qu'une paracha entière consacrée au moyen de guérir une personne de cette affliction porte le nom de celui qui est affecté, car que ce soit dans Tazria ou dans Metzora, on parle peu de celui qui est affecté, mais on parle beaucoup de la Tzorat, c'est-à-dire de cette maladie.

  • Speaker #1

    Oui, mais l'acte qui est accompli ici, que ce soit par des mots ou des actes, l'acte qui est accompli, c'est un acte réducteur. Vous savez, quand vous médisez quelqu'un, vous réduisez l'image au cliché ou au fantasme que vous développez vous-même en médisant. Et tout le monde va désormais se représenter cet individu comme quelqu'un de rétréci, si je pouvais employer ce mot. C'est-à-dire qu'on a... affecter cette dignité humaine. Et la perte de la dignité humaine est souvent une perte d'identité. Et je repense beaucoup au comportement que l'on attend dans une société digne de ce nom, des gens qui accompagnent des personnes qui sont tellement malades, on n'a plus de la sorate maintenant, qu'on n'a presque plus envie d'aller les voir. C'est très difficile de parler avec eux, de communiquer avec eux, parce que la maladie affecte leur état physique, extérieur notamment, et aussi intérieur, et leur manière d'être et de parler. Alors les visites se font de plus en plus rares, mais en fait, ou bien lorsqu'on rend visite à ces personnes qui sont malades, mais qui présentent un extérieur tellement abîmé, le regard... que l'on porte sur la personne malade est perçue par cette dernière comme, j'ai dit, un regard de... de... quelqu'un qui n'y croit plus ou quelqu'un qui est très affecté. Autrement dit, le malade a l'impression d'avoir perdu sa dignité parce que celui qui le regarde mélange... La maladie est le malade. La maladie peut être terrible à voir, mais le malade, en dépit de sa maladie, a encore une dignité tant qu'il est en vie. Et je pense que parfois, l'approche de la personne très malade est tellement difficile, parfois répugnant ou insupportable aux yeux ou à l'écoute, cette distinction entre la dignité et la personne, entre le malade et la maladie ne se fait plus. Le malade est identifié à sa seule maladie. Tellement ce qu'il montre est puissant dans le regard de l'autre. Ce n'est pas facile de distancier la maladie du malade et garder sa confiance en le malade. Parce que lorsque le malade observe qu'on ne croit plus, plutôt qu'il n'a plus de dignité aux yeux de l'accompagnant ou du soignant. Il ne croit plus en sa survie possible et parfois il demande à mourir. D'où l'importance de bien différencier la maladie du malade.

  • Speaker #0

    Malheureusement, on n'a plus le temps, mais il aurait été aussi intéressant de dégager un mot entre ces deux parachiotes que sont Tazria et Metzora. C'est le mot encensement qui renvoie pour bon nombre de commentaires au Mashiach. Et la Kabbalah d'ailleurs a un très beau texte sur les deux faces matricielles entre le peuple d'Israël. Et Dieu, et voilà, c'est une lecture complètement différente de celle qu'on a évoquée, mais qui mérite d'être soulignée. En tout cas, Gilles Bernheim, merci beaucoup. On se donne rendez-vous bien évidemment la semaine prochaine. On parlera de Pessar, c'est de circonstances, Torah et société, c'est tous les dimanches sur Radio Shalom, 19h30, 20h. Bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

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